Frédéric CREPLET, Olivier DUPOUET, Francis KERN
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1. cole autrichienne l analyse de l incertitude dans le comportement de l entrepreneur Le lecteur peut se r f rer J M Lachmann 1976 pour une revue sur les apports de l cole autrichienne l article de N J Foss 19941 sur les apports de l cole au d veloppement d une th orie de la firme et l article de J P Bonardi 1998 concernant l apport de cette cole la r flexion strat gique Notre d veloppement doit beaucoup ce dernier article 11 individus par une capacit sup rieure d busquer des opportunit s au sens de la dynamique schump terienne Ainsi l incertitude contingente non probabilisable autorise l obtention d une rente en raison d un avantage concurrentiel li une action entrepreneuriale La dichotomie entre incertitude stochastique et non stochastique permet alors de distinguer le r le et les connaissances respectives du manager et de l entrepreneur Le premier se charge des activit s pour lesquelles l incertitude est davantage probabilisable alors que l entrepreneur g re surtout des situations non probabilisable et tente d en extraire des opportunit s pour s accaparer des rentes En d autres termes il d veloppe une vision par nature non stochastique L Dibiaggio 1999 montre que le processus d apprentissage propre un agent conomique se caract rise notamment par l incertitude sous jacente la d lib ration que doit prendre cet agent Le processus d apprentissage se d finit par l c2. la firme par ces nouvelles croyances dominantes r elles connaissances organisationnelles Nonaka et Konno 1998 Dans cette optique seule la dualit introduite par le manager entrepreneur permet de diffuser au plus grand nombre quelle que soit sa position hi rarchique et ou fonctionnelle la vision entrepreneuriale ainsi constitu e Nous concr tisons ainsi l apport th orique de Nonaka et Konno 1998 lorsque ces derniers affirment que le r le combin du top management et de cadres interm diaires permet de partager une vision de connaissance r elle vision strat gique selon ces auteurs Selon nous le manager entrepreneur et les membres des communaut s de pratique sont les supports de la diffusion des nouveaux termes de la strat gie de la firme inscrits dans les croyances dominantes Cette propagation s effectue aussi 17 bien dans les structures de gouvernance classiques que dans les communaut s cognitives au moyen d une communication et d une animation interne adapt e et performante L articulation de ces deux formes de communaut s cognitives suppose donc une nouvelle voie d analyse de la firme comme processeur de connaissances et lieu d expression d une vision entrepreneuriale La structure organisationnelle de celle ci s en trouve fortement modifi e Elle n est ainsi plus seulement une structure hi rarchique Williamson 1996 d compos e en unit s fonctionnelles mais elle peut tre galement per ue
3. tout au long du projet Une autre correspond aux formalisations effectu es au moyen d outils Intranet capitalisant la connaissance produite par les membres du projet Purvis et Al 2001 Le r seau est la derni re forme classique de structure liant les individus L objectif d un r seau est d assurer la coordination de sp cialisations mutuellement n goci es Il est compos de repr sentants h t rog nes dont l activit cognitive est d changer des connaissances Ils agissent r ciproquement travers des r unions informelles et formelles et la r gle de recrutement est la confiance mutuelle Les agents sont unis en r seau par un besoin d acqu rir des connaissances compl mentaires Le mode d apprentissage principal est celui de l change 1970 qui ne s alt re pas dans son utilisation mais qui au contraire s enrichit F Munier 1999 2 2 2 Communaut s pist miques et communaut s de pratique Les communaut s pist miques et les communaut s de pratique repr sentent le lieu o la cr ation de connaissance survient Le point cl est que les communaut s pist miques sont r ellement orient es vers la cr ation de nouvelles connaissances alors que les communaut s de pratique sont orient es vers la r ussite d une activit Dans ce dernier cas la cr ation de connaissance est un r sultat involontaire Les communaut s pist miques Les communaut s pist miques sont d finies comme po
4. Dans le cadre des communaut s cette spirale permet de d montrer le processus conduisant l mergence puis la concr tisation de la vision entrepreneuriale Cette derni re est la r sultante de connaissances aussi bien tacites qu explicites Dans la m me veine on peut envisager que des espaces tels des ba 4 existent lors de chacun des modes de conversion d crits Dans cette perspective les lieux d interactions et de fertilisations crois es inter communaut s se formeraient en places physiques ou immat rielles Celles ci faciliteraient les changes et les productions de connaissances inter individuelles 4 Le concept de ba est d fini par Nonaka et Konno 1998 de la mani re suivante le concept du ba peut tre pens comme un espace partag pour des relations mergentes Il peut tre physique un bureau etc virtuel un e mail une t l conf rence etc mental des exp riences partag es des id es des id aux ou des combinaisons multiples de ceux ci Ils ajoutent galement nous consid rons le ba comme tant un espace partag qui sert de fondation pour la cr ation de connaissances individuelle et ou collective Cet tat contient selon ces auteurs des fronti res qui d terminent le caract re exact de toute connaissance En effet ces derniers pr cisent qu l int rieur de son p rim tre celui ci peut tre per u la fois comme physique ou
5. Wenger 2000 Communities of Practice the Organizational Frontier Harvard Business Review January February Spender J C et R Grant 1996 Knowledge and the Firm Overview Strategic Management Journal 17 pp 5 11 Spender J C 1996 Making Knowledge the Basis of a Dynamic Theory of the Firm Strategic Management Journal Vol 17 Winter Special Issue Weick K 1979 The Social Psychology of Organizing Addison Wesley Wenger E amp J Lave 1990 Situated Learning Legitimate Peripheral Participation New York NY Cambridge University Press Wenger E 1998 Communities of Practice Learning as a Social System Systems Thinker June Williamson O E 1975 Markets and Hierarchies Analysis and Antitrust Implications The Free Press New York Williamson O E 1996 The Mecanism of Governance Oxford University Press New York Witt U 1998 Imagination and leadership The neglected dimension of an evolutionary theory of the firm Journal of Economic Behavior and Organization 35 n 2 pp 161 177 22
