pédagogie : des évolutions
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1. L ducation nouvelle et l enseignement secondaire fran ais Paris Informations sociales 116 Houssaye J 1993 La p dagogie une encyclop die pour aujourd hui Issy les Moulineaux ESF Direction Houssaye J 2003 Professeurs et l ves les bons et les mauvais Issy les Moulineaux ESF Perrenoud P 2003 Il reste convaincre les professeurs que l organisation du travail devrait tre leur affaire Le nouvel ducateur Mouans PEMF 154 Viaud M L 2005 Des coll ges et des lyc es diff rents Paris PUF Wittmann H 1994 Th ories et pratique de la p dagogie de soutien Th se Universit de Rouen Wittmann H 1995 La p dagogie de soutien vingt ans apr s Les Sciences de l ducation Pour l Ere nouvelle Caen CERSE 12. Que leur reste t il A cultiver la m moire des anc tres Certes mais cela risque de leur nuire L encore l institution semble tout pr voir pour eux Elle a cr en 2000 un Conseil national de l innovation pour la r ussite scolaire charg de soutenir l innovation p dagogique en accompagnant et en valuant les sites exp rimentaux Mais l instabilit minist rielle est implacablement funeste aux institutions les missions Innovalo et le Conseil national de l innovation n existent plus Il n emp che On assiste cependant une v ritable rationalisation de l innovation par l institution scolaire Les innovateurs du quotidien sont invit s s inscrire dans le maillage acad mique Les innovateurs de l exceptionnel sont autoris s exercer sous contr le sp cifique Dans ce dernier cadre des tablissements exp rimentaux fonctionnement d rogatoire sont ouverts de temps en temps Tous ces tablissements s adressent en priorit aux l ves en difficult scolaire Les lyc es se proposent de raccrocher les d crocheurs les coll ges de retenir et de faire progresser les l ves en chec On voit encore le Minist re soutenir les coles de la deuxi me chance les classes relais ces dispositifs qui proposent aux l ves en grande difficult une alternative provisoire ou non au moule traditionnel Bref l institution compte sur la p dagogie sp ciale pour rem dier aux difficult s du syst me La p dagog
3. fait la loi l cole fait la loi de l cole La p dagogie de soutien lui sert d aide et de justification elle appara t comme la solution dans l innovation elle se donne comme la forme du changement acceptable Elle se nourrit m me des solutions radicales qui remettent en cause la p dagogie de l enseignement Gr ce elle la p dagogie diff renci e alors qu elle s tait pos e et d velopp e comme une tentative de renversement au nom d une p dagogie de l apprentissage en arrive entretenir la domination du seul mode simultan L institutionnalisation du soutien signe la mort de la p dagogie diff renci e Elle est le signe de l chec de cette derni re s imposer comme ordre scolaire Les r formateurs p dagogiques promoteurs et partisans de la p dagogie diff renci e se retrouvent r duits adapter le mode simultan en lui int grant la p dagogie de soutien Ce qui n emp chera pas qu ils devront subir de tr s nombreuses attaques d une violence qui ne cesse d tonner D cid ment si duquer est d j un m tier impossible changer l ducation rel ve du tour de force Grande est la vertu de ceux qui s y attachent Il vaudrait mieux pr venir la Cour des comptes Bibliographie Barr re A 1997 Les lyc ens au travail Paris PUF Guigue M 2003 Quelques heures de classe en lyc e entre ordinaire et bons moments Le T l maque Caen 24 Hugon M et Viaud M L 2004
4. les routines famili res la nostalgie du m tier disparu et l obsession du programme Pour les l ves et leurs familles la peur de la d stabilisation par les p dagogies nouvelles parvient m me focaliser les l ves en chec sur la vraie cole celle qui ne change pas Pour les responsables de l institution ambivalence r gne charg s de mettre en uvre des innovations p dagogiques ils redoutent d autant plus le mauvais accueil des professeurs qu ils n ont pas d autorit p dagogique sur eux La majorit des enseignants est dans une impasse souligne Perrenoud 2003 Pourquoi Parce qu ils sont condamn s d sormais convaincre leurs l ves que les savoirs scolaires ajoutent de la valeur l existence que le profit venir est proportionnel la t che imm diate demand e Or ces enseignants ceux du secondaire en particulier n ont pas pris la mesure du probl me Ils cherchent encore ouvrir les yeux des l ves c est dire les rendre cette vidence de la valeur absolue des savoirs disciplinaires tels que l cole les enseigne Tentative noble mais tentative vaine surtout quand elle s adresse ces l ves qui viennent sociologiquement d une autre plan te Il n y a pas de trucs trouver pour ajuster les situations aux l ves il y a d abord faire le deuil de la toute puissance et de l auto suffisance de la culture disciplinaire du savoir Faute de quoi on est c
