Position de thèse - Université Paris
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1. UNIVERSIT PARIS SORBONNE PARIS IV cole doctorale III Litt ratures fran aise et compar e Centre d tude de la langue et de la litt rature fran aises des XVH et XVI si cles POSITION DE TH SE Th se pour obtenir le grade de DOCTEUR DE L UNIVERSIT PARIS SORBONNE PARIS IV Discipline Litt rature fran aise et compar e Pr sent e et publiquement soutenue par Alexey EVSTRATOV le 17 d cembre 2012 LE TH TRE FRANCOPHONE SAINT P TERSBOURG SOUS LE R GNE DE CATHERINE II 1762 1796 ORGANISATION CIRCULATION ET SYMBOLIQUES DES SPECTACLES DRAMATIQUES Directeurs Messieurs Pierre Frantz et Wladimir Berelowitch JURY Monsieur Rodolphe Baudin Universit de Strasbourg Monsieur Wladimir Berelowitch EHESS Monsieur Pierre Frantz Universit Paris Sorbonne Madame Marie Emmanuelle Palgnol Di val Universit Paris Est Cr teil Monsieur Andrei Zorin Universit d Oxford Cette th se peut tre pr sent e comme le commentaire analytique du r pertoire des pi ces jou es en fran ais en Russie sous le r gne de l imp ratrice Catherine II 1762 1796 mis au jour dans le deuxi me volume de la th se L ensemble des repr sentations francophones de l poque a t pour la premi re fois reconstitu et pr sent sous deux formes comme une liste chronologique de spectacles avec quelques donn es concernant le lieu de repr sentation le public les pi ces jou es et ventuellement les a2. administration th trale La vie de la troupe fran aise tait galement marqu e par un constant changement li notamment la rotation des com diens C est pourquoi la d marche de Robert Aloys Mooser l un des seuls historiens avoir tudi les acteurs fran ais en Russie au XVIII si cle qui d crit un certain nombre de troupes distinctes pendant le r gne de Catherine II me para t discutable En r alit la seule et unique troupe qui existait tait tr s h t roclite en termes de talents de salaires et de dur es de s jour en Russie comme en atteste la banque de donn es jointe au volume r unissant quelques quatre vingt com diens Si elle est loin d tre compl te et exhaustive plusieurs documents in dits permettent de rectifier les donn es que nous avions sur le parcours de certains com diens et surtout de d couvrir quelques acteurs qui ne figuraient pas jusqu ici dans l historiographie J explore aussi les r seaux europ ens et leurs participants pour avoir une id e plus pr cise de la circulation des acteurs entre la Russie et l Europe La d marche de Catherine II consistait faire venir des professionnels de l tranger pour former les sujets russes leur m tier les com diens fran ais servaient ainsi de mod le la jeune sc ne russe m me si la qualit de leur performance tait souvent contest e Par ailleurs certains d entre eux M et Mme Beaumont Aufr ne etc enseignaient leur a
3. cteurs et comme une liste alphab tique des uvres dramatiques identifi es lors du recensement avec des informations sur leurs auteurs leur cr ation et dition leur forme litt raire et leurs repr sentations en Russie Ainsi le premier volume sert en quelque sorte de mode d emploi pour cette banque de donn es repla ant le th tre fran ais de l Ancien r gime dans le contexte local de la Russie du XVIII si cle Je pars de l id e th oris e notamment par Roger Chartier qu il ne suffit pas de constater un transfert culturel qu il soit transnational ou transsocial car la consommation culturelle est toujours dans le m me temps une production cr atrice d utilisations ou de repr sentations aucunement r ductibles aux intentions des producteurs de textes ou de normes Compte tenu que les pi ces fran aises export es en Russie composaient la majorit absolue du r pertoire francophone seule l hypoth se de la production de nouvelles significations pouvait justifier le choix de ce corpus comme objet de recherche Afin de v rifier cette hypoth se l enqu te est men e d une part sur l histoire du th tre les com diens les salles les publics etc et d autre part sur l histoire de l id e du th tre Les sept chapitres qui forment le premier volume r unis en trois parties sont appel s d fendre une certaine vision des transferts culturels en tudiant la toute premi re tape d un tel transfert dans
4. diens de la troupe fran aise des nobles amateurs y compris l imp ratrice mais aussi des crivains fran ais de profession dont Michel Jean Sedaine En reconstituant pour la premi re fois ce corpus j voque la structure de ces textes leurs rapports avec les contextes th traux russe et europ en et leur r ception par le public L ensemble de cette th se constitue un regard pleinement nouveau sur la place du th tre francophone en Russie sous le r gne de Catherine II mais aussi une tude compl mentaire des travaux d j men s sur l histoire les fonctions et l organisation du th tre dans l Europe du XVIIIe s Pr sentant le th tre francophone comme le point central d enjeux aussi importants que les repr sentations id ologiques la diplomatique la politique sociale et le d veloppement du th tre national cette th se affirme l int r t de l approche pluridisciplinaire concernant les transferts culturels d finis par l imbrication de tous les niveaux de soci t s
