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1. Toujours propos de la co construction du go t et des ph no m nes de n ophobie Natalie Rigal parlait de leur apparition partir de 24 mois et de leur d clin apr s 6 ans Nous sommes parfois confront s un probl me d alimentation plus pr coce a des ano rexies qui se mettent en place au d but du 8 mois se trouve qu autour du 8 mois et c est un grand classique du d veloppe ment de l enfant le b b a peur des trangers Si on le pr sente un adulte qu il ne conna t pas bien il va avoir une r action de retrait se mettre pleurer Or l inverse de ce qui se produit pour la majo rit des b b s les petits anorexiques du 8 mois au lieu d tre sauvages sont trop faciles C est un peu comme s ils avaient d plac la peur de l tranger humain sur les nouveaux aliments qu on leur pr sente L absence de l angoisse de l tranger au 8 mois est peut tre l un des indicateurs pr coces de n ophobies ult rieures Un dernier point sur cette co construction du go t que je vais essayer d voquer le plus simplement possible Pendant un biberon ou une t t e le b b inscrit tout dans sa m moire Fran oise Dolto a beaucoup insist sur ce point Ult rieurement quand il aura de nouveau faim ou soif s il avait des mots il ne pourrait dire que j ai soif Sans compl ment ou pr cision C est ce que l on appelle l tape de mentalisation soit la prise en compte psychique des
2. Une question centrale est celle de l h ritabilit de l ob sit au trement dit la transmission est elle d origine g n tique ou autre 64 FONDATION NESTL FRANCE Il est une vidence nous ne sommes pas gaux face aux effets de la prise alimentaire sur la prise de poids Une tude majeure celle conduite par Claude Bouchard dans les ann es 1990 a t d ci sive Elle a consist suralimenter pendant trois mois 30 jeunes Canadiens de 1 000 calories par rapport leurs besoins quotidiens toutes choses tant gales par ailleurs Au terme des trois mois les prises de poids individuelles s chelonnaient de quatre qua torze kilos Premi re conclusion il existe bien une in galit face la suralimentation Claude Bouchard avait r uni pour cette tude des jumeaux homozygotes leur prise de poids tait concordante Deuxi me conclusion il existe une g n tique de pr disposition aux effets de l alimentation A la suite de cette tude les g n ti ciens ont cherch identifier les g nes les variants en cause dans cette susceptibilit la prise de poids Vingt ans plus tard plus de 40 loci g n tiques ont t identifi s dont la contribution l explication de la part g n tique reste encore limit e les variants identifi s rendent compte de 4 de cette part g n tique Au fil du temps il est apparu que l h ritabilit biologique de l ob sit tait non seulement g n tique mais
3. 92 FONDATION NESTL FRANCE Le comportement alimentaire humain un sujet d tude scientifique F Bellisle Cahiers de Nutrition et de Di t tique 2001 36 293 295 Non food related environmental stimuli induce increased meal intake in healthy women comparison of television viewing versus listening to a recorded story in laboratory settings F Bellisle A M Dalix G Slama Appetite 2004 43 175 180 The Eating Inventory and body adiposity status from leanness to massive obesity a study of 2509 adults F Bellisle K Cl ment M Le Barzic Le Gall B Guy Grand A Basdevant Obesity Research 2004 12 2023 2030 Faim et sati t contr le de la prise alimentaire F Bellisle Trait d Endocrinologie Nutrition Encyclop die M dico Chirurgicale EMC Elsevier SAS Paris 2005 Nutrition and health in France dissecting a paradox F Bellisle Journal of the American Dietetic Association 2005 105 1870 1873 Modifier le comportement alimentaire mission impossible F Bellisle A M Dalix Cahiers de Nutrition et de Di t tique 2006 41 159 165 Infrequently asked questions about the Mediterranean diet F Bellisle Public Health Nutrition 2009 12 1644 1647 Pr f rence pour le sucr inn e ou acquise M tabolisme Hormones F Bellisle Diab tes amp Nutrition 2010 XIV 144 148 Nagu re dans une tradition monastique qui a plus fortement qu on ne le croit influenc notre vision de la commensali
4. Une deuxi me chose tout ce que tu nous as expos repose sur l tat de conscience que l on a de sa prise d aliments As tu abord les interactions avec les qualit s gustatives de l aliment On s int resse davantage ce qui est bon Par cons quent j ai le sentiment qu il est d une certaine mani re contre productif de s acharner faire des aliments insipides sans sucre sans sel parce qu on va y accorder de moins en moins d attention France BELLISLE Comme toujours Jean Paul Laplace voit toutes les dimensions importantes d une question Chez les amn siques ces facteurs de pl nitude gastrique ces hormones de sati t sont pr sents mais ne commandent pas le comportement alimentaire 114 FONDATION NESTL FRANCE Cela me semble vouloir dire que ces facteurs post ingestifs phy siologiques ont une importance relative Quand on est en pr sence d une stimulation alimentaire agr able il est tr s facile de reman ger Ce comportement des amn siques est extr me mais il est pr sent dans nos vies Nous en avons tous l exp rience en particulier l poque des f tes de fin d ann e quand il y a des pots d arriv e ou de d part sur nos lieux de travail ou bien que nous sortons de table et que tout coup quelqu un nous invite On sort le cham pagne et les petits fours et on peut tous recommencer manger si la stimulation sensorielle est suffisante Rares sont les gens qui ont la force de caract r
5. c est un document constitutionnel donc plac au plus haut niveau de nos textes juridiques Cet article 5 dit Lorsque la r alisation d un dommage bien qu incertaine en l tat des connaissances scienti fiques je le redis on ne peut pas parler de pr caution sans incertitude pourrait le conditionnel ajoute encore la potentialit du propos affecter pas n importe comment de mani re grave et irr versible l environnement les autorit s publiques le respect du principe de pr caution est la charge des autorit s publiques ce sont elles qui ont la responsabilit des pr cautions prendre face aux risques pour l environnement veillent par application du principe de pr caution entre deux virgules on ne proclame pas le principe de pr caution on s y r f re pour poser une r gle de conduite qui s applique aux autorit s publiques dans les cas o la r alisation d un dommage est incertaine dans l tat des connais sances scientifiques Je continue les autorit s publiques veillent par application du principe de pr caution et dans leur domaine d attribution la mise en uvre de proc dures d valua tion des risques c est bien ce que nous faisons et l adoption de mesures provisoires et proportionn es proportionn es cela ne veut pas dire une interdiction tous les coups afin de parer la r alisation du dommage ACTES PETITS D JEUNERS 139 Si je peux m
6. du principe de pr caution le principe de progr s Certes dire cela c est avoir d j un peu tordu le sens du mot pr caution Mais voir la mani re dont on l interpr te couramment aujourd hui je comprends qu on prouve le besoin de le dire Imaginez l homme pr historique sur le point de d couvrir le feu s il avait d appliquer le principe de pr caution l humanit n aurait m me pas atteint l ge de pierre Aurait on d se priver du feu parce que le feu peut tuer videmment pas Je crois que notre soci t serait bien inspir e de ne pas attiser l angoisse qui est r elle parce que le monde est devenu tellement complexe qu on a parfois l impression que des forces obscures sont l uvre pour nous exposer des risques vitaux Et je crois qu une Agence comme ANSES et d autres doivent jouer ce r le qui 138 FONDATION NESTL FRANCE consiste je le disais tout l heure non pas rassurer ou inqui ter mais clairer la d cision en faisant confiance la capacit qu ont les d cideurs d utiliser une information qui met de la rationalit l o l irrationnel a tendance dominer C est bien s r une r ponse approximative mais si l on regarde quelle est la place r elle du prin cipe de pr caution dans notre ordonnancement juridique on peut se dire que les choses ont t faites de mani re tr s raisonnable Il n est que de lire l article 5 de la Charte de l Environnement
7. partir de quel moment cette introduction de morceaux est elle acceptable pour l enfant Natalie RIGAL Pour ma part j ai peu de choses en dire bien que la question soit importante Il y a tr s peu d tudes sur ces questions de texture L ensemble du domaine chimio sensoriel est difficile appr hender et la texture n est pas la moindre des diffi cult s La gestion de la texture cela s apprend ne serait ce que sur le plan m canique Elle demande un apprentissage de la d glutition Et comme pour tout apprentissage les parents devront travailler avec souplesse en passant par exemple d une pur e de moins en moins mix e de petits morceaux puis des morceaux de plus en plus gros Et cela d pend aussi de l tat de la dentition La texture met en jeu des probl mes tr s m caniques mais aus si tr s affectifs Passer d une chose fluide qui coule toute seule Bernard Golse parlait de l apprentissage de l ext riorit au fait de 46 FONDATION NESTL FRANCE mastiquer ne va pas de soi Avant de s approprier l aliment il faut travailler dessus Bernard GOLSE Votre question est effectivement tr s importante Lun des probl mes du b b lorsqu il na t est que sa bouche se vide n utero il est en permanence en train de d glutir du liquide amniotique chaud D s sa naissance avant m me la premi re t t e la question va tre le vide de sa bouche le froid dans son arri re gorge Lun
8. qu il a men l ensemble de sa carri re Entre 1983 et 1995 il accomplit di Y verses missions techniques en Espagne aux tats Unis au Japon et en France Au poste de directeur des op rations pour la r gion Oc anie il a pris en charge le d veloppement de la division technique de la cha ne d approvisionnement et des expor tations En 2007 il a t nomm directeur g n ral de Nestl et a men a bien l volution des achats de la fabrication de l ing nierie et des divisions agriculture du groupe Jos Lopez a t pr sident de la Chambre internationale de commerce et d industrie de Malaisie et est membre du Conseil de surveillance du Programme Leadership pour le d veloppement durable de l Universit de Cambridge Selon les calculs de l ONU la population mondiale a atteint les sept milliards d individus en 2011 Et un rapport pr dit que le nombre d tre humains sur Terre pourrait d passer dix milliards d ici 2100 Pour reprendre le titre du dernier ouvrage de Bruno Le Maire Ministre de l Agriculture de l Alimentation de la P che de la Rura lit et de l Am nagement du territoire Nourrir la plan te devient un enjeu majeur en ce XXI si cle un enjeu qui concerne la fois les tats charg s d laborer et de g rer les politiques agricoles et les responsables des grandes industries agro alimentaires Probl mes des mati res premi res fonctionnement des fili res de production mais aus
9. sanitaire Et nous avons mis en place un syst me d assurance qualit pouss son maximum d effi cacit II porte sur les m thodes de fabrication sur la protection par l emballage sur les informations donn es sur l acheminement de ACTES PETITS D JEUNERS 195 toutes ces denr es vers les consommateurs qui nous permettent de mettre 1 milliard de produits par jour dans les mains de ces consommateurs avec une garantie extr me de qualit et bien s r de s curit Une chose qui illustrera de mani re concr te notre vigilance sur ces points tous les centres de qualit Nestl nous en avons des douzaines r partis travers le monde sont rattach s l unit cen trale de Nestl C est dire que cette responsabilit concernant la qualit et la s curit n est en aucun cas d l gu e au producteur local Parce que nous consid rons que les m thodes les formations les techniques analytiques et ceux qui les appliquent doivent tre au dessus des enjeux commerciaux ind pendants au regard de pr occupations de cet ordre qui pourraient ventuellement influencer leur objectivit scientifique Lorsque nous travaillons en France nous avons juste titre comme cela nous a t tr s bien expliqu une plus grande confiance que vis vis d autres r gions du monde Dans un syst me fond sur l assurance s curit il est clair que nous n allons pas faire faire ici le m me nombre d analyses au
10. bon ou pas Et sur le plan affectif il est capable de convenir que ce n est pas si mauvais qu il le croyait donc de moduler son jugement La n ophobie diminue ensuite avec l ge mais ne dispa ra t pas totalement du moins pas chez tous les adultes Certains en gardent des survivances En r sum en termes d volution avec l ge on observe que durant les deux premi res ann es de sa vie l enfant est dans un syst me ouvert et il est pr t largir son r per toire alimentaire Puis entre 3 et 6 ans le syst me tend se fermer Les hypoth ses avanc es qui ne sont pas n cessairement exclu sives pour expliquer cette volution sont de trois ordres D abord s agissant du plan moteur certains chercheurs pensent que la n ophobie appara t au moment o l enfant est capable d ing rer seul des aliments c est dire quand il se nourrit sans tre guid par l adulte p re ou m re qui tait l comme une r f rence lui signifiant qu il pouvait manger que ce qu on lui donnait tait sans danger et m me bon pour lui De fait c est partir de ce moment que l enfant commence se montrer n ophobe Une autre hypoth se est relative au d veloppement cognitif c est seulement partir de 2 ou 3 ans que les enfants commencent bien distinguer ce qui est familier de ce qui est inconnu En outre entre 3 et 6 ans ils font preuve d une grande rigidit cognitive Ainsi il suffit de changer u
11. br le l nergie ACTES PETITS D JEUNERS 81 Ce sont encore des pistes de recherches th rapeutiques tr s avant gardistes De la salle Je suis neuropsychiatre et j ai t passionn par vos propos Je me demande si nous n avons pas de temps en temps tendance trop tout compartimenter Votre intervention a mis en avant l importance des interactions une des bases de la neuro psychiatrie bien sinistr e dans notre pays Et c est bien dommage parce que sa d marche n est pas sans rapport avec celle que vous voquez Un autre point Votre constat sur le moment o une fibrose s ins talle et son caract re difficilement r versible ne devrait il pas nous rendre extr mement vigilants vis vis des jeunes pour viter jus tement ces volutions Et deuxi mement votre autre constat sur l irr versibilit de certaines volutions du tissu adipeux n entraine t il pas la n cessit de faire une analyse tr s objective de la situation du patient avant d envisager un acte chirurgical ou des th rapies quand m me difficiles supporter Si cela doit d boucher sur rien est ce la peine d aller bloquer ces patients dans des syst mes tr s contraignants Arnaud BASDEVANT Mon intervention portait sur la recherche clinique Je me suis plac tr s en amont des applications Je vou lais expliquer certaines tendance de la recherche et je n ai d ail leurs pas mentionn l extraordinaire apport des neurosciences dans la rech
12. impliqu s dans le fonctionnement des structures de contr le de la prise alimentaire Ou d autres g nes qui d terminent les capacit s de stockage du tissu adipeux Ce nouveau concept n annule pas la notion d interaction environnement g nes telle que l a si bien docu mente l exp rience de Bouchard mais l envisage dans une autre perspective que celle de la g n tique classique Des nombreuses recherches sont en cours sur ces v nements pr coces On imagine la complexit de ces recherches car il faut du temps pour documenter prospectivement ces v nements il est en effet difficile de revenir en arri re Il faut constituer des co hortes au sens pid miologique du terme suivre les enfants d s leur naissance et m me avant donc les m res pendant la grossesse et enregistrer tous les v nements qui dans l environnement l ali mentation mais aussi les polluants ou tout autre chose pourraient d terminer le devenir de l enfant C est une nouvelle approche de ce qu on appelle l h ritabilit de la g n tique Une autre orientation de recherche s est r v l e prometteuse au cours des derni res ann es la biologie moderne du tissu graisseux 66 FONDATION NESTL FRANCE La question est de connaitre les m canismes intimes par lesquels ce tissu s alt re et devient si r sistant aux mesures prises pour en r duire le volume Il faut repartir d une description du processus de constitution de l
13. temp rament Certains enfants tout le monde en a fait l exp rience sont plus faciles que d autres On le constate d s la naissance il y a des enfants qui pleurent plus que ACTES PETITS D JEUNERS 29 d autres qui sont plus difficiles consoler qui sont plus r actifs la nouveaut qui ont plus de difficult s supporter le changement qui r agissent au moindre bruit On parle en psychologie et selon une typologie un peu grossi re d enfants faciles ou diffi ciles Ce ne sont pas des enfants gentils ou m chants selon l interpr tation trop courante des parents seulement des enfants aux temp raments diff rents L encore des tudes ont montr que les enfants les plus r actifs et les plus sensibles seront les plus n ophobes Des pratiques ducatives peuvent bien videmment se mettre en place mais il faut tre conscient que les sp cificit s des parents et celles de l enfant vont interagir pour former un syst me qui peut parfois tre facilitant mais parfois pas C est pour y voir plus clair sur ces questions complexes que je vais entreprendre avec le soutien financier de la Fondation Nest l une tude directement centr e sur la n ophobie alimentaire de l enfant de 2 ans Ce qui est d j une nouveaut car ce sujet est peu tudi en soi Beaucoup de mes coll gues ont du mal consi derer qu il y ait l un objet scientifique II y a donc peu d tudes su
14. tion normale Mais c est un domaine extr mement complexe et ces situations restent tr s compliqu es Le retour la norme n est pas non plus tout coup la fin des probl mes Au moment o l on enl ve la sonde il y a des enfants qui pr sentent des anorexies graves et des d pressions la sonde avait fini par faire partie de leur sch ma corporel D sonder un enfant demande donc un certain nombre de pr cautions c est comme si on l amputait d une partie de lui m me faut donc y aller tr s doucement pour viter ces d pressions car quand un b b d prime il a moins faim et s instaure alors un cercle vicieux Heureusement on est devenu de plus en plus vigilants de plus en plus avertis et on compte maintenant de belles r ussites Je voudrais terminer sur un constat qui nous ram ne en partie aux premiers propos de cette intervention concernant le langage Tr s souvent dans ces cas d enfants nourris sans la bouche on observe un retard dans l acquisition du langage sans aucune raison m canique ou orthophonique au sens strict Bien s r le langage 40 FONDATION NESTL FRANCE ne na t pas de la bouche il part du cerveau Mais il y a aussi un plaisir de parler une sorte de go t de la parole Certes on peut vivre sans parler mais pas sans manger l quilibre besoin plaisir est diff rent pour l alimentation et le langage N anmoins quand on d samorce la bouche et m me si l e
15. alable pour d ter miner le nouveau champ d investigation qui peut tre pourra com pl ter l approche pr alable Pistes champs territoires mergences Autant de mots qui voquent une nouvelle topographie baliser La recherche est bien la fois une exploration et une navigation INTERVENTION DU PROFESSEUR ARNAUD BASDEVANT J voquerais ici des hypoth ses mergentes en mati re de biolo gie de l ob sit notamment les interactions biologie comportements qui sont mon domaine de recherche Qu il soit bien clair que la recherche en sciences sociales qu il s agisse d conomie de g ogra phie d anthropologie ou de sociologie est tout aussi essentielle la compr hension des d terminants et des cons quences de l ob sit Focaliser comme je le ferai dans cet expos sur les aspects bio comportementaux n est pas tablir une hi rarchie Une remarque initiale existe un hiatus entre la richesse et l ef fervescence des progr s scientifiques dans le domaine de l ob sit et les repr sentations relay es par le discours m diatique sur les ori gines de l exc s de poids Dans bien d autres domaines les nouvelles hypoth ses les nouveaux concepts sont mis en avant S agissant de l ob sit on en reste g n ralement l quation qui vient d tre d crite et qui est d ailleurs juste et incontournable On mange trop et on ne bouge pas assez La r alit est toutefois plus complexe
16. avec Monique Nemer ditions de la Fondation Nestl France 2011 20 FONDATION NESTL FRANCE Ce sont ces aspects que traite ici Natalie Rigal sp cialiste de la formation des pr f rences alimentaires chez l enfant sujet auquel elle a consacr de nombreux travaux Toutefois ce que nous n ophytes r unissons un peu rapidement sous le terme unique de go t si d terminant dans le plaisir de manger met en fait en jeu une vaste palette de sensations ou pour utiliser un autre langage un flux sensoriel complexe Ce sont ces flux sensoriels per us d s les toutes premi res semaines de la vie du nouveau n voire dans la vie intra ut rine qui ont particu li rement retenu l attention du professeur Bernard Golse Car l or amp e m me de la vie l acte alimentaire et le plaisir qu il procure sont essentiels dans le contexte global de la construction de la personne C est l tat des investigations men es sur ce sujet la fois par lui et par certains de ses confr res qu il expose ici INTERVENTION DE NATALIE RIGAL C est tout d abord de la n ophobie alimentaire dont je vais vous parler c est dire de la peur prouv e par les enfants devant des aliments nouveaux Elle se traduit par des attitudes directement observables Mis en face d un aliment qu il ne conna t pas l enfant pr sente des mimiques de d go t examine attentivement son as siette trie les aliments ventuellemen
17. bien d oralit chan tier majeur du d veloppement pr coce Par ailleurs c est galement un grand chantier car il est la fois du c t du besoin et du c t du plaisir Moli re l a tr s bien per u quand dans L Avare il d veloppe la dialectique du manger pour vivre besoin et du vivre pour manger plaisir Si le besoin met en jeu le registre essentiel de l autoconservation celui du plaisir joue au niveau non moins essentiel de la construction de la personne Le temps de la t t e pour le b b allie ces deux registres ce propos je pr cise qu il m est indiff rent que l allaitement soit au sein ou au biberon Et m me dans nos pays o l allaitement arti ficiel ne pose aucun probl me mieux vaut un biberon donn avec plaisir par la m re son enfant qu un allaitement au sein qui lui serait pour de multiples raisons difficile ou douloureux Ce propos vaut donc dans les deux cas Le temps de la t t e est un temps tr s particulier la fois dans la t te de la m re et dans celle du b b D autres moments de jeu d changes sont galement importants mais pendant la t t e tout particuli rement le b b devient capable de prendre ensemble tout ce qui vient de la m re en termes de stimulations sensorielles sa voix son odeur le go t du lait sa chaleur ce qu il touche d elle les b b s touchent beaucoup la m re au moment de l allaitement ses cheveux ou ses
18. crois que l on tient quelque chose de tr s int ressant sur le contr le de la prise alimentaire Une participante Comment faites vous avec les gar ons La p diatre Un enfant de moins de 4 ans qu il soit gar on ou fille s identifie sa m re Le jeu passe tr s bien ll est vrai que spontan ment on pense d abord le pratiquer avec les filles mais on pourrait tout aussi bien le faire avec des gar ons Les parents ne comprendraient pas forc ment au d part mais si on leur expliquait le processus ils seraient d accord En fait ce sont eux qui sont tr s attentifs au sexe A un moment une trouvaille marketing 118 FONDATION NESTL FRANCE on fabriquait des couches pour gar ons et d autres pour filles La cr che les achetait un peu au hasard Quand une maman n avait plus de couche et qu elle en demandait une si on lui donnait pour un gar on une couche du paquet pour fille elle en demandait une autre Par contre dans le cas inverse elle ne disait rien Cela donne penser Cela dit jouer la dinette on peut m me y impliquer le p re Ce serait un progr s d y associer aussi les gar ons J ai jou la dinette avec des petits gar ons et il n y a aucun probl me ils adorent Le rejet est juste une projection parentale Claude FISCHLER Une question sur les interactions au cours des repas Les ob ses mangent moins quand ls sont table avec des minces on a tendance se r gler A t on
19. d autant plus que la portion est abondante La taille de la portion est donc un facteur qui influence la taille du repas le nombre de convives en est un autre Ces facteurs peuvent s additionner ou se contrarier on peut 102 FONDATION NESTL FRANCE servir de petites portions un repas o il y a beaucoup de monde ou de tr s grandes portions un repas en t te t te Mais ce qui a t d montr dans de nombreuses tudes c est que le nombre de personnes qui participent un m me repas a un effet distinct et en g n ral tr s puissant En France le nombre de personnes qui participe un repas est important mais la faim suppos e a une importance gale pour d ter miner la taille de ce repas Nombre de personnes pr sentes heure de la journ e savoir si c est un repas ou une collation et quel est ce type de repas festif ou non ces facteurs ont aussi une influence sur ce qui est propos et sur la taille du repas Ces derni res ann es je me suis pench e sur l importance de l environnement imm diat du repas qui peut influer sur les consom mations qui y sont faites Beaucoup de donn es dans la litt rature scientifique internationale indiquent que plus on est expos la t l vision au cours de la journ e et en particulier au cours des repas plus on risque d tre ob se ou au moins en surpoids av r Pourquoi le fait de regarder la t l vision dans la journ e peut il tre associ stat
20. diator Philippe BAS Ce sont sans doute les visiteurs m dicaux qui vous ont dit cela Fernand SIRE Non c tait la pr sentation officielle crite du m dicament Ensuite c est un m dicament que la S curit Sociale a rentr dans le traitement des maladies rembours es a 100 On a fait un syst me o c tait les maladies s rieuses les cancers le diab te les art rites les grosses maladies qui b n ficiaient du 100 Mais c est la S curit Sociale qui a class ce m dicament dans les m dicaments rembours s pour le diab te Alors que d apr s toutes les informations que nous avions quand quelqu un tait ob se avait des triglyc rides et tait donc hyper tendu la base du traitement c tait d abord le r gime La on nous donnait un m dicament pour viter de faire le r gime Evidemment les gens pr f raient prendre le m dicament Cela a t une d rive dont la responsabilit a t partag e par tout le monde En tant que m decin g n raliste j en ai prescrit Si je fais le bilan maintenant apr s quarante ans je pense que quatre ou cing de mes malades sont morts de ces valvulopathies mais ils taient 152 FONDATION NESTL FRANCE diab tiques en fin de vie Faire une relation avec une valvulopa thie au bout de vingt ou trente ans c est compliqu Maintenant a posteriori je pense cependant qu on n aurait pas d laisser sortir ce produit avec cette indic
21. du d veloppement chez l enfant Avenirs d enfance Bernard Golse ERES Coll La vie de l enfant Toulouse 2010 D pression du b b d pression de l adolescent Alain Braconnier et Bernard Golse ERES Coll Le Carnet Psy Toulouse 2010 L ducation au go t du jeune enfant Vaste sujet et sujet d im portance puisqu il semble que c est dans la petite enfance que se met en place l aptitude diversifier ses go ts Mais p riode aussi o le jeune enfant traverse des phases de rejet ce qu on appelle des n ophobies alimentaires L app tence pour la nouveaut puis les soudains ph nom nes de rejet sont caract ristiques de l volution du jeune mangeur qui d couvre souvent de mani re chaotique son statut humain d omnivore Comme le rappelle Claude Fischler Nos r pertoires alimentaires oscillent entre deux p les la familiarit gage de s curit et la vari t n cessit physiologique mais aussi besoin d chapper la lassitude du toujours pareil L encore il y a tiraillements entre des injonctions contradictoires la familiarit ennuie le changement pr occupe I omnivore est par nature un animal inquiet Des contradictions qui lors de cette phase assez fr quente de r pulsion jettent les parents et les ducateurs dans un grand d sarroi Quelles explications ont elles Et quelle attitude adopter 1 Manger mode d emploi Claude Fischler Entretiens
22. et d une agence qui s occupait de s curit alimentaire l AFSSA On y a ajout l agence du m dicament v t rinaire LANSES couvre ainsi les risques auxquels un individu peut tre expos volon tairement ou non tous les ges et moments de sa vie au travail pen dant ses transports ses loisirs ou via son alimentation En fait stricto sensu notre Agence n est pas d cisive sur le principe de pr caution C est donc une sorte d imposture de ma part que de m exprimer sur le sujet Mais je vais expliquer pourquoi les choses sont li es L ANSES est une agence scientifique ind pendante ce point est capital Elle n est pas charg e de prendre des d cisions Si elle l tait on pourrait soup onner sa direction de peser sur l avis des experts en fonction des d cisions qui lui paraissent elle raisonnables Mais elle ne prend pas de d cisions Son r le est d assurer la fois la qualit et l ind pendance de l expertise L Agence fournit l autorit politique dont c est toute la noblesse que d avoir ce r le d cisionnel les l ments n cessaires cette prise de d cision Ces l ments ne sont pas toujours des certitudes ce sont les l ments scientifiques 132 FONDATION NESTL FRANCE qui ont pu tre recueillis un moment donn L Agence se doit d ail leurs de dire si tel est le cas Je ne sais pas Ce que nous savons ce sont telles et telles choses Ce que nous avons mesur ce sont te
