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LECTURES

1. nonciatifs mobilis s dans le discours Si l analyse quantitative permet de dresser la cartographie de la pr sence des biotechnologies dans l ar ne des m dias l analyse qualitative insiste sur les repr sentations sociales de la science Les nombreux exemples sollicit s montrent de mani re convaincante que hors des revues sp cialis es le public ne dispose pas de l offre n cessaire pour acc der un savoir scientifique ma tris au plan des connaissances Il n est pas surprenant alors que les attitudes de r serve de peur voire d obsession du danger soient les r ponses les plus HERME S 34 2002 241 Lectures fr quentes aux nouvelles avanc es de la science Les enqu tes successives conduites entre 1997 et 2001 et comment es dans le chapitre IV sont clairantes plus d un titre Elles nous apprennent qu au del de ses cons quences scientifiques le risque per u renvoie aux dimensions morale sociale et culturelle Les biotechnologies modernes dessinent des visions du monde qui s affron tent Elles renvoient donc des choix de soci t qui interpellent le politique Au terme de la d monstration on ne peut que rejoindre le constat implacable et amer des auteurs La demande du public est complexe et respectable elle ne peut se satisfaire d une course la s curit et d une surench re d fensive de la part des pouvoirs publics Tel qu il est organis aujourd hui le d bat publi
2. professionnels journalisme publicit documentation plus tard la communication des organi sations Sous la plume de Jean Fran ois T tu actuel pr sident de la plus haute instance administra tive universitaire le CNU on lit le rappel de l origine litt raire des premiers enseignants alors qu la fondation proprement parler les repr sentants des sciences dures jou rent un r le struc turant Au terme de ses analyses tr s pr cises sur les travaux de doctorat dirig s pendant la premi re d cade J F T tu remarque p 88 ce ph nom ne tout fait troublant et inattendu dans cette recherche n a qu une explication possible la r flexion sur la communication int ressait beaucoup de disciplines dont les Lettres mais peu de directeurs taient pr ts faire le pas eux m mes ou orienter leurs tudiants vers la nouvelle discipline et de conclure que par rapport ses origines litt raires l histoire de cette discipline est celle d une mancipation d autant plus rapide que les litt raires n ont jamais cherch les retenir Au terme du projet de Robert Boure effectivement les regards se croisent sans forc ment se rencontrer Enseignant moi m me dans ces ann es fondatrices au sein d une universit depuis toujours rivale de Toulouse je fus t moin d une histoire parall le avec d autres temps forts HERM S 34 2002 239 Lectures d autres influences Le choix de l i
3. 71 section du Conseil National des Univer sit s ne se r clament pas des sciences historiques L accent est mis sur les dimensions institutionnelles de la construction d une nouvelle discipline dans les ann es 1970 ann es d effer vescence et de grandes r formes universitaires Aussi trouve t on dans le corps du texte l analyse pr cise des th mes des quatre Congr s scientifiques la liste th matique des th ses soutenues par Universit et par Directeur de th se Robert Boure intitule sa pr sentation Le droit au pass et insiste sur le caract re non hagiographique l absence de grands r cits fondateurs l oubli appa rent des P res fondateurs On pourrait narquoisement s tonner de trouver sous la plume de Jean Meyriat et de Bernard Mi ge les propos assur ment justifi s suivants p 52 les SIC ne constituent donc pas une discipline scientifique qui une fois ses tapes de formation franchies aurait vu reconna tre apr s bien d autres sa l gitimit faire l objet d enseignement et de recher ches l inverse elles acqui rent tardivement et difficilement le statut de discipline univer sitaire parce qu elles sont mati res d enseignement et de recherche C est dans leur origine m me que se trouve la raison premi re des incertitudes et des ambigu t s qui affectent toute assertion sur leurs fondements th oriques l origine donc la volont de r pondre aux besoins des milieux
4. d un jour nouveau la question de l inno vation ducative et formative par les TIC m me si la r duction des co ts ne peut tre consid r e selon moi comme un but en soi d am lioration du syst me ducatif L auteur d montre ainsi que consid rer ces technologies sous le seul angle de la p dagogie ne suffit pas Une r flexion strat gique sur leur r le s impose Je rejoins ce point de vue d une autre fa on en remarquant que en termes d organisation l cole et la classe sont des dispositifs humains et sociaux de transmission qui puisent des informations diverses sources pour que les l ves les transforment en connaissances par le truchement des enseignants et le plus souvent sans machines Une analyse de ce type qui localiserait Les flux d information et leur traitement permet trait peut tre de mieux y situer l utilit additionnelle des techniques num riques Jean Pierre Dud zert a fait l une uvre utile Les analyses conomiques propos es devront incontestablement en tre affin es Elles donneront sans doute lieu discussions et controverses car elles pointent les insuffisances des th ories sur l utilit sociale des techniques num riques et des politiques publiques qui les mettent en place Jacques Perriault HERM S 34 2002 245
