Marie-José Fourtanier LLA CREATIS/Université Toulouse 2
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1. Hugo Ruy Blas 1838 ACTE PREMIER Don SALLUSTE Le salon de Dana dans le palais du roi Madrid Ameublement magnifique dans le go t demi flamand du temps de Philippe IV gauche une grande fen tre ch ssis dor s et petits carreaux Des deux c t s sur un pan coup une porte basse donnant dans quelque appartement int rieur Au fond une grande cloison vitr e ch ssis dor s s ouvrant par une large porte galement vitr e sur une longue galerie Cette galerie qui traverse tout le th tre est masqu e par d immenses rideaux qui tombent du haut en bas de la cloison vitr e Une table un fauteuil et ce qu il faut pour crire Don Salluste entre par la petite porte de gauche suivi de Ruy Blas et de Gudiel qui porte une cassette et divers paquets qu on dirait dispos s pour un voyage Don Salluste est v tu de velours noir costume de cour du temps de Charles IL La toison d or au cou Par dessus l habillement noir un riche manteau de velours vert clair brod d or et doubl de satin noir p e grande coquille Chapeau plumes blanches Gudiel est en noir p e au c t Ruy Blas est en livr e Haut de chausses et justaucorps bruns Surtout galonn rouge et or T te nue Sans p e R f rences Enki Bilal 2011 Julia et Roem Bruxelles Casterman Lihou 1977 L Avare de Moli re texte int gral Paris Dessain et Tolra Lihou 1979 Ruy Blas de V Hugo texte int gral Paris De2. attention de l intrigue de la pi ce La tr s c l bre sc ne de la cassette acte IV Ibidem p 62 vignette 12 Ibidem p 73 78 sc ne 7 certes particuli rement survolt e chez Moli re fait se succ der une cascade d images des cris jaunes et rouges une chute en parachute du sang une t te coup e pr sent e sur un plat comme celle de Saint Jean Baptiste par une jeune fille des hurlements dans un porte voix Harpagon en Sherlock Holmes l envol d un papillon une tour avec un drapeau am ricain sur laquelle est inscrit le mot fric un ciel toil une tombe des instruments de torture etc un tourbillon d images qui en soixante sept vignettes donnent le vertige et d bordent la potentialit d une repr sentation th trale On ne saurait pr tendre ici faire l inventaire exhaustif des divers effets stylistiques et spectaculaires que Lihou tire de sa transposition de L Avare en bande dessin e il est cependant loisible de remarquer que les nombreux sous textes qu il y introduit risquent d entraver la lecture en particulier celle des l ves en contexte scolaire La lecture de la com die est en effet sans cesse interrompue dans la BD par des excursus et des m talepses sans quitter l intrigue proprement dite et la sc ne o se joue L Avare on passe dans d autres lieux celui naturel de la repr sentation et de la salle de spectacle mais aussi par le biais de la retransmission de la
3. cette double op ration de s lection et d actualisation d une uvre litt raire par la bande dessin e il s agit de l adaptation de la trag die de Shakespeare Rom o et Juliette par Enki Bilal qui assume la fois la transposition spatio temporelle de personnage de genre et m me d objectif qu il effectue dans sa bande dessin e Ainsi Bilal passe t il du th tre au r cit en entra nant le lecteur dans son habituel et sombre univers apocalyptique En quelques semaines le Monde a perdu tout semblant de coh rence L histoire commence sur la Route crit il dans En guise de prologue Bilal 2011 p 3 Les cinq actes de la pi ce sont r organis s en trois parties suivies d un pilogue S il conserve la trame tragique des amours contrari es une histoire d amour la vraie la grande celle qui tue Bilal 2011 p 8 comme le dit Roem dans les premi res vignettes il modifie les noms des personnages en les laissant toutefois reconnaissables Julia pour Juliette Roem pour Rom o Tybb pour Tybald Merkt pour Mercutio Parrish pour P ris l aum nier militaire Howard George Lawrence comme le fr re Bilal 2011 p 38 pr cise ce dernier sans tre compris de ses interlocuteurs etc C est pr cis ment partir des noms que Bilal oriente la lecture de son uvre dans un phylact re donnant la parole H G Lawrence C est ici que moi le d nomm Lawrence j ai c