5. e Catherine II Cette hypoth se semble clairer l origine de la th tromanie dans les tablissements d ducation De mon approche du th tre de soci t ressort nouveau l initiative de la soci t de cour qui donne en exemple encourage ou au contraire juge et surveille les activit s th trales dans la ville Ici on rencontre nouveau un ph nom ne r current pour la soci t tudi e le th tre qu on caract rise comme particulier ou priv subit en Russie les intrusions de la publicit cf les pisodes de la pr sence d un membre de la famille imp riale L image de la d pendance culturelle de la soci t de cour se voit ainsi renforc e mais dans une version plus nuanc e la diffusion de spectacles dans la ville co ncidait avec la restriction d acc s au th tre la cour et in vitablement un changement de r pertoire Le palais se mit au centre de la diffusion des repr sentations th trales qui se r pandirent d abord dans la capitale initi es par l imp ratrice et ses proches dans les institutions d ducation chez les particuliers etc et qui ensuite gagn rent la province L un des objectifs ultimes de cette diffusion tait visiblement la constitution d un public voire des publics qui mettraient en place et consolideraient des liens entre les diff rentes couches de la soci t Dans mon analyse des r actions du public au spectacle effectu e dans le cadre de la th orie d
6. es spectacles qui circulait au XVII si cle les affects collectifs s av rent tre une cat gorie cl pour la ph nom nologie th trale En appliquant aux publics des divers spectacles francophones le concept de communaut motionnelle Barbara Roseinwein j en propose un usage m thodique pour l analyse de l id ologie des spectacles fix e dans les actes de r ception La troisi me partie enfin aborde le r pertoire francophone des com diens de Sa Majest Imp riale avant tout mais avec des incursions dans d autres types de spectacles Dans le sixi me chapitre les analyses quantitatives pr sentent plus de 250 titres r partis par genre et par poque de l histoire du th tre Le r pertoire singulier compos des uvres crites expr s pour la sc ne russe est l objet de l tude du septi me chapitre Ces derni res furent moins nombreuses que les reprises des pi ces cr es sur les sc nes fran aises il s agit de quelques dizaines de textes sur les 257 uvres environ qui nous sont connues comme ayant t jou es en Russie l poque J en ai document trente six Leur chronologie reconstitu e partir de donn es tr s lacunaires embrasse presque tout le r gne de Catherine II allant de 1764 jusqu 1794 La vari t des textes composant ce corpus est li e la diversit des cadres sociaux dans lesquels et pour lesquels ils ont t produit Parmi les auteurs de ces textes on trouve des com
7. id e je reconstitue le sens d une repr sentation de la trag die de Voltaire Za re par la noblesse russe et trang re la cour le 27 janvier 1763 et les raisons pour lesquelles la pi ce tait lue comme chr tienne en Russie partir de cet pisode nombreux sont les exemples d instrumentalisation des spectacles qui servirent l imp ratrice pour construire en accord avec les observations d Andrej Robinson de Jean Marie Apostolid s ou de Richard Wortman sa propre image celle de sa cour et de son Empire La cour russe tait l origine de l invitation d une troupe permanente de com diens fran ais ce signe ajout d autres ult rieurs indique qu elle d tenait le monopole sur les spectacles r guliers dans la capitale russe C est pourquoi en l absence de synth se jour sur la question le deuxi me chapitre de mon tude se concentre sur les troupes imp riales et leur administration L importance strat gique du th tre en g n ral et de la troupe fran aise en particulier tait l origine des interventions r guli res de la souveraine dans le travail des th tres imp riaux Apr s la dur e relativement longue de la direction d Ivan Elagin 1766 1779 l administration des spectacles change tr s r guli rement Catherine H surveillait de pr s l ensemble des compagnies th trales r unies sous l gide des th tres imp riaux elle encourageait et mettait elle m me en place des r formes de l
