Mobiliser l`imagination et la créativité pour écrire
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1. et dont les op rations cognitives sont semblablement mobilis es dans les deux exercices ont donn lieu une premi re analyse Les apprenants non motiv s par l criture et dont les op rations cognitives ont t diff rentes lors de la r alisation des deux exercices ont fait l objet de la seconde Nous exposons ici les grandes lignes du compte rendu de la premi re analyse uniquement car c est cette orientation qui nous para t productive et exemplaire pour expliquer l int r t de la mobilisation de l imagination dans le processus d criture L approche constructive consiste saisir et mobiliser l imagination sous une forme po tique g n rale plut t comme une source cr atrice C est dans ce cadre que nous situons entre autres les r ponses des apprenants du groupe A La puissance de l imagination au sens de facult de d former les images s enracine en fait dans les profondeurs de l tre au sens o l entend Bachelard 1971 l imagination est stimul e par l id e esth tique et elle peut appara tre comme la plus dynamique des facult s et comme une condition de la libert des hommes Sa spontan it cr atrice lui permet de ne pas tre assujettie au r el de s en affranchir de le transformer Elle utilise Les donn es de la perception et de la m moire mais elle les transfigure s en d tache pour inventer une autre r alit autonome Les r ponses au questionnaire affichent une mobilisation2. gles par lesquelles on pr tend affronter le r el sans se perdre dans l illusion des songes Elle est plus qu un effort pour laisser ouvertes les portes par lesquelles se lib rent toutes les virtualit s d un tre L incertitude qui vient de l imaginaire doit tre saisie Synergies Europe n 4 2009 pp 71 86 Lefran ois Yasuda Carole dans ses dynamismes pour contribuer faire l individu et non le d truire Pour Jean 1976 28 sans imagination il n y a pas de d veloppement possible des individus et l imagination n est pas seulement onirisme r ve invention du jamais vu mais elle intervient dans tous les processus psychiques et corporels et d abord dans le langage On peut aider dans la classe la coh rence de l imaginaire et permettre l imaginaire de trouver sa place pour que le contr le futur de la raison et que la prise de conscience du rationnel par l apprenant lui procurent la fois les moyens d exprimer l inexprimable et la lucidit permettant de savoir parfois renoncer expliquer l inexplicable Le sujet apprenant conna t mal ou pas le pouvoir effectif du verbe sur l imaginaire Il arrive que certains hommes ne le per oivent jamais Ils ignorent de ce fait quel point ceux qui poss dent et ma trisent le langage verbal peuvent agir sur ceux qui le ma trisent moins bien Ceci est caract ris par les deux groupes de sujets initialement diff renci s dans notre premi
3. l criture serait le recours l imaginaire l imagination et la cr ativit pour tous Il Analyse de composantes de l criture imagination et cr ativit Les notions imagination imaginaire et cr ativit mergeant de l enqu te demandent tre d finies et articul es en vue de comprendre comment elles entrent en jeu dans l apprentissage de l criture au moyen d une p dagogie qui les relierait a L imagination cr atrice Si l imagination telle qu elle est conceptualis e par Ribot rend possible la perception elle sert galement la corriger Il s agit de l imagination cr atrice comme puissance de relier des ph nom nes qui jusqu alors avaient toujours t tenus pour s par s ou ind pendants les uns des autres L imagination cr atrice d hypoth ses permet l criture de progresser 78 Mobiliser l imagination et la cr ativit pour crire En effet l analogie qui a t observ e m thodologie commune aux deux exercices est la base de toute cr ation imaginative en rapprochant des objets loign s Dans la continuit du travail mental on peut d gager le principe de la cr ation imaginative La cr ation imaginative se poursuit par agglutination autour d une id e ou d une motion stable sur laquelle la conscience ne se focalise pas constamment aussi impliquerait elle l intervention d un facteur inconscient Le recours l uvre de Ribot est i
4. point de vue anthropologique se caract ristique par son axe esth tico imaginal les images constituent l l ment agr geant des groupes qui se reconnaissent dans celles ci et communiquent gr ce aux symboles partag s Synergies Europe n 4 2009 pp 71 86 Lefran ois Yasuda Carole La pluralit des mouvements l int rieur de la classe de m me que la singularit des ph nom nes peuvent tre saisis et encadr s de fa on structurelle au niveau m thodologique travers la notion maffesolienne de formisme La forme est un instrument de connaissance qui peut rendre compte du cadre dans lequel sont collect s les divers ph nom nes existent des formes structurantes qui rendent coh rents les mouvements fluides et inconstants de la vie collective La forme laisse tre gt l v nement dans sa singularit ne lui imposant pas une cause externe ou une direction ultime tout en montrant l encadrement et les conditions des situations d apprentissage possibles La r flexion sur les modalit s de connaissance part du pr suppos que le sens commun et la connaissance ordinaire sont la base de tout ph nom ne social La p dagogie dont il serait question est attentive la pluralit au dynamique et la contradiction qui sont inh rents toute situation l aspect contradictoire ne doit pas tre ni car c est la polyphonie m me de la soci t qui engendre la diff rence et la contradiction qui resur