5. dans l analyse de l organisation interne de la production industrielle des t ches li e l automation de la surveillance et du contr le ce qui entra ne la multiplicit des t ches de communication dans la production m me Mais s il y a ici des objets d tude sp cifiques plus anciens ou nouveaux il y a tout autant volution et diversification de ce qu on va d terminer comme langage et des m thodes d tude qu on va y appliquer Il me semble que l volution concerne ici deux aspects majeurs Tout d abord la pluralisation de l objet les diff rents genres d oraux et la mise en relation perp tuelle de ces oraux des diff rents types d crits des sens port s par Le corps en m me temps que s impo sent les nouvelles s miotiques li es l cran Sans oublier que la s miotique corporelle ne concerne pas que ce que le corps transmet comme sp cialis dans la signification mais que tout faire devant quelqu un est un montrer Tr s concr tement on est sans cesse dans des situations de m lange o par exemple on transmet un document imprim avec une annotation manuscrite un commentaire verbal ou corporel En m me temps que ces messages ne prennent sens que par les implicites communs ou non des diff rents interlocuteurs et ou chercheurs Ainsi s carte l id e d une transmission d information pure et simple En m me temps qu on ne peut appliquer 236 HERM S 34 2002 Lectures
6. e commode en conjuguant la rigueur scientifique l rudition Ainsi commence t il par r futer l id e d une modernisation lin aire rationnelle et lib ratrice pour poser les premiers jalons d une th orie de la rupture qui s appuie essentiellement sur deux l ments les m dias et les migrations Il se propose ainsi d tudier leur influence conjugu e sur e travail de l imagination comme une caract ristique constitutive de la subjectivit moderne p 27 L aussi l imagi nation en question est diff rente des repr sentations collectives th oris es par Durkheim dans la mesure o elle a abandonn l espace sp cifique des mythes et des rites Si aujourd hui l imagina tion fait partie du travail mental quotidien des gens ordinaires p 31 Appadurai estime que son r le n est ni purement mancipateur ni enti rement soumis la contrainte mais ouvre un espace de contestation dans lequel les individus et les groupes cherchent annexer le monde global dans leurs propres pratiques de la modernit p 30 En largissant la perspective offerte par Benedict Anderson sur le r le du d veloppement capitaliste des journaux dans la formation des identit s nationales Appadurai estime que les images les sc narios les mod les et les r cits qui nous parviennent travers les m dias sous forme HERM S 34 2002 233 Lectures d informations ou de fictions affectent les flux migratoires d aujourd
7. ment conceptuel t moignent d un change in gal entre disciplines Alors que des chercheurs appartenant des horizons th oriques diff rents ont tent de d passer la lin arit du sch ma shan nonien en utilisant des apports crois s de la sociologie de l anthropologie et de l analyse litt raire pour tudier les rapports aux discours m diatiques Appadurai continue d utiliser d une mani re interchangeable les notions de peuple de consommateur ou de public pour voquer la r ception Cette homologie est d autant plus inad quate qu elle para t en porte faux avec le paradigme du r cepteur actif dans lequel l auteur semble pourtant se situer Tout en rappelant que la nouveaut introduite par les m dias lectroniques est plut t sociale que technique l anthropologue indien introduit entre autres les notions de ediascape et de technoscape qui ne sont pas sans rappeler au lecteur francophone celle de vid osph re avanc e par R gis Debray m me si les pr occupations th oriques de l un et de l autre sont diff rentes Il en va de m me avec la r f rence quivoque au village global de Mc Luhan p 63 L ouvrage d Appadurai n est pas un essai sur les m dias et la communication Malgr les h si tations de l auteur et les imperfections de la traduction il me semble qu il serait d sormais difficile dans l espace linguistique francophone de traiter des questions de culture d tat de migration
