L`évolution du statut de l`enfant
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1. L EVOLUTION DU STATUT DE L ENFANT MELAMPOUS De la patria potestas l autorit parentale DEUXIEME CHAPITRE L EVOLUTION DU STATUT DE L ENFANT ANALYSE SEDIMENTAIRE De la patria potestas l autorit parentale L antiquit romaine et le statut d objet A Rome l enfant n existe que par rapport son p re La puissance paternelle ou Patria Potestas d passe d ailleurs largement le champ de la paternit C est un principe au dessus de toute loi l origine de tout pouvoir y compris politique et religieux les s na teurs sont appel s patres les aristocrates patricii Le chef de famille tient sous son pouvoir la manu femme enfants et esclaves C est en m me temps un pr tre qui pr side au culte des Dieux Lares et des p nates interpr te les signes et un magister qui apprend ses fils se ma triser les pr parant la vie politique par un v ritable dressage civique Ceux ci l accompagnent la basilique o il plaide au forum o il rencontre ses amis et au S nat o il participe la conduite des affaires publiques Quant aux petites filles elles sont donn es un mari avant la pubert C est lui et sa famille qui les du queront en leur donnant en exemple les actes des femmes c l bres La paternit biologique n entra ne cette poque aucune responsabilit particu li re La paternit juridique est un acte purement volontaire La volont de se2. afin de souligner que le juge des enfants n a pas juger le type d ducation donn l enfant mais uniquement ses ventuels effets n fastes Le nouvel article 375 7 du code civil pr cise qu en cas de placement les parents continuent d exercer tous les attributs de l autorit parentale qui ne sont pas incompa tibles avec l application de la mesure Ils conservent notamment un droit de correspon dance et de visite dont le juge fixe les modalit s et peut si l int r t de l enfant l exige d cider qu ils seront en tout ou partie provisoirement suspendus Les mesures de place ment deviennent inopposables aux parents en l absence de confirmation par jugement dans un d lai de six mois Le juge est invit tenir compte des convictions religieuses et philosophiques du mineur et de sa famille Afin d emp cher certaines man uvres dont l existence avait t constat e la comp tence territoriale est d sormais d volue au juge du domicile ou d faut de la r sidence des parents au profit duquel le juge du lieu o le mineur a t trouv devra se dessaisir dans le d lai maximum d un mois Enfin l intervention obligatoire en mati re de prostitution dont l efficacit tait loin d tre vidente dispara t Le m me souci de respecter les droits des familles transpara tra dans la loi du 6 juin 1984 concernant le fonctionnement du service de l aide sociale l enfance qui comprend cinq innovations Informatio
3. un conflit important survenu entre une adolescente de religion protestante et ses parents le magistrat saisi avait t amen recourir faute d autre solution imm diatement r alisable un placement dans un ta blissement g r par des religieuses catholiques La jeune fille n ayant rien eu de plus press que de se convertir le scandale qui en est r sult a mis en lumi re les pouvoirs exorbitants dont disposaient les juges des enfants partir de cette affaire qui notre connaissance n a t suivie d aucune autre s est d velopp un mouvement d id es qui a abouti au vote de la loi du 4 juin 1970 relative l autorit parentale Le nouveau texte substitue la puissance paternelle une autorit partag e en principe entre les deux parents il abroge l ordonnance du 23 d cembre 1958 dont il reprend n anmoins les orientations essentielles Selon une technique juridique irr prochable on extrait du texte ancien les dis positions de proc dure qui deviendront les articles 1181 1200 du nouveau code de pro c dure civile Certaines diff rences significatives sont r v latrices de l tat d esprit du l gislateur qui souha te r affirmer les droits de l autorit parentale en marquant des limites l intervention judiciaire la saisine d office devient exceptionnelle Dans les crit res de comp tence la notion d ducation compromise est remplac e par celle de conditions d ducation compromises
4. S ils survivent aux conditions de leur abandon leur s jour l h pital o se posent d normes probl mes d hygi ne et de nourriture ils doivent encore supporter le voyage n cessaire pour rejoindre la nourrice qui habite en g n ral la Campagne Chez elle ils devront affronter la p riode critique du sevrage les maladies infantiles et les risques d accident dus aux animaux de la ferme Ceux qui en r chappent restent en g n ral dans la famille d accueil Un certain nombre toutefois mal support s doivent retourner l h pital o on les garde jusqu ce qu ils aient l ge d tre plac s en apprentissage ou c d s des employeurs A vingt cinq ans ils cessent d tre sous la tutelle de l h pital ma s souvent la mis re en fait des vagabonds 1791 1800 La fracture r volutionnaire D s le 17 si cle les juristes Grotius et Von Pufendorf qui professaient la th orie d un droit des gens fond sur des raisons humaines avaient critiqu la scolastique tradition nelle ils reconnaissaient tout tre humain des droits individuels d duits de l tat de nature qu ils organisaient en syst me Une telle pens e ne pouvait que remettre en cause toute esp ce d absolutisme qu il soit royal ou paternel la m me poque en Angleterre Locke place la source de la connaissance dans l exp rience c est dire dans la sensation aid e de la r flexion Un si cle plus tard Jean Jacques Rousseau en t
5. article consid r cette appellation recouvre tant t des droits fondamentaux de la personne humaine tant t des droits civils tant t des l ment culturels et sociaux tant t enfin des concepts sp cifiques de protection dont la mise en uvre concr te rel ve de registres h t rog nes La m me incertitude affecte la notion d enfant proprement dite Selon que l on parle d un droit ou d un autre on s adresse en r alit des cat gories d ge tr s diff rentes comment pourrait on par exemple parler s rieusement des droits politiques du nourrisson Il existe enfin un flou vident quant aux b n ficiaires potentiels de la convention s agissant notamment de l embryon si le pr ambule proclame que l enfant a besoin de protection avant comme apr s la naissance l article 1 qui le suit imm diatement le d finit comme tout tre humain g de moins de 18 ans et l article 6 lui reconna t un droit inh rent la vie Nous nous sommes d j interrog dans l introduction de cet ouvrage sur l oppor tunit d riger l enfance en une cat gorie s par e De nombreux commentateurs pre nant argument de ces incertitudes concernant l enfant dont il est question dans la convention d noncent son sujet un risque de polarisation de l imaginaire des adultes sur leur propre pass et de d veloppement d un mythe de l enfant roi On retrouve encore l ambigu t avec la notion controvers e de l int r t
6. sur d nonciation les juges pourront faire visiter les femmes susceptibles d tre enceintes Parall lement on tol rera l abandon en se bornant punir l exposition d enfant afin de contraindre les d posants se rendre dans un tablissement hospitalier La lourde charge de l entretien des enfants abandonn s a tout d abord incomb aux seigneurs en contrepartie du droit d pave dont ils b n ficiaient l gard de la suc cession des b tards En 1556 l ordonnance de Moulins exige que les pauvres soient nourris par les habitants de villes bourgs et villages dont ils sont natifs et habitants d s lors la recherche de leur origine va devenir une pr occupation majeure des autorit s L glise catholique joue dans le domaine du recueil un r le important les h pi taux et l H tel Dieu ouvrent leurs portes aux abandonn s L Ordre hospitalier du Saint Esprit celui de Saint Lazare celui des filles de la Charit cr en 1633 par Saint Vincent de Paul s y consacrent En 1638 est fond e la Maison de la Couche qui sera par la suite rattach e l h pital g n ral On met en place un syst me de guichet rotatif le tour pour recueillir de fa on anonyme les nouveau n s qui y sont d pos s par les meneurs auxquels les parents les ont remis cette fin Mais la mortalit infantile qui est d j d environ 50 dans la population g n rale atteint pour les enfants trouv s la propor tion effroyable de 90
7. tive dont la dur e ne d pend plus que de la d cision judiciaire Le troisi me d cret loi compl te la loi de 1889 Il pr voit qu en dehors m me de toute instance en d ch ance lorsque la sant la s curit la moralit ou l ducation de l enfant sont compromises ou insuffisamment sauvegard es par le fait des p re et m re une mesure de surveillance ou d assistance ducative peut tre prise par le pr sident du tribunal sur requ te du minist re public On voit ainsi se profiler une cat gorie particuli re de situations caract ris es non par la faute des parents ou de l enfant mais par la seule mise en danger de celui ci Faute d une instance unique et sp cialis e dans leur application les trois textes ne conna tront qu une application limit e Pendant la p riode de Vichy une loi du 26 ao t 1942 cr e un organisme de coor dination interminist rielle Sant Justice Education concernant la jeunesse d ficiente Contre l avis de la Direction des affaires civiles on instaure l instigation du minist re de la Sant des conseils locaux d arrondissement pr sid s par le sous pr fet et charg s du d pistage des situations de danger mais qui ont aussi le redoutable pouvoir de proc der d autorit des placements avalis s dans un deuxi me temps par le tribunal Un acte dit loi du 3 juillet 1944 jette les bases de la future assistance ducative Il ne sera pas appliqu en raison de l volution d
