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des drogues - Centre de documentation

1. paraitre Colpron A M et P Cesarino s d The Panoan Inca figure An interpretation based on the Marubo and Shipibo Conibo cases A para tre Conklin B 2002 Shamans versus Pirates in the Amazonian Treasure Chest American Anthropologist 104 4 p 1050 1061 Descola P 1992 Societies of Nature and the Nature of Society In A Kuper sous la direction Conceptualizing Society London Routledge p 107 126 Descola P 1993 Les lances du cr puscule Relations Jivaros Haute Amazonie Paris Terre Humaine Plon Descola P 1996 Constructing Natures Symbolic Ecology and Social Practice In P Descola et G Palsson sous la direction Nature and Society Anthropological Perspectives London Routledge p 82 102 Dobkin de Rios M 1972 Visionary Vine Psychedelic Healing in the Peruvian Amazonas San Francisco Chandler 88 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes Fausto C 2008 Donos demais Maestria e dominio na Amaz nia Mana para tre Furst P 1972 Flesh of the Gods The Ritual Use of Hallucinogens New York Praeger Gebhart Sayer A 1985 The Geometric Designs of the Shipibo Conibo in Ritual Context Journal of Latin American Lore 2 2 p 143 175 Gebhart Sayer A 1986 Una Terapia Estetica Los Dise os Visionarios del Ayahuasca entre los Shipibo Con
2. Les boissons haut pourcentage d alcool ou spiritueux paraissent surtout avoir t consomm es par les hommes une tendance qui semble se perp tuer Dans les occasions sp ciales comme des f tes des noces on buvait du fort comme de la vodka du Beefeater pis du gin Les femmes buvaient pas vraiment du fort c tait du vin Il y avait aussi du sherry entrevue avec un homme de 61 ans septem bre 2008 On voit ici un parall le avec les comportements face l alcool au Qu bec o comme le rapportent Pr vost et coll 1986 p 207 les spiritueux taient r serv s aux hommes symboles masculins de la virilit du macho qui il fallait un stimulant fort en alcool Le fort voil ce qui distinguait l homme de la femme 15 Beefeater marque de gin 150 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens Le vin du Saint Georges au vin de table Pour terminer avec les cat gories d alcool chez les Am rindiens il est important de distinguer les diff rents types de vins consomm s Dans cette cat gorie sont mentionn s dans la litt rature comme chez les informateurs le Saint Georges le Bellini le porto le sherry ainsi que les vins de table Le Saint Georges tout d abord fait toujours partie de la liste il s agit d un vin dit fortifi produit bon march du Qu bec qui fait son apparition la Commission des liqueurs dan
3. A la lumi re de ce qu crit Taylor le gage de l authenticit n est plus l autorit garantie par l institution religieuse ou politique mais bien l exp rience inali nable de chacun L exp rientiel r alise ainsi la fusion du spirituel et de l motionnel de l individuel et de l universel D un autre point de vue il revient liminer tout contr le tout monopole toute institutionnalisation Hamayon 2003 p 41 L exp rientiel tenu pour crit re d authenticit et de scientificit est d s lors soustrait au Jugement objectif incontestable et incon test chaque personne et son exp rience tant unique On le voit cette br ve mise en situation inscrit les pr ten tions du n o chamanisme dans un contexte historique culturel et du coup les relativise significativement Cette relativisation propre l exercice scientifique faut il ajouter n a pas pour but de railler ces derni res mais de les constituer comme objet pour la socio anthropologie Comment alors saisir cette reli giosit Il faut d abord montrer les limites de deux approches sym triques et insuffisantes pour que se dessine l espace d une troisi me voie Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 215 Usages n o traditionnels des drogues Interpr tation essentialiste La premi re approche rassemble une famille de th ories et d interpr tations souvent sympathiques voire enthousiastes l id e d une consommation
4. Au d but du XXK si cle dans les nations d Europe occidentale et en particulier en France le vin conserve un certain prestige et continue de se pr senter dans le choix des boissons et dans les mani res de boire comme un instrument de la distinction sociale Il en est de m me au Qu bec la consommation de vin entre dans un usage formel o il existe des r gles suivre Dans un pays qui reste avant tout consommateur de bi re le vin n est pas associ la d pendance l alcool sauf quand il est tr s bon march mais plut t des symboles de l art de vivre et de recevoir Ainsi la consommation de vin refl te l adh sion ces symboles de l individu qui le sert On choisit soigneusement un vin en fonction de ce qu on va manger on le verse dans des verres pied appel s coupes au Qu bec et on le d guste avec un bon repas chez soi ou au restaurant G n ralement go t par une personne avant d tre servi tous il est l objet d un d corum qui est aussi important que le fait de le boire Qu en est il donc dans les communaut s visit es Nous avons d abord observ que du vin pouvait tre servi lors de grandes occasions outre les quelques verres de vin doux savour s par les ain s pour c l brer les f tes du calendrier il est Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 153 Usages n o traditionnels des drogues possible d offrir du vin rouge des invit s de marque pour
5. Guichard Annie Haxaire Claudie Iriart Jorge Joober Ridha Keller Pascal Henri Lamblin Denis Laventure Myriam Lavoie Vicky Institut national de sant publique du Qu bec INSPQ Universit Laval Universit de Montr al Direction de la sant publique Montr al Centre Universit du Qu bec Montr al UQAM Universit Laval Universit de Lyon France Institut national de pr vention et d ducation pour la sant INPES France CESAMES Centre de recherche Psychotropes Sant mentale Soci t France Universidade Federal da Bahia Salvador Universit McGill Institut universitaire en sant mentale Douglas Universit de Poitiers France R seau de pr vention du syndrome d alcoolisation foetale REUNISAF ile de la R union Universit de Sherbrooke Clinique pour traumatismes li s au stress op rationnel Centre hospitalier universitaire de Qu bec 242 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Liste des r viseurs scientifiques Le Breton David Leblanc Benoit Lefebvre Genevi ve Leibing Anette Malherbe Jean Frangois Manske Steve M nard Jean Marc Monzee Jo l Morel Alain Morin R al Nadeau Louise Otero Marcelo Paradis Gilles Pauz Robert Pilet Jean Luc Universit Marc Bloch Strasbourg 2 France Universit du Qu bec Trois Rivi res UQTR Centre Dollard Cormier Insti
6. Les usages n o chamaniques du festival Burning Man Patrick Deshayes 2002 a montr comment l ayahuasca ne servait pas la recherche d hallucinations chez les am rin diens d Amazonie occidentale et que le sens profond de son usage tait de susciter et de g rer la frayeur Or contraire ment ce que semble sugg rer l auteur les pratiques contem poraines dont celles que l on trouve BM n liminent pas cette dimension de peur Comme nous l avons dit plus haut les substances repr sentent un danger et suscitent une certaine angoisse la prise que la forme rituelle vise pr cis ment domestiquer Dans les pratiques en hypo du fait que les effets des substances se pr tent tr s mal la consommation r cr a tive ou festive induisant notamment des vomissements nous sommes plut t d avis que cette dimension de frayeur est bel et bien pr sente Nous croyons m me que l affrontement avec ces contenus menagants et leur transformation en connaissance de soi et en progr s th rapeutique en constituent l un des l ments essentiels quoique videmment tout autrement que dans les soci t s amazoniennes et en rapport troit avec les imp ratifs de la culture individualiste occidentale Autrement dit les pratiques voqu es ici sont comprendre comme autant de conduites a risque mettant en sc ne de mani re rituelle un affrontement avec l incertitude surgissant du monde comme des profondeurs int rieures et
7. apparait dans un livret personnel crit en 1658 par le premier gouverneur du nouvel emplacement Boer au Cap il tait pel daccha Plusieurs d rivations du terme apparaissent dans des crits subs quents laissant supposer diverses compr hensions des colonisateurs du terme Hottentot daXa b ou baXa b lequel r f re entre autres au tabac Lorsque l on r f re plus sp cifi quement au dagga le qualificateur am vert s ajoute la racine et le r sultat est lamaXa b soit tabac vert ou dagga Voir Du Toit 1975 pour une tymologie plus compl te du terme dagga N Projet de recherche conduit dans le cadre du Groupe Biom decine en Afrique Une anthropologie de la loi de l organisation des sciences et des technolo gies Max Planck Institute f r ethnologische forschung Halle Saale Allemagne http www eth mpg de people laplante index html Voir galement Laplante sous presse en lien avec le projet 98 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Plantes m dicinales savoirs et soci t vue des rastafaris des enjeux pist mologiques J aborderai ceux ci en partie entre autres en tentant d claircir les l ments essentiels assurant l efficacit des plantes utilis es par les herboristes rastafaris dans les townships de Cape Town en Afrique du Sud Les rela tions unificatrices que favorise la dagga au sein des pratiques phytoth rapeutiques rastafaris sont
8. communiquant une v rit ancienne rejaillissant travers les fissures de la modernit d senchant e Ce qui pr c de devrait suffire convaincre que les psycho tropes n induisent pas d eux m mes d exp riences religieuses souches et que par cons quent chaque cas doit tre rapport un symbolisme plus vaste Si l approche diff rencialiste rejette la religiosit de ces pratiques a priori ou y d couvre des logi ques de maximisation de l int r t personnel ou de domination l approche essentialiste ne saisit que les pratiques en hypo dans lesquelles la consommation de psychotropes est explicitement sacramentelle exercant du coup un jugement de valeur n gatif sur les usages plus festifs propos desquels les participants parlent abondamment en termes spirituels ou religieux Or du point de vue adopt ici pratiques en hyper et en hypo sont deux modalit s d une m me logique socio anthropologique aux dimensions potentiellement et galement religieuses qu il convient justement d analyser En somme du point de vue socio anthropologique le religieux en ce qui a trait aux drogues n est ni dans le seul pass ni dans la substance ou l exp rience indicible des individus mais d pend de la construction de l objet et de la prise en compte la fois du v cu des acteurs et de leur inscription sociale et historique 232 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Les usages n o chamaniques du festival Burning Ma
9. diminue parall lement le sentiment de contr le Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 193 Usages n o traditionnels des drogues Les parcours de consommation voluant sans pisode n ga tif traumatisant donnent aux usagers une assurance positive par rapport leurs consommations Seules les p riodes d exc s lorsqu elles sont per ues comme telles et regrett es diminuent ce sentiment de contr le Notons aussi que les niveaux de consommation sont souvent sous estim s ce qui renforce l impression d avoir un rapport au produit maitris Ce sentiment renforce probablement la volont de ne pas arr ter ou du moins de ne pas envisager l arr t de ne pas le programmer Conclusion Le milieu festif techno se d marque des autres scenes fes tives par une importante disponibilit des produits et une rela tive tol rance envers l usage de drogues Ce contexte constitue un cadre propice la consommation de substances psychoac tives S ajoute au contexte la condition juv nile des participants La d couverte puis l insertion dans un nouveau milieu peut rendre compte de l adoption de pratiques propres la subculture en l occurrence pour les f tes techno l exp rimentation de drogues de synth se La drogue peut devenir alors un l ment de sociabilit et de socialisation et l usage jouer un r le dans la construction identitaire Le passage de la simple participation aux f tes une partici
10. et soci t vol 8 n 1 juin 2009 187 Usages n o traditionnels des drogues la volont de cacher au quotidien ses pratiques dans un milieu ou celles ci sont moins bien tol r es Le contr le par l entourage Un parall le peut tre fait entre la r organisation des consommations et l volution des pratiques festives li es au passage de l adolescence la jeunesse puis la vie adulte Par rapport aux donn es de notre enqu te les investigations portent sur le passage de l usage festif l usage r cr atif o la prise de drogues de synth se peut participer la construction de liens entre les membres d un groupe voire au sein du couple Le couple La plupart des couples interrog s t moignent d une homo g n isation des modalit s de consommation entre les deux par tenaires Ce ph nom ne renvoie la dimension associationniste de la consommation o l obtention de l effet recherch d pend d une combinaison de facteurs plus ou moins complexes Le partage d EMC au sein du couple constituerait l une des condi tions de l obtention de l effet d sir Les couples ne parvenant pas synchroniser leur EMC freineraient leur consommation sauf lorsque l un des deux privil gie son mode de consommation au d triment de sa relation de couple Notons que dans le cas des consommations dopantes o l effet recherch est un moyen d accomplir un autre but par distinction avec la recherche de l effet en soi
11. la notion de conditions optimales s estompe Le produit est alors l adjuvant d une dynamique plut t que le catalyseur de l atteinte d un tat Le couple semble aussi induire un ensemble de pratiques sociales normatives Par cons quent il peut s av rer tre une plateforme efficace du contr le de la consommation soit pour 188 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Vers un usage maitris des psychotropes en milieu techno la r duire soit pour en limiter ses effets d viants par rapport la vie en soci t Nous avan ons que le couple et ses modalit s de contr le peuvent fonctionner comme un outil d analyse des consommations voire un outil de cure L aide par le groupe La consommation collective forme un autre outil de contr le celui de l aide par le groupe Au del du plaisir partag une id e r pandue chez les acteurs est que les pratiques festives comportent aussi des risques qu il est pr f rable d affronter en groupe Curieusement la surprise engendr e par l tat de transe dont l ind termination constitutive donne lieu un relatif bien tre s allie une organisation et une pr visibilit des limites ne pas franchir Seca 2001 p 114 L exp rience des ain s la prise en charge par la communaut fonctionnent comme un mode de limitation des risques li s de mauvaises consommations notamment pour les novices Comme le constate Zinberg 1974 la consommati
12. munaut s algonquines et atikamekw visit es deux hommes de plus de 50 ans pr cisant qu ils n ont jamais vu pour leur communaut de fabrication de bi re mais qu ils ont entendu parler de bi re de framboises par les a n s D apr s eux ce sont des commis de postes de traite qui ont transmis les recettes aux Am rindiens l un d entre eux reliant m me la diversit des 146 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens composantes aux diff rents commis celui du Lac Abitibi il savait le faire avec des framboises Dans d autres commu naut s le gars de la compagnie de la Baie d Hudson il utilisait d autres affaires entrevue avec un homme de 54 ans r serve algonquine aotit 2008 Lucien Turner qui a parcouru l Ungava de 1882 1884 a confirm cette transmission Il a rapport au sujet des autochtones de la r gion sans pr ciser s il s agit des Inuits des Naskapis ou des Cris They do not know how to brew or ferment liquors of any kind and as the importation of intoxicants is wisely prohibited the native has no opportunity to indulge in his craving for liquors the supply of which was plentiful in former years A spruce beer is made by the servants of the company for the holidays and a taste is sometimes given to a favorite Indian who is so easily affected that a pint of this mild beer will send him reeling and happy in his tent where it s
13. pour qui la bi re d pinette ou petite bi re d buta assez t t sous le r gime fran ais Faite de grains ferment s elle tait aroma tis e au moyen d un extrait obtenu par bullition des rameaux d une esp ce d pinette Comme tous les traits folkloriques ce breuvage p tillant dispara t et c est dommage Dans cette liste d alcools artisanaux il ne faudrait pas oublier le moonshine dont le nom semble tir du fait qu il tait pr par clandestinement la lueur de la lune parce que sa fabrication tait interdite Les r serves les plus r cemment cr es paraissent tre celles o la diversit des recettes est la plus r duite contrairement aux communaut s s dentaires les plus anciennes People made fruit wines in plastic contents They were made with peaches potatoes grapes They mixed it It was in 1970s Before we used to make whisky In the old house the old farm house we used to make moonshine its a rye We made whisky with a steam What a mix with melasse and sugar It threw good parties at Christmas because we had good thing to drink It was illegal I have never seen an alembic In 1950 it wasn t allowed to drink But we had boot legger Then we started doing beer It was very good It was mix with fleshman levure Fleischmann s 7t was called bugs beer 19405 1950 s we had mother s beer it was called entrevue avec un homme de 50 ans r serve algonquine octobre 2008
14. r ification de la structure sociale et des diff rences culturelles de l autre Ces lectures font syst me plaquant qui un jugement de valeur positif et enthousiaste sur les usages n o chamaniques qui une fin de non recevoir Pour parvenir saisir une certaine unit de ces ensembles de faits traditionnels et non traditionnels et donner au n o chamanisme toute son paisseur il faut donc la fois prendre en compte les significations subjectives des acteurs sociaux et les r inscrire dans leurs r seaux sociaux et leur singularit historique D sarrim es de leurs contextes originels et en ce sens d sacralis es ces pratiques sont n an moins r interpr t es et insuffl es d un autre sens et d une autre sacralit dans le contexte rituel n o chamanique On ne saurait rendre compte ici de ces pratiques du point de vue d une socio anthropologie du religieux vitant les deux p les d crits et criti qu s ci dessus de mani re autre que suggestive et sch matique Ici s ouvre v ritablement la question pour la recherche Il est toutefois possible de proposer quelques balises pour revenir sur le contexte particulier de Burning Man 224 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Les usages n o chamaniques du festival Burning Man Une d finition op ratoire de la religion est requise pour avancer ce qui ouvre son tour sur un d bat pour le moins complexe et en apparence insoluble Or une issue existe peut t
15. 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues consid r e comme tant la seule authentique par certains puristes Or il faut pouvoir relativiser cette affirmation D j dans les ann es 1940 A M traux 1967 p 114 notait que le chaman tire de gros profits de sa profession car ses cures ne sont pas gratuites Certains n h sitent pas se livrer des tours de passe passe en vue d accroitre leur prestige Dans les groupes o la division du travail est peu pouss e ils font figure de sp cialistes et sont les seuls dit M traux qui puissent s enrichir par l exercice d une fonction id p 98 Si bien que certains chamanes se voient contraints par l opinion publique des distributions annuelles de biens sous peine de nuire leur r putation qui peut s tendre au del des limites du village et m me de leur groupe d appartenance Moins une stricte question d argent c est l occidentali sation de certaines pratiques chamaniques qui semble davan tage tre montr e du doigt lorsqu il s agit de d marquer ce qui appartient ou non la tradition Cette occidentalisation peut prendre diff rentes formes ouverture d un cabinet priv de consultation chamanique incorporation la pratique tradition nelle d l ments de la culture dominante dont des l ments de son syst me de soins offre de services sp cialis s d di s uniquement une client le occidentale couplage ou m tissage
16. 148 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens Les bi res faites maison paraissent avoir disparu au profit de la bi re achet e chez les Qu b cois en m me temps que chez les Am rindiens et les pr f rences ont volu depuis En effet m me si les amateurs am rindiens de marques nord am ricaines semblent demeurer majoritaires les consommateurs de bi res trang res mexicaines et sud am ricaines notamment et de microbrasseries bi res de fabrication artisanale associ es un certain prestige une culture du bon go t existent aussi depuis les ann es 1990 Enfin depuis que les d sintoxications sont devenues plus courantes dans les ann es 1990 galement les Am rindiens ont ajout leur liste les bi res sans alcool Le fort boisson d hommes mais boisson ch re A la lecture des donn es sur les alcools faits maison quelques remarques s imposent les Am rindiens interrog s insistent sur le fait qu eux m mes leurs parents ou leurs grands parents ne buvaient pas forc ment ce qu ils aimaient mais ce qui tait abordable L argent tait donc un facteur d cisif et il est fort probable qu il le soit encore L autre facteur tait l accessibilit ce qui a beaucoup chang pour tout le Qu bec avec la diffusion des SAQ et l am lioration de l acc s l alcool dans les supermarch s et sp cifiquement pour les Am rindiens puisqu
17. 8 n 1 juin 2009 Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes Tournon J 1995 Les Shipibo Conibo de l Amazonie p ruvienne et leur environnement une longue histoire Paris Th se de doctorat du Mus um national d histoire naturelle Tournon J et coll 1986 Plantas y Arboles Medicinales de los Conibo del Alto Ucayali Concepciones Nativas y Botanica Revista Forestal del Peru 13 2 p 107 130 Townsley G 1993 Song Paths the ways and means of Yaminahua shamanic knowledge L Homme 126 128 p 449 468 Vila a A 2005 Chronically unstable bodies reflections on amazonian corporalities Journal of the Royal Anthropological Institute 11 3 p 445 464 Viveiros de Castro E 1998 Cosmological Deixis and Amerindian Perspectivism Journal of the Royal Anthropological Institute 4 3 p 469 488 Viveiros de Castro E 2007 La for t des miroirs Quelques notes sur l ontologie des esprits amazoniens In F Laugrand et J Oosten sous la direction La nature des esprits dans les cosmologies autochtones Qu bec Les Presses de l Universit Laval p 45 74 Whitehead N et R Wright 2004 In Darkness and Secrecy The Anthropology of Assault Sorcery and Witchcraft in Amazonia Durham Duke University Press Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 91 R sultats de recherche Plantes m dicinales savoirs et soci t vue des rasta
18. Libraire des M ridiens Klincksieck et Cie 296 p M traux A 1967 Religions et magies indiennes d Am rique du Sud Paris Gallimard 297 p Milner M 2000 L imaginaire des drogues De Thomas De Quincey Henri Michaux Paris Gallimard 468 p Mortimer G 1901 Peru History of Coca The divine plant of the Incas New York Vail 576 p 54 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues Muller J C 2004 Du monologue au dialogue ou de l ambiguit d crire deux mains Anthropologie et soci t s 28 3 p 151 162 Narby J 1995 Le serpent cosmique Le serpent l ADN et les origines du savoir Gen ve Georg dition 236 p Ogien R 2007 L thique aujourd hui Maximalistes et minimalistes Paris Gallimard 256 p Perrin M 1985 Chez les Indiens la drogue structure chez nous elle d truit Le temps strat gique Printemps 1985 12 Page consult e sur le site http www archipress org narby perrin2 htm Perrin M 1995 Le chamanisme Paris PUF 127 p Rivi re C 1995 Les rites profanes Paris PUF 264 p Rouget Gilbert 1980 La musique et la transe esquisse d une th orie g n rale des relations de la musique et de la possession Paris Gallimard 494 p Rosenzweig M 2002 Au del de la Cura et du Toxikon Vers une ontologie du plaisir Le Portique 10 Les paradis artificiels Page consult
19. ceuvres ph m res souvent monumentales ou mobiles pyrotechniques recyclables interactives oniriques po tiques ou critiques ainsi que techniquement difficiles r aliser dans ces circonstances extr mes en plein air sur la plan te Le festival culmine le samedi soir alors que le Man est mis feu dans un carnaval de cirques de feux de danses de cris de costumes de musique et de marionnettes g antes Ce sacrifice donne lieu une pl thore de pratiques danses transes musique cris chants circonvolutions jeux avec le feu d nudement etc apr s quoi br lent d autres structures et ceuvres dont le Temple la ville disparaissant mesure que se d roule l Exode Au sein de ce maelstrom culturel les usages de psychotropes en tous genres font partie int grante de l exp rience quoique videmment non obligatoires d courag s par l organisation qui argue que l exp rience de BM et son contexte difficile sont d j un d fi et ill gaux en vertu de la loi ce point que comme c est le cas dans des sous cultures comme celle du techno les individus qui n en consomment pas une importante minorit en juger vue de nez sentent le besoin de se positionner comme tels Ainsi se c toient des usages a priori plus r cr atifs de marijuana haschisch gaz hilarant etc des usages en contexte festifs LSD ecstasy MDMA amph tamines MDA mescaline psilocybes cocaine drogues de synth se de type
20. conflits au sein des communaut s mais aussi tre une source de motivation pour tous les charlatans voulant profiter de cette manne Le chamane traditionnel sollicit par une client le occi dentalis e pr te payer le gros prix pour ses services n est pas lui non plus l abri des accusations de tromperie de la part des membres de sa communaut qui per oivent d un mauvais ceil le dessein p cuniaire de son entreprise J P Costa id rapporte l histoire d un chamane shipibo tr s r put s tant attir un peu malgr lui un certain succ s aupr s des Occidentaux et qui a d la mort dans l me s expatrier de sa communaut car on acceptait mal le prestige dont il s ennoblissait et qui le hissait au dessus des autres Il partit s installer pr s d une grande ville amazonienne pour y fonder un Centre spirituel s adressant exclusivement aux Occidentaux en qu te de soins et d enseignement chamanique La dimension p cuniaire sinon commerciale des interven tions est souvent d cri e comme un des principaux facteurs de d naturation de la pratique chamanique traditionnelle 3 Par exemple certains chamanes m tis amazoniens communiquent dor navant avec les esprits auxiliaires au moyen d un t l phone spirituel virtuel Shick 2007 J P Costa 2007 cite de son c t l exemple d un chamane quechua qui a int gr le Tarot de Marseille son arsenal th rapeutique 38 Drogues sant et soci t vol 8 n
21. dans des contextes de licence festive bacchanale saturnales carnaval etc mais galement le cannabis dans certains rites contextes de communion collective ou encore de nos jours certaines drogues de synth se dessein h donistique Encore une fois toutes ces cat gories peuvent se combiner et se permuter au sein d un m me syst me symbolique alors qu une m me substance peut jouer un r le distinct selon les contextes et les types d usage Les traditions d usage sont elles m mes susceptibles de changer avec le temps et la transforma tion des contextes globaux dans lesquels ces usages s inscrivent et prennent sens L histoire de la coca dans les pays andins en est un bon exemple l poque des Incas l usage r gulier de la coca sous forme de feuilles m cher tait l apanage des messagers de l tat chaskis qui devaient dans leurs fonctions courir de longues distances L utilisation de la coca tait sinon principalement r serv e l lite dans des cadres rituels pr cis soit pour ses propri t s m dicinales soit comme offrande soit des fins divinatoires Tout usage non r gul tait sujet de s veres r pri mandes de la part de l Inca et de ses repr sentants Ce n est qu apr s la conqu te espagnole que la consommation journali re de la coca pour ses propri t s roboratives s est r pandue parmi les couches basses de la population autochtone des hauts pla teaux andins pour deveni
22. dicinaux Mais le fait seulement men tionn n est gu re approfondi Ferland 2003 sugg re en outre reprenant une hypoth se de Dailey 1968 que les mod les de consommation excessive ont pu tre calqu s sur celui de la consommation alimentaire dans les festins tout manger Dans les relations avec les Euro Canadiens l alcool est tudi comme ayant t un objet d change durant toute l poque de la traite des fourrures et un moyen d attirer les Am rindiens dans les postes et ce malgr les interdictions de vente qui ne furent sans doute jamais vraiment respect es Mancall 1995 Si souvent les auteurs insistent sur les r percussions n gatives de cet change servant tablir ou maintenir des rapports in gaux en faveur des traiteurs et au d triment des Am rindiens et de leur coh sion sociale Leroux 1995 quelques uns tentent de nuancer le portrait Ainsi G linas 2005 avance que l alcool a pu avoir au XIX si cle chez les Atikamekw des fonctions positives dans les rapports diplomatiques avec les traiteurs et d un point de vue politique et conomique en g n ral D autres auteurs s int ressent l alcool pour comprendre les processus de d sorganisation sociale des Am rindiens au fur et mesure de la colonisation soit comme facteur d cisif cr ant des pro bl mes de sant au sens large soit comme facteur aggravant d autres probl mes concomitants Westermeyer 1979 Tourigny et coll
23. es comme des microcosmes abritant des populations singuli res aux connaissances sp cifiques comme la facult de gu rir Dans un pass mythique les Shipibo Conibo pouvaient interagir avec ces tres et b n ficier de leurs expertises mais de nos jours ils n arrivent qu les entrevoir notamment lors de r ves Seuls les chamanes savent comment provoquer ces rencontres par l ingestion d une liane hallucinog ne ayahuasca lors de contextes rituels ce psychotrope tant jug dangereux son usage fait l objet d une initiation et de prescriptions strictes V hicule privil gi dans les m diations chamaniques l ayahuasca permet d actualiser les alliances avec les tres de la for t et par leur entremise les chamanes peuvent alors r pondre aux besoins des membres de leur communaut En d taillant les discours de chamanes shipibo conibo leur apprentissage et leurs pratiques chamaniques cet article expose une utilisation pratique et r gul e de psychotrope en contexte indig ne et d montre comment les Shipibo Conibo ne consid rent pas le chamanisme comme une pratique sot rique marginale id e courante en Occident mais plut t comme une institution en continuit avec un ensemble de pra tiques sociales Mots cl s Amazonie occidentale Shipibo Conibo chamanisme cosmologie ayahuasca 58 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes Shamanisti
24. es rao Ainsi le coeur du perroquet bawa permet de devenir g n reux comme cet oiseau qui partage la nourriture avec les siens le cerveau de l oiseau cacique isco qui imite une multitude de chants d oiseaux rend intelligent son image la chassie du martin p cheur tsonkiro permet d obtenir une vue per ante et d tre tout comme lui un habile chasseur 76 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes aux hommes de produire plus de sperme 2 Notons que l aspect lactescent de ces substances renvoie aux liquides organiques requis Selon les Shipibo Conibo les maitres fournissent ainsi des signes distinctifs qui permettent de d terminer les propri t s particuli res de chaque rao Plus que de simples analogies ces indices exhibent les facult s m mes du rao qui sont acces sibles toute personne qui observe les tabous alimentaires et comportementaux Telles sont les exigences des maitres des rao pour allouer leurs comp tences les personnes concern es doivent suivre leurs conditions autrement s ensuit l affection copia d faut de prodiguer de l intelligence ils rendent seu lement bavard ou faute d aiguiser la vue ils aveuglent et ainsi de suite Cette utilisation courante de rao d montre comment la plupart des apprentissages shipibo conibo suivent une m me logique un rao est choisi en fonction de certaines qualit s recherch es il es
25. et la d pendance se positionnent alors comme deux figures limites du contr le D un c t de ce continuum l usage ma tris englobe les typologies d usages festifs r cr atifs et dopants lorsque celles ci s orientent vers une certaine maitrise des consommations Autrement dit il faut distinguer le degr de contr le des types d usage fond s sur les crit res du contexte de la consommation et des significations donn es aux pratiques Les trois typologies peuvent alors se distinguer selon les modalit s de contr le usages autocontr l s ou socialement r gul s encadrement par le groupe ou le contexte semble d croitre selon que l usage est festif r cr atif et dopant l inverse l autor gulation semble augmenter selon que l usage est festif r cr atif et dopant De l autre c t du continuum la d pendance d signe la figure limite o la toxicomanie constitue la ligne biographique dominante c est dire que la vie est organis e autour de la recherche et de la consommation de produits L amplitude du contr le est ici minimale et les modalit s auto contr le et r gu lation par le groupe ou le contexte semblent s effacer dans la pratique quotidienne Il existe bien entendu un ensemble de situations interm diaires ou l usage et en particulier l abus pou vant perturber les autres lignes biographiques le d roulement ordinaire de la vie personnelle professionnelle et sociale L abus occupe une pos
26. f r de consommation mais les bars locaux sont galement tr s fr quent s Le moment favori comme partout ailleurs au Qu bec serait la fin de semaine surtout le samedi soir Verdon dans son ethnologie d un village du Lac Saint Jean la fin des ann es 1960 note d ailleurs que le samedi constitue une menace directe la structure sociale par les acti vit s de loisir qui culminent dans les exc s du samedi soir Ce dit soir les jeunes et quelques hommes mari s quittent le foyer pour aller boire l h tel d couvrant toute la tension existante dans les liens de filiation et d affinit 1973 p 223 224 Ces remarques concernant les Qu b cois nous paraissent tout aussi valables pour les Am rindiens Pour tout le monde les lieux d achat sont les villes les plus proches Robbins 1973 pr cise que les Naskapis allaient peu au provincial liquor store en raison des d lais de livraison des boissons Les hommes boiraient plus que les femmes et la courbe de consommation de celles ci n aurait fait que croitre 11 La r serve de Mistassini a t cr e en 1962 Quant aux Naskapis ils se sont tablis dans les environs de Schefferville au milieu des ann es 1950 Ils ont t plusieurs fois d plac s depuis tout en restant dans la m me r gion 140 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens depuis les ann es 1970 De ce point de vue les Am
27. galisation de certaines pratiques n o traditionnelles Par exemple l anthropologue et travailleur social John Collier a t directement impliqu partir des ann es 1930 dans le lobbying politique qui conduisit la l galit de l usage du peyotl dans le cadre de la Native American Church Lusage de l ayahuasca au sein de l glise Santo Daime a t pour sa part officiellement l galis au Br sil en 1992 la suite d tudes command es par l tat reconnaissant les bienfaits de Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 43 Usages n o traditionnels des drogues son usage ritualis pour la communaut et les personnes Dans ces deux cas l autorit institutionnelle d intellectuels ext rieurs au groupe d appartenance des adeptes sert en quelque sorte de caution la l gitimit sociale des contextes d usage C est d abord par leurs crits et leur discours dithyrambique en faveur de l usage de certains psychotropes que l impact des intellectuels s est fait le plus ressentir sur les personnes et les repr sentations Ces auteurs sont m me devenus pour plusieurs des mod les suivre constituant l avant garde de nouveaux usages en Occident Jusque dans les ann es 1950 l exp rience des drogues hallucinog nes dans les milieux intellectuels se d roule princi palement dans des conditions de type clinique La focalisation est sur la substance et ses effets On prend des doses savamment calcul
28. gauthier francois uqam ca Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 201 pp 201 237 Usages n o traditionnels des drogues R sum Avec la massification de la culture de l authenticit et de l ex pressivit Charles Taylor la suite de l av nement de la soci t de consommation dans la deuxi me moiti du XX si cle est apparu le ph nom ne de la prise de psychotropes des fins rituelles et spirituelles Prenant pr texte du festival Burning Man qui a lieu annuellement dans le d sert au Nevada o bon nombre d usages ritualis s dits n o chamaniques de psychotropes ont lieu cet article aborde les questions suivantes De quelle mani re peut on assigner une dimension religieuse ces pratiques Comment peut on rendre compte de cette dimension dans l analyse socio anthropologique Apr s avoir rappel le contexte global d mergence de ces pratiques et conjointement de cette probl matique cet article s emploie une critique pist mologique de deux familles herm neutiques dont les points de vue sont oppos s savoir les analytiques essentialiste et diff rentialiste qui partant respectivement de points de vue indivi dualiste et holiste aboutissent chacun en une forme de r ification Ayant cern ces limites respectives et soulign la mani re dont ces herm neutiques font syst me l article balise une troisi me voie qui permet de rendre compte de la religiosit de
29. la tradition chamanique ce que les grandes 40 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues universit s comme Oxford et Harvard sont l institution scien tifique id p 149 153 Dans un tout autre registre mentionnons le r le qu ont pu jouer certains intellectuels dans le d veloppement de th rapies alternatives s adressant en partie ou en totalit une client le occidentale Parmi les th rapies d inspiration chamanique qui gagnent en popularit il y a le traitement de la toxicomanie et de l alcoolisme Aussi paradoxal que cela puisse paraitre on y recourt des substances hallucinog nes pour traiter des patients d pendants aux drogues dures h roine cocaine crack etc Plusieurs de ces traitements se fondent sur le mod le de la communaut th rapeutique Des clients ais s d Europe et d Am rique du Nord se rendent aussi loin qu en Amazonie et au Gabon pour suivre des th rapies ou la prise de psycho tropes l ayahuasca dans le premier cas l iboga dans l autre constitue le moment fort de la cure Le centre Takiwasi en Haute Amazonie p ruvienne qui int gre l usage de l ayahuasca dans son programme pour toxicomanes est un des dispo sitifs th rapeutiques les plus connus gr ce entre autres aux travaux et aux efforts de normalisation de son fondateur le m decin Jacques Mabit Takiwasi est explique ce dernier un projet pilote qui tente d articuler
30. lique Leary sut s duire avec ses 43 L article de Wasson est disponible sur Internet l adresse suivante http www imaginaria org wasson life htm 4 Parmi les titres publi s par T Leary mentionnons l ouvrage qu il a co crit avec R Metzer et R Alpert The Psychedelic Experience A Manuel Based on the Tibetan Book of the Dead 1964 et son livre The Politics of Ecstasy La politique de l extase Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 45 Usages n o traditionnels des drogues livres et ses conf rences en ces temps d agitations sociales tout un pan de la jeunesse universitaire am ricaine Nous sommes l poque du flower power et des manifestations pacifiques peace and love contre la guerre du Vietnam Dans le contexte naissant de l re psych d lique Carlos Castaneda aurait fait en 1960 la rencontre en Arizona du curandero Don Juan Matos Du pseudo dialogue Muller 2004 p 153 issu de cette rencontre a r sult une th se de doctorat en anthropologie qui fut publi e en 1968 Le livre connait un immense succ s et sera suivi de plusieurs autres qui deviendront autant de livres cultes parmi la jeunesse en pleine effervescence psych d lique Si les ouvrages de Castaneda ont t unanimement d cri s par ses pairs comme de la pure fiction ethnographique il en a t tout autrement du grand public qui rigea le personnage Castaneda anthropologue en v ritable gourou d
31. moigne selon Hamayon de l impr cision qui r gne leur propos Aussi consid re t elle que l expression tats de conscience chamanique adopt e par Michael Harner un des principaux leaders intellectuels du n o chamanisme est vide de sens Hamayon 2003 p 34 n 8 8 auteure s interroge toutefois savoir si cette repr sentation du chamanisme n est pas aujourd hui dat e citant en exemple l offre de leadership coaching chamanique apparue r cemment dans nos soci t s id p 34 35 29 Si nous devons M Eliade d avoir en quelque sorte normalis les repr sentations du chamane en situant celui ci aux sources de l histoire de la mystique c est A M traux que nous devons d avoir t un des premiers avancer que le chamanisme m me s il est pratiqu par des n vros s n est aucun gard une manifestation pathologique La fonction du chamane ajoute t il est la gu rison des malades et ceux qui en font profession sont videmment les premiers b n ficier des effets apaisants de la transe et de la communion avec les tres surnaturels M traux 1967 p 82 Cette id e que le chamane est une personne souffrant de troubles mentaux qui trouve dans l institution chamanique une niche Sociale de normalit culturelle a t longtemps un th me de pr dilection de l ethno psychiatrie G Devereux 1977 p 16 affirme apr s d autres que le chaman est psychologiquemen
32. ne faut pas non plus n gliger l influence du PNLAADA Programme national de lutte contre l abus de l alcool et des drogues chez les autochtones cr dans les ann es 1970 par Sant Canada et devenu un programme permanent depuis 1982 a Cette citation est extraite d une pri re appel e Pri re de la s r nit enseign e aux Alcooliques Anonymes Mon Dieu donne moi la s r nit d accepter les choses que je ne peux changer le courage de changer les choses que je peux et la sagesse d en connaitre la diff rence Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 137 Usages n o traditionnels des drogues 1960 consiste surtout en des descriptions de sc nes d ivrognerie crites par des missionnaires ainsi que des journalistes et des voyageurs G linas 2005 Nous ne savons pas vraiment si avant cela les Algonquiens pouvaient boire sans se so ler En tout cas dans les r gions loign es les modes d approvisionne ment en alcool ont t relativement similaires pour les Qu b cois et pour les Am rindiens les Algonquiens semi nomades pour la majorit d entre eux jusque dans les ann es 1950 60 voire 1970 pour les Cris n avaient gu re acc s qu aux magasins de la Compagnie de la Baie d Hudson seuls endroits o ils pouvaient changer leurs bons obtenus contre les fourrures et qu l alcool des peddlers Pour les Qu b cois des m mes r gions jusque dans les ann es 1930 les contrebandiers
33. ou encore pour dire les choses dans un langage freudien du rituel au rituel obsessionnel Il peut tre utile de revenir sur la distinction propos e entre pratiques en hyper et pratiques en hypo Au premier p le cor respondent les consommations propres aux pratiques festives Dans ces derni res la conjonction particuli re de la musique jou e fort volume combin e avec ce que Lionel Pourteau appelle joliment la mise en foule et la consommation de psychotropes comme l ecstasy MDMA etle LSD contribuent produire une exp rience forte faite d un va et vient entre la Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 227 Usages n o traditionnels des drogues transe plus individuelle et la communion avec la foule effer vescente Racine 2002 Mabilon Bonfils dir 2004 Ainsi l v nement festif travaille t il une triple rupture spatiale temporelle et subjective que viennent renforcer et affirmer entre autres les psychotropes alt rant le rapport soi aux autres et au monde Les drogues autrefois associ es au repli sur soi et une certaine fuite de la r alit s investissent dans le champ alors r serv l alcool en Occident ainsi le vin et l alcool sont profond ment inscrits dans l change social ils sont toujours moyens de communiquer de s ext rioriser de sortir de soi Ehrenberg dir 1991 p 10 Les drogues jouent un r le important dans l ouverture aux autres et permet
34. p 109 les Am rindiens ne d couragent pas les compor tements agressifs quand ceux ci surgissent sous l effet d une bri t avanc e et ne les sanctionnent pas non plus un fait que nous pouvons nous m mes attester au Qu bec Cette tol rance a d ailleurs parfois t vue comme un obstacle de nature culturelle la d sintoxication Qu en est il des discours publics des Am rindiens sur eux m mes concernant l alcool Dans les interventions m diatiques 134 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens des chefs ou autres leaders notamment spirituels la culture am rindienne de l alcool est toujours une culture n gative li e la destruction familiale et communautaire et aux maux sociaux Elle est issue d un alcool triste bien loin de ce que Roy 2005 d crit de ses entrevues avec des Innus qui en rient et qui en sont fiers Les discours publics parlent d un alcool qui rend les Am rindiens malades et dont la relation l alcool est un probl me qu il faut traiter de fa on th rapeutique On y entend que les mani res de boire autochtones consistent caler boire d un trait le plus possible pour rouler sous la table et que les r gles du boire devraient consister pr cis ment viter de boire ou ne plus boire du tout Les discours les plus radicaux attribuent les probl mes associ s l alcool aux colo nisateurs responsables de l avoir int
35. que la consommation rituelle de psychotropes de type n o chamanique doivent tre pris non pas en soi et isol ment mais report s leur signification dans les courants n o chamaniques et leurs contextes d usage par exemple BM avant enfin d tre mis en rapport avec cette trame religieuse moderne qu est la qu te d expressivit et d authenticit dont on a parl et qui caract rise ce que Durkheim 1990 avait d j anticip sous le nom d une religion moderne de l individu Travail qui on le voit constitue tout un programme et n cessite au prime abord un travail ethnographique minutieux On ne saurait donc d couper la consommation rituelle n o traditionnelle de psychotropes pour en analyser la religiosit sans la prendre comme l ment d un syst me sym bolique D ailleurs on peut d j dire que c est justement en tant que moyen rituel et non en tant que fin en soi que ces pratiques trouveront recouper le religieux Voil qui est large ment confirm par les donn es de terrain les personnes qui revendiquent un caract re spirituel ou religieux ces pratiques ou tout simplement ceux dont les t moignages sont assimilables par les concepts de la socio anthropologie du religieux mettent l accent sur l importance d une consommation rituelle versus une consommation orient e vers les seuls effets de la sub stance Une telle consommation reviendrait ainsi appauvrir la prise qui passerait du symbole au sympt me
36. r gulation des usages et des interdits au sein de ces groupes Bien que les premiers vestiges t moignant de la pr sence des psychotropes dans la vie des soci t s remontent au n olithique voire au pal olithique on connait peu de choses exactes sur leurs fonctions et leurs contextes d usage avant l histoire moderne Nous savons n anmoins gr ce aux d couvertes dans les s pul tures et les traces iconographiques laiss es par les soci t s que ces usages s inscrivaient dans le cadre de pratiques hors de la vie ordinaire des diff rents membres des populations Sans taxer a priori ces pratiques de sacr es une notion biais e qui pr suppose sa distinction claire des pratiques profanes 1 Est il besoin de souligner que m me pr sentes dans l environnement et connues des populations les substances psychotropes ne sont pas pour autant syst matiquement utilis es par ces derni res Les attitudes des peuples leur endroit peuvent m me tre diam tralement oppos es craintes par les uns ch ries par les autres Aussi cette distinction d sormais fameuse du couple Wasson qui l on doit plusieurs tudes importantes sur les champignons incluant les champignons hallucinog nes entre peuples mycophiles et peuples mycophobes distinction que l on peut certainement appliquer pour d autres types de substances psychotropes ou non voir L vi Strauss 1973 p 264 265 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin
37. risseurs her boristes que j ai rencontr les rastafaris sud africains et c est au r le que jouent les plantes principalement la dagga cannabis sativa ganja l int rieur de leurs pratiques th rapeutiques et du mouvement philosophique rasta que je m int resse ici Cet int r t merge au sein d une recherche plus large men e en Afrique du Sud portant sur la probl matique de l efficacit des rem des La recherche intitul e South African Roots Towards Global Knowledge Racines sud africaines vers un savoir global est une tude en anthropologie de la sant des sciences et des technologies qui vise d terminer s il y a lieu les points de rencontre entre des savoirs provenant des tradi tions locales et d autres savoirs reli s la science Il s agit de l tude des essais pr cliniques men s par le Centre international d tudes sur les phytoth rapies autochtones The International Center for Indigenous Phytotherapy Studies TICIPS laquelle cherche d terminer l efficacit d une plante m dicinale tradi tionnelle sud africaine savoir l Artemisia afra Ce consortium de recherche est une initiative conjointe regroupant des scienti fiques du monde biom dical contemporain et des praticiens du monde de la m decine traditionnelle sud africaine Le double objectif de v rification scientifique et de promotion des savoirs traditionnels du projet d essais pr cliniques de TICIPS soul ve 1 Le terme dagga
38. sim ply for pleasure In a context where alcohol abuse is a notorious and widespread social and health problem among native people the academic literature almost completely ignores other possible relations with alcohol However the facts and stories we collected from members of Algonquian communities in Quebec show that the reality is much more intricate The Algonquian culture of alcohol is more complex than it seems both in terms of knowledge about various drinks and in the ways of drinking We studied consumption patterns attached to the three main categories of alcohol beer commercial or home brewed hard liquor drinks with high percentages of alcohol and wine table wine or fortified wine We found that native people can have a range of tastes and that their choices are related to economic issues and accessibility of products Public discourse about alcohol by the native community elite is strongly influenced by the ideology of Alcoholics Anonymous An analysis of the data must therefore be framed by this political culture in face of which individuals drink ers or non drinkers position and define themselves socially We give special attention to the emerging wine culture its decorum adoption or rejection Our research opens avenues for understanding the evolu tion of codes governing social relations among native people between themselves and others Keywords Amerindians Quebec alcohol Canada moderation politi
39. une exp rience int rieure La consommation de psycho tropes ici nouveau est indissociable de tout le contexte rituel imm diat et en ce sens n est pas en soi n cessaire m me s il peut parfois tre central comme dans le cas du peyotl de l iboga de la salvia divinorum du DMT de l ayahuasca etc Dans ce cas les effets sont non plus expansifs mais introspectifs Ce qui est recherch est l ouverture des voies int rieures l mergence de contenus refoul s l affrontement aux traumas anciens et aux peurs autant de v rit s provenant des tr fonds de l me que le pratiquant doit conscientiser interroger accepter et souvent communiquer aux autres dans le rituel En ce sens il ny a pas de pratique purement hypo BM c est dire en isolement la nature rituelle festive de l v nement global l emportant La dimension communautaire peut ici aussi tre assez importante comme dans le cas des rituels s inspirant du Candombl danses musique pri res de compassion d monstrations d affection et affirmation communautaire mais cette derni re construit et poursuit l exp rience introspective qui est au coeur du d roule ment du rituel comme dans sa liturgie implicite ou explicite 16 Un tel d coupage en trois axes fonctionnels se rapportant autant de modalit s de l alt rit a servi l tude de la sous culture techno et de ses f tes dans Gauthier 2006 230 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009
40. up fights he made many Naskapi turn against him Henriksen 1973 p 95 Plus loin Henriksen ajoute des d tails sur les incitatifs conomiques trouv s par le missionnaire de Davis Inlet pour inciter ses ouailles a arr ter de boire When the Naskapi started cod fishing five years ago the missionary imported small outboard engines so that they could buy them for their punts But they did not have enough cash to do so whereupon the missionary lent them money on the condition that they stop drinking Today almost every household has an outboard engine and five men have bought bigger motorboats all with help from the missionary Half the men do however still drink id p 95 Le manque de succ s de l entreprise missionnaire en particulier catholique propos de la temp rance des Am rindiens explique peut tre en partie pourquoi ces derniers n associent gu re le catholicisme la sobri t et ont pr f r se tourner vers d autres courants chr tiens comme le pentec tisme Bousquet 2005 voire d autres syst mes religieux pour se d sintoxiquer Dans les communaut s les gens se rappellent qu apr s le passage la s dentarit et en fait partir des ann es 1970 voire avant dans les villages s dentaires les plus anciens les buveurs 136 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens pathologiques taient orient s vers les g