23. individus cela peut survenir toute la vie En m decine et m me si c est difficile il faut veiller distinguer ce qu on dit d une population et d un individu particulier Claude FISCHLER Tu dis que l ob sit est une maladie et en m me temps la comparaison avec la toux tait loquente que c est un sympt me Arnaud BASDEVANT Une prise de poids aigu en dehors d une complication rarissime sur laquelle je ne m amp tendrai pas n a aucun effet sur la sant La caract ristique qui donne une prise de poids une dimension pathologique est d abord d tre chronique ensuite d tre de moins en moins r versible enfin d entra ner une distribution particuli re du tissu adipeux C est cela qui compte partir d un certain poids tous ces l ments sont r unis la chroni cisation l irr versibilit etc C est un processus d alt ration d un syst me physiologique celui de la r gulation des r serves d nergie Cela devient une maladie si cela alt re le bien tre physique psy chologique et social Ce qui survient dans bon nombre de cas La question cruciale demeure Quelle est la d finition de l ob sit Je pr cise et c est essentiel que la d finition de l ob sit est une d finition populationnelle Ce n est pas une maladie qualitative mais quantitative Parmi les maladies cette d finition de l ob 86 FONDATION NESTL FRANCE sit est singuli re Elle e
24. l gumes bruts font p le figure dans cet univers d aliments hyper transform s par l industrie agroalimentaire Encore heureux donc que l enfant ait du plaisir consommer ce dont il a besoin c est dire ce qui est gras sucr et qui le nourrit Jean Paul LAPLACE Membre du Comit d Experts de la Fondation Ayant beaucoup travaill dans le pass sur les cons quences des ent rectomies des ablations d intestin gr le je suis tr s sen sible la situation de ces enfants qui sont op r s d s la naissance ACTES PETITS D JEUNERS 49 et qui parfois n ont jamais mang car ils n ont pas du tout d in testin gr le Par la suite apr s des mois de nutrition parent rale totale ils sont incapables ou en tout cas refusent de d couvrir une alimentation orale Dans ces situations n y a t il pas galement un substrat morphologique au niveau du cerveau ou du syst me nerveux p riph rique c est dire un d faut de maturation de tous les circuits synaptiques qui permettent le fonctionnement de la mastication de la d glutition Ce sont des r seaux qui n cessitent en effet peut tre la pr sence d un appareil digestif intact et qui ne peuvent se mettre en place en cas d ablation pr coce de telle ou telle partie de cet appareil digestif Est ce qu il n y a pas une fen tre de d veloppement anatomique qu on aurait loup e dans cette situation Bernard GOLSE C est tout fait possible Je n ai pas de r pons
25. l application du principe de pr caution s il s agit par exemple de prendre en compte un risque On sait que le bisph nol A tait en vente depuis cinquante ans Tant qu on ne s est pas pos de question a allait Enfin a allait Fa on de parler pour ceux qui ont eu en subir les cons quences Mais partir du moment o il y a une suspicion cr dible quand d clencher l alerte J ai regard avec attention la phrase qui disait L Agence nationale de s curit sanitaire concluait que le BPA perturbateur endocrinien a des effets av r s chez l animal et suspect s chez l homme Entre cet av r et ce suspect se pose quand m me un certain nombre de questions Comment une Agence comme la v tre parvient elle g rer cet cart de temps entre l obtention d une certitude ou du moins d un point de vue relativement solide de la part des scientifiques et la n cessit d une d cision qui devrait intervenir relativement t t pour que ne perdure pas une situation de danger Philippe BAS Je dirais que dans presque tous les cas on va se trouver pr cis ment dans cette situation Pour nous ce n est donc absolument pas la p riph rie de nos pr occupations c est le coeur m me des choses Je pense qu il n est pas inutile de remonter la d finition m me du principe de pr caution On a fait dire ce prin cipe beaucoup de choses qu il ne dit aucunement Pourtant le mot pr cau
26. le b b il y a beaucoup de moments dans la journ e o il va faire ce travail d articulation polysensorielle si important les moments de rencontre de jeux d changes la toi lette le bain Mais l allaitement reste un moment particuli rement propice Prendre r ellement en compte ces donn es essentielles pour la construction de la personne d boucherait n cessairement sur des mesures politiques particuli rement concernant le cong maternit qu il faudrait pouvoir repenser II ne s agit videmment pas de remettre en question le travail des femmes mais si l on veut qu elles puissent vraiment laisser au b b le temps d tre b b il faut lorsqu elles reprennent leur travail qu ait t pr vu tout un syst me d accompagnement qui existe dans certains pays mais pas encore dans le n tre Que leur place leur ait t conserv e dans leur milieu professionnel Que dans certains m tiers o les connais sances voluent tr s vite il leur soit propos un recyclage S il n y a pas ces mesures d accompagnement les femmes n ont pas la pos sibilit de faire un vrai choix les risques que repr senteraient pour elles un arr t d un an ou un an et demi dans leur carri re profes sionnelle sont trop grands Pourtant il y a l dans cette question du temps consacr l enfant un vrai probl me de sant publique OB SIT S VERS DE NOUVELLES HYPOTH SES 8 F VRIER 2011 Intervention du Professeur Ar
27. majorit des cas les choses ont bien chang dans l environnement des repas Les questions qui se posent d sormais sont de savoir s ils se d roulent avec ou sans musique radio ou t l vision Et si on laisse alors ferm s Pad et iPhone Ce sont des comportements qui leur tour ont des cons quences sur les changes et la convivialit Mais aussi et ces d cou vertes l sont beaucoup plus neuves sur les prises alimentaires Ainsi apprend on gr ce aux chercheurs dont France Bellisle fait partie qu en d pit des dizaines d expressions famili res affirmant que notre ventre ou notre estomac sont ma tres de nos sen sations de faim ou de sati t et des humeurs qui en d pendent il n en est rien Et que c est notre cerveau qui r git notre app tit comme ressenti si du moins nous lui permettons d entendre et de m moriser les signaux mis Donc si nous ne les laissons pas se noyer dans le ruissellement continu de sons et d images qui caract rise nos soci t s Un constat qu il conviendrait sans aucun doute de prendre en compte dans les r flexions sur les bonnes pratiques alimentaires INTERVENTION DU PROFESSEUR FRANCE BELLISLE Est ce qu on mange parce qu on a faim Est ce qu on cesse de manger parce qu on n a plus faim Ce qui pourrait para tre aller de soi n est que tr s partiellement vrai Souvent on pourrait cesser de manger mais c est tellement bo
28. n aurait qu un seul type d approche pour se nourrir Et avec combien de carences notamment motives C est dire de possibilit de s exprimer de partager donc de vivre ensemble Pourquoi aujourd hui la nour riture ou plut t le repas ne sont ils plus ce qu ils taient dans le temps le point de rassemblement familial ou amical Le lieu privil gi du discours et de la communication Parce qu au travers de toutes sortes de raisonnements et pour toutes sortes de motifs il y a un d nigrement ou une n gation des valeurs apport es par la nourriture La question n est pas le luxe c est le choix Dans les pays o il y a un grand choix les gens ont le droit d y avoir acc s Dans ceux o il y a moins de choix ils le rechercheront Et c est par leur d velop pement qu ils pourront y acc der Que se passe t il aujourd hui en Chine Quel est le premier impact du d veloppement conomique de ce pays Ce n est pas que les Chinois mangent davantage c est surtout qu ils mangent diff remment D s qu ils le peuvent ils se procurent une nourriture beaucoup plus vari e La Chine ACTES PETITS D JEUNERS 187 est un norme march pour l agriculture fran aise mais qu est ce que les Chinois ach tent la France Justement le Comt et nos excellents vins C est cela la r percussion de l acc s la nourriture Ce n est pas en termes de quantit que cela va se jouer mais de vari t de reposi
29. notre moti vation manger mais qui doivent rencontrer un certain moment de la journ e ces stimuli ad quats que sont les aliments que nous aimons retrouver au moment des repas Lorsque les deux co ncident il faut manger et tre heureux de manger tre face des aliments qui ont du go t en manger quand nous avons faim jusqu ce que nous n ayons plus faim voire au dela a condition que nous puis sions compenser cette prise alimentaire importante par une dur e de non consommation qui va nous permettre d utiliser l nergie emmagasin e est j en suis persuad e une condition tr s impor tante pour le contr le du poids C est probablement l un des l ments qui distingue la soci t fran aise des soci t s anglo saxonnes et am ricaine en particulier et qui est un facteur de protection Le repas est tr s important et c est peut tre en France le moment le moins probl matique dans l alimentation des ob ses Patrick SEROG Je vais abonder dans ce sens J ai remarqu que pour un patient et de mani re paradoxale garder son rythme ali mentaire l aidait s en sortir quelle que soit la quantit absorb e S il gardait son rythme de repas il arrivait beaucoup limiter sa prise alimentaire Une participante Une question sur la pr sentation des aliments par rapport aux reliefs que l on enl ve ou du bol de soupe qui se remplit ind finiment Y a t il des exp rimentations qui ont montr l in
30. ob sit Au risque d tre sch matique on peut retenir que l inflation de tissu graisseux peut r sulter soit d une aug mentation du volume des cellules graisseuses ce qu on appelle l hypertrophie soit de leur nombre hyperplasie l un n excluant pas l autre Il en va ainsi de tout stockage soit il augmente par le volume de chaque l ment de rangement soit par le nombre de ces l ments Ceci peut paraitre trivial mais il existe actuellement une re cherche majeure sur la question car selon le processus dominant l ob sit sera plus ou moins d l t re pour la sant plus ou moins accessible aux mesures th rapeutiques On con oit galement que les m canismes causaux soient diff rents dans l un et l autre cas Nous savons maintenant que les personnes dont l ob sit est li e une augmentation du volume des cellules adipeuses sont beau coup plus menac es par le diab te que celles qui ont une augmenta tion de leur nombre Il ne serait d ailleurs pas inutile de d finir plus finement es ob sit s dont certaines ont moins de cons quences pathologiques que d autres Cette question de volume et de nombre des cellules adipeuses revient la question du stockage l exc s de stock provient il primitivement d un apport excessif et d un d faut d utilisation de calories ou le d sordre du stockage est il li une anomalie primaire des capacit s de stockage qui secondairement appel
31. on ne dispose pas des outils Pour l instant nous pouvons savoir si les cellules sont grosses ou petites s il y a beaucoup de pr curseurs mais nous n avons pas les outils qui permettraient de faire des recherches cliniques par exemple sur les taux de renouvellement de nouvelles cellules Cela nous manque et nous sommes en train d essayer de mettre ces outils au point Les chercheurs qui ont travaill sur ce sujet l ont fait a partir des effets des bombes atomiques sur les modifications biologiques Nous avons une vue historique et globale des choses mais pour un individu donn nous n avons pas de donn es tr s pr cises la dif f rence de l animal pour lequel nous sommes tr s bien renseign s Toutefois Marie Aline Charles qui travaille l INSERM montre bien par ses propres tudes pid miologiques et celles recens es dans la litt rature m dicale que les d terminants sont tr s pr coces Ceux qui ont pu avec les l ments radioactifs travailler sur ce sujet disent que l essentiel des cellules pour ce qui concerne leur ACTES PETITS D JEUNERS 85 nombre puisque c est ce dont vous parlez est fix vers 18 20 ans peut tre 25 Et qu ensuite le renouvellement n est que de l ordre de 10 par an Mais en clinique nous voyons quand m me des si tuations o tout d un coup de toutes petites cellules arrivent sous l effet de l insuline des corticoides d une infection virale Chez certains
32. pas chez tout le monde Diff rents facteurs g n tiques hormonaux nerveux ou autres peuvent limiter ou au contraire majorer cette s quence Ainsi pour r sumer cette premi re partie je dirai que le d ter minant principal de l ob sit est certainement le d s quilibre de la balance nerg tique li aux comportements et aggrav par des facteurs g n tiques ou pig n tiques S y surajoute la question des capacit s de stockage et des modalit s de mise en r serve cellulaire hyperplasie ou hypertrophie Ceci est une vision sans doute encore trop troite car mon analyse s est cantonn e aux aspects biologiques sans aborder les questions de comportement et d environnement La question de la chronicit du processus est une th matique de recherche active Un constat incontournable l ob sit est une maladie chronique D ailleurs si elle n tait pas chronique ce ne serait pas une maladie quoi tient ce processus de chronicisation Pourquoi devient il si difficile de perdre du poids La recherche biologique commence entrevoir les m canismes en cause en par ticulier au travers des travaux de l quipe de Karine Cl ment de l INSERM dont je fais partie Au del des processus d hypertrophie et d hyperplasie il a t montr que le tissu adipeux s alt re plus globalement Au fil du temps sous la pression comportementale environne mentale le tissu devient inflammatoire et fibreux Apparait ce
33. permissifs plus l enfant est difficile Mais il ne s agit dans cette tude que de corr lation c est dire qu on ne sait pas ce qui est cause et ce qui est cons quence Peut tre que les enfants les moins n ophobes font que leurs parents sont les moins autori taires mais pas les plus permissifs puisqu ils parviennent avoir une influence sur leurs enfants Nous allons r aliser cette tude exp rimentale avec des enfants en cr che Il s agira d abord de leur proposer un aliment qu ils ne connaissent pas et d appr cier leur n ophobie par rapport cet ali ment notamment en mesurant les quantit s consomm es Ensuite nous cr erons un groupe contr le et des groupes exp rimentaux Pour ces derniers les consignes de consommation r p t e s exerceront dans un contexte soit permissif soit autoritaire L objectif est de revoir les enfants apr s cette phase de familiarisation dans des contextes diff rents pour identifier la strat gie ducative qui leur a permis de d passer leur n ophobie par rapport l aliment suscitant au d part le refus J esp re que dans un ou deux ans je pourrai venir vous parler des r sultats de ces tudes INTERVENTION DU PROFESSEUR BERNARD GOLSE Apr s avoir remerci la Fondation Nestl pour l organisation de cette rencontre et l occasion qui lui est ainsi donn e de transmettre dans les termes les plus partageables les recherches les plus poin tues auxquelles il se consacre B
34. professeur Arnaud Basdevant chef du service de nutrition dans le P le cardiom tabolique du CHU de la Piti Salp tri re du professeur France Bellisle professeur associ la Facult de m decine de l Universit Laval Qu bec du professeur Bernard Golse chef du service de p dopsychiatrie l h pital Necker Enfants Malades de Mme Natalie Rigal docteur en psychologie ma tre de conf rence l Universit Paris X et de M Philippe Bas Pr sident de l Agence Nationale charg e de la S curit Sanitaire de l alimentation de l environnement et du travail En effet les unes et les autres ont accord la Fondation Nestl France le privil ge de venir y exposer le tout dernier tat de leurs travaux ou de leur r flexion Et ce n est pas sa moindre fiert que de pouvoir aujourd hui proposer in extenso les Actes de ces analyses parfois inattendues et toujours passion nantes ainsi que les d bats qu elles ont suscit s ACTES PETITS D JEUNERS 9 Enfin pour clore cette session 2010 2011 Monsieur Bruno Le Maire Ministre de l Agriculture de l Alimentation de la P che de la Ruralit et de l Am nagement du territoire et Monsieur Jos Lopez Directeur g n ral de Nestl ont honor la Fondation d un change aussi ouvert que convaincu autour des enjeux qu impose notre modernit le d fi du XXI si cle Nourrir la plan te Tenir compte de la rigueur des recherches disait on
35. quel est l impact de ces diff rentes dimensions du probl me de l ob sit Il faut miser sur les confrontations disciplinaires les regards d cal s Telle sera l orientation g n rale du volet recherche de ce plan Ob sit D BAT Monique NEMER apr s avoir vivement remerci au nom de tous le professeur Basdevant l interroge sur les cons quences de ces nou velles approches de ces nouveaux regards qu il juge tr s juste titre essentiels pour faire avancer la recherche Cette volont de mettre en uvre une nouvelle articulation des savoirs ne risque t elle de se heurter la force d inertie des d coupages en particulier institution nels existants Voire une certaine tendance des chercheurs vouloir demeurer dans leur pr carr On parle beaucoup et depuis des d cennies de l interdisciplinarit mais dans les faits il s agit sou vent davantage de juxtaposition que d un v ritable travail en commun Arnaud BASDEVANT Oui c est videmment une question com plexe Mais il y a plusieurs stades d abord avant m me d envisager un travail commun le fait de s couter les uns les autres est primor dial Je pense qu il peut tre int ressant pour les chercheurs de sciences sociales d entendre les probl mes que nous nous posons sur ce qu est cette maladie et comment nous voyons les interactions comportement biologie Et pour notre part je l ai dit nous sommes atte
36. s Pr sident de l Agence nationale charg e de la s curit sanitaire de l alimentation de l environnement et du travail Ancien l ve de l Institut d tudes Politiques de Paris et de l cole Nationale d Administration Philippe Bas n le 20 juillet 1958 Paris est vice pr sident du conseil g n ral de la Manche depuis mars 2008 et s nateur de la Manche depuis septembre 2011 Il a galement t ministre de la Sant et des Solidarit s dans le gouvernement de Dominique de Villepin et nomm en 2011 pr sident de l Agence nationale charg e de la s curit sanitaire de l alimentation de l environnement et du travail BIBLIOGRAPHIE L Afrique australe en pleine tourmente Philippe Bes et Denis Tersen La Documentation Fran aise 1988 Bien que la principe de pr caution soit relativement r cent dans notre arsenal l gislatif il nous est rapidement devenu familier On le retrouve tr s fr quemment la Une des quotidiens nationaux propos du bisph nol A et de son interdiction dans les contenants alimentaires Ou bien de m dicaments mis sous surveillance Mais galement propos de la question r currente des antennes t l phoniques install es proximit des coles Et encore des d bats sur le gaz de schiste pour lequel un certain nombre d autorisations de recherche ont t abrog es Pour ne rien dire du d bat permanent h las renouvel par le s isme japonais sur les centr
37. souf frant d amn sies tr s graves et montrant comment elles se com portent au moment des repas Ce sont des patients tr s handicap s que l on trouve dans des h pitaux psychiatriques sp cialis s Au moment du d jeuner on les a conduit dans la salle manger avec des non amn siques et ils ont mang tr s normalement Puis on a fait sortir tout le monde de la salle manger et quinze minutes plus tard on les y a tous ramen s Les personnes qui ne sont pas amn siques se souviennent tr s bien qu elles sortent de table Elles mangent quand m me un tout petit peu parce qu il est tr s difficile de r sister des aliments En revanche les personnes amn siques qui n ont aucun souvenir d avoir mang quinze minutes auparavant reprennent un repas presque aussi copieux que le premier Ce ne sont pas les signaux de faim ou de sati t qui sont alt r s chez ACTES PETITS D JEUNERS 107 ces personnes amn siques mais leur m moire leur capacit se rem morer des souvenirs imm diats Et quand on n a pas ces sou venirs imm diats on vit comme quelqu un qui entre dans chaque pisode de la vie comme si c tait un moment nouveau C est dire l importance de la m moire et de l attention Un dernier travail dont je voudrais parler est une tude tr s r cente du laboratoire de Susanne Higgs qui montre l articulation tr s nette entre attention et m moire J ai dit tout l heure que si l on mange devant la t
38. une asso ciation ou un syndicat lui a pass une commande soit elle va s au tosaisir et passer en revue tous les produits dans un secteur particulier Ainsi fait elle un travail titanesque dans le domaine agricole sur tous ACTES PETITS D JEUNERS 133 les produits qui servent aux engrais la protection contre les insectes sur les produits phytosanitaires elle les a tous examin s Et actuelle ment elle est en train d examiner dans le cadre d une d marche euro p enne tous les produits chimiques utilis s dans l industrie c est le programme Reach Cela repr sente on le mesure une t che colossale cela s ajoutent les commandes sur les produits dont il a t question tout l heure comme le bisph nol A Des commandes qui peuvent s accumuler Dans tous les cas l Agence rend publiques ses recommandations mais je le r p te elle ne prend pas de d cisions Donc comme je l ai dit de fa on un peu provocante tout l heure le principe de pr caution n est pas son affaire Monique NEMER Certes et c est tr s clair stricto sensu l ven tuelle application du principe de pr caution ne rel ve pas de l Agence Mais quand vous tes saisi d une demande d expertise concernant un produit ou une technique n est ce pas qu on soup onne qu ils pour raient poser un probl me du point de vue de la s curit Car c est ce mot de s curit qui est en facteur commun la s curit sanitaire d
39. v tements et aussi ce qu il per oit du rythme de ses gestes Dans ces moments le b b arrive donc prendre ensemble ACTES PETITS D JEUNERS 35 ces diff rentes stimulations sensorielles en provenance de la m re alors que dans ceux o il n est pas au sein ou au biberon ou quand on s occupe moins de lui il a tendance a se mettre en mode mono sensoriel pour ne pas tre submerg par une profusion d excitations On l a d sormais bien montr et cela a fait en 2009 l objet d une communication de diverses quipes de Necker l Acad mie de M decine il y a convergence entre ce que disent depuis longtemps les psychanalystes et les derni res recherches en neurosciences pour pouvoir ressentir qu un objet est ext rieur nous il faut le percevoir par plusieurs canaux sensoriels la fois Si on ne fait que toucher quelqu un on ne peut le ressentir comme ext rieur soi Mais si on ajoute au toucher la vue on per oit qu on est plusieurs deux trois ou quatre Face ces diff rents flux sensoriels qui viennent de la m re les psychanalystes disent que le b b mant le les informations les cognitivistes qu il les co modalise Peu importe le mot il les ras semble il les articule il les prend ensemble et alors il commence ressentir que sa m re est ext rieure lui C est d ailleurs le grand malentendu de la t t e la m re pense que c est le moment o elle est la plus pr
40. Les Rendez vous D bats de la Fondation Nestl France 2010 2011 ditions de la Fondation Nestl France COMIT D EXPERTS DE LA FONDATION NESTL FRANCE Le Comit d Experts de la Fondation est pr sid par le sociologue et anthropologue Jean Pierre Poulain Professeur l Universit de Toulouse II Il est compl t par e Le Pr Pierre Combris conomiste et directeur de recherches en conomie de l alimentation l INRA e Le Pr Claude Fischler directeur de recherches au CNRS directeur du Centre Edgar Morin l cole de Hautes tudes en Sciences Sociales e Le Pr Jean Paul Laplace physiologiste et membre de l Institut fran ais de la nutrition e Mme Roseline L vy Basse psychologue et psychanalyste sp cialiste en th rapie familiale e Le Dr Patrick S rog m decin nutritionniste e Le Dr Alexandre Voirin directeur au Centre de recherche Nestl e Mme Pascale Weeks auteur de plusieurs livres de cuisine et animatrice d un blog culinaire sur Internet AVANT PROPOS Histoire sant publique physiologie sociologie on le voit pour cette premi re session la vocation des Rendez vous D bats s est av r e r solument pluridisciplinaire Et a bien l intention de le demeurer C est par ces mots que s achevait l avant propos aux premiers Actes des Rendez vous D bats de la Fondation Nestl France Une promesse tenue par cette session 2010 2011 en tout point fid le la
41. Mais propos de cette permanence horaire nous arrivons par des m thodes diff rentes des conclusions totalement superposables quant la r gularit le cr neau horaire et l importance de ces trois repas par jour dans la culture fran aise Certes il y a des collations prises de temps autre dans la jour n e par la plupart des gens mais ces collations demeurent relative ment mineures dans notre journ e alimentaire Ce qui compte pour nous Fran ais ce sont les trois repas par jour des heures pr cises avec une grammaire pr cise c est dire un choix d aliments pr cis un petit d jeuner on ne nous pr sentera pas un coq au vin ou une choucroute non que nous n aimions pas cela mais ce n est pas le moment Aucune n cessit biologique ou nutritionnelle n im pose que nous mangions plut t des glucides le matin et plut t des lipides aux autres repas de la journ e Mais traditionnellement nous avons appris faire ainsi Toute cette grammaire rel ve de l apprentissage de la vie en commun Une fois qu ont t rappel es ces donn es tr s importantes pour notre soci t demeurent beaucoup de questions Que se passe t il lorsqu on est r uni autour d un repas dans un environnement pr cis ACTES PETITS D JEUNERS 101 Sommes nous guid s dans nos comportements alimentaires par la seule faim Par la n cessit de satisfaire nos besoins en nutriments Ou par autre chose Ma conv
42. Unis le co t de l ob sit par exemple est exorbitant Et si l on veut combattre l ob sit il ne faut pas attendre que les gens aient 20 ou 30 ans pour s en occuper C est d s l enfance d s l cole qu on doit inculquer de bonnes pra tiques alimentaires qui permettent de faire face ce d fi Encore un enjeu galement capital derri re ce d bat alimen taire la dimension conomique en termes d emplois sur nos ter ritoires Et je suis tr s heureux de pouvoir aujourd hui en discuter avec Jos Lopez Je veux juste rappeler quelques chiffres en France l industrie agroalimentaire tant d cri e dans notre pays lequel a beaucoup de qualit s mais parfois quelques travers dont celui de 174 FONDATION NESTL FRANCE syst matiquement stigmatiser ce qui y marche bien c est plus de 400 000 emplois Et la deuxi me industrie sur notre territoire national La seule qui ait cr de l emploi en France en 2011 La seule qui cette m me ann e ait augment son exc dent commer cial plus 20 dans les huit premiers mois alors que les autres perdent du terrain C est la preuve que nous sommes capables de r ussir Car non seulement cette industrie ne perd pas de terrain mais elle en reprend dans certains secteurs Je pense la viticulture par exemple qui a repris la premi re place mondiale gr ce au travail fait par les viticul teurs et par l industrie agroalimentaire en charge du vin Pour nous c est
43. a moindre alerte Quand vous tiez ministre de la Sant je m en souviens parfaitement vous avez t tr s vigilant sur les fameux certificats de sant qu il est obligatoire de par la loi de remplir et d envoyer la PMI la Protection Maternelle et Infantile pour les enfants de neuf mois et de deux ans Ce sont des documents pr cieux qui peuvent 146 FONDATION NESTL FRANCE tre informatis s et qui donnent des renseignements extr mement utiles sur les tats de sant Or ils ne sont plus jamais remplis ni r clam s et r pertori s II y a vingt ans si nous ne les remplissions pas la PMI demandait aux parents de les faire remplir Au mieux maintenant ils tra nent dans les carnets de sant Or dans ces certificats on aurait pu ajouter des l ments de surveillance et au fur et mesure des interrogations sur de nouvelles questions de sant Mais on s est priv d un important outil de veille parce qu il n est plus activ C est navrant Enfin une derni re chose on a mis sur les rails une enqu te ELFE qui se propose de surveiller le devenir de 2 000 enfants Mais je ne sais pas l int rieur de cette enqu te quels sont les crit res de surveillance retenus Voil o je pense que ANSES aurait pu et pourrait encore relancer certains l ments de veille sanitaire parce que sans information on ne pourra jamais ni affirmer ni infirmer Philippe BAS Dans votre intervention il y a beauc