5. rature Qu voque pour vous l acte d criture Comment la lecture de textes litt raires oulipiens vous a ide t il pour l criture scientifique Qu est ce que bien crire D s le d but de ces enqu tes deux groupes d tudiants se sont distingu s le groupe A constitu d tudiants pour qui l criture est une activit plut t motivante et le groupe B constitu d tudiants pour qui l criture est une activit forc e Tableau 1 a Synth se des r sultats des deux premi res enqu tes l Repr sentations de l crit Synth se des modalit s Il Mobilisation des op rations cognitives L criture observ e selon la t che probl me 1 Connaissance de la langue 2 Plaisir 3 Imagination Imaginaire Cr ativit Fixer les objectifs Evaluer ma motivation Activer les connaissances pour construire le contenu S lectionner des strat gies Choisir le vocabulaire ad quat la consigne Activer les connaissances et exp riences ant rieures Etre attentif la correction de la langue Op rations tir es de la phase de planification 4 Normes 5 Correction de la langue Choisir le vocabulaire Prendre conscience des aspects affectifs Etre attentif la correction de la langue Construire le contenu D finir mes objectifs et superviser ma d marche S lectionner mes strat gies En premier lieu de cette en
6. toute vidence au centre m me de la communication Dans le C E C R 2001 112 deux chelles sont propos es pour l tendue du vocabulaire et la capacit en contr ler l usage A l heure o l activit crite en F L E tend tre formalis e dans une perspective fonctionnelle voire actionnelle avant tout vou e l apprentissage communicatif o par ailleurs les ateliers d criture sont en vogue apr s leur apparition en France il y a une trentaine d ann es il ne para t pas inutile de poser la place des crits d imagination au sein de la didactique en nous appuyant sur les apports possibles des autres pays europ ens en particulier l Angleterre o la cr ativit et l imagination sont valoris es dans les textes officiels La pratique de la classe et les difficult s relev es nous am nent constater que les apprentissages de type fonctionnel ne suffiraient pas un apprenant non francophone natif et de niveau avanc pour d velopper une comp tence scripturale conforme au C E C R c est pourquoi nous avons mis en place une classe d criture o se c toient des exercices d criture sous contraintes oulipiennes crits d imagination et des exercices d criture scientifique crits scientifiques Nous avons pos une premi re hypoth se qui a t modifi e et compl t e au fil de l exp rimentation selon laquelle l appropriation du texte litt raire oulipien ne serait pas seulement ve
7. un exercice d criture sous contrainte oulipienne et un exercice d criture scientifique Ces deux consignes ont pour but de conduire les tudiants adopter des postures dont l une aiderait r aliser l autre Les consignes d criture sont respectivement les suivantes A la suite d un extrait du roman La Disparition de Perec 1969 vous crirez un texte e lipogrammatique La deuxi me consigne est R diger un r sum de votre projet de recherche gt Les deux consignes d criture caract risent un environnement diff rent le premier exercice n cessite la connaissance du th me il mobilise les caract ristiques du texte narratif et il est dot d une fonction po tique en jouant sur le plaisir esth tique que procure le travail sur la forme et le sens des mots Le second exercice labore un texte informatif explicatif o la fonction r f rentielle est pr dominante Cependant un texte ne remplit pas qu une seule fonction ni un type d organisation unique on peut croire qu il existe un va et vient entre les deux environnements Nous avons construit un questionnaire selon trois tapes la planification de l criture la facilitation de l criture et l valuation de l criture L observation 76 Mobiliser l imagination et la cr ativit pour crire des r sultats a donn lieu une interpr tation en deux temps Les apprenants pour qui l criture est une activit motivante
8. Mobiliser l imagination et la cr ativit pour crire Lefran ois Yasuda Carole Universit de Technologie de Compi gne Doctorante Paris 3 DILTEC carole lefrancois utc fr R sum La pratique de la classe et les difficult s linguistiques observ es de mani re r currente dans les crits acad miques des tudiants de troisi me cycle nous am ne constater qu un enseignement apprentissage finalit fonctionnelle ne suffirait pas un apprenant non francophone natif de niveau avanc pour am liorer une comp tence scripturale conforme au C E C R 2001 Nous avons mis en place une classe d criture o se c toient des exercices d criture sous contraintes oulipiennes crits d imagination et des exercices d criture scientifique crits fonctionnels afin d analyser comment le premier faciliterait le second Nous pr senterons les r sultats d une premi re enqu te sur les repr sentations que les apprenants se font de la litt rature oulipienne et montrerons comment elles permettent une criture autonome en favorisant l acc s l imagination ce qui contribue en retour la mobilisation des op rations cognitives n cessaires l criture et une n cessaire r valuation de la place de l imagination de l imaginaire et de la cr ativit dans la p dagogie Mots cl s apprentissage de l criture m thodologie d criture imagination et cr ativit r solution de probl mes Abstr
9. act Teaching experience and recurrent linguistic difficulties observed in graduate students scientific essays lead us to consider that functionnal teaching is not sufficient for students to develop writing skills which are consistent with the advanced levels fixed by the Common European Framework of Reference for Languages 2001 Consequently we propose writing workshops where students can practice creative writing in addition to conventional academic writing In this paper we shall first present the results of a preliminary study on learners representations of Oulipian literature we shall explain how these representations facilitate access to autonomous writing We will then discuss how the use of creativity contributes to foster the cognitive operations necessary for writing Finally we will observe and analyse the active role of imagination and creativity in the writing process and in pedagogy Keywords writing methodology problem solving learning process imagination and creativity Synergies Europe n 4 2009 pp 71 86 Lefran ois Yasuda Carole On entend parfois dire de tel tudiant chercheur qu il a des id es innovantes mais qu il ne sait pas les transmettre On dit alors qu il ne sait pas crire Que peut signifier ne pas savoir crire Au niveau ma trise C1 C2 du C E C R la normativit ne repose non seulement sur orthographe et la syntaxe mais aussi sur la s mantique La question du sens est de