6. en perspective les questions importantes des tensions organisationnelles sous l angle de l conomie des connaissances Abstract On the basis of the recent concepts of epistemic communities and communities of practice we show that the firm can be defined according to a form of double duality cognitive and organisational The interest of this approach is to put ahead the differentiated behavior from the manager and the entrepreneur inside the firm It also puts in light the important questions concerning the organisational tensions under the vision of the knowledge based economies L Introduction Les travaux de I Nonaka 1994 ont mis en avant le r le crucial de la connaissance et plus pr cis ment celui des interactions entre connaissances tacites et explicites dans l mergence de la connaissance organisationnelle Sur cette base les recherches r centes en conomie de la connaissance ont tabli un certain nombre de r sultats th oriques et empiriques sous un angle qui demeurent certains gards programmatique Ainsi B Ancori ef al 2000 consid rent que l accroissement des flux d information induit des activit s sociales notamment sous la forme de r seaux permettant de d velopper des capacit s exigeant un savoir faire tacite En revanche R Cowan ef al 2000 consid rent que le processus de codification des connaissances est pr gnant dans les conomies d velopp es Les processus sociaux la mise en place des m cani
7. l individu puisse faire fausse route Ainsi la connaissance est donc plus ou moins certaine et objective car elle induit un engagement de la part de l individu et donc une part de subjectivit Blackler 1995 De nombreuses formes de connaissances se d veloppent et coexistent au sein de la firme Spender et Grant 1996 Lundvall et Johnson 1994 Celles ci se distinguent notamment selon son intensit strat gique le degr d ouverture vers l ext rieur l op rationnalit l tendue nombre de personnes impliqu es la dimension temporelle ou encore selon sa nature transversale ou hi rarchique Cette multiplicit limite a fortiori toute forme d analyse si ce n est sous la forme d un catalogue Il apparaitrait donc souhaitable d analyser l mergence ou encore la coordination des connaissances et de leurs implications notamment l chelle de la structure cognitive de l entreprise Kogut amp Zandler 1996 Pour analyser ces questions relatives la connaissance nous proposons de nous r f rer aux concepts r cents de communaut pist mique et de communaut de pratique 2 2 L mergence de communaut s cognitives L mergence des communaut s cognitives permet d enrichir les structures de gouvernance traditionnelles Williamson 1975 1996 en identifiant des lieux de cr ation de connaissance et ou d activit s dans l organisation de la firme Dans cette optique en utilisant pour partie les travaux de
8. le r le sp cifique du manager et de l entrepreneur L entrepreneur se caract rise surtout par l laboration d une vision n cessaire la survie long terme de l entreprise Celle ci est essentiellement intuitive et fond e sur son architecture cognitive Elle est galement conditionn e la fois par une intention et une attention Une intention d finie comme la volont d imprimer une strat gie d termin e travers laquelle l entrepreneur s efforce d engager son entreprise Hamel amp Prahalad 1995 Une attention dans la mesure o 1l cherche dans le panel des connaissances internes les clefs de l avenir de son organisation Simon 1982 Ainsi il doit identifier dans l ensemble des communaut s de pratique de la firme des poches de connaissances qu il juge pertinentes pour asseoir sa strat gie Il d tient alors selon Ansoff et Sullivan 1993 une capacit cr ative Il cherche faire merger et ou saisir de nouvelles opportunit s selon ces auteurs Il poss de une capacit d identification et d assimilation des signaux faibles Le comportement du manager est diff rent Il dirige et coordonne les diff rentes t ches quotidiennes de la firme Il est le r el facilitateur des diff rentes communaut s de pratique Il assure un environnement interne favorable la cr ation de telles communaut s par une volont affirm e de garantir la fois l autonomie aux individus par la mise en place de structures d
9. les apprentissages qui en d coulent trouvent une explication par le mode de conversion dominant de type socialisation En effet des connaissances essentiellement tacites sont partag es et diffus es cf supra 14 Entre les communaut s de pratique et les communaut s pist miques le mode de conversion dominant s apparente l externalisation dans la mesure o les best practices tacites viennent enrichir les bases de connaissances de la communaut pist mique Pour ce faire celles ci sont codifi es et caract ris es Au sein et entre les communaut s pist miques le mode de conversion dominant est la combinaison de connaissances explicites entre les diff rents membres des communaut s pist miques et entre ces derniers et d autres membres de la firme Entre les communaut s pist miques et les communaut s de pratique le mode dominant est l internalisation Les connaissances explicites largement codifi es au niveau des communaut s pist miques deviennent op rationnelles par leur conversion en connaissances tacites collectives aussi bien en direction des communaut s de pratique que des structures de gouvernance classiques cf infra Le tableau ci apr s pr suppose l existence d une spirale de cr ation de connaissance au sens de Nonaka 1994 et du mod le SECI Socialisation Externalisation Combinaison Externalisation Nonaka et al 1994 Nonaka et Konno 1998
