Home

Télécharger cet article en PDF

1. me valeur la s curit juridique Enfin l arr t va rappeler qu il convient pour le juge r pressif fran ais de se conformer la p riode de tran sition impos e par le Conseil constitutionnel et la Cour de cassation et que par ailleurs une telle p riode tran sitoire n a rien de particuli rement exceptionnel en droit communautaire d s lors que la CJCE dont le pouvoir de modulation dans le temps des d cisions de justice a trouv aujourd hui un fondement textuel dans l article 231 du trait instituant la Communaut europ enne affirme se r server la possibilit de ne tirer des cons quences d une interpr tation nouvelle laquelle elle se livre qu comp ter d une date d termin e cela titre exceptionnel et pour d imp rieuses consid rations de s curit juridique Et qu elle ne lest pas davantage en droit fran ais n tant que l usage d une facult ouverte au juge constitutionnel par l article 62 alin a 2 de la Constitution lequel dispose qu une disposition d clar e inconstitutionnelle sur le fon dement de l article 61 1 de la Constitution est abrog e compter de la publication de la d cision du Conseil constitu tionnel ou d une date ult rieure fix e par cette d cision Le Conseil constitutionnel d termine les conditions et limites dans lesquelles les effets que la disposition a produits sont susceptibles d tre remis en cause 82
2. une atteinte manifestement excessive l ordre public Ensuite parce que le Conseil rappelle de fa on constante qu il ne peut se substituer au l gislateur m me si la d cision du 2 juillet semble contredire en par tie cette position de principe Pourtant en l esp ce Pap plication diff r e sur plusieurs mois 11 exactement para t tr s critiquable Elle cr e une situation baroque un malaise constitutionnel dans une p riode schizophr nique qui auraient pu et d tre anticip s Dominique Rousseau et Julien Bonnet affirment que donner six mois au l gislateur pour rem dier l inconstitutionnalit para trait un d lai plus convenable On peut toutefois mettre des r serves sur ce report dans le temps sec quelle que soit sa dur e au regard de la protection des droits fondamentaux C est d ailleurs ce que d noncent les m mes auteurs en regrettant que le Conseil n ait pas d fini un r gime transitoire applicable jusqu au 1 juillet 2011 ce qui aurait vit n en pas douter les cons quences regrettables qui ont suivi et notamment apr s que la Cour EDH et la Cour de cassation se sont prononc es dans un sens identique B Octobre 2010 la garde vue fran aise inconstitutionnelle et inconventionnelle reste en vigueur afin de pr server la s curit juridique Paradoxalement et dans un premier temps les constitu tionnalistes ont sembl se satisfaire de la
3. 13 de la Convention EDH et de droit imm diat une interpr tation de la loi interne conforme la jurisprudence europ enne article 46 Convention EDH le tribunal va galement analyser la position de la Cour supr me de Grande Bretagne la Cour supr me de Grande Bretagne confront e un probl me proche de celui de la France en mati re de garde vue en cosse a estim que la Cour Sylvie Torcol europ enne n entendait en aucun cas priver les citoyens d un effet imm diat et m me r troactif de la protection de la Convention europ enne Cadder v Her Majesty s Advocate Respondent Scotland 26 octobre 2010 Le tribunal correctionnel rappelle galement que la Cour supr me s est livr e une tude minutieuse de la situation de la France et de ses d cisions jusqu aux arr ts du 19 octobre 2010 97 pour retenir la solution oppo s e au visa du principe de la supr matie du droit 4 le respect imm diat de la jurisprudence de la Cour euro p enne s impose au regard de l autorit de ses arr ts et des proc dures d ex cution y aff rentes qui requi rent toutes les adaptations d ordre g n ral n cessaires y compris par la jurisprudence nationale Cet imp ratif est expres s ment formul par la Cour elle m me et par le Comit des ministres du Conseil de l Europe organe d ex cu tion des arr ts Le juge du fond va jusqu reprendre dans sa motiva tion les commentaires du Conse
4. Qu en d finitive et pour l ensemble de ces raisons il y a lieu de rejeter purement et simplement l exception de nullit dans toutes ses d clinaisons On comprend videmment l utilit d une telle moti vation qui contient finalement plusieurs messages le premier est une volont de ne rien sacrifier ni la pri maut du droit europ en rappel e et comment e ni la jurisprudence interne qui justifie le report dans le temps de la r forme de la garde vue par un imp ratif de s cu rit juridique Le second est sans doute le souci d une bonne administration de la justice une telle jurispru dence adopt e par l ensemble des magistrats dans une m me juridiction met en principe fin aux exceptions de nullit des gardes vue Mais au d triment de la pro tection tablie par le droit europ en qui ironie du droit n est plus invocable depuis la QPC R sumons la situation au nom de la s curit juri dique la r forme de la garde vue inconstitutionnelle est report e de 11 mois Pendant cette p riode la garde vue inconventionnelle est annul e sur le fondement de l article 6 1 et 3 de la Convention mais pas partout Pour remettre de l ordre dans ce d sordre certains tri bunaux correctionnels concilient les droits et r tablissent la s curit juridique mais au d triment des justiciables qui ne sont plus prot g s par le droit de la Convention Et imbroglio juridique n est
5. c dure p nale Mais la QPC concerne tous les secteurs de notre vie collective Les d cisions que nous avons rendues portent sur des mati res tr s diverses droit social droit lectoral droit commercial droit de propri t droit de la famille Si la QPC a permis ces progr s de l tat de droit elle n a d autre part pas produit l ins curit juri dique crainte par certains Or et comme il vient d tre d montr le bilan semble moins positif que ne le soutient le pr sident du Conseil constitutionnel particuli rement concernant la garde vue L ins curit juridique qui a r sult de la d cision du 30 juillet 2010 doit susciter une v ritable r flexion sur les effets du report dans le temps d une d cision Il ne fau drait pas que la QPC qui est le droit reconnu toute personne qui est partie un proc s ou une instance de soutenir qu une disposition l gislative porte atteinte aux droits et libert s que la Constitution garantit n aboutisse in fine ne serait ce que pour quelques mois vincer 79 Apr s v rification aupr s du tribunal correctionnel de Toulon les exceptions de nullit des gardes vue sont rares mais certains avocats conti nuent de d poser des conclusions sur le fondement du droit conventionnel 80 Par M Patrice Spinosi avocat la Cour de cassation et au Conseil d tat entretien au journal Lib ration 22 d cembre 2010 81 Voir le Forum p nal Dall
6. commentaire chaud des arr ts de l assembl e pl ni re de la Cour de cassation du 15 avril 2011 et des effets possibles sur l effet diff r de la QPC 89 Communiqu de la premi re pr sidence d cisions de l assembl e pl ni re 15 avril 2011 consultable sur http www courdecassation fr jurispru dence_2 assemblee_pleniere_22 presidence_relatif_19793 html 15 avril 2011 90 Ibid 91 Date de l arr t Salduz Mais certains avancent un 1 arr t de la grande chambre de la Cour EDH du 8 f vrier 1996 John Murray c Royaume Uni la Cour avait jug que Une l gislation nationale peut attacher l attitude d un pr venu la phase initiale des interrogatoires de police des cons quences d terminantes pour les perspectives de la d fense lors de toute proc dure ult rieure En pareil cas l article 6 exige normalement que le pr venu puisse b n ficier de l assistance d un avocat d s les premiers stades des interrogatoires de police Il est primordial pour les droits de la d fense qu un pr venu ait acc s un homme de loi pendant la phase initiale des interrogatoires de police 92 noter cette motivation n est utilis e que pour 3 des 4 arr ts du 15 avril 2001 arr ts n 590 591 592 L arr t n 589 est motiv ainsi Attendu que les tats adh rents cette Convention sont tenus de respecter les d cisions de la Cour europ enne des Droits de l homme sans attendre d tre a
7. constitutionnel et la Cour de cassation jusqu au 1 juillet 2011 pour permettre au l gisla teur fran ais de r former son syst me de proc dure p nale relatif au r gime de la garde vue et aboutit videm ment au rejet de toutes les exceptions de nullit d pos es in limine litis La seconde est beaucoup plus r v latrice du malaise des juges Devant l ins curit juridique li e la possibilit de jurisprudences divergentes devant les m mes TGI certains magistrats ont cherch une solu tion juridique tenable jusqu au 1 juillet 2011 solution qui tiendrait compte la fois des imp ratifs europ ens mais galement de la situation in dite n e de cette p riode de transition L encore la motivation va tre tr s soigneu sement construite le juge va d abord rappeler que la Cour de cassation s est d marqu e du Conseil consti tutionnel en s appuyant pour l gitimer ce laps de temps transitoire notamment sur un principe g n ral d une valeur sup rieure celle du bloc de constitutionnalit en loccurrence un principe communautaire fonctionnel le principe de s curit juridique qu il faut comprendre par l que la survie de l ensemble des proc dures concern es par une garde vue est la seule possibilit de pr server ce principe sup rieur de s curit juridique lequel est le seul pouvoir permettre d assurer une stricte galit de traitement entre les justiciables
8. de surseoir statuer durant la p riode La premi re alternative utilis e une seule fois a logiquement expos le Conseil aux critiques r currentes de l gislateur bis Le Conseil constitutionnel s est il tromp de Constitu tion s interroge la doctrine propos de ce que devrait tre la modulation dans le temps des effets de ses d ci sions en condamnant l interpr tation d raisonnable de l article 62 qui conduit le Conseil r crire la loi en l occurrence le Code disciplinaire et p nal de la marine marchande il ne se contente pas de mettre fin une l gislation existante il ne met pas le l gislateur en face de ses responsabilit s lui accordant un d lai de quelques mois pour adopter un nouveau dispositif il substitue sa propre version de l article 90 du Code celle du Parlement Ce qui est alors reproch au Conseil c est de se com porter en l gislateur provisoire en d terminant le droit interm diaire applicable C est dans ce contexte qu intervient quelques jours plus tard la d cision QPC sur la garde vue On peut d s lors raisonnablement penser que les critiques assez vives qu ont essuy es les sages quelques jours avant ont eu des cons quences sur cette d cision En effet et alors m me que le sujet est extr mement sensible le Conseil constitutionnel censure le r gime de droit commun de la garde vue mais donne pratiquement un an au l gisla
9. le m me syst me judiciaire que la France L avocat est pr sent d s la premi re heure de la garde vue en France explique Guillaume Didier porte parole du minist re La Cour EDH voque l assistance et l acc s un avocat elle n exige pas sa pr sence permanente ni pendant les interrogatoires Or ce d but de fronde des avocats relay par quelques tribunaux correctionnels va tr s vite se transformer en v ritable imbroglio juridique par la juris prudence conjugu e du Conseil constitutionnel d abord de la Cour EDH ensuite et de la Cour de cassation enfin Et si l on veut bien mettre la focale sur ces arr ts on en arrive cette situation ubuesque pour le justiciable fran ais Le 30 juillet 2010 la garde vue fran aise est d cla r e inconstitutionnelle le 14 octobre Brusco c France la France est condamn e l unanimit par la Cour EDH qui estime que certaines dispositions relatives la garde vue violent le droit un proc s quitable tel que pr vu Particle 6 55 et le 19 octobre trois arr ts de la chambre criminelle de la Cour de cassation statuant en forma tion pl ni re jugent que certaines r gles actuelles de la garde vue ne satisfont pas aux exigences de l article 6 de la Convention EDH telles qu interpr t es par la Cour europ enne MAIS Attendu que toutefois l arr t men court pas la censure d s lors que ces r gles de proc dure ne peuve