10. ants d autres activit s d criture L int r t de l imagination dans la construction des savoirs et des formes crites est qu elle sert s immerger dans la fiction dans les faire semblant en conservant la logique d encha nement des faits du monde r el A l int rieur m me des jeux invent s les relations logiques entre causes et effets fonctionnent comme dans le monde r el L imagination que l apprenant d ploie lui offre un terrain d exp rimentations lui permettant de construire ses propres raisonnements logiques Elle fait partie de l apprentissage et permet de comprendre la logique du monde r el gr ce un raisonnement Harris 2007 va jusqu d montrer que le d veloppement de la capacit imaginer des alternatives n tait pas d l ducation mais qu il est ant rieur tout apprentissage culturellement situ Dans notre enqu te les apprenants pour qui l criture est une activit forc e n ont pas recours l imagination Ce sera sans doute un des r les du p dagogue que de les y inciter La capacit que l apprenant a de faire semblant et d imaginer n est pas un sympt me d immaturit ni un manque de logique Elle pose les fondations d un mode de pens e plus mature propos du point de vue d autrui et de l apprentissage Une p dagogie de l imaginaire concept propos par Jean est d abord une p dagogie qui refuse de mettre en place pr matur ment les r
11. crits fonctionnels que les crits d imagination on oppose parfois toute p dagogie de l imaginaire que l imagination n est pas utile et qu elle peut m me devenir nuisible la formation scientifique et pratique dont l homme a surtout besoin de nos jours Au cours de la scolarit le r le de l imagination tend s amenuiser Duborgel 1983 avait d j montr dans ses travaux au cours des ann es 80 que plus on avance dans la scolarit plus l imaginaire est contr l et laisse place au r alisme la raison au rationnel au vrai On retrouve ici le paradigme des oppositions Une position id ologique opposera it la raison l imagination sous diff rentes formes science versus litt rature disciplines fondamentales versus artistiques imagination versus rentabilit Bien qu il faille contester cette caricature l opposition entre le rationnel et l imaginaire est encore tr s r pandue de nos jours Une activit qui semble r guler non seulement l intelligence mais aussi l imagination est la math matique La math matique est construction d un r el non tangible Les sch mas les figures sont autant de ruses pour imager une r alit qui se construit au fur et mesure L exercice d criture sous contraintes oulipiennes a mis en vidence le recours une d marche math matique et le recours l imagination Ce qui s est montr transf rable pour un groupe d appren
12. cteur d une culture savante mais oriente les pratiques d criture de telle sorte que ces pratiques permettent l acc s aux nombreuses potentialit s de la langue et facilitent l criture Autrement dit la pratique de l criture oulipienne dans la classe de langue est consid rer comme un crit interm diaire qui sert de m diation dans les op rations cognitives successives L criture sous contraintes oulipiennes aiderait l apprenant crire de fa on plus autonome voire avec plus de plaisir et d velopper une habilet d criture en recourant la volont de trouver le mot juste La particularit de notre travail r side dans l ancrage p dagogique des questions issues de la pratique de classe qui vont tre trait es dans le cadre d une recherche action Le recueil des donn es s est effectu l Universit de Technologie de Compi gne dans une classe de 18 l ves ing nieurs En premier lieu nous pr senterons les r sultats de l enqu te r alis e sur les repr sentations et montrerons comment par le lien symbolique qu elles instaurent entre l environnement et le monde mental elles facilitent une criture autonome en favorisant l acc s l imagination ce qui contribue en retour la mobilisation des op rations cognitives en jeu dans la pratique des crits d imagination et des crits scientifiques Puis partir de ces r sultats notre objectif sera dans le prolongement des travaux
13. des op rations plus importante lors de la phase de planification que dans les autres phases De plus lors de la planification on rel ve des op rations communes aux deux exercices cf Tableau de synth se telles que valuer ma motivation gt d finir mes objectifs s lectionner les strat gies activer les connaissances et exp riences ant rieures li es au th me retenu En compl ment de ce questionnaire o il suffisait de cocher des croix dans les activit s r alis es les apprenants ont pu s exprimer l aide d un second questionnaire questions ouvertes en dressant un portrait de scripteur Des extraits de r ponses montrent que les apprenants cherchent atteindre un but mais ne savent pas encore quelle d marche le leur permettra et certains agissent par va et vient et retours Ils accomplissent des t ches pour lesquelles ils n ont pas encore un sch ma de t ches compl tement ad quat Les op rations cognitives relev es lors de la phase de planification associ es au portrait de scripteur rel vent de la r solution de probl mes o l imagination intervient dans la d marche de raisonnement en permettant le recourt au processus de g n ration cr atif comme l association et l analogie Ribot 1900 2007 Essayer de r soudre un probl me c est vouloir atteindre un but d fini sans savoir au d part quelle est la fa on la plus appropri e pour y parvenir Une r solution de probl