10. projet peut s apparenter une communaut pist mique Cohendet Cr plet et Dupou t 2001 Les communaut s de pratique Le concept de communaut de pratique a t pr sent par Lave et Wenger 1990 qui en se concentrant sur les pratiques des individus ont identifi des groupes de personnes engag es dans la m me pratique communiquant r guli rement entre eux au sujet de leurs activit s Les membres d une communaut de pratique cherchent essentiellement d velopper leurs comp tences dan la pratique consid r e Les communaut s de pratique peuvent tre vues comme un moyen de mettre en valeur les comp tences individuelles Elles sont orient es vers leurs membres Lave et Wenger 1990 Brown et Duguid 1991 Cet objectif est atteint travers la construction l change et le partage d un r pertoire commun de ressources Wenger 1998 Wenger 1998 et Brown et Duguid 1991 1998 d clarent que l auto organisation est une caract ristique essentielle des communaut s de pratique D apr s Lesourne 1991 l auto organisation est la capacit d un syst me acqu rir de nouvelles propri t s en s organisant lui m me ou en modifiant par lui m me sa propre organisation Lesourne 1991 L auto organisation conf re au syst me une capacit voluer sans contrainte d autorit ni aucun d terminisme Le syst me est alors autonome et induit une fronti re avec les autres fonctions de l entreprise Cel
11. un codebook De l la connaissance circulant au sein des communaut s pist miques est explicit e mais pas codifi e tant donn qu elle reste essentiellement interne la communaut En raison d un manque de valeurs profond ment partag es il appara t que le mode de cr ation de connaissance s apparente davantage un mode de conversion de type externalisation conversion de connaissance tacite en connaissance explicite Nonaka et Takeuchi 1995 La validation de l activit cognitive d un repr sentant est faite par l autorit proc durale Ce qui est valu est la contribution l effort vers le but atteindre d apr s le crit re fix a l int rieur de la communaut par cette autorit Dans une communaut pist mique les repr sentants sont unis par leur responsabilit mettre en valeur un jeu particulier de connaissances La r gle de recrutement est ainsi li e en fonction de la contribution du repr sentant la r alisation de l objectif cognitif Blackler et McDonald 2000 Les communaut s pist miques se diff rencient en grande partie des groupes projet dans la mesure o ces derniers ont une finalit pr cise un objectif op rationnel atteindre Des connaissances sont cr es n anmoins le produit g n r par les membres de l quipe n est pas d lib r Dans certains cas lorsque les conditions particuli res les d finissant sont r unies un groupe
12. Fr d ric CREPLET Olivier DUPOUET Francis KERN amp Francis MUNIER creplet cournot u strasbg fr dupouet cournot u strasbg fr fkern cournot u strasbg fr munier cournot u strasbg fr Dualit cognitive et organisationnelle de la firme au travers du concept de communaut Organizational and Cognitive Duality of the firm with community concept Cr ation de connaissance Processus d apprentissage Routines Communaut s de pratique Communaut s pist miques Mode de conversion de connaissances Management de la connaissance Creation of knowledge Learning process Routines Community of Practice Epistemic Community Knowledge conversion modes Knowledge management Classification JEL L20 L21 L23 M11 M12 M13 M14 1 Ce travail a b n fici du support financier du programme europ en TIPIK sur la codification de la connaissance sous la direction du Professeur P Cohendet Les auteurs remercient L Bach pour ses remarques et suggestions et restent videmment seuls responsables d erreurs ou omissions R sum En partant des concepts r cents de communaut s pist miques et de communaut s de pratique nous montrons que l entreprise peut tre d finie selon une forme de double dualit cognitive et organisationnelle L int r t de cette approche est de mettre en avant le comportement diff renci du manager et de l entrepreneur dans l entreprise Elle met galement
13. Snyder et Wenger 2000 nous cherchons d s lors approcher les structures internes de la firme de mani re duale 2 2 1 Les structures de gouvernance classiques Les groupes fonctionnels pr sents dans la firme sont constitu s de membres partageant une sp cialisation disciplinaire comme le marketing la finance la comptabilit Ces groupes sont la base de la division du travail et la traduction concr te de celle ci Ils jouent un r le cl a la fois dans les structures fonctionnelles divisionnelles et les structures matricielles de l entreprise Chandler 1977 Dans ces groupes la production de la connaissance au sein de l entreprise est involontaire dans le sens o elle s effectue dans l action par chacun des individus qui les composent La connaissance qui merge se traduit aussi bien dans des dimensions individuelles que collectives tacites qu explicites Baumard 1999 La connaissance originelle est d finie dans les codebook des disciplines respectives Leurs repr sentants communiquent les uns avec les autres avec des codes et des jargons locaux d velopp s dans leur propre discipline Le principal mode d apprentissage repose sur 2 Nous pouvons ajouter que la connaissance est sp cifiquement un fonds au sens de N Georgescu Roegen l action et d adaptation La proc dure de recrutement est bas e quant elle sur la reconnaissance de la ma trise de la discipline dipl me par la hi
14. a cr e une sorte de fronti re organisationnelle dans la terminologie de la th orie de l auto organisation Plus pr cis ment l autonomie et l identit des communaut s de pratiques les caract ristiques cl s de l auto organisation autorisent l acquisition collective et le traitement des stimulis de l environnement Wenger 1998 Dibiaggio 1999 L identit et l autonomie sont essentielles pour que l agent puisse se d finir lui m me relativement son environnement et pour que les membres de la communaut puissent se comporter collectivement L identit est visible dans l engagement mutuel de la communaut Elle est construite autour des activit s commun ment comprises et continuellement n goci es par ses membres Un membre de la communaut la nourrit de ses exp riences et son tour compte sur la connaissance capitalis e par la communaut pour mener bien son activit Ces processus prennent la forme d histoires de guerre Brown et Duguid 1998 que les membres racontent quand ils se rencontrent Ils d veloppent ainsi un jargon uniquement compr hensible par les membres C est ainsi un engagement mutuel qui lie les repr sentants dans une entit sociale assure la coh sion de la communaut et le recrutement de nouveaux membres Lave et Wenger 1990 interpr tent la pratique de ces communaut s comme le vecteur de l apprentissage De l l valuation d un individu est faite par la communaut de prati