41. 2 CB et 2 CT2 etc et des usages plus explicitement rituels LSD eboga ayahuasca DMT peyotl MDMA etc alliant souvent une vis e th rapeutique d l vation de la conscience de qu te de soi etc cercles rituels qu tes de vision m ditations 3 Par rituel on entend un ensemble d actes gestes ou paroles codifi s de nature symbolique et ayant une efficacit symbolique Voir Rivi re 1995 2008 et Segalen 1998 notamment 210 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Les usages n o chamaniques du festival Burning Man tentes suerie danse du soleil etc Or comment interpr ter ces diff rents comportements du point de vue de leur ritualit et de leur potentielle religiosit Essor des pratiques et du discours n o chamaniques La probl matique des usages rencontr s Burning Man est trop large et trop complexe pour tre trait e ici dans ses d tails et ses ramifications Afin de resserrer un peu nos pro pos nous proposons d y entrer en consid rant les usages plus explicitement ritualis s et per us par les acteurs comme tant dot s d une efficacit symbolique affirm e en contexte festif ou autre comme relevant du n o chamanisme Hamayon dir 2003 Est dite ici n o chamanique toute consommation rituelle de psychotropes percue comme participant une r actualisation d un fond ancien sous la forme d un renouveau d une r ap propriation ou de retrouvailles ave
42. 2007 Si des chercheurs comme Roy 2005 tudient la consommation d alcool comme acte r v lateur de l inscrip tion du corps biologique social et politique de l autochtone dans un contexte historique et politique d exclusion certains n tudient que l aspect pathologique de la consommation d alcool sous un angle m dical Jilek 1987 qualifiant parfois l alcoolisme de sous culture am rindienne Tremblay A 1995 Globalement les mani res de boire am rindiennes sont 132 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens rarement vues autrement que comme les manifestations d un fl au social d rivant de l acculturation g n rant de l anomie et du d sordre divers degr s les auteurs veulent tous d truire des mythes r currents au sujet des Am rindiens voulant que ceux ci ne sachent pas tenir l alcool pour des raisons phy siologiques ou qu ils ne l utilisent que de fa on d viante Mais dans toute cette documentation peu d indices montrent l exis tence d une culture am rindienne de l alcool autre que n gative La litt rature pr sente de facon essentiellement probl matique la question de l alcool en milieu autochtone ce qui refl te pro bablement une r alit mais contribue aussi construire une image des Am rindiens qui ne savent pas boire et dont le capital de connaissances au sujet de l alcool est limit De quel alcool parle t
43. Books 232 p Yawney C D 1978 Lions in Babylon The Rastafarians of Jamaica as Visionary Movement Ph D Th se Universit McGill 365 p Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 121 R sultats de recherche De la bi re du fort ou du vin peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens Marie Pierre Bousquet Ph D professeure agr g e Universit de Montr al Anny Morissette Candidate au doctorat Universit de Montr al Correspondance D partement d anthropologie Universit de Montr al C P 6128 succ Centre ville Montr al Qu bec H3C 3J7 Courriel marie pierre bousquet umontreal ca Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 123 pp 123 163 Usages n o traditionnels des drogues R sum A priori il ny a aucune raison pour que les Am rindiens du Canada comme d autres peuples du monde ne puissent pas boire de l alcool simplement pour le plaisir avec mod ration Mais la litt ra ture n aborde pratiquement jamais la question dans un contexte o il est notoire que l abus d alcool est un fl au social et m dical chez les autochtones Or des faits et des r cits recueillis par les auteures aupr s de membres de communaut s algonquiennes du Qu bec d montrent que la r alit est plus nuanc e Tout d abord la culture algonquienne de l alcool est plus complexe qu il n y parait tant au niveau des connais sances au sujet des diverses boissons que dan
44. F 1973 Les Shipibos de l Ucayali Rencontre d une civilisation amazonienne et de la civilisation occidentale Th se de Doctorat de 3 Cycle Paris V Sorbonne Morin F 1998 Los Shipibo Conibo In Collectif Guia Etnografica de la Alta Amazonia Vol IV Quito Abya Yala p 275 448 Regan J 1993 Hacia la Tierra sin Mal La Religi n del Pueblo en la Amazonia Iquitos CAAAP CETA IIAP Reichel Dolmatoff G 1975 The Shaman and the Jaguar A Study of Narcotics Drugs among the Indians of Colombia Philadelphia Temple University Press Rival L 1998 Androgynous parents and guest children the Huaorani couvade The Journal of the Royal Anthropological Institute 4 4 p 619 642 Riviere P 1974 The couvade a problem reborn Man 9 3 p 423 435 Stolze Lima T 1999 The Two and its Many Reflections on Perspectivism in a Tupi Cosmology Ethnos 64 1 p 107 131 Stolze Lima T 2005 Um peixe olhou para mim O povo Yudj e a perspectiva S o Paulo Editora UNESP Rio de Janeiro NuTI Tournon J 1990 Magia Brujeria Chamanismo Plantas y Enfermedades Anthropologica 8 p 179 192 Tournon J 19912 Medicina y Visiones Canto de un Curandero Shipibo Conibo Texto y Contexto Amerindia 16 p 179 209 Tournon J 1991b La Clasificaci n de las Plantas entre los Shipibo Conibo Antropol gica 9 p 119 151 90 Drogues sant et soci t vol
45. West but rather as an institution in continuity with all social practices Keywords Western Amazonia Shipibo Conibo shamanism cosmology ayahuasca Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 59 Usages n o traditionnels des drogues Cosmolog as cham nicas y uso de psicof rmacos entre los shipibo conibo de la Amazonia occidental Resumen La idea de curar por intermedio de un psicof rmaco parece inconcebible para un observador occidental Sin embargo esta pr ctica se observa en la poblaci n ind gena shipibo conibo de Amazonia occi dental y se explica a trav s de su cosmolog a particular que considera a la mayor parte de las entidades del medio rboles cursos de agua astros como microcosmos que albergan poblaciones singulares con conocimientos espec ficos como la facultad de curar En un pasado m tico los shipibo conibo pod an interactuar con estos seres y bene ficiarse con sus conocimientos pero en la actualidad solamente pue den vislumbrarlos principalmente en los suefios S lo los chamanes saben c mo provocar estos encuentros mediante la ingesti n de una liana alucin gena ayahuasca en contextos rituales el uso de este psicof rmaco considerado peligroso est sujeto a una iniciaci n y a prescripciones estrictas Veh culo privilegiado de las mediaciones cham nicas la ayahuasca permite actualizar las alianzas con los seres del bosque y por su intermedio los chamanes pued
46. acceptation de la diff rence raciale rejetant ainsi avec succ s la s gr gation raciale par l appel la dignit et par la demande de Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 103 Usages n o traditionnels des drogues justice pour tous Eskrine 2005 p 31 C est Leonard Howell consid r comme l un des patriarches fondateurs du mouve ment rastafari qui institutionnalisa le mouvement rastafari Kingston en Jamaique dans les ann es 1930 Le mouvement a su d velopper l un des paradigmes philosophiques les mieux arti cul s comme alternative l imp rialisme capitaliste moderne Niaah 2003 p 825 traduction libre Le c ur du mouvement auquel tous les rastas adh rent concerne le partage d un sens commun du mal et d un sens commun d identit solidarit Edmonds 2003 p 67 Le mal est incarn dans le terme Babylone repr sentant la puis sance culturelle et politique des Blancs travers le colonialisme l imp rialisme et le racisme La proposition du mouvement est de surpasser tout jugement de race de classe et de reconstruire un monde de sens commun solidaire Il s agit pour les rasta faris de r tablir la dignit des peuples discrimin s partir des racines africaines dans une lutte commune pour la lib ration de l oppression et de l injustice coloniale La th ologie alternative rastafari a pris une r elle expansion depuis la fin des ann es 1970 et vit encore
47. actions du chamane saman un mot h rit des Toungouse de la Sib rie mais dont la signification et l origine demeurent contest es2 Si le mod le sib rien est souvent cit comme le prototype de tous les chamanismes force est de constater que sous le vocable chamanisme viennent se ranger des r alit s et des pratiques tr s loign es de ce mod le originaire 4 Un des traits distinctifs du chamanisme primitif ayant le plus captiv l attention des chercheurs et qui est largement repris dans le n o chamanisme est ce qui est devenu commun d appeler le voyage chamanique Le chamane est un per sonnage qui voyage beaucoup Il est capable de vols magi ques pouvant le mener jusqu la lune mais c est surtout sa capacit de voyager parmi les mondes surhumains des esprits auxiliaires qui le caract rise et fait de lui un tre d exception 22 anthropologue C Geertz 1973 p 122 qualifie pour sa part de cat gories insi pides toutes ces cat gories vagues que sont pour lui tot misme animisme chamanisme etc et qui d vitalisent les donn es des ethnographes des reli gions en diluant entre autres la sp cificit locale des traditions religieuses the individuality of religious traditions 23 M Eliade fait remarquer que d j en 1842 l origine du mot chamane tait mise en doute Selon certains le mot saman serait en fait tranger phon tiquement la la
48. an lisis de los datos est recolocado en el marco de una cultura pol tica ante la cual los individuos tanto los bebedores como los que no lo son pueden decidir ubicarse para definirse socialmente La adopci n o el rechazo de la cultura del vino y de su protocolo son objeto en este art culo de una atenci n especifica La investigaci n abre caminos para la comprensi n de la evoluci n de los c digos que rigen las relaciones sociales de los indigenas entre ellos y ante los dem s Palabras clave ind genas Quebec alcohol Canad moderaci n cultura pol tica 126 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens Note Les auteures aimeraient pr ciser que leurs noms apparais sent par ordre alphab tique et non pour refl ter une hi rarchie ici inexistante entre une premi re et une deuxi me auteure Remerciements Les auteures remercient vivement les deux relecteurs ano nymes pour leurs commentaires tr s constructifs Introduction priori rien n emp che un Am rindien au Canada d avoir une relation saine avec l alcool et pas seulement en s abstenant d en consommer Que sait on des cultures am rindiennes du boire cultures qui quand il y a pr sence d alcool existent forc ment Plus encore est il possible qu un Am rindien ayant un pass d alcoolo d pendance puisse boire de l alcool sans pour autant rechuter Il est notoirement connu d
49. approvisionnement sur le lieu de la f te peut aussi repr senter une garantie suppl mentaire voulant que la pratique ne s tende pas d autres contextes et que l usage ne soit pas solitaire L usage r cr atif Lusage r cr atif fait r f rence l usage dans un cadre priv Cet usage apparait en transition de l usage festif Il peut alors s agir d un prolongement de la f te entre amis ayant lieu apr s avoir particip un v nement after ou lorsqu un groupe s est constitu dans la fr quentation commune de f tes lequel se retrouve dans un cadre priv en maintenant les pratiques de consommation Ici encore le contexte et la pr sence du groupe semblent jouer un r le protecteur En visant la sociabilit l ouverture aux autres le partage d exp riences ce type d usage peut aussi impliquer une certaine maitrise de la consommation On peut toutefois relever deux diff rences avec l usage festif D une part la pratique de consommation a lieu dans un cadre priv et par cons quent est peu accessible aux acteurs de pr ven tion D autre part ce type d usage implique la connaissance de r seaux d approvisionnement hors du contexte festif ce qui autorise un passage vers un usage plus solitaire Becker 1985 puis Xiberras 1989 ont bien montr que l autonomisation de la pratique par rapport au groupe sous tend que l usager connaisse des r seaux d approvisionnement Drogues sant et soci t vol 8 n 1 ju
50. aux personnes qui parlent aux choses ou chantent ou dansent ou socialisent d autres mani res Bird David 1999 p S77 traduction libre Il est plus facile de le faire dans une pist mologie r flexive objec tualiste ou de la performance Savoir dans l pist mologie Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 111 Usages n o traditionnels des drogues relationnelle c est d velopper des habilet s des mani res d tre dans le monde avec d autres choses c est tre conscient de son environnement et de soi m me de mani re ouverte et enrichis sante Savoir dans cette pist mologie consiste maintenir des relations avec les personnes de l entourage id p S78 mais aussi avec les anc tres et la terre qui procure les plantes et les savoirs qui lui sont li s La dagga et la soci t sud africaine En lien avec les savoirs scientifiques objectivistes les her boristes rastafaris et les amagqirhas Xhosa du Cap de m me que des scientifiques s occupant de la complexit de la vie rappellent que Pour comprendre la nature de la vie il n est pas suffi sant de comprendre 1 ADN les prot ines et d autres structures mol culaires qui sont les blocs de construction des organismes vivants parce que ces structures existent galement dans les organismes morts par exemple dans un morceau de bois ou d os mort Capra 2005 p 33 traduction libre Le savoir m dical reconnaissant
51. biologie mol culaire Pour lui l ADN comme le chamanisme sont des sujets trop importants pour tre laiss s au seul regard focalis des universitaires Contre le monopole du discours rationnel il pr conise diff rentes approches d focalis es comme moyen de connais sance dont l usage d hallucinog nes principalement dans ce cas ci de l ayahuasca Dans une approche qu il qualifie d auto biographique et de narrative Narby entreprend de raconter sa propre histoire en revenant notamment sur ses diverses exp riences de l ayahuasca en contexte chamanique amazonien afin de cr er dit il un r cit accessible et compr hensible Ce retour de la raison vers ce qu il consid rait jusqu alors comme de l irrationnel ne s est pas fait sans la d stabilisation compl te des points de rep re scientifiques qui l avaient guid sur le terrain dans son travail d anthropologue La d couverte la plus boule versante selon lui et tout son ouvrage est consacr en faire la d monstration est que l image du Serpent cosmique que l onretrouve dans plusieurs traditions chamaniques ne serait rien d autre que la double h lice par laquelle les savants repr sentent l ADN Le savoir en apparence irrationnel qui se r v le au chamane sous l effet de l ayahuasca rejoindrait dans son fond mythique inconscient le savoir rationnel des scientifiques Il n en faut pas plus Narby pour dire que les grands chamanes indig nes sont
52. bouquet d influences diverses alchimie gnosticisme kabbalisme mysticismes religions orientales William James Karl Jung Teilhard des a C est le fond de l argumentaire de Charles Taylor dans Sources of the Self 1989 que de montrer comment la rationalit moderne a t d s le d part accompagn e par sa critique et son envers depuis Descartes et Kant cristallis par la suite dans l maginaire romantique 214 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Les usages n o chamaniques du festival Burning Man Chardins Marshall MacLuhan son id e de village global et autres L largissement de l tat de conscience permet trait d acc der un soi touchant l universel et le primordial Vazeilles 2003 p 255 de mani re le r inscrire dans le flux du cosmos d o le christianisme et la modernit l auraient d racin avec pour effet de r g n rer l humanit D ue par les universalismes fond s sur la croyance et la r v lation que sont les grands monoth ismes au premier chef le christia nisme cette nouvelle conception pr ne l exp rience comme voie d acc s une interconnexionalit interconnectedness reliant tous les tres humains et ultimement toutes les com posantes de la nature Le n o chamanisme pr tendrait ainsi de communiquer avec un fond anthropologique inh rent la nature humaine en amont de toute diff renciation sociale et culturelle Hamayon 2003 p 43
53. ce qui concerne les boissons alcoolis es Enfin les Am rindiens ont ils copi ou invent leurs mani res de boire On retrouve en anthropologie m dicale notamment un courant qui attribue ces mani res surtout quand elles sont d viantes au mauvais exemple donn par les colons peu duqu s Ainsi Lamarine 1988 p 147 avance que the initial role models for Native American drinking may be characterized best as an aberrant group The Indians early teachers most often were rugged frontiersmen whose drinking behavior lacked finesse and polish Sachant que l alcoolisme traverse toutes les couches sociales sans en pargner aucune l id e nous parait r futable du moins difficile prouver Mais les Blancs servent facilement de points de comparaison Westermeyer 1979 p 112 dit par exemple que many Indian people use alcohol in a white middle class fashion limiting their use in amount time and place and behaving in a manner not greatly different from their nondrinking behavior Nous pensons que la comparaison est possible mais notre avis il ne faut pas omettre que les Am rindiens ont leurs propres mani res de boire Ainsi devant l ivresse et les d bordements de violence qu elle peut engendrer les Am rindiens ne r agis sent pas comme les Euro Am ricains et les Euro Canadiens Que ce soit chez les Navajos des tats Unis Lamarine 1988 p 150 ou les Naskapis du Qu bec et du Labrador Robbins 1973
54. contexte et son cadre normatif Elle exprime galement la reconnaissance de plus en plus grande des bienfaits potentiels des drogues lorsqu elles sont utilis es des fins sanctionn es par la tradition peu importe l anciennet de celle ci Enfin cette mergence nous interroge sur la n ces sit de reconsid rer les repr sentations sociales dominantes l endroit des drogues et de leurs usages dans une perspective Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 5 Usages n o traditionnels des drogues autre qu un probl me r gler un travail colossal de trans formation des mentalit s o les intellectuels ont un r le de leadership jouer par l autorit qu ils exercent sur la l gitimit des pratiques et des repr sentations qui les expliquent d autant plus colossal que les pratiques n o traditionnelles mergent souvent de mouvements de r sistance sociale et culturelle qui les rendent d embl e suspectes aux yeux de l ordre dominant et de ses d fenseurs R f rences Bellinger G J 2000 Encyclop die des religions Paris Librairie G n rale Frangaise 800 p Benzi M 1972 Les derniers adorateurs du peyotl Croyance coutumes et mythes des Indiens Huichols Paris Gallimard 452 p Bonasse P 2005 La litt rature enth og ne et les pouvoirs psych d liques de la parole Les voix de l extase L exp rience des plantes sacr es en litt rature Paris Trouble F t
55. de cet Acte l usage ou la possession du cannabis est punissable sous forme d amende et ou de sentence de prison n exc dant pas 15 ann es Une personne en possession de plus de 115 grammes est consid r e comme un trafiquant et est passible d une peine plus s v re 25 ans de prison En plus de cette l gislation l Acte des mauvaises herbes Weeds Act No 42 de 1937 fait la promotion de l radication de certaines mauvaises herbes incluant le cannabis Des propri taires ou occupants de terres peuvent tre pers cut s pour ne pas avoir retir ou notifi les autorit s au sujet de la pr sence de la plante sauvage ou cultiv e sur leurs terres Union de l Afrique du Sud 1952 Kepe 2003 p 611 612 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 115 Usages n o traditionnels des drogues t rejet la Cour constitutionnelle de l Afrique du Sud par cinq votes contre quatre L avocat des rastafaris a d clar la BBC que la question principale dans ce cas n est pas vrai ment le cannabis mais l humanit et la dignit qui doivent tre accord es au peuple rastafari comme premiere nation ou peuple autochtone de ce pays Prince 2002 traduction libre Le mouvement rasta exprime un m contentement face une mani re d tre actuelle et propose une meilleure voie pour parcourir son existence Le mouvement constitue moins un geste de r sistance qu un geste alternatif au contexte sud africain et
56. de fl ches ou autres artefacts etc Mais dans une majorit de cas ils se pr sentent sous la forme d l ments de la nature en particulier d animaux r els ou mythiques Ces esprits deviennent les alli s du chamane dans la r solution des enjeux o il est appel intervenir enjeux d ordre th rapeutique magico religieux voire politique L intervention du chamane consiste principalement r tablir les quilibres cologiques climatiques et biologiques ainsi que parfois l quilibre social Perrin 1995 p 9 Dans tous les cas son r le en est un de m diation m diation entre les hommes et les animaux entre ce monde ci et l autre monde entre la vie et la mort mais aussi entre les sexes2 B Saladin d Anglure 1998 parle de m diations chamaniques pour caract riser le syst me de relations qu est le chamanisme la suite de M Eliade il est devenu commun d associer le voyage chamanique l tat d extase dans lequel serait plong le chamane au moment du dit voyage Pour cet historien des religions l extase est le trait essentiel du chamanisme la marque du sacr Le chamane dit il est le sp cialiste d une transe pendant laquelle son me est cens e quitter le corps pour entreprendre des ascensions c lestes ou des descentes infer nales 1983 p 23 Eliade reconnait toutefois que le chamane ne d tient pas le monopole de l exp rience extatique et que s il est un magicien ce ne sont pas
57. de l objet Lash 2003 ainsi que Latour 1991 insistent sur la n cessit d inclure le r le des technologies dans les relations r flexives les techno logies jouant toujours un r le m diateur entre les sujets et les objets constituant plut t pour Latour des quasi objets et des quasi sujets Ce processus s loigne de la qu te d objectivisme de la modernit pr c dente Latour 1991 dit que cela a tou jours t ainsi que nous n avons jamais t modernes et devons parler d objectualisme plut t que d objectivisme Cette th orie et approche r flexive Laplante 2004 rappelle que la personne ou le chercheur ne peut se distinguer de son objet de recherche et apprend plut t avec ce dernier dans une relation r flexive La crise des repr sentations en anthropologie dans les ann es 1980 s est largement tourn e vers ce type d approche de pratique Cette mani re de penser d agir et de connaitre se rapproche 110 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Plantes m dicinales savoirs et soci t vue des rastafaris nettement des savoirs tels que signifi s par les rastafaris tout en s en distinguant cependant La conscience and I rasta ira dans le sens de la transcendance incorpor e de la relation entre sujet et objet le rem de ne fonctionne donc pas sans elle Cette pist mologie relationnelle lie plut t les rastafaris aux amagqirhas Xhosa C est dans un m me mouvement dans un lien n cessai
58. de leur enseigner leurs traditions perdues C est un peu un des mandats que s est donn la Foundation for Shamanic Studies cr e en 1970 par l anthropologue Michael J Harner 36 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues en voulant pr server la m moire des traditions chamani ques38 C est ainsi qu en 1992 au lendemain de la tomb e du r gime sovi tique que Harner et son quipe sont d barqu s en Mongolie dans le but de contribuer la r surgence de pratiques chamaniques oubli es sinon confin es la clandestinit lors de l poque socialiste N o chamanisme ou polymorphisme chamanique Doit on parler de chamanisme de n o chamanisme ou de pratiques qui s inspirent du chamanisme lorsque des pratiques oubli es ou emprunt es d autres groupes sont int gr es aux traditions locales Au del d une simple question de termino logie il s agit de reconnaitre le prisme tr s large que couvre la mouvance chamanique Si le n o chamanisme dans sa forme occidentalis e et commerciale est avant tout une pra tique du soi pour des Occidentaux en qu te de spiritualit et de th rapies alternatives il peut aussi tre vu dans un contexte de m tissage culturel entre les mondes autochtones et la soci t englobante comme un l ment g n rateur de nouvelles prati ques traditionnelles J P Chaumeil 1992 utilise l expression chamanismes g om trie variable p
59. des maitres qu il a incorpor es l autorisent se transformer leur image Par exemple gr ce aux ornements de l aigle harpie l onanya incarne lui m me l oiseau jouit de ses pouvoirs et adopte ses manifestations vari es arbre arc et fl ches etc il vole agilement dans le ciel envoie des dards pathog nes et devient un pr dateur f roce Lorsqu il se mute comme les maitres l onanya peut aussi emprunter leurs diff rents chemins et acc der leurs domaines qu ils soient c lestes aquatiques ou souterrains Il va alors y qu rir des armes ou des m dicaments il s y cache en cas de danger ou y recherche une instance ani mique perdue Plus l onanya cumule les apprentissages de rao plus il d couvre des voies qui lui permettent de diversifier ses voyages chamaniques et d atteindre les diff rentes dimensions des maitres des rao Ainsi s explique le contraste entre le calme apparent de la session chamanique et l animation des r cits d onanya ces exp riences demeurant inaccessibles aux non initi s qui s abstiennent d ing rer l ayahuasca Conclusion Le propos de cet article tait de d crire l utilisation pratique et r gul e de l ayahuasca du point de vue shipibo conibo Les descriptions d taill es du discours local d montrent comment le cadre de r f rence shipibo conibo ne correspond pas nos dicho tomies classiques nature surnature ou substance agence Ce que nous consid rons comme une substance naturell
60. discussions que nous aimerions ici creuser sans avoir la pr tention de vider la question Ces donn es proviennent d une fr quentation r guli re de communaut s algonquines et atikamekw2 ainsi que de familles vivant en milieu urbain Elles ont t compl t es par des informations recueillies en 1962 Mistassini chez les Cris par Bernard Dagenais BD dont les fiches ont t l gu es au d partement d anthropologie de l Universit de Montr al Toutes ces informations ont t mises en perspective avec la litt rature sp cialis e sur l alcool chez les Am rindiens en prenant en compte particuli rement les peuples algonquiens du Qu bec Innus Naskapis etc En raison de la concordance des t moi gnages et de fortes similitudes nous sugg rons qu il existe une culture de l alcool algonquienne au Qu bec et que les variations de celle ci d pendent beaucoup moins de la variable tribale bref de la Premi re Nation en question que de la position g ographique de l acc s aux centres d approvisionnement et de la p riode de passage la s dentarit de la communaut Nous tudierons donc pour commencer la culture de l alcool N Marie Pierre Bousquet effectue des recherches ethnographiques depuis 1996 en milieu algonquin Anny Morissette a quant elle commenc en 2003 aupr s des Atikamekw pour continuer en 2004 chez les Algonquins Par souci de protection de l anonymat les noms des informateurs ne seron
61. donc source de peur dans une recherche de rep res et de maitrise de soi Il est ind niable que la nature d un v nement comme BM contribue largement au succ s symbolique et rituel d usages de psychotropes en les int grant des vis es de communaut d autonomisation et d expression de soi Cette communaut fortement ressentie dans un environnement favorisant ce point la transgression explique en grande partie pourquoi plusieurs participants s y adonnent la consommation de telle ou telle substance pour la premiere fois Ceci renforce l argument central de cet article selon lequel la religiosit des consommations de psychotropes ne peut tre interrog e sans une approche Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 231 Usages n o traditionnels des drogues ethnographique et une mise en contexte plus globale et com plexe que le seul set and setting propos nagu re par Timothy Leary De fait si ce qui pr c de est n cessairement sch ma tique et largement incomplet il faudrait interroger chaque type d usage et effectuer une analyse en profondeur du festival BM il en ressort que les approches qualifi es ici d essentialistes et de diff rencialistes sont insuffisantes pour rendre compte des pratiques relatives aux psychotropes aujourd hui dans la n bu leuse n o chamanique Les exp riences contemporaines ne sont ni de p les simulacres des pratiques religieuses archaiques ni des exp riences du sacr
62. e le 14 f vrier 2009 sur le site http leportique revues org document134 html Ruck C Bigwood J Staples D Ott J et Wasson R G 1979 Entheogens The Journal of Psychedelic drugs 11 1 2 p 145 146 Sahlins M 2007 La d couverte du vrai Sauvage et autres essais Paris Gallimard 464 p Saladin d Anglure B 1998 M diations chamaniques Sexe et genre Anthropologie et soci t s 22 2 p 5 23 Savater F 2007 Choisir la libert Paris Hachette 211 p Schick M L 2007 Le chamanisme t l phonique ARUTAM Page consult e sur le site http arutam free fr Chamanisme moderne html Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 55 R sultats de recherche Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes parmi les Shipibo Conibo de l Amazonie occidentale Anne Marie Colpron Ph D professeure auxiliaire Wilfrid Laurier University Correspondance Courriel acolpron wlu ca Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 57 pp 57 91 Usages n o traditionnels des drogues R sum L id e de soigner par l interm diaire d un psychotrope semble pour un observateur occidental inconcevable Cette pratique s observe n anmoins aupr s de la population indig ne shipibo conibo en Ama zonie occidentale et s explique par leur cosmologie particuli re Ainsi la plupart des entit s du milieu arbres cours d eau astres sont consid r
63. en lui pr tant une couverture impr gn e de sa transpiration vecteur du pouvoir des rao Pour rem dier aux sympt mes des tourdissements des sueurs froides de la diarrh e des vomissements et de la fi vre l onanya souffle sur ses mains parfois avec de la fum e de tabac qu il frotte ensemble et masse avec ses paumes la t te de la victime r cup rant ainsi Son pouvoir 24 onanya Justina communaut de Vencedor 2000 2001 5 Tabernaemontana sananho 78 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes ce rao se cumule lors de son nouvel apprentissage chamanique En plus de d montrer une constance entre ces types de savoir ce r cit r v le un d tail important pour d signer les deux phases de restrictions et d isolement qu impliquent ces apprentissages de rao l onanya emploie le m me terme sama Elle distingue cependant la p riode de tabous de l initiation chamanique par le superlatif kikin d marquant ainsi leur intensit kikin sama Encore une fois tout indique que l apprentissage chamanique ne se diff rencie que par son degr d investissement Pour illustrer davantage ce propos exposons le cas du mas seur rebouteux t biacai dont la comp tence de replacer les os d mis provient aussi de rao particuliers Ainsi certaines plantes se singularisent par leur propri t de s encastrer les unes dans les autres comme les pi ces
64. environnants Petits et grands hommes et femmes se c toient L effet combin des herbes de la nourriture des couleurs et des vibrations rythm es r p titives rend l atmos ph re conviviale calme et familiale La fum e de la dagga embaume l air donnant l impression d unifier un ensemble d l ments qui d passe le regroupement tout en lui donnant un sens Sans aucune obligation d tre consomm e l herbe joue un r le particulier dans cette festivit et occupe n cessai rement une place centrale au m me titre que la philosophie la musique et les paroles Parfois l accent est mis sur les discours politiques d envergure locale et africaine d autres fois l accent se retrouve ax sur les liens transnationaux du mouvement et de ses racines jamaicaines 108 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Plantes m dicinales savoirs et soci t vue des rastafaris L objectif de comprendre comment les savoirs relatifs aux effets th rapeutiques des plantes sont acquis connus et accept s m a par la suite men e chez diverses familles d herboristes rastas Parmi les plantes de leurs parterres se trouvent l A afra et la dagga toutes deux laiss es l tat semi sauvage La pre mi re est utile pour plusieurs soins domestiques telle la fi vre infantile alors que la seconde joue un r le de gu risseur ou de purificateur de l me La dagga se consomme de mani re c r monielle dans le partage d un chilom ou d
65. et de la communautarisation Gauthier 2004b 2004c Gauthier et Perreault 2008 Si le Man vous diront une majorit de participants repr sente leur exp rience de BM ils s empressent du m me souffle de dire qu il ne s agit que de leur point de vue et que quelqu un d autre peut bien y voir tout autre chose symbole paien ou autre Ainsi le Man figure humaine faite de bois et de tubes au n on d une vingtaine de m tres et lev e sur une base de hauteur quivalente ne veut et ne doit officiellement rien signifier Le Man n est qu un pr texte r sume en entre tien le fondateur et directeur de l organisation de BM Larry Harvey Bien que le ph nom ne soit extr mement riche du point de vue d une anthropologie religieuse et bien que les partici pants en parlent comme d un lieu d initiation de p lerinage de ressourcement de catharsis de d couverte et d expression de soi de transformation et de spiritualit BM n est pas offi ciellement d fini comme un tant religieux ou spirituel De m me sa constitution anti march et largement anarchiste au sens de la philosophie politique c est dire ordonn e non Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 209 Usages n o traditionnels des drogues hi rarchiquement sans structure de pouvoir ne fait pas de BM un v nement contestataire Seule la dimension artistique de l v nement est revendiqu e BM tant la plus grande exposi tion d
66. fendent galement leurs savoirs traditionnels au sujet des plantes m dicinales dont ceux por tant sur 14 afra Le parcours des herboristes rastafaris et leur herbe sacr e la dagga cannabis sativa ganja occupent un r le particulier en lien avec I A afra lequel sera ici esquiss L tude met en lumi re les relations unificatrices qu exerce la dagga au sein des pratiques phytoth rapeutiques rastafaris relations paradoxalement intensifi es par des rapports antagonistes avec le syst me bio m dico l gal sud africain et ce dans un contexte de mondialisation Il ne s agit donc pas de rendre exotique le mouvement rastafari mais bien d en comprendre les articulations et les propositions qui puissent informer et d fier les pist mologies scientifiques et biopolitiques dominantes actuelles En conclusion la facon de promouvoir les savoirs traditionnels sur les plantes en utilisant le parcours des essais cliniques scientifiques demeure tr s limitative L exploration de nouvelles voies de compr hension de l efficacit des rem des est plut t sugg r e Mots cl s anthropologie savoirs plantes m dicinales cannabis rastafari Afrique du Sud 94 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Plantes m dicinales savoirs et soci t vue des rastafaris Medicinal plants knowledge and society from the point of view of South African Rastafarians Abstract This article concentrates on the healing role p
67. ferment es la base de coca Mortimer 1901 dont le Coca Cola ne fut au d but qu une p le imitation Si certains psychotropes sont utilis s pour leurs propri t s curatives il importe toutefois de distinguer leur usage comme l ment de la pharmacop e traditionnelle des usages m dium niques de type chamanistique En effet m me si les rites chamaniques peuvent tre r alis s des fins m dicinales les psychotropes ne sont g n ralement pas utilis s tel un rem de qui gu rit mais plut t pour acc der la r alit surnaturelle qui explique les causes du mal et de la maladie ainsi que ses traitements possibles Tr s souvent lors de ces rituels seul le chamane ayant acc s l univers des esprits auxiliaires utilise le ou les psychotropes pour ses propri t s m diumniques L usage du psychotrope facilite alors la communication avec les sources invisibles du mal que l on doit traiter Il est m me possible que la personne souffrante ou par laquelle le mal se manifeste ne soit pas pr sente lors de ces rites de gu rison puisque tout se d roule entre le chamane et les forces surnaturelles que lui seul saura d coder et apaiser Les hallucinog nes sont dans ce 15 Sur les usages de la coca ne des desseins th rapeutiques la fin du 19 si cle dans le traitement entre autres de certaines affections ophtalmologiques et de la morphinomanie on peut se r f rer aux crits de S Freud 1976 sur l
68. global actuel Les enjeux m dico l gaux et environnementaux se retrouvent au coeur de la probl matique rasta et c est dans les mani res d envisager les solutions que les antagonismes naissent ce niveau C est l int rieur de cette dynamique d opposition et de divergence dans les mani res de g rer la sant et d acc der aux ressources naturelles que la dagga devient un symbole de relations de pouvoir un symbole de l exclusion de certaines sph res de la soci t nationale sud africaine et globale mais aussi un symbole d inclusion dans d autres sph res de la soci t nationale et globale sud africaine Les rastas du Cap exercent un m tier et font un choix de vie en devenant cueilleurs de plantes et dispensateurs d herbes pour les soins de sant ils d pendent de la gestion des ressources et la conservation de la biodiversit tout en y prennant part Ces enjeux demeurent tr s actuels au Cap aujourd hui et le mouvement rasta y est associ dans des projets tels que celui du Tourisme Knysna invitant les visiteurs se familiariser avec la culture rastafari Ce projet est men en coop ration avec les projets Working for Water et SANParks L initiative de la Marijuana Trail dans le but d attirer de jeunes voyageurs Dickson 2000 indique galement les liens entre le mouvement rastafari et l industrie touristique nationale Aussi la pratique d herboriste en plantes sauvages se lie de plus en plus un march inte
69. ils ont depuis les ann es 1970 le droit de boire ce qu ils veulent et quand ils veulent Les histoires sont l gion chez les informateurs et dans la litt rature sur l ing rence de la Gendarmerie royale du Canada GRC dont les repr sentants entraient dans les communaut s et chez les gens sans mandat et qui assistaient d office aux mariages pour contr ler la consom mation des invit s Ce contr le limitait videmment les options Mon oncle y faisait a en arri re de la maison Proche du bois Comme a il pouvait se sauver s ils venaient l arr ter Parce que 14 Arr t Drybones 1971 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 149 Usages n o traditionnels des drogues c tait ill gal de faire de la boisson entrevue avec un homme de 61 ans r serve algonquine septembre 2008 Ainsi les boissons fortes taient pris es mais pas toujours abordables ni accessibles Le gin par exemple tait appr ci e et aussi utilis dans la fabrication de rem des Robbins 1973 p 108 a mentionn que les Naskapis se procuraient hard liquor and mixed drinks Chez les Algonquins un des informa teurs mentionne que dans sa communaut les gens appr ciaient le whisky mais ne pouvaient se procurer que du rye not scotch or bourbon When people had money they drink gin or rye Bootleggers had cheap gin not bourbon entrevue avec un homme de 50 ans r serve algonquine octobre 2008
70. l angle des repr sentations sociales et culturelles Notre but est de d montrer que au sein du contexte qu b cois les Am rindiens ont une culture de l alcool plus raffin e que ce que la litt rature laisse entendre et qui va au del de la recherche d enivrement total que l on observe fr quemment les fins de semaine dans les r serves Nous aimerions surtout rattacher cette culture de l alcool une culture politique que nous d finirons provisoirement comme un syst me de valeurs de croyances et de repr sentations permettant un individu d appr hender son r le dans sa propre soci t Nous ne voudrions pas que cet essai soit compris comme une d n gation des probl mes de consommation d alcool chez les Am rindiens mais plut t comme une volont scientifique de dresser un portrait plus nuanc que ce qui est habituellement pr sent dans une r alit o la relation l alcool peut aussi Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 129 Usages n o traditionnels des drogues tre saine peut tre peut on trouver des mod les ajouter aux moyens connus de r duction des m faits de l abus d alcool Nous pr sentons ici un essai c est dire une r flexion fond e sur des donn es empiriques qui n ont pas t recueillies lors d une recherche portant directement sur la consommation d alcool Nous avons plut t accumul de fa on collat rale d autres recherches nombre d observations et de
71. l efficacit d un m dica ment sur le corps se base sur des repr sentations biologiques tout comme le savoir botanique reconnaissant et classifiant PA afra se base sur des repr sentations biologiques de la plante Les savoirs des amaggirhas et des rastafaris se fondent quant eux sur leur manipulation des plantes la reconnaissance d une plante comme rem de se base sur une relation entretenue avec cette plante dans ses diverses manifestations Dans le cas de la v rification de l4 afra comme plante m dicinale reconnue ces fondements pist mologiques diver gents s illustrent bien alors que pour la pr paration de l essai clinique randomis ECR il est n cessaire de trouver une cer taine constance ce proc d soul ve parall lement les enjeux 112 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Plantes m dicinales savoirs et soci t vue des rastafaris environnementaux li s aux herbes Afin de mener l ECR qui rendra l gitime la valeur th rapeutique et l gale d une plante dans les circuits de sant globale il importe entre autres que cette plante ait t cultiv e un endroit d termin dans le cas de I A afra la plante est cultiv e chez Grassroots Group Inc par un fermier unique Selon le biochimiste de TICIPS les pratiques du fermier auraient une influence sur les propri t s de la plante Le fermier de Grassroots Group Inc explique pour sa part que les amagqirhas refusent de se pro
72. la recherche m dicale INSERM Paris France Centre les Hautes Fagnes Belgique Universit de Sherbrooke Canada Universit de Montr al Canada Universit Salvador de Bahia Br sil Universit McGill Montr al Canada Centre Marmottan Paris France Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 239 Usages n o traditionnels des drogues Liste des r viseurs scientifiques pour les ann es 2007 2008 Voici la liste de r viseurs scientifiques qui ont particip l valuation des articles soumis Drogues sant et soci t pour la p riode 2007 2008 Il est noter que cette liste comprend les personnes ayant donn leur autorisation la divulgation de leur nom Apostolidis Themistoklis Universit de Provence France Badlissi Dalal Bastien Marie France Bergeron Jacques Berlin Ivan Bertrand Karine Blais tienne Blazy Micheline Bouchard Michel Brown Thomas Chanut Florence Cleveland Janet Cloutier Richard Cohen David Agence de la sant et des services sociaux de Lanaudi re Recherche et intervention sur les substances psychoactives Qu bec RISQ Universit de Montr al Universit Paris 6 H pital Piti Salp tri re France Universit de Sherbrooke Universit de Montr al H pital Le V sinet France Centre de recherche et d aide pour narcomanes CRAN Pavillon Foster et Universit McGill Universit de Montr al Centre universitaire de
73. la d criminalisation des enth og nes des fins reli gieuses que Dieu peut bien choisir le chemin qu Il veut pour Se faire connaitre au sujet Roberts dir 2001 p 11 17 Si d autres auteurs reprennent le terme leur compte la notion d enth og ne sans verser aussi explicitement dans la th ologie il n emp che qu on ne saurait l purer de mani re la rendre op rationnelle d un point de vue socio anthropologique La notion d enth og ne exacerbe le fond commun de l approche individualiste pour laquelle l exp rience du sacr d crite est pr sociale voire pr langagi re et donc universelle Il s agit en somme d une position essentialiste Elle r introduit une substance la religion et adh re sans distance aux significa tions de la culture n o chamanique Plus ces auteurs sont sou vent eux m mes bien engag s dans la culture n o chamanique participant de nombreux ateliers donnant des conf rences et crivant des ouvrages lus par les pratiquants Or les conditions de possibilit s sociologiques et historiques esquiss es ci dessus ne sont pas prises en compte dans cette litt rature La religion est rabattue sur la psychologie et inscrite l int rieur de l id ologie individualiste telle que la d finit Louis Dumont 1983 et suivant laquelle l Individu est congu comme un tre moral au d part autonome et dont l existence pr c de le social Le bat blesse dans la mesure o cette posture pis
74. le savoir ancestral avec les pratiques contemporaines de psychoth rapie en prenant en compte les exigences de l thique et de la mentalit occiden tale Mabit 2001 p 13 La th rapie s assoit poursuit il sur un tr pied th rapeutique combinant l usage des plantes la psychoth rapie et la vie en commun Utilis es dans un cadre symbolique pr cis et rigoureux les plantes psychoactives en l occurrence l ayahuasca assurent une puissante facilitation de la psychoth rapie En fait pr cise Mabit dans le labora toire que constitue l espace Takiwasi o les r sidents sont 40 Voir www takiwasi org Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 41 Usages n o traditionnels des drogues la fois les observateurs et les sujets de leurs observations les plantes jouent le r le central de psychoth rapeutes Le personnel de soins n y a qu un r le d accompagnement de guidage et de s curit id p 13 14 Si l objet de cet article n est pas d valuer le dispositif th rapeutique ni les succ s de Takiwasi on peut toutefois s interroger sur les tentatives d explication de cette r ussite Les efforts pour rationaliser une d marche qui peut paraitre irration nelle aux yeux de l orthodoxie th rapeutique occidentale tour nent quelque peu vide Pour combler cette impasse explicative on a recours un m ta langage pseudo analytique cherchant faire le pont e
75. les honorer Nous parlons ici de repas priv s Les visites officielles d invit s de prestige elles peuvent donner lieu des d bats soit on d cide de servir du vin parce que a se fait soit on d cide de ne pas en servir pour montrer que la communaut prend position en faveur de la lutte contre l alcoolisme Les Am rindiens savent en effet tous tr s bien que les allochtones les prennent pour des alcooliques s ils sont vus en possession d alcool Parfois la troisi me voie est d offrir en m me temps deux versions d une m me boisson avec et sans alcool comme du punch ou de la sangria laissant aux individus la possibilit de faire un choix autonome Ce qui est marquant dans ces grandes occasions qu elles soient priv es ou publiques est que le d corum peut tre respect qu on serve ou non du vin 6 En effet nous avons plusieurs fois assist des f tes ot la table avait t dress e selon des r gles occidentales avec de la vaisselle des grands jours diff rente de celle du quotidien des nappes ou napperons des verres eau et des verres vin Pourtant ces derniers ne sont pas toujours destin s accueillir du vin ils sont parfois pr sents seulement pour disposer un d cor pour respecter les usages d une pr sentation chic standardis e notamment dans des missions populaires de t l vision de la table De m me le rituel du toast en l honneur d une per sonne ou d un v nement est prati
76. les Shetebo ont alors t incorpor s par les Shipibo et les Conibo Morin 1998 o Nous employons ici le terme local qui se traduirait mal par m tis puisque plusieurs de ces villages sont peupl s par des descendants indig nes amazoniens qui ne parlent plus leur langue ou par des immigrants andins pour en savoir davantage voir Gow 1994 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 63 Usages n o traditionnels des drogues continuels alternant entre la tol rance et les conflits ouverts En tant que population riveraine les Shipibo Conibo vivent principalement de p che mais aussi d horticulture et de chasse Dans certaines communaut s indig nes qui se situent proxi mit de grands centres urbains ces activit s de subsistance se transforment cependant en travail r mun r Au coeur du territoire shipibo conibo se trouve notamment l norme ville de Pucallpa qui gruge le milieu naturel et provoque la d forestation des communaut s indig nes avoisinantes Ainsi les Shipibo Conibo r agissent depuis plusieurs si cles au contact occidental dont les r percussions se constatent sur l ensemble des pratiques sociales entre autres sur la pratique chamanique Le chamanisme de la r gion de l Ucayali s est manifestement modifi au cours du temps voir Gow 1994 8 il serait donc illusoire de le consid rer comme un ph nom ne archaique et immuable en transformation depuis seulement quelques
77. les pouvoirs chamaniques Cependant si l initi n observe pas les restrictions requises les pouvoirs des rao se corrompent et deviennent dangereux voire l taux Cette force vici e doit alors tre retir e du corps du n ophyte par un onanya exp riment qui lors de sessions chamaniques l aspire litt ralement par le sommet du cr ne Manipuler les rao sans suivre les interdits qu ils impliquent provoque in vitablement la contagion copia les maitres intran sigeants ch tient tout manquement leurs gards en communi quant immod r ment leurs caract ristiques plusieurs reprises les Shipibo Conibo ont expliqu qu il ne fallait pas jouer avec les maitres des rao De plus absorber le psychotrope ayahuasca sans pr ala blement observer certaines pr cautions cause galement une affection copia le liquide ing r peut durcir dans le ventre et se transformer en boa maitre de l hallucinog ne qui se venge ainsi Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 75 Usages n o traditionnels des drogues dans les entrailles de l impudent De tels risques permettent de mieux comprendre la crainte qu inspire l ayahuasca et son usage restreint l onanya Par les tabous qu il observe l onanya gagne les faveurs des maitres des rao et rend l utilisation de l ayahuasca moins p rilleuse Bien que la consommation de l ayahuasca soit g n ra lement l exclusivit de l onanya l usage des rao se montre cepe
78. majeur et ind passable de la sociologie de Durkheim en mati re de religion sa sociogen se Le raccourci par la psych indivi duelle livre la socio anthropologie du religieux la neurologie ce qui comme l crit Camille Tarot permet d aboutir au scien tisme le plus crasse comme au mysticisme le plus chevel 11 videmment une telle position devrait tre autrement d fendue ce qui est impos sible dans le contexte Il faudrait notamment expliciter la diff rence entre symbolique notion structurale vacuant le sujet symbole mort et symbolisme ce dernier ne r f rant pas son acception jungienne symbole arch type ou saussurienne symbole motiv mais bien au symbole vivant circulant dans les rapports sociaux Voire les nombreux travaux du Mouvement anti utilitariste dans les sciences sociales MAUSS 1981 et notamment La Revue du MAUSS semestrielle No 12 2 semestre 1998 Plus r el que le r el le symbolisme Voir galement Tarot 1999 et Caill 2000 220 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Les usages n o chamaniques du festival Burning Man 20082 p 839 Ainsi ses tenants abondent dans le sens de nos th ologiens enth og niques ou l inverse et dans certains cas en m me temps entreprennent de rechercher le foyer et les m canismes de l exp rience religieuse dans les synapses R ductionnismes essentialistes et mat rialistes se rejoignent dans l a priori
79. mises en lumi re relations paradoxalement intensifi es par des l ments antagonistes face au systeme bio m dico l gal sud africain dans un contexte de mondialisation Dans un premier temps je chercherai com prendre comment les plantes en g n ral et la dagga en particu lier s articulent autour des pratiques politiques et philosophie des rastafaris sud africains et du mouvement rasta en g n ral Dans un deuxi me temps je m appliquerai comprendre com ment ces pratiques politiques et philosophie se pr tent aux dis cours scientifiques m dicaux environnementaux et l gaux dans le contexte sud africain et le contexte global d aujourd hui Mise en contexte essai clinique transnational d une plante m dicinale traditionnelle Le TICIPS The International Center for Indigenous Phytotherapy Studies est un centre global sur les m de cines autochtones enti rement financ par le Centre national de m decine compl mentaire et alternative National Center for Complementary and Alternative Medecine NCCAM de l Institut national de sant National Institutes on Health NIH Washington DC tats Unis Il s agit d un consortium de recherche men par l Institut de m decine et de science phyto th rapeutique sud africain South African Herbal Science and Medicine Institute SAHSMI de l Universit du Western Cape UWC et par l cole de m decine de l Universit du Missouri MU Le consortium est bas l UWC e
80. monbr oqe ueSoxtq SUISIBI YOSTUTUIOD Oqeuiuio ossoui op UIA soS1oor jUIeS ULA XNOIA onoq e opinbi uorod oSeAnodq rurege 9881 bong 98n01 oxsrjA IUe S eA STUIE N ednos snf monbr oqe SUISIUI YOSTUTUIOD ueSoxrq JOSURUT OUTST OQRUIUIO9 QUISIAA qui op UIA S3NOI ULA 9881 bong 491104 juo odde stejsuy so onb 99 a191g osso1r UarIqeu TN 9881 bon oioIq LJ sre uejj np 9111 odnos snf monbr oqe USIqeN ueSoxtq uides oyourds IqONID OqeA 1q0 I aig 9881 bono uesoyg ednos snf manbr oqe n opoxoT OqeMOPIOI OqeM 9POOI unu ooo e orA op nee Nay op 1nonbrT yoy xnonyuidg 2DUEUSAOIY 9urio np uonIsodw039q umbuoS e 30 A 003 y S ooo2je sa jueubisap suinbuobje sjow sa7 Z ne jqeL 2009 juin Drogues sant et soci t vol 8 n 1 144 Peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens Ces distinctions linguistiques entre diff rents alcools ne rel vent pas seulement notre avis de la simple description Pour en discuter examinons ce que recouvre chaque cat gorie La bi re l alcool am rindien Quelle est la boisson la plus consomm e par les Algonquiens Quiconque ayant un peu fr quent les communaut s am rin diennes s est vite rendu compte que la bi re est l alcool le plus r pandu La raison principale ne semble pas tre forc ment une pr f rence pour son go t nos informateurs menti