8. scientifiques servent ils aider la prise de conscience ou la constitution d un super brave new world Mais en tout cas celui qui doit faire le compte rendu d un tel ouvrage est sensible l impos sibilit d tre objectif cause m me de la richesse des contributions mais aussi de la diff rence irr ductible entre les urgences des diff rents champs et des accentuations individuelles dans un champ commun Un point de vue externe peut n anmoins insister sur la clart et la densit de l ensemble sa bonne pr sentation et sa lisibilit mat rielle comme conceptuelle la compl mentarit entre probl matiques g n rales et tudes plus circonscrites ainsi que sur la richesse de la bibliographie Fr d ric Fran ois 238 HERM S 34 2002 Lectures Robert BOURE d Les Origines des sciences de l information et de la communica tion Regards crois s Villeneuve d Ascq Presses Universitaires du Septentrion col lection Communication 2002 Cet ouvrage collectif r sulte des travaux en s minaire d un groupe de la SESIC Soci t Fran aise des Sciences de l Information et de la Communication intitul Th ories et pratiques scienti fiques anim par Robert Boure La question des origines en France de cette interdiscipline demeure ce jour in dite ce qui ne manque pas d intriguer Les m thodes utilis es par les contri buteurs tous chercheurs l gitimes et reconnus dans la
9. LECTURES Arjun APPADURAI Apr s le colonialisme Les cons quences culturelles de la globali sation Paris Payot 2001 Traduction fran aise de Modernity at Large Cultural Dimen sions of Globalization Minneapolis University of Minnesota Press 1996 Produit d un long travail de maturation l ouvrage d Apparudai repr sente la somme de la r flexion de l auteur sur le chaos du monde p 85 avant et apr s la fin des empires coloniaux Comme son sous titre fran ais ne permet pas de le supposer le livre est loin du recensement des m faits ou des bienfaits de la mondialisation culturelle C est un voyage au c ur du ph no m ne des flux culturels globaux o le lecteur est invit op rer une s rie de ruptures pour pouvoir saisir la dynamique d une r alit complexe mouvante et interconnect e premi re vue l entreprise semble p rilleuse car le ph nom ne ditorial que constitue la mondialisation est difficilement dissociable des int r ts voire des passions qu elle suscite De l ph m re succ s de la th se de 4 fin de l histoire la r cente fortune du choc des civilisations les universit s am ricaines semblent tre la pointe de la recherche administrative concernant les rapports entre les soci t s N Bombay form dans les universit s anglo saxonnes et enseignant l anthropologie culturelle l Universit de Chicago Appadurai parvient viter l cueil d une pens
10. ais ment une analyse en termes de fonctions des messages puisqu en particulier dans des m tiers comme les m tiers commerciaux ou m dicaux on ne peut se fonder sur des oppositions simples comme celle entre constatif et performatif dire ce qu il en est et agir sur Une seconde difficult est propre l tude du langage en situation Si tout discours renvoie des implicites s ajoutent ici les probl mes sp cifiques provenant des usages locaux opaques pour quelqu un qui n appartient pas la communaut D abord les codages techniques institutionnels ou cr s in situ Mais tout autant la capacit qu a chacun des participants ne pas tre le m me comme r cepteur et metteur chacun reformule les propos de l autre comme cela appara t en particulier dans les analyses de Mich le Lacoste consacr es aux crits dans l h pital Enfin surtout l analyste supposons le surtout linguiste ne peut tre un pur lecteur de docu ment Il doit tre capable de reconstituer les arri re fonds de ces messages arri re fonds qui doivent devenir explicites dans son discours alors qu ils ne Le sont pas forc ment chez les sujets comp tents Aller vers le concret suppose aussi qu on prenne en compte les diff rences temporelles ce qui recoupe l analyse du travail en train de se faire par opposition au travail planifi Aussi l oppo sition des routines des situations de nouveaut ou d urgenc
11. am il estime que les peuples du Tiers Monde en lutte contre les m dias am ricains p 34 au m me titre que les autres peuvent passer Les discours m diatiques au filtre de l ironie de la col re de l humour et de la r sistance Au m me moment les consommateurs des images des m dias ne sont pas totalement libres dans la mesure o la mondialisation de la culture implique l usage de divers instruments d homog n isation arme ments techniques de publicit h g monie de certains langages et styles d habillement p 80 D s lors la distance prise par l anthropologue vis vis d auteurs tels qu Herbert Schiller ou Armand Mattelart para t tout aussi dat e qu artificielle dans la mesure o le parcours th orique 234 HERM S 34 2002 Lectures des deux auteurs ne peut tre r duit la mise en lumi re des m canismes de domination de la culture nord am ricaine sur le reste du monde Des ouvrages plus r cents auraient permis Appa durai et son pr facier de se faire une id e plus pr cise et surtout plus nuanc e des diff rentes th ses du left end of the spectrum of media studies p 32 Le manque de visibilit de l approche critique cache en r alit un probl me plus large La lecture de A pr s le colonialisme pose d une mani re indirecte le statut des sciences de l information et de la communication au sein des sciences sociales d aujourd hui Plusieurs exemples de flotte