10. qu autrement dit Pes sence m me de cette p riode transitoire voulue par les juges fran ais est d viter que les justiciables ne soient vic times d un traitement diff rent selon le tribunal correc tionnel saisi et sa perception de la pr valence des droits de la d fense sur tous autres que cela n alt re en rien le discr dit jet par ces derniers qu ils soient judiciaires administratifs ou constitutionnels qui ont d ores et d j pu appr cier depuis plusieurs d cennies la m connais sance du droit europ en induite par le l gislateur fran ais qui a pens le r gime de la garde vue Puis il va neutraliser l exception de nullit de la garde vue en conciliant principe de s curit juridique et droit un proc s quitable il ressort ainsi de cette jurisprudence communautaire constante et de la juris prudence europ enne que le principe de s curit juridique est aussi fondamental que celui des droits de la d fense et du droit un proc s quitable consacr par l article 6 de la Convention europ enne de sauvegarde des Droits de 77 Tribunal correctionnel de Toulon n D169 11 18 janvier 2011 78 Nous soulignons l homme et des libert s fondamentales du 4 novembre 1950 qu en quelque sorte le principe de s curit juridique est n cessairement inh rent au droit de la Convention EDH c est en tout tat de cause en ces termes que la Cour euro p enne des Droit
11. r git cesserait d enetre tionnalit entrait en application avec comme ambi un Imagine t on un droit qui organiserait l ins x ue D ne 2 tion de permettre tout justiciable de se pr valoir d une curit ou m me qui la rendrait possible ri an atteinte l gislative port e ses droits ou libert s garan tis par la Constitution Incontestablement une nouvelle 1 Jetiens remercier tout particuli rement les magistrats du si ge et du parquet du TGI de Toulon et notamment la chambre correctionnelle pour m avoir ouvert l acc s certains jugements ou documents qui ont aliment tr s efficacement cette r flexion 2 J Boulouis Quelques observations propos de la s curit juridique in Du droit international au droit de l int gration Liber amicorum Pierre Pescatore Baden Baden Nomos Verlag 1987 p 53 3 Ci apr s d sign e par QPC CRDF n 9 2011 p 69 84 70 re s ouvrait un big bang juridictionnel selon les termes de Dominique Rousseau m taphore visant sou ligner l importance de cette r volution juridique atten due depuis longtemps en droit fran ais Mais comme pour toute r volution les effets sont multiples et contras t s effets b n fiques d abord puisque ce recours permet d sormais de mieux garantir la protection des droits notamment dans le cas de dispositions l gislatives sub sistant dans notre ordonnancement juridique et qui n ont
12. solution d ga g e par le Conseil dans sa d cision sur la garde vue Si Pon se r f re aux auditions de certains d entre eux lors du rapport d information de l Assembl e nationale en date du 5 octobre 2010 sur l valuation de la loi organique n 2009 1523 du 10 d cembre 2009 relative l application Sylvie Torcol de l article 61 1 de la Constitution la situation n est certes pas parfaite mais le vide juridique a t vit Bertrand Mathieu conclut d ailleurs son audition en ces termes aucune r forme ne me semble n cessaire autant que le probl me est r gl par la Constitution Il est vi dent s agissant de la garde vue qu un certain nombre de justiciables se verront appliquer des dispositions inconstitutionnelles mais c est toujours le cas lorsqu une inconstitutionnalit est prononc e Nous sommes ame n s envisager l application des lois dans le temps et une d claration ne peut pas toujours tre r troactive Ce dis positif n est sans doute pas parfait Ce qui est certain c est que le Conseil constitutionnel a essay de cr er un qui libre entre deux exigences constitutionnelles que sont d une part la s curit mat rielle et juridique et d autre part le respect des droits des justiciables C tait sans compter avec la suite des v nements qui a largement contribu complexifier la situation et fra giliser une telle position Depu
13. teur pour modifier le Code de proc dure p nale sans pour autant pr voir de mesures transitoires Ce grand cart temporel cr ant in vitablement un vide normatif les mesures prises avant cette date en application des dispo sitions d clar es contraires la Constitution ne peuvent tre contest es sur le fondement de cette inconstitution nalit Mais en diff rant la prise d effet de sa d cision le Conseil place les justiciables dans une position aber rante qui signifie que les personnes qui ont indirec tement saisi le Conseil ne b n ficieront pas de sa d cision et que la Constitution peut continuer tre impun ment viol e pendant onze mois au d triment de centaines de milliers d autres Des commentaires identiques ont inond la presse et une partie de la doctrine a tr s largement relay ces 26 D c n 2010 71 QPC du 26 novembre 2010 M Danielle S Hospitalisation sans consentement report de 9 mois D c n 2010 45 QPC du 6 octobre 2010 M Mathieu P Noms de domaine Internet report de 10 mois D c n 2010 32 QPC du 22 septembre 2010 M Samir M et autres Retenue douani re report de 9 mois 27 Nous soulignons 28 D c n 2010 83 QPC du 13 janvier 2011 M Claude G Rente viag re d invalidit et d c n 2010 1 QPC du 28 mai 2010 Consorts Labane Cris tallisation des pensions 29 Voir ci dessus la note 15 et les d veloppements associ s 30 J Boudon Le
14. 11 73 R sum des attendus du tribunal correctionnel de Colmar n 1713 10 18 novembre 2010 80 potentielle est vidente que si la Cour de cassation a dans la forme proscrit la possibilit pour le juge du fond Pan nulation d une garde vue sur le d faut de notification du droit de garder le silence arr ts du 19 octobre 2010 elle ne prive nullement le magistrat d analyser tous actes accomplis pr servant ou non les droits fondamentaux constituant le dossier qui lui est soumis ce qui est le cas en l esp ce qu il s vince en cons quence que tous actes faisant grief tel est le cas pour ce droit susvis par r f rence l arr t CEDH Brusco requ te 1466 07 du 14 octobre 2010 reprise par l arr t Katritisch c France du 4 novembre 2010 avec certes une admission partielle de la requ te raison de l attitude bien n gative du requ rant doivent tre cart s sur le seul fondement de la valeur sup rieure d un texte de droit international adopt par la France entre autres d cisions CEDH 71 44 du 16 juillet 1971 consid rant 2 73 51 du 27 d cembre 1973 consid rant 2 99 42 J du 16 d cembre 1999 consid rant 24 06 543 du 30 novembre 2006 consid rant 4 par principe de la hi rarchie des normes que le fait de ne point porter atteinte au principe de la s curit juridique et la bonne administration de la justice circulaire du 19 octobre 2010 dans la r alit un ordre pub
15. 56 57 58 59 non conformit la Convention europ enne des Droits de l homme de textes de proc dure p nale fr quemment mis en uvre et par ailleurs en grande partie d clar s inconstitutionnels dans le cadre du contr le a posteriori du Conseil constitutionnel cette d claration ayant un effet diff r dans le temps Voir le communiqu de presse de l Union syndicale des magistrats en date du 19 octobre 2010 sur son site http www union syndicale magistrats org web upload_fich travaux communiques communique_gav_octobre_2010 pdf consult le 2 mars 2011 la suite notamment des arr ts Salduz c Turquie 27 novembre 2008 Gr Ch et Dayanan c Turquie 13 octobre 2009 Jugement tribunal correctionnel de Bobigny 17 chambre affaire n 0936405033 du 30 novembre 2009 Cour d appel de Nancy 4 chambre affaire n 09 01766 du 19 janvier 2010 il y a lieu toutefois de dire en vue de satisfaire la norme selon laquelle les restrictions la possibilit d avoir imm diatement acc s un avocat lorsque des raisons imp rieuses les justifient ne doivent pas ind ment pr judicier aux droits d coulant pour l accus de l article 6 de la Convention que lesdits proc s verbaux des d clarations des pr ve nus recueillies au cours de la garde vue seront cart s des d bats Jugement tribunal correctionnel de Paris 12 chambre 2 section affaire n 0815530244 du 28 janvier 2010 M Patrice Spin
16. 837 html consult le 16 mars 2011 50 Garde vue la fran aise a sent le sapin communiqu de presse publi le 14 octobre 2010 sur le site du Syndicat de la magistrature http www syndicat magistrature org Garde a vue a la francaise ca sent html consult le 20 mars 2011 51 N Hervieu Garde vue et droit au silence un utile rappel d une jurisprudence classique qui ne devrait pas laisser le gouvernement fran ais de marbre CEDH 14 octobre 2010 Brusco c France 14 octobre 2010 consultable sur http combatsdroitshomme blog lemonde fr mars 2011 76 videmment le 19 octobre la Cour de cassation se trouve dans une situation in dite elle rappelle les prin cipes europ ens conclue l inconventionnalit de la garde vue mais op re la validation finale des proc dures en se retranchant derri re la s curit juridique et la d ci sion de report dans le temps du Conseil constitutionnel Ces arr ts marquent men pas douter la volont des magistrats de la Cour de cassation d viter une situation juridiquement ing rable Toute autre d cision que celle adopt e aurait en effet ouvert la porte des annulations massives des proc dures en cours conduisant potentiel lement la lib ration de milliers de personnes incarc r es Mais la situation conduit renverser la hi rarchie des normes et fait primer la loi sur le trait pendant toute la dur e de cette p riode transitoir
17. C le Conseil constitutionnel ayant censur les dispositions contest es par les requ rants il est amen constater que cette triple abrogation de textes r cents laisserait place d anciennes dispositions notamment de 1958 et 1959 qui placent les titulaires trangers de pensions dans une situation encore plus in galitaire Afin de permettre au l gislateur de rem dier l inconstitutionnalit constat e dans la prochaine loi de finances il prononce l abrogation des dispositions inconstitutionnelles au 1 janvier 2011 et afin de pr server l effet utile de sa d cision il estime qu il appartient dans les instances en cours dont l issue d pend de leur application aux juridictions de surseoir statuer Te SLR Sylvie Torcol jusqu cette date et au l gislateur de pr voir une appli cation des nouvelles dispositions ces instances en cours la date de la pr sente d cision cons 12 Le Conseil constitutionnel prend donc en compte les cons quences de l abrogation et les adapte l esp ce Comme l a expliqu Marc Guillaume devant la commis sion d information parlementaire r unie en octobre 2010 afin de dresser un premier bilan de la QPC En cas d in constitutionnalit le Conseil constitutionnel ne peut se substituer au Parlement quant aux diff rentes options sus ceptibles d tre retenues pour y rem dier Il est des cas o la d cision de non conformit se suffit elle m me A