4. pi ce la t l vision dans un salon bourgeois puis chez les Hachellemme sympathique famille de banlieue Lihou 1977 p 6 autour du zinc d un caf devant des immeubles d o jaillissent des bulles de dialogues etc Ces glissements d un niveau de fiction l autre cr ent des contrepoints comiques mais mettent aussi l accent sur des tensions sociales entre des niveaux de culture diff rents dont il serait int ressant d en saisir les r percussions en classe En fait il faut sans doute consid rer cet ensemble non pas exactement comme l adaptation d une uvre litt raire en BD mais comme une uvre part enti re entrela ant la pi ce de Moli re et un certain nombre d effets de lecture qu elle engendre dans l imaginaire du b d iste et par ricochet chez ses lecteurs Dialogues et didascalies le drame romantique mis en images Les choix de Lihou pour transposer le texte int gral de Ruy Blas didascalies comprises en BD semblent relever un tout autre d fi en effet le b d iste utilise une modalit qui penche cette fois vers une scrupuleuse fid lit l uvre source vers une adaptation litt rale On peut parler d une v ritable gageure dans la mesure o ce drame romantique qui outre des probl mes de mise en images des dialogues ici deux mille deux cent cinquante deux alexandrins pose celui des didascalies en particulier les minutieuses descriptions de d cor au d but de chaq
5. un lettrage vivement color La repr sentation des personnages dans les deux pi ces tire galement vers la caricature parfois exacerb e Lihou jouant sur des d formations et des disproportions par exemple dans la c l bre sc ne 3 de lacte I de L Avare o il dessine Harpagon furieux et immense par rapport La Fl che apeur et rendu minuscule mais n anmoins incapable de se taire ce dont t moignent les diverses formes de bulles et de lettres Ou bien dans Ruy Blas sur une m me planche l acte I sc ne 5 on trouve la fois un gros plan vivement color et inqui tant des yeux et du nez de Don Salluste vignette 1 et plus bas sur fond jaune la silhouette immacul e et surdimensionn e de la Reine face un Ruy Blas tremblant d motion et croqu tout petit dans le coin droit vignette 5 Malgr ces similitudes les choix de transposition de Lihou varient fortement d une pi ce l autre Lihou L Avare p 15 vignettes 1 3 8 L Avare en images entre texte commentaire et repr sentation dessain et tolra Ainsi alors que nous le verrons le b d iste n ajoute au texte de Victor Hugo aucun l ment textuel annexe il introduit tout au long de son adaptation de l uvre de Moli re diff rents types de sous texte qui doublent ou commentent les r parties des personnages reprenant en quelque sorte le dispositif de L impromptu de Versailles com die en un acte dans laquelle Moli r
6. Marie Jos Fourtanier LLA CREATIS Universit Toulouse 2 COMEDIE CLASSIQUE DRAME ROMANTIQUE LA BD MODE D EMPLOI R sum Cette communication se propose de pr senter diverses modalit s de lecture de deux pi ces canoniques du r pertoire th tral mais aussi des programmes scolaires fran ais L Avare de Moli re souvent tudi au coll ge et Ruy Blas de Victor Hugo plut t au lyc e par le truchement de deux adaptations du plasticien J P Lihou en bande dessin e Au del de l tude conjointe de ces uvres litt raires et de leur transposition en bande dessin e permettant de comparer les modes d expression respectifs de ces deux formes artistiques et les sp cificit s de chaque syst me narratif je me demanderai si la bande dessin e elle seule ne constitue pas une uvre spectaculaire part enti re texte et repr sentation tant doublement assum s par le dessin et la mise en page Mots cl s Adaptation th tre bande dessin e texte de lecteur Codes de l image codes du th tre Apr s avoir longtemps choisi d adapter des romans les b d istes n h sitent plus adapter les genres textuels les plus divers en particulier le th tre que ce soit les com dies de Moli re le drame romantique ou m me le th tre lisab thain Shakespeare en bulles Je commencerai par celui ci dans la mesure o il repr sente une pointe extr me de l activit de transposition et unexemple significatif de