14. e en plus des activit s de contr le des nouvelles id es produites La recherche d id es n est qu une tape et l acte cr atif implique une alternance entre l imagination et la logique l irrationnel et le rationnel Contrairement aux autres formes de l imagination l imagination qui d bouche sur la cr ativit est rarement automatique M me quand elle para t travailler partir de l intervention d un ordre pr cis qui aura t donn elle ne se met en mouvement que parce que nous avons essay de l y mettre Dans ce cas la cr ativit constitue une forme de l imagination ins parablement li e nos desseins et nos efforts Ill Tentative d une r valuation de l imagination et de la cr ativit en p dagogie a Construction des raisonnements logiques de l apprenant et perspectives sociales Les modalit s cr ativit imaginaire et imagination telles qu elles apparaissent travers notre enqu te demandent maintenant tre confront es un questionnement g n ral sur la p dagogie car c est la p dagogie qui permet l int gration de ces notions dans le processus d criture M me si les nombreux travaux men s en France au cours des ann es 70 sur la cr ativit et le jeu ont donn lieu des m thodologies d apprentissage 80 Mobiliser l imagination et la cr ativit pour crire notamment les simulations globales Yaiche 1996 qui traitent aussi bien les
15. e la langue et apprentissages scolaires Hommage Viviane Isambert Jamati Aix en Provence Presses de l universit de Provence pp 49 67 Bourdieu P Passeron J C 1964 Les h ritiers Paris Editions de Minuit Car J M Debyser F 1978 Jeu langage et cr ativit Paris Hachette Larousse Conseil de l Europe 2001 Cadre europ en commun de r f rence pour les langues Apprendre enseigner valuer Paris Didier Dictionnaire de didactique du fran ais sous la direction de J P Cuq 2003 Paris CLE International Duborgel B 1983 Imaginaire et p dagogie De l iconoplasme scolaire la culture des songes Paris Le sourire qui mord Dufays J L 2000 Lire c est aussi valuer Autopsie des modes de jugement l uvre dans diverses situations de lecture Etudes de Linguistique Appliqu e n 119 Paris Didier Erudition pp 277 290 Dupouey P 2006 Choisir le juste mot Travailler le vocabulaire de la culture g n rale Collection Optimum Paris Ellipses Marketing Jean G 1976 Pour une p dagogie de l imaginaire Tournai Casterman Goody J 1979 La raison graphique Paris Les Editions de Minuit Hameline D 1973 La cr ativit Fortune d un concept ou concept de fortune Orientations 47 pp 3 23 Harris P 2007 L imagination chez l enfant Paris Retz Hayes J R 1995 Un nouveau mod le du processus d criture in J Y Boyer J P Di
16. fondamentaux r alis s sur la cr ativit et le jeu Car et Debyser 1978 en didactique du F L E au cours 72 Mobiliser l imagination et la cr ativit pour crire des ann es 70 d observer le r le actif de l imagination de l imaginaire et de la cr ativit dans l apprentissage de l criture afin d argumenter la n cessaire r valuation de l imaginaire et de l imagination dans la p dagogie l Observations du processus d criture La premi re observation du processus d criture s est r alis e au moyen d une enqu te sur les repr sentations sociales que les apprenants se font de la litt rature oulipienne puis une seconde exp rience consistait analyser des op rations cognitives mobilis es lors de deux exercices un exercice d criture sous contraintes oulipiennes et un exercice d criture scientifique Une des raisons qui a motiv l entreprise de ce travail a t Le constat d erreurs linguistiques r currentes particuli rement li es l usage des mots Les trois nonc s ci dessous extraits d crits scientifiques montrent la non ma trise du r pertoire lexical de ce niveau et l exc s d un vocabulaire impr cis L ensemble est d nu de conscience du niveau de connotation s mantique On rel ve aussi la difficult crire de mani re limpide et fluide et dans un style appropri au genre adopt C E C R 2001 52 1 De nos jours le monde des tech
17. gissent toujours dans le mouvement organique de l existence Le relativisme consid re que la contradiction est li e la nature m me de l tre et qu elle n a pas besoin d tre d pass e mais qu elle doit tre accept e dans sa logique Le savoir n est pas absolu il est toujours n cessaire de vivre avec l autre le divers ce qui est alternatif A l issue de ce parcours th orique nous retenons que l imagination est un l ment fondamental pour l apprentissage et la construction de la personnalit du scripteur et que ce va et vient entre les crits d imagination et les crits scientifiques assure la coh rence cr ative n cessaire l apprentissage de l criture En conclusion il nous semble important de rappeler les d finitions de l imaginaire l imagination et de la cr ativit faites par Reuter 1996 26 d finition que nous avons retravaill e en tissant autour d elles un lien p dagogique qui les associent dans les particularit s du champ social dont il est question ici L imaginaire est un mat riau culturel structur et structurant et la cr ativit comme m canisme sp cifique de production g n ration transformation de contenus Pour l imagination la d finition oscille entre la facult de mettre en jeu l imaginaire et les m canismes de la cr ativit et un jugement sur la facult des sujets et des textes produits en tant qu on pourrait lire construire les traces de ce
18. hes montrent chez les tudiants du groupe A que les op rations cognitives mobilis es sont communes aux deux types d exercices L apport du premier exercice en vue de la r alisation du second se r alise au niveau de la m thodologie d criture Enfin une m thodologie commune de type r solution de probl mes o l on mobilise l imagination peut devenir un moyen facilitateur pour tous et pourra donner chacun la possibilit de s exercer assouplir son propre comportement r dactionnel initial La facult imaginante est essentielle dans toute d marche scientifique Les diff rents types de raisonnement exigent que l esprit puisse anticiper sur sa d marche ou la retarder et saisir dans une m me vis e les aboutissements possibles de ses hypoth ses Ce processus d criture peut tre assimil un travail en construction dans le sens o il existe des ajustements r ciproques entre le projet les mat riaux et les diff rentes tapes Dans ce champ scolaire o l on observe des in galit s face l criture le concept d habitusf est utile si on l appr hende comme un syst me Gr ce ce syst me construit par la socialisation l individu peut de fait fabriquer une infinit de phrases ad quates pour manier les concepts de son domaine de sp cialit L habitus est alors compar un g n rateur d une infinit de pratiques nouvelles Une hypoth se de solution pour faciliter l apprentissage de