15. arning and Innovation Organization Science Vol 2 n 1 pp 40 57 Brown J S amp P Duguid 1998 Organizing Knowledge California Management Review Vol 40 n 3 pp 90 111 Casson M 1998 An Entrepreneurial Theory of the Firm Druid Conference Competencies Governance and Entrepreneuship Barnholm june Chandler A D 1977 The Visible Hand the Managerial Revolution in American Business Harvard University Press Cohendet P F Kern B Mehmanpazir amp F Munier 2000a Firmes globales et structures duales d organisation in Connaissance et Mondialisation M Delapierre P Moati amp E M Mouhoud Economica coord Paris pp 119 127 Cohendet P F Kern B Mehmanpazir amp F Munier 2000b Dualit organisationnelle et gouvernement d entreprise le r le de l entrepreneur Innovations Cahiers d conomie de l innovation n 12 pp 157 176 Cohendet P amp P Llerena 1999 La conception de la firme comme processeur de connaissance Revue d Economie Industrielle n 88 2 tri pp 211 237 Cohendet P F Cr plet amp O Dupou t 2000 Organisational Innovation Communities of Practice and Epistemic Communities the Case of Linux in Economics with Heterogeneous Agents Springer Berlin Cook S D N amp Brown J S 1999 Bridging epistemologies The Generative Dance between Organizational Knowledge and Organizational Knowing Organization Science vol 10 n 4 pp 381 400 Co
16. art entre l tat actuel des connaissances et l tat n cessaire pour r soudre un probl me C est donc une surprise potentielle pour reprendre le concept de l auteur qui traduit une incertitude dynamique Cette surprise est inversement proportionnelle au niveau de la vraisemblance des connaissances existantes Il appara t alors que le comportement manag rial se traduit surtout par une d lib ration imm diate voire par la mise en uvre d une strat gie d apprentissage dans la mesure o l incertitude demeure probabilisable En revanche l entrepreneur est surtout confront une incertitude contingente qui annihile toute forme de d lib ration Mais comme le souligne L Dibiaggio 1999 cette situation n emp che en aucune mani re l imagination et l intuition entrepreneuriale cf galement Witt 1998 En d finitive le comportement du manager et de l entrepreneur s apparente respectivement des t ches routini res ou la concr tisation d une vision Cette distinction implique alors que la nature de la rationalit qui anime le manager et l entrepreneur soit galement diff rente La diff rence entre le manager et l entrepreneur se situe notamment dans la capacit laborer une repr sentation de l action comme r ponse un probl me qui ou qu il se pose La litt rature distingue alors la rationalit non d lib rative la rationalit d lib rative Le manager en raison de la simplicit relative des t ches qu i
17. c Communities World Order and the Creation of a Reflective Research Programme International Organisation vol 46 n 1 Ancori B A Bureth amp P Cohendet 2000 The Economics of Knowledge The Debate about Codification and Tacit Knowledge Industrial and Corporate Change vol 9 n 2 pp 255 288 Ansoff H I amp P A Sullivan 1993 Empirical Support for a Paradigmic Theory of Strategic Success Behaviors of Environment Serving Organizations International Review of Strategic Management N 4 Argyris C 1995 Savoir pour Agir Surmonter les Obstacles de l Apprentissage Organisationnel InterEditions Paris Baumard P 1999 Tacit Knowledge in Organizations Sage London Blackler F 1995 Knowledge Knowledge Work and Organizations an Overview and Interpretation Organization Studies Vol 16 N 6 PP 1021 1046 Blackler F McDonald S 2000 Power Mastery and Organizational Learning Journal of Management Studies Boisot M H 1998 Knowledge Assets Securing Competitive Advantage in the Information Economy Oxford University Press New York P 12 Bonardi J P 1998 Le march et l entrepreneur l apport de l cole autrichienne in Repenser la strat gie fondements et perspectives H Laroche amp J P Nioche Eds dition Vuibert Paris 19 Brown J S amp P Duguid 1991 Organizational Learning and Communities of Practice Toward a Unified View of Working Le
18. centralis es et participatives Il g re ainsi les connaissances de base de l entreprise et les entretient par une recherche constante de codification notamment pour r duire le poids des savoirs idiosyncratiques des individus La rationalit limit e inh rente au manager exprime bien l id e selon laquelle l objectif principal des communaut s de pratique n est pas de nature cognitive En revanche la vari t 13 et l espace al atoire de connaissances tacites et codifi es inh rentes aux communaut s pist miques impliquent une plus forte incertitude voire une incertitude contingente qui concerne surtout l entrepreneur Ce dernier doit alors d busquer les opportunit s concr tiser sa vision en se nourrissant des savoirs des individus issus des communaut s En d autres termes il doit apprendre pour ajuster son intuition dans la perspective de garantir la performance globale de la firme sur le long terme Les activit s manag riale et entrepreneuriale sont donc fortement compl mentaires Alors que le manager g re essentiellement le bon fonctionnement des structures de gouvernance classiques 1 e hi rarchiques et des communaut s de pratique l entrepreneur a lui un r le cr atif pour assurer l essor de sa vision Il doit notamment promouvoir des communaut s pist miques en puisant les connaissances issues des communaut s de pratique ou des communaut s pist miques d j existantes L activit de l entrepreneur cons
19. comme l ment d un ensemble pouvant s apparenter une forme de tissu sans coutures En outre ce tissu va bien au del des fronti res traditionnelles de la firme En effet les communaut s de pratique franchissent ces fronti res et leurs membres peuvent appartenir des organisations formelles diff rentes Brown et Duguid 1998 Le manager entrepreneur qui peut tre autant une personne dans une petite entreprise qu une structure de direction dans une grande entreprise en est alors le pivot qui ordonnance les communaut s au sein de la firme La firme montre donc une double dimension une organisation fonctionnelle o interagissent plusieurs communaut s de pratique et celle d un tissu sans coutures o s articulent ces derni res communaut s avec des communaut s pist miques Le manager entrepreneur agent ambivalent par essence a alors la mission de p renniser exploiter et promouvoir ces deux formes de communaut s pr sentes dans la firme 4 Conclusion Notre analyse nous a permis de mettre en avant deux formes principales de dualit comme vecteur de la coh rence et de l volution de la firme La dualit cognitive qui s articule avec une dualit organisationnelle elle m me fond e sur une diff renciation comportementale en raison d une rationalit et d une incertitude diff renci e entre le manager et l entrepreneur Ce dernier se caract rise alors comme un leader des deux types de communaut s tandis que
