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I. Endoculturation - Les thèses de l`Université Lumière Lyon 2

1. Un ensemble de prescriptions alimentaires sexuelles relationnelles profession nelles de rituels comportements d interdits et de tabous cernent ainsi l individu 1 P MERIEU L cole mode d emploi ESF 1995 P 102 2 M REY VON ALLMEN Psychologie clinique at interrogations culturelles L Harmattan 1993 p 15 3 M ABDALLAH PRETCEILLE amp L PORCHER ducation et communication interculturelle PUF 1996 p 96 97 4 A JACQUARD loge de la diff rence Points 1981 p 21 S ldem 22 23 6 C CAMILLERI amp M COHEN EMERIQUE Chocs de cultures Concepts et enjeux pratiques de l interculturel L Harmattan 1994 p 29 oo limpr gnant d s sa naissance provoquant de mani re irr vocable des modalit s d tre qui vont de l affectivit aux possibilit s vocales Apr s avoir pos les diff rentes acceptions de l endoculturation concept d finir qui poss de la fois des dimensions sociale et individuelle qui vont tre pr cis es wieg me La dimension sociale pr sente deux composantes qui sont le cadre institutionnel avec comme indicateurs les habitudes les acquis les symboles les valeurs qui ont comme indicateurs les normes sociales les r les sociaux les sanctions sociales La dimension individuelle poss de elle aussi deux composantes pour la d finir la pens e dont les indicateurs sont les traces d une soci t les influences de
2. On peut dire que l individu est d d abord l existence du programme g n tique qui le d finit mais cette d termination n est pas m canique et renfermante il y aura autant de mani res propres d tre d termin que nous aurons travers de milieux diff rents il faut tre conscient que l individu d pend de l influence exerc e sur ce caract re par les divers facteurs du milieu ce terme englobant aussi bien les facteurs mat riels Chaleur humidit nourriture que relationnels famille cole soci t les multiples v nements qui l ont fa onn qui ont r alis son ph notype font autant partie de son essence que les g nes inhibiteurs L ducation terme plus commun ou endoculturation c est la transmission par des mots de tout l h ritage culturei de ceux qui nous ont pr c d s d o l id e d Auguste COMTE pour qui l humanit est faite de plus de morts que de vivants Pour une soci t donn e l tranger le sauvage le primitif le marginaf e cochon tu manges comme un cochon c est celui qui ne suit pas les normes qu elle s est fix es ou qui tarde les int grer En ce sens l endoculturation s oppose l accul turation qui est l ensemble des ph nom nes r sultant du contact direct et conti nu entre des groupes d individus de cultures diff rentes avec des changements subs quents dans les types de cultures originaux de l un ou des deux groupes
3. L ducation est une n cessit soci t L ducation constitue un processus naturel et social permettant des groupes sociaux de maintenir leur existence en recr ant les croyances les id aux les espoirs les joies les mis res et le savoir Faire l ducation au sens large est une dimension sociale de la vie Elle consiste essentiellement dans une trans mission par communication c est dire un processus de partage de l exp rience 1 P CHAMPY amp C ETEVE Dictionnaire encyclop dique de l ducation et de la formation Nathan Universit 1994 p 125 2 J BERQUE L immigration l Ecole de la R publique CNDP 1985 p 5 jusqu ce qu elle devienne une possession commune DEWEY 1916 Les parents continuent donc lui donner un h ritage culturel o habitus mais Fen fant maghr bin fait connaissance avec l interculturalit c est dire la mise en rela tion avec plusieurs cultures autres que la sienne Les pr rogatives de chaque membre d une famille maghr bine sont bien d finies dans leur pays mais quand ils arrivent en France les structures familiales chan gent il y a une redistribution des r les donc des responsabilit s Le p re perd une grande partie de son autorit surtout s ii exerce un m tier d va lorisant par rapport celui qu il avait dans son pays ou s il est au ch mage Les p res sont infirmes de leur autorit et les mots ne servent plus tisser d
4. vitement afin de fuir le contact avec les autres et en particulier de la part des familles fran aises ou d origine europ enne avec les familles d origine maghr bine Ces strat gies se traduisent par un repli sur la cel lule familiale et l espace priv du logement par l utilisation s lective des espaces publics et des quipements de quartier par le refus de participer aux associa tions Ce regroupement des populations n est pas un l ment favorable l Ecole Les familles fran aises d un niveau socialement sup rieur celui des maghr bins d m nagent pour viter les coles forte concentration d trangers parce qu ils associent cole d immigr s avec coles probl mes Ils fournissent donc de fausses adresses ou font des demandes officielles de d rogation avec des justifi catifs fallacieux Donc le ph nom ne de ghettoisation s accentue les enfants immigr s ou les plus d favoris s restent dans ces tablissements et sont souvent en situation d chec On voit d s lors la difficult que rencontre l cole op rer a la fois comme une instance de promotion sociale et comme une instance d int gration dans les quartiers dominante populaire mais relativement h t rog ne socialement et ethniquement 1 C GARDOU et J PIERREUSE Enfants d favoris s enfants d immigr s pour chapper au ghetto UNA PEC 1988 p 7 2 idem F 86 9 8 BOUAMAMA amp H S
5. paration une certaine position sociale 1 Aspect g n ral La famille maghr bine n est pas de type nucl aire telle que l a d finie Alvin TOFFLER Les soci t s industrielles poss dent un mod le familial standard la famille nucl aire dans laquelle parents et enfants vivent ensemble sans sup porter la charge des grands parents ou des tantes ou autres Ce type est loin d tre le seul exister dans les soci t s industrielles mais le mod le id al c est lui qui pr vaut La famille maghr bine regroupe plusieurs familles dites conjugales sous un m me toit elle comprend leurs enfants c libataires leurs fils mari s avec leurs femmes et leurs enfants Plut t que d une famille nous avons affaire une com munaut familiale o les dimensions de vie domestique et conomique sont appr hend s de mani re commune Tous les ascendants descendants cokat raux vivent sous le m me toit Donc l oppos des famille fran aises elle se distingue par un nombre important d adultes se surajoutant la famille ini tiale titre d finitif ou parfois provisoire pour les vacances ou parfois pour cause de maladie Doc 11 D s le d but de leur mariage les jeunes femmes maghr bines habituellement vont vivre chez leur belle m re es fils en se mariani leur conf rent un statut valoris et une place encore plus privil gi e au sein de la famille Elles acqui rent
6. t mutuel des deux Etats entre la France et l Alg rie ll n en reste pas moins que cet enseignement du fran ais se heurte un certain nombre de difficult s et l on peut tre l gitimement tent de penser que le gain quantitatif a pour contrepartie un sensible fl chiss ement qualitatif Au nombre de ces difficult s il y a la diminution des horaires de l enseignement en langue fran aise ramen s 15 heures de la deuxi me la quatri me ann e et 20 heures en cinqui me et sixi me ann es encore faut il rappeler que dans ces horaires se trouve inciuse la part diminu e du calcul de la g ographie et des exercices d ob servation ce qui limite d autant la part r serv e l enseignement de la langue elle m me La deuxi me difficult tient ce qu une proportion tr s importante du corps ensei gnant est compos e de jeunes ma tres aux titres tr s modestes qui n ont g n ra lement pas re u une formation p dagogique pr alable approfondie tant la connais sance de la langue fran aise souffre quelquefois de lacunes ou d insuffisances qu il s agisse de la correction phon tique ou de la ma trise des r gles grammati cales Enfin l amenuisement de la coioni fran aise depuis 1962 tend limiter de plus en plus si l on consid re le pays dans son ensemble les possibilit s qui s of frent aux jeunes alg riens d entendre parler ou de s exprimer en fran ais en dehors du milieu scolaire lui m me en at
7. D s l arriv e en France il y a impr gnation d une autre culture d une fa on plus intense que pour les parents qui vivent dans le cocon familial L enfant immigr c toie diff rents lieux l cole l espace r serv aux enfants devant les HLM la rue ce qui oblige voluer tr s rapidement dans un milieu autre que le sien i y a interculturalit et cela pose probl me torsqu il rejoint sa famille IE y un norme travail de soudure autour de la famille nucl aire des liens divers avec la com munaut immigr e des ressourcements dans la culture d origine semblent primor diaux pour que l enfant d passe la crise qu implique pour lui l adaptation au pays et la culture d accueil 1 5 BOUAMAMA amp H SAD SAOUD Familles maghr bines de France Descl e de Brouwer 1996 p 40 2 Idem lt P 83 3 5 BOULOT amp D BOYZON FRADET Les immigr s et l Ecole une course d obstacles L Harmattan CIEMI 1988 p 24 oi 4 M REY VON ALLMEN Psychologie clinique et interrogations culturelles l Harmattan CIEMI 1993 p 35 Dans sa famille l enfant maghr bin assume beaucoup plus de responsabilit s qu un petit europ en il devient le m diateur entre deux adultes c est dire que la plupart du temps il va tre interpr te de ses parents De ce fait il va rechercher une certaine autonomie tre capable de g rer des probl mes et m rir plus vite que les autres enfants de son ge C est ainsi q
8. de la famille Au cours du repas le p re change des propos tr s anodins avec ses fils sans aborder les conversations ayant un rapport quel qu il soit avec les femmes en g n ral ou leurs pouses en particulier c est un sujet tabou entre hommes Le p re peut se ren seigner sur la sant de sa belle fille par une formule sibyiline en disant com ment va ta maison Par respect un fils ne fumera jamais devant son p re La femme selon le Coran a une importance tout minor e dans la famiile magh r bine Dans le cas d un h ritage les femmes auront un quart de la succession des maris morts sans enfants et un huiti me seulement s ils en ont laiss Les relations entre l homme et la femme sont dict es par des r gies tacites com plexes Les poux ne s appellent jamais par leur pr nom jugeant cette fa on de faire trop intime et ind cente ils ont recours l expression fille d un tel ou fils d un tei Dans la lt soci t maghr bine les femmes sont quasiment absentes de l espace public et as et assez souvent confin es l espace domestique H ne faut pas occulter qu il existe un r el cloisonnement dans l espace social dans la vie socia le la s paration des sexes est ia base de la structure traditionnelle au Maghreb Le monde des hommes et celui des femmes sont comme le soleil et la lune ils se voient fous les jours mais ne se rencontrent pas La valeur v nale d