12. articipation collective Il me semble que l attitude qui tend plus ou moins explicitement s imposer c est ce qu aurait de scandaleux un travail d analyse qui ne serait pas r percut sur les participants m mes du travail pour qu ils y r pondent Ce qui signifie que ce sont les int ress s on pense sans doute ici plus aux travailleurs qu aux utilisateurs eux m mes qui sont les principaux agents de la r flexion et que les chercheurs ne font que leur permettre par les diff rentes modalit s de l objectivation techniques de l enregistrement regard ext rieur institution d un espace temps de suspension de syst matiser cette r flexion naturelle ou premi re Ce qui pose le probl me du lien entre les diff rentes recherches On peut liminer l id e d une m thode totale unifi e Quant la diversit est elle juxtapos e conflic tuelle productrice d changes et de corrections D autant que le chercheur agit autant par les pr suppos s de sa m thode ce qu il met en vidence la fa on on esp re dont il se modifie par son travail la fa on aussi dont son travail manifeste aux tiers ce qui y manque On ne peut videmment conclure Sinon en notant avec Sophie P ne p 320 La mise en conformit du faire et du dire sur le faire est probablement un r ve entrepreneurial ou scien tifique Sans parler de l aspect cauchemardesque que pourrait avoir le tout visible la tra a bilit absolue Les
13. c sur les biotechnologies n est pas la hauteur des enjeux Il reste prisonnier de la politique du consensus et du mod le jacobin de l administration fran aise Le principe de souverainet populaire est donc mis en question et les citoyens se trouvent d poss d s de leur droit d expression sur les valeurs fondamentales de la soci t dont les experts ne sont pas seuls porteurs Au lendemain du s isme politique v cu par le pays ce plaidoyer pour une d mocratie scien tifique prend tout son sens Refuser une plus grande participation du public sur les sujets d int r t g n ral ne peut tre en effet que pr judiciable C est en quelque sorte nier l volution de la soci t civile refuser sa chance au renouveau de la citoyennet pourtant souhait e dans les discours et partant laisser vivre une d mocratie moribonde B atrice Rodier Cormier Aaron V CICOUREL Le Raisonnement m dical Une approche socio cognitive textes r unis et pr sent s par Pierre Bourdieu et Yves Winkin Paris Seuil collection Liber 2002 Ce petit ouvrage est constitu de textes r unis et pr sent s par Pierre Bourdieu et Yves Winkin Il s agit d un choix repr sentatif des travaux d Aaron Cicourel dans le milieu m dical au cours des vingt derni res ann es Aaron Cicourel bien connu est professeur de science cognitive de p diatrie et de sociologie l Universit de Californie San Diego Il est l auteur d ouvrages deve
14. ceux qui lui sont communs ou non avec les praticiens ou les utilisateurs Cette constitution d un espace interpr tatif forc ment diversifi renvoie aux diff rences li es aux diverses origines th oriques des chercheurs On y retrouve aussi la tension pr sente sous diverses formes dans toutes les sciences humaines entre l approche macroscopique celle qui concerne globalement pour reprendre la terminologie marxiste les relations entre les forces productives et les rapports de production et l analyse d taill e de ce qui se passe hic et nunc ou plut t dans les routines ou dans des v nements plus marquants La question reste ouverte Mais HERM S 34 2002 237 Lectures il me semble que peu d auteurs actuellement d fendraient le point de vue selon lequel le quotidien v cu serait le superficiel et le su serait le profond r el Il me semble que nous sommes plut t pris dans l impossibilit de r duire l institution aux perceptions qu on en a ou de consid rer comme illusion ou piph nom ne les fa ons dont les sujets la reprennent dans leur style leur commentaire ou leur for int rieur On pourrait aussi se demander ce qui met les chercheurs en mouvement Il me semble qu on s loigne des finalit s trop simples Comme la pure d nonciation de l ali nation dans le travail Ou inversement de la recherche de proc dures permettant d optimiser l organisation la trans mission de l information voire la p
15. e ou des moments de distance qu il s agisse des pauses ou des moments de commentaire demand s aux personnes concern es Mais sans doute surtout la diff rence entre la temporalit de ceux qui sont en situation de nouveaut ou celle des usages habituels Ou encore l opposition entre le moment m me du travail et ce qui est rendu possible par le retour comment sur ce travail L approfondissement des donn es comporte aussi la prise en compte des diff rences de position ou de style On peut avec tels mots ou d autres distinguer les places institu tionnelles et les positions comme fa ons de les remplir ou d en transgresser les obligations Ce qu on peut exprimer en termes de styles individuels Ces diff rences de styles apparaissent en particulier dans les d veloppements de Daniel Fa ta consacr s aux conducteurs de TGV dont on voit bien comment chacun manifeste par ses explications discursives ou ses commentaires sa fa on propre de g rer sa t che Ou dans l article de Sophie P ne consacr la mise en place des syst mes qualit qui par opposition la seule pratique routini re apportent de nouveaux conflits sur les finalit s du travail et en particulier sur la r partition des t ches Tout cela entra ne que m me s il y a des faits du c est ainsi en un sens il yen a m me trop par ailleurs le probl me se pose des crit res d interpr tation que se donne le chercheur en particulier de