8. comparution devant la Chambre du conseil du tribunal civil qui d cide selon les circonstances s ils doivent tre rendus leurs parents ou plac s dans un tablissement susceptible de leur donner un enseigne ment suffisant pour les mettre en tat d exercer un m tier leur sortie La loi du 15 avril 1909 sur l instruction publique des enfants d ficients pr voit qu apr s d pistage ils seront envoy s dans des classes de perfectionnement La loi du 27 juillet 1917 organise la protection des pupilles de la Nation Enfin la loi du 15 novembre 1921 modifiant le texte de 1889 introduit la possibilit de d ch ance partielle des droits de puissance paternelle D j l essentiel n est plus dans l activit l gislative mais plut t dans l apparition de professions tourn es vers l enfance et le d veloppement des sciences humaines D s 1901 le professeur Calmette a mis en place Lille un dispensaire de secteur ayant des fonctions de d pistage de pr vention et de cure des infirmi res sont envoy es dans les familles pour visiter les jeunes m res et les malades La naissance du service social est un peu plus tardive en 1911 est cr e la pre mi re cole normale sociale qui est une cole priv e En 1923 gr ce aux efforts conju gu s du juge Henri Rollet et de l pouse du banquier Arthur Spitzer l association dite service social de l enfance en danger moral est fond e pour aider l autorit judiciaire dans sa
9. contr le unique est d j sensible dans la loi du 24 mars 1921 sur le vagabondage des mineurs Mais ce sont surtout les trois d crets lois du 30 octobre 1935 qui vont illustrer le changement Le pre mier relatif la protection de l enfance abroge pr cis ment la loi de 1921 Il dispose que les mineurs de 18 ans qu ils aient quitt leurs parents qu ils aient t abandonn s par eux ou qu ils soient orphelins n ayant d autre part ni travail ni domicile ou tirant leurs ressources de la d bauche ou des m tiers prohib s seront soit leur demande soit d office confi s un tablissement sp cialement habilit cet effet ou l assistance publique Le placement pourra tre d cid soit par le pr fet du d partement Paris le pr fet de police soit par le procureur soit par le pr sident du tribunal pour enfants Si le mineur enfreint la d cision prise son gard il pourra tre plac pr ventivement dans un d p t sp cial et renvoy devant le pr sident du tribunal pour enfant qui prendra telles mesures qui lui para tront les plus conformes l int r t de l enfant Le deuxi me d cret loi remanie le dispositif de la correction paternelle A l enfer mement en prison on substitue le placement en maison d ducation surveill e Le texte pr voit pour la premi re fois l audition du mineur et remplace l enfermement la demande du p re par un m canisme de placement consid r comme une mesure duca
10. enfants trouv s et l levage des enfants par des nourrices domestiques Les soci t s protectrices de l enfance se multiplient et l Etat est press d intervenir e Les enfants abandonn s au milieu du 19 si cle De 100 000 en 1819 leur nombre est pass 118 000 en 1830 pour atteindre 130 000 en 1833 On d cide alors de prendre des mesures nergiques Le tour accus de tous les maux car l anonymat qu il permet favorise l abandon et pousse au vice est remplac en 1848 par un bureau d admission charg de d courager les demandeurs moyennant la promesse d un secours mensuel pendant trois ans Pour d jouer les fraudes on transf re les b b s aussit t apr s leur recueil loin du lieu de d p t afin que les parents ne puissent ensuite les r cup rer en qualit de nourriciers Effectivement le ph nom ne commence d cro tre pour revenir approximativement en 1851 au niveau qui tait celui du d but du si cle En 1860 une enqu te g n rale sur le service des enfants trouv s conclut la suppression d finitive du tour et l attribution de secours C est peu de choses pr s le syst me qui fonctionne encore actuellement La limitation l gislative des abus de la Puissance Paternelle Les efforts des philanthropes et des hygi nistes trouvent cette poque leur couronne ment l gislatif l Etat quelles que soient les formes de gouvernement ou les r gimes successifs va alors jouer un r le d arbitre
11. es et raisonnables Sensibles eux aussi au ph nom ne jadis n glig de l enfance ils r pu gnent consid rer d sormais les petits comme des jouets charmants ils voient en eux de fragiles cr atures de Dieu qu il faut tout la fois pr server et assagir L enfant n est pas m r pour la vie il faut le soumettre un r gime sp cial une sorte de quarantaine avant de le laisser rejoindre les adultes On d couvre en m me temps que la famille n est pas seulement une institution de droit priv destin e assurer la transmission d un nom et d un patrimoine mais qu elle doit assumer une fonction morale et spirituelle de pr paration la vie On sub stitue l cole dont les j suites et les oratoriens vont s occuper l apprentissage tradi tionnel Transform e en un instrument de discipline s v re prot g par la police et les cours de justice celle ci va contenir une enfance autrefois libre gr ce un r gime de plus en plus strict qui aboutira au 18 et surtout au 19 si cle la claustration compl te de l internat L enfant conna tra le fouet la prison les corrections jusque l r serv s aux condamn s de basse condition Mais cette rigueur traduit autre chose que l ancienne indiff rence plut t un amour obs dant qui n est pas incompatible avec le malthusia nisme en mati re de procr ation Au 18 si cle la famille ach ve de se r organiser autour de l enfant et dresse entre elle et
12. la soci t la barri re de la vie priv e Sur le plan juridique l autorit paternelle demeure fondamentale jusqu 30 ans le fils reste mineur Il ne peut se marier ni entrer en religion sans son consentement L uvre de Moli re est l pour t moigner pour t moigner de la tyrannie domestique que peuvent alors exercer m me les personnalit s les plus faibles Le fils a n est favoris car c est lui qu incombe la t che de maintenir la prosp rit et le lustre familial d o une stratification interne la famille qui entretient 41 entre innocence amp malice l esprit de caste et l intol rance Seule chappatoire dans le face face touffant des jeunes avec leur p re quelques soci t s de jeunesse favorisent dans une certaine mesure leur socialisation D s l Ancien R gime le sort r serv aux enfants abandonn s m rite pour chaque p riode un d veloppement particulier Au 16 si cle o les pratiques contraceptives taient approximatives et l avorte ment condamn quel que soit l ge de l embryon l infanticide plus ou moins camoufl para t avoir t fr quent Dans les trois cas de figure ce qui paraissait le plus grave c tait d avoir damn une me Aussi un dit d Henri II en 1556 va t il obliger les femmes d clarer leur grossesse devant un commissaire qui inscrira le fait sur un registre sous le sceau du secret et sans que soit demand le nom du p re D autre part
13. me direction est plut t sociale Depuis 1998 un travail de r flexion et de coordination institutionnelle avait t entrepris sous l gide du minist re de la sant et de la solidarit par une d l gation interminist rielle la famille dot e de cr dits des tin s la cr ation sur l ensemble du territoire de r seaux de soutien la parentalit On remarquera la nouveaut de ce n ologisme inconnu du droit civil qui ne traite que de la parent Fortement critiqu par certains il a le m rite de traduire une pr occupation vi dente pour le v cu et la comp tence parentale Il conduit consid rer l entit juridique autorit parentale comme une r alit plusieurs niveaux celui du droit travers l exercice de l autorit ma s aussi ceux de l exp rience et de la pratique Pour faciliter ces derni res sans d poss der les parents des responsabilit s qui sont les leurs la Ministre de la famille a programm une panoplie de mesures e Solennit de la reconnaissance des enfants naturels cr ation d un livret de paternit e Affiliation de l enfant la s curit sociale de ses deux parents pour l assurance maladie R ductions tarifaires SNCF pour familles nombreuses sans consid ration de r si dence e Envoi en double par l Education Nationale de toutes les informations concer nant la scolarit des enfants avec droit de vote de chacun des parents pour les lections de d l gu s
14. 8 L EVOLUTION DU STATUT DE L ENFANT MELAMPOUS De la patria potestas l autorit parentale Le juge de enfants est d sormais comp tent pour ordonner des mesures duca tives l gard des mineurs dont la sant la s curit la moralit sont compromises Il peut se saisir d office Il doit s efforcer de recueillir l adh sion de la famille la mesure envisag e et maintenir autant que possible le mineur dans son milieu naturel Il suit l ex cution de la mesure et peut la modifier ou y mettre fin selon l volution de la situa tion Son intervention est obligatoire en mati re de prostitution Peu apr s le d cret du 7 janvier 1959 institue des mesures de protection sociale quand la sant la s curit la moralit ou l ducation d un mineur risquent d tre compromises et ainsi met en place la dualit de protections caract ristique du syst me fran ais Une loi du 11 juillet 1966 venant restreindre les effets de la d ch ance t moigne indirectement du succ s de la nouvelle proc dure 1970 1990 L autorit parentale et les droits de la famille Certains civilistes commencer par le Doyen Jean Carbonnier n ont pas tard s in qui ter des risques d intrusion dans l intimit des familles que faisaient courir les pou voirs d mesur s conf r s aux juges des enfants Ces risques ont paru se concr tiser l occasion de la fameuse affaire de Versailles concernant la religion de l enfant Suite