44. a non application est dans certains domaines probl matique Aussi fait il et c est l autre extr mit de la r flexion ce sujet l objet d un certain nombre de critiques qu on peut r sumer par cette phrase de Mathieu Laine L histoire de l humanit a toujours t guid e par cette logique de l essai de la tentative et de l erreur sans cesse corrig e pour parvenir la v rit Le principe de pr caution annihile cette dynamique et paralyse le progr s Ce qui du moins pour la premi re partie de la phrase est galement ind niable On l a dit le principe de pr caution est inscrit dans la Consti tution il n est donc pas question supposer que certains y pensent de l abolir mais cela n interdit pas de r fl chir ses applications et son extension Des applications qui posent imm diatement un certain nombre de probl mes comment concilier des logiques galement l gitimes mais qui peuvent s av rer contradictoires logique du court terme et logique du long terme logique de dynamique cono mique et logique de prudence ll est probable que cette r flexion sur l application du principe de pr caution par l importance des enjeux qui y sont li s est une des questions majeures du XXI si cle INTERVENTION DE M PHILIPPE BAS Un mot d abord de l Agence Elle est nouvelle elle est n e en 2010 de la fusion d une agence qui s occupait de sant au travail l AFSSET
45. a poule au pot pour chaque Fran ais le dimanche Cela fait partie de notre imaginaire collectif Manger suffisamment est une n cessit C est d ailleurs pour moi l occasion de rendre hommage au travail qui est fait par toutes les associations de distribution alimentaire en France Deuxi me pilier de notre nourriture la diversit et la qualit des produits Nous voulons que dans l alimentation la fran aise on ne distingue ni ne stigmatise un produit en disant Tel produit est bon ou tel produit est mauvais Je me suis ainsi oppos au dispositif des labels verts que certains voulaient mettre en place en disant On met un label vert sur un produit qui signifie que c est bon pour la sant Et les autres produits n auront pas ce label vert Je voyais trop bien vers quoi nous allions On mettrait le label vert sur la salade et sur les lentilles On le refuserait au lait en estimant qu il pouvait tre canc rig ne Et la viande rouge au pr texte que manger trop de viande rouge peut provoquer un exc s de cholest rol Alors que notre mod le alimentaire est fond sur la vari t sur l association de diff rents produits dans un r gime alimentaire diversifi et quilibr Quand je vois par exemple que l Acad mie de m decine avertit l occasion des attaques contre la viande rouge Attention il y a d sormais une carence en fer dans les populations d velopp es parce qu on ne mange pas assez de via
46. a sant nous opposent des pi sodes d sastreux de notre histoire sanitaire qui soit par d faillance des institutions on peut en parler avec l affaire du M diator soit par d faillance de l tat lui m me je pense l affaire du sang contamin il y a presque trente ans maintenant ont justifi une d fiance Notre travail justement est de restaurer la confiance parce qu il est quand m me bien pr f rable d avoir des institutions cr dibles une expertise de qualit plut t que de demander aux l gislateurs qui n ont pas forc ment un point de vue clair par la comp tence vous vous l avez d autres ne l ont pas de voter des lois sous le coup de l motion alors m me que l interdiction qu ils vont pronon cer ne leur est pas impos par la loi On le fait pourtant et en le faisant on signifie que les institutions qui sont en charge soit d expertiser le risque soit de prendre la d ci sion au nom du principe de pr caution sont consid r es comme d faillantes On ne peut pas la fois cr er l ANSES c est une loi qui a cr ANSES et dire Bien que j aie cr l ANSES je trouve 148 FONDATION NESTL FRANCE que a ne va pas assez vite et j interdis le bisph nol A dans tous les usages Nous m mes parlementaires je suis moi m me non pas un jeune parlementaire mais un nouveau parlementaire avons aussi un devoir de coh rence face la loi Ces derni res ann es
47. accumule de nombreuses subs tances pour nous en prot ger l organisme isole des substances dans le tissu adipeux Les polluants font partie de ces substances toxiques Or des donn es montrent que certaines substances pol luantes sont capables d agir sur les cellules de les recruter de les faire se d velopper Une autre hypoth se concernant ces capacit s d augmentation du nombre de cellules porte sur les virus ce qui a t surtout montr chez l animal Certains virus des ad novirus 36 se sont r v l s capables de diff rencier des cellules souches en adipocytes et d augmenter ainsi les capacit s de stockage Le stress est un autre champ d tude tr s int ressant Chez l ani mal certains mod les de stress d clenchent par voie nerveuse c est dire par l envoi de stimuli qui arrivent aux terminaisons ACTES PETITS D JEUNERS 69 nerveuses la lib ration de substances que l on conna t comme le neuropeptide Y cette substance agit en p riph rie sur le tissu adi peux Ainsi un stress peut par voie nerveuse d clencher la lib ra tion de substances au niveau du tissu adipeux et faire appara tre de nouvelles cellules donc de nouvelles capacit s de stockage Ce sont l des mod les tr s int ressants pour les cliniciens qui connaissent des cas d ob sit s d clench es par le stress sans modifications ma jeures des prises alimentaires La question qu on peut l gitimement se p
48. ales nucl aires C est dire que ce principe de pr caution est tr s fr quemment sollicit Mais qu il nous soit devenu familier ne signifie pas qu il soit tout coup bien compris et son application judicieusement requise Le principe de pr caution a t introduit dans la juridiction europ enne en 1992 par le Trait de Maastricht et il est d sormais inscrit dans la Constitution fran aise l origine il visait principa lement le domaine de l environnement puis il a t tendu peu peu aux domaines de la sant et de l alimentation Et certains en souhaiteraient de nouvelles extensions Toutefois tr s vite il a fait l objet de d bats qui se situent entre deux positions extr mes D un c t celle du philosophe allemand 128 FONDATION NESTL FRANCE Hans Jonas un de ses premiers th oriciens auteur d un texte inti tul Le principe de responsabilit Celui ci affirme On ne peut nier l importance qu il y a s opposer ceux qui consid rent la Terre et ses habitants comme un objet avec lequel toutes les exp rimenta tions sont possibles sur le plan juridique et sur le plan moral Une importance qu en effet on peut difficilement nier et qui est l ori gine de ce principe de pr caution Mais comme souvent dans ce type de proclamation la g n ralit du propos occulte l extr me complexit de ses applications tant l valuation des risques que feraient courir s
49. ation officielle puisque le traitement tait le r gime Mais maintenant parmi les gens que j ai soign s de l ge de cinq ou six ans un certain age j en vois beaucoup qui me posent des questions entre cinquante huit et soixante cinq ans ils d veloppent un Alzheimer pr coce Souvent quand on vous vend un m dicament on ne consid re qu une action qu une efficacit On ne regarde pas l ensemble des aspects Philippe BAS Les interactions possibles moyen terme en plus c est difficile d terminer Fernand SIRE On nous pr sente un m dicament avec une indi cation et parfois ce m dicament au bout de vingt ans est pr sent avec d autres indications Je pourrais en citer de nombreux exemples Philippe BAS Mais de mani re justifi e Fernand SIRE Certes de mani re justifi e Les m dicaments sont des produits complexes il faut les consid rer dans leur globa lit par rapport la globalit de l individu auquel ils sont prescrits Et les r tudier r guli rement M Jean Pierre DUPONT d put Je vais tre tr s bref Quid des autorisations de mise sur le march J avais le sentiment jusqu maintenant que l autorisation de mise sur le march tait un par ACTES PETITS D JEUNERS 153 cours du combattant qu on mettait des ann es l obtenir Mais que c tait une garantie Or on s aper oit que d une part on sort quelquefois des m dicaments en ne donnant pa
50. atron de Herta Je suis all visiter ses usines et nous avons fait ensemble le tour de toutes les phases du process Il est extraordinaire de voir la minutie du contr le de qualit de constater sur com bien de points le souci d assurance qualit intervient Herta s engage c est lui qui le dit Et il le prouve S engager cela veut dire que nous devons connaitre nos producteurs visiter leur exploitation s assurer que tout le syst me de gestion des animaux jusqu l abattage est fait selon des normes bien pr cises Et s il peut s engager c est parce qu il a voulu avoir acc s toute cette cha ne de production et de distribution d un produit qui est un fleuron de l industrie fran aise Bruno LE MAIRE Je voudrais rebondir trente secondes sur un mot tr s important prononc par Jos Lopez qui est celui de confiance En mati re de s curit sanitaire la confiance met ACTES PETITS D JEUNERS 197 des d cennies se construire Je me souviens d un entretien avec le Vice Premier ministre chinois qui m expliquait qu il tait devenu impossible de r tablir la confiance du consommateur dans indus trie laiti re chinoise Raison pour laquelle il demandait Danone de venir investir en Chine Les Chinois voulaient des produits laitiers fabriqu s par des trangers C est quand m me assez singulier pour tre soulign Et cela concerne Nestl aussi Cela explique la d c
51. au d but de cet avant propos Rigueur certes et non pas rigi dit Car si ces recherches sont rigoureuses elles sont aussi et peut tre avant tout inventives On trouvera peut tre le terme fort peu scientifique Ce serait m connaitre le sens ancien du mot celui dont use Montaigne disant propos de l Am rique Notre monde vient d en inventer un autre Bien s r cela signifie d couvrir Et peut tre justement le but de la recherche est il aussi cela d couvrir ce qui a t recouvert par les pr suppos s les a priori les enfer mements dans des cadres institutionnels contraignants C est pourquoi poursuivre ces changes crois s avec la m me exigence d excellence mais aussi d ouverture demeure bien l ambition de ces Petits d jeuners D bats de la Fondation Nestl France L DUCATION AU GO T DU JEUNE ENFANT 20 OCTOBRE 2010 Interventions de Natalie Rigal docteur en psychologie Ma tre de conf rence l Universit de Paris X et du Professeur Bernard Golse professeur l Universit Paris Descartes Chef du service de p dopsychiatrie l h pital Necker Enfants Malades Natalie Rigal docteur en psychologie ma tre de conf rence l universit de Paris X est aujourd hui l une des rares sp cialistes en mati re de psychologie du go t une discipline n e dans les ann es 1970 1980 N jp Elle met actuellement en uvre une tude f
52. autres tudes Chez les enfants on a vu aussi que lorsque la t l vision est souvent allum e dans leur environnement m me en dehors des repas cela fait augmenter le nombre de collations prises au cours de la journ e Est ce l le m canisme qui contribue cette association v rifi e entre t l vision et adiposit corporelle Sans doute en est ce l un des m canismes Ce n est pas le seul mais il est certain que si l on mange fr quemment devant la t l vi sion la ration nerg tique de la journ e risque d en tre augment e Toutefois la t l vision n est pas la seule produire un tel effet Nous avons observ ce m me effet de stimulation de la prise alimentaire en proposant pendant le repas quelque chose qui distrayait les mangeurs par exemple une mission de radio captivante nous avons fait un test avec l audition d une histoire polici re M me constat Lattention est captiv e par un stimulus de l environnement du coup le contr le se rel che et la consommation augmente Il faut alors interpr ter ces r sultats Pourquoi le fait d avoir des facteurs de distraction dans l environnement du repas peut il conduire manger plus Les chercheurs se sont interrog s sur ce ph nom ne Je pensais moi m me que c tait un facteur qui relevait de l inatten tion On sait moins bien o l on en est de sa consommation alimentaire ACTES PETITS D JEUNERS 105 Et cela peut tre un facteur qui va c
53. avec des go ts divers Personne ne fait des jambons comme savent les faire les Espagnols par exemple Et tant mieux Cette diversit elle doit tre d fendue et c est une fois encore un travail de tous les jours En outre au del des enjeux culturels auxquels je suis tr s atta ch il y a aussi un int r t conomique Parce qu il est vident que faire du Pata Negra ou d autres produits de tr s grande qualit c est aussi s assurer des d bouch s l exportation par une segmen tation de l offre plus diversifi e que ce que peuvent faire d autres pays producteurs alimentaires V ronique AUGER Je suis convaincue que Bruno Le Maire n a pas choisi le Pata Negra parce que vous tes l Monsieur Lopez 178 FONDATION NESTL FRANCE Cela dit comment peut on avoir le sens du d tail quand on est une multinationale de la taille de la v tre M Jos LOPEZ DG de Nestl J aimerais revenir un instant sur cette introduction D abord pour dire que je trouve les propos de Monsieur le Ministre extr mement positifs Et ajouter que nous sous crivons ceux qui se r f rent a la responsabilit que nous avons en particulier en tant qu industriels de proposer une nourriture saine quilibr e et vari e Mais aussi en prenant en compte la notion de prix pour le consommateur Un prix qui doit pouvoir r mun rer correctement le travail des gens qui interviennent tout au long de la fili re co
54. avez voqu Pour ma part ce que j ai ressenti au fil des ann es c est une suspicion croissante qui peut d courager certains s engager dans l expertise publique pourtant essentielle Il est paradoxal de constater que la soci t exige le risque z ro alors que les ins tances d valuation de ce risque z ro qui supposerait une absolue confiance dans l expertise sont simultan ment d nigr es ACTES PETITS D JEUNERS 155 Troisi me point le processus de d veloppement de l expertise au sein de l Agence et ses suites L Agence fait son travail d exper tise Avec toute la difficult d tre expert pour un scientifique dont le mod le de pens e fait une place essentielle au doute et au devenir alors que l expertise elle un moment donn affirme Je reviens ce processus de maturation mais aussi de m dia tion de l expertise l Agence joue son r le le politique joue son r le Mais interviennent galement l opinion publique la partici pation des associations il y a l un espace essentiel D o ma question ce lieu est il actuellement suffisamment anim Je pense qu il faudrait se pr occuper davantage de cet espace inter m diaire entre l expertise et le politique pour que l opinion les m dias etc puissent participer l avanc e des concepts mieux comprendre les recommandations Ne pensez vous pas qu il y a un gap un hiatus qu il faudrait combler Vous avez juste titre insist sur la que
55. avions pas un contr le sanitaire aussi rigoureux que celui tabli par nos services et notre agence sani taire PANSES qui est aujourd hui probablement l Agence la plus efficace et la mieux outill e pour rep rer ce genre de probl mes on risque chaque instant des intoxications alimentaires massives et des morts de jeunes enfants qui en consomment souvent Parce que l enjeu c est bien cela la mort de 2 3 5 ou davantage d en fants dans le pays si on ne veille pas avec une extr me vigilance la s curit sanitaire des steaks hach s Quand s est produit Lille en juin dernier un pisode de ce genre on a retrouv dans les cinq heures qui suivaient l origine des steaks et l ensemble du stock a t limin ACTES PETITS D JEUNERS 193 Dans le cas de la bact rie E Coli qui touchait les l gumes on a pu voir que le dispositif de s curit sanitaire europ en tait s rieu sement insuffisant Du coup cela a mis nos amis espagnols dans une difficult terrible parce que l Allemagne o se sont produites les premi res intoxications a t incapable pendant des semaines de rep rer l origine de la bact rie E Coli Des rumeurs ont vis tr s injustement les producteurs de concombres en Espagne et en France qui ont subi de tr s lourdes pertes jusqu ce qu on d couvre que la bact rie provenait de stocks de graines germ es J ai fait un certain nombre de propositions pour qu on am liore le disposi
56. be soins corporels Mais pour qu il puisse dire ou plut t se dire 38 FONDATION NESTL FRANCE se repr senter j ai soif de ceci ou de cela il lui faut op rer une figuration du j ai soif Et cette tape capitale se construit avec la m re Dans les faits chaque t t e est diff rente la maman ne va pas chanter chaque fois la m me chanson dire les m mes mots avec la m me intonation Elle n aura pas le m me rythme gestuel Mais ensemble elle et l enfant vont rechercher dans leur stock de souvenirs communs quelque chose d une t t e pr c dente qu ils vont essayer de remettre en place pour tablir une continuit C est l un m canisme tr s subtil de co construction Le b b a besoin de la m re pour aller chercher ces images ces sensations de t t es pr c dentes et pour les r activer Tout seul il ne pourrait dire que j ai soif Avec elle il peut dire J ai soif d une t t e comme celle d avant d il y a 8 ou 15 jours m me si videmment cela n entre pas dans une datation juste dans une s lection de la m moire C est un exemple de la co construction du go t Pour terminer je dirai un mot de ces situations tr s particu li res o les enfants mangent sans la bouche Manger sans la bouche cela veut dire tre pour des raisons m dicales nourri par une sonde naso gastrique ou avoir une gastrostomie c est dire avoir travers la
57. ce qui n est pas toujours vident quand il s agit d instaurer un dialogue sur des sujets la fois hypersensibles et tr s controvers s Nous allons sur le m me mod le cr er un comit de dialogue sur les nanotechnologies Enfin nous organisons r guli rement des r unions d informations 158 FONDATION NESTL FRANCE qui peuvent durer toute une journ e et qui sont vraiment des lieux d changes entre les scientifiques de l Agence et les associations sur une th matique comme l alimentation les pesticides L int r t est que dans ce type de rencontres chacun laisse sa posture sur le pas de la porte On arrive ainsi cr er des lieux o tout le monde n est pas forc ment d accord mais o au moins une information fiable circule Avec l espoir que cette information fiable trouve sa place ailleurs dans le d bat public Monique NEMER Merci vraiment pour cette passionnante ren contre Philippe Bas disait tout l heure que le mot de pr cau tion tait un mot de la langue courante familier tous les Francais Certes mais la notion est cependant complexe comme en t moigne la sagesse populaire qui affirme simultan ment que Deux pr cau tions valent mieux qu une et que Trop de pr caution nuit Et comme on sait le juste milieu est une vue de l esprit Nul doute toutefois que nous ayons ce matin gr ce la clart et la rigueur de vos propos tous beaucoup appris et beauco
58. chez l enfant BIBLIOGRAPHIE extraits Du corps la pens e Bernard Golse PUF Coll Le fil rouge Paris 2001 Autisme tat des lieux et horizons Bernard Golse Pierre Delion ERES Toulouse 2005 L tre b b Les questions du b b la th orie de l attachement la psychanalyse la ph nom nologie Bernard Golse PUF Coll Le fil rouge Paris 2006 Psychopathologie du b b Christelle Benony Bernard Golse Armand Colin Paris 2007 L enfant d aujourd hui Boris Cyrulnik Bernard Golse Myriam Szejer Bayard Culture Paris 2007 Le d veloppement affectif et intellectuel de Penfant Bernard Golse Masson Coll M decine et Psychoth rapie Paris 2008 B b s agressifs b b s agress s Bernard Golse Pierre Delion Jean Bergeret ERES Toulouse 2008 16 FONDATION NESTL FRANCE La psychiatrie du b b Luis Alvarez Bernard Golse PUF Coll Que sais je Paris 2008 B b s ados Alain Braconnier Bernard Golse Odile Jacob Paris 2008 B b s ados crises et chuchotements Alain Braconnier Bernard Golse ERES Coll Le carnet Psy Toulouse 2008 Vers une neuropsychanalyse Bernard Golse Lisa Ouss Odile Jacob Paris 2009 Les enfants d aujourd hui Quoi de neuf chez les 0 7 ans Boris Cyrulnik Myriam Szejer Bernard Golse Marabout 2010 La naissance de l objet Bernard Golse Ren Roussillon PUF Coll Le fil rouge Paris 2010 Les destins
59. choses non seulement 180 FONDATION NESTL FRANCE dans le sens de la satisfaction et du plaisir mais des choses bonnes galement du point de vue nutritionnel Et cette Fondation juste ment est un lieu o l on se pr occupe des rapports de la nutrition et de la sant du futur de ce qu on appelle aujourd hui la healthy aging la capacit devenir g dans un contexte de sant et de bien tre Et l la nutrition et globalement l alimentation jouent un r le majeur Il y a donc toute cette ducation entreprendre et de nouveau je me trouve extr mement proche des propos de Monsieur le Ministre Et je crois pouvoir parler au nom du groupe en ce qui concerne les labels nous vous sommes extr mement reconnaissants pour votre travail et vos prises de position ce sujet Ce sont des choses qui vont justement nous aider progresser dans cette voie V ronique AUGER Vous disiez que le consommateur est pr t payer pour sa nourriture Puis qu il pr f re avoir une application nouvelle sur son iPhone Jos LOPEZ J ai donn l exemple du Japon o c est 13 En Europe en Allemagne c est plut t 7 peu pr s la moiti de ce qui se passe au Japon V ronique AUGER Et c est en r duction Jos LOPEZ Oui Parce que toute une forme de l ducation ac tuelle a t faite sur le th me La nourriture n tant qu un apport calorique pourquoi payer pour de la qualit Une ca
60. cier pouvait aller sur ce march acheter par exemple 15 ou 20 de l ensemble de la r colte de cacao dans le monde sans d bourser un euro pour cr er un effet de p nurie totalement artifi ciel La semaine d apr s il revendait ses 15 ou 20 de stocks de cacao pour lesquels je le rappelle il n avait pas investi un euro en empochant au passage la plus value r sultant de la p nurie artificielle qu il avait cr e Pour bloquer ce genre de pratique on a mis une obligation de participation financi re d un minimum de 20 de l ensemble ache t pour les mati res premi res alimentaires Et l obligation de dire qui on est alors que jusqu pr sent on n tait pas oblig de se d clarer dans un registre des intervenants Tout cela doit permettre progressivement de stabiliser le prix des mati res premi res Ce qui a t tr s difficile dans cette n gociation c est d expliquer aux pays mergents notamment le Br sil l Argentine tous les pays qui d pendent beaucoup de la production de mati res premi res agricoles que stabiliser ne voulait pas dire administrer et qu on pouvait stabiliser la hausse Cela ne nous d range absolu ment pas que le prix du bl augmente r guli rement Ou plut t ce n est pas le sujet Ce qui nous d range c est que le prix du bl soit 200 euros la tonne en juillet puis 120 euros la tonne en sep ACTES PETITS D JEUNERS 191 tembre C est ing rabl
61. de l conomie et de la psychologie ce qui est particuli re ment int ressant Une des membres du jury a alors demand s il ne faudrait pas qu elle marque plus nettement son ancrage en cono mie parce que l on ne savait pas tr s bien quelle discipline elle se rattachait Pour tre clair dans quelle branche elle projetait de faire carri re Sous entendant peine que choisir un sujet de th se la marge donc authentiquement de recherche tait un handicap Le probl me essentiel est pourtant justement de relier les savoirs comme le r p te mon vieux mais toujours jeune ACTES PETITS D JEUNERS 79 mentor Edgar Morin C est cela la grande question Et l enjeu est important serait d cisif d arriver autour du m me objet faire converger les approches en essayant de surmonter ces probl mes Mais pour les surmonter encore faut il en prendre conscience et ne pas les sous estimer Il y a toutefois de l espoir Pierre COMBRIS membre du Comit d experts Juste un mot y a effectivement beaucoup d espoirs et d j des reconnaissances effectives de cette interdisciplinarit ou du moins du choix de sujets d tudes tenues pour marginaux Du c t des conomistes deux Prix Nobel ont t d cern s des chercheurs qui s occupent d alimentation Et ils ne sont pas qu conomistes Robert Fogel Nobel en 1993 a fait un travail d historien pour expliquer com ment gr ce la nu
62. de mes ma tres Michel Soul qui a un grand sens de l humour disait que nos caf s du matin ont pour fonction de nous redonner du chaud et du liquide dans l arriere gorge en souvenir de notre vie f tale Les enfants autistes qui ont des angoisses tr s archa ques prouvent douloureusement cette sensation de vide de l arri re gorge de dur dans la bouche et de carton dans le larynx Les enfants anorexiques qui n ont pas mis en place d angoisse de l tranger mais ont peur de tous les aliments ont particuli rement peur des changements de consistance Autrefois on connaissait la phobie des grumeaux Les enfants d testaient la peau du lait Ce petit indice de diff rence de consistance c tait comme s il y avait de l tranger dans le liquide familier II y a l des pistes pour tudier ces peurs des morceaux L tude des enfants autistes ou psychotiques a d j beaucoup aid la comprendre Il faut longtemps avant de leur faire accep ter une diff rence de consistance Le probl me avec un morceau c est qu il est ou dehors ou dedans Il n y a pas d entre deux Avec la nourriture mix e la bouillie la compote la m re et le b b vont jouer avec la limite entre ext rieur et int rieur La m re approche ACTES PETITS D JEUNERS 47 de la bouche de l enfant la cuill re pleine celui ci va prendre une partie de son contenu il en aura dans la bouche et aussi un peu en dehors autour des l vres sur
63. de tout un tas de choses dans un cocktail on mange plus parce que notre cerveau n arrive pas faire le compte de l ensemble garder la trace mentale de ce que l on a absorb Par cons quent le cerveau ne d clenche pas l inhibition cognitive qui se produit quand on sait avoir assez mang Donc on mange davantage Je pourrais citer bien d autres exp rimentations 106 FONDATION NESTL FRANCE Un autre chapitre de ces tudes porte sur l articulation entre attention aux repas ce qui est mang et m moire de l acte ali mentaire qui va se r percuter sur les consommations subs quentes Un laboratoire anglais o travaillent Suzanne Higgs et ses collabo rateurs a commenc r cemment une s rie d tudes passionnantes sur ce sujet en outre tr s simples mettre en uvre On fait venir des gens l apr s midi et on leur propose toujours la m me collation constitu e d aliments agr ables mais sans plus Certaines fois avant le d but de la collation on leur demande Qu avez vous mang au d jeuner Et le simple fait de se rem morer ce que l on a mang au repas ce qui s est pass deux ou trois heures avant fait qu on mange moins On le voit la m moire le travail cognitif le travail du cerveau dans le contr le et la commande de l acte alimentaire sont essentiels T moignent de l importance de ce facteur m moire sur le contr le alimentaire les exp riences faites avec des personnes
64. des produits Une conception alimentaire pens e en termes de calories Et une diversit de propositions de go ts quand m me assez r duite d un point l autre du territoire Je ne veux pas caricaturer mais c est quand m me la r alit ACTES PETITS D JEUNERS 185 L id e que l on pourrait copier ce mod le pour arriver 7 ou 8 du budget des m nages consacr l alimentation avec des produits standard ayant le m me go t et en ne comptabilisant que les calo ries en bas d addition cela ne me convient pas du tout Ce n est pas le mod le fran ais et ne le sera jamais Car si on va dans cette direction il faudra en tirer toutes les cons quences Cela veut dire qu on ne fera plus de Comt Pour faire du Comt il faut payer le lait environ 460 euros la tonne Parce que les conditions de production sont difficiles c est un lait venant de vaches nourries de fa on tr s sp cifique dans des exploitations en zone de montagne donc qui co tent plus cher Si vous voulez du produit standard bas co t vous abandonnez le Comt C est fini La cl sous la porte des exploitations et plus cette merveille dans vos assiettes C est un vrai choix et moi j assume mon choix qui est diversit et qualit des produits et r mun ration correcte des producteurs V ronique AUGER Avant que vous ne reveniez sur le G20 je vou drais poser une question Monsieur Lopez Vous que pensez vous de ce Consom
65. ductions Ce qui est tr s diff rent Ce n est pas dire On va consommer fran ais C est essayer de faire en sorte de mani re tr s pragmatique et sur la base du pur bon sens que lorsque nous sommes en Normandie et que les collectivit s locales ach tent des pommes pour les cantines scolaires ou les h pitaux elles essaient de trouver des pommes en Normandie plut t que de les faire venir du Chili II me para t aller de soi que dans le bassin fran ais si on ach te des steaks pour les coles les h pitaux les prisons ou n importe quelle collectivit publique on essaie de trouver les produits proximit plut t qu des dizaines de milliers de kilom tres V ronique AUGER M me s ils sont deux fois plus chers Bruno LE MAIRE M me s ils sont un peu plus chers pas deux fois pourvu qu il y ait une qualit diff rente Je rejoins ce qu dit Jos Lopez attention cette id e qui s exprime dans le d bat public mais que je conteste qu il faudrait sans cesse faire baisser le budget alimentaire donc le prix des produits II faut r mun rer les producteurs correctement Beaucoup le savent je suis un grand ami de l Allemagne Je suis germanophone germanophile et je me suis beaucoup battu dans le d bat de ces derniers jours pour d fendre les Allemands C est un peuple que j aime profond ment Malgr cela je n ai jamais t subjugu par le r gime alimentaire allemand Peu de diversit