18. Conseil constitutionnel s est il tromp de Constitution La Semaine juridique dition g n rale n 40 octobre 2010 p 1825 1827 31 Ibid p 1826 32 P Deumier et P Puig Le Conseil constitutionnel et la modulation dans le temps des d cisions QPC p 519 33 Communiqu de presse du Syndicat de la magistrature Gardes vue contraires aux libert s fondamentales le ciel ne peut pas attendre 3 ao t 2010 Le communiqu se poursuit ainsi D abord le Syndicat de la magistrature consid re que la sauvegarde des libert s ne saurait souffrir de tels atermoiements tactiques C est pourquoi il invite l ensemble des magistrats continuer d appliquer la Convention europ enne des Droits de l homme pour censurer sans attendre les gardes vue qui violent les libert s fondamentales 74 critiques comment expliquer au justiciable que la garde vue dont il fait ou a fait l objet est inconstitution nelle mais qu elle continuera malgr tout s appliquer videmment l abrogation diff r e peut se comprendre d abord parce que les imp ratifs de s curit juridique sont encore plus sensibles dans ce domaine particulier qu est la proc dure p nale L application imm diate de la censure aurait conduit remettre en libert de nombreux gard s vue sur une question de proc dure alors m me que les infractions reproch es crimes ou d lits taient fond es ce qui aurait port
19. Les effets du report dans le temps de la d claration d inconstitutionnalit et la protection des droits fondamentaux apr s la question prioritaire de constitutionnalit sur la garde vue Sylvie TORCOL Ma tre de conf rences la Facult de droit de Toulon Centre d tudes et de recherche sur les contentieux CERC l Le principe le report dans le temps de la QPC sur la garde vue afin de pr venir les atteintes l ordre public et pr server la s curit juridique 30 juillet 2010 la garde vue fran aise est inconstitutionnelle B Octobre 2010 la garde vue fran aise inconstitutionnelle et inconventionnelle reste en vigueur afin de pr server la s curit juridique II Le paradoxe le report dans le temps de la QPC sur la garde vue fragilise la protection des droits fondamentaux A Quand le report dans le temps s impose aux juridictions ordinaires et cr e d sordre et ins curit 1 Les conclusions de nullit 2 La recherche de coh rence par le minist re de la Justice B Gardes vue annul es gardes vue confirm es une protection des droits fondamentaux g om trie variable en contradiction avec l esprit de la QPC 1 Les annulations de gardes vue 2 Les gardes vue confirm es 15 avril 2011 pilogue ou nouvel pisode Il para t vident qu un droit qui n assurerait pas la Le 1 mars 2010 la question prioritaire de constitu s curit des relations qu il
20. a d abord indiquer tous les magistrats fran ais que les proc dures d enqu te judiciaire en cours et celles qui seront diligent es jusqu au 1 juillet 2011 devront tre r alis es conform ment aux dispositions du Code de proc dure p nale en vigueur jusqu cette date et qu il conviendra de veiller la prise en compte de ces d ci sions dans tous leurs aspects y compris ceux relatifs leur application dans le temps le cas ch ant en envisageant en lien avec sa direction l exercice de voies de recours Puis le 4 novembre 2010 une nouvelle circulaire est adress e pour attribution aux parquets et pour information aux pr sidents de cours d appel et de tri bunaux de grande instance Il est demand aux parquets de veiller l application stricte des articles 62 63 63 1 et 77 et 63 4 du Code de proc dure p nale en vue d vi ter que soient apport s des droits variables en fonc tion des ressorts territoriaux La circulaire demande aux procureurs d organiser rapidement des r unions avec notamment les responsables des services et unit s d en qu te pour leur exposer ces instructions Afin de pr server la s curit juridique des proc dures p nales et de garantir l galit des justiciables devant la loi il m appa ra t particuli rement n cessaire de rappeler d une part les termes de la d cision n 2010 14 22 du 30 juillet der nier du Conseil constituti
21. a justice ne peu vent tre invoqu s pour priver un justiciable de son droit un proc s quitable Et les nouvelles r gles concer nant la garde vue vont devoir s appliquer imm diate ment dans des conditions tr s particuli res une loi dont l entr e en vigueur est pr vue le 1 juin mais des mesures d cid es par le juge que le minist re de la Justice va devoir mettre en uvre par t l gramme puis par deux circu laires le jour m me Le brouillard juridique est d ailleurs loin d tre dissip D abord parce que les arr ts de la Cour sont diversement accueillis coup d tat judiciaire ou accusation r currente d un gouvernement des juges selon certains mais aussi refus de certains b tonniers d appliquer le nouveau r gime de la garde vue arguant du fait que l on ne peut pas laisser au pouvoir judiciaire le soin de d tricoter ce que le pouvoir l gislatif a tricot 1 Mais aussi parce qu ils posent la question de la r troactivit en faisant encourir aux proc dures ant rieures non d finitives un risque de nullit Sylvie Torcol Quant l effet diff r de la QPC qui nous int resse ici son horizon s obscurcit galement Plusieurs remarques s imposent qui bouleversent la mise en uvre de l ar ticle 62 alin a 2 de la Constitution D abord le principe de s curit juridique ne tient pas devant le droit un proc s quitable Si l on tend c
22. a s ouvrir sur un v ri table d sordre juridique qui s illustrera de fa on pro bl matique devant les tribunaux correctionnels par une protection des droits fondamentaux g om trie variable Il Le paradoxe le report dans le temps de la QPC sur la garde vue fragilise la protection des droits fondamentaux Afin d appr hender tous les l ments du probl me il convient de pr ciser les diff rents points de vue en pr sence afin de les confronter Le 14 octobre 2010 apr s l arr t de la Cour EDH l horizon juridique concernant la garde vue semble clair pour le Syndicat de la magistra ture qui affirme dans un communiqu de presse publi le jour m me sur son site compter d aujourd hui toute audition d une personne en garde vue qui serait effectu e sans qu elle ait t mise en mesure d tre assis t e de son avocat ne pourrait qu tre consid r e comme contraire aux exigences de l article 6 de la CEDH Les magistrats nationaux qui sont les premiers juges de la Convention appliqueront cet arr t avec d autant moins de r serves qu il est la d clinaison fran aise d une juris prudence tr s tablie Cette interpr tation logique de la sup riorit du droit europ en est d ailleurs largement relay e par la doctrine qui r sume ainsi la situation in dite cr e par le report dans le temps de la QPC sur la garde vue confront la condamnation europ enne post rieu
23. appel es pr c demment n aient concern que la Turquie ou la Russie Les principes d gag s par cette jurisprudence ne se limitent videmment pas au pays concern par l esp ce Il appartient au juge fran ais dont la mission essentielle nonc e par la Constitution est d tre le gardien de la libert individuelle de faire res pecter les principes du proc s quitable notamment dans cette composante essentielle que sont les droits de la d fense Il lui appartient galement de faire pr valoir la Convention europ enne d application directe en droit national sur la loi fran aise ainsi que la Cour de cassation reprenant des jurisprudences d gag es par les juridictions de premi re ou de seconde instance le pratique couramment Ainsi la chambre criminelle le 12 novembre 1990 s agissant du droit de se constituer partie civile d une personne morale trang re a fait pr va loir les articles 6 1 et 14 de la Convention europ enne 1 et 5 de son protocole additionnel et 55 de la Constitution fran aise sur la loi fran aise du 30 mai 1957 A Marion et M Hass Tandis que les gardes vue explosent la garde vue implose Droit p nal Dossier n 3 mars 2010 p 11 QPC pos e par M Daniel W et 35 autres requ rants CEDH 5 section 14 octobre 2010 Brusco c France req n 1466 07 Les effets du report dans le temps de la d claration d inconstitutionnalit et la protection des droits fon
24. article 6 de la Convention EDH dont d cou lent des principes directeurs inh rents la la proc dure p nale ne mentionnent express ment le droit de se taire le gard vue n tant pas contraint au sens de l article 6 1 de la Convention EDH de faire des d clarations l incri minant et par cons quent aucune nullit n est encourue les arr ts de la Cour EDH n ont en tant que tels de force obligatoire qu l gard de l tat condamn mais surtout les jurisprudences concordantes du Conseil constitution nel et de la Cour de cassation ont report au 1 juillet 2011 la r forme de la garde vue afin de pr server la s curit 74 Tribunal correctionnel de Charleville M zi res n 1567 10 2 d cembre 2010 75 Consultable sur http www coe int t dghl monitoring execution Presentation About_fr asp P14_356 avril 2011 76 Nous soulignons Les effets du report dans le temps de la d claration d inconstitutionnalit et la protection des droits fondamentaux 81 juridique des proc dures p nales et de garantir l galit des justiciables devant la loi et ces jurisprudences doi vent tre respect es 2 Les gardes vue confirm es Deux r ponses jurisprudentielles diff remment motiv es vont permettre de confirmer les proc dures de garde vue La plus simple rappelle qu il convient pour le juge r pressif fran ais de se conformer la p riode de tran sition rig e par le Conseil
25. d ci sions jusqu leurs limites Interdisant aux juges ordinaires d appliquer une disposition dont il refuse lui m me de pro noncer l abrogation imm diate commandant au l gislateur d adopter des mesures r troactives fournissant le mode d emploi des cons quences futures de ses d cisions d in constitutionnalit alors que son pouvoir de modulation ne concerne que les effets produits par la disposition d clar e inconstitutionnelle le Conseil constitutionnel para t bien d cid s affranchir des limites pos es par les dispositions de l alin a 2 de l article 62 de la Constitution et exploiter D Rousseau dir La Question prioritaire de constitutionnalit QPC Paris Lextenso ditions 2010 p 3 D Rousseau La question pr judicielle de constitutionnalit un big bang juridictionnel Revue du droit public n 3 2009 p 631 634 D c n 2010 1 QPC du 28 mai 2010 Consorts Labane Cristallisation des pensions Article 62 alin a 2 tel que r sultant de la loi constitutionnelle n 2008 du 23 juillet 2008 qui a remplac le 1 alin a de l article 62 par deux nou veaux alin as Par sa d cision n 2009 595 DC le Conseil constitutionnel a valid le 3 d cembre 2009 la loi organique relative l appliction de l article 61 1 de la Constitution qui institue la question prioritaire de constitutionnalit Article 62 alin a 2 Une disposition d clar e incons titutionnelle su
26. damentaux 73 doit b n ficier la partie qui a pr sent la question prio ritaire de constitutionnalit l abrogation imm diate des dispositions contest es m conna trait les objectifs de pr vention des atteintes l ordre public et de recherche des auteurs d infractions et entra nerait des cons quences mani festement excessives qu il y a lieu d s lors de reporter au 1 juillet 2011 la date de cette abrogation afin de permettre au l gislateur de rem dier cette inconstitutionnalit que les mesures prises avant cette date en application des dispositions d clar es contraires la Constitution ne peu vent tre contest es sur le fondement de cette inconsti tutionnalit D CIDE Article 1 Les articles 62 63 63 1 et 77 du Code de proc dure p nale et les alin as 1 6 de son article 63 4 sont contraires la Constitution Article 2 La d claration d inconstitutionnalit de l article 1 prend effet le 1 juillet 2011 dans les conditions fix es au consid rant 30 Ce consid rant n est pas rest isol Un rapide bilan des 7 d cisions de non conformit avec effet diff r rendues ce jour permet de d montrer que le Conseil a utilis cinq fois cette motivation tant que le l gislateur n est pas intervenu les justiciables ne peuvent pas b n ficier de cette d claration d inconstitutionnalit Dans les deux d cisions restantes le Conseil estime qu afin