15. MPOUS L poque moderne i L application de la Convention en France L application du texte a donn lieu en France des controverses passionn es Dans un premier temps un fort courant s est fait jour dans le sens lib rationniste et le d bat s est principalement orient sur les droits politiques de l enfant articles 12 15 Des d cisions judiciaires ont commenc reconna tre l enfant un droit s exprimer en justice quand son int r t paraissait en cause Mais la Cour de cassation a apport un coup d arr t brutal cette volution dans plusieurs arr ts successifs des 10 mars 2 juin et 15 juillet 1993 la premi re chambre civile a en effet analys la convention comme un trait ne cr ant d obligations qu la charge des Etats signataires Ses dispositions ne pouvaient en cons quence tre directement invoqu es par les particuliers devant les juridictions de l ordre interne et devaient pour tre appliqu es par celles ci passer par l interm diaire de la loi nationale Cette position a suscit l indignation d une grande partie de la doctrine attach e la sup riorit absolue du trait sur la loi interne Elle n a pas t suivie par le Conseil d Etat lequel a pr f r analyser le caract re self executing de chaque article c est dire son aptitude s int grer directement dans le droit interne ou au contraire ne pouvoir le faire sans que soient d finies des moda lit s d appli
16. aine du droit civil Mais la r forme globale du droit de la famille annonc e en 1997 par Elisabeth Guigou alors Garde des Sceaux s est r duite une d marche impressionniste consistant faire voter en ordre dispers et l initiative de parlementaires des r formes dont la coh rence ne sautait pas toujours aux yeux C est ainsi qu a t vot e le 30 mai 2001 une loi retirant aux parents la pr roga tive de pouvoir seuls outre l int ress e consentir l I V G Parall lement la r forme du nom patronymique enlevait au p re son monopole quant la fonction symbolique de nomination L assembl e nationale a adopt le 31 mai 2001 un projet de loi am liorant l acc s aux origines des personnes adopt es et pupilles de l Etat en cr ant un conseil national pour l acc s aux origines Le 4 mars 2002 une importante r forme de la filiation et de l autorit parentale a vu le jour Elle abolit la distinction entre filiation l gitime et filiation naturelle pr cise la d finition de l autorit parentale affermit le principe d une autorit partag e s efforce d assurer la s curit du double lien de filiation en cas de s paration rend juridiquement possible la garde altern e et assouplit la proc dure de d l gation Enfin un d cret du 15 mars 2002 r formant la proc dure d assistance ducative a donn aux mineurs et aux familles l acc s direct leur dossier sans l interm diaire d un avocat La deuxi
17. aisi d une affaire d inceste ou de mauvais traitements le pouvoir de d signer un administrateur ad hoc susceptible de repr senter le mineur et de se constituer partie civile en son nom dans la proc dure en cas de d faillance ou de mise en cause de l un ou l autre des parents 50 L EVOLUTION DU STATUT DE L ENFANT MELAMPOUS L poque moderne L poque moderne La d cennie 1990 et l av nement des droits de l enfant La Convention des Nations Unies L ann e 1990 a t marqu e par un v nement capital la signature le 26 janvier et la ratification par la France le 7 ao t de la Convention des Nations Unies sur les droits de l enfant Gen se de la convention Un premier texte concernant les droits de enfants avait vu le jour Gen ve en 1924 Puis en 1959 l ONU avait adopt une D claration Universelle Mais dans un cas comme dans l autre il s agissait de simples d clarations sans valeur obligatoire pour les Etats signa taires l initiative de la Pologne et gr ce la vigoureuse impulsion d un certain nombre d organisations non gouvernementales un projet de Convention engageant les Etats a t labor New York et propos la ratification en 1989 Il a t vot una nimit par l assembl e nationale pour entrer en vigueur en France le 6 septembre 1990 N anmoins notre pays a mis une r serve et deux d clarations interpr tatives La r serve porte sur l article 30 rel
18. alors tenue pour la forme moderne d une oppression s culaire et l incapacit comme syno nyme d insignifiance et de faiblesse La protection judiciaire elle m me est un al a pour l exercice de ses droits par l enfant Il s agit donc de le lib rer comme il a fallu le faire en d autres temps pour les esclaves puis pour les femmes Finalement ce qui fait scandale c est l tat de minorit lui m me et le progr s doit se mesurer l aune de la limitation des pr rogatives adultes Ce parti pris en faveur de l enfant rel ve ainsi que l a soulign Ir ne Th ry d une perspective totalisante Comment penser l quilibre entre famille et Etat priv et public quand le pouvoir se pr tend porte voix d une enfance musel e et travestit sa puissance en lutte contre la puissance son contr le en lutte contre le contr le son autorit en lutte contre l autorit Dans ce nouveau paternalisme d Etat l enfant est utilis comme argument d au torit on refuse de consid rer la n cessit de r guler au sein de la famille une pluralit d int r ts respectables on n apprend l enfant qu revendiquer on renonce lui trans mettre ce qui lui est n cessaire pour s instituer dans une histoire on se condamne surtout ne pas voir les in galit s qui affectent ses conditions de vie concr tes et ce au d triment des plus malheureux et des plus exploit s 52 L EVOLUTION DU STATUT DE L ENFANT MELA
19. ance Son objet est de promouvoir les droits des enfants dans leur int r t sup rieur de leur accorder des droits proc duraux et d en faciliter l exercice en les informant et en les autorisant exprimer leur opinion dans les proc dures judi ciaires qui les int ressent Les Etats contractants sont tenus de d clarer les cat gories de litiges familiaux auxquels la convention a vocation s appliquer et un comit permanent assure le suivi des probl mes d application En d finitive la convention europ enne est d cevante pour plusieurs raisons d abord parce qu en mettant l accent sur l id e de promotion des droits de l enfant et non de protection elle prolonge sans le r gler le d bat sur la double lecture de la conven tion des Nations Unies Ensuite parce qu elle se limite aux droits politiques et n aborde ni l am lioration des conditions de vie ni les in galit s qui existent concr tement entre les enfants Enfin les recommandations formul es par le comit permanent n ont qu une autorit morale Pour ce qui concerne la France le texte ne va pas au del de la loi de 1993 qui l a en quelque sorte devanc Le d but du mill naire et le renouveau de la question parentale Depuis quelques ann es on observe un d placement du centre de gravit des d bats La promotion des droits politiques de l enfant articles 12 15 de la convention de New York pr occupe moins les sp cialistes que les vicissitudes de so
20. atif au respect des minorit s ethniques religieuses linguistiques ou aux personnes d origine autochtone qui a paru incompatible avec notre principe constitutionnel d unit et d indivisibilit de la R publique La premi re d clara tion interpr tative porte sur l article 6 concernant le respect de la vie dont nous avons estim qu il ne saurait faire obstacle l application de la l gislation sur l interruption volontaire de grossesse La deuxi me d claration a trait l article 40 2 du texte pr voyant de fa on g n rale l existence du droit d appel En l tat l poque de notre proc dure d assises nous avons estim qu il tait possible d y apporter des exceptions limit es La convention de New York a t ratifi e par la plupart des Etats du monde l exception notable des Etats Unis dont la structure f d rale et surtout l attachement la peine de mort rendaient l adh sion difficile A l inverse de la convention europ enne des droits de l homme elle n a pas pr vu de juridiction internationale charg e d en faire respecter l application Toutefois un comit compos de dix experts d sign s pour quatre ans a t charg d tudier dans les deux ans de chaque ratification et ensuite tous les cinq ans les rapports d pos s par les Etats contractants pour rendre compte de sa mise en uvre et de formuler les encoura gements et recommandations n cessaires Contenu de la convention Le
21. cation Quoi qu il en soit l impact de la convention s est trouv singuli rement amoindri par la position maintes fois r it r e de la Cour de Cassation Elle n en a pas moins inspir la r forme ult rieure de la proc dure d assises et sur tout l adoption le 8 janvier 1993 d une importante loi modifiant la l gislation sur l tat civil la famille les droits de l enfant et instituant le juge aux affaires familiales Outre son changement de d nomination l ex juge aux affaires matrimoniales voit sa comp tence s tendre il devient le juge de droit commun des litiges concernant la famille le juge des enfants conservant n anmoins sa comp tence l gard des situations de danger Le juge aux affaires familiales conna t des actions en fixation de l obligation alimentaire en contribution aux charges du mariage celles relatives l obligation d entretien l exercice de l autorit parentale la modification du nom de l enfant naturel en chan gement de pr nom Il est galement comp tent pour prononcer les d l gations d auto rit parentale Dans la droite ligne de la convention la loi de 1993 introduit des dispositions nouvelles en mati re d audition de l enfant en justice et de d fense de ses int r ts dans toute proc dure le concernant le mineur capable de discernement peut d sormais sans pr judice des dispositions pr voyant son intervention ou son consentement tre entendu par le juge