20. conomic Review 60 pp 1 9 Giard V amp Midler C 1993 Pilotage de Projet et Entreprises Diversit s et Convergences In ECOSIP Economica Paris Haas P 1992 Introduction Epistemic Communities and International Policy Coordination International Organization vol 46 n 1 pp 1 37 Hamel G amp C K Prahalad 1995 La Conqu te du Futur Strat gies Audacieuses pour Prendre en Main le Devenir de votre Secteur et Cr er les March s de Demain InterEditions Paris Hayek F A 1945 The Use of Knowledge in Society American Economic Review Vol 73 n 4 pp 519 530 Hughes T 1987 The Evolution of Large Technical Systems Bijker W E Hughes T P Pinch T eds The Social Construction of Technological Systems Cambridge Mass MIT Press pp 51 82 Kao J Organiser la cr ativit Village Mondial Paris 1998 Kogut B amp U Zandler What Firms Do Coordination Identity and Learning Organization Science Vol 3 N 5 1996 pp 502 518 Lachmann L M 1976 From Mises to Schackle An Essay on Austrian Economics and the Kaleidic Society Journal of Economic Literature 14 Lesourne J Economie de l ordre et du d sordre Economica Paris 1991 Leonard Barton D 1995 Wellsprings of Knowledge Building and Sustaining the Sources of Innovation Harvard Business School Press Cambridge MA Lundvall B A et Johnson B 1994 The Learning Economy Journal of Indu
21. de rendre op rationnelle la vision entrepreneuriale Pour ce faire il s appuie directement sur les m mes communaut s de pratique partiellement l origine des nouvelles croyances ainsi que sur les structures de gouvernance classiques mode de conversion internalisation Les comp tences existantes s enrichissent alors de nouvelles croyances cristallis es dans de nouvelles connaissances codifi es Ces connaissances viennent enrichir la fois quantitativement et qualitativement la base de connaissance sur laquelle se fonde l activit des communaut s de pratique En effet les membres des communaut s de pratique peuvent alors utiliser outre leurs savoir faire des connaissances codifi es dans la poursuite de l am lioration de leur pratique Cet enrichissement par une forme particuli re de connaissance de leur r pertoire est donc potentiellement une source d apprentissage Cook et Brown 19991 16 3 3 Cons quences sur la structure organisationnelle de la firme L mergence puis la concr tisation de la vision entrepreneuriale reposent donc sur deux formes d entit s au sein de la firme Celles ci renvoient selon nous deux structures de gouvernance d un c t l organisation fonctionnelle g r e par le manager de l autre une organisation cognitive d di e la cr ation de nouvelles connaissances initi e par l entrepreneur Les communaut s de pratique s int grent dans les deux structures alors que les comm
22. ger est davantage codifi e et identifiable L activit de l entrepreneur consiste surtout g rer initier et diffuser de nouvelles connaissances Elle appara t alors plus tacite plus difficilement identifiable voire moins reconnue car elle renvoie la vision que l entrepreneur se fait de la firme de ses produits et des volutions des march s La coh sion de la firme est donc fortement conditionn e par le comportement et les activit s du manager et de l entrepreneur Cette dualit se retrouve d abord au niveau de la rationalit et de l incertitude qui pr valent respectivement pour l une et l autre figure d acteur Nous montrons ci apr s le r le sp cifique de chacun pour ensuite en souligner les cons quences au niveau de l organisation 3 1 Rationalit et incertitude une diff renciation comportementale La distinction se caract rise d abord au niveau de l incertitude propre l action respective du manager et de l entrepreneur Le comportement de l individu r pond une logique de l action qui lui est propre Cette hypoth se permet de prendre en consid ration toute la vari t de comportements en raison de l idiosyncrasie des connaissances Il existe des zones d ignorance des informations inconnues et ignor es Hayek 1945 L hypoth se de zones d ignorance procure un sens l action de l entrepreneur Ce dernier se d marque des autres 3 Il convient de souligner ici l apport important de l
23. iste identifier rassembler et renforcer diff rentes cat gories de connaissances par la combinaison de plusieurs communaut s pist miques et l interaction entre communaut s pist miques et communaut s de pratique Cette gestion des connaissances a pour objectif d une part l enrichissement et d autre part la concr tisation de sa vision Les communaut s pist miques sont donc de r els leviers pour l entrepreneur dans la mesure o elles se nourrissent des connaissances d autres communaut s et des structures de gouvernance classiques L entrepreneur prend soin de cr er et d entretenir ces communaut s pist miques vues alors comme lieux d interactions entre individus poss dant des connaissances vari es La friction cr atrice entre ces diff rents corps de connaissances donne lieu des apprentissages par interaction d bouchant sur de nouvelles connaissances Les communaut s pist miques sont le lieu de r elles interactions entre les communaut s de pratique d o sont issus les membres de la communaut pist mique Blackler et McDonald 2000 Concr tement les interrelations cognitives entre les communaut s de pratique et les communaut s pist miques peuvent tre d crypt es au moyen du mod le de Nonaka et Takeuchi 1995 de conversion de connaissances Il en ressort alors plusieurs ph nom nes Au sein et entre les communaut s de pratique les interrelations les partages de best practices et