9. ensemble du groupe familial qui est d fendu C est une valeur fondamentale du Maghreb En prenant connaissance de toutes ces nuances il est facile de comprendre que l adaptation la civilisation fran aise pour la population maghr bine passe par des tapes extr mement difficiles de remise en question de leur culture ancestra le Et nous Fran ais il nous appara t impossible de comprendre ces notions de valeurs dans notre soci t o l thique est devenue individualiste avec des concep tions beaucoup plus mat rialistes II y a un v ritable d calage entre les deux cul tures celle du pays d origine et celle du pays d accueil ce qui a pour cons quence que le jeune Maghr bin n est ni d ici ni d ailleurs De cet tat de fait na t lincompr hension de part et d autre qui est la base de conflits entre les deux communaut s histoire du foulard islamique voyages scolaires pour lesquels les parents de jeunes filles immigr es sont r ticents cohabitation dans les HLM Les familles maghr bines de par leur niveau de vie en France ne trouve se loger que dans les HLM habitations tout fait diff rentes de celles du Maghreb avec leur Cour int rieure entour e de murs il Du bled aux HLM A G n ralit s 1 5 BOUAMAMA amp H SAD SAOUD Familles maghr bines de France Descl e de Brouwer 1986 P 31 32 Les familles immigr es sont tiraill es entre deux mondes leur pays d origine
10. entre la langue du pays d origine et celle du pays d accueil Il s appro prie un Fran ais tout fait approximatif les phon mes n tant pas les m mes que dans la langue arabe li communique avec un Fran ais m lang d argot qu il ne retrou ve pas l cole Ses parent qui n ont pas t scolaris s dans des coles fran aises ne peuvent l aider et l enfant est dans un tat de non communicabilit avec les enfants Fran ais du m me ge et ses propres parents qui lui parlent exclusi vement en Arabe langue de laquelle it s loigne petit petit en grandissant Premi rement la th orie qui met en avant la privation le handicap socio culturel la th se centrale est qu il manque ces enfants les bases culturelles et linguis tiques n cessaires pour r ussir l cole Cenfant maghr bin a depuis sa nais sance un environnement diff rent de celui de l Europ en quand if arrive en France les valeurs morales qu il a toujours connues dans sa familie sont remises en ques tion 3 La vie sociale L tre humain est plong d s sa naissance dans un milieu social qui agit sur lui au m me titre que le milieu physique La soci t transforme l individu en sa struc ture m me elle lui fournit un syst me tout construit de signes qui modifient sa pens e elle lui propose des valeurs nouvelles et lui impose une suite infinie d obli gations Ce petit immigr est confront tr s jeune un
11. et on en apprend d autres Le pro cessus d adjonction ou de transformation c est l acculturation La famille est essen tielle dans l acquisition des processus culturels car elle est le lieu m me des mod les culturels Donc l ensemble de ces coercitions et incitations modeler un ensemble de patterns est ce qu on appelle l ducation ou endoculturation Marie DURU BELLAT et AGN S HENRIOT VAN ZANTEN affirment que La transmission des valeurs c est dire d id aux collectifs de vision du monde propres un ensemble social est sans doute la fonction principale qu assure la famille Nous pouvons dire que l homme est historicit Par l il convient d entendre cette ouverture propre au sujet humain la dimension historique avec ses trois moments solidaires pass pr sent et avenir L homme est cet tre le seul qui a un pass et un avenir qui se trouve ainsi d fini par un pr sent qui n est que le croisement de ces deux dimensions temporelles Philippe M IRIEU pr cise que paradoxalement il nous faut revenir un certain loge de l imperm abilit elle seule permet chaque culture d tre elle m me de se distinguer des autres et conf re aux hommes qui la partagent le sentiment d une appartenance l enraci 1 M ABDALLAH PRETCEILLE Quelle cole pour quelle int gration PUF 1992 p 251 2 C CAMILLERI amp G VINSONNEAU Psychologie et culture concepts et m thodes
12. groupe familial q 5 BOUAMAMA amp H SAD SAOUD Familles maghr bines de France Descl e de Brouwer 1996 p 28 2 ldem p 22 23 3 P DELONCLE cahiers du Centenaire de l Alg rie Publications du Comit National M tropolitain du cente naire de l Alg rie 1 930 N X p 36 4 8 BOUAMAMA amp H SAD SAOUD Familles maghr bines de France Descl e de Brouwer 1996 p 27 5 Coran traduit de l Arabe par KASIMIRSKI Garnier flammarion 1970 Sourate IV n 12 p 89 Les filles sont accueillies elles avec beaucoup plus de mod ration voire inqui tu de Certaines femmes risquaient d tre r pudi es si elles n engendraient que des filles Cette vieille coutume n est pratiquement plus mise en pratique mais elle a laiss des s quelles laxisme dans l ducation des gar ons en revanche rigidit excessive l gard des filles Charles GARDOU et Jean PIERREUSE ont tabli que la diff rence des sexes tait une r alit dans les familles maghr bines La diff rence entre fille at gar on c est que le gar on malgr qu il soit plus grand ou plus petit donne des lois sa s ur Le gar on a le droit de sortir quand il veut ren trer quand il le d sire Par contre la fille doit rester la maison s occuper du m na ge du manger des fr res des s urs si on en Les responsabilit s entre le fr re et la s ur c est qu on ne doit pas lui r pondre Quand il nous demande quelque chose on va lui chercher
13. milieu qui lui donne des structures diff rentes de celles du petit Europ en cette empreinte se stabilise tr s t t et de ce fait a un impact tr s important tant donn la mall abilit de l enfant nn 1990 MORO Nathan 1989 b et sur un plan statistique MORO 1988 c ont mis en vidence des moments de grande vuln rabilit de l enfant de migrants corres pondant aux poques d acquisition structurales d cisives 1 dans la p riode p rinatale c est dire au moment de la mise en place des inter actions pr coces m re enfant 1 C GARDOU amp J PIERREUSE Enfants d favoris s enfants d immigr s pour chapper au ghetto UNA PEC 1998 p 269 2 B CHARLOT E BAUTIER S Y ROCHEX Ecole et savoir dans les banlieues et ailleurs A Colin 1992 Pt aE 3 J PIAGET La psychologie de l intelligence A Colin 1962 P 186 2 au moment des grands apprentissages scolaires la lecture l criture et le cal cul de 6 11 ans 3 enfin l adolescence moment des choix de vie Pour corroborer ce qui vient d tre dit il est vident que le jeune enfant est soumis l empreinte de son environnement dont son langage et son comportement d pendent H est donc de toute vidence que la vie sociale transforme l intelli gence par le triple interm diaire du langage signes du contenu des changes valeurs intellectuels et de r gles impos es la pens e normes collectives logiques ou
14. musique est un des plaisirs que les Maghr bins placent au dessus de tout La plupart des femmes en g n ral savent se servir du tam tam et de la derbo ka sorte de cruche en terre sur laquelle est tendue une peau de ch vre Qui dit musique dit aussi danse la danse chez eux est un message de tout le corps Les femmes dansent entre elles et entra nent leurs enfants doc 14 Au cours des f tes les femmes et les hommes sont s par s dans des salies diff rentes ou alors si c est impossible et que les festivit s se d roulent dans une seule grande salle les tabies sont dispos es de fa on ce qu il y ait une s paration effective Les enfants s battent dans le no man s land L enfant maghr bin est sollicit tr s jeune par la danse de ce fait il est tr s souple et d s son entr e en maternelle c est un excellent l ve en psychomotricit il habite tr s bien son corps et il vit la musique avec beaucoup d intensit c est un moyen d expression important pour lui il a un sens tr s d velopp du rythme et est souvent un mod le dans la gestuelle pour les fran ais La cuisine les interdits et les tabous la femme maghr bine passe norm ment de temps faire la cuisine surtout pendant la p riode de ramadam jeune de 28 jours dont la date change chaque ann e puisqu elle d pend des mois 1 P DURNING amp J P POURTOIS ducation et famille De Bock Universit 1994
15. re oit aussi avant sa naissance l influence de son milieu tout particuli rement de sa m re et de son p re il a une vie relationnelle Le lien entre les parents et leur enfant commence se nouer avant la naissance Pendant la petite enfance il y a une longue p riode d imp ritie l enfant ne se suf fit pas lui m me il a besoin des adultes qui entourent il ne vit que dans la mesu re o il a pu tablir des syst mes de pr vision et d entente mutuelle avec les adultes qui composent son univers humain Limportance de limp ritie initiale est la mesure m me de l importance consid rable des acquisitions Il faut penser les deux en m me temps Les acquisitions qu effectue l enfant pendant cette p riode sont d autant plus importantes qu est importante limp ritie initiale Un ph nom ne est la mesure de l autre Quelle que soit par ailleurs l importance de ces comp tences l enfant tout seul ne peut pas survivre il a besoin des autres pour accom plir toutes ses activit s l essentiel donc c est d tre assist Cette n cessit a des cons quences tr s importantes sur le plan de la construction de l intelligence c est dire de la construction des capacit s cognitives et de l ducation de l enfant Le b b ne survit que dans la mesure o il a pu tablir ces syst mes de pr vision et d entente mutueller avec les aduites qui composent son univers humain Les interactions sociales qui constituent le c
16. s entre en contact imm diat apr s des mill naires d volution ind pendante l Orient et l Occident Les conceptions orientalistes sont donc logiquement tout fait diff rentes de celles ci l Occident malgr une volution des m urs vers une certaine modernit il reste que la cufiure entendue dans ie sens d anthropologie sociale ou plus bri vement d endoculturation ne correspond en rien la culture telle que entend la classe dominante dans un pays donn Bien plus qu en terme de Savoir Culturel le plus souvent iot d une minorit elle s entend comme un ensemble d attitudes de comportements souvent conscientis s assum s par une collectivit qui se sert de cet ensemble comme une sorte de carte d identit Le glissement d une culture l autre tel que le vivent les enfants de migrants est souvent perturbateur pour la personnalit encore qu il ne faille pas expliquer par des ph nom nes de culture ce qui peut tre d aux difficult s conomiques des familles immigr es A cet gard M DURU BELLAT crit De mani re g n rale il semble qu ce niveau de I scolarit le milieu culturel de l enfant compte plus que les conditions mat rielles bien qu en moyenne ces deux facteurs soient corr l s Dans tes famille maghr bines it arrive parfois que les valeurs sont en rupture avec celles que v hicule le pays d accueil mais nous devons vivre ces diff rences d un