22. ce n est pas le c ur ma s la t te Quant la Commune elle a ancr dans l esprit des pouvoirs publics que l instruction des jeunes travailleurs doit tre repens e et am lior e pour leur inculquer des id es plus saines sur l organisation sociale et le n cessaire respect des hi rarchies D s lors la voie est v ritablement ouverte Catholiques progressistes et r publicains unissent leurs efforts dans une double direc tion limiter le travail des enfants mais aussi am liorer le niveau de l instruction publique La loi du 19 mai 1874 sur le travail des enfants et des filles mineures employ s dans l industrie compl t e par la loi du 7 d cembre de la m me ann e consacr e la pro tection des enfants employ s dans les professions ambulantes vont marquer des points d cisifs l ge minimum d admission en usine passe dix ans dans certaines industries et douze ans dans la majorit d entre elles Pour les plus jeunes les horaires sont r duits afin de favoriser une meilleure fr quentation scolaire qui peut atteindre la demi journ e seule la preuve que l instruction a port ses fruits peut l gitimer une interruption des tudes La grande innovation est la cr ation d un corps d inspecteurs nomm s par le gou vernement exclusivement charg s de surveiller l application de la loi certains d parte ments iront m me jusqu financer des postes d inspecteurs d partementaux Quant l enseignement
23. ce propre et ne peuvent prendre aucune initiative Des chappatoires existent en cas de difficult s il est possible d manciper un fils adulte et de lui constituer un p cule Si le p re dispara t pr cocement un tuteur l gal ou testamentaire est d sign D abord con ue comme un droit la tutelle deviendra peu peu une charge confi e des citoyens m ritants capables de d fendre les int r ts de l enfant Malgr la d pendance vie des fils l gard des p res le droit romain n a pas t indiff rent aux r alit s du d veloppement humain En droit classique on distingue trois cat gories d impub res l infans litt ralement celui qui ne parle pas l infantiae proximus et le pubertati proximus L impub re ne peut plaider ni exercer les attributions de la personne juridique Il est priv de l acc s aux assembl es et aux comices Il peut conclure des actes juridiques condition que ceux ci n aient pas pour r sultat de l ap pauvrir Au del de la pubert et jusqu l ge de vingt cinq ans une action est pr vue par la loi Laetoria contre ceux qui ont tromp l s ou circonvenu un adolescent La sanction est une peine assortie de l annulation de l acte et d une restitution En g n ral les jeunes gens sont assist s d un curateur Sous Justinien la curatelle des mineurs de vingt cinq ans est align e sur la tutelle des impub res Les fils de famille peuvent poss der un p cule recev
24. charge Restait largir l effort l gislatif en sanctionnant non plus de fa on d tourn e mais de mani re sp cifique les abus de la puissance paternelle d nonc s dans les d cen nies pr c dentes par les philanthropes et les hygi nistes Ce sera l objet de la loi des 24 25 juillet 1889 sur la protection des enfants maltrait s et moralement abandonn s dite loi Th ophile Roussel Ind pendamment de la d ch ance de plein droit ou faculta tive r sultant de certaines condamnations p nales le tribunal civil peut d sormais 46 L EVOLUTION DU STATUT DE L ENFANT MELAMPOUS De la patria potestas l autorit parentale d choir de leur droit de puissance paternelle en dehors de toute condamnation les p res et m res qui par leur ivrognerie habituelle leur inconduite notoire et scandaleuse ou par de mauvais traitements compromettent la sant la s curit ou la moralit de leurs enfants Quelques ann es plus tard la loi du 19 avril 1898 r primera les violences voies de fait actes de cruaut et attentats commis par les parents sur leurs enfants ainsi que les expositions d laissement et remises titre gratuit ou on reux des vagabonds gens sans aveu ou faisant m tier de la mendicit Ind pendamment de la condamnation des auteurs les victimes pourront tre retir es et plac es chez un parent une personne ou institution charitable ou encore l Assistance Publique 1900 1958 La Puissance Patern
25. constituer p re se manifeste dans le follere liberum qui consiste pour le chef de famille lever bout de bras le nouveau n que la sage femme a d pos ses pieds par ce rituel il appelle son enfant la vie Lorsqu il s agit d une fille il ordonne seulement qu on la nourrisse Faute d accomplissement de ce geste le b b sera expos c est dire abandonn dans un lieu pr vu cet effet ce qui ne signifie pas forc ment vou la mort mais au moins l esclavage Inversement il est possible de se m nager une descendance en adoptant un gar on engendr par un autre citoyen romain qui conservera seulement avec lui des liens affectifs Le parricide est le crime le plus redout et le plus s v rement ch ti puisque l au torit paternelle se confond avec celle de l Etat En fait malgr le droit de vie et de mort dont disposaient les p res romains il ne semble pas qu ils aient t de v ritables despotes L ducation domestique temp r e par les avis de la nourrice et du p dagogue et non de ceux de la m re cr ait des liens solides des crits nombreux d crivent plut t des adultes consciencieux vigilants et sen sibles En g n ral les Romains s enorgueillissent du nombre de leurs enfants surtout des gar ons seuls susceptibles de perp tuer le culte des anc tres Tant que le p re vit ils lui demeurent soumis Il n y a pas de v ritable majorit Les fils ne disposent d aucune res sour
26. e Possibilit pour le parent non gardien d acc der au logement social e Simplifications en mati re de d ductibilit et de recouvrement des pensions alimentaires L allongement du cong de paternit de trois quinze jours a t le point d orgue de cet ensemble d innovations 55 entre innocence amp malice L alternance politique droite dans un climat de pr occupations s curitaires a d abord correspondu une pause dans l volution du statut civil de l enfant Les orien tations retenues par le gouvernement Raffarin la conf rence de la famille de juin 2003 n ont cependant pas t n gligeables sur le plan conomique et social puisqu elles pr voyaient l attribution un plus grand nombre de m nages de la nouvelle prestation d accueil du jeune enfant la revalorisation du statut des assistantes maternelles la cr ation de 20 000 nouvelles places de cr che et par la suite le d veloppement de la m diation extrajudiciaire la cr ation de points info famille et d un portail Internet d in formation et m me une r forme du divorce pour faciliter un r glement plus consensuel qui s est concr tis e dans la loi du 26 mai 2004 La loi 2004 1 du 2 janvier 2004 intervenue sans aucune concertation des profes sionnels concern s contient des dispositions importantes dans plusieurs domaines elle cr e un observatoire de l enfance en danger charg de recueillir analyser valuer et dif fuser les donn e
27. e affich s dans les ateliers Des inspecteurs du travail des enfants b n voles surveilleront le respect de ces dispositions En cas d inobservation des amendes pourront tre inflig es et la r cidive donnera lieu des poursuites correctionnelles Malheureusement et c est la faiblesse de ce texte il n est applicable que dans les ateliers employant plus de vingt salari s les usines feu continu ou moteur m canique Sa mise en uvre n en a pas moins rencontr d normes difficult s On peut s en faire une id e travers les variations apport es dans le recrutement du personnel d inspection On avait d abord song confier cette t che aux inspecteurs de l instruction primaire Mais redoutant une application sans nuance du texte on pr f ra faire appel aux notables locaux constitu s en commission d inspection le peu de r sultats obtenu conduisit alors recourir aux v rificateurs des poids et mesures et m me en1868 aux ing nieurs des mines De toutes fa ons on pr f rait convaincre plut t que s vir Les lois de 1850 sur les logements insalubres et de 1851 sur le contrat d appren tissage n am lior rent gu re la situation Il faudra la d faite de 1870 et l exp rience tragique de la Commune de Paris pour relancer la dynamique du progr s En effet la conviction va se r pandre que ce sont les instituteurs prussiens qui ont gagn la guerre et que selon le mot de Renan ce qui nous a manqu
