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convictions et croyances face aux défis sociétaux.

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1. Par ailleurs l volution de la qualit des diff rents cadres religieux et convictionnels semble galement tre influenc e par un contexte soci tal caract ris par tendance la s cularisation et sa l gislation en mati re convictionnelle et religieuse Ainsi comme l indique la participante d un groupe de conversation d un centre communautaire voir citation plus haut certaines personnes se d solent du fait que a religion est aujourd hui plus qu avant consid r e comme une pratique d su te et lesrites religieux sont de plus en plus d sanctifi s D un autre c t il est remarquable de noter que certains libres penseurs et ath es se demandent si leurs communaut s doivent se convictionnaliser davantage et d velopper des pratiques et des id es plus d finies voir premi re citation du point pr c dent Un troisi me effet miroir doit tre signal Si selon certains r pondants plusieurs courants conservateurs prosp rent en nombre quantitatif et gagnent en visibilit publique gr ce leur orientation claire ces m mes r pondants soulignent l appauvrissement dans ces communaut s de la dimension spirituelle et l abandon de la finalit sociale qualitatif Se dessine ici donc ce troisi me effet de miroir de prosp rit quantitative versus prosp rit qualitative Ainsi tout en d non ant le trop de libert dans l glise protestante et valorisant l
2. 2013 face2faith eu 175 176 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Ne pas seulement donner des cours de catholicisme mais toutes les religions tout le monde Laisser le choix entre plusieurs religions ce n est pas bon Un enfant de 9 ans ne peut tout de m me pas d cider II va juste prendre sa propre religion ce qui n est pas bien Il d veloppera des pr jug s et a c est mauvais Mais ce serait mauvais aussi d enseigner uniquement les grandes religions C est comparable aux grands partis politiques a limite le choix Selon moi le but de ce cours devrait tre de montrer qu il y a des diff rences entre toutes les religions La priorit devrait tre l plut t que l enseignement du contenu des diff rentes religions m me si ces deux choses sont vachement enchev tr es videmment Un membre d un groupe d tudiants libres penseurs n erlandophones On retrouve ici formul e autrement l id e d un cours sur les religions avec en plus Un pointage plus ou moins explicite sur les difficult s li es cette forme de cours Tout d abord la question des limites dudit cours en termes de contenu En effet ne pas se limiter enseigner Uniquement les grandes religions revient inclure les contenus de religions moins connues et alors o s arr ter Sur quel crit re choisir d enseigner l une ou l autre forme religieuse aux d pens d au
3. Je crois que chacun cr sa v rit en fonction de ses opinions d arguments des autres de rencontres qu il fait mais je crois que le fait de pr tendre une v rit fondamentale est un frein au dialogue la connaissance Car c est quand m me l dessus qu une religion repose sur un texte r v l une v rit Unique Un membre d un groupe d tudiants libres penseurs francophones 2013 face2faith eu 101 102 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Toutefois unjeune pr trecatholique affirmelecontraire argumentant que l id e de la v rit divine inaccessible pousse le croyant s ouvrir aux id es de l autre en toute humilit La citation suivante est donc un exemple type d une deuxi me fa on d aborder la question de la v rit pour des r pondants croyants et s loigne fortement de la premi re Elle fait de la v rit quelque chose de fondamentalement inconnaissable Quant au dialogue sur la v rit il importe d user un certain degr d humilit de dire je ne suis pas la norme Deux croyants peuvent plus facilement dialoguer de ce point de vue que deux ath es Entre croyants de diff rentes religions on ne sera pas d accord sur tout mais au moins on pourra tous les deux reconna tre que la v rit est ext rieure nous Le plus important dans le christianisme est que la v rit n est pas une id e m
4. Moi je ne fais pas la bise aux femmes C est personnel je pourrais leur serrer la main mais je ne fais pas la bise aux femmes Et il y en a qui ne comprennent pas qui tiennent un discours du Moyen ge tout en m accusant moi de sortir du Moyen ge J ai eu des coll gues qui ne venaient pas une soir e parce qu il n y avait pas de vin Alors ces m mes gens n acceptent pas qu il y ait des gens qui ne donnent pas la bise ou qui ne donnent pas la main Mais d un autre c t pour eux tout le monde doit accepter le fait qu il faut boire du vin qu il faut boire de l alcool Alors je les interpelle directement pourquoi nous on serait oblig de donner la bise ou de donner la main et vous vous ne pourriez pas faire de concession par exemple sur le vin Pour moi la religion c est une sph re priv e C est un mode de vie c est un choix humain Chaque personne a le choix de sa religion ou conviction Mais c est priv Maintenant quand on parle de la barbe du foulard Oui c est priv et a doit rester priv mais il y a aussi la fa on dont on comprend ces choses Une tenue vestimentaire ce n est pas priv Avec une tenve vestimentaire je n agresse personne je ne fais de mal personne On peut encore parler des femmes voil es et des femmes habill es presque toutes nues Pourquoi les femmes toutes nues ont le droit de s habiller comme a et pas les autres Et pourquoi elles ne sont pas jug es et les autre
5. Il est cependant int ressant de remarquer que le jeune ath e suivant poursuit cette id e en affirmant qu il est cependant impossible de croire la n gation de quelque chose rien donc II nous faut bien remplir ce vide par autre chose L ath isme est surtout de la critique dure Mais quand tout est d moli on fait quoi de la friche Un jeune ath e L analyse des propos recueillis sur les concepts de libre pens e de libreexamen et d ath isme nous laissent donc supposer que l ath isme est un espace vide cr par le refus ou la n gation d une divinit ou de sa construction sociale I suppose la d construction d un syst me de valeurs et de croyances op r e par le libre examen Ce vide peut fonctionner son tour comme un cadre cr atif laissant de l espace au d veloppement d autre chose Une autre conviction d autres valeurs Les courants explicitement convictionnels de l ath isme et de la libre pens e ainsi que l acceptabilit d un rapprochement entre la pens e ath e et la construction d un syst me de valeurs sont approfondis dans le registre suivant 3 1 2 dans l usage religieux de concepts scientifiques De mani re peut tre plus surprenante certains croyants religieux ou spirituels s inscrivent dans le registre cognitif eux aussi par exemple en mobilisant des justifications mat rialistes ou biologiques ou encore en employant des termes scientifiques pour parler de leurs croyances L
6. Je regarde l Angleterre J y suis all deux ou trois fois et cest quand m me un grand choc Parce qu on entend souvent qu en Angleterre il y a beaucoup de skinheads de racisme etc Alors qu Londres on voit vraiment de tout Cela veut dire qu on voit des femmes en voile int gral des homosexuels tranquilles des blacks des Pakistanais Mais personne ne regarde personne Je me suis assis pour voir comment les gens se comportaient juste par curiosit Et j ai t choqu Pas choqu j ai t agr ablement surpris en fait Il n y a pas d amalgame il n y a pas de petites choses qui font qu on se sent mal qui font qu on se sent observ Tu vas boire un caf o tu veux tu vas manger o tu veux tu rentres comme tu veux personne ne regarde Ici ce n est pas comme a il y a encore un gros travail faire bien qu en France ce soit encore pire Un animateur de sports de confession musulmane L organisation du vivre ensemble d crite par ce r pondant correspond au troisi me principe de la cohabitation caract ris e par une attitude g n rale davantage non jugeante face la diff rence de l autre Les citoyens cohabitent utilisent un m me espace sans intervenir dans les choix de vie de l autre Or cet id al de soci t propag par les uns est son tour remis en question par d autres le consid rant comme un vivre ensemble sans plus sans recherche de partage de valeurs communes ni d
7. La vie n est pas facile pour le moment nous avons men es de deux groupes de tout le monde se bat les gens deviennent de plus en plus go stes et je pense que c est la loi de la survie en ce moment La religion permet de supporter toutes ces emb ches Une participante un groupe de conversation li un centre communautaire Une tude neurologique a d couvert que le cerveau des croyants fonctionne d une autre mani re Chez les croyants la partie du cerveau voquant des sentiments de bonheur de b atitude est mieux d velopp e Ils ont tendance se sentir mieux parce que si quelque chose va mal dans leur vie ils peuvent l expliquer par le transcendant et a les aide relativiser beaucoup mieux le malheur donc en diminuer l impact n gatif Un membre d un groupe d tudiants libres penseurs n erlandophones Le m dicament que constitue la religion r po nd d apr s ces deux extraits la maladie que l on pourrait appeler les malheurs de la vie D apr s un autre interview la religion est m me plus qu un m dicament contre les malheurs c est un v ritable paratonnerre On consid re g n ralement que l tat de pauvret lorsqu on a la foi cause moins de probl mes la soci t que de vivre la pauvret sans aucune conviction Les personnes pr caris es sans foi deviennent dangereuses et explosives car la violence appara t toujours lorsque il y a un vide
8. Selon cette femme Dieu agit donc travers elle Tout l amour que j ai dans mon c ur c est Dieu qui l a mis l Quand quelqu un est maltrait quand quelqu un souffre j ai vraiment mal au c ur Et je sens vraiment je sais que 2013 face2faith eu 65 64 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE cela ne vient pas de moi Parce que nous comme tres humains avons un amour trop superficiel je trouve Une participante d un groupe de jeunes membres de l glise vang lique L amour du prochain tant l image de Dieu Si pour les r pondants cit s ant rieurement l amour du prochain est un devoir et mane de Dieu que ce soit en raison d une dette envers Lui en suivant son exemple o en agissant son service certains r pondants voquent d autres arguments comme par exemple cet ancien pasteur protestant disciple d un d funt guru hindou L histoire de la cr ation elle m me d crit que notre source originelle vient de Dieu Si vous croyez cela et vous proclamez votre amour pour votre dieu mais vous vous d testez ou d testez votre voisin alors vous n aimez pas Dieu parce que nous sommes tous cr s son image Donc si j aime Dieu je dois vous aimer et je dois m aimer Un ancien pasteur protestant disciple d un guru tantrique Pour ce r pondant le croyant peut tre amen s aimer lui m me et l autre co
9. la crois e de ces vecteurs Ainsi les pratiques rituelles telles que d crites par le membre du Grand Orient de Belgique combinent prescription fig e et lien exclusivement horizontal Les pratiques du silence et de la m ditation quant elles tablissent un lien transcendant pour certains et pour d autres non s approchant plus du concept de pleine conscience 4 La justification de la croyance quoi sert il de croire Dans une soci t dont l utilitarisme est le c ur du fonctionnement il est tout naturel de poser la question de l utilit de la religion conviction croire pourquoi pas Mais on peut tout autant se demander pourquoi quoi cela peut il servir Qu est ce qu apporte produit une religion conviction Peut on trouver ce m me apport ailleurs Le t moignage d un interview synth tise lui seul les trois axes que lon a retrouv s tout au long de la campagne d coute en ce qui concerne la question de la croyance religieuse La religion est s curisante elle donne du sens pour savoir distinguer bien et mal Un jeune musulman issu d un mariage interculturel et interconvictionnel 4 Un autre exemple est la tradition d imprimer en d but de chaque livre de cours de la Vrije Universiteit Brussel VUB la c l bre citation de Henri Poincar comme s il s agissait d un cr do libre penseur La pens e ne doit jamais se soumettre ni un dogme ni un parti
10. le d samorcer parce que bien ancr dans les esprits des l ves C est un travail d licat et de longue haleine qui requiert un bon quilibre entre critique du radicalisme et tol rance vis vis de l l ve qui risque de partir s il se sent agress L enjeu de cette probl matique est corr l celui du vivre ensemble et des rivalit s de type communautariste comme nous le voyons dans les extraits qui suivent 2013 face2faith eu 189 190 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Ily a un autre probl me c est le communautarisme nous avons t colonis s nous sommes les pauvres victimes Nous sommes pill s de nos richesses toutes sortes d affirmations s arracher les cheveux et qui les d truisent en fait Il y a du coup une suspicion dans toute relation qui a une r percussion sur la r ception de tous les cours Un membre d un groupe de professeurs de cours philosophiques Ily a aussi le d fi du vivre ensemble entre les communaut s diff rentes C est tr s difficile l cole J entends des choses stup fiantes Par exemple le harc lement o l on critique des l ves d une autre religion avec toutes sortes d arguments en leur disant qu ils sont b tes de croire en leur religion Et puis il y a aussi l habillement des filles qui s habillent avec des jupes un peu plus courtes qui sont critiqu es avec une viol
11. D 2014 face2faith asbl diteur ISBN 978 9 0821 6141 0 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Pr faces Pr face par Jacques Rifflet Auteur des Mondes du sacr et de L islam dans tous ses tats ditions Mols Wavre Belgique C est avec un exceptionnel sentiment d empathie que nous avons accept de pr facer le remarquable travail d analyse r alis par l quipe de face2faith Non seulement en raison de la constante objectivit dont ont fait preuve ses chercheurs et de la qualit des commentaires associ s mais aussi de la gravit du sujet abord Un sujet vital pour la survie d une humanit en grande tourmente La diversit des conceptions soci tales peut tre source d une dynamique g n reuse de l esp ce humaine Elle repr sente nos yeux la condition essentielle de l enrichissement mutuel des civilisations qui se partagent la plan te Mais un vent mauvais se l ve actuellement sur une Terre qui se r tr cit o la modernit amenuise les distances un point tel qu elles ne s parent plus les groupes de pens e dont elles prot geaient jusqu ilu a peu les ardents particularismes et ne jouent plus le r le des cartilages qui vitent le contact direct des rouages de la charpente osseuse Et le temps de l exasp ration des antagonismes est venu donnant naissance un probl me majeur Il nous faut le r soudr
12. DUCATION L OUTIL CL DE LA TRANSMISSION DES CONVICTIONS Comme les chapitres pr c dents l ont mis en vidence durant la campagne d coute les interview s ont tr s vite exprim un int r t particulier pour la question de la transmission On entend par ce dernier terme l ensemble des m canismes de transition de croyances d un individu adulte vers un enfant ou Un adolescent Naturellement c est le th me de l enseignement qui a eu la part belle dans les changes sur le sujet m me si d autres aspects de la transmission ont t abord s de fa on moins notable C est ainsi que l quipe a pris comme d cision de porter un int r t particulier au monde de l cole notamment en retravaillant de nouvelles formes de questions adapt es aux professionnels de l enseignement Ces questions ont tir profit des acquis de l approche lat rale tout en r orientant la question des valeurs et des d fis sur le terrain scolaire Finalement qu est ce qui se joue l cole quand il s agit d enseignement de cours philosophiques c est dire de religion ou de morale non confessionnelle Comment ce terrain est il per u par les non professionnels et les professionnels de ce secteur I n chappera pas au lecteur le caract re plus pratique de ce chapitre compar aux autres Il est vrai que nous avons affaire ici une question beaucoup plus sp cifique que les parcours de croyances par exemple Ce pointage de
13. Diversification maximale de l chantillon les statistiques de l chantillon sont reprises apr s l introduction En fonction des appartenances communautaires de la localisation g ographique Avec une attention particuli re aux individus sans voix M thode de contact Approche des interview s par mail ou t l phone Etablissement du cadre de l entretien Gestion des aspects thiques avec le r pondant Questionnaire et m thode d entretien Questionnaire non directif Approche lat rale Au del de ce travail ethnographique cons quent la deuxi me mission poursuivie par le rapport est de proposer une analyse du mat riau r colt ce que permet la mise en comparaison des diff rents pr en r au opos des interview s Comparer permet de relativiser de mettre relation les diff rents propos afin de d tecter progressivement les structures des cartographies symboliques port es par les diff rents pondants Cette tape qui constitue le c ur de l analyse en est ssi la plus p rilleuse comment trouver de la structure dans les propos de centaines de r pondants diff rents au cours de centaines d heures d enregistrement 2013 face2faith eu 23 24 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Analyser les lignes de tensions plut t que produire des valuations La complexit du monde peut sembler d courageante m
14. actuelle De par son d calage d id es l glise n est plus consult e n est plus cout e L glise manque de dynamisme ses repr sentants ne montrent pas assez d int r t pour les volutions sociales Pour qu elle soit un vrai rep re l glise a besoin d ouverture tout en d fendant de mani re stable l essentiel de ses convictions Je crois que la religion peut repr senter un rep re pour les jeunes dans le sens o elle offre un espace la spiritualit au silence et la r flexion Par contre elle ne peut jouer ce r le que si elle reste un choix libre afin de continuer inspirer le respect plut t que le rejet Une jeune femme socialement engag e 162 2013 face2faith eu CH 4 COMMENT RELEVER LES DEFIS SOCIETAUX SUGGESTIONS ET IDEAUX DES REPONDANTS 2 2 2 Cr er des outils d inspiration convictionnelle pour relever des d fis soci taux AU travers d une mise en contexte des questions sur la religion et la conviction dans un cadre soci tal concret plusieurs r pondants ont sugg r des r ponses concr tes aux nombreux d fis soci taux tels que d crits dans le chapitre 3 en s inspirant des pratiques et croyances de leurs religions et convictions respectives Ainsi on peut reprendre ici la citation de ce rabbin orthodoxe affirmant que la valeur de la pratique du Shabbat le jour de repos dans le juda sme est plus que jamais d actualit dans cette soci t o la vitesse du syst me l e
15. de notre exp rience comme une exp rience divine ma pratique consiste d celer cela chaque jour dans chacun Cette exp rience est 2013 face2faith eu CH1 ETRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS d une valeur inestimable M me si vous ne la ressentez que pendant un bref moment elle largit et transforme la vie Et j ai d couvert que les pratiques anciennes qui sont inscrites dans chaque tradition le chant la pri re et la m ditation sont des v hicules pour nous aider promouvoir cette exp rience atteindre cette exp rience et l largir partir d un bref moment en une prise de conscience plus durable C est a la pratique spirituelle glisser d un aper u vers une exp rience stable Cela se fait non seulement en notre int rieur et de mani re personnelle mais aussi dans et par nos relations Nous sommes une esp ce sociable nous n avons pas t con us pour vivre isol s l isolement ne nous r ussit pas Un ancien pasteur protestant disciple d un guru tantrique Pour cet ancien pasteur protestant et disciple d un d funt guru hindou la pratique spirituelle est un outil de d veloppement personnel a life expanding and transforming experience de par la prise de conscience d une unit qui enblobe et ce dans l interaction avec tout un chacun En effet de nombreux r pondants mettent l accent sur l aspect social de leur pratique rituelle Celle ci est ainsi con ue comme un
16. est immonde Voil le type de fondamentalisme que je rencontre l incapacit percevoir que l tre humain ne correspond pas toujours Une id e pr con ue Un membre d un groupe de professeurs de cours philosophiques On trouve une int ressante d finition de ce concept de fondamentalisme de la part de ce professeur de morale qui vient compl ter les perceptions des deux professeurs pr c dents l incapacit percevoir que l tre humain ne correspond pas toujours une id e pr con ue On remarque que le probl me du fondamentalisme n est pas per u par les professionnels des cours philosophiques comme tant l apanage des professeurs de religion Des professeurs de morale se retrouvent confront s des attitudes qu ils identifient comme du fondamentalisme Donc on distingue mutatis mutandis trois d finitions du fondamentalisme dans primaire de la religi aux valeurs d amour es t moignages pr sent s Une compr hension on un ensemble de valeurs qui s opposent et Une incapacit reconna tre l humain en dehors d une id e p mutuellement exclusi substrat commun qui r con ue Ces trois d finitions ne sont pas ves elles indiquent m me au contraire un est celui d une rigidit psychologique chez les l ves fondamentalist dans les questions ph es Ce qui rend le fondamentalisme redoutable ilosophico religieuses c est la difficult que le professeur prouve
17. et des projets communs parfois grande chelle tandis que d autres voient dans le dialogue un moyen de faire passer Un message symboliquement positif de rencontre de l autre mais pas forc ment au del 2 Les recommandations finales du rapport humilit d un travail des pistes propos es Comme pr cis dans la pr face le pr sent rapport de la campagne d coute n a pas la pr tention de d voiler de nouvelles Am riques Il ne pr tend pas non plus montrer l en soi de la r alit qu il s agisse des termes concepts utilis s ou des opinions bonnes versus des mauvaises De fait les recommandations pr sent es ici vont de pair avec l humilit intrins que au pr sent rapport ce que le lecteur trouvera en termes de recommandations est le produit de ce que le mat riau nous a indiqu et qui a t r sum au d but de cette conclusion Autant donc dire que nous ne cherchons pas donner la recette du bon dialogue interconvictionnel une telle recette existe t elle m me En revanche nous sommes convaincus que les analyses pr sent es posent des questions pertinentes et donnent des pistes de dialogue que nous mettons la disposition de toute personne int ress e 2013 face2faith eu 223 224 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE 21 R concilier le religieux et le s culier Il s agit sans d
18. loigner de la la cit Mais nous sommes qui nous sommes et nous devons vivre ensemble en s engageant surtout renoncer temporairement une partie de notre identit pour ainsi cr er de l espace un lieu virtuel et r el pour rendre ce vivre ensemble possible Un exemple est le cas du rituel d abattage sans anesth sie les humanistes libres penseurs ne demandent pas tellement l abandon de l abattage rituel mais de toujours le faire sous anesth sie comme tout le monde d ailleurs et comme la loi le stipule Un membre actif d une association humaniste et libre penseur Je pense que la plupart des traditions religieuses jouent un r le positif dans la soci t quand elles mettent l accent sur ce que nous avons en commun quand elles renouvellent chaque jour leur volont de travailler ensemble Ce que je trouve n gatif c est leur tendance r duire le d bat au vrai ou faux ou de tenir un d bat pros lute Le libre examen et l ath isme de leur c t jouent un r le positif comme partenaire neutre dans les questions thiques de la soci t Les libres penseurs et les ath es respectent et valorisent aussi habituellement la 2013 face2faith eu CH 6 ORGANISER LE DIALOGUE INTERCONVICTIONNEL PI GES ET POTENTIEL diversit sociale Je pense que la libre pens e ou l ath isme et la religion ont des vues fondamentalement diff rentes mais int grables r conciliables En tant qu antagonistes ils inc
19. on d sire voir participer au dialogue interconvictionnel Comme nous l avons signal pr c demment une large majorit des r pondants sont convaincus d une n cessaire diversit en termes de participants Mais si cette id e fait relativement l unanimit elle demeure vague Les r pondants n ont pas pr cis quel type de croyance tait de leur point de vue habilit e dialoguer Ceci peut tre indicatif du fait que les r pondants sont th oriquement pr ts accepter tout type de croyance ce qui impliquerait aussi les fondamentalistes Est ce vraiment le cas Ou n ont ils tout simplement pas toujours conscience de la diversit des croyances pr sentes dans notre pays J insiste sur le fait que l v nement doit afficher une repr sentativit de la diversit et favoriser les liens au sein de cette diversit Un chr tien protestant mennonite Une grand diversit chez les participants est essentielle Les gens devraient tre capables d laborer des r seaux C est une initiative utile mais il ne faut pas viser seulement le niveau conceptuel certaines personnes ont besoin de r sultats concrets Nous pouvons avoir un objectif large mais nous devons aussi tre pr ts travailler plus concr tement Une assistante sociale dans un centre d accueil pour demandeurs d asile Les personnes non religieuses comme les la ques les libres penseurs les humanistes et les francs ma ons
20. quelque chose aujourd hui que ce soit dans un contexte confessionnel ou agnostique ath e II s agit de la question d apparence la plus personnelle la plus individuelle qui permet par la suite d largir des domaines plus sociaux sur lesquels cette question jouera le r le de pr liminaire Afin de pr senter et d analyser les propos recueillis autour des diff rents aspects de cette question de la mani re la plus efficace possible ce chapitre a t divis en quatre parties La premi re concerne les parcours de d veloppement religieux ou convictionnel La deuxi me examine les diff rentes fa ons de se r approprier ces croyances et convictions La troisi me ensuite cat gorise les discours en diff rents registres de description du v cu religieux et convictionnel et la quatri me traite de la question des raisons pour les r pondants de croire 1 Les ingr dients du parcours de la croyance L approche qui a t la n tre tout au long de la campagne d coute a consist en ce que nous avons nomm l approche lat rale Cette approche a eu pour but d viter d imposer brutalement aux r pondants le th me des religions convictions et du dialogue qui leur est associ et d inscrire leur t moignage dans un r cit de vie relatif aux valeurs et leurs sources C est pr cis ment au moment de parler des sources d o ils ont puis leurs valeurs que nos interview s nous ont communiqu des indices
21. quelque chose qui porte chaque tre humain C est dire que si la religion en tant que support de croyance en une transcendance divine produit du sens et une s curit tout en favorisant l application des valeurs rien n indique que cette production soit le r sultat direct et exclusif de l id e d un dieu 2013 face2faith eu 81 82 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE AU contraire une proportion importante des croyants interrog s reconna t des r f rences transcendantes autres que divines la capacit de mobiliser chez l Homme s curit sens et encouragement au bien agir Ce constat va d autre part dans le m me sens que l une des plus surprenantes d clarations tir e de l interview d un rabbin lib ral la croyance en Dieu n a tout simplement pas d importance Pour un juif la vraie question est qu est ce que je peux faire et pas qu est ce que je crois Ce n est pas la foi qui prime Avec la foi on peut faire beaucoup de catastrophes Un repr sentant du juda sme lib ral Ici l agir prime sur primaut sur le croire et m me plus la foi la croyance peut mener des exactions Cette parole venant d un croyant est surprenante mais surtout elle montre que la croyance en Dieu en tant que telle n est pas per ue par tous les croyants comme le point le plus central ce qui peut constituer une ouverture de dialogue ave
22. LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS parce que pour nous seule une machine marche avec une disquette un homme marche avec sa t te Il explicite que son autorit propre est bel et bien soumise celle du Dieu tout puissant dessinant ainsi le cadre absolu l int rieur duquel le questionnement libre peut se d rouler La nourriture non kasher est tr s bonne mais ily a des r gles il y a des lois il y a des choses qu on ne mange pas parce que je ne suis pas le patron c est Lui le boss moi je suis passager ici A l int rieur de ce cadre par contre le questionnement correspond donc l infini dans la recherche interminable visant non seulement recevoir la parole de Dieu mais la vivre v ritablement La Torah est un livre questionner l infini Si l dedans il y a la parole de Dieu qui passe c est nous de la trouver la parole de Dieu elle passe par nous Dans le juda sme les hommes comptent la r v lation ce n est pas l apparition c est le contenu Quand le contenu est humain a vient de Dieu quand le contenu me construit en homme a vient de Dieu Un livre il faut l accoucher Il semble donc que d apr s ce r pondant la foi juda que est interpr tation par d finition ses textes sacr s tant une cosmologie part enti re une source presque intarissable de sens devant tre creus e l infini la recherche de v rit de Dieu Et bien que les