5. par la th orie en vogue savoir l enseignement interactif De nos jours c est l interactivit qui est donn e comme le gage de la qualit de l enseignement entre deux limites l l ve muet du cours magistral et l l ve compl tement pris en charge de l enseignement programm Dans l enseignement interactif les changes entre les l ves et le professeur sont nombreux dans la classe le professeur agit aupr s de chaque l ve travers le groupe classe la classe reste structur e par la pr sence et l action du professeur l activit dans la classe s organise donc autour du professeur A noter enfin ceci d stabilisant plus le professeur est interactif et plus il lui faut improviser Mais ce n est pas le seul obstacle la diffusion de ce mod le Les contraintes pos es par le contexte d enseignement le type d l ves les manuels les contenus l image d fendre l environnement administratif jouent un r le essentiel dans la construction des plans mentaux des professeurs et limitent fortement les possibilit s d volution Or r aliser une intention p dagogique consiste inverser les priorit s c est dire faire prendre le pas au projet sur le contexte Les avanc es th oriques sont bien r elles mais elles restent hors du champ des r alit s si elles ne sont pas int gr es progressivement dans une pratique r fl chie si elles ne respectent pas la complexit de la situation et l expertis
6. savoir Legrand sous Savary on pourrait lui adjoindre de Peretti et Meirieu sous All gre se trouvent tre les principaux repr sentants de la p dagogie diff renci e et que alors qu ils proposent des modifications r f r es la diff renciation p dagogique ce qu ils r coltent au mieux c est une mise en oeuvre et une reconnaissance de la p dagogie de soutien La p dagogie diff renci e par contre est bel et bien une remise en cause et une subversion du mode simultan La p dagogie diff renci e prenant en compte les diff rences entre les l ves d une m me classe se propose de reconna tre ces diff rences de les estimer l gitimes de se fonder sur elles pour assurer l ordre de l apprentissage dans la classe Il ne s agit donc plus de r duire l h t rog n it mais de l agir par la p dagogie Nous sommes bel et bien l oppos des principes du mode simultan La diff renciation prendra ainsi des formes diff rentes mais compl mentaires diff renciation des processus d apprentissage d abord styles cognitifs ancrages cognitifs diff rents outils et d marches d apprentissage et de guidage diff renciation des contenus d apprentissage ensuite types d objectifs programmes noyaux activit s transversales diff renciation des structures enfin groupes de niveau mati re groupes de besoin cycles p dagogiques Il faut donc renoncer au mode simultan La p dagogie diff renci e globalise l appr
7. Donc l institution a tendance m me si elle tol re ces exc s jouer le classique dominant et le rappeler ceux qui en d rogent officiellement Mais les l ves de ces tablissements part eux pourquoi r sistent ils au nom de la tradition en place Tout simplement parce que les d calages sont forts entre les attentes des professeurs innovateurs et les l ves de ces coles Les professeurs fondent leurs projets sur les centres d int r ts des l ves sur l interdisciplinarit sur les pratiques d mocratiques sur la gestion de l cole par les l ves Ces derniers rebours attendent de vrais cours classiques s rieux scolaires chaleureux la bonne ambiance lls sont marqu s par leur scolarit ant rieure caract ris e par la perte du plaisir d apprendre un climat d affrontement et non de coop ration avec les adultes un fonctionnement fond sur la sanction et non sur la responsabilisation une habitude de se comporter en consommateurs d cole La passivit de ces l ves devenus diff rents est la fois subie et voulue Ce qui fait que leurs enseignants sont pris au pi ge leur rationalit et leurs options les am nent croire que l l ve apprend quand il est actif en t tonnant mais d un autre c t un discours plus ancien remonte celui de l efficacit du cours magistral surtout quand il est raviv par des l ves qui ont tendance relativiser la diff rence affic