19. ils refl tent le mode m me de la connaissance ordinaire en demeurant au service des concepts En consid rant une approche ph nom nologique et compr hensive du r le de l imaginaire l int rieur du v cu la p dagogie ne pourrait elle pas tre consid r e comme une approche ph nom nologique de la socialit Il ne serait pas question de construire un mod le p dagogique g n ralisant la p dagogie doit plut t mettre en perspective mettre en chemin ne se fondant pas sur la monstration gt de ce qui appara t il faut tablir une p dagogie ouverte qui int gre les savoirs sp cialis s dans une connaissance plurielle toujours en train de se faire et se d faire La connaissance poss de toujours un caract re intuitionniste et approximatif notamment si on veut tudier une entit fluide comme celle du v cu des apprenants de m me que la socialit est toujours inaccomplie car elle est en mouvement perp tuel il n y a pas une r alit unique mais des approches diff rentielles de la concevoir L espace classe o les enseignants et Les apprenants se rencontrent est le lieu d une connaissance de sens commun qui est aussi Le point de d part de la p dagogie La classe se fonde sur un partage empathique l int rieur du groupe c est dire une ambiance affective Le fait de partager les m mes lieux le m me territoire est au fondement de l tre ensemble gt pour un moment donn qui d un
20. ite l acc s aux potentialit s de la langue car l apprenant mobilise des ressources inhabituellement valoris es dans le syst me scolaire Cela permettrait selon Bautier 2005 de d passer des applications utilitaristes qui restent le plus souvent sans effet sur l utilisation du langage dans les apprentissages Avec Dupouey 2006 nous croyons qu au del des r gles et des devoirs il faudrait parler de plaisir cela devrait tre un jeu de trouver le mot juste ainsi qu un effort suivi d une satisfaction Non une satisfaction li e la distinction sociale au sens de Bourdieu mais ce plaisir qui accompagne chez tout vivant la disposition maximale de ses facult s qui ne s actualise jamais que dans la langue parl e et crite b Des op rations cognitives mobilis es lors de deux types d crit Pour situer les ph nom nes d criture dans une d marche didactique nous avons construit notre questionnaire l appui du second mod le de Hayes 1995 principalement car l auteur a propos un mod le op ratoire en permettant la mise en vidence des diff rentes tapes du processus d criture M me s il a donn lieu de nombreuses critiques ce mod le pr sentait pour nous l int r t de focaliser sur la d marche d criture et d tre l un des premiers qui tend rompre avec celui d une criture lin aire La seconde exp rience a consist proposer successivement deux consignes d criture
21. mes se caract rise par la compr hension du probl me les strat gies de r solution de probl mes les facteurs qui influencent la r solution de probl mes D s cette tape la conduite des deux exercices a plac les apprenants de ce groupe en situation de r solutions de probl me en ouvrant la voie une criture programmatique Lumbroso 2007 Bien qu elle ait t longtemps appr hend e comme un acte lin aire l criture est avant tout un instrument d exploration et d mergence C est un programme gr ce auquel on Synergies Europe n 4 2009 pp 71 86 Lefran ois Yasuda Carole peut entrer en contact avec son exp rience de la r alit sa compr hension des v nements et sa relation la soci t L criture programmatique fait pr c der l criture par un travail de conception pr liminaire sous la forme de plans sc narios notes bauches recherches documentaires en proposant des outils susceptibles d apporter des solutions En effet crire un canevas pr alable dresser un plan g n ral du r cit r diger des fiches dessiner les sch mas se donner des auto consignes d criture constituent autant de moyens pour d plier l acte de cr ation le d composer en l ments constitutifs au sein d un programme souple qui les fait interagir Un chantier nouveau se dessine donc celui d une didactique du pr r dactionnel Les observations relev es lors de la r solution des deux t c
22. mploi Paris Hachette W Matlin M 2001 La cognition Bruxelles De Boeck Universit Notes 1 Echelle 1 C2 Poss de une bonne ma trise d un vaste r pertoire lexical d expressions idiomatiques et courantes avec la conscience du niveau de connotation s mantique Echelle 2 C1 A l occasion petites b vues mais pas d erreurs de vocabulaire significatives 2 En Angleterre le National Curriculum souligne la cr ativit et l imagination dans les apprentissages the curriculum should enable pupils to think creatively It should give them the opportunity to become creative innovative Les contenus des sciences demandent que l on apprenne aux l ves que les sciences impliquent une pens e cr ative Pupils should be taught that science is about thinking creatively Nous trouvons un autre exemple de l importance de la cr ativit dans l valuation nationale de l criture o un style imaginatif est l un des crit res pour obtenir un niveau seuil Voir http www nc uk net et http curriculum qca org uk key stages 1 and 2 Values aims p 2 3 Les domaines d tudes des tudiants sont les suivants g nie informatique g nie chimique g nie des syst mes urbains g nie des proc d s g nie des syst mes m caniques 4 S minaire de doctorat par J L Chiss 2007 Didactique des langues maternelles et trang res Sorbonne Nouvelle Automne 2007 5 nous essayons nous r essayons nous reliso