23. accepter que le temps passe Il y a un moment o il faut penser passer la main laisser la place La transmission se fait toujours dans les deux sens sinon c est une imposition Une membre engag e dans le dialogue interconvictionnel aupr s de l UNESCO de confession bah Ici la transmission s accompagne d une acceptation peut tre m me d une r signation le temps passe il faut passer le flambeau Mais ce qui interpelle vraiment dans ce t moignage c est l id e de transmission dans les deux sens qui s oppose la transmission sens unique qui est une imposition Nous reviendrons plus loin sur cette id e de transmission des croyances religieuses comme imposition 1 2 pour pr parer au vivre ensemble Comme il en tait d j question dans le chapitre pr c dent outre la transmission de la tradition comme forme de survie communautaire comme renforcement identitaire et comme moyen de c der la place aux jeunes des interview s ont soulign le r le pr pond rant de l ducation contre le communautarisme dans l optique d un meilleur vivre ensemble Cela fait 47 ans que j entends que les religions doivent se mettre ensemble discuter Cela fait 47 ans qu on en parle et rien ne change n y a rien qui bouge Je n ai pas d espoir si les gens ne changent pas eux m mes S ils 13 Chapitre 4 2 1 Education la diversit culturelle et convictionnell
24. d veloppements l coute g n rative se r v le n cessaire Les pistes propos es n ont de sens que dans la mesure o elles s int grent dans une vision future intuitive Le rapport est prudent sur ce point I ne veut pas tre plus qu un catalyseur pour permettre l volution Il ouvre seulement quelques pistes I revient aux acteurs sociaux dans ce cas les nombreuses communaut s religieuses et convictionnelles de r aliser eux m mes partir de ce rapport une perc e vers un niveau plus profond de dialogue interreligieux et convictionnel Des changements profondsnese feront pasimm diatement Pourtant un certain optimisme est justifi De petits groupes novateurs qui se sp cialisent dans le processus de l coute g n rative poussent d j le dialogue plus loin D autre part la soci t prend plus largement conscience que la question du sens m rite une plus grande attention et ce plus d un titre Une initiative comme le Maand van de Spiritualiteit en Flandre laquelle les groupes religieux de tous bords coop rent r v le clairement que les convictions et la spiritualit sont des valeurs soci tales importantes Elles sont le 2 Scharmer Th orie U Diriger partir du futur mergent Pearson 2012 titre original Theory U Leading from the Future as It Emerges San Francisco 2009 2013 face2faith eu PR FACES souffle de vie de la soci
25. de mani re assez surprenante l humour comme qualit n cessaire un bon enseignant L extrait qui suit nous donne les cl s pour comprendre le lien qu ont tabli ces professeurs entre esprit critique et sens de l humour 2013 face2faith eu CH 5 L EDUCATION L OUTIL CLEF DE LA TRANSMISSION DES CONVICTIONS La force de l humour c est qu il utilise la m taphore il peut tre ironique aussi Aujourd hui on associe ironie et cynisme mais ce n est pas sa d finition premi re L humour est quelque part le d but de l esprit critique on dit d ailleurs d une personne qui a de l humour qu elle est spirituelle Donc a d marre peut tre l C est une prise de distance et il peut agir comme l art baroque il peut mettre des choses ensemble Un membre d un groupe de professeurs de cours philosophiques Ce d veloppement tr s int ressant sur le lien que le r pondant tablit entre esprit critique et humour appelle deux commentaires dont un en rapport avec lun des t moignages pr c dents Tout d abord l humour est pr sent comme un vecteur de prise de distance Cette prise de distance est n cessaire la culture de l esprit critique mentionn plus t t dans les changes L humour est un moyen d aborder m taphoriquement et donc avec une certaine distance des questions qui peuvent f cher Cette prise de distance que l humour rend possible s accorde mal avec l id e du professeur comme convoyeur de
26. de rompreles ph nom nes communautaristes qui rendent le dialogue des convictions n cessaire en milieu scolaire Enfin introduire le dialogue interconvictionnel dans les coles reste l un des moyens les plus efficaces de mettre en pratique la recommandation pr c dente d implication des jeunes dans l id al du dialogue 2 5 Diversifier les activit s de dialogue pour ne pas se limiter Rien ne r sume mieux cette recommandation que la d claration d un r pondant protestant qui nous dit Laissons un peu les id es Allons plut t manger ensemble En effet bien que l acception usuelle du terme dialogue renvoie l id e d change intellectuel ou tout au moins verbal le dialogue est d abord une implication plurielle dans une activit de partage Dois je forc ment parler et th oriser des id es pour exprimer ce que je veux dire Ce que l humain est susceptible de formuler peut autant se rapporter ce qu il pense qu 2013 face2faith eu 225 226 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE ce qu il vit ou ce qu il ressent et chacun de ces registres ne fait pas syst matiquement cho l change verbal Une simple rencontre conviviale une pi ce de th tre un v nement musical les diverses expressions artistiques le recours l humour ou m me un moment commun de silence peuvent tre autant de moyens de dialoguer au sens de p
27. e pratique Il n aurait pas t possible de traquer sous les mots creux et fr quemment utilis s les acceptions diff rentes qu il convient de mettre en lumi re Ne pas juger mais bien chercher comprendre comment les individus interrog s distribuent le bien et le mal dans des mod les de justice vis e pratique qui d coulent justement des cosmologies vis e pratique voqu es plus haut Tirer les cons quences des analyses La troisi me mission du rapport embo te logiquement le pas aux deux pr c dentes s agit de produire des recommandations ou plut t pour viter ce terme galvaud d aider le lecteur tirer les cons quences de ce qu il peut lire et au final d effectuer quelques propositions pour mettre en place une s rie de dispositifs destin s soutenir le dialogue entre convictions ou entre religions La mise en exergue des lignes de tension constitue sans aucun doute le gros de l effort fourni par le rapport dans cette perspective Montrer les d saccords entre des protagonistes qui n en sont pas toujours conscients explorer les tenants et aboutissants de la nature de ces d saccords c est ouvrir la possibilit d un d bat plus conscient voire plus sain c est permettre d adopter le langage de la diversit mais cette fois en connaissance de cause 2013 face2faith eu 25 26 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE
28. l anarchie Chacun fait ce qu il a faire Un jeune animateur d une association socioculturelle musulmane Ces deux intervenants conf rent donc tout pouvoir l gislatif l tat qui repr sente la sph re publique et confient les pratiques et valeurs religieuses et convictionnelles la sph re priv e Enoutre ils d crivent la sph re publique comme unique et indivisible repr sent e par l tat alors que la sph re priv e quant elle correspond ici autant de syst mes de valeurs et de pratiques pr sents en soci t Enfin la sph re publique unique englobe ici les diff rentes sph res priv es formant ensemble le tout qui est la soci t Toutefois le r pondant musulman pr cise bien que l tat lui impose de tol rer les choix des autres de par son pouvoir l gislatif le respect de ces choix d pend enti rement de ses valeurs confin es la sph re priv e En lien avec les points pr c dents on pourrait donc dire que du moins dans la vision du monde de ce r pondant la sph re publique r gule la tol rance de la diversit soci tale alors que la sph re priv e r gule le respect de cette diversit Dans l analyse des citations pr c dentes la s paration en sph res publique et priv e de la soci t appara t essentiellement comme une strat gie de r gulation des rapports entre l individu et la communaut Toutefois de la m me mani re que les limites entre ces
29. langent et forment une esp ce de microcosme social fait figure de lieu d ducation en soci t par excellence Vu la place importante qui est attribu e l ducation dans ce contexte le r le des coles pour un meilleur vivre ensemble sera trait en profondeur dans le chapitre suivant Toutefois la soci t environnante voluant tout au long de la vie plusieurs r pondants estiment que l apprentissage de la connaissance mutuelle doit galement tre promu l ge adulte Par exemple par la lecture et les d bats Il faut tenir ses propres positions pour esp rer obtenir un vrai dialogue C est dire favoriser la connaissance notamment pour freiner l islamophobie I faut aussi s instruire et lire afin de montrer les m canismes de la peur et les d construire Un ancien professionnel de l enseignement philosophique l instar du r pondant pr c demment cit ce professeur fait galement remarquer que pour conna tre l autre il faut d abord se conna tre soi m me sa propre culture ses propres convictions En outre il est int ressant d y voir comment connaissance et interaction avec autrui s y imbriquent En effet dans cette citation la connaissance de l autre par des sources d information m diatiques d une part et le dialogue avec l autre en personne d autre part apparaissent comme diff rentes fa ons d apprendre la diversit qui se compl tent r ciproquement pour favoriser la comp
30. pondants consid rent comme faisant beaucoup de d g ts dans la soci t 2013 face2faith eu 145 146 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Par d duction la notion de respect quant elle diff re donc de la notion de tol rance dans le sens ou au del de tol rer l autre dans sa diff rence on accepte cette diff rence c est dire qu on essaie de ne pas la juger mais plut t de la comprendre et donc de postposer le jugement comme le dit Un r pondant Certains donnent une connotation encore plus active la notion de respect en promouvant non seulement l acceptation mais aussi la valorisation de la diff rence et la prise de mesures pour favoriser son expression Ainsi cet animateur de jeunesse musulman explique qu il a d cid de fermer son club de sports pour jeunes les jours de f tes chr tiennes galement On a des croyants et des non croyants ici on a plusieurs origines On n a jamais eu de probl mes chacun sait ce que l autre vaut La religion n occupe pas une grande place dans ce club Par contre pendant le ramadan si nos horaires coi ncident avec l heure d aller manger on les d cale un peu On pr vient alors les autres membres et ils le savent tr s bien Par contre les jours f ri s avant je ne fermais pas je travaillais alors aussi Et puis en r fl chissant je me suis dit ce sont aussi
31. re potentiellement l nifiant Les rencontres de fraternisation entre communaut s sont bien s r minemment louables mais si l on s en tient Uniquement ce type de contact il existe alors peu de place pour la critique et l autocritique C est donc tout naturellement que nous orientons la deuxi me recommandation vers le traitement de questions de fond ou pour le dire plus famili rement de questions qui f chent Le dialogue est en effet une opportunit de rencontre de l autre et une occasion de fraterniser mais c est aussi un lieu potentiel de n gociation des divergences Si celles ci n existaient pas nous n aurions tout simplement rien nous dire parce que cela impliquerait que les probl mes et les lignes de tension n existent pas ce qui est pr cis ment r fut par notre mat riau Outre la possibilit de rencontres positivement critiques le traitement de questions de fond peuvent faciliter l mergence d initiatives de terrain entre les participants et ainsi octroyer une tonalit performative au dialogue interconvictionnel La dimension performative du dialogue est par ailleurs un souhait qui est revenu maintes reprises au cours des interviews 2013 face2faith eu CONCLUSION 2 3 Faire participer activement des jeunes pour rafra chir l id e de dialogue Que ce soit dans les coles chez les scouts en IPPJ ou tout simplement en suivant le cours de notre public r pondant les jeunes on
32. 5 Quelles sont les r gles du jeu respecter Quelles seront les retomb es d un tel dialogue M me si le dialogue interconvictionnel est bon utile et n cessaire pour de nombreux r pondants certains n en per oivent pas l impact direct Beaucoup parmi les interview s ont de grandes attentes tandis que d autres n y voient qu une occasion de changer quelque chose dans les c urs et les esprits des participants qui pourront ensuite faire passer le message leurs proches Voyons un peu les positions tr s oppos es de deux interview s sur ce que l on peut attendre d un dialogue interconvictionnel Je ne vois pas d impact pratique imm diat de l v nement mais bien des retomb es indirectes la d couverte de nouvelles opportunit s gr ce la r flexion collective Une jeune chr tienne vang lique Le dialogue interconvictionnel peut offrir aux gens un endroit s r o ils peuvent faire leur autocritique Ce devrait tre une grande f te de l amiti o les gens peuvent discuter de leurs v ritables pr occupations lls doivent tre capables d y tisser un r seau et d obtenir la paix en parlant les uns aux autres Je vois cela comme une alternative au service militaire Un vicaire catholique engag dans le dialogue interconvictionnel Certains per oivent de nombreux impacts sur plusieurs plans pour le dialogue des convictions comme ce pr tre catholique engag dans le dialogue interc
33. CLEF DE LA TRANSMISSION DES CONVICTIONS est propos est celui de religion catholique Or il arrive parfois dans certaines classes que la majorit des l ves soient de confession musulmane ce qui cr e Une discontinuit entre le r f rentiel spirituel des l ves et celui du professeur Ce ph nom ne de discontinuit religieuse identitaire entre le professeur et les l ves engendre toute une probl matique comment garder l identit propre du cours de religion catholique quand on a en face de soi des l ves musulmans Le professeur de religion catholique n est pas form ni recrut pour donner un cours de religion islamique D un autre c t les divergences th ologiques entre catholicisme et islam peuvent tre per ues par les l ves comme trop aigu s pour permettre un cours classique Se pose alors le probl me pour les professeurs de religion d coles catholiques d arriver garder un cours de religion authentiquement catholique tout en restant connect leurs l ves musulmans 2 2 3 De la question sp cifique du fondamentalisme et du communautarisme Parmi les d fis mentionn s par les interview s la question du fondamentalisme et de son voisin le communautarisme a une place pr pond rante de par sa r currence et les diff rentes perceptions qu en ont transmises les professionnels au cours des entretiens Je suis confront des l ves fondamentalistes
34. FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE du r seau catholique qui accueillent des classes majoritairement constitu es de musulmans Que faire pour les professeurs faisant face des attitudes client listes d l ves qui quittent tout simplement le cours si celui ci ne leur pla t pas au profit d un cours plus cool Les d fis sont l les questions sont pos es des r ponses sont attendues Les t moignages des r pondants en mati re de d fis ne se sont d ailleurs pas limit s au domaine de l enseignement L quipe de la campagne d coute a pos la question des d fis soci taux et des moyens d y rem dier L analyse des r ponses a indiqu une quasi absence de lignes de tension d s lors qu il s agissait d identifier les d fis auxquels la soci t fait face I y a une forme de consensus implicite sur les maux qui rongent la soci t aux chelles nationale et mondiale Est il simple en effet de ne pas penser spontan ment la crise conomique l environnement ou encore au mal tre des marginaux quand on pose la question de ce qui ne va pas dans le S S monde Ce ne sont donc pas des lignes de tension qui sont ressortie des questions portant sur les d fis soci taux mais des tendance g n rales Les plus importantes peuvent tre divis es en trois cat gories les d fis mat riels les d fis humains et les d fis spirituels On retrouve dans chacune de ces cat gories des
35. animatrice de dialogue interconvictionnel Nous ne pouvons pas organiser de c l bration dans l glise du lieu o nous nous trouvons parce que nous pratiquons le sacerdoce mixte alors que les bouddhistes quant eux ont d j pu c l brer leur rituel ici Le autorit s eccl siastiques ne vont pas de l avant sont plut t ferm es Je suis en contact avec divers autres groupes tendance novatrice mais l glise rend cela impossible II a quelque temps nous avons lanc un manifeste pour le renouveau sign par 8000 personnes Il y a un mouvement incroyable en faveur du renouveau ma s il est presque invisible Le christianisme a une image vieillotte Ces probl mes d image viennent de probl mes internes Nous n avons aucun soutien de l glise pour nos exp riences L glise en tant que structure craint d exp rimenter l vangile peut tre parce qu elle est bloqu e dans un cadre masculin ou que les gens vieillissent et qu ils ont peur de quelque chose Un membre d une initiative liturgique innovatrice chr tienne De fa on plus g n rale on retrouve assez souvent toutes communaut s confondues une retraduction de cette inqui tude de dissension 2013 face2faith eu CH 2 ETRE EN COMMUNAUT AUJOURD HUI INTERACTIONS ET TENSIONS entre base et hi rarchie dans Une opposition entre les jeunes et les vieux ainsi que le montre la citation suivante d un jeune musulman Un autre d fi de
36. attachement aux sources religieuses affich par son glise un repr sentant vang lique reconna t ce double effet 6 Voir les citations dans le point pr c dent des deux Belges convertis lun au soufisme l autre au juda sme orthodoxe 7 Voir la citation du pr tre catholique socialement engag dans le chapitre 2 1 2 L engagement social versus la liturgie 2013 face2faith eu CH 2 ETRE EN COMMUNAUT AUJOURD HUI INTERACTIONS ET TENSIONS Pourtant le mouvement vang lique partout dans le monde se voit confront pareillement des d fis Le succ s ph nom nal du mouvement marqu par la fondation quotidienne d innombrables communaut s eccl siales est en m me temps son talon d Achille Le seuil requis pour constituer Une communaut est tr s bas Mais le bagage th ologique et spirituel de ces nouvelles communaut s s av re parfois assez mince L enjeu terme est donc de s parer le grain de l ivraie Un repr sentant de l Eglise vang lique De nombreux r pondants associent tensions et d fis intracommunautaires de tels effets miroir entre diff rentes franges ou courants de leurs communaut s respectives Parmi ceux ci certains relient ces d fis intracommunautaires au paysage plus large dans lequel voluent diff rentes convictions et religions Si comme on le verra ces derniers ne sont pas les plus nombreux il reste n anmoins que la constructionidentitaire d
37. aujourd hui Par exemple sur le peuple de Syrie sur chaque personne en particulier aussi sur moi Une conscience qui n est pas statique mais qui est en devenir qui s approfondit graduellement en m me temps que le cosmos depuis 15 7 milliards d ann es en m me temps que l humanit et la conscience grandissante et croyante de chacun la mienne aussi Pas une conscience universelle statique Une conscience 2013 face2faith eu 66 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE nerg tique qui r veille l nergie dans toute chose et dans tout un chacun l int rieur de cette conscience Pour moi cette conscience n est pas une personne mais plut t une force une pr sence un p le d nergie qui traverse le cosmos la terre et l humanit et qui d veloppe une relation personnelle avec chaque conscience humaine Une relation d amour de conscience d encouragement d appel de pardon de lib ration Pour certains c est le champ d nergie lectromagn tique dans lequel baigne l univers Cette conscience est pour moi un Toi que je prie parfois et dont j exp rimente parfois l inspiration et l esprit Un pr tre catholique engag dans le dialogue interconvictionnel Cette citation conjugue toutes les id es mentionn es auparavant reprenant l id e de l amour de Dieu pour tout homme ainsi que la relation entre la pr sence divine et tout ce qui existe en m me temps que ce
38. c t l enseignement doit tre r form de telle mani re qu il cr e plus d galit des chances et stimule les tudiants une 2013 face2faith eu 152 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE citoyennet active Une telle d marche int grant le court et le long terme est une base saine pour la solidarit et la redistribution ce qui est une bonne chose pour chacun Un politologue et philosophe activiste Bruxelles 21 2 Structurer le vivre ensemble entre assimilation int gration et cohabitation Fa onnant sa structure administrative et l gislative les autorit s civiles ont galement un impact sur le vivre ensemble de la soci t qu elles organisent guid es par leur vision de ce vivre ensemble manant du discours et des mesures pratiqu es Le vivre ensemble dans la diversit culturelle et convictionnelle peut tre organis selon trois principes majeurs alternatifs qu on appellera ici l assimilation l int gration et la cohabitation Le premier principe de l assimilation est majoritairement per u de fa on n gative Ainsi Un rabbin orthodoxe affirme que l assimilation au contexte local signifie la perte de sa culture et conviction alors que leur int gration ne ferait qu enrichir la soci t La communaut juive uvre s int grer sans s assimiler En s assimilant elle serait comme un sucre d
39. ce que la parole et le dialogue m nent plus certainement la paix que la violence et le mensonge La confiance enfin en l id e qu il vaut mieux perdre la vie que de r pondre la violence par la violence Mais cela n cessite de recommencer sans cesse un combat permanent contre nos propres instincts et la route est encore longue Il n en reste pas moins que cela en vaut la peine Parce qu il n y a pas d autre chemin vers la paix que la paix elle m me face2faith veut que ce rapport soit une des tapes sur cette route Peut tre pouvons nous aussi inverser l expression face to faith et affirmer que la foi confiance est le chemin vers le visage de l autre Et vers ce visage de l Autre qui se refl te dans celui de l autre 2013 face2faith eu 12 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Avant propos Dans le courant de l ann e 2012 gr ce au soutien de nombreux donateurs nous avons entam la Phase 1 campagne d coute du projet PWR C Brussels 2014 initialement dans la perspective d h berger Bruxelles le prochain Parlement des Religions du Monde en ao t 2014 Depuis le d but de l ann e 2013 notre projet a connu de profondes volutions et a pris son ind pendance par rapport aux tats Unis dont nous n tions pas en mesure de rencontrer les exigences budg taires dans le cadre europ en actuel Afin de marquer ce nouvel envol nous avons chois
40. concernant leur parcours de type spirituel ou qu te de sens La conscience religieuse convictionnelle est en effet souvent comme nous allons le voir en d tail le r sultat d un questionnement dont elle merge ou d une impr gnation familiale et ou culturelle Nous nous proposons donc ici de passer en revue un certain nombre de 2013 face2faith eu 41 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE t moignages qui rendent compte de ces parcours de vie et des sources qui ont servi par apr s construire le croire ou le non croire ou en un mot le sens 11 La croyance comme h ritage familial entre soumission et choix revendiqu L l ment le plus vident qui est ressorti de la campagne d coute en termes de sources de la croyance a t sans surprise le facteur familial et culturel II est apparu que l ducation a t un vecteur pr pond rant voire d clencheur dans certains cas de la construction spirituelle croyante I est cependant int ressant de noter que les individus que nous avons interview s et qui ont tendance suivre l appartenance religieuse de leurs parents ne s interdisent pas pour autant de construire par eux m mes des r flexions d ordre spirituel C est manifeste dans l extrait qui suit Je suis musulman parce que mes parents le sont Bien S r parfois il y a des choses que je lis dans le Coran que j ai du mal imaginer mai
41. dans la libre pens e et l ath ism 56 3 1 2 dans usage religieux de concepts scientifiques 59 3 2 La dimension motionnelle 61 3 2 1 dans la relation affective entre Dieu et l humain 61 3 2 2 dans l ath isme positif de l humanisme 66 3 3 La dimension pratique 70 3 3 1 comme outil d hygi ne mentale et de d veloppement personnel 71 3 3 2 comme outil de connexion avec soi m me lautre et Dieu 72 5 5 5 Entre rite religieux et pratique institutionnalis e 72 4 La justification de la croyance quoi sert il de croire 76 2013 face2faith eu l O1 R D CH2 TABLE DES MATI RES La croyance comme forme de s curit et de bien tre La croyance comme productrice de sens existentiel La croyance comme catalyseur moral et thique Croyance et Dieu un lien qui n est pas automatique Une absence notable l argument de la r tribution TRE EN COMMUNAUT AUJOURD HUI INTERACTIONS ET TENSIONS 1 1A 12 t5 1 4 lS 1 6 3 1 512 SD 5 4 5 9 3 6 Les tensions intra communautaires La base versus la hi rarchie L engagement social versus la liturgie L unit dans la diff rence Des difficult s de transmettre et de se perp tuer Entre ouverture et r actionnisme Progressistes versus conservateurs des termes manier avec pr caution Les a prioriinter communautaires Conceptions inclusive et exclusive de la v rit Valeurs communes
42. de coop ration Une autre raison du manque de dynamisme et d engagement social que plusieurs r pondants ont cit est le manque de coop ration de synergies entre les diff rentes communaut s et organisations confessionnelles et non confessionnelles dans la promotion d id es et de valeurs similaires en soci t Selon le r pondant suivant cette coop ration est plus cruciale que jamais dans un contexte d oppression des autorit s civiles par le domaine conomique et financier toujours plus puissant Si moi aussi je crois de telles valeurs alors Unissons nos forces Il est important pour moi de donner une place la religion dans le vivre ensemble et de ne pas rester coinc dans mes propres convictions Nous ne pouvons pas de fa on postmoderne nous contenter de nous tol rer tout en restant chacun de son c t O allons nous alors Je crois vraiment que la religion se doit de poser des questions et devrait peut tre tre la premi re se demander comment pouvons nous vivre ensemble Que peut on faire pour bien vivre ensemble Tout sauf adopter une attitude d fensive ou se refermer sur soi m me car t t ou tard on se retrouve dans sa propre histoire Nous devons oser le dialogue avec l autre Un politologue philosophe et activiste Bruxellois 2013 face2faith eu CH 4 COMMENT RELEVER LES DEFIS SOCIETAUX SUGGESTIONS ET IDEAUX DES REPONDANTS En effet malgr les d bats de revendi
43. de valeurs Un musulman originaire d Arabie Saoudite impliqu dans le dialogue interconvictionnel 2013 face2faith eu CH1 ETRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS Notons au passage que l interview lie explicitement l absence de religion l absence de valeurs Il est int ressant de pointer le type de vocabulaire utilis par les interview s notamment en ce qui concerne la loi de la survie Cette appellation est indicative d un sentiment d ins curit d une forme de menace qui n cessite de se mettre en survie la religion aidant alors affronter cette n cessit Nous ne sommes ainsi plus face la religion comme simple moyen de supporter les malheurs mais comme v ritable besoin vital puisqu il s agit de survivre et donc de garantir l int grit de sa propre existence 4 2 La croyance comme productrice de sens existentiel Le deuxi me axe identifi durant la campagne d coute concernant l utilit de la religion est la production de sens existentiel Ce sens peut s identifier Une connaissance La religion me donne un sens la vie je sais qui je suis et je sais o je vais Un animateur sportif de confession musulmane Il peut aussi tre synonyme d orientation La religion est clairement ce qui m oriente dans ma vie Un jeune animateur d une association socio culturelle musulmane voire de structure La foi en Dieu est la
44. des diff rents chapitres pr sent s c est la plus value d une approche lat rale dans le traitement de la question qui nous a int ress e Les termes religion conviction interconvictionnel ou parfois m me simplement croyance sont des termes qui suscitent facilement l appr hension en raison de leur caract re pol mique On a t t fait alors de vivre la question comme une intrusion face laquelle on r pond par la m fiance Qui est il celui l pour me poser la question patate chaude du moment Et dans quel but L autre r action possible est celle du malaise face des termes dont les d finitions sont si complexes et controvers es qu un silence g n finit par s imposer Moi parler des croyances Je n en ai pas le niveau je n y connais rien L approche lat rale que nous avons exp riment e a permis de contourner ces difficult s en mettant le r pondant au centre de la question en lieu et place des concepts mentionn s plus haut On peut prendre l exemple d un sp cialiste belge des communaut s cambodgiennes qui a lanc lors de son interview Je ne sais pas ce que je pourrais dire d int ressant et l intervieweur de lui r pondre Parlez moi de vous C est vous qui tes int ressant C est ainsi que par le v cu du r pondant en passant par des termes plus neutres comme valeurs d fis etc nous en sommes arriv s r colter des r cits de vie
45. des croyants volontairement soumis l autorit de leurs textes sacr s En effet si un texte sacr exhorte au bien reste encore d terminer ce qu est le bien ce qui implique un degr d implication personnelle ou dit autrement d un immanentisme religieux Du c t de la libre pens e ce sont surtout les questions relatives la communaut qui interpellent La libre pens e doit elle s organiser en communaut Si oui de quelle mani re Quelle place pour les pratiques de type rituel Ces questions fondamentales sont corr l es la question de a transmission et de la perp tuation de la libre pens e forc ment plus facile dans un cadre communautaire appara t ainsi que le clivage entre religiosit et libre pens e n est peut tre pas si radical que ce que l on pouvait pr supposer Des questions relatives au libre examen sont bel et bien pos es en milieu religieux tandis que les libres penseurs sont en d bat sur la communautarisation de la libre pens e qui impliquerait un ensemble de points communs avec les religieux en termes de construction de valeurs fixes et de ritualisation De l dire qu un dialogue est possible entre religieux et libres penseurs il n y a qu un pas Nous laissons au lecteur le loisir de le franchir ou non 2013 face2faith eu 1 3 Les lignes de tension au c ur de notre rapport Ceci tant la campagne d coute n a pas fait que