66. e cela mais je vois Necker des probl mes de ce type Ce sont des probl mes majeurs Quand l intestin gr le n existe pas il n y a pas non plus de repr sentation c r brale C est une situation gravissime Dany DOBOSZ Version Femina Je voudrais poser une question sur les strat gies parentales voqu es par Natalie Rigal autori taires permissives d mocratiques La strat gie d mocratique si j ai bien compris consisterait faire que l enfant mange mais qu on lui explique pourquoi Est ce bien cela Natalie RIGAL Cette strat gie se fonde sur des r gles souples On propose l enfant de d passer son refus mais dans un contexte chaleureux qui tient compte la fois de la communication et de la prise en compte de ses go ts 50 FONDATION NESTL FRANCE Dany DOBOSZ Et la strat gie qui consiste lui dire Tu go tes et apr s tu manges ou tu ne manges pas comment la classez vous Je pense que c est une strat gie assez fr quente Natalie RIGAL Quand on dit Tu manges cela d pend de ce que l on va mettre derri re Vous avez compris que ce qui compte et qui fonctionne le mieux c est l exposition r p t e Ce qui est impor tant court terme c est que l enfant go te Dans la plupart des fa milles il y a une bonne strat gie qui consiste dire Tu manges au moins trois cuill res Je ne sais pas si trois est un chiffre magique Cela peut tre deux ou quatre Ce qu
67. e l alimentation de l environnement et du travail partir de ce doute raisonnable comme on dit propos de tout autre chose par qui et par quoi quelle instance tes vous saisi d un probl me II y a ceux dont vous vous auto saisissez et il y a ceux qui vous sont soumis N y a t il pas un premier classement un premier tri en fonction d un caract re d urgence Philippe BAS Nous avons chaque ann e 300 saisines sur des sujets d actualit et nous avons avant m me de traiter ces saisines 1 000 dossiers d valuation de produits pour lesquels nous faisons une revue de d tail 134 FONDATION NESTL FRANCE Monique NEMER D une certaine fa on les affaires courantes Philippe BAS Oui mais de dr les d affaires courantes Parce qu il est quand m me tr s neuf dans notre pays et en Europe de postuler que des produits qui sont utilis s parfois depuis des d cen nies voire un si cle sont des produits dont il convient de r inter roger les propri t s et les risques pour la sant Qu est ce que cela repr sente en termes de ressources d exper tise L Agence dispose de 12 laboratoires regroupe 1350 agents et mobilise 850 experts venant de l ext rieur non coopt s Nous faisons des appels publics candidature nous examinons les dos siers nous vitons surtout l entre soi qui a souvent caract ris l expertise Nous avons galement d cid de rendre publiques les opinion
68. e qui a sem la panique chez tous les produc teurs de concombres en Espagne et en France Comme vous le dites dans votre livre la France est mieux quip e en mati re de s curit alimentaire que d autres pays en Europe Elle fait cole et on a vu tr s r cemment l Union Europ enne bouger ce sujet 192 FONDATION NESTL FRANCE Bruno LE MAIRE Pr cisons on parle de s curit sanitaire et non de s curit alimentaire En mati re de s curit sanitaire donc j estime que la France a probablement le meilleur dispositif au monde le nombre d infections ou d intoxications li es la consommation d aliments y est le plus faible de tous les pays d velopp s au travers de la plan te Avec le Japon Et ce n est d ailleurs pas un hasard si on retrouve le Japon et la France en t te des pays ayant la s curit sanitaire la plus lev e Je pense qu il y a un lien tr s troit entre attachement au mod le alimentaire attachement l origine des produits attachement leur diversit et qualit de la s curit sanitaire Ce dispositif la est effectivement co teux II explique que les produits co tent plus chers Mais il en vaut la peine V ronique AUGER En quelques mots un exemple pour qu on comprenne bien ce dispositif Bruno LE MAIRE Prenons celui du steak hach Chacun sait que c est un produit hautement sensible qui favorise le d veloppement tr s rapide des bact ries Si nous n
69. e d sir d aller a la recherche des substances alimentaires qui pouvaient leur permettre de se nourrir suffisamment et pen dant suffisamment longtemps pour qu ils puissent atteindre l ge de la reproduction puis pour nourrir leurs petits qui dans l esp ce humaine sont incapables la naissance et pour un certain temps de subvenir leurs besoins Il faut pour cela avoir cette motivation primordiale Nous sommes les h ritiers biologiques de gens qui ont surv cu parce qu ils trouvaient du plaisir manger donc taient motiv s cher cher leurs aliments dans leur environnement Pendant des mill naires il tait plus avantageux de manger beaucoup lorsque les aliments taient disponibles que de ne pas manger car la famine pouvait toujours survenir ou bien il pouvait se produire des v ne ments qui allaient interrompre la possibilit de s alimenter Je l ai constat dans mon laboratoire il est tr s facile de faire manger les gens Vous les mettez devant des aliments et si cet aliment est agr able ils ne se font pas prier Ce n est pas incom patible avec le contr le de l app tit Quand on a mang quelque chose il est pr f rable que ce quelque chose ait du go t et de la personnalit ce qui permet de faire l association entre le go t et les sensations de sati t qui suivent la prise alimentaire Cet v ne ment sera suivi d une dur e de sati t qui va nous permettre d inter rompre la prise ali
70. e de refuser de manger dans ces circonstances Ce que font les amn siques dans leur situation extr me nous sommes donc capables de le reproduire dans notre vie de tous les jours dans des conditions moins extraordinaires La qualit senso rielle des aliments est tr s importante aussi C est un autre chapitre de la stimulation On a voqu la figure extraordinaire de Jacques Le Magnen ce physiologiste qui a illumin le Coll ge de France de son intelligence pendant des ann es II croyait tr s fort que pour tre capable de contr ler son poids et son alimentation il fallait avoir disposition de bons aliments qui avaient du go t de la saveur et qui pouvaient commander les m canismes de faim et de sati t Si on a des aliments insipides la sati t qui s attache aux carac t ristiques sensorielles de l aliment ne peut pas se produire avec la m me efficacit Comme vient de le dire Jean Paul Laplace il faut des aliments qui aient du go t de la pr sence de la couleur une personnalit qui puissent tant t nous attirer et tant t voquer des sensations nettes de sati t qui inhibent la consommation pendant un certain temps ACTES PETITS D JEUNERS 115 Cela dit il faut bien se souvenir de qui nous sommes Nous sommes des animaux repr sentant l aboutissement du moins actuel de l volution des esp ces Au cours de cette volution nos anc tres ont surv cu parce qu ils avaient cette capacit mais aussi c
71. e manger ne s apprend pas L enfant na t on le met au sein et il sait t ter Soit Mais en fait ouvrir son r pertoire alimentaire cela 48 FONDATION NESTL FRANCE s apprend Quand l enfant est face un aliment qu il ne conna t pas ou peu il essaie de traiter l information Plus ce qu il a devant lui est compliqu plus cela va requ rir de lui une charge cognitive importante et plus il sera r ticent le go ter C est pour cette rai son que les m langes de l gumes sont peu appr ci s dans cette cat gorie la ratatouille c est pire que tout Les l gumes que vous m lez aux p tes rajoutent de la complexit donc exigent davantage de traitement cognitif Et je l ai dit quand vous changez une partie du plat c est comme si vous le changiez en totalit Quant au faible succ s des l gumes chez les enfants on a r pondu la question ils sont d un tr s faible apport nerg tique et beaucoup d entre eux ont des saveurs acides ou am res Quand on mange aujourd hui de la courgette on n en sent pas l amertume Mais on a tr s certainement t comme ces petits quand on l a mise pour la premi re fois en bouche cela nous a paru difficile Le go t cela s apprend Jouent aussi dans l acceptation d un aliment d autres l ments Prenez une compote de pommes Il se peut que si elle est faite par vous l enfant la refuse lui faut le petit pot le conditionnement vu la t l Les
72. e permettre une critique politique sur la mani re dont on utilise les recommandations de l ANSES ou d autres agences je suis toujours frapp par la surench re pour tre le mieux disant du principe de pr caution Notre Agence vous l avez rappel dit en parlant du bisph nol A il est av r que sur les animaux avec une certaine exposition il induit des d sordres endocriniens et que sur l homme on peut le suspecter Chaque mot a t scrupuleusement pes si on peut le suspecter cela veut dire qu on n en est pas cer tain Mais le jour m me o l avis sort vous avez une proposition de loi d interdiction Et si vous votez contre c est que vous tes pour exposer les Fran ais au risque majeur du bisph nol A Preuve qu il faut collectivement continuer cette p dagogie de la pr cision et de la rigueur sans cesse battue en br che par la pr cipitation que l on met en s appuyant sur les m dias qui ont plut t tendance surench rir dans l inqui tude pour faire de l audience confondre pr caution et interdiction Monique NEMER Votre d monstration est lumineuse et tr s convaincante Juste une remarque qui met en jeu les mesures provisoires et proportionn es ce sont n cessairement celles que sugg rent les connaissances scientifiques de l poque Vous faisiez allusion tout l heure au feu Pour se prot ger des risques d incendie on a ignifug l amiante Et maintenant
73. e pour les producteurs et ing rable pour les industriels En revanche si le prix du bl augmente lentement mais s rement c est g rable Cela n est pas une difficult Je le dis parce que pour les pays mergents bien entendu l id e que la France voulait ma triser contr ler ou administrer les prix les inqui tait beaucoup Et il a fallu les rassurer sur ce sujet Jos LOPEZ Je vais nouveau exprimer mon accord avec ces positions Il est vrai que cette volatilit qui n ob it pas des forces r elles d offre et demande du march pose non seulement beaucoup de probl mes mais g n re beaucoup de pertes Et je me r jouis d entendre de la part de Monsieur le Ministre qu il ne s agit pas d administrer mais de mettre des garde fous contre des activit s qui n ajoutent pas de valeur faut laisser la valeur tre transact e tout au long de la cha ne selon les forces d offre et de demande Il est tr s important de le dire et nous sommes tr s satisfaits de ces orientations nouvelles pour autant qu elles restent l int rieur de ce cadre qui a t d fini V ronique AUGER C est un sujet sur lequel on pourrait longue ment d battre J aimerais que vous vous exprimiez aussi sur un sujet qui int resse beaucoup les Fran ais la s curit alimentaire en France et en Europe On a vu r cemment le cas de biftecks qui ont entrain des pid mies d E Coli On a vu la fameuse affaire des graines en Allemagn
74. ement sur sa qualit de vie C est d abord cela la m decine APP TIT ET RASSASIEMENT L INFLUENCE DES FACTEURS ENVIRONNEMENTAUX PENDANT LES REPAS 31 MAI 2011 Intervention du Professeur France Bellisle professeur la Facult de m decine de l Universit Laval Quebec France Bellisle a fait des tudes sup rieures en psy chologie exp rimentale Montr al Elle a rejoint au Coll ge de France le laboratoire de Jacques Le Magnen Docteur d tat depuis 1982 elle a travaill dans un laboratoire de l Inserm H tel Dieu de 2 Paris puis en 2003 a rejoint l INRA et l Unit mixte de Recherche en pid miologie nutritionnelle au Centre de recherche en nutrition humaine d Ile de France L apport de ses tudes a t salu par le Prix 2007 de la recherche en nutrition France Bellisle est actuellement professeur associ la facult de m decine de l universit Laval Qu bec Les tudes men es par France Bellisle rel vent de l exp rimentation en laboratoire En d autres termes elle fonde ses conclusions non sur des d clarations mais sur des mesures Non sur les repr sen tations que se font les sujets observ s de leurs comportements alimentaires mais sur des constats quantifi s BIBLIOGRAPHIE extraits Cognitive restraint can be offset by distraction leading to increased meal intake in adult women F Bellisle et AM Dalix American Journal of Clinical Nutrition 2001 74 197 200
75. ent li s au fait qu ils sont tr s peu nourris sants Tr s vite l enfant est capable d associer son d sir de consom mer un aliment avec le fait qu il calme durablement sa sensation de faim Lune des raisons du rejet des l gumes serait donc qu ils sont tr s peu rassasiants L autre raison avanc e pour ceux qui sont de couleur verte rel ve d une interpr tation d ordre anthropologique on serait encore au XXI si cle h ritiers de cette peur archa que de s empoisonner avec des v g taux toxiques Il est vrai que le N andertal qui go tait tous les fruits et toutes les baies pour largir son r pertoire alimentaire prenait beaucoup de risques ACTES PETITS D JEUNERS 45 Patrick S ROG M decin nutritionniste Ma question va porter sur la rupture du continuum alimentaire On s apercoit que des enfants plong s dans un pays tranger et sans leurs parents se comportent y compris du point de vue alimentaire de mani re compl tement diff rente Quel sens cela peut il avoir Bernard GOLSE Je n ai pas d tude contr l e sur ce sujet mais il semblerait que peu d enfants go tent des choses nouvelles dans les pays trangers Sauf si leurs parents sont l ce qui revient la question en amont des adultes de r f rence qui garantissent aux enfants l innocuit de leurs nouvelles exp riences Pierre DETRY Directeur g n ral Nutrition de Nestl Je voudrais voquer la notion de morceau
76. erche Concernant votre question Est ce que cela sert d avoir toutes ces th ories brillantes sur la fibrose etc s il n y a rien faire L objet de notre recherche est pr cis ment d essayer de d couvrir ce que nous appelons des biomarqueurs pour faire de la 82 FONDATION NESTL FRANCE m decine personnalis e Et donc pour viter d op rer des gens si cela ne sert rien Ou de donner un patient un m dicament s il est potentiellement toxique ou inop rant C est cela l avenir de la m decine la personnalisation Et seule la recherche permettra d avancer dans cette direction votre autre question Faut il tout faire pour l enfant Ma r ponse est Oui Il faut tout faire pour l enfant Tout mais quoi quand et comment C est l que cela devient un peu plus difficile J ai insist sur les v nements pr coces ll faut travailler sur cette question La difficult est qu ils se produisent alors que l enfant a encore un poids normal n y a pas d indices visibles du probl me voire pas de probl me du tout Tracasser un enfant de 6 7 ans parce qu il est un peu rond c est ignorer que 60 des enfants sont un peu ronds cet ge sans pour autant tous devenir ensuite ob ses Conclusion on ennuie parfois davantage beaucoup d enfants pour un non probl me Mais cela futur probl me ou non probl me nous ne savons pas encore le pr dire Une des finalit s de la rec
77. ereuses Donc oui je pense vraiment que c est une grande faiblesse qu on ne retrouve pas en Angleterre de ne pas avoir int gr aux missions de base au socle des devoirs du m decin la participation d une part l pid miologie et d autre part la sant publique la pr vention et l information des d cideurs sur les dangers M Fernand SIRE d put ancien m decin Je suis galement d put et j ai t m decin g n raliste pendant quarante ans Pour moi le principe de pr caution est une notion issue des abus au niveau industriel ou g n ral et des absences de r ponse dans des 150 FONDATION NESTL FRANCE p riodes o on savait mais o on n a rien fait Donc cela a induit une suspicion l gitime parmi certaines parties de la population qui ne croient plus aux scientifiques aux m decins aux innovations est vrai que l industrie chimique a d velopp des d sherbants des pesticides des graines hybrides pour que les agriculteurs puissent les conserver Il y a toute une technique pour ne pas dire une culture de la rentabilit elle a conduit les industries faire des produits rentables et ils n ont pu faire du rentable qu en allant du c t de ce qui tait tenu pour n cessaire De mani re qui valente dans le domaine m dical on nous a plut t sorti des pro duits en s rie contre le cholest rol contre l hypertension contre le diab te parce que ce sont des ma
78. ernard Golse pr cise qu il va cen trer son intervention sur le d veloppement du b b et ses troubles ventuels puisque c est l une des lignes prioritaires du service qu il dirige Necker Enfants Malades En effet y est men un projet de recherche le projet PILE Programme International pour le Langage de l Enfant centr sur le rep rage de pr curseurs c est dire de signes d alerte dont l identification pr coce pourrait permettre non pas de pr dire mais de pr venir d ult rieurs troubles de la com munication non verbale et verbale notamment dans l acquisition du langage Or il y a des liens tr s forts dans les deux cas cela passe par la bouche entre le syst me alimentaire pr coce et le langage L oralit est l un des grands chantiers du d veloppement du b b Elle ne se r duit pas l alimentation mais concerne aussi tout ce qui nous permet de prendre en nous d incorporer des informa tions venues de l ext rieur Toutefois l alimentation en est le mo d le le plus concret en m me temps que le plus symbolique Notre 34 FONDATION NESTL FRANCE langage auquel il faut toujours faire confiance pour signifier davan tage qu il ne semble en t moigne dans ses m taphores les plus fa mili res Quand on regarde un tre aim ou admir on le mange ou d vore des yeux Quand on coute avec int r t et attention on boit les paroles de celui qui parle II s agit
79. ersubjectivite via l int gration de la polysensorialit Elle est fondamentale enfin comme m diatrice du plaisir dans toutes les dimensions de l oralite Pour ne rien dire du plaisir des psychanalystes pas m contents d avoir per u impor tance de cette dimension un peu avant les autres Plus s rieusement tout ceci fait que l alimentation qui passe par la bouche c est dire par cet espace charni re entre le dehors et le dedans est essentielle non seulement pour survivre mais aussi pour construire Sa personne son soi et assurer son d veloppement D BAT Monique NEMER avant de donner la parole la salle note qu au d but de son intervention le professeur Golse a rappel ces expressions du langage quotidien que sont manger des yeux boire les paroles Elle souligne que ces expressions qui lient go ter et parler sont l gion On parle d un accent savoureux d une plaisanterie sal e d un ton acide sucr ou mielleux Et qu il s agisse de m taphores n emp che pas que ces expressions soient imm diatement intelligibles ceux qui les entendent Ce qui montre qu un certain lieu go t et langage entretiennent effectivement des relations profondes Patrick TOUNIAN P diatre l h pital Armand Trousseau Cette question est pour Natalie Rigal Je vois souvent en consultation des enfants d une dizaine d ann es hyper s lectifs Ils ma
80. es des th rapeutes et des m decins nutritionnistes fran ais Il y a d ailleurs une abondante litt rature scientifique qui aborde diff rents aspects du contr le des comportements alimentaires En Am rique du Nord il y a une tr s forte attention port e ces l ments de contr le du comportement Car donner des patients qui souhaitent maigrir exclusivement des conseils alimentaires ACTES PETITS D JEUNERS 117 alors qu ils sont dans un environnement qui va leur faire manger tout fait autre chose que ce qu on leur a prescrit c est aller une d route certaine Une p diatre Ce que vous dites de la m moire est tr s int res sant J ai remarqu dans ma pratique de p diatre qu un moyen de moins faire manger une petite fille qui avait tendance grossir tait de la faire jouer la dinette avec les m mes aliments qu on lui donnerait ensuite manger C est mon exp rience personnelle mais je pense que ce serait des exp rimentations tr s int ressantes faire en cr che En cr che on peut jouer Je fais m me jouer les enfants avec de vrais aliments Je me fais parfois mal voir parce qu ils mettent du Nesquik partout Mais pour une petite fille qui a tendance l embonpoint cela cr e des m canismes de m moire qui lors du repas lui donnent l impression d en avoir d j mang France BELLISLE Je suis tout fait d accord avec vous Il faudrait exp rimenter en ce sens et publier les r sultats Je
81. es que le diab te la st atose h patique l hypertension l inflammation articulaire l asthme Voire des troubles de l humeur Ainsi le champ de la recherche sur l ob sit va bien au del de l alimentation Le d s quilibre nerg tique reste l l ment cen tral incontournable mais d autres dimensions interviennent dont la connaissance permet d interpr ter des situations qui jusqu pr sent demeuraient inexplicables particuli rement sur le caract re 72 FONDATION NESTL FRANCE chronique et volutif de la maladie existe une telle h t rog n it clinique une telle vari t de d terminants de processus biologiques cellulaires de cons quences sur l ensemble de l organisme qu il devient difficile de parler de l ob sit au singulier Cette h t rog n it biologique se double d une h t rog n it au moins gale vu du champ des sciences sociales environne ment conomie processus de prise de d cisions etc L apport des sciences sociales la r flexion clinique est consid rable C est le cas des travaux sur l conomie comportementale dont l un des objectifs est de d crire et dexpliquer pourquoi dans certaines situations les tres humains adoptent un comportement qui peut sembler paradoxal ou non rationnel Certains des concepts la bor s par les chercheurs dans cette discipline s av rent pr cieux pour la r flexion sur la pr vention voire pour la prescription
82. essay d utiliser cela cliniquement lors de programmes de traitement Est ce que cela fonctionne aussi dans le domaine des troubles de comportement France BELLISLE Ce qui est bien document ce sont les interactions sociales Lorsque l on met en pr sence au moment d un repas des gens qui vont manger spontan ment et un complice exp rimentateur qui mange tr s peu on voit que l ensemble des convives va s orienter vers celui ci pour r gler son alimentation A l inverse si une personne mange beaucoup cela va d sinhiber le comportement de beaucoup Mais ceci n a pas t suffisamment test Nous avons des donn es tr s court terme Or quand on aborde des probl mes long terme comme la surcharge pond rale et l ob sit on ne peut pas se contenter de r sultats imm diats II faut voir si les effets se prolongent dans le temps Pour les ob ses sauf les mettre sous cloche il y a ce qui se passe au moment des repas mais aussi ce qui se passe entre les repas Quelques donn es exp rimentales montrent que des ob ses dans certaines ACTES PETITS D JEUNERS 119 circonstances peuvent ajuster leur prise alimentaire sur le compor tement de personnes qui partagent leur repas Est ce suffisant pour avoir un impact sur l volution pond rale Pour le moment on n en sait encore rien Et cela para t quand m me assez limit comme d marche Claude FISCHLER On a mis l accent jusqu pr sent sur l incita ti
83. ette probl matique li e la question des stocks Si on leur demande d tablir un bilan en ne connaissant que les entr es et les sorties ils ne seront pas en mesure de conclure D sormais une des questions de la recherche est d identifier ce qui pourrait faire augmenter ces capacit s de stoc kage ind pendamment de l alimentation Ce que je vais voquer maintenant pour expliquer le d veloppe ment dit pid mique de l ob sit demeure dans le domaine des hypoth ses encore pr liminaires Cela concerne un certain nombre de d terminants suspect s d avoir un r le sans qu il soit encore 68 FONDATION NESTL FRANCE possible de le leur assigner de mani re certaine dans ces capacit s de stockage Il y a les m dicaments On le sait les Francais en sont grands consommateurs ll en existe un certain nombre les corti co des qui sont bien connus mais aussi l insuline les hormones les st ro des certains antidiab tiques des neuroleptiques dont on peut penser qu ils ont une action sur les cellules adipeuses Il existe aussi une th orie concernant les polluants Celle ci est vraiment tout fait mergente On conna t le d bat autour du Bisph nol A qui est l exemple d un produit non calorique associ l alimentation qui pourrait contribuer en tout cas chez l animal au d veloppement des adipocytes Le tissu adipeux n a pas simplement pour fonction de stocker l nergie il est aussi une ponge qui
84. euvent tre remises en cause ult rieurement est donc certain que ce principe de r interrogation est tr s impor tant M me si cela implique une t che proche de celle de Sisyphe La seconde chose qui me para t passionnante c est la place faite aux opinions minoritaires Sans doute n est on pas un chercheur et un d couvreur si on n a pas un moment une opinion minori taire On voit rarement dans l histoire de la science une opinion neuve qui s av rera ult rieurement juste tre d embl e majoritaire Mais pour en revenir au principe de pr caution il me semble que la question centrale est celle de la pr visibilit du risque Et c est une question extraordinairement compliqu e II y a l attitude la Hans Jonas qui en derni re instance revient pr coniser de ne rien faire du tout de ne pas bouger Ce qui au demeurant vous venez de le montrer en parlant de r interrogation ne garantit pas vraiment qu il n y ait aucun risque nagu re inaper u Toutefois si l on veut allier la notion de progr s et celle de pr caution demeure le probl me du temps La dur e de la recherche scientifique rel ve du long terme il faut sur bien des sujets de la patience avant qu on puisse avoir pas m me une certitude mais une indication cr dible que le curseur se mette plut t d un c t 136 FONDATION NESTL FRANCE que de l autre N est ce pas un probl me pour
85. fluence que pouvait avoir la pr sentation des aliments sur une petite assiette France BELLISLE I y a une vaste litt rature sur le sujet La pr sentation de l aliment la taille de la portion la couleur la temp ra ACTES PETITS D JEUNERS 121 ture les aspects sensoriels dans leur ensemble sont importants est d montr que lorsque l on pr sente une grande portion faim gale les gens mangent plus que si on leur pr sente une plus petite portion Lorsque vous avez ouvert un pot de yaourt vous le mangez int gralement quelle que soit sa taille Que vous ayez faim ou non la taille de la portion va tre tr s importante pour d terminer ce que vous allez manger Il faudrait aussi aborder toute cette litt rature sur la sati t sen sorielle sp cifique qui nous apprend que lorsque nous avons des aliments vari s par leur couleur leur aspect leur temp rature leur texture bref par toutes les dimensions sensorielles nous allons manger davantage que lorsque les aliments pr sent s sont uniformes Pour r pondre de fa on trop br ve cette question oui il y a beau coup d tudes sur ces importants sujets Leur influence commence tre tr s bien mesur e mais il y a encore beaucoup faire FAUT IL ENVISAGER DES LIMITES L APPLICATION DU PRINCIPE DE PRECAUTION 11 OCTOBRE 2011 Intervention de M Philippe Bas S nateur de la Manche Ancien Ministre de la Sant et des Solidarit
86. herche est d tre pr dictive afin de permettre je l ai dit des interventions personnalis es Ce n est pas facile d autant que nous sommes dans un domaine particuli rement complexe o interagissent fortement des facteurs psychologiques sociaux conomiques Agir oui bien s r mais avec prudence et sans m conna tre l importance de ces interactions de diff rents facteurs Pierre DETRY Directeur G n ral Nestl Nutrition Tout d abord Pro fesseur Basdevant merci infiniment pour cet expos la fois tr s ACTES PETITS D JEUNERS 83 riche et si clair que je crois en avoir tout compris Je voudrais revenir sur un point sp cifique les v nements pr coces comme vous les nommez et l importance de la nutrition de la m re pendant la grossesse On conna t l importance d une alimentation sp cifique pour la petite enfance de z ro trente six mois qui permet d viter les exc s et les carences Peut on transposer l information que vous avez Sur la nutrition de la m re au niveau de la nutrition du jeune enfant Y a t il une habitude alimentaire pr coce permettant d vi ter ensuite des carts ou des exc s Arnaud BASDEVANT Ce n est pas mon domaine de comp tence faudrait interroger Nathalie Rigal ou des sp cialistes du condition nement et de l apprentissage pr coce de l enfant Mais je vais vous dire mon point de vue l apprentissage et le conditionnement c est la libert Leur perte ou le
87. i est important c est donc que l enfant go te II ne va pas modifier sa pr f rence apr s un seul essai Des d go ts peuvent s installer dans un seul essai mais pas une pr f rence C est la rai son pour laquelle dans les cr ches o nous allons faire des tudes exp rimentales on ne va pas s en tenir une seule consommation Ce seront des consommations r p t es o l on demandera chaque fois l enfant de go ter Dany DOBOSZ y a des exp riences qui ont d j t faites no tamment dans les coles maternelles Avez vous les r sultats de ces exp riences qui ont t men es par exemple sur les endives que les enfants ont eu go ter Natalie RIGAL Je pense tre assez vigilante en termes de veille scientifique sur la n ophobie mais je n ai pas connaissance de ces tudes ll y a partout en France de nombreuses initiatives de ce genre qui ne font pas n cessairement l objet de publications scien tifique stricto sensu ACTES PETITS D JEUNERS 51 Fran ois CHIEZE Directeur de cabinet de Nadine MORANO Ministre charg e de l Apprentissage et de la Formation professionnelle Tout ce qui a t dit est passionnant mais m inqui te d autant plus qu on a l impression que le temps de l alimentation particuli rement le temps consacr l allaitement quelle que soit la m thode est de plus en plus raccourci Peut tre cela d pend il des milieux sociaux et l les tudes men es seront t