7. ce qui sugg re peu de frais et avec pertinence la situation d s quilibr e du ma tre et du valet Ce proc d th tral pr sentant fid lement le d cor et introduisant la ou les premi res r pliques est reproduit sur les cinq planches qui inaugurent chacun des cinq actes Concernant les dialogues Lihou n a pas conserv la lin arit des alexandrins mais les a au contraire distribu s dans de nombreux phylact res Ce choix s av re en accord avec la volont de Victor Hugo de donner l alexandrin l allure du langage parl selon les principes po tiques nonc s d s 1829 dans la pr face de Cromwell sachant briser propos et d placer la c sure pour d guiser sa monotonie d alexandrin plus ami de l enjambement qui l allonge que de l inversion qui l embrouille Ces principes seront rappel s et repris bien des ann es plus tard par Victor Hugo dans R ponse un acte d accusation La difficult est de rendre compte de cette exigence du vers hugolien dans une bande dessin e Comme l crit Claude Moliterni deuxi me de couverture de la bande dessin e de Lihou Ruy Blas de Victor Hugo 7 Nous faisons basculer la balance h mistiche C est vrai maudissez nous Le vers qui sur son front Jadis portait toujours douze plumes en rond Et sans cesse sautait sur la double raquette Qu on nomme prosodie et qu on nomme tiquette Rompt d sormais la r gle et trompe le ciseau Contemplat
8. e la fois metteur en sc ne et acteur dirige la r p tition d une de ses pi ces qui doit tre jou e dans quelques heures devant Louis XIV Nombre de ces ajouts visent rendre sensible la dimension de la repr sentation th trale par exemple d s la premi re planche o l on voit des rang es de spectateurs dont des bulles indiquent les pens es Elle est bien belle cette Elise ou bien Des fauteuils inconfortables a va pour voir Brecht mais du Moli re tout de m me Lihou joue galement sur les rapports entre le th tre et les m dias puisque cette dimension de la repr sentation est soulign e par la retransmission concomitante de la pi ce la t l vision au th tre ce soir planche 1 vignette 5 ou planche 3 vignette 7 accompagn e l encore de commentaires des t l spectateurs Le texte ajout fait s insinuer dans la pi ce une deuxi me source de comique par le truchement d un certain nombre d anachronismes qui deviennent l occasion de critique familiale ou plus largement sociale un spectateur par exemple commentant la sc ne 1 de l acte IV la suite de Frosine le caract re d Harpagon s crie in petto Voil c est aussi la m me chose avec Grand m re c est des caprices de retrait e tout a Toujours sur le mode plaisant le discours compl mentaire introduit une r flexion stylistique sur les clich s langagiers ainsi au tout d but de la pi c
9. e l image pr cieuse des feux de l amour am ne t elle un pompier arm d une lance incendie et s criant qui qu a cri au feu sic avant de d verser de la neige carbonique sur le public qui lui croit un happening Par ces commentaires et ces jeux humoristiques Lihou choisit d lib r ment d insister sur la dimension farcesque de la com die Enfin alors que le cadrage est le plus souvent conventionnel et adopte la disposition dite du gaufrier Lihou utilise et c est l un des effets les plus productifs de l art de la BD une large gamme de formes de bulles de couleurs et de lettrages On peut ainsi noter dans L Avare de tels effets sp ciaux d s la premi re r plique de Val re Je vous vois soupirer l infinitif soupirer lui m me est dessin en forme de soupir De m me une onomatop e Shoufff souligne les soupirs d Elise Plusieurs termes sont crits dans des caract res diff rents du contexte le verbe aimer en criture manuscrite les interjections lyriques Ah H las se d tachent en lettres violemment color es et surdimensionn es mena ant d craser les personnages etc Tout au long de la bande dessin e les effets sp ciaux s accumulent jusqu la saturation et malgr l quilibre des planches la diversit et la densit du graphisme aussi productives soient elles risquent parfois de g ner la compr hension du lecteur en d tournant son
10. e cadrage tr s particulier appara t en exacte conformit avec le d cor et l atmosph re de la pi ce et met en place une v ritable forme sens Le choc des couleurs joue galement un r le de recr ation en exprimant par exemple dans la sc ne 3 de l acte II la tension entre les personnages par la trame color e en vert des bulles de Ruy Blas et par la blancheur immacul e de celles de la Reine tandis que les mots en gras rendent compte des effets de diction eux m mes traduisant les motions Oui duc j entendais tout J tais l J coutais AVEC TOUTE MON AME s crie la Reine amoureuse et admirative Aux trois planches color es en bleu aux vignettes dont la similitude exprime l accord mu de Ruy Blas et de la Reine dans cette sc ne succ de la sc ne 4 de Pacte II o le monologue exalt de Ruy Blas se traduit pas des vignettes d form es par des couleurs criardes orange rouge verte et des bulles tour tour fermes et tremblantes Conclusion la BD une criture spectacle L exemple de Ruy Blas adapt par Lihou appara t bien comme un cas limite qui contrairement certaines adaptations qui appauvrissent l uvre originale op re une projection dans un champ d expression qui n utilise ni les m mes codes ni le m me langage narratif Alors que les BD adapt es de romans peuvent parfois tre qualifi es de r sum s les BD adapt es de pi ces de th tre accomplissent en particulier le t