46. deux entit s dynamiques et interactives en soci t sont tr s difficiles fixer la d limitation entre les sph res publique et priv e 1 AMNESTY INTERNATIONAL FRANCE COMMISSION PHILOSOPHIES ET RELIGIONS 2008 Droit et religions dans les Etats membres de l Union europ enne p 25 26 Voir http www iesr ephe sorbonne fr docannexe file 5177 SFO8PhiRO5_mai2008 pdf 2013 face2faith eu CH 4 COMMENT RELEVER LES DEFIS SOCIETAUX SUGGESTIONS ET IDEAUX DES REPONDANTS ainsi que l application du pluralisme convictionnel donnent lieu au d bat entre les diff rents r pondants AU travers de la campagne d coute ce d bat se caract rise essentiellement par l opposition entre deux visions de la la cit pluraliste telle qu elle est appliqu e aujourd hui en soci t D un c t il y a les r pondants qui estiment que l tat belge est toujours trop peu s cularis ce propos une professeure de foi musulmane remarque Quant la s cularisation de la soci t je trouve remarquable qu on parle du retour de Dieu en Flandre D apr s moi Il n a jamais disparu L Europe occidentale est soi disant s culi re mais la plupart des instances n ont jamais t s cularis es Une coordinatrice musulmane d un centre d tude de l islam Plusieurs r pondants d noncent donc l immixtion des religions et des convictions dans la sph re publique discr ditant l impartialit de celle ci Com
47. doit compter mais que comme 2013 face2faith eu 27 28 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE dans le cas de toute recherche le dispositif d enqu te lui m me contribue produire les r sultats d abord en s lectionnant malgr lui les individus puis en les invitant s exprimer d une certaine mani re Cette absence de repr sentativit disqualifie t elle l analyse propos e ici Certainement pas car m me s il n est absolument pas question de pr tendre avoir interrog des repr sentants du spectre convictionnel et religieux de mani re syst matique l analyse qui permet de gratter le vernis qui cache les lignes de tension apporte quelque chose de plus le lecteur en jugera Cependant cela invite au contraire la plus grande prudence langagi re et la plus grande circonspection dans le processus de mont e en g n ralit pourtant indispensable l analyse titre d exemple on ne dira pas les musulmans disent que lorsqu une personne de confession musulmane a tenu tel propos Tout au plus si ce propos s est retrouv dans la bouche de nombreux musulmans interrog s pourra t on dire les musulmans interrog s dans le cadre de cette enqu te pensent majoritairement que Si ce n est la repr sentativit quel est donc le modus operandi suivi qui justifie que les propos ici expri
48. en cercles concentriques s approcher d une intelligence collective Un la c d orientation j suite Une autre acception de la notion de citoyennet ressortant des entretiens r side dans l engagement la solidarit qui quant elle est d finie comme la gestion quitable de la libert de chacun du moins par le r pondant suivant 2013 face2faith eu CH 4 COMMENT RELEVER LES DEFIS SOCIETAUX SUGGESTIONS ET IDEAUX DES REPONDANTS La libert s arr te l o commence celle de l autre la solidarit est donc une valeur difficile mais indispensable pour pr server la libert individuelle de chacun Un syndicaliste socialiste Un politologue et philosophe activiste bruxellois appuie ces paroles en affirmant que l effort de solidarit ne devrait pas tre trait comme un concept d suet mais qu il s agit au contraire d une id e belle importante et plus que jamais d actualit En effet la solidarit est assimil e dans la citation suivante aux valeurs de respect et de tol rance de l autre dans un m me espace d faut de quoi le risque de d rives violentes n est jamais loin d apr s cette jeune femme d origine rwandaise Le respect et la tol rance sont les d fis les plus importants relever dans la soci t contemporaine De par ma connaissance de la situation rwandaise pass e et pr sente il est important pour moi de mettre l accent sur ce qui nous unit plut t que sur
49. ensemble Nous devons r aliser que nous sommes interconnect s que nous restons tous ici et que nous sommes interd pendants Si nous ne sommes pas d accord tout le monde en p tira Nous devrions consid rer nos voisins comme des hommes et tous les hommes ont les m mes droits Un professeur libre penseur humaniste Les citations ci dessus insistent encore davantage sur le fait que de fa on g n rale les participants ont foi dans le dialogue interconvictionnel pour des raisons diff rentes mais pareillement valables Les personnes religieuses en particulier pressentent la question des croyances en Belgique comme tant sensible Ils soutiennent que les croyances notamment religieuses ont trop vite t d pr ci es dans leur valeur ajout e potentielle et que la libert religieuse n est pas totalement respect e dans notre pays 2013 face2faith eu CH 6 ORGANISER LE DIALOGUE INTERCONVICTIONNEL PI GES ET POTENTIEL 2 De quoi pourra t il y tre question La sous partie pr c dente nous indique que les interview s sont convaincus de la n cessit du dialogue interconvictionnel pour des raisons vari es mais pas toujours bien d finies D autre part les r pondants ont des opinions diverses sur le contenu d un dialogue interconvictionnel Plusieurs personnes sont d avis que ce type de dialogue doit se concentrer sur la question des croyances Mais si cette position peut para tre on ne peut plus logiqu
50. est pas manifeste non plus Par l interm diaire des t moignages on observe galement des m canismes de reflet de situations diff rentes comme la perception partag e par plusieurs r pondants religieux et non religieux d une volution historique de stigmatisation de l ath isme et de la libre pens e vers une stigmatisation de certaines communaut s religieuses Les r pondants confirment galement une corr lation entre l antis mitisme et l islamophobie En effet si les communaut s juive et musulmane partagent une histoire politique parfois conflictuelle elles font toutes les deux face aujourd hui malgr elles une animosit manant de la soci t environnante bien que les contextes d mergence respectifs diff rent 2013 face2faith eu 115 116 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Conclusion la fin de cette analyse les volets intracommunautaire intercommunautaire et extracommunautaire de la question des tensions et d fis communautaires s par s ici en entit s de structure apparaissent eux aussi tre en r alit un tout interactif et dynamique La distinction transcommunautaire op r e dans cette analyse entre progressistes et conservateurs met en exergue le travail tr s complexe de positionnement dans la soci t de ces diff rentes communaut s et courants en phase ou en contraste avec les discours dominants actuels Outr
51. et non religieux sont d accord sur le fait que tout en pr sumant que l on ne partage pas les m mes convictions en soci t il est crucial pour un bon vivre ensemble d au moins conna tre les similarit s et les diff rences entre ces multiples points de vue et pratiques de vie Car l ignorance comme l exprime le r pondant suivant est le pr curseur de la violence Bien conna tre ses propres textes et racines est un premier pas indispensable dans le combat contre l ignorance Ma s il faut galement tre curieux des autres et reconna tre ce qui est beau en eux Si l on n est pas curieux on garde ses pr jug s et l ignorance peut mener la violence L antis mitisme l islamophobie et le racisme sont les formes les plus ignobles de l ignorance et se manifestent surtout en temps de crise conomique Un rabbin orthodoxe L analyse des d fis communautaires en interaction avec la soci t environnante qui vont de l existence de st r otypes la discrimination et l intol rance voire la pers cution confirme cette affirmation voir chapitre 2 3 Les menaces extracommunautaires 2013 face2faith eu CH 4 COMMENT RELEVER LES DEFIS SOCIETAUX SUGGESTIONS ET IDEAUX DES REPONDANTS Une majorit de r pondants mentionne que cet apprentissage de soi et de l autre doit commencer d s le plus jeune ge L cole o les enfants et les jeunes issus de diff rents milieux soci taux se m
52. et valeurs divergentes Les menaces extra communautaires St r otypes Discrimination stigmatisation intol rance Pers cution LA PERCEPTION DES D FIS SOCI TAUX D fis dordre mat riel et manque de ressources La crise conomique La crise cologique D fis du vivre ensemble Diversit migration et int gration Mobilit et d fis g opolitiques Les d fis spirituels La famille en crise Le manque d espace pour les convictions La soci t de la vitesse L extr misme la polarisation et le fondamentalisme Une soci t consum riste et mat rialiste La solitude de l individualisme 2013 face2faith eu 7 79 80 81 82 85 85 86 88 90 91 93 18 18 19 121 22 26 29 132 135 137 138 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE CH4 COMMENT RELEVER LES D FIS SOCI TAUX SUGGESTIONS ET ID AUX DES R PONDANTS 141 1 Des valeurs promouvoir 142 1 1 La connaissance base du vivre ensemble 142 12 Entre tol rance et respect 144 1 3 Citoyennet et int r t pour le bien commun 147 2 Quelles mesures faut il prendre pour y parvenir 150 21 Le r le des autorit s civiles 150 2 1 1 ducation la diversit culturelle et convictionnelle 151 2 1 2 Structurer vivre ensemble I entre assimilation int gration et cohabitation 152 2 1 3 Donner une place aux convictions l int rieur d un tat la
53. fait par l interaction entre personnes pour les uns par la relation avec le transcendant pour les autres Comment donc la question des valeurs est elle apparue chez les r pondants ath es dans notre campagne d coute Examinons les courants de l humanisme et de l ath isme positif 2013 face2faith eu CH1 ETRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS Si travers les citations reprises dans la partie cognition ni la distinction entre ath isme libre pens e et libre examen ni leur qualit convictionnelle n est apparue clairement lesr pondants diff rencient plus nettement la notion d humanisme non confessionnel Ainsi le collaborateur d une association se disant humaniste et libre penseur consid re que La libre pens e est d abord une m thodologie de libre examen et l humanisme repr sente un ensemble de valeurs Ces deux l ments sont donc parfaitement compl mentaires Les humanistes libres penseurs vivent la morale de fa on horizontale sans instance supranaturelle sans verticalit et ils croient galement en une morale universelle la diff rence entre le bien et le mal Un membre actif d une association humaniste et libre penseur L humanisme l oppos delalibre pens e en premier lieu suppose donc la vision d un monde faite de valeurs centr es sur l homme la soci t et la plan te Or l association m me laquelle appartient ce r pondan
54. fonction de leurs besoins Cependant il est tr s difficile d obtenir des r sultats concrets positifs chez ceux qui ont d j abandonn Beaucoup de temps d espace et de flexibilit sont n cessaires AU niveau institutionnel il y a parfois un probl me de paternalisme de manque de respect alors que l on devrait plut t donner une chance l change dans les deux sens On pense aussi souvent court terme dans le secteur de l assistance ce qui peut tre pris pour des engagements non respect s g n rant ainsi un sentiment suppl mentaire de perte la personne d munie en lui enlevant son espoir Une chercheuse experte dans le ph nom ne de la pr carit sociale Le plus grand d fi pour les soins de sant et plus particuli rement pour les patients canc reux je pense est de rendre la vie des patients en soins palliatifs aussi confortable que possible Cela peut tre fait au moyen de petites choses comme donner du temps et de l attention Une infirmi re en service oncologie La question qu il faut se poser selon moi c est quelles sont les normes que nous voulons utiliser Que voulons nous mesurer Le bien tre ne peut se mesurer par exemple On veut que les gens puissent satisfaire leurs besoins de base mais ce n est pas suffisant Une attention particuli re devrait tre accord e aux probl mes spirituels et psychologiques aux contacts sociaux et la construction d un r seau social de sorte qu
55. humanisme Je vois a dans un sens plus large notamment mettre l individu au centre de la r flexion Un membre d un groupe d tudiants libres penseurs francophones Sur l acceptabilit d un ath isme convictionnel L analyse de l ath isme et de la libre pens e sous l angle de la t te cognition et l angle du c ur motions rend apparent le d bat autour du potentiel convictionnel de ces concepts Bien que plusieurs opinions se distinguent travers les entretiens la possibilit de rapprocher l ath isme en tant que m canisme de d construction et la libre pens e en tant que m thode de syst mes de raisonnement convictionnel color s de valeurs engendre g n ralement une certaine r serve Pourtant comme le remarque le r pondant suivant l int gration d une id e de conviction semble tout fait naturelle dans toute pens e et donc aussi pour le mouvement libre penseur tant que conviction et questionnement vont de pair C est important de toujours pouvoir remettre en question ses propres id es mais a ne doit pas nous emp cher de pouvoir avoir une conviction une vision du monde Il est simplement important de parfois la remettre en question et l ajuster Un membre d un groupe d tudiants libres penseurs n erlandophones Dans cette m me lign e certains r pondants relativisent et questionnent par eux m mes les concepts d objectivit et de libert sur lesquels s appuie
56. interaction interculturelle et interconvictionnelle consciente Une telle attitude connot e d indiff rence provoquerait la polarisation de la soci t d apr s cette ducatrice de rue qui signale la responsabilit des autorit s dans cette mati re La soci t a besoin de plus d ouverture il faut susciter plus d int r t pour la culture et les convictions de l autre En g n ral le pouvoir ne s occupe pas du religieux a encourage l ignorance Vivre en parall le conduit au sectarisme et la fragmentation de la vie en commun Une ducatrice de rue 2013 face2faith eu 154 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE L analyse des diff rentes strat gies de gestion de la diff rence telles qu on a pu les distinguer travers les diff rents entretiens nous apprend que celles ci repr sentent des id es peu d finies et color es d un certain id alisme car difficiles r aliser Ainsi le principe de l assimilation g n ralement condamn repr sente ici l id al du partage de valeurs et de pratiques communes refusant toute place l expression de la diff rence dans une soci t dont une des caract ristiques principales est pourtant la diversit culturelle et convictionnelle Le principe d int gration favoris par la majorit des r pondants fait figure d id al de respect de cette diff rence bien qu il pr conise toutefois une interaction consciente e
57. je suis surtout pr occup e par les migrations dues l environnement Je crois que nous avons besoin de valeurs telles que la solidarit et l galit totale pour d passer ces d fis Une jeune musulmane travaillant dans une organisation contre le racisme Comme d fi soci tal je pense la n cessit de pr parer le monde au vivre ensemble avec ceux qui ont d fuir Avec le changement climatique et les catastrophes cologiques venir ce sera encore plus n cessaire dans les prochaines d cennies Un coordinateur d une association interculturelle chr tienne En termes de prise de conscience de la n cessit de prot ger l environnement et l habitat il reste encore du travail faire en Inde Un professeur d hindouisme et de bouddhisme de confession hindoue Les d fis soci taux les plus importants mes yeux sont surtout l environnement la nature Nous devons trouver des solutions la surpopulation et la forte pression mise sur notre environnement naturel Un professeur de sciences comparatives des religions de confession chr tienne D apr s nos interviews les r pondants estiment que la protection de l environnement et de la nature sont des pr occupations d ordre mondial et qu elles appellent donc une solution mondiale C est pourquoi ils estiment qu il faut lever les consciences m me si ce processus de conscientisation est long et difficile 2 D fis du vivr
58. juda sme orthodoxe Une rencontre interreligieuse ne sera fructueuse que si elle vite les questions religieuses et si elle s engage autour des m mes valeurs humaines aider les gens dans le monde Un groupe de jeunes membres de l glise vang lique 2013 face2faith eu 198 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE D autres participants pr f rent viter le sujet des croyances pour se tourner vers les d fis soci taux Le type de th me non religieux qu ils veulent aborder d pend globalement de leur vie personnelle et ou professionnelle Par exemple une infirmi re en service d oncologie est d avis qu il faudrait prendre en consid ration la question de la fin de vie et des soins m dicaux en g n ral Un groupe d tudiants libres penseurs n erlandophones soutient que la question des sans papiers et des demandeurs d asile doit tre voqu e Ils partent du principe que tous les types de croyance pr nent le soin des r fugi s et ils aimeraient savoir comment les religieux appliquent cet id al dans leur vie de tous les jours Un pr dicateur protestant la t te d une organisation sociale pense qu il est important d aborder la question de la durabilit Une professeure juive de philosophie est d avis quant elle que les questions qui f chent comme la question d Isra l ou les questions de sexualit s ne doivent pas tre vit es Le
59. l on ne peut que conseiller de se demander en quoi et pourquoi il voudrait accorder ou non cette qualit au pr sent travail La question de la r f rence On s tonnera peut tre de l absence quasi totale de r f rences dans le cours du texte de r f rences d autres travaux articles ou livres scientifiques Cela r sulte d un choix conscient de la part des chercheurs On attend souvent juste titre des travaux dits scientifiques qu ils s inscrivent dans le feuilletage de l intertextualit des productions scientifiques en se situant par rapport elles En ce qui concerne les religions croyances et convictions Une norme et excitante litt rature scientifique sociologique anthropologique historique se trouve la disposition de ceux qui trouveraient le courage de l investir Ce n est ici nullement par manque de courage ou d int r t que ces r f rences sont absentes I n est certainement pas question non plus d affirmer qu un tel travail n aurait rien apport de plus au contraire Deux raisons ont pr sid ce choix Premi rement la volont que le rapport soit accessible au plus grand nombre ce qui n implique nullement d abandonner tout appareillage conceptuel les concepts seront bien pr sents dans les pages qui suivent mais de ne pas confronter le lecteur l historique de d bats tenus dans des 2013 face2faith eu INTRODUCTION c nacles particuliers lorsque cet
60. l ouverture est per u comme une menace pour l identit Ainsi quelques paroissiens fid les ont prouv des difficult s lorsque nous avons accueilli dans notre glise une manifestation bouddhiste Un repr sentant de la communaut protestante de Bruxelles En effet l important degr d ouverture aux autres affich non seulement par l glise protestante mais parfois aussi par certains autres courants est parfois consid r comme un pas trop loin ou trop rapide pour certains croyants 2013 face2faith eu CH 2 ETRE EN COMMUNAUT AUJOURD HUI INTERACTIONS ET TENSIONS Ensuite toujours concernant l Eglise protestante certains r pondants rep rent l insuffisance d une construction identitaire solide de leur communaut bas e sur des valeurs et des rites clairement d limit s Je trouve que l glise chr tienne protestante doit se d finir de mani re plus claire Si dans l glise catholique il n y a aucun mouvement l glise protestante quant elle va parfois trop loin dans son dynamisme Tout est possible aussi plus rien n est clair pour le public L ouverture ne peut pas se faire au d triment de la clart Un ancien directeur protestant d une cole interconvictionnelle Finalement un autre pasteur protestant questionne la modestie de son Eglise qu il consid re exag r e coupl e la discorde interne et semant la confusion vis vis de l ext rieur Comme la premi re citation du point p
61. la pauvret sans avoir par exemple acc s aux soins de sant Une professeure de litt rature germanique de confession juive Les r pondants sont d avis que le syst me conomique actuel doit tre modifi N anmoins les id es qu ils se font de ces modifications ainsi que de la fa on de les mettre en uvre demeurent assez th oriques et vagues 1 2 La crise cologique Beaucoup d interview s sont inquiets pour l environnement et plus g n ralement pour la plan te Ce d fi est souvent li au nombre croissant de r fugi s environnementaux D autre part certains r pondants ressentent une responsabilit de laisser apr s eux un monde propre et de ne surtout pas laisser l guer de d chets notamment nucl aires comme le dit Un bouddhiste flamand La question de l environnement est une question mondiale les r pondants ont donc pos le probl me aussi bien pour la Belgique que pour le reste du monde Ils soutiennent par ailleurs que la Belgique fournit des efforts pour prot ger notre environnement m me si elle pourrait en faire davantage On trouve toutefois dans notre mat riau certaines personnes qui ne sont pas convaincues de la n cessit de prot ger l environnement Enfin beaucoup d clarent que la Belgique est g n ralement plus active dans ce domaine que le reste du monde 2013 face2faith eu CH 3 LA PERCEPTION DES DEFIS SOCIETAUX Pour ce qui concerne l environnement
62. le journal du jour Cela signifie tre tourn vers le monde et vers ce monde qui vit L vangile doit tre traduit dans les mots d aujourd hui et pour cela on ne peut pas vivre dans une tour d ivoire Un pr tre catholique socialement engag Plus g n ralement il nest pas rare de constater aupr s de nos r pondants une valorisation de lengagement social comme le montrent titre d exemple les propos de ce juif lib ral mettant l accent plus sur la pratique que sur la croyance en elle m me Pour un juif Pour un juif la vraie question est qu est ce que je peux faire Et non pas qu est ce que je crois Un repr sentant du juda sme lib ral 89 2013 face2faith eu 90 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE 1 3 L unit dans la diff rence Comment faire communaut en d pit des diff rences voire des divergences individuelles ou de groupe Tel est le troisi me d fi qui semble traverser plusieurs communaut s et que les r pondants abordent sous l angle du probl me de l Unit dans la diff rence Ce d fi est notamment pr sent dans les mouvements convictionnels ath es libres penseurs et francs ma ons qui plut t que de se baser sur des valeurs partag es concordent dans une m me m thode de pens e pouvant par contre aboutir des id es et valeurs tr s divergentes Ainsi Un membre du Grand Orient de Belgique nous pa
63. le Court Monsieur Roch Doliveux Baron et Baronne Gehot Monsieur et Madame Paul Goldschmidt Monsieur Regnier Haegelsteen Baronne Charles d Huart Baron et Baronne Daniel Janssen Monsieur et Madame Dominique Lancksweert Monsieur Thomas Leysen Madame Martine Lhoist Monsieur Sadig Malki Prince et Princesse Baudoin de Merode Madame Cati van Milders Artiste Peintre et Entrepreneur social Madame Luc Mikolajiczak Madame Claude de Selliers de Moranville Baronne Peterbroeck Madam arie Claude Solanet Monsieur Christian van Thillo Monsieur et Madame Jacques van Rijckevorsel Madame Ariane Verhaeghe de Nayer Monsieur et Madame Edouard Verhaeghe de Nayer Madame Anne van der Vaeren Associations Fondations et Institutions Fondation Roi Baudouin Axcent ASBL Axf cent Co Mana e mana F d ration des Organisations Islamiques en Europe V7 Fondation Futur 21 s UniOne Foundation w UniOne La Loterie Nationale Loterie Nationale Minist re des Affaires Etrang res Ministerie van de Vlaamse Gemeenschap Rene Toerisme Vlaanderen il 229 2013 face2faith eu ee face2faith dialogue amp conviction Ce rapport est le fruit d un processus au long cours qui a commenc par des questionnements sur la place des convictions dans la soci t contemporaine Il s est poursuivi au moyen d une campagne d coute compos e d entretiens et de focus groups avec plus de 400 i
64. le d bat au vrai faux associ un d sir de pros lytisme De leur c t libre pens e et ath isme jouent un r le positif en adoptant la fonction de partenaire neutre par rapport aux questions thiques dans la soci t En outre les ath es et les libres penseurs respectent et reconnaissent g n ralement la multiplicit sociale Un professeur ath e Nous avons n anmoins souvent pu rep rer dans la campagne d coute l expression r it r e l int rieur de quelques communaut s religieuses d un questionnement certain des dogmes et d une prise en compte consciente du respect de la divergence dans un contexte de s cularisation soci tale Cette divergence de points de vue de soi et de lautre se remettant en question mutuellement renvoie au constat qu l int rieur des communaut s galement il est possible de distinguer des courants de valeurs divergentes voir chapitre 2 1 Les tensions intracommunautaires Certains r pondants affichent m me une plus grande solidarit avec des personnes promouvant des valeurs similaires mais appartenant une autre religion ou conviction qu avec des personnes de m me foi mais aux valeurs contrastantes Ainsi une femme catholique affirme se sentir plus proche des soufis que des int gristes catholiques 10 Voir par exemple la citation du jeune animateur d une association socioculturelle musulmane dans 2 1 a La base versus la hi r
65. le dialogue des individus et des communaut s Reste savoir quelle forme peut rev tir ce dialogue dans les esprits des r pondants 2013 face2faith eu CONCLUSION Ceci a t l objet du dernier chapitre de ce rapport L encore des lignes de tension sont apparues de fa on manifeste Si tout le monde ou presque s accorde sur la n cessit de dialoguer les modalit s de mise en uvre d v nements de dialogue sont multiples qui doit participer Quels sujets aborder Que peut on esp rer d un dialogue interconvictionnel Quelles seraient au contraire les limites de ce type d change Les r ponses ces questions sont souvent contrast es entre les partisans d un dialogue ouvert tous m me aux fondamentalistes et ceux qui consid rent que le dialogue ne peut fonctionner qu avec des gens qui se d pouillent ne serait ce que momentan ment de la pr tention la v rit exclusive De m me un dialogue interconvictionnel n est digne de ce nom pour beaucoup qu partir du moment o l on aborde les questions de croyance Pour d autres ces derni res sont si sensibles et ind cidables qu il y a plus gagner en les rempla ant par des questions soci tales qui concernent toutes les communaut s Les espoirs relatifs au dialogue interconvictionnel vont quant eux de l enthousiasme franc une forme de modestie certains y voient une occasion d initier des mouvements de solidarit
66. le mouvement libre penseur Comme le reconna t le r pondant suivant Libert et honn tet vont ensemble et sont tr s difficile r aliser soutenir ce sont en fait des concepts relatifs utopiques Un membre d un groupe d tudiants libres penseurs n erlandophones 69 2013 face2faith eu 70 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Une franc ma onne ath e et bouddhiste attachant beaucoup d importance au libre examen va dans le m me sens et non seulement reconna t pour elle mais valorise aussi l existence de certains rep res moraux On n est libre que dans un cadre comme pour un tableau m me le plus beau des tableaux a un cadre De m me il est important pour nous de mener notre vie dans un cadre quitte le fixer soi m me car sans r f rent moral la vie devient vraiment compliqu e Une franc ma onne de confession bouddhiste En conclusion la d finition plus ou moins convictionnelle subjectiviste des mouvements ath e libre penseur et humaniste donne lieu des d bats complexes au sein de ces mouvements On peut supposer qu au centre de ces d bats se trouve la question de l aspiration une construction identitaire plus ou moins communautaire voir Chapitre 2 1 5 Entre ouverture et r actionnisme identitaire et par del de la n cessit ou non de la construction d un syst me de valeurs plus ou moins d fini Com
67. le symbolise la traduction identique en h breu des mots muet et violence On observe ici l association avec la violence pouvant r sulter de l ignorance et du repli sur soi au sein de la soci t Outre le fait de repr senter un devoir d ouverture et de connaissance de l autre la citoyennet est donc interpr t e par de nombreux r pondants comme l tablissement d une relation r ciproque entre la soci t et l individu de la contribution des individus et des communaut s au bien tre g n ral capable de rejaillir son tour sur le bien tre personnel Il est remarquer que le concept de citoyennet dans ses diff rentes acceptions au travers des entretiens est g n ralement associ un effort devant tre soutenu long terme pour en cueillir les fruits Ainsi ce r pondant tente de faire comprendre en opposition au discours individualiste actuellement pr sent dans notre soci t voir chapitre 3 3 6 La solitude de l individualisme qu il serait bon d aller plus loin en donnant la priorit la collectivit bien qu il faille pour cela une v ritable r volution dans l esprit de chacun Il faudrait que l on subordonne ou tout le moins que l on accorde l int r t individuel ou communautaire l int r t plus g n ral Pour pouvoir relever ce d fi immense il faut d abord tenter d lever notre conscience individuelle pour pouvoir ensuite au travers d une propagation