27. de pr server l effet utile de la d cision la solution des instances actuellement en cours il appartient d une part aux juridictions de surseoir statuer jusqu l entr e en vigueur de la nouvelle loi ou au plus tard jusqu au date dans les instances dont l issue d pend de l appli cation des dispositions d clar es inconstitutionnelles et d autre part au l gislateur de pr voir une application des nouvelles dispositions ces instances en cours la date de la pr sente d cision Dans le cadre du report dans le temps le Conseil est confront plusieurs probl mes en premier lieu il doit se soucier de l effet utile de ses d cisions C est pourquoi il est amen pr ciser que la d claration d inconstitution nalit peut tre invoqu e dans les instances qui sont en cours cette date et dont l issue d pend de l application de la disposition d clar e inconstitutionnelle Ensuite il doit prot ger la s curit juridique alors m me qu il vi tait de faire appel ce principe jusqu alors Pour cela il utilise plusieurs techniques il abroge imm diatement 25 Nous soulignons la disposition comme dans sa d cision du 2 juillet 2010 sur la composition des tribunaux maritimes en comblant lui m me le vide juridique cr sans faire appel au l gis lateur ou encore il reporte une date ult rieure l entr e en vigueur de plusieurs mois en demandant ou pas aux juges
28. e D ailleurs partir de cette date le droit applicable aux gardes vue va tre interpr t tr s diff remment selon les acteurs juridiques ou politiques donnant lieu des r sistances de tout bord frondes des barreaux opposition des parquets mises au point par circulaires du minist re de la Justice A avec pour cons quence des tribunaux correctionnels en plein doute et une protection des droits des gard s vue incertaine B A Quand le report dans le temps s impose aux juridictions ordinaires et cr e d sordre et ins curit On l a vu d s 2009 les avocats m nent une v ritable gu rilla juridique et d posent des conclusions de nullit de gardes vue sur le fondement de la violation du droit de la Convention suivis par certains tribunaux correction nels les premi res annulations surviennent Bobigny Sylvie Torcol mais aussi Nancy Le 28 janvier 2010 c est le tribunal correctionnel de Paris qui annule cinq gardes vue une annulation collective in dite en France au motif que les avocats ne pouvaient exercer convenablement les droits de la d fense au regard des normes europ ennes Forts de ces premi res victoires et confort s par l arr t Brusco certains barreaux fran ais ou syndicats d avocats vont alors mettre en ligne des mod les de conclusions de nullit de gardes vue destin s faire pr valoir le droit europ en et ce malgr le report dans le temp
29. e nullit mais galement toutes les derni res jurisprudences d cisions de nullit ou de rejet de nullit des gardes vue consultable sur http www lesaf org index php option com_flexicontent amp view items amp cid 45 informatio ns amp id 319 kit garde a vue et annexes actualise amp ltemid 136 mars 2011 Les effets du report dans le temps de la d claration d inconstitutionnalit et la protection des droits fondamentaux 71 Dans un second temps il est soutenu qu en applica tion des articles 6 1 et 6 3 de la Convention EDH les personnes gard es vue doivent b n ficier du droit Pas sistance d un avocat d s la premi re audition sauf restric tion exceptionnelle fond e sur d imp rieux motifs d esp ce l application des dispositions de l article 63 4 du Code de proc dure p nale devant tre cart e en ce qu elles feraient chec ce droit Au soutien de cette affirmation les arr ts de la Cour Salduz c Turquie 27 novembre 2008 Dayanan c Turquie 13 octobre 2009 et surtout Brusco c France 14 octobre 2010 sont rappel s et comment s La Cour rappelle que le droit de ne pas contribuer sa propre incri mination et le droit de garder le silence sont des normes internationales g n ralement reconnues qui sont au c ur de la notion de proc s quitable Ils ont notamment pour finalit de prot ger l accus contre une coercition abusive de la part des autorit s et ainsi d viter les erreu
30. elui du Parlement qu il ne lui appartient pas d indiquer les modifications des r gles de proc dure p nale qui doivent tre choisies pour qu il soit rem di l inconstitutionnalit constat e que d autre part si en principe une d claration d inconstitutionnalit 20 Notamment Salduz c Turquie 27 novembre 2008 Gr Ch et Dayanan c Turquie 13 octobre 2009 21 22 23 24 Jugement tribunal correctionnel de Paris 12 chambre 2 section affaire n 0815530244 du 28 janvier 2010 Voici des extraits de la motivation employ e aux fins de constater la nullit de la garde vue sur le fondement du droit europ en La Cour europ enne des Droits de l homme a elle m me d cid plusieurs reprises que la l gislation fran aise tait incompatible avec les dispositions de la Convention europ enne Elle Pa parmi maints exemples d cid ainsi le 14 d cembre 1999 dans l affaire Khalfaoui contre France o elle a fait pr valoir l article 6 1 de la Convention europ enne sur l article 583 du Code de proc dure p nale fran ais d clarant d chus de leurs pourvois les condamn s une peine d emprisonne ment d une dur e de plus d un an qui ne s taient pas mis en tat fait crouer la veille du jugement ou qui n en avaient pas obtenu la dispense Il est totalement indiff rent que les d cisions de la Cour europ enne des Droits de l homme intervenues en mati re de garde vue et r
31. ement de la jurisprudence europ enne Para doxalement et alors m me que l avocat g n ral l avait voqu comme la derni re tape dans la construction europ enne d une garde vue qui garantit au mieux les 85 Voir les nombreuses questions qui se sont pos es autour de l arr t Melki CJ 22 juin 2010 sur la compatibilit du caract re prioritaire de la ques tion de constitutionnalit avec le droit de l Union par exemple A Levade Dialogue contradictoire autour de l arr t de la Cour de justice le caract re prioritaire de la question de constitutionnalit est il compatible avec le droit de l Union Constitutions Revue de droit constitution nel appliqu n 4 2011 p 520 525 86 Voir propos de la controverse sur le caract re prioritaire de la QPC L essentiel de la QPC p 35 87 Voir Forum p nal Dalloz J Y Le Borgne Le vice b tonnier signe un r quisitoire f roce contre la garde vue 20 janvier 2011 consultable sur http forum penal dalloz fr 2011 01 le vice batonnier signe un requisitoire feroce contre la garde a vue more 1500 avril 2011 88 peine les derniers mots de cet article crits l annonce des arr ts imminents de la Cour de cassation et d un possible revirement de jurispru dence rendait une mise jour in vitable Afin de ne pas totalement remettre en cause la logique de la d monstration c est le plan acad mique qui a t sacrifi Cet pilogue est un
32. entionnalit des dispositions actuelles r gissant la proc dure de garde vue ait t rele v e par la chambre criminelle de la Cour de cassation dans les trois arr ts du 19 octobre 2010 celle ci a cru pouvoir reporter dans le temps l effet de son constat Selon les conclusions d pos es cette interpr tation ne pourra pas tre suivie et cela pour plusieurs raisons Pour des raisons de droit interne tout d abord il n est pas possible pour la Cour supr me d noncer une inter diction g n rale de statuer pour le futur de prohiber Pap plication imm diate du droit D s lors ces arr ts sont des arr ts de principe ou arr ts de r glement pro hib s par l article 5 du Code civil il est fait d fense aux juges de se prononcer par voie de disposition g n rale et r glementaire sur les causes qui leur sont soumises et la propre jurisprudence de la chambre criminelle de la Cour de cassation Pour des raisons de hi rarchie des normes ensuite en effet le juge judiciaire est tenu en application de Particle 55 de la Constitution d carter le droit national contraire aux trait s internationaux et ce depuis l arr t Jacques Vabre Enfin il est reproch la Cour de cassation d avoir fond sa d cision de report dans le temps des nouvelles r gles de garde vue sur les principes de s curit juridique et de bonne administration de la justice alors qu il n ap para t pas possible de so
33. essaisit et seront en tout cas condam n es par Strasbourg Mais pour le minist re de la Jus 34 D Rousseau et J Bonnet L essentiel de la QPC M canisme et mode d emploi Commentaires des principales d cisions Paris Gualino Lextenso ditions Les Carr s 2011 p 110 35 Ibid 36 Ibid 37 Ibid p 99 38 Pr sent par le d put Jean Luc Warsmann 39 Assembl e nationale Rapport d information n 2838 sur l valuation de la loi organique n 2009 1523 du 10 d cembre 2009 relative l application de l article 61 1 de la Constitution 5 octobre 2010 audition de Marc Guillaume secr taire g n ral du Conseil constitutionnel p 98 sq 40 Ibid Audition de Bertrand Mathieu p 73 41 F Sudre Droit europ en et international des Droits de l homme 10 dition Paris PUF Droit fondamental 2011 p 470 471 42 deux reprises la Cour europ enne a sanctionn l absence de l avocat en garde vue 24 septembre 2009 Pishchlanikov c Russie req n 7025 04 19 novembre 2009 Kolesnik c Ukraine req n 17551 02 43 Christian Charri re Bournazel entretien France Info 17 novembre 2009 44 Christian Charri re Bournazel Nouvelobs com 21 novembre 2009 Les effets du report dans le temps de la d claration d inconstitutionnalit et la protection des droits fondamentaux 75 tice l arr t de la Cour EDH condamne la Turquie et non la France Or la Turquie n a pas du tout
34. ette jurisprudence Pen semble des droits garantis par la Convention cela remet en cause de facto la possibilit pour le Conseil constitu tionnel de diff rer l effet d une d cision QPC intervenant dans un domaine garanti par le droit europ en conven tionnel ou jurisprudentiel Or les droits garantis par la Constitution au sens large sont tr s similaires ceux garantis par la Convention Par cons quent le Conseil constitutionnel va avoir affronter une vraie difficult ne pouvant pas se substituer au l gislateur mais ne pou vant plus vraiment utiliser l effet diff r les d cisions QPC risquent d tre d application imm diate Un nouvel obstacle qui d montre encore si besoin en tait que Par ticulation entre le droit interne le droit communautaire et le droit europ en est un v ritable d fi lanc la QPC Devant cet invraisemblable d sordre il faudra sans doute m diter ces propos de Robert Castel L existence de principes constitutionnels l institutionnalisation de la s paration des pouvoirs le souci du respect du droit dans l usage de la force y compris de la force publique mettent autant de limites l exercice d un pouvoir absolu et cr ent indirectement mais n cessairement les condi tions d une certaine ins curit Plus g n ralement plus un tat s carte du mod le du L viathan et d ploie un appareil juridique complexe et plus le risque est grand de d c
35. evoir 2 95 Avis du premier avocat g n ral C cile Petit assembl e pl ni re du 1 avril 2011 96 Nous soulignons 97 Nous soulignons Communiqu de la premi re pr sidence d cisions de l assembl e pl ni re 15 avril 2011 consultable sur http www courde cassation fr jurisprudence_2 assemblee_pleniere_22 presidence_relatif_19793 html 15 avril 2010 98 Deux circulaires vont tre adress es aux magistrats du parquet et du si ge le 15 avril 2011 99 Voir par exemple Garde vue H Guaino estime le juge ne doit pas faire la loi consultable sur http www suite1o1 fr content garde a vue h guaino estime le juge ne doit pas faire la loi a27441 17 avril 2011 100 Notamment M Di Raimondo b tonnier de l ordre des avocats du barreau des Deux S vres 101 R forme de la garde vue un premier jour sans couac Le Monde 16 avril 2011 102 R Castel L Ins curit sociale Qu est ce qu tre prot g Paris Le Seuil La R publique des id es 2003 p 21