17. un pouvoir de d cision accru de plus la famille peut s enrichir d une muititude de hamitis tantes personnes proches de l enfant qui n ont aucun lien familial avec lui mais lui manifestent un certain int r t par exemple les voisines ou l insti tutrice quand elle est pied noir Il n y a pas de p nurie d adultes donc pas de probl me de garde pour le jeune maghr bin On le voit tr s rarement dans des pouponni res ou des garderies la solidarit n est pas un vain mot dans ces familles les travaux saisonniers ramassage des aulx des fruits les vendanges de mandent de la main d uvre les jeunes femmes vont travailler et les voisines plus g es font les nounous sans aucune r ti 1 M DURU amp A HENRIOT VAN ZANTEN Sociologie de l cole A Colin 1992 p 160 2 TOFFLER S adapter ou p rir Deno l 1996 p 112 3 BOUAMAMA amp H SAD SAOUD Familles maghr bines de France Descl e de Brouwer 1996 p 16 4 Idem p 26 cence En France nous n avons pas la m me conception de l entraide les difficul t s de la vie quotidienne ne facilitent pas de tels changes amicaux le mod le cul turel fran ais favorise une conception de la famille isoloir lieu d intimit plus l es pace familial sera restreint HLM plus chacun s enfermera chez soi Cela nous dif f rencie norm ment de la convivialit que manifeste de fa on sp cifique la famil le maghr bine 2 Les compo
18. 00 personnes en 1992 et 80000 en mars 1993 Ces effectifs se surajoutent au total des ch meurs pr c dents Cela a pour cons quence que le foss se creuse entre le monde du tra vail et le monde de l exclusion dans lequel les immigr s sont sur repr sent s B L habitat de Penfant immigr Les conditions de logement et de mani re plus g n rale le cadre de vie rev tent pour l insertion de la population trang re dans la soci t de r sidence une impor tance essentielle Dans le cadre le plus d favorable les diff rentes ethnies se marginalisent par le lieu de r sidence Le niveau sociai tend se manifester en possibilit Le choix r si dentiel est tributaire du niveau social tout le monde ne peut d m nager n impor te o il y a des quartiers d pendants des quartiers ghetto etc C est ce que pr cisent encore Charles Gardou et Jean PIERREUSE Rel gu s dans les grands ensembles suburbains o elles occupent des logements insa T M REY VON ALLMEN Psychologie clinique et interrogations culturelles L Harmattan CIEMT 1993 p 35 2 C GARDOU et J PERREUSE Enfants d favoris s enfants d immigr s pour chapper au ghetto UNA PEC 1988 p 7 3 G LEMOIGNE L immigration en France PUF1991 P 29 4 M WIEVIORKA Cahiers p dagogiques n 309 d cembre 1992 p 54 5 G LEMOIGNE L immigration Que sais je PUF 1991 p 114 mn EU re er lubres et surpeupl s les famill
19. A Cotin 3 C CAMILLERI amp M COHEN EMERIQUE Chocs de cultures concepts et enjeux pratiques de l interculturel L Harmattan 1994 p 81 4 M DURU BELLAT et A HENRIOT VAN ZANTEN Sociologie de l cols A Colin 1992 p 60 5 M ABDALLAH PRETCEILLE amp L PORCHER ducation et communication interculturelle PUF 1996 p 46 nent dans une histoire sans elle l individu d rive dans le temps et dans l espace incapable de se situer cherchant d sesp r ment des fronti res qu il ne trouve le plus souvent que par la violence D une g n ration d humains la suivante il n y a pas qu un lien biologique d h r dit mais un lien de tradition La m me id e est exprim e par Micheline REY VON ALLMEN les populations qui se d placent comme celles qui sont issues de ces migrations sont porteuses de culturel qu occulte souvent le statut social Elles portent un autre regard sur notre soci t et sur ses valeurs et apportent une contri bution originale sa transformation Dans les soci t s homog nes et tradi tionnelles on peut consid rer qu histoire et m moire se recouvrent partiellement sinon totalement Tout se fait comme si la m moire plus que l histoire tait capable d assurer la fois la transmission d un h ritage mais aussi les facteurs d volution comme si elle savait mieux traduire la pluralit et la complexit de la vie comme si elle anticipait le mouvement m me de l histoire
20. AD SAOUD Familles maghr bines de France Desci e de Brouwer 1996 p 66 4 M DURU BELLAT amp A HENRIOT VAN ZANTEN Sociologie de l Ecole A Colin 1992 p 93 Les membres d une famille maghr bine comme nous l avons remarqu pr c demment sont plus nombreux que ceux d une famille fran aise I faut pr ciser galement que les familles d j install es en France n h sitaient pas aider recevoir pour une p riode ind termin e les nouveaux migr s Cela a pour cons quence que l espace allou chacun est restreint J ai dans ma classe un enfant d une famille marocaine Sliman il a trois ans il vit avec ses six fr res et s ur et une cousine au total 10 personnes dans un appartement de 6 pi ces environ 100 m 2 auquel se sont rajout es pendant une partie de l ann e quatre cinq personnes suppl mentaires Donc ce jeune enfant et malheureusement m me les plus grands ne poss dent pas une chambre eux les plus petits sont souvent oblig s de coucher dans celle des parents et de ce fait leur maturit est plus marqu e que celle d un enfant europ en du m me ge Ainsi le petit magh r bin ne b n ficie pas des moments de caime qui lui sont n cessaires les familles maghr bines sont toujours tr s bruyantes comme tous les habitants du bassin m diterran en et d isolement qui lui sont indispensables pour son quilibre psy chiquel je Cette notion d habitat et d environnement e
21. CHAPITRE DIFF RENCE D ENDOCULTURATION L enfant est plac dans une situation sociale sp cifique dont il est un acteur essen tiel son environnement contribue au d veloppement de sa personnalit Or le petit maghr bin diff re sur plusieurs registres d un enfant fran ais parce que leur endo culturation n est pas la m me l Endoculturation L endoculturation est l acquisition d un ensemble suppos des mani res d tre de penser de sentir apprises et partag es par une pluralit de personnes et propres un ensemble social On appelle enculturation ou endoculturation l ensemble des processus conduisant l appropriation par l individu de la culture de son grou pe Tout individu est dot en naissant de potentialit s diverses et conditionn par le milieu culturel int grer des normes des mod les des attitudes propres son milieu Plusieurs autres d finitions sont propos es L enculturation est une fonction intraculturelle Le terme d signe tous les processus qui fondent et organi sent la continuit d acc s une culture pour tous ceux qui rel vent d elle Elle pr sente deux fonctions sociales premi rement la conservation et la transmission de l acquis physique intellectuel moral et esth tique deuxi mement l int gration des individus leur soci t Que signifie donc le mot de culture quand on parle de la fonction de transmission culturelle de l ducation essenti
22. Les gar ons ne font pas le m nage au contraire ils le compliquent 5 Les enfants entrent tr s jeunes l cole Maternelle les parents consid rent cet v nement comme tr s important le premier jour de classe les petites filles et les petits gar ons ressemblent de vrais mannequins c est une comp tition de toi lettes L Ecole a manifestement gard chez eux l ciat qu elle avait pour les fran ais au d but du si cle Pour les enfants trangers elle joue un r le capital les familles trang res d ailleurs en ont pris conscience puisque pour les enfants n s en France la fr quentation de l cole maternelle est identique celle des Fran ais voire sup rieure pour les Maghr bins Le petit Maghr bin vit dans une soci t tr s attach e ses coutumes B Les coutumes La convivialit n est pas un vain mot chez les Maghr bins on se re oit beaucoup Les f tes les bapt mes les mariages sont le pr texte d agapes pantagru liques m me dans les familles tr s modestes Toutes les voisines participent activement la pr paration des festivit s le couscous Fagneau fait toujours partie du menu les plats sont nombreux Toutes les connaissances y sont convi es avec leurs enfants et tout le monde au cours de ces manifestations traduit sa joie en se pas sant du henn sur les paumes de mains et en poussant des you you tonitruants Les femmes portent de tr s jolies robes longues brod
23. P 191 lunaires Une fois par an le musulman je ne pendant la journ e c est le rama dam pendant une p riode qui s coule d une lune l autre Les jeunes ne le pra tiquent que lorsqu ils sont pub res ce moment l c est la f te partir du cou cher du soleil il y a un premier repas tr s copieux puis on s invite on coute de la musique on danse videmment et enfin entre trois et quatre heures du matin avant le lever du soleil on festoie nouveau ce qui explique que pendant ce laps de temps les petits immigr s qui participent ces deux repas au cours de la nuit soient tr s sommeilieux en classe Limmigr e n est pas du tout une utilisatrice de surgel s et des conserves La cuisine maghr bine est d licieuse souvent assez relev e La semoule entre dans les diff rentes pr parations sal es couscous ou sucr es mokrout Les viandes sont tr s cuites jamais saignantes et viennent agr menter avec des pruneaux ou des amandes les plats aigres doux Le porc est prohib par la religion ainsi que les viandes dont les animaux n ont pas t tu s et saign s par un musulman avec un Couteau trois rivets et surtout en direction de la Mecque vers l Est Les animaux morts le sang la chair du porc tout ce qui a t tu sous finvocation d un autre nom que celui de Dieu les animaux suffoqu s assomme s tu s par quelque chose ou d un coup de cor e ceux qui
24. P 19 20 3 Micro Robert dition 1992 P 309 ducateurs l enfant est sollicit de toutes parts selon des modalit s et avec des valeurs qui ne sont pas toujours concordantes Comment r agit il face cette plu ralit Comment assurer la coh rence de son ducation Quelle est quelle peut tre la place des valeurs v hicul es par l cole L enfant immigr subit le choc de deux cultures au cours de son insertion Dans le parcours initiatique des enfants de migrants appel s voluer dans un monde diff rent de celui de leurs parents l cole aura un r le tr s important jouer car c est l que se d termine en grande partie la rencontre de l enfant avec le monde dans lequel il grandit Des probl mes fondamentaux se posent donc travers l appr ciation diff rentielle des autres cultures on peut se demander jusqu o l homme est adaptable Or l cole peut relever le d fi nous pensons m me qu elle en a les moyens et qu el l va reconna tre aussi que l on peut acc der un savoir commun qui loin d an nuler ces diff rences permettra de mieux comprendre et de mieux entrer en rela tion avec les autres et le monde 1 M ABDALLAH PRETCEILLE Quelle cole pour quelie int gration Hachette Education 1992 p 58 2 M REY VON ALLMEN Psychologie clinique et interrogations culturelles l Harmattan CIEMI 1993 p 66 3 P M RIEU L cole mode d emploi BSF 1992 p 104 105