68. leur religion De mani re surprenante des r pondants non religieux aussi d noncent les d rives antireligieuses dans l opinion publique comme ce jeune ath e socialement engag Si la religion a cristallis les oppositions dans l histoire et en est un des grands symboles dans nos soci t s elle devrait s engager activement sur le chemin de la conciliation avec les autres religions vers l ouverture et le respect des autres De la m me mani re la partie areligieuse de la population devrait en finir avec l acharnement contre la religion et faire l effort d couter les croyants Un jeune ath e socialement engag En dernier lieu il ny a pas que les membres des communaut s religieuses qui disent prouver Un impact n gatif du regard ext rieur producteur de st r otypes Ainsi Un jeune libre penseur nous explique qu il trouve injuste que des personnes ext rieures au mouvement et g n ralement croyantes assimilent libre pens e amoralit Et un franc ma on d plore la m fiance du grand public envers les cercles francs ma ons et les sp culations parfois fantaisistes sur leurs activit s dues selon lui au devoir du secret garantissant la confiance mutuelle et l expression libre l int rieur de ces cercles 3 2 Discrimination stigmatisation intol rance Renvoyant leur image n gative exacerb e depuis 2001 voir le point pr c dent ce sont en majorit des r pondants musulmans qu
69. libre penseur cette pratique ne semble par contre pas pouvoir tre assimil e au rite certains consid rant m me l usage de rites dans les communaut s religieuses comme l une des diff rences cl s avec le mouvement ath e Ce qui diff rencie la libre pens e de la religion ce sont les rites et les dogmes extr mement pr cis tissant des liens entre des croyants dans une communaut alors que la libre pens e ne b tit de liens que dans la recherche d un m me mode de vie Un membre d un groupe d tudiants libres penseurs francophones Ce qu indique ce r pondant ici c est que l usage de pratiques rituelles et de dogmes d limit s contribuerait la construction de liens forts entre les membres d une m me communaut ce qui n est donc pas le cas pour le mouvement libre penseur qui ne d limiterait pas strictement ses pratiques ni ses valeurs Cette affirmation renvoie la distinction entre l ath isme pur et l ath isme positif ce dernier promouvant des valeurs plut t d finies et permettant partir de l une construction communautaire plus forte voir Chapitre 1 3 222 dans l ath isme positif de l humanisme Par ailleurs tout comme le rite religieux permet l tablissement d une connexion verticale entre l individu et un dieu plus ou moins d fini ou triangulaire entre Dieu l individu et l environnement social la citation affirme que la libre pens e tablit aussi une connexion bien qu exclu
70. mission divine comme le confirme un repr sentant de cette glise En outre cet amour s applique toute personne en premier celle qui est physiquement pr s de soi A ce propos une politicienne chr tienne orthodoxe nous explique que l apprentissage de l amour du prochain d abord dans l espace est peut tre la condition sine qua non pour savoir respecter ceux qui sont plus loin Autre point de correspondance entre les diff rents r pondants cit s ant rieurement l id e que l amour du prochain cela s apprend Dans les communaut s catholique et protestante la notion de lamour vocationnel est galement pr sente bien que celui ci soit plut t d fini comme une dette remplir vis vis de J sus Christ qui a donn sa vie par amour pour l homme Par ailleurs plusieurs r pondants catholiques et protestants citent la figure de J sus comme source d inspiration principale pour accomplir cette mission J sus Christ est ma valeur principale Toutes mes autres valeurs se rattachent lui J aimerais donner comme lui parler comme lui tre fid le et stable comme lui Un jeune pr tre catholique Finalement en opposition aux r pondants selon qui l amour rel ve de l apprentissage une jeune femme vang lique vit l amour qu elle a pour ses proches comme quelque chose qui lui est transmis directement par Dieu consid rant que l homme seul n est pas capable de vivre un amour si profond divin
71. moins partag es par les diff rentes religions institutionnalis es Je me sens enracin e dans ma foi en J sus Christ et les vangiles mais je ne le suis certainement pas d une fa on exclusive Tout en revendiquant mon identit qui est distincte de celle des autres monoth ismes j insiste pour dire que les chr tiens n ont pas le monopole des valeurs vang liques Le respect la solidarit la g n rosit sont des valeurs partag es par les autres traditions Une dame fort engag e dans les uvres caritatives Comme l indique cette femme si de nombreux r pondants religieux et non religieux parlent commun ment de valeurs partag es par toutes les religions on peut par contre d duire de leurs paroles qu ils font essentiellement r f rence aux religions monoth istes Une valeur faisant exception cette observation semble tre la r gle d or mentionn e par plusieurs r pondants religieux et non religieux La R gle d Or comprend quatorze religions dont les sept religions les plus grandes et elle dit ne faites pas aux autres ce que vous ne voudriez pas que l on vous fasse Voil une valeur de base un humanisme La R gle d Or est apparue de mani re plus ou moins s par e dans les 2013 face2faith eu 105 106 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE diff rentes religions Si nous ne respectons pas cette r gle nous nous tu
72. opinion Ils sont favorables l approche bottom up et consid rent qu il est important et n cessaire que des gens ordinaires qui n assument pas de fonction ou de responsabilit particuli re au sein de leur communaut puissent dialoguer et faire passer un message Je vois vraiment une plus value dans le dialogue interreligieux pour relever les d fis soci taux La religion ne doit plus tre d tourn e des fins personnelles il doit y avoir un d bat ouvert qui aboutisse des compromis Diff rents niveaux devraient tre impliqu s le niveau politique les m dias il devrait y avoir un type de 2013 face2faith eu CH 6 ORGANISER LE DIALOGUE INTERCONVICTIONNEL PI GES ET POTENTIEL protocole auquel se tiendraient les journalistes les gens nous devrions faire un battage m diatique de la religion rapprocher la religion des gens montrer que les religions peuvent travailler ensemble Nous devons nous asseoir ensemble pour aborder les conflits du monde Un coordinateur d une association islamique Si on envisage la coop ration interconvictionnelle une premi re tape est d apprendre se conna tre au del des clivages historiques L change entre individus plut t qu entre institutions est ici primordial Puis il est crucial d organiser ces changes dans un cadre prot g une ambiance de confidentialit La m diation entre personnes joue un grand r le ici mais aussi l engagement la d
73. peut aussi renvoyer au champ culturel sur les questions de respect des cultures et de l interculturalit On ne saurait enfin oublier l aspect ethnique Sans se focaliser trop sur les d finitions sp cifiques que les r pondants ont donn es de la diversit nous pouvons avancer qu elle est un sujet de pr occupation g n rale qui a un impact sur la vie personnelle et professionnelle Le plus grand d fi social est de vivre ensemble et penser l avenir Nous avons besoin d une id ologie progressiste en tant que soci t La diversit a des limites et nous devons donc la d finir la diversit s arr te lorsque la diversit des autres est compromise Aujourd hui nous sommes en statu quo et nous ne regardons plus vers l avenir nous ne regardons qu demain Comme soci t nous pr tendons tre en faveur de tout transgenres personnes handicap es etc Nous oublions une chose c est que nous avons accompli un certain nombre d tapes mais tout le monde ne nous a pas rejoint et tout le monde n est pas pr t pour cela Il y a beaucoup d angoisse par rapport au d veloppement identitaire ce qui m ne dans une large mesure au protectionnisme Une musulmane qui travaille la province du Brabant flamand Parmi les d fis soci taux je pense au respect de la diversit Bruxelles en Belgique et en Europe Nous dirigeons nous vers l application d une th orie de mixit dans le respect et la pr servation de l i
74. pointer des convergences ou suivre des parcours de croyance et de d veloppement convictionnel Bien au contraire notre grille d analyse a fait la part belle aux lignes de tension Ces tensions sont r v latrices de diff rends mais aussi du m me coup de zones de n gociation susceptibles d alimenter des dialogues Au niveau intrareligieux on retrouve les questions du foss entre les lites d une communaut donn e et la base constitu e des croyants ordinaires On trouve aussi la question du foss g n rationnelentre croyantsjeunes et moins jeunes sans oublier les redoutables difficult s li es aux cat gories telles que progressistes et conservateurs Outre l existence des communaut s en tant que telles c est finalement l image qui est en jeu dans une soci t de la perception o l autopromotion passe de plus en plus par la cat gorisation des autres Les donn es r colt es ont aussi permis une volution sur le terrain de la campagne elle m me La r currence du th me de l ducation et de la transmission a pouss l quipe accorder une place particuli re aux coles et en particulier aux cours dits philosophiques expression d signant autant les cours de religion que le cours de morale non confessionnelle Les motivations de la transmission sont multiples survie communautaire affirmation identitaire ou encore pr paration au vivre ensemble chaque communaut ayant des raisons plus ou mo
75. pour un meilleur vivre ensemble on a constat une grande diff rence dans la d finition et la concr tisation de ces valeurs Cette diversit de regards pourrait donner lieu un d bat int ressant et porteur d une meilleure compr hension mutuelle Ensuite la confusion apparente dans la campagne d coute autour de la signification en th orie et sur le terrain de l organisation de la soci t en sph res priv e et publique a lieu d tre clair e dans le but de permettre chacun un espace d expression et d intervention plus claire Puis encore si le mod le a e e de vivre ensemble de l int gration de l unit dans la diff rence t le plus appr ci travers les entretiens l quilibre difficile entr respect de la diff rence et construction d un projet commun semb n cessiter un va et vient dynamique entre les diff rents acteurs de ce vivre ensemble Finalement on peut faire l hypoth se que la n cessit d une meilleure compr hension mutuelle d une r partition juste et claire mais dont les termes restent d finir entre espaces priv et public et d une relation respectueuse entre la diff rence et l Unit dans la soci t conditionnent leur tour le besoin de synergies entre diff rentes communaut s convictionnelles et religieuses En effet si de nombreux r pondants estiment qu au del des oppositions la coop ration intercommunautaire autour d u
76. probl mes concrets comme la crise conomique et la crise cologique pour ce qui rel ve du mat riel les questions d immigration et de g opolitique pour l humain et enfin la perte des valeurs familiales la d pr ciation des religions et la vitesse de nos soci t s pour ce qui est du spirituel Les lignes de tension sont r apparues lorsque l on a abord les solutions adopter pour rem dier aux d fis soci taux identifi s Ces lignes de tension n ont pas t compl tement explicites la majorit des r ponses des interview s a tourn autour des notions de connaissance de l autre de tol rance de respect de citoyennet et de responsabilit Encore une fois est il simple de ne pas penser spontan ment ces notions Mais une analyse plus fine montre que derri re ces termes ces signifiants vides on trouve des acceptions diff rentes pas toujours concordantes et parfois m me en conflit Rappelons l exemple de la tol rance qui est une vertu pour certains et Une notion suspecte pour d autres De m me pour la notion de citoyennet que l on a vue pr sent e en termes de devoir ou de libert ce qui n est pas la m me chose Finalement et c est ce qui est tr s motivant pour face2faith c est aussi le dialogue qui est revenu fr quemment au rayon des solutions aux d fis de notre soci t L interaction qui est le pr suppos de la connaissance de l autre peut et doit tre mise en uvre par
77. projets communs Un Belge converti au soufisme Gr ce la rencontre avec les autres religions j ai largi ma vision de la religion ma s je l ai galement approfondie Et gr ce l interaction avec les autres religions j ai confort mon appartenance chr tienne mais aussi bouddhiste Je me qualifie de bouddhiste chr tien Je suis convaincu que le dialogue interreligieux n rode en rien l identit de notre foi bien au contraire Pour moi il est essentiel de se d faire des lieux et id es re ues car cela nuit Dieu Il s agit au final et bien au del de toute rationalisation d avoir une confiance sans fin et sans limites Le chemin spirituel personnel qui est toujours solitaire est pour moi le seul chemin vers la vraie foi Un pr tre catholique coordinateur d une association promouvant la coh sion sociale Des r pondants affirment que le premier pas faire pour atteindre le respect la tol rance et l amour mutuel est la connaissance Cette derni re est par ailleurs un moyen d viter l extr misme La cl de vo te pour accomplir tout ceci est la sinc rit 2013 face2faith eu 214 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Le dialogue interconvictionnel peut faire sortir les gens de leur carcan habituel Il peut les amener se comprendre mutuellement C est un endroit pour rencontrer des gens pour expliquer ses id es dans des ci
78. r pondants que la pratique de la tol rance et du respect de l autre est un art jamais acquis toujours refaire Tous les jours j essaie consciemment de m ouvrir la diff rence de l autre m me si parfois c est difficile Tenter vraiment de comprendre l autre de compatir avec lui de lui faire droit c est toujours un art et jamais un acquis Un repr sentant de la communaut protestante de Bruxelles 1 3 Citoyennet et int r t pour le bien commun La tol rance et le respect de l autre dans la diff rence de sa culture de sa conviction et de ses pratiques cela ne va pas de soi Pourtant de nombreux r pondants estiment que ces dispositions 2013 face2faith eu 147 148 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE sont des principes cl s du bien tre de nos soci t s globalis es L interd pendance conomique politique et g ographique toujours croissante nous pousse tablir des solutions des probl mes communs et agir ensemble pour un avenir meilleur La citoyennet c est dire la contribution positive et consciente de chacun la soci t appara t ici non plus comme un choix mais comme un devoir II faut agir face aux d fis du vivre ensemble ainsi que le disent les membres d une communaut juive lib rale car ne rien faire n est pas une option rester muet entra ne la violence comme
79. rencontres de montrer l exemple et de mettre en uvre une coop ration substantielle Un animateur de dialogue interconvictionnel dans une association sociale chr tienne Il appara t clairement que les positions sur ce que l on est en droit d attendre d un dialogue interconvictionnel sont plurielles Certaines sont plut t optimistes d autres moins On trouve aussi bien des attentes concr tes que d autres plus th oriques Ce qui se manifeste avec vidence en tout cas c est que presque tous les r pondants sont d avis que le dialogue interconvictionnel peut am liorer le monde dans lequel nous vivons En se comprenant mutuellement nous pouvons mettre en place des actions de concert pour r soudre nos probl mes communs Conclusion Ce chapitre a vis mettre en lumi re ce que les r pondants au cours des interviews et des groupes de discussion ont exprim sur le th me du dialogue interconvictionnel Nous avons d abord cern en quoi ils consid rent que ce type de dialogue est n cessaire La perspective la plus commune pour les religieux comme pour les non religieux a t celle de l interconnaissance avec en prime la connaissance de soi Cette connaissance mutuelle est n cessaire du fait que nous faisons face des d fis communs qui appellent une coop ration et des actions de concert pour les r soudre En deuxi me lieu nous avons analys les sujets que les interview s
80. seras toujours bien Un animateur sportifs de confession musulmane Quand je fais quelque chose je regarde si a correspond l thique de ma religion Si je vois un truc qui est d plac je ne le fais pas Un jeune animateur d une association socioculturelle musulmane Un autre interview nous confie m me que sa fid lit envers sa femme est tout autant une question de responsabilit personnelle que de responsabilit religieuse c est dire de responsabilit envers Dieu il reste fid le sa femme pas uniquement mais aussi par respect pour Dieu L aspect th rapeutique de la religion le sens qu elle v hicule et le r le de catalyseur qu elle peut jouer en termes de mise en uvre des valeurs ces trois axes ne sont pas ind pendants les uns des autres Il s agit d une coh rence d ensemble l encouragement thique v hicul par une religion est directement li au sens existentiel qu elle convoie notamment sur la question de la souffrance Bien entendu rien n interdit de penser qu il existe encore d autres dimensions dans la justification de la croyance religieuse mais ces trois l sont celles qui sont ressorties de la fa on la plus vidente durant notre campagne d coute 2013 face2faith eu CH1 ETRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS 4 4 Croyance et Dieu un lien qui n est pas automatique Si jusqu ici nous avons point plus particuli rement la just
81. sultats plus holistiques Une chercheuse experte en pr carit sociale 2013 face2faith eu 164 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Dans le domaine de l conomie ensuite plusieurs r pondants musulmans entre autres font r f rence au principe de la finance islamique comportant une interdiction de l int r t et un devoir de responsabilit sociale de l investissement Ainsi Un groupe de jeunes musulmans estiment que dans la recherche visant tre un vecteur de changement un exemple dans la soci t au lieu d adopter une attitude de rejet vis vis d elle la finance islamique est un mod le exemplaire du potentiel de contribution de l islam un vivre ensemble plus thique Finalement propos du besoin exprim par de nombreux r pondants de plus d interaction et de dialogue en soci t entre communaut s et individus de diff rents horizons afin de r duire certaines tensions e v t de construire des synergies plusieurs r pondants renvoient la alorisation active du d bat et de la diff rence des points de vues stimulant celui ci par le mouvement libre penseur Finalement afin que ce d bat se d roule de mani re fructueuse il est crucial selon le franc ma on suivant d assurer un cadre prot g dans lesquels ces changes peuvent se poursuivre I fait ici r f rence au devoir du secret dans la franc ma onnerie
82. syst me d organisation des pouvoirs Premi rement on constate que la quasi unanimit des r pondants disent appuyer le principe de la souverainet la que Ainsi le r pondant ath e suivant affirme que dans une soci t de plus en plus multiculturelle et multiconvictionnelle la neutralit de l tat est cruciale pour le bon fonctionnement de la soci t Pour moi religion et spiritualit doivent demeurer strictement priv es Chacun peut croire au dieu qu il veut et d duire de sa foi un certain nombre de r gles qui reposent ou non sur des textes historiques mais c est une affaire priv e Les autorit s doivent tre aussi neutres et ath es que possible Je pense que c est tr s important car nous vivons dans un monde qui devient de plus en plus petit o dans un m me lieu coexistent plusieurs cultures et plusieurs religions Le pouvoir en place ne peut alors pas tenir compte de toutes les petites et grandes r gles que certaines religions d cr tent pour leurs adh rents Il faut donc un pouvoir qui d cr te des r gles humaines applicables tous et nous n avons pas tenir compte de r gles religieuses Personnellement je trouve que chacun a le droit de croire ce qu il veut pour autant que cela n entre pas en conflit avec les lois du pays o il r side Un ath e engag dans une association socioculturelle progressiste De mani re similaire Un jeune animateur d une organisation socioculturelle mu
83. t on a l impression que la circulation de plus en plus libre des personnes et des biens fait au contraire empirer la situation Les personnes interview es consid rent que la mondialisation est irr versible C est pourquoi il faut en tirer les avantages et apprendre les uns des autres pour assumer collectivement les responsabilit s li es aux probl mes engendr s par la mondialisation m me Je pense que la mondialisation et la s cularisation sont parmi les plus grands d fis sociaux Je regrette que cette soci t tende de plus en plus droite et que les communaut s ferment g n ralement leurs fronti res plut t que de les ouvrir Une coordinatrice musulmane d un centre d tude de l islam Les multinationales deviennent un probl me v ritablement actuel et qui s aggrave notamment parce qu elles vident les gens de leurs conomies et cr ent de la pauvret par pur d sir de profit C est le cas m me dans les domaines auxquels on ne s attend pas comme l cologie Les oliennes par exemple cachent en fait un v ritable lobby Une enseignante de religion protestante Pour ce qui est des d fis majeurs dans notre soci t nous consid rons que le progr s et le perfectionnisme technique et scientifique dominants devraient tre utilis s comme moyens plut t que comme un but en soi n engendrant que plus de mat rialisme Notre adage vie simple 2013 face2faith eu CH 3 LA PE
84. terrain nous a sembl compl ter l autre dimension plus abstraite de ce rapport en offrant une fen tre sur l un des enjeux concrets de la question des croyances de nos jours Le lecteur pourra en effet lire ici les t moignages de professionnels interview s individuellement ainsi que des extraits issus d un groupe de discussion de professeurs travaillant dans une cole bruxelloise aux l ves dits difficiles Le choix de pointer un groupe particulier uvrant sur un terrain r put compliqu permet d approfondir les analyses et d exploiter au maximum les lignes de tension que l on pourra y d celer Nous verrons d ailleurs que d int ressants liens peuvent tre tablis entre les repr sentations des professionnels les repr sentations des non professionnels et les diff rents enjeux communautaires autour de la transmission notamment concernant la p rennit des traditions 170 2013 face2faith eu CH 4 COMMENT RELEVER LES DEFIS SOCIETAUX SUGGESTIONS ET IDEAUX DES REPONDANTS Notons enfin que le libre examen n est pas en reste sur le th me de la transmission ce qui alimente de surcro t la r flexion sur la dimension communautaire libre exaministe d j initi e dans les chapitres pr c dents Nous verrons aussi en quoi la question de la transmission a t li e par les interview s la question plus g n rale du rapport entre sph re priv e et sph re publique 1 L ducation convictionnel
85. textes sacr s soient l autorit ultime ils ne re oivent du sens que quand ils entrent en relation avec l homme D ailleurs un r pondant franc ma on explicitant qu il parle en son nom et non pas au nom de la franc ma onnerie en tant que telle s aventure approuver la possibilit de rapprochement des concepts de religion et de libre pens e Il est possible d arriver par la libre pens e dire J accepte ce dogme Quelqu un qui s impr gne de la richesse d un dogme par sa d marche personnelle est un libre penseur Un franc ma on croyant Le d bat autour de la distinction ou non entre la libre pens e et la pens e libre pourrait videmment jeter une autre lumi re sur la 2013 face2faith eu 51 52 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE question de penser librement l int rieur de la religion Reste galement la question des limites de cette pens e et si la r ponse est qu il n y en a pas ou qu il ne devrait pas y en avoir la question est de savoir si les concepts de libre pens e ou de pens e libre rel vent de m thode ou bien d id al Cette question sera creus e plus loin dans ce chapitre 2 3 De la spiritualit dans l ath isme De la m me mani re que la pens e libre et la croyance religieuse sont souvent per ues comme une contradiction dans les termes la spiritualit dans lath isme es
86. tout fait remarquables dans lesquels les questions de croyance et de conviction ont merg naturellement 2013 face2faith eu 219 220 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE C est sans doute l le premier l ment concluant de notre campagne d coute les questions de croyance ne sont pas des artefacts d li s des vies des individus Elles ne prennent leur sens que dans le contexte d un parcours de vie de ce qui y merge et ou qui r sulte d une impr gnation due l ducation la scolarit et aux tudes Ni pure mergence ni pure impr gnation le parcours de croyance d un individu peut tre autant le fruit de ce qu il h rite de son milieu familial que de rencontres parfois fortuites ou de ses lectures et exp riences d crites comme spirituelles Ce d veloppement tridimensionnel impliquant le c ur la main et la t te engendre aussi diverses formes de r appropriations allant d une interpr tation personnelle mod r e des textes sacr s et des dogmes leur remise en question voire leur critique compl te 1 2 Des clivages remis en question Le deuxi me point marquant r side dans les similitudes constat es entre religiosit et libre pens e sur certains points pr cis Tout d abord du point de vue religieux la question de l interpr tation personnelle et du libre examen des textes s est retrouv e m me chez
87. une affaire interpersonnelle la tol rance et le respect mutuels en soci t semblent galement tre influenc s par l actualit sociopolitique non seulement un niveau local mais aussi plus grande chelle Ainsi plusieurs musulmans affirment que l intol rance envers la communaut musulmane s est amplifi e consid rablement depuis les attentats du 11 septembre 2001aux tats Unis La crise socio conomique actuelle est galement cit e comme facteur entravant la pratique de la tol rance et du respect dans nos soci t s La tol rance appara t donc ici comme une notion dynamique soumise au contexte spatial et temporel De fa on int ressante plusieurs r pondants surtout non croyants mais pas seulement estiment que la limite de la tol rance de la pratique des convictions de l autre concorde avec la limite de la sph re priv e condamnant ainsi l expression convictionnelle et religieuse dans la sph re publique Or comme il sera discut plus loin au cours de ce chapitre la limitation entre sph re publique et sph re priv e diff re consid rablement d un r pondant l autre et pr te beaucoup de confusion Une autre limite la tol rance cit e de nombreuses fois semble tre aussi floue que la notion elle m me ll ne faut pas tre tol rant avec l intol rance Le sentiment d ind finition entourant les notions de tol rance et de respect finalement semble tout fait en phase avec le constat de plusieurs
88. valeur centrale dans ma vie personnelle partir de laquelle tout le reste d coule Elle structure ma vie mes valeurs mes comportements et mes relations avec les autres Un musulman originaire d Arabie Saoudite impliqu dans le dialogue interconvictionnel Dans tous les cas la religion apporte une forme d clairage d identit d orientation et de structure Si l on fait le lien avec le premier axe 2013 face2faith eu 79 80 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE celui de la religion comme m dicament vecteur de bien tre cet clairage prend la forme d un sens la souffrance on explique ses malheurs donc on leur donne un sens On leur donne un sens donc on les accepte On les accepte donc on les supporte mieux 4 3 La croyance comme catalyseur moral et thique Enfin le troisi me axe d j pr figur dans un extrait cit est celui de la religion comme convoyeur de contenu thique moral Nous avons en effet vu que l un des interview s liait explicitement absence de religion et absence de valeurs Sans aller jusque l la tendance relev e dans nos interviews aborde l id e de la religion non pas forc ment comme source de valeurs et encore moins comme source unique mais plut t comme catalyseur de mise en uvre de valeurs Le r sum de ce que le Coran dit est tu te comportes bien tu fais le bien alors tu
89. 2 1 Le r le des autorit s civiles Deux cas concrets dans lesquels les autorit s civiles ont potentiellement un r le jouer pour favoriser Un meilleur vivre ensemble sont apparus de mani re r currente travers la campagne d coute l organisation d une ducation de transmission de valeurs socialement valoris es qu elles soient confessionnelles ou non et le fa onnement politique d un mode de vivre ensemble particulier Un troisi me potentiel d intervention de la part des autorit s civiles consiste finalement en l organisation de la place des pouvoirs religieux et convictionnels dans la soci t r gulant un niveau public l influence de ces communaut s dans le vivre ensemble 2013 face2faith eu CH 4 COMMENT RELEVER LES DEFIS SOCIETAUX SUGGESTIONS ET IDEAUX DES REPONDANTS 211 ducation la diversit culturelle et convictionnelle Il en a t question pr c demment de nombreux r pondants estiment que la promotion de valeurs favorisant un vivre ensemble harmonieux passe en premier par l ducation C est par l change qu on apprend vivre en soci t La m me chose vaut pour les diff rentes communaut s religieuses Et l change devrait commencer l cole pourquoi ne pas instaurer des modules de religion o l on apprendrait tous la m me chose sur toutes les religions sur leurs diff rences et leurs similitudes Les connaissances acquises n
90. AUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE vers l infini Les leaders religieux ont leur responsabilit dans l laboration d une fraternit guider vers le passage de l humanit l ge adulte Un rabbin orthodoxe clairant sa mani re cette derni re phrase un r pondant musulman affirme que les communaut s ont effectivement un r le de repr sentation de leurs membres exercer aupr s de la soci t Se chargeant de la n gociation des priorit s entre l individu la communaut et la soci t elles peuvent alors viter l exc s par le dialogue Ces diff rents propos affirment galement le rejet de l intol rance et de l attachement une v rit exclusive comme condition une v ritable contribution constructive au vivre ensemble Comme le dit Un inspecteur de cours de religion de confession juive orthodoxe Les religions et les convictions ont un r le jouer dans l laboration de ces valeurs partir du moment o chacun se met la recherche de ce qui est commun Un professionnel de l enseignement philosophique Finalement afin de pouvoir servir de facteur influen ant constructivement la soci t actuelle les communaut s doivent se dynamiser davantage en s ouvrant plus aux r alit s de la soci t environnante tout en offrant Une base stable selon cette jeune femme socialement engag e Selon moi le religieux n a plus beaucoup de place dans la soci t
91. CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Le rapport est il scientifique Lorsque l on se pose la question de savoir d o parlent les auteurs de ce rapport on touche in vitablement celle du statut que pourrait endosser le statut du document L appellation de scientifique est souvent utilis e tort ou raison pour c l brer ou disqualifier un document une proposition Un argument Personne ne peut emp cher que ce soit galement le cas pour le pr sent travail Alors peut on scientifiquement prouver qu un rapport a t crit de fa on scientifique Non bien s r mais il est par contre possible d expliciter quels sont les crit res qui permettraient de qualifier ce rapport de scientifique ou non et comment le texte qui suit cherche s y conformer Derri re cette interrogation quant la scientificit d un texte se d voile celle la fois beaucoup plus sournoise mais beaucoup plus int ressante de savoir ce que le lecteur est en droit d attendre du texte qui lui est soumis On pourrait aborder la question du caract re scientifique de ce document sous trois angles Pour chacun de ces crit res on verra que s il n est pas possible de qualifier le travail dont r sulte le rapport de scientifique selon une acception restrictive voire pauvre de ceux ci une compr hension plus intelligente permet certainement de revoir son jugement m me si la d cision revient au final chaque lecteur qui
92. CH 3 LA PERCEPTION DES DEFIS SOCIETAUX soci t afin de contrebalancer le mat rialisme et le rationalisme du monde dans lequel on vit Le d fi de la soci t au sens large est de ne pas oublier l humain Un tre humain est la fois un corps physique et spirituel Nous nous concentrons sur les plaisirs court terme et oublions le long terme Un groupe de fr res et s urs d origine indienne de confession chr tienne syriaque Nous avons besoin d une nouvelle conscience religieuse L je ne parle pas de nouveaux courants religieux ou d sot risme mais plut t de sortir des canevas officiels pour chercher de la profondeur Un pr tre catholique engag dans le dialogue interconvictionnel Le d ficit des croyances est mettre en lien avec beaucoup d autres d fis soci taux que nous aborderons plus loin dans ce chapitre Par exemple la vitesse de la soci t est lier la n cessit de trouver des moments de l cher prise On peut aussi citer le lien avec le probl me de la transmission des valeurs religieuses de la d sorientation et de ali nation des plus jeunes etc En d pit de ces interconnexions la spiritualit m rite un traitement d di lest en effet interpellant que lorsque l on a questionn les interview s sur ce qu ils percevaient tre des d fis soci taux d envergure un certain nombre d entre eux se sont r f r s la spiritualit Nous interpr tons ce ph nom
93. CTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE 1 Des valeurs promouvoir Comment faire face aux nombreux d fis pos s notre soci t Les fronti res entre march s conomiques entre syst mes politiques et climatiques entre cultures religions et convictions y sont effac es bouscul es ou reformul es une vitesse qui semble d passer l individu Ce dernier se voit parfois priv de ses r seaux de soutien traditionnels Les multiples tentatives de r ponse ces nombreux d fis semblent faire ressortir une question cl quelle forme donner la relation entre l individu et le collectif En effet les diff rents d fis soci taux voqu s au chapitre 3 ont en commun soit un impact sur les d fis du vivre ensemble soit en manent Ainsi une grande partie des r pondants associe les d fis soci taux les plus divers un probl me g n ral de manque d interaction et d absence de dialogue Les solutions ce manque sont majoritairement exprim es dans unjeu de langage dans lequeltrois notions reprenant trois valeurs o attitudes cl s semblent trouver une place de choix la connaissance et la compr hension de l autre les notions de tol rance de respect et de citoyennet et enfin la responsabilit personnelle et collective du bien tre en soci t 11 La connaissance base du vivre ensemble De nombreux r pondants religieux
94. Dans le cadre d un dialogue interconvictionnel l change entre individus plut t qu entre institutions est primordial Puis il est crucial d organiser ces changes dans un cadre prot g une ambiance de confidentialit La m diation entre personnes joue un grand r le ici mais aussi l engagement la discr tion entre interlocuteurs En fin de compte si la confiance mutuelle est trop faible il n y a pas d expression libre pour parler de la signification des mots pour creuser pour se lancer dans la pratique Un franc ma on francophone membre du Grand Orient de Belgique 2 2 3 De la th orie la pratique Islam et engagement s accordent parfaitement Une jeune musulmane socialement engag e Comme on l a vu quasi tous les r pondants sont d accord sur le fait que les religions et convictions ont un r le constructif jouer pour un meilleur vivre ensemble et qu elles comportent des pratiques 12 La m me citation revient dans le chapitre 3 pour d crire le d fi de La soci t de la vitesse voir chapitre 3 3 3 2013 face2faith eu CH 4 COMMENT RELEVER LES DEFIS SOCIETAUX SUGGESTIONS ET IDEAUX DES REPONDANTS des valeurs et des savoirs pouvant inspirer des solutions concr tes aux d fis actuels Toutefois de nombreux r pondants estiment que les diff rentes communaut s font trop peu d efforts pour r aliser ce potentiel et le mettre au service de la soci t La religion pe
95. E 1 2 La croyance au c ur des rencontres l interpersonnel et le charismatique Bien que l h ritage familial ait t le premier l ment mentionn par les interview s d autres l ments parfois inattendus ont aussi contribu leur construction religieuse convictionnelle Parmi ces l ments on retrouve souvent le facteur humain notamment des rencontres ou des liens tablis Je suis n dans une famille catholique J ai fr quent une cole plut t la que Je me suis loign du christianisme parce que l cole pointait la contradiction des catholiques dans la lutte contre la faim dans le monde et l interdiction de la contraception Je me suis alors d tourn de la foi tout fait Vers 15 ans j tais compl tement ath e J ai fait des tudes de philosophie de la science l ULB ce qu il y a de plus rationaliste sur le march Je suis parti comme professeur de philosophie aux les Comores o habitent beaucoup de musulmans J ai travaill autour de la pr vention contre la drogue Je me suis r orient vers les liens entre cultures en ethnopsychiatrie notamment Comme a je suis entr en contact avec une confr rie soufi D une part c tait une recherche la fois th rapeutique et spirituelle au niveau personnel J ai t un peu adopt par leur famille et ma conception a chang sur les pratiques religieuses populaires Finalement c est avec la confr rie que je me su
96. E CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS r ponses mais plut t un ensemble de dons don de sens don d orientation don de bien tre Nous sommes l dans un sch me que nous pourrions nommer optimisation la religion procure l individu un certain nombre d l ments qui rel vent tant t du bien tre tant t du th rapeutique en passant par des clairages identitaires et thiques qui lui permettent d optimiser son rapport soi et aux autres ce qui est compl tement diff rent d un rapport la religion comme source de r ponses toutes faites Notre mat riau nous indique en effet qu il y a peu de raison de penser que les individus suivent une religion pour viter de se poser des questions En fait l utilit de la religion telle que d crite dans nos interviews semble ind pendante des sch mes de la question et de la r ponse Nous sommes plut t ici face la religion comme tant une sorte de syst me catalytique qui motive des actions majoritairement prosociales m me s il ne faut pas n gliger la dimension d autopr servation notamment mise en avant par l interview e qui a parl de survie La tendance relev e dans notre mat riau nous permet d affirmer avec force qu aujourd hui l utilit de la religion est exprim e sur le terrain de l utilit personnelle rayonnement prosocial alors qu elle s exprime tr s peu voire pas du tout sur le terrain de la r tribution Dit autrement on
97. EL PI GES ET POTENTIEL Sont ce les participants eux m mes Un organisme neutre Est il possible de concilier les souhaits et les protestations des personnes qui d sirent participer 4 Quelles sont les limites de ce dialogue L organisation d un dialogue interconvictionnel implique des limites qu il faut garder l esprit Tout d abord et en continuit avec le sous chapitre pr c dent il ne sera probablement pas possible d impliquer tout le monde Plusieurs raisons peuvent pousser des individus ou des communaut s ne pas participer un tel v nement Parfois m me la simple pr sence d une communaut est une raison suffisante pour que des personnes annulent leur participation II se peut aussi que ce soit tout simplement la fa on dont le dialogue est organis qui ne plaise pas tout le monde C est pourquoi le choix des th mes aborder est crucial afin de cr er un v ritable espace o les participants se sentiront en s curit Quand j entends parler de dialogue interreligieux je pense l assimilation Cela a une connotation n gative pour moi Je pr f re une discussion sur les valeurs L Europe a beaucoup de ses valeurs inscrites dans des trait s Ces valeurs sont enregistr es par des politiciens des fonctionnaires et des diplomates Nous arrivons maintenant un stade o les gens d finissent leurs valeurs par la confrontation Ceci est important parce que les gens ont besoin d int rio
98. Et surtout en cherchant mettre en lumi re des lignes de tension L analyse n est pas en elle m me pol mique mais ses auteurs portent l espoir qu elle permettra de mieux pol miquer loin de l ir nisme de ceux 2013 face2faith eu INTRODUCTION qui tiennent la chim re d une grande communion sacr e dissolvant les diff rences Il y a en effet un art de la discussion voire un art de la dispute qui peut s acqu rir pour autant que les outils manier soient mis la disposition des protagonistes Si le rapport permet de progresser dans la maxime socratique inscrite sur le fronton du temple d Apollon Delphes Gnothi Seauton le fameux connais toi toi m me on consid rera qu il a rempli une bonne partie de sa mission AU final le rapport ne cl ture pas les interpr tations des ph nom nes observ s pas plus qu il ne cat gorise d finitivement les bonnes et les mauvaises pratiques I constitue une ouverture Une uvre ouverte comme le disait le s mioticien italien U Eco qui demande tre reprise et interpr t e qui esp re susciter discussions et disputes I attend de faire parler non pas tant de lui qu partir de lui Structuration du rapport Le rapport a t construit de fa on pouvoir faire l objet de lectures diff rentes D un c t chaque chapitre constitue un tout autonome reprenant de fa on syst matique et analytique les l ments
99. ION La question du contr le m thodologique Ily a enfin Une troisi me acception du mot scientifique laquelle le travail r alis par l quipe de chercheurs se plie parfaitement Ce rapport a t construit avec m thode ou plus exactement encore selon une certaine m thodologie tymologiquement la m thode methodos signifie retracer le chemin parcouru Ainsi expliciter la m thode revient permettre aux lecteurs de suivre le chemin parcouru par les chercheurs Ceux ci ont pris des d cisions de structuration d interpr tation d analyse du propos il serait en effet trompeur et dangereux de laisser croire que la r alit parle par elle m me sans intervention n cessaire du chercheur mais celles ci ne sont jamais dissimul es AU contraire les bifurcations sont assum es et rendues discutables falsifiables diraient certains pist mologues ce qui constitue la condition sine qua non de l change et permet d viter d finitivement toute forme d argument d autorit D s lors si le rapport peut en effet ressembler une maison livr e cl sur porte certes mais encore bard e de tout l chafaudage qui a permis de la construire et sans qui on aurait pu croire que cette maison avait toujours tenu toute seule On l aura compris la lecture de cette pr face si l explicitation de la m thodologie suivie et des choix qu elle a permis de faire est l objet principa
100. RCEPTION DES DEFIS SOCIETAUX pens e lev e est tr s significatif cet gard utiliser les capacit s les comp tences et les ressources pour mener une vie pure simple et bonne Un autre d fi ou valeur pour la soci t est la connaissance de soi se conna tre et partager cette connaissance avec d autres Nous sommes galement inquiets que l argent remplace de plus en plus la famille en tant que syst me de s curit sociale alors que la crise prouve que l on ne peut pas se fier l argent seul C est pourquoi nous valorisons norm ment la puissance de la communaut de la famille en tant que pourvoyeur de s curit sociale Cependant pour qu un tel syst me fonctionne chacun de ses membres doit conna tre accepter et respecter ses devoirs par rapport au groupe Un groupe appartenant la communaut Hare Krishna parce que pour nous seule une machine marche avec une disquette un homme marche avec sa t te Un repr sentant du juda sme lib ral Quand on demande quels sont les d fis les plus importants au niveau soci tal beaucoup mentionnent les probl mes r gionaux ou nationaux D autres d clarations touchent des sujets plus larges comme par exemple le d clin de l Europe La situation g opolitique est per ue comme rapidement changeante ce qui entra ne une r organisation des rapports de force Les bouleversements g opolitiques sont un enjeu soci tal majeur Les fronti res disparaisse
101. SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE 2 Les r appropriations personnelles de la croyance 21 Diff rentes fa ons de croire entre croyance absolue et pens e libre La religion au d part c est un h ritage culturel qu on a re u de nos parents Apr s chacun en fait ce qu il veut ne rien en faire l approfondir dans l int grisme l approfondir dans d autre chose nous raconte un musulman g de 30 ans Eneffet lesr ponses des diff rentsinterview snouslaissent entrevoir que la croyance religieuse ou convictionnelle peut tre v cue d une panoplie de mani res Celles ci peuvent tre rapport es sur un axe allant de la soumission absolue aux sources jusqu la cr ation propre de ses sources en passant par de multiples interpr tations et usages cherchant quilibre et combinant respect la tradition et interpr tation personnelle J ai Une croyance absolue en tout ce qu il y a dans le Coran C est pour a que je suis musulman Bien s r des fois il y a des choses que je lis dans le Coran que j ai du mal imaginer mais j y crois quand m me Dieu nous demande Faites le bien autour de vous Mais qu est ce que le bien C est un peu personnel aussi Un membre musulman d un groupe de jeunes en institution publique de protection de la jeunesse IPPJ Reprenons la citation de ce jeune musulman comme exemple type du croyant se soumettant aux so
102. TOUS SES TATS Comme nous l avons vu travers d autres citations l opposition entre le monde scientifique et le monde religieux ne tient pas qu au contenu mais rel ve galement de la symbolique En effet cette opposition m me participe leur existence la religion et la science se d finissent autant par ce qu elles sont que par ce qu elles ne sont pas le domaine de l un devenant interdit au domaine de l autre En m me temps cette opposition les condamne une lutte sur le terrain des visions du monde et du sens existentiel dans Un cadre soci tal en changement permanent Dans ce contexte l usage du registre scientifique pour d crire le v cu spirituel et ou religieux peut donc tre vu comme un outil de dialogue entre deux langages vivant dans une m me soci t traditionnellement religieuse mais se s cularisant progressivement Surtout pour les communaut s religieuses il y a donc lieu de rechercher de nouveaux rapports d interaction dans Un paysage de pens e volutif Passons donc au registre des motions Tout comme le registre cognitif s est r v l ne pas tre exclusif aux mouvements ath es l on verra que ce registre n est pas l apanage des communaut s religieuses et spirituelles non plus 3 2 La dimension motionnelle 3 2 1 dans la relation affective entre Dieu et l humain Si le concept d amour occupe une position importante dans toute religion il revient essentie
103. TRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS Comme l indique l tudiante libre penseur elle m me la r ticence la spiritualit peut tenir entre autres au risque de confusion avec la religion ph nom ne per u comme d suet de par la soumission une force sup rieure personnifi e D apr s cette r pondante si la spiritualit a une place dans l ath isme elle ne pourrait donc en aucun cas se colorer de dogmes d id es fig es Puis comme on peut le d duire de la derni re citation la spiritualit du jefsisme s apparente l id e du reli shopping de go ter r cup rer des id es de plusieurs religions sans pour autant s affilier ouvertement l une ou l autre Or la d finition de la spiritualit comme la croyance une puissance transcendante ventuellement cr atrice de la vie n est pas la seule possible comme l affirme un professeur ath e Je me vois comme un ath e spirituel Ath e parce que je me r f re la finitude des choses Spirituel parce que cette exp rience de la finitude est un sentiment profond voire spirituel l admiration pour la perfection de ce qui existe Un professeur ath e Son sentiment de spiritualit provient donc de l exp rience de la finitude de la vie et de sa satisfaction avec la r alit horizontale ou terrestre en contraste avec la spiritualit transcendante qui a une dimension galement verticale Le t moi
104. acrifier a diversit dans un dialogue interconvictionnel Les opinions sur a possibilit d inclure certains profils au dialogue demeurent tr s tranch es mes ilexiste une forme d Unanimit sur la plus value d un dialogue interconvictionnel les r pondants n en ont pas pour autant ignor les imites Outre le fait qu il n est pas possible de r unir tout le monde il y a les probl mes de la barri re linguistique des conceptions exclusivistes de la v rit et enfin la crainte qu un tel dialogue n int resse que des lites m me avec une approche bottom up Pour un certain nombre de r pondants le dialogue interconvictionnel ne peut porter ses fruits qu certaines conditions Certaines valeurs doivent en effet tre partag es entre les participants des valeurs comme la patience l ouverture et la positivit sont les plus cit es Il y a aussi des conditions d ordre pratique pour rendre le dialogue possible Il ne faut l siner ni sur les pr paratifs ni sur les moyens l chelle locale sans oublier d adapter l v nement au public pour le rendre le plus f cond possible Enfin nous avons analys ce que les interview s attendent d un dialogue des convictions Les r ponses que nous avons r colt es peuvent tre divis es en plusieurs cat gories I y a tout d abord la rencontre et l interconnaissance La rencontre physique dans un lieu s r permet aux g n ralisations outrance et au
105. ain unitaire uniforme surtout qui emp che de reconna tre ce qu il y a d humain dans l autre rencontr et qui ne correspond pas cette uniformit Un membre d un groupe de professeurs de cours philosophiques Conclusion Il ressort de l tude des extraits propos s ici que la question de la transmission de contenus religieux convictionnels se d cline de plusieurs mani res survie communautaire affirmation identitaire initiation la libre pens e ou encore transmission de l id al du dialogue interconvictionnel Les finalit s de la transmission sont multiples et d pendent des situations des communaut s convictionnelles impliqu es Cela reste vrai dans le cas de la libre pens e o la transmission ne se pose pas tant en termes de transfert de convictions qu en termes d initiation la libre pens e en tant que m thode Plusieurs lignes de tension peuvent tre identifi es partir des t moignages recueillis La premi re a trait la l gitimit de transmettre du contenu religieux convictionnel quelles conditions une telle transmission rel ve d une forme d ducation et non d une imposition La seconde ligne de tension qui rel ve du cadre scolaire porte sur la nature du cours de religion faut il faire de ce cours un lieu de d veloppement uniquement cognitif en enseignant sur les religions la mani re d un cours d histoire de la pens e Ou faut il consid rer ce cours comme un li
106. aire Il est galement bon que ce ne soient pas toujours les m mes voix que l on entende Les valeurs dont nous avons besoin en tant que soci t pour faire face aux d fis en temps de crise sont la tol rance l autod termination et la pens e inclusive Nous devons travailler sur base de points communs Un consultant libre penseur humaniste 2013 face2faith eu 205 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE En m me temps il faut tre fort dans ses propres convictions pour commencer le dialogue avec l autre Le dialogue intrareligieux avec les glises n o pentec tistes semble tre plus compliqu Leur intransigeance th ologique et leurs m thodes de travail effraient autant qu ils fascinent et renvoient nouveau aux d fis majeurs de la propre communaut Les n o pentec tistes n ont pas de probl mes pour attirer les foules et ils n ont pas de souci non plus t moigner franchement de la V rit Et c est pr cis ment l que le b t blesse Comment entamer le dialogue quand nous m mes savons ne pas d tenir la v rit tout en tant face des courants orthodoxes salafistes vang liques qui croient d tenir la v rit C est la faiblesse de notre glise protestante r form e on ne parvient plus r pondre aux doutes dans cette soci t Une pasteure protestante En guise de conclusion ce sous chapitre nous souhaitons ajouter un
107. ais une personne J sus dit la v rit c est moi c est le chemin c est la vie C est donc la fois une personne un chemin et une vie pas statique mais la v rit est comme un ma tre qui se d ploie l int rieur de moi Je ne la connais donc pas 100 a veut dire aussi que je ne suis pas mieux plac qu un non croyant pour conna tre cette v rit On ne peut pas poss der une personne Les chr tiens n ont pas la v rit ils connaissent celui qui est la v rit Un jeune pr tre catholique Comme certains autres r pondants religieux ce pr tre se range l id e de ne pas poss der la v rit mais de conna tre le chemin Le fait que ces deux concepts concordent presque mais pas tout fait dans l id e du pr tre fait qu on ne peut jamais connaitre la v rit dans sa dimension compl te tout comme on ne peut jamais v ritablement conna tre une personne Dans les yeux de ce pr tre la v rit a donc un caract re multidimensionnel dynamique et n est peut tre jamais accessible Finalement bien que le pr tre dise tre sur le bon chemin et conna tre la bonne personne pour que la v rit se d ploie lui ou en lui d une mani re assez troublante il laisse Une porte ouverte aux non catholiques pour la d couvrir galement Se pose ici la question des diff rents v hicules vers la v rit Ainsi m me sila libre pens e pr ne une dissociation entrela convictio
108. al si l on rappelle que les d fis soci taux mentionn s dans ce chapitre impliquent la collectivit nous vivons dans un environnement mondialis qui appelle forc ment des actions de concert Le prix payer pour cet individualisme qui fait que nousne connaissons m me plus nos voisins est l intol rance et les malentendus Le principal d fi pour la soci t reste je pense l quilibre entre la libert individuelle et le sentiment collectif d tre chez soi Quels sont les atouts n cessaires en tant que soci t pour relever ce d fi D apr s moi cet quilibre peut tre r alis au travers d une certaine spiritualit en 2013 face2faith eu CH 3 LA PERCEPTION DES DEFIS SOCIETAUX centrant toutefois notre regard sur la libert et non sur les dogmes Donner du sens selon moi c est l infrastructure et le moteur silencieux du vivre ensemble Un coordinateur au Parlement Europ en Comme d fi soci tal je vois l individualisation Nous avons besoin de valeurs soci tales telles que le respect la collectivit et l acceptation Si les gens n ont pas l impression de faire partie du groupe ils commencent parfois pr senter des comportements tranges Une dame de confession chr tienne anglicane Le d fi soci tal auquel je pense est de nature politique et morale Les id es qui pr valent depuis les ann es 60 chez l homme et dans la soci t sont un ramassis de contradictions don
109. aleurs semble crucial la construction communautaire l ath isme au sens strict tant essentiellement un point de vue un point de d part cr ateur d une vision du monde empreinte de valeurs la question de savoir si humanisme et ath isme positif concordent et de quelles valeurs ils seraient compos s nos recueils de paroles ne nous en livrent pas de r ponse claire part ce r pondant qui a mentionn le principe de libre arbitre et l universalit de la morale la d finissant comme la diff rence entre le bien et le mal voir plus haut dans ce paragraphe Puis il y a galement un jeune libre penseur qui nous dit ce que l humanisme non confessionnel n est pas ou ne devrait pas tre pour lui d non ant la r cup ration de valeurs traditionnellement chr tiennes pour donner forme ce syst me de valeurs L humanisme est un terme tr s flou c est croire dans les capacit s infinies de l homme Ce courant est n dans la m me poque que les Lumi res et a voulu remettre 2013 face2faith eu CH1 ETRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS l homme au centre de la r flexion Aujourd hui quand on parle d humanisme c est un euph misme pour replacer les valeurs chr tiennes au centre du d bat Ce n est pas pour rien que le CDH s appelle aujourd hui le Centre D mocrate Humaniste Finalement aimer son prochain ce n est pas a le message de l
110. analyse de l ensemble des r ponses des personnes interview es structur e en deux questions Premi rement que faut il pour r pondre aux d fis majeurs auxquels fait face la soci t actuelle Et deuxi mement comment peut on y arriver En ce qui concerne cette derni re question d analyse une distinction a t tablie entre les r ponses touchant d une part aux possibilit s d organisation et d intervention de l tat d autre part aux possibilit s d intervention des communaut s religieuses et convictionnelles pour promouvoir Un meilleur vivre ensemble La premi re question se limite volontairement mais provisoirement aux id es plut t abstraites des r pondants touchant essentiellement aux valeurs et attitudes apprendre et promouvoir dans une soci t multiculturelle et multiconvictionnelle On y verra que derri re les notions flexibles et souvent voqu es de respect de tol rance de citoyennet se cachent des acceptions tr s diff rentes selon les r pondants qui les voquent La deuxi me question labore ces id es un niveau plus concret r fl chissant au r le des acteurs potentiels de changement dans la soci t leur place vis vis des autres ainsi qu aux relations mutuelles possibles Dans le cadre de ce rapport enfin il va de soi que la question religieuse et convictionnelle a t plac e au c ur de ces questionnements 2013 face2faith eu 141 142 CONVI
111. ans l eau qui progressivement disparaftrait enti rement Par contre si elle reste comme de l huile dans l eau environnante elle contribue au tout sans aucunement perdre son identit propre L int gration sans assimilation implique le respect de l autre comme il est et non pas comme on aimerait qu il soit Un rabbin orthodoxe Ce r pondant pr f re donc le deuxi me principe d organisation du vivre ensemble c est dire l int gration de cultures et convictions diff rentes qui comme il dit suppose un respect qui ne juge pas l autre Remarquons que l int gration ici est consid r e comme une action r ciproque les diff rentes parties devant s accepter et s adapter mutuellement De mani re similaire un groupe de jeunes libres penseurs met l accent sur la valorisation de la diff rence en s opposant la discrimination culturelle et convictionnelle de l un ou l autre Or malgr le quasi consensus travers la campagne d coute sur le besoin d acceptation et de respect de la diversit dans la soci t plusieurs r pondants ont exprim le sentiment de 2013 face2faith eu CH 4 COMMENT RELEVER LES DEFIS SOCIETAUX SUGGESTIONS ET IDEAUX DES REPONDANTS se sentir jug s en soci t cause de leurs pratiques religieuses ou convictionnelles Le r pondant musulman suivant aspire lui aussi un vivre ensemble manifestant un plus grand laisser faire dans la diversit comme en Angleterre
112. ans les visions des interview s sur les coles hors professionnels de l enseignement que nous analyserons part une forme de consensus sur la n cessit de proposer une vision d ensemble des croyances durant la scolarit des l ves Aucunr pondantn aeneffet affirm tre favorable un enseignement aux enfants des contenus de leur seule religion l exclusion des autres L illustration la plus difiante ce propos est la position d une moniale engag e dans le dialogue interreligieux qui affirme qu elle 2013 face2faith eu CH 5 L EDUCATION L OUTIL CLEF DE LA TRANSMISSION DES CONVICTIONS ne verrait pas d inconv nient la mise en place d un cours commun sur les religions dans le sens o pour elle un tel cours ne serait pas une mise en danger de la foi chr tienne des l ves mais au contraire une occasion de l approfondir voire m me de la r veiller On note par ailleurs et comme nous allons l illustrer une ligne de tension autour de la question de la sph re priv e et de la sph re publique corr l e la question de l enseignement finalement de quoi le cours de religion l cole rel ve t il D un lieu privil gi de d couverte de soi et de l autre ou d une intrusion du priv dans le public La religion ne peut pas tre int gr e dans la sph re publique un niveau politique mais je suis convaincu de l importance d aborder les religions l cole sur un mode