23. nants de la forme scolaire et notamment Lahire 1993 vont faire de l crit le trait majeur de la forme scolaire via les modes d existence de savoirs Dans cette perspective au moins telle qu elle est mod lis e par Goody 1979 avec l accent port sur la distance l abstraction et l analyse la r flexivit appara t comme un medium de la construction des savoirs et des formes crites Puis la deuxi me modalit pr sente dans le tableau de synth se est le plaisir Les logiques du plaisir illustrent le fait que l apprenant scripteur d exercices sous contraintes est avant tout un homo ludens un homme qui joue Et il ne joue ni seul ni sans r gles dans une zone dont les balises et les codes ont pour effet contradictoire en apparence d agrandir son champ d action Cela suppose que nous examinions comment le scripteur questionne le monde de la langue les contraintes et les valeurs qu elles g n rent comment il joue avec la vie de la langue elle m me avec son incessante mobilit avec cette usure des mots dont nous avons conscience Letellier 2006 Enfin pour les apprenants du groupe A le texte litt raire permet l acc s l imagination Dans l ombre du sch ma fonctionnaliste se dessine alors un acc s l imagination forme d activit mentale comme moyen d appropriation de l criture Car la facult imaginante est essentielle dans la d marche scientifique Les diff rents types de rai
24. nologies prend de plus en plus sa place en se basant sur la facilit et la rapidit de communication G nie Informatique 2 Pour r soudre ce type de probl me on fait face aux grandes quantit s de donn es et parmi ces donn es il faut donner des aides des d cisions avec une certaine certitude G nie Informatique 3 Certains automobilistes ont tendance appuyer sur l acc l ration or la vitesse est dangereuse et inutile En effet d une part elle ne fait pas gagner le temps car les tamponnages et carambolages qu elle provoque engendrent des embouteillages G nie des Syst mes M caniques Avec Penloup 2000 19 nous comprenons que les repr sentations sociales sont des modalit s de connaissance du r el que nous mettons tous en place pour ne pas nous heurter l incompr hensible En partant de l analyse des repr sentations sociales les premiers outils th oriques mis en jeu sont ceux du constructivisme point de vue courant dans les sciences cognitives qui cherche expliquer les ph nom nes observ s comme r sultant de constructions dynamiques faisant merger des formes signifiantes M me si les pratiques de l crit tendent aujourd hui se banaliser des images sacralis es pr sentes encore l esprit de bien des l ves ing nieurs sont pour certains un facteur d inhibition responsable de maladresses et des conduites d chec observables dans l apprentissage de l crit
25. ns nous revenons sur ce que nous avons planifi 6 A la suite de l uvre de Bourdieu nous comprenons le concept d habitus comme une concentration des rapports sociaux int gr s dans notre corps un produit de l apprentissage qui se traduit par une aptitude apparemment naturelle voluer librement dans un milieu 7La pens e divergente caract rise un processus d apprentissage non lin aire elle explore diff rentes voies et exp rimente de nouvelles combinaisons 8 On retient ici la d finition des p dagogues avanc e par Houssaye ce sont des praticiens th oriciens de l action ducative entre les philosophes dont la pens e s labore en dehors d une pratique concr te et les praticiens anonymes dont la pratique est guid e par une th orie intuitive ou reprise d autres Imaginer pour apprendre dossier du Monde de l ducation n 357 mars 2007 1 L expression de l animisme fondamental Maffesoli fait r f rence ces moments de continuit contigu t qui alimentent ce sentiment de prise avec le r el cet esprit du rapport au monde 11 La socialit r f re toutes Les formes de l tre ensemble gt tout en tant oppos e au concept de social dans son acceptation traditionnelle de rapport rationnel et m canique entre individus 12 Paroles chang es avec Salzmann N l automne 2008 dans le cadre d une U V de l UTC M thodologie de l analyse de la
26. nt ressante car Ribot substitue l id e si troite que l imagination est un produit esth tique et une activit de luxe l id e plus large et plus vraie que l imagination est la base de nos activit s les plus diverses A la diff rence de l imagination reproductrice qui repose sur la m moire et les r p titions l imagination cr atrice exige du nouveau c est sa marque propre et essentielle Le but est de d couvrir une forme de passage entre la production et la reproduction de montrer la communaut d origine des deux formes d imagination la pure facult repr sentative et la facult de cr er par l interm diaire des images et de montrer en m me temps le travail de s paration de disjonction entre ces deux formes Toutes les formes de l imagination cr atrice impliquent des l ments affectifs Consid rons d abord notre travail d criture sous sa forme la plus g n rale L l ment affectif est primitif car tout travail quand il d bouche sur une cr ation pr suppose une attente ou un d sir Dans notre tude lattente des apprenants est l int gration et la reconnaissance sociale au moyen de l criture De plus l l ment affectif est concomitant c est dire que sous la forme de plaisir ou de peine il accompagne toutes les phases ou p rip ties de la cr ation Dans le cas de la cr ation les tats affectifs deviennent la mati re de la cr ation C est un fait connu pres
27. on mergent mais comme une r solution de probl mes qui sous tend un acte complexe En France le terme de cr ativit est devenu au cours des ann es 70 le pivot d un syst me de pratiques ducatives qui d nonce selon Hameline 1973 l action fig e de certaines coles Apparu depuis plus de trente ans en 1970 le terme de cr ativit ne figurait pas encore dans le dictionnaire de l Acad mie fran aise ce terme r habilite la part de l imagination cr ative dans la formation de l individu Puis la perspective cognitiviste Matlin 1983 2001 permet de circonscrire le concept de cr ativit le processus cr atif peut tre associ une r solution de probl mes L observation des op rations cognitives mobilis es lors des deux exercices d criture a montr que la r solution n cessitait la construction d une repr sentation de la t che labor e pour permettre l exploration des diff rentes dimensions du probl me et suffisamment flexible pour tre susceptible d voluer au cours de l activit de r solution Deux types d op ration sont en jeu dans la cr ativit d une part la production d id es nouvelles et d autre part la combinaison de ce qui a t produit Ces deux types d op rations sont caract ristiques de la cognition cr ative Ces op rations constitutives de l imagination relev es pour les tudiants du groupe A ne sont que des l ments dans la cr ation laquelle n cessit