25. adapter parce que la m re de famille maghr bine est la fois novatrice et reproductrice actrice dans les mutations fami liales et d fenderesse de la tradition Les enfants il y a souvent h t rog n it entre eux dans une m me famille sou vent il y a ceux qui sont n s en Afrique du Nord et ceux qui sont n s en France Chacune de ces cat gories a un v cu diff rent si les racines sociales et politiques sont diff rentes Une fronti re semble traverser les familles entre les enfants n s au pays et y ayant v cu leurs scolarisations primaires et ceux n s en France et y ayant t scolaris s il y a un v ritable partage qui passe l int rieur de la famil le a se sent bien il y a une fronti re et m me plus que a plus qu une fronti re Une fracture qui casse la famille en deux Un d s quilibre certain existe entre les enfants plus g s qui ont fait une grande partie de leur scolarit au Maghreb et pour lesquels l int gration dans notre syst me scolaire fran ais est plus fastidieuse du fait que les niveaux et les options sont diff rents dans les pays concern s et les plus jeunes qui sont soumis la m me scolarit que leurs petits camarades Fran ais avec des situations d chec ou de r ussite identiques Les enfants trangers sous ce rapport ont des performances quivalentes celles des enfants fran ais contrairement aux id es re ues sur leur retard linguistique
26. aghr bines sont tr s gaies et font fi de leurs soucis lors des f tes Le musulman est tr s fataliste tout est crit mektoub En g n ral la femme maghr bine travaille tr s peu lPext rieur sauf pour les travaux saisonniers Elle s occupe exclusivement de ses enfants et sa vie lui laisse beaucoup de loisirs c est une grande sup riorit par rapcar elle est beaucoup plus disponible pour ses enfants que nous qui sommes stress es par les t ches quotidiennes les horaires et l harmonisation entre vie de travail et vie familiale C est ce que regrettent les enseignants car en France ils ont dans l ensemble une image n gative du r le ducatif des parents d au jourd hui Trop de probl mes naissent dans les familles des enfants d mission des parents etc et l enseignant se sent devoir accomplir une t che de plus en plus lourde En effet il ne faut pas seulement enseigner mais duquer compenser les manques des parents et cela rend la t che ardue et parfois insurmontable Nous sommes dans une re o nous n gligeons souvent nos responsabilit s et les parents agissent de m me avec leurs enfants lls se d chargent de la responsabi lit de les duquer sur les enseignants qui sont plut t l pour leur enseigner quelque chose lis nous fournissent un mat riau brut pour s en d barrasser et exi gent un produit fini parfait avec comme exigence supr me de ne pas avoir s en m ler La
27. amilles d immigr s une diff rence importante entre l ducation des gar ons et celle des filles I est vident que l chec d une modalit culturelle d ducation qui serait propre au qui donne une primaut au gar on il a tous les droits le gar on conna t un processus de survalorisation pendant toute son enfance et son adoles cence ll en r sulte une difficult plus grande que pour les filles l autonomie indi viduelle Apparemment certains gar ons ne rencontrent pas dans leur famille des adultes qui s opposent eux et par la m me prennent de la consistance et peuvent devenir mod le d indentification cette absence de mod le d identification para t tre une des causes du comportement anomique et donc d une certaine fa on asocial qui caract rise un grand nombre de jeunes maghr bins aujourd hui et cela marque la faillite d un mod le ducatif Les filles c est sans doute la question de la place et du r le des filles dans la famille maghr bine enracin e en France qui donne naissance aux contradictions les plus profondes De mani re g n rale l attitude des m res est centr e sur la reproduction du mod le La r action des filles est bien entendu l incompr hen siori le refus et la tentation d insoumission mais les formes prises tendent globa lement viter la confrontation ouverte et la rupture Cela est d autant plus vrai que les m res se pr sentent leurs filles comme simpl
28. de l enfant entre deux identit s culturelles antago nistes la coupure entre les g n rations la d consid ration de la cellule familiale g nitrice l affaiblissement consid rable du camp de l duquant naufrage de l du qu l chec total 2 La langue Des le lendemain de l ind pendance apr s 1962 l Alg rie nouvelle a inscrit au nombre de ses options fondamentales en mati re d ducation l arabisation de l enseignement Les jeunes Alg riens apprennent d sormais l arabe classique langue nationale On remarque cependant que jamais les enfants n ont t aussi nombreux qu aujourd hui apprendre l cole la langue fran aise Teile est en effet la volont du gouvernement alg rien Le fran ais langue v hiculaire de la pens e scientifique moderne est actuellement par le fait de l histoire un outil irrempla able du d veloppement conomique et social de l Alg rie une condition 1 B CHARLOT amp E BAUTIER amp J Y ROCHEX Ecole et savoir dans les banlieues et ailleurs Colin 1993 p 17 2 J BERQUE L immigration l Ecole de la R publique CNDP 1985 p 47 3 M DURU BELLAT amp A NENRIOT VAN ZANTEN Sociologie de l Ecole Colin1992 p 77 4 P MERIEU in CLERSE ISPEF L islam Les malentendus octobre 1993 p 20 de son rayonnement international en Afrique une exigence objective aussi de la politique de coop ration qui tend s tablir de fa on durable et dans l int r
29. des cr ches dans lesquelles l enseignement de la langue fran aise n est pas pratiqu En ce qui concerne la p riode de 2 6 ans force est de constater qu il n y a pas eu d apprentissage m thodique du Fran ais les jeunes immigr s qui arrivent en France ne sont donc pas bilingues c est le m me cas pour les autres pays du Maghreb Cela a pour cons quence que la diff rence des jeunes fran ais d origine qui arriveront r cup rer plus facile ment leur langue officielle enseign e par l Ecole les jeunes Maghr bins seront pour cette raison d favoris e parce qu ils n ont jamais pu vivre en Fran ais de v ritables relations adulte enfant ce qui tait impossible avec leurs parents et reste difficile avec les autres adultes de leur environnement imm diat parce qu ils vivent depuis toujours dans un ghetto culturel sans osmose authentique avec une langue qui est sans doute celle du ma tre mais qui n est ni la leur ni celle de leur parents La pratique de la langue parl e par les enfants immigr s n est pas la m me pour tous je terme d enfants de migrants est utilis pour caract riser des publics tres diversifi s leur rapport avec les langues et leur culture d origine sont plus ou moins troits selon les dates de leur arriv e en France le d sir plus ou moins grand des familles de s int grer au milieu d accueil la fa on dont elles ressentent leurs sp cificit s notamment religieus
30. e fa on positive et ne pas tablir une chelle des valeurs qui d pr cie l autre comme le dit Albert JACQUARD dans le chapitre intitui Lamour des diff rences c est tout une thique Si je diff re de toi loin de te l ser je t augmente Cette vidence tous nos r flexes la nient Notre besoin superficiel de y e confort intellectuel nous pousse tout ramener des types et juger selon ia conformit aux types mais la richesse est dans la diff rence A La famille Elle a une grande importance dans toute soci t puisque la transmission des valeurs c est dire des id aux collectifs d une vision du monde propres un ensemble social est sans doute la fonction principale qu assure la famille Elle contribue ainsi l int gration des nouvelles g n rations la soci t globale et deurs groupes sociaux d appartenance l influence de la famille demeure impor 1 M E F GAUTHIER Cahiers du Centenaire de l ALG RIE Publications du Comit National M tropolitain du Centenaire de l ALG RIE 1930 p 34 2 M DURU BELLAT et HENRIOT VAN ZANTEN Sociologie de l cole Colin 1992 p 160 3 A JACQUARD loge de la diff rence Points 1981 p 206 tante des degr s divers dans d autres domaines formation de la personnalit sociale et de l identit sexuelle construction des loyaut s religieuses politiques ou nationales pr
31. e relais de l autorit paternel le ll y a une esp ce de complicit f minine qui s installe entre les m res et les filles qui se soumettent malgr tout aux contraintes du mod le pour viter certains d sagr ments leur m re Ce n est quand m me pas une soumission passive et souvent l attitude de l a n e de la famille rend service aux cadettes qui ont des marges de libert plus grandes qui sont le r sultat des mutations provo qu es au sein de la famille maghr bine par les conflits compromis avec une a n e qui a v cu souvent une exp rience douloureuse Donc c est l o se pose la qu te difficile d une identit culturelle reconstruire entre le mythe du pays d origine le pays des parents et les difficiles r alit s du pays dit d accueil celui dans lequel on vit o la plupart resteront L Ecole plus particuli rement est diff rente de celle qu il a connue jusqu main tenant le mobilier est diff rent les l ves ne parlent pas comme lui ils ont des tenues vestimentaires qui ne sont pas les m mes que les siennes les f tes qui servent parfois de th mes d activit s langagi res et manuelles n existent pas chez 1 5 BOUAMAMA amp H SAD SAOUD Familles maghr bines de France Desci e de Brouwer 1996 p 84 2 P 87 p 87 S C GARDOU amp J PIERREUSE Enfants d favoris s enfants d immigr s pour chapper au ghetto UNA PEC 1998 p 7 lu
32. ellement un patrimoine de connaissance et de comp tences d institutions de valeurs et de symboles constitu au fil des g n rations et caract ristique d une communaut humaine particuli re et d finie de mani re plus ou moins large et plus ou moins exclusive La culture pr sente donc trois crit res pr cis all se perp tue de g n ration en g n ration elite est h r ditaire et apprise elle informe donne une forme l individu l histoire d une soci t La culture maghr bine comme toutes les cultures est le r sultat historique permettant Fhomme de donner sens son existence et d assurer sa reproduction R alit fon damentalement historique elle a connu de nombreuses mutations au fur et mesure des volutions et des contraintes L endoculturation se situe au cours _ des premi res ann es de la vie elle consiste dans la transmission de la culture 1 C CAMILLERI amp M COHEN EMERIQUE Choc de cultures concepts et enjeux pratiques de l interculturel L Harmattan 1994 p 28 2 J DEMORGON Complexit des cultures et de l interculturet Anthropos 1996 p 26 3 J C FORQUIN cole et culture Le point de vue des sociologues britanniques De Boek 1996 p 10 4 BOUAMAMA amp H S SAOUD Familles maghr bine de France 1996 F 13 des adultes la g n ration qui lui succ de L ensemble des op rations par les quelles les sujets s approprient ce
33. ence en maints endroits Cette sp cificit culturelle semble tre un v ritable besoin phantasmique collectif tout se passe comme si l homme collectif perdait son tre et le sentiment de son identit s ii ne s opposait pas un autre collectif souvent son plus proche voisin frontalier la revendication collective d identit lt nationale ou sociale s appuie sur une mythologie avantageuse qui v hicul e par plusieurs g n rations a sou vent force de loi Les Cahiers du Centenaire de l ALG RIE mettent en vidence d une mani re beaucoup plus large cette diff rence Une diff rence de foi religieuse est toujours grave on s est massacr entre catholiques et protestants mais ce qui entre la Chr tient et l islam ce n est pas tant une divergence de dogme de cat chisme C est quelque chose de bien plus profond Effectivement dans la gen se Abraham le patriarche est le p re des trois religions monoth istes Les Chr tiens descendent des Juifs c est dire d Abraham qui raconte la Bible a eu un fils Isma l avec sa servante Arabe Hagar qui venait d Aden sa femme Sarah ne pou vait enfanter puis elle eut enfin un fils Isaac Les Juifs ont pour anc tre Isaac et les Arabes Isma l Dieu avait promis le pays de Canaan Abraham c est dire Isra l et la Palestine le conflit d h ritage entre leurs descendants n a pas encore cess Nous retrouvons dans les Saintes critures