88. i vous avez d cid que votre enfant dira bonjour d s qu il rencon trera quelqu un et que sinon il sera puni vous pourrez tre amen constater que c est sans effet Pourquoi Parce que l enfant est l avec ses propres sp cificit s elles aussi nombreuses Des sp cifici t s qui se retrouvent dans le domaine alimentaire o sa sensibilit gustative et olfactive est en grande partie g n tiquement d termin e Ainsi certains enfants qui naissent avec une perception de l amertume beaucoup plus fine que d autres Une tude longitudinale a montr que les enfants les plus sensibles l amertume d s la naissance sont les enfants qui seront les plus difficiles nourrir l ge de 2 ans Avoir une grande sensibilit gustative et olfactive est certainement un avantage l ge adulte on peut devenir par exemple un grand no logue capable d appr cier les grands vins dans toute leur richesse Mais lorsqu on est enfant qu on est en train d apprendre manger c est un inconv nient parce que tout ce que l on met dans sa bouche procure des sensations tr s fortes Il faut donc plus de temps et davantage d exp riences pour en venir appr cier un nouvel aliment C est donc sa sensibilit chimio sensorielle qui constitue la pre mi re sp cificit de l enfant La seconde revoie un concept tr s uti lis en psychologie qui a certes des limites m thodologiques mais qui demeure op ratoire le
89. iction est que nous sommes guid s aussi par autre chose Non que la faim n ait pas d importance C est l un des r sul tats que nous avons pu mettre en lumi re en comparant les donn es fran aises aux donn es nord am ricaines En Am rique du Nord l un des d terminants essentiels de la taille d un repas est le nombre de personnes qui y participent Ainsi il a t observ dans des enqu tes en Am rique du Nord aussi bien d ailleurs qu en Europe que la taille du repas correspondant son volume ou sa charge nerg tique est plus lev e en proportion du nombre de convives Cela a peu voir avec ce qui a t cuisin mais d crit ce qui se passe quand une personne se pr sente table dans diverses circonstances de repas la maison au restaurant la cantine etc Plus il y a de personnes qui forment le groupe de convives plus les gens mangent abondamment Non pas parce qu il y a plus d aliments mais cause de diff rents facteurs comme la dur e du repas qui est d autant plus longue que les convives sont nombreux et que les interactions entre eux sont complexes C est ce que l on appelle la stimulation sociale manger Ce ph nom ne est d ail leurs observ chez les animaux en particulier les animaux d levage qui mangent davantage lorsqu ils sont r unis plusieurs La taille des portions est une autre notion Lorsque des portions sont pr d termin es les convives mangent
90. ie biologie et comportement Ces interac tions ne sont ni sens unique ni limit es un moment donn Le biologique g n re du comportemental des modifications primaires de capacit de stockage peuvent d clencher des comportements visant satisfaire ces capacit s de stockage R ciproquement le comportemental g n re lui aussi du biologique Un d s qui libre chronique de la balance nerg tique finit par alt rer le tissu adipeux et rendre les efforts des patients moins efficaces il faut tre conscient des limites que la biologie impose aux effets des modifications comportementales que demande la m decine La nutrition le comportement alimentaire et ses troubles sont des domaines de recherche d une extr me densit qui doivent per mettre aux cliniciens d tre mieux m me de faire face des situa tions individuelles souvent difficiles d m ler et pour lesquelles les outils strat giques ne sont pas encore d une grande pertinence Quelques mots sur le plan Ob sit dont je suis responsable Il y aura trois parties que le rapport de la commission r unie par Anne de Danne a fait merger Organisation des soins Pr ven tion Recherche 74 FONDATION NESTL FRANCE Pour ce qui est de l organisation des soins il faut faire face plusieurs probl mes D abord le diff rentiel social comment donner acc s aux soins tout le monde alors que le syst me lib ra
91. il n y a pas que dans le domaine de la s curit sanitaire qu on a d gain la loi tour de bras chaque fois qu un fait divers faisait la Une de l actualit Mais il faut quand m me faire attention nos soci t s sont je le disais tout l heure extr mement complexes et en m me temps extr mement d stabilis es Elles ont besoin de coh rence Elles ont besoin aussi et surtout qu on ait du sang froid et des nerfs solides Dans votre propos un autre aspect m int resse beaucoup c est votre question Et les m decins dans tout a Dans notre pays on l a encore vu de mani re clatante avec l affaire du Mediator les m decins ne sont pas suffisamment mobilis s au service de la sant publique Ils sont accapar s par le service du malade nous avons de ce point de vue une m decine d une exceptionnelle qualit En outre ils sont submerg s de travail dans la p riode actuelle except pour ceux qui sont en surnombre dans nos villes et attendent le patient d sesp r ment toute la journ e Mais la plupart d entre eux sont d bord s Et ils n admettent pas facilement qu on leur demande de contribuer l information sur les risques et la prise de d cision sur la pr vention on a pourtant le plus grand besoin d eux Pour en revenir l affaire du Mediator si nous avions eu un syst me dans lequel nous avions non seulement demand aux m decins de rendre compte de ce qu ils constataient ma
92. il y a des maraichers qui ont pour marque leur nom leur photo et celle de leur pouse appos s sur les quelques fruits qui sont mis l talage De ce fait ls engagent avec le consommateur une rela tion qui va bien au del du simple apport des calories n cessaires sa vie journali re Il y a la tout un syst me ou une typologie de relations qui m rite r flexion Et sur lesquels les recherches men es par des Fon dations comme la n tre sont essentielles II s av re n cessaire de mettre en rapport le consommateur et le syst me d approvisionne ment Pour en revenir vos r flexions sur le d tail je crois que notre attention ce point est insuffisante aujourd hui en Europe Cela passe sans doute par une nouvelle approche de la distribution qui est le point de rencontre en fonction de l argent disponible du consommateur entre le choix de l achat de nourriture et d autres choses Comme l id e est qu il est normal de d penser des sommes normes pour faire des download sur son t l phone por table la cons quence en est qu au moment o l on va faire des achats de nourriture il faudra aller au meilleur march Quand on voit quel est l impact d une application iPhone et l impact d un bon pain d un bon fruit ou d un bon fromage il serait quand m me utile de relativiser Nous sommes un peu rest s sur le bord de la route dans le domaine de l ducation au go t des bonnes
93. inanc e A NS par la Fondation Nestl France dont les r sultats seront ins r s au sein du projet G n ration b b a du go t initi par la Fon dation exp rience pilote autour de l ducation au go t du jeune enfant BIBLIOGRAPHIE extraits La naissance du go t Comment donner aux enfants le plaisir de manger Natalie Rigal Agn s Vienot ditions 2000 Apprendre nos enfants manger avec leurs motions Brigitte Boucher et Natalie Rigal ditions Marabout 2005 Diversification alimentaire et construction du go t Natalie Rigal Archives de P diatrie 17 212 217 2010 Aliments ou nutriments qu apprendre aux enfants N Rigal In Traiter ob sit et le surpoids J P Zermati G Apfeldorfer amp B Waysfeld Eds Odile Jacob Paris 2010 Le plaisir de manger chez I enfant importance du contexte socio affectif N Rigal In B Schneider Ed Emotions interactions et d veloppement pp 133 148 L Harmattan Paris 2001 M decin p diatre p dopsychiatre et psychanalyste l Association psychanalytique de France APF le professeur Bernard Golse est chef de service l H pi tal Necker Enfants malades Paris et professeur l Universit Paris Descartes ll a travaill avec Serge Lebovici sur la psychiatrie p rinatale et du nourrisson et s est tout particuli rement pench sur la question du d veloppement des processus de s miotisation et de symbolisation
94. ion de l Agence par rapport la soci t 154 FONDATION NESTL FRANCE Avant tout chose je voudrais noter combien le poids des mots est important Les mots finissent par tre interpr t s au del de ce qu ils disent et de ce qu ils visent J voque en l occur rence la notion de conflit d int r t Il y a un grand besoin de p dagogie sur cette notion d sormais porteuse de toutes les suspicions Or celui qui d clare un possible conflit d int r t ne devrait pas tre per u comme un suspect mais au contraire comme quelqu un qui cherche la transparence Autre exemple de difficult de langage la diff rence entre danger et risque Les deux mots sont utilis s l un pour l autre alors qu ils recouvrent des notions bien distinctes Exemple y a un norme danger tomber du haut d un gratte ciel mais e risque de tomber du haut d un gratte ciel est tr s faible On mesurera imm diatement la diff rence des notions Bien s r tomber du haut d un gratte ciel est pour le moins dange reux mais le risque notion d ventualit de tomber du haut d un gratte ciel est extr mement limit C est l aussi un probl me p dagogique Mais dans une soci t qui a tendance a simplifier les difficult s li es une mauvaise interpr tation et utilisation des telles notions vont poser de plus en plus de probl mes Le deuxi me point c est le parti pris de confiance vous l
95. ir d un tel consensus sur leurs vrais enjeux INTERVENTIONS DE M BRUNO LE MAIRE ET DE M JOS LOPEZ M Martial ROLLAND PDG de Nestl France Monsieur le Ministre Mesdames et Messieurs les parlementaires Mesdames et Messieurs c est un v ritable plaisir pour moi de vous accueillir ici au sein de la Fondation Nestl France Je tiens particuli rement remercier Mon sieur Bruno Le Maire Ministre de l Agriculture de l Alimentation de la P che de la Ruralit et de l Am nagement du territoire d tre parmi nous aujourd hui Je sais son agenda extr mement charg c est donc v ritablement un privil ge galement avec nous pour participer cet change Monsieur Jos Lopez Directeur G n ral de Nestl en charge des op rations de Nestl dans le monde Comme vous le savez tous la Fondation est fortement engag e dans la transmission des bonnes pratiques alimentaires fran aises principalement au travers de deux p les Tout d abord le p le Comprendre avec plusieurs projets de recherches mais aussi le p le Agir puisque c est essentiel pour la transmission qui doit se manifester en acte Je suis donc heureux d ouvrir ce d bat sur l alimentaire et l agroalimentaire dont je ne doute pas qu il sera passionnant 172 FONDATION NESTL FRANCE Mme V ronique AUGER r dactrice en chef Europe de France 3 Je suis ravie d animer ce d bat qui est un prolongement du livre d entretie
96. is aussi un syst me qui surveillait mieux les prescriptions faites en dehors des indications des m dicaments cette affaire aurait t beaucoup plus vite r solue ACTES PETITS D JEUNERS 149 J ai rencontr beaucoup de jeunes m decins sortant de la Facul t de m decine qui allaient faire des remplacements chez des coll gues Ils constataient parfois qu ils taient chez un coll gue dont la patient le tait principalement compos e de gens ob ses ceux ci pendant les vacances de leur praticien habituel venaient voir le jeune m decin pour lui demander le renouvellement de leur pres cription de M diator Or ces m decins ont t moign devant moi qu ils s y refusaient Car pour un m decin il est assez logique compte tenu des r gles qu on apprend en Facult de m decine de ne pas prescrire le M diator en dehors de ses indications Et s agissant d un m dicament rembours la S curit Sociale pouvait ais ment constater que par rapport au moment de l admission sur le march o l on value le co t au niveau national ce co t tait multipli par trois Si devant ce constat la S curit Sociale s tait dit a co te trois fois plus cela veut dire qu on en a prescrit trois fois plus que ce qui tait pr vu Mais il n y a pas trois fois plus de personnes pour lesquelles c est justifi on lan ait une enqu te et on constatait qu il tait prescrit en dehors de ses indications dans des conditions dang
97. ision que j ai prise il y a quelques jours de refuser cat goriquement la r introduction des farines animales en France Parce que j estime que les assurances donn es aujourd hui sur leur innocuit sont insuffisantes pour autoriser leur r introduc tion Tout le monde me tombe dessus en me disant n y a pas de probl mes vous devriez l autoriser Je le redis tr s fermement tant que je serai Ministre de l Agriculture on ne r introduira pas les farines animales dans ce pays Tout simplement aussi parce que m me si les conditions de s curit taient r unies les conditions de confiance ne le sont pas Et si je prenais cette d cision je suis certain qu on verrait dans les jours qui suivent un effondrement de la confiance du consommateur dans la s curit sanitaire de notre dispositif alimentaire Avec des cons quences conomiques certai nement d sastreuses V ronique AUGER nous reste peu de temps pour conclure Mais vous couter avec toutes ces r gles et ces v rifications je me dis qu tre charg de l agroalimentaire en France tant sur le plan politique qu industriel cela ne doit pas tre vident Bruno LE MAIRE C est effectivement tr s difficile mais s agissant de ces industries c est aussi la condition de leur succ s S il n y avait 198 FONDATION NESTL FRANCE pas de garanties en termes de s curit sanitaire de diversit et de qualit des produits l industrie agroalimen
98. istiquement en Europe en Am rique du Nord dans toutes les soci t s o on a fait cette mesure au surpoids Cela est av r mais pourquoi On peut penser que lorsqu on regarde la t l vision on est dans une forme de passivit on ne bouge pas donc on a des d penses nerg tiques diminu es C est une vidence Mais est ce que le fait de regarder la t l vision pr cis ment au moment du repas va influer sur la prise alimentaire Pour r pondre a cette question j ai appli qu nouveau la m thode des tests reproduisant en laboratoire la ACTES PETITS D JEUNERS 103 situation de repas chez des humains bien portants s agissait de repas pris dans une salle manger certes exp rimentale mais qui se rapprochaient au maximum des circonstances habituelles des repas avec un cadre ad quat et des aliments pertinents pour un repas donn Dans cette situation de repas agr able sans tre extravagante nous avons demand des gens dont nous avons pris la pr cau tion de contr ler l tat de faim pr alable de venir consommer un d jeuner standard pendant plusieurs semaines D une semaine l autre ce qui changeait n tait ni le menu ni la personne qui venait manger ni son tat de faim mais l environnement dans lequel cette personne mangeait Et on a constat dans l une des premi res tudes faites il y a une dizaine d ann es les volontaires taient des femmes adultes que lorsque
99. it sanitaire laiti re ni la cha ne du froid II y a eu un certain nombre de scandales sanitaires pouvantables en Chine avec l mergence d une opinion publique qui r agit maintenant tr s fortement qui n accepte pas que des b b s meurent parce que le lait est empoisonn comme cela a t le cas Dans ce domaine aussi il y a des d bouch s des perspec tives tout fait exceptionnelles ACTES PETITS D JEUNERS 189 Troisi me r volution celle du go t Elle explique la consom mation en tr s forte hausse du vin et d un certain nombre d alco ols fran ais en Chine L ouverture du march chinois aux produits viticoles fran ais explique tr s largement que nous ayons repris la premi re position mondiale Et ne nous trompons pas n ayons pas une vision condescendante voire un peu m prisante de ce mar ch chinois Je suis all il y a quelques jours avec certains de mes conseillers c tait un vrai bonheur visiter Ch teau Latour On a go t les vins qui sont exceptionnels On nous a expliqu que pour Ch teau Latour la Chine repr sente 60 des d bouch s avec des bouteilles qui valent je le rappelle 1000 euros pour les moins ch res Je me disais Tout de m me c est un peu du g chis J arrivais avec mes a priori et mes pr jug s convaincu que les Chinois ne connaissent pas grand chose aux vins fran ais et ne savent certainement pas faire la diff rence entre un Ch teau Latour et un vin p
100. l en ma tiere de nutrition est principalement en secteur 2 c est dire le secteur conventionn honoraires libres Ensuite comment assu rer la qualit des soins alors que nous ne disposons pas des v hicules de transport des IRM des lits d hospitalisation des sites d op ra tion adapt s aux corpulences des patients concern s Nous excluons ainsi de la m decine moderne 3 4 de la population Et aussi comment organiser la fili re de soins du premier recours jusqu aux centres les plus sp cialis s Enfin comment viter les discrimina tions l embauche pour contracter un emprunt ou pour voyager en avion Ce sont des sujets d importance qu il nous faudra traiter Pour ce qui concerne la pr vention nous sommes convenus d articuler nos travaux avec ceux du plan Programme Alimenta tion du Minist re de l Agriculture et le PNNS L id e que nous souhaitons faire pr valoir dans la pr vention c est moins d injonc tions et plus de facilitations S agissant de la recherche nous allons r fl chir aux grands axes que nous pouvons d velopper sur quelques questions cl s de bio m decine je les ai voqu es tout l heure mais aussi sur les pro cessus de d cisions de choix des consommateurs sur les in galit s sociales de sant sur les processus de production d accueil des recommandations nutritionnelles Et aussi sur les questions d co nomie de sant publique s agira de voir
101. l vision allum e on a tendance manger davantage Susanne Higgs qui conna t tr s bien ces travaux a fait venir des volontaires plusieurs fois pour d jeuner en laboratoire leur tait alors propos une quantit fixe de nourriture ni trop ni trop peu c tait un d jeuner raisonnable et tr s vraisemblable Pendant ces d jeuners pour certains la t l vision tait allum e pour d autres non ce moment les volontaires ne pouvaient pas manger plus ou moins en fonction de cette pr sence de la t l vi sion puisque la taille du d jeuner tait dans les deux situations rigoureusement d termin e par l exp rimentatrice et identique Dans l apr s midi les volontaires revenaient au laboratoire pour une collation Ceux qui avaient d jeun ce jour l devant la t l vision mangeaient davantage cette collation de l apr s midi que ceux qui avaient pris leur d jeuner sans t l vision donc avaient pu se concentrer sur leur repas Conclusion essentielle les cerveaux de ces derniers avaient fait leur travail un suivi de ce qui tait mang L attention port e au d jeuner leur a permis de consommer moins dans les heures qui suivaient Nous sommes actuellement dans une phase tr s stimulante de notre travail de psychologues exp rimentaux Nous avons point 108 FONDATION NESTL FRANCE des variables importantes pour d terminer la taille des repas et leur charge nerg tique et nutritionnelle sel
102. la t l vision tait allum e dans la pi ce o elles d jeunaient ces femmes mangeaient 15 20 davantage que si elles consommaient le m me repas le m me jour de la semaine la m me heure de la journ e et dans le m me tat de faim mais sans t l vision C tait une premi re indication int ressante En poussant l ana lyse des r sultats de cette tude je me suis aper ue qu il y avait une diff rence une variabilit dans cette propension manger davantage lorsque la t l vision est allum e Ces variations taient associ es quelque chose que l on conna t tr s bien d sormais une caract ris tique individuelle que l on appelle la restriction cognitive Lintensit de la restriction que l on s impose soi m me pour contr ler son poids est quelque chose d assez chronique les femmes savent tr s bien de quoi je parle Depuis leur adolescence au moins elles font tr s attention leur nourriture De temps en temps elles se res 104 FONDATION NESTL FRANCE treignent d cident de faire un r gime certaines poques la fin du printemps c est quasiment une pid mie Certaines femmes ont un contr le tr s puissant tr s continu de leur prise alimentaire Or ce sont pr cis ment ces femmes qui sont d autant plus sus ceptibles d tre d sinhib es lorsque la t l vision est pr sente dans l environnement donc de manger plus Ces constats ont t confirm s puis affin s par beaucoup d
103. ladies r pandues o il y avait beaucoup gagner Les petites maladies les choses simples on les a peu tudi es Lorsque j ai fait mes tudes de m decine il y a quarante ans on m a appris que l amiante tait canc rig ne II y a quarante ans et ce n est que vingt ans apr s qu on l a interdite y a galement qua rante ans on m a appris qu il tait dangereux d utiliser l hormone de croissance parce qu elle provoquait des maladies graves Dix ans apr s on s en est aper u Cela faisait pourtant partie des bases de notre enseignement Philippe BAS C est d ailleurs tr s rassurant ce que vous dites Ce qui est inqui tant c est que ce savoir ait t sans cons quences Fernand SIRE Le professeur tait parfaitement inform puisqu il nous l enseignait Mais ensuite il y a eu une carence et une inqui tude qui ont donn le principe de pr caution Avec un nouveau pro bl me les d rives des associations maintenant qui sont contre ACTES PETITS D JEUNERS 151 tout et qui se rapprochent un peu des d rives sectaires religieuses Plus vous les contrez plus elles s arc boutent Peut tre y a t il un manque de communication propos du M diator quand on est venu me le pr senter il y a trente ans ce n tait pas pour le diab te On m a dit que c tait un m dicament prescrit aux gens ob ses pr diab tiques atteints de triglyc rid mie Ce fut la premi re indication du M
104. le menton que la m re ramasse avec la cuill re la limite est moins tranch e plus apprivoisable avec le fluide qu avec le morceau Patricia CHAPELOTTE Pourquoi nos enfants aiment ils les p tes la pur e de pommes de terre mais pas celle de l gumes verts Pour quoi d s qu on leur donne des frites du steak hach du jambon pur e cela marche Pourquoi aiment ils les pizzas Et pourquoi d s que l on essaie de faire des plats un peu plus compliqu s ou qu on tente de glisser quelques l gumes verts dans les p tes ce n est pas gagn Que se passe t il dans la t te des enfants pour que ce soit seulement avec les produits basiques qu on gagne tous les coups Natalie RIGAL Vous avez r pondu vous m me la question Dans les aliments les plus appr ci s des enfants qui finalement sont de ce point de vue peu diff rents des adultes la densit nerg tique entre en compte et c est vrai d s l ge de deux ans II y a une corr lation de 65 ce qui est norme pour un comportement aussi complexe que l acte alimentaire entre la densit nerg tique des aliments et le choix alimentaire D s 24 mois les enfants ont appris reconna tre ce qui les calme et les rassasie durablement L autre partie de votre question est pourquoi lorsqu un plat est disons panach il est plus difficile de le faire accepter C est que l enfant est en train d apprendre manger On a l impression qu
105. lent tre remplies Lorsque l on consid re que l ob sit r sulte du fait qu on mange trop et qu on ne bouge pas assez on se r f re la premi re hypoth se un d s quilibre entre le d bit ACTES PETITS D JEUNERS 67 d entr e et le d bit de sortie d nergie au niveau du tissu graisseux Ce qui permet de dire que le primum movens de l ob sit c est que l on mange trop et que l on ne d pense pas assez L autre hypoth se mergente non exclusive de la th se premi re mais compl men taire est qu il pourrait exister des circonstances dans lesquelles l anomalie primaire de l ob sit est une augmentation des capacit s de stockage Ce qui signifie que l anomalie serait d abord le fait que l on poss de des cellules capables de stocker davantage ou bien des cellules plus nombreuses et que le comportement vien drait secondairement au service de cette anomalie C est un d placement dans les concepts physiopathologiques d importance Actuellement la recherche porte donc beaucoup sur la question de savoir pourquoi certaines personnes auraient des capacit s de stockage plus importantes que les autres Est ce d l alimentation ou d autres facteurs Et parmi ces derniers y en aurait il de non caloriques c est dire capables d augmenter les capacit s de stockage ind pendamment de la quantit d nergie que l on consomme et que l on d pense Les conomistes comprennent tr s bien c
106. lorie c est une calorie Certains d ailleurs produisent des produits agri coles pour les mettre ensuite dans une voiture Une calorie ce ACTES PETITS D JEUNERS 181 n est qu une calorie donc on peut la mettre dans du biocarburant Ce que je voulais dire c est qu il faut d velopper l envie de faire progresser cette partie du revenu consacr la nourriture mais en en expliquant les motifs Il y a des raisons pour lesquelles les gens doivent payer ce que les choses co tent Parce qu en fin de compte c est exactement ce dont nous sommes en train de re parler Il ne s agit pas de payer plus pour mieux r tribuer la fili re Par mer cantilisme En v rit nous ne payons pas ce que cela co te Une anecdote tr s r v latrice j tais en Chine et je me suis entre tenu avec une fermi re qui a une douzaine de t tes de b tail Je lui al demand si elle avait des enfants Elle m a dit Oui j ai une fille Je lui ai demand Est ce qu un jour elle voudra reprendre votre exploitation Elle a cru que je l injuriais Elle m a dit Ma fille sera pharmacienne Monsieur Si toute la cha ne adopte ce point de vue de quoi sera fait l avenir Comment va t on manger ll y a quand m me des questions fon damentales qui se posent aujourd hui Elles sont d ailleurs tr s bien expos es dans ce livre Nourrir la plan te y a des tensions en train de se cr er dans les sy
107. ls et tels risques Mais nous n avons pas pu conclure Car l Agence n est l ni pour rassurer ni pour inqui ter elle est l pour dire la v rit avec ses ventuelles limites Une des choses tr s int ressantes de cette Agence dont je pr side le Conseil d administration est pr cis ment la composition peu ordi naire de ce Conseil Il y a des repr sentations habituelles comme celles des minist res ils sont cinq qui sont parties prenantes de son tra vail Mais aussi des participations plus originales des industriels des associations qui s occupent d environnement des lus repr sentant les collectivit s territoriales qui elles aussi ont des d cisions prendre par exemple pour leurs quipements et qui peuvent tre concern s par l application du principe de pr caution Nous avons naturellement des repr sentants du personnel Et des partenaires sociaux syndicats et organisations patronales C est d ailleurs un syndicaliste de la CFTC qui a t r cemment lu vice pr sident du Conseil d administration II importe de faire na tre une forme de culture de la s curit sanitaire au sein de ce Conseil d administration De faire en sorte que tous et chacun cessent de s exprimer seulement au nom des orga nisations qu ils repr sentent mais participent autour de la table un d bat ouvert sur l orientation des priorit s de notre Agence Celle ci va intervenir de deux mani res soit un minist re
108. lus ordinaire On m a dit D trompez vous Monsieur le Ministre On disait la m me chose des Texans il y a quinze ans Ils achetaient notre vin fran ais on disait qu ils n avaient pas de go t qu ils buvaient du Ch teau Latour sans faire la diff rence avec d autres vins plus communs Les Chinois c est la m me chose ils sont en train de s duquer au go t du vin d appr cier les diff rences entre les vignobles Ils seront bient t aussi forts si ce n est plus forts que nous dans la ma trise de ce go t Et la Chine deviendra un d bouch absolument essentiel pour notre viticulture Tr s rapidement sur le G20 Nous avons r ussi obtenir la mise en place de premi res mesures qui permettront de stabiliser les prix des mati res premi res agricoles dans les ann es venir Cela ne se fera pas du jour au lendemain parce que l enjeu conomique 190 FONDATION NESTL FRANCE est absolument essentiel pour certains pays Je pense au Br sil en particulier Mais l objectif est bien d viter des fluctuations de cours de mati res premi res qui posent des probl mes terribles notamment aux industries agroalimentaires Lorsque votre mati re premi re augmente de 30 ou 50 pour l industrie qui en d pend c est ing rable Comme pour le producteur lui m me Or le march des mati res premi res agricoles tait jusqu pr sent le moins r gul de tous les march s de la plan te N importe quel interve nant finan
109. m di cale quotidienne Un exemple parmi d autres comment va se d terminer un consommateur devant les changements de la taille des portions d un aliment ou une modification de sa densit calorique Devant ce type de questions l apport des recherches d conomie comportementale est en termes m dicaux absolu ment essentiel et pour des choses aussi quotidiennes que la pres cription di t tique Elles ont grandement modifi notre concep tion du conseil di t tique auparavant uniquement fond sur la balance calorique Maintenant elle s enrichit d approches plus subtiles comme l tude pour un patient donn de sa fa on d tre en tant que consommateur Les travaux sociologiques sont galement tr s importants car les in galit s sociales de sant sont pour nous une source d informa tion majeure Je rappelle les chiffres milieu favoris 5 d ob ACTES PETITS D JEUNERS 73 sit milieu d favoris 22 Et le gradient social ne fait que s aggraver Dans les milieux d favoris s la fr quence de l ob sit est pass e de 12 22 en 12 ans alors qu elle est rest e stable dans les milieux les plus favoris s Ce constat ne concerne pas direc tement la recherche biom dicale mais il est pour les citoyens que nous sommes une grande pr occupation D autant que cela retentit sur l acc s aux soins On l aura compris l ob sit r sulte d interactions complexes entre comportement et biolog