36. il de l Europe concernant lex cution des arr ts de la Cour EDH qui explique que Dans de nombreux cas le probl me g n ral lori gine de la violation d un arr t de la Cour europ enne ne tient pas une contradiction manifeste entre la loi interne et la Convention mais r side dans la jurisprudence des tribunaux dans l interpr tation habituelle qu ils don nent aux dispositions internes et la Convention C est alors un changement de jurisprudence dans le sens indi qu par la Cour qui permet d assurer l ex cution de Par r t Lorsque les tribunaux dans les affaires individuelles qui leur sont soumises adaptent automatiquement leurs positions juridiques et leur interpr tation du droit natio nal aux exigences de la Convention telles qu elles se d ga gent des arr ts de la Cour ils assortissent ces arr ts d un effet direct dans leur droit interne videmment et en conformit avec les circulaires minist rielles les parquets vont faire appel de ces juge ments reprenant les arguments d j d velopp s pen dant les audiences aucune violation des articles 63 63 1 et 63 4 du Code de proc dure p nale n est all gu e et a fortiori justifi e les dispositions l gales en vigueur au jour de la garde vue ne faisaient pas obligation aux offi ciers de police judiciaire de notifier l int ress le droit de se taire ni l article pr liminaire du Code de proc dure p nale ni l
37. insi la suite de la d cision n 2010 6 7 QPC dispa raissent l article L 7 du Code lectoral et la peine auto matique qu il instituait d interdiction d inscription sur les listes lectorales Pour autant demeure l article 131 26 du Code p nal qui permet d j au juge de prononcer cette sanction D s lors le Parlement n avait pas reprendre la main En revanche il en allait tr s diff remment la suite de la d cision n 2010 1 QPC il revient au Parlement de faire des choix la suite de cette d cision du Conseil sur la d cristallisation des pensions notamment s agissant de son niveau et de son application Le Conseil constitution nel a donc report dans le temps les effets de l inconstitu tionnalit prononc e Il en va de m me dans la d cision n 2010 14 22 QPC sur la garde vue Le Conseil comble ainsi le vide juridique qu il a lui m me cr Mais l article 62 alin a 2 n en a pas fini pour autant de questionner les juristes quant aux effets du report dans le temps d une d claration d inconstitutionnalit notam ment au regard de la protection des droits fondamentaux Le Conseil constitutionnel semble d ailleurs d couvrir au fil de ses d cisions les potentialit s de cet article Lib r du carcan dans lequel le contr le a priori l avait enferm le Conseil constitutionnel semble pr t exercer ses nou velles pr rogatives ou celles qu il s arroge au fil des
38. is des mois la garde vue est tr s encadr e par la Cour EDH sans qu il soit besoin de revenir sur deux arr ts largement comment s le pr venu a droit Pas sistance d un avocat d s les premiers stades de l interro gatoire de police Salduz c Turquie 27 novembre 2008 Gr Ch ou d s le moment du placement en garde vue Dayanan c Turquie 13 octobre 2009 la Cour tendant aujourd hui consid rer que l absence d un avocat lors de la garde vue a irr m diablement nui au droit de la d fense alors m me que la proc dure ult rieure a garanti les droits de la d fense Salduz Enfin une l gislation qui fait obstacle de mani re syst matique l assistance d un conseil lors de la garde vue est contraire l article 6 Une jurisprudence constante depuis lors dont la France se devait de tenir compte mais qui rencontra tant de r sistances devant les juridictions fran aises qu en novembre 2009 le b tonnier de Paris demanda len semble des avocats de soulever la nullit de toutes les proc dures de garde vue du fait de leur contrari t Particle 6 1 de la Convention europ enne des Droits de l homme en pr cisant la presse Depuis les deux arr ts en question toutes les gardes vue qui ont lieu aujourd hui en France sont ill gales sont des voies de fait et seront donc annul es je l esp re par les tribunaux fran ais si la justice fran aise se r
39. it de la Convention et notamment son article 6 1 et 3 certains refusent de l appliquer D ailleurs d s mars 2010 la revue Droit p nal consacre un dossier ce d licat probl me dans lequel un magistrat et un avocat analysent ce qu ils n h sitent pas d finir comme une crise grave de la garde vue et t moigner de l ins curit juridique qui en r sulte C est donc sans surprise qu au mois de juin 2010 les premi res QPC concernant la conformit aux droits et libert s que la Constitution garantit des articles 62 63 63 1 63 4 77 et 706 73 du Code de proc dure p nale CPP relatifs au r gime de garde vue sont transmises par la Cour de cassation au Conseil constitutionnel La posi tion fran aise sur la garde vue qui n est d ores et d j plus tenable d un point de vue conventionnel doit tre examin e du point de vue de sa conformit la Consti Sylvie Torcol tution La d cision QPC du 30 juillet 2010 va condam ner la garde vue la fran aise mais reporte dans le temps les effets de la d claration d inconstitutionnalit au 17 juillet 2011 avec comme cons quence que les mesures prises avant cette date ne pourront tre contest es sur le fondement de cette inconstitutionnalit afin de pr server la s curit juridique et laisser le temps au l gislateur d in tervenir A Mais la d cision du Conseil constitutionnel ne va pas rester isol e le 19 octobre 2010
40. jamais t confront es au contr le de constitutionnalit dispositions ant rieures 1958 et toujours en vigueur ou encore les lois post rieures qui n ont pas t d f r es au Conseil constitutionnel Effets ind sirables et m me impr visibles aussi quand on pense la complexification des rapports de syst mes la concurrence entre contr le de constitutionnalit et contr le de conventionnalit mais aussi la confrontation directe des effets de la QPC avec les principes de s curit juridique ou encore de bonne administration de la justice et l effectivit de la protec tion des droits fondamentaux Quelques semaines peine apr s l entr e en vigueur de la r forme et d s sa premi re d cision en mati re de QPC le Conseil constitutionnel va utiliser une comp tence d coulant du nouvel article 62 alin a 2 le report dans le temps de la d claration d inconstitutionnalit Cette modification de l article 62 volontairement impr cise introduite afin de donner au Conseil constitution nel les moyens de tirer les cons quences des ventuelles d clarations d inconstitutionnalit sur le fondement de l article 61 1 lui permet de fixer une date ult rieure sa d cision les effets de l abrogation et de d terminer les conditions et limites dans lesquelles les effets produits par la disposition l gislative abrog e sont susceptibles d tre remis en cause Dans cette premi re d cision QP
41. la Cour de cas sation d clare la garde vue fran aise non conforme au droit europ en apr s que la France a t condamn e par la Cour EDH le 14 octobre pour violation des r gles du proc s quitable pr vues par l article 6 de la Convention B Au nom des imp ratifs de s curit juridique les pro c dures de garde vue vont alors faire l objet d appr cia tions jurisprudentielles totalement erratiques souvent au d triment de la protection des droits fondamentaux 30 juillet 2010 la garde vue fran aise est inconstitutionnelle Revenons en juillet 2010 et la fameuse d cision QPC sur la garde vue Le juge constitutionnel consid re et c tait attendu que les articles 32 63 63 1 alin as 1 6 et 77 du Code de proc dure p nale CPP sont contraires la Constitution l absence d assistance effective d un avocat d s la premi re heure de garde vue et la non notification l int ress de son droit de garder le silence portent atteinte l exercice des libert s constitutionnel lement garanties un d tail pr s le consid rant 30 de la d cision va permettre de moduler dans le temps les effets de la d claration d inconstitutionnalit Le raisonne ment du Conseil est le suivant et il m rite d tre rapport en int gralit Consid rant d une part que le Conseil constitutionnel ne dispose pas d un pouvoir g n ral d ap pr ciation de m me nature que c
42. leine et effective des droits garantis par la Convention EDH Au contraire un tel effet diff r est source d ins curit juridique au sens d atteinte aux droits Par suite le tribunal ne pourra que tirer toutes les cons quences de l inconventionnalit des r gles appli cables la garde vue et annuler ladite mesure et tous les actes qui en d coulent Devant le d sordre occasionn par cette r sistance des avocats et les jurisprudences divergentes des tribu naux correctionnels qui suivirent le minist re de la Jus tice tenta de r agir 60 Cit dans le mod le de conclusions sur le site de la F d ration nationale des unions de jeunes avocats http www fnuja com GARDE A VUE Modele de Conclusions aux fins de Nullite_a1383 html mars 2011 61 Cass crim 18 juillet 1991 Bull crim n 301 p 758 62 Cass chambre mixte 24 mai 1975 n 73 13556 Dalloz 1975 p 497 63 F Luchaire La s curit juridique en droit constitutionnel fran ais consultable sur http www conseilconstitutionnel fr conseilconstitution nel root bank_mm pdf Conseil secjur pdf mars 2011 64 Raisonnement repris dans le mod le de conclusions de nullit de garde vue sur le site du Syndicat des avocats de France 78 2 La recherche de coh rence par le minist re de la Justice La directrice des Affaires criminelles et des Gr ces par la voie de deux circulaires dat es des 30 juillet et 19 octobre 2010 v
43. lic dont on sait qu il ne peut plus servir d argument la d tention provisoire sauf le cas du trouble exceptionnel et persistant l ordre public en mati re criminelle seule et hors toute pression m diatique article 144 7 du CPP ne saurait en cons quence pr valoir qu ainsi la mesure de garde vue doit tre annul e et les actes subs quents Certains juges n h sitent pas motiver les annula tions en faisant usage du droit compar C est notam ment le cas du jugement du tribunal correctionnel de Charleville M zi res qui apr s avoir rappel dans ses premiers attendus qu aucun arr t de la Cour de cassa tion n a jamais auparavant express ment fix une date future d entr e en vigueur de sa jurisprudence et que la Cour EDH n a jamais fait le constat de la violation d un droit fondamental tout en indiquant parall lement qu elle n en tirait pas pour le moment de cons quence par souci de pr server la s curit juridique d un tat apr s avoir galement relev qu appliquer la technique du diff r conduirait reconna tre un pouvoir normatif la Cour de cassation contraire au principe de s paration des pou voirs et l article 5 du Code civil prohibant les arr ts de r glements et qu en outre l exception de s curit juri dique est incompatible avec les principes d effet direct du droit conventionnel de droit au recours effectif de l ar ticle
44. nduit tout d abord appr cier de mani re habituelle la validit des actes accomplis durant la garde vue sous le seul angle des articles du CPP applicables ce jour par exemple TGI Toulouse 13 novembre 1994 BICC 1994 12 et cette exception ne saurait en soi ensuite priver le m me justi ciable de se r f rer la Convention europ enne et la juris prudence y rattach e le tout en invoquant au surplus la Constitution qui consacre ces droits et dont la protec tion est assur e par toute la magistrature dont l galit devant la loi Le jugement souligne l aporie juridique qui conduirait le cas ch ant consid rer un gard vue prot g sur la base unique d articles du Code p nal invali d s depuis juillet 2010 quelques heures avant l application de la future loi et celui arr t et plac en garde vue peu de temps apr s la mise en application de la nouvelle loi avec donc le droit de garder le silence que la discrimination 68 Voir sur le site du Syndicat de la magistrature une contre circulaire mise en ligne le 21 octobre 2010 http www syndicat magistrature org IMG pdf Contre circulaire_garde_a_vue pdf mars 2011 69 Syndicat de la magistrature Contre circulaire sur la garde vue http www syndicat magistrature org Contre circulaire sur la garde a html mars 2011 70 Voir en ce sens A Marion et M Hass Tandis que les gardes vue explosent la garde vue impl