8. P DAGOGIE DES VOLUTIONS QUELLES VOLUTIONS Jean HOUSSAYE Sciences de l ducation Universit de Rouen CIVIIC Il reste de dangereux r volutionnaires en p dagogie La Cour des comptes est de ceux l ind niablement Dans son rapport du 12 mai 2010 intitul L ducation nationale face l objectif de la r ussite de tous les l ves la Cour des comptes ne pr conise t elle pas pour lutter contre l chec scolaire d en finir avec les m mes cours pour tous et de s attaquer l galitarisme r publicain Le rapport critique la composition des classes o l h t rog n it est plus v cue comme une contrainte que comme un objectif louable il confirme aussi le risque de ghetto sation des tablissements les plus difficiles qui voient fuir leurs meilleurs l ves du fait de l assouplissement de la carte scolaire La Cour souhaite aussi que les quipes p dagogiques d terminent les modalit s de r partition des moyens d enseignement et d accompagnement personnalis ce qui revient en fait destituer en grande partie le minist re Enfin elle propose de syst matiser les affectations sur profil des responsables et des enseignants les plus difficiles La Cour des comptes est donc r volutionnaire surtout sur un point elle voudrait nous faire croire que ces l ments p dagogiques ne sont toujours pas entr s dans les faits Pour ce qui est des id es qu elle met une chose est s re elles ne sont pas
9. SOUTIEN OU L EFFACEMENT DE LA P DAGOGIE DIFF RENCI E Ce qui caract rise aujourd hui la sph re p dagogique telle que les d cisions politiques la dessinent c est empilement et le foisonnement des dispositifs On peut y rencontrer l aide individualis e l accompagnement ducatif l accompagnement la scolarit les programmes personnalis s de r ussite ducative les programmes de r ussite ducative les tudes surveill es l aide aux devoirs le soutien les stages de remise niveau pendant les vacances l accompagnement individualis etc Comment se reconna tre dans cette exub rance p dagogique En saisissant les principes de ces dispositifs Or il s agit bien de ne pas se tromper l essentiel est ailleurs et se nomme enseignement simultan L enseignement simultan s est impos historiquement comme la solution pour traiter l h t rog n it des l ves Le mode simultan suppose que les l ves soient distribu s en classes de niveaux et non pas en niveaux diff rents dans chaque classe de telle sorte que les l ves r put s homog nes abordent tous ensemble au m me moment le m me contenu sous la conduite du ma tre Le probl me c est que cette organisation scolaire qui doit prendre en compte aussi bien l h t rog n it cognitive que l h t rog n it culturelle et l h t rog n it sociale appara t elle m me de plus en plus comme la cause de l h t rog n it dans la clas
10. alo sont op rationnels dans chaque acad mie en lien avec un plan national d innovation qui a fix pour une dur e de deux ans les axes prioritaires Ces missions ont pour fonction de rep rer les innovations qui naissent spontan ment dans les classes et d inciter les enseignants trouver des solutions nouvelles des questions pos es par le minist re 950 quipes ont t r pertori es en 2001 et entre 700 et 900 rapports ont t attendus m me si les r sistances l criture des monographies des actions sont rest es tr s fortes On peut parler ce sujet d un v ritable maillage institutionnel qui s est saisi de l innovation et qui a loign de fait certains enseignants des mouvements p dagogiques v ritables pionniers du travailler autrement Autrement dit l instar d une forme de d marche qualit l institution s est nourrie des tentatives de r ponses qui manaient de ses propres conditions de fonctionnement De ce fait les mouvements p dagogiques se sont trouv s de plus en plus en porte faux Alors qu ils se sentent les dignes repr sentants du changement en p dagogie alors qu ils constatent que l innovation continue d ranger parce qu elle perturbe l ordre tabli ils se trouvent dans le m me temps d poss d s de la symbolique et de la responsabilit de ce changement L institution qu ils poussent changer leur ravit leur langage dans les principes et dans les pratiques au quotidien