24. l a accomplir rel ve davantage d une rationalit non d lib rative Le comportement manag rial ne suppose pas stricto sensu un processus d apprentissage dans la mesure o son couple repr sentation action repose sur une logique de stimuli de r gles tablies S il subsiste un cart une surprise l apprentissage demeure toutefois relativement ais mettre en uvre Plus pr cis ment nous pouvons consid rer que le manager est dot d une rationalit limit e en ce sens que l incertitude stochastique reste la r f rence et que le fondement de son comportement est essentiellement instrumental 12 L entrepreneur confront une incertitude contingente est limit au niveau de la construction de la repr sentation Celle ci rel ve davantage d une forme de vision et d intuition La surprise potentielle est donc d autant plus grande que la vision entrepreneuriale est intuitive et n cessite donc une r duction de l cart de connaissances En ce sens la rationalit de l entrepreneur est surtout proc durale 3 2 Vision et dualit de l expertise du manager entrepreneur Rappelons que les deux cat gories de communaut s s articulent et se diff rencient par la nature des finalit s qu elles poursuivent ces finalit s tant co constitutive de la structure et de la forme des interactions avec l environnement que peuvent d velopper ces communaut s En nous fondant sur cette distinction nous pouvons davantage pr ciser
25. le premier appara t comme le garant de la stabilit n cessaire la p rennit d une organisation Cependant il est important de noter que la notion de dualit est un outil destin la compr hension analytique des logiques entrepreneuriale et manag riale Dans la r alit un m me acteur peut remplir les deux fonctions notamment dans le cas de petites entreprises A 18 tout le moins les deux fonctions doivent tre en communication troite car les d cisions de l un influencent les d cisions de l autre La dichotomie n est donc pas aussi claire dans la r alit o de nombreuses interactions courtes doivent exister entre les deux logiques Compte tenu de l articulation des r les de l entrepreneur et du manager avec la structure cognitive de la firme ces interactions vont probablement s intensifier dans la mesure ou la distance entre connaissance et action se r duit dans l entreprise En effet les liens entre production de savoirs nouveaux et mise en action de ces savoirs nouveaux sont toujours plus troit en raison du d veloppement des technologies de l information des outils de simulation etc Ce raccourcissement des distances cognitives implique un raccourcissement des distances d cisionnelles et organisationnelles qui auront des incidences aussi bien sur les performances de l entreprise que sur l laboration de sa strat gie REFERENCES Adler E Haas P 1992 Conclusion Epistemi
26. lement merger des interactions entre les membres Dans ce cas la fronti re organisationnelle se d finit de l int rieur Elle peut aussi tre impos e de l ext rieur Les communaut s pist miques sont structur es autour d un objectif atteindre et d une autorit proc durale fond e par elles m mes ou avec laquelle elles ont t fond es afin de r aliser cet objectif Les notions d autonomie et d identit sont ainsi plus faibles que dans le cas des communaut s de pratique cf infra favorisant l activit du groupe Kao 1998 Leonard Barton 1995 Ainsi la communaut intensifie son habilit saisir des opportunit s futures Les individus accumulent la connaissance d apr s leurs propres exp riences La qualit de cette connaissance d pend de deux facteurs Le premier est la vari t des exp riences individuelles en interaction Le second facteur est la connaissance de l exp rience Cela est compatible avec l id e d une valuation rationnelle du retour d exp rience dont la validation est faite d apr s l autorit proc durale ce qui est valu est la contribution faite par les membres de la communaut l objectif cognitif cette valuation se faisant au regard des crit res fix s par l autorit proc durale En raison de l h t rog n it des repr sentants l objectif de la cr ation de connaissance est la premi re t che des communaut s pist miques d o la n cessit de cr er
27. lgorithmes explicites exprimant le mode d emploi pour r aliser certaines choses la connaissance quant elle inclut un aspect cognitif un code d interpr tation de l information un savoir faire tacite une laboration d algorithmes et une r solution de probl me qui conf re un sens heuristique dans la compr hension des ph nom nes Boisot 1998 Le caract re subjectif de la connaissance est galement d terminant En effet le support et le vecteur de cr ation des connaissances individuelles se concentrent l chelle de l agent conomique En ce sens l individu d tenant une connaissance pr cise et reconnue d veloppe l gitimement une capacit d interpr tation Weick 1979 et d analyse sollicit e pour r soudre des probl mes dans son domaine de comp tence En d autres termes les individus dans la firme sont d tenteurs d une comp tence d finie comme l agr gation de leurs connaissances et de leurs exp riences directement utilisables dans l action Spender 1996 L exercice et l efficience de cette comp tence sont fortement d pendants des interactions avec d autres individus Ils le sont galement du savoir tre propre chaque individu en d autres termes sa disponibilit la cr ation de nouvelles connaissances La nature subjective de la connaissance s exprime encore par la notion de croyance Fransman 1994 Est il n cessaire de rappeler que la conviction ne garantit pas la v rit et de ce fait que
28. nes de celle ci N anmoins ce tissu sans couture n cessite une gestion des connaissances Cette distinction selon l appartenance l une ou l autre des communaut s nous permet alors de mettre en avant une dualit cognitive au c ur du processus de cr ation et de distribution de nouvelles connaissances au sein de la firme En d autres termes cette dualit cognitive doit s accompagner d une dualit organisationnelle n cessaire la coh sion et la performance de l entreprise Nous proposons maintenant de d velopper ce point 10 3 Pour l introduction d une dualit organisationnelle de l entreprise Nous sugg rons en nous appuyant sur des travaux ant rieurs Cohendet ef al 2000a b et Cohendet amp Llerena 1999 qu une forme de dualit organisationnelle refl te en quelque sorte la nature cognitive de l entreprise La dualit de l entreprise se situe dans la distinction entre le manager et l entrepreneur La dichotomie comportementale du manager entrepreneur est la suivante d un c t l activit manag riale consiste s occuper d activit s courantes relevant davantage du court terme de la recherche du profit et de la r duction des co ts de transaction alors que l activit entrepreneuriale consiste surtout mobiliser les connaissances dans l entreprise d busquer et d velopper les sources d apprentissage g rer et d velopper les comp tences individuelles et collectives L activit du mana