11. e la noblesse castillane vers 1695 Hugo p 32 Dans son adaptation Lihou a transpos les d cors initiaux d crits par l crivain en les reproduisant scrupuleusement par le dessin Pour ce faire il s est inspir de documents d poque mais aussi d une donn e proprement th trale celle des d cors de diff rentes mises en sc ne la BD permet ainsi de passer d un art visuel la repr sentation th trale un autre le dessin Comme l crit Claude Moliterni dans une premi re pr face de la BD la mise en sc ne de th tre en bandes dessin es est une recherche narrative nouvelle L avantage de cette forme d expression r side dans la possibilit de montrer aussi bien les d cors et les personnages que la mise en place des r pliques Si l on compare le texte de Victor Hugo et la planche inaugurale de la BD aucun d tail ne manque du salon de Dana dans le palais du roi Madrid etc ni le plafond caissons ni l imposante profondeur de la pi ce ni surdimensionn au premier plan le visage en trois exemplaires face et profil de don Salluste qui donne son titre l acte I et qui prononce en trois bulles lettres noires sur fond blanc le premier alexandrin du drame Ruy Blas fermez la porte ouvrez cette fen tre Le personnage ponyme ainsi interpell dispara t presque derri re le bord du chapeau plumes blanches et les bulles de dialogue de don Salluste
12. ions I Aurore 7 1854 Henri Meschonnic dans sa pr sentation de la BD de Lihou le difficile est que ce n est pas ici du parl mais un discours en vers o Hugo cependant brise le vers pour y faire entrer le parl Double rapport entre le vers et le parl entre le parl et l entour du parl comme partie du sens C est pourquoi Lihou n a pas gard la typographie du vers Du coup les rimes sont int rioris es comme dans la diction qui est continue non pagin En fait l auteur de la BD relaie et accentue dans son adaptation la volont m me de Hugo d une criture dramatique moderne Or pour exprimer ce que V Hugo appelle la modernit le dramaturge choisit explicitement dans la pr face de Cromwell comme pour l criture de Ruy Blas l alexandrin alors qu il crira en prose d autres drames comme Lucr ce Borgia Marie Tudor ou Angelo tyran de Padoue Pour lui l alexandrin se plie aux exigences de la conversation allant jusqu se d couper avec virtuosit en plusieurs r pliques attribu es plusieurs personnages Par exemple aux sc nes 3 et 4 de Pacte I un unique alexandrin ici soulign en gras est d coup en cinq r pliques de trois personnages et assure en outre la continuit entre les deux sc nes Don C sar Ruy Blas Adieu Ruy Blas Ta main Ils se serrent la main Don C sar sort sans voir don Salluste qui se tient l cart Sc ne 3 Ruy Blas do
13. n Salluste Don Salluste Ruy Blas Ruy Blas se retournant vivement Monseigneur Don Salluste Ce matin Quand vous tes venu je ne suis pas certain S il faisait jour d j p 64 Lihou respecte la distribution des alexandrins mais tend accentuer l effet de langage r el les deux premi re r pliques de don C sar et de Ruy Blas s inscrivent dans deux vignettes qui montrent les deux personnages face face et comme interchangeables A peu pr s m me air m me visage comme le dit don Salluste en apart mais une seule bulle contient la 10 r plique finale sans signaler la typographie des vers Enfin et c est sans doute l que r side de mani re vidente l invention du b d iste qui impose son propre rythme la pi ce les paroles des personnages et les l ments du d cor s entrelacent le lettrage et la couleur rendant compte d une tonalit le cadrage isolant ou regroupant certains mots C est la scansion visuelle du discours explique Meschonnic C est le passage de s quences avec tr s peu de mots des s quences bourr es de mots et le changement de ces rapports de page page double rythme des s quences et des pages entre elles non pagin Une telle BD appara t comme une lecture singuli re mais fid le du drame crit par Hugo ainsi le b d iste utilise t il un jeu de vignettes caissons voquant les plafonds des palais madril nes du Si cle d Or C