11. articuli rement complexe et a tendance d courager tout nouvel adepte par le nombre de facteurs prendre en compte elle appara t comme n cessairement technique et ne semble pas supporter l improvisation elle appara t comme d pendante d outils appropri s qui ne sont pas vraiment disponibles ou accessibles Ce qui signifie que souvent les intentions et les intuitions n ont pas t relay es par une instrumentation ad quate et maniable Sans parler du fait que parfois elle a d bouch sur une batterie de moyens p dagogiques dont le mode d emploi tait propice d courager le non sp cialiste La tendance sera la m me pour l valuation formative notion s duisante concept introuvable elle se r v lera tr s difficile pratiquer car elle d cuple le temps de travail pour un r sultat trop souvent d cevant Tant et si bien que dans bien des cas l enseignement g n ral s est r tract et qu il a laiss la formation professionnelle et l enseignement technique poursuivre la d marche d laboration de reconnaissance et de justification de cette p dagogie Le deuxi me obstacle rel ve de la force de la tradition ducative Cette conjonction historique que nous avons rep r e entre la forme scolaire et le mode simultan s est effac e au profit d une vidence d un ordre scolaire naturel normal logique Qui plus est cette normalit p dagogique s est agr g e tout un ensemble de justifications id ol
12. au mode simultan certaines vertus de la p dagogie diff renci e sans lui permettre d op rer le renversement radical qu elle suppose Les actions mises en place tant pour la p dagogie de soutien que pour la p dagogie diff renci e s attachent au principe d ducabilit et tentent de favoriser une intervention en faveur de tous aux d pens de la fatalit de l chec Les deux p dagogies s accordent galement sur un possible recours d autres p dagogies avec l id e que les p dagogies se compl tent et qu il est indispensable d int grer des m thodes diverses et vari es pour faire progresser tous les enseign s Mais comme nous l avons vu un tel accord sur les intentions et sur certaines modalit s d action ne peut cacher le foss fondamental entre elles pour la p dagogie de soutien la rem diation a pour but d amener les l ves un niveau qui leur permette de suivre l enseignement collectif avec profit pour la p dagogie diff renci e l h t rog n it est pr alable normale et p dagogiquement apte combattre l chec scolaire Et c est ainsi que la p dagogie de soutien jouant de ses ressemblances avec la p dagogie diff renci e est acceptable comme mode de r gulation du mode simultan de l ordre scolaire Ce dernier prouve ainsi qu il volue qu il innove qu il r pond ses difficult s qu il cherche r soudre ses contradictions sans avoir se remettre en cause radicalement Le mode simultan
13. c es autog r s La troisi me p riode depuis 90 voit l institution s emparer du d bat sur la valorisation des r ussites et de l innovation Le minist re est alors pris entre deux feux d un c t il a compris que l innovation ne peut pas vraiment venir de lui mais des acteurs de la base d un autre c t il tente de promouvoir certaines innovations par les r formes et d accompagner les innovations par des structures et des programmations Les mouvements p dagogiques eux sont toujours l mais ils ne se voient pas reconnus comme tels et se sentent souvent d poss d s de leurs bonnes id es L innovation p dagogique est donc rationalis e et institutionnalis e Passerait on du stade des baroudeurs de la p dagogie au stade des professionnels de l innovation p dagogique Il y a longtemps que les conceptions p dagogiques les plus nouvelles servent crire les instructions officielles du Minist re de l Education Nationale D une certaine mani re la cr ation et l insurrection p dagogiques sont dig r es en permanence par l institution ducative et ne cessent de nourrir cette derni re au moins au niveau des principes et des intentions Mais il y a plus l innovation p dagogique est purement simplement rationnellement int gr e au fonctionnement institutionnel Relevons cet aspect d une mani re un peu forte Depuis 1994 des dispositifs de prise en charge de l innovation p dagogique les missions Innov