28. onne P Raymond La production de textes vers un mod le d enseignement de l criture Montr al Eds Logiques pp 49 72 Lahire B 1993 Culture crite et in galit s scolaires Sociologie de l chec scolaire Lyon Presses Universitaires de Lyon Le Tellier H 2006 Esth tique de l Oulipo Bordeaux Le Castor Astral Lumbroso O 2007 Esquisse d un dialogue entre didactique de l crit et critique g n tique l l ve auteur dessinateur gt Revue Fran aise de P dagogie 159 mai juin 2007 pp 119 137 Maffesoli M 1985 La connaissance ordinaire pr cis de sociologie compr hensive Paris M ridiens Klincksieck Synergies Europe n 4 2009 pp 71 86 Lefran ois Yasuda Carole Oulipo 1973 La litt rature potentielle Paris Gallimard Penloup M C 2000 La tentation du litt raire essai sur le rapport l criture litt raire du scripteur ordinaire Collection Cr dif Essais Paris Didier Puren C 2006 Le cadre europ en commun de R f rence et la r flexion m thodologique en Didactique des Langues Cultures un chantier reprendre APVL En ligne http www aplv languesmodernes org spip php article35 Reuter Y 1996 Imaginaire cr ativit et didactique de l criture Pratiques 89 Metz Cresef pp 25 44 Ribot T 2007 Essai sur l imagination cr atrice 1900 Paris L Harmattan Yaiche F 1996 Les simulations globales mode d e
29. qu une r gle que l apprenant ressent Toutes les dispositions affectives quelles qu elles soient peuvent influer sur l imagination cr atrice Les apprenants pour qui l criture est une activit motivante vont en effet mettre en place des strat gies explicites pour g n rer du texte Reste savoir ce facteur motionnel tant l uvre comment il peut susciter des combinaisons nouvelles et ceci nous ram ne l association des id es par la pens e divergente Quoi qu il en soit le facteur motionnel cr e des combinaisons nouvelles par plusieurs proc d s Ceci est une donn e fondamentale pour le p dagogue qui incitera les apprenants une criture dite cr ative En somme pour qu une cr ation se produise il faut d abord qu un d sir s veille ensuite qu il suscite une combinaison d images enfin qu il s objective et se r alise sous une forme appropri e Tout le travail de l imagination cr atrice peut tre ramen deux grandes classes les inventions esth tiques et les inventions pratiques C est dans la classe des cr ations non esth tiques que s inscrivent les r sultats de notre travail Tr s diff rentes de nature elles co ncident sur un point elles sont d utilit pratique elles sont n es d un besoin vital Synergies Europe n 4 2009 pp 71 86 Lefran ois Yasuda Carole b La cr ativit L criture a pu tre observ e non plus comme une sorte de d
30. qu te sur les repr sentations nous rappelons qu il existe en effet une similitude entre les repr sentations sociales et le fonctionnement scolaire Bien qu il semble vident que la r alit des faits scolaires ne se laisse pas r duire aux cat gories de domin s et dominants il n en demeure pas moins que les apprenants du groupe B sont des apprenants 74 Mobiliser l imagination et la cr ativit pour crire qui privil gient les valeurs socialement correctes gt de la litt rature Ces valeurs analys es par Dufays 2000 sont le fond la conformit l unit la clart la moralit et motion Par comparaison les apprenants dominants gt privil gient au contraire le capital symbolique gt Ainsi la modalit connaissance de la langue gt qui compose la culture scolaire correspond selon la typologie de Dufays des connaissances sur la forme la polys mie la complexit voire la subversion du texte litt raire La culture scolaire est la culture dominante biais par lequel celle ci exerce parfois sa violence symbolique La question du langage et du rapport l crit et la litt rature s inscrivent dans ce contexte ce qui implique de montrer le caract re arbitraire de la culture dominante car la langue de la culture dominante s accompagne d un rapport au langage qui permet l abstraction le formalisme et la prise de distance A partir de cette approche d sormais classique les te
31. que l on sait qu il faudra s appuyer sur un dispositif de questionnement le plus productif possible qui int gre m me la gestion des contradictions d autre part on consid re que deux r ponses peuvent parfaitement sur le terrain l encore tre oppos es et compl mentaires tout la fois On cherche ici d passer des positions m thodologiques ou pist mologiques trop rigides pour int grer des proc dures ouvertes et molles Pour ce faire l approche analogique semble ouvrir des perspectives souvent oubli es La fragilit d une telle approche et le risque d erreur auquel elle est expos e n en r duisent pas l efficacit car toute proc dure cognitive y est sujette plut t que d erreurs on peut parler de v rit s locales les observations et les pratiques de classe qui si elles sont valu es correctement peuvent contribuer laborer un tableau toujours inaccompli de la socialit La proc dure analogique permet aussi de construire de vrais collages au sens propre de pratiques artistiques des l ments plus divers qui se montrent dans la classe avec la confrontation des diff rents crits Au niveau stylistique de l criture scientifique l approche dont on trace les contours nous indique un style m taphorique fluide et polymorphe qui pendant qu il se met en place r agit sur lui m me Il ne faut pas se m fier des figures rh toriques ou du langage suggestif dans la mesure o
32. re enqu te Il ne s agit pas de fonder la relation de l individu son langage sur la fascination des mots mais tout en s loignant d un verbalisme trompeur d instituer une sorte de lien organique entre le verbe ressenti comme action et l imaginaire con u comme projection de la r alit dans la sensibilit et l entendement Imaginer reviendrait faciliter la d couverte par l individu de tous ses possibles Le refus de l imagination chez certains c est Le refus de la d couverte et de l invention de soi C est un recul devant une aventure L entreprise de cette aventure est l exploration risqu e de l inconnu des possibles IL s agit de construire une p dagogie qui retourne l incertitude des errances dans l inconnu en v ritable entreprise de cheminement et de cr ation o l apprenant peut assurer ses prises ma triser un quilibre et affronter les risques les plus essentiels Consid rer l imaginaire c est cr er des situations o l invention devient possible Un imaginaire qui n aboutit pas quelque chose qui l exprime de quelque fa on ne remplit pas sa fonction essentielle laquelle est de contribuer au d veloppement quilibr de la personne dans une soci t donn e b L imagination et la cr ativit au service de la p dagogie La prise en compte des trois notions imaginaire cr ativit et imagination contribue montrer de l int rieur comment un ph nom ne appara t commen