8. le domaine th tral celle qui pr c de la traduction des pi ces dans la langue vernaculaire La premi re partie porte enti rement sur le th tre francophone la cour ses aspects mat riels administratifs et id ologiques li s son organisation La deuxi me partie propose une interrogation sur plusieurs types de spectacles francophones qui coexistaient Saint P tersbourg sous le r gne de Catherine II et sur leurs rapports avec le th tre de cour Dans cette m me partie la question du public transversale est trait e avec pour objectif de formuler des l ments de ph nom nologie des spectacles partir des faits culturels tudi s dans la th se Enfin dans la troisi me partie le r pertoire du th tre francophone est abord statistiquement et les r sultats de ce traitement quantitatif sont replac s dans la perspective de l histoire du th tre Le premier chapitre servant d exposition g n rale au sujet plusieurs probl matiques sont P p p 8 Jet p p q 1 Roger CHARTIER Culture populaire dans Andr BURGIERE dir Dictionnaire des sciences historiques Paris PUF 1986 p 176 abord es dans la perspective de l histoire des id es et des repr sentations La pr sence de com diens fran ais prenait un sens diff rent dans chaque pays en fonction de l volution de la soci t et des institutions de celui ci cela avait un effet direct sur les id es du th tre et sur les dispositifs th t
9. raux En Russie le XVII si cle est l poque d une modernisation acc l r e dont la phase la plus intense correspond au r gne de Catherine II ce qui co ncide avec l int gration du nouvel Empire la politique internationale Le th tre moderne fut import dans le pays au m me titre que d autres instruments de la modernisation sociale et moyens de repr sentation politique Malgr l hostilit r ciproque qui dominait dans les relations diplomatiques franco russes pendant l poque tudi e le th tre fran ais tait consid r comme l expression la plus parfaite de l art dramatique Qui plus est gr ce des propagandistes de la sc ne fran aise tels que Voltaire avoir une troupe de com diens fran ais signifiait pour une cour adh rer au nombre des puissances civilis es Consid r e comme un cas particulier du ph nom ne g n ral de la diffusion du th tre fran ais en Europe l invitation de la premi re troupe de com diens fran ais en Russie en 1741 confirme que la Russie suivait les tendances macro culturelles partir des ann es 1740 l espace th tral francophone qui s tait associ dans la premi re moiti du si cle aux pays germaniques devient pan europ en Les spectacles la cour imp riale formaient un lieu de croisement des enjeux de politique ext rieure et int rieure et des formes culturelles qui recevaient de nouvelles significations dans des circonstances nouvelles Pour illustrer cette
10. rt la noblesse russe jusqu au grand duc Paul J ai entrepris de r unir les renseignements d couverts sur les emplois des acteurs pour comparer leur pratique en Russie la situation du th tre fran ais en France Le r sultat obtenu confirme que la structure des emplois en Russie correspondait bien celle qui tait pratiqu e ailleurs et que l apparition du drame n eut pas d effet imm diat sur cette structure en Russie Le manque de renseignements concernant la sc ne l iconographie tant par exemple presque compl tement absente m a fait m int resser davantage la salle et au public sujets du troisi me chapitre Qui allait au th tre fran ais Saint P tersbourg Pourquoi Pour r pondre ces questions j ai plac l espace dans lequel s organisaient les spectacles la cour au centre de mon investigation La forme hybride du th tre la cour l Op ra du Palais d Hiver ouvert au public de la ville fixe un moment assez durable de syncr tisme social au th tre r unissant la cour et la ville Ensuite par la cr ation et par l encouragement la cr ation d autres sc nes celles de l Ermitage avant tout mais pas seulement l imp ratrice participait la diversification des publics des spectacles Dans la deuxi me partie de l tude la dialectique des espaces de spectacle et du public est abord e travers l exploration de la multiplication des sc nes francophones Saint P tersbourg Ce proces
11. sus commence dans les ann es 1760 et atteint son pic vers la fin du r gne Le quatri me chapitre pr sente trois types de sc nes qui accueillent le r pertoire francophone le th tre de la ville le th tre dans les tablissements d ducation le th tre de soci t d faut de renseignements consistants sur le r pertoire de ces th tres la comparaison avec le th tre la cour qui m a paru pertinente passe par d autres crit res savoir la structure de la salle de spectacle et la composition du public L institutionnalisation des th tres de la ville est progressive et le r le de la cour d cisif Cependant les interventions financi res et logistiques ne sont pas selon nous la manifestation la plus marquante de ce patronage Les cas des th tres allemands anglais et du th tre en bois attestent que la domination de la cour avait des cons quences directes sur l organisation des repr sentations et sur la configuration des dispositifs th traux et enfin sur le spectacle en soi L tude des th tres dans les tablissements d ducation met aussi en avant le r le d cisif des interventions de la cour et de l imp ratrice en personne jusque dans la mise en sc ne de certains spectacles Ce ph nom ne s explique selon mon analyse par la valeur d monstrative de telles repr sentations qui dans le contexte des pol miques entourant l avenir de l Empire illustraient les succ s du programme p dagogique d
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