16. e temps que les ouvertures que peuvent amener leur confrontation On peut dire qu l origine les gestionnaires voyaient surtout dans le langage un moyen de transmission d information que majoritairement les linguistes s int ressaient plus commun ment aux textes politiques ou ceux produits dans le cadre scolaire qu aux changes discursifs sp cifiques du monde du travail Alors que les sociologues du travail se m fiaient d une prise en compte du langage qui risquait de masquer la mat rialit m me du travail partir de telles difficult s on peut comme l indique la pr face noter d abord que le premier p le organisateur de ces recherches concerne la diff rence entre le travail tel qu il est programm et le travail tel qu il se r alise effectivement ce qui s applique tout autant ou encore plus aux nouvelles formes de travail qu ses formes plus traditionnelles Une deuxi me direction est ouverte par les modifications m mes du travail Elle porte pour une part sur le r le des diff rentes formes de faire savoir l ext rieur de l entreprise par exemple les relations d information des utilisateurs telles qu elles apparaissent dans l analyse d Anni Borzeix consacr e l information des voyageurs en gare du Nord et dans celle de Jacques Girin les relations t l phoniques entre un utilisateur d EDF l agent qui r pond sa demande et d autres agents Cette modification appara t tout autant
17. et d une mani re g n rale des rapports entre les soci t s en ignorant l apport d Arjun Appadurai Riadh Ferjani Anni BORZEIX et B atrice FRAENKEL ouvrage coordonn par Langage et Tra vail Communication cognition action Paris CNRS ditions collection CNRS Communication 2002 L introduction de l ouvrage r dig e par les deux coordinatrices et Josiane Boutet le replace dans son cadre Elle rappelle d abord ses conditions d laboration institutionnelles un r seau qui a pris le nom de langage et travail et a obtenu le soutien du CNRS qui en a fait de 1994 1998 une op ration structurante puis jusqu en 1998 un Groupement de Recherche Le groupe HERM S 34 2002 235 Lectures fonctionne maintenant comme r seau d changes entre laboratoires quipes et chercheurs orga nisant colloques et publiant de nombreux textes dont les Cahiers langage et travail Surtout elle pr cise les conditions d laboration intellectuelle de cette r flexion collective D abord en fonction d une volution du monde du travail le constat est celui de la transfor mation profonde du travail en grande partie du fait des innovations technologiques telles que la robotisation et l informatisation mais aussi de la tertiarisation des emplois et des effets de la mondialisation Ensuite l introduction rappelle les difficult s entra n es par la multiplicit des perspectives disciplinaires en m m
18. exes achats de biens et de services li s l ducation et r mun ration du personnel d ducation en formation et en recherche les montants dans les comptes de la Nation de l ann e 1999 C est dans de tels postes et je partage cet avis que se d tectent les leviers du changement l aune des efforts des diff rentes cat gories d acteurs en l occurrence tat collectivit s locales entreprises m nages et administrations autres que l ducation nationale L examen des contributions de ces diff rents acteurs montre que les entreprises et les autres administrations financent tr s peu l environnement de la formation donc pour Jean Pierre Dud zert les conditions de sa transformation Une comparaison d taill e avec ce qui se passe dans la formation professionnelle aurait t des plus clairantes Si l tat participe de fa on cons quente cet effort observe t il les acteurs qui d pensent le plus sont toutefois les m nages et les collectivit s territoriales Et d en conclure que si ces deux cat gories d acteurs ont int r t l introduction des TIC en tant que facteur de changement pour diminuer la part relative de leurs d penses de formation l tat n y trouve qu un int r t limit et les entreprises ainsi que les autres administrations aucun L auteur rappelle ce sujet qu aucune preuve valable d un retour sur investissement n a t apport e ce jour Voil qui claire