81. o traditionnels des drogues frequently purchased item in category 5 consumable luxuries is beer 1973 p 106 et insiste sur le fait que cet alcool est achet Henriksen en parlant des Naskapis du Labrador d cri vait une autre r alit In more than half the houses and tents in the community a concoction of water spruce branches and prunes is continuously boiling this is the brew for the beer The beer is often drunk only a few hours after the yeast has been put and while it is still fermenting Only seldom do they wait more than a day before they drink it They say that if they let the beer sit for three days it becomes too strong The real reason however is that they cannot wait that long to drink it as they do not have enough suitable containers for keeping the brew 1973 p 76 Bien que Henriksen en ait r fut l id e on peut tout de m me penser que la raison invoqu e par les Naskapis pour boire leur bi re artisanale assez vite aurait peut tre quelque chose voir avec leurs go ts personnels Plus r cemment Roy pour les Innus de Pessamit cite un informateur qui raconte se souvenir de la production de bi re la bibite sur la r serve On faisait ca avec de la m lasse et du fleshman levure Fleischmann s 2005 p 104 galement dans son texte la bi re achet e en caisse est de loin l alcool le plus consomm C est aussi ce que nous avons remarqu dans les com
82. on L ventail est large dans les comptoirs de traite selon les cas on pouvait trouver du brandy du rhum du gin du whisky ainsi que d autres alcools quali fi s de fa on plus g n rique d eau de vie ou de liquor qu on pourrait traduire par spiritueux Mancall 1995 mentionne aussi la pr sence dans les magasins de traite de cidre et de vins Une telle diversit incite penser que les Am rindiens comme les autres pourraient avoir d velopp des pr f rences Seul Merrett 1993 en voque la possibilit il rapporte en effet que les archives de Fort Prince of Wales Manitoba mon trent que dans les ann es 1770 Northern natives especially those remote from the fort do not like brandy drinking it only as a reward for hunting geese while Southern natives are so addicted through their exposure to Europeans that they impru dently buy it Plus loin Merrett cite un extrait voquant un guide am rindien qui epitomizes refinement because he relishes Spanish wines but refuses spirituous liquors however fine in quality or plainly mixed Merrett 1993 p 54 55 Comme Les vins comprennent galement les vins doux ou vins fortifi s comme le porto et le sherry Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 133 Usages n o traditionnels des drogues nous le verrons plus loin nous mettons l hypoth se que les Am rindiens peuvent avoir leur hi rarchie de go ts en
83. plut t n o traditionnelles C est le cas par exemple de certaines pratiques de groupes am rindiens du Subarctique et du Nord Est Dans leur qu te identitaire et la gu rison de leurs blessures ancestrales plusieurs groupes traditionalistes ont reconstitu leurs propres traditions en empruntant d autres nations am rindiennes qui en d autres temps ont pu tre leurs rivaux voire leurs ennemis des pratiques qui leur taient jusqu alors trangeres La tente de sudation comme la roue m dicinale qui sont aujourd hui incorpor es aux pratiques de gu rison de nombreux groupes am rindiens du Canada en sont des exemples Si elles appartiennent l univers culturel des Am rindiens dans son ensemble ces pratiques n en sont pas moins n o traditionnelles pour ces groupes qui ne les ont adopt es que tout r cemment comme l ment de leur tradition Nous savons aussi que plusieurs de ces groupes dans leur processus de reconstitution identitaire entretiennent des relations troites avec des groupes de traditions chamaniques du sud de l Am rique et qu ils pourront faire l exp rience des plantes sacr es hallucinog nes comme moyen de retourner aux sources de leur tradition et de leur culture Parfois des anthropo logues ou autres intellectuels occidentaux s immiscent dans ce processus de reconstruction identitaire des peuples autochtones en facilitant les contacts entre les groupes ou m me en leur proposant
84. political epistemologies In conclusion the way of promoting traditional knowledge of plants by using scientific clinical testing remains extremely limiting The exploration of new ways of understanding the efficacy of remedies is suggested Keywords anthropology knowledge medicinal plants cannabis Rastafarian South Africa Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 95 Usages n o traditionnels des drogues Plantas medicinales conocimientos y sociedad punto de vista de los rastafaris sudafricanos Resumen El art culo trata el tema del papel curativo que tienen las plantas dentro del movimiento rastafari sudafricano en las townships de Cape Town principalmente desde el punto de vista de la antropolog a de la salud de las ciencias y de la tecnolog a A trav s de una investigaci n m s global la autora har el seguimiento etnogr fico de la trayectoria de la planta medicinal ind gena sudafricana Artemisia afra A afra mientras atraviesa diversas etapas preparatorias que conducen a an li sis cl nicos El doble objetivo de verificaci n cient fica y de promoci n de los conocimientos tradicionales del proyecto de ensayos precl nicos relativos a la A afra hace surgir diversas cuestiones epistemol gicas al perfilar los cient ficos y los amaggirhas curanderos e inyangas herboristas xhosa diversas nociones de eficacia Paralelamente est n los herboristas rastafaris que defienden asimismo sus co
85. prenant en consid ration le double crit re du contexte de consommation lieu et entourage et des significations don n es aux pratiques motivations et effets recherch s trois types d usage mergent au sein de notre chantillon l usage festif l usage r cr atif et l usage dopant L usage festif L usage festif implique la contextualisation de la pratique et la pr sence du groupe Ici l usage de drogues tout en impli quant une certaine forme d abandon de soi et l atteinte d un tat de transe ou de jubilation la recherche d un tat modifi de conscience EMC vise la participation la f te par la danse et l ouverture aux autres ainsi que la sociabilit dans l espace festif par le partage d exp riences Cette notion utilis e au d part par les interactionnistes pour tudier les carri res professionnelles a ensuite t reprise pour rendre compte des parcours de d viance voir Becker 1985 180 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Vers un usage maitris des psychotropes en milieu techno Tout ceci peut impliquer une certaine forme de contr le ou du moins un effort de la part de l acteur pour ne pas tre trop d pass par les effets d un produit Sans ter le danger que comporte tout usage la ritualisation de la pratique par le groupe participe la limitation des risques Soulignons aussi que si les produits sont tr s disponibles dans les contextes festifs techno l
86. re No l et d butant parfois t t en d cembre avec les d sormais traditionnels party de bureau 19 On peut penser par exemple la pratique du conducteur d sign et l institution b n vole de raccompagnement en automobile qu est devenue au Qu bec Op ration Nez rouge mais aussi aux messages fr quents dans les m dias au sujet des fa ons de savoir boire viter la d shydratation espacer les consommations boire mod r ment etc Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 25 Usages n o traditionnels des drogues Chamanisme n o chamanisme et mouvance des traditions Lorsqu il est question d usages n o traditionnels de psycho tropes l exemple du n o chamanisme est l un des premiers qui viennent l esprit La mouvance n o chamanique qui s amorce dans les ann es 1970 est en effet fortement associ e la d cou verte par une certaine jeunesse des plantes psych d liques et de leurs usages ritualis s dans des contextes de type chama nique Le pros lytisme de certains ouvrages soi disant anthro pologiques pr chant les vertus des drogues naturelles et leurs usages traditionnels n est pas tranger l engouement qui entoura cette d couverte et qui se traduisit concr tement dans la foul e du mouvement New Age des ann es 1980 par l essor du n o chamanisme Mais qu est ce que le n o chamanisme Qu est ce qui le distingue du chamanisme pro
87. rents types d attitudes sont dans l ensemble de nature politique l une affirme la fid lit soi son identit sa culture son patrimoine l autre affirme son galit avec les allochtones ou les Am rindiens sont parfaitement capables de produire ou de reproduire des com portements la hauteur des plus hauts standards de l apparence sociale Les deux sont des formes de r sistance l emprunt aux allochtones d une part aux pr jug s d autre part Il arrive aussi que des individus adh rent aux symboles de ce d corum car ils ny voient aucune contradiction avec leur identit Ils sont alors percus par leur entourage comme des Indiens de ville ou pommes rouges l ext rieur et blancs l int rieur Les Indiens de ville appel s galement Indiens d asphalte sont caract ris s par les Indiens de r serve ou les gars de bois par le fait qu ils ont t lev s avec des allochtones qu ils en comptent dans leurs r seaux de proches et qu ils sont l aise en leur pr sence Mais la fronti re 17 Les Indiens de r serve et les gars de bois incluant toutes les variantes de ces expressions sont deux expressions qui ne forment en fait bien souvent qu une seule cat gorie de personnes aux yeux de ceux qui ne vivent pas dans des com munaut s et qui n y ont jamais v cu long terme On parle aussi pour englober tous ces individus de Indiens traditionnels Drogues sa
88. rindiens Merrett 1993 avait montr que les Am rindiens pouvaient manifester des pr f rences quant aux divers alcools Cela peut il s appliquer aux Algonquiens du Qu bec Une tude du diction naire de Cuoq 1886 compar e une rapide enqu te linguis tique avec des informateurs de Pikogan en ao t 2008 r v le une richesse de mots en algonquin pour diff rencier les boissons alcoolis es Cette liste n est sans doute pas exhaustive et notons au passage que certaines tymologies sont discut es m me au sein des communaut s algonquines 12 Une de nos informatrices pense par exemple que le mot bi re viendrait de cikiwinabo urine qui a la m me couleur Son opinion ne semble pas tre partag e par d autres locuteurs Un autre informateur pense que la traduction en anicinabe de eau de feu pour les boissons fortes viendrait du fait que l alcool s enflamme au contact du feu un autre pense plut t que cela vient du fait que le fort produit une sensation de br lure lors de l ingestion Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 143 Usages n o traditionnels des drogues neajuew un no edeo eun sa jodeo 97 e er unu op anbrireq oun 91m3y ne jueuruou sumbuoS y ueroAojodex 9881 bong So onb Isure 389 9 o qerq np 10deo 97 O OWEN PEW unu1 op onbrueg 9881 bong SIAQIU9S op oreq urufuemeyy oqeurufuemeyy ueSoxrq Qney snjd 110A OqeA opoxo uir ednos snf
89. roine Les acteurs font r f rence un v nement biographique majeur qui symbolise un tournant de l existence et la rencontre avec le monde de la drogue Dans le cadre de notre enqu te l v nement biogra phique est la d couverte du milieu festif techno accompagn e d une premi re exp rience bouleversante Cette initiation l usage en milieu festif techno est sou vent d crite comme une r v lation Les r cits voquent l exp rience fondamentale dont parle Alberoni 1992 point de d part de l adh sion un mouvement La personne vit une exp rience qui la transforme une m tanoia d o s ensuit un engagement dans le mouvement qui lui a fait vivre cette exp rience Dans cette conception les mouvements peuvent tre poli tiques mais aussi religieux culturels Ils se forment lorsque des individus partagent une exp rience forte v cue individuelle ment comme une conversion et qui apparait au niveau collectif comme porteuse d un changement faire advenir Les raves et les free parties peuvent tre percues par les participants comme Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 177 Usages n o traditionnels des drogues porteuses d un projet alternatif de vie en soci t ou du moins d une forme alternative de f te S ensuivent en cons quence une fr quentation assidue de ces festivit s et un engagement dans une activit qui s y rapporte Ceci s explique par le d sir de c
90. s en d gage une multiplicit de facons de concevoir les pratiques n o traditionnelles selon leur int gration leur tol rance et leurs statuts normatifs dans la soci t L article se termine en soulignant l importance des r les jou s par les intellectuels et les auteurs guides dans la construction des repr sentations le processus de normalisation et la promotion des usages n o traditionnels des psychotropes Mots cl s usages traditionnels n o tradition psychotropes chamanisme n o chamanisme intellectuels construction des normes 12 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues Drug rites margins and uses social models and contextual normalcy Abstract This article focuses on the models and statuses of neo traditional uses of psychotropic agents It begins by examining the contexts and functions of so called traditional uses emphasizing the factors which contribute to their normalization and transformation Among these factors the marginal and identificatory dimensions of uses are examined in their dynamic relations with the membership group and surrounding society The example of shamanism and neo shamanism is then studied to illustrate the shift in traditions and the difficulty in distinguishing the old from the new the indigenous from the exogenous when it involves legitimizing these uses on the social and cultural level as well as among their proponents Th
91. sant McGill Clinique Cormier Lafontaine Florida International University 240 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Liste des r viseurs scientifiques Collishaw Neil Comeau Monique Cousineau Marie Marthe Debourg Alain Denis Isabelle Deschesnes Marthe Dionne Clermont DiTommaso Stephen Dodier Nicolas Dolivet Pierre Dufort Francine Durocher Lise Fernandez Fabrice Fernet Myl ne Frappier Jean Yves Gagnon Fabien Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 M decins pour un Canada sans fum e Agence de la sant et des services sociaux de la Capitale Nationale Universit de Montr al H pital Le V sinet France Centre Dollard Cormier Institut universitaire sur les d pendances D veloppement des individus et des communaut s Institut national de sant publique du Qu bec Universit Laval Universit de Montr al Ecole des hautes tudes en sciences sociales Paris Institut national de la sant et de la recherche m dical INSERM Universit Laval Centre jeunesse de Montr al Institut universitaire Universit de Toulouse Universit du Qu bec Montr al Centre hospitalier universitaire Sainte Justine Universit de Montr al Universit Laval 241 Usages n o traditionnels des drogues Gagnon H l ne Gendreau Paul Gervais Andr Gilbert Sophie Godin Gaston Gofette J r me
92. sujet voir Gow 1994 64 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes donc pas envers les relations de contact mais s en nourrit plu t t et se transforme constamment au rythme de la soci t Un important mouvement de revitalisation du chamanisme qui a surgi dans la r gion de l Ucayali autour des ann es 1970 t moigne d ailleurs de la vigueur du ph nom ne Chaumeil 1993 Ainsi s expliquent le nombre lev de chamanes shipibo conibo plus d une centaine et leur grande visibilit sociale Le chamanisme shipibo conibo l ayahuasca comme intensificateur des relations sociales Pour comprendre la persistance et l importance sociale du chamanisme shipibo conibo nous devons nous r f rer leur cosmologie particuli re qui diff re radicalement de notre propre entendement du monde Alors qu en Occident nous tendons d partager l tre humain de son milieu les Shipibo Conibo les pensent plut t en continuit consid rant la plupart des entit s qui les entourent selon leurs propres mod les sociaux Les arbres les cours d eau ou les astres pour ne donner que quelques exemples sont d crits comme des microcosmes abritant une population caract ristique Chaque arbre sp ci fique par exemple poss de son propre ciel son soleil sa lune et ses toiles ainsi que ses propres villages ses habitants ses chefs et ses chamanes La f
93. t est marqu bien que les fondements philosophiques des rastas du Cap comme Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 107 Usages n o traditionnels des drogues ceux des gu risseurs favorisent nettement les plantes fraiches sauvages celles manipul es techniquement Dans le jardin de plantes m dicinales l ext rieur du laboratoire les visiteurs font montre de leurs connaissances des usages de chaque plante cultiv e dont l A4 afra Inform s de ma recherche sur cette derni re plusieurs herboristes rastas m invitent visiter leurs jardins et demeures o ils font eux m mes pousser la plante pour ses propri t s th rapeutiques Ils m invitent parall lement aux festivit s rastas afin que je prenne connaissance de ce qui entoure leurs pratiques phytoth rapeutiques Dimanche le 22 novembre 2007 de 3000 5000 rastas se rassemblent sur la plage du township de Phillippi en p ri ph rie de Cape Town pour le Sun Splash annuel un festival one love sans alcool ni viande sans police ni violence Des herbes sauvages des bulbes des corces des min raux et racines sont tal s sur des couvertures et vendus par les rastas Parmi les plantes se trouvent diff rents chantillons d A afra et de dagga roul coup feuilles et fleurs Quelques touristes curieux r dent des familles mixtes et Xhosa mais l essentiel de la foule est constitu de rastas de diverses r gions de l Afrique et des townships
94. tera toujours des pratiques s appuyant symboliquement sur des traditions anciennes ou invent es Hobsbawm 2006 pour se l gitimer aupr s de leurs usagers et dans la soci t Dans ce num ro th matique de la revue Drogues sant et soci t les auteurs ont t invit s examiner diff rents types d usage de psychotropes appartenant des traditions plus ou moins anciennes voire en mergence Depuis leur perspective socio anthropologique respective ces auteurs ont cherch expliquer les caract ristiques des contextes dans lesquels ces pratiques se r alisent en se penchant sur les repr sentations qui les justifient et qui contribuent leur r gulation Le num ro s ouvre par une r flexion sur les usages n o traditionnels des drogues Apr s avoir d gag les ancrages normatifs et inventori les principales fonctions des usages tradi tionnels des psychotropes Marc Perreault en prenant l exemple du n o chamanisme examine quelques uns des facteurs qui participent la mouvance des pratiques et des repr sentations L auteur attire l attention sur l importance du r le jou par les 6 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Pr sentation intellectuels dans la promotion et la l gitimation des usages des drogues en contexte dit n o traditionnel Dans l article suivant Anne Marie Colpron traite de l usage d un psychotrope aux propri t s hallucinog nes l ayahuasca dans les pr
95. there were a percentage of people who were not drinking also We used to drink during holidays such as at Christmas and the New Year It was introduced by the non Natives Natives used to drink during the Holidays because the Non natives were drinking in those occasions entrevue avec un homme de 50 ans r serve algonquine octobre 2008 Cet exemple tendrait montrer que la consommation d alcool pouvait et peut encore tre reli e aux types d v ne ments auxquels les gens assistaient ou aux lieux dans lesquels ils se trouvaient 142 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens We never drank in the bush Only in the rez because it is depressive In the bush you had no time to drink you were too busy The availability too You were there for 3 4 months It would have frozen and there was the problem of storage In canoes with 15 cases of beers it wouldn t have been possible You brought 10 onz for medical use with coffee id octobre 2008 Nous pensons en fait qu il est important de diff rencier la consommation quotidienne de la consommation festive ce sur quoi nous reviendrons plus loin Ce que nous voudrions montrer ici c est que la disponibilit locale des diff rents alcools et l histoire particuli re de chaque communaut jouent sans doute un grand r le dans les choix et peut tre des go ts des gens La bi re le fort et le vin des Am
96. total L ethnologue Roberte Hamayon 1995 d nonce le biais interpr tatif selon lequel le voyage chamanique correspondrait un tat de transe ou d extase Il en d coule une association automatique entre tat alt r de conscience et chamanisme Or pr cise t elle malgr l apparence de scientificit de la terminologie 26 ethnomusicologue Gilbert Rouget est certes un des auteurs qui a le plus insist sur la confusion qui mane de l utilisation indiff renci e des notions d extase et de transe Dans un tableau souvent cit de son livre La musique et la transe p 36 il oppose les traits caract ristiques de l extase immobilit silence solitude sans crise privation sensorielle souvenir hallucination ceux de la transe mouvement bruit soci t avec crise surstimulation sensorielle amn sie pas d hallucination Or m me si cette distinction rev t une grande importance pour son travail puisqu il y a selon lui incompatibilit entre la pratique de l extase et celle de la musique lui m me se doit d admettre qu il est difficile parfois de d cider si l on se trouve en pr sence d une extase ou d une transe p 36 37 Cela est d autant plus vrai lorsqu il advient de caract riser ce qu il appelle la transe chamanique et de la distinguer de la transe de possession Force est de constater que des traits tels que amn sie et pas d hallucination s appliquent difficileme
97. tournant du si cle plus prudente dans sa promotion de la consommation de substances psychotropes faisant de plus en plus tat des risques li s celles ci ER Cet article serait un des plus cit s en sciences humaines et en philosophie aux Etats Unis et l un des textes les plus repris dans les recueils de premier cycle universitaire o Set pour mind set l tat d esprit du consommateur ses peurs ses attentes sa psych et setting pour l environnement imm diat mat riel mais galement l ambiance 216 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Les usages n o chamaniques du festival Burning Man ouvrir sur une dimension religieuse secondaire proprement sociale Cette derni re est soit per ue comme tant plus stable et articul e compos e notamment des aspects rituels liturgi ques et thiques ou encore et plus souvent comme une d g n rescence d une puret spirituelle premi re Dans tous les cas l exp rience brute et par nature incommunicable exp rience du sacr est l essence et la source du religieux Nous sommes ici dans la perspective de l individualisme m thodologique dans la mesure ou les faits religieux s expli quent partir de l individu Les drogues permettraient ainsi une exp rience religieuse originaire l analyse doit par cons quent aborder la question partir de la notion d tat alt r de conscience Cette approche tend valoriser les contextes hypo
98. trouvaient moins platte plus fun plus dr les Ces gestes signifient qu ils refusent d adh rer l int gralit de l id ologie AA qui r gle la conduite du bon Indien Ils appr cient la qualit de l entraide qu ils ont pu trouver dans les groupes de soutien AA mais ne veulent pas en faire une religion Eux autres l les membres actifs du groupe des AA y sont fond l dedans c est comme une reli gion c est vrai que a m a aid mais moi j ach te pas le syst me en bloc sinon c est juste une b quille tout ca c est des nouveaux cur s toujours nous dire quoi faire et quoi pas faire extrait de six discours recueillis aupres de six personnes en 2003 et 2007 Ils revendiquent quant eux leur autonomie recouvr e face l alcool et dans la reprise en main de leurs destins et n acceptent pas qu une autre autorit que la leur qu elle soit m dicale spirituelle sociale ou politique leur dicte leurs mani res d agir et d tre au monde Pr cisons qu ils sont mino ritaires au sein des anciens alcooliques et que leurs gestes ne sont pas explicitement militants ils s octroient un petit verre dans le priv l abri des regards et de la d sapprobation pos sible Mais ces gestes sont tout de m me eux aussi de nature politique d une part parce qu ils sont r fractaires l id ologie dominante ambiante au sein de leurs collectivit s d autre part Drogues sant et s
99. un autre contexte d un arr t ou d une diminution plus nette de l usage qu il s agisse d un engagement dans d autres activit s ou d une rupture symbolique avec des pratiques ant rieures En s affranchissant du contexte festif et avec l avanc e en age des personnes et l engagement dans de nouvelles situations sociales ce sont d autres modalit s de rapports aux substances psychoactives qui se mettent en place Les personnes rencontr es tendent en effet d velopper des formes d auto contr le de leur usage M me si celles ci ne sont pas forc ment r gul es il Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 179 Usages n o traditionnels des drogues importe de saisir leur sp cificit et les modalit s de basculement d un usage un autre La notion interactionniste de carri re permet de rendre compte de la transformation des relations aux drogues au cours du temps De la m me mani re qu on peut rendre compte d une carri re professionnelle comme une suite de positions occup es par un individu dans un syst me professionnel et de l volution de ses motivations et d sirs la notion de carri re envisag e dans le champ de la toxicomanie permet de rendre compte la fois de l aspect objectif des types d usage contexte de l usage produits consomm s quantit fr quence et de leur aspect subjectif significations donn es aux pratiques Les types d usage d finitions et modalit s de passage En
100. y cultural como entre sus adeptos Se desprenden del an lisis una multiplicidad de maneras de concebir las pr cticas neotradicionales seg n su integraci n su tolerancia y su estatuto normativo en la sociedad El art culo concluye destacando la importancia del papel que juegan los intelectuales y los autores guia en el desarrollo de las representaciones el proceso de normalizaci n y la promoci n de los usos neotradicionales de los psicof rmacos Palabras clave usos tradicionales neotradici n psicof rmacos chamanismo neochamanismo intelectuales desarrollo de normas 14 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues Cet article r sulte d une r flexion autour de l id e d un usage n o traditionnel des psychotropes D entr e de jeu on peut se demander qu est ce qu un usage n o traditionnel Allier le pr fixe n o ce qui est nouveau avec le suffixe tradition ce qui est h rit du pass ne revient il pas cr er un oxymoron Le nouveau ou le moderne ne s oppose t il pas en principe l id e que l on se fait du traditionnel ou de la tradition Bref peut on parler d usage n o traditionnel de psy chotropes et si oui qu est ce que cela implique et signifie Telle est en toile de fond la question qui traverse de bout en bout la construction de cet article Mon intention n est pas cependant de d finir stricto sensu ce qu est un usage n o trad
101. 15 Usages n o traditionnels des drogues disparates comme il peut s agir de traditions mergentes et aux statuts normatifs pr caires socialement parlant On peut penser dans le premier cas certaines pratiques corporelles ou pratiques du Soi s inscrivant dans la mouvance th rapeu tique New Age ou dans le deuxi me aux nouvelles formes de ritualit de la jeunesse que sont par exemple les Rave ou la culture Techno en g n ral J mets l hypoth se que ce qui relie des degr s divers l ensemble h t roclite de pratiques que l on qualifie explicite ment ou implicitement de n o traditionnelles est la volont de normaliser contextuellement des usages revendiquant une filiation avec une ou des traditions plus ou moins re connues Toutefois ces usages du point de vue des valeurs et des r f rents identitaires de la soci t englobante restent marginaux voire parfois d viants En me focalisant sur l usage des psychotropes je tacherai plus sp cifiquement dans cet article d expliquer les caract ristiques de ce processus de normalisation des prati ques potentiellement g n rateur de nouvelles ritualit s voire de nouvelles traditions du point de vue des personnes et des groupes concern s Mais avant d aborder la question plus sp cifique des usages n o traditionnels je me pencherai sur les contextes et les fonc tions des usages dits traditionnels Les exemples du cha manisme et du n
102. 2009 17 Usages n o traditionnels des drogues il est toutefois possible de dire que celles ci taient teint es de symbolisme r v lant tant t leurs dimensions supranaturelles tant t l univers mythologique auquel elles sont rattach es Les t moignages anciens sur les usages des psychotropes proviennent principalement d individus trangers aux commu naut s et aux groupes culturels dans lesquels ces pratiques avaient cours Dans tous les cas pour reprendre Sahlins il s agit de repr sentations que l on peut qualifier de n o traditionnelles Bien que la connaissance des traditions originaires soit limit e voire subjectivement biais e il demeure possible de d gager quelques g n ralit s propos des usages traditionnels des psychotropes La premiere et probablement la plus significative est que ces usages s inscrivent dans des cadres sp cifiques Ils se d roulent dans des espaces temps bien d finis sinon ils sont r serv s des groupes d individus bien identifi s par leurs liens privil gi s avec la ou les substances psychotropes Les usages d viants ou hors contextes restent choses du possible mais doivent tre exceptionnels dans la mesure o les r gles d inter d pendance qui r gissent ces types de communaut laissent peu de place toutes formes de d rogation mettant en p ril l unit du groupe et la p rennit de ses institutions Les traditions ne sont ni fig es dans le temps n
103. 8 n 1 juin 2009 Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes le nourrisson encore en processus de devenir humain est plus sensible et perm able aux influences des maitres environnants pouvant m me tre atteint par l entremise de ses parents Les tabous de la couvade se relachent graduellement au fur et mesure que le petit grandit se renforce et qu il est inclus dans la communaut humaine Les cas de contagion copia diminuent donc avec l ge Une personne adulte souffre rarement de cette affection tant seulement atteinte par les entit s aux maitres imposants et f roces comme le jaguar l anaconda ou les grands arbres pineux Alors que ces pr dateurs sont redout s et vit s par la plu part des Shipibo Conibo l onanya cherche au contraire s en faire des alli s L initiation chamanique suit en quelque sorte le mouvement contraire de la couvade le n ophyte s expose volontairement aux maitres menagants pour acqu rir leurs caract ristiques notamment leur puissance Colpron 2004 Ainsi l inverse de la socialisation des jeunes enfants qui implique de s habituer la nourriture et aux moeurs l gitimes pour devenir humain l onanya adopte l habitus des ma tres pr dateurs en vue de se transformer leur image En d coule la figure ambigu du chamane ce dernier tant n cessaire et pris pour ses m diations avec les maitres p rilleux mais galement suspect et craint pour son
104. Ce renversement va de pair avec la neutralisation des contr les sociaux relatifs l usage de drogues les l gislations en vigueur et le risque d une sanction p nale les st r otypes les normes et les valeurs et l laboration de repr sentations alternatives au sein du milieu festif Le caract re ordinaire de la pratique peut aussi expliquer la facilit avec laquelle certains s engagent dans le deal c est dire le commerce de substances ill gales pour financer leur propre consommation d autant que cette activit appara t comme un mode de participation la f te Pour des usagers revendeurs 176 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Vers un usage maitris des psychotropes en milieu techno la disponibilit accrue du produit favorise l augmentation des consommations La banalisation de l usage dans les contextes festifs techno semble avoir des effets ambivalents la fois elle facilite l engagement dans la consommation voire dans le trafic mais elle favorise en m me temps l encadrement des consom mations par le groupe l change de savoirs et d exp riences ainsi que la mise en place d actions pr ventives Un tout culturel L engagement dans la polyconsommation L engagement dans la polyconsommation li e aux contextes festifs techno rappelle la forme rupture un type de carri re de consommation identifi par Duprez et Kokoreff 2000 dans leur recherche sur les usagers d h
105. Dans tous les autres cas la r ponse sociale est la condamnation et la r pres sion La r gulation des usages devient l apanage des individus sinon des figures d autorit l gitime propres chaque contexte comme le n o chamane officiant une c r monie ou encore les groupes d action intervenant dans un esprit de r duction des m faits en marge de rites festifs ou l usage des drogues est r pandu Dans tous les cas le caract re clandestin des usages et des contextes s av re un obstacle un contr le efficace des pratiques et des psychotropes qui y sont consomm s La distinction entre usage traditionnel et usage n o traditionnel des drogues est peu significative dans les soci t s pluralistes occidentales qui condamnent ces usages au nom de la loi et de la protection des individus Lusage des drogues y est consid r avant tout sous l angle des probl mes r soudre et presque jamais pour ses bienfaits pour les personnes L histoire de l humanit et de ses traditions nous apprend toutefois que les psychotropes utilis s dans des cadres sociaux d termin s ont jou un r le positif tant pour les individus que pour les communaut s Les probl mes li s aux usages non contr l s appartiendraient davantage en ce sens l histoire r cente des soci t s industrialis es L mergence croissante d usages de psychotropes que nous pouvons qualifier de n o traditionnels exprime l importance que rev tent pour les individus le
106. J A 1993 C est l eau de vie qui a commis ce meurtre Alcool et criminalit am rindienne Montr al sous le r gime fran ais tudes Canadiennes Canadian Studies 35 p 83 94 160 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens Ferland C 2003 Entre diplomatie et subversion Le r le des boissons alcoolis es dans les rapports franco am rindiens XVI XVIII si cles In Alain Beaulieu d Guerre et paix en Nouvelle France Qu bec ditions GID p 15 51 Ferland C 2005 De la bi re et des hommes Culture mat rielle et aspects socioculturels de la brasserie au Canada 17 18 si cles archives Terrains et travaux France Cahiers du d partement de sciences sociales de l ENS de Cachan n 9 p 32 50 Fournier D D Onofrio S et A Buttitta 1991 Le ferment divin Paris ditions MSH Fournier V 2003 M dicalisation et m diatisation du vin note de recherche Anthropologie et Soci t s 27 2 p 155 165 G linas C 2005 Une perspective historique sur l utilit de l alcool dans les soci t s am rindiennes de la r gion subarctique Drogues sant et soci t 4 1 p 53 83 Henriksen G 1973 Hunters in the Barrens The Naskapi on the Edge of the White Man s World St John s Memorial University of Newfoundland University of Toronto Press Jeanneret Y 2004 tiquette d
107. Khoisan aux Xhosas ou aux Zulu entre autres Cette situation est en contraste avec le contexte jamaicain ou les rastas inscrivent leur lutte et identit dans la culture noire africaine authentique Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 105 Usages n o traditionnels des drogues africaine La renaissance africaine est pour certains une composante de la politique d image et donc de puissance du r gime de Pr toria qui affich e comme un mod le de non racialisme et de d mocratisation se fait maintenant le chantre d une renaissance du continent Crouzel 2000 p 171 La renaissance africaine constitue donc une poli tique largement sud africaine C est d abord Nelson Mandela qui l voque quelques reprises puis l id e est formul e en 1998 par Vusi Mavimbeka dans un document intitul The African Renaissance a workable dream La renaissance afri caine un r ve fa onnable r alisable Thabo Mbeki pr sident de l Afrique du Sud de 1999 2008 adopte ensuite cette id e de renaissance comme un moyen de renforcer sa l gitimit au sein de l African National Congress ANC parti politique traditionaliste de la R publique de l Afrique du Sud La renaissance africaine peut tre comprise comme une variante pan africaniste du X X siecle voulant confronter les d fis d une globalisation dans un ordre international Komegy et Landsberg 1998 Elle peut aussi tre vue c
108. Les participants burners s identifient de mani re forte l v nement et gardent cet esprit de communaut et ce sentiment d appartenance vivants par le biais d Internet d v nements de d compression de manifestations artistiques et de plus en plus d v nements r gionaux regional burns organis s par des associations locales actives partout en Occident Ces organisations locales entretiennent des rapports non hi rarchi ques avec l organisation principale et jouissent d une complete autonomie si tant est qu elles respectent l esprit de BM Participer BM exige dans la plupart des cas une grande pr paration au pr alable confection des costumes planification des habitats et des structures propres chaque campement les participants s organisent en groupe plus ou moins important le tout encourag par le prix croissant des billets d entr e en moyenne 250 mesure qu approche l v nement Se rendre au site de l v nement plus de neuf heures de route de San Francisco par del la chaine de montagnes du Pacifique s pa rant la Californie du Nevada hors de port e des r seaux de t l phonie portable constitue une preuve en soi qui prend rapidement des airs de p lerinage vers un ailleurs radical Les dispositions du site et le processus d entr e sont hautement ritualis s les automobiles quittent la route bord e de sauge et de cactus pour s enfoncer sur une piste dans le d sert entre des flancs d
109. S 910 p 236 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Les usages n o chamaniques du festival Burning Man Tarot C 2008b Don et gr ce une famille recomposer La Revue du MAUSS semestrielle 2 semestre 32 p 90 102 Tarot C 2008c Religion faut il avoir peur de qui et de quoi Quelques remarques sur les critiques de Frangois Gauthier sur le Symbolique et le Sacr La Revue du MAUSS permanente Page consult en ligne le 7 novembre 2008 sur le site http www journaldumauss net spip php article424 Tarot C 1999 De Durkheim Mauss l invention du symbolique Paris La D couverte MAUSS 710 p Taylor C 1989 Sources of the Self The Making of the Modern Identity Cambridge Massachusets Harvard University Press 600 p Taylor C 1991 The Malaise of Modernity Toronto Anansi 135 p Taylor C 2003 La diversit de l exp rience religieuse William James aujourd hui Montr al Bellarmin 109 p Turner V W 1990 Le Ph nom ne rituel Structure et contre structure Paris PUF 206 p Vazeilles D 2003 Chamanisme n o chamanisme et New Age In Hamayon Roberte sous la direction Chamanismes Paris PUE p 239 280 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 237 Usages n o traditionnels des drogues Comit scientifique Le comit scientifique comprend une vingtaine de membres choisis en fonction de leur expertise d
110. South African Roots towards Global Knowledge Music or Molecules Anthropology Southern Africa Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 119 Usages n o traditionnels des drogues Laplante J 2004 Pouvoir gu rir M decines autochtones et humanitaires Qu bec Presses de l Universit Laval 320 p Latour B 1991 Nous n avons jamais t modernes Essai d anthropologie sym trique Paris La D couverte 210 p Lash S 2003 Reflexivity as non linearity Theory Culture amp Society 20 2 p 49 57 Mantula R G S 2006 Establishment of the Rastafari Forum at the North West University Conseil communautaire du North West Roots Radics Bureau de liaison international et de recherche D cembre 2006 8 p Mavimbeka V 1998 The African Renaissance A workable dream In Pere G Nieuwkerk A Lambrechts K eds South Africa and Africa Reflections on the African Renaissance Foundation for Global Dialogue FGD Occasional Paper N 17 Mukinda J T 2005 Acute and chronic toxicity of the flavonoid containing plant Artemisia afra in rodents M Sc Pharmacology University of the Western Cape UWC 149 p Niaah J A 2003 Poverty Lab oratory Rastafari and cultural studies Cultural studies 17 6 p 823 842 Nichter M et Lock M eds 2002 New Horizons in Medical Anthropology Essais in Honour of Charles Leslie Routledge London 312 p Nguy
111. Usages n o traditionnels des drogues perspectives socio anthropologiques Directeur de la revue Michel Landry Membres du comit de r daction Michel Landry directeur Mohamed Ben Amar Pierre Brisson Florence Chanut Frangoise C t Catherine Ferland Louise Guyon Sylvia Kairouz Pierre Lauzon Marc Perreault Michel Perreault Bastien Quirion http www drogues sante societe org Drogues sant et soci t est publi avec l aide financi re du Fonds qu b cois de la recherche sur la sant et la culture FORSC l Association des centres de r adaptation en d pendance du Qu bec ACRDQ l Universit de Sherbrooke et l Universit de Montr al Coordination et mise en page Agence M diapresse inc Coordonnatrice l dition Chantal Gosselin R vision linguistique et correction Chantal Gosselin Adriana Chamorro a traduit tous les r sum s en espagnol Susan Ostrovsky a traduit en anglais le r sum des articles Rites marges et usages des drogues repr sentations sociales et normativit contextuelle Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes parmi les Shipibo Conibo de l Amazonie occidentale Plantes m dicinales savoirs et soci t vue des rastafaris sud africains Impression Impressions num riques Yves Rivard Diffusion num rique rudit http www erudit org revue Drogues sant et soci t 2009 950 rue de Louvain Est Montr al Q
112. a jeunesse Comme nous allons le voir le milieu festif techno repr sente un cadre propice l exp rimentation de certains psychotropes et la construction identitaire par l usage Un usage banalis des drogues Un contexte propice la d couverte des drogues de synth se Le milieu festif techno ne semble pas proprement parler le premier contexte de d couverte des produits psychoactifs car tous les sujets interrog s d clarent avoir au pr alable exp ri ment l alcool le cannabis et pour plusieurs des hallucinog nes comme les champignons et le LSD Pourtant le milieu festif techno se distingue comme tant le contexte de d couverte des drogues de synth se principa lement ecstasy cocaine LSD et speed Si l ecstasy reste la substance la plus consomm e les produits disponibles leur co t et leur prise varient selon les contextes festifs et le temps Ainsi si la k tamine semble s tre diffus e partir de la fin des ann es 1990 elle reste quasiment absente des clubs et des salles de concert Tout comme le LSD elle y est peu dispo nible sans doute parce que l exp rience de ces produits est peu adapt e des lieux clos et surveill s Le speed est galement moins pr sent dans ces derniers contextes festifs On peut aussi relever des sp cificit s r gionales Les entre tiens r v lent en effet que le speed serait plus pr sent Lille qu Paris et dans le sud de la France en raison de la prox
113. a lumi re de toutes ces donn es nous pourrions nous demander si les Am rindiens ne font pas que reproduire les comportements des Qu b cois face aux choix aux pr f rences affich es aux modes Certes la proximit quotidienne des uns et des autres influence mutuellement les conduites Il n est pas rare d ailleurs que les informateurs mettent l accent dans leurs discours sur les outside influences ou l exemple des Blancs Ils insistent aussi sur le fait que not everybody drinks Toutefois il ne faut pas oublier que la consomma tion d alcool n a pas la m me charge historique symbolique et politique chez les autochtones Nous allons donc ici faire 152 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens l hypoth se que la culture contemporaine de l alcool chez les Algonquiens du Qu bec rel ve d une culture politique elle s inscrit dans des pratiques des attitudes et des valeurs qui refl tent l existence d une certaine lite d tentrice de pouvoir ou de savoirs hautement valoris s par exemple des connais sances culturelles juridiques diplomatiques Afin de bien exprimer notre pens e nous distinguerons dans cette culture politique de l alcool le d corum et la consom mation Pour ce faire nous ne nous arr terons ici qu la culture du vin car c est principalement de celle ci dont il est question Comme le rappelle Thierry Rosso 2004
114. adian Studies 35 p 53 72 Pr vost R et coll 1986 L histoire de l alcool au Qu bec Montr al ditions internationales Alain Stank 239 p Robbins Richard H 1973 Alcohol and Identity Struggle Some Effects of Economic Change on Interpersonal Relations American Anthropologist 75 1 p 9 122 Rosso T 2004 Mani res de boire L apprentissage de la d gustation dans les bars vin Socio Anthropologie 15 Boire Consult le 20 janvier 2009 sur le site http socio anthropologie revues org document406 html Rousseau J 1961 La trame foresti re de l histoire canadienne Cahiers des dix 26 p 17 56 Roy B 2005 Alcool en milieu autochtone et marqueurs identitaires meurtriers Drogues sant et soci t 4 1 p 85 128 Steiner A 2001 Belleville d un caf l autre In Carmen Bernand d D sirs d ivresse Alcools rites et d rives Paris ditions Autrement 197 p Tourigny M et coll 2007 Les mauvais traitements envers les enfants autochtones signal s la Protection de la jeunesse du Qu bec comparaison interculturelle First Peoples Child and Family Review 3 3 p 84 102 162 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens Tremblay A 1995 L organisation de la sant dans une r serve montagnaise Recherches am rindiennes au Qu bec XXV 1 p 21 40 Tre
115. aditionnels de psychotropes c est dire une grande diversit de produits consomm s dans une diversit de contextes qui se laissent n anmoins cat goriser suivant leur rapport l exc s et leur recours la transgression Bataille 1949 des contextes de d pense festive caract ris s par l agitation la communauta risation la d bauche et la surstimulation exc s en hyper des contextes de sous stimulation de silence d immobilit de solitude et de silence teneur spirituelle explicite vou s l exploration de soi notamment exc s en hypo Durand 206 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Les usages n o chamaniques du festival Burning Man 1990 et des contextes mixtes Suivant la distinction op r e par Gilbert Rouget 1990 on parlera de transe dans le premier contexte et d extase dans le second Pour ma part je serais partisan de sp cialiser l emploi de ces deux termes de r server extase un certain type d tats disons seconds atteints dans le silence l immobilit et la solitude et de d signer par transe ceux qui ne s obtiennent que dans le bruit l agitation et la soci t des autres Rouget 1990 p 47 BM encourage ses participants pratiquer l autonomie radicale et la libre expression de soi tout en insistant sur la responsabilit la solidarit et surtout la communaut Les participants doivent emmener tout ce dont ils peuvent av
116. ambivalence Le caract re quivoque du chamane s illustre par ses d signations contextuelles ce personnage douteux pouvant en tout temps basculer d onanya c est dire de celui qui sait yobe sorcier Ces appel lations sont d ailleurs relationnelles puisque seul le chamane alli se dit onanya un ennemi tant forc ment yobe Pour parvenir au savoir d onanya l apprenti semble rechercher le m me tat de faiblesse et de perm abilit que le nourrisson Ainsi l initiation chamanique implique une p riode de tabous alimentaires et comportementaux s v res kikin sama ou le n ophyte se rend intentionnellement vuln rable pour ainsi pouvoir absorber plus facilement les attributs des maitres Cette Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 73 Usages n o traditionnels des drogues phase de privations d finit d ailleurs l tat d initi nomm samatay c est dire celui qui suit les tabous L apprentissage chamanique commence par des sessions de vomissements 8 l initi souhaitant ainsi se d barrasser de relents de nourriture qui le rendent malodorant et oisif Il vite alors la compagnie et les odeurs humaines s isolant parfois dans la for t et utilise abondamment des v g taux qualifi s de rao Ce terme d signe des substances qui ont la facult de modifier le comportement humain comme les parfums enivrants les venins l taux et les drogues m dicinales ou hallucinog
117. and et cependant toujours recherch ajoute Savater que les individus ce sont rebell s contre le mal tre collectiviste de leurs cultures Lusage h doniste des drogues se r vele une pratique subversive combattre au nom de la Vie vue comme une simple dur e productive et non comme une intensit id p 144 145 Ainsi anim d un paternalisme moral on intervient pour prot ger les gens d eux m mes et les emp cher de se causer du tort Ogien 2007 p 196 La fonction r cr ative et h donistique obnubile dans les repr sentations dominantes les autres fonctions que remplissent traditionnellement les drogues L usage des drogues devient 48 Au nombre des d rogations incluses dans la loi mentionnons certains usages du cannabis des fins th rapeutiques ainsi que l usage du peyotl dans le cadre de la Native American Church 49 La condamnation morale du plaisir associ aux drogues et de ses bienfaits pour les individus serait aux dires de Michel Rosenzweig 2002 un ph nom ne r cent correspondant en Occident avec l invention moderne du m dicament 50 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues une responsabilit individuelle discontinu e de ses fonctions sociales plus larges Les contextes d usage collectif ou des fins autres que r cr atives ne sont sanctionn s dans notre soci t que dans la mesure o ils se plient aux exigences de la loi
118. angerosit de la drogue est int rioris e son interdit assimil Mais la fr quen tation des free parties peut entrainer petit petit une neutra lisation des st r otypes du toxicomane et des autres images n gatives associ es l usage de drogues Becker 1985 soutient que devenir usager de drogue m me occasionnel implique pour l individu d avoir neutralis ces inter dits Dans le cas des fumeurs de marijuana c est l int gration d un groupe ayant d velopp des repr sentations alternatives celles de la soci t qui permet la suspension des contr les sociaux L int gration d une subculture d viante apparait comme la forme la plus pouss e de remplacement des normes et des valeurs domi nantes Cette r organisation des repr sentations ne conduit pas pour autant un usage non r gul car l individu trouve dans le groupe des pratiques et des r gles relatives l usage de drogue Si l int riorisation de l interdit et des repr sentations n gatives constitue un facteur explicatif des formes spontan es de contr le de l usage la proposition de Becker a l avantage de souligner le r le du groupe avec lequel est partag e la pratique 5 Les contr les sociaux renvoient aux savoirs et rituels qui r gulent l usage des pro duits culturellement int gr s comme c est le cas pour l alcool dans notre soci t mais aussi les repr sentations n gatives et les interdits qui condamnent l usage des autres substances Le
119. ans la popu lation canadienne que les autochtones souffrent beaucoup et ce depuis plus d un si cle du fl au qu est l alcoolisme Cette image qu on aimerait croire st r otyp e tant elle ressort dans des discours de nature discriminatoire repose sur une r alit qu il ne sera pas question de nier ici Les r percussions n gatives de l abus d alcool sur la famille et les liens sociaux sur la sant et sur la vie professionnelle et affective ont d j fait l objet d un grand nombre de recherches au sein de communaut s lesquelles ont abouti des constats pour le moins d primants Cet abus touche toutes les g n rations commencer par les enfants 1 Par culture du boire ou culture de l alcool nous entendons l ensemble des repr sentations et des pratiques associ es l alcool son histoire son image et Son usage dans un contexte social donn Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 127 Usages n o traditionnels des drogues comme en t moignent les valuations du syndrome d alcoolisme foetal syndrome qui compromet irr m diablement le d velop pement intellectuel et comportemental Tourigny et coll 2007 Nous avons nous m mes par le biais de liens personnels nou s dans des communaut s t touch es par trop de d c s pr matur s li s l alcool pour regarder de haut le probl me La surconsom mation d alcool l origine de nombreux cancers des voies a rodigesti
120. ans les milieux scientifi ques ou de l intervention Son principal mandat est de conseiller le comit de r daction et de veiller au maintien de la qualit scientifique de la revue Les membres peuvent galement Proposer le nom d auteurs ou de r viseurs dans leur domaine e Assurer la direction d un num ro th matique tre consult s sur la politique ditoriale Donner leur opinion sur un article ou un num ro e Faire des suggestions sur l orientation de la revue e Soumettre des articles pour publication Membres du comit scientifique Beauchesne Line niversit d Ottawa Canada Bibeau Gilles niversit de Montr al Canada U U Bourget Steve University of Texas at Austin tats Unis University of California S U an Francisco Etats Unis Bourgois Philippe Brochu Serge niversit de Montr al Canada Bruneau Julie Centre hospitalier universitaire de Montr al CHUM Canada Coloma Carlos Projeto VIGISUS Br sil da Agra C ndido Universit de Porto Portugal Dongier Maurice Centre de recherche H pital Douglas Montr al Canada 238 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Comit scientifique Facy Frangoise Lert France Macquet Claude Malherbes J F Nadeau Louise Nery Filho Antonio O Loughlin Jennifer Valleur Marc Institut national de la sant et de la recherche m dicale INSERM Paris France Institut national de la sant et de