34. es selon aussi que le milieu d accueil les rejette ou les accepte etc D autre part l enfant maghr bin n en France est souvent priv d un bilinguisme essentiel son quilibre bien qu il existe des cours d Arabe dans certaines villes mais il s agit l de l Arabe Litt raire et non de l Arabe Dialectal utilis dans la vie quotidienne par les immigr s Entre ces deux formes de langue arabe il y a autant de diff rences qu entre le patois d une province fran aise et le Fran ais classique Le r sultat est vident les enfants d immigr s qui ne connaissent pas leur langue maternelle parce qu ils ne la pratiquent plus ou parce qu elle ne leur a pas t parl e par leurs parents ils sont d une certaine fa on priv s de leurs racines comme le sont d ailleurs tous ceux qui vivent dans des situations de Semi linguisme entre une langue maternelle d form e et demi 1 C HAGEGE L enfant aux deux langues Editions Odile Jacon 1996 p 21 2 C GARDOU amp J PIERREUSE Enfants d favoris s enfants d immigr s pour chapper au ghetto UNA PEC 1988 p 11 3 J BERQUE L immigration l Ecole de la R publique CNDP 1985 p 99 oubli e et la langue fran aise qu ils parlent mal Cette inter langue des migrants qui interf re entre le fran ais standard et l cole a d ailleurs t identifi e comme l une des causes de l chec scolaire de ces jeunes L enfant maghr bin tr s jeune se situe mal
35. es de paillettes et de fils d or et elles en changent plusieurs fois au cours de la f te Les lieux de rencontre les hommes et les femmes occupent une place diff rente dans la famille et surtout dans la soci t leurs loisirs sont de m me diff rents 1 5 BOUAMAMA amp H SAD SAOUD Familles maghr bines de France Descl e de Brouwer 1996 p 30 2 C GARDOU et J PIERREUSE Enfants d favoris s enfants d immigr s pour chapper au ghetto UNA PEC 1988 p 87 3 5 BOULOT amp D BOYZON FRADET Les immigr s et l Ecole une course d obstacles L Harmattan GIEMI 1988 p 23 1 les hommes Ils s rencontrent toujours en dehors de leur demeure rarement chez eux ils cachent jalousement leur vie priv e leurs amis ou leurs connaissances Le Nord Africain fr quente souvent les caf s o il boit du sirop ou de la limonade mais pratiquement jamais d alcool Ce sont les lieux o les conversations vont bon train l ils font et d font le monde ou joue aux cartes c est un endroit de far niente Dans les grandes villes en fin d apr s midi ils vont dans les bains maures hammem qui sont exclusivement r serv s aux hommes partir de 18 heures et l ils se baignent longuement dans une salle commune ils discutent abondamment et pour terminer se font masser Ensuite ils rentrent chez eux et se font servir par leur femme et leurs enfants tr s conscients de leurs pr rogatives 2 L
36. es femmes Elles ne sortent qu avec l autorisation de leur mari Elles s invitent mutuellement pour boire le caf ou le th la menthe chez l une d elles et autour d un plateau garni de g teaux la semoule farcis de dattes et tremp s dans du miel comme les mokrout ou des zlabia g teaux faits de petits tubes de miel qui s en roulent pour former une spirale elles changent les derniers potins Par ce moyen les nouvelles vont tr s vite elles sont au courant de tout D ailleurs le Fran ais iro nise ce sujet en disant c est le t l phone arabe ou le t l phone boumen tel le boumentel est une semelle de nu pied en peau de chameau Elies sont toujours accompagn es de leurs enfants quand ils ne sont pas l cole pour leurs maris c est un gage de bonne conduite et de s rieux parce qu ils se renseignent souvent aupr s d eux sur les faits et gestes de leurs femmes Elles se rencontrent aussi comme leurs conjoints au bain maure aux horaires qui leur sont r ser v s c est dire l apr s midi elles peuvent y rester facilement deux ou trois heures dans une salle commune galement ce qui leur permet de discuter tout en proc dant la toilette de leurs enfants Les gar ons apr s l ge de la petite enfance vont au bain avec leur p re La musique et la danse les jours s coulent entre la musique et la danse qui tiennent une place importante dans la vie des musulmans Les m
37. es immigr es sont particuli rement touch es par le ch mage alors que les perspectives longtemps r v es d un retour au pays devien nent pour elles de plus en plus improbables et ils poursuivent Dans ce quar tier cit ghetto les conditions de vie sont peine imaginables Sans exag ra tion il s agit bien de bidonvilles tages Donc cause de leur niveau social les familles d immigr s se regroupent dans les HLM o la densit au m tre carr est importante ce qui provoque des regroupements spatiaux sur la base d idenii t de structure et de besoins Plus largement il y a reconstitution de r seau familial ou villageois par regroupement des familles issues des m mes r gions l int rieur du m me quartier Cet tat de fait contribue une congestion de l ha bitat les frictions sont fr quentes et ont pour cause fa plupart du temps les dis putes entre enfants Cette concentration d immigr s dans les HLM n est pas porteuse d l ments posi tifs pour les enfants maghr bins qui se regroupent et n ont aucun change lin guistique hors l cole avec ceux du pays d accueil Cette minorit ethnique rel qu e dans des sortes de ghetto subit un effet de marginalisation par rapport aux autochtones lesquels manifestent leur sensibilit aux nuisances odeurs bruits parfois d une mani re agressive On observe notamment la mise en place de strat gies quotidiennes d
38. es tuniques de sagesse il y a chez lui manifestement un ph nom ne de sur autorit que le chef de famille manifeste pour sauvegarder son image Cela provoque chez les enfants un sentiment de malaise Ces jeunes immigr s qui ne con oivent pas l autorit du p re comme attitude normale faisant r f rence une culture domi nante qui est ici domin e mais comme un abus de pouvoir dont ils ne per oivent ext rieurement que l agression De plus le p re de famille dans le pays d ori gine tait responsable des relations ext rieures en France cette fonction est remi se en cause parce qu il est moins disponible cause de ses heures de travail et que sa ma trise de la langue fran aise est insuffisante donc si le lien avec l ex t rieur est le r le traditionnellement tenu par le p re La fronti re dedans dehors est remise en cause par la vie quotidienne en France De nom breuses fonctions de liens avec l ext rieur sont de fait investies par les m res et ou les enfants instruits d marches administratives contacts scolaires Le Ch mage du p re peut aussi aggraver ce d s quilibre dans la fonctionnalit de la famille cet homme tr s fier de nature investi par le Coran d une sup riorit inn e vit mal la d pr ciation de l image qu ii a de lui m me et que surtout son entourage a de lui Le pouvoir paternel priv de tout ce qui faisait sa force est par tag bien contre c
39. et le pays d accueil o ils essaient de rester co te que co te malgr le ch mage lin compr hension et partout m me une certaine agressivit leur gard Emigrer c est quitter l enveloppe le filtre culturel c est fissurer les cadres protecteurs Mais c est aussi immigrer c est dire reconstruire Nous retrouvons cette m me id e d antagonisme entre les deux cultures entre le pass et le pr sent chez Charles GARDOU et Jean PIERREUSE En premier lieu se pose la qu te difficile d une identit culturelle reconstruire entre le mythe du pays d origine le pays des parents et les difficiles r alit s du pays dit d accueil celui dans lequel on vit o la plupart resteront au c ur de ce conflit le rapport de la culture des parents dont le projet migratoire ancien ou r cent d bouche souvent sur une impasse Cela s explique par la crise conomique qui d ferle sur la France depuis quelques ann es L immigration est la premi re victime de la r duction des emplois ouvriers peu qualifi s qu entraine la modernisation de l appareil productif Cette situation est particuli rement sensible pour les jeunes trangers dont le taux de ch mage est sup rieur celui des jeunes Fran ais et volue plus d favorablement surtout pour les hors CCE Les diff rentes enqu tes men es par l ANPE montrent que la mont e du ch ma ge en France a t croissante Elle a augment de 161 0
40. eur relation avec l ext rieur Il m est souvent arriv l cole maternelle lors des inscriptions d avoir plusieurs personnes dans mon bureau qui accompagnaient le futur l ve pour les formalit s et les conversations allaient bon train surtout si l une des immigr es connaissait bien l tablissement elle se faisait un plaisir de donner des d tails pr cis dans le but de rassurer la m re dans sa d marche de la fa on sui vante tu sais la Directrice elle est du pays bledna elie fait bien attention nos petits ici tous les enfants sont pareils ils peuvent manger l cole elle fait tou jours attention qu ils ne mangent pas du halouf cochon 1 5 BOUAMAMA amp H SAD SAOUD Familles maghr bines de France Descl e de Brouwer 1996 p 75 76 2 klem p 78 Mais il y a le revers de la m daille dans ce nouveau r le que doit jouer la m re maghr bine en cas d carts de conduite gt de la part des enfants le p re la res ponsabilise enti rement et elle doit faire face l autoritarisme souvent incongru de son conjoint et aux tendances mancipatrices de ses enfants Elle doit faire preu ve d une grande strat gie elle peut tre la fois victime ou complice et provoque malgr elle des investissements affectifs ou de regrettables d ceptions de par son r le ambivalent au sein de sa famille Cependant elle est la gardienne des tradi tions de son pays experte dans l art de s
41. i No l la Chandeleur Carnaval P ques Les coles coraniques sont loin de res sembler nos coles la description est significative L cole coranique quand elle n utilise pas la mosqu e fonctionne dans des locaux g n ralement priv s d air et de lumi re Le taleb y fait apprendre le coran sans commentaire ni discussion a longueur de journ e s l ve une lente m lop e rythm e par des intonations rituelles qu accentue parfois le balancement du corps Certains immigr s qui viennent de villages assez isol s n ont connu que ce cadre scolaire D s le plus jeune ge dans les pays du Maghreb il y a une s gr gation sexuelle la fille n a souvent que des pr occupations domestiques pour apprendre tenir un foyer son tour La pr hension de cet environnement est aussi importante pour l enfant que pour l enseignant qui doit savoir composer s adapter pour comprendre l enfant qui lui est confi Le sujet se donne son environnement dans la mesure o il y s lec tionne et y travaille selon ses logiques singuli res ce qui pour lui y fait sens dans la mesure o il se le construit comme monde Donc nous proposons l enfant maghr bin une certaine culture c est dire l ensemble des aspects intellectuels d une civilisation qui s oppose lendo culturation comme s opposent au point de vue culturel pays d origine et pays d ac cueil Le probl me est d importance car c est celui de l o