19. hui L imaginaire qu ils diffusent et qui d passe n cessairement le cadre national est au c ur de la formation d espaces publics diasporiques La circulation des images des textes et des hommes ainsi que la formation de solidarit s br ves ou durables nouvelles ou anciennes rodent les multiples fronti res des tats nations Pour l auteur le trait majeur de la mondialisation n est pas l homog n isation culturelle mais une d territorialisation annonciatrice d une re postnationale Cette th se centrale expos e dans le chapitre introductif est tay e tout au long de l ouvrage l aide d apports th oriques transdisciplinaires mais toujours discut s d un point de vue anthro pologique Cependant l anthropologie culturelle d Appadurai est en rupture avec l orthodoxie primordialiste qui contribue ramener la culture des substrats fig s les liens du sang du terroir territoire de la langue et des croyances Sans nier le r le de la diff rence dans la production des identit s postnationales y compris les plus violentes d entre elles l auteur insiste sur la labilit des identit s Le chapitre consacr l indianisation du cricket et dans un autre registre celui qui analyse la fr n sie classificatoire de l tat colonial et ses ravages dans l Inde d aujourd hui sont particuli rement passionnants En mettant en vidence les mani res dont les identit s se forment se d forment et se la
20. i on pourrait Croire que chaque partie peut tre lue s par ment Ce serait se contenter d une vision r ductrice et se priver d une compr hension en profondeur des enjeux soulev s par les biotechnologies et manquer ce qui donne ce livre toute sa force d monstrative Les analyses crois es permettent d identifier les acteurs leurs logiques et les interactions l uvre dans la cons truction des biotechnologies en probl me public Il en ressort clairement pour les trois auteurs que le public s il ne peut tre vraiment consid r comme le grand absent du d bat n en reste pas moins peu consid r et peu entendu En mati re de politique publique par exemple le d bat est longtemps rest limit quelques cat gories d acteurs Seuls y participaient les repr sentants des minist res des industriels des chercheurs et des experts Le Parlement n a t saisi de ce probl me qu en 1992 et les autorit s europ ennes ne se montrent soucieuses de l tat de l opinion publique sur le sujet que depuis le d but des ann es 1990 La relation entre le pouvoir et le public est prioritairement pens e en termes d information avec une forte inscription dans une logique de consommation Si quelques intentions louables sont retenir comme la conf rence des citoyens en 1998 l introduction des concepts de pr caution et de bio thique ou les comit s consultatifs et t moignent d une volont d associer le citoyen la r f
21. illeur antidote la crainte qu prouvent certains de voir l ducation marchandis e Il n est pas s r en effet qu un staff d entreprise qui r aliserait un business plan fond sur l ensemble de ces facteurs se lance dans l investissement du march ducatif institutionnel Les r sultats financiers catastrophiques de certains op rateurs qui ont tent l exp rience dans les derni res ann es sont s rement m diter aussi sous cet clairage Dans le cinqui me et dernier chapitre l auteur aborde la question des flux financiers g n raux concern s Son hypoth se est que les potentialit s de r novation par les TIC supposent un changement des quilibres conomiques au sein de l ducation Cette question m int resse d autant plus que j avais expos il y a une dizaine d ann es sans grand succ s au Conseil National de l Information Statistique la n cessit de construire un agr gat relatif l ensemble des technologies saisies dans leur fonction de v hicule de savoirs L tude est ici bas e sur les tableaux de la Direction de la programmation et du d veloppement du minist re de l ducation nationale et sur ceux de la Comptabilit Nationale Pour identifier le poids des efforts financiers tendant 244 HERM S 34 2002 Lectures faire voluer la formation notamment par l usage des TIC l auteur construit un agr gat environnement de la formation qui regroupe les postes activit s ann
22. issent influencer par un contexte ces deux chapitres apportent des clairages indispensables sur les productions identitaires dans le monde d aujourd hui Si la rupture avec une anthropologie qui continue donner voir du sauvage p 110 est aussi pertinente que f conde le dialogue que l auteur a essay d instaurer avec les sciences de l information et de la communication l est beaucoup moins Sur cette question la lecture de la traduction fran aise de Modernity at Large peut tre une exp rience d routante voire d cevante pour ceux qui sont la recherche d un nouveau paradigme communicationnel En effet le texte fran ais est obscurci par des interpr tations malheureuses diasporic public spheres devient des diasporas de publics enferm s dans leur petite bulle p 29 55 56 mass mediation les moyens de communication de masse p 55 Edward Sa d critique f roce de l orientalisme et inspirateur de plusieurs analyses sur la mondialisation culturelle est qualifi d important orientaliste p 48 et the NATO devient trangement l ONU p 201 Aux imperfections de la traduction viennent s ajouter les h sitations de l auteur lui m me Arjun Appadurai accorde un r le central aux m dias dans la transformation des rapports entre les soci t s et l int rieur de chacune d entre elles Reprenant son compte l id e du public actif th o ris e par l cole de Birmingh