121. ant qu objets sont incarn s par des maitres et appr hend s comme des sujets gt Ainsi certains produits de fabrication humaine comme les outils de chasse poss dent des maitres aux savoirs particuliers qui peuvent provoquer la contagion copia Par exemple un homme utilise un couteau pour sculpter un bout de bois Son nourrisson pleure alors sans cesse br le de fi vre et une marque en forme de V se dessine sur son front L onanya diagnostique une contagion copia du maitre du couteau et doit entreprendre ses m diations pour que le mal cesse 6 Pour ne pas compromettre la sant de leur enfant nais sant les nouveaux parents doivent donc restreindre le plus possible leur alimentation leur comportement et leurs sorties restant id alement paisibles dans leur foyer Ainsi s expliquent les tabous amazoniens connus sous le nom de la couvade 15 Les pouvoirs que manifestent certains produits introduits par les Occidentaux comme la force d attraction des aimants le savoir des livres la r sistance du fer l nergie lectrique des piles attestent aussi qu ils poss dent des maitres aux savoirs particuliers voir Colpron s d 16 Onanya Roberto communaut de San Francisco 1996 17 Cette pratique a t d crite dans de nombreux contextes amazoniens par divers auteurs Voir entre autres Rivi re 1974 Menget 1979 et 1989 Rival 1998 Vilaca 2005 et Stolze Lima 2005 72 Drogues sant et soci t vol
122. apanage de l onanya est de pouvoir provoquer les rencontres avec les maitres gr ce l utilisation du psychotrope ayahuasca Ce v hicule similaire au r ve d clenche une relation directe avec les maitres et comme la plupart des Shipibo Conibo craignent ces interactions ils s abstiennent g n ralement d ing rer l hallucinog ne Ainsi seul l onanya absorbe cette d coction lors de rituels nocturnes son initiation chamanique l ayant graduellement pr par con tr ler ce m dium et se familiariser avec les maitres Selon les Shipibo Conibo certains chamanes tr s puissants qui sont nomm s meraya c est dire ceux qui rencontrent ne n ces sitent pas les vecteurs que sont les r ves et l ayahuasca puisque comme leur appellation l indique ils rencontrent les maitres de la for t sous leur apparence humaine comme dans les temps mythiques Le titre de meraya est cependant tr s rare la majorit des chamanes shipibo conibo emploient l ayahuasca dans leurs sessions chamaniques et sont donc d sign s onanya En tant qu expert dans les relations avec les maitres l onanya effectue des m diations pour les membres alli s de sa communaut Une id e courante en Occident est de consi d rer le chamane comme un simple th rapeute Conklin 2002 L onanya s adonne bien videmment des s ances de gu rison mais l id e shipibo conibo de soigner ou d tre malade s loigne grandement de nos propres conc
123. arures galement vecteurs 30 Pour les Shipibo Conibo la fum e de tabac sent bon inin et poss de des propri t s curatives Lorsqu elle est combin e au souffle de l onanya elle nettoie et prot ge des maitres dangereux De plus l onanya fume copieusement pour nourrir son flegme qui lui permet de retirer des entit s pathog nes du corps du patient 3 Pour plus de d tail sur la synesth sie provoqu e par l ayahuasca voir Gebhart Sayer 1986 82 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes du pouvoir des rao Tous ces l ments ne forment plus qu un tout qui incarne la force des maitres du rao C est ce pouvoir que l onanya incorpore et transmet son tour lors de la session chamanique par les chants qu il entonne alors il trace lui aussi un chemin qui le rattache la personne qu il traite et v hicule ainsi certains attributs du rao qui peuvent galement prendre la forme de parures 2 Afin de rendre cette explication plus claire illustrons la par quelques exemples Une femme consulte l onanya au sujet du mariage de sa fille cette derni re ne s adaptant pas son nouveau conjoint Pour tenter de r concilier leur m nage l onanya r f re alors aux ma tres appropri s les lianes qui par leurs propri t s enla antes permettent d unir les couples Lors de la prise de l ayahuasca l onanya relie sa pens e shinan au chemin des rao piph
124. atiques traditionnelles de gu rison des Shipibo Conibo de l Amazonie occidentale L auteure explique comment cet usage s articule socialement une cosmologie chamanique qui integre les entit s du milieu arbres cours d eau astres et qui r gule les pratiques Dans le troisi me article Julie Laplante revient sur son parcours de recherche aupr s des herboristes rastafaris dans les townships de Cape Town Elle s attarde plus sp cialement sur la fonction unificatrice du cannabis dans leurs pratiques phytoth rapeutiques et ses rapports antagonistes avec le sys teme bio m dico l gal sud africain Elle souligne en conclu sion l importance de sortir des pist mologies scientifiques et biopolitiques dominantes afin d explorer de nouvelles voies de compr hension de l efficacit des rem des Les Am rindiens du Qu bec peuvent ils boire sans ivresse Allant contre courant des repr sentations et des discours dominants les anthropologues Marie Pierre Bousquet et Anny Morissette essaient de r pondre cette question en se penchant sur diff rents mod les de consommation de la culture algon quienne de l alcool La r alit propos de l alcool constatent les auteures est beaucoup plus complexe et nuanc e que ne le laisse croire l image du fl au social Aussi se penchent elles de plus pr s dans leur article sur les aspects sociaux id ologiques et politiques d un mod le mergent de consommation du vin pr nant la mod ratio
125. aujourd hui Elle constitue un mouvement attrayant une chelle mondiale un modus vivendi particulier dont les l ments essentiels demeurent des r seaux informels de communication une orientation id o logique partag e et des pratiques rituelles communes Edmonds 2003 p 67 Le mouvement rasta est un mouvement d adh sion en croissance en Afrique du Sud permettant certains de s loigner de la vie de violence dans les gangs des townships permettant d autres de surpasser un v cu de discrimination raciale C est un mouvement qui r pond certaines d sillusions v cues dans le contexte difficile du Cap L Afrique du Sud avec son histoire propre et r cente de d colonisation accorde respect aux rastafaris et soutient la l gitimit du mouvement malgr les controverses entourant 104 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Plantes m dicinales savoirs et soci t vue des rastafaris l usage de la dagga qui se retrouve au coeur m me du mouve ment rasta tout en demeurant ill gale dans le pays En fait la dagga c est du cannabis Au cours de la plus grande partie du XX si cle le terme local pour Cannabis sativa commun ment utilis dans les crits non autochtones sociaux m dicaux et l gaux sud africains est dagga Kepe 2003 p 3 traduction libre Il s agit d un terme utilis en Afrikaans la langue parl e par les colonisateurs hollandais dont les descendants sont c
126. avec d autres traditions tant spirituelles que curatives etc Dans tous les cas on d note une privatisation partielle ou compl te de certains aspects de la pratique l encontre de ses ancrages sociaux traditionnels Or c est la l gitimation contextuelle de ces nouveaux usages qui pose probl me Qu il s agisse de cha manes m tis urbains traditionnels ou de n o chamanes nous parlons d usages qui se situent en partie ou en totalit la marge du social Leur l gitimit s appuie sur d autres consi d rations que la seule p rennit des traditions Les intellectuels ont jou et continuent de jouer un r le pr pond rant dans la l gitimation de ces nouveaux usages issus de traditions ancestrales ou de la rencontre avec celles ci Ce Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 39 Usages n o traditionnels des drogues processus de l gitimation consiste en g n ral rationaliser des pratiques qui du point de vue des normes d entendement occiden tales semblent irrationnelles ou inappropri es L anthropologue Jeremy Narby une des figures de proue de la mouvance n o chamanique actuelle est un bon exemple d auteur qui apr s beaucoup d autres a cherch rationaliser l usage chamanique des hallucinog nes comme moyen de connaissance Dans un ouvrage au sous titre vocateur Le serpent l ADN et les origines du savoir Narby 1995 propose de consid rer en st r oscopie le chamanisme et la
127. bo conibo n est pas consid r comme une pratique sot rique marginale 1d e courante en Occident mais plut t comme une institution en continuit avec un ensemble de pratiques sociales Les Shipibo Conibo une br ve pr sentation Les Shipibo Conibo habitent la for t centrale du P rou dans un vaste territoire qui longe les rives du fleuve Ucayali et ses affluents Ce groupe indig ne amazonien n a pas t r cemment contact bien au contraire Leurs terres tant accessibles par voie navigable ils connurent d s le XVIIe si cle une impor tante pr sence missionnaire et au XIX si cle une exploitation marchande et patronale exacerb e Morin 1998 Tournon 1995 Les Shipibo Conibo ont donc v cu une longue histoire de perturbations sociales pid mies raids guerriers et fusions ethniques D ailleurs l appellation compos e Shipibo Conibo traduit la fusion de plusieurs populations de m me famille ethno linguistique pano au d but du XX si cle Morin 1998 Ces mariages mixtes coupl s une intense politique de vaccination dans les ann es 1970 expliquent la densit de la population shipibo conibo environ 25000 habitants qui se repartissent en 120 communaut s indig nes Les terres shipibo conibo sont parsem es de villages mestizos avec qui les contacts sont a Des groupes qui ont connu une baisse d mographique drastique a la suite du choc pid miologique provoqu par le contact occidental comme
128. c cosmologies and the use of psychotropic agents among the Shipibo Conibo in Western Amazonia Abstract For a Western observer the idea of using a psychotropic drug to treat someone is inconceivable This practice is nevertheless observed among the Shipibo Conibo indigenous population in Western Amazonia and is explained by their particular cosmology Most of the entities in the environment trees waterways heavenly bodies are considered as microcosms populated by unique beings with specific knowledge such as the faculty of healing In a mythical past the Shipibo Conibo could interact with these beings and benefit from their expertise but today they only catch sight of them in dreams Only the shamans know how to create these meetings by ingesting a hallucinogenic vine ayahuasca during rituals since this psychotropic agent is considered to be dangerous its use is subject to an initiation and strict limitations A privileged vehicle in shamanic mediations the ayahuasca allows alliances to be formed with the beings in their forest and through them the shamans can then respond to the needs of the members of their community By detailing the discourse of the Shipibo Conibo shamans their shamanic learning and practices this article describes a practical and regulated use of psychotropic drugs in an indigenous context and demonstrates how the Shipibo Conibo do not consider shamanism as a marginal esoteric practice common concept in the
129. c un savoir ancestral oubli par une civilisation occidentale s tant plut t engag e dans le processus d senchantant de la rationalisation Il faut d abord rappeler contre bien des pr tentions aujourd hui que l usage de psychotropes ou de produits hallu cinog nes n est pas universel Tarot 2008a p 836 pas plus que le chamanisme et que parmi les cultures ayant connu le chamanisme de tels usages sont plus fr quents dans les soci t s am ricaines que chez les Sib riens qui ont fourni les premi res descriptions du chamanisme id Le chamanisme lui m me n est pas par ailleurs la religion des peuples o on l observe mais seulement une parcelle de syst mes religieux qui le d bordent largement Enfin l hypoth se entendue chez certains ethnologues d une corr lation entre la colonisation et l apparition des pratiques rituelles de consommation de psychotropes dans les Am riques autrement dit qu il s agirait Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 211 Usages n o traditionnels des drogues d une pratique r pondant religieusement une crise symbolique majeure ne serait pas d nu e de fondement Dans un chapitre de son monumental Le symbolique et le sacr qui nous concerne directement ici Camille Tarot 20082 rappelle comment les sciences des religions se sont int ress es aux consommations de psychotropes Les drogues taient entr es dans l rudition de la science d
130. cal culture Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 125 Usages n o traditionnels des drogues Cerveza bebida fuerte o vino pueden beber los ind genas sin emborracharse Resumen A priori no hay ninguna raz n por la cual los ind genas de Canad como otros pueblos del mundo no puedan beber alcohol simplemente por placer con moderaci n Pero la bibliograf a sobre el tema pr cti camente no trata nunca la cuesti n en un contexto donde es notable que el abuso del alcohol es una calamidad social y m dica entre los indigenas Ahora bien los hechos y relatos recogidos por los autores entre los miembros de la comunidad algonquina de Quebec demuestran que la realidad es m s matizada En primer lugar la cultura algonquina del alcohol es m s compleja que lo que parece tanto en lo que respecta a los conocimientos de diversas bebidas como a la manera de beber Se estudian luego en particular los modelos de consumo referidos a tres grandes categor as de alcohol la cerveza industrial o artesanal la bebida fuerte bebida con alto porcentaje de alcohol y el vino vino de mesa o vino fortificado Se constata que los ind genas pueden tener una jerarqu a de gustos y que su elecci n est ligada a imperativos econ micos y a la accesibilidad de los productos Finalmente mientras que el discurso p blico de la lite ind gena est fuertemente impregnado de la ideolog a dominante de Alcoh licos An nimos el
131. ce L attitude la plus r pandue en France abonde Roberte Hamayon contrairement celle qui pr vaut dans les pays anglo saxons a longtemps t d opposer a priori un concept de chamanisme fond sur des traditions av r es et un concept occidental r invent de toutes pi ces de loin dans l abstrait 2003 p 10 Par cons quent il ne saurait y avoir de transe d extase de rituel de f te de sacrifice v rita bles que dans les soci t s pr modernes et extra occidentales ce qui agr e de mani re implicite et a priori aux th ories du d senchantement du monde et de la s cularisation qui postulent l inexistence fonci re du religieux et la dissolution de ses formes dans la contemporan it 12 Les meilleurs travaux comme ceux de Patrick Deshayes 2002 2004 notamment s appliquent surtout critiquer certaines analyses psychanalytiques et psycholo giques du type essentialiste en clarifiant les contextes entourant les consommations rituelles de psychotropes dans les soci t s chamaniques am ricaines 222 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Les usages n o chamaniques du festival Burning Man De fait il ny a aucune comparaison possible entre les soci t s contemporaines et les autres Les signifi s de la transe se seraient puis s dans leurs formes pass es Cette approche fait de la contemporan it une exception anthropologique n ob issant pas aux lois du bricolage et de l adaptat
132. classification n a ici qu une vis e heuristique et qu elle ne se veut pas exhaustive alors qu une m me substance peut remplir plusieurs fonctions et ainsi se A On est en droit de se demander jusqu quel point la description de M Benzi s applique sp cifiquement aux Huichols alors qu il reprend presque mot pour mot M Eliade sans par contre le citer Ainsi dit ce dernier l exp rience chamanique sans gard l usage ou non de psychotropes quivaut parfois une restauration de ce temps mythique primordial Le chaman est en ce sens un tre privil gi qui retrouve pour son compte personnel la condition de l humanit l aube du temps Eliade 1983 p 127 a Voir a ce propos entre autres les travaux de W Labarre dont Les plantes psy ch d liques et les origines chamaniques de la religion R G Wasson dans un livre intitul Soma Divine Mushroom of Immortality Washington State University 1968 avance pour sa part l id e que le ph nom ne religieux lui m me pris dans sa totalit pourrait trouver son origine dans l usage des champignons hallucinog nes L vi Strauss op cit p 273 20 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues ranger syst matiquement dans l une ou l autre de ces cat gories selon leur contexte d usages En gros les psychotropes sont utilis s traditionnellement pour leurs propri t s 1 alimentaires ou roborative
133. curer l A afra qu il cultive car ils consid rent que la plante ainsi cultiv e a perdu sa vie et donc son efficacit Alors que les experts scientifiques recher chent un l ment constant d une plante homog ne aseptique les gu risseurs et les rastafaris recherchent la vie de la plante dans son environnement et dans ses liens ancestraux laquelle serait perdue lorsque la plante est manipul e par un fermier et ainsi d sarticul e et homog n is e La m diation biotechno logique semble ici obscurcir les relations entre le gu risseur et la plante une m diation qui ne semble pas affecter l efficacit de la dagga de la m me mani re cependant Ainsi la dagga manipul e biotechnologiquement qui arrive de l Europe par diverses voies ne pose pas ce probl me pour les rastafaris Comme lA afra la dagga se trouve l tat sau vage semi sauvage dans la cour d une majorit de rastafaris ainsi qu l tat cultiv Ces variances ne semblent pas pour autant d stabiliser les rastafaris qui lorsqu il s agit de la dagga sont plut t pr occup s par la lutte pour y avoir acc s que par les qualit s elles m mes de la plante Les autres herbes qu ils vendent sont par ailleurs toutes cueillies l tat sauvage les rastafaris prenant grand soin de s assurer de leur rendement durable il est cependant possible de retrouver certaines teintures et capsules de plantes transform es par des firmes jamaicaines dans les maisons d
134. cut s au regard de perspectives compr hensives attach es aux sciences humaines et sociales Sp cificit s de l usage de drogues en milieu festif techno Sp cificit s li es la condition juv nile Un contexte festif d couvert la fin de l adolescence Contrairement d autres univers culturels et musicaux comme le m tal par exemple la d couverte du milieu festif techno a lieu le plus souvent non pas pendant mais la fin de l adolescence une exception pr s toutes les personnes inter rog es d claraient avoir t initi es d s la fin de l adolescence l usage de substances psychoactives ainsi qu aux f tes techno Le rapport de M decins du Monde fait tat de la fr quentation de la sc ne techno par une forte proportion de personnes g es de 20 25 ans Sueur 1999 D autres recherches s accordent sur le fait que la grande majorit des participants aux f tes ont entre 17 et 30 ans avec une plus forte proportion de 20 25 ans par ex Terradillos et Martin 1997 Moli re 1997 Queudrus 172 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Vers un usage maitris des psychotropes en milieu techno 2000 Mabilon Bonfils et Pouilly 2003 Nos observations vont dans le m me sens et cela est d autant plus vrai pour ceux qui au del de la pratique festive s engagent plus en avant dans la subculture techno d veloppent des activit s artistiques fondent ou int grent des collectifs Ai
135. d cennies Cependant il semble tout aussi inad quat de le jauger comme une pratique accultur e au sens commun du terme c est dire comme un vestige du pass qui se serait tant bien que mal adapt une culture dominante Au contraire la dynamique propre au chamanisme shipibo conibo le rend favorable au changement puisque de tout temps il a incorpor la diff rence et s est constitu gr ce l alt rit ce sujet voir Colpron s d Le chamanisme de cette population ne faiblit 7 Notamment la vente d artisanat et le tourisme et certains nouveaux m tiers tels qu infirmier ou instituteur Les chamanes de ces communaut s conduisent principa lement des rituels de gu rison et exigent la plupart du temps une r mun ration En outre certains d entre eux se sp cialisent dans la r alisation de ayahuasca tours proposant aux touristes un s jour initiatique rituels de purification et ingestion de l hallucinog ne ayahuasca aux retomb es lucratives non n gligeables 8 Le contexte d instabilit caus par le contact favorisa la cr ation de missions inter ethniques Graduellement transform es en villages ces agglom rations devinrent r gies par les int r ts conomiques des commergants et des patrons trangers Cette histoire d interactions complexes explique une certaine homog n isation de la pratique chamanique de la r gion autant dans les populations indig nes que dans les zones urbaines ce
136. d crivent ce processus de m diation par des termes modernes et techniques Ainsi l onanya Justina Vencedor 2001 dit litt ralement se connecter en espagnol conectarse au domaine des rao par des chemins qu elle compare des cables lectriques tout comme une machine se relie une pile pour ensuite se brancher au corps du patient devenant alors une sorte de transformateur qui permet au pouvoir des rao de circuler de l un l autre Colpron s d 84 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes directement les rao Une telle m thode est notamment employ e par les chasseurs qui ne veulent pas exhiber publiquement leur incomp tence ou par les personnes qui convoitent un amour interdit Notons que les propri t s transmises par les rao sont alors d crites de la m me mani re que lors du traitement cha manique les lianes fournissent des cadenas et des chaines les grands arbres pineux des arcs et des fl ches pouvoirs tout aussi invisibles que ceux de l onanya Rien d tonnant cette invisibilit puisque ces pouvoirs proviennent des maitres eux m mes invisibles aux non initi s Bien qu invisibles ces qualit s d tiennent n anmoins un support que se soit une plante un chant ou une parure tous ces l ments peuvent d ailleurs se d signer par le terme rao et leur visibilit d pend de la perspective adopt e celle des Shipibo Conibo o
137. d un Lego et permettent leur image d emboiter adroitement les os Pour acqu rir ce savoir le masseur rebouteux utilise ces plantes en concentrant le proc d aux mains il effectue un bain de vapeur sur cette partie corporelle et suit une s rie de restrictions les concernant vitant la plupart des activit s qui les requi rent ne pouvant ni les laver ni en alt rer l odeur ou la temp rature Lorsque les interdits sont respect s les maitres des rao se pr sentent en r ve et lui offrent des bagues Ces bijoux que seuls les onanya peuvent voir incarnent le savoir des maitres et permettent de masser adroitement Soulignons encore une fois une diff rence graduelle entre types de savoir alors que l onanya soumet tout son corps initiation chamanique et devient enti rement par comme les ma tres d o son grand pouvoir le masseur rebouteux restreint son savoir et les parures qu il implique aux mains Une certaine continuit s tablit aussi entre les pratiques de l herboriste et de l onanya L herboriste nomm raomis c est dire celui qui utilise les rao administre des mixtures sous forme de th de bains ou d empl tres Pour que les maitres des rao accomplissent ad quatement leur travail la personne trait e Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 79 Usages n o traditionnels des drogues doit suivre les tabous requis Par exemple pour favoriser un acc
138. de collecte de plantes et de racines destin es aux gu risseurs Ce parcours avec les rastafaris m a men e la d couverte d autres plantes racines pratiques et v nements donnant sens aux mani res d utiliser l A afra Et c est ainsi que j ai pu en apprendre davantage sur l usage de la dagga plante qui a su susciter mon int r t en raison des informations paral l les qu elle pouvait fournir sur les savoirs m mes de 1 4 afra mais aussi en raison de la place qu elle occupait au sein du mouvement rasta Les donn es ethnographiques relatives aux rastafaris et leur usage de la plante dagga comme celles sur l usage de PA afra sont analys es sous l angle de diverses approches de l anthropologie m dicale critique comme celles de l anthro pologie de la biom decine Nichter et Lock 2002 celles de l anthropologie des biopolitiques Nguyen 2004 Rose 2007 comme des approches de l anthropologie des savoirs Laplante 2004 et des th ories de la performance Csordas 1996 p 91 102 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Plantes m dicinales savoirs et soci t vue des rastafaris Ces approches sont r v latrices des savoirs entourant l efficacit des plantes et des pratiques telles qu exerc es par les herboristes gu risseurs et scientifiques Mon regard sur le mouvement rasta et sur le r le de la dagga permet d illustrer le mouvement et la plante non seulement dans leurs assemblages au comp
139. de contre la dan gerosit potentielle de certaines pratiques o l on fait un usage d tourn de psychotropes utilis s originairement par les cha manes P Deshayes 2004 p 11 cite en exemple les cons quences parfois catastrophiques d initiations chamaniques amazoniennes mal v cues alors que le nombre de plaintes propos de ces pseudo initiations est en croissance S il ne fait aucun doute que l exp rience des drogues est structurante en contexte chamanique traditionnel chez nous elle d truit dit sans d tour M Perrin 1985 Au contraire des peuples de traditions chamaniques les Occidentaux n ont pas pr cise l anthropologue un ailleurs bien d fini o aller sous l effet des drogues hallucinog nes Conscients des d rapages possibles et des accusations de char latanerie qui les menacent plusieurs chamanes n o chamanes ou gu risseurs n o traditionnels ressentent aujourd hui le besoin de s organiser en association de facon r gulariser leurs pratiques dont l emploi s il y a lieu des drogues dans leurs fonctions 34 Voir ce propos le mod le exemplaire du conseil de chamanes Shuar de l quateur baptis CUWISH Consejo Uwishin Shuar et qui comptait dans ses rangs en mai 2007 23 Uwishins terme vernaculaire shuar quivalant plus ou moins la notion g n rique de chamane et de sage Dans le code d thique que s est donn l association on insiste non seulement sur l im
140. diminue mesure que les consommations deviennent autonomes ind pendantes et auto contr l es La d pendance renvoie l absence de contr le dans les consommations la toxicomanie comme ligne biographique dominante L usage abusif se caract rise par un chec des modalit s de contr le en termes de fr quence ou de quantit Cette notion de contr le telle qu elle a t abord e prend tout son sens au regard de la prise de responsabilit s relatives l engagement dans une activit professionnalisante dans le milieu festif Les musiciens et les organisateurs de free parties voient leurs consommations changer afin de pouvoir r aliser les t ches requises par leur activit et leur nouveau statut La responsabilisation peut aussi tre mise en correspondance avec la diminution spontan e des consommations et le renforcement de l auto contr le La notion de contr le semble aussi manifeste dans le pas sage de l usage festif l usage r cr atif Le couple comme le groupe exercerait une pression normative en posant les bornes des pratiques autoris es et des limites ne pas franchir Les Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 195 Usages n o traditionnels des drogues contr les sociaux participent aussi mais de facon moins nette l int riorisation des interdits et des r gles relatives l usage Enfin la notion de contr le ressort au niveau des repr sentations En e
141. don horizontal entre pairs fr res cotribules ou coreligionnaires oscillant du clan l humanit car le religieux joue dans la cr ation de l identit du groupe un systeme du don ongitudinal enfin ou d abord 14 Cette proposition s inscrit ainsi dans la lign e des chercheurs du MAUSS Mouve ment anti utilitariste en sciences sociales qui travers le paradigme du don entendent d passer les apories respectives des paradigmes holistes et individua listes et la r duction conomiciste pr valente en sciences sociales Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 225 Usages n o traditionnels des drogues selon le principe de transmission aux descendants ou de dette aux anc tres du groupe ou de la foi bref d changes entre les vivants et les morts C est dans la mani re dont chaque syst me religieux d ploie ou limite tel axe et surtout les entretisse dans les dimensions et dans l importance relative qu il attribue chacun que les syst mes religieux se distinguent sans doute le plus les uns des autres Tarot 2008b p 334 Si Tarot parle des grands syst mes religieux on peut faire l hypoth se qu il en sera ainsi des syst mes religieux plus restreints si on accepte que les sous cultures ou les ph nom nes comme BM puissent comprendre une dimension religieuse voire des religiosit s dans la mesure o ces axes du don sont comprendre comme autant de rapports avec diff rent
142. du d but des ann es 1970 sur l usage des drogues psych d liques en contexte chamanique Sur les formes communes de ce discours voir entre autres Furst 1974 1972 et Harner 1997 1973 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 19 Usages n o traditionnels des drogues mythique et le Temps primordial le Temps de l origine de toutes choses La drogue leur fait prendre conscience de l origine divine de la tradition En retournant la Demeure Divine l officiant chamane peut ainsi dire qu il a v cu la tradition id L exp rience des psychotropes serait m me aux dires de certains auteurs l origine de l exp rience religieuse et de la naissance des religions Les usages traditionnels des psychotropes sont indissocia bles des contextes sp cifiques dans lesquels ils s inscrivent mais aussi des contextes sociaux largis avec lesquels ils s articu lent symboliquement Ils sont sanctionn s par la culture mais leur reproduction sociale d pend pour une large part de leurs pr c dents succ s Si la tradition est h rit e du pass elle se l gitime au pr sent par ses r alisations concr tes D limit s par leur cadre contextuel les usages traditionnels des drogues s expliquent par leurs fonctions Ces fonctions sont d termin es par les propri t s que l on accorde aux psycho tropes Il est possible de diviser ces fonctions en quatre grandes cat gories noter que ma
143. e du bon produit ou du bon moment parvenir maintenir l usage dans des contextes de consomma tion choisis parvenir ne pas polluer les autres domaines de la vie professionnelle personnelle ou sociale C est en cela que ces repr sentations sont de v ritables outils dans la mise en place d un usage ma tris L impression d une consommation maitris e Au sein de notre chantillon une majorit de personnes consid re moyen terme plusieurs ann es d exp rience avoir d velopp la capacit de g rer de fa on positive leur consomma tion Les probl mes de sant li s aux consommations sont per us comme un risque lointain A contrario les effets recherch s dans l usage correspondent un b n fice imm diat La pratique est li e fois la perte comme l accroissement du sentiment de contr le Moreau 2002 parle de technicisa tion de la satisfaction pourtant manifeste dans les toxicomanies et qui vise certainement amplifier le plaisir escompt tout en diminuant la douleur qui l accompagne in vitablement accen tuation du bien minimisation du prix p 267 Si la prise de produits vise a acc der a des sensations nouvelles surprenantes et donc partiellement incontr l es l usage r gulier permet de d velopper assez rapidement des techniques de potentialisation des effets recherch s et de r duction des effets secondaires Mais contr ler les effets surtout lorsqu il y a polyconsommation
144. e lui consacr rent des critiques dithyrambiques Muller op cit D aucuns reconnaissent dans l influence de Castaneda et de son ceuvre l engouement initial de ce qui deviendra le n o chamanisme Bien que ses essais soient critiqu s au sein de sa discipline comme tant une grande tromperie les vertus de l usage ritualis des plantes sacr es hallucinog nes seront quant elles peu peu reconnues par la publication des ouvrages collectifs de facture anthropologique plus classique de Furst 1972 et de Harner 1973 La table tait mise pour de nou velles recherches sur les usages traditionnels des psycho tropes recherches que ne manqueront pas de citer adeptes et promoteurs du n o chamanisme au moment de l gitimer le bien fond de leurs pratiques On bricole contextuellement de nouvelles normes d usage sur la base des donn es de la litt rature scientifique et des exp riences des auteurs guides L autorit intellectuelle renforce en quelque sorte la r f rence la tradition dans la l gitimation contextuelle des n o usages et des repr sentations qui les soutiennent L accent est mis sur la r gulation des usages par le cadre contextuel Le bon voyage sous l effet des drogues est assur dans la mesure o il est balis par le mode d emploi sanctionn par le contexte d usage lui m me justifi par les fonctions qu il remplit 46 L importance du contexte dans le bon usage des drogues se r v lera t
145. e outils de rep rage conduites tenir Rapport au Directeur g n ral de la sant Paris La Documentation fran aise Seca J M 2001 Les musiciens underground Paris PUF 256 p Simmel G 1981 Sociologie et pist mologie Paris PUF Sueur C dir 1999 Usages de drogues de synth se R duction des risques dans le milieu festif techno Rapport de recherche action de M decins du Monde Paris Direction g n rale de la sant Terradillos J L et Martin M 1997 La f te techno Approche sociologique m dicale et juridique d un mouvement musical un ph nom ne de soci t Actes du colloque des 5 et 6 juin 1997 au Confort Moderne vol 1 Poitiers ARDIAMC Vulbeau A 2002 Les inscriptions de la jeunesse Paris L Harmattan 186 p Xiberras M 1989 La soci t intoxiqu e Paris M ridiens Klincksieck 245 p Zinberg N E 1974 Drug set and setting New Heaven Yale University Press Zinberg N Harding W M 1979 Control and Intoxicant Use a theoretical and practical overview Journal of Drug Issues 9 p 121 143 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 199 Article de r flexion th orique Du bon usage des drogues en religion Consommations n o chamaniques a Burning Man Francois Gauthier Ph D professeur r gulier D partement de sciences des religions Universit du Qu bec a Montr al UQAM Correspondance Courriel
146. e p 7 39 Boyer L B Boyer R M et Basehart H W 1997 Chamanisme et usage du peyotl chez les Apaches de la r serve d Indiens Mescaleros In M Harner Hallucinog nes et chamanisme Gen ve Georg p 71 84 Cardinal N 1984 Culture vinique et pathologies thyliques chez les Italiens de Montr al une tude exploratoire M moire de maitrise en anthropologie Universit de Montr al 197 p Castaneda C 1972 L herbe du diable et la petite fum e Une voie Yaqui de la connaissance Paris Soleil Noir 331 p Chaumeil J P 1992 Chamanisme g om trie variable en Amazonie Diog ne 158 p 92 103 Cooper D 1976 L preuve de l acide Une grammaire l usage des vivants Paris Seuil p 38 46 Costa J P 2007 Les chamans hier et aujourd hui Monaco Alph e 1 dition 2001 126 p 52 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues Costa J P 2007 Les nouveaux chamans du XXIe si cle ARUTAM http arutam free fr Neochamanisme html Deshayes P 2002 L ayawaska n est pas un hallucinog ne Psychotropes Revue internationale des toxicomanies et des addictions 8 1 p 65 78 Deshayes P 2004 Que faire avec les drogues des gu risseurs Psychotropes Revue internationale des toxicomanies et des addictions 10 3 4 p 9 13 Deshayes P 2006 Les trois mondes du Santo Daime Socio a
147. e un v g tal implique en tout temps et non seulement lorsqu employ par l onanya une relation avec des maitres Ainsi il s av re com mun et courant pour les Shipibo Conibo de tenter d acqu rir 86 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes les qualit s des maitres en manipulant volontairement les rao Devenir onanya implique de pousser cette utilisation de rao son paroxysme notamment par l emploi du psychotrope ayahuasca pour ainsi intensifier les relations avec les maitres Ce qui distingue celui qui sait des non initi s n est donc pas une diff rence de principe mais plut t une diff rence de degr d investissement d o les aspects communs entre les pratiques de la couvade de masseurs rebouteux d herboristes et de l onanya Plut t qu un culte sot rique isol le chamanisme se pr sente ainsi comme une pratique centrale en continuit avec l ensemble social d o son importance et sa persistance parmi les Shipibo Conibo R f rences Ar valo G 1986 El Ayahuasca y el Curandero Shipibo Conibo del Ucayali Am rica Indigena 46 1 p 147 161 Ar valo G 1994 Medicina Indigena Las Plantas Medicinales y su Beneficio en la Salud Shipibo Conibo Lima Edicion AIDESEP Asociacion Interetnica de Desarrollo de la Selva Peruana Cardenas C 1989 Los Unaya Y Su Mundo Aproximaci n al Sistema Medico de los S
148. e Marcel Mauss qui dans Techniques du corps Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 219 Usages n o traditionnels des drogues Mauss 1999 p 363 386 montrait avec force et appuy sur de nombreux faits issus de plusieurs aires culturelles comment il n y a rien ni la mani re de marcher ni la mani re de baiser qui ne soit culturel C est bien le sens profond de l expression maussienne suivant laquelle le symbolisme est dernier qu il n y a pas de r el sous le symbolisme propre la culture Voil pourquoi on ne peut d finir la prise de psychotropes dans le n o chamanisme en fonction des tats alt r s de conscience individuels par nature mais par leur inscription dans un sym bolisme et donc une soci t donn Comme le note nou veau Roberte Hamayon les tats alt r s sont en r alit choses communes On ne d finit pas la pratique de l acteur au th tre par un tat mental tandis qu il est bien dans un tat autre que celui de la vie ordinaire pourquoi en serait il diff remment du chamanisme Ce qu une d finition psychologisante obli t re est la dimension fondamentalement sociale et symbolique de ces ph nom nes qu il s agisse des soci t s traditionnelles archaiques ou modernes En d finissant le chamanisme partir d une exp rience indicible induite par les psychotropes l approche essentialiste court circuite l aspect social et d tourne de ce qui est l apport
149. e a ensuite t test e sur des souris et des cellules humaines infect es avec la tuberculose mycobacterium cette ann e l IIDMM PUCT L A afra est parall lement sous le regard de chercheurs du MU Colombia en vue de comparer PA afra et l A annua dans leurs propri t s anticanc rig nes Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 101 Usages n o traditionnels des drogues une premiere tentative en vue de regarder d un point de vue scientifique international l efficacit de la plante en question Comprendre comment les gu risseurs avec leurs savoirs tradi tionnels sont impliqu s ou non lors de cette premi re tape est l objet m me de mon domaine de recherche c est en fait ce qui m a conduite m int resser au mouvement rasta et la place que ces herboristes donnent au dagga en lien avec leurs savoirs phytoth rapeutiques Au cours de ces nombreuses rencontres avec divers acteurs impliqu s au sein du consortium de recherche TICIPS depuis octobre 2006 les rastafaris sont apparus comme des acteurs cl s privil gi s porteurs de savoirs traditionnels concernant PA afra Les apprentissages acquis aupr s d eux s ancrent dans des r cits de vie des entretiens informels individuels et de groupe dans des observations participantes lors de rencontres nationales de visites informelles aux jardins de plantes m di cinales aux demeures et festivals de ces herboristes ainsi que lors d excursions
150. e certains rastafaris Dans le cas de la dagga certains rastas maitrisent d j le march dans des boutiques du centre ville de Cape Town qui rappellent les coffee shops Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 113 Usages n o traditionnels des drogues d Amsterdam La dagga et la technologie s entrem lent dans cet objectualisme dont parle Latour 1991 et l on peut parler de quasi objet hybride de nature et de culture La dagga cultiv e ou manipul e g n tiquement maintient sa vie ou son effi cacit dans son r le de b n diction malgr ses transformations biotechnologiques Les r seaux informels p riph riques des circuits l gaux de Babylone assurent peut tre l authenti cit de la dagga sous ses multiples formes La dagga perdure comme herbe sacr e des rastafaris comme elle le demeure dans les traditions brahmaniques en Inde en vue de l avance ment philosophique un peu aussi l image des plantes savantes utilis es par les chamanes amazoniens pour savoir comment gu rir Laplante 2004 Isoler la dagga comme dans le cas de I A afra et de toute autre plante m dicinale par ailleurs de ses savoirs traditionnels et la repr senter l int rieur d autres complexes culturels posent un risque et l incompr hension peut tre compl te moins d un r ajustement capable d inclure de nouvelles formes d expertises et d pist mologies C est l que se jouent certains des enjeux s
151. e de r flexion th orique Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Mot de pr sentation Marc Perreault Directeur du num ro Les drogues et leurs usagers ont mauvaise presse La plupart du temps on n en parle dans les m dias que pour relater les m faits et les probl mes pour lesquels on les tient responsables La criminalit et la violence associ es au trafic tout comme les probl mes sociaux familiaux et de sant pour ne nommer que les images les plus courantes font partie des repr sentations communes v hicul es leur sujet Rarement parle t on des bienfaits potentiels des drogues et de l alcool pour les per sonnes et encore moins pour la soci t Il y a bien eu r cem ment tudes l appui la promotion d un discours favorable l usage mod r du vin rouge pour la sant ou du cannabis pour ses effets antalgiques Non seulement ce discours fait il figure d exception mais il suffit que les r sultats d une tude soient diffus s pour que ceux d une autre viennent aussit t les contredire En contexte moderne occidental on n en sort pas dans l opinion publique les drogues rel vent davantage de l ordre des probl mes r gler ou contenir que des bienfaits valoriser Multiples sont les raisons des repr sentations n gatives l endroit des drogues et de leurs usages Il n y a pas lieu ici d en faire l inventaire ni d en retracer l historique On ne peut toute fois ignorer l o
152. e examination reveals a wide range of ways of conceiving neo traditional practices depending on their integration tolerance and normative status in society The article closes by emphasizing the importance of the roles played by intellec tuals and author guides in constructing models the normalization process and the promotion of neo traditional uses of psychotropic agents Keywords Traditional uses neo tradition psychotropic agents shamanism neo shamanism intellectuals constructing standards Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 13 Usages n o traditionnels des drogues Ritos m rgenes y usos de las drogas representaciones sociales y normatividad contextual Resumen El art culo se refiere a las representaciones y el estatuto de los usos neotradicionales de los psicofarmacos Aborda en primer lugar los contextos y las funciones de los usos llamados tradicionales insis tiendo en los factores que contribuyen a su normalizaci n y a su trans formaci n Entre estos factores se examinan con m s detenimiento las dimensiones marginales e identitarias de los usos en sus relaciones din micas con el grupo de pertenencia y la sociedad que los engloba Se analiza luego el ejemplo del chamanismo y del neochamanismo con el fin de ilustrar el cambio en las tradiciones y la dificultad de distinguir lo antiguo de lo nuevo lo ind gena de lo ex geno cuando se trata de legitimarlos tanto en el plano social
153. e la vie adulte chez les Am rindiens Dans la d construction de l image de l Indien alcoolique il ne faudra pas seulement que les chercheurs regardent par del le probl me Il faudrait peut tre d abord que les autochtones eux m mes commencer par les jeunes g n rations soient convaincus que cela n a rien d une fatalit ni sociale ni culturelle ni biolo gique ni quoi que ce soit d autre Et peut tre alors que boire sans ivresse ne sera plus un ph nom ne marginal R f rences Albert J P 1989 La nouvelle culture du vin Terrain Octobre 1989 13 p 117 124 Bousquet M P 2005 La production d un r seau de sur parent histoire de l alcool et d sintoxication chez les Algonquins Drogues sant et soci t 4 1 p 64 85 Charest P 1970 La consommation des boissons alcooliques sur la Basse C te Nord du Saint Laurent Toxicomanies 3 3 p 329 370 Coutier M 1994 Tropes et termes le vocabulaire de la d gustation du vin Meta 39 4 p 662 675 Cuogq J A 1886 Lexique de la langue algonquine Montr al J Chapleau amp Fils Imprimeurs diteurs 448 p Dagenais B 1962 Notes de terrain prises Mistassini Montr al D partement d anthropologie Universit de Montr al 866 fiches Dailey R C 1968 The Role of Alcohol among North American Indian Tribes as reported in The Jesuit Relations Anthropologica 10 1 p 45 59 Dickinson
154. e montagne brun fonc pour tre accueillies par des N Le troc change donnant donnant est restreint quelques objets utilitaires co nomie de don signifie que tout un chacun recevra et donnera qui l un qui l autre en dehors d une stricte r gle de r ciprocit Sur le don voir videmment Mauss 1999 ainsi que les travaux plus r cents de Godbout 1995 2007 et de Caill 2000 notamment 208 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Les usages n o chamaniques du festival Burning Man greeters qui plantent d j l ambiance carnavalesque Le plan de la ville dessine un arc en fer cheval ouvert une extr mit puisque la communaut de BM ne doit pas se refermer sur elle m me sur le Tout Autre Wholly Other avec au centre la structure d o s l ve le Man Le Temple situ dans l ouverture et rig en l honneur des disparus malades sui cid s ou autres est un lieu de grande importance qui rivalise en sacralit avec le Man pour les participants L ambiance y est mouvante et calme Les rituels de deuils le recueillement la m ditation et les mariages bricol s rivalisant en inventivit en ponctuent la br ve existence Tant l organisation que les participants refusent de d finir l v nement ou de lui fixer un sens faisant ainsi de BM un gigantesque rituel sans dogme Kozinets 1999 o l ind termination du sens est la condition de possibilit du sens
155. e son temps Ses livres arrivaient juste au bon moment comme le souligne J C Muller op cit Alors que la r volution psych d lique voluait dans tous les sens que les mauvais voyages les bad trip n taient pas rares et que la contestation politique s essoufflait peu peu Castaneda par l entremise des enseignements de Don Juan donnait une nouvelle l gitimit et une orientation aux usages des drogues hallucinog nes en les reliant des traditions ances trales oubli es Il n a pas que relat l existence de ces traditions mais a t moign par ses exp riences de leur efficacit comme nouvelle voie de connaissance Aussi fut il rapidement associ la renaissance spirituelle am ricaine Bonasse 2005 p 16 devenant lui m me un objet de culte pour les tudiants de cette p riode Muller 2004 p 154 Le h nom ne Castaneda est 5 La th se de Castaneda a t publi e en 1968 sous le titre The Teaching of Don Juan A Yaqui Way of Knowledge Le livre a t traduit en fran ais en 1972 sous le titre L herbe du diable et la petite fum e Une voie Yaqui de la connaissance Castaneda 1972 46 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues tel qu il fera la couverture du Time en 1973 Bonasse op cit Les grands journaux am ricains The New York Time Life The Los Angeles Time peu int ress s habituellement par l anthro pologi
156. e sujet qui a certes t en son temps un des plus grands promoteurs de l usage de cette drogue Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 23 Usages n o traditionnels des drogues contexte des d clencheurs et des amplificateurs d un discours latent que chaque culture tient en r serve et dont les drogues permettent ou facilitent l laboration L vi Strauss 1973 p 274 L efficacit symbolique de la cure chamanique repose sur la capacit fournir au malade un langage lui permettant de verbaliser sur son tat en vue de r tablir un parall lisme har monieux entre les op rations du traitement et l espace mythique des repr sentations 6 Les psychotropes peuvent tre utilis s par les chamanes comme des d clencheurs et amplificateurs d un discours latent Ils peuvent aussi tre int gr s pour leurs vertus curatives magico religieuses dans les d coctions ou pommades servant au traitement des malades Chez les Huichols du Mexique on parle m me du Dieu Peyotl pour qualifier cette drogue que l on v nere M me lorsqu il est ing r par le malade ou le n ophyte les visions des Huichols sous l effet du peyotl sont culturellement d termin es et suivent le d roulement complet d une action avec un d but et une fin comme dans un r cit Benzi 1972 p 411 Cette trame exp rientielle fonde la norme d usage comme elle balise le mode d emploi des substances psychot
157. e vin et tiquette de table Pouvoirs de l criture et figures de la sociabilit In Jean Jacques Boutaud d L imaginaire de la table convivialit commensalit et communication Paris L Harmattan p 79 106 Jilek W G 1987 The Impact of Alcohol on Small Scale Societies in the Circum Pacific Region Curare 109 3 p 151 168 Jolly 2004 Bars et cabarets du pays dogon Un boire individuel ou communautaire Socio anthropologie 15 Boire Page consult e en ligne le 16 ao t 2008 sur le site http socio anthropologie revues org index399 html Lamarine R J 1988 Alcohol Abuse Among Native Americans Journal of Community Health 13 3 p 143 155 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 161 Usages n o traditionnels des drogues Lefebvre R et M Legrand 2003 Boire apr s l alcoolisme Psychotropes 9 1 p 7 26 Leroux J 1995 Les m tamorphoses du pacte dans une communaut algonquine Recherches am rindiennes au Qu bec Sant et probl mes sociaux XXV 1 p 51 69 Mancall P C 1995 Deadly Medicine Indians and Alcohol in Early America Ithaca Cornell University Press 268 p Massard Vincent J 2006 Le temps du pub territoires du boire en Angleterre La Courneuve Ed Aux lieux d tre 112 p Merrett R J 1993 A political and social history of spirits and wine in Canada 1630 1900 tudes canadiennes Can
158. en V K 2004 Antiretroviral globalism biopolitics and therapeutic citizenship In A Ong et S Collier sous la direction Global Assemblages Technology Politics and Ethics London Blackwell p 124 144 Prince G 2002 SA blocks Rasta cannabis plea BBC News Friday 25 January Rose N 2007 The Politics of Life Itself Biomedicine Power and Subjectivity in the Twenty First Century Princeton Princeton University Press 349 p 120 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Plantes m dicinales savoirs et soci t vue des rastafaris Shiva V 1997 Biopiracy The Plunder of Nature and Knowledge Cambridge MA South End Press 148 p Stewart P 2008 Rasta pot smokers win legal leeway in Italy Thomson Reuters July 10 UNION OF SOUTH AFRICA 1952 Report of the Interdepartmental Committee on the abuse of dagga Pretoria Government Printer van Wyk B E et Gericke N 2007 People s Plants A Guide to Useful Plants of Southern Africa Pretoria Priza 351 p Vincent L 2006 Final report on the research visit to the University of the Western Cape and the University of KwaZulu Natal South Africa UMSAEP Report 19 p Warner Lewis M 1993 African Continuities in the Rastafari Belief System Caribbean Quarterly 39 3 4 p 108 123 Wreford J 2008 Working with spirit Experiencing izangoma healing in contemporary South Africa London Berghahn
159. en atender entonces las necesidades de los miembros de su comunidad Al describir en detalle los discursos de los chamanes shipibo conibo su aprendizaje y sus pr cticas cham nicas este art culo expone un uso pr ctico y reglamentado del psicof rmaco en el contexto ind gena y demuestra de qu manera los shipibo conibo no consideran el chamanismo como una pr ctica esot rica marginal idea corriente en Occidente sino m s bien como una instituci n en continuidad con un conjunto de pr cticas sociales Palabras clave Amazonia occidental shipibo conibo chamanismo cosmolog a ayahuasca 60 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes Note de l auteure Cet article se base principalement sur des donn es ethnographiques recueillies lors de terrains de recherches entre 1996 1997 et 2000 2001 parmi la population indig ne shibipo conibo Ces terrains ethnographiques surtout ax s sur le th me du chamanisme ont t r alis s gr ce au concours des bourses de l Organisation des tats Am ricains OEA et du Fonds pour la formation de chercheurs et l aide la Recherche FCAR La m thodologie principale de la recherche de terrain l observation participante a impliqu une vingtaine d hommes et de femmes chamanes r sidant dans diff rentes communaut s du Haut du Bas et du Moyen Ucayali ainsi que de l affluent Pisqui Les r sultats de synth se expos s dan
160. en place par les jeunes eux m mes L auteur souligne la tendance l invention par les jeunes de mani re autonome d espaces de socialisation o se r alisent les exp riences o se construisent les identit s L engagement dans des subcultures voire l exp rimentation de la marginalit sociale et de modes de vie non conventionnels apparait comme une forme accentu e de l incertitude juv nile et de l organisation contemporaine de cette phase de la vie Petiau 2006 C est dans ce contexte qu il faut replacer les consomma tions de substances psychoactives d couvertes en contexte festif techno comme prenant place dans une p riode d exp rimen tation voire d engagement dans une subculture sous sa forme extr me qui se transforme n cessairement lorsque le passage de l une ou l autre des tapes menant vers le statut adulte se r alise travail stable et mise en couple notamment Une sp cificit li e la condition juv nile est l impor tance de la consommation de substances psychoactives comme l attestent les enqu tes en population g n rale Galand 2006 et 174 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Vers un usage maitris des psychotropes en milieu techno les statistiques des services de police relatives aux infractions la l gislation sur les produits psychoactifs OCRTIS 2007 D autres sp cificit s sont li es au moment de construction iden titaire et d exp rimentation que constitue l
161. entendre un chant d oiseau non identifiable de trouver une pierre dont la forme voque une patte de jaguar ou de croiser un tranger la d marche d faillante Les maitres font ainsi valoir leur pr sence et quoiqu ils se montrent parfois sous leur forme anthropo morphe ces rencontres exceptionnelles qui ont surtout lieu dans leur domaine la for t sont jug es incontr l es et hasar deuses Les Shipibo Conibo signalent bien un v hicule privi l gi pour entrevoir les maitres sous leur apparence humaine le r ve qui permet d adh rer une dimension similaire aux temps mythiques Les rencontres oniriques peuvent n anmoins se r v ler tout aussi p rilleuses pour les Shipibo Conibo qui ne maitrisent pas l art d interagir avec les ma tres de la for t La particularit du chamane shipibo conibo qui est d ailleurs nomm onanya c est dire celui qui sait est pr ci s ment de savoir traiter avec les maitres Le titre d onanya n est pas autor f rentiel mais d coule plut t du consensus social c est l entourage qui tablit que quelqu un sait Une personne encline r ver ais ment d montre une pr disposition con tacter les maitres et donc une aptitude pour devenir onanya elle apprendra d ailleurs maitriser ses voyages oniriques lors de 66 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes son initiation chamanique N anmoins l