28. e juge peut indiquer que le lieu de placement de l enfant doit tre recherch afin de faciliter autant que possible l exercice du droit de visite par le ou les parents Encore faut il avoir les moyens de satisfaire cette l gitime pr occupation Pour terminer le si cle par une note d espoir une loi du 6 mars 2000 a institu un D fenseur des enfants autorit administrative ind pendante charg e de d fendre et de promouvoir les droits de l enfant consacr s par la loi ou par un engagement interna tional 53 entre innocence amp malice La convention europ enne relative l exercice des droits de l enfant Plusieurs pays europ ens ont fait valoir qu en raison de sa vocation universelle et des normes disparit s de civilisation et de d veloppement conomique s parant les pays signataires la convention de New York n avait pu porter la mise en uvre des droits de l enfant son meilleur niveau d ach vement L Europe se devait d aller plus loin soit en mettant au point une convention sp cifique soit en pr voyant un protocole additionnel comportant une possibilit de recours devant la commission europ enne des droits de l homme En fin de compte on a privil gi le souci d viter tout double emploi et de s inscrire dans une perspective de compl mentarit par rapport au texte des Nations Unies Le texte propos aux trente six membres du conseil de l Europe a t sign mais non encore ratifi par la Fr
29. elle sous surveillance Les derniers textes cit s taient principalement r pressifs Ils portaient n anmoins en germe une volution in luctable dans la mesure o leur application ne pouvait qu in duire progressivement des pratiques de v rification et de standardisation de l ducation populaire A la notion de ch timent ponctuel d une faute parentale va donc peu peu se substituer une action de contr le de police des familles laquelle l apport des sciences humaines na ssantes ne tardera pas donner une autorit et une pr cision que ni l hy gi nisme ni la morale n avaient pu apporter jusqu alors L activit l gislative se poursuit faisant suite une premi re loi sur la surveillance des nourrices la loi du 27 juin 1904 cr e le service des enfants assist s appel prendre en charge les enfants secourus et en d p t les enfants en garde les enfants trouv s les enfants abandonn s les orphelins pauvres et les enfants maltrait s d laiss s ou mora lement abandonn s C est le premier texte concevoir une protection sans s paration d finitive de la famille un secours mat riel pouvant tre attribu aux parents d nu s de ressources suffisantes pour lever leurs enfants D sormais le l gislateur n aura plus qu enrichir le panorama de la protection la loi du 2 juillet 1907 est consacr e la tutelle des enfants naturels Celle du 11 avril 1908 sur la prostitution des mineurs pr voit leur
30. entre les tendances oppos es pour aboutir progressivement une synth se qui tout en limitant les exc s du capitalisme sauvage ne nuise pas bien au contraire l industrialisation du pays Historiquement le premier objectif poursuivi a t de r glementer le travail des enfants dans les manufactures C est quoi s est employ e l importante loi du 22 mars 1841 dont on peine aujourd hui r aliser l am lioration consid rable qu elle repr sen tait par rapport la situation ant rieure D sormais les enfants ne peuvent tre embau ch s avant l ge de huit ans Jusqu douze ans ils ne peuvent travailler au del de douze heures par jour en dessous de treize ans le travail est interdit entre vingt et une heures et cinq heures du matin Les moins de seize ans doivent respecter le repos dominical mais surtout l enfant de moins de douze ans ne pourra tre embauch que s il fr quente en m me temps l cole et au del de cet ge il ne peut tre dispens de cette obligation que s il justifie d un niveau d instruction l mentaire Les jeunes travailleurs doivent tre munis d un livret individuel d livr par le maire o figurent outre leur tat civil et leur scolarit la date de leur entr e dans l atelier Dans chaque usine un registre sp cial est 45 entre innocence amp malice ouvert o l on consigne les m mes renseignements La loi et les r glements int rieurs doivent tr
31. es v nements politiques La cr ation du juge des enfants en f vrier 1945 ne modifiera pas non plus la situa tion celui ci tant uniquement sp cialis dans la d linquance des mineurs Toutefois d s septembre 1945 on lui attribuera assez logiquement le contentieux des anciennes corrections paternelles Par ailleurs le pr sident du tribunal civil peut lui d l guer ses pouvoirs en mati re de surveillance ducative Il est de plus en plus fr quemment saisi pour prostitution et vagabondage et appara t suffisamment affermi dans la sp cialisation pour assumer une extension de son champ d activit s En 1953 le projet de la commission Julliot de la Morandi re sugg re de lui donner comp tence pour tout ce qui concerne l enfance en danger mais propose selon une dis tinction analogue celle de l ordonnance de 1945 de limiter ses pouvoirs en juge unique aux investigations et aux mesures de milieu ouvert le prononc des placements devant tre r serv la coll gialit 1958 1970 Le triomphe de l assistance ducative La restructuration demand e par les praticiens s op rera finalement la faveur de l or donnance du 23 d cembre 1958 Elle abroge les textes ant rieurs sur la correction pater nelle le vagabondage des mineurs les mauvais traitements la surveillance ducative ne laissant subsister que celui sur la d ch ance et leur substitue une intervention unique fond e sur la notion d assistance ducative 4
32. ire les conclusions en affirmant que l autorit du p re ne se justifie que par les besoins de l enfant et doit cesser d s que celui ci peut se passer de secours L Etat qui exprime la somme des volont s individuelles est seul qualifi pour r gle menter les droits du p re et l ducation des enfants Cette double affirmation fait progresser le concept th orique d enfant d tach de toute d termination ext rieure La R volution p n tr e de ces convictions ne d velop pera cependant qu une image floue peine bauch e et certains gards incoh rente de l enfant citoyen Les droits de l enfant ne sont d ailleurs mentionn s dans aucune des trois constitutions R volutionnaires 42 L EVOLUTION DU STATUT DE L ENFANT MELAMPOUS De la patria potestas l autorit parentale Les mesures prises et les pratiques instaur es n en sont pas moins proph tiques e Le 26 mars 1790 l Assembl e Constituante abolit les lettres de cachet Toutefois la loi des 16 24 ao t qui institue des tribunaux de famille charg s de r tablir la concorde dans les foyers viendra vite combler cette lacune en transf rant cette instance le pouvoir de correction on jugule la tyrannie des p res en instaurant un contr le collectif sur les sujets de plainte et on vite l arbitraire familial en remettant entre les mains de la justice tatique l ex cution de la peine et la v rification de ses motifs e La loi des 20 25 sep
33. n des usagers sur les prestations offertes par le service et les obliga tions qui en d coulent pour le mineur et son repr sentant l gal e Droit pour les gens de se faire assister par une personne de leur choix pour l ac complissement des formalit s administratives 49 entre innocence amp malice e Droit des familles d tre associ es aux d cisions essentielles prises par le service concernant l enfant e En corollaire droit pour le mineur quand il est suffisamment g d tre consult sur les dispositions qui le concernent e Obligation pour le service d op rer une r vision annuelle de tous les dossiers Entre temps la loi de d centralisation du 22 juillet 1983 relative la r partition des comp tences entre les communes les d partements les r gions et l Etat avait trans f r aux conseils g n raux le contr le de la tarification des prix de journ e allou s aux tablissements habilit s recevoir les b n ficiaires de l aide sociale l enfance La vigilance des assembl es d partementales l gard de d penses sociales parti culi rement lourdes n a sans doute pas t trang re l adoption de la loi du 6 janvier 1986 qui a compl t par un nouvel alin a 3 l article 375 du code civil consacr l assis tance ducative Cette disposition oblige le juge pr ciser la dur e de la mesure qu il pro nonce Lorsque celle ci est exerc e par un service ou une institution elle ne
34. n droit l ducation article 18 c est dire la responsabilit commune des parents en vue de l lever et d as surer son d veloppement On sait que la fragilit du couple moderne dont l existence repose sur l engagement amoureux a des cons quences d sastreuses sur la permanence des r les parentaux leur continuit et leur coh rence La passion de l galit le refus de prendre en compte la diff rence des sexes et des g n rations engendrent une crise de l autorit et une difficult de transmission des valeurs qui sous tendent le d veloppement du lien social Les parents se trouvent donc nouveau projet s sur le devant de la sc ne ceci pr s que l accent est mis d sormais sur leurs devoirs et non plus sur leurs droits A la notion d autorit parentale la convention des Nations Unies avait substitu celle de responsabilit parentale pour bien mettre en lumi re la finalit de l institution qui est le d veloppement et l panouissement de l enfant au sein de la cellule familiale La France ne s est pas ralli e cette innovation par crainte que les parents ne se sentent plus accabl s que confort s par le rappel de cette responsabilit En fait la question est de savoir si l on assiste un ph nom ne de d mission qu il conviendrait d endiguer ou si les parents vivent dans une conjoncture qui les prive leur corps d fendant des moyens n cessaires l exercice de leurs devoirs Il ne s agit pl