23. l ouvrage qui est dans le quatri me chapitre l analyse de toutes les natures de co ts qu induit ce service L auteur montre que l usage des TIC dans la formation en modifie la structure et par l celle des financements ce qui le conduit se demander quels acteurs du point de vue des d penses constat es ont int r t aux changements organisationnels et institutionnels Tout en se r f rant aux travaux innovateurs de HERM S 34 2002 243 Lectures l conomie de la connaissance Dominique Foray Jean Pierre Dud zert qui a derri re lui une longue pratique de direction d un centre innovateur de t l enseignement souligne l insuffisance des mod les conomiques actuels pour rendre compte de la production de services de ce type notamment leurs limites quant aux liens sociaux Son analyse part d un constat empirique admis par la communaut internationale une heure de cours oral correspond en moyenne huit pages de notes manuscrites par l tudiant Saisies par un traitement de texte elles deviennent deux pages de format A4 Un cours annuel de trente heures aura donc soixante pages Poursuivant son raison nement l auteur en vient comparer le co t de r daction d un tel cours par un universitaire en poste dans l institution et par un collaborateur ext rieur Le co t de ce dernier est nettement plus faible ce qui le conduit conclure que ceux qui d veloppent des dispositifs d enseignement distance n ont aucun i
24. lexion la r alit montre que si la pr caution et la bio thique ont conduit d ind niables inflexions des politiques publiques elles ont t largement r cup r es ou instrumentalis es par d autres que leur b n ficiaire esp r le public La conf rence des citoyens souvent voqu e comme une exp rience positive ne para t pas en passe d tre institu tionnalis e dans notre pays Le lecteur ne peut tre que convaincu par la nettet de la conclusion d s lors que la lente int gration des biotechnologies dans l espace public et le contenu du discours m diatique restent soumis un contexte insuffisamment porteur Le troisi me chapitre consacr l analyse d un corpus d articles extraits des quotidiens Le Monde Lib ration France Soir Le Figaro Le Parisien confirme le d ficit du d bat d mocratique La d monstration en est apport e avec le suivi chronologique des articles du Monde ou l tude du trai tement th matique allant du clonage de l animal et de l homme des importations de soja du g nome humain la conf rence des citoyens la fois quantitative et qualitative l approche est sous tendue par le mod le th orique du contrat de lecture tel que propos par Elis o Veron Le fonctionnement social des m dias est envisag sans a priori de hi rarchisation Seules les modalit s de relation au x public s sont prises en compte avec une consid ration soutenue pour les marqueurs
25. nstitutionnalisation impose la recherche de traces et documents officiels qui laissent dans l ombre la passion d un Roland Barthes d un Abraham Moles l inven tivit dun Robert Escarpit Ouvrage utile pr cis qui apporte des r sultats inattendus Pourrait on sugg rer l anima teur de ce s minaire de chercher ce qui se d veloppait la m me poque en dehors de l hexagone Du c t institutionnel encore il y aurait explorer dans les actions et d clarations de l Unesco nouvel ordre mondial que l arriv e de l Internet fait remonter en premi re ligne Recommen cements de l Histoire Anne Marie Laulan Suzanne de CHEVEIGN Daniel BOY et Jean Christophe GALLOUX Les Bio technologies en d bat Pour une d mocratie scientifique Paris Balland 2002 Comment un sujet tel que les biotechnologies modernes qui touche au vivant et interroge le devenir de l homme peut il souffrir d un d ficit de d bat d mocratique Telle est la question inscrite en creux de cette histoire sociale des biotechnologies sur laquelle Suzanne de Cheveign Daniel Boy et Jean Christophe Galloux focalisent leur r flexion L analyse des processus d adop tion ou de rejet d une technique nous claire sur les formes et les termes du d bat au sein de l espace d mocratique fran ais utilement mis en perspective avec ses quivalents dans les diff rents tats de la communaut europ enne Loin de la vision binaire d Habermas s