162. eptualisations occidentales Pour nous la maladie renvoie des dysfonctionnements biologiques internes alors que pour les Shipibo Conibo elle r sulte plut t d agressions externes provoqu es par les ma tres de la for t ou par des chamanes ennemis nomm s yobe Ainsi les diagnostics de l onanya r ferent souvent des attaques par dards patho genes qui s incrustent dans le corps du souffrant ou encore au rapt d une composante animique vitale Lonanya cherche 10 Id e retrouv e ailleurs en Amazonie voir notamment Descola 1993 Chaumeil 1995 et 2000 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 67 Usages n o traditionnels des drogues en un premier temps identifier la cause ou plut t le causeur du trouble pour alors n gocier et le plus souvent lutter pour la r mission du patient Par exemple un enfant souffre s v rement de fi vre de frissons et de sueurs froides Par l interm diaire de l ayahuasca l onanya tablit son diagnostic le double vital du petit a t enlev et s questr par l Anaconda Ronin dans son domaine aquatique et pour soigner l enfant l onanya doit r cup rer sa composante animique de gr ou de force Il inter c de donc aupr s du maitre boa utilisant sa diplomatie sa ruse et si n cessaire son arsenal chamanique Contrairement notre id al un peu new age et romantique d un chamanisme th rapeutique pur l onanya ne peut pas tre consid r comme un s
163. ersit du Qu bec Montr al 452 p Gauthier F 20052 Orpheus and the Underground Raves and Implicit Religion From Interpretation to Critique Implicit Religion VII 3 p 235 283 Gauthier F 2005b Lecture de David Le Breton une anthropologie des limites sous la question du sacr et de la religion Religiologiques 31 p 209 232 Gauthier F 20042 Rapturous Ruptures The Instituant Religious Experience of Rave In G St John sous la direction Rave Culture and Religion Londres et New York Routledge p 65 84 Gauthier F 2004b Raves et espace urbain bricolage d un rite de passage l ge adulte In P W Boudreault et M Parazelli sous la direction L imaginaire urbain et les jeunes Qu bec Presses de l Universit du Qu bec p 237 257 234 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Les usages n o chamaniques du festival Burning Man Gauthier F 2004c Le Temple de l Honneur Rituels et deuils au Festival Burning Man Fronti res 17 1 p 87 90 Gauthier F 2004d Rave and Religion Religious Studies Outlooks on a Contemporary Youth Phenomenon SR Sciences Religieuses Studies in Religion 33 3 4 p 397 413 Gauthier F 2003 Recension de Thomas B Roberts sous la direction 2001 Psychoactive sacramentals Essays on Entheogens and Religion Religiologiques N 26 Disponible en ligne http www unites
164. es autres substances par une image ambivalente Elle semble tr s appr ci e par certains pour sa nouveaut sa raret et la sp cificit de ses effets Mais pour la majorit des personnes interrog es elle porte une image n gative d un produit trop fort difficile maitriser aux effets anesth siants peu adapt s au contexte festif Les repr sentations des produits dont les personnes interrog es ont fait tat recou pent les r sultats d autres enqu tes men es aupr s de personnes fr quentant le milieu festif techno par ex Fontaine 2001 Bello et coll 2005 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 191 Usages n o traditionnels des drogues Enfin l h roine resterait le produit le plus stigmatis L h roinomane est notamment associ l image du junky incar nant l usager dur celui pour qui la consommation est une fin en soi une anesth sie du corps et de l me voir Xiberras 1989 L usage d h roine est associ une consommation soli taire isolante et apparait parfois comme l ultime barri re ne pas franchir Les produits permettent de tracer des fronti res entre l usage et l abus les toxicomanes exp riment s et ceux qui sont plus jeunes et moins avertis les mauvais usages et les bons usages Duprez et Kokoreff 2000 p 158 et ces repr sentations changent avec les contextes sociaux La stigmatisa tion de certains produits et de certains usages perm
165. es du festival Burning Man aux logiques de la f te qui contrairement aux rituels de com m moration par exemple visent pr cis ment mettre en sc ne l exc s et la transgression pour eux m mes pour leur potentiel de socialisation et de jeu faste avec l arbitraire La f te est comme l a bien montr Jean Duvignaud 1977 don du rien La f te est donc ce rituel religieux qui r sorbe les axes verticaux et longitudinaux dans l axe horizontal celui de la communaut pr sente et effervescente largie la communaut humaine voire la Nature dans son ensemble Dans le cas du n o chamanisme et de BM le rapport longi tudinal est caract ris par cette croyance que ces pratiques retrouvent et r actualisent un pass ancestral pr moderne et extra occidental source d authenticit ge d or d avant le d senchantement o l homme tait en harmonie avec la Nature et le cosmos Il s agit d un mythe d origine mettant en sc ne des anc tres imaginaires constitu s en donateurs rituels de danse des tribus archaiques ou suppos s voyages chamaniques aid s de psychotropes Du point de vue vertical le g nie de Tarot est de placer sur un m me axe l int riorit et la transcendance radicale du Dieu monoth iste Il n est certes pas une coincidence que la mort de Dieu ait t d cr t e par Nietzsche peu pr s au m me moment o Freud a d couvert l inqui tante tranget de l inconscient La recherche mon
166. es du principe actif des drogues mescaline psilocybine LSD et non les plantes elles m mes Des cercles d usagers sont cr s L exp rience individuelle est privil gi e au d triment des contextes traditionnels d usage Puis peu peu la r f rence au contexte devint un l ment signifiant dans les usages Le peyotl commenga tre connu du grand public avec la publi cation d articles sur ses usages ritualis s dans les magazines Time 1951 et Newsweek 1953 William Burroughs se rend en 1953 en Amazonie en qu te de l ayahuasca Ses exp riences sont relat es dans sa correspondance qui deviendra le recueil The Yage Letters Aldous Huxley publie en 1954 Les portes de la perception et propose avec Humphrey Osmond en 1956 le terme psych d lique qui signifie litt ralement esprit manifeste terme plus juste selon eux pour cat goriser leurs exp riences avec la mescaline que le mot hallucinog ne dont 42 En cela le voyage que fit Antonin Artaud au Mexique en 1936 pour y soulager ses souffrances et durant lequel il exp rimenta le peyotl parmi les indiens Tarahumaras constitue pour l poque une exception notoire 44 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues la racine latine hallucinare signifie se tromper En 1957 c est au tour des champignons magiques et leur usage c r moniel de devenir connus du grand public avec la parution d un article de Gord
167. es modalit s de l alt rit trans cendante ou de l invisible Ainsi peut on avancer une d finition op ratoire et explo ratoire du religieux comme rapport symbolique qu entretient par le biais de rituels et de repr sentations mythiques un grou pement humain soci t ou sous groupe avec l alt rit qui l exc de et le fonde savoir la transcendance ou l horizon o prend forme l invisible On le voit cette d finition ne statue pas a priori sur la forme que prendra l invisible dans une soci t donn e en m me temps qu elle affirme la nature sociale du religieux Ainsi le religieux n est pas dans cette optique fond d abord sur une exp rience du sacr que viendrait par la suite contenir la religion et la religiosit proc de ainsi toujours de possibilit s symboliques inscrites dans la culture la culture diff rant justement en cela de la soci t que celle l est pour ainsi dire le possible et le langage de celle ci Enfin il en d coule galement qu on ne saurait rendre compte du caract re religieux d un ph nom ne social sans le reporter au niveau le plus g n ral savoir les mythes et les orthopraxies les plus englobants et les plus profonds d une culture par exemple l id ologie individualiste telle que la d finit Louis Dumont 1983 Autrement dit les ph nom nes contemporains tels 226 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Les usages n o chamaniques du festival Burning Man
168. es religions au XIX siecle de fa on acad mique par les d bats des indianistes sur les hymnes et les rituels v diques consacr s au soma jus pressur d origine nigmatique et substance enivrante uti lis e dans des s ances sacrificielles parfois tr s complexes devenue un dieu important du panth on v dique et qui avait mis Dum zil en qu te d une possible boisson d immortalit indo europ enne commune Tarot 2008a p 829 cette poque certaines lites occidentales dont l Anglais Thomas de Quincey son traducteur Charles Beaudelaire et autres Th ophile Gautier d couvraient les hallucinations dues l opium et au haschisch et en faisaient r cit sur fond de myst re et d ouver ture sur des mondes recelant de v rit s secr tes Comme l a brillamment argument Charles Taylor 1989 1991 2003 cet imaginaire romantique a trouv se massifier dans la r vo lution culturelle de l apr s Deuxi me Guerre mondiale avec au premier chef l av nement de la soci t de consommation et son corollaire Si nous nous loignons de ces ph nom nes ext rieurs concernant le consum risme d apr s guerre pour aller vers la connaissance de soi qui les accompagnait nous pouvons voir une constante progression de ce que j ai nomm la culture de l authenticit J entends par l une conception de la vie qui a merg avec l expressivisme romantique de la fin du XVII si cle et qui pose que chacun d entre no
169. est naturalis e Toutefois la prise de responsabilit en milieu festif cas des organisateurs et des musiciens peut aussi amener un d sir de 3 On entend par socialisation l int gration et la participation un monde social parti culier voir Simmel 1981 178 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Vers un usage maitris des psychotropes en milieu techno contr ler davantage sa consommation C est dans la dur e et avec l affranchissement du contexte festif que la relation aux drogues peut se r organiser volution des consommations et types d usage La notion de carri re La d couverte des contextes festifs techno et des sub stances psychoactives est souvent v cue comme un tournant dans l existence tournant fr quemment suivi d une p riode de forte fr quentation des f tes et de forte consommation Apr s cette p riode plusieurs volutions sont possibles Notons qu il s agit moins pour les personnes interrog es d une cessation qui ne concerne qu une seule personne que de l volution vers d autres formes d usage et de la mise en place d autres rapports aux drogues Cette sp cificit est sans doute due la constitution de l chantillon Le fait d tudier des carri res de consommation impliquait d interroger des per sonnes ayant maintenu un usage de drogues durant plusieurs ann es On peut penser que l arr t de la fr quentation de l espace festif techno s accompagne dans
170. et de tracer les contours de l usage festif et plus largement de l usage contr l Le r le des repr sentations dans la mise en place d un usage maitris Pour Zinberg et Harding 1979 la condamnation de l usage compulsif participe au contr le de la consommation Comme pour les repr sentations de produits les repr sentations d usages apparaissent comme des moyens de r guler sa propre consommation Pour les personnes interrog es la d pendance repr sente l exp rience viter l exp rience la plus n gative relative l usage de drogues Il ressort des discours deux fa ons de concevoir cette d pendance Dans une premi re conception elle correspond l incapacit de r sister la tentation de l usage ne pas savoir dire non par faiblesse ou par besoin Dans une seconde conception elle est associ e l usage quotidien l incapacit de se passer d un produit de sorte que l usage est int gr la vie ordinaire Elle est alors per ue comme acceptable pour des 192 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Vers un usage maitris des psychotropes en milieu techno produits consid r s comme doux le cannabis par exemple mais fortement stigmatis e pour les autres substances Ces figures de mauvais usages de mauvais consomma teurs et de mauvais produits dessinent en creux les repr sentations des bons usages savoir dire non s il ne s agit pas du bon context
171. faris sud africains Julie Laplante Professeure associ e D partement de sociologie et d anthropologie Universit d Ottawa Chercheure associ e Max Planck Institute f r etnologische forschung Halle Saale Allemagne Correspondance Universit d Ottawa Pavillon Desmarais 55 rue Laurier Ottawa Ontario Canada K1N 6N5 T l phone 613 562 5800 poste 6134 Courriel julie laplante uottawa ca Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 93 pp 93 121 Usages n o traditionnels des drogues R sum L article se penche sur le r le de gu rison que jouent les plantes l int rieur du mouvement rastafari sud africain dans les townships de Cape Town notamment sous l angle de l anthropologie de la sant des sciences et des technologies Par une recherche plus globale l auteure proc dera au suivi ethnographique de la trajectoire de la plante m di cinale indig ne sud africaine Artemisia afra A afra alors que celle ci traverse diverses tapes pr paratoires conduisant aux essais cliniques Le double objectif de v rification scientifique et de promotion des savoirs traditionnels que poursuit le projet d essais pr cliniques relatif l A afra soul ve divers enjeux pist mologiques alors que les scienti fiques et les amagqirhas gu risseurs et inyangas herboristes Xhosa profilent diverses notions d efficacit Aux c t s de ces derniers se retrouvent les herboristes rastafaris qui d
172. ffet cette notion apparait la fois dans les repr sentations des produits des usages des usagers et de leurs propres usages Ces repr sentations d limitent les contours des consommations acceptables des pratiques interdites et partici pent ici encore la mise en place d un usage ma tris Bien que cette tude soit avant tout exploratoire les r sul tats peuvent s av rer essentiels dans une d marche de sant publique ou il est n cessaire de connaitre les d terminants de l volution des parcours de consommation et les leviers pos sibles de sensibilisation leur maitrise Sur ce dernier point la mise en vidence de l existence des logiques op rationnelles de contr le souligne l int r t des r sultats de cette enqu te pour pallier les difficult s faire passer des messages inductifs de comportements dans le milieu festif techno C est en repla cant les messages en r f rence des situations concr tes o le contr le de la consommation est requis pour l atteinte d un but que l on pourra faire appel ces logiques op rationnelles peu affect es par le rapport l interdit et la transgression R f rences Alberoni F 1992 Genesis Mouvements et institutions Paris Ramsay 684 p Becker H S 1985 Outsiders tudes de sociologie de la d viance Paris M taili 247 p Bello P Y Gandilhon M Toufik A Evrard I 2005 Ph nom nes mergents li s aux drogues en 2004 Six
173. fl ches et tatouages Lonanya ne communique pas tous les pouvoirs du maitre puisqu un tel privil ge lui revient et implique davantage de tabous D ailleurs pour pouvoir incorporer les comp tences de chasseur l homme qui a ainsi t par doit suivre les restric tions alimentaires et comportementales impos es par l onanya autrement les pouvoirs du rao se pervertissent et le rendent encore moins habile L onanya chante ainsi tour de r le se dirigeant vers les diff rentes personnes de l assistance et selon les cas v hicule diff rents pouvoirs de rao Encore une fois les choix se basent sur les propri t s des rao de par son go t piquant boains un rao est consid r chaud et d tient des maitres incandescents qui combattent les refroidissements du corps un rao qui produit une teinture rouge rocou pr vient pour sa part contre les odeurs pathog nes des menstruations Colpron 2006 utilisant une pr misse chamanique pour traiter gr ce des attributs simi laires ou contraires Colpron 2005 Incluant toute personne pr sente dans ses traitements chamaniques l onanya n oublie pas l anthropologue et sans qu elle le lui ait demand lui d die des chants pour la chance et le succ s dans ses recherches Soulignons encore une fois la continuit entre l utilisation de rao et la pratique chamanique Ainsi au lieu de consulter l onanya les personnes concern es peuvent d cider de manipuler 34 Certains onanya
174. g nes devient de plus en plus t nue et difficile tracer Cette ligne de partage est d autant plus floue qu avec l av ne ment d Internet n importe qui ou presque peut s improviser auteur et diffuser des connaissances qui serviront promou voir leurs pratiques et conqu rir une part du lucratif march que constitue les nouvelles religions les th rapies alternatives et les techniques du soi Rites marges et repr sentations sociales l heure de la mondialisation voquer les traditions est une facon commune de donner une l gitimit ses actes Rivi re 1995 p 105 Or dans le contexte de la mondialisation et des soci t s pluralistes postco loniales il devient de plus en plus difficile de distinguer entre traditions authentiques et traditions invent es Hobsbawm et Ranger 1983 La r f rence des traditions imm moriales n est plus une d monstration suffisante du bien fond d une pratique La condamnation de l excision dans les soci t s d mo cratiques occidentales en est un bon exemple Toute la question de la l gitimit d une pratique qu elle soit traditionnelle n o traditionnelle ou mergente soul ve celle de sa tol rance sociale et de sa l galit De m me ce n est pas parce qu une pratique est tenue pour l gitime qu elle est pour autant l gale Le m me constat s applique aux d bats sociopolitiques autour des drogues et de leurs usages La tradition seule ne saurai
175. ge ma tris et ceci se traduit par l volution de la d couverte de produits en milieu festif vers une r organisation des consommations au cours de l insertion professionnelle Cette r organisation constitue un cadre int res sant pour d crire l influence qu exerce la professionnalisation dans le milieu festif sur le contr le des consommations Pratique musicale dans le milieu festif et responsabilit s Par rapport aux autres milieux professionnels le milieu techno pr sente certaines particularit s quant la place qu il laisse la transgression par rapport la consommation et le commerce de produits psychoactifs Il se d marque en effet par une plus grande disponibilit des substances psychoactives et une plus grande tol rance vis vis de l usage 186 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Vers un usage maitris des psychotropes en milieu techno Mais lorsque l activit r alis e dans le cadre de la f te s av re professionnalisante les consommations voluent c est du moins ce que l on observe pour une partie des personnes interrog es notamment les musiciens dont le statut implique des responsabilit s En effet la pratique musicale b n ficie la fois d une position valoris e car elle requiert des comp tences et par cons quent une certaine ma trise Le regard du public compte aussi et chaque prestation fait l objet d une valuation La pratique musicale et plus particuli reme
176. hipibo Conibo del Rio Ucayali Lima Instituto Indigenista Peruano CAAAP Chaumeil J P 1983 Voir savoir pouvoir Le chamanisme chez les Yagua du nord est p ruvien Paris EHESS Chaumeil J P 1993 L autre sauvage Chamanisme et alt rit In C Descamps sous la direction Am riques latines une alt rit Paris ditions du Centre Pompidou p 69 89 Chaumeil J P 1995 Du projectile au virus Un art chamanique de l agression pathog ne en Amazonie Etudes mongoles et sib riennes 26 p 63 82 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 87 Usages n o traditionnels des drogues Chaumeil J P 2000 Voir Savoir Pouvoir Le chamanisme chez les Yagua de l Amazonie p ruvienne Gen ve Georg Collection Ethnos Colpron A M 2004 Dichotomies sexuelles dans l tude du chamanisme le contre exemple des femmes chamanes shipibo conibo Th se de doctorat Universit de Montr al Colpron A M 2005 Monop lio masculino do xamanismo amaz nico o contra exemplo das mulheres xam s shipibo conibo Mana 11 1 p 95 128 Colpron A M 2006 Chamanisme f minin contre nature Menstruation gestation et femmes chamanes parmi les Shipibo Conibo de l Amazonie occidentale Journal de la Soci t des Am ricanistes 92 2 p 203 235 Colpron A M s d Fluctuations et persistances chamaniques parmi les Shipibo Conibo de l Amazonie occidentale
177. i me rapport national du dispositif TREND Saint Denis OFDT 176 p Cavalli A Galland O 1993 L allongement de la jeunesse Paris Actes Sud 221 p 196 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Vers un usage maitris des psychotropes en milieu techno Caidet Tairou A Gandilhon M Toufik A Evrard I 2008 Ph nom nes mergents li s aux drogues en 2006 Huiti me rapport national du dispositif Trend Saint Denis OFDT 191 p Castel R dir 1998 Les sorties de la toxicomanie Fribourg ditions Universitaires Fribourg Suisse 300 p Castel R Coppel A 1991 Les contr les de la toxicomanie In A Ehrenberg sous la direction ndividus sous influence Paris Esprit p 237 256 Donnat O 1998 Les pratiques culturelles des Francais Enqu te 1997 Paris La Documentation Frangaise Duprez D Kokoreff M 2000 Les mondes de la drogue Usages et trafics dans les quartiers Paris Odile Jacob 393 p Fontaine A 2001 Nouvelles drogues nouveaux usages volution de la consommation de substances psychoactives en France et en Europe et particularit s du milieu festif Toxibase D cembre 2001 4 p 1 13 Galand C 2006 Drogues derri re la consommation une demande d aide des 15 25 ans Sant de l homme 384 p 47 49 Galland O Cavalli A sous la direction 1993 L allongement de la jeunesse Arles Actes Sud 221 p Ga
178. i dans l espace m me si pour se l gitimer elles se r f rent souvent des temps imm moriaux et au sol commun des appartenances Elles ne sont pas a priori adapt es aux r alit s mergentes et elles doivent tre en mesure de s ajuster lorsque des chan gements brusques ou radicaux menacent l ordre ancien et la reproduction sociale d faut de lutter contre leur disparition en choisissant la voie de l int grisme elles doivent faire preuve Ces premi res descriptions ou rapports sur les usages de psychotropes taient tr s souvent le fait de missionnaires religieux qui n h sitaient pas associer ceux ci des pratiques paiennes d moniaques d o certainement une des sources occidentales de la condamnation morale des drogues 18 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues d innovation et de flexibilit si elles veulent perdurer dans le temps et l espace Bref les traditions sont mouvantes et c est le propre de leurs r alit s de composer avec les l ments exog nes qui les menacent et ou les enrichissent selon le cas Cat goriser une pratique ou un ensemble de pratiques comme tant traditionnel implique la reconnaissance d un lien d identit entre les individus et les groupes qui s adonnent ces pratiques La tradition fonde une filiation identitaire entre ceux et celles qu elle concerne et relie Mais tous les individus d un m me groupe ne partage
179. ibo Am rica Indigena 46 1 p 189 218 Gow P 1994 River People Shamanism and History in Western Amazonia In N Thomas et C Humphrey sous la direction Shamanism History and the State The University of Michigan Press p 90 113 Harner M 1973 Hallucinogens and Shamanism London Oxford University Press 224 p Illius B 1982 Some observations on Shipibo Conibo shamanism Symposium Shamanism in Lowland South American Societes a Problem of Definition Manchester 44th International Congress of Americanist Illius B 1992 The Concept of Nihue Among the Shipibo Conibo of Eastern Peru In E J Langdon et G Baer sous la direction Portals of Power Shamanism in South America University of New Mexico Press p 63 77 L vi Strauss C 1958 Anthopologie structurale Paris Plon Loriot J et coll 1993 Diccionario Shipibo Castellano Pucallpa ILV Serie Ling stica Peruana 31 Menget P 1979 Temps de naitre temps d tre la couvade In M Izard et P Smith sous la direction La fonction symbolique Paris Gallimard p 245 264 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 89 Usages n o traditionnels des drogues Menget P 1989 La couvade un rite de paternit In M Aug sous la direction Le Pere M taphore paternelle et fonction du pere l interdit la filiation la transmission Paris Deno l p 87 103 Morin
180. ifiantes en particulier par les guerriers lors des combats Dans le syst me de repr sentations hindou l usage de l alcool tait anciennement r serv la caste militaire des Khsatriya o Dans la plupart des traditions vinicoles le vin est d abord un aliment avant d tre un alcool ou une boisson alcoolis e reconnue pour ses propri t s enivrantes Voir N Cardinal 1984 10 A faible dose explique M Laval Jeantet 2004 p 52 l iboga a un effet stimulant qui permet aux chasseurs de rester veill s plusieurs jours d affil e 11 Aujourd hui fortement associ dans les soci t s industrielles la maladie ou des probl mes de sant il est int ressant de savoir que le tabac est un l ment part enti re de la pharmacop e autochtone des Am riques o il sert de rem des pour soigner de nombreuses affections Ferland 2007 p 24 12 J emploie le qualificatif alchimique dans un sens ici strictement imag et non p joratif Je ne me r f re aucune tradition alchimique en particulier Se ran gent tout autant dans mon esprit sous cette d nomination les soi disant potions magiques des druides que les rem des poisons des sorciers 13 Ces deux expressions ont t emprunt es M Maffesoli 1985 dans son analyse du r le de l alcool dans les rites orgiastiques Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 21 Usages n o traditionnels des drogues
181. imit avec la Belgique ou la disponibilit serait plus grande Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 175 Usages n o traditionnels des drogues En dehors du tabac du cannabis et de l alcool les personnes interrog es d clarent principalement avoir d j consomm de l ecstasy sous forme de comprim ou de poudre de MDMA de la cocaine du speed et du LSD Quatre d entre elles d cla rent avoir d j consomm de l h roine Aucun participant ne semble avoir d j consomm de la k tamine celle ci tant voqu e le plus souvent comme horresco referens Une polyconsommation end mique Il ressort des donn es de cette enqu te que c est avec la d couverte du milieu festif techno que se r alise l engagement dans la polyconsommation En ce sens on peut parler de poly consommation end mique car celle ci est fortement li e au contexte D un c t la pr sence des drogues et l usage com bin de diff rentes substances rel vent d un ph nom ne plus courant dans ce milieu festif D un autre c t contrairement aux discoth ques et aux salles de concert l usage et le trafic de drogues ne sont pas cach s dans les v nements clandestins free parties et certains teknivals Dans ce contexte on peut consid rer que s op re un ren versement des normes informelles dominantes dans la soci t celle ci condamnant l galement mais aussi moralement l usage et le commerce de psychotropes
182. imple gu risseur puisque soigner implique souvent l id e d un combat logique propre au chamanisme offensif et d fensif de la r gion amazonienne 2 De plus les m diations chamaniques de l onanya concernent des motifs bien plus vari s que la gu rison Il peut par exemple parlementer avec les maitres des animaux dans l optique de favoriser une chasse ou traiter avec les maitres des nuages pour influencer le climat 3 Il entretient ainsi des pourparlers constants avec les ma tres qui peuplent son milieu Puisque les relations sociales shipibo conibo ne se restreignent pas ce que nous entendons comme tel en Occident les interactions avec leur entourage renvoient une constante diplomatie cosmique Viveiros de Castro 2007 qui est plus habilement engag e par l expert en la mati re l onanya Le chamanisme shipibo conibo se base ainsi sur une concep tion d environnement socialis Descola 1992 cosmologie 11 Onanya Herminia communaut de Canaan 2000 12 Pour d autres exemples amazoniens de chamanisme offensif d fensif voir Whitehead et Wright 2004 13 Ces cas se retrouvent bien entendu dans les communaut s shipibo conibo qui vivent encore de chasse et de p che comme Vencedor 2000 2001 68 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes qui peut nous sembler curieuse voire surprenante pour nous Occidentaux dont les croyances se fo
183. in 2009 181 Usages n o traditionnels des drogues et maitrise leur mode de fonctionnement On observe d ailleurs dans notre chantillon diff rents niveaux d autonomie depuis la pratique consistant pr voir en se fournissant lors des f tes jusqu la fr quentation de dealers dits r guliers en passant par l appel au r seau d amis parmi lesquels se trouvent souvent quelques usagers revendeurs L usage dopant L usage dopant ne se limite pas au domaine sportif Laure 2000 d finit la conduite dopante comme un comportement de consommation de produits aux fins de performance adopt par une personne confront e un obstacle celui ci pouvant tre de nature diverse r el ou ressenti comp tition sportive situa tion professionnelle etc Le cadre de cette enqu te conduit adopter une d finition plus large de l usage dopant pouvant tre entendu comme une consommation de produits psychoactifs visant am liorer la performance ou faciliter l accomplis sement d une activit par exemple repousser les limites de la fatigue rester veill danser ou jouer de la musique durant des heures L usage dopant peut lui aussi impliquer un certain contr le de la consommation en ce sens que les effets des produits doi vent tre suffisamment ma tris s pour permettre de mener une activit ou d voluer parmi des non consommateurs dans un contexte professionnel Ce type d usage implique aussi une plu
184. individualiste Que le recours des substances psychotropes ait particip produire l extase chamanique dans des aires culturelles fort vari es et remarquablement tendues depuis des mill naires voil qui est peut tre vrai mais seule ment en tant que partie d un ensemble de techniques inscrites dans des systemes symboliques et non pas par elles m mes et en elles m mes Sinon on pourrait croire que le cerveau de Michel Ange plong d s son enfance dans la tribu des Warao aurait produit quand m me les fresques de la Sixtine ou que les maitres de Lascaux ou de la grotte Cosquet plong s dans le monde contemporain et usant du n o chamanisme retrou veraient intacte la th matique pr historique avec ses codes et ses clefs qui nous font si cruellement d faut Tarot 2008a p 839 D s lors chamanismes et n o chamanismes ne doi vent pas tre d finis en termes d tats alt r s de conscience mais bien comme des ensembles solidaires de pratiques et de croyances sociales Interpr tation hyper relativiste Si l approche essentialiste et individualiste repr sente l impasse sur l historicit et les dimensions sociales l approche que l on peut nommer hyper relativiste l inverse prononce un jugement d incomparabilit entre les faits traditionnels et n o traditionnels qui d l gitime et disqualifie ces derniers Il est plus d licat de cerner cette famille interpr tative et de la discuter parce qu elle ag
185. ion perp tuelle constitutive des syst mes de sens Soigneuse de camper l analyse dans l appr hension des syst mes culturels et d viter tout prix les essences et les amalgames gommant les diff rences l approche hyper relativiste finit toutefois par id aliser les cultures archaiques et exotiques en en faisant les garantes de l authenticit et de la communaut v ritables Cette approche finit ainsi par imiter ces m mes adeptes du n o chamanisme qu elle accuse d imposture en exaltant Autre de l Occident Le n o chamanisme se r sume tre le fait d Occidentaux en mal d exotisme ou de sens acteurs d une qu te solitaire se refermant sur elle m me dissoci e de tout syst me symbolique qui pourrait en assurer la communaut et le sens Pareil enfer mement dans l imaginaire se traite l aide d une analytique du soup on structuraliste ou encore bourdieusienne qui en d voile alors les soubassements qu tes de capital culturel ou de puissance narcissique Or ceci revient nier toute substance aux significations subjectives Il convient d s lors de suivre l avis de Roberte Hamayon il n y a pas lieu non plus au nom d une certaine conception de l authenticit de r server le terme de chamanisme aux formes exotiques qui ont servi de source sa popularisation et d ignorer les usages occidentaux contemporains qui en sont faits ils existent et ce titre eux aussi objets d tudes 2003 p 9 D autant
186. it a priori d l gitimant l objet de recherche avant m me sa construction comme objet de recherche Si le terrain est bien occup par les psychologues psychanalystes Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 221 Usages n o traditionnels des drogues et psychiatres qui rabattent souvent le ph nom ne sur une th rapeutique d sarrim e de son n cessaire substrat symbo lique et social l extr me raret des travaux ethnologiques anthropologiques et sociologiques sur la religiosit potentielle des consommations ritualis es de psychotropes dans le n o chamanisme est remarquable Voil qui explique par ailleurs la pauvret bibliographique en appui notre argumentaire de m me que les limites de notre recherche qui ne pr tend aucu nement l exhaustivit 2 Si l approche essentialiste proc de une relecture du chamanisme partir des exp riences contem poraines l approche hyper relativiste ne s int resse gu re qu aux ph nom nes non occidentaux et archa ques confinant l anthropologie n tre qu un regard port sur l Autre De perspective holiste plut t qu individualiste cette approche est fille du structuralisme qui a morcel le religieux en fragments et qui pour forcer le trait l a dissout dans le symbolique et dans les mythes au d triment du rituel et de la pratique Tel est ce que Tarot a nomm l inexistentialisme religieux particu li rement pr gnant en Fran
187. ition mixte Il apparait comme un risque toujours attach l usage comme une faille ou un chec dans le contr le l exc s pouvant se manifester en termes de quantit et de fr quence En ce qui concerne la quantit l abus a lieu instant T lorsque la consommation ne permet plus d atteindre l tat recherch Quant la fr quence l abus Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 185 Usages n o traditionnels des drogues concerne une p riode donn e ou les consommations sont plus fr quentes L usage abusif tend alors s approcher de la toxi comanie entendue comme ligne biographique dominante Au regard de l volution des pratiques festives et des par cours de consommation au sein de notre chantillon nous avons souhait aller plus loin que la simple mise en correspondance de la notion de contr le dans les typologies d usage Ces inves tigations ont offert l opportunit de d crire la facon dont le contr le s inscrit dans la carri re de consommation Les modalit s et d terminants du contr le Professionnalisation et responsabilisation La sph re professionnelle semble tenir une place centrale dans les parcours de consommation de drogues La plupart des travaux ont jusqu ici trait des dangers de la consommation sur la socialisation notamment pour l activit professionnelle Pourtant les t moignages recueillis lors de cette enqu te vo quent l existence possible d un usa
188. itionnel mais de me servir de cette expression comme pr texte pour explorer diff rents contextes d usage de psychotropes et com prendre la mouvance des normes et des repr sentations qui les l gitiment Aussi dans l esprit de cet article sans a priori de d part le qualificatif n o traditionnel a t consid r comme un mot valise recouvrant d autres expressions non moins claires ou faciles d finir telles que n o chamanisme nouvelles religions New Age ou encore n o tribalisme Maffesoli 1988 p 116 Le flou qui entoure l tiquette n o traditionnel est d autant plus confondant qu il existe une multiplicit de facons de conce voir les rapports tant avec la tradition qu avec la nouveaut un extr me si l on s en tient l interpr tation de l anthropo logue Marshall Sahlins le n o traditionnel se confond avec le traditionnel Paradoxalement crit Sahlins 2007 p 320 presque toutes les cultures traditionnelles tudi es par les anthropologues et d crites comme telles taient en fait n o traditionnelles c est dire d j transform es par l expansion occidentale un autre extr me se situent des pratiques que l on peut galement qualifier de n o traditionnelles et qui ne se fondent sur aucune tradition ancestrale en particulier Il peut s agir de pratiques r sultant d un composite d l ments culturels Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009
189. itique chez les Am rindiens Les deux s inscrivent dans des codes relationnels dont il s agit chaque fois de d m ler la nature En outre l art am rindien de l tiquette qui permet aux acteurs de commenter leurs pratiques est un sujet fort mal connu dans la litt rature et qui gagnerait tre mieux document pour mieux comprendre l volution et le sens des r gles de savoir vivre de la biens ance et des mani res d y d roger Mai 2009 nous sommes dans une communaut o nous menons une recherche L alcool est loin d tre le sujet central mais il est tout de m me mentionn chaque jour dans les r ponses aux questions sur la colonisation les a n s notamment le citent comme l l ment ayant fait le plus de d g ts dans les familles Nous sommes vendredi soir et s annonce une fin de semaine de BS Un jeune s avance en titubant Il cherche l une d entre nous qui le connait depuis son enfance Il a 22 ans et a d j fait deux cures de d sintoxication peu efficaces premi re vue ce que son entourage consid re comme presque normal Pourquoi Parce que cela ferait partie de sa condition inh rente Parce que comme semblent le penser un certain nombre de jeunes autochtones passer par des probl mes de consomma tion puis apprendre les surmonter fait partie int grante de Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 159 Usages n o traditionnels des drogues l apprentissage d
190. ituelles Des pratiques de gu rison aux soir es techno de l Ama zonie au d sert du Nevada en passant par l Afrique du Sud et les communaut s am rindiennes du Qu bec le pr sent num ro th matique de la revue Drogues sant et soci t propose un tour d horizon vari sur les usages n o traditionnels des drogues dans la perspective des usagers et des contextes dans lesquels ils se d roulent Le qualificatif n o traditionnel est mis ici entre guillemets pour souligner l ambivalence non seulement de la notion mais aussi de ses statuts dans la soci t La tradition qu elle soit ancienne ou en devenir ne justifie pas socialement elle seule le bien fond d une pratique ni sa l galit Aussi un de nos objectifs aura t rempli si au terme du parcours que constitue ce num ro sans verser dans l apologie ni perdre son sens critique le lecteur pouvait poser sur les usages des drogues un regard autre qu un probl me r gler 8 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Pr sentation La r alisation de ce num ro est le fruit d un v ritable travail de collaboration Nous aimerions souligner la disponibilit des auteurs qui ont accept notre invitation ainsi que le r le trop souvent oubli des valuateurs qui ont su enrichir par la perti nence de leurs commentaires chacun des articles Enfin notre reconnaissance ne sera jamais assez grande envers le directeur de la revue Michel Land
191. iveau de la soci t globale et de ses institutions de r gulation du bien fond de traditions et de pratiques pouvant tre jug es en d autres contextes comme d viantes soit l autorit de r f rence sur laquelle s appuient des pratiques mergentes pour se l gitimer l int rieur du cercle plus ou moins ferm de ses adeptes ou de ses initi s Apologie des drogues autorit intellectuelle et normativit contextuelle L usage des drogues a exerc depuis le d but du 19 si cle une influence consid rable sur l imaginaire des crivains et de leur public Milner 2000 avec pour r sultat qu une large part des repr sentations populaires v hicul es propos des diff rentes drogues et de leurs effets proviennent de cet uni vers litt raire Si la place qu occupe l usage des psychotropes reste souvent ambigu sinon secondaire parmi l ensemble de l uvre de plusieurs de ces auteurs chez d autres elle est au c ur m me de leur d marche cr atrice et de leur production litt raire C est le cas notamment des auteurs guides ou auteurs chamanes comme les appelle Pierre Bonasse 2005 p 21 faisant l apologie de l usage des drogues hallucinog nes comme autre voie de connaissance qui ont inspir et continuent d inspirer plusieurs g n rations d usagers Par leur autorit et leur influence les intellectuels peuvent tre appel s intervenir aupr s des instances gouvernementales dans le processus de l
192. l 8 n 1 juin 2009 205 Usages n o traditionnels des drogues psychotropes et qui convergent bien souvent au festival annuel de Burning Man BM au Nevada aux tats Unis Cet article pr sente le festival BM dans un premier temps avant d engager une discussion sociologique et historique sur le n o chamanisme Deux familles interpr tatives oppos es l essentialisme et le diff rencialisme sont ensuite pr sent es et critiqu es mettant la table pour la proposition d une troisi me voie herm neutique devant permettre une compr hension analytique de la religiosit de ces usages Le festival Burning Man Le festival Burning Man BM est un terrain privil gi pour les usages ritualis s de substances psychotropes et attire aujourd hui 50000 personnes pendant une semaine dans une ville ph m re et effervescente Le point culminant de l v nement est le sacrifice par le feu du Man figure de bois et de n on mont e sur une structure au centre de la cit N en 1986 San Francisco endroit mythique ayant vu passer tous les courants contre et sous culturels depuis les beatniks l v ne ment a t resitu dans l environnement difficile et impr visible du d sert depuis 1990 BM est le centre de la marge le lieu de rassemblement des n o tribalismes Maffesoli 1988 le lieu de rencontre de toutes les marginalit s et de toutes les explorations On y retrouve une grande vari t d usages n o tr
193. l est possible de boire sans ivresse chez les Am rindiens du Qu bec Tout acte de boire autochtone ne m ne pas forc ment des d boires Ce qui avait commenc par des observations de terrain apparem ment marginales mais surprenantes nous a men es plus loin que nous ne le pensions Tout d abord la culture algonquienne de l alcool est plus complexe qu il n y paraissait au premier abord Comme les Qu b cois qui fabriquaient ce qu on appelait de la baboche ou bagosse les Am rindiens fabriquaient des alcools artisanaux et ce d s les d buts de leur s dentarisation 158 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens Nous avons galement d couvert qu il existait des chansons boire dans des langues algonquiennes Dans une communaut algonquine une chanson s appelle Daminikwe Whisky ce qui signifierait Viens boire du whisky Nous n avons pu nous procurer les paroles surtout connues par des a n s semble t il Mais cela d montre que le champ d investigation est loin d tre puis Enfin nous avons not que tous nos interlocuteurs ont insist sur le fait que dans leurs entourages il avait toujours exist des personnes qui n ont jamais eu de probl mes avec l alcool Paradoxalement on pourrait dire la lumi re de ces donn es et analyses que boire et ne pas boire sont l une comme l autre des manifestations caract re pol
194. layed by plants within the South African Rastafarian movement in the Cape Town townships particularly from the point of view of the anthropology of health science and technology In a more generalized study the author traces the ethnographical path of the South African medicinal plant Artemisia afra A afra as it goes through various preparatory stages leading to clinical testing The twofold objective of scientific verification and promotion of traditional knowledge pursued by the preclinical testing of A afra raises various epistemological issues while the scientists and the Xhosa amaggirhas healers and inyan gas herbalists profile various concepts of efficacy Alongside the latter are found the Rastafarian herbalists who also defend their traditional knowledge concerning medicinal plants including those dealing with the A afra The path of the Rastafarian herbalists and their sacred herb the dagga cannabis sativa ganja occupy a special role in relation to A afra which is covered here The study highlights the unifying relations that the dagga exercises within Rastafarian phytotherapeutic practices relations that are paradoxically intensified by antagonistic relations with the South African bio medical legal system in a context of globalization Therefore the article does not seek to render the Rastafarian movement exotic but to understand the articulations and propositions which could inform and defy current scientific and bio
195. leggers They were out in the public more They were guiding and had contact with alcohol The women were staying at home were raising children Women had hard work with children cooking and doing the laundry They had no Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 141 Usages n o traditionnels des drogues time socializing When they had a drink it was the same drink St Georges gin beer We were not having white wine with chicken at the restaurant if you could afford to go to restaurants The drinking patterns were the same because we had no option of being selective Women were less drinking because they had less opportunity and because they had responsibilities They were not partying entrevue avec un homme de 50 ans r serve algonquine octobre 2008 La moindre consommation des femmes semblait donc tre li e un manque d occasions On buvait et l on boit encore de pr f rence avec ses chums et il est plus courant de boire en groupe de 2 6 personnes qu en groupe plus important Ces similarit s vont dans le sens de l existence d un mod le du boire algonquien Un fait important est mentionn par Dagenais 1962 savoir que les mariages sont des occasions particuli res o les boissons alcoolis es sont consomm es BD n 676 Le fait est galement av r dans deux communaut s algonquines que nous avons visit es It was on special occasions The main occasion was at weddings But
196. les nations ne se limitant pas aux fronti res provinciales on d gage plusieurs grands sous themes la r ception et le r le de l alcool dans les relations entre les Euro Canadiens et les Am rindiens la consommation d alcool comme acte social inscrit dans une histoire d exclusion et bien s r l abus d alcool comme probl me majeur de sant publique Rappelons que tout le monde part de la m me pr misse sans toutefois la formuler explicitement en Am rique du Nord avant l arriv e des Europ ens les Am rindiens ne connaissaient pas l alcool ni par fermentation ni par distillation L alcool est donc enti rement associ la colonisation Tout d abord et particuli re ment dans une approche historique les chercheurs montrent que l alcool a pu au d but tre vu comme un moyen d acc der plus facilement au r ve et la vision et de faciliter l expression d motions Dailey 1968 Dickinson 1993 Cet angle spirituel n est plus vraiment abord soit parce que certains consid rent que son importance a t surestim e soit parce qu il n a eu cours Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 131 Usages n o traditionnels des drogues que pendant une p riode restreinte c est dire les premi res d cennies de contact Les Am rindiens semblent aussi avoir attribu des vertus prophylactiques l alcool Leroux 1995 puisque celui ci rentrait notamment dans la composition de certains breuvages m
197. lexe rastafari mais aussi dans leurs articulations avec la soci t natio nale sud africaine et globale Il ne s agit ainsi donc pas de rendre exotique le mouvement rastafari mais bien d en comprendre les articulations et les propositions pouvant informer et d fier les pist mologies scientifiques et biopolitiques dominantes actuelles Origines et politiques du mouvement rastafari du Cap La p ninsule sud africaine est l un des endroits ot l on retrouve le plus grand nombre de rastafaris dans le monde surtout dans les r gions du Northern Cape Western Cape Gauteng Zwasiland Free state Lesotho Limpopo Maputo et North West Province Botswana Mantula 2006 p 1 Bien qu elles affichent leurs couleurs locales les pratiques rastas que j ai connues au Cap se situent pleinement dans le mou vement global rastafari L inspiration du mouvement est afri caine et merge d abord en Jamaique dans les ann es 1930 au sein des descendants des esclaves africains et dans un contexte d oppression et de pauvret Marcus Mosiah Garvey promoteur du mouvement de retour l Afrique est consid r comme le proph te de la lib ration noire du XX si cle par le mouvement rastafari N en Jamaique en 1887 et ayant v cu la discrimination raciale toute sa vie il a articul une base th ologique et politique permettant de la contrer Sa force a t sa contribution mettre en relief les probl mes de discrimination et proposer une
198. limitations and shown how these opposed viewpoints form a system this article suggests a third analytic allowing for a comprehensive understanding of such praxes religious dimensions and underlying functional unity beyond their distinctly festive hyper or spiritual seeking hypo logics Keywords Drugs ritual religion neo Shamanism Burning Man entheogen methodological individualism holism essentialism differentialism Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 203 Usages n o traditionnels des drogues Sobre el buen uso de las drogas en religi n Consumo neocham nico en Burning Man Resumen Con la masificaci n de la cultura de la autenticidad y la expresividad Charles Taylor como consecuencia del arribo de la sociedad de consumo en la segunda mitad del siglo XX apareci el fen meno del consumo de psicof rmacos con fines rituales y espirituales Con el pretexto del festival Burning Man que se celebra anualmente en el desierto de Nevada y en el que se realizan una canti dad de usos ritualizados de psicof rmacos llamados neocham nicos este art culo aborda las siguientes cuestiones De qu manera se puede asignar una dimensi n religiosa a estas pr cticas C mo se puede explicar esta dimensi n en el an lisis socio antropol gico Luego de recordar el contexto global del surgimiento de estas pr c ticas y al mismo tiempo de esta problem tica este art culo se dedica a hace
199. lland O 2001 Adolescence post adolescence jeunesse retour sur quelques interpr tations Revue francaise de sociologie 42 4 p 611 640 Halfen S Vincelet C Gr my I 2008 Toxicomanie et usages de drogues Paris tat des lieux en 2007 et volutions Tendances r centes et nouvelles drogues Trend Paris ORSIF 186 p Ingold R dir 1999 Ecsta trip coke et speed Paris IREP OFDT 123 p Laure P 2000 Dopage et soci t Paris Ellipse 447 p Mabilon Bonfils B et Pouilly A 2003 La Musique techno art du vide ou socialit alternative Paris l Harmattan Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 197 Usages n o traditionnels des drogues Maffesoli M Petiau A Pourtau L 2006 Les parcours juv niles de consommation de substances psychoactives d couvertes en contexte festif Paris Universit Paris 5 MILDT INSERM Moli re E 1997 La musique techno comme f te musicale In A M Green sous la direction Des jeunes et des musiques Rock Rap Techno Paris L Harmattan 319 p Moreau C 2002 La jeunesse travers ses raves L mergence la personne et sa r gulation par le monde adulte le cas des f tes techno Th se de doctorat de sociologie Universit Rennes II Office central pour la r pression du trafic illicite des stup fiants 2007 Usage et trafic de produits stup fiants en France en 2006 Nante
200. logue Institut Gustave Roussy Charles Galand doctorant en psychologie sociale Paris 8 et Institut Gustave Roussy Coordonn es Courriel anne petiau gni asso fr Courriel lionel pourtau igr fr Courriel charles galand hotmail fr Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 165 pp 165 199 Usages n o traditionnels des drogues R sum Le milieu festif techno forme un contexte propice l usage de substances psychoactives et en particulier de drogues de synth se De la d couverte de ces f tes un investissement plus large dans l univers culturel les parcours de consommation sont multiples et d pendent d un ensemble complexe de d terminants Cette tude a port sur l volution des parcours de consommation aupr s d une population professionnalis e parfois dans le milieu festif techno ayant commenc sa consommation depuis 6 15 ans Les donn es ont t analys es par le biais d une analyse de contenu Les r sultats de cette enqu te ont vis d crire les sp cificit s des consommations li es au milieu usage banalis polyconsommation sociabilit de l usage esquisser des parcours de consommation possibles partir de trois typologies d usage festif r cr atif et dopant analyser la facon dont les modalit s de contr le des consommations s int grent dans ces parcours pour parvenir un usage relativement maitris Dans une d marche de sant publique ces r sultats pe
201. mat rielles et surnaturelles Ainsi notre cosmovision nous incite voir l uvre de l herbo riste comme une pratique concr te semblable celle de nos docteurs occidentaux alors que celle du chamane comme une pratique spirituelle semblable celle de nos pr tres Un tel cadre de r f rence et de telles bipartitions traduisent inad quatement la perspective shipibo conibo Lorsque l herboriste emploie une herbe m dicinale pour fabriquer un empl tre et soigner une plaie il consid re tout comme l onanya que c est le maitre de la plante qui soigne la blessure Le v g tal n est Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 69 Usages n o traditionnels des drogues pas d crit comme une simple substance aux propri t s cura tives mais comme un sujet porteur de connaissances et de pou voirs particuliers Ainsi ce que nous consid rons comme un objet concret dans ce cas une plante s av re en fait le vecteur d une relation entre sujets soit entre l humain et le maitre du v g tal Puisqu il manipule intens ment les plantes m dicinales l herboriste est susceptible de rencontrer leurs ma tres en r ve La diff rence entre l herboriste et l onanya ne r side donc pas dans l opposition entre profane religieux ou nature surnature Elle n est pas une diff rence de principe mais plut t de degr ce sujet voir Viveiros de Castro 2007 l onanya intensifie les interactions avec les tres de la fo