113. ant c est quasiment en termes de survie que certains de nos interview s 2013 face2faith eu 172 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE ont abord la question de la transmission notamment l endroit des jeunes g n rations On est un tout petit peuple chacun doit contribuer si on veut subsister La transmission c est tr s important Un repr sentant du juda sme lib ral Tout au long de l entretien l importance de la Tradition a t soutenue par ce r pondant issu de la branche lib rale du juda sme On note ici clairement que le besoin de transmettre est corr l la question de subsister et donc de perp tuer la communaut L interview ira m me jusqu soutenir que c est en grande partie la tradition et sa transmission qui a permis la survie du peuple juif dans sa globalit travers les si cles C est par ailleurs ce que ressent une autre r pondante appartenant au m me courant Ily a un manque d int r t de la jeunesse par manque d ducation et de transmission L ducation est vitale pour garder la religion vivante stimuler l int r t il faut s investir parce que cela ne viendra pas du ciel Une enseignante de cours de juda sme de confession juive orthodoxe Outre l id e de transmission comme vectrice de survie garder la religion vivante l interview e met le doigt sur les probl mes de d sint r t de la jeunesse q
114. ants est explor dans le chapitre 3 3 4 L extr misme et la polarisation 2013 face2faith eu CH 5 L EDUCATION L OUTIL CLEF DE LA TRANSMISSION DES CONVICTIONS Un bon professeur doit pouvoir couter derri re les paroles des jeunes pour entendre quelles sont leurs vraies questions afin de les amener r fl chir et se poser des questions Une professionnelle de l enseignement philosophique Pour tre m me d couter derri re les paroles des jeunes et entendre leurs questionnements il faut partager un minimum leur langage leurs symboles en bref leur univers de discours Nous touchons une autre dimension du cours de religion tel qu esquiss par ces professionnels celui d un questionnement li la recherche de sens les jeunes construisent le sens donner leur vie et cette construction s accompagne de questions de fond auxquelles le professeur doit tre attentif sans forc ment pr tendre y r pondre C est encore une fois une finalit qui diff re de ce que nous avons vu plus t t concernant le cours sur les religions mais aussi dans une certaine mesure au cours de religion comme lieu de transmission et de survie de la communaut Les questions de sens existentiel sont en effet distinctes de l tude objective des diff rences entre syst mes religieux philosophique Elles ne se pr tent pas mieux l id e de survie communautaire si l on con oit cette survie comme une pr servatio
115. archie et 1 2 b Du libre examen dans la religion 2013 face2faith eu CH 2 ETRE EN COMMUNAUT AUJOURD HUI INTERACTIONS ET TENSIONS De mani re similaire d autres r pondants disent donner la priorit une attitude d ouverture plut t qu au choix de l institution religieuse ou convictionnelle comme ce pr tre catholique Je d couvre peu de communion avec l glise comme institution mais d autant plus avec les gens la recherche de nouvelles voies vers l avenir via l interreligieux ou l interconvictionnel de nouvelles formes d tre une communaut eccl siale de base Avec les gens impliqu s dans l actualit cologique les droits humains qui font confiance l Esprit qui cr e de nouvelles perspectives hors des sentiers battus Pas la religion qui ne s int resse qu l au del et qui met en route des activit s de restauration en regardant dans le r troviseur mais bien la religion qui capte les nouveaux signaux qui leur fait confiance et qui choisit une nouvelle largeur d esprit Un pr tre catholique engag dans le dialogue interconvictionnel De tels ph nom nes de solidarit transcommunautaire co ncidant souvent avec les clivages construits symboliquement entre conservateurs et progressistes voir chapitre 2 1 Les tensions intracommunautaires font merger la question de la collaboration interconvictionnelle autour de points d int r t communs li s la soci t La recherche de commun
116. artager Limiter le dialogue des conf rences ou du travail de concept revient r server ledit dialogue aux personnes qui se retrouvent dans ce type d exercice Ouvrir au contraire le dialogue des convictions des expressions artistiques culinaires musicales etc c est miser sur la diversit et les comp tences de chacun et ainsi permettre aux diverses facettes de l humain de se donner voir et changer 2 6 Mettre en place et en r seau des structures de coordination du dialogue interconvictionnel Il s agit sans doute l de la recommandation la plus difficile mettre en uvre Prenons l exemple d un kot projet de jeunes engag s dans le dialogue interconvictionnel pleins de bonne volont actifs et organisant plusieurs fois par an des rencontres interconvictionnelles Ces jeunes nous ont fait part des difficult s auxquelles ils faisaient face notamment en termes d identification d intervenants pertinents et diversifi s pour leurs activit s La promotion desdites activit s a aussi t difficile L impossibilit pour eux de se tourner vers des structures associatives d di es au dialogue des convictions pour les aider identifier des intervenants ou faire la promotion de leurs v nements a rendu le rendement de leurs efforts parfois d courageant Il y a un r el besoin de points relais de mise en contact et de gestion du r seau des associations engag es dans le dialogue Ces asso
117. ation de celui ci Par ailleurs il convient de ne pas craser la multiplicit des d finitions et acceptions relev es lors de la campagne d coute par une d finition unique scientifique laune de laquelle toutes les autres se verraient valu es et classifi es Les personnes interrog es sont elles en d saccord sur ce qu est un courant conservateur H bien tant mieux cela permettra l analyse de rendre visibles ce que l on appellera plus bas des lignes de tension 4 Si par la force des choses on retrouvera donc les termes pr cit s et bien d autres de multiples reprises dans le rapport l une des particularit s marquantes de l exercice a consist d s que cela tait possible ne pas tenter de donner une d finition substantielle de ces termes Le rapport ne cherche pas dire ce qu est vraiment la religion qui sont vraiment les progressistes et quelles conditions un groupement respecte vraiment le vrai libre arbitre de ses membres Non seulement un tel objectif constituerait il une parfaite chim re mais sa poursuite laminerait la plus importante des pr tentions de ce rapport prendre de la hauteur travers l coute et l analyse pour mieux prendre acte de la complexit du r el pour d tecter des cl s d interpr tations et construire in fine des leviers d actions En effet chercher donner une d finition substantielle et
118. aussi bien des croyants ordinaires que des experts du dialogue interconvictionnel qui sont d avis qu un tel dialogue est complexe et exige Une adaptation des th mes du langage et des outils si l on veut impliquer des non sp cialistes Pour ce faire on peut miser sur l organisation de diff rents types d activit s en guise de dialogue interconvictionnel En effet dialoguer ce n est pas seulement se retrouver autour d une table pour des changes conventionn s et formels On peut concevoir le dialogue en termes d v nements artistiques d v nements pour les jeunes de visites de lieux ou encore de repas Le dialogue interconvictionnel a de multiples facettes et il doit tre adapt aux aspirations et aux besoins des participants Lors de l organisation d un projet de dialogue interconvictionnel il est important d adapter le niveau et la forme des activit s au public Dans l esprit de l ducation permanente l implication et l coute de ce public dans l laboration de ces activit s demandent plus d nergie et de temps mais se r v lent souvent tre plus efficaces Une animatrice de dialogue interconvictionnel Beaucoup d interview s engag s dans le dialogue interconvictionnel ou non sont d avis qu il est difficile d impliquer des personnes qui ne croient pas aux vertus du dialogue interconvictionnel Il faut cependant toujours selon les interview s faire des efforts pour inviter ces personnes qui
119. aut s de courants ou de personnes partageant les m mes valeurs se range ici une finalit performative d intervention collective dans la soci t Ma conception de la la cit a volu au cours de ma vie m inscrivant initialement dans un contexte historique d opposition radicale avec l institution catholique pour ensuite voluer vers une ouverture au dialogue avec un certain nombre de croyants Aujourd hui j entrevois des possibilit s d alliances objectives avec ces derniers pour atteindre des consensus contre certaines forces r actionnaires Un franc ma on francophone membre du Grand Orient de Belgique Le chapitre 4 creusera en profondeur la question de l intervention de communaut s religieuses et convictionnelles dans la soci t Avant cela un dernier volet doit tre abord qui traite de la question des d fis et tensions communautaires ainsi que de leur origine Apr s avoir tudi cette question au niveau intracommunautaire et 2013 face2faith eu 110 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE intercommunautaire passons donc au niveau soci tal c est dire la fa on dont les participants la campagne d coute per oivent l impact de la soci t sur les identit s et les activit s des diff rentes communaut s 3 Les menaces extra communautaires Il ressort clairement de la campagne d coute que le processus de construc
120. beaucoup de pens e en noir et blanc et c est m me encourag par la soci t Un Belge converti au bouddhisme Quant au dialogue interconvictionnel la coop ration peut tre vue comme un outil de poids vis vis de la soci t civile un niveau global une interaction mutuelle entre les religions et la soci t est essentielle et le dialogue soutient une relation saine Au final les relations c est la religion mise en pratique De plus le dialogue interconvictionnel est un processus de r flexion sur des th mes difficiles et importants pour lesquels il faut prendre position et atteindre des r sultats tangibles Afin de faciliter le dialogue il faut aussi identifier des bases communes est galement utile de faire l effort de se comprendre au travers des yeux des autres et d examiner 215 2013 face2faith eu 216 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE la fa on dont les autres communaut s sont aux prises avec des probl mes similaires aux n tres et d en faire une source d inspiration pour sa propre communaut Au niveau global nouveau si nous r fl chissons collectivement sur la fa on d lever la soci t les points communs seront d voil s naturellement Pens e lev e vie simple Un groupe appartenant la communaut Hare Krishna Le dialogue interconvictionnel ne va peut tre pas changer la face du monde mais il peut selon
121. besoin de silence de l cher prise et les croyances religieuses spirituelles ou philosophiques peuvent le leur apporter Une des difficult s majeures du centre est de rassembler des gens autour de projets Cette difficult tient au stress g n r par la vitesse de notre soci t et donc au manque de temps continu poussant les gens poser des priorit s Souvent l change la rencontre de l autre est donc sacrifi e mais le centre continue travailler sur des strat gies alternatives de participation Car un niveau g n ral la rencontre la communication est sous valoris e dans notre soci t actuelle L isolement r gne chez beaucoup de gens se retrouvant sans lien sans possibilit d expression Il faut rompre l isolement Ily a un manque de communication il faut bousculer les pr jug s Communiquer au sein de la famille Une animatrice de dialogue interconvictionnel Rien dans le juda sme ne concr tise si bien ces trois valeurs que le Shabbat le jour hebdomadaire o l homme est invit cesser s arr ter pour vivre dans une dimension autre spirituelle qui le lib re de l emprise des objets et des obligations professionnelles Dans le syst me conomique actuel on ne peut pas s arr ter Un rabbin orthodoxe C est assez tabou de refuser une invitation parce qu on va l glise et il faut presque faire son coming out de croyant pour oser dire qu on a la foi et m
122. bien ma s il faut qu ils apprennent l utiliser pour combattre le mal des actions et non pas les personnes Elle est tr s importante cette combativit mais si elle est mal orient e c est une catastrophe Un membre d un groupe de professeurs de cours philosophiques Je pense que c est maintenant que a se passe poser les fondations de ce que les l ves sont amen s vivre plus tard Une fois qu ils seront dans le monde du travail ils n auront peut tre plus le temps de r fl chir aux questions fondamentales est ce que je mets mon identit en question Si je partage un repas avec quelqu un qui n a pas le m me r gime alimentaire que moi les m mes convictions philosophiques que moi est ce que je me mets en danger Je pense que notre cours est fondamental 2013 face2faith eu 192 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE pour essayer de construire ensemble un sens commun dans le cadre d un projet On peut commencer par de petits projets Le projet fondamental c est quand m me le vivre ensemble dans un contexte qui s appelle Belgique Comment va t on faire exister la Belgique Je crois qu il y a un mythe dangereux qui est justement fort pr sent et qui est v hicul par des l ves c est le mythe du retour une origine que l on rencontre au niveau philosophique aussi bien s r une unit primordiale cette conception a priori d un tre hum
123. blique et priv es 8 Voir aussi 4 2 1 3 Donner une place aux convictions dans un tat la que pluraliste 2013 face2faith eu 99 100 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Outre les tensions ouvertes entre communaut s les relations interreligieuses et interconvictionnelles sont galement influenc es par la comparaison de la vision de leur propre religion ou conviction l autre Est ce que ma religion ou conviction est meilleure que l autre Est elle est la seule voie possible vers le salut Est ce qu elle d tient la v rit D autres v hicules sont ils acceptables Que partage t on en commun ou non En d autres mots ce qui est soulev ici tient la question de l exclusivit de la v rit et des valeurs Ce qui suit est une analyse des diff rentes mani res dont ces questions de v rit des v hicules de ou vers cette v rit et des valeurs ont t abord es par les r pondants dans la campagne d coute 21 Conceptions inclusive et exclusive de la v rit La v rit est une des questions au c ur des religions et des convictions En tant que concept elle se traduit travers diff rentes pratiques et id es Ainsi il y a d abord la conviction de l existence d une v rit qui exclut toute autre revendication de v rit Je ne peux faire de compromis Je crois que J sus est le seul chemin v
124. c des interlocuteurs areligieux 4 5 Une absence notable l argument de la r tribution Outre les l ments explicitement exprim s par les interview s un l ment brille par son absence il s agit du th me de la r tribution divine Aucune de nos interviews ne fait tat d une personne qui d clare croire pour aller au paradis ou pour chapper l enfer Ceci ne permet videmment pas de conclure que plus personne ne croit en la r tribution divine ou que plus aucun croyant n agit par crainte espoir d une vie apr s la mort En revanche ce retentissant silence est indicatif d une r ticence pr senter la r tribution comme une raison de croire Peut tre pouvons nous partir de ce constat postuler que l utilit de la religion se doit pour tre acceptable socialement d tre exprim e en termes d ici bas et non plus en termes d au del Ou encore que le th me de la r tribution soit socialement per u comme associ une forme d go sme L encore nous ne pouvons faire parler le mat riau dans ce sens mais la question est pos e Tout au long du parcours de nos interviews le sch me qui nous avait sembl logique de retrouver tait celui du sens religieux comme r ponse ou ensemble de r ponses Or comme nous venons de l voquer les choses sont plus complexes Les interview s ne semblent pas dans leur majorit trouver dans leur religion des 2013 face2faith eu CH1 ETR
125. catio n d une v rit plus ou moins exclusive les reproches mutuels d oppression et d injustice vis vis de l autre et les tensions autour d croyances mis dans ce rapport de nombreu qu une des missions principales des comm convictionnelles dans cette soci t dans to la promotion de l change de l entreconnai e la perp tuation des x r pondants estiment unaut s religieuses et ute sa diversit reste ssance Cet change pourrait entre autres contribuer distinguer au del des oppositions apparentes des valeurs communes parta promouvoir ensemble en faveur de la meilleur vivre ensemble Ainsi m me cer communaut s confessionnelles et ath es o volont de collaboration mutuelle Ainsi t m du Grand Orient de Belgique ger et ventuellement vision commune d un tains repr sentants de nt exprim une claire oigne un franc ma on Ma conception de la la cit a volu au cours de ma vie s inscrivant initialement dans un contexte historique d opposition radicale avec l institution catholique pour ensuite voluer vers une ouverture au dialogue avec un certain nombre de croyants Aujourd hui j entrevois des possibilit s d alliances objectives avec ces derniers pour atteindre des consensus contre certaines forces r actionnaires Un franc ma on francophone membre du G Belgique rand Orient de De son c t un repr sentant de l glise catholique explique
126. ce qui nous diff rencie Au lieu de s parer il faudrait faciliter l entente Ainsi les diff rentes communaut s belges devraient prendre l histoire rwandaise comme le on afin de pr venir d ventuelles d rives dramatiques cet effet il est galement important de promouvoir l esprit critique dans l ducation afin d tre m me d interpr ter les discours d magogiques La religion de par son autorit et influence morale doit prendre sa responsabilit au s rieux et veiller distribuer un message constructif favorisant la tol rance et le respect mutuel Une jeune femme d origine rwandaise Comme cette jeune femme plusieurs r pondants font appel la responsabilit personnelle pour un meilleur vivre ensemble mais aussi la responsabilit des autorit s en place Ainsi l ducation joue encore une fois Un r le pr minent dans la promotion de la citoyennet au niveau individuel Pour former des tres humains moraux et responsables qui se solidarisent avec les autres et qui prennent en compte les cons quences de leurs actions Une animatrice dans une ONG de confession chr tienne orthodoxe 2013 face2faith eu 150 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Finalement les autorit s tatiques et religieuses convictionnelles sont galement appel es prendre au s rieux leur r le de leaders contribuant de mani re constructive a
127. ce2faith eu 195 196 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Je pense que le dialogue interreligieux en g n ral est particuli rement n cessaire parce qu en tant qu humains nous devons sensibiliser le monde et chercher un terrain d entente la spiritualit la pri re interreligieuse Partout dans le monde il y a des gens qui souffrent et qui plaident pour la paix Les gens peuvent ressentir le besoin de prier ensemble dans des moments de crise ou de catastrophe Un pr tre d origine indienne de confession chr tienne syriaque Les religions ne sont pas le probl me c est la plus belle chose que nous ayons au monde Nous devons lutter contre les id es fauss es les pr jug s et les images fant mes pour aider le monde Chaque personne est un fr re ou une s ur malheureusement tout le monde n en est pas conscient Par cons quent nous devons nous immerger dans l autre parce que l autre est n cessaire On parle souvent d avoir parl plut t que avec Il faut investir dans les contacts et mettre l accent sur l int r t commun Cela prend du temps mais c est n cessaire pour aborder les sentiments de peur d intimidation et d ignorance Un crivain et musicien en art chr tien Le dialogue interreligieux et interconvictionnel peut avoir diff rentes significations selon moi En g n ral on peut le consid rer comme constructif pour le vivre
128. cepter sereinement discussions son propos et critiques argument es son encontre 2013 face2faith eu 29 30 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Le rapport est il neutre Peut tre le lecteur aura t il d j compris que cette discussion sur le caract re scientifique du rapport permet de d m ler un amalgame fr quent qui associe le caract re scientifique l absence de valeur la mal nomm e neutralit axiologique que le terme original allemand de Wertfreiheit libert par rapport aux valeurs d borde largement cf Weber 2005 1919 Le rapport est il neutre Voil encore une question bien mal pos e que l explicitation du contr le m thodologique permet d viter Le rapport prend t il parti Presqu en aucune fa on car son but n est pas de distribuer des bons et mauvais points Le seul parti effectivement pris dont le sociologue Max Weber a montr qu il faisait inextricablement partie de toute pratique scientifique concerne la conviction non pas que les religions et convictions sont une bonne chose m me pas tant qu un dialogue interreligieux ou interconvictionnel est la solution aux probl mes que nous connaissons mais bien qu tout le moins il serait int ressant d en discuter Les chercheurs portent ils des pr suppos s Sans aucun doute ils ne sont pas extra terrestres m me si on a dit qu ils faisaient c
129. cer dans la pratique etc Car au final c est a le but du dialogue interconvictionnel b tir des avanc es de lois des cadres de vie qui fassent place aux convictions de chacun Un franc ma on francophone membre du Grand Orient de Belgique 2013 face2faith eu CH 6 ORGANISER LE DIALOGUE INTERCONVICTIONNEL PI GES ET POTENTIEL On trouve parmi les r ponses r colt es des appr hensions li es la perte de ses propres convictions cause de la rencontre D autres r ponses vont dans le sens inverse Encore une fois la rencontre peut tre l occasion de conna tre l autre tout autant quesoi m me Certains sont m me all s jusqu affirmer que l interconvictionnel est le point de d part d un processus de conscientisation d autoconnaissance et d autocritique J ai l impression que la th ologie musulmane telle qu elle est officiellement profess e part quelques exceptions est dans un tr s mauvais tat Le discours des Fr res musulmans le discours des Wahhabites m me ceux qui ont un air tr s intelligent et qui se sont sans doute rapproch s de l v nement comme Tariq Ramadan quand je les entends parler je trouve que c est lamentable au point de vue th ologique Je trouve que le dialogue interconfessionnel est donc int ressant pour forcer un nettoyage chez soi On doit pouvoir se poser comme musulmans par rapport aux exc s commis par d autres musulmans et s allier avec des non musulmans dans des
130. ci sous l angle des valeurs alors que du c t religieux sera analys e la relation Dieu et l autre Le registre des pratiques finalement comparera les diff rentes conceptions des pratiques rituelles et pratiques institutionnalis es ainsi que leur distinction partir des citations des r pondants 3 1 La dimension cognitive de la croyance 3 11 dans la libre pens e et l ath isme Si les courants ath es du bouddhisme de la franc ma onnerie et de l humanisme la que sont g n ralement connot s d une id e explicitement spirituelle ou convictionnelle les ath es en tant que tel ainsi que les libres penseurs essayent de livrer une d finition de leurs convictions en utilisant Un registre verbal plut t rationnel Mais que signifient pr cis ment ces concepts et comment se diff rencient ils les uns des autres Donnons la parole aux r pondants concern s La libre pens e et le libre examen Avant de passer l analyse de ces concepts il nous semble opportun de faire quelques annotations Les citations pr sent es dans ce 2013 face2faith eu CH1 ETRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS point proviennent majoritairement bien que pas seulement de deux discussions de groupes avec des associations d tudiants libres penseurs l une n erlandophone l autre francophone Un aper u de ces diff rentes citations autour de la libre pens e le libre
131. ciations existent mais ne se connaissent pas forc ment perdant ainsi le b n fice d actions conjointes 3 Le mot de la fin et des d buts Il est pr sent temps de clore ce rapport L quipe de face2faith ne peut qu esp rer que le travail pr sent ici aura au moins la vertu d inspirer des initiatives de d caler le regard comme dit en pr face et peut tre aussi de casser lune ou l autre id e re ue On ne le r p tera jamais assez notre quipe est convaincue des vertus du dialogue des convictions Mais c est au lecteur qu il appartient de d cider si oui ou non l interconvictionnel en Belgique est une aventure qui vaut la peine d tre v cue Nous esp rons en ce sens qu apr s avoir parcouru ce rapport le lecteur quelle que soit sa position aura au moins t inform de tout ou partie de ce que nous avons donn voir 2013 face2faith eu CONCLUSION C est la fin dune campagne d coute mais le d but de nouvelles initiatives de d bats et nous l esp rons de dialogues KKK 227 2013 face2faith eu CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE 228 2013 face2faith eu DONATEURS Donateurs Donateurs priv s Comte et Comtesse Claude d Aspremont Lynden Monsieur et Madame Jacques Berghmans Baron et Baronne Jean Pierre Berghmans Comtesse Bo l Madame Marie de Carni r Baron Jef Colruyt Madame Yves de
132. comparatif afin d appr hender les id es et les visions de nos Voisins Un ath e engag dans une association socioculturelle progressiste On note ici d int ressantes distinctions tout d abord une bipartition implicite entre deux niveaux de sph re publique l une politique et l autre par d duction qui ne l est pas D autre part le r pondant affirme clairement tre contre Une intrusion de la religion dans la sph re publique politique tout en affirmant l importance de l enseignement scolaire sur les religions selon une approche comparatiste Nous touchons l un premier n ud de la probl matique de enseignement religieux en milieu scolaire que doit on comprendre de cette distinction entre cours de religion et cours sur les religions Le premier type de cours rel ve t il plus de l intrusion du priv dans e public que le second La finalit d un cours sur les religions est clairement d finie dans e t moignage de notre interview il s agit d une meilleure compr hension de l autre et de ses repr sentations Doit on ainsi en conclure que l utilit d un cours religieux se trouve principalement dans sa capacit cr er du vivre ensemble Dans ce cas quelle place pour le d veloppement communautaire c est dire pour la transmission de la foi en tant que telle Nous verrons plus loin que le point de vue des professionnels de l enseignement sur ce sujet apporte un clairage de terrain
133. culture f odale plus litiste Pour le rendre accessible notre culture il est important de repenser le bouddhisme zen de le d muythologiser si on peut dire de le d construire Un enseignant du bouddhisme zen 2013 face2faith eu CH 2 ETRE EN COMMUNAUT AUJOURD HUI INTERACTIONS ET TENSIONS 1 5 Entre ouverture et r actionnisme Comme les citations pr c dentes renvoyant diff rents d fis permettent de le saisir la question identitaire est tr s importante dans de nombreuses communaut s religieuses et convictionnelles et elle ne l est pas moins dans le mouvement libre penseur Le premier d fi de notre mouvement s il y en a un c est qu est ce que c est notre mouvement C est se d finir avant tout Je pense que a ne s est pas encore fait Qui est on en tant que libres exaministes D abord est ce que tous les libres penseurs sont des libres exaministes Et ensuite est ce qu on doit faire un pros lutisme pour la libre pens e aller vers les gens pour leur dire Non ce n est pas bien d avoir une religion ne pensez pas comme a c est un dogme Un membre d un groupe d tudiants libres penseurs francophones Qu est ce qui fait qu on se ressemble La question de l identit a trait de nombreux domaines et il est frappant de constater la multiplicit des crit res mobilis s par les r pondants pour qualifier l identit ou la non identit ainsi que la plurivocit d
134. d une th matique rep r e lors de la campagne d coute et qui ne n cessite pas forc ment une lecture de l enti ret D un autre c t ce rapport poss de une coh rence d ensemble et raconte une histoire travers des chapitres qui se r pondent et s clairent mutuellement Afin de donner au lecteur la possibilit de choisir son mode de lecture en connaissance de cause on terminera cette pr face en donnant un bref aper u de la structuration du rapport Le premier chapitre tre croyant aujourd hui la croyance dans tous ses tats cherche d finir la condition de croyant dans notre soci t partir de l analyse de la fa on dont les personnes interview es racontent leurs parcours de non croyants et la fa on dont ils s autorisent ou non des r appropriations personnelles des dogmes Une attention particuli re est port e au registre d arguments cognitif motionnel pratique et exp rientiel dans lesquels les individus parlent de la croyance et justifient leur attachement celle ci Le deuxi me chapitre tre en communaut aujourd hui interactions et tensions reprend de fa on syst matique la cartographie des relations tensions et d fis li s l appartenance une communaut tel qu ils sont apparus dans les propos des interview s Trois niveaux imbriqu s sont successivement analys s les tensions intra communautaires les a priori intercommunautaires e