45. nt pro voqu l introduction de la question prioritaire de consti tutionnalit et aux justiciables qui avaient un contentieux en cours Mais cela n est pas toujours possible notam ment dans l hypoth se o il est n cessaire d adopter une l gislation nouvelle destin e se substituer celle d clar e inconstitutionnelle Dans ce cas le Conseil constitution nel entend logiquement diff rer les effets de l inconsti tutionnalit pour laisser au Parlement le temps de voter une nouvelle loi comme il l a fait on l a vu s agissant de la d cristallisation des pensions et comme il l avait fait sans habilitation textuelle dans le cadre de la proc dure de l article 61 propos de la loi sur les OGM Il demande alors aux juridictions concern es afin de pr server lef fet utile de la d cision la solution des instances en cours de surseoir statuer jusqu l entr e en vigueur de la nouvelle loi ou au plus tard jusqu au date dans les instances dont issue d pend de l appli cation des dispositions d clar es inconstitutionnelles et d autre part au l gislateur de pr voir une application des nouvelles dispositions ces instances en cours la date de la pr sente d cision Si cette demande semble l gitime pour pr server la fois la s curit juridique et l int r t des justiciables condition toutefois que le l gislateur se conforme aux d lais impos s
46. nt s appliquer imm diatement une garde vue conduite dans le respect des dispositions l gislatives en vigueur lors de sa mise en uvre sans porter atteinte au principe de s curit juridique et la bonne adminis tration de la justice ces r gles prendront effet lors de l entr e en vigueur de la loi devant conform ment la d cision du Conseil constitutionnel du 30 juillet 2010 modifier le r gime juridique de la garde vue ou au plus tard le 1 juillet 2011 Dans un communiqu relatif ces arr ts la Cour de cassation ajoute que La chambre criminelle consi d re que ces arr ts ont aussi pour but de sauvegarder la s curit juridique principe n cessairement inh rent au droit de la Convention EDH Ils assurent enfin la mise en uvre de l objectif de valeur constitutionnelle qu est la bonne administration de la justice laquelle exige que soit vit e une application erratique due l impr para tion de r gles nouvelles de proc dure Pour beaucoup la situation juridique est alors claire la garde vue fran aise inconstitutionnelle et inconven tionnelle continuera s appliquer jusqu au 1 juillet 2011 afin de prot ger la s curit juridique Or non seulement les arr ts de la Cour de cassation n ont pas mis un terme aux interrogations sur le droit applicable la garde vue durant cette p riode transitoire mais au contraire et c est un paradoxe la p riode v
47. nventionnalit de la cir culaire en application de l article 54 de la Constitution la Convention EDH doit tre appliqu e et se voit recon na tre valeur supra l gislative Elle prime donc sur la cir culaire Le 15 novembre 2010 le Conseil d tat va rejeter 66 R f r libert du 8 novembre 2010 devant le Conseil d tat contre la circulaire CRIM PJ n 09 519 Hu pour M David Van der Vlist 67 CE ordonnance de r f r n 344231 15 novembre 2010 In dit au Recueil Lebon Les effets du report dans le temps de la d claration d inconstitutionnalit et la protection des droits fondamentaux 79 la requ te pour d faut d urgence laissant les magistrats r soudre au cas par cas les demandes de nullit de garde vue d pos es devant leurs tribunaux B Gardes vue annul es gardes vue confirm es une protection des droits fondamentaux g om trie variable en contradiction avec l esprit de la QPC Devant cet imbroglio juridique ce sont finalement les juges du fond qui vont devoir d cider du sort r serv la garde vue pendant cette p riode de quelque onze mois allant jusqu au 1 juillet 2011 La Chancellerie pou vait parfaitement sans attendre une r forme du Code de proc dure p nale prendre toutes dispositions afin que les droits des gard s vue tels qu ils sont garantis par la Constitution et la Convention EDH soient effective ment respect s En particulier elle pouvai
48. onnel et d autre part ceux des trois arr ts de la Cour de cassation du 19 octobre suivant relatifs la conformit des dispositions des articles 63 4 et 706 88 du Code de proc dure p nale avec l article 6 de la Convention de sauvegarde des Droits de Phomme et des libert s fondamentales pr cise la directrice des Affaires criminelles et des Gr ces La circulaire indique par ailleurs que dans l attente du vote et de l entr e en vigueur de cette future loi il importe de souligner qu une application h t rog ne des principes rappel s par le Conseil constitutionnel et la Cour de cassation cr erait une rupture d galit entre les justiciables en termes d application de la loi norme par d finition de port e g n rale En effet dans ce cas chaque juridiction selon sa propre conception des droits de la d fense accorderait aux personnes gard es vue des droits variables dont l tendue serait d termin e discr tion Une telle situa tion peu compatible avec le sens de la d cision du Conseil constitutionnel et des arr ts de la Cour de cassation pr ci t s serait source de confusion dans l application du prin cipe du respect des droits de la d fense dont les modalit s doivent tre d finies par le l gislateur exclusivement Elle ne pourrait en outre qu tre la source d un profond sen timent d injustice ressenti par les personnes gard es vue 65 Circulaire CRIM PJ n o9 519 H11 non
49. ose notamment p 11 o les deux auteurs confirment qu au sein d une m me juridiction telle chambre peut estimer les gardes vue irr guli res alors que telle autre chambre voire telle autre section de la m me chambre les consid rera comme r guli res Au sein des irr gularistes l harmonie n existe pas pour autant 71 Dans ce cas rien n emp che le juge de se prononcer sur le fond du dossier au motif que la garde vue et les proc s verbaux d audition et de perquisition annul s ne sont pas le support n cessaire des poursuites 72 Les arr ts sont tr s nombreux Nous citerons pour exemple les plus r cents tribunal correctionnel de Lille n 5796 10 25 octobre 2010 tribu nal correctionnel de Nancy n 3122 10 3 novembre 2010 tribunal correctionnel de Colmar n 1713 10 18 novembre 2010 tribunal correction nel de Grenoble n 2695 JB DA 24 novembre 2010 tribunal correctionnel de Charleville M zi res n 1567 10 2 d cembre 2010 CA Versailles n 470 26 novembre 2010 la cour d appel rel ve l application directe de la CEDH le caract re imp ratif des normes qu elle comporte et de la nature des faits de l esp ce qui invalide l argument tir de la n cessit d assurer le principe de s curit juridique et de bonne administration de la justice en repoussant l application de ces r gles la modification du r gime de la GAV qui doit intervenir au plus tard le 1 juillet 20
50. osi avocat la Cour de cassation et au Conseil d tat est en pointe dans ce combat contre le syst me actuel de garde vue Dans un entretien au journal Lib ration le 22 d cembre 2010 il se r jouit de cette d cision du tribunal de Bobigny Je trouve cela sain qu il y ait des r sistances Il faut provoquer un d bat Ce genre de d cisions montre bien qu il y a un probl me que le d bat n est pas clos Apr s cela reste symbolique Une d cision de m me nature a t d j rendue le 2 d cembre dernier par le tribunal correctionnel de Charleville M zi res L le tribunal de Bobigny a regroup les d cisions et les m dias en ont fait l cho Circulaire CRIM PJ n 09 519 Hu prise par la directrice des Affaires criminelles et des Gr ces pour la ministre de la Justice et des Libert s 4 novembre 2010 Elles varient dans le d tail selon les barreaux ou les syndicats mais sont tr s similaires Le raisonnement propos reprend les conclusions les plus jour notamment celles de la F d ration nationale des unions des jeunes avocats consultables sur http www fnuja com GARDE A VUE Modele de Conclusions aux fins de Nullite_a1383 html mars 2011 Nous renverrons galement aux conclusions disponibles sur le site du bar reau de Toulon http avocats toulon fr documents ExempleCCLGAV pdf mars 2011 Voir galement le site du Syndicat des avocats de France qui met en ligne un kit garde vue avec des conclusions d
51. oz du 13 janvier 2011 http forum penal dalloz fr 2011 01 garde a vue un compromis trouve par la cour de cassation avril 2011 82 Voir les commentaires de C cile Rodriguez avocate la Cour http cecilerodriguezavocat com tag nullite 13 janvier 2011 83 Forum p nal Dalloz du 13 janvier 2011 84 J L Debr discours prononc lors du Premier anniversaire de la question prioritaire de constitutionnalit Conseil constitutionnel 1 mars 2011 consultable sur http www conseil constitutionnel fr conseil constitutionnel root bank_mm discours_interventions 2ou JLD annivQPC pdf mars 2011 Les effets du report dans le temps de la d claration d inconstitutionnalit et la protection des droits fondamentaux 83 la protection tablie par le droit de la Convention EDH Sans doute faudra t il mettre en place des mesures tran sitoires pour viter cet cueil Reste d terminer qui du Conseil constitutionnel ou du minist re de la Justice se saisira de la question moins que la Cour de cassation ne revienne sur sa jurisprudence de l effet diff r qui est finalement porteuse d ins curit juridique Quoi qu ilen soit des ajustements de proc dure semblent in vitables Et il y a urgence Apr s s tre heurt e au droit communau taire la QPC doit aujourd hui r gler ses comptes avec le droit europ en C est une nouvelle guerre des juges qui s est ouverte et qui doit obligatoirement se solde
52. par le Conseil elle n est cependant pas possible dans certains cas de report La mati re p nale en g n ral et la proc dure p nale en particulier se pr tent dif ficilement cette solution C est pourtant cette d licate question que se sont trouv s confront s les sages de la rue Montpensier d s l t 2010 La d cision QPC du 30 juillet relative la garde vue a r v l les failles d un syst me que l on pensait pourtant plus protecteur des droits fon damentaux D s l annonce de cette d cision les commen taires furent partag s entre ceux qui y voyaient une grande victoire voire un coup de tonnerre la garde vue la fran aise tait d sormais d clar e inconstitutionnelle et ceux beaucoup plus circonspects qui ne retinrent de la d cision que son report au 1 juillet 2011 La garde vue inconstitutionnelle devrait composer avec les imp ratifs de s curit juridique au d triment d une protection des droits fondamentaux imm diate que le justiciable tait pourtant en droit d attendre a fortiori et tr s paradoxa lement lorsque cette m me garde vue tait depuis long temps jug e inconventionnelle par la Cour europ enne des Droits de l homme 1 Au final ce sont les juges ordi naires et notamment les tribunaux correctionnels qui se 10 P Deumier et P Puig Le Conseil constitutionnel et la modulation dans le temps des d cisions QPC Revue trimestrielle de droit ci
53. pas termin Un recours contre les arr ts de la Cour de cassation a t introduit devant la Cour EDH au motif que Pap plication diff r e est en violation avec les droits fonda mentaux europ ens Quant la Cour de cassation elle a d se prononcer sur des annulations de gardes vue confirm es par les cours d appel Le 4 janvier dernier la chambre criminelle a rendu un arr t qu elle a tenu signa ler puisqu elle l a mis en ligne sur son site Internet alors qu il faut convenir que de ce point de vue la chambre criminelle est souvent peu r active d habitude un tri bunal correctionnel avait prononc la nullit de la garde vue pour d faut d assistance effective d un avocat nul lit confirm e ensuite par la cour d appel de Grenoble qui n anmoins s tait prononc e sur le fond du dossier au motif que la garde vue et les proc s verbaux d au dition et de perquisition annul s ne sont pas le support n cessaire des poursuites Bien qu elle se refuse vali der une telle position la Cour de cassation rejette n an moins le pourvoi au motif que si c est tort que la cour d appel a prononc la nullit de la garde vue avant Pen tr e en vigueur de la loi devant conform ment la d ci Sylvie Torcol sion du Conseil constitutionnel du 30 juillet 2010 modifier le r gime juridique de la garde vue ou en l absence de cette loi avant le 1 juillet 2011 l arr t n encour