35. n industrielle de la fin du 18 et du d but du 19 combin e avec la mis re des familles ouvri res et une puis sance paternelle sans frein vont cr er dans les r gions industrielles et particuli rement le textile des situations dramatiques Un nombre relativement faible encore mais qui ira croissant d enfants et d adolescents sont arrach s leur famille pour subir malgr leur jeune ge des horaires de travail d mesur s et des t ches puisantes La cause en est ais e comprendre les int r ts des patrons manufacturiers d j affront s la concurrence et tent s par une main d uvre r mun r e au tiers ou au quart d un salaire normal rejoi gnent ceux des parents contraints pour survivre travailler tous les deux ils per oivent 44 L EVOLUTION DU STATUT DE L ENFANT MELAMPOUS De la patria potestas l autorit parentale par ce moyen des ressources d appoint et se trouvent du m me coup d charg s du souci de la surveillance des enfants pendant la journ e D s 1819 l conomiste Sismondi d non ait l un mauvais calcul expliquant que si les enfants ne travaillaient point il faudrait bien que les parents gagnent assez pour les nourrir sans quoi on serait priv de main d uvre mais les ouvriers de l poque ne lisaient pas Sismondi Les r sultats sont difiants un d but d activit vers huit ou neuf ans quinze heures de travail par jour une alimentation insuffisante un habitat i
36. ne id e des abus auxquels pouvait donner lieu la correction paternelle et t moignent de certaines vell it s de r glementation c est ainsi qu il est d cid que les p res remari s ne pourront faire d tenir leurs enfants qu avec la permission du lieutenant civil qu en toute hypoth se les jeunes rebelles ne pourront tre d tenus au del de l ge de 25 ans ou encore qu un tablissement sp cial sera cr pour viter toute promiscuit avec les d lin quants Ce qui n emp chera nullement une ordonnance post rieure de pr voir le 20 avril 1684 l enfermement des filles sans limitation d ge Au 17 si cle on voit se constituer chez les moralistes et les penseurs un nouveau sentiment de l enfance qui va d sormais inspirer l ducation L attachement l enfance et ses particularit s ne s exprime plus d sormais au travers de l amusement et la badi nerie mais par l int r t psychologique et le souci moral Dans le trait sur l ducation de Gratien traduit en fran ais en 1723 on peut lire que tout homme prouve en soi cette fadeur de l enfance qui d go te la saine raison cette pret de la jeunesse qui ne se repa t gu re que d objets encore tout sensibles et qui n est qu une bauche tr s grossi re de l homme raisonnable Cette nouvelle vision de l enfance n mane pas comme le mignotage de l entou rage familial Elle est le fait d hommes d glise et de robe soucieux de m urs polic
37. ns de cinq ans On l admet avec fatalisme C est seulement partir du treizi me si cle que les cur s condamneront en chaire les pratiques imprudentes confinant l infanticide et que les tribunaux en rendront les parents responsables la Renaissance appara t un sentiment nouveau de l enfance on attache cet tat un sens po tique et familier que l on a d sign sous le vocable de mignotage L enfant est consid r dans la noblesse comme source d amusement et de d tente A la fin du dix septi me si cle cette mode a gagn le peuple Saint Jean Baptiste de la Salle fondateur de la congr gation des Fr res des coles chr tiennes constate alors que les enfants des pauvres sont sp cialement mal lev s parce qu ils ne font que ce qu ils veu lent les parents n en ayant aucun soin en tant m me comme idol tres Le lecteur appr ciera la modernit du propos L Ancien R gime et l mergence du souci ducatif Durant toute cette p riode c est principalement au P re qu appartient la police de la famille Le Roi lui pr te main forte en mettant sa disposition ses ge les pour y enfermer l enfant rebelle ou malfaisant Il y a l une sorte de service public qui n emporte aucun transfert d autorit aucune d l gation de la puissance paternelle cependant des dis tinctions existent selon la condition sociale des int ress s La proc dure de la lettre de cachet enti rement secr te est mise la di
38. nsa lubre la fatigue la promiscuit avec les adultes sans parler des accidents fr quents et des maladies professionnelles En 1837 dans son Tableau de l tat physique et moral des ouvriers publi apr s une longue enqu te le c l bre docteur Villerm constate que dans les dix d partements les plus manufacturiers de France sur 10 000 conscrits 8 980 se pr sentent infirmes ou d form s Il note que pour la p riode 1823 1834 Mulhouse si un individu sur deux dispara t avant 67 ans chez les propri taires et rentiers le m me r sultat est atteint 33 ans chez les teinturiers et 23 ans et demi chez les tondeurs de drap Spontan ment mise en uvre par certains patrons protestants dans l est refus e par la majeure partie du monde industriel une r glementation devenait indispensable C est en ce sens que va militer vers le milieu du si cle une abondante litt rature consa cr e l enfance malheureuse Elle est l uvre des philanthropes B renger de la Dr me Isidore Alauzet et d autres d noncent avec violence l abandon et l exploitation des enfants une charit purement sentimentale ils entendent substituer une bienfaisance utilisant l aide et les conseils aux familles comme levier d int gration sociale De leur c t les hygi nistes dressent un r quisitoire contre les m urs sanitaires de l poque ils soulignent le taux important de la mortalit infantile critiquent les hospices d
39. oir des lib ralit s 39 entre innocence amp malice profiter des fruits de leur travail Le p re peut tre contraint les manciper en cas de mauvais traitements av r s L apparition du christianisme l galis sous Constantin au d but du quatri me si cle impose la patria potestas ses premi res limitations Pour saint Paul les parents ne re oivent leurs enfants qu en d p t ce qui compte c est l acc s de leur me la vie ternelle et non plus la qualit d h ritier et de continuateur L avortement et l infanti cide sont d sormais condamn s On respecte la libert de chacun en cas de vocation reli gieuse et pour le choix du conjoint car toute cr ature doit avoir l s moyens d assurer son salut Du Moyen Age la Renaissance Dressage ou jardinage Dans les ann es 1960 l historien Philippe Ari s s appuyant sur les repr sentations de l poque qui figuraient l enfant sous les traits d un adulte en r duction pouvait soutenir que le Moyen Age n avait pas eu le sentiment de son existence propre le consid rant comme un petit animal voire comme un objet Des recherches r centes sont venues depuis infirmer cette th se si le statut exact de l enfant en droit m di val est encore mal connu on sait d ores et d j qu la diff rence de la paternit romaine celle du Moyen Age tient compte du lien biologique et que le couple prend dans une certaine mesure de l importance par rap
40. organisent la prise en charge des enfants abandonn s des enfants trouv s et des orphelins pauvres jusqu l ge de quinze ans seulement on consid re qu cet ge il doivent tre capables de sub venir seuls leurs besoins Chaque arrondissement doit poss der un h pital d enfants trouv s La pratique du tour est officialis e On commence alors voir se d velopper une fraude qui consiste abandonner son b b anonymement et se pr senter aussit t pour le reprendre en qualit de nourrice afin de b n ficier d un salaire Ainsi les effectifs des enfants trouv s qui taient de 40 000 en 1784 passent ils 100 000 en 1819 Cependant le besoin grandissant d individus en tat de porter les armes va donner un aboutissement tragique aux vell it s r volutionnaires de mainmise des pou voirs publics sur les mineurs sans protection Ils appartiennent l Etat douze ans les enfants m les en tat de servir sont mis la disposition de la marine En 1811 Napol on cr e sp cialement pour eux le r giment des pupilles de la Garde v ritable r servoir de chair canon qui sera heureusement dissous en 1814 1830 1850 La mise en cause de la puissance paternelle Le travail des enfants n est certes pas un ph nom ne nouveau lorsque s ouvre cette p riode Sous l ancien r gime ces derniers travaillaient avec leurs parents et se voyaient confier des t ches proportionn es leurs forces Mais la R volutio
41. ou par une personne d sign e par lui cet effet Lorsque le mineur en fait la demande son audition ne peut tre cart e que par une d cision sp cialement motiv e Il peut tre entendu seul avec un avocat ou une personne de son choix le juge pouvant toutefois proc der la d signation d une autre personne si ce choix ne lui appa ra t pas conforme son int r t Quant la r mun ration de l avocat le mineur est b n ficiaire de plein droit de l aide juridictionnelle Les deux derniers textes de la d cennie pr sentent moins d int r t et rel vent d un bon sens dont les magistrats sont consid r s a priori comme d pourvus Le premier vot le 30 d cembre 1996 ins re dans le code civil une recommandation faite aux juges qui ordonnent un placement d enfants d viter de s parer les fratries De fait le fonc tionnement des tablissements permet rarement une prise en charge simultan e en raison des besoins qui varient selon l ge ou le sexe par a lleurs il existe parfois des contre indications formelles pour l panouissement des uns ou des autres La repr sen tation nationale a essentiellement voulu faire cho un v u exprim par une assembl e d enfants symboliquement r unie au Palais Bourbon dans l esprit de la convention Le second texte introduit incidemment dans une loi du 29 juillet 1998 relative l exclusion art 135 ins re dans le code civil un article 375 7 de la m me veine L