42. ier Flammarion 1979 Sourate n 28 p 9 mk d ments et de bijoux Vient ensuite le tabak constitu de cadeaux de toutes sortes il comprend entre autres une bague environ 400 F une gourmette ou des bracelets 3600 F un ha k 800 F Doc 13 c est un drap soyeux dans les quels les femmes se recouvrent pour sortir en croisant l toffe sur le visage et en ne laissant d passer qu un il ou une djellabah si elles sont plus modernes deux paires de chaussures 460 F une montre 500 F un sac main 600 F des robes 2000 F 4 pi ces de tissus 1 300 F deux douzaines de savon de luxe du henn deux litres de parfum des produits de beaut des bougies des drag es une pi ce mont e deux blocs de sucre qui servent d ornements un matelas pour deux personnes et des petits cadeaux pour les diff rents membres de la famille Outre ceci le fianc doit payer les frais de ia f te aussi bien celle qui se d roule chez les parents de la fille que celle qui a lieu chez les siens Les invit s dans un mariage sont tr s nombreux entre 2 ou 300 il n y a pas de traiteur les proches des mari s une vingtaine de femmes assurent le repas qui se fait l endroit m me o se d roulent les festivit s les hommes de la famille s occupent du service aucune boisson alcoolis e n est servie des sodas et des jus de fruits les rempia cent Le mariage se d roule sur trois jours le Vendredi est r serv aux pr para tif
43. il arrive en faire son repas li y a quatre o cinq ans lors du bilan des trois ans le m decin scolaire avait diagnostiqu chez t Coran traduit par KASIMIRSKI Garnier Flammarion 1970 Sourate V n 4 p 105 2 Idem p t14 une d nomm e Farida qui tait une de mes l ves des sympt mes de malnutri tion et de rachitisme Or connaissant sa famille depuis tr s longtemps puisque j avais eu au cours des ann es pr c dentes toute sa fratrie en classe je pouvais affirmer que les enfants y taient bien g t s et bien soign s Apr s avoir interrog la maman nous avons d couvert que sa fille ne buvait pas de lait mais des limo nades elle ne mangeait ni viande ni l gumes ni fromages Elle se nourrissait exclusivement de g teaux et de sucreries L l Ecole Maternelle apporte un plus ces enfants pour les mettre galit des chances avec les fran ais si les rapports entre parents et enseignants sont empreints de convivialit donc de franchise La famille a un cadre ducatif dans lequel voluent les enfants f fortement marqu par certaines valeurs En premier lieu nous trouvons la hachma notion qui renvoie la pudeur la r serve voire au sentiment de honte Elle est associ e la notion de haram qui signifie tabou interdit davantage li quant lui au domaine religieux En second lieu nous avons l estime le prestige et le nif En se d fendant par le nif c est l
44. ilation Enqu te sur les populations d origine trang re en France La D couverte INED 1996 l existe une v ritable hantise de la st rilit En outre la femme peut tre r pu di e si elle n a pas d enfants Cela se passe m me dans les grandes familles par exemple le Shah d lran avait r pudi sa femme Soraya parce qu elle n avait pas d espoir de maternit Mais par contre La femme est socialis e v n r e en tant que m re f conde Elle est respect e parce qu elle permet de p renniser le sang de la lign e familiale par une descendance la plus nombreuse possible La m re de famille est donc en charge d une fonction primordiale pour le groupe la repro x duction Les familles maghr bines ont donc beaucoup plus d enfants que les te familles fran aises et le planning familial nest pas un li u qu elles fr quentent Es beaucoup amas Les enfants ce qui a toujours surpris les europ ens c est la grande tendresse que leur manifestent les maghr bins Comme nos indig nes savent ch rir leurs petits Il faut voir leurs sourires pour eux pour eux la fa on dont ils posent une main sur leurs t tes ras es avec la fiert que procure au p re cette b n diction de Dieu une jeune vie cr e par lui n e de lui Les enfants d Alg rie du Maroc de 2 Ils sont comme il est dit pr c demment l objet de multiples attentions de la part d une famille dont les membres sont toujours effectifs
45. importants De ce fait Fen fant maghr bin n est jamais gard dans une pouponni re il y a toujours pr s de lui une personne ressource I tient une place tr s importante dans la famille il fait ce qu il veut c est un petit dictateur Cependant Tout le processus ducatif et de socialisation vise la n gation de f individualit et de l individualisme l individu existe par rapport au groupe auquel il appartient Les enfants quel que soit leur sexe sont pr par s tr s t t ces attentes sociales et familiales Toute l ducation est centr e sur appartenance l entit collective Les enfants de sexe masculin sont toujours la b n diction d un couple ils pr do Ji minent sur les filles et m me sur leur propres m res Dieu vous commande dans le partage de vos biens entre vos enfants de donner aux fils la portion de deux filles Apr s ces paroles du Coran il semblerait que la modernit actuelle oblige les familles maghr bine revoir cette chelle des valeurs concernant la place qu ils r servent leurs enfants au sein de la famille En fait non un livre de janvier 1996 donc tr s r cent raconte que D s la naissance il existe une diff renciation sur le plan rituel selon qu il s agit d un gar on ou d une fille En effet la naissance d un gar on est l occasion de grandes festivit s La naissance d un fils vient renforcer le lignage agnatique et augmente les conditions de subsistance du
46. la famille les mod les culturelles le comportement avec les indicateurs suivants la langue les m urs et coutumes les pratiques religieuses l h ritage culturel comporte plusieurs facettes BOURDIEU et PASSERON donnent une place importante une dimension qualitative moins d finie en termes de plus ou de moins de l h ritage culturel leurs yeux une source d in galit devant ce qu exige l cole provient de ces visions du monde diff rentes que les enfants h ritent de leur milieu familial Cette diversit d h ritage culturel ou plus largement d habitus l cole l ignore et se montre indiff rente aux diff rences Bien plus que les fronti res g ographiques qui peuvent s parer les nations les fronti res culturelles dissocient l humanit en entit s collectives que les regroupe ments politiques n arrivent que difficilement fusionner par exemple les Bosniaques et les Serbes en Yougoslavie Nous retrouvons cette id e majeure 1 M DURU BELLAT amp A HENRIOT VAN ZANTEN Sociologie de l cole Colin 1992 p 68 dans l ouvrage de M REY VON ALLMEN Au niveau europ en face aux boule versements intervenus ces derni res ann es aux espoirs mis dans la construction europ enne en m me temps qu aux inqui tudes soulev es par les conflits eth niques culturels et religieux la x nophobie et les diverses formes de discrimina tions qui sourdent ou se manifestent avec viol
47. les m mes personnages sous des noms diff rents suivant la religion consid r e Marie devient M riem Dieu est Allah J sus Christ Sidna Alssa De m me les villes saintes le sont pour les trois religions par exemple en ISRA L plus particuli rement J rusalem il existe dans un espace g ographique tr s restreint le Cotel ou Mur de l Ouest plus connu sous le nom de Mur des Lamentations Doc 5 religion isra tite la Mosqu e d Omar Doc 6 religion islamique l glise du Saint S puicre Doc 7 religion chr tienne Certains lieux de culte peuvent m me tre communs plusieurs religions comme H bron o on se dispute toujours le Tombeau des Patriarches dans la Mosqu e d Ibrahim Doc 8 qui abrite la fois le Mimbar Doc 9 pour les islamistes et le Mausol e d Abraham Doc 10 pour les Isra lites ce qui provoque des frictions 1 M REY VON ALLMEN Psychologie clinique et interrogations culturelles L Harmattan 1998 p 18 2 M E F GAUTHIER Cahiers du Centenaire de l ALG RIE Il Publications du Comit National M tropolitain du Centenaire de l ALG RIE 1930 p 34 PATTE entre les deux religions comme le 25 f vrier 1994 o dans ce lieu Baroh VON STEIN a tu 29 Musulmans qui priaient M E F GAUTHIER poursuit son propos sur la m sentente entre ces deux peuples une opposition notoire dans lorga nisation de la famille de la justice de l tat Deux soci t
48. n de gestionnaire du patrimoine du budget familial C est lui qu incombe l organisation de la r partition des t ches entre les diff rents membres de la Maison ll est craint et on lui ob it Dans ia civilisation is maghr bine il y a une certaine sup riorit des hommes par rapport aux femmes et le Coran est tr s explicite ce sujet Les hommes sont sup rieurs aux femmes cause desquelles Dieu a lev ceux l au dessus de celles ci La traduction de papa est bouilla mais l enfant tr s respectueusement s adressant lui l appellera sidi Son influence aupr s des jeunes de la famille est plus impor tante que celle de la m re qui est tr s surveill e par ses fils pendant l absence du 1 P TAPERNOUX Les enseignants face aux racismes Anthropos 1997 P 86 2 Z K 5 DAHOUN Les couleurs du silence le mutisme des enfants de migrants Calmann L vy 1995 p 12 3 S BOUAMAMA amp H SAD SAOUD Familles maghr bines de France Descl e de Brouwer 1996 p 21 4 Coran traduit de l Arabe par KASIMIRSKI Garnier Flammarion 1970 Sourate IV n 4 p 92 IR BT RC Age p re tous ses faits et gestes sont rapport s dans le moindre d tail Pendant les principaux repas le p re mange le premier souvent en compagnie de ses enfants m le sa femme ne s assoit pas avec eux elle les sert et attendra qu ils aient termin pour manger avec les l ments f minins
49. ont t entam s par une b te f roce Tout cela vous est d fen du La dinde est autoris e le dindon interdit parce qu il poss de sous le poitrail une excroissance de chair recouverte de poils te Musulman est dubitatif est il un oiseau ou un animal fourrure c est haram c est donc p ch Pour ma part lors de l inscription des enfants j avais un entretien avec les parents de l enfant maghr bin qui me pr cisaient toujours qu il ne mangeait absolument pas de porc mais ils taient beaucoup plus conciliants en ce qui concernait l abattage des ani maux de boucherie Ils taient conscients du fait qu il tait difficile dans nos petites villes d avoir de la viande compl tement hlel abattue selon ies normes de leur religion et de se nourrir convenablement en respectant la loi isiamique dans son int gralit La restauration en milieu scolaire est d licate n gocier la fois avec lers parents et les services comp tents Dans la vie courante le mot cochon est une insulte viter L alcool et les jeux de hasard sont interdits chez le musulman croyants Le vin les jeux de hasard les statues sont une abomination inven t e par Satan abstenez vous et vous serez heureux L enfant lui dans le respect de la religion mange ce qu il veut il n a pas une nour riture quilibr sa m re ne l oblige pas go ter de tout il appr cie particuli re ment les g teaux et les sucreries et