29. que Elle est concentr e la fois sur les valeurs adopt es par l individu et sur les progr s faits dans sa pratique les deux tant co constitutifs Au sein des communaut s de pratique la connaissance est donc essentiellement le savoir faire Brown et Duguid 1991 qui est tacite et socialement localis La nature de la connaissance est d pendante de l objectif et de la structure des communaut s de pratique Par cons quent la communaut a tendance n envoyer aucun message vers le monde ext rieur Les messages sont en en g n ral uniquement chang s entre les membres d une telle communaut Enfin ils produisent un r pertoire partag de ressources communes routines sensibilit s artefacts vocabulaires styles etc Ce r pertoire est principalement d une nature tacite et la cr ation de connaissance s apparente essentiellement au mode de conversion de connaissance de type socialisation Nonaka et Takeuchi 1995 partage et conversion de connaissance tacite en connaissance tacite Les communaut s de pratique et pist miques sugg rent un d coupage cognitif de la firme selon lequel l entreprise s apparente un tissu sans couture Hughes 1987 avec de nombreuses connaissances communes des degr s divers et portant sur des objets divers connaissance de fond langages r gles etc La dualit cognitive se situe au del de l organigramme de la firme elle d passe les fronti res internes et exter
30. rarchie de l entreprise Les quipes quant elles sont des groupes compos s de repr sentants h t rog nes ayant des connaissances disciplinaires particuli res qu ils doivent int grer aux connaissances fonctionnelles des autres membres de l quipe Ces derniers agissent r ciproquement travers les routines collectives qu ils mettent en place pour fonctionner au sein de l quipe de mani re soud e Ils doivent r aliser une t che donn e et en g n ral ils ne sont pas d sign s d lib r ment pour produire de nouvelles connaissances Les membres sont ici recrut s par le chef d quipe et restent unis par un objectif commun et par des exigences internes l entreprise Un cas de figure est l quipe de projet Giard et Midler 1993 Midler 1996 Cette derni re s inscrit dans la r alisation d un objectif unique et les d cisions prises pendant le processus sont irr versibles De plus une telle quipe fait face 4 une grande incertitude a chaque tape du projet Ces quipes r pondent aux caract ristiques fix es plus haut mais de plus elles doivent atteindre leurs objectifs dans une p riode de temps limit e Ici le principal mode d acquisition de connaissance repose sur des interactions entre les membres de l quipe Les connaissances sont capitalis es de plusieurs mani res au sein de telles quipes L une d entre elles s effectue au moyen des notes rapports et autres l ments techniques produits
31. reneur Cette distinction offre un support conceptuel nouveau pour aborder les questions importantes de tensions organisationnelles dans la firme selon une logique cognitive Cr plet 2001a Nous montrons galement que le comportement diff renci du manager et de l entrepreneur s explique par une forme de rationalit et une incertitude diff rente Dans une premi re partie nous tudions la dualit cognitive de la firme en nous fondant sur une analyse comparative des communaut s pist miques et de pratique avec notamment une mise en avant des interactions entre les connaissances tacites et codifi es La seconde partie est consacr e l tude de la dualit organisationnelle qui d coule de cette dichotomie cognitive 2 Dualit cognitive de l entreprise l mergence de communaut s 2 1 Connaissance et th orie de la firme L entreprise se compose de poches de connaissances tacites et codifi es et de flux d information qui se nourrissent et s impr gnent mutuellement Traditionnellement l information est assimil e un flux et les connaissances un stock N anmoins comme le rappelle Machlup 1983 la connaissance est surtout une structure qui se nourrit notamment d information et implique des capacit s cognitives pour bien comprendre cette information G Dosi 1995 propose la distinction suivante l information est une forme codifi e de propositions correspondant diff rents tats du monde de propri t s d a
32. smes d incitation dans la firme et les possibilit s technologiques constituent en cela des l ments importants dans la compr hension du processus de codification des connaissances A l intersection de ces travaux l ambition de concilier les approches propres au knowledge management et a la th orie volutionniste de la firme est affich e M Casson 1998 r sume cette ambition sous la forme d un programme n cessaire a l laboration d une th orie de la firme fond e sur la connaissance Il s agit ainsi de comprendre les fronti res de la firme son organisation interne sa formation sa croissance et sa diversification ainsi que le r le de l entrepreneur Notre article consiste pr cis ment apporter des l ments de r ponses certains des questionnements ci dessus l organisation interne de la firme et le r le de l entrepreneur L originalit de notre travail est de d cliner ces questions sous l angle de concepts r cents tels que les communaut s de pratique Wenger amp Lave 1990 Brown amp Duguid 1991 Snyder amp Wenger 2000 et les communaut s pist miques Cowan ef al 2000 Nous montrons partir de ces concepts que la firme peut se d composer sous la forme de deux dualit s cognitive et organisationnelle La premi re d crit la distinction entre les diff rentes communaut s au sein de l entreprise alors que la seconde d crit la dichotomie comportementale entre la figure du manager et celle de l entrep