42. peut exc der deux ans S il est n cessaire de la prolonger une r valuation en pr sence de la famille ainsi qu un nouveau jugement sont obligatoires On s est alors avis qu en retirant au pr fet repr sentant de l Etat une partie de ses pouvoirs en mati re de protection de l enfance sans transf rer explicitement cette responsabilit une autre instance la loi de d centralisation avait cr un d crochage pr judiciable la coh rence des actions dans ce domaine C est la raison premi re de l adoption de la loi du 10 juillet 1989 relative l enfance maltrait e qui a attribu comp tence au pr sident du conseil g n ral et ses services pour le recueil et la coordi nation des signalements en la mati re D sormais l aide sociale l enfance et la protection maternelle et infantile sont des services d pendant du conseil g n ral tandis que la sant scolaire qui deviendra par la suite service social en faveur des l ves et les h pitaux continuent relever de l Etat L ducation surveill e conserve pour sa part une certaine autonomie l gard du repr sentant de l Etat en raison de son appartenance au minist re de la justice Cette partition n est pas sans entra ner des discontinuit s et des incoh rences La loi de 1989 a galement entrepris de redessiner les fronti res entre protection administrative et protection judiciaire partir d une notion assez floue de mauvais trai tement
43. port la parent au sens large Le p re a le devoir de nourrir d duquer et d tablir ses enfants Il a pour mod le la figure positive de Joseph p re nourricier du Christ largement pr sent dans l iconographie religieuse Il semble que l enfance se partageait en deux p riodes l infantia et la pueritia La premi re s tendait de la naissance sept ans ge o l on devient capable d une parole propre diff rente de limitation irr fl chie du langage des adultes Selon les termes savoureux de l poque l enfant est alors hors du lait il commence entendre malice peut n apprendre aucune chose et tre en peur dessous la verge La seconde p riode la pueritia est le temps de l cole ou plus fr quemment de l apprentis sage d un m tier Elle s ach ve la majorit qui est douze ans pour les filles quatorze ans pour les gar ons compter de ces seuils on est en principe responsable de ses actes On peut se marier ou entrer dans les Ordres Les th ories ducatives s appuient sur un sentiment de l enfance qui oscille entre la piti pour sa faiblesse et l merveillement devant son innocence Les principes varient consid rablement et vont du dressage par les paroles et les coups verbis et verberibus la douceur en passant par l utilisation de la peur et la simple confiance faite la nature La mortalit infantile est norme elle concerne un tiers des enfants de moi
44. pouvant toujours en abr ger la dur e Ces mesures sont renouvelables L enfermement est ex cut dans la prison d partementale Peu peu les juridictions civiles vont limiter la propension toujours vive des p res y recourir c est ainsi que s est forg e l exigence jurisprudentielle des graves sujets de m contentement seuls susceptibles d entra ner l accord des magistrats Les tribunaux de famille ont quant eux disparu apr s une curieuse volution marqu e par le rapide retour en force des hommes de loi l o les r volutionnaires avaient entendu les vincer Le code civil de 1804 uvre de juristes form s sous l ancien r gime est marqu du sceau d un empereur impr gn des id es de l Islam La libert du mariage est repouss e 25 ans le partage des h ritages conna t des am nagements La famille appa ra t nouveau comme la protectrice naturelle de l enfant l gard de qui l Etat n inter viendra que lorsqu elle fait d faut C est le p re seul qui d cide de l ducation et de l avenir de ses enfants La chute de l Empire et la Restauration ne modifieront pas sensi blement cet tat de choses bien au contraire e Le sort des enfants trouv s L poque napol onienne constituera un nouveau tournant La loi de pluvi se an XIII compl t e par le d cret du 19 janvier 1811 tire les cons quences de l chec r volu tionnaire en cr ant le service de l assistance publique Ces textes
45. primaire la loi du 16 17 juin 1881 accordant la gratuit totale dans les coles publiques carte d finitivement l obstacle du co t de l instruction Elle sera fort logiquement suivie de la loi Ferry du 28 mars 1882 imposant l obligation scolaire L instruction primaire est d sormais obligatoire pour les enfants de six treize ans r volus Elle peut tre dispens e dans des tablissements publics ou libres soit dans les familles par le p re de famille lui m me ou par toute autre personne qu il aura choisie Ce choix devra tre port la connaissance du maire de la commune quinze jours au moins avant la rentr e des classes Des examens sont organis s partir de la seconde ann e pour v rifier le niveau des acquis Un certificat d tudes primaires est d cern partir de onze ans suite la passation d un examen public R compense supr me des tin e stimuler les familles les laur ats sont dispens s du temps de scolarit obligatoire qui leur restait passer Des commissions municipales scolaires sont institu es pour sur veiller la fr quentation des coles et un syst me de sanctions est pr vu pour les contre venants Toutefois des dispenses partielles peuvent tre accord es aux enfants en ge d apprentissage qui sont ouvriers de l industrie ou de l agriculture Notons le au passage c est cette poque que prenant conscience de l existence des enfants anormaux on acquiert le souci de leur prise en
46. riel Il consiste puiser sans vergogne dans le r servoir humain que constitue l hospice pour alimenter en main d uvre les manufactures Il est r glement par un arr t de niv se an V l Etat paie le trousseau et le voyage et verse une allocation d apprentissage au patron moyennant quoi celui ci fournira la nourriture et le logement s engageant en principe traiter l enfant correctement et lui apprendre un m tier Pour faire bonne mesure il re oit en outre une d l gation de puissance paternelle ce qui a pour effet de priver l apprenti de tout recours en cas de difficult 43 entre innocence amp malice 1800 1830 L poque napol onienne et la restauration de la puissance paternelle Apr s la tourmente r volutionnaire le pays ressent un immense besoin d ordre qui va se traduire en ce qui concerne le statut de l enfant par une r gression Le projet de code de l an VIII restaurait la toute puissance de la magistrature domestique du p re Devant les critiques de Cambac r s la s v rit en sera att nu e Toutefois d s 1804 le droit de cor rection paternelle est r tabli Si l enfant a moins de seize ans le p re est libre de le faire d tenir durant un mois au plus sauf s il a des biens personnels Au del de seize ans le p re peut seulement requ rir une d tention de six mois maximum le pr sident du tri bunal d arrondissement qui d livre l ordre d arrestation apr s avis du minist re public
47. s qui correspond la majeure partie du spectre des situations de danger ma s ne le recouvre qu imparfaitement Mise en uvre par les services d pendant du conseil g n ral la protection sociale concerne les actions entreprises avec l accord expr s de la famille mat rialis par le recueil d une signature dans le cadre d un contrat de pr vention pass avec l usager En certains endroits on exige m me que celui ci se rende au si ge de l aide sociale l en fance pour concr tiser cet accord Il n est pas facile de reconna tre officiellement ses propres carences surtout dans un lieu qui a conserv pour certaines familles sa connotation d assistance publique Aussi la protection administrative conna t elle une relative stagnation accentu e par une autre disposition de la loi la juridiction des mineurs doit tre saisie non seulement en cas de mauvais traitements av r s mais encore quand il existe de simples pr somptions et que la r alit ne peut en tre tablie en raison de la mauvaise volont des parents concern s La loi a galement cr le service national d accueil t l phonique SNATEM avec un num ro vert destin favoriser sous le couvert ventuel de l anonymat la r v lation des mauvais traitements Les informations recueillies ne sont pas directement trait es par le SNATEM mais bascul es sur les services territoriaux comp tents Enfin la loi de 1989 a donn au juge d instruction s
48. s chiffr es les tudes les recherches et les pratiques de pr vention et d intervention en protection de l enfance L avenir dira si cet organisme rattach avec le service national d accueil t l phonique un groupement d int r t public enfance mal trait e r pond sa d nomination ou s il r duit son champ de recueil et d analyse la seule maltraitance comme sa pr sentation dans l article 9 de la loi le laisse supposer Dans le champ de l absent isme scolaire le texte abolit le dispositif ant rieur de suppression ou de suspension des prestations familiales dont l application s tait r v l e inefficace et in quitable abrogation de l article 552 3 du code de s curit sociale et pro c de un renforcement et une harmonisation des sanctions p nales encourues pour le travail ill gal des enfants soumis l obligation scolaire Dans l article 375 1 du code civil on voit enfin appara tre c t de l obligation pour le juge de rechercher l adh sion celle de se prononcer en stricte consid ration de l int r t de l enfant ce qui n apporte rien de neuf si ce n est une r f rence impr cise sujette de multiples interpr tations 56