54. publi e Sylvie Torcol qui bien que plac es dans des situations similaires se verraient trait es diff remment selon la juridiction sai sie voire au sein de la m me juridiction Dans ses explications le minist re ne fait aucune r f rence au droit europ en Or c est pr cis ment sur la base de l inconventionnalit de cette circulaire qu un r f r libert va tre d pos devant le Conseil d tat Outre l inconventionnalit les arguments soulev s sont les suivants la proc dure p nale rel ve du domaine exclusif de la loi Dans ce contexte c est en contradic tion manifeste avec l article 34 de la Constitution que la directrice des Affaires criminelles et des Gr ces demande au parquet de donner des instructions visant restreindre ces droits D autre part motivant ce r f r sur la base de Pil l galit interne le requ rant M David A fait valoir que la circulaire pr sent e comme une simple circu laire interpr tative demandant le respect de la d cision du Conseil constitutionnel du 30 juillet 2010 et des arr ts de la chambre criminelle du 19 octobre 2010 va en r alit bien au del de cette demande En effet selon ce dernier dans la d cision QPC pr cit e le Conseil constitutionnel applique la facult qui lui est ouverte par l article 62 de la Constitution l autorisant diff rer l abrogation d une loi qui lui est contraire Cependant il n interdit aucunemen
55. r le fondement de l article 61 1 est abrog e compter de la publication de la d cision du Conseil constitutionnel ou d une date ult rieure fix e par cette d cision Le Conseil constitutionnel d termine les conditions et limites dans lesquelles les effets que la disposition a pro duits sont susceptibles d tre remis en cause 8 Secr taire g n ral du Conseil constitutionnel 9 Assembl e nationale Rapport d information n 2838 sur l valuation de la loi organique n 2009 1523 du 10 d cembre 2009 relative l application de l article 61 1 de la Constitution pr sent par M Jean Luc Warsmann 5 octobre 2010 Les effets du report dans le temps de la d claration d inconstitutionnalit et la protection des droits fondamentaux 71 toutes les virtualit s de son nouveau pouvoir Mais s il est des virtualit s heureuses il en est d autres dangereuses Etles cons quences du report dans le temps des d ci sions ne sont pas encore toutes mesurables Par exemple alors que le Conseil constitutionnel a toujours refus de consacrer explicitement le principe de s curit juri dique certains auteurs n h sitent pas d duire de la r daction de l article 62 alin a 2 la prise en compte constitutionnelle des principes de s curit juridique et de confiance l gitime tels qu ils sont mis en uvre par les juridictions europ ennes Et m me si le Conseil semble vouloir maintenir en vigueu
56. r par une protection accrue des droits fondamentaux afin d vi ter que le report dans le temps ne soit per u comme une p riode pendant laquelle le droit serait frapp d un d s honneur juridique 15 avril 2011 pilogue ou nouvel pisode Par quatre arr ts rendus le 15 avril 2011 l assembl e pl ni re de la Cour de ocassation revient sur la jurisprudence tablie le 19 octobre 2010 par la chambre criminelle et notamment sur l effet diff r de la non conformit de la l gislation fran aise aux exigences issues de la Conven tion europ enne Cette d cision de la Cour de cas sation tait annonc e alors que la loi sur la garde vue attendue depuis plusieurs mois tait encore en discus sion devant l Assembl e nationale La loi qui tr s para doxalement n a pas fait l objet d une saisine du Conseil constitutionnel alors m me qu elle tait tr s critiqu e a t publi e au JO dans l urgence le 15 avril avec une mise en uvre au 1 juin Les arr ts de la haute assembl e confirment en tout point les d veloppements qui pr c dent mais ouvrent d autres interrogations concernant l effet diff r de l article 62 alin a 2 de la Constitution Il est par cons quent utile de revenir sur ces arr ts et sur les cons quences importantes qu ils pourraient avoir sur les d cisions du Conseil constitutionnel en mati re d effet diff r des QPC S
57. r une jurisprudence ancienne affirmant qu aucune r gle constitutionnelle ne garantit un principe dit de confiance l gitime la moti vation d une d cision QPC du 6 octobre 2010 a semble t il ouvert une premi re br che en faisant express ment r f rence au principe de s curit juridique pour repor ter l abrogation de l article censur l abrogation imm diate de cet article aurait pour la s curit juridique des cons quences manifestement excessives que d s lors il y a lieu de reporter au 1 juillet 2011 la date de son abrogation pour permettre au l gislateur de rem dier l incomp tence n gative constat e r f rence qu il a soigneuse ment vit d utiliser par la suite Mais si les imp ratifs li s la s curit juridique em portent finalement face la censure imm diate de la loi l encore les cons quences de ces reports dans le temps ne sont pas uniformes et sans doute pas totalement ma tri s es La jurisprudence d velopp e par le Conseil consti tutionnel s efforce de pr ciser progressivement l usage et les cons quences des pouvoirs de modulation dans le temps de l effet abrogatoire qui lui ont t octroy s par l article 62 Le bilan de la jurisprudence depuis le 1 mars 2010 peut tre r sum ainsi pour le Conseil constitu tionnel il s agit d abord de faire en sorte que la d cision d inconstitutionnalit b n ficie aux requ rants aya
58. rdantes inacceptables pour les justiciables Dans certains TGI les r ponses apport es varient selon les com positions de jugements gardes vue annul es sur le fon dement du droit europ en 1 gardes vue confirm es sur le fondement des jurisprudences conjugu es du Conseil constitutionnel et de la Cour de Cassation ou encore sur la base d une conciliation des droits s curit juridique et droits de la d fense 2 1 Les annulations de gardes vue Les annulations de gardes vue ou des proc s verbaux d audition et des actes dont ils sont le support sur le fondement du droit de la Convention EDH sont tr s nom breuses et largement motiv es par les juges du fond L encore il convient de reprendre le raisonnement du juge correctionnel apr s avoir rappel la d cision du Conseil et les arr ts de la Cour de cassation mais gale ment les circulaires minist rielles le tribunal consid re que ces diff rentes jurisprudences ont dans les faits la possibilit intrins que et par syllogisme de priver tout juge du si ge d un pouvoir d appr ciation Les atten dus suivants vont avoir pour objet de rappeler que cette d cision et ces arr ts n emp chent nullement tout justi ciable de faire valoir une exception in limine litis com pensant l impossibilit d sormais de soulever l occasion d une audience et par acte s par une question prioritaire de constitutionnalit L exception co
59. re de la France si la Cour europ enne des Droits de l homme n h site pas ici sanctionner des faits r gis par le droit fran ais en vigueur en 1999 a fortiori tel sera aussi le cas pour les proc dures p nales qui se d roulent actuellement sous l empire d un droit ainsi maintenu sous perfusion et en fin de vie La d cision du Conseil constitutionnel n est donc du point de vue conventionnel et comme l on pou vait s en douter aucunement un obstacle l application imm diate de ces droits de la d fense Au del m me du contentieux des gardes vue en France la solution stras bourgeoise confirme surtout que l on ne saurait faire l co nomie d une r flexion sur ce r gime constitutionnel de l organisation du transitoire qui une fois encore pose la question de l articulation entre exigences convention nelles et exigences constitutionnelles 45 Voir http combatsdroitshomme blog lemonde fr 2009 11 18 nullite des gardes a vue en labsence de lavocat des le debut de celle ci cedh 27 novembre 2008 salduz c turquie cedh 13 octobre 2009 dayanan c turquie consult le 14 mars 2011 46 A Salles Les avocats contestent la l galit de la garde vue Le Monde 19 novembre 2009 47 Nous soulignons 48 Cass crim 19 octobre 2010 10 82 902 n 5699 49 Voir le site de la Cour de cassation http www courdecassation fr jurisprudence_2 chambre_criminelle_578 arrets_rendus_17
60. rs judi ciaires et d atteindre les buts de l article 6 de la Convention voir notamment Bykov c Russie Gr Ch n 4378 02 92 10 mars 2009 et John Murray 45 Le droit de ne pas s incriminer soi m me concerne le respect de la d ter mination d un accus garder le silence et pr suppose que dans une affaire p nale l accusation cherche fonder son argumentation sans recourir des l ments de preuve obtenus par la contrainte ou des pressions au m pris de la volont de l accus voir notamment Saunders c Royaume Uni 17 d cembre 1996 68 69 Recueil 1996 VI Allan c Royaume Uni n 48539 99 44 CEDH 2002 IX Jalloh c Allemagne Gr Ch n 54810 00 94 117 CEDH 2006 IX et O Halloran et Francis c Royaume Uni Gr Ch n 15809 02 et 25624 02 53 63 CEDH 2007 VIII La Cour rappelle galement que la personne plac e en garde vue a le droit d tre assist e d un avocat d s le d but de cette mesure ainsi que pendant les inter rogatoires et ce a fortiori lorsqu elle n a pas t inform e par les autorit s de son droit de se taire voir les prin cipes d gag s notamment dans les affaires Salduz c Tur quie Gr Ch n 36391 02 50 62 27 novembre 2008 Dayanan c Turquie n 7377 03 30 34 13 octobre 2009 Boz c Turquie n 2039 04 33 36 9 f vrier 2010 et Adam kiewicz c Pologne n 54729 00 82 92 2 mars 2010 Or bien que l inconv
61. s de l homme l a qualifi dans un arr t Marckx c Belgique du 13 juin 1979 qu en cela le droit communautaire au respect duquel sont astreints les tats membres de l Union europ enne et partant leurs juges nationaux relaie le droit fran ais prononc par ses trois plus hautes institutions judiciaires que sont le Conseil constitutionnel le Conseil d tat et la Cour de cassation qu en effet le Conseil constitutionnel reconna t dans une d cision n 99 421 DC du 16 d cembre 1999 une valeur constitutionnelle l objectif d accessibilit et d intel ligibilit de la loi qu il r affirme ce principe l occa sion de l examen de la loi de finances pour 2006 dans sa d cision n 2005 530 DC du 29 d cembre 2005 que le Conseil d tat qui en fait d j application dans lexer cice de ses fonctions consultatives consacre le principe de s curit juridique dans une d cision du 24 mars 2006 Soci t KPMG et autres Que partant le tribunal correctionnel ne peut se voir reproch d avoir viol l article 55 de la Constitution en n cartant pas l application du droit national contraire aux trait s internationaux d s lors qu il a utilis pour neutraliser une exception de nullit fond e sur des prin cipes de droit europ en droit un proc s quitable droit la libert et la s ret droits de la d fense un autre droit de m me origine de m me nature et ostensiblement de m