135. de comparaisons entre des diff rentes communaut s religieuses et convictionnelles les valeurs se trouvent galement au c ur de la construction des pr suppos s intercommunautaires Nous allons d abord aborder la fa on dont les individus per oivent des similarit s pour tudier dans un deuxi me temps la fa on dont 2013 face2faith eu CH 2 ETRE EN COMMUNAUT AUJOURD HUI INTERACTIONS ET TENSIONS ils interpr tent les diff rences de valeurs qu ils per oivent entre convictions Premi rement nombreux sont les r pondants qui consid rent la d couverte des similarit s et des divergences entre les valeurs promues par les diff rentes communaut s religieuses et convictionnelles comme une des finalit s principales d un dialogue interconvictionnel on y reviendra au chapitre 6 Ce souhait r v le une volont de trouver des points communs entre religions et convictions diverses tout en se laissant de l espace pour d limiter une identit propre Malgr les connaissances peu approfondies sur les autres religions et convictions dont la plupart des r pondants ont fait preuve ils affirment g n ralement l existence d une s rie de valeurs qualifi es d universelles Mais quoi font r f rence ces valeurs universelles Sans avoir obtenu de r ponses sp cifiques cette question l on peut cependant souligner que nombreux sont les r pondants qui ont num r des valeurs qui seraient au
136. dentit des cultures et des ethnies Pouvons nous appliquer notre mod le europ en de th ories sur la diversit et l int gration d autres continents L Ouest se croit sup rieur N anmoins nous avons aussi nos probl mes de genres de f minisme et de LGBTQ Lesbienne Gay Bisexuel Transgender et Queer Une chr tienne membre de l glise apostolique arm nienne repr sentante d une organisation tudiante LGBTQ 2013 face2faith eu 123 124 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Le vivre ensemble est clairement un d fi soci tal qui est li aux probl mes de migration et d int gration Tandis que la mobilit s accro t les gens font un retour aux communaut s cherchant une base rassurante Ma s ils ne peuvent plus quitter ce communautarisme On devrait chercher comment ces murs peuvent tre abattus Un membre d un groupe d tudiants libres penseurs n erlandophones Une soci t multiculturelle et multireligieuse apporte de nombreux d fis Ils sont complexes et multiples Et pour moi il ne s agit pas seulement de l interdiction du voile mais de l inclusion des personnes dans diff rents domaines tels que l emploi l ducation le logement etc La politique devrait se concentrer sur l limination de la discrimination de l in galit diff rents niveaux du racisme etc Ce n est que lorsque le gouvernement percevra sa missio
137. des d fis humains cependant les probl matiques que nous allons aborder sont sp cifiques dans le sens o elles rel vent du personnel et de l individuel Nous aborderons en premier lieu la question des valeurs familiales et de leur d clin Nous verrons ensuite en quoi certains interview s s inqui tent du manque de place pour les croyances dans la soci t actuelle En troisi me lieu nous nous pencherons sur la question de la vitesse dans nos soci t s pour ensuite encha ner sur les probl mes de polarisation d extr misme et d agression Enfin nous tudierons tout ce qui dans notre mat riau rel ve du consum risme du mat rialisme de l individualisme sans oublier la solitude et l isolement 3 1 La famille en crise La question sp cifique de la transmission est trait e dans un autre chapitre de ce rapport Nous pouvons cependant creuser un peu plus la question du vide de valeurs de notre soci t Certains r pondants sont particuli rement pr occup s par le fait que des parents n duquent plus leurs enfants En outre ils estiment que lon n accorde plus d attention la vie familiale la famille n est plus centrale dans la soci t belge Je pense que la jeunesse immigrante de Bruxelles un groupe que je suis de pr s manque de sources de valeurs Leurs parents vivent souvent dans des conditions pr caires et m me l enseignement ne leur apporte pas suffisament La principale influence dans l
138. des f tes m me si a peut tre des f tes religieuses que nous on ne conna t pas Et comme j ai des membres chr tiens belges et d autres origines Pour nous No l c est Un jour comme les autres C est un jour de cong et stop Tandis que pour d autres ce n est pas un jour comme les autres cause de a j ai donc aussi appris fermer le jour de No l et les autres jours de f te Je me suis dit que si on ferme les jours de f tes pour nous il est aussi respectable de fermer pour les f tes des autres pour qu ils ne manquent pas un entrainement Un animateur de sports de confession musulmane Hormis la nuance entre tol rance et respect plusieurs r pondants expriment qu il y a selon eux des limites et des conditions la tol rance et au respect de l autre Ainsi Un ancien inspecteur de religion protestante pr conise le respect de soi comme condition au respect de l autre Outre la valeur de tol rance qui engendre celles de respect et de pluralit il y a aussi celle de l amour du prochain comme soi m me on ne peut aimer l autre que si l on s aime soi m me il existe ainsi une dialectique entre 2013 face2faith eu CH 4 COMMENT RELEVER LES DEFIS SOCIETAUX SUGGESTIONS ET IDEAUX DES REPONDANTS soi et les autres de sorte que le respect des autres passe par le respect de soi m me Un ancien professionnel de l enseignement philosophique un niveau plus g n ral plus qu
139. diverses Car c est par l interaction que l on peut arriver se conna tre mieux et cultiver une tol rance ou respect plus actif d autrui et m me d velopper un esprit de solidarit de responsabilit vis vis du vivre ensemble dont on fait partie int grante ce propos les r pondants responsabilisent les diff rents pouvoirs en soci t en soulignant que ceux ci ont un r le important jouer dans la promotion de ces valeurs Ainsi la plupart des r pondants estiment que les diff rentes communaut s religieuses et convictionnelles promouvant les trois valeurs cit es pr c demment devraient faire plus d efforts pour concr tiser celles ci Au final la citoyennet comme un r pondant l exprime c est peut tre justement le devoir de contribuer la soci t avec les talents et les id es que l on poss de En g n ral les r pondants estiment que la promotion de valeurs contribuant au vivre ensemble devrait en premier lieu porter sur soi m me et sa propre communaut afin de donner un bon exemple la soci t Toutefois certains r pondants insistent galement sur le potentiel d influence plut t politique des communaut s religieuses et convictionnelles sur la soci t environnante alors que d autres signalent l importance de la limitation de ces forces dans la soci t sous la souverainet de l tat c est dire le pouvoir civil L analyse des diff rentes tens
140. e 2013 face2faith eu 173 174 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE donnent une ducation aux enfants alors l je crois qu il y a un espoir Mais si les gens ne donnent pas d ducation aux enfants alors rien n est possible Un membre musulman d un groupe de conversation li un centre communautaire Ce t moignage poignant refl te la difficult pour certains de croire encore la coop ration des religions et au dialogue entre elles La cl de vo te de la lueur d espoir exprim e ici par l interview est tr s claire c est par l ducation des enfants que le dialogue a encore une chance d exister en dehors d elle il n esp re plus rien Ce souci de briser le communautarisme se retrouve aussi dans ce t moignage issu du libre examen Je combats le communautarisme religieux public au nom de la la cit et pas au nom de l ath isme pour que les l ves ne s enferment pas dans une communaut s emp chant ainsi de se conna tre les uns les autres Un membre d un groupe d tudiants libres penseurs francophones Nous verrons plus loin que cette distinction entre ath isme et la cit trouve son sens pour certains libre exaministes dans l objectif m me de combattre le communautarisme 2 T moignages de terrain espace public et espace priv l cole 21 Cours de religion versus cours sur les religions On rel ve d
141. e synth se des grandes lignes de notre travail 219 11 De l approche lat rale 219 12 Des clivages remis en question 220 1 3 Les lignes de tension au c ur de notre rapport 221 2 Les recommandations finales du rapport Phumilit d un travail des pistes propos es 223 2 1 R concilier le religieux et le s culier 224 2 2 Poser les vraies questions pour un dialogue r solument performatif 224 2 3 Faire participer activement des jeunes pour rafra chir l id e de dialogue 225 2 4 S impliquer sur le terrain dans les coles 225 2 5 Diversifier les activit s de dialogue pour ne pas se limiter 225 2 6 Mettre en place et en r seau des structures de coordination du dialogue interconvictionnel 226 3 Le mot de la fin et des d buts 226 Donateurs 229 2013 face2faith eu INTRODUCTION Introduction Nicolas Marquis Ce rapport est le fruit d un travail important et d un processus au long cours fait de r flexions d une longue campagne d coute ayant permis Une r colte abondante de mat riaux discursifs d analyses et de discussions Il est pourtant livr en un bloc et cl sur porte au lecteur Cette pr face en constitue le mode d emploi et en relate la construction Non seulement elle cherche poser frontalement les questions qui f chent et y proposer des l ments de r ponse mais elle vise surtout clarifier ce que le lecteur peut attendre d un tel rapport Elle en pr sente bien s r le
142. e voluer le monde D apr sunjeuneath en erlandophone lec t convictionnel de r action pr sent dans la libre pens e et l ath isme constitue m me un des fondements de ces courants Nier que la libre pens e ou l ath isme soient une conviction n a pas de sens m me si je n aime pas cette id e non plus elle me fait m me peur La plupart des libres penseurs et des ath es et cette g n ration ci est peut tre la derni re le sont devenus en r action une conviction avec laquelle ils n taient pas d accord Ils sont alors pass s une autre conviction Un jeune ath e Ath isme une n gation travers notre campagne d coute et comme le montrent les citations s lectionn es plus haut la libre pens e et ou le libre examen apparaissent tant t comme des m thodes de pens e tant t comme des convictions id ologiques Le terme d ath isme quant lui est tant t assimil ces notions tant t appara t plus forte raison comme une n gation affirm e d un dieu L ath isme est une opinion par rapport Dieu Ne baser sa vie que l dessus est un peu mince c t il y a d autres valeurs Par exemple les ath es lib raux ont la m me approche de Dieu que moi mais je ne me sens pas proche d eux Un ath e engag dans une association socioculturelle progressiste 2013 face2faith eu CH1 ETRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS
143. e Si on pouvait s couter les uns et les autres ce serait tout de m me int ressant Un ancien professionnel de l enseignement philosophique Centrons nous maintenant sur la fa on dont la question des valeurs divergentes entre des communaut s qui elle aussi touche au difficile probl me de la comparaison des religions est voqu e par les r pondants Ainsi de part et d autre l approche de la vie est per ue comme une diff rence cl dans les syst mes de valeurs entre religions et convictions non confessionnelles 2013 face2faith eu 107 108 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Avec l glise catholique je partage la valeur de promotion de la vie Selon moi l glise n a pas d autre valeur que celle l et une religion n est digne de ce nom que dans la mesure o elle fait la promotion de la vie Une jeune catholique d origine africaine Un autre point de rupture pour les r pondants non confessionnels en tout cas est le rapport aux dogmes assimil s dans la citation suivante aux valeurs religieuses ainsi que le respect de la diff rence Si les valeurs transmettre dans l enseignement doivent venir des religions ce sont des dogmes et a me pose un dilemme Car quand a vient des religions c est parce que c est crit dans un livre Un jeune ath e Ce qui est n gatif dans les religions c est leur tendance r tr cir
144. e elle volu n permanence diff rents degr s allant d une soumission assum e aux textes notamment r v l s une position de libre pens e et d int gration de concepts de type spirituel au sein des religions et des convictions non confessionnelles Nous assistons ainsi de nouvelles fa ons de croire des formes de syncr tismes pratiques qui sont le r sultat d un enchev trement des trois registres que sont la pratique la raison et l motion la main la t te et le c ur Cette circulation des symboles d un sch ma l autre est indicative d une volution de la spiritualisation o le spirituel de type religieux se d d ifie tandis que les spiritualit s de type ath e agnostique s affirment de plus en plus avec notamment un d veloppement rituel accru Outre l aspect purement th orique de la formation et de la gestion de la conscience spirituelle religieuse ou non l aspect plus pragmatique n est pas en reste On peut situer les raisons de croire mentionn es par les r pondants sur le terrain du d veloppement personnel rayonnement prosocial il ressort en effet des interviews que croire est une source de bien tre Celui ci est pr sent comme en communication avec l environnement plus ou moins imm diat La religion est pr sent e comme ayant un r le th rapeutique chez les uns et vocationnel chez d autres Elle fournit du sens aux uns notamment la souffrance une structure d a
145. e elle n est pas partag e par tout le monde lIl s agit d une ligne de tension que nous nous proposons d explorer ici Certains groupes de dialogue interconvictionnel ont explicitement mentionn la question des croyances Comme on peut le lire dans les deux citations qui suivent certains r pondants sont convaincus que le dialogue interconvictionnel doit tourner autour des sujets li s aux croyances Je trouve que le dialogue interconvictionnel doit tre men de mani re essentielle et non d une mani re banale Je suis loin d tre un partisan du dialogue lib ral du pass o il est question de tout sauf de religion Il s agissait de r unions au cours desquelles les gens se tombaient dans les bras et tout tait bas sur le fait que tout le monde est pareil De cette mani re le dialogue lib ral ne peut que r ussir Si nous optons pour un dialogue diff rent il y a un risque pour que le dialogue choue Les personnes religieuses ont une religion et une tradition qui donnent une signification particuli re la transcendance et cette signification ne peut tre s par e du langage religieux Ce que nous pouvons faire c est chercher les similitudes les relations et les diverses r f rences dans les textes religieux Nous devrions aspirer un dialogue pacifique qui s appuie sur le vivre ensemble M me une tentative avort e de dialogue est une occasion de ne pas aller jusqu s agresser Un Belge converti au
146. e part je suis heureuse qu il vienne Bruxelles D autre part je ne crois pas que le PWR C soit un endroit s r pouvant offrir un lieu qui permette l autocritique c t je trouve tr s important de stimuler le d bat sur les minorit s puisque nous avons vivre les uns avec les autres au quotidien Une coordinatrice musulmane d un centre d tude de l islam Certains r pondants sont d avis qu il doit plus tre question de rencontre mentale que de rencontre physique Un grand v nement ou m me une s rie de petits v nements ne vont pas changer grand chose dans les c urs des participants I peut tre int ressant de se demander cependant s il est possible d abandonner ses pr jug s et ses g n ralit s sans rencontre physique avec l autre 2013 face2faith eu 209 210 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Il ne faut cependant pas se limiter la rencontre physique Il faut aussi faire l effort de comprendre la vision de l autre tout en ne versant pas uniquement dans l intellectuel II faut partager avec l autre manger avec l autre tablir du lien humain Un chr tien protestant mennonite Ily a un plus grand besoin d un lieu mental dans la t te des gens que d un lieu physique comme l offre le PWR C Le PWR C peut tre une d claration d intention mais la mise en uvre sera alors faire Le vivre ensemble peut
147. e amoureuse autour des atomes nous les hommes sommes invit s tourner de par notre comportement et attitude avec cette m me nergie autour de tout et de tous ceux qui croisent notre route Un musulman appartenant au mouvement Fethullah G len et engag dans le dialogue interconvictionnel Analysons donc de plus pr s de quelle mani re cette vocation d amour de l autre est articul e par les r pondants L amour du prochain l image de Dieu Un jeune homme vang lique explique tr s clairement la signification de l amour qu y donne sa communaut L amour est en nous et qu on le veuille ou pas c est contagieux On a cet amour en nous qui fait que l on s exprime On aime n importe qui son proche pas seulement un membre de la communaut mais chacun Le proche c est celui pr s de soi o que l on soit dans le 2013 face2faith eu CH1 ETRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS monde On aime la personne comme on s aime soi m me L amour est un mot tra tre facile dire L amour et le pardon ne sont pas des sentiments C est une exigence une question de d cision Je peux t aimer ou je peux te d tester Chez nous il faut d cider d aimer la personne avec tous ses d fauts J ai appris aimer ces gens l Un participant d un groupe de jeunes membres de l glise vang lique Du point de vue de la communaut vang lique l amour du prochain est donc con u comme Une
148. e avant que le chaos qui gagne avec violence certaines r gions du monde n embrase l humanit enti re Relevons quelques points cruciaux excellemment clair s par l enqu te de face2faith savoir le r le du diff rentiel social 1 du religieux 2 et de l enseignement 3 1 Soyons lucide l cart scandaleux entre les nantis et les mis reux est certes Un facteur fondamental d inqui tude comme l est le retour des nationalismes rappelant les pr misses de l h catombe de la derni re guerre mondiale Mais il serait faux de ne pas consid rer le r veil du religieux souvent masqu derri re le paravent de l in galit sociale par crainte d tre tax d agent de l ath isme intol rant comme un agent capital du malaise mondial 2 Ne nous m prenons pas la foi n est pas en soi n faste Elle nourrit la source de l thique de la fraternit de la g n rosit Mais il est ind niable que par essence toute croyance fonde sa 2013 face2faith eu Ces PR FACES dynamique sur les certitudes dict es par son Sacr Et de ce fait les religions compartimentent l humanit en autant d espaces clos l Inde aux hindous l Iran aux chiites Ceylan aux bouddhistes D s lors tr s logiquement le Sacr ne se n gocie pas ne se compromet pas dans un dialogue pouvant mener l alt ration du tissu dogmatique de sa propre R v lation Alors se pose une questio
149. e certains de ces crit res le degr de pros lytisme de la communaut l attitude vis vis des autres l attachement certaines valeurs o sources les pratiques rituelles ou l investissement social L importance de la question de l identit et la difficult de la d finir m nent naturellement certaines tensions sur la fa on dont cette question doit tre trait e Ainsi Un jeune ath e d nonce la m fiance du mouvement libre penseur vis vis du dialogue interconvictionnel La communaut libre penseur doit laisser tomber son angoisse face au dialogue interconvictionnel et veiller ce que les autres communaut s ne se sentent pas attaqu es par nous pour ainsi permettre un meilleur acc s au dialogue avec les autres l attitude ferm e et envahissante de notre communaut est peut tre un r flexe inconscient de r sistance identitaire un artifice de marketing qui sert renforcer la communaut en faisant croire aux autres que vous tes important car en train de dispara tre Un jeune ath e Comme l indique la citation de ce r pondant et la mobilisation du concept d identit de r sistance la construction identitaire passe pour un certain nombre de communaut s ou courants par opposition d autres 93 2013 face2faith eu CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE De ce point de vue il est int ressant de remarquer cet ancien in
150. e chaque communaut passe galement par la comparaison avec l autre D s lors le point suivant sera consacr l analyse des repr sentations propos d autres communaut s que portent les r pondants interrog s dans la campagne d coute 2 Les a priori inter communautaires Un constat surprenant a marqu notre campagne contrairement ce que nous aurions pu imaginer les r pondants expriment peu de tensions avec d autres communaut s religieuses ou convictionnelles Ce constat peut tre li une autre observation les r pondants semblent faire preuve de connaissances peu approfondies d autres religions ou convictions m me lorsqu il s agit d autres courants l int rieur de leur propre communaut Sans doute y a t il aussi une certaine diplomatie et d sirabilit sociale en jeu poussant les r pondants prendre soin de ne pas viser ouvertement l autre pour pr f rer l autocritique ou la critique voil e Les quelques tensions intercommunautaires qui sont exprim es sont d ailleurs souvent ramen es des domaines plus g n raux tels que la politique et la vie en soci t ou des ph nom nes qui cristallisent ces tensions sur la sc ne publique Ainsi les difficult s entre juifs et musulmans sont souvent mises en lien avec le conflit isra lo palestinien Quant aux tensions entre communaut s religieuses et ath es celles ci sont g n ralement questionn es en r f rence la s paration des sph res pu
151. e choix des valeurs aujourd hui est la soci t de consommation capitaliste Il manque la jeunesse des exemples inspirants des personnages forts des exp riences enrichissantes Un politologue et philosophe activiste Bruxelles Comme d fis pour la soci t en g n ral je vois entre autres le respect l amour et l attention la famille comme pierres angulaires de la soci t Lorsqu on ouvre son c ur Dieu il ne faut pas se d fendre et se justifier constamment On ne r serve pas non plus suffisamment 2013 face2faith eu 130 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE d attention aux enfants la famille par exemple le divorce En pensant qu tre cons quent ou se suffire soi m me ind pendamment de Dieu c est le plus important nous sommes devenus notre propre idole Une jeune chr tienne vang lique En m me temps que nous souffrons d une r cession conomique nos valeurs humaines et religieuses disparaissent De plus les valeurs familiales ne sont plus importantes en Belgique les parents ne sont plus respect s Ily a galement un foss entre la technologie et la spiritualit par exemple l Universit catholique de Louvain Un groupe de fr res et s urs d origine indienne de confession chr tienne syriaque On peut en outre mentionner un participant d un groupe de discussion hindou qui s tonne de n avoir jamais vu aucun
152. e dans le monde sont une infime minorit Une enseignante de cours de juda sme de confession juive orthodoxe La difficult de perp tuation pour la communaut juive tient entre autres au fait que cette religion se transmet quasi exclusivement par voie de filiation et ne pratique donc pas de pros lytisme La cassure caus e dans la communaut par le g nocide du peuple juif la Shoah dont le souvenir est toujours tr s vivant joue galement un r le d cisif voir chapitre 2 3 3 Pers cution Pour certains comme en ce qui concerne l enseignante de juda sme la perp tuation de certaines communaut s religieuses est mise en p ril par l abandon progressif des pratiques rituelles Le mouvement catholique diminue tr s vite Aujourd hui on n en entend plus rien m me si on va l cole catholique Avant il y avait des f tes on devait aller la messe Les 2013 face2faith eu 91 92 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE enfants ne savent plus faire un signe de croix rien Je ne sais pas encore ce que a signifie On fait encore la communion pour la f te de famille et pour recevoir des cadeaux mais a pour moi ce n est plus une religion Une participante un groupe de conversation li un centre communautaire Pour d autres communaut s le facteur de la distance g ographique se greffe celui de la temporalit C est notam
153. e difficult s contr ler les motions g nantes les nommer et intervenir Je ne peux pas imaginer ma propre vie sans m ditation Un Belge converti au bouddhisme Si cette personne s inscrit tout fait dans la conviction bouddhiste durant ces derni res ann es un travail a t fait pour rendre la pratique de la m ditation plus accessible aux personnes non bouddhistes notamment par l introduction du concept de pleine 71 2013 face2faith eu 72 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE conscience De plus cette pratique est adopt e par un nombre croissant de plus en plus de secteurs dans la soci t comme par exemple le secteur de l aide sociale Ainsi la coordinatrice d un centre d accueil pour sans abris elle m me de foi chr tienne t moigne Conviction philosophie et spiritualit sont toujours d actualit mais les assistants sociaux sont trop peu form s ce sujet D autres personnes de confiance comme les pr tres ont disparu alors que les gens sont toujours en recherche Aussi ai je eu le projet d introduire la mindfulness ou la m ditation de la pleine conscience aupr s des d favoris s comme outil de soutien pour viter une rechute apr s la d pression ou la tentative de suicide La pleine conscience est une forme actuelle la fronti re de la spiritualit et de l aide sociale On cherche le repos et le silence le
154. e ensemble Le deuxi me type de d fis soci taux que nous avons pu relever chez les personnes interrog es est celui des d fis humains Cette cat gorie 2013 face2faith eu 122 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE traite des relations humaines dans nos soci t s qui sont souvent influenc es par les d cisions gouvernementales Nous aborderons dans la derni re partie de ce chapitre consacr e aux d fis spirituels les probl mes personnels qui ne sont pas franchement influenc s par la politique Ce sous chapitre concernant les d fis humains traite d autres aspects particuli rement pertinents car importants aux yeux des r pondants En premier lieu il y a la question du besoin de plus de diversit au sein de nos soci t s ainsi que des outils qu il faut d velopper pour la g rer En second lieu il y a la question de la mobilit qui est intrins quement li e la question de la mondialisation En troisi me lieu nous discuterons de la question de la migration et de l int gration Enfin nous pr senterons les d fis g opolitiques et plus particuli rement la d gradation de la position dominante de l Europe 21 Diversit migration et int gration Certains r pondants soutiennent que le monde a chang tr s rapidement peut tre m me trop durant ces derni res d cennies Les questions de migration d int gration et de vivr nsemb
155. e et dont les s quelles sont in vitables 2013 face2faith eu CH 3 LA PERCEPTION DES DEFIS SOCIETAUX Dans ce sous chapitre noustouchons d embl e dessujetsimportants qui seront trait s davantage plus loin il s agit de la mondialisation de l individualisme du consum risme etc Ceci indique que les lignes de d marcations entre les diff rents types de d fis ne sont pas videntes et qu une interd pendance exist 11 La crise conomique Les r pondants ont souvent cit la crise conomique comme d fi soci tal II s agit l d un terme tr s g n rique qui n est pas forc ment clair en soi Une crise conomique est caus e par un basculement d une conjoncture haute vers Une conjoncture basse Plusieurs l ments changent et s influencent mutuellement l entreprenariat e march du travail les exp riences individuelles les retomb es sociales et bien entendu la politique De fa on g n rale les r pondants soutiennent que le syst me conomique actuel fonctionne mal et souffre de plusieurs d fauts IS appr hendent les corollaires qui y sont li s consum risme individualisme etc Nous reviendrons plus loin dans le chapitre sur les cons quences de ce syst me sur la question des syst mes de valeur Les interview s soutiennent en outre qu il existe un lien direct entre e syst me conomique et par exemple les in galit s et la pauvret Beaucoup de d fis so
156. e la question qui a t pos e a appel des r ponses g n rales et th oriques qui n engendrent pas spontan ment des lignes de tension Cependant si des lignes de tension ne sont pas apparues sur la question pr cise des d fis soci taux cette question pose en retour un cadre qui va permettre des lignes de tension d merger sur la question des r ponses possibles apporter aux d fis mat riel humain et spirituel que nous avons d taill s ici C est donc dans le cadre de ces d fis que le chapitre suivant va aborder les r ponses que religieux et non religieux pr tendent pouvoir apporter et les tensions qui en d coulent KK 140 2013 face2faith eu CH 3 LA PERCEPTION DES DEFIS SOCIETAUX CHAPITRE 4 COMMENT RELEVER LES D FIS SOCI TAUX SUGGESTIONS ET ID AUX DES R PONDANTS AU travers des nombreux entretiens de la campagne d coute outre la question des d fis auxquels fait face la soci t actuelle aux cultures et convictions multiples les r pondants ont t interrog s propos des mani res d y r pondre Quelles seraient d apr s eux les solutions envisageables pour relever ces d fis et pour contribuer un meilleur vivre ensemble dans la diversit Ensuite il leur a galement t demand s ils voyaient un r le jouer par les diff rentes communaut s religieuses et convictionnelles dans cette construction d une soci t meilleure Ce qui suit est une
157. e le fait de repr senter des courants de pens e et d action l utilisation des termes de progressiste ou de conservateur pour se qualifier soi m me ou qualifier les autres semblent fonctionner comme une strat gie de promotion d une certaine image servant la perp tuation de la communaut et la transmission de ses convictions Or comme on l a vu ces positionnements et les appellations qui leur correspondent ne sont pas toujours enti rement contr l s par les communaut s elles m mes mais peuvent galement tre le produit d un regard projet par une autre communaut ou par la soci t environnante Les t moignages de discrimination voire de pers cution nous montrent que la cat gorisation ext rieure peut impacter les communaut s concern es d une mani re positive mais aussi n gative et fait l objet de g n ralisations et d amalgames En effet l image est un jeu interactif de promotion de l un et de cat gorisation de l autre par excellence Le jeu sur le positionnement id ologique en tant que progressiste ou conservateur par les membres des diff rentes communaut s joue donc un r le important dans la construction et la pr servation d une certaine image enjeu majeur pour la prosp rit de la communaut Pour la m me raison si l on admet que l ouverture au dialogue interreligieux et interconvictionnel est un enjeu typiquement promu par le discours progressiste on comprendra que la majo