14. ommenc me poser des questions sur le hasard des rencontres patronymiques Si j osais je dirais qu il ne manque plus qu une fille et qu elle s appellerait Juliette Bilal 2011 p 32 Or le lecteur des planches pr c dentes sait qu il existe bien dans une ruine noire aux allures de forteresse une belle et fi re jeune fille nomm e Julia En outre la derni re page de la BD l auteur indique que les textes en italique sont librement extraits du Rom o et Juliette de William Shakespeare sous la traduction de Fran ois Victor Hugo fils de Enki Bilal analyse ainsi lui m me son proc d d adaptation dans un entretien pour le Monde Magazine Je ne me suis pas content d une adaptation frontale de l uvre pr f rant opter pour une interpr tation d cal e Les exercices de mise en sc ne de Lihou Loin de cette pratique s lective et transformatrice repr sent e par Julia et Roem d Enki Bilal le peintre et dessinateur Jean Pierre Lihou a relev ce qui semble tre un v ritable d fi en adaptant dans leurs versions int grales d abord en 1977 L Avare de Moli re puis en 1979 Ruy Blas de Victor Hugo Pour autant le b d iste n utilise pas exactement les m mes proc d s pour chacune de ces deux adaptations d uvres th trales canoniques On retrouve certes dans les deux cas le texte int gral comme le soulignent avec force les premi res de couverture par des bulles h riss es et
15. our de force de r unir dans une m me production le texte ET sa repr sentation Ce type de r criture d uvres th trales en bandes dessin es ne peut donc pas tre valu comme un produit de substitution mais bien comme une nouvelle cr ation issue cependant des virtualit s de l uvre adapt e De toute vidence la lecture des textes et la lecture de bandes dessin es sont deux exp riences tr s diff rentes L image pr pond rante en BD contient une profusion de d tails et 8 Lihou Ruy Blas de V Hugo op cit planche 20 vignette 10 non pagin 11 d informations qui ne figurent dans le texte original que virtuellement les costumes d poque l architecture des maisons et des palais la d coration int rieure voire les pens es et les motions des personnages ainsi que les rapports entre les personnages sont dans la BD donn s voir A la diff rence des uvres romanesques dont le lecteur ne peut pas percevoir la qualit litt raire du fait de la n cessaire contraction du texte dans le cas des adaptations d uvres dramatiques comme celles de Lihou la BD se suffit elle m me elle offre de bulle en bulle le texte int gral des dialogues et restitue par le dessin tout ce qui est non verbal didascalies sc nographie et mise en sc ne tout en aboutissant paradoxalement une r criture singuli re qui peut tre tudi e pour elle m me ANNEXE LA DIDASCALIE UN TEXTE IMAGE Victor
16. ssain et Tolra 12
17. ue acte Cette analyse d veloppe une partie d un article paru dans la revue Ditpyque Universit de Namur L tude de la premi re de couverture peut donner des renseignements sur le parti pris de la bande dessin e d bauche de couleurs vives pour des phylact res proposant des extraits frappants de r pliques insistance sur l int gralit du texte la signature du dessinateur discr tement indiqu e au creux des bulles au profit de la mise en valeur du titre et du nom de Victor Hugo Ces divers l ments soulignent l vidence la primaut donn e au texte hugolien et sugg rent les choix qu a op r s Lihou pour mettre en images les dialogues et les didascalies de Ruy Blas On conna t l importance des didascalies v ritables textes images qui inaugurent les actes du drame romantique pour en d crire le d cor et les personnages la fois dans leurs costumes et dans leur attitude Pour Victor Hugo l objectif tait au del des agr ments de la couleur locale de restituer l atmosph re particuli re du XVII si cle espagnol du moins tel que l imaginait le XIX si cle grandeur arrogance tiquette tr s stricte extr me richesse luxe crasant catholicisme Pour en rendre compte Victor Hugo 5 Voir ci dessous en annexe l exemple de la didascalie initiale de l acte I s est longuement document sur l Espagne du Si cle d or et revendique dans sa pr face l exactitude de ce croquis d
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