62. s exig par le Conseil constitutionnel le 30 juillet 2010 1 Le minist re de la Justice alert tentera de mettre fin l application disparate dans certaines juridictions des dispositions du Code de proc dure p nale relatives l acc s un avocat pour la personne gard e vue mais sans succ s 2 1 Les conclusions de nullit Les conclusions de nullit d pos es in limine litis d ve loppent un raisonnement en plusieurs temps qui vise faire sanctionner par le juge du fond le non respect des pr rogatives de l avocat en garde vue et le droit de gar der le silence sur le fondement du droit europ en dans un premier temps les avocats rappellent la comp tence du juge judiciaire pour contr ler la conventionalit de la loi p nale L article 55 de la Constitution tablit la sup riorit des trait s r guli rement ratifi s sur les lois nationales la Convention EDH est donc applicable en droit interne et a une valeur juridique hi rarchiquement sup rieure celle de la loi nationale Elle est de plus d applicabilit directe L application d une loi non conforme un trait ou une convention r guli rement ratifi e doit par cons quent tre cart e par le juge interne au profit du texte international 52 C est d ailleurs ce qu elle affirme dans son communiqu pr cit La chambre criminelle s est trouv e face une situation juridique in dite une 53 54 55
63. t aux officiers de police judiciaire d tendre les droits des gard s vue ni n autorise le minist re de la Justice pen dant la p riode transitoire restreindre les droits pou vant tre accord s ceux ci Au del cette modulation est dict e par l objectif de pr vention des atteintes l ordre public et de recherche des auteurs des infractions et le fait qu une abrogation non diff r e entra nerait des cons quences manifestement excessives Or aucun objectif de cette nature ou risque de cons quences excessives ne justifierait le fait d carter ou de diff rer le contr le de la conformit de cette circulaire la Constitution Il faut de plus noter que la circulaire d passant les seules prescriptions du Code de proc dure p nale ne saurait tre regard e comme une mesure prise en application de ces dispositions Quant l arr t de la chambre criminelle du 19 octobre 2010 il fait application d une facult d origine inconnue en effet la Cour de cassation s autorise diff rer l applica tion d un trait alors m me que l article 55 de la Consti tution dispose que Les trait s ou accords r guli rement ratifi s ou approuv s ont d s leur publication une auto rit sup rieure celle des lois Cette d cision ne pou vait avoir ni pour objet ni pour effet d interdire le respect des normes conventionnelles vis es Il en va de m me concernant le contr le de la co
64. t inviter les par quets adopter des pratiques propres assurer cette effectivit Au lieu de quoi la direction des Affaires crimi nelles et des Gr ces s est content e d mettre sous forme de d p ches des commentaires de d cisions empreints de mauvaise foi et d incons quence C est en ces termes que s exprime le Syndicat de la magistrature qui met en ligne une contre circulaire destin e indiquer ce qui peut et selon nous doit tre mis en uvre d s maintenant pour garantir l effectivit des droits des personnes gard es vue et qui invite les magistrats faire vivre ces droits dans leurs pratiques conform ment la mission constitutionnelle de l autorit judiciaire gardienne de la libert individuelle Devant l afflux des conclusions de nullit de gardes vue d pos es devant eux les tribunaux correctionnels vont se trouver confront s une situation juridique in dite dont l enjeu est d importance il en va en effet de la protection des droits fondamentaux des gard s vue mais galement de la s curit juridique Or c est pr cis ment et paradoxalement pour la pr server que les effets dans le temps de la QPC sur la garde vue ont t repor t s Et pourtant La fin de l ann e 2010 va d montrer que la situation est intenable Aux exceptions de nullit des gardes vue les juges correctionnels vont r pondre par des jurisprudences disco
65. t pas la cen sure d s lors qu il a eu pour seule cons quence que les actes annul s n ont pas constitu des l ments de preuve fondant la d cision de culpabilit du pr venu Ainsi la Cour de cassation invalide la position des juges du fond concernant la nullit de la garde vue vi tant ainsi tr s certainement de multiples saisines en ce sens mais ne censure pas l arr t de la cour d appel qui s tait fond sur des l ments ext rieurs cette garde vue afin de prononcer une d cision de culpabilit 2 Cela devrait permettre aux juges du fond de s arran ger avec la quadrature du cercle la garde vue incons titutionnelle contraire la Convention mais maintenue dans le droit positif Si l on en croit le pr sident du Conseil constitution nel Jean Louis Debr s exprimant lors du premier anni versaire de la QPC le 1 mars 2011 la QPC a permis des progr s dans la protection des droits et libert s sans mettre en cause la s curit juridique D une part le Conseil constitutionnel a rendu d importantes d cisions abro geant des dispositions l gislatives contraires aux droits et libert s constitutionnellement garantis Vous connaissez tous nos d cisions sur la garde vue la r tention doua ni re la d cristallisation des pensions l hospitalisation sans consentement Ces d cisions ont port sur la pro tection de la libert individuelle le droit p nal et la pro
66. tatuant sur l appel interjet contre les d cisions du juge qui avaient soit ordonn soit refus d ordonner la prolongation de ces mesures de r tention le premier pr sident de la cour d appel de Lyon a consid r la proc dure r guli re tandis que le premier pr sident de la cour d appel de Rennes l a jug e irr guli re ce qui confirme dans un premier temps l ins curit juridique frappant les proc dures de garde vue depuis 2008 L assembl e pl ni re a statu sur les deux questions qui avaient fait l objet des trois arr ts du 19 octobre 2010 la garde vue fran aise est elle inconventionnelle et si oui cette incon ventionnalit est elle d effet imm diat la premi re question la Cour de cassation reprend la solution retenue en octobre dernier et constate que les r gles pos es par l article 63 4 du Code de proc dure p nale ne satisfont pas aux exigences de l article 6 1 mais fait r f rence aux arr ts Salduz c Turquie et Dayanan c Turquie rendus les 27 novembre 2008 et 13 octobre 2009 ce que n avaient pas fait les arr ts d octobre Cette r f rence directe aux arr ts de la Cour n est pas in dite mais elle prend une dimension toute particuli re lorsqu il s agit de d cisions manant de la chambre la plus solen nelle de cette haute juridiction L inconventionnalit est donc confirm e la fois au regard de la Convention mais gal
67. te de publication de la d cision Il s agit d une interpr tation tr s large et audacieuse de l article 62 alin a 2 puisque le Conseil choi sit de ne pas faire appel au l gislateur 18 D c n 2010 83 QPC du 13 janvier 2011 19 Le Monde 30 juillet 2010 72 sont trouv s confront s une situation juridique extr mement complexe les obligeant g rer eux m mes le transitoire avec comme cons quence une protection des droits fondamentaux g om trie variable II l Le principe le report dans le temps de la QPC sur la garde vue afin de pr venir les atteintes l ordre public et pr server la s curit juridique Le 30 juillet 2010 la d cision du Conseil relative la consti tutionnalit de la garde vue fran aise intervient dans un contexte particulier Depuis plusieurs ann es la France sait que son r gime de garde vue est incompatible avec le droit de la Convention tant dans son principe que dans ses modalit s plusieurs arr ts de la Cour EDH ont d j fait d bat en ce qu ils exigent l assistance effective d un avocat lors de la garde vue ce qui n est manifestement pas le cas lorsque l avocat n a pas acc s au dossier et ne peut assister aux interrogatoires Alors que la jurisprudence de la Cour europ enne est appliqu e au sein de certains tribunaux cinq gardes vue sont annul es par le tribunal correctionnel de Paris en jan vier 2010 sur le fondement du dro
68. ttaqu s devant elle ni d avoir modifi leur l gislation que pour que le droit un proc s quitable consacr par l article 6 1 de la Convention de sauvegarde des Droits de Phomme et des libert s fondamentales soit effectif et concret il faut en r gle g n rale que la personne plac e en garde vue puisse b n ficier de l assistance d un avocat d s le d but de la mesure et pendant ses interrogatoires 93 Voir Cass soc 13 juin 2007 n 05 45 694 94 O Bachelet Cour cass assembl e pl ni re 15 avril 2011 Actualit s Droits Libert s du CREDOPF 18 avril 2011 84 droits de la d fense tels qu envisag s par l article 6 de la Convention l arr t Brusco c France n est pas cit dans la motivation la seconde question concernant l effet imm diat ou diff r de la d cision constatant la non conformit de la l gislation fran aise aux exigences issues de la Conven tion europ enne la Cour rappelle que les tats adh rents la Convention de sauvegarde des Droits de l homme et des libert s fondamentales sont tenus de respecter les d cisions de la Cour europ enne des Droits de l homme sans attendre d tre attaqu s devant elle ni d avoir modi fi leur l gislation et d cide d une application imm diate Les droits garantis par la Convention devant tre effectifs et concrets le principe de s curit juridique et les n cessit s d une bonne administration de l
69. utenir que le principe de s curit juridique d gag par la Cour EDH comme un corollaire du droit un proc s quitable garanti par l article 6 de la Convention puisse venir justifier que les garanties d cou lant de cet article m me soient cart es pour l avenir et pendant une p riode pouvant aller jusqu au 1 juillet 2011 D ailleurs Fran ois Luchaire d finit la notion de s curit juridique comme tant la garantie des droits S agissant de la notion de bonne administration de la justice notion floue qui ne conna t pas de d finition pr cise en droit fran ais et dont la valeur juridique n est fix e par aucun texte ni aucune jurisprudence il ne pourra pas non plus tre soutenu que la balance des int r ts en pr sence puisse entra ner la limitation des droits garan tis par l article 6 de la Convention EDH En effet donner un effet diff r dans le temps un constat de violation des dispositions de l article 6 pr cit s agissant de la proc dure de garde vue revient priver les justiciables des dits droits et garanties Les arr ts rendus le 19 octobre 2010 par la chambre criminelle de la Cour de cassation ne portent donc par cons quent pas atteinte la l gitime exigence de pr visi bilit laquelle la Cour EDH s attache pour moduler les effets dans le temps d un revirement de jurisprudence Ainsi la notion de s curit juridique ne saurait s oppo ser l application p
70. vil Chro niques n 3 juillet septembre 2010 p 520 11 Voir en ce sens F Luchaire La s curit juridique en droit constitutionnel fran ais Les Cahiers du Conseil constitutionnel n 11 2001 p 67 69 et notamment l introduction o l auteur affirme La s curit juridique est un l ment de la s ret ce titre elle a son fondement dans Par ticle 2 de la d claration de 1789 qui place la s ret parmi les droits naturels et imprescriptibles de l homme au m me titre que la libert la pro pri t et la r sistance l oppression 12 A Borzeix La question prioritaire de constitutionnalit quelle confiance l gitime quelle s curit juridique Revue du droit public n 4 2010 p 986 13 D c n 96 385 DC du 30 novembre 1996 Journal officiel du 31 d cembre 1996 p 19557 cons 14 et 18 Rec p 145 14 D c n 2010 45 QPC du 6 octobre 2010 M Mathieu P 15 Nous soulignons 16 D c n 2010 45 QPC du 6 octobre 2010 17 Voir notamment les d c n 2010 6 7 QPC du 11 juin 2010 propos de l article L 7 du Code lectoral ou n 2010 10 QPC du 2 juillet 2010 propos de la composition des tribunaux maritimes commerciaux Dans cette derni re d cision le Conseil n h site pas combler le vide juri dique qu il a lui m me cr en supprimant les tribunaux maritimes commerciaux en les ressuscitant dans une composition nouvelle comp ter de la da

Télécharger cet article en PDF

Contents

Download Pdf Manuals

Related Search

Related Contents

T&eacute;l&eacute;charger cet article en PDF

Contents

Download Pdf Manuals

Related Search

Related Contents

Télécharger cet article en PDF