33. stry Studies Vol 1 2 Machlup F 1983 Semantic quirks in studies of information dans Machlup F et Mansfield U eds The study of information John Wiley New York Midler C 1996 L auto qui n existait pas InterEditions Paris 21 Munier F 1999 L entreprise fond e sur les comp tences d finitions et axiomatique in Approches volutionniste de la firme et de l industrie M Basle R Delorme J L Lemoigne amp B Paulr eds L Harmattan Paris pp 77 95 Nonaka I 1994 A Dynamic Theory of Organizatonal Knowledge Creation Organization Science Vol 5 n 1 pp 4 37 Nonaka I P Byosiere C Borucki et N Konno 1994 Organizational Knowledge Creation Theory A First Comprehensive Test International Business Review N 3 Vol 4 p 337 351 Nonaka I amp N Konno 1998 The Concept of Ba Building for Knowledge Creation California Management Review Vol 40 n 3 Spring Nonaka I amp H Takeuchi 1995 The Knowledge Creating Company Oxford University Press Oxford Pisano G A Shuen amp D J Teece 1997 Dynamic Capabilities and Strategic Management Strategic Management vol 18 7 pp 509 533 Purvis Russell L V Sambamurthy amp Robert W Zmud 2001 The Assimilation of Knowledege Platforms in Organizations An Empirical Investigation Organization Science Simon H A 1982 Models of Bounded Rationality MIT Press Boston Snyder W M amp E C
34. totalement virtuel la connaissance rev t un caract re intangible alors qu l ext rieur la connaissance devient de l information qui peut tre communiqu e ind pendamment du ba Cr plet 2001b 15 Communaut s de Pratique Communaut s Epist mique s Communaut s de Pratique Socialisation Externalisation Communaut s Epist mique s Internalisation Combinaison Mod le SECI et Communaut s de Pratique Communaut s Epist miques Les modes de conversion de connaissance permettent donc de donner une explication aux interrelations entre les communaut s et sur la nature des connaissances produites et diffus es In fine une connaissance organisationnelle au service de la vision entrepreneuriale se constitue En effet l expertise des communaut s pist miques dans cette qu te visionnaire conduit la cr ation de nouvelles connaissances qui dans ce contexte donne lieu nouvelles croyances dominantes dans la firme Fransman 1994 Or concr tiser de telles croyances suppose leur diffusion dans l organisation Le processus de codification peut alors tre enclench l aide d un support adapt un plan strat gique d taill manuels cahiers des charges pour des fournisseurs fiches techniques etc Le produit de la communaut pist mique s apparente donc des l ments formalis s mode de conversion combinaison C est ce stade que le manager a comme mission
35. unaut s pist miques rel vent essentiellement de la seconde La vision entrepreneuriale est donc fond e sur l articulation de ces deux structures et se concr tise par l laboration de m canismes d incitation et de contr le au niveau de l organisation fonctionnelle Ces m canismes permettent de r duire les risques potentiels li s la diffusion de connaissances risque de stagnation de certaines routines risque d un manque de coh rence entre les apprentissages individuels et collectifs Cohendet amp Llerena 1999 risque li des exc s de codification ou de tacitisation Foray amp Lundvall 1997 risque de routines d fensives Argyris 1995 risque li des conflits d int r ts entre diff rentes communaut s de pratique ou entre les individus interagissant au sein de communaut s pist miques ou encore le risque issu d ambiguit interpr tative Fransman 1994 Il reste n anmoins encore d finir comment la vision entrepreneuriale se propage dans la firme suite aux diff rents modes de conversion entre les communaut s de pratique et les communaut s pist miques En effet alors que les membres de chacune de ces communaut s appartiennent soit des groupes fonctionnels des quipes et ou des r seaux au sein de l organisation tous les agents de ces diff rentes unit s ne participent pas des communaut s directement ou indirectement Se pose ainsi le probl me de I irrigation compl te et enti re de
36. uvant tre de petits groupes de travail compos es d agents travaillant sur un sous ensemble mutuellement reconnu de probl mes li s un type de connaissance qui au minimum acceptent une autorit proc durale reconnue de la m me fa on par tous et jug e essentielle au succ s de leur activit cognitive Cowan et al 2000 Elles forment ce titre un groupe de repr sentants partageant un objectif commun de cr ation de connaissance et une structure commune permettant la compr hension partag e de celle ci Le concept de communaut pist mique a t principalement d velopp dans le domaine des relations internationales Haas 1992 Adler et Haas 1992 Des individus appartenant des communaut s pist miques s orientent essentiellement vers la cr ation et la codification de connaissances afin de d gager une proc dure de r solution de probl mes Le processus de codification de la connaissance sugg re l existence de codes compr hensibles par les acteurs communicants Par ailleurs ce qui d finit une communaut est l existence d une autorit proc durale qui peut tre explicite ou non Cependant elle se distingue d une autorit d tenue par un gourou pour assurer une certaine autonomie des membres Elle doit mobiliser les membres de la communaut dans la r alisation de l objectif cognitif L appartenance des membres va ainsi tre valu e par cette autorit proc durale Par ailleurs celle ci peut ga
37. wan R P A David amp D Foray 2000 The Explicit Economics of codification and Tacitness Industrial and Corporate Change vol 9 n 2 pp 211 254 Cr plet F 2001a Pour une Approche des PME Leur Evolution et Leur D veloppement dans une Perspective Cognitive Entre Communaut s d Action et Communaut s de Savoir Th se de Doctorat Bureau d Economie Th orique et Appliqu e Strasbourg Cr plet 2001b The Concept of ba a New Way in the Study of Knowlegde Management in Companies European Journal of Economics and Social Science N 14 Vol 4 Dibiaggio L 1999 Apprentissage coordination et organisation de l industrie une perspective cognitive Revue d Economie Industrielle n 88 2 tri pp 111 137 Dosi G 1995 The Contribution of Economic Theory to the Understanding of a Knowledge Based Economy Working Paper 95 56 June IIASA Laxenburg Austria 20 Foray D amp B A Lundvall 1997 The Learning Economy Implications on Innovation Growth and Employment in B Guilhon ef al Economie de la Connaissance et Organisations L Harmattan Paris pp 16 38 Foss N J 1994 Why Transaction Cost Economics needs Evolutionnary Economics Revue d Economie Industrielle n 68 pp 7 27 Fransman M 1994 Information Knowledge Vision and Theories of the Firm Industrial and Corporate Change vol 3 n 3 Georgescu Roegen N 1970 The Economics of Production American E
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