14. culture anti scolaire restent faibles pour autant car le discours institutionnel sur le travail et sur le lien entre l effort et la note est fortement int rioris Ainsi va la machine scolaire du c t des l ves Les professeurs s en satisfont ils Oui d une certaine mani re parce que les perspectives des uns et des autres fonctionnent sur le d calage et l asym trie toujours selon Barr re Les pr occupations des l ves et des professeurs ne sont pas semblables la compr hension et le maintien des traces des cours pour les premiers l activit et la participation des l ves pour les seconds Pour les l ves un cours bien cout c est un cours compris c est un cours d j appris Ils r clament donc un professeur qui explique bien pour avoir moins travailler pour comprendre en dehors du cours Un bon cours c est un vrai cours un cours qui peut tre pris en notes donc un cours clair structur agr ment d anecdotes qui permettent de souffler prononc par un professeur qui ne parle pas trop vite surtout de la part des l ves moyens ou en difficult s Les professeurs ne contr lent pas les notes prises par les l ves Pour eux un bon cours c est un cours o les l ves sont actifs c est un cours participatif la jointure des n cessit s pratiques de la classe et du discr dit du cours magistral Ce dernier ne dispara t pas il sert de filet de s curit si le dialogue ne prend pas o
15. dagogie de la compensation car elle s adresse un public d favoris veut pallier tous les handicaps et r duire les in galit s gr ce la rem diation Pour les praticiens la p dagogie de soutien constitue la seule p dagogie praticable et pratiqu e en classe dans le domaine de l aide aux l ves m me si l efficacit relative et partielle n chappe pas l initiateur de ces actions qui pourtant n envisage pas un syst me d intervention Wittmann 1995 p 79 Dit brutalement la p dagogie de soutien a comme fonction premi re de soutenir la p dagogie traditionnelle dans le cadre du mode simultan C est l son charisme Ce n est pas dire que la p dagogie de soutien ne fait rien ni n a aucun effet Faisant appel des comp tences certaines elle entra ne le praticien dans une d marche de recherche de solutions t moin de la bonne volont de l adulte sans toutefois bouleverser le fonctionnement en place les programmes la pr dominance du cognitif le r le central du ma tre Elle se pr sente comme r paratrice des perturbations apport es au mode simultan et permet ce dernier de rester le cadre dominant de l ordre scolaire C est justement ce que met en cause la p dagogie diff renci e qui veut mettre l l ve au centre et non plus la classe Il est tout de m me tonnant que ceux que l on peut consid rer comme les grands r formateurs du syst me scolaire des ann es 80 90
16. e de fait de l enseignant R sultat Les changements p dagogiques se diluent en pratiques minimales L enseignement interactif devient un enseignement interrogatif forme dominante de la p dagogie traditionnelle aujourd hui N oublions pas non plus le contexte soci tal De fait l utilitarisme dominant si pr gnant dans les valeurs intra et extra scolaires caract rise tr s bien les lyc ens actuels comme le souligne Barr re 1997 Ils attribuent une utilit globale aux tudes et plus encore aux dipl mes auxquels elles pr parent Mais cela suffit il les faire travailler et trouver un sens leur travail Les enqu tes aupr s des lyc ens t moignent de leur instrumentalisme tr s pr gnant mais aussi de la persistance d un int r t intellectuel n anmoins distant de la culture gratuite En effet cet utilitarisme prosp re pr cis ment sur la fragilit de l int r t intellectuel il permet de travailler pour la note imm diate la moyenne et l orientation il devient ainsi support de sens et g n rateur de pratiques r elles travail effectif investissements calcul s b n fices scolaires attendus La note devient alors centrale elle phagocyte l int r t intellectuel qui se d veloppe si la note est bonne et se dissout si elle est mauvaise La gratuit du savoir n est pas l ordre du jour tandis que l int r t intellectuel est soumis une grande fragilit L opposition frontale l cole et la