49. si redoutable la Nation e Le sort des enfants abandonn s sous la R volution L re de la charit tant close l assistance aux enfants trouv s devient un devoir national Mais la confiscation des biens du clerg et l interdiction des ordres religieux qui fournissaient l essentiel du personnel hospitalier ruinent et d sorganisent les tablis sements de recueil Incapable d assumer leurs frais de fonctionnement l Etat en rejette la charge sur les d partements et communes dont les finances ne sont gu re plus brillantes Si l inspiration est g n reuse l intendance ne suit pas En juin 1793 pour tarir la source les abandons la Convention institue une aide aux m res On cr e dans chaque district une maison maternelle o les filles pourront accoucher allaiter et recevoir quelques subsides sous le b n fice du secret le plus invio lable On m ne par ailleurs une g n reuse campagne de d culpabilisation les enfants trouv s seront dor navant appel s orphelins l exclusion de tout autre qualificatif p joratif En juillet de la m me ann e l appellation devient plus ambigu ce sont les enfants naturels de la patrie Mais les r alit s sont l d s 1796 on d cide qu ils seront re us dans les hospices civils et que l Etat prendra en charge leur entretien jusqu l adolescence Si le placement la campagne demeure la r gle on voit appara tre une pratique plus inqui tante le pla cement indust
50. sposition des p res de la Noblesse Ils peuvent faire mettre leur fils la Bastille leur fille au cou vent et les en retirer volont 40 L EVOLUTION DU STATUT DE L ENFANT MELAMPOUS De la patria potestas l autorit parentale Les p res de famille de la Bourgeoisie font enfermer leurs enfants par les soins et avec l autorisation du lieutenant de police lequel agit sous le contr le th orique du Parlement L ordonnance du 15 juillet 1763 pr voit en effet que les parents dont les fils seront tomb s dans des cas de d rangement de conduite capables d exposer l honneur et la tranquillit de leur famille sans cependant s tre rendu coupables de crimes pourront demander au Secr taire d Etat la guerre et la marine leur exportation dans l ile de la D sirade Ils y seront soumis un r gime de surveillance et de travail Ceux qui s amende ront pourront obtenir une concession de terre Marie Galante Plus tard si leur famille le d sire ils seront ramen s en France Les parents pauvres peuvent faire enfermer leurs filles la Salp tri re et leurs gar ons Bic tre mais la diff rence des pr c dents ils ne sont pas admis revenir sur leur d cision Il arrive m me que conform ment l ordonnance du 12 mai 1719 les jeunes rebelles soient envoy s en Am rique fran aise par la Compagnie d Occident Une s rie d arr ts du Parlement de Paris rendus en 1673 1678 et 1697 donnent u
51. sup rieur de l enfant best interest of child dans le texte anglais d origine que certains inter pr tent simplement comme son int r t bien compris alors que d autres n h sitent pas y voir la cons cration d une priorit par rapport aux int r ts des adultes Quant la mise en uvre on a d j relev l absence de juridiction comp tente pour sanctionner la non application du texte Il faut y ajouter le manque de pr cisions concernant les autorit s tatiques charg es de veiller sa mise en uvre Ces lacunes et impr cisions ne sont nullement le fruit du hasard Elles r sultent de la difficult de n gociations caract re plan taire pour le progr s desquelles il a fallu parfois sacrifier la clart L interpr tation de la convention peut et ce n est pas la moindre difficult donner lieu deux lectures oppos es selon la tradition culturelle dans laquelle on se place Dans la tradition latine l enfant est un tre humain vuln rable qui a besoin d tre instruit et duqu pour pouvoir parvenir sa pleine maturit son incapacit juridique est avant tout le droit de ne pas tre soumis aux devoirs qu implique la pleine capacit civile Le r le protecteur des parents est consid r comme indispensable et a priori bien faisant Tel n est pas le cas dans une certaine tradition anglo saxonne attach e re conna tre aux enfants un droit l autod termination La protection parentale est
52. t che de protection de pr servation et de redressement de l enfance et de la jeunesse sur le mod le d j en usage aux Etats Unis la m me poque le psychiatre Georges Heuyer p re de la neuro psychiatrie infantile professe que la prophylaxie sociale doit l emporter sur l tude des sympt mes en tant que repr sentation d une douleur individuelle et que la psychiatrie de l enfant pour exister doit donner la clinique les moyens de se substituer l ducation Ces nouvelles approches dressent peu peu le mode d emploi de la vie de famille et cr ent du m me coup les crit res scientifiques de la marginalit Les normes d uni fication et d uniformisation sociales s articulent autour des notions de r gularit de l union des parents de stabilit de l emploi masculin de pr sence de la femme au foyer et d assiduit de la fr quentation scolaire des enfants On aboutit une sp cification des familles d sormais distingu es de la communaut sociale et dont on se doit de temp rer 47 entre innocence amp malice les m urs Seront d sign es comme irr guli res toutes celles dont la prog niture n est pas le centre de gravit Comme le fera remarquer plus tard le sociologue Philippe Meyer l enfant devient sympt me pr texte otage monnaie d change dans les op rations de redressement et de r ducation que m nent les institutions Cette mani re de fondre les diff rents cas de figure dans un
53. tembre 1792 fixe la majorit 21 ans A cet ge le pouvoir paternel dispara t e La loi des 7 11 mars 1793 impose le partage gal des h ritages abolit le droit d a nesse prive le p re de la libre disposition de ses biens et du m me coup de la menace d exh r dation de l enfant rebelle Au quotidien les enfants participent aux manifestations aux meutes et aux f tes Dans l organisation de ces derni res la symbolique de la solidarit entre les g n rations est soulign e Ils ne sont pas l titre individuel mais repr sentent la rel ve Les clubs juv niles petits bata llons gardes nationales enfantines se multiplient en 1792 jusqu la cons cration de l enfant h ro que en l an 2 sous les figures de Bara et de Viala Ce n est plus le vieillard qui donne l exemple mais la g n ration montante qui trace le sillon D s le Directoire cependant cette glorification subite commence s estomper Les trois assembl es ont eu dans le domaine de l instruction publique des projets de la cisation Condorcet r vait d une galit des chances mais beaucoup de d put s y voyaient plus prosa quement un moyen de lutter contre l go sme des familles Malheureusement faute de ma tres et de cr dits rien ou presque n a t r alis A la fin de la p riode r volutionnaire l enfant th oriquement d gag de l em prise familiale et religieuse voit se profiler l ombre d un autre protecteur tout aus
54. texte comporte cinquante quatre articles dont quarante et un sont consacr s aux seuls droits de l enfant Le socle est compos par les droits de l homme parfois renforc s ou prolong s par des droits sp cifiques On peut les classer en fonction de leur nature selon la division dite des trois P e Protection ou droit d tre prot g contre tel ou tel danger Prestation ou droit de b n ficier de tel ou tel avantage e Participation ou droit de faire telle ou telle chose On analyse plus fr quemment les droits en fonction de la mati re concern e qui touche aux quatre grands domaines des droits de l homme e Les droits civils filiation nom nationalit protection contre les mauvais trai tements et la s paration d avec les parents privation de libert e Les droits sociaux sant acc s aux services m dicaux soins particuliers pour les handicap s protection contre l exploitation sexuelle et l enl vement r gle mentation de l adoption e Les droits culturels ducation acc s une information appropri e loisirs jeux participation des activit s culturelles et artistiques e Les droits politiques libert de pens e de religion d opinion d expression d association 51 entre innocence amp malice Les imperfections du texte ont t magistralement analys es par la sociologue Ir ne Th ry Elles sont de trois ordres D abord une ambigu t dans la notion m me de droits de l enfant selon l
55. us seulement comme au d but du si cle de contr ler les abus ou les insuffisances d une cat gorie sociale expos e la maltraitance mais de faire face aux cons quences d une v ritable mutation de soci t e Perturbation de la perception du temps caract ris e par une hypertrophie de l instant pr sent coinc entre un pass vite oubli et un futur ind chiffrable e Perturbation dans la conscience de l espace marqu e la fois par le r tr cisse ment des distances l accession au monde virtuel et le repli de chacun sur son pr carr 54 L EVOLUTION DU STATUT DE L ENFANT MELAMPOUS Le d but du mill naire et le renouveau de la question parentale e Technicisation et sophistication croissante des circuits sociaux se traduisant par un foisonnement de la r glementation et des dispositifs e Incertitudes de la connaissance qui cr ent autant d interrogations qu elles en r solvent La politique du Gouvernement Jospin s est d ploy e dans deux directions principales La premi re se situe sur le plan juridique il s agissait d am liorer les textes pour s curiser la filiation faciliter la continuit de l autorit parentale et promouvoir la co parentalit y compris en cas de s paration du couple Une mission pr paratoire a t confi e une commission anim e par Madame Dekeuwer Defossez professeur de droit Lille Son rapport a servi de base plusieurs projets de loi dans le dom
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