202. mblay J et coll 2004 Les centres de r adaptation pour personnes alcooliques et autres toxicomanes Chefs de file des services en toxicomanie et jeu pathologique Montr al F d ration qu b coise des centres de r adaptation pour personnes alcooliques et toxicomanes Montr al Agence M diapresse inc 72 p Tsikounas M 2004 Quand l alcool fait sa pub Les publicit s en faveur de l alcool dans la presse fran aise de la loi Roussel la loi vin 1873 1998 Le Temps des m dias Nouveau Monde ditions Printemps 2004 2 p 99 114 Turner Lucien M 1894 1979 Indians and Eskimos in the Quebec Labrador Peninsula Ethnology of the Ungava District Hudson Bay Territory Qu bec Presses Com ditex Inuksiutiit Association 189 p Verdon M 1973 Anthropologie de la colonisation au Qu bec le dilemme d un village du Lac Saint Jean Montr al Presses de l Universit de Montr al 283 p Westermeyer J 1979 The Drunken Indian Myths and Realities In Mac Marshall d Beliefs Behaviors and Alcoholic Beverages A Cross Cultural Survey Ann Arbor The University of Michigan Press p 110 127 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 163 R sultats de recherche De la d couverte des substances psychoactives en milieu festif techno a l usage maitris Anne Petiau sociologue Institut de travail social et de recherches sociales ITSRS Lionel Pourtau socio
203. micile et attendent patiemment qu il ing re l ayahuasca et que les effets du psy chotrope se fassent sentir Lonanya fume alors abondamment de tabac et au fur et mesure que les visions psych d liques commencent il entonne les chants chamaniques Il dirige ces chants vers chaque personne pr sente et s attarde davantage sur les cas critiques Parfois il souffle de la fum e de tabac sur un corps malade et par une s rie de succions tente d en extraire un l ment pathog ne La r putation d un onanya cro t lorsqu il peut retirer une preuve visible de l affection comme un petit insecte ou l pine d un arbre et l exhiber au public La s ance de la prise de l ayahuasca se termine lorsque les effets hallucinog nes se dissipent l onanya s arr tant alors de chanter et dure g n ralement de quatre cinq heures Les per sonnes trait es discutent souvent de leurs soucis avant de partir 9 Pour des descriptions compl mentaires de s ances chamaniques parmi les Shipibo Conibo nous r f rons le lecteur Gebhart Sayer 1985 1986 et Ar valo 1986 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 81 Usages n o traditionnels des drogues et en guise de protection l onanya leur souffle une derni re fois du tabac Un observateur qui assiste une session chama nique voit en gros l onanya chanter et fumer sa pipe Le peu d action qui se manifeste lors d une session contraste avec les descri
204. n R f rences Bataille G 1949 La Part maudite pr c d de La notion de d pense Paris Minuit 231 p Becker H 1985 Outsiders tudes de la sociologie de la d viance Paris M taili 247 p Caill A 2000 Anthropologie du don Le tiers paradigme Paris Descl e de Brouwer Collection Sociologie conomique 282 p Caill A 2009 Th orie anti utilitariste de l action Fragments d une sociologie g n rale Paris La D couverte MAUSS 191 p Caill A 1994 Don int r t et d sint ressement Bourdieu Mauss Platon et quelques autres Paris La D couverte MAUSS Deshayes P 2004 De l amer la m re Quiproquos linguistiques autour de l ayahuasca Psychotropes 10 3 4 p 15 29 Deshayes P 2002 L ayawaska n est pas un hallucinog ne Psychotropes 8 1 p 65 78 Doherty B 2004 This is Burning Man New York Little Brown and Company 304 p Dumont L 1983 Essais sur l individualisme Une perspective anthropologique sur l id ologie moderne Paris Seuil 310 p Durand G 1990 Les structures anthropologiques de l imaginaire 10 d Paris Dunod 536 p Durkheim 1990 Les Formes l mentaires de la vie religieuse Le syst me tot mique en Australie Paris PUF 638 p Duvignaud J 1977 Le don du rien Essai d anthropologie de la f te Paris Stock Ehrenberg A sous la direction 1991 Individus sous influence D
205. n lequel gagne de plus en plus d adeptes parmi certains groupes de cette population L article d Anne Petiau Lionel Pourtau et Charles Galand nous transporte dans un tout autre univers d usage des Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 7 Usages n o traditionnels des drogues psychotropes qu est celui du milieu festif techno en France Les auteurs suivent au sein de ces milieux l volution des parcours de consommation d une population de professionnels initi e aux drogues depuis 6 15 ans en particulier aux drogues de synth se Dans une optique de sant publique ils insistent dans leur analyse sur les modalit s de contr le des consommations favorisant un usage relativement maitris des psychotropes parmi ces milieux Pour clore ce num ro Frangois Gauthier propose une th o risation des bons usages des drogues des fins rituelles et spirituelles dans la soci t de consommation d aujourd hui Le festival annuel Burning Man qui est la sc ne de nombreux usages de psychotropes dits n o chamaniques sert de pr texte cette r flexion th orique L auteur s emploie une d cons truction critique des approches essentialiste et diff rentialiste et de leur point de vue individualiste et holiste respectif pour proposer une troisi me voie d analyse tenant compte de la religiosit des pratiques et de leur unit fonctionnelle au del de leur division entre pratiques festives et pratiques spir
206. n ration ne boivent pas de fort mais peuvent boire des liqueurs plus sucr es et consid r es comme tant plus douces Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 151 Usages n o traditionnels des drogues La consommation de vin de table est arriv e plus tard comme ce fut le cas pour l ensemble du Qu bec Selon Pr vost et coll 1986 p 218 c est l Exposition universelle de 1967 Montr al qui marqua l ouverture de la province aux cuisines du monde en m me temps qu une gamme nouvelle d alcools Peu peu au cours des ann es 1970 mais surtout dans les ann es 1980 le vin de table se met accompagner les repas d gust avec des mets gastronomiques reprenant une culture du vin import e notamment de France une des grandes r f rences Dans les communaut s algonquiennes le vin de table est arriv tard il est rare mais quand il est pr sent il est choisi pour honorer de la grande visite c est dire des amis pour lesquels on a pris le temps de cuisiner Notons par ailleurs que les Am rindiens ne mentionnent pratiquement jamais le vin blanc La langue algonquine quant elle met l accent sur la couleur rouge du vin et connote le terme wisini cominabo vin de table de facon prestigieuse alors que le cominabo vieux vin cat gorie qui englobe les vins fortifi s est moins valoris La culture de l alcool chez les Am rindiens du Qu bec une culture politique l
207. n a l gitim l id e que la prise d hallucinog nes agirait comme source d enrichissement de la vie spirituelle Hamayon 2003 p 32 dans un contexte de personnalisation et de d sinstitutionnalisation de la religion Gauthier et Perreault 2008 En proposant l acc s imm diat l exp rience religieuse l tat brut par le biais d une pratique d lest e de toute obligation de croyance le n o chamanisme qui s en est inspir s est doubl d une dimension th rapeu tique et volontariste d tourn e d une vis e d harmonie sociale logique du chamanisme traditionnel au profit d un d velop pement personnel d une r harmonisation avec soi m me et le cosmos ainsi que d une qu te d nergie et de puissance d agir empowerment Les esprits du chamanisme ont mu dans le n o chamanisme en vagues entit s transpersonnelles et sous l influence de la psychanalyse et sa d couverte de l inconscient en pr sence soi gr ce aux contenus refoul s par la conscience Le tout sur fond romantique de d valorisation de l Occident et de valorisation corollaire de l exotisme et de l archaique Ainsi les n o chamanismes ou nouveaux chamanismes contempo rains sont n s non comme un point de vue superficiel pourrait le faire croire par opposition la rationalit des Lumi res mais au contraire comme un produit direct de celle ci par l interm diaire du romantisme Hamayon 2003 p 38 Le n o chamanisme s est assimil un
208. naire ou une sexualit incontr l e ne sont pas des gibiers potentiels Les consommer signifierait rechercher un comportement similaire attitude r prouv e qui est attribu e aux sorciers yobe Les Shipibo Conibo renforcent les interdits alimentaires lors de la tendre enfance Les tout petits sont jug s plus faibles et perm ables aux caract ristiques des aliments et donc plus vuln rables certaines indispositions nomm es copia Cette affection s explique comme une contagion incontr l e des attri buts des maitres Si un jeune enfant ing re par exemple la chair interdite du singe hurleur au lieu d en acqu rir les qualit s recherch es comme la rapidit et la force il risque plut t de devenir geignard comme la b te Les tabous s observent encore plus s v rement lorsqu il s agit de nouveau n s la contagion copia pouvant alors se transmettre par l entremise des parents Le nourrisson n est pas encore consid r comme une personne part enti re mais plut t comme un simple prolongement de ses g niteurs Si le p re ou la m re consomme par exemple la chair interdite du p cari le tout petit encourt le danger de se transformer graduellement en la b te en question il respire bruyamment grogne sue et gigote S1 l onanya n intervient pas temps la m tamorphose se compl te ce qui entra ne la mort de l enfant 14 La conjonction copi signifie cause de et le verbe copiti se venger L
209. ndant g n ralis Puisque ce terme r f re entre autres aux plantes m dicinales la plupart des Shipibo Conibo y recourent n cessairement De plus d s l enfance certains rao s emploient commun ment pour acqu rir des comp tences ou pallier des carences Ainsi ils permettent aux enfants de grandir de grossir de parler et de marcher Morin 1973 ils aiguisent l intel ligence et d veloppent certaines qualit s pris es comme la g n rosit Les rao perfectionnent l apprentissage des r les sociaux certaines plantes sont r put es pour aiguiser la vue des garcons elles leur permettent de mieux viser leurs proies et de devenir de bons chasseurs d autres favorisent l habilet des jeunes filles dans l laboration de l artisanat usage des rao r pond des motifs divers une femme enceinte manipule sciemment des v g taux forme phallique pour enfanter d un garcon un jeune homme se baigne avec les feuilles d un arbre imposant pour devenir galement robuste Les rao peuvent aussi rem dier une insuffisance humorale ainsi une femme qui manque de lait maternel se sert de la s ve blanche de l arbre shoco de m me la r sine laiteuse de l arbre awajora permet 20 onanya Roberto Santa Ana 2000 explique que le liquide devient dur comme une pierre et que l afflig e devient enceint e d un serpent ronon t ota Comme soulign ci dessus certaines parties d origine animale sont galement nomm
210. ndent sur la science Selon notre cosmovision tout ce qui d passe l entendement naturel le concret le mat riel est consid r forc ment comme tant de l ordre du surnaturel Les descriptions de for ts habit es par des tres anthropomorphes poss dant des maisons et des maitres avec qui les interactions sont possibles nous semblent donc saugrenues Pour sa part la tradition anthropologique a pendant longtemps pous un certain relativisme et a consi d r ces descriptions comme une vision du monde qui d coule de croyances religieuses Une telle approche ne nous lib re pourtant pas de nos a priori th oriques et nous renvoie illico notre propre dichotomie nature monde surnature vision et ses corollaires profane religieux ou r el irr el qui ne correspondent pas au point de vue shipibo conibo ce sujet reprenons notre probl me initial mentionn dans l introduction de cet article L herboriste shipibo conibo a sou vent t d crit comme celui qui soigne par l aspect mat riel des plantes m dicinales Tournon et coll 1986 Cardenas 1989 et Morin 1998 Puisque la propri t curative des plantes m di cinales est reconnue en Occident notre r flexe est d associer la pratique de l herboriste l ordre de la nature du tangible et du vrai Cette pratique a t oppos e celle de l onanya qui traite par l interm diaire d entit s invisibles de la for t id consid r es de surcroit comme im
211. nes comme l ayahuasca L influence qu ils exercent sur l tre humain indique la toute puissance de leurs maitres et justifie leur importance pour l initiation chamanique En vue d tablir un contact avec ces maitres le novice engage un rapport tr s symbiotique avec leur support il se baigne avec leurs feuilles boit des infusions base d herbes et d corces se recouvre d empl tres Il attire ainsi peu peu les maitres notamment par son odeur parfum e de v g taux et les rencontre de plus en plus fr quemment par r ve ou par l interm diaire de l ayahuasca Les maitres dictent alors les conditions de l initiation et participent la transformation radicale de l apprenti Par exemple lors de r ves les maitres jaguars peuvent sucer le sang du n ophyte pour le rendre l ger et sensible aux attributs des rao Devenant graduellement comparable aux maitres le novice se rend alors vuln rable l habitus humain notamment aux odeurs 18 Les sessions de vomissements sont provoqu es par d abondantes absorptions d une infusion ti de pr par e base de feuilles de basilic ou de tabac frais plantes consid r es comme parfum es inin 19 Le terme rao d signe surtout des v g taux Tournon 1991b Cependant les Shipibo Conibo ne r f rent pas au concept de r gne qu il soit humain animal v g tal ou min ral Ils ne se dissocient pas par essence des autres entit s du milieu la plupart partageant des instance
212. ngue Toungouse alors que le chamanisme dans sa forme pr sente serait une des cons quences de la p n tration du bouddhisme parmi les groupes ethniques de l Asie du Nord Est Entre autres en tokharien le mot samane signifierait moine bouddhiste op cit p 383 387 Tant dans la litt rature populaire que scientifique le chamanisme recouvre une multitude de pratiques ayant peu ou pas voir avec le chamanisme sib rien dit originaire Les figures du chamane et du sorcier se confondent tr s souvent si bien que l on peut parler tout aussi bien de chamanisme blanc ou noir que de magie blanche ou de magie noire Dans sa forme clat e les traces du chamanisme seraient pr sentes non seulement un peu partout aux quatre coins de la plan te mais se retrouveraient aussi loin dans le temps que sur les fresques des grottes de Lascaux ou encore un peu plus pr s de nous chez les Grecs anciens dont le Ph dre de Platon serait un des plus loquents t moignages Inutile de dire qu un tel polymorphisme du ph nom ne chamanistique autorise tous les exc s et fait l affaire de plusieurs lorsqu il s agit de d finir une pratique comme tant chamanique Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 27 Usages n o traditionnels des drogues Selon les groupes ethnoculturels ces esprits prennent diff rentes formes anc tres d funts lieux physiques personnages mythi ques pointes
213. nocimientos tradicionales sobre las plantas medicinales entre ellos los que se refieren a la A afra El recorrido de los herboristas rastafaris y de su hierba sagrada la dagga cannabis sativa ganja tiene un papel particular en relaci n con la A afta papel que se esbozar en este art culo El estudio revela las relaciones unificadoras de la dagga en las pr cticas fitoterap uticas rastafaris particularmente intensificadas por la relaci n antagonista con el sistema bio m dico legal sudafri cano todo ello en un contexto de mundializaci n No se trata entonces de hacer parecer ex tico al movimiento rastafari sino m s bien de comprender los enunciados y las propuestas que puedan servir para informar y desafiar a las epistemolog as cient ficas y biopol ticas 96 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Plantes m dicinales savoirs et soci t vue des rastafaris dominantes actuales En conclusi n la manera de promover los cono cimientos tradicionales sobre las plantas utilizando la trayectoria de los an lisis cient ficos cl nicos sigue siendo muy limitada Se sugiere m s bien la exploraci n de nuevas v as de comprensi n de la eficacia de los remedios Palabras clave antropolog a conocimientos plantas medicinales cannabis rastafari Sud frica Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 97 Usages n o traditionnels des drogues C est dans le cadre de leurs fonctions de gu
214. ns le culte au sang du Christ et son ingestion la communion voir Deshayes 2002 et 2006 37 L usage de l ayahuasca dans le contexte du culte du Santo Daime est l galis dans quelques pays d Europe dont les Pays Bas l Espagne et la Belgique En France les luttes en justice des membres de l glise pour faire reconnaitre leur droit l usage de la boisson sacr e et le respect de leurs pratiques religieuses se sont sold es en d faveur de ceux ci et avec l ajout de l ayahuasca parmi la liste des stup fiants Dans le contexte de la mondialisation les membres de l glise du Santo Daime ont fait du cyberespace un des lieux privil gi s pour d fendre leurs positions et faire reconnaitre leurs droits la libre pratique religieuse On peut consulter entre autres le site http libertedusantodaime free fr Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 35 Usages n o traditionnels des drogues rapports avec d autres traditions qu avec la soci t englobante Si l on peut qualifier de l ext rieur la Native American Church et l glise du Santo Daime comme tant n o traditionnelles pour leurs fid les l une et l autre n en sont pas moins des traditions h rit es par l intercession de leurs fondateurs du temps mythique des origines Dans les faits on constate que plusieurs pratiques dites traditionnelles par ceux et celles qui les ont adopt es et qui s identifient culturellement elles sont
215. nseil de recherche en sciences humaines CRSH aux niveaux doctoral et postdoctoral et du Fonds qu b cois pour la recherche en sciences humaines FORSC au doctorat Comment d crire interpr ter analyser comprendre et rendre compte du ph nom ne de consommation rituelle de psychotropes partir d une perspective socio anthropologique Dans le rite participant tout comme dans le mythe de l outillage des sciences des religions est il possible de surcro t d y voir l eeuvre ou affleurer une dimension religieuse Si la dimension religieuse des usages rituels de psychotropes ne semble pas faire de doute dans le cas des soci t s traditionnelles l eboga chez les Fang d Afrique le yag l ayahuasca chez les Tukano de la Colombie etc qu en est il des cas d esp ces dits n o traditionnels qui pullulent dans certains milieux sous culturels aujourd hui Derri re cette question s en trouvent d autres redoutables concernant la s cularisation la religion la spiritualit l exp rience mystique la transe l extase et le chamanisme notamment Dans le pr sent article nous nous pencherons sur la question des rapports entre drogues et religion dans sa g n ralit pist mologique herm neutique et analytique par l observation participante divers degr s de nombreux ph nom nes occidentaux contemporains dans les quels on retrouve une consommation ritualis e de substances Drogues sant et soci t vo
216. nsi la population concern e se situe dans une tranche d ge qui va de la fin de l adolescence la trentaine soit dans une phase de la vie qu il est convenu d appeler la jeunesse distincte de l adolescence Comprendre les usages et les parcours de consommation n cessite alors de replacer ceux ci dans cette situation sociale particuli re La jeunesse et la socialisation par l exp rimentation Le modele classique du passage l ge adulte est d fini comme le franchissement de plusieurs seuils le d part de chez les parents l entr e dans la vie professionnelle et la formation d une nouvelle unit familiale S1 l adolescence se d veloppe une sociabilit autonome au sein d un groupe de pairs les jeunes gens restent pour autant d pendants des deux instances de socialisation que sont la famille et l cole La jeunesse apparait lorsque cette p riode entre la d pendance adolescente et l autonomie li e l ge adulte s tire et prend des formes interm diaires Galland 1993 2001 situe aux ann es 1980 cette singularisation de la jeunesse D abord parce que celle ci s tire de par l allongement de la dur e des tudes qui entra ne une accession plus tardive la vie active mais aussi de par le report du d part de chez les parents de la mise en couple du mariage et du premier enfant Ensuite parce que des formes mixtes apparaissent la suite de la d connexion des seuils de passage au statut adulte Autremen
217. nstruction d un rapport de confiance et le sentiment que les enqu teurs ne jugeront pas d un point de vue moral les pratiques d viantes tudi es Enfin cette p riode d observation devait permettre de poser les th matiques de base des grilles d entretien ainsi que les crit res de recrutement des r pondants Le deuxi me temps est celui de la r alisation d une recherche par les m mes auteurs pour le compte de la MILDT et de INSERM 2006 Les deux chercheurs ont pu mobiliser leurs chantillons respectifs pour mener dix entretiens suppl mentaires 4 filles et 6 garcons g s de 23 31 ans La grille Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 171 Usages n o traditionnels des drogues d entretien a t labor e en s appuyant sur les grilles que les chercheurs avaient d j test es lors de travaux pr c dents et a t compl t e pour prendre en compte la dimension de carri re de consommation Le recueil de donn es a donc port sur une popu lation professionnalis e parfois dans le milieu festif techno ayant amorc sa consommation depuis 6 15 ans Les donn es ont t analys es par le biais d une analyse de contenu La pr sentation des r sultats vise d crire les consomma tions dans le milieu festif techno selon trois axes les sp cificit s relatives au milieu l volution des parcours et des types d usage les modalit s et d terminants du contr le Ces r sultats seront dis
218. nt et soci t vol 8 n 1 juin 2009 155 Usages n o traditionnels des drogues est floue entre un Indien de ville et un Am rindien qui adopte le d corum de la table et du vin comme acte d affirmation d une galit politique Les deux ont souvent aussi adopt des codes vestimentaires associ s au chic se d marquant des autres membres de leurs collectivit s qui portent plus volontiers des v tements pratiques et confortables et fr quentent l occasion les restaurants consid r s comme les plus hupp s de leur loca lit que ne fr quente pas le commun des autochtones Les deux occupent en g n ral des postes de pouvoir dans leur commu naut et ou dans des organismes am rindiens port e r gionale ou provinciale formant une lite qui n gocie qui prend la parole et des d cisions en bref qui est la plus visible Il est enfin dans cet ensemble de personnes qui boivent du vin de temps en temps une cat gorie sp cifique d indi vidus qui font en g n ral partie de l lite mais pas toujours il s agit d anciens alcooliques Ces hommes et ces femmes parlent d eux m mes comme tant d sintoxiqu s et racontent volontiers ceux qui leur demandent leur parcours de vie de l abus d alcool qui a mis en danger leur vie et celles des autres jusqu leur arr t de consommation qui parfois date de huit dix voire quinze ans Ils racontent avec nostalgie leurs brosses m morables so leries tou
219. nt stricto sensu pour caract riser la transe du chamane o la rem moration du voyage et des visions qu il a suscit es joue un r le d terminant dans le succ s de l op ration chamanique Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 29 Usages n o traditionnels des drogues des tats de conscience 27 associer le fait de chamaniser un tat de conscience si flou soit il revient reprendre la m me attitude d terministe tablissant une association sym trique entre contr le de soi et absence de pratique cha manique 5 En effet le chamanisme a longtemps t d valu voire combattu sous le r gime sovi tique et sa propagande ath iste parce qu il tait associ la magie la sorcellerie ou autres formes l mentaires de la vie religieuse L irrationalit apparente de certaines pratiques chamaniques comme l tran get du personnage chamane tait expliqu e la lumi re des interpr tations psychopathologiques On doit principalement M Eliade en associant les techniques archaiques de l extase l exp rience mystique des religieux d avoir sorti le chamane et le chamanisme du paradigme de l anormalit dans lequel ils taient jusqu alors rel gu s 1 le chamane et le chamanisme trouvent peu peu la suite d Eliade la voie de la normalit on ne peut pas en dire 27 Que ces tats de conscience soient qualifi s d alt r s ou de modifi s cela t
220. nt int gr e bien qu elle puisse illustrer l envers de l ordre social C est le cas notamment de certains rites de passage et d inversion tels que le carnaval qui renverse durant un temps d termin l ordre social et ses rapports hi rarchiques habituels Dans ces moments de licence festive les beuveries sont encourag es et jouent un r le de lubrifiant social La p riode plus ou moins ind termin e que l on appelle au Qu bec le temps des f tes 8 est en quelque sorte une r miniscence de traditions m di vales fond es sur le cycle des saisons et le calendrier agricole ot l on s adonnait des exces d alcool et de nourritures avant la disette hivernale Encore aujourd hui il s agit d un temps social suspendu ou la prise d alcool est la fois encourag e et r gul e par la mise en place de moyens de pr vention des m faits li s aux exces Dans tous les cas les p riodes de licence festive sanctionn es par la tradition doivent se terminer pour revenir au cours r gulier de l ordre des choses Si l on inverse ou suspend durant un temps d termin l ordre social habituel c est pour mieux le renforcer ensuite 18 Si le temps des f tes a repr sent traditionnellement la p riode depuis la veille de No l jusqu la f te des Rois aujourd hui dans un contexte de laicisation et de commercialisation il s tend sur une p riode toujours de plus en plus longue annonc e d s novembre par la parade du P
221. nt la professionna lisation dans ce domaine peut devenir un facteur de limitation et de maitrise de la consommation La responsabilisation par l organisation de free parties La prise de responsabilit s peut aussi avoir lieu par l im plication dans des sound systems organisateurs de free parties Cette responsabilisation pr sente la particularit de se mettre en place pour des raisons op rationnelles pr c dant le contexte l gal et le rapport l interdit ou la transgression Dans le cadre de l hypoth se d un d clin de l autorit morale des institutions l existence des logiques op rationnelles de contr le pourrait compenser la faible capacit des institutions faire passer des messages coercitifs ou inductifs de compor tements dans ce milieu Dans une telle d marche il s agira de replacer ces messages en r f rence des situations o le contr le de la consommation est requis pour l atteinte de buts concrets Les donn es de cette enqu te confortent cette id e en ce sens que le r le organisateur de free parties pousserait les usagers diminuer leur consommation ou du moins renforcer la n cessit de l auto contr le dans l usage dopant La responsabilisation dans le milieu festif semble aussi produire une baisse de la consommation par la diminution des plages de prises possibles De facon g n rale l activit profes sionnelle hors milieu festif pr sente un frein suppl mentaire li Drogues sant
222. nt pas les m mes rapports avec la tradition en particulier dans les soci t s pluralistes o cohabitent et se concurrencent plusieurs traditions et normes culturelles Ces rapports varient intrins quement selon les statuts les r les et les repr sentations de m me qu extrins quement en fonction des processus d acculturation qui marquent distinctement les groupes les individus et les pratiques Un usage traditionnel de psychotropes constitue dans son contexte originaire un marqueur identitaire Il est en ce sens un trait distinctif du groupe d appartenance Les attentes face cet usage sont socialement et culturellement d termin es L usager se conforme aux mod les et aux normes tablis comme s il suivait un sc nario d j crit Par sa capacit de modifier les rapports au temps et l espace l exp rience traditionnelle des drogues est parfois interpr t e comme un retour aux sources de la tradition Ainsi pr tend Marino Benzi 1972 p 412 chez les Huichols du Mexique l usage rituel du peyotl recr e l Espace 3 existe une volumineuse bibliographie sur les Huichols et l usage du peyotl M Benzi n est qu un auteur parmi d autres avoir contribu riger le chamanisme huichol en une figure paradigmatique de l usage traditionnel des drogues des fins religieuses et m dicales Je le cite ici uniquement titre d exemple du discours pr tendu ment scientifique anthropologique qui se forme partir
223. nthropologie N 17 18 Page consult e le 29 janvier 2009 sur le site http socio anthropologie revues org index45 1 html Devereux G 1977 Essais d ethnopsychiatrie g n rale Paris Gallimard 424 p Eliade M 1983 Le chamanisme et les techniques archaiques de l extase Paris Payot 1 dition 1951 447 p Ferland C 2007 M moires tabagiques L usage du tabac du XVe si cle nos jours Drogues sant et soci t 6 1 p 17 48 Furst PT d 1974 La chair des dieux L usage rituel des psych d liques Paris Seuil 1 dition anglaise 1972 285 p Freud S 1976 De la cocaine crits r unis par R Byck Bruxelles dition Complexe 352 p Gauthier Francois 2003 Recension de Thomas B Roberts dir 2001 Psychoactive sacramentals Essays on Entheogens and Religion Religiologiques N 26 Page consult e sur le site http www religiologiques uqam ca 26 26recensions Roberts htm Geertz C 1973 Religion as a cultural system The Interpretation of Cultures New York Basic Books p 87 125 Hamayon R 1995 Pour en finir avec la transe et l extase dans l tude du chamanisme Etudes mongoles et sib riennes centrasiatiques et tib taines 26 155 190 Hamayon R 2003 Faire des bonds fait il voler me De l acte rituel en Sib rie chamaniste Ethnologies 25 1 p 29 53 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 53 U
224. ntre des univers de compr hension en apparence irr conciliables On parle par exemple d une restitution du lien vital avec les puissances psychiques transcendant l ego et invitant une salutaire d flation du moi id p 14 Ou encore aux th oriciens qui pr tendent qu il faut que le th rapeute et le sujet appartiennent la culture d origine de ces pratiques on r torque que non puisque ces pratiques donnent acc s des engrammations intra psychiques personnelles qui demeurent coh rentes pour le sujet lui m me et touchent des soubassements qu on pourrait nommer transculturels parce qu atteignant des complexes psychiques universels amour haine rejet abandon peur paix etc id p 15 Dans tous les cas c est la question de la l gitimation de pratiques dans un autre cadre normatif que celui o elles ont cours traditionnellement qui pose probl me D o le r le influent qu ont pu jouer les intellectuels crivains chercheurs praticiens etc dans la reconnaissance de normes d usage a priori marginales voire d viantes par rapport aux repr senta tions sociales dominantes Un peu comme si ces intellectuels Selon son fondateur 67 des patients qui ont compl t le processus dans son entier ont obtenu des r sultats positifs Mabit 2001 p 16 42 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues devenaient soit les garants au n
225. o La d pendance souvent abord e dans une perspective m di cale peut aussi tre conceptualis e diff remment Comme le souligne Castel Un individu ordinaire peut se repr senter sa vie comme organis e autour de quelques lignes principales d investissement l histoire de son enfance celle de ses amours sa carri re professionnelle ventuellement son parcours politique intellectuel Normalement chacune garde une relative ind pendance et impose son propre type d exigences Le toxicomane av r serait celui dont le rapport au produit avec tout ce qu il implique comme organisation de l existence devient la ligne biographique dominante qui pollue les autres trac s de sa trajectoire et le d stabilise Ala limite il n y a plus des lignes biographiques relative ment autonomes elles sont rabattues sur les contraintes de l exp rience toxicomaniaque 1998 p 26 28 Ainsi dans la d pendance la toxicomanie constitue la seule ligne biographique de l individu c est dire que la vie est organis e autour de la recherche et de la consommation des produits 184 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Vers un usage maitris des psychotropes en milieu techno Amplitude et modalit s du contr le Dans cette perspective l usage peut tre appr hend selon l amplitude et les modalit s de contr le exerc es sur la consommation Plac s sur un continuum l usage ma tris
226. o En una perspectiva de salud publica estos resultados permiten considerar algunos caminos posibles para la sensibilizaci n sobre el control del consumo en un medio fuertemente afectado por el uso de drogas sint ticas Palabras clave medio festivo tecno sustancias psicoactivas carreras de consumo control uso controlado salud p blica 168 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Vers un usage maitris des psychotropes en milieu techno Remerciements Cet article est issu d une recherche qui a b n fici de l aide conjointe de la Mission interminist rielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie MILDT et de l Institut national de la sant et de la recherche m dicale INSERM dans le cadre de l appel projets de recherche lanc par ces deux orga nismes en 2004 Introduction L espace festif techno d signe les lieux o se d roulent des v nements organis s autour de ce courant musical Il comprend l espace techno dit alternatif free parties rave parties technivals mais aussi les clubs les discoth ques ou les soir es priv es Halfen et coll 2008 p 12 Alert par des associations telles que M decin du Monde qui rel ve en 1999 le d veloppement croissant de la consommation de substances psychoactives dans le milieu festif techno notamment des dro gues de synth se voir Sueur 1999 l Observatoire frangais des drogues et des toxicomanies OFDT a mis en place le di
227. o chamanisme consid r s ici comme des figures types de pratiques traditionnelles et n o traditionnelles serviront ensuite mieux comprendre ce qui les distingue sur le plan social et identitaire En plus de mettre en relief la mouvance des traditions l exemple du chamanisme et de ses pratiques d riv es permettra de d gager le r le d terminant que certains intellectuels ont jou et continuent de jouer dans la reconnais sance et la construction de nouvelles normes d usage Cela m amenera enfin soulever les nouveaux enjeux li s aux statuts et la l gitimit des pratiques traditionnelles et des traditions 16 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues mergentes dans le contexte de la mondialisation des cultures et de l information Usages traditionnels des psychotropes contextes et fonctions De tous les temps les psychotropes ont fait partie leur tat naturel de l environnement des humains Que ces substances d origine surtout v g tale mais aussi animale et m me min rale aient t utilis es importe peu ici Il est toutefois certain que les peuplades anciennes ont acquis au fil de leur existence un savoir r gissant leurs usages On peut imaginer que par un jeu d essais et erreurs elles ont accumul des connaissances sur leurs propri t s et leurs toxicit s Le partage et la diffusion de ce savoir vernaculaire ont certainement eu leur importance dans la
228. oci t vol 8 n 1 juin 2009 157 Usages n o traditionnels des drogues parce qu ils se comparent eux aussi aux allochtones Si ces derniers sont capables de boire raisonnablement alors pourquoi les autochtones eux ne le pourraient ils pas arguent ils En dernier lieu on pourrait avancer que boire du vin alors qu on est visiblement Am rindien est un acte politique de par le contexte dans lequel il s inscrit Au Qu bec personne ne s attend ce qu un Am rindien s affiche comme amateur de vin Il est certain que le ph nom ne reste tr s marginal mais cela ne veut pas dire qu il n existe pas nous avons constat la pr sence d ouvrages de vulgarisation en cenologie chez deux familles vivant toutes deux en ville Nous avons aussi rencontr dans des SAQ des Am rindiens demandant conseil aux employ s au sujet du vin ad quat pour accompagner un repas Or la d marche en elle m me tonne car elle attire les regards Il en va de m me pour le fait de commander du vin dans un restaurant particuli rement en r gion m me si le serveur ou la serveuse ne fait pas de remarque la tension est pr sente Les villes situ es proximit des communaut s regorgent en effet d histoires sur les Indiens qui virent des brosses les anecdotes pullulant sur le sujet Et il n est Jamais bon dans un restaurant qu un client risque de troubler l ordre de la salle Conclusion Cet essai aura permis de d montrer qu i
229. ociaux fonda mentaux difficilement traduisibles entre ces deux formes de savoirs savoir les savoirs dits scientifiques et les savoirs d ordre traditionnel La vie pour l ing nieur g n tique est model e sur le d terminisme et sur sa valeur pr dictive Shiva 1997 p 22 alors que d autres verront l ind terminisme et l impr visibilit comme des caract ristiques des organismes vivants et de la manipulation des organismes vivants Dans le cas de la dagga une approche r ductionniste fait en sorte qu il n est pas possible d en reconnaitre l utilit m dicale que lorsqu un de ses principes actifs au niveau mol culaire est associ une condition biologique particuli re comme dans le cas du glaucome au Canada La dagga et son r le de source de savoir valable au sein du complexe rastafari sont intrins quement li s une mani re de vivre une philosophie et ses pratiques et sont difficilement reconnaissables dans le registre biom dical 114 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Plantes m dicinales savoirs et soci t vue des rastafaris L usage de la dagga tombe davantage dans le registre criminel soit au Canada soit ailleurs dans le monde comme en Afrique du Sud L acceptation de l usage de la dagga s implante lentement aujourd hui dans des cas particuliers tel celui d un jugement r cent de la Cour supr me de Cassatia italienne qui a permis la possession personnelle de marijuana
230. oir besoin durant l v nement tout en respectant une stricte thique cologique consistant ne laisser aucune trace de leur passage L v nement est parfois qualifi d anti Disneyland ou d anti Woodstock en raison de son imp ratif de participation et son opposition au spectacle l organisation ne fournit rien d autre que l infrastructure de base les activit s et les services tant du ressort des participants le spectre est consid rable l imagination est d bordante et les moyens mobilis s peuvent tre tr s importants Pour la dur e de l v nement cette com munaut forme une v ritable ville Black Rock City BRC temporairement la quatri me en importance au Nevada avec son a roport son bureau de poste ses journaux et tout ce qu il est possible d imaginer du plus vident au plus improbable L une des particularit s les plus frappantes est la constitution anti commerciale de BRC suivant laquelle toutes formes d change 1 On pourra consulter le site Internet www burningman com pour de plus amples informations et une tr s riche biblioth que d images prises travers les ann es Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 207 Usages n o traditionnels des drogues marchand et de publicit sont formellement interdites au profit d une foisonnante conomie de don Plus qu un v nement annuel BM est devenu un v ritable ph nom ne culturel aux dimensions et ramifications multiples
231. ominante et au christianisme Les formes du culte prendront des connotations sp cifiques selon l interpr tation des diff rents pr dicateurs visionnaires Pour certains l usage du peyotl a la m me valeur cultuelle que l hostie eucharistique En 1914 le culte du peyotl fut enregistr officiellement sous le nom de Church of the First Born puis en 1918 sous celui de Native American Church id p 649 Valoris et m me l galis partir de 1977 l usage du peyotl est restreint au cadre normatif du culte Tout usage en dehors de ce contexte institutionnalis reste d viant Boyer et ses collaborateurs 1997 rapportent l exemple d une r serve apache ou l usage du peyotl a t la source de graves conflits partir du moment o son usage en dehors du culte est devenu un terrain propice l expression de rivalit s chamaniques et d attaques de sorcellerie Les hostilit s qui ont pris une tournure sanglante ont t attribu es au peyotl et son usage a t banni par la communaut 34 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues L glise du Santo Daime au Br sil est un autre exemple de n o tradition n e de la mouvance et du m tissage de traditions chamaniques avec d autres traditions religieuses V ritable syncr tisme conciliant l ensemble des principales sources religieuses du Br sil am rindiennes africaines chris tianisme spiritisme etc le culte d
232. omme tant la fois une culture et une doctrine de politiques trang res mergentes Landsberg et Hlophe 1999 Ferguson 2006 p 114 115 y verra plut t un moment ph m re restreint aux ann es de son mergence 1997 1999 La renaissance africaine r fere n anmoins un renouveau de l Afrique en termes de strat gie d africani sation et de communication largement fond e sur un d sir de reformer les liens avec les racines africaines Ce mouvement de la politique africaine rejoint la philosophie rasta De m me l objectif de promouvoir les savoirs traditionnels gr ce l essai clinique d une plante m dicinale autochtone sud africaine rejoint le mouvement de mobilisation pour la reconnaissance de la dignit africaine 106 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Plantes m dicinales savoirs et soci t vue des rastafaris Savoir entourant la dagga Le 9 novembre 2007 j assiste une rencontre nationale organis e par la branche des Syst mes de savoirs autochtones Indigenous Knowledge Systems IKS du MRC de l Afrique du Sud responsable des affaires autochtones Je suis invit e participer une discussion sur les mani res de g rer les kiosques d herbes m dicinales dans la ville de Cape Town initiative organis e par un repr sentant de la ville ayant convi plus de 60 amagqirhas inyangas Xhosa herboristes rastas et divers repr sentants de m decines alternatives de l UWC de l Af
233. on Wasson dans la revue Life Nombreux par la suite seront les touristes hippies qui prendront la route vers le sud du Mexique pour en faire l exp rience Les graines de la contre culture psych d lique taient sem es Bonasse 2005 p 12 13 Les ann es 1950 ont vu se multiplier dans les milieux intel lectuels les exp riences avec le LSD par l entremise principa lement du chimiste Albert Hofmann qui d couvrit ses propri t s hallucinog nes en 1943 Ce m me Hofmann synth tisa en 1958 la psilocybine partir de champignons mexicains ramen s par Wasson id p 12 14 ainsi que plusieurs autres substances psychotropes C est aussi cette poque que l on d couvre dans les m mes milieux les techniques archaiques de l extase conduisant au voyage chamanique Ce n est que dans les ann es 1960 que le contexte social et culturel devint parmi une certaine jeunesse occidentale un l ment justificatif de l usage des drogues Elles se r v leront alors comme un moyen de lib rer les consciences et de contester l ordre moral ali nant de la soci t Le psychologue et cri vain Timothy Leary est un des chefs de file de cette r volution psych d lique Selon lui l usage des drogues psych d liques est une exp rience la fois mystique et politique permettant de voyager dans de nouveaux champs de conscience M lant enseignement bouddhiste pratique chamanique et usage poli tique de l exp rience psych d
234. on de drogues est encadr e par un ensemble de r gles tablies dont le respect est garanti par un syst me de sanctions Les observations propres notre chantillon se rapportent aussi cette id e la sanction pouvant se manifester par le rejet ou l exclusion d un membre dont les consommations diff rent trop de celles du groupe Le contr le de l usage d une substance stup fiante est un processus au cours duquel l usager est initi aux conditions qui rendent possible une certaine maitrise de la consommation La pression normative du groupe n aboutit pas syst matiquement l acquisition d une capacit r guler ses consommations Celle ci doit davantage tre vue comme le r sultat d appren tissages de parrainages de savoirs communautaires Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 189 Usages n o traditionnels des drogues Le r le ambigu des contr les sociaux Pour Castel et Coppel 1991 les auto contr les sont pour une part l int riorisation des contr les sociaux et l gaux des drogues illicites p 237 256 Pour ces auteurs c est parce que l individu a fait siennes les repr sentations n gatives de la toxicomanie son interdit moral et l gal qu il peut maitriser sa consommation Mais le r le des contr les sociaux apparait de facon plus ambigu au cours de cette enqu te Les con tr les sociaux semblent en effet freiner dans un premier temps l engagement dans la consommation car la d
235. onnent en premier que c est l alcool le plus accessible et le moins cher On le trouve dans les d panneurs les supermarch s et n importe quelle picerie contrairement aux autres alcools Les marques am ricaines et canadiennes sont privil gi es car ce sont aussi celles qui sont connues depuis le plus longtemps Mais sous la rubrique bi re il y avait une diversit d alcools qui ne sortaient pas toujours des brasseries la bi re de beans la bi re de raisins la bi re de framboises la bi re d pinette et la bi re la bibite rentraient aussi dans cette cat gorie Tous ces alcools de fabrication maison ont disparu Mais qui les fabriquaient Mistassini en 1962 Dagenais signalait la pr sence de bi re de beans et de raisins dans plusieurs fiches Il son informateur a mentionn que quelques uns en faisaient le samedi matin et la consommaient le samedi soir Et ceci a frappe m a t il dit BD n 177 Un blanc m a dit que tous les Indiens se faisaient de la bi re dans leur tente C est de la bi re de beans comme il dit Il semble qu ils en feraient une assez grande consommation BD n 63 Dans une de ses fiches il en fournit m me la recette Quant aux Naskapis s dentaris s du c t qu b cois ils ne semblent pas avoir appris produire eux m mes de l alcool Robbins indiquait au d but des ann es 1970 que the most Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 145 Usages n
236. onnus comme tant les Boers ou Afrikaners Une lutte de pouvoir entre les colonisateurs anglais et les colonisateurs hollandais permit au Parti national Afrikaner d obtenir une majorit dans les ann es 1940 c est d ailleurs ce parti qui mit en place les lois de l apartheid en 1948 lois qui institutionnalis rent la dis crimination raciale Sous la loi de la discrimination raciale les Sud Africains sont classifi s en trois cat gories les Blancs les Noirs africains et les Coloureds de descendance mixte La cat gorie des Coloureds inclut les sous groupes majeurs comme les Indiens et les Asiatiques Les Coloureds parlent pour la plupart l Afrikaans langue premiere parl e par la majorit des rastafaris dans les townships de Cape Town Les rastafaris sont de cultures mixtes ils sont pour la plupart tiquet s Coloureds dans la hi rarchie de l apartheid hi rarchie fortement contest e par le mouvement rasta Les lois de l apartheid ayant t officiel lement retir es en 1991 les rastafaris du Cap sont aujourd hui beaucoup plus int gr s la soci t nationale L histoire r cente de l apartheid en Afrique du Sud a rendu ce territoire propice l expansion du mouvement rasta parti culi rement au moment de la mobilisation pour la renaissance ES Le contexte politique sud africain l int rieur duquel se situent les rastas de Cape Town fait en sorte qu ils ne sont pas les plus noirs ce statut revient aux
237. ontribuer un mouvement auquel on croit appartenir La drogue l ment de sociabilit et de socialisation La banalisation de l usage de drogue dans les contextes festifs techno rend aussi compte d une certaine sociabilit et d une socialisation dans ces espaces festifs par le biais de l usage de psychotropes Le partage de produits semble faire partie int grante de la sociabilit ordinaire au sein du groupe d interconnaissances ou m me lors de rencontres dans l espace festif partager de l ecstasy se rendre dans une voiture pour offrir une ligne de cocaine ou de speed s av rent tre des pratiques constitutives de convivialit La drogue semble aussi tre un l ment de socialisation en ce sens que sa pr sence s inscrit plus largement dans l univers culturel li aux f tes techno Son usage o du moins la tol rance envers son usage peut aller de pair avec l int gration ce milieu Le passage de la simple fr quentation des f tes une participation plus large l univers culturel techno peut avoir pour effet une augmentation des consommations C est notam ment le cas des artistes qui se produisent sur la scene techno qui y sont particuli rement expos s Le d veloppement d activit s au sein de l espace festif et l engagement dans des groupes li s aux musiques lectroniques impliquent aussi que les per sonnes restent plus durablement dans un environnement o la polyconsommation de drogues de synth se
238. oon becomes known that beer is to be had Turner 1894 1979 p 140 Ces bi res taient elles r pandues chez les Qu b cois Tout porterait le croire en lire la description minutieuse que fournit Paul Charest en 1970 des boissons alcoolis es de fabri cation locale en Basse C te Nord part la bi re d pinette qui existait depuis longtemps et tait consomm e principalement pour ses propri t s m dicinales Charest 1970 p 338 les boissons ferment es n auraient commenc tre fabriqu es dans cette r gion qu partir des ann es 1940 Outre qu il s agissait des boissons les plus consomm es bi re faite maison et bi re achet e l auteur a rapport qu il en existait base de patate de riz de betterave de gen vrier etc id p 339 Toutes ces boissons avaient pour ingr dients de base le sucre le con centr de malt et les sachets de levure de marque Fleischmann s id p 339 La bibitte elle n tait pas base d insectes comme pourrait le faire croire son nom mais tait ainsi appel e Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 147 Usages n o traditionnels des drogues cause des vapeurs qu elle d gageait et qui attirait les bibittes mot qu b cois d signant les bestioles comme les moustiques ou les mouches noires La plus ancienne de ces bi res semblait tre la bi re d pi nette selon Charest mais aussi selon Rousseau 1961 p 48
239. opri t du rao 8 R p tons encore une fois qu une m me logique sous tend le traitement de l herboriste et celui de l onanya Bien que ces experts manipulent diff remment 26 Malachra capitata 27 Chant chamanique de l onanya Justina Vencedor 2000 28 A ce sujet une critique est galement apport e par Townsley 1993 parmi les Yaminahua les paroles des chants chamaniques ne peuvent pas avoir d efficacit symbolique puisque les non initi s ne saisissent pas le langage m taphorique des maitres et des chamanes 80 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes les rao ils cherchent dans les deux cas communiquer les attributs des ma tres des rao La diff rence est que l herboriste peut partiellement communiquer avec les maitres des rao tant limit aux rencontres qu il prouve lors de ses r ves alors que l onanya provoque et d veloppe les relations avec les maitres gr ce l usage de l ayahuasca Explicitons davantage ce pro c d en d taillant une s ance chamanique La session de la prise de l ayahuasca exp rimenter les cosmologies chamaniques La session de la prise de l ayahuasca se d roule la tomb e de la nuit lorsque la plupart des activit s de la com munaut cessent le calme et la noirceur favorisant les visions hallucinog nes et auditives Les personnes qui recherchent les soins de l onanya le rejoignent son do
240. or t est ainsi peupl e d une multi plicit d tres aux connaissances singuli res qui sont souvent d sign s par le terme ma tre ibo Les lacs et les rivi res par exemple d tiennent comme ma tre l anaconda Ronin qui prot ge f rocement son domaine aquatique Ce ma tre peut aussi 9 Le concept de ma tre se retrouve dans plusieurs populations amazoniennes Pour un article de synth se sur le sujet se r f rer Fausto 2008 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 65 Usages n o traditionnels des drogues se manifester sous la forme d un immense bateau ou sous son apparence humaine par de jolis v tements dont les dessins g o m triques rappellent la peau du boa La puissance des maitres r side dans leur pouvoir transformateur comme dans les r cits mythiques ils pousent une multiplicit de formes fluctuantes permutations qui prennent sens lorsqu elles sont analys es la lumi re de la mythologie voir Colpron et Cesarino s d Dans un pass mythique les Shipibo Conibo pouvaient voir les maitres qui peuplent la for t sous leur apparence humaine ils communiquaient et interagissaient avec eux b n ficiant ainsi de leurs expertises mais ils ont graduellement perdu ces facult s et d sormais ils ne font que les pressentir Lorsque les Shipibo Conibo parcourent la for t un signe distinctif leur rap pelle parfois la pr sence des maitres comme le fait d