17. h e Fonctionne ainsi une croyance en la magie du rituel du cours traditionnel une croyance laquelle ces professeurs r sistent rationnellement mais qui subsiste toujours ne serait ce que sous le mode du retour du refoul de l archa que 2 POURTANT L INNOVATION S EST IMPOS E ET INSTITU E Aujourd hui on emploie essentiellement le terme d innovation pour d signer les changements du syst me ducatif On peut distinguer trois p riodes dans l utilisation du terme innovation Cros La premi re d bute dans les ann es 60 les mouvements p dagogiques issus de l Education nouvelle pour la plupart se d ploient alors largement sur une base de militantisme L innovation est consid r e comme r volutionnaire elle pr ne la rupture et se d veloppe contre la pens e et l administration dominantes La seconde s tend de la fin des ann es 70 jusqu en 1990 Elle est marqu e par le travail de Louis Legrand en tant que responsable de ce qui se nomme aujourd hui Institut National de la Recherche P dagogique sur les coll ges exp rimentaux et par les r formes du minist re Savary partir de l arriv e de la gauche au pouvoir en 1981 L institution essaye de reprendre et de diffuser certaines innovations comme les quipes p dagogiques les projets d tablissement Politiquement et administrativement l innovation n est plus contestataire m me si certaines exp riences sont plus tol r es que d velopp es ex les ly
18. ie endosser son habit privil gi de r parateur Mais justement en quoi ces projets innovants sont ils r ellement innovants sur le plan p dagogique Voit on appara tre des l ments p dagogiques nouveaux Il ne le semble pas puisque si on suit les d clarations d intentions p dagogiques de ces innovateurs d sormais reconnus et soutenus on rep re les l ments suivants p dagogie individualis e technologies d information et de communication p dagogie Freinet p dagogie institutionnelle m thodes de l ducation nouvelle p dagogie du projet personnel et professionnel p dagogie diff renci e ateliers culturels interdisciplinarit et tutorat transversalit et solidarit internationale Autrement dit des pratiques p dagogiques et des conceptions ducatives fort bien connues et reconnues au Panth on p dagogique Et l on s tonne pourquoi des projets exceptionnels pour des p dagogies ordinaires Cherchez la faille Ce qui fait que l on se retrouve face un v ritable paradoxe le changement p dagogique est annonc reconnu recherch et int gr il sert justifier l institution en tant que telle il est utilis doses fortes sur les marges r serv aux l ves en grande difficult Mais alors veut on vraiment un changement p dagogique Lequel Pour qui Et pour quoi Le changement p dagogique a t il lieu 3 LA SOLUTION P DAGOGIQUE RECONNUE LA P DAGOGIE DE
19. nouvelles Peut on d s lors estimer que le changement n est pas advenu dans le syst me scolaire en mati re de p dagogie 1 GLOBALEMENT LA P DAGOGIE TRADITIONNELLE CONTINUE S IMPOSER Ce sont d abord ceux qui tudient les innovations qui tablissent le fait Ainsi Hugon et Viaud 2004 montrent la marginalit et la marginalisation de l Education nouvelle dans le secondaire Tous les indices concordent les coll ges diff rents des ann es 70 ont disparu les quatre lyc es exp rimentaux des ann es 80 survivent vaille que vaille le Conseil national de l innovation inaugur au tournant du 21 me si cle est plus que moribond seules les structures pour coll giens et lyc ens d crocheurs ou en voie de d scolarisation persistent mais sur les marges les innovations p dagogiques r centes comme les TPE Travaux Personnels Encadr s impos es d en haut sont en voie de rel gation D ailleurs il ny a pas de demande de p dagogie nouvelle de la part des parents des enseignants et de l ensemble de la soci t Ce qui fonctionne c est la multiplicit contradictoire des objectifs faire r ussir et trier autonomiser et conformer panouir et tenir et en cho et en moyen r clam une sacralisation de la p dagogie transmissive Du c t des enseignants le mode d entr e dans la profession et les conditions de l exercice professionnel expliquent le faible int r t pour les p dagogies nouvelles qui heurtent
20. ntroduit l h t rog n it des l ves au sein de chaque classe tout en maintenant un mode simultan qui suppose l homog n it et impose un dispositif de r duction et de traitement de cette h t rog n it des publics par l interm diaire de la p dagogie de soutien Qu en est il dans les faits Il appara t qu elle est tr s pr sente aussi bien l cole l mentaire qu au coll ge et maintenant au lyc e Prioritairement elle permet de reprendre les apprentissages de base l aide d un surplus de temps et d explications destin aux l ves en difficult l aide de la r p tition des l ments du programme jug s indispensables acqu rir les l ves faibles devant rattraper les autres pour profiter de l enseignement collectif dispens par ailleurs C est une p dagogie du rattrapage et de la bonne conscience Au fond les enseignants aiment la p dagogie de soutien parce qu elle permet de maintenir une pratique traditionnelle dans le cadre simultan tout en ayant fait quelque chose dont on sait que ce n est pas suffisant quant aux r sultats mais que c est satisfaisant en termes de co ts et d intentions A ce titre elle est promise un tr s grand avenir La p dagogie de soutien est une p dagogie r paratrice d une p dagogie traditionnelle qui propose une aide ponctuelle ceux qui prouvent des difficult s susceptible d am liorer leurs r sultats scolaires Elle est aussi une p