110. mentaire pendant un certain temps de telle sorte que la r gulation et le contr le pourront se produire 116 FONDATION NESTL FRANCE Un participant semblerait que l on s apercoive aujourd hui de l importance de l environnement de notre alimentation pour aider l amaigrissement des personnes en surcharge pond rale Or il y a tr s peu d quipes qui cherchent de mani re pratique aider les patients modifier cet environnement Je voudrais savoir si dans d autres pays il y a une prise de conscience plus importante que chez nous sur ce sujet France BELLISLE Dans d autres pays certainement des efforts sont faits aupr s des gens qui souhaitent maigrir ou viter de gros sir pour associer aux conseils alimentaires qui sont tr s impor tants des conseils portant sur le contr le des comportements Ces conseils sont d velopp s par des sp cialistes de la th rapie compor tementale et cognitive Une partie de leur travail porte sur l entou rage du patient qui est susceptible de le conduire manger plus dans certaines circonstances ou au contraire de l aider conserver ses bonnes r solutions de r gime dans les circonstances habituelles de sa vie Si l on est en milieu familial on sait que les stimulations alimen taires doivent tre r serv es au moment des repas On sait aussi qu il faudra lorsque l on mange ne pas regarder la t l vision ou lire le journal Ces notions sont bien connu
111. mettre dans le cr ne que le risque z ro n existe pas D ailleurs on l a d j dit dans leurs conduites individuelles les Fran ais et les tres humains en g n ral s exposent continuellement volontairement par jeu ou par imprudence de tr s nombreux risques Ils sont tout fait capables d entendre que vivre c est en soi prendre des risques Ce qui est sans risque c est ne pas vivre Pardon de cette boutade Monique NEMER Au contraire elle dit tout Merci D BAT Dr Edwige ANTIER p diatre d put e de Paris Je voudrais reve nir sur la distinction voqu e dans votre intervention entre effets secondaires av r s et effets secondaires suspect s Comment peut on trouver des effets av r s chez l tre humain quand on ne les cherche pas Nous p diatres quand nous voyons une gyn comastie c est dire une petite fille de dix huit mois avec des seins un micro p nis ou un tout petit gar on avec un p nis minuscule nous n avons pas le d clarer Si nous voyons une rougeole nous la d clarons Mais si nous voyons des effets qui pourraient on n en sait rien bien s r tre li s des modificateurs endocriniens nous ne les d clarons pas M me aux services d endocrinologie les services d endocrinologie vont chercher une tumeur de l ovaire ou de l hypophyse Et quand elle est limin e tout va bien aucune notification Donc comment savoir s il y en a plus ou moins Et avoir l
112. mez fran ais achetez francais Par exemple est ce que Nestl pourrait en France ne fabriquer ses produits qu partir de productions francaises Jos LOPEZ Ce que je peux vous dire je crois que cela va rejoindre le propos pr c dent c est que le Nescaf que nous ven dons en France a t formul pour le go t des Francais ll a un contenu d arabica diff rent de celui que l on vend aux Philippines Celui des Philippines est meilleur march parce qu il ne contient que du robusta accessible depuis le Vietnam Pour la France on fait venir des caf s d Am rique Centrale et d Afrique pour donner un go t qui est celui que les Francais pr f rent 186 FONDATION NESTL FRANCE V ronique AUGER Nous sommes un peuple de luxe alors Jos LOPEZ Ce n est pas une question de luxe mais de diff renciation de diversit faut justement ne pas mettre en parallele le bien manger avec le luxe L alimentation se situe ailleurs Du c t des motions de la vie du partage et non de l exception La nourriture joue un r le extraordinaire dans la convivialit la fra ternit la vie en commun Regardons la pour ce qu elle a de bon ce qu elle apporte de plaisir la vie de tout le monde Arr tons de la regarder comme un simple apport de calories et de micronutri ments calcul s par des gens qui ne pensent qu en terme de la bel Si on consid rait la nourriture comme cela on
113. mort imm diate de la cr dibilit de l Agence Quant moi je n ai aucune comp tence scientifique et j en suis presque heureux parce que je n ai strictement aucune tentation d intervenir dans l laboration d un avis de cet ordre En revanche dans les Conseils d administration quand une asso ciation comme France Nature Environnement dit qu on devrait se pr occuper des effets des champs lectromagn tiques des lignes tr s haute tension sur la sant animale je dresse l oreille et je demande ce qu on a d j fait l dessus Et si nous n avons pas suffisamment travaill ou pas travaill dans une p riode r cente je dis Oui c est une bonne id e Nous ne sommes pas indiff rents ce qui vient de la soci t civile Nous avons m me organis la gouvernance comme on dit aujourd hui de l Agence pour que cette soci t civile s exprime au niveau le plus lev c est dire celui de notre Conseil d administration qui fixe chaque ann e le programme de travail Nous consid rons que c est tr s important Monique NEMER Donc globalement vous consid rez qu une soci t ne peut voluer risque zero Philippe BAS Je crois avoir r pondu cette question 142 FONDATION NESTL FRANCE Monique NEMER De fait et avec des pr cisions qui ouvrent de larges champs de r flexion Philippe BAS Mais il est quand m me utile de la reposer parce qu il est absolument n cessaire de se
114. n que l on continue bien au del des signaux de sati t D autres fois on n a pas vraiment faim mais on se trouve dans des circonstances qui vont nous entrainer man ger bien qu on sache que ce n est en rien une n cessit En tant que psychologue je me suis tr s t t orient e vers l tude de ces diff rentes circonstances qui entourent le repas et qui d clenchent la prise alimentaire Mais aussi vers ces stimuli qui font continuer cette prise alimentaire alors que l tat de sati t a t atteint depuis un bon moment Comme on l a rappel mon travail est de l exp rimentation en laboratoire Au fil des ann es j ai dispos de laboratoires d abord au Coll ge de France puis Jussieu et dans le Centre de recherche de nutrition humaine de Bobigny On y reproduit la situation des repas que nous avons coutume de prendre ensemble en tant que personnes socialis es Depuis notre plus jeune ge nous avons 100 FONDATION NESTL FRANCE appris que l on mange l heure des repas En France ce rituel horaire est tr s important Nos amis sociologues travaillent avec des m thodologies dif f rentes Ils interrogent les gens et des r ponses donn es ils d duisent les comportements adopt s Ma d marche est diff rente Je mesure les comportements je les quantifie moi m me ou je fais en sorte que soient quantifi s tous les v nements alimentaires de la journ e commencer par le petit d jeuner
115. naud Basdevant Professeur l Universit Pierre et Marie Curie Chef du service de nutrition dans le P le cardiom tabolique du CHU de la Piti Salp tri re Arnaud Basdevant est professeur l Universit Pierre et Marie Curie Il est chef du service de nutrition dans le P le cardiom tabolique du CHU de la Piti Salp tri re Il a t charg par le Pr sident de la R publique de la mise en uvre du Plan national ob sit BIBLIOGRAPHIE extraits Trait de nutrition clinique de l adulte ric Lerebours Martine Laville Arnaud Basdevant Flammarion M decine Sciences 2001 Pour une approche scientifique de l ob sit Arnaud Basdevant Daniel Ricquier Collectif Elsevier 2003 M decine et chirurgie de l ob sit Arnaud Basdevant Flammarion M decine Sciences Paris 2011 L intervention du Professeur Basdevant porte sur l ob sit ou plut t les ob sit s Un pluriel qui d j laisse entendre qu une des cription et une analyse univoques seraient simplificatrices Mais que faut il entendre par vers de nouvelles hypoth ses Premier point essentiel ces nouvelles hypoth ses que l on peut aussi qualifier d lt hypoth ses mergentes n infirment pas le constat de base selon lequel l ob sit proc de d un d s quilibre entre les entr es nutritionnelles et les sorties ou les d penses nerg tiques Ceci n est plus une hypoth se mais u
116. ncern e La nourriture cela un co t et il faut le payer Effectivement il y a aujourd hui dans ce domaine une recherche de justification du Pour quoi pensons nous que les consommateurs acceptent aujourd hui de payer C est dans la qualit la s cu rit et la vari t que nous devons chercher ces p les d attrait pour le consommateur En outre il est tr s important d tre conscient qu il y a au del de l Europe des zones tr s diff rentes dans le monde Nous sommes de grands acheteurs de denr es alimentaires qui ne sont produites que dans les pays tropicaux et qui demandent une agriculture tr s intensive sans m canisation et sans automatisation Elles font vivre des millions de personnes et il arrive par moments avec les varia tions des prix des mati res premi res que cela pose un probl me au systeme lui m me C est dire que nous n arrivons pas assurer sa p rennit et maintenir l approvisionnement Ce n est pas sans rapport avec vos remarques sur l attention au d tail et la vari t J ai eu la chance dans le cadre de mes ACTES PETITS D JEUNERS 179 fonctions au sein de mon groupe de vivre neuf ans au Japon Le consommateur japonais d pense autour de 13 14 de son revenu disponible pour la nourriture La raison en est qu il a justement d velopp un go t du d tail de la vari t De la singularit aussi au travers d une distribution extr mement diversifi e Ainsi
117. nde rouge je dis qu il faut regarder de mani re rationnelle plut t qu id ologique ces questions alimentaires L alimentation la fran aise c est un quilibre entre les produits Il ne faut videm ment pas se gaver inconsid r ment de viande rouge et de graisse Mais en manger raisonnablement est la garantie d avoir un apport suffisant en fer qui fait aujourd hui d faut beaucoup de Fran ais ACTES PETITS D JEUNERS 177 Et je le dis devant le pr sident de Nestl je me suis aussi battu pour qu on r habilite les produits laitiers et qu on ne c de pas aux campagnes de d nigrement de ces produits Au risque de cr er de r elles carences osseuses ou des difficult s de croissance pour les enfants Cette d fense de la vari t dans l quilibre est une bataille de tous les instants Nous refusons d tre limit s une seule sorte de fromage dans un pays qui en a plus de 1 000 Cela l air d tre un d tail mais ce n en est pas un Parce que derri re l enjeu est globalement une ducation au go t au d tail la diversit Donc la subtilit de ce go t Pour moi la civilisation europ enne est une civilisation du d tail de l attention au d tail L Europe n est pas un continent agglom rant d immenses tendues identiques du premier au 1500 kilom tre Si vous allez en Espagne en Italie en Alle magne ou en France vous aurez des habitudes alimentaires diverses donc des produits divers
118. ne partie m me infime d un aliment pour qu il leur paraisse nouveau Par exemple un enfant identifie bien la pur e de carottes que vous lui donnez et il l appr cie Vous d cidez un jour de la parsemer 26 FONDATION NESTL FRANCE d un peu de persil Vous n avez chang qu une infime partie de cet aliment mais pour l enfant c est comme s il devenait en totalit nou veau Selon l interpr tation cognitive l enfant serait particuli rement n ophobe durant cette p riode parce que tous les aliments lui semblent nouveaux ll commence seulement apprendre les classer La derni re interpr tation concerne la sph re affective On sait qu entre 3 et 6 ans l enfant entre dans une phase d opposition la phase du non essentielle puisque cette phase lui permet de construire son identit notamment en s opposant aux injonctions parentales et ducatives L enfant serait alors particuli rement r ti cent go ter ce qu on lui donne parce qu il dit non tout et cela d autant plus qu on insiste Et les parents mettant une forte pression pour que l enfant mange ce qu il ne veut pas manger notamment les l gumes ils renforceraient par cette insistance son opposition Les cons quences de cette n ophobie ne sont pas dramatiques mais elles se traduisent par une diminution de la vari t du r pertoire ali mentaire de l enfant qui touche en premier lieu les l gumes dans une moindre mesure les fruits et parfois cer
119. ne th se av r e Elle ob it une logique ou un calcul simple Trop de plus ou d additions Pas assez de moins ou de soustrac tions Et rien ne r fute cette th se comme socle du raisonnement Toutefois un certain nombre de constats sugg rent l utilit tout le moins d un compl ment d investigations sur ces questions Nous avons tous et toutes prouv plusieurs reprises le sentiment d une grande in galit dans ce domaine Ainsi certains et certaines peuvent se servir abondamment au cours d un repas plantureux et ne pas prendre un gramme tandis que pour d autres le moindre exc s est s v rement sanctionn par la balance En d autres termes certains stockent imm diatement les surplus 60 FONDATION NESTL FRANCE nutritionnels et d autres non II semblerait donc qu c t de cette approche qu on peut qualifier en simplifiant d arithm tique les ob sit s justifieraient une autre approche fond e elle sur une analyse qu on pourrait dire conomique c est dire consid rant la diff rence de gestion selon les individus de ces surplus Il s agira dans cette intervention d voquer les nouvelles hypo th ses qui retiennent actuellement l attention de la communaut scientifique Donc d inventorier de nouvelles pistes de recherche une hypoth se tant tymologiquement ce qui est hypo sous la th se sous l affirmation mais n anmoins un pr
120. ners les repas pris la maison ou l ext rieur les repas sans et avec alcool Je l ai dit il y a toujours une forte corr lation entre la taille d un repas et le nombre de personnes qui y participent Cela dit il faut apporter beaucoup de nuances Si vous mangez avec des amis des parents des coll gues qui vous sont agr ables cet effet de facilitation sociale va fonctionner plein et il y aura une stimulation tr s importante de la prise alimentaire qui sera beaucoup plus abondante que lorsque vous mangez avec des coll gues que vous connaissez peu ou des gens que vous ne connaissez pas du tout L VOUS serez un peu sur vos gardes Dans des cas tr s particuliers il peut y avoir m me une inhibition sociale Ces cas d inhibition sociale com mencent tre bien connus ll y en a un qui est assez savoureux une femme qui mange avec un homme qui l impressionne mange moins Il faut tre tr s d cid e et s re de soi pour manger beaucoup devant un homme qui on porte un grand int r t Pour les r gimes c est parfait Si vous mangez avec votre idole ou quelqu un qui est cher votre c ur votre cerveau s occupe d autre chose que de manger c est bien connu Un subalterne qui mange avec son chef peut tre impres sionn et ne pas manger beaucoup ces situations d interactions sociales commencent tre largement inventori es Nos repas fran ais qui sont conviviaux o l on est si contents d tre en
121. nfant neurologiquement va bien quelque chose est difficile rallumer au niveau du langage Avec pour cons quence des retards d ailleurs faciles rattraper auxquels il faut cependant tre attentif pour les pr venir et surtout ne pas les laisser s installer durablement Chez le b b il importe finalement de prendre en compte quatre grands syst mes de motivations primaires sans lesquels il est en grave danger e Le syst me de l autoconservation il faut manger pour vivre e Le syst me de l attachement que je ne vais pas d tailler qui va permettre au b b de r gler la distance spatiale entre lui et les adultes qui le soignent e L intersubjectivit dont j ai parl tout l heure qui lui permet de r gler la distance psychique et de savoir que l autre est un autre gr ce la perception polysensorielle de tous les stimuli qui manent de lui e Enfin la question du plaisir que la psychanalyse a si bien tudi e La guerre entre les diff rentes approches la psychanalyse et les neurosciences est de peu d int r t Ce que l on constate et que personne ne nie c est que la bouche se trouve reli e aux quatre ACTES PETITS D JEUNERS 41 motivations primaires Elle est essentielle pour manger c est dire assurer l autoconservation Elle est tr s importante pour l attache ment qu il se manifeste par la succion ou le cri Elle ne l est pas moins pour l laboration de l int
122. ngent au mieux une quinzaine d aliments diff rents d ailleurs plus des p tes que des pinards Y a t il des tudes sur cette hyper s lectivit qui angoisse beaucoup les parents Existe t il des moyens de la pr ve nir Quelles attitudes risquent elles de l aggraver Natalie RIGAL s agit l de n ophobie pathologique Un syn drome d hyper s lectivit alimentaire sur lequel ma connais 44 FONDATION NESTL FRANCE sance il n y a aucune tude mais seulement des constatations empiriques Nombre de p diatres rencontrent dans leurs consul tations de plus en plus d enfants hyper s lectifs Ce sont des com portements obsessionnels et phobiques qui portent toujours sur les m mes aliments dans le m me contexte Ces troubles apparaissent en g n ral avec des enfants qui ont eu beaucoup de difficult s passer l alimentation solide en g n ral Mais ce que je dis est assez flou il n y a pas beaucoup de donn es scientifiques sur lesquelles s appuyer Bernard GOLSE y a souvent des probl mes li s la couleur et la consistance des aliments Par exemple il y a peu voire pas d aliments bleus Les pinards un grand classique du refus des enfants sont verts Natalie RIGAL Sur l absence d aliments bleus je n ai pas grand chose dire Sur le vert c est effectivement la couleur de l gumes souvent rejet s Manger des l gumes cela s apprend Les freins leur consommation sembl
123. niveau de la mati re premi re que nous le ferions dans d autres pays Parce que les pr cautions ont t prises en amont Du coup la confiance d veloppe une fluidit dans la cha ne d approvisionnement Et un abaissement des co ts au long de toute la cha ne Ce n est pas une activit quotidienne Mais ce n est pas non plus une activit qui ne se situe qu en bout de cha ne On s y livre a chacune des tapes essentielles Je tiens a bien situer l industrie agroalimentaire dans ce domaine l gitime de pr occupation 196 FONDATION NESTL FRANCE Nous apportons la qualit des produits et leur p rennit dans les conditions clairement sp cifi es en g n ral sur les emballages ce propos une chose m tonne c est l actuelle campagne contre les emballages L emballage c est du g chis et en plus cela pollue Je vous propose quelques jours sans emballages vous allez voir ce qui va se passer Il faut arr ter de diaboliser certaines acti vit s industrielles en utilisant des causes certes importantes ici l environnement pour faire des effets publicitaires discutables V ronique AUGER Juste deux mots Nestl France a une par ticularit c est d avoir dans son groupe Herta c est dire de la charcuterie J imagine que c est un produit pour lequel les contrdles de s curit sont particuli rement exigeants Jos LOPEZ Nous avons avec nous aujourd hui le p
124. ns que nous venons de publier avec Monsieur Le Maire et qui s appelle Nourrir la plan te Beaucoup de questions y sont pos es et un certain nombre de r ponses donn es En effet comment nourrir la plan te est aujourd hui une question essen tielle Une question qui concerne non seulement les politiques qui dirigent le monde mais aussi l industrie agroalimentaire qui pour partie le nourrit On a longtemps pens que la nourriture tait un probl me de pays pauvres D sormais c est devenu un probl me de pays riches On verra prochainement dans la n gociation sur la politique agricole commune et sur sa r forme que tous les pays riches d Europe ne sont d j pas d accord entre eux ce sujet et sur l agriculture qui doit assumer cette mission La premi re ques tion que je voudrais poser Bruno Le Maire est pourquoi avez vous accept ce d bat M Bruno LE MAIRE Ministre de l Agriculture de l Alimentation de la P che de la Ruralit et de l Am nagement du territoire J ac cepte tous les d bats plus je d bats mieux je me porte Plus s rieusement je voudrais d abord vous remercier de cette invita tion Monsieur le Pr sident Remercier galement Monsieur Jos Lopez de sa pr sence Et saluer mes amis parlementaires Chantal Brunel Jean Marie Binetruy J r me Bignon Mais galement vous dire tous ma conviction que la question de la qualit de l ali mentation de la s curit sanitai
125. ntifiquement tay es Et notre mission est de circonscrire le champ de l incertitude et le champ du connu Certes il y a un moment dans la r daction de nos recommandations o la plume finit par tre tenue par la hi rarchie de notre tablissement parce qu il faut bien que la recommandation soit r dig e que des conclusions soient pos es Vous pouvez tre un tr s grand scientifique et ne pas prendre toute la mesure de ce que les termes que vous allez utiliser vont avoir comme cons quences sur l opinion publique Et il serait irrespon sable de ne pas assumer aussi qu il y a une certaine traduction donner de l avis scientifique Je ne vous dis pas qu au moment de cette traduction nous ne serons pas attentifs aux cons quences de notre recommandation savoir comment elle va peser en fonction de l interpr tation qui en sera donn e sur la d cision publique Je ACTES PETITS D JEUNERS 141 dis cela par souci de probit intellectuelle pour tre absolument complet sur le processus de formulation de nos recommandations Mais je tiens distinguer nettement la formulation et le travail scientifique Et dans cette formulation on ne se permettrait jamais de dire quelque chose qui irait l encontre ce que les experts ont dit Nous ne demandons pas nos experts nous leur demandons m me le contraire d tre sensibles l impact conomique ou industriel de la recommandation qu ils vont donner Ce serait la
126. ntifs aux apports des sciences sociales indispensables l volu tion de la clinique de l ob sit 78 FONDATION NESTL FRANCE Quant la possibilit de recherche commune c est une vraie question Cela d pend sans doute des champs disciplinaires Mais d ores et d j des programmes sont en cours entre g ographes so ciologues et cliniciens entre biologistes neuroscientistes et sp cia listes des comportements entre sociologues et sp cialistes du go t Cette option pluridisciplinaire est exigeante et c est son int r t Nous aurions pu cantonner la partie recherche du plan Ob sit la biologie mol culaire la biologie cellulaire Notre choix a t de mobiliser les sciences sociales comme les sciences biologiques Claude FISCHLER membre du Comit d experts propos de l inter disciplinarit on nous en rebat depuis longtemps les oreilles Depuis que je suis au CNRS j ai toujours entendu les nouveaux directeurs g n raux faire de grandes d clarations de principe sur ce sujet La r alit c est qu il existe des bastions acad miques et institutionnels tellement forts que m me si on arrive les transgresser on est amen en payer le prix ensuite en particulier en terme de carri re J en ai un exemple tr s r cent je suis dans un comit de th se et qui concerne une jeune femme qui fait une th se en conomie Or son travail qui porte sur les mesures de qualit de vie est aux marges
127. oche de son b b alors que si le b b s accroche beaucoup elle c est parce qu il commence la ressentir ext rieure Et nos histoires de b b nous poursuivront dans nos histoires d adultes On s accroche d autant plus l autre qu il est en train de nous chapper Tout comme le b b s accroche d autant plus a la m re qu il commence ressentir qu elle et lui cela fait deux que ses diff rentes sensations visuelles auditives gustatives olfac tives tactiles viennent d un point qui lui est ext rieur On ap pelle cette perception essentielle l intersubjectivit D allaitements 36 FONDATION NESTL FRANCE en allaitements le b b va ainsi construire son intersubjectivit apprendre que l autre est un autre C est une tape cruciale Si on ne per oit pas que l autre est un autre on devient autiste ou psycho tique L enjeu n est donc pas mince Un mot sur la co construction du go t Elle commence tr s t t Natalie Rigal parlait de b b s qui d embl e sont plus sensibles que d autres l amertume Un des grands enjeux scientifiques des ann es venir sera de distinguer le g n tique de l acquis tr s pr coce Il y a probablement des choses acquises in utero qui appa raissent de fa on cong nitale alors qu elles ne sont pas g n tiques pour autant Il est tr s difficile de faire la distinction Il y a des b b s amers ou des b b s sensibles l amertume qui le son
128. ois de Singly G rard Friedlander 2011 Actes des Premi res Assises de la Fondation Nestl France Cultures alimentaires fran aises l actualit du plaisir Collectif 2011 Manger mode d emploi Claude Fischler Entretiens avec Monique Nemer 2011 Les Rendez vous D bats de la Fondation Nestl France 2010 2011 Natalie Rigal Bernard Golse Arnaud Basdevant France Bellisle Philippe Bas Bruno Le Maire Jos Lopez 2012 Actes des Deuxi mes Assises de la Fondation Nestl France Culture alimentaire fran aise l urgence de la transmission para tre en 2012 Ces ouvrages sont disponibles sur demande la Fondation Nestl France 21 rue Balzac 75008 ou en t l chargement sur le site de la Fondation Cet ouvrage a t imprim par CPI Firmin Didot Mesnil sur l Estr e pour le compte des ditions de la Fondation Nestl France en f vrier 2012 D p t l gal f vrier 2012 N d impression 109776 Imprim en France
129. on d samiante tour de bras parce qu entre temps on a d couvert que l amiante tait extr mement nocif II ne s agit absolument pas de dire qu il ne faut pas continuer chercher et voluer y compris en convenant qu on a pu se tromper sur tel ou tel point cette d marche est le fondement m me de l esprit scientifique Mais il est galement vrai qu un cer tain nombre de choses ne sont pas envisageables parce qu elles ne sont pas dans le champ des hypoth ses au moment de la d cision 140 FONDATION NESTL FRANCE Deuxi me notion d importance Les enjeux de l application du principe de pr caution comme l interruption d une activit co nomique ou d une activit de recherche on a quand m me pas mal frein les recherches sur le gaz de schiste sont importants en termes conomiques et sociaux voire en termes de progr s long terme Quelle est la place de ces consid rations et surtout des premi res dans les recommandations de l Agence Car vous ne pouvez pas j imagine tre totalement indiff rent la r action des industriels des entreprises aux diverses cons quences sans que j ai ici en t te des raisons mercantiles Ce serait ne pas consid rer la soci t dans sa globalit Philippe BAS La question n est pas pour nous d tre sensibles ou indiff rents aux r actions Nous sommes une agence scientifique ind pendante Nous ne voulons pas prendre d autres positions que celles qui sont scie
130. on individuelle en disant qu ce titre chacun est responsable de sa prise alimentaire faudrait la limite r fl chir sur la multipli cation des occasions d alimentation collective faudrait am liorer la restauration collective France BELLISLE faut certainement am liorer la restauration collective II faudrait avoir une bonne offre alimentaire chaque repas Encore une fois la prise alimentaire au moment du repas et en particulier en France est un moment de consommation privil gi et devrait le rester Nous mangeons tous beaucoup au moment des repas m me les gens qui n ont aucun probl me de poids Et ce n est pas plus mal qu il en aille ainsi C est une chose que je ne peux malheureusement pas prouver mais qui est l une des hypoth ses qui me tiennent beaucoup c ur ce rythme tr s franc tr s tranch des repas avec des moments de la journ e o l on ne mange pas me parait une condition importante qui nous permet dans notre vie de tous les jours d exp rimenter la fois des moments o l on a faim et o l on est content d avoir faim car le repas va suivre et nous satisfaire et des moments de sati t au cours desquels on n a m me pas envie de manger Toutefois je ne voudrais pas que vous sortiez d ici en vous disant que la faim et la sati t n ont aucune importance en elles m mes 120 FONDATION NESTL FRANCE Au contraire ce sont des modulateurs tr s importants de
131. on les situations environne mentales I nous reste cependant encore beaucoup faire Nous savons que l on a tout int r t lorsqu on prend un repas faire attention ce que l on mange et pas n cessairement de mani re volontariste pour se dire Je dois me contr ler je dois cesser de manger ou me limiter s agit d abord et c est essentiel de laisser le cerveau faire son travail dans de bonnes conditions C est dire de lui permettre de prendre conscience de ce que l on mange pour l associer ensuite aux sensations physiologiques de sati t qui vont se produire apr s le repas et commander la suite des v ne ments nutritionnels et alimentaires de la journ e Beaucoup de chapitres et d pisodes sont encore crire dans cette aventure scientifique qui commence Le probl me des t l phones portables apport s au moment du repas n est pas encore suffisamment tudi Nous aurons certainement des choses en dire qui rel veront de la m thode exp rimentale d tudes quanti fi es des effets de ces nouvelles stimulations au moment du repas Notre hypoth se est que tout ce qui emp che la concentration sur la prise alimentaire elle m me que tout ce qui nuit l activit de mesure faite automatiquement par le cerveau peut tre un facteur susceptible de faire manger davantage Mais ce n est l bien s r qu une pierre apport e la compr hension de cet difice complexe que supporte ce mot p
132. onduire manger davantage que si l on se concentre sur ce que l on mange Cette notion d attention a t explor e de fa on tr s fouill e par des coll gues anglais et am ricains qui ont montr combien il tait important pendant le repas de savoir o l on en est Si on ne le sait plus on perd la notion d avoir mang telle quantit d aliments qui nous est habituellement suffisante Du coup on est tr s expos manger davantage Des exp rimentations tr s astucieuses ont t faites par des coll gues am ricains essen tiellement dans le laboratoire de Wansink par exemple lorsque des consommateurs am ricains mangent du poulet et que l on enl ve de leur assiette au fur et mesure les os et autres reliefs ils semblent perdre la notion de ce qu ils ont mang et mangent davantage Autre exp rimentation tr s r v latrice on fait manger un potage servi dans un bol l insu des mangeurs bien s r le bol de potage a t trafiqu Normalement quand vous prenez un bol de potage au fur et mesure de votre consommation son contenu diminue Notre ami Wansink a fait un coup tordu ses volontaires il y avait un syst me qui permettait au bol de se re remplir mesure que le volontaire mangeait donc il tait toujours plein Le suivi visuel de ce qui avait t mang devenait donc impossible et les gens mangeaient davantage M me chose quand on mange des canap s des petites bouch es
133. ord conclu entre le Parti Socialiste et les Verts postule que l agriculture fran aise s est effondr e qu elle est d sormais derri re l Allemagne C est une contre v rit absolue Nous sommes loin devant l Allemagne en termes de cr ation de va leurs Tr s loin Je peux vous garantir que nous le resterons et que nous nous battrons pour progresser dans l industrie agroalimentaire pour tre plus comp titifs pour am liorer nos co ts de production et pour exporter davantage Ce que nous arrivons faire aujourd hui sur les fili res laiti res ou bovines nous le ferons sur toutes les autres fili res Je suis tr s d termin cela parce que nous avons avec nos producteurs une mine d or qu il nous suffit d exploiter et de faire travailler Ce n est pas le th me du d bat de ce matin mais cela s en rapproche Et je crois qu il est tr s important de dire que nous avons tous les atouts pour r ussir pourvu que l on prenne les bonnes d cisions conomiques La bonne d cision conomique ce n est pas de dire tous les consommateurs Consommez fran ais cela ne suffira pas C est am liorer le rapport co t qualit de nos produits pour qu ils soient attractifs Cela me para t important souligner Je voulais le dire aussi pour le Pr sident de Nestl qui est la t te d une tr s grosse industrie 184 FONDATION NESTL FRANCE Je suis en revanche favorable ce qu il y ait une relocalisation des pro
134. oser est la sui vante selon la premi re hypoth se qu il ne s agit pas de r vo quer l ob sit provient d un d s quilibre du bilan nerg tique Et selon la deuxi me hypoth se l ob sit est li e aux augmentations pr alables des capacit s de stockage Soit mais qu il s agisse de volume ou de nombre de cellules il ne s agit que de capacit Pourquoi ces nouvelles cellules passent elles du potentiel l actuel et grossissent elles Cela renvoie une autre donn e de la biologie des cellules adi peuses celles ci d fendent un certain degr de r pl tion nerg tique Autrement dit une fois diff renci e cette cellule aura tendance stocker une certaine quantit d nergie avec un syst me de r gula tion de cette mise en r serve Quand elle est insuffisamment charg e en graisse elle adresse au syst me nerveux central des messages pour modifier les comportements qui r gissent la balance nerg tique l inverse une cellule excessivement remplie adressera des messages dans son environnement pour recruter une nouvelle cellule Autrement dit quand il y a une pression excessive sur la cellule adipeuse elle est capable de d clencher des signaux participant 70 FONDATION NESTL FRANCE au recrutement d autres cellules Il y a donc un ph nom ne d auto aggravation Ce faisant les capacit s potentielles de stockage aug mentent Cet encha nement ne se produit
135. oup de choses Ce ne sont pas forc ment des questions mais galement des r flexions et des informations tr s importantes Tout d abord je n arrive pas me d fendre contre une certaine d fiance l gard de propositions de loi qui permettent effectivement d acc l rer parfois des processus d interdiction de produits ventuellement toxiques mais qui peuvent avoir pour inconv nient de court circuiter tous les processus scientifiques C est dire qu ce moment l ce qui d termine la d cision sera davantage l motion li e au fait qu on aura mis en vidence parfois de mani re assez approximative un lien possible entre un produit et une maladie ventuellement rare mais au risque d interrompre un travail scientifique rigoureux fut il de plus longue haleine ACTES PETITS D JEUNERS 147 Tout ceci serait relativement compr hensible si l on tait dans un syst me qui n est pas quip pour identifier les risques et les valuer Mais quand on a comme en France une institution comme l ANSES qui a regroup des institutions d j tr s exp riment es je pense qu il y a du danger s emparer en tant que l gislateur d un probl me pour r pondre dans l urgence une attente parfois forte mais qui n est pas n cessairement rationnelle Quand on dit cela on s expose videmment par contrecoup ce que des repr sentants d un certain nombre d int r ts collectifs de protection de l environnement de l
136. ourtant si simple manger D BAT Monique NEMER Merci infiniment Tout cela est si stimulant que je suppose qu il y aura beaucoup de questions Une tout de suite si vous permettez Dans la culture alimentaire fran aise comptent pour beaucoup dans un repas la convivialit les changes autant de choses qui potentiellement sont des facteurs de distraction Faut il comprendre que ce qui est un des charmes des repas la fran aise conduit de f cheux abus France BELLISLE Je voulais approfondir les aspects cognitifs et je suis un peu rapidement pass e sur d autres aspects Un ensemble d tudes montre que les compagnons qu on a au moment du repas leur nombre et la relation qu on entretient avec eux sont des dimensions importantes pour d terminer la taille du repas Cette influence est tr s complexe En gros plus on est nombreux partager un repas plus il y a de chances que celui ci soit long et abondant Les raisons en sont videntes S il s agit d un repas de f te longuement pr par avec de nombreux invit s on mangera longtemps de tr s bonnes choses Mais c est vrai aussi dans les repas de la vie courante Cette association tr s puissante entre le nombre de convives et la taille d un repas a t montr e de fa on 112 FONDATION NESTL FRANCE d cisive par les travaux de notre coll gue am ricain le professeur de Castro C est vrai pour les petits d jeuners les d jeuners et les d
137. peau une sonde qui va directement dans l estomac Des b b s vont devoir tre nourris de cette mani re qua siment la naissance et parfois pour assez longtemps plusieurs mois voire un an Il y a cela des raisons malformatives ou des syndromes qui font que l on ne peut pas alimenter ces b b s par la bouche Ou encore des raisons m taboliques des manques de telle ou telle enzyme qui font que la nourriture doit tre calcul e de mani re tr s pr cise avec un d bit rigoureux Necker nous travaillons sur ces sujets en p diatrie n onatale c est d ailleurs l une des recherches financ e dans le cadre du programme PILE ACTES PETITS D JEUNERS 39 Or on s aper oit que lorsque ces enfants ont t nourris de cette mani re pendant longtemps il est tr s difficile de repasser l ali mentation per os par la bouche car ils n ont pas exerc leur go t pendant tout ce temps et ils ont d samorc leur oralit Cela reste un probl me tr s difficile pour les p diatres On essaie pendant la p riode o les b b s ne vont pas tre aliment s par la bouche de stimuler l oralit par des t tines ou par des t t es de remplacement et aussi d agir sur les autres sensorialit s notamment les odeurs et le toucher Des recherches ont t men es Strasbourg pour tudier comment ces autres stimulations sensorielles pouvaient maintenir quelque chose du go t en attendant la reprise d une alimenta
138. pig n tique Une s rie d tudes notamment une tude r alis e en Inde ont montr que l ob sit se transmettait en fonction de la nutrition maternelle Ce fut une avanc e consid rable il s av rait que la nutrition de l enfant in utero puis dans les premiers mois de la vie jouait un r le d ter minant dans la survenue ult rieure de l ob sit Les enfants de m res d nutries devenaient plus souvent ob ses et diab tiques l ge adulte Il ne s agissait plus de g n tique au sens classique du mot mais de transmission maternelle Un champ d tude fascinant s est ainsi ouvert celui des v nements pr coces explor en France par les quipes de Claudine Junien et de Marie Aline Charles entre autres ACTES PETITS D JEUNERS 65 Ces v nements pr coces biologiques dits pig n tiques sont li s des modifications non de la structure primaire du g ne mais des modifications qui aboutissent des transformations durables de l expression d termin s par des facteurs nutritionnels d origine maternelle Il ne s agit plus de causalit liant pr disposi tions g n tiques et effets de l environnement mais d un mod le dans lequel ce sont les effets de l environnement qui modifient durablement l expression des g nes Ceci a t document exp ri mentalement des modifications de l alimentation maternelle modi fient l expression de g nes qui par exemple dans le cerveau sont
139. pour 70 kilos et apr s vous tes r gl pour 90 Cela peut tre li des facteurs centraux des facteurs p riph riques C est difficile renverser De la salle Aujourd hui pourrait on faire une carte d identit biologique de la personne Arnaud BASDEVANT Heureusement non Ou plus exactement on pourrait le faire mais pour ne rien dire des questions thiques que cela soul verait cela exigerait des moyens inaccessibles en routine clinique En clinique nous cherchons bien diff rencier les situations indivi duelles l aide d outils cliniques et d explorations compl mentaires C est ainsi que l on identifie des healthy obeses des gens qui font 150 kilos mais qui sont en pleine forme pas sur le plan articulaire mais sur celui du diab te de l hypertension Et nous savons estimer la taille de leurs adipocytes la localisation du tissu adipeux etc l inverse cer taines personnes pr sentent des diab tes tr s s v res des probl mes coronariens en rapport avec des surpoids modestes mais des localisa tions de tissu adipeux pathog nes Nous savons donc que leur tissu adi peux ne va pas tre sous la peau mais dans le foie dans le muscle etc Sans compter la question du tissu adipeux blanc et du tissu adipeux brun L un stocke et l autre br le Il y aurait th oriquement une possi bilit chez certaines personnes de transformer le tissu adipeux blanc qui stocke en tissu adipeux brun qui au contraire
140. que nous appelons une pathologie d organe qui a tendance voluer pour son propre compte Ce qui explique pourquoi la prise de poids ACTES PETITS D JEUNERS 71 est au d but assez facilement r versible parce qu il n y a pas d al t ration du tissu si l on change les comportements il va revenir la normale Mais progressivement ce tissu devient inflammatoire et fibreux pathologique et pathog ne Et plus les alt rations de type fibrose sont importantes moins des mesures pourtant aussi dras tiques que la chirurgie de l ob sit seront efficaces Ce passage d une anomalie li e aux comportements une pa thologie d organe est le mod le des maladies chroniques li es aux comportements et l environnement II rappelle celui des broncho pathies La pollution peut g n rer une irritation bronchique qui est r versible Mais si l agression environnementale persiste peut survenir une bronchopathie chronique avec alt ration anatomique plus ou moins r versible des bronches une maladie qui voluera pour son propre compte On voit comment se fait subrepticement le passage d une anoma lie fonctionnelle r versible une maladie durable Le probl me est que les anomalies du tissu adipeux vont avoir un retentissement sur l ensemble de l organisme On va parler alors d effets syst miques En effet les substances inflammatoires lib r es par le tissu adipeux vont agir distance pour induire des maladies tell
141. r la n ophobie Quand il y en a elles concernent des enfants plus grands plus faciles interroger que des enfants de 2 ans Dans un premier temps nous allons interroger leurs parents en cr ant des focus groups Nous allons r unir des parents de toutes les cat gories socioprofessionnelles le niveau d tudes joue fortement sur le rapport entretenu avec le comportement alimentaire pour comprendre leur repr sentation de la n ophobie alimentaire pour noter ce qu ils ont remarqu comment ils r agissent ce qu ils en pensent comment ils l interpr tent Quand on ignore que la n o phobie est une phase normale du d veloppement il peut tre tr s 30 FONDATION NESTL FRANCE d routant voire angoissant pour un parent de constater que son enfant qui jusqu 2 ans mangeait tout ce qu on lui proposait se ferme tout coup Il est important de comprendre ces repr senta tions parentales pour d terminer quelles strat gies mettre en place pour aider l enfant d passer cette phase Le premier temps de l tude est donc la r alisation de ces focus groups Est d j acquise une collaboration avec la ville d Issy les Moulineaux et nous cherchons maintenant une ville d accueil dont les habitants ont globalement un statut socio conomique moins favorable Cette premi re partie de l tude est descriptive La deuxi me partie est une tude exp rimentale o l on va travailler sur les styles ducatifs On
142. r s interessantes Il est possible que j aie un regard biais par l entourage qui est le mien mais j ai l impression que les jeunes femmes qui viennent d avoir un enfant r duisent le temps du contact avec leur enfant et cela me semble pr occupant Bernard GOLSE Je pense effectivement que les politiques de sant publique vont devoir se pr occuper de ce point tr s sensible Il y a une tendance g n rale dans nos pays raccourcir le temps d tre b b Je dis souvent que parmi les droits de l enfant il y a en tout premier lieu le droit l enfance Si cette tape est rat e la suite sera rig e sur des fondations trop fragiles faut lais ser aux b b s le temps suffisant d tre b b Cela ne veut pas dire qu il faut les allaiter ind finiment L il y a des effets de contexte Dans les soci t s occidentales les contextes d allaitement ne sont pas les m mes qu en Afrique ou en Am rique du Sud Dans nos soci t s les enfants sont d abord de plus en plus tardifs de plus en plus rares et on leur demande de devenir tr s vite autonomes Ce n est pas possible ind finiment La grande section de maternelle ce n est pas Maths sup Et il ne faut pas transformer l ut rus en salle de classe L cole c est seulement partir d un certain age On est dans une course forcen e autonomisation o les tapes sont br l es 52 FONDATION NESTL FRANCE Et pour ce qui concerne
143. re sont probablement parmi les grandes questions politiques que nous aurons traiter au cours de ce si cle Par cons quent je suis tr s heureux de pouvoir en d battre parce que ces enjeux sont des enjeux majeurs Comme enjeux de stabilit politique ce qu on oublie tr s souvent mais qui ACTES PETITS D JEUNERS 173 sont vitaux pour certains pays Je ne suis pas certain que nous ne revivions pas dans les mois ou les ann es venir des meutes de la faim en Egypte ou dans d autres tats d Afrique du Nord comme celles que nous avons connues en 2008 Et qui dit meutes de la faim dit instabilit politique terreau favorable pour tous les mou vements extr mistes Ce sont donc des enjeux majeurs de ce point de vue Et aussi des enjeux conomiques essentiels L un des r sultats importants du G20 est d avoir propos de changer un peu la donne en posant que ce ne sont plus les pays du Nord qui doivent nourrir les pays du Sud mais que les pays du Sud doivent gagner leur autonomie alimentaire et s approvisionner sur la base de leur propre production Il y a un autre enjeu dans nos pays d velopp s assez diff rent de ceux des pays mergents C est un enjeu en termes de sant publique il s agit de garantir la qualit de l alimentation mais aussi de rechercher une meilleure sant Sans tre cynique mais seule ment r aliste en termes de co t public c est galement tr s impor tant Dans un pays comme les tats
144. rtirons nos recommandations le lien qui se sera tabli fera que nous pour rons canaliser les r actions Il y a une deuxi me chose que j ai mentionn e tout l heure c est la premi re fois que dans une agence de s curit sanitaire on met autour de la table aussi bien France Nature Environnement que l Association Nationale de l Industrie Alimentaire Ainsi il se forge au Conseil d administration une culture commune de la s cu rit sanitaire qui d passe la repr sentation des int r ts moraux ou conomiques sp cifiques r unis dans ce Conseil Nous en attendons beaucoup parce que ceux qui sont autour de la table ne peuvent plus en dehors de l Agence tenir le m me discours que celui qu ils tenaient avant d en tre partie prenante ils ont adopt le programme de travail ils savent comment l Agence fonctionne ils posent des questions Et cela me para t tr s utile Mme Alima MARIE directrice de l information de la Communication et du dialogue avec la soci t de l ANSES Effectivement en mati re de communication l Agence doit g rer une difficult notre cible prioritaire n est pas le grand public alors m me que nous traitons ACTES PETITS D JEUNERS 157 souvent de sujets qui sont d audience largement populaire Th ori quement notre cible ce sont les parties prenantes au sens large les politiques les d cideurs les collectivit s publiques qui nous sai sissent les associations Mai
145. s de masques des pertes de comp titivit consenties sur certains secteurs industriels ou conomiques sur lesquels on ne voudrait pas reprendre la main V ronique AUGER Lesquels par exemple Bruno LE MAIRE Je pense l industrie de la voiture qui est une industrie que j aime beaucoup ce qui fait sourire ma conseill re Ce n est pas en disant Achetez fran ais que les Fran ais choisiront une Renault une Citro n plut t qu une BMW Si aujourd hui Citro n a fait des progr s importants en termes de ventes je m en r jouis C est que Citro n a consid rablement am lior ses produits en termes de design d efficacit et de qualit Et c est bien vers cela qu il faut aller Attention ces slogans qui sont une fois encore une fa on de se d fausser des efforts que nous en France nous avons faire pour tre plus comp titifs am liorer la qualit de nos produits et tre meilleurs que nos voisins Dans le secteur que je connais le mieux le secteur agroalimentaire nous avons tout pour tre les meilleurs ACTES PETITS D JEUNERS 183 V ronique AUGER Et nous ne le sommes pas Bruno LE MAIRE Nous sommes la premi re agriculture euro p enne contrairement ce que disent certains tracts politiques que je ne citerai pas V ronique AUGER Nous ne sommes pas derri re les Allemands Bruno LE MAIRE Nous sommes tr s loin devant les Allemands Je le pr cise parce que l acc
146. s leurs v ritables indications cela a t dit et d autre part qu il faudrait que les auto risations de mise sur le march soient revues au bout d un certain temps cause d effets induits qu on n avait pas pu pr voir Ce n est pas le cas jusqu maintenant on ne revoit pas les autorisations de mise sur le march Je m interroge ce propos parce que c est un v ritable probl me Pour moi un m dicament qui a une autorisation de mise sur le march est un m dicament tr s bien tudi tres s r dont toutes les indications sont justifi es Mais on s est rendu compte qu il y a une volution dans le temps et que parfois les notices d utilisation ne correspondent pas tout fait l tude qui avait t faite pour l autorisation de mise sur le march Philippe BAS La loi qui vient d tre propos e l Assembl e traite cette question Ainsi il ny aura plus jamais d autorisation de mise sur le march sine die Et on va tout r interroger ce que nous faisons l ANSES pour les produits chimiques les produits phytosanitaires etc Cela va tre un passage en revue syst matique Pr Arnaud BASDEVANT chef du service de nutrition au CHU de la Piti Salp tri re Cette pr sentation remarquable a abord les diff rentes facettes de ce probl me qui n est pas simple Je vou drais en souligner trois points importants les notions de p dagogie de parti pris de confiance et les limites des champs d act
147. s minoritaires Et aussi nous sommes les premiers l avoir fait en France toutes les d clarations d int r t lesquelles sont absolument obligatoires et qui font le point sur les attaches de tel ou tel expert avec une industrie De ce point de vue je ne fais pas partie des int gristes Je trouve normal voire souhaitable que les comp tences de nos experts puissent avoir t acquises au contact de l industrie pour moi qu un expert ait travaill avec l industrie n est pas une raison pour le r cuser Tout comme je tiens ce que les experts soient correc tement pay s Je ne souhaite pas que sous pr texte d ind pen dance de l expertise on prenne le risque de d grader sa qualit Je pr f re de beaucoup un dialogue d experts qui ont eu des liens avec l industrie et qui peuvent m me continuer en avoir pour peu que ces liens ne se transforment pas en conflits et sont m me de juger la pertinence scientifique du propos de leurs col ACTES PETITS D JEUNERS 135 l gues que d avoir de moins bons experts ventuellement loign s des nouvelles techniques mises en uvre dans les bureaux d tudes Monique NEMER Je suis frapp e par deux mots que vous venez d employer Le premier est r interroger De fait la science volue En mati re d alimentation on sait qu un certain nombre de conduites qui ont t jug es nagu re extr mement positives en termes de sant p
148. s nous nous rendons bien compte que en raison des sujets abord s nous allons via la presse atteindre un plus large public II nous faut donc laborer des messages suffisam ment p dagogiques sans pour autant fausser ni tronquer le message scientifique Parce que l essentiel c est le r sultat de l expertise produite par les experts et la position qui en ressort n est donc pas question de faire des raccourcis Mais comme le disait le Pr sident Bas de travailler sur la dur e de fa on parvenir nous adresser aux scientifiques mais aussi au grand public Sur certains sujets nous sommes m me confront s des organes de presse tr s sp cifiques comme la presse f minine ou familiale quand on traite de la nutrition par exemple Pour nous c est un d fi p dagogique que nous devons relever tous les jours Notre second atout pour r pondre au professeur Basdevant sur l espace public c est que comme le rappelait le Pr sident Bas notre mode de gou vernance r unit l ensemble des parties prenantes Et m me au del Dans notre fonctionnement quotidien nous avons des relations assez r guli res avec de nombreux types de repr sentants associatifs mais aussi industriels Nous avons galement mis en place des instances plus ouvertes comme des comit s de dialogue Ainsi nous avons mont l ann e derni re un comit de dialogue sur les radiofr quences qui regroupe l ensemble des parties concern es
149. sait d j que l exposition r p t e fonc tionne plus on go te plus on aime On sait aussi qu il y a de nom breux boosters qui rendent cette exposition r p t e plus efficace Dont font partie ces styles ducatifs Nous allons donc travailler partir de trois strat gies ducatives e La strat gie autoritaire Elle consiste en l application rigide de r gles Dans le domaine alimentaire cela se traduit par Tu manges un point c est tout n y a pas d explication pas de modulation en fonction des go ts de l enfant Tu manges ce que je te sers est une r gle non n gociable e La strat gie d mocratique est une r gle souple Tu manges ce que je te propose mais je t explique pourquoi tu dois le manger Et j essaie de ne pas m nerver pour que tu en viennes le go ter Si vraiment l enfant d teste un aliment en par ticulier on vitera de le lui proposer toutes les semaines Sa ACTES PETITS D JEUNERS 31 chant que pour lui c est quelque chose de difficile on le fera seulement de temps en temps e Enfin il y a la strat gie permissive qui consiste ne pas imposer de r gles et permettre l enfant de consommer en fonction de ses seules pr f rences alimentaires Une tude pr c dente a montr qu il existe un lien corr lation nel entre les styles ducatifs et la n ophobie Moins les parents adoptent des comportements d mocratiques plus ils se montrent autoritaires ou
150. se a la salmonellose pour aller au plus simple Comment faites vous justement pour lutter contre ces a priori Est il vrai que ces industries ont finalement une image plus fragile qu un petit artisan de proximit Jos LOPEZ Je vais nouveau rejoindre beaucoup des propos de ce matin J ai utilis dessein l expression syst me alimen taire et pas simplement industrie agroalimentaire Parce qu il faut penser en termes de connectivit totale entre le point de production et le point de consommation Nous mettons en place aujourd hui des assurances de qualit Et elles passent par des analyses effectu es plusieurs tapes heureusement les capaci t s analytiques ont elles aussi beaucoup volu en rapidit et en fiabilit Mais il faut en d clencher le fonctionnement au point de d part m me du syst me au moment du choix de la semence et le maintenir jusqu au point de consommation Ma responsabilit et la raison pour laquelle j ai le plaisir d tre ici aujourd hui est de m occuper de l ensemble du systeme de production d approvisionnement et de distribution de Nestl Cela repr sente quelque chose comme plus de 45 millions de tonnes par ann e Nous vendons peu pr s 1 milliard de produits par jour dans le monde L industrie agroalimentaire et des soci t s comme Nestl ont un r le extr mement important jouer dans l ajout d assurances qualit et de s curit
151. sein se voit proposer une vari t olfactive et gustative bien plus importante que l enfant nourri au biberon Ainsi dans la phase de diversification il est bon de jouer sur le plus grand registre ali mentaire possible car l enfant est ouvert cet apprentissage Au dela de deux ans le syst me se ferme L enfant commence devenir s lectif Que faire alors Faute de pouvoir m attarder longuement sur ce point je vais aller l essentiel c est dire voquer le proces sus ducatif le plus efficace la r p tition La r p tition est un ph nom ne connu de longue date en psycho logie Il av re que plus on est expos un stimulus plus on est attir par lui Donc sur le plan alimentaire plus on go te un aliment plus on l appr cie Du moins en moyenne au niveau exp rimental on en a des preuves en nombre satisfaisant Chacun a le souvenir d ali ments d abord per us comme r pulsifs qui au terme d expositions r p t es ont t tr s appr ci s 28 FONDATION NESTL FRANCE Mais si certaines pratiques ducatives peuvent aider l enfant d passer sa n ophobie il ne faudrait pas en d duire que le parent est omnipotent Il a ses propres limites ses angoisses son rapport la nourriture l image du corps la sant Et il y a le rapport narcis sique qu il entretient avec l enfant Il y a aussi les limites de l enfant Il ne suffit pas de d cr ter que son enfant sera poli pour qu il le soit S
152. semble sont des repas o l on mange plus que dans les col lations rapides et solitaires En France les trois repas par jour sont des v nements dans la journ e Et nos repas sont abondants Mais entre les repas on ne mange pas tant que cela J ajouterai un distinguo d importance concernant la distraction lorsque ACTES PETITS D JEUNERS 113 des Fran ais se retrouvent table il y a de fortes chances pour que leurs conversations portent sur ce qu ils mangent et sur ce qu ils boivent C est un trait culturel national nous sommes collective ment tr s attentifs ce que nous mangeons La culture alimentaire fran aise s est d velopp e partir d une extr me concentration sur l aliment sur ce qui est bon savoureux Cette attention culturelle ment port e ce que nous mangeons est aussi un facteur qui nous permet d avoir le sens de ce que nous allons manger et va contri buer l organisation de la prise alimentaire au cours de la journ e Jean Paul LAPLACE pr sident de l Institut francais pour la nutrition Merci France pour cette pr sentation passionnante Deux r flexions qui viennent d une exp rience que tu as cit e concernant les per sonnes amn siques qui sont capables de manger un deuxi me repas Au fond cela signifierait que les m canismes du rassasie ment qui reposent sur la sensibilit visc rale la pression gastrique et ainsi de suite sont d une efficacit tr s mod r e
153. si pr occupation de la s ret sanitaire telles sont les questions abord es par M Bruno Le Maire et M Jos Lopez Directeur g n ral de Nestl dans un change marqu par l ouver ture et le franc parler mais galement le souci de ne jamais s parer la question globale de l alimentation non seulement bien s r de sa dimension conomique mais aussi du socle socioculturel de nom breuses nations dans le monde et tout particuli rement la France Ainsi M Bruno Le Maire a t il clairement affirm Ma convic tion est que derri re notre alimentation il y a une certaine id e de la soci t de la nation de la culture qui a une place tr s particuli re 168 FONDATION NESTL FRANCE en France et dont notre mod le alimentaire fait partie Convic tion l vidence partag e par M Lopez L alimentation se situe du c t des motions de la vie du partage La nourriture joue un r le extraordinaire dans la convivialit la fraternit Arr tons de la regarder comme un simple apport de calories et de micronutriments Si on la consid rait ainsi on n aurait qu un seul type d approche pour se nourrir Et avec combien de carences notamment motives C est dire d occasions de s exprimer de partager donc de vivre ensemble S il s av re que les rapports entre alimentation et industries agroalimentaires suscitent parfois dans la sph re publique de faux d bats on ne peut que se r jou
154. st assurantielle un peu comme la prise en compte des accidents de la route tous les gens qui conduisent vite ou qui ont moins de vingt cing ans n ont pas d accident Mais il y a quantitativement plus d accidents parmi les conducteurs ultra rapides de moins de vingt cinq ans Donc nous sommes dans une d finition quantitative et non pas qualitative comme quand on est face une fracture ou bien l os est fractur ou il ne l est pas c est assez simple Ici on raisonne en termes de probabilit s statistiques Oui au del d un IMC de 40 tr s peu de gens sont en bonne forme physique Mais plus on descend vers 30 plus il y a une proportion d entre eux qui reste en bon tat Etc Et certaines personnes b n ficient m me de leur exc s de poids dans certaines situations extr mes comme en r animation L important est de ne jamais oublier que nous sommes dans une d finition de ce type quantitatif car cet oubli souvent est la cause de malentendus dans nos discussions Les donn es m dico conomiques sont des marqueurs de im pact de l ob sit sur la sant l ob sit majore de 40 le co t de la sant publique parce qu elle contribue la survenue de compli cations La encore il s agit d une donn e statistique Vraiment si chacun d entre vous sortait d ici en tant parfaitement au clair sur le fait que l ob sit est une maladie quantitative nous aurions tous beaucoup gagn car cela permet vraimen
155. st mes et fili res d alimentation qui sont devenues tr s pr occupantes V ronique AUGER On peut en parler propos de la flamb e des prix des mati res premi res parce qu on est tous d sormais interd pendants videmment on ach te son cacao ailleurs qu en France Mais aussi nos c r ales Aujourd hui le grand slogan d ailleurs pas si nouveau c est Achetons fran ais mangeons fran ais Lors du G20 agricole qui est d ailleurs le premier G20 agricole de l histoire vous avez tenu la partition Achetons tranger mais essayons de le faire au juste prix Cela a t une n gociation tr s 182 FONDATION NESTL FRANCE difficile pour emp cher que les mati res premi res ne flambent comme ces derni res ann es Je crois qu en 2011 cela a t 40 d augmentation des prix Concr tement qu avez r ussi obtenir des 19 autres pays qui taient autour de la table Bruno LE MAIRE Je voudrais revenir un instant sur le slogan que vous avez rappel Achetons fran ais C est d sormais un slogan politique qu il faut prendre avec beaucoup de pr cautions D abord parce que le consommateur est libre Vous pouvez l enjoindre de Consommez fran ais Tr s bien Demeure qu il fait son choix au terme d un arbitrage entre le prix et la qualit Attention aussi m me si je suis videmment favorable ce que l on privil gie les produits fran ais ce que cela ne serve pa
156. stion de la p dagogie Comment clairer et aussi renforcer le d bat public Toutefois c est vrai comment g rer un d bat public sur des questions aussi complexes que par exemple le bisph nol Je pense que l il y a un vrai probl me de p dagogie collective soci tale Philippe BAS Je suis pleinement d accord sur les points que vous soulignez Mais naturellement je n ai pas r ponse tout Je suis accompagn aujourd hui par Madame Alima Marie Directrice de la Communication qui est tout particuli rement charg e de ce dialogue avec la soci t C est dire si au c ur de l quipe de direction de notre Agence nous avons voulu essayer d apporter notre contribution ce probl me de compr hension dont vous sou lignez juste titre l importance C est un travail de tr s longue 156 FONDATION NESTL FRANCE haleine que d tablir la confiance avec des journalistes D autant que ce sont les journalistes sp cialis s qui vont travailler le sujet se familiariser avec le fonctionnement de notre Agence Mais le jour o un fait divers li la s curit sanitaire fait irruption dans l actualit ce ne sont pas les m mes qui vont le traiter Toutefois je crois que nous avons progress en tr s peu de temps Le Directeur G n ral re oit r guli rement les journalistes pour leur expliquer ce qui est en train de se faire les interrogations que nous avons etc Nous esp rons ainsi que au moment o nous so
157. t le si lence table tait de rigueur juste rompu par la voix d un lecteur La R gle de Saint Benoit chapitre 38 est imp rative Pen dant le repas des fr res la lecture ne doit jamais manquer Et ce n est pas au hasard qu un fr re prend le livre pour lire au r fectoire Mais on nomme un fr re qui lira pendant une semaine enti re Pen dant le repas on garde un silence complet On n entend personne parler voix basse ou voix haute on entend seulement celui qui lit Pendant le repas que nul ne se permette de poser des questions sur la lecture ou sur autre chose pour viter tout d sordre Le moins qu on puisse dire c est que de telles pratiques n encou rageaient gu re la convivialit Et Claude Fischler rappelle juste titre que dans un certain nombre de familles traditionnelles cet imp ratif du silence a table a tr s longtemps pr valu D ailleurs lors d un petit d jeuner d bat portant sur la transmission le sociologue Fran ois de Singly voquait avec humour les repas familiaux de son enfance fort stricte son p re avait r instaur le syst me monastique de la lecture haute voix pendant le repas Toutefois pour all ger la 2Claude Fischler opus cit p 78 96 FONDATION NESTL FRANCE chose sa m re qui avait semble t il un joli sens de l humour avait d cid de leur faire entendre comme lecture pieuse Don Camillo Depuis du moins dans l immense
158. t il va les sentir les go ter en tr s petites quantit s Sur le plan motionnel sa r action sera le plus souvent de r pulsion Son a priori est que cet aliment qu il ne conna t pas n est pas bon M me quand il l introduit dans sa bouche il reste sur cette id e de d go t La n ophobie alimentaire existe chez toutes les esp ces omni vores en t moignent les comportements du rat du singe du co chon S agissant des rats des chercheurs en ont affam puis les ont mis en pr sence d aliments nouveaux Ils ont alors constat que ces rats affam s consommaient l aliment inconnu dans des quan tit s tr s insuffisantes pour se rassasier manifestant une r ticence plus grande que leur faim Dans le contexte naturel l observation des singes montre que les adultes consomment avec beaucoup de m fiance les v g taux qu ils ne connaissent pas On constate par 24 FONDATION NESTL FRANCE ailleurs que le petit du singe ne go te jamais un aliment inconnu avant d avoir vu un adulte le consommer devant lui La n ophobie alimentaire existe bien chez toutes les esp ces omnivores Mais pourquoi dans ces esp ces et pas dans d autres En fait la n ophobie a une fonction adaptative ll n est en effet pas stupide de se m fier avant d ing rer quelque chose que l on ne conna t pas C est pourtant le lot des omnivores contraints d largir leur r pertoire alimentaire la diff rence par exemple des koalas g n tiq
159. t de poser tr s diff rem ment le probl me Ou du moins de ne pas se tromper de domaine de r flexion et de r f rence Quand vous tes d abord pr occup de sant publique vous tes int ress par la population Quand vous tes m decin et clinicien vous tes int ress par l individu Ce qui se passe trop souvent c est que le m decin devant l individu a un raisonnement populationnel Je trouve cela pr occupant Car ACTES PETITS D JEUNERS 87 ce raisonnement populationnel est cadr fig labor par des ins tances dont les pr occupations sont tr s diff rentes de celle de la clinique individuelle Ou du moins devrait l tre Devant un individu l IMC le m decin s en moque ce n est pas un l ment primordial Pour l assureur c est un l ment de description populationnelle Mais il ne faut pas confondre les deux La d finition populationnelle s est impos e dans les ann es 1960 une poque o la culture m dicale dominante tait centr e sur les maladies cardiovasculaires le diab te et l hypertension Les facteurs de risque vasculaire ne sont pas les seuls marqueurs de effets de l ob sit sur la sant l exc s de poids peut retentir sur la respiration les articulations le risque de cancer et la stigmatisation Face tout patient la premi re question se poser est donc de quelle pathologie faut il d abord se pr occuper dans son cas parti culier en fonction de son retentiss
160. t g n ti quement mais probablement aussi des b b s qui construisent cette sensibilit in utero parce que comme on l a dit le liquide amnio tique est impr gn par le type d alimentation maternelle Un certain nombre d tudes ont montr que dans les pays o la nourriture des adultes est tr s pic e quelque chose en passe dans le liquide amniotique le foetus s y habitue et le reconna t apr s la naissance Lorsqu il na t avec cette sensibilit aux pices il sera difficile de dire si cela est g n tique ou acquis Mais on peut parler de co construction du go t car le r gime alimentaire de la m re l oriente certainement en partie On sait de mieux en mieux comment le foetus s organise va mettre en place pendant les neuf mois de la grossesse les diff rentes sensorialit s dans un ordre toujours fixe que r sume la for mule TOGAV Le tact T d abord puis dans l ordre l olfaction 0 le go t G l audition A la vision V Ainsi pendant la ACTES PETITS D JEUNERS 37 grossesse les r cepteurs du go t se mettent en place apr s le tact et l olfaction pour toucher et sentir il faut tre tr s pr s de l objet et avant l audition et la vision qui vont permettre de percevoir l objet distance Le go t appara t entre les deux il est la charni re entre le proximal et le distant ce qui est tr s int ressant du point de vue de la gen se du d veloppement embryonnaire
161. taines viandes En outre le fait que l enfant ne veuille pas manger ce qu on lui propose est source de nombreux conflits table et de difficult s dans les rapports familiaux Il faut galement savoir que la n ophobie se maintient dans le temps Certes plus on grandit moins on est n ophobe mais il n en demeure pas moins que les enfants les plus n ophobes 3 ans seront les adultes les plus s lectifs Que peuvent faire les parents et les ducateurs au sens large pour aider l enfant d passer cette n ophobie ACTES PETITS D JEUNERS 27 Comme je l ai dit on peut distinguer deux phases dans l volution du go t l une avant 2 ans o l enfant est ouvert la vari t et l autre apr s 2 ans o intervient pour plus ou moins longtemps la n ophobie Il est souhaitable de profiter de la p riode d ouver ture pour insister sur la vari t Les r sultats de quelques tudes montrent que les enfants ayant eu des consommations vari es pendant ces deux premi res ann es de vie sont en moyenne les moins n ophobes Mais ces tudes demeurent restreintes Cette initiation la vari t commence tr s t t lorsque la m re est enceinte En effet le liquide amniotique se parfume des ali ments qu elle consomme et l enfant en garde une forme de souvenir Il en va de m me pour l allaitement le lait maternel se parfume galement des consommations alimentaires de la m re et l enfant nourri au
162. taire serait en difficult Je voudrais galement dire a quel point j admire le travail que font ces industries leur rigueur et combien je les d fends Parfois pour parler vulgairement je les tanne avec un certain nombre de propositions Je pense en particulier la question de l tique tage laquelle je suis tr s attach Je crois qu il est important que les consommateurs sachent exactement d o vient le produit qu ils ach tent L encore je le dis devant Aymeri de Montesquiou il me parait important que les Fran ais sachent que plus de 60 de leurs blocs de foie gras proviennent de Hongrie Ce n est videmment pas un probl me mais il est juste qu ils en soient inform s Je suis r solument pour la transparence Demeure l essentiel pour moi cette industrie agroalimentaire innove embauche forme et exporte Et non seulement des produits par le biais d une nourriture de qualit mais aussi des valeurs de bien tre et de plaisir de vivre Dans un pays qui entend promouvoir sa capacit produire de la qualit tout ce qui pourra tre fait pour d fendre ces industries je le soutiendrai Parce que j estime que l enjeu est vital On ne peut pas dire Je suis pour l industrie pour un quilibre entre industrie services et agriculture Je suis pour la d fense de l agriculture et pour la coop ration avec les industriels et de l autre c t d nigrer comme le font certains les ind
163. tif de s curit sanitaire des l gumes et de ce type de graines et pour qu on ta blisse de fa on plus efficace la tra abilit des produits Parce que la s curit sanitaire d pend pour beaucoup de la possibilit de croiser les donn es pid miologiques humaines et la tra abilit des aliments Ainsi dans le cas du steak hach ce qui nous a permis de rep rer aussi rapidement les stocks dangereux c est que nous avons en France un dispositif tr s efficace de croisement des donn es Les donn es pid miologiques permettent de rep rer que deux ou trois gamins ont une intoxication alimentaire Imm diatement on r unit les informations quels aliments ont ils consomm O quel moment Venant de quel lot Et la tra abilit permet d en retrouver l origine Ainsi en croisant des donn es alimentaires et des donn es humaines on rep re tr s vite la cause du probl me Dans le cas de E Coli on n avait pas la possibilit de croiser les donn es On avait d un c t des gens malades dans le nord de l Allemagne et puis de l autre la tra abilit de l gumes sans pouvoir superposer ces donn es Moyennant quoi on a mis trois semaines avant de trouver l origine de l intoxication qui a fait je le rappelle plus de 40 morts en Europe 194 FONDATION NESTL FRANCE V ronique AUGER Les industries agroalimentaire sont souvent d sign es du doigt en cas de probl mes de s curit sanitaire je pen
164. tion est un mot du vocabulaire courant qui dit bien ce qu il veut dire quand on prend des pr cautions cela ne signifie pas qu on est certain qu un risque va se r aliser auquel cas d ailleurs ce ne serait plus seulement un risque Cela veut dire qu on essaie de le pr venir de se pr munir contre son ventuelle r alisation Dans ACTES PETITS D JEUNERS 137 la vie quotidienne tous les Fran ais et ce ne sont pas les seuls pratiquent spontan ment le principe de pr caution ne serait ce qu en traversant une rue l inverse le principe de pr caution n est jamais mis en uvre quand on est certain qu un p ril va se r aliser dans ce cas la on n a pas besoin d tre pr cautionneux On sait Le principe de pr caution intervient quand on ne sait pas compl tement C est toujours dans ce cas l qu on va l invoquer Pour reprendre la phrase que vous citiez justement pas quand on est dans l av r mais le s rieusement suspect Aujourd hui on a l impression que la pr caution consiste tou jours interdire quand il y a le moindre doute Mais si on en arrive l ce n est plus de la pr caution c est de l inhibition face au risque Et il en d coule une soci t qui ne peut plus progresser Le rapporteur au S nat de la Charte de l Environnement qui a t promulgu e le 1 mars 2004 mon coll gue de la Manche Jean Bizet disait faudrait inscrire c t
165. tionnement de la nourriture II s agit donc de faire fonctionner nouveau le syst me C est dire qu il faut des agriculteurs qui non seulement ait une vie convenable mais aussi une vision du futur Par rapport leur exploitation l h ritage qu ils vont laisser leurs enfants Ils ont p renniser quelque chose d essentiel qui est la base de toute vie Ce sont des choses relativement simples mais qui ont peut tre t trop simplifi es et qui aujourd hui nous posent de nouveaux d fis Parce que la cha ne se casse le syst me fonctionne mal les d s quilibres prennent le dessus Heureusement qu il y a des politiques qui s engagent pour cette cause D ailleurs l ouvrage de Monsieur le Ministre d crit tr s bien l importance de ce faire fonctionner Car il faut prendre des d cisions il faut r quilibrer Il faut une politique Le G20 est videmment un envi ronnement particuli rement opportun pour prendre ces d cisions V ronique AUGER Deux mots sur le G20 Bruno LE MAIRE Volontiers y a un point tr s important dans ce qu a dit Jos Lopez c est la r volution des consommations alimen taires dans les pays en d veloppement ou dans les pays mergents qui sont d ailleurs beaucoup plus qu mergents mais d j mer ges comme la Chine Si on prend cet exemple on constate qu on assiste trois r volutions concomitantes qui sont absolument d ci sives pour les producteurs fran ais Elles e
166. trition nous tions arriv s avoir le d velop pement biologique et le bon tat sanitaire que globalement nous connaissons aujourd hui Plus r cemment le Prix Nobel d cono mie 2002 Daniel Kahneman psychologue et conomiste et qui travaille justement sur les questions de comportement a attir notre attention sur le fait que l on ne pouvait pas d crire les com portements avec les hypoth ses initiales trop restrictives des conomistes Ce genre d ouverture attire de nombreux chercheurs qui n auront pas tous un Nobel videmment mais qui montrent que s ouvrent des voies Marylise BENSO journaliste au Corriere della Serra Milan Pour en revenir aux questions de biologie il est vrai que sous l effet des antid presseurs on prend du poids Logiquement si on arr te cette mol cule on devrait perdre des kilos Ce qui n est pas le cas Je voulais savoir quelle proportion de gras reste dans les cellules adi peuses 10 20 80 FONDATION NESTL FRANCE Arnaud BASDEVANT Vous voquez l effet d un m dicament puis la difficult une fois que cet effet sur le tissu graisseux s est pro duit de revenir en arri re En effet chez certaines personnes cela ne s applique ni tout le monde ni tout le temps sous l effet de m dicaments psychotropes des modifications se produisent Pour le dire autrement cela quivaut un changement de niveau de r gu lation du thermostat vous tiez r gl
167. uement d termin s la seule consommation de feuilles d eucalyptus Ainsi la n ophobie alimentaire serait elle pour l homme et tous les omnivores une prudence contre les risques d intoxication Toutefois si l on s en tient cette fonction protectrice de la n o phobie alimentaire celle ci devrait se manifester d s les premiers jours de la vie et rester constante tout au long de l existence Or ce n est pas le cas la n ophobie n appara t qu aux alentours des 18 24 mois Tous ceux qui ont donn manger des enfants avant 18 24 mois ont pu constater qu en dehors de pathologies sp cifiques l enfant est tr s facile nourrir notamment parce qu il ne manifeste aucune s lectivit et consomme ce qu on lui propose Puis aux alentours de 18 24 mois environ 50 des enfants en moyenne commencent se montrer n ophobes De 3 6 ans la n ophobie atteint son apog e en intensit et en pr valence 75 des enfants en donnent des signes durant cette p riode Ensuite elle change de forme Mais entre 3 et 6 ans l enfant signifie que Ce qu il ne connait pas il d cide que ce n est pas bon et s il le go te il continue dire que ce n est pas bon et prouver du d go t ACTES PETITS D JEUNERS 25 Au del de 6 ans il fait preuve d une plus grande souplesse la fois cognitive et affective Il est capable de mettre en place un raisonnement du type il faut que je go te avant de d cider si c est
168. uits C est mon objectif et je le d fends avec beaucoup de ferveur parce que je refuse cat goriquement le mod le d uniformisation alimentaire que certains veulent nous imposer Comme je refuse cat goriquement le dumping vers le bas en termes de qualit des produits alimentaires Mais aussi le dumping vers le bas en termes de prix alimentaires J assume de dire que l alimentation a un co t qui ne peut tre r duit l infini comme certains voudraient nous le faire croire On peut essayer d tre tou jours plus comp titifs bien entendu mais j y insiste nouveau un produit de qualit cela a un co t Pour me r sumer ma conviction est que derri re notre alimenta tion il y a une certaine id e de la soci t de la nation de la culture qui a une place tr s particuli re en France et dont notre mod le alimentaire fait partie V ronique AUGER Justement une question relative ce mod le L an dernier l Unesco a reconnu le repas la fran aise comme fai sant partie du patrimoine culturel immat riel de l humanit Pre mi re question Bruno Le Maire quelle est vos yeux la sp cifi cit de ce repas la fran aise Bruno LE MAIRE Pour moi il y a ou il devrait y avoir deux sp cificit s majeures La premi re j y reviens c est que chacun y mange sa faim Et c est bien un de nos traits culturels d Henri IV 176 FONDATION NESTL FRANCE on se souvient qu il avait promis de l
169. une p pite conomique de premi re importance L industrie agroalimentaire j en suis un grand d fenseur parce que derri re il y a de l emploi de la formation des jeunes qui trouvent des pers pectives d avenir Il y a une qualit une s curit sanitaire il y a de l activit sur tous les points du territoire national Ceux qui crivent bouquins sur bouquins pour nous expliquer que l industrie agroali mentaire c est le diable d guis en saucisson peuvent tre bourr s de bonnes intentions mais ce n est pas la r alit Et il y a un moment o il est bon je pense de rappeler un certain nombre de ces r alit s Dernier enjeu enfin et qui n est pas le moindre derri re l ali mentation c est une conception de la nation qui est en jeu J en suis profond ment convaincu Une conception de la nation qui d abord veut que dans un pays d velopp comme la France tout le monde mange sa faim Je me suis battu pour le programme d aide aux plus d munis parce que j estime que dans des pays d velop p s comme les pays europ ens chacun doit manger sa faim n est pas acceptable qu il y ait encore aujourd hui en Europe des ACTES PETITS D JEUNERS 175 millions de personnes qui n ont pas de quoi se nourrir et d pendent de l aide alimentaire Et bien entendu je termine par l m me si c est une vidence la France doit tre le mod le alimentaire mon dial en termes de diversit et de qualit de ses prod
170. up compris INDUSTRIES AGRO ALIMENTAIRES ET ALIMENTATION VRAIS ENJEUX FAUX D BATS 8 d cembre 2011 Interventions de Monsieur Bruno Le Maire Ministre de l Agriculture de l Alimentation de la P che de la Ruralit et de l Am nagement du territoire et de Monsieur Jos Lopez Directeur g n ral de Nestl El ve de l Ecole Normale Sup rieure Bruno Le Maire est re u l agr gation de lettres en 1992 int gre ensuite l Ecole Nationale d Administration et entame une carri re politique au sein de l UMP Conseiller politique de Dominique de Villepin au minist re des Affaires trang res de 2002 2004 puis au minist re de l Int rieur de 2004 2005 il devient en 2006 son directeur de cabinet Matignon Il est d put de l Eure depuis 2007 et membre du Conseil R gional de Haute Normandie En 2009 il est nomm Ministre de l Alimentation de l Agriculture et de la P che minist re qui devient en novembre 2010 celui de l Agriculture de l Alimentation de la P che de la Ruralit et de l Am nagement du Territoire BIBLIOGRAPHIE Le Ministre Grasset 2004 Des hommes d Etat Grasset 2007 Laur at du prix Edgar Faure 2008 Sans m moire le pr sent se vide Gallimard 2010 Nourrir la Plan te Le Cherche Midi 2011 Dipl m en G nie m canique de l ETS en Suisse Jos Lopez a galement fait des Etudes sup rieures de management IMD de Lausanne C est au sein du groupe Nestl
171. ur abandon n est pas pour l enfant une libert accrue Je pense que la transmission du mod le culturel au travers des apprentissages et des conditionnements est quelque chose de fort de d terminant pour le maintien de l quilibre nutritionnel me semble que la force d un pays comme la France r side dans la transmission maintenue de son mod le culturel alimentaire ce qui ne veut pas dire qu il ne puisse pas voluer Et cette transmission d bute d s la petite enfance La grande question pour moi en recherche biom dicale est de savoir s il y a dans l alimentation au del des calories des l ments cruciaux qui seraient des micronutriments des substances non caloriques ventuellement des substances non nutritionnelles qui pourraient avoir un r le C est un important sujet de recherche 84 FONDATION NESTL FRANCE De la salle Pour compl ter la question concernant la toute petite enfance sait on si sur le plan biologique les trois premi res ann es sont des p riodes fondamentales en ce qui concerne les cellules de stockage ou si l volution se fait de la m me mani re tout au cours de la vie Arnaud BASDEVANT Les cellules de stockage apparaissent in utero en fin de grossesse Et effectivement les premi res ann es sont tr s importantes et ensuite vraisemblablement le moment de la pubert Mais sur le plan de la recherche clinique c est extr me ment difficile tudier parce que l
172. ustries agroalimentaires Je suis tr s frapp par les attaques syst matiques dont elle fait l objet depuis maintenant plusieurs mois voire plusieurs ann es ACTES PETITS D JEUNERS 199 Pour ma part je suis tr s fier d une entreprise comme Danone des embauches de Nestl en France Et d entreprises comme Lactalis par exemple le fleuron laitier francais serait temps d arr ter de syst matiquement d nigrer ce qui marche dans ce pays D fendons nos industriels Chacun s en portera mieux V ronique AUGER Voil qui met du baume au c ur non Jos LOPEZ serait difficile de rajouter quoi que ce soit TABLE DES MATI RES 7 Avant Propos 11 L ducation au go t du jeune enfant Interventions de Natalie Rigal et du Professeur Bernard Golse 55 Ob sit s vers de nouvelles hypoth ses Intervention du Professeur Arnaud Basdevant 89 App tit et rassasiement l influence des facteurs environnementaux pendant les repas Intervention du Professeur France Bellisle 123 Faut il envisager des limites l application du principe de pr caution Intervention de Philippe Bas 161 Industries agro alimentaires et alimentation vrais enjeux faux d bats Intervention de Bruno Le Maire et de Jos Lopez OUVRAGES DES DITIONS DE LA FONDATION NESTL FRANCE Les Rendez vous D bats de la Fondation Nestl France 2009 2010 Yves Coppens Val rie Boyer Patrick S rog Fran
173. vocation de ces rencontres savoir pour mieux comprendre puis pour agir avec plus de pertinence Car dans l esprit de la Fondation la sp culation intellectuelle est indisso ciable de l action qui demeure un de ses grands engagements Mais avec la conviction galement essentielle que cette action tiendra son efficacit de la rigueur des recherches en perp tuelle volution sur lesquelles elle s appuie En d pit des registres diff rents qu elles ont explor s on pourrait dire des interventions qui ont ponctu cette ann e 2010 2011 qu elles ont eu un point commun en dehors bien s r de leur enjeu global Manger bien pour vivre mieux 8 FONDATION NESTL FRANCE Qu il s agisse de s interroger sur la n ophobie des jeunes enfants ou sur la formation du go t chez les nouveaux n s sur les hypoth ses mergentes concernant l ob sit sur la s curit sanitaire et le principe de pr caution ou sur les retentissements de l environnement sur les prises ali mentaires pendant les repas toutes se sont attach es l ana lyse du lieu fronti re o le normal peut basculer dans le risqu puis dans le pathologique parfois irr versible Afin de se donner les moyens pour selon les mots du professeur Bernard Golse non de le pr dire mais de le pr venir Recherches exp rimentations domaines mergents Ce sont aussi les mots qui ont ponctu les interventions du
174. xpliquent aussi beaucoup 188 FONDATION NESTL FRANCE des choix politiques que j ai faits depuis trois ans pour d fendre l exportation la r organisation des fili res et la capacit de nos pro ducteurs prendre des march s Premi re r volution celle des prot ines animales Cette r volution touche tous les pays en d veloppement ils veulent de la consom mation de prot ines animales Notre petit d bat franco fran ais sur Arr tez de consommer de la viande rouge les Chinois les In diens les Br siliens les Argentins et les Africains le regardent avec effarement En se disant Mais qu est ce que c est ces Fran ais qui disent qu il ne faut plus consommer de viande rouge Nous nous voulons des prot ines faut donc leur donner acc s ces prot ines Une importante coop ration s est donc d velopp e entre la France et la Chine sur la question de la s lection g n tique ani male parce que les Chinois veulent avoir acc s cette r volution des prot ines Deuxi me l ment qui lui concerne directement Nestl la question du d veloppement des produits laitiers en Chine Les Chinois qui ne consommaient pas de produits laitiers se mettent le faire Et quand 1 4 milliard de personnes se mettent consom mer un produit je peux vous dire que cela change s rieusement la donne pour le march Pour nous c est un l ment cl En outre les Chinois ne ma trisent pas encore la s cur

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