241. oriot et coll 1993 150 Les Shipibo Conibo emploient aussi l appellation r gionale d origine quechua cutipado Cutipa signifie retourner redonner changer Cardenas 1989 Ce concept se retrouve un peu partout en Amazonie p ruvienne Ainsi parmi les Lama un homme qui se marie avec la s ur de son beau fr re est dit cutipado la femme enlev e sa s ur lui est redonn e sa nouvelle femme Regan 1993 Ce terme est aussi utilis en agriculture si le manioc est r colt et imm diatement replant il est retourn la terre id Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 71 Usages n o traditionnels des drogues En plus de l alimentation l affection copia peut r sulter d une multitude de gestes quotidiens qui impliquent aussi des maitres comme se promener sous un arc en ciel lorsqu il pleut des petits abc s se forment alors sur le corps l image des gouttes de la pluie La pr sence des maitres et leur impact sur l tre humain se manifestent ainsi au quotidien De plus bien qu il ait jusqu ici t question des maitres de la for t il serait cependant inexact de penser que seules les entit s naturelles poss dent des ma tres Comme mentionn ci dessus le concept de la nature r pond notre propre cosmologie occidentale Descola 1992 1996 mais n a pas d quivalent parmi les Shipibo Conibo Plusieurs biens mat riels que les Occidentaux classent en t
242. ortait sur les sound systems techno dans le cadre d une sociologie compr hensive de la d viance incluant les consommations de substances psychoactives dans les pra tiques interrog es et les trajectoires des acteurs en r f rence la notion interactionniste de carri re de d viant Becker 1985 Le travail d A Petiau portait sur les parcours des amateurs et des musiciens dans l univers culturel techno entendu au sens large incluant le milieu des f tes lectroniques ill gales free parties et teknivals et l gales raves parties et discoth ques Les consommations de drogues ont t abord es dans les entre tiens en tant qu l ments des parcours de vie et parfois l ments de socialisation dans ce milieu social Les deux chercheurs ont mis en uvre une m thodologie d observation de mani re pr paratoire puis parall le la campagne d entretiens Bien qu incluses dans deux travaux aux perspectives propres ces d marches d enqu te se rejoignent sur plusieurs points elles ont vis dans un premier temps se familiariser avec un monde social qui peut tre m fiant vis vis des observateurs ext rieurs cas du pendant clandestin du milieu festif techno et approcher des sujets susceptibles de pouvoir accorder des entretiens Les sujets interrog s ont donc t rencontr s directement ou indirec tement dans le cadre de m thodologie d observation participante s tendant sur plusieurs ann es ce qui permet la co
243. ory and Ethnographic Setting of Cannabis sativa in Southern Africa In V Rubin sous la direction Cannabis and Culture The Hague Mouton Publishers p 81 118 Edmonds E B 2003 Rastafari From Outcasts to Culture Bearers Oxford Oxford University Press 194 p Eskrine N L 2005 From Garvey to Marley Rastafari Theology Gainesville University Press of Florida 225 p Ferreira M 1987 Medicinal use of indigenous plants by elderly Coloureds A sociological study of folk medicine South African Journal of Sociology 18 4 p 139 143 Ferguson J 2006 Global Shadows Africa in the Neoliberal World Order Durham and London Duke University Press 257 p Kepe T 2003 Cannabis sativa and rural livelihoods in South Africa politics of cultivation trade and value in Pondoland Development Southern Africa 20 5 p 605 615 Komegy F et Landsberg C 1998 Mayivuke Africa Can South Africa lead an African Renaissance Centre for Policy Studies PIA 11 1 p 4 Kroll F 2006 Roots and Culture Rasta Bushdoctors of the Cape SA In W Zips sous la direction 4 Universal Philosophy Rastafari in the Third Millennium Kingston Ian Randle Publishers p 215 255 Landsberg C et Hlophe D 1999 The African Renaissance as a Modern South African Foreign Policy Page consult e le 17 ao t 2008 sur le site http www ceri sciences po org Laplante J sous presse
244. ouchement l herboriste peut recommander une d coction base de cacao ou de malva 6 rao muqueux dont les ma tres aux qualit s visqueuses incitent l enfant glisser facilement hors du corps de la m re Pour que les rao soient effectifs la mere doit viter tout aliment trop semblable muqueux ou oppos sec dur L onanya aux prises avec une parturition difficile se sert des m mes rao que l herboriste et dicte les m mes tabous la m re N anmoins s il a d j incorpor le pouvoir du cacao ou du malva il n a pas besoin de recourir au v g tal en tant que tel Ayant lui m me acquis les qualit s des maitres des rao il peut les transmettre lors de traitements chamaniques Ainsi lorsqu il ing re l ayahuasca il v hicule son pouvoir sous forme de chants qui d taillent les attributs visqueux des maitres en question escargots baveux qui glissent ais ment sur le sol ou poissons gluants qui se faufilent entre les mains2 Les associations qui s effectuent entre les rao leurs maitres leurs pouvoirs et l affection qui est trait e ne sont pas arbitraires ils sont plut t guid s par des qualit s communes dans ce cas la mucosit qui favorise l accouchement La similarit de cet exemple avec le cas classique tudi par Claude L vi Strauss 1958 parmi les Cuna incite une pr ci sion selon la perspective shipibo conibo il n est pas question d efficacit symbolique id mais bien de la transmission d une pr
245. our qualifier les diff rentes formes de pratiques et de savoirs n s en Amazonie du mouvement d change entre les chamans urbains et leurs con fr res indig nes Ce mouvement est bidirectionnel puisque l on observe un afflux croissant de jeunes indig nes dans les villes pour y tudier les arts chamaniques aupr s d instructeurs m tis qui eux d veloppent la tendance inverse id p 99 Les n o chamanes que sont les chamanes urbains ou m tis font preuve dit J P Costa 2007 p 97 d un exceptionnel 38 Voir le site de la fondation http www shamanism org Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 37 Usages n o traditionnels des drogues polymorphisme Autant leurs pratiques peuvent elles relever de la th rapie de groupe et du d veloppement personnel autant peuvent elles s inscrire dans le syst me de soins des popula tions locales On adapte l offre en fonction de la demande Par exemple les gu risseurs amazoniens pourront avoir recours dans leurs pratiques des techniques chamaniques trang res leur tradition mais sauront aussi moderniser leurs discours et leurs services en fonction du contexte et de la demande La marge de manceuvre dont disposent les gu risseurs et les cha manes qu ils soient m tis urbains ou traditionnels est propice toutes sortes de d rives Le prestige et les avantages financiers d coulant de leurs pratiques peuvent tre source d envie et de
246. p 241 Ces inspirations peuvent se r v ler sans la consom mation de dagga mais l absorption de cette derni re facilite Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 109 Usages n o traditionnels des drogues l acc s aux intuitions un acc s encore accentu lorsque combin la musique L tat visionnaire engendr par la dagga permet en quelque sorte d atteindre la conscience and I je et je au fond du mouvement soit la fusion de l individu avec toutes les forces de la nature la r alisation que toute vie coule de la m me source et l limination de la distance entre l interne et l externe entre sujet et objet Yawney 1978 p 216 traduction libre Certains rapprochements peuvent tre tablis entre cet tat de conscience and I recherch et des pratiques r centes en sciences sociales actuelles o l on tend vers une conscience I am I je suis je c est dire qui renvoie au r flexe privi l giant l ind termination en ramenant les personnes au coeur de leurs recherches diminuant ainsi la distance entre le sujet et l objet Beck et coll 1994 expliquent comment la modernit r flexive actuelle am I tend ne plus s parer le sujet de l objet par contraste avec une modernit pr c dente qui peut se d crire comme tant une conscience 1 think therefore I am je pense alors je suis voulant refl ter la v rit de mani re directe objective en s parant le sujet
247. pation plus large l univers culturel contribue l volu tion des parcours de consommation Comme nous avons pu le voir la modification du rapport aux drogues va de pair avec l engagement dans des activit s et plus particuli rement avec la professionnalisation en milieu festif Trois typologies d usage ont t distingu es pour rendre compte des carri res de consommation L usage festif correspond la contextuali sation la plus forte de la consommation dans la f te L usage 194 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Vers un usage maitris des psychotropes en milieu techno r cr atif apparait comme un prolongement des consommations dans des cercles amicaux plus restreints Enfin l usage dopant se pr sente comme la suite logique de l entr e de la consomma tion dans la sph re professionnelle Au del du changement de contexte dans l usage ces typologies rendent compte de la mise en place progressive dans les parcours d un auto contr le des consommations d une autonomie dans l approvisionnement des produits et d une ind pendance vis vis des consommations des pairs Ces typologies ont t mises en relation avec les notions bien connues d usage simple d usage abusif et de d pen dance Ainsi les usages festifs r cr atifs et dopants peuvent s inscrire dans le cadre d un usage ma tris mais les modalit s du contr le diff rent selon les usages En effet la r gulation par le groupe
248. penche plus particuli rement cet article La plante concern e par le projet de TICIPS est l Artemisia afra Jacqu Ex Willd connue sous le nom umAlonyane en Xhosa et Zulu lengana en Tswana zengana dans le Sotho du Sud wilde als en Afrikaans wild wormwood en anglais van Wyk et Gericke 2007 p 142 Il s agit de l une des plantes m dicinales les plus anciennes et les mieux connues chez les amagqirha gu risseurs et inhyangas herboristes Xhosa ainsi que chez les herboristes rastafaris Cette plante se situe au coeur m me des soins domestiques sud africains La liste de ses usages en Afrique du Sud couvre une vari t de maux allant de la toux la fi vre la perte d app tit les coliques la malaria au diab te et l influenza elle est consomm e en n ma cr me 100 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Plantes m dicinales savoirs et soci t vue des rastafaris infusion lavage corporel lotion elle est fum e renifl e ou bue sous forme de th Les amagqirha gu risseurs divinateurs Xhosa qui laborent leurs diagnostics et rem des en communi quant avec les esprits ancestraux Wreford 2008 les inyangas sp cialistes en herbes m dicinales Xhosa et les herboristes rastafaris c toy s lors de ma recherche de terrain confirment un usage r gulier de cette plante elle se retrouve d ailleurs sur les parterres d une majorit d entre eux Cette plante a t s lectionn e parmi q
249. portance de la probit morale qui doit orienter la pratique professionnelle des Uwishins mais aussi sur l exemplarit de leur mode de vie aux yeux des autres membres de la communaut Aussi peut on lire sur leur site Web C est au moyen de notre conduite irr pro chable d montr e en tout moment que nous permettrons nos communaut s de diff rencier le charlatan du v ritable Uwishin www cuwish org Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 33 Usages n o traditionnels des drogues Mouvance chamanique et syncr tismes religieux L usage de substances hallucinog nes en dehors de leur cadre normatif traditionnel repr sente des risques bien r els d o l importance de la l gitimit du contexte dans le lequel ces n o usages se d roulent De la mouvance chamanique sont issues de nouvelles traditions ou n o traditions qui sans se d finir comme n o chamaniques adoptent sous forme de syncr tismes des l ments du chamanisme traditionnel L exemple le plus clairant est certes celui du culte du peyotl qui se r pand partir environ de 1885 du sud du Texas jusqu au Canada et qui est aujourd hui pratiqu dans une cinquantaine de r serves am rindiennes Bellinger 2000 p 648 S inspirant de la d votion envers le peyotl des populations du nord du Mexique dont les Huichols le culte du peyotl s inscrit l origine dans un mou vement de r sistance la soci t d
250. prement dit On ne peut r pondre ces questions en quelques pages d autant plus qu il s agit de ph nom nes qui recouvrent une multiplicit de r alit s Il n existe pas un mod le unique et universel du chamanisme qui vaut pour toutes les situations Le chamanisme comme le n o chamanisme sont des constructions intellectuelles dans la mesure o ils n existent pas comme cat gorie sp cifique dans 20 Je pense entre autres au succ s de librairie que connaissent l poque les livres de l anthropologue Carlos Castaneda J y reviendrai dans la prochaine section alors que j examinerai quelques uns des r les jou s par les intellectuels dans la norma lisation et la popularisation des usages n o traditionnels des psychotropes Dans un article sur les strat gies sociales des groupes n o chamanistes C Laflamme 2000 p 75 relie l int r t actuel pour le n o chamanisme la red couverte des traditions chamaniques par les Occidentaux Or faut il le souligner avant les ann es 1980 la connaissance du chamanisme tait limit e aux initi s et un petit nombre de chercheurs Aussi le n o chamanisme ne nait pas de la red couverte mais bien de la d couverte hors des milieux d initi s et d rudits du chamanisme proprement dit 26 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues aucune langue vernaculaire22 Par d finition le chamanisme d signe le champ d
251. prises d ayahuasca et de LSD notamment par rapport aux contextes hyper ou priment l abandon la musique la danse et la foule sur exploration de l int riorit Elle conf re aux psychotropes le pouvoir d induire la transe et l extase voire d tre l origine de l exp rience du sacr C est ainsi que de plus en plus d auteurs parlent de certaines substances comme le LSD ou l ayahuasca par exemple en termes d enth og ne entheogen soit tymologiquement une substance facilitant le contact avec le dieu int rieur Si la sous d finition s av re plus neutre substance prise afin d occasionner une exp rience religieuse primaire on ne doit pas tre dupe en juger partir d un ouvrage r cent rassem blant plusieurs auteurs utilisant la notion d enth og ne Roberts dir 2001 tels que Stanislaf Grof Rick Doblin Huston Smith etc Dieu ici une figure polymorphe fortement syncr tiste la fois int rieur et transcendant est un a priori qui traverse de part en part les textes des auteurs Ces derniers en accumulant les r cits exp rientiels versant dans la profession de foi ressem blent une chapelle d ardents convertis cherchant l gitimer leurs exp riences psychotropes dans un vocabulaire religio scientifique M me Huston Smith en vient argumenter en Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 217 Usages n o traditionnels des drogues appui
252. processus des essais pr cliniques m nent d un c t vers une manipulation optimale de la vie mol culaire de la plante et d un autre c t vers la revisite de la politique de vie de toute plante Cette r vision appelle s ouvrir sur de plus amples complexit s dont celles provenant des savoirs autochtones qui proposent des compr hensions plus relationnelles de l efficacit des rem des et comme l exhibent clairement les herboristes rastafaris Le rem de semble t il a besoin de son contexte R f rences Beck U Giddens A et Lash S 1994 Reflexive Modernization Cambridge Polity 225 p Bird David N 1999 Animism revisited Personhood environment and relational epistemology Current Anthropology 40 Suppl p S67 S91 Capra F 2005 Complexity and life Theory Culture amp Society 22 5 p 33 44 Crouzel I 2000 La renaissance africaine un discours sud africain Politique africaine 77 p 171 182 Csordas T J 1996 Imaginal performance and memory in ritual healing In C Laderman et M Roseman sous la direction The Performance of Healing New York Routledge p 91 114 118 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Plantes m dicinales savoirs et soci t vue des rastafaris Dickson P 2000 Transkei tourists take the high road Mail amp Guardian 27 Oct 2 novembre 2000 Du Toit B M 1975 Dagga The Hist
253. ptions de l onanya o se multiplient les rencontres avec les maitres les combats p rilleux et les voyages chamaniques v nements inaccessibles aux yeux des non initi s Ci dessous nous exposons le d roulement de la cure chamanique selon la perspective de l onanya Pour l onanya l ayahuasca est le m dium par excellence pour voir et communiquer avec les maitres Ainsi lorsque le psychotrope commence agir les maitres se pr sentent en chan tant Plusieurs onanya affirment qu ils ne sont pas les auteurs des chants chamaniques mais qu ils ne font que suivre en ch ur les m lop es des maitres des rao Les paroles des chants por tent et insistent sur les attributs du rao concern rappelons l exemple du cacao et du malva o il est question de nombreux l ments visqueux La synesth sie provoqu e par l ayahuasca pousse l onanya voir ce qu il chante ou chanter ce qu il voit Les ma tres apparaissent donc par s et arm s tels que d crits dans les chants et suivent un chemin cano galement orn leur image Par son initiation l onanya a incorpor les parures et l arsenal qui caract rise ces ma tres notamment une couronne maiti qui accroit sa pens e shinan Puisqu il est par comme les maitres il est alors reli leur chemin La synesth sie s aiguise le chant devient un chemin par o cir cule le pouvoir du rao ce chant chemin est d cor de dessins g om triques shipibo conibo et de p
254. qu chez les Am rindiens sans que n cessairement les verres lev s contiennent une boisson alcoolis e un soda un jus de fruits ou m me de l eau font tout aussi bien l affaire Lincorporation de ce d corum n est pas sans susciter quelques questions dans les communaut s certains y voient 16 Dans toutes les communaut s visit es les pow wow et les festins communautaires sont explicitement des c l brations s ches sans alcool les v nements collectifs qui honorent la culture excluent au moins depuis les ann es 1990 toute boisson enivrante 154 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens l assimilation de mani res de Blancs reniant l h ritage nomade recu des anc tres qui n avaient pas besoin de tables et de verres sp ciaux Au contraire d autres n associent pas ces proc d s une colonisation de la pens e ou des pratiques mais une am lioration de l image de marque des autochtones qui savent mon trer eux aussi qu ils ne sont pas des sauvages Que ceux l soient fiers ou non de leurs anc tres il arrive que ce ne soit pas le cas cause de l int riorisation des pr jug s l gard de ces anc tres d crits dans la pens e populaire qu b coise comme sales et v tus de guenilles ils affirment que les facons de faire doivent voluer pour refl ter aux yeux de tous ce que les Am rindiens sont aujourd hui Les diff
255. que l observation 13 Du simple fait de cette posture l hyper relativiste disqualifie d embl e les usages ritualis s n o traditionnels de psychotropes comme objet d tude On trouve par contre un certain nombre de travaux appliquant les th ories de Bourdieu ces ph nom nes avec comme r sultat leur d valorisation ils cachent une structure sociale reproduisant ses structures de domination et le jeu des int r ts individuels pour une critique de l utilitarisme fondant l difice bourdieusien voir Caill 1994 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 223 Usages n o traditionnels des drogues de ces pratiques t moigne d une r elle efficacit symbolique un sentiment de communaut est produit la catharsis opere certains traumatismes sont surpass s l estime de soi se trouve renforc e des passages sont franchis un sentiment de pro gresser en ressort etc La th matique th rapeutique t moigne de la mani re dont ces techniques diverses peuvent avoir des r sultats importants et suppl er une m decine occidentale qui scotomise le sujet et f tichise le sympt me Tout comme le chamanisme traditionnel peut gu rir le malade Pour une troisi me voie Le lecteur aura remarqu que les deux types d approches qui pr c dent s opposent de mani re sym trique r ification essentialiste et individualisme m thodologique faisant l impasse sur les dimensions sociales et historiques d un c t
256. r t notamment par son usage exclusif de l ayahuasca et d veloppe ainsi une expertise dans ce domaine L activit chamanique en continuit avec un ensemble de pratiques sociales une diff rence de gradation et non de principe Le chamanisme shipibo conibo n est donc pas un culte sot rique tre envisag de maniere isol e mais plut t une activit qui se montre en continuit avec un ensemble de prati ques sociales Pour illustrer ce propos d crivons certains usages alimentaires Puisque les Shipibo Conibo consid rent que leur milieu est anim des gestes aussi banals comme se nourrir impliquent des pr cautions particulieres Le fait de manger soit d absorber une substance qui d tient un maitre cr e une relation o le maitre de l aliment en question transmet ses pro pres attributs Pour justifier les gibiers qu ils favorisent dans leur alimentation les Shipibo Conibo soulignent d ailleurs les qualit s b n fiques de leurs maitres comme la rapidit la force et le courage lesquelles permettent de former des per sonnes robustes et saines Comme ils s estiment perm ables aux caract ristiques des denr es qu ils ing rent les Shipibo Conibo 70 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes suivent de nombreux tabous alimentaires Les b tes qui obser vent des m urs suspectes comme une vie nocturne un r gime alimentaire sangui
257. r la norme En effet les conqu rants ont t t fait de r aliser que le rendement productif des Am rindiens tait bien moindre sans l apport de la coca en particulier dans le travail reintant des mines d argent L glise catholique qui condamna d abord l usage de la coca n en tait pas un para doxe pr s puisqu en plus de s enrichir en percevant une partie des imp ts sur sa production elle devint un de ses principaux 14 Sur l histoire de la coca et de ses usages la fin du 19 si cle on se r f rera l ouvrage classique de G Mortimer 1901 History of Coca The divine plant of the Incas traduit en francais sous le titre De a coca la cocaine 22 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues producteurs Ainsi naissait la tradition maintenant s culaire de l usage quotidien de la coca chiquer que l on observe encore aujourd hui parmi la population des Andes Il faudra attendre la fin du 19 si cle et l extraction de l alcalo de de la coca la cocaine pour voir apparaitre de nouvelles formes d usage de ce psychotrope d abord des fins th rapeutiques 5 puis des fins r cr atives la m me poque l usage de la coca se diffusa parmi les lites europ ennes sous la forme d un breuvage mac r r put pour ses propri t s tonifiantes Le vin de Mariani aussi appel le vin des papes tait certes alors la plus c l bre des boissons
258. r una cr tica epistemol gica de dos familias hermen uticas cuyos puntos de vista se oponen es decir los an lisis esencialista y diferencialista que partiendo respectivamente de los puntos de vista individualista y hol stico terminan cada uno de ellos en una forma de cosificaci n Una vez establecidos estos l mites respectivos y luego de destacar de qu manera estas hermen uticas forman sistema el art culo baliza una tercera v a que permite explicar la religiosidad de las pr cticas y de su unidad funcional m s all de su divisi n entre pr cticas festivas hiper o con fines expl citamente espirituales hipo Palabras clave drogas ritual religi n neochamanismo Burning Man ente geno individualismo metodol gico holismo esencialismo diferencialismo 204 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Les usages n o chamaniques du festival Burning Man Remerciements J aimerais remercier Marc Perreault pour son invitation participer ce collectif ainsi que pour ses pr cieux conseils J aimerais galement remercier l valuateur anonyme qui m a emmen clarifier certains points notamment dans la derni re partie de l article Enfin j aimerais remercier Camille Tarot et Roberte Hamayon pour leurs crits et les conversations qui ont enrichi ce texte Les diff rents terrains qui ont servi cette recherche et l amorce de l criture ont t rendus possibles par l appui financier du Co
259. re avec la terre et les racines ancestrales que s unissent les Noirs et les Coloureds dans leur qu te de dignit africaine La culture authentique africaine demeure le moyen de d fense principal du mouvement rastafari au Cap Les m decins de brousse rastas du Cap Kroll 2006 p 241 se r f rent aux racines Khoisan comme source de leurs savoirs Les Khoisan sont les premiers habitants de la p ninsule sud africaine aussi connus sous le nom de bushmen du Kalahari ou San Le Cap tant constitu d une pluralit de syst mes de sant traditionnels hybrides les savoirs Khoisan sont transmis par des a n s coloured Ferreira 1987 Les amagqirhas font toujours appel aux anc tres dans leurs pratiques de gu rison anc tres qu ils invitent p n trer leurs corps l aide des sons r p titifs des tambours La dagga et d autres plantes auraient aussi t utilis es par des gu risseurs africains bien que cette pratique qui serait propre aux gu risseurs de Afrique de l Ouest n ait recu que peu d attention sp cifique Warner Lewis 1993 p 113 Le paradigme objectiviste l pist mologie moderniste ou positiviste propre du Babylone contre lequel le mouvement rastafari s est lev s pare le sujet de l objet savoir dans cette pist mologie signifie avoir acqu rir appliquer et am liorer des repr sentations de choses dans le monde Il est difficile dans ce paradigme de donner un sens
260. re qui vite les cueils holistes et individualistes et les d bats entre une d finition substantive qui rabat le religieux sur les religions universalistes historiquement r centes et nullement universelles et donc trop sp cifiques ou fonctionnelle critiqu e pour tre trop large et noyant le religieux dans l ensemble de la culture Hervieu L ger 1993 4 Une premiere pr cision s impose celle ci consiste discriminer entre le religieux les religions et la religiosit On dira ainsi le religieux comme on dit le politique ou l conomique propos de la sph re anthropologique g n rale et potentiellement universelle les religions pour r f rer aux institutionnalisations religieuses particuli res aux soci t s et la religiosit pour rendre compte de l appropriation religieuse individuelle et singuli re une certaine distance des institutions et des prescriptions Gauthier et Perreault 2008 Caill 2009 p 78 Une proposition de Camille Tarot est de nature inspirer et guider la r inscription de ces ritualit s dans leurs syst mes de sens respectifs Tous les grands syst mes du religieux sem blent bien articuler plus ou moins troitement trois syst mes du don Un syst me du don et de la circulation vertical entre le monde autre ou l autre monde et celui ci qui va de l inqui tante tranget des alt rit s immanentes au Sapiens aux recherches de transcendance pure Un syst me du
261. re une pr occupation croissante qui d passe le seul milieu des usages traditionnels et de ses pan gyristes Par exemple les antipsychiatres qui dans les ann es 1970 pr conisaient l usage des antidrogues telles que le LSD la mescaline la psilocybine comme moyen de destructuration restructuration radicale de la conscience insis teront galement sur les conditions d un bon voyage Cooper 1976 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 47 Usages n o traditionnels des drogues Dans ce jeu discursif de construction et de l gitimation des normes d usage de psychotropes en contexte n o traditionnel on ne peut passer sous silence la mise l index progressive du mot hallucinog ne D sormais on ne peut employer le mot hallucinog ne sans rousp tance de la part des milieux d usagers cherchant normaliser socialement leurs pratiques tradition nelles mais aussi d un nombre croissant d intellectuels qui ont t les premiers souligner son caract re inad quat pour caract riser les effets v ritables des plantes sacr es sur les individus On pr f re la place parler de plantes psych d liques d ornirog ne de divinog ne ou encore de lucidog ne veilleur de conscience Bonasse op cit Mais l expression qui s impose de plus en plus tant parmi les usagers que la litt rature sp cialis e est enth og ne De la m me racine qu enthousia
262. religieuse de psychotropes Elle est r pandue dans le monde anglo saxon et chez ceux souvent en psychologie ou en psychanalyse qui travaillent actuelle ment sur la consommation rituelle d ayahuasca de peyotl de psilocybine de LSD d eboga voire de MDMA commun ment appel e ecstasy etc Un article de Huston Smith initi au LSD par Timothy Leary au MIT avant que ce dernier n en soit expuls r sume les fondements de cette approche Smith y crit que les exp riences mystiques et les exp riences catalys es par un usage sacramentel de psychotropes ne peuvent tre dif f renci es du point de vue ph nom nologique Smith 19647 L auteur insiste sur le fait que le contexte et l tat d esprit de la consommation le fameux set and setting de Leary influent sur l exp rience et que la consommation de ces psychotropes n entraine pas n cessairement une exp rience religieuse Cette quivalence entre exp rience mystique et tats de conscience alt r s sous l effet de certains psychotropes trouve sa solution dans la th orie eliadienne d une unit essentielle et transhis torique du ph nom ne mystique comme exp rience religieuse souche Cette exp rience religieuse l tat brut exp rience spirituelle ou exp rience religieuse primaire est ainsi d finie comme une sorte de potentialit pouvant par la suite o Apr s un engouement sans r serve la litt rature n o chamanique serait depuis le
263. rigine relativement r cente de ces repr sentations d favorables dans l histoire de l humanit En effet d aussi loin que nous pouvons reculer dans le temps alors qu ils taient utilis s les psychotropes ont rempli des fonctions valoris es par les groupes et leur soci t L id e de probl mes associ s leur usage aurait merg avec l av nement des soci t s modernes pr industrielles et du mode de vie plus individualiste qui en Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 5 Usages n o traditionnels des drogues d coulait Jusqu alors l usage des drogues incluant l alcool s inscrivait dans des traditions imm moriales constituant la norme La vie moderne ne marque pas forc ment la disparition des usages traditionnels Pensons aux diff rents r les que joue l alcool dans notre soci t lors des occasions de licence fes tive pour marquer un passage v nement important lors des repas ou encore comme remontant La tradition qui se dissimule derriere chacun de ces usages n est toutefois pas un pr texte suffisant leur justification tant sociale qu individuelle l oubli des traditions et de leurs significations s ajoutent des consid rations l gales et normatives principalement li es une certaine conception de la sant publique visant contr ler voire interdire les drogues et leurs usages Malgr les formes institutionnelles de contr le et d interdiction il existe et exis
264. riment de ce qui fait l anthropologie l observation de terrain la prise en compte du contexte dans sa globalit la mise en lumi re de la relation entre les l ments id p 39 Roberte Hamayon note comment la d finition du chama nisme en termes d tats alt r s de conscience n a pas de sens pour rendre compte des cas traditionnels On pourrait d ailleurs en dire de m me pour les cas contemporains En ce sens le set and setting de Leary n est en lui m me pas suffisant les pratiques n o chamaniques sont ins parables de la culture n o chamanique et plus largement de la culture de l authenticit et de l expressivit modernes dont elles sont issues Comme le notait Rouget 1990 au sujet de la musique la primaut dans le d clenchement d une transe vient de l ensemble des repr sentations dans lesquelles s ancrent les pratiques Sur la base d une recension impressionnante de faits Rouget montre qu il n y a pas d effet d induction de la musique Il en est m me pour les substances psychotropes Amnon J Suissa 1997 a relev comment les psychotropes engendrent des effets physiologiques diff rents suivant les cultures Similairement Becker 1985 a montr dans Outsiders comment les effets de la marijuana et leur interpr tation taient construits En somme les aspects physiologique et psychologique sont indissociables entre eux et plus largement de la culture C est bien la d couverte r vo lutionnaire d
265. rindiens et les Qu b cois sont comparables jusque dans les ann es 1980 au Qu bec il tait tr s mal vu pour une femme de boire un petit plus que de raison alors que la totale ivresse masculine n tait pas consid r e elle comme un comportement r pr hensible Verdon 1973 Pr vost et coll 1986 Enfin chez les Am rindiens les gens boiraient en groupes par affinit s Mais part chez Robbins on ne sait quelle est la taille de ces groupes Pour les Naskapis du Labrador Henriksen en donne une id e pr cise The most salient features of community life in Davis Inlet are the many quarrels and the incessant drinking of spruce beer in which more than half the adult male population and some of the wives indulge Henriksen 1973 p 76 Although people visit each other when they are drinking and offer each a few mugs of beer the typical pattern is to drink alone or with one s wife in one s own tent There are seldom great drinking parties in Davis Inlet id p 76 Dans nos propres donn es recueillies chez les Algonquins et les Atikamekw les gens pr f rent boire chez eux ou en tout cas dans leurs communaut s m me s ils fr quentent aussi beau coup les bars locaux les plus proches Les femmes ont tendance boire moins que les hommes mais les gens remarquent souvent que les femmes buvaient moins autrefois Men were drinking men thing because they were going to town and seeking the boot
266. rique du Sud Une vingtaine d hommes rastas v tus en robe de pr tre d autres portant un sac de jute habit humble adopt par certains sous la philosophie antimat rialiste qui rappelle nettement les traditions des gurus de l Inde sont assis aux c t s des amagqirhas et des inyangas pour revendiquer leur cr dibilit en tant que gu risseurs traditionnels herboristes Leur discours est hautement articul et inform critique des mani res actuelles de contr ler et de manipuler l environnement mais surtout ax sur la recherche de chemins de r conciliation entre eux les gu risseurs les fermiers et les autorit s nationales Les enjeux tournent autour de l acc s aux plantes sauvages proximit de Cape Town un acc s dont ils d pendent pour leur survie alors que leur m tier est de vendre des plantes m dicina les dans l un ou l autre march de la ville On y souligne que les amagqirhas obtiennent des permis pour cueillir certaines plantes alors qu eux y ont difficilement acc s et sont plut t chass s par la police ou les fermiers m me lorsqu ils cueillent des plantes pour desservir les gu risseurs Xhosa Dans l apr s midi de la m me journ e les activit s se poursuivent au labora toire de Delft du MRC Il y a visite guid e des biotechnologies utilis es pour transformer une plante sauvage en capsule poudre ou pilule C est le mandat de ce laboratoire qui cherche cet gard la collaboration des gu risseurs L int r
267. rmettent d envisager quelques pistes possibles de sensibilisation la maitrise des consom mations dans un milieu fortement concern par l usage de drogues de synth se Mots cl s milieu festif techno substances psychoactives carri res de consommation contr le usage ma tris sant publique 166 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Vers un usage maitris des psychotropes en milieu techno From the discovery of psychoactive substances in a techno scene to a safety use Abstract The techno scene sets up an environment conducive to the use of psychoactive substances especially synthetic drugs From the discovery of these parties to a broader investment in the cultural universe there is a range of consumption careers that depend on a complex set of factors This study focused on the changing path of consumption in a professionalized population sometimes in the techno scene who have been consuming for 6 to 15 years The data was analyzed through a content analysis The results of this survey seek to describe specific consumption related to the environment trite use poly consumption sociability of use as well as outlining possible careers of consumption based on three types of use festive recreational and doping and analyzing how the mechanisms of control integrate these pathways to achieve a relatively controlled use In a public health approach these results allow consideration of possible avenue
268. rnational ax sur une demande accrue pour des 116 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Plantes m dicinales savoirs et soci t vue des rastafaris rem des de la terre ou rem des sauvages une demande pro venant particuli rement de l Europe C est peut tre de cette maniere que les rastafaris sud africains se trouvent intimement li s aux herbes et aux racines particuli res de l Afrique du Sud mais aussi au mouvement mondial voulant rendre justice aux peuples opprim s il faut penser ici la revitalisation des m decines traditionnelles qui merge sous divers fronts C est l aussi que de nouvelles anthropologies mondiales ou autoch tones rassemblent leurs efforts pour r clamer la diversit des pist mologies de savoirs en sciences sociales et au del Conclusion Dans cet article j ai voulu d montrer comment les plantes m dicinales s ancrent l int rieur du complexe socio culturel rasta sud africain L angle particulier sous lequel j ai conduit cette recherche a permis d en comprendre certains contours Poser le m me regard ethnographique sur les pratiques entourant la qu te d efficacit scientifique que sur les pratiques adopt es par les rastas titre de savoirs traditionnels am ne voir les articulations et les d sarticulations entre les savoirs Ce tour d horizon sur l A afra a permis l acquisition de savoirs sur la dagga en plus de faire connaitre celle ci comme une plante
269. roduit et d avoir tromp les Am rindiens M me si ces propos peuvent paraitre simplistes il ne faut pas oublier que l image de l alcoolique est une telle cat gorie identificatrice de l Indien selon les Qu b cois et les Canadiens en g n ral qu il paraitrait trange voire criminel qu un repr sentant autochtone lu ou autoproclam puisse dire publiquement que l alcool ne fait pas que des ravages dans les communaut s am rindiennes Les traditions orales quant elles se souviennent fort peu que les missionnaires exhortaient la temp rance bien avant le mouvement Lacordaire L intervention des missionnaires est en fait plus soulign e dans les ethnographies comme celle d Henriksen 1973 p 95 chez les Naskapis de Davis Inlet au Labrador pour les ann es 1960 et 1970 5 Le mouvement Lacordaire promu par les cur s de paroisse s est d velopp au Qu bec partir des ann es 1940 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 135 Usages n o traditionnels des drogues In contrast with the storekeeper the missionary is actively involved in the daily life of the Naskapi When he came to Davis Inlet fifteen years ago all the Naskapi drank constantly doing little else in the sum mertime The missionary saw as his first task bringing an end to the drinking By actively intervening in the social life of the Naskapi especially with regard to their drinking behaviour for example by breaking
270. rogues alcools m dicaments psychotropes Paris Esprit Eliade M 1992 Le chamanisme et les techniques archaiques de l extase Paris Payot 405 p Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 233 Usages n o traditionnels des drogues Gauthier F et J P Perreault 2008 Jeunes et religion dans la soci t de consommation tat des lieux et prospective In F Gauthier et J P Perreault sous la direction Jeunes et religion au Qu bec Qu bec Presses de l Universit Laval p 9 28 Gauthier F 20082 Sous cultures jeunesse et religion M tal gothique hip hop et techno In F Gauthier et J P Perreault sous la direction Jeunes et religion au Qu bec Qu bec Presses de l Universit Laval p 101 122 Gauthier F 2008b Enjeux pour une th orie de la religion au del du mirage girardien R flexion critique sur Le symbolique et le sacr de Camille Tarot La revue du MAUSS semestrielle 2 semestre 32 p 495 534 Gauthier F 2008c Jeux et rites dans le paradigme du don In G M nard et P Saint Germain sous la direction Des jeux et des rites Montr al Liber p 57 69 Gauthier F 2008d La religion de la soci t de march Entropia Revue th orique et politique de la d croissance 5 p 93 106 Gauthier F 2006 La recomposition du religieux et du politique dans les soci t s de march Th se D s Sc rel Montr al Univ
271. ropes Ces usages peuvent tre quotidiens suivre le fil al atoire des 16 Dans un texte c l bre L vi Strauss 1958 s amuse comparer la cure chama nique la cure psychanalytique Les deux dit il sont quivalentes mais avec une inversion de tous les termes Si le psychanalyste coute le chamane lui parle pour le malade en mettant dans sa bouche des r pliques correspondant l interpr tation de son tat Dans un cas c est un mythe individuel que le malade construit l aide d l ments tir s de son pass dans l autre c est un mythe social que le malade re oit de l ext rieur et qui ne correspond pas un tat personnel ancien id p 220 17 La d ification ou sacralisation de la substance psychotrope est un fait culturel r pandu Les Mazat ques du Mexique appellent les champignons hallucinog nes la chair des dieux les descendants des Incas parlent de la coca comme de la plante divine au Gabon l iboga est commun ment appel le Bois sacr en Amazonie l ayahuasca est consid r par plusieurs groupes comme le breuvage Sacr etc 24 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues v nements de la vie ou ponctuer les cycles temporels de la reproduction sociale Ils ne s ins rent pas moins dans des espaces temps en marge des pratiques courantes des membres de la soci t Dans tous les cas cette marge est socialeme
272. roupes AA Alcooliques Anonymes locaux L id ologie du mouvement AA qui a une dimension spirituelle et qui a t r adapt e par les Am rindiens leurs propres besoins culturels Bousquet 2005 a t int gr e dans le syst me de pens e dans le sens o les AA consid rent l alcoolisme comme une maladie dont la gu rison peut tre obtenue par l abstinence de toute substance l entraide mutuelle au sein de la communaut des alcooliques le t moignage et le recours une puissance sup rieure Tremblay J et coll 2004 p 11 L influence de l id ologie AA dans la pens e politique est telle que ses devises se retrouvent affich es sur des panneaux dans les rues des communaut s Ainsi sur un panneau de Pikogan peut on lire depuis 2006 Le courage de changer les choses que je peux sous un aigle stylis L abstinence est pr sent e non pas comme un but individuel mais comme un projet de soci t Les mani res de boire algonquiennes en contexte qu b cois Tous les gens vivant dans les communaut s am rindiennes ou c t savent que le jour de r ception des ch ques de bien tre social va de pair avec une forte consommation d alcool de la part des Am rindiens Mais part ce jour proverbial que sait on des mani res de boire algonquiennes Jusqu o peut on les rapprocher des mani res de boire qu b coises Ce que nous savons des mani res de boire algonquiennes avant les ann es o I
273. rre OCRTIS 122 p Petiau A 1999 Ruptures consumation et communion Trois temps pour comprendre la socialit dans la rave Soci t s 65 p 33 40 Petiau A 2006 Marginalit et musiques lectroniques Agora D bats Jeunesse 42 p 128 139 Petiau A 2006 Musiques et musiciens lectroniques Th se de doctorat de sociologie Universit Paris V Sorbonne Pourtau L 2002 Le risque comme adjuvant l exemple des raves parties Soci t s 76 p 69 81 Pourtau L 2004 Les Sound Systems techno une exp rience de vie communautaire In B Mabilon Bonfils sous la direction La f te techno Paris ditions Autrement n 231 p 100 114 Pourtau L 2005 Les socialit s et les sociabilit s des Sound Systems technoides Th se de doctorat de sociologie Universit Paris V Sorbonne Queudrus S 2000 Un maquis techno Modes d engagement et pratiques sociales dans la free party Paris ditions M lanie S teun 198 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Vers un usage maitris des psychotropes en milieu techno Reynaud M Parquet P J Lagrue G 1999 Les pratiques addictives Usage usage nocif et d pendance aux substances psychoactives Rapport au Secr taire d tat la Sant et aux Affaires Sociales Paris Direction g n rale de la sant Reynaud M 2002 Usage nocif de substances psychoactives Identification des usages risqu
274. rs selon un sc nario d termin propre la 30 Aux dires de P T Furst un tudiant d Eliade ce dernier serait revenu au terme de Sa vie sur sa position l endroit des substances psychoactives en les consid rant comme un moyen culturellement valoris et tout aussi valable d atteindre l extase chamanique 3 Eliade ajoute Nous avons d j eu l occasion de constater chez plusieurs peuples sib riens le fait que les intoxications alcool tabac etc sont des innovations r centes et qu elles accusent en quelque sorte une d cadence de la technique chamanique On s efforce d imiter par l ivresse narcotique un tat spirituel qu on n est plus capable d atteindre autrement id p 315 Cette perception n gative l endroit de l usage des psychotropes comme moyen d entrer en transe est reprise par G Rouget op cit Ainsi dit ce dernier Les oracles authentiques s abstiennent de tout excitant pour entrer en transe p 136 Ou encore il appelle possession profane la transe obtenue par les jeunes filles Haoussa sous l effet du datura Cette possession pr sente tous les signes de la crise de possession normale ceci pr s que les dieux ne se manifestent videmment pas p 108 32 noter que prise forte dose le tabac fum mais surtout pris ou ing r sous forme d infusion est un moyen attest et r pandu en Am rique amazonienne d entrer en transe chamanique A M traux 1967 parle li
275. rs sugg re d orienter ses investiga tions vers des usagers avanc s ayant une plus grande exp rience du milieu festif techno dont les pratiques de consommation ont potentiellement volu Mais vouloir privil gier les parcours les plus longs cette recherche nous a amen s d couvrir des connaissances relatives au cadre de consommation en milieu professionnel Les donn es sur lesquelles s appuie cet article ont t pro duites en deux temps sur deux travaux de th ses de doctorat de sociologie sur le milieu festif techno Pourtau 2005 Petiau 2006 compl t s par une enqu te qualitative dans le cadre d une recherche effectu e par les m mes chercheurs pour la MILDT et INSERM 2006 2 Les enqu tes de terrain d A Petiau et L Pourtau ont toutes deux mis en ceuvre une m thodologie couplant observation participante et entretiens semi directifs respectivement 28 entretiens dont 18 jeunes hommes et 10 jeunes filles g s de 21 34 ans et 36 entretiens dont 2 Mission interminist rielle de lutte contre les drogues et les toxicomanies Institut national de la sant et de la recherche m dicale On entend par socialisation l int gration et la participation un monde social particulier voir Simmel 1981 170 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Vers un usage maitris des psychotropes en milieu techno 28 jeunes hommes et 8 jeunes filles g s de 19 32 ans Le travail de L Pourtau p
276. rsus extraordinaire sot rique notamment par l opposi tion des pratiques de l herboriste et du chamane En pr sentant Banisteriopsis caapi Cette liane est m lang e aux feuilles de l arbuste chacruna Psychotria viridis le tout est pr par en infusion et soumis une longue bulli tion Pour une description plus d taill e de la pr paration de l ayahuasca parmi les Shipibo Conibo voir Ar valo 1986 N Pour des textes classiques sur l utilisation de psychotropes dans diff rents contextes amazoniens voir Furst 1972 Dobkin de Rios 1972 Harner 1973 Reichel Dolmatoff 1975 et Chaumeil 1983 ce sujet nous renvoyons le lecteur aux travaux de Illius 1982 1992 Gebhart Sayer 1985 1986 Ar valo 1986 Cardenas 1989 Tournon 1990 1991a et Morin 1998 Voir notamment Tournon et coll 1986 Cardenas 1989 et Morin 1998 Ainsi l herboriste traiterait les maladies ordinaires grace la partie mat rielle des plantes m dicinales alors que le chamane combattrait les maladies extraordinaires de facon sot rique par l usage de l ayahuasca w ES 62 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes le chamanisme des Shipibo Conibo nous expliquerons pourquoi ces dichotomies ne traduisent pas ad quatement leur propre perspective Ainsi un des principaux objectifs de cet article est de d montrer que le chamanisme shipi
277. ry qui par son soutien de tous les instants a permis ce num ro de voir le jour R f rence cit e Hobsbawn E 2006 Inventer des traditions In E Hobsbawn et T Ranger ds L invention de la tradition Paris ditions Amsterdam p 11 25 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 9 Article de r flexion th orique Rites marges et usages des drogues repr sentations sociales et normativit contextuelle Marc Perreault Ph D anthropologie Correspondance Courriel perreaultmarc hotmail com Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 11 pp 11 55 Usages n o traditionnels des drogues R sum L article se penche sur les repr sentations et les statuts des usages n o traditionnels des psychotropes Il aborde dans un premier temps les contextes et les fonctions des usages dits traditionnels en insistant sur les facteurs qui contribuent leur normalisation et leur transfor mation Parmi ces facteurs sont examin es de plus pr s les dimensions marginales et identitaires des usages dans leurs rapports dynamiques avec le groupe d appartenance et la soci t englobante L exemple du chamanisme et du n o chamanisme est ensuite tudi afin d illustrer la mouvance des traditions et la difficult distinguer l ancien du nouveau l indig ne de l exog ne lorsqu il s agit de les l gitimer tant sur le plan social et culturel qu aupr s de leurs adeptes Il
278. s grande autonomie pour se procurer des produits ou implique une importante disponibilit des substances dans le milieu pro fessionnel consid r Le passage entre l usage festif et l usage dopant peut avoir lieu la faveur du d veloppement d une activit au sein de l espace festif ce type d usage s ajoutent deux risques sup pl mentaires De par son caract re solitaire le groupe ne joue 182 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Vers un usage maitris des psychotropes en milieu techno plus son r le encadrant La consommation p n tre davantage l univers du quotidien et l ensemble des activit s ordinaires Les r sultats de cette enqu te laissent pr sager que le milieu festif techno est particuli rement expos l usage dopant qui paradoxalement est peu reconnu comme tel Les consomma tions dopantes se tournent plut t vers les produits stimulants cocaine speed dont les effets se pr teraient mieux ce type d usage Vers des notions d usage ma tris d abus et de d pendance L usage maitris et la d pendance sous l angle sociologique Les d finitions de l usage simple parfois rapport l usage ma tris de l usage nocif et de la d pendance couramment employ es dans la litt rature scientifique reposent en grande partie sur des crit res m dicaux et sanitaires L usage simple n entrainant ni complications somatiques ni dommages se distingue de l abus ou de l u
279. s sucre caf b tel Kola coca Khat alcool vin tabac chiquer iboga etc 2 m diumniques ou magico religieuses datura volubilis mandragore peyotl cactus San Pedro champignons hallucinog nes cannabis ayahuasca iboga tabac coca etc 3 curatives ou m dicinales opium tabac pommades ou d coctions alchimiques peyotl ayahuasca etc 4 d agr gation ou d adjuvant socialP principalement l alcool o Il existe depuis les travaux pionniers du pharmacologue allemand Louis Lewin sur les poisons de l esprit une multitude de classifications des psychotropes selon leurs effets et leurs propri t s psychopharmacologiques voir son ouvrage Phantastica publi en 1924 La classification que je propose n a pas la pr tention de se substituer aucune autre mais vise uniquement tenir compte davantage des repr sentations et des l ments contextuels qui sont associ s aux usages a On oublie trop souvent que le sucre a d abord t utilis comme drogue en particulier par les guerriers comme stimulant lors des combats propos de l histoire de la consommation en Occident des drogues douces que sont le sucre le th le chocolat le caf et le tabac voir entre autres l ouvrage de S Mintz Sucre blanc mis re noire le go t du pouvoir Paris Nathan 1991 Dans plusieurs groupes l alcool distill tait traditionnellement utilis pour ses propri t s ton
280. s animiques similaires Comme les Shipibo Conibo ne s parent pas les diff rents r gnes selon le mod le scientifique de Linn rao r f re aussi certains produits animaux min raux ou certains objets qui parviennent aux m mes fins 7A Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes des aliments et des s cr tions corporelles Encore une fois soulignons la r ciprocit avec la pratique de la couvade contrai rement au nouveau n dont le devenir humain est menac par la pr sence pr datrice des maitres l apprenti vite plut t l ordre humain et fr quente les maitres afin de devenir onanya Le novice qui respecte la p riode de tabous re oit alors les pouvoirs des ma tres qui pr cisons le s av rent invisibles pour les non initi s Cet attirail chamanique comprend des chants des parures ainsi qu un arsenal offensif d fensif Gr ce ces pr sents l initi incorpore litt ralement le savoir des ma tres il poss de d sormais leur code de communication les chants chamaniques et il est par et arm comme eux se transformant ainsi leur image Devenant lui m me maitre de rao il est alors pr t entreprendre ses traitements et ses luttes chamaniques il peut soigner comme les drogues m dicinales charmer comme les plantes odorif rantes et tuer comme les poisons Plus un apprenti s investit dans divers apprentissages plus il cumule
281. s auteurs les distinguent des h t ro contr les les formes de r gulation d velopp es par l institution et des auto contr les les r gulations d velopp es par l usager lui m me 190 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Vers un usage maitris des psychotropes en milieu techno Repr sentations et contr le Les repr sentations des produits Par rapport aux donn es de notre enqu te la cocaine appa rait dans le milieu festif techno comme un produit dangereux car cher et pouvant facilement entrainer une d pendance mais dont les effets secondaires imm diats seraient moindres par rapport d autres stimulants Le speed porte l image moins noble d une drogue peu on reuse aux effets proches de la cocaine mais moins agr ables Pour toutes ces raisons il peut tre consomm par d pit comme produit dopant lorsque la cocaine n est pas disponible L ecstasy reste la drogue festive par excellence facili tant la convivialit l abandon la musique et l ouverture aux autres Mais certains usagers d clarent moins bien supporter ce produit avec le temps en raison de l accroissement de la survenue d effets secondaires Le LSD est la fois per u comme un produit festif et comme un produit visant l exploration de soi Bien que son usage semble peu fr quent il jouit d une image assez positive en portant l imaginaire du mouvement psych d lique La k tamine se d marque d