158. e les gens sentent qu ils valent quelque chose qu ils comptent Ma s il 2013 face2faith eu CH 3 LA PERCEPTION DES DEFIS SOCIETAUX ny a plus de temps dans le secteur du bien tre on investit dans l expansion et non pas dans l approfondissement du secteur Comme d fis soci taux je vois la r ification la mall abilit du bonheur et la gestion du risque La tristesse la souffrance et la douleur sont in vitables nous devons apprendre vivre avec Nous devons r apprendre faire face la laideur et mettre en valeur n importe quel moment de la vie naissance vie et mort On apprend ainsi faire face nos frustrations et nos checs l engagement la valeur et l approfondissement comprendre la question qui est derri re la question sont trois valeurs fondamentales pour moi La lenteur d une vie est pertinente il n y a pas de r ponses toutes pr tes Ceux qui cherchent du sens sont souvent vuln rables vis vis de l influence de gourous de la scientologie d glises pentec tistes Ce dont les gens en recherche ont besoin c est d un contexte dans lequel ils peuvent douter chercher ensemble et trouver un soutien Une coordinatrice d un centre d accueil pour sans abris 3 4 L extr misme la polarisation et le fondamentalisme 4 Beaucoup de r pondants sont inquiets de l extr misme et du fondamentalisme qu ils soient de nature religieuse ou politique Dans le dernier chapitre de ce rapport nous
159. e m thode de connexion avec soi m me avec Dieu avec sa communaut et avec le monde chaque personne insistant plus ou moins sur l une de ces diff rentes connexions Ainsi d un c t une jeune musulmane con oit la pri re comme Un moyen de remercier Dieu de l environnement dans lequel elle vit Prier c est une fa on de remercier Suite la guerre en Syrie j ai mieux compris ce concept Je suis b nie et je n ai qu une personne remercier Dieu Ma pri re m y rattache Une jeune musulmane socialement engag e Ce alors que d un autre c t un pr tre catholique dit m diter pratiquer le silence pour se connecter aux v nements du monde Plus je m dite consciemment plus je participe consciemment aux v nements mondiaux Lorsque les horreurs qui se passent en Syrie ne me tiennent plus veill il est grand temps de replonger dans le grand silence partir de l actualit Un moine b n dictin 2013 face2faith eu 74 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Dansunetentativedesch matisationspatiale parsapratiquerituelle le croyant semble se placer mi cheminentre Dieu et son environnement social La connexion ainsi tablie peut tre multidirectionnelle la personne Dieu et l environnement social semblent former un triangle de connexions interactives Un la c d orientation j suite illustre tr s bien cette con
160. e partie les extraits ont montr que du point de vue des professionnels interview s Un bon professeur de cours philosophique n est pas forc ment celui qui fournit des r ponses ses l ves La culture de l esprit critique et l approfondissement des questions de sens vont m me contre courant d une attitude de donneur de r ponses Et pourtant d apr s cette professionnelle certains professeurs ont tendance r clamer des r ponses attendues de la part de leurs l ves par peur de l impr vu On peut se questionner sur la nature de cette peur mais dans tous les cas l existence de cette peur indique que l enseignement du cours philosophique reste sensible y compris pour le professeur qui puisqu il craint l impr vu peut se sentir menac par le questionnement C est l que l attitude de retenue relev e plus haut prend tout son sens On n a pas forc ment plus de r ponses qu eux mais on a peut tre une m thode Il peut arriver que le professeur de religion catholique soit minoritaire dans sa propre classe Une professionnelle de l enseignement philosophique Cette surprenante d claration est mettre en relation avec un ph nom ne relativement nouveau dans certaines coles catholiques l arriv e croissante d l ves de confession musulmane tant inscrits dans une cole du r seau catholique le cours philosophique qui leur 2013 face2faith eu CH 5 L EDUCATION L OUTIL
161. e publicit en Belgique mettant en sc ne une famille enti re grands parents parents enfants Auparavant la famille et la vie familiale taient essentielles si l on en croit nos r pondants Le mode de fonctionnement communautaire jouissait aussi d une plus grande attention Mais aujourd hui les aspirations et besoins personnels ont pris la place de l int r t public Ce constat est particuli rement clair pour les interview s venant d autres pays qui ont t la fois choqu s et tristes de la mani re dont des enfants traitent leurs parents et de la d mission parentale qui peut en r sulter 3 2 Le manque d espace pour les convictions Un autre chapitre du rapport est d di la question des croyances dans la sph re publique Notre mat riau nous fait tat de personnes qui sont convaincues que leur croyance fait partie int grante de leur identit et est directement li e ce qu ils sont et ce qu ils font La s paration des sph res publique et priv e ne leur para t donc ni n cessaire ni d sirable D autres r pondants affirment au contraire que les croyances sont une affaire priv e et doivent donc tre tenues l cart de la politique par exemple La question ne s arr te pas l Des interview s religieux ou non ont fait mention du manque de spiritualit en termes de d fi soci tal La spiritualit doit selon eux b n ficier d un espace d di dans notre 2013 face2faith eu
162. e que de chaise ou de pelle tarte pour qualifier l l ment qu il vient de d couvrir gr ce une s rie de manipulations les humains ces objets qui parlent utilisent quant eux d j dans la vie quotidienne la plupart des mots que ceux qui se proposent de les analyser vont mobiliser dans la r daction de leurs rapports Les analystes ne sont donc nullement en territoire vierge m me s ils essayent souvent de faire comme s ils l taient en forgeant des s ries de n ologismes D un c t les mots sont in vitablement colonis s par des significations et des histoires de positionnements qui s ils ne sont pas per us correctement risquent de polluer l analyse Cependant d un autre c t les analystes ne peuvent pourtant pas inventer Un langage totalement nouveau pour parler du monde social Ce dilemme se pose de fa on particuli rement aigu lorsque l on traite de probl matiques sociales qui comportent un enjeu symbolique fort c est dire qui engendrent des positionnements de la part des individus les uns par rapport aux autres des jugements des justifications et au final une valuation de ce qui est bien et vaut la peine ou au contraire de ce qui est mal ce dont on veut se distancier et qui ne m rite pas l existence Sur ces sujets et en particulier sur la question du dialogue interconvictionnel et interreligieux qui traverse le rapport tous les mots sont glissants car leur utilisati
163. e registre est utilis pour mettre en mots le v cu et l toffer d l ments quantifiables mesurables tangibles Tout est nergie Nous sommes tous faits des m mes mol cules vous moi l inanim nous sommes tous faits de la m me substance Donc notre unit n est pas hypoth tique ou th orique c est un fait Un ancien pasteur protestant disciple d un guru tantrique Comme la citation ant rieure nous l indique d j il semble que l usage de ce registre vient justifier le v cu spirituel mais aussi le v cu non spirituel Ainsi l ancien pasteur protestant et Un r pondant ath e libre penseur mentionnent tous les deux la m me tude 59 2013 face2faith eu 60 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Des tudes int ressantes ont t r alis es sur la m diation et la pri re On a d couvert que pendant un moment d l vation spirituelle l activit c r brale est mesurable On remarque alors que l activit du lobe primaire associ e l ego l attachement d croit Tandis que l nergie du lobe frontal gauche associ e au bien tre un sentiment de connexion quelque chose de plus grand cro t radicalement Ces tudes ont m me indiqu que la m ditation peut am liorer la capacit du cerveau et tablir de nouvelles connexions c r brales Ily a donc un double effet la fois physiologique et psycho motionnel Un ancien pa
164. e remarque importante d un professeur de religion et genre sur la question de la repr sentation Il est en effet important que m me avec Une belle diversit chez les participants en termes de croyances il faille tre attentif sur le sujet dont on parle la mani re dont on en parle et sur l identit de la personne qui en parle Je crois certainement au dialogue et l interaction entre les communaut s religieuses et convictionnelles Nous devons nous r unir autour de la table et rassembler les id es et les croyances des uns et des autres Par contre il y a quelques mises en garde essentielles qui repr sente quoi Sont ce par exemple des hommes qui en prennent la repr sentation Alors nous devons nous m fier du pouvoir des comportements et pens es normatifs et patriarcaux Ceux qui parlent font ils partie de la majorit ou de la minorit Mais la fa on dont nous parlons les uns aux autres doit aussi tre repens e Souvent les m thodes de dialogue sont obsol tes et nous devons inventer de nouvelles formes de dialogue les uns avec les autres dans le respect et sans insultes Et enfin il nous faut aussi couter la voix des la ques dans le dialogue Une professeure de genre et de religion Encore une fois se repose la question de la l gitimit qui est en droit de d cider de qui participe ou non un dialogue interconvictionnel 206 2013 face2faith eu CH 6 ORGANISER LE DIALOGUE INTERCONVICTIONN
165. e s curit sociale de la Belgique Cependant de plus en plus de personnes ont l impression qu au final chacun se retrouve seul face ses probl mes C est la vision de la soci t actuelle qui ressort de notre mat riau L galit la justice et la paix sont tr s importantes pour moi Nous devons aussi agir ensemble pour les immigr s les sans abris et les pauvres Un pr tre catholique impliqu dans le dialogue interconvictionnel Les d fis soci taux les plus importants selon moi sont la justice sociale et la vision lib rale de la soci t Si vous tes pauvre c est consid r comme si c tait votre propre faute Un crivain musicien pratiquant l art chr tien 2013 face2faith eu 126 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE 2 2 Mobilit et d fis g opolitiques La mondialisation est vue comme un processus continu touchant l conomie la culture la politique o la question de la mobilit est importante Les personnes l argent et les produits circulent de plus en plus travers le monde Les avis recueillis sur la mondialisation et la libre circulation des biens et des personnes sont mitig s D un c t on reconna t qu il pourrait y avoir des avantages si tout un chacun prenait conscience que nous sommes interd pendants et collectivement responsables du bien tre des individus et de la nature De l autre c
166. ecr ent un pass qui n a jamais exist o ils se replient sur une tradition invent e la t te du client Par contre le courant ultra orthodoxe a beaucoup de succ s I s tend et a des institutions fortes Un Belge converti au juda sme orthodoxe Cette derni re observation est confirm e par le croyant soufi 94 2013 face2faith eu CH 2 ETRE EN COMMUNAUT AUJOURD HUI INTERACTIONS ET TENSIONS S il y a un mouvement qui monte dans l islam ce n est pas le soufisme mais le salafisme qui est juste le contraire du soufisme Un Belge converti au soufisme On remarque que la popularit dont il est question dans diff rents courants fondamentalistes r actionnaires peut son tour tre reli e au concept mentionn par le jeune ath e d identit de r sistance la strat gie de monter en popularit par l opposition radicale aux autres Si finalement pour certains la construction communautaire peut passer par l opposition aux autres et le repli sur soi certains r pondants comme ceux issus de la communaut Hare Krishna con oivent au contraire l ouverture aux autres comme une condition m me de la transmission de la foi et de l int gration de nouveaux croyants dans la communaut Nous avons du mal attirer les jeunes On nous consid re comme diff rents bizarres ou m me fous Nous devons leur montrer que ce n est pas le cas en les amenant nous conna tre plus personnelleme
167. ence inimaginable C est vraiment une torture pour ces filles l Un membre d un groupe de professeurs de cours philosophiques J ai connu deux exemples d l ves qui appartenaient une tradition religieuse et qui ont subi une telle pression de la part de leurs camarades qu elles ont fini par quitter le cours de morale D ailleurs quand on a fait la rencontre interconvictionnelle pour les deuxi mes ann es elles se sentaient tr s mal l aise Elles taient g n es une sorte de mauvaise conscience et je trouve a vraiment dommage Un membre d un groupe de professeurs de cours philosophiques On distingue dans ces t moignages quatr types de probl matiques communautaristes mentionn es par les interview s Une ranc ur postcoloniale des rivalit s religieuses une pression sociocommunautaire relative l habillement et enfin des ph nom nes de pression li s au choix du cours philosophique Ces rivalit s entre l ves exception faite de la question du colonialisme qui est part reposent la question du r le des visions du monde dans l espace scolaire On peut en effet se demander si les cours philosophiques sont des causes de tension ou si au contraire ils demeurent Un outil qui permettrait Un meilleur vivre ensemble 2013 face2faith eu CH 5 L EDUCATION L OUTIL CLEF DE LA TRANSMISSION DES CONVICTIONS Cela revient poser la question de savoir si les rivalit s mention
168. ence au quotidien qui n en est pas moins fondamental Plus encore sans ce dialogue de la vie sans une culture r elle et concr te de la rencontre qui m ne des relations authentiques sans pr judice ni suspicion l effort intellectuel ne servirait pas grand chose Le peuple de Dieu a ici aussi comme j aime le souligner souvent son propre ressenti et il comprend la mani re dont Dieu lui demande de marcher dans ce cas sur le chemin de l amiti de la proximit de la fraternit Ce que le pape exprime ici est non seulement valable en ce qui concerne les relations entre juifs et chr tiens mais aussi celles qui se nouent entre toutes les personnes et les peuples de diff rentes croyances cultures et religions Quidquid agis respice finem est une sage formule issue des fables d sope Quoi que tu fasses garde ton objectif en vue Il s agit d un conseil avis appliquer tout au long de la vie Si le bonheur de chaque tre humain et la paix parmi toutes les nations ce que la Bible r sume en un mot h breu Shalom sont les buts poursuivre alors le dialogue est la seule voie qui m ne la paix effective et durable Ce n est pas seulement ce que l exp rience montre c est aussi ce que l vangile porte comme message Toutefois le dialogue n cessite la confiance La confiance dans le fait que l autre acceptera votre main tendue et ne la mordra pas La confiance en
169. ence est en premier lieu un d fi int rieur de construction communautaire pour le jeune pr tre catholique suivant il s agit d une question affectant l image ext rieure de l glise 2013 face2faith eu CH 2 ETRE EN COMMUNAUT AUJOURD HUI INTERACTIONS ET TENSIONS Un d fi de la communaut chr tienne est la communion avec Dieu et entre nous la division entre chr tiens porte atteinte au message du Christ Pour l ext rieur la communion entre chr tiens est donc tr s importante Un jeune pr tre catholique 1 4 Des difficult s de transmettre et de se perp tuer Comment rester Une communaut malgr le changement de ses membres La question de l unit dans la diff rence se pose avec encore plus d acuit lorsqu il s agit d envisager la transmission des valeurs et savoirs et ainsi la perp tuation de la communaut Un autre th me pr occupant de diff rentes communaut s religieuses et convictionnelles est celui de la transmission de la conviction de la religion et donc la perp tuation de la communaut Ce th me est une pr occupation majeure pour la communaut juive Ily a de moins en moins de familles religieuses qui transmettent leur degr de religiosit aux enfants Il s agit d un mangue de transmission d un manque d ducation ce qui fait que les jeunes ont une attitude beaucoup trop laxiste tout fait en contradiction avec la religion Les religieux en Belgique et m m
170. ent galement la m thode et l interpr tation des donn es empiriques I est important de le savoir quand nous lisons un rapport de recherche Apr s tout quel est le statut d un rapport qui est bas sur une campagne d coute un terme qui ne sonne pas d embl e positivement aux oreilles des scientifiques De quel genre d coute s agit il ici La gamme d opinions pr sent e est elle repr sentative de ce qui se passe dans la soci t Les enqu teurs fournissent peu de d tails au lecteur quant la composition et au profil des groupes de personnes interrog es mais pr cisent bien la m thode employ e qui vise tre l g rement diff rente des recherches scientifiques dites positivistes Afin d appuyer la l gitimit de la recherche qui a men ce rapport je me r f re la pr sentation par Habermas des diff rents types d enqu tes en fonction de l int r t des valeurs qui les sous tendent Outre la recherche empirique analytique positiviste qui est orient e vers l objectif de surveillance et de contr le du ph nom ne tudi Habermas distingue deux types derecherches larecherchehistorico herm neutique en ligne avec la poursuite de la compr hension mutuelle et l enqu te socio critique qui se d ploie partir d un int r t pour l mancipation humaine C est surtout ce dernier type d enqu te sociologique qui se r v le particuli rement pertinent pour comprendre le projet En che
171. entes d interview s qui se situent en dehors du monde professionnel de l enseignement 22 Du bon professeur de cours philosophique L un des points qui a t soulev lors des entretiens est celui des qualit s d un bon professeur de cours philosophique Voici quelques r ponses que nous avons obtenues ce propos Un bon professeur c est celui qui a la connaissance de l autre le respect Un professionnel de l enseignement philosophique Il est important qu un professeur enseigne le dialogue interconvictionnel pour un meilleur vivre ensemble Une professionnelle de l enseignement philosophique Le travail d un bon enseignant c est d tre capable de dire aux enfants que la conviction h rit e de leur famille est l gitime Mais que l on vit dans un espace o ily a d autres convictions Et donc le travail pour moi d un enseignant c est de permettre l enfant de prendre conscience la fois de la l gitimit de cette conviction et de la n cessit de l inscrire dans une pluralit Un ancien professionnel de l enseignement philosophique On voit dans ces trois premiers t moignages que la question du rapport l autre est soulev e de plusieurs mani res Dans le premier extrait les choses sont tr s claires le bon professeur c est d abord celui qui conna t l autre dans le respect Cette d claration est d autant plus interpellante qu il s agit du premier l ment mis en avant par
172. erait selon moi la r duction de l agressivit et de la violence Une professeure de litt rature germanique de confession juive Comme d fi soci tal je pense d abord la gestion de la violence dans la soci t qui conduit aux meurtres m me l int rieur des familles et un degr lev de suicides Surtout au travers de l utilisation massive de moyens pseudo lib ralisateurs tels que les appareils lectroniques et num riques je crains un repli des gens sur eux m mes Un coordinateur d une association interculturelle chr tienne L exemple des effusions de sang en Syrie et en Palestine m inqui te Un Belge converti au bouddhisme 3 5 Une soci t consum riste et mat rialiste Le mat rialisme et le consum risme sont des sujets de pr occupation pour les interview s lls pensent que ces concepts s opposent directement la spiritualit et m nent Une forme de radicalisation Ceci peut s expliquer par le syst me conomique qui est le n tre nous devons produire et donc nous devons consommer Les gens sont obnubil s par ce qu ils poss dent et ne s attardent plus sur ce qu ils sont ou ce en quoi ils ont foi Du fait du capitalisme les biens mat riels sont rig s au rang de valeur Au niveau soci tal je constate l effondrement de la solidarit l volution inqui tante de la culture actuelle vers une culture de la cupidit Aujourd hui la soci t n est que concurrence ta
173. erconvictionnel N anmoins et comme pour le reste du rapport nous donnons la parole nos interview s Dans ce chapitre nous ferons encore plus appel aux citations afin de rendre visibles les points n vralgiques de la question du dialogue et les divergences qui en d coulent La derni re question de nos interviews a port sur les ouvertures et les limites du dialogue interconvictionnel Comme pour les autres questions la dynamique des r ponses a vari du tr s concret au tr s th orique La diversit des r ponses et des opinions r colt es nous donne une bonne id e de ce que pourrait tre un dialogue interconvictionnel en Belgique et Bruxelles et sur ce que les participants en attendent convient d apporter un l ment d clairage particulier ce chapitre avant d aller plus loin Comme rappel au d but de ce rapport la campagne d coute a initialement t lanc e sous le label PWR C et dans l optique d organiser une rencontre interconvictionnelle Bruxelles en 2014 Nous avons donc pos la question du dialogue interconvictionnel la majorit de nos interview s en termes d v nement du PWR C et notamment ce qu ils aimeraient y voir et ne pas y voir Par la suite et apr s r ajustement du projet la question a t largie au dialogue interconvictionnel en g n ral et pas uniquement dans le cadre d un v nement de type PWR C Le lecteur ne doit donc pas s tonner du fait que certains interv
174. ers la v rit Une jeune chr tienne vang lique Remarquons que cette femme plut t de dire qu elle d tient la v rit dit d tenir le bon chemin pour arriver cette v rit Le chemin ici est J sus Par contre elle n explicite pas la nature de la v rit vers laquelle ce chemin m ne Est ce Dieu Ou le message de Dieu L au del peut tre Ainsi aucun r pondant de la campagne d coute n a affirm v ritablement d tenir une v rit en tant que substance qu il serait capable de d finir Ceci n emp che par contre pas que certains r pondants ont affirm conna tre le chemin v ritable pour atteindre cette v rit En poussant le raisonnement on pourrait se demander si dans l esprit des r pondants le chemin dont certains r clament l exclusivit et le but vers lequel il m ne ne confondraient pas L affirmation d une autre jeune femme vang lique qui dit suivre la v rit qui est J sus pointe en tout cas dans cette direction Ceci dit de fa on int ressante la croyance une v rit exclusive n exclut pas l existence d une v rit plus universelle selon la m me jeune femme vang lique cit e ci dessus qui am ne dans cette exclusivit une distinction entre deux niveaux 2013 face2faith eu CH 2 ETRE EN COMMUNAUT AUJOURD HUI INTERACTIONS ET TENSIONS Ainsi chacun a sa religion ou ses convictions Pourtant il faudrait finalement une v ri
175. es glises se comportent comme des partis politiques et ne font que diviser les gens La religion n a du sens pour moi que quand elle est v cue au niveau de la spiritualit et de la morale Un animateur de jeunesse d origine africaine Enfin ce refus marqu d une id ologisation ou d une politisation se retrouve de mani re limpide chez de nombreux r pondants bouddhistes ainsi que le montre cette citation Le d fi du bouddhisme est de rester fid le au bouddhisme pur Il ne peut y avoir d implication ni de politique ni de culture ni d int r ts particuliers ni d extr misme Le bouddhisme n est pas une religion oros lytiste II faut avoir soif de d veloppement spirituel et d introspection Un Belge converti au bouddhisme 1 2 L engagement social versus la liturgie Une deuxi me tension au sein des diff rentes communaut s religieuses rep r e par les interview s se surajoute la premi re il s agit du hiatus entre les courants qui mettent l accent sur la n cessit de respecter la mission d engagement social propre au message de leur religion ou conviction et ceux qui donnent la priorit la dimension formelle et liturgique de leur religion ou conviction 2013 face2faith eu CH 2 ETRE EN COMMUNAUT AUJOURD HUI INTERACTIONS ET TENSIONS Ainsi un pr tre catholique actif dans un quartier d favoris fustige le retour Une pratique religieuse purement formelle aux d pens d un in
176. estiment tre pertinents ou non dans un dialogue interconvictionnel Les r ponses ont t directement fonction des personnesinterrog es Certains d sirent vraiment aborder des questions de croyance tandis que d autres pr f rent d laisser ce type de questions au profit des probl mes de soci t Lesdits probl mes sont leur tour fonction des engagements professionnels et des pr occupations des r pondants La dynamique des sujets possibles est tr s large allant de l environnement aux droits fondamentaux Le troisi me sous chapitre nous a montr les diff rentes positions des interview s sur les profils des gens habilit s ou non participer un dialogue interconvictionnel Une minorit de r pondants est d avis que les leaders religieux doivent y prendre part ce qui contraste avec la majorit qui consid re que les lites n ont pas leur place dans Une approche bottom up La m me question s est pos e au sujet des personnes a priori d favorables au dialogue 2013 face2faith eu 218 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE des convictions Quoi qu il en soit il faudra de facto un calibrage langagier et un d veloppement sp cifique d outils et de th mes pour rendre le dialogue accessible au public Enfin et malgr le fait qu il peut arriver que la pr sence d une communaut signifie la non participation d une autre aucun interview n est pr t s
177. estion de la participation des gens qui ne veulent ou ne peuvent pas faire de compromis reste cependant pos e Je ne peux pas faire de compromis je crois que J sus est le seul chemin vers la v rit Ainsi chacun a sa religion spiritualit croyance mais finalement il devrait y avoir une v rit identique pour tout le monde qui peut cependant tre interpr t e diff remment Bien que je pense qu il n y a qu une seule v rit on devrait respecter la vision de chacun Mais nous pouvons travailler ensemble apprendre les uns des autres renforcer le respect mutuel et maintenir le dialogue L le dialogue interreligieux a en effet un r le jouer Une jeune chr tienne vang lique Les humanistes ath es croient en la th orie de l volution Cela peut poser des probl mes au dialogue interreligieux et interconvictionnel Un consultant libre penseur humaniste Je vois certainement un avantage dans le dialogue inter religieux et interconvictionnel mais il a aussi ses limites Tout d abord nous devons tre en mesure d accepter l autre dans sa diff rence Nous devons avoir envie de mettre nos diff rences sur la table Mais il faut aussi tre pr t changer notre fa on de vivre Dans un tel cas ce serait positif Mais pour d finir le contenu et la forme de ce vivre ensemble il vaut mieux ne pas se mettre table avec un sentiment d inf riorit anciennement les chr tiens taient ma
178. et doit tre conflictuel mais l int rieur d un cadre de confiance Une coordinatrice musulmane d un centre d tude de l islam Un autre chapitre du rapport a d j abord la question de la vitesse de la soci t et du culte du r sultat Cette probl matique se r percute sur la question du dialogue interconvictionnel a t on le temps pour a Comment trouver des personnes suffisamment motiv es pour mettre le temps et les efforts n cessaires un projet aussi complexe et sensible La religion doit tre explicitement n gociable Le dialogue est un mot us il est rest coinc dans une convivialit polie Il n y a pas de profondeur pas de place pour tre en d saccord Le vrai dialogue demande parfois des efforts il peut tre p nible de reconna tre les diff rences avant de pouvoir tendre vers la relation Nous pouvons nous d finir l aune de nos rencontres et du dialogue aussi bien dans la recherche d approbation que dans la douleur Un ancien directeur protestant d une cole interconvictionnelle Des obstacles tels que l ignorance les pr jug s la m fiance l autosuffisance ainsi que les facteurs socio politiques peuvent rendre la v ritable rencontre difficile On cueillera les fruits quand l esprit du temps le voudra Un pr tre d origine indienne de confession chr tienne syriaque 2013 face2faith eu CH 6 ORGANISER LE DIALOGUE INTERCONVICTIONNEL PI GES ET POTENTIEL
179. eu de transmission de la foi et donc de survie communautaire L clairage deterrain apport parles professionnels del enseignement que nous avons interrog s montre que de leur point de vue la finalit du cours de religion est double dans le sens o elle implique un aller retour constant entre la sp cificit de la religion enseign e et la n cessit de prendre conscience du multiculturalisme de la 2013 face2faith eu CH 5 L EDUCATION L OUTIL CLEF DE LA TRANSMISSION DES CONVICTIONS soci t Autrement dit se conna tre soi m me avant de conna tre et d accepter l autre dans sa diff rence N anmoins les d fis sont cons quents probl mes de discontinuit entre l Univers du professeur et l univers de ses l ves attitudes fondamentalistes et communautaristes qui peuvent aller jusqu des pressions contre des l ves ne s habillant pas comme il faut ou n ayant pas choisi le bon cours de religion S ajoutent ces d fis le sentiment des professeurs d tre d pr ci s dans leur fonction et de travailler dans des conditions qui peuvent tre difficiles pour les enseignants de communaut s num riquement minoritaires A la lecture de tous ces t moignages lon est en outre amen reposer les questions d espace priv et d espace public L cole est par excellence un espace commun public et donc de libert d o la question l gitime de la place des contenus convictionnel
180. euve Cet effort d acculturation est n cessaire pour ne pas faire du bouddhisme une religion qu elle n est pas Une franc ma onne de confession bouddhiste Une condition d int