21. oche de l h t rog n it dans la classe et en m me temps en fait une valeur au lieu d y voir une r alit r duire Face l h t rog n it du public scolaris la p dagogie diff renci e promeut avant tout le respect des diff rences et la possibilit pour chacun de recourir des strat gies personnelles Les l ves diff rents par nature trouveront la solution dans la pluralit pluralit des ma tres des rythmes des groupements des formes d valuation La diff renciation p dagogique vise l am lioration de l l ve et am ne l adulte g rer les apprentissages en fonction de la singularit des apprenants Elle prend en compte les acquis r els des l ves leur fonctionnement adapte les temps d assimilation et les contenus L homog n isation des structures scolaires tend rendre n cessaire la diff renciation des strat gies afin de g rer l h t rog n it des situations de la classe simultan e Et pourtant la p dagogie diff renci e mod le de r novation p dagogique dominant des ann es 80 90 n a pas r ussi s imposer et ne r ussit toujours pas le faire Elle se heurte plusieurs obstacles qui font que au besoin sous couvert de p dagogie diff renci e ou tout le moins sous couvert de prise en compte des diff rences c est la p dagogie de soutien qui s impose et entre en oeuvre Le premier de ces obstacles tient la p dagogie diff renci e elle m me elle appara t p
22. ogiques qui vont s enraciner dans les Lumi res la R volution de 1789 et l instauration triomphante de la Troisi me R publique On conviendra qu un tel poids est de nature provoquer une naturalisation d une m thode d enseignement qui la donne facilement comme ternelle et juste Toujours est il que l ancrage dans le processus enseigner traverse le champ de l cole de fa on privil gi e et discutable Houssaye 1993 Le troisi me obstacle tient la nature du changement requis par la p dagogie diff renci e elle suppose un passage du processus enseigner au processus apprendre Ce qui rel ve d une modification du paradigme de r f rence Le mode simultan est bas sur une p dagogie de l enseignement Le rapport ma tre savoir est premier et l appropriation du savoir par l l ve d pend directement de ce rapport L identit du savoir ma tre ou du ma tre savoir fait que les l ves sont trait s de mani re identique hors de toute diff rence et que leur acquisition du savoir ne peut d pendre que de la conduite similaire pour tous du ma tre d tenteur Les l ves tant cens s quivalents et le savoir tant identique sous le traitement commun du ma tre on ne voit pas pourquoi la diff renciation serait l gitime puisque l ordre scolaire semble tout faire pour l exclure Le processus enseigner pr tend rendre anormal tout cart La p dagogie de soutien est l pour int grer
23. ondamn devenir aigri d pressif ou cynique Et les l ves eux ne peuvent appr cier le go t de la culture scolaire Tant que r gne la p dagogie traditionnelle Mais laquelle Que faut il entendre sous ce nom de mani re g n rale Guigue 2003 analysant l ordinaire d un lyc e de banlieue souligne combien les discours p dagogiques de changement donnent lieu chez les professeurs des discours ambivalents voire m me contradictoires Le quotidien lui rel ve d une p dagogie interrogative st r otyp e M me si le but nonc est de faire discuter les l ves pour qu ils r fl chissent dans les faits les l ves grattent Les ventuelles pratiques innovantes sont abandonn es et le lyc e semble revenu une forme d activit bas e sur des pratiques interrogatives et d monstratives persuasives et expositives Les tables sont align es en trois rang es face au tableau le discours suivi du professeur est trou de questions explicites les questions pr cises et sans ambigu t supposent des r ponses courtes et souvent uniques l attention est centr sur le seul cours du professeur qui cherche mobiliser des connaissances ponctuelles le rythme est rapide les interactions professeur l ves sont fluides mais peu de questions viennent des l ves il peut tre fait appel la culture contemporaine Ce mod le pratique interrogatif dominant est en fait un p le reflet de ce qui est pr n