50. ontact avec leurs parents ce syndrome se marque par des d g ts phy siques et mentaux consid rables provoqu s par la s paration d avec la m re d t rioration par amaigrissement rupture du contact avec l ext rieur reprise d at titude archa que comme le balancement L enfant a besoin d tre attach quel qu un au sens de la psychanalyse L abandon dans tes douze premiers mois peut avoir des cons quences graves Pour ZAZZO le nouveau n n a pas seulement besoin de nourriture il est toujours en qu te d autrui il commence tisser des liens qui vont l unir son entourage Pour cette raison les services hospitaliers de p diatrie avec l aide d associations ramassage des pi ces jaunes par le servi t M REY VON ALLMEN Psychologie clinique et interrogations culturelles l Harmattan CIEMI 1993 p 66 2 J PIAGET La psychologie de l intelligence A Colin 3962 p 186 3 C HAGEGE L enfant aux deux langues Editions Odile Jacon 1996 p 21 ce des postes essaient de d velopper des structures permettant d accueillir les m res des sujets hospitalis s La formation de la sensibilit commence d s les premiers mois de la vie et les rela tions affectives avec l entourage y contribuent largement tout au long de l enfance Chaque famille transmet aux enfants par des voies indirectes plut t que directes un certain capital cuiturel et un certain ethos systeme de valeurs implicites et pro fond ment in
51. ontexte dans lequel le nourrisson d velop pe son attachement envers ses parents lui donnent galement les moyens de se voir comme une source d actions et comme un membre du groupe social qui com prend les autres personnes pr sentes dans sa vie La difficult d int gration de l enfant immigr peut donc tre expliqu e par une notion tr s importante Les habitus sont des syst mes de dispositions durables et transposables BOURDIEU 1972 structur s par les conditions d existence leur tour ils structurent engendrent et organisent des pratiques et des repr senta tions Les pratiques semblent librement d termin es par la volont de l individu mais elles sont en fait induites via l habitus par les conditions sociales d existen ce tout particuli rement par celles que l individu a connues pendant la prime enfance Le jeune immigr arrive avec un patrimoine g n tique et culturel sp cifique c est ainsi que Les th ories du handicap socio culturel ne peuvent pas elles non plus prendre en compte cette singularit Elles raisonnent comme si lin 1 J F VEZIN Psychologie de l enfant capable L Harmattan 1994 p 45 2 GOLDHABER Psychologie du d veloppement Vigot 1988 p 118 3 B CHARLOT amp E BAUTIER amp J Y ROCHEX Ecole et savoir dans les banlieues et ailleurs A Colin 1993 p 17 dividu tait la r sultante des influences que l environnement ou le milieu e
52. p dagogiques Ces propos trouvent leur application dans l histoi re des enfants sauvages qui lev s dans les bois au milieu d animaux et qui ne poss daient pas les acquis des enfants du m me ge lev s dans un milieu humain existe chez l enfant une pulsion d imitation qui joue un r le consid rable dans l apprentissage des langues comme dans celui de toute la vie sociale Qu elle soit elle m me inscrite dans le code g n tique ou cr e ex nihilo par l en vironnement elle ne d clenche un processus d imitation que si elle est sollicit e C est ce que montre n gativement le cas des enfants sauvages Il s agit d humains ab ndonn s leur naissance au milieu de soci t s animales comme l enfant ch vre d Irlande 1672 ou Kaspar Hauser recueilli Nuremberg en 1928 La mim sis est une donn e de base de l anthropologie Il y a n cessit d un milieu pour survivre d une certaine fa on un milieu animal peut servir de milieu de sup pl ance mais cela ne permet pas un d veloppement normal Ce ph nom ne de non d veloppement existe avec moins d acuit chez les enfants soumis une tongue hospitalisation qui se trouvent retard s ou m me arr t s dans leur d veloppement par rapport ceux du m me ge ils souffrent d hospitalisme ce qui est le syndrome de ceux qui vivent mai une situation d abandon de leurs parents la suite d un s jour Fh pital et qui perdent r elle ment le c
53. rigine de la diversit humaine partir d une m me donn e morphologique et psychologique fondamen tale D un pays l autre d un continent l autre d un moment historique l autre nous partageons des exp riences diff rentes comme diff rentes sont les institu tions sociales qui nous font tre ce que nous sommes D une g n ration la sui vante il n y a pas qu un lien biologique d h r dit mais un lien de tradition L ducation c est la transmission par des mots de tout un h ritage culture d ceux qui nous ont pr c d s et cette ducation est diff rente suivant les ethnies par exemple un Fran ais met malencontreusement un rot furtif au cours d un repas il est confus et demande qu on veuille bien l excuser un Musulman au contraire provoque un rot de biens ance pour honorer ses h tes et le ponctue d un hamdoula satisfait pour prouver qu il a fait un excellent repas La socialisation et l enculturation se manifestent dans la pluriculturalit Certes la famille reste un lieu privil gi de ces processus et l on ne peut plus nier que la pluralit et la diversit caract risent d sormais l environnement humain de l enfant Au carrefour des multiples attentions ducatives parents enseignants nourrices 1 A A SSOU Les beurs l Ecole et la France L Harmattan CIEMI 3987 P 28 29 2 8 CHARLOT E BAUTIER Y ROCHEX Ecole et savoir dans les banlieues et ailleurs Colin 1992
54. s le Samedi c est le jour du mariage qui se termine au petit matin quand on est s r que ie mariage est consomm Le Dimanche midi les intimes qui ont pr t leur concours pour les pr paratifs sont invit s d jeuner et ensuite ils aident net toyer la salle Aujourd hui les d sirs des parents de la mari e sont parfois plus importants enco re ils exigent pour leur fille non seulement du mobilier une chambre coucher une salle manger mais galement de l lectro m nager et bien s r une voiture Le futur mari a besoin de beaucoup travailler pour tre mariabie ie mariage peut lui revenir 90 006 00 F En cas de litige entre ies deux poux la femme repart chez sa m re et le mari reprend tous ses cadeaux Ce sont des lois que nous consid rons comme archa ques mais elle r gissent encore de nos jours de nom breuses familles maghr bines de France La polygamie dans les pays du Maghreb est moins importante qu en Afrique Noire environ 1 des hommes d Alg rie Tunisie Maroc ont plusieurs pouses Dans ce cas la femme peut vivre avec les autres pouses de son mari et l pouse la plus g e commande et g re la mai son avec son mari Parfois l migr subvient aux besoins d une femme et d en fants laiss s en Afrique du Nord et se remarie en France C est ce qui explique tr s souvent le niveau de vie assez bas des familles maghr bines 1 M TRIBALAT De l immigration l assim
55. s adultes prot gent d autant plus farouchement que leur d marche initiale se solde par un ch j Son retour provisoire ou d finitif en Afrique du Nord se solde souvent par un chec il a oubli une partie de sa langue il est difficilement compris par son entourage Quand ils parlent la langue de leurs parents ils ont souvent honte de leur accent fran ais qui leur est repro ch par les parents plus lointains qu ils retrouvent pendant les vacances au pays lls exigent particuli rement en nourriture des desserts qui sont introu vables dans le Maghreb par exemple ies flamby Les enfants pendant leurs vacances au pays S habituent difficilement son mode de vie Le d paysement est trop important En effet l enfant de migrants est per u comme un tranger au sein de sa famille 1 M REY VON ALLMEN Psychologie clinique et interrogations culturelles l Harmattan CI MI 1993 p 35 2 5 BOUAMAMA amp H SAD SAOUD Familles maghr bines de France Descl e de Brouwer 1996 p 85 3 C GARDOU amp J PIERREUSE Enfants d favoris s enfants d immigr s pour chapper au ghetto UNA PEC 1998 p 7 oct 4 kdem p 9 5 M REY VON ALLMEN Psychologie clinique et interrogations culturelles l Harmattar CIEMI 1993 p 74 Mises part ces contradictions qui existent entre le pays d origine et le pays d ac cueil dans le cursus d int gration de l enfant il y a manifestement dans les f
56. s dans leur pays subit un choc de cultures son arriv e en France Avant de partir d Afrique du Nord elle se soumettait la structure familiale avec son espace et surtout la division du tra vail la distribution des t ches dans leur soci t d origine mais Elles vont tre confront es au d calage entre les deux soci t s Puis progressivement elles sont de fait amen es avoir des contacts avec l ext rieur et deviennent les principales interlocutrices des m decins des instituteurs des services sociaux Un des effets majeurs de leur immigration sera la transformation de leur r le et de leur statut au sein de la famille Les r les sont invers s au Maghreb les femmes taient Mfantilis es presque sans contacts avec l ext rieur en France elles sont res ponsabilis es par leurs contacts avec l ext rieur elles s mancipent malgr elles parce que leurs maris ont une moins grande disponibilit La cons quence de cette permutation dans les r les des deux conjoints est que a m re de famille magh r bine est assez rapidement dot e d une ma trise de la soci t civile fran aise accroissant consid rablement son autonomie et diminuant son lien de d vendan ce l gard du mari Au d but de leur s iour en France les m res de famille maghr bines lorsqu eiles ne manipulent pas suffisamment la langue fran aise se font toujours accompagner d une ou deux amies qui les aident dans l
57. santes de la famille maghr bine Les personnes g es ne sont jamais plac es dans des maisons de retraite et interviennent ponctuellement dans la vie de la famille par leurs conseiis Chaque musulman doit ob ir des lois pacifiques entraide hospitalisation fid lit aux engagements pris et la parole donn e envers les membres de la com munaut recherche de mod ration sans cesse r affirm e dans ses d sirs et Sur tout respect des parents Le proph te a ainsi dit Le paradis sous le talon de votre m re La grand m re tient une place tr s importante aupr s du jeune enfant c est elle qui assure la plus grande partie de son ducation Doc 12 son exp rience est tr s appr ci e de tous on vient la consulter en cas de difficult s Zerdalia K S DAHOUN p do psychiatre parle de son enfance C tait un temps heureux o les grands m res pouvaient tenir les petites filles par l paule pour perp tuer la file des g n rations un temps o l on attendait de la grand m re pleine de sagesse qu elle soit un mod le pour ses petits enfants un mod le confor me la tradition ancestrale Le p re la t te de la maison se trouve le p re de famille qui d tient un pou voir d autorit incontest Il est repr sentant de toute la famille l ext rieur en par ticulier dans les d cisions engageant l ensemble du groupe L autorit du patriarche est renforc e par sa fonctio