33. sonnement exigent que l esprit puisse anticiper sa d marche ou la retarder et saisir dans une m me vis e les aboutissements possibles de ses hypoth ses Dans notre enqu te la modalit imagination ayant t retenue nous posons la question suivante qu apporte l imagination v hicul e par le texte litt raire oulipien l apprenant scripteur Nous pr senterons des l ments de r ponses cette question dans les parties suivantes Pour conclure cette premi re enqu te sur les repr sentations a permis de prendre en compte des difficult s d ordre sociologique ces difficult s sont non n gligeables dans le processus d apprentissage dans le sens o il faudra les d passer afin d ouvrir le champ des possibles et de d couvrir les pouvoirs de l criture L apprenant dont l un des objectifs est de surmonter ces difficult s et d am liorer sa connaissance de la langue et donc l exactitude de sa Synergies Europe n 4 2009 pp 71 86 Lefran ois Yasuda Carole pens e devra accepter de suivre des r gles Conna tre la propri t des termes est un imp ratif dans toutes les disciplines dites litt raires et scientifiques Un moyen certain d en approcher est d aimer suffisamment la langue pour s efforcer de profiter de toutes les potentialit s qu elle met notre disposition L appropriation du texte litt raire oulipien ne serait pas seulement vecteur d une culture savante mais facil
34. t il se pr sente sans la pr tention d imposer un mod le conceptuel Les divers probl mes que la sociologie de l ducation aborde ne sont pas subsum s dans un syst me explicatif dans une grille d analyse qui ne laisserait rien passer mais au contraire tels les divers r sidus ils sont laiss s dans leur d veloppement tensionnel L mergence de pistes peu explor es en p dagogie n cessite une interaction entre l enseignant et l apprenant une connivence et complicit gt On peut parler d une relation d empathie entre l enseignant et l apprenant qui probablement est dans la substance m me d une p dagogie effectivement participative D apr s l enqu te l importance que gagne l int rieur du processus d criture l imagination et tout ce qui concerne l imaginaire et la cr ativit nous autorise adopter une pens e qui soit en harmonie avec cela une pens e non cat gorielle dans un certain sens magique qui aborde l animisme fondamental gt dans 82 Mobiliser l imagination et la cr ativit pour crire lequel elle est immerg e Dans ce sens l attention l imaginaire qui est demand e la p dagogie entra ne la n cessit d une pens e et d un style m taphorique et all gorique et l analogie peut tre consid r e comme une pens e m thodologique Selon Puren 2006 une pens e m thodologique complexe pose d une part un maximum de questions parce
35. tte activit dans leurs productions Enfin Salzmann 2008 explicite que l imaginaire fournit une collection d images aussi bien pour l expression collective que pour l expression individuelle que chacun actualise de mani re sp cifique en fonction de sa situation dans le champ scolaire Et l imagination joue avec les images pour produire de nouvelles images un nouveau mat riau par l criture Cette possible convergence de notions est int ressante car elle permet de consid rer la n cessit pour rendre compte des productions humaines d articuler individuel et collectif court et long termes concepts et images voire m me conscient et inconscient A l issue de ce travail sur l criture nous avons t confort e dans l id e que nous pouvions contribuer au d veloppement d une criture autonome dans 84 Mobiliser l imagination et la cr ativit pour crire laquelle toute une place est faite l imaginaire l imagination et la cr ativit o le non fini Le dispute au fini le fragment r siste la volont de tout dire une criture qui est moins l expression de soi qu usage de soi usant de la langue Bibliographie Bachelard G 1971 La po tique de la r verie Paris PUF Bautier 2005 Formes et activit s scolaires Secondarisation reconfiguration et diff renciation sociale gt In N Ramognino et P Verg s dir Le fran ais hier et aujourd hui politiques d
36. ure En tant que produits d un mode de connaissance r sultant d une histoire collective et individuelle les repr sentations que l l ve ing nieur a du texte litt raire oulipien et de l criture forment un syst me cognitif au sein duquel va se produire ou non l apprentissage elles sont ce qui se trouve transform s il y a apprentissage Apprendre c est aussi modifier des repr sentations ant rieures pour en construire de nouvelles destin es leur tour tre chang es et ainsi de suite Synergies Europe n 4 2009 pp 71 86 Lefran ois Yasuda Carole a Des repr sentations sociales de la litt rature oulipienne Les repr sentations qu ont les apprenants de l crit seraient un moyen pour faciliter l acc s une criture autonome Dans le champ de la litt ratie le concept d autonomie est une finalit Selon Chiss 2007 l analyse de l entr e dans la litt ratie fait appel des hypoth ses sociologiques non seulement parce que la langue peut tre un marqueur de classe sociale mais aussi parce que l crit d veloppe l individualisation des comportements sociaux Le champ de la litt ratie int gre le savoir crire et l usage du langage crit dans la soci t ce qu on pourrait nommer la culture de l crit gt Cuq 2003 158 Notre premi re enqu te portait sur les repr sentations L entretien compr hensif comportait quatre questions majeures Qu voque pour vous la litt
37. valeur 86
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