24. se Le fait de dispenser le m me enseignement l ensemble des l ves programmes rythmes ges cursus identiques produit son tour de l chec scolaire et ne permet surtout pas de r pondre un tel chec Il devient ainsi indispensable p dagogiquement d introduire de l h t rog n it au sein des pratiques de chaque classe La p dagogie de soutien est charg e d y r pondre Suivant ici fid lement les travaux de Wittmann 1994 1995 nous attribuerons la naissance institutionnelle de cette p dagogie la loi du 11 juillet 1975 qui voit le ministre Haby instaurer le coll ge unique On peut penser que la p dagogie de soutien est l innovation p dagogique qui a et qui a eu le plus de succ s au niveau des pratiques tant l cole qu au coll ge elle devient aujourd hui officialis e dans les lyc es par l introduction de deux heures int gr es d aide aux l ves De quoi s agit il Dans un syst me simultan r gi par l homog n it et qui requiert cette derni re pour pouvoir fonctionner quand la population d l ves de chaque classe appara t h t rog ne ce qui est d autant plus logique que l h t rog n it est devenue la r gle de constitution des classes il devient indispensable de prendre en compte et de traiter ces h t rog n it s au sein de la classe elle m me afin de r tablir lhomog n it indispensable l ordre p dagogique normal Haby supprime les fili res au sein du coll ge i
25. sont en fait en but l administration ce qui peut se concevoir mais aussi leurs propres l ves ce qui semble premi re vue plus surprenant Et dans chaque cas c est le poids de la p dagogie traditionnelle qui est d terminant Les novateurs vivent leurs d m l s et leurs rapports avec l administration sur le mode pers cutif sachant que dans l administration il peut y avoir cependant des gens de bonne volont Pourquoi en est il ainsi Les raisons sont tr s nombreuses Parce que ces coles suscitent une trop forte volont de transformation sociale esprit critique prise de responsabilit mancipation des d favoris s li e des projets porteurs d une utopie sociale et lib ratrice Parce que si ces coles r ussissaient ce serait la preuve que c est la structure du syst me scolaire qu il faut transformer et qu en plus c est possible de l int rieur Parce que l institution ne favorise pas le changement mais la stabilit comme les syndicats qui craignent la remise en cause et l imposition g n ralis e Parce que l institution est de plus en plus d centralis e et que les chelons interm diaires agissent en fonction de leurs int r ts qui divergent au besoin Parce qu on concentre les efforts sur l am lioration du syst me traditionnel plut t que sur l exp rimentation de plus amples r formes aux r sultats m diocres dans un premier temps mais susceptibles de plus de r percussions long terme
26. u s il faut acc l rer par rapport au programme ou s il faut tenir une classe difficile L expression des l ves se pr sente comme la garantie de leur motivation scolaire et non comme l espace de la construction des savoirs La motivation est le signe de l int r t pour le cours et de l attitude favorable envers l enseignant Les l ves eux ne l entendent pas de la m me mani re De leur point de vue la participation orale n est consid r e que comme un petit plus une t che facultative peu int gr e l apprentissage C est une mise en sc ne de l adh sion des normes scolaires les bons l ves posant des questions les autres restant en dehors L ordre scolaire reste per u par les enseignants comme un continent relativement autonome des questions d apprentissage en tant que telles Pour les l ves l adoption d un comportement favorable au travail est une contrainte plus ou moins imp rieuse ce n est pas un travail proprement parler Elle passe par une facult de concentration individuelle et par l instauration de conditions collectives de l ordre scolaire Que se passe t il par contre pour ceux qui r cusent ce mod le traditionnel dominant Faut il en conclure trop rapidement que seuls les innovateurs sont efficaces et heureux Non nous dit Viaud 2005 l issue de sa recherche sur les coll ges et les lyc es diff rents soit sur les structures vraiment exp rimentales du secondaire Les novateurs
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