58. st importante comme pour tous les enfants pour un d veloppement psychique et moral harmonieux et plus particu li rement pour l enfant immigr qui subit parfois les fluctuations d une insertion mal r ussie le ch mage par exemple La sant la scolarit des enfants le degr d adaptation au milieu social sont en effet en troite corr lation avec la nature de l habitat et si celui ci s av re m diocre ou franchement mauvais il induit une s gr gation difficile liminer Mais actuellement on va vers une am lioration de l habitat pour les immigr s un organisme sp cifique d Etat s en occupe La Commission Nationale pour le Logement des Immigr s CNLI oriente l utilisation de la fraction de la participation des employeurs l effort de construction r serv par priorit au logement des travailleurs immigr s et de leurs familles soit 1 9 C Le handicap socio culturel de l enfant immigr 1 G n ralit s la base du handicap socio culturel dont l enfant immigr est l objet se trouve le 1 5 BOLAMAMA amp H SAD SAOUD Familles maghr bines de France Descl e de Brouwer 1996 p 66 2 G LEMOIGNE L immigration Que sais je PUF 1991 p 11 3 kiern p 116 fait que s il n est pas encore un membre reconnu de la soci t il n en est pas moins un tre primitivement et totalement orient vers elle elle l entoure mais n est pas similaire celle du pays d accueil L enfant
59. t rioris es qui contribuent d finir entre autres choses les attitudes de l institution scolaire Cette influence du milieu familial est pr pond rante et g n re des difficult s d adaptation qui marquent la sensibilit enfantine Ce sont d ailleurs les enfants les plus sensibles qui soufrent davantage de lisolement dont ils peuvent tre les victimes H ne fait pas bon diff rer des autres quand ces autres appartiennent la fixation des mod les sociaux et l appr ciation ou plut t ie b n fice de la loi Donc par les conditions de vie mat rielle et les m urs qui les caract risent chaque milieu social exerce une influence d ailleurs variable non seulement en tant qu elle peut favoriser ou d favoriser l panouissement de l enfant mais parce que la r action de l enfant ce milieu peut aller de l acceptation au refus Ce ph no m ne est identique celui qui se passe au niveau de la langue L enfant immigr oscille donc entre la culture du pays d origine et celle du pays d accueil 4 Un enfant qui se cherche L enfant immigr est tranger dans le pays d accueil mais il tr s peu de ressem blance avec le petit musulman du Bled qu il tait il y a peu de temps Son envi ronnement imm diat est en rupture avec celui qu il a connu au pays des change ments d r les interviennent dans la famille les donn es de l Ecole diff rent L ducation est la base de toute soci t Donc
60. tendant que ies exigences de leur future activit technique ne fassent r appara tre les occasions plus pr cise mais aussi plus circonscrites de l utiliser Le 26 d cembre 1990 le Parlement alg rien vote une large majorit une loi sur la g n ralisation de la langue Arabe qui devait r duire voire supprimer l usage du Fran ais officiel mais aussi celui de la langue berb re La premi re communication entre la m re et l enfant est non verbale mais celui qui commence apprendre marcher a aussi besoin d apprendre des mots c est ainsi qu il accorde toute son attention tous ceux qui sont dispos s donner un nom ses actions et aux choses qui lenvironnent L environnement humain indis pensable l enfant pour l apprentissage de son idiome maternel l est plus forte raison quand il s agit d ducation bilingue Ainsi tout comme l aptitude au langage la pulsion mim tique n aboutit l acquisition d une langue que si le milieu lui pro 1 Le monde au pr sent Encyclop dia Universalis 1994 p 11 cure un champ pour se manifester Pour apprendre une langue l enfant imite les humains qui l entourent D une part nous avons vu pr c demment que l enseignement du fran ais en Alg rie par exemple commen ait partir de la deuxi me donc peu pr s 7 ans et nous savons d autre part qu il n existe pas d cole maternelle mais seulement _ pour les parents qui travaillent
61. tte culture de leur propre groupe est appel enculiuration dynamique qui se pr sente ainsi comme une dimension de la socialisation Les l ments de la culture sont partag s par une pluralit de personnes Une grande partie de l acquisition cultureile est inconsciente au del du symbolisme nous trouvons la langue et au del du cognitif nous avons le lan gage La culture est un syst me coh rent et non pas des l ments juxtapos s Des liens troits rattachent les l ments entre eux Si un l ment se modifie il y a une r percussion dans l ensemble du syst me si on d tache un l ment il y a une entrave toute compr hension mais le concept de culture n est pas un concept _ fig Toute culture est un syst me volutif elle est un tout dynamique et toujours en mouvement Elle se modifie continuellement elle r sout des conflits elle doit int grer des situations nouvelles qui l am nent s affiner par exemple les v ne ments culturels transmis un enfant s enrichissent d l ments nouveaux Ne pas oublier que l individu n est jamais passif dans son appropriation de la culture En fonction de multiples interpr tation personnelle dynamique voire cr atrice des mod les Culturels r alisant par lui m me la dualit complexe de toute identit tre la fois semblable et diff rent On est sans cesse en train de d sap prendre des mod les de r ponses inefficaces
62. u maria g ge est noter la femme est achet e m me de nos jours d une fa on plus ou f L w moins d guis c est la dot que S doit apporter le mari Le Coran en donne l autori sation en ces termes If vous est permis du reste de vous procurer avec de l ar gent des pouses En 1979 lorsque je suis retourn e pour la premi re fois en Alg rie jai appris qu cette poque certaines familles n autorisaient les parents du pr tendant conna tre leur future belle fille qu en versant la somme symbolique de 200 dinars environ 240 F Cet acompte repr sente un gage s rieux La future pouse est soumise l examen le plus s v re de sa vie Chaque l ment de sa personne a son prix et rien ne peut chapper la vigilance de ses futurs beaux parents virginit beaut niveau d instruction milieu social aptitude tenir une maison suffit parfois d un simple d faut physique pour que la cote baisse Cet examen termin on fixe le montant de la dot de la future mari e le sadak qui varie de 3000 4000 dinars 3600 3800 suivant le niveau de vie des familles concern es une partie est vers e en argent liquide Fautre sous forme de v te _1 Coran traduit de l Arabe par KASIMIRSKI Garnier Flammarion 1979 Sourate IV n 4 p 89 2 5 BOUAMAMA amp H SAD SAOUD Familles maghr bines de France Descl e de Brouwer 1996 p 24 25 3 Coran traduit de l Arabe par KASIMIRSKI Garn
63. ue rapidement les enfants servent de guide leurs parents perdus dans la jungle incompr hensible de la culture du pays d accueil Ces enfants n ont cependant pas int gr l ethos ct DEVEREUX 1970 de la culture rien que des r gles de fonctionnement Ce ph nom ne entra ne plusieurs types de cons quences ils deviennent es parents de leurs propres parents Nous constatons chez les enfants de migrants une quasi obligation du clivage du Moi qui assure la structure du processus de d ni auxquels ils sont constamment contraints de recourir L enfant immigr finit par n avoir plus rien de commun avec sa famille il entre sou vent en lutte contre ses parents pour des questions d habillement de loisirs de fr quentation il veut faire comme les europ ens et ce n est pas toujours possible pour les parents dont les liens au sein de leur communaut sont forts d autant plus qu iis sont expatri s lt L univers quotidien de ces jeunes est tr s complexe puisque les tentatives d identification la jeunesse fran aise qu ils c toient et aux parents qui refl tent la culture du pays d origine sont parfois contradictoires Hi est certain que les enfants n s ici ou venus plus o moins jeunes en France l occasion de regroupements familiaux sont la diff rence des jeunes fran ais d origine quotidiennement confront s aux r f rents qui subsistent d une culture parentale trang re que le
64. ur avec sa femme il manifeste un certain d sint r t et se cantonne dans une sorte de mutisme ou un sur autoritarisme violent difficile sup porter par la communaut familiale D s le stade du personnalisme entre 3 et 6 ans selon WALLON il y a n cessit de se chercher en autrui mais pour cela il faut qu on puisse admirer autrui p riode d imitation qui est la pr figuration du ph nom ne d identification et l on n admire pas quelqu un qui n existe pas le drame dans certaines familles immigr s est l inexistence au moins symbolique du p re le t J HOUSSAYE Quinze p dagogues leur influence aujourd hui A Colin 1994 0 128 2 P GABERAN Eduquer les enfants sans rep res ESF 19 F 61 3 S BOUAMAMA amp H SAD SAOUD Familles maghr bines de France Descl e de Brouwer 1996 p 72 4 bidem p re pourtant est le repr sentant de la loi c est une pr sence consistante pr sence de quelqu un qui dit oui mais aussi qui dit non et ne jamais dire non para t ne pas tre une bonne mani re d duquer De l attitude du p re d coulent la fois l admiration des enfants pour ce p re capable de faire n importe quel m tier pour subvenir aux besoins de sa famille et aussi le rejet pour cet exc s d autoritarisme qu il exerce sans mesure C est un sentiment ambivalent provoquant une instabili t qui rejaillit sur la famille maghr bine La m re comme toutes les femmes maghr bines mari e
65. xerce sur lui L environnement pour l individu est monde horizon de significa tions vitales et sociales lieu de sens L enfant maghr bin se trouve tiraill entre deux cultures culture d origine induite par habitus comme nous l avons pr cis g ant rieurement et la culture d accueil mais es cultures ne sont pas en effet des blocs erratiques transport s tels quels par des populations appel es perdre leur ombre comme le h ros de Chamisso ces cultures sont dynamiques vivaces avides d uvrer en r ciprocit avec celles du pays d accueil et de fournir leur propre r ponse la nouveaut des situations Lindividu doit faire appel son pouvoir cr ateur pour r aliser une int gration r ussie Cette volution du concept d habitus am ne donner plus de place au contexte de l action qu on utilise le terme de champ comme BOURDIEU ou celui d espace d action concret comme CROZIER 1977 et aux capacit s adaptatives d un individu qui d s lors n est plus tr s loign du strat ge PARADEISE 1988 Les handicaps socio culturels sp cifiques enfant de migrants sont issus de son endoculturation et peuvent tre expliqu s par la langue la vie sociale et l adapta tion au pays d accueil A son arriv e en France l enfant immigr subit le choc de deux cultures If n est pas vraiment maghr bin mais il n est pas non plus fran ais Or le r sultat de laf frontement sera le d chirement

I. Endoculturation - Les thèses de l`Université Lumière Lyon 2

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