26. nt r t disposer d experts scientifiques l int rieur m me de leur organi sation et qu ils ont tout avantage faire appel des comp tences ext rieures Est ce bien l la voie que beaucoup d universit s ont choisie en soumettant des projets aux appels d offres successifs du minist re de l ducation nationale pour la r alisation de campus num riques Jean Pierre Dud zert soul ve ici non sans courage un probl me difficile et encore tr s peu trait celui de la mesure quantitative des activit s informationnelles dans les pratiques scolaires et universitaires d acc s au savoir Unautre enseignement important de ce chapitre r side dans la comparaison du co t global de production de cours selon les technologies retenues crit vid o et multim dia Les composants inventori s concernent la cr ation du support la r alisation le suivi p dagogique la mise jour et les structures Chacun de ces co ts est lui m me subdivis en fonction de l exp rience acquise Ainsi dans la cat gorie cr ation du support discerne t on l expert qui r dige les textes le p dagogue qui con oit la progression celui qui en cr e le mode d emploi et celui qui v rifie la qualit La comparaison des co ts pour un cours de 30 heures pour 500 l ves est instructive et montre le poids sensiblement gal de l crit et du multim dia tandis que celui de la vid o est beau coup plus important Une telle analyse constitue le me
27. nus de r f rence comme Method and Measurement in Sociology 1964 et Sociologie cognitive 1979 De culture largement interdisciplinaire Aaron Cicourel a travaill en milieu m dical la fa on d un anthropologue Les articles ici pr sent s le montrent l uvre dans diff rents services hospitaliers Son attention a surtout port sur l immense difficult des m decins aussi bien que des patients communiquer La m thode consiste ici recueillir l histoire de la maladie telle que le 242 HERM S 34 2002 Lectures patient la raconte au m decin et telle que le m decin la recadre par ses questions Cicourel recons titue ainsi de fa on exemplaire le raisonnement m dical qui va conduire d cider d un diagnostic puis d une intervention Ce sont des d cisions toujours lourdes de cons quences qui sont souvent mal expliqu es et mal comprises La pr face r dig e par Pierre Bourdieu et Yves Winkin recadre de fa on remarquable les textes choisis pour illustrer les tapes du travail de Cicourel dans le temps en montrant la diversit des terrains m dicaux explor s l volution de sa pens e enfin et surtout l unit et la coh rence de cette pens e qui cherche inlassablement montrer qu une voie m diane est possible entre micro sociologie et macro sociologie lire absolument Georges Vignaux Jean Pierre DUDEZERT Les Techniques d information et de communication en for mation Une r volution
28. riant d un c t des probl mes pr existants et de l autre leur discussion sur la place publique les auteurs privil gient une approche constructiviste les questions publiques sont labor es par les acteurs dont les m dias par un travail de probl matisation collective de la situation dont une grande part se d roule sur la sc ne m diatique Cette pr cision apport e dans le chapitre consacr aux m dias vaut pour l ensemble de l ouvrage et la complexit des m canismes en jeu conduit logiquement les auteurs privil gier l approche interdisciplinaire d un juriste d une sociologue et d un poli tologue Organis en cinq chapitres cet ouvrage abondamment document m le informations tech niques textes de lois extraits de presse r sultats d enqu tes dans un style toujours accessible Dans un premier temps il rappelle le contexte du d veloppement des biotechnologies au cours des trente derni res ann es les diff rentes tapes de la r glementation fran aise et son volution au regard du poids croissant de la communaut europ enne Ce cadrage effectu les auteurs pr sen tent les proc dures d acc s la visibilit publique des biotechnologies avec des analyses fines de 240 HERM S 34 2002 Lectures leur traitement m diatique Logiquement ils insistent enfin sur les perceptions de l opinion publique avant que ne soit analys le mod le de gestion des risques dans notre soci t A prior
29. strat gique Paris conomica collection Nouvelles Techno logies de l Information et de la Communication Cet ouvrage pr sente une analyse stimulante des co ts conomiques qu entra ne le traite ment num rique de l information dans trois modes de formation la formation en pr sence la formation distance et ce qu il est convenu d appeler le e learning L ouvrage consid re la formation sous l angle de ses dispositifs de leurs modes d organisation de leurs co ts d investis sement et de gestion laissant d autres le soin de traiter de la p dagogie et de l valuation des r sultats Les deux premiers chapitres de l ouvrage mettent en vidence le r le d cisif du mode d orga nisation d s lors qu on d livre distance les services d enseignement L institution universitaire qui s y lance doit renforcer consid rablement sa logistique de service pour assurer la m diatisation des connaissances Ce constat m rite d tre rappel car beaucoup de projets de TIC pour l duca tion ignorent ce que l exp rience accumul e au fil des d cennies a appris aux institutions de forma tion distance techniques utilis es et modes d organisation doivent s articuler Le chapitre suivant montre comment les m thodes de traitement num rique de l information renforcent encore les contraintes d organisation qu implique le traitement de la distance Ces trois chapitres dressent le cadre conceptuel du c ur de

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