282. s cet article proviennent de l ensemble des chamanes rencontr s Dans certains cas sp cifiques ou les exemples sont pr cis le nom du chamane est indiqu Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 61 Usages n o traditionnels des drogues Ing rer des psychotropes dans l optique de soigner un tel usage semble inconcevable dans nos soci t s occidentales o ces drogues sont associ es au ludique l irresponsabilit ou la d pendance Ce proc d est n anmoins au cceur de la pratique chamanique des populations de l Amazonie occidentale autant dans les communaut s indig nes que dans les zones m tisses et urbaines les chamanes emploient dans leurs rituels nocturnes un hallucinog ne puissant connu r gionalement sous l appella tion d origine quechua ayahuasca Dans cet article une telle utilisation pratique et r gul e de psychotrope sera d crite au sein du groupe indig ne shipibo conibo En explorant la cos mologie de cette population nous tenterons d expliquer l usage de l ayahuasca partir de leur propre perspective L tude du chamanisme shipibo conibo n est pas une nou veaut bien au contraire cette th matique a fait l objet de travaux importants auxquels nous renvoyons le lecteur pour des donn es compl mentaires Le propos de cet article est bien pr cis il vise probl matiser une bipartition qui ressort implicitement de certaines analyses entre ordinaire mat riel ve
283. s ensemble Paris Autrement 174 p Maffesoli M 1988 Le temps des tribus Le d clin de l individualisme dans les soci t s de masse Paris M ridiens Klincksieck 226 p Mauss M 1999 Sociologie et anthropologie Paris PUF Quadrige 475 p Pourteau L 2009 Techno Voyage au c ur des nouvelles communaut s festives Paris Editions CNRS 96 p Racine 2002 Le ph nom ne techno Clubs raves free parties Paris Imago 213 p Riviere C 1995 Les rites profanes Paris Presses Universitaires de France 261 p Rivi re C 2008 Socio anthropologie des religions 2 dition Paris Armand Colin 213 p Roberts T B sous la direction 2001 Psychoactive Sacramentals Essays on Entheogens and Religion San Francisco Council on Spiritual Practices 272 p Rouget G 1990 La musique et la transe Esquisse d une th orie g n rale des relations de la musique et de la possession Paris Gallimard 621 p Segalen M 1998 Rites et rituels contemporains Paris Nathan Universit 127 p Smith H 1964 Do drugs have a religious import The Journal of Philosophy 61 18 p 517 530 Suissa A J 1997 Toxicomanie et rituels Religiologiques 16 p 77 90 St John G sous la direction Rave Culture and Religion New York et Londres Routledge 314 p Tarot C 20082 Le Symbolique et le sacr Th ories de la religion Paris La D couverte MAUS
284. s les ann es 1930 1940 Pr vost et coll 1986 p 163 209 Il fait partie des ingr dients du caribou boisson forte consomm e lors de f tes populaires comme le carnaval de Qu bec D apr s tous les informateurs le Saint Georges n tait consomm que parce qu il n tait pas cher C est une boisson d alcoolique dit un homme de 52 ans qui estime que seul quelqu un avec un probl me d alcool veut se procurer ce produit En revanche le vermouth le Bellini tant la marque la plus fr quemment cit e le sherry et le porto tous des vins fortifi s ou vins de liqueur taient tr s appr ci s consid r s comme prestigieux et associ s aux f tes Des informateurs de deux communaut s algonquines diff rentes se rappellent avoir vu dans les ann es 1950 et 1960 leurs grands parents en boire un verre ou deux lors de grandes occasions comme No l et le Nouvel An Au Qu bec aux m mes poques ces boissons taient tr s pris es du grand public servies dans les repas de fin d ann e et lors d v nements sociaux importants Pr vost coll 1986 p 213 Dans les deux cas semble t il cette consommation festive n tait pas destin e mener l enivrement Chez les Am rindiens de nos jours les vins fortifi s semblent aller de pair avec les ain s qui pour certains en boivent un petit verre table surtout le dimanche Ils sont particuli rement associ s avec les femmes g es En effet les femmes de leur g
285. s les mani res de boire Ensuite sont particuli rement tudi s les mod les de consommation attach s aux trois grandes cat gories d alcool la bi re brass e ou artisanale le fort boisson haut pourcentage d alcool et le vin vin de table ou vin fortifi On y rel ve que les Am rindiens peu vent avoir une hi rarchie de go ts et que leurs choix sont li s des imp ratifs conomiques et une accessibilit de produits Enfin alors que le discours public de l lite am rindienne est fortement empreint de l id ologie dominante des Alcooliques Anonymes l analyse des donn es est replac e dans le cadre d une culture politique face laquelle les individus buveurs ou non buveurs peuvent d cider de se positionner pour se d finir socialement L adoption ou le rejet de la culture du vin et de son d corum font ici l objet d une attention sp ci fique La recherche ouvre alors des pistes pour comprendre l volution des codes r gissant les rapports sociaux chez les Am rindiens entre eux et face aux autres Mots cl s Am rindiens Qu bec alcool Canada mod ration culture politique 124 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens Beer hard liquor or wine can Native Canadians drink without becoming drunk Abstract In principle there is no reason why Native Canadians like other peoples of the world cannot drink alcohol in moderation
286. s pratiques et de leur unit fonctionnelle au del de leur division entre pratiques festives hyper ou vis e explicitement spirituelle hypo Mots cl s Drogues rituel religion n o chamanisme Burning Man enth og ne individualisme m thodologique holisme essentialisme diff rencialisme 202 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Les usages n o chamaniques du festival Burning Man Neo Shamanistic consumption at the Burning Man Festival Abstract Ritual and spiritual consumption of psychoactive substances appeared amidst the massification of what Charles Taylor named the culture of authenticity and expressivity following the advent of the consumer society in the last half of the XX Century The Burning Man Festival held annually in Nevada attracts a large variety of such neo shamanistic uses This will serve as an empirical base from which the following question may be examined How is a socio anthropological analytic to seize the potentially religious dimensions of such phenomena After outlining the general context in which these praxes and problematic have emerged this article develops an epistemological critique of the two leading hermeneutic families which hold opposing views on this issue namely the essentialist and differentialist approaches These starting from individualist and holist bases respectively are both unsatisfactory and reifying After having argued these
287. s to raise awareness about the control of consumption in an environment strongly concerned by the use of synthetic drugs Keywords techno scene psychoactive substances consumption career control safety use public health Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 167 Usages n o traditionnels des drogues Sobre le descubrimiento de las sustancias psicoactivas de uso controlado en medio festivo tecno Resumen El medio festivo tecno constituye un contexto propicio para el uso de sustancias psicoactivas en particular para las drogas sint ticas Desde el descubrimiento de estas fiestas hasta una participaci n m s amplia en el universo cultural los recorridos de consumo son multiples y dependen de un conjunto complejo de determinantes Este estudio se refiere a la evoluci n de los recorridos de consumo de una poblaci n profesionalizada a veces en el medio festivo tecno que comenz su consumo entre 6 a 15 anos atr s Los datos se analizaron por medio de un an lisis de contenido Los resultados de esta investigaci n apuntaron a lo siguiente describir las especificidades del consumo relacionado con el medio uso banalizado policonsumo sociabilidad del uso esbozar los recorridos posibles de consumo a partir de tres tipolog as de uso festivo recreativo y adictivo y analizar de qu manera las modalidades de control del consumo se integran en estos recorridos para poder lograr un uso relativamente controlad
288. sage nocif caract ris par une consommation r p t e induisant des dommages dans les domaines somatiques psychoaffectifs ou sociaux et de la d pendance qui se caract rise comme une entit psychopatho logique et comportementale en rupture avec le fonctionnement banal et habituel du sujet voir Reynaud et coll 1999 p 3 14 Reynaud 2002 p 19 27 Ces diff rents usages aussi identifi s au sein de notre chantillon peuvent tre abord s sous un angle plus sociologique au regard des trois typologies pr c demment expos es festif r cr atif dopant L usage ma tris dans cette approche est celui o la con sommation ne perturbe pas les activit s ordinaires de l individu et r pond un ensemble de r gles et rituels li s des contextes sociaux Zinberg 1974 Castel 1998 Il s agit ainsi des usages Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 183 Usages n o traditionnels des drogues de drogues autocontr l s ou socialement r gul s La limitation des consommations peut en effet s appuyer sur une connaissance acquise par l exp rience mais aussi sur des interdits soci taux int rioris s sur des savoirs labor s par des groupes de consom mateurs sur des rituels et des r gles de consommation li s des contextes sociaux particuliers Nous verrons l impact de ces diff rents appuis sur les jeunes ayant d couvert les substances psychoactives dans le milieu festif techn
289. sages n o traditionnels des drogues Harner M d 1997 Hallucinog nes et chamanisme Gen ve Georg dition 1 dition anglaise 1973 223 p Hobsbawm E et Ranger T ds 1983 The Invention of Tradition New York Cambridge University Press 320 p Labarre W 1974 Les plantes psych d liques et les origines chamaniques de la religion In PT Furst La chair des Dieux L usage rituel des psych d liques Paris Seuil Laflamme C 2000 Les strat gies sociales des groupes n o chamanistes Religiologiques 22 automne 2000 p 73 83 Laval Jeantet M 2004 Approche th rapeutique de la prise d iboga dans l initiation Bwiti v cue par les Occidentaux Psychotropes Revue internationale des toxicomanies et des addictions 10 3 4 p 51 69 L vi Strauss C 1958 L efficacit symbolique Anthropologie structurale Paris Plon p 205 226 L vi Strauss C 1973 Les champignons dans la culture Anthropologie structurale deux Paris Plon p 263 279 Mabit J 2001 Valternative des savoirs autochtones au tout au rien th rapeutique Psychotropes Revue internationale des toxicomanies 7 1 p 7 18 Maffesoli M 1988 Le temps des tribus Le d clin de l individualisme dans les soci t s de masse Paris Librairie des M ridiens Klincksieck et Cie 288 p Maffesoli M 1985 L ombre de Dionysos Contribution une sociologie de l orgie
290. servant l thos rastafari Les enjeux de savoirs et de pouvoirs qui se profilent autour de l A afra et plus particuli rement autour de la plante dagga se situent ici l int rieur des grandes lignes de la philosophie rasta et dans le contexte sud africain Dans ce contexte la dagga y tisse des liens entre divers l ments de ce mouvement de maniere synergique avec la musique la philosophie et les origines africaines des liens qui s intensi fient dans leurs liens avec d autres groupes d acteurs dans le contexte bio m dico l gal sud africain et mondial La r duction de la dagga et d autres plantes m dicinales ses principes actifs biomol culaires se montre limitative pour comprendre son Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 117 Usages n o traditionnels des drogues efficacit C est entre autres de cette mani re que la consomma tion de la dagga peut se faire crime soit en la d sarticulant de ses relations au complexe rastafari qui lui donne sens et utilit Le mouvement rasta s articule par ailleurs autour de plusieurs autres courants la fois th orique l approche de r flexivit en sciences sociales et pratique les mouvements de revendications de justice sociale Enfin ces diverses observations m am nent consid rer l efficacit des rem des en rapport direct avec les savoirs qui leur donnent leur utilit Les tendances observ es et centrales aux n gociations en cours au sein des
291. sme le mot a t propos par Wasson et Ott en 1979 Il voque la lib ration ou l expression d un sentiment divin l int rieur de soi On justifie des exp riences de psychotropes en recourant un vocabulaire religio scientifique soi disant plus conforme au dessein des usages Le divin ou Dieu est ici un a priori peu remis en question par les auteurs que l on repr sente la plupart du temps comme une figure polymorphe fortement syncr tiste On fait en g n ral abstraction du caract re construit de l exp rience mystique et de l influence a posteriori du langage sur l interpr tation de celle ci Gauthier 2003 Le partage d une m me terminologie concr tise mots couverts l alliance entre les intellectuels de tous acabits et les leaders des contextes d usage n o traditionnel des drogues En ne parlant plus d hallucinog ne mais d enth og ne on s entend de part et d autre pour donner une image plus positive des pratiques pouvant paraitre inappropri es du point de vue de la rationalit dominante Les repr sentations positives associ es ce langage commun contribuent la reconnaissance de la norma lit contextuelle des usages que ceux ci soient l gaux ou non 48 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues La ligne objective qui s pare sur le terrain et dans les discours auteurs chercheurs et exp rimentateurs des drogues enth o
292. snop ered op sinof L6I oAIOSOW xneo2o seg souuosiod 9 e z oq nos powes sideysen surqqoy TUISSEISIJA 98 np sp1oqe QAIOSOY uoneururosuoo op NIT neue3noquuo yeyoe p nary SOUL op seq Sog So sno siure p sodnor soumuouq p sodnoin sodnou op addy SISBIIBUL SOT J1OS rpoures 291 uoneururosuo IP ardoprArid JUQUIOJAL T961 slic sreuoge q aguue uoneu many seuueinbuofje aJioq ap saigiuew sa7 ne jqeL 139 2009 juin Drogues sant et soci t vol 8 n 1 Usages n o traditionnels des drogues M me s il n est pas possible de proposer des g n ralisations sur des bases temporelles en raison du manque de donn es nous pouvons toutefois mettre certaines hypoth ses Tout d abord dans les ann es 1960 et 1970 alors que la s dentarisation tait encore neuve pour la plupart d entre eux les Am rindiens qui ont recu l interdiction de consommer de l alcool en public jusqu en 1971 semblaient pr f rer boire l abri des regards non autochtones en particulier dans leurs communaut s Henriksen pour les Naskapis du Labrador est m me all jusqu associer l alcool et la vie en r serve en caract risant la vie sociale de Davis Inlet par le heavy drinking et les conflits 1973 p 74 ce qui contrastait selon lui avec les camps de chasse o r gnait la convivialit De nos jours la r serve ou l tablissement serait le lieu pr
293. spositif Trend afin de connaitre les tendances de consom mations dans cet espace voir pour l ann e 2006 Caidet Tairou et coll 2008 Des tudes sur les pratiques culturelles montrent que les pratiques festives tiennent une grande part dans la sociabilit juv nile par ex Donnat 1998 Or ces pratiques tant li es l usage de substances c est souvent dans ces contextes que les populations juv niles s y initient D autres travaux propres au milieu festif techno par ex Ingold 1999 Petiau 1999 Pourtau 2002 2004 r v lent que si celui ci favorise l engagement dans 1 Tendances r centes et nouvelles drogues Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 169 Usages n o traditionnels des drogues la consommation il est aussi un contexte de limitation des risques par la ritualisation de la pratique l usage festif r cla merait en effet un certain contr le Les parcours de consommation de substances psychoactives en milieu festif techno fournissent un cadre int ressant pour d crire l int gration des modalit s de contr le de l usage par la ritualisation des pratiques depuis initiation jusqu l volution des parcours individuels de consommation Ce travail conduit naturellement s interroger sur les facteurs d un possible bas culement d un primo usage vers un usage plus r gulier mais aussi identifier les facteurs de diminution voire d arr t tudier de tels parcou
294. t mologique demeure impli cite Pis cette condition est plaqu e sur les soci t s archaiques et sur le ph nom ne chamanique en g n ral et par d rivation sur le ph nomene religieux en g n ral Traditionnellement le chamane n est pas en qu te d extase personnelle il endosse le r le prescrit par le syst me symbolico religieux de sa soci t Hamayon 2003 p 30 En fait le sens 9 Voir Gauthier 2003 pour notre recension de cet ouvrage 10 Tarot 2008a num re d autres auteurs influents tels que Michael Harner Barbara Myerhoff G Reichel Dolmatoff Peter Furst Richard Schultes Jean Clottes et David Lewis Williams qui s inscrivent dans l approche discut e ici 218 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Les usages n o chamaniques du festival Burning Man m me du rituel est garanti par les normes culturelles et sociales Dans le rituel traditionnel tout geste tout l ment contribue au sens du rite la pr sence de l invisible Objets rituels mouve ments du corps sauts sons et conduites diverses tout a sa raison d tre dans le registre symbolique qu instaure le rituel chaque l ment contribue rendre pr sents les esprits en mettant en scene de facon proprement dramatique leurs rencontres avec les humains dans ce cadre id p 36 Si des anthropologues ont contribu la construction de ce nouveau chamanisme Eliade et Castaneda au premier chef c est au d t
295. t dit la fin des tudes la d cohabitation familiale l entr e dans la vie active de m me que la mise en couple s talent sur quelques ann es et se franchissent de mani re non simultan e Il y a donc d un c t un allonge ment de la jeunesse mais aussi la naissance d un ensemble de situations interm diaires dont la principale caract ristique est Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 173 Usages n o traditionnels des drogues d tre socialement ambigu s d tre des situations fronti res mais qui peuvent se prolonger plusieurs ann es des situations dont la d finition ne rel ve ni tout fait des r les adultes ni tout fait des r les adolescents Cavalli et Galland 1993 p 16 Les transformations de l organisation de cette phase de la vie vont de pair avec l apparition d un mode de socialisation in dit qui tend se substituer au mod le de la transmission familiale C est dire que les identit s et les statuts sont moins h rit s de la famille d origine que construits par les jeunes eux m mes par essais et erreurs au travers d exp riences sociales et d affiliations lectives Dans le m me sens Vulbeau 2002 rel ve la tendance passer des inscriptions primaires o la place des jeunes est pens e et d finie l avance pour tre ensuite g r e par les institutions et le monde adulte aux inscriptions secondaires o les lieux d exp rimentation sont mis
296. t en tant parfaitement conscients des souffrances qu ils ont pu infliger leur entourage et des exc s qu ils ont fait endurer leur corps Ils ont trouv tr s difficile la p riode de sevrage et aucun ne souhaiterait la revivre Pourquoi donc boivent ils du vin l occasion quand le repas s y pr te ou lorsque le type de convives l y invite Tous ont suivi une cure le plus souvent selon la philosophie des Alcooliques Anonymes telle quelle ou am rindianis e dans les centres sp cialis s pour les autochtones ou encore adapt e selon les croyances pentec tistes Tous ont appris pendant cette cure que l alcoolisme tait une maladie et qu ils ne pouvaient pas prendre le risque de boire nouveau ne serait ce qu un verre Mais justement ils ne se consid rent pas eux comme 156 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens malades et se sentent capables de boire un verre et de s arr ter juste apres Comme nous l avons dit au d but politiquement et socia lement la culture du boire pr sent e comme positive chez les Am rindiens est l abstinence Pourquoi donc ces anciens alcooliques qui ne boivent plus boivent ils un verre de vin l occasion alors qu ils se situent pr cis ment dans les crit res de l Am rindien sage et en sant D apr s les discours que nous avons recueillis ce n est nullement pour renouer avec un pass ou par ailleurs ils se
297. t incorpor par ingestion empl tre ou bain et pour ne pas en alt rer l acquisition une s rie de restric tions doivent tre respect es Ces quelques lignes r sument les rudiments de l initiation chamanique Ce qui caract rise le chamanisme n est donc pas une diff rence de principe tre onanya ne suppose pas une forme singuli re de savoir mais plut t une diff rence de degr de sp cialisation L onanya se distingue par la force de son engagement Il devient celui qui sait onanya car il pousse cette forme de connaissance son paroxysme accroissant la manipulation des rao multipliant et prolongeant les tabous Ce qui fait varier la comp tence d un onanya d pend d ailleurs de son investissement la dur e la s v rit somme toute l intensit de son initiation De m me la persistance joue un r le important puisque pour que son pouvoir ne d croisse point l onanya doit constamment le renouveler 22 Arbres identifi s respectivement comme Sapium marmieri et Brosimom SP Ar valo 1994 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 77 Usages n o traditionnels des drogues par des p riodes successives d apprentissage Ainsi ressourc de rao il d gage une puissance telle qu il peut involontairement causer la contagion copia 3 Cependant l aspect qui d marque le plus l initiation chamanique des autres types d apprentissage de rao et qui d cuple son pouvoir est l
298. t justifier socialement une pratique L intervention favo rable d experts n est pas non plus une garantie de reconnais sance officielle avec pour cons quence que la majorit des pratiques se d roulent dans la clandestinit et en l absence de contr les l gaux Seules v ritables exceptions au Canada Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 49 Usages n o traditionnels des drogues la r glementation des usages de l alcool et du tabac et les d ro gations des fins m dicales ou religieuses D racin s de leur contexte rituel originaire les usages tradi tionnels des drogues se doivent de composer avec les nouvelles r alit s de leur environnement social Les marges dans lesquelles les usages se d roulent ne sont plus syst matiquement int gr es l ordre global de la soci t cela s ajoute le fait que l usage des drogues en Occident est d abord vu comme un choix indi viduel et non comme une pratique communautaire ou sociale reconnue La dimension individuelle des usages suscite d autant plus la r probation qu elle est associ e dans les repr sentations une recherche goiste du plaisir Comme le souligne le philo sophe Fernando Savater 2003 p 141 142 le plaisir a une mauvaise r putation morale Alors que celui qui souffre d pend d autrui et aspire sa compassion celui qui jouit n a besoin de rien ni de personne pour l instant C est dans le plaisir jamais recomm
299. t malade Je ne nie pas poursuit il que le chaman soit plus ou moins adapt j insiste simplement sur le fait qu il n est adapt qu un secteur relativement marginal de sa soci t et de sa culture italiques de l auteur 30 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues autant de l usage des psychotropes L usage de substances psy choactives est l une des techniques je ne immobilit automu tilation danse musique etc la disposition du chamane pour entrer en transe et r aliser le voyage chamanique mais une technique aberrante selon Eliade 1983 p 383 L usage de narcotiques dit il d note plut t la d cadence d une technique d extase ou son extension des populations ou des groupes sociaux inf rieurs id p 371 9 Les narcotiques ne sont ses yeux qu un substitut vulgaire de la transe pure La prise de substance hallucinog ne serait un moyen plus facile mais surtout plus rapide de r aliser le voyage chama nique Aussi note M Perrin dans plusieurs soci t s l aptitude se passer de la drogue serait interpr t e lorsque l on est un grand chamane comme le signe d une grande maitrise Dans certaines soci t s amazoniennes le chamane confirm n utilisera plus l ayahuasca mais seulement le tabac Perrin 1995 p 49 32 Mais peu importe la technique utilis e le voyage chamanique se d roule toujou
300. t pas mentionn s et les noms des quatre communaut s ou la majorit des tudes de terrain ont t men es ne seront pas cit s w Ces fiches cartonn es au nombre de 866 ont t donn es par Bernard Dagenais Norman Clermont qui lui m me en a fait don au d partement d anthropologie de l Universit de Montr al Elles ont t index es par Nicolas Dufour Laperri re sous la supervision de Marie Pierre Bousquet 130 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens chez les Am rindiens du Qu bec telle qu elle apparait d une part dans la documentation scientifique d autre part dans les discours publics que les Am rindiens tiennent sur l alcool en avan ant un mod le global de mani res de boire am rindiennes Puis nous nous pencherons sur les distinctions existant entre la bi re le fort les boissons haut pourcentage d alcool et le vin afin de montrer les nuances pouvant tre apport es une repr sentation globalement n gative de la consommation d alcool chez les Am rindiens Enfin nous tenterons de voir si boire un verre et tre un Am rindien en sant et sobre est une contradiction en analysant le probl me sous l angle de la manipulation d une culture politique Boisson et colonisation un lien significatif De la litt rature sp cialis e sur l usage de l alcool chez les Am rindiens du Qu bec surtout et des provinces voisines
301. t travaille avec des partenaires de l cole de m decine Nelson Mandela Universit Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 99 Usages n o traditionnels des drogues Kwazulu Natal de l Institut pour les maladies infectieuses et la m decine mol culaire Institute of Infectious Disease and Molecular Medecine IIDMM l Universit de Cape Town UCT et du Conseil M dical de Recherche Medical Research Council MRC de l Afrique du Sud Des scientifiques de la branche m dicale de l Universit du Texas UTMB des univer sit s de Georgetown du Mississippi et le Jardin Botanique du Missouri sont rassembl s sous l gide de Missouri University MU Le consortium UWC MU se concentre uniquement sur des plantes m dicinales et des syst mes de gu rison africains et a comme mission premi re d tablir un partenariat avec des gu risseurs traditionnels et des entrepreneurs cl s sud africains en vue de conduire des recherches rigoureuses sur les phyto th rapies autochtones TICIPS entreprend la validation de l efficacit de plantes m dicinales traditionnelles autochtones en utilisant les processus des essais cliniques randomis s ECR tels qu approuv s par la communaut scientifique internationale L un de ces projets men s par TICIPS sa base de l UWC Cape Town en Afrique du Sud a d limit les lieux de mon ethnographie et m a men e entre autres aupr s des herboristes rastafaris sur lesquels se
302. taient les principaux pourvoyeurs de boissons alcoolis es En 1921 le Qu bec tatise le commerce des boissons alcoolis es en cr ant la Commission des liqueurs du Qu bec Pr vost et coll 1986 p 74 partir de 1921 les magasins de la Commission qui deviendra R gie des alcools du Qu bec en 1961 puis Soci t des alcools du Qu bec SAQ s install rent d abord dans les capitales r gionales pour se diffuser au fil des d cennies dans les autres petites villes Une lecture des trois principales sources d informations concernant les mani res de boire des Algonquiens du Qu bec apr s 1960 savoir Dagenais 1962 Robbins 1973 et Roy 2005 nous permet de dresser le tableau suivant 8 n est pas question ici des Mal cites des Ab nakis ni des Mi kmaqs 9 est noter que seul le commerce de la bi re n est pas r gi par l tat Pr vost et coll 1986 p 234 10 Pr cisons que Dagenais consacre une quinzaine de fiches au th me des boissons alcoolis es 138 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens SOUISIOA SO IA Sop s1eq no uontqrqoid ep op uy SQI LUIS Sup8 uq adno13 uq so1de oA1oso1 sind neoulo oreg Souiuioj sop Issne sreur S007 IL6T JURAR sursopuv o xnorT neouonaew soururoq sop mong pu snuu oy souiuio op n d Soloj xneog 1910 uo 1nofos un JUEAINS jo sojoj e1ed no sosto12 juepoooud syny IPIS sur
303. tent le l cher prise l expression excitation l aiguisement des sens l nergie etc Les participants r f rent abondamment ces tats en termes d exp rience du sacr de communion religieuse de communitas Turner 1990 d exp rience spirituelle chama nique oc anique etc Or il faut insister sur le fait que pour que les effets des psychotropes soient v cus de mani re positive comme l a bien montr nouveau Becker 1985 dans le cas de la marijuana un travail symbolique permis par la socialisation est n cessaire Il y a par ailleurs toujours une dimension de danger et de risque li aux consommations de psychotropes et en cela les substances sont toujours ambivalentes la fois gratifiantes et empoisonn es potentiellement dangereuses Ce que corrobore largement la recherche BM et dans diff rentes sous cultures contemporaines C est pr cis ment la rituali sation et l inscription dans une signification positive globale la participation l v nement BM par exemple qui permettent d apprivoiser l arbitraire et le p ril que contient la substance Les psychotropes s inscrivent ainsi dans la logique du don qui est comme l a bien soulign Marcel Mauss tel le pharmakon grec la fois bienfait et poison Pour reprendre les trois axes de Tarot 2008b on peut dire que les pratiques en hyper correspondent typiquement 228 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Les usages n o chamaniqu
304. tiers li s des recherches sur les effets psycho tropes de l alcool Mais ils peuvent tre associ s des images saines de sportifs et de couples en tenue de soir e comme en France voir Tsikounas 2004 surtout quand ils sont m lang s 128 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens avec des jus de fruits et des sodas formant des cocktails et des drinks dont les recettes s changent Ainsi les Europ ens les Indiens d Amazonie les Mexicains les Africains et les Blancs nord am ricains peuvent boire de l alcool de fa on ritualis e ou festive selon des codes complexes En est il de m me chez les Am rindiens du Canada Nous voudrions montrer pour en avoir t t moins sur nos terrains respectifs qu il existe en marge des probl mes de d pendance et de leur cort ge de blessures des Am rindiens qui boivent de l alcool de fa on raisonnable et que certains d entre eux sont m me d anciens buveurs Il n est pas dans nos intentions de rentrer dans les d bats propres la sant publique L id e seule qu il est possible de se servir un verre de facon saine apr s une p riode de d pendance puis d abstinence soul ve de vives controverses dans les milieux m dicaux Lefebvre et Legrand 2003 Nous consid rerons le fait de boire de l alcool chez les autochtones non pas travers les perceptions de la m decine ou de la psychologie mais plut t sous
305. tous les magiciens qui sont des chamanes En r duisant le chamanisme aux techniques archaiques de l extase Eliade est lui m me conscient que l on pourra confondre le chamanisme avec d autres ph nom nes tels que 25 Le transvestisme rituel est commun plusieurs traditions chamaniques Transgresser la diff rence des sexes serait selon M Perrin la m taphore de toutes les autres m diations que doit r aliser le chamane id p 54 28 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues la possession Si le chamane peut parfois tre poss d par les esprits il ne se transforme jamais pour autant en leur instrument id p 24 Sauf exception le chamane exerce toujours un certain contr le sur son voyage ce qui n est pas le cas par exemple des poss d s des cultes de possession qui deviennent litt ralement l instrument ou le r ceptacle de l esprit ou de la divinit qui les poss dent Cette remarque a son importance pour notre propos dans la mesure o la prise de psychotropes est l un des moyens possibles pour acc der la transe chamanique Si le recours aux psychotropes est n cessaire la r alisation du voyage chamanique le chamane se doit d en ma triser l usage et ses effets La focalisation sur les tats de transe et d extase est non seulement source de confusions mais limite la compr hension du chamanisme en tant que fait social
306. tre que les participants tendent parler d un contact avec soi avec les profondeurs de leur tre lib rer leur inconscient dans une dynamique toutefois plus expansive qu introspective dans le cas des pratiques en hyper C est cette transcendance int rieure trang re au chamanisme traditionnel que la pratique n o chamanique entend lib rer et explorer au profit d une r harmonisation avec cette autre 15 Cette croyance n est pas dogmatique mais elle est croyance tout de m me Les adeptes du n o chamanisme comme on l a relev se r jouissent de pratiquer sans renvoi un ensemble explicite et d terminant de croyances Or ces croyances au contenu plus flou sont tout aussi structurantes Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 229 Usages n o traditionnels des drogues transcendance ext rieure et englobante qu est la Nature Cette derni re recoupe l axe horizontal et le groupe en effervescence qui enfle pour englober la communaut imm diate la com munaut de BM puis l humanit enti re suivant la tendance l universalisation r sultant de la f te et de l exp rience liminaire effervescente Durkheim 1990 Turner 1990 16 Pour leur part les usages de psychotropes dans les tentes suerie ou autres cercles rituels sont placer du c t de l extase et des pratiques en hypo Ceux ci comportent une teneur le plus souvent explicitement spirituelle et vise toucher au sacr gr ce
307. tt ralement de l ivresse que procure le jus de tabac et qui plonge le chamane et les novices dans un tat de transe op cit p 86 87 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 31 Usages n o traditionnels des drogues culture d origine des initi s Ce qui n est pas a priori le cas dans le n o chamanisme Comme pour le chamanisme l usage de psychotropes n est pas un pr alable la pratique du n o chamanisme Il existe en fait une diversit de pratiques soi disant n o chamaniques allant de la consultation psychoth rapeutique aux techniques corporelles en passant par la d marche artistique et l exp rience religieuse Une rapide recherche sur Internet de l offre de services n o chamaniques ou chamanisme pour Occidentaux permet de constater que nombreux sont les groupes et les n o chamanes qui insistent sur le fait que l usage de psychotropes ne fait pas partie de leurs pratiques c t on trouve d autres groupes ne se d finissant pas comme n o chamaniques mais qui proposent des services tourisme culturel th rapie alterna tive croissance personnelle etc dans lesquels l usage de psy chotropes dans un contexte d inspiration chamanique constitue une composante importante de leur sp cialit Lorsque l on parle de n o chamanisme on r f re norma lement des pratiques qui sont d racin es de leur contexte social d origine Ces pratiques peuvent s inspirer d une o
308. tut universitaire sur les d pendances Universit de Montr al Universit de Sherbrooke University of Waterloo Domr my Mauricie Centre du Qu bec Institut du d veloppement de l enfant et de la famille Universit de Sherbrooke cole nationale d administration publique F d ration Frangaise d Addictologie France Institut national de sant publique du Qu bec Universit de Montr al Universit du Qu bec Montr al UQAM Institut national de sant publique du Qu bec Universit de Sherbrooke Service de psychologie DDEC Nantes France Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 243 Usages n o traditionnels des drogues Raynault Marie France Universit de Montr al Renaud Lise Universit du Qu bec Montr al Richard Lucie Universit de Montr al Robillard Chantal Institut universitaire en sant mentale Douglas Rosenzweig Michel Universit libre de Bruxelles Rousseau Michel Universit d Ottawa Royer Ann Universit Laval Schultz Anette University of Manitoba Suissa AmnonJacob Universit du Qu bec Montr al UQAM Tourjman Smadar Valerie Universit de Montr al Tremblay Jo l Universit du Qu bec Trois Rivi res Centre universitaire de Qu bec Van Caolen Benoit Universit de Sherbrooke Vitaro Frank Universit de Montr al 244 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009
309. u bec H2M 2E8 Tous droits r serv s pour tous pays Imprim au Canada ISSN 1703 8839 Usages n o traditionnels des drogues perspectives socio anthropologiques Sous la direction de Marc Perreault Drogues sant et soci t Usages n o traditionnels des drogues Usages n o traditionnels des drogues perspectives socio anthropologiques Mot de pr sentation 5 1 2 3 4 5 6 Marc Perreault Rites marges et usages des drogues repr sentations sociales et normativit contextuelle 11 Marc Perreault Article de r flexion th orique Cosmologies chamaniques et utilisation de psychotropes parmi les Shipibo Conibo de l Amazonie occidentale 57 Anne Marie Colpron Article de r sultats de recherche Plantes m dicinales savoirs et soci t vue des rastafaris sud africains 110055551111110000111 93 Julie Laplante Article de r sultats de recherche De la bi re du fort ou du vin peut on boire sans ivresse chez les Am rindiens 123 Marie Pierre Bousquet Anny Morissette Article de r sultats de recherche De la d couverte des substances psychoactives en milieu festif techno l usage maitris 165 Anne Petiau Lionel Pourtau Charles Galand Article de r sultats de recherche Du bon usage des drogues en religion Consommations n o chamaniques Burning Man 201 Frangois Gauthier Articl
310. u Santo Daime est difi autour de l absorption ritualis e de la ayahuasca breuvage sacr aux propri t s hallucinog nes dont la pr paration est emprunt e la tradition chamanique 6 L usage de l ayahuasca suit un protocole strict balis par des restrictions alimentaires et sexuelles et est contr l par le principal officiant qui jauge les dosages selon les individus et l exp rience recherch e Le Santo Daime se r pand aujourd hui avec la diaspora br silienne jusqu en Occident Aussi l o l glise cherche s tablir elle doit composer avec les l gislations locales qui r gissent voire interdisent l usage de l ayahuasca Les exemples du culte du peyotl et du Santo Daime illustrent bien la mouvance et le dynamisme des traditions tant dans leurs 35 L glise du Santo Daime a t fond e dans l tat de l Acre au Br sil au d but des ann es 1930 par Raimundo Ireneu Serra Elle est officiellement reconnue au Br sil depuis 1972 Elle compte plus d une dizaine de milliers d adeptes au Br sil mais aussi un peu partout dans le monde dont au Canada Voir entre autres le texte de P Deshayes Les trois mondes du Santo Daime Dans la m me mouvance a t fond e en 1962 dans l tat du Rond nia au Br sil par Jos Gabriel da Costa Mestre Gabriel l glise de l Union du V g tal Unido do Vegetal 36 D origine am rindienne la boisson sacr e du Santo Daime n en est pas moins associ e da
311. u celle des maitres Alors que la plupart des Shipibo Conibo adoptent la perspective des ma tres de mani re limit e lorsqu ils r vent ou incontr l e dans la for t l onanya provoque et g re ces rencontres par l interm diaire de l ayahuasca L onanya intervient g n ralement lorsque les situations se compliquent lorsqu elles persistent ou empirent malgr l utili sation de rao Ainsi les cas trait s par l onanya ne se distinguent que par leur intensit La gravit des circonstances se justifie souvent par leur intentionnalit un sorcier ou un maitre ayant provoqu le malheur que se soit la discorde dans le couple ou l inaptitude la chasse Pour r tablir la donne l onanya doit n gocier ou lutter avec le causeur du trouble invoquant ses puissants alli s pr dateurs comme les maitres boa ou jaguar et leur imposant arsenal offensif d fensif De plus par l interm diaire de l ayahuasca l onanya acquiert les capacit s transformatrices des maitres Rappelons 35 Au sujet de la notion de perspective voir Viveiros de Castro 1998 et Stolze de Lima 1999 2005 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 85 Usages n o traditionnels des drogues que ces derniers ne sont pas contraints une manifestation unique ils adoptent des formes fluctuantes comme dans les r cits mythiques Le psychotrope tout comme le r ve permet l onanya d exp rimenter de telles mutations Les parures
312. u de plusieurs traditions chamaniques ou non mais ne sont pas propres au paysage social global ot elles se d roulent sinon a l identit ethnoculturelle de ses pratiquants La fonction sociale qui caract rise le chamanisme traditionnel est extirp e au profit de la valorisation de la d marche personnelle Le voyage chamanique ne s inscrit plus n cessairement dans une trame sociale d finie m me si les r f rents symboliques peuvent avoir une connotation identitaire sociale culturelle religieuse etc significative pour les personnes concern es 33 faut dire l inverse que plusieurs groupes n o chamaniques recourant aux psychotropes dans leurs pratiques se garderont de les annoncer publiquement question de pr server leur caract re plus ou moins clandestin 32 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Rites marges et usages des drogues La transformation de la performance chamanique en une pratique du soi et un produit de consommation se traduit par la transformation non seulement des contextes rituels tradi tionnels mais aussi du processus d initiation ces pratiques Il suffit parfois d un voyage en terres chamaniques ou m me d un week end pass parmi un groupe n o chamanique pour devenir un initi Dans certains cas on pr conise m me l autoproclamation et l autoemploi de pratiques dites chama niques Hamayon 2003 p 31 Plusieurs chercheurs nous mettent en gar
313. uelques milliers de plantes sauvages en vue de passer sous le regard clinique C est lors du suivi de ce parcours entrepris par TICIPS que j ai pu observer et tudier les dynamiques ou se d ploient et voluent les politiques de savoirs faisant l objet de mon int r t Les activit s de la recherche de TICIPS portant sur l A afra se retrouvent actuellement en phase pr clinique Le projet vise valider l efficacit de ladite plante afin que le rem de analys puisse ultimement tre int gr au sein des syst mes conven tionnels de sant Du m me coup le projet vise travers les processus d essais pr cliniques et cliniques la protection voire la reconnaissance des savoirs autochtones Comprendre com ment la reconnaissance des savoirs autochtones est atteinte ou d vi e dans ce projet est au coeur m me de mon champ global de recherche Pour y arriver j ai choisi d examiner comment se d roulent les tapes pr cliniques qui meneront ou non des ECR Ces tapes pr cliniques constituent mes yeux la phase initiale de dislocation de la plante de ses usages traditionnels 3 TICIPS conduit actuellement des essais pr cliniques des phytoth rapies de A afra dans le traitement du cancer cervical et de la tuberculose Vincent 2006 Au Cap les membres de TICIPS ont d j test la toxicit de la plante sur des souris et des singes vervet afin d tablir la bonne dose dans la bonne forme Mukinda 2005 La plant
314. un musicien reggae condamn 16 mois de prison par une cour inf rieure Perugia Le jugement de la Cour reconnait que la religion rastafari puisse consid rer l utilisation de la marijuana comme tant un sacre ment et que ses membres en poss dent Stewart 2008 traduc tion libre Mais d autre part l Afrique du Sud qui rassemble l un des plus grands nombres de Rastafaris dans le monde continue de s insurger contre les demandes des rastafariss Bien que la plupart des rastas sud africains que j ai connus ont t arr t s par la police maintes fois le respect mutuel des diversit s de pratiques entre amaggirhas et rastafaris mais aussi entre les Afrikaans et les Anglais est g n ralement de mise Ce respect des diff rences a conduit certains rastafaris aller en Cour pour se d fendre d une accusation de posses sion de dagga en voquant des motifs religieux Ce motif a 5 En Afrique du Sud la culture la vente et la consommation du C sativa sont deve nues ill gales formellement sous l Acte m dical dentaire et pharmaceutique N 13 1928 Le C sativa tait clairement li l poque des pratiques th rapeutiques En 1971 la l gislation anti cannabis est pass e l Acte d abus de substances produisant de la d pendance et des centres de r habilitation N 4 pour ensuite passer sous l Acte des drogues et du trafic de drogues en 1992 N 140 l gisla tion toujours effective aujourd hui Selon la section 17
315. une pipe La c r monie se d roule g n ralement au sein d une congr gation d hommes dont une seule femme pr tresse ma connaissance On peut alors y rappeler l histoire religieuse ou changer des paroles sacr es et des remerciements Jah Rastafari Haile Selassie Dieu pour l apport de l herbe accueillie comme une b n diction Il faut comprendre cette pratique rasta en fonction des principes organiques de Jah Dieu une vie harmonieuse favoris e par la consommation de dagga repr sente pour plu sieurs la cl de la sant physique comme morale La ganja est fum e en guise de sacrement sa consommation est per ue comme une source de gu rison sociale et spirituelle une source d illuminations la gu rison de la nation Yawney 1978 p 75 traduction libre Kroll 2006 p 241 explique au sujet des rastas du Cap que la dagga facilite le nettoyage de l me et renforce la r sistance de l utilisateur contre la maladie et les politiques babyloniennes La maladie est consid r e comme prenant racine dans la s paration de Jah Dieu et de la pens e dans la s paration des mots et des actes L usage de la dagga facilite l acc s a certains savoirs en raison des tats de conscience alt r s qu elle procure et qui sont hautement valoris s et associ s la sagesse Latteinte de ces tats de conscience alt r s suscite l mergence d intui tions remarquables quant aux usages des plantes Kroll 2006
316. uqam ca religiologiques Gauthier F et G M nard sous la direction 2001 Technoritualit s religiosit rave Religiologiques 24 Godbout J T en collaboration avec A Caill 1995 L Esprit du don 2 dition Montr al Bor al Compact Godbout J 2007 Ce qui circule entre nous Donner recevoir rendre Paris Seuil Hamayon R sous la direction 2003 Chamanismes Paris PUE 311 p Hamayon R 2003 Introduction Chamanismes R alit s autochtones r inventions occidentales In R Hamayon sous la direction Chamanismes Paris PUF p 7 54 Hamayon R 1990 La Chasse l me Esquisse d une th orie du chamanisme sib rien Paris Publications de la Soci t d ethnologie s p Heelas P L Woodhead et coll 2005 The Spiritual Revolution Why Religion is Giving Way to Spirituality London Blackwell 224 p Hervieu L ger D 1993 La religion pour m moire Paris Cerf 274 p Kozinets R V 2000 Rituals without dogma liberating purifying and primalizing consumption at Burning Man Evanston IL Kellogg School Northwestern University non publi La Revue du Mauss semestrielle 1998 No 12 2 semestre 1998 Plus r el que le r el le symbolisme Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 235 Usages n o traditionnels des drogues Mabilon Bonfils B sous la direction 2004 La f te techno Tout seul et tou
317. us a sa facon personnelle de r aliser sa propre humanit et qu il est important de d couvrir et de vivre la sienne propre au lieu de se conformer au mod le impos de l ext rieur par la soci t 212 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 Les usages n o chamaniques du festival Burning Man ou par la g n ration pr c dente ou par l autorit politique ou religieuse Taylor 2003 p 79 80 Cette r volution culturelle aussi appel e tournant subjectiviste par nombre d auteurs Heelas Woodhead et coll 2005 d une ampleur qu il ne faut sous aucun pr texte n gliger s est accompagn e d un changement dans l attitude l gard des psychotropes commencer dans la contre culture la mouvance hippie et jusque dans le foisonnement nouvel ge particuli rement en Am rique du Nord En m me temps les d bats rudits des socio anthropologues des religions qui jusque l dissertait bien plus de l opium du peuple que des peuples de l opium Tarot 2008a p 839 se sont int ress s l usage des drogues dans les soci t s traditionnelles Deux auteurs en particulier ont eu un impact consid rable tant sur la drug culture que sur les d bats acad miques partir des ann es 1960 70 Mircea Eliade et Carlos Castaneda Dans Le chama nisme et les techniques archaiques de l extase Eliade 1992 place le chamanisme l origine de la religion ce qui serait confirm par l extraordinaire diff
318. usion du chamanisme dans l Ancien et le Nouveau Monde et par sa persistance Tarot 2008a p 834 Le chamanisme serait aussi en son c ur motiv par une recherche d tats extatiques qui constitueraient en der ni re analyse l exp rience religieuse l tat brut Hamayon 2003 p 31 Cette hypoth se a t reprise par la litt rature psychotropes en plus notamment en s appuyant sur du mat riau Sud Am ricain Les psychotropes sont alors plac s au coeur de l exp rience chamanique certains auteurs allant m me jusqu en d river une th orie narcog n tique de la religion id e qui par ailleurs circule dans certains courants pr sents BM ES Voir la discussion de Tarot 2008a p 827 856 sur cette question Pour importante qu elle soit pour notre propos et pour pertinentes que soient les critiques de Tarot sur les th ories narcog n tiques de la religion nous n endossons pour autant aucunement la perspective girardienne qu il fait sienne Pour notre critique de cet ouvrage et de son tournant girardien voir Gauthier 2008b 2008c Voir galement la r ponse de Tarot 2008c Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 213 Usages n o traditionnels des drogues Les crits de Castaneda pour leur part ont re u un accueil favorable notamment chez une certaine classe sociale ais e et duqu e de la c te Ouest des tats Unis Le fait que cet auteur tait anthropologue de formatio
319. utilisation exacerb e de l ayahuasca L usage du psychotrope peut en quelque sorte se comprendre comme un intensificateur des relations avec les ma tres des rao Grace l ayahuasca l onanya voit et interagit continuellement avec les maitres et renforce ainsi son savoir et ses alliances Ces diff rents modes plus ou moins d velopp s d appren tissage de rao se pensent toutefois en continuit ce qu exem plifie d ailleurs le r cit d une onanya Elle raconte comment dans son enfance elle fut encourag e par son p re non initi au chamanisme boire la d coction d un grand arbre nomm sanango Son p re avait d j perdu plusieurs enfants en bas ge et par ce proc d il souhaitait rendre sa fille robuste l image de l arbre Pour viter toute forme d affection copia il l isole dans la for t pendant un mois et l alimente peu petits poissons et plantain Selon l onanya cette p riode de r clusion et d abstinence lui a permis d int grer profond ment la force de l arbre Elle a gagn non seulement en solidit mais de plus elle a pu r utiliser ce pouvoir une dizaine d ann es plus tard lors de son initiation chamanique puisque d s ses premi res ingestions du psychotrope ayahuasca les maitres de l arbre sanango se pr sentent elle pour consolider leur alliance La puissance de 23 L affection copia qui est provoqu e par l onanya se nomme irabana Ainsi un onanya l se involontairement son apprenti
320. ves et des cirrhoses est aussi tr s souvent la cause ou la cons quence des suicides noyades accidents de voiture violences familiales bagarres avec blessures viols et meurtres qui affectent les communaut s certaines plus que d autres Pourtant si toutes les soci t s ayant une culture de l alcool ont leur part d alcooliques elles comprennent aussi des gens ne pr sentant aucun sympt me de consommation pathologique La litt rature tant de recherche scientifique que de vulgarisation regorge cet gard d articles et d ouvrages sur l tiquette de d gustation des vins Albert 1989 Coutier 1994 Jeanneret 2004 leurs vertus pour la sant Fournier V 2003 et leur symbolisme social Fournier D et coll 1991 travers le temps comme travers l espace La bi re a aussi ses ama teurs ayant fait couler beaucoup d encre sur les mani res de boire et la sociabilit dans des parties du monde aussi diff rentes que les brasseries canadiennes Ferland 2005 les pubs anglais Massard Vincent 2006 ou les cabarets dogons au Mali Jolly 2004 De la th tralisation des comportements la hi rarchie sociale des lieux de consommation et des boissons servies Steiner 2001 les sujets sur le th me de l alcool sont nombreux Dans toute cette documentation les d pendances et les conduites thyliques ne sont pas forc ment abord es Les alcools forts comme le whisky la tequila le brandy ou la vodka sont plus volon
321. ytes et incite ainsi leurs maitres se pr senter en chantant Ces airs se rapportent sciemment leurs qualit s attachantes et leur attirail compos de chaines de cl s et de cadenas qui servent au m me propos L onanya entonne ce chant en concert et le dirige vers l afflig e puisque le chant incarne les pouvoirs du rao il noue alors l me de la jeune femme celle de son poux L onanya passe ensuite un autre chant et de m me un autre cas celui d un homme qui prouve une malchance r p t e la chasse tant incapable de d busquer ou de tuer du gibier Pour contrer son affection yopa l onanya invoque un grand arbre pineux habitat du pr dateur aigle harpie qui manque rarement ses proies Ce maitre se pr sente alors sous sa forme anthropomorphique par de ses accessoires de chasseur notamment un arc un carquois rempli de fl ches un diad me 32 Gebhart Sayer 1985 1986 d crit galement comment la force des rao peut prendre la forme de dessins g om triques shipibo conibo 33 Exemples recueillis aupr s de l onanya Justina de Vencedor 2000 2001 Drogues sant et soci t vol 8 n 1 juin 2009 83 Usages n o traditionnels des drogues et des tatouages appropri s L onanya s acquitte alors de son r le de m diateur son chant chamanique cr e un chemin qui transmet la force du rao et orne alors le mauvais chasseur de quelques attributs du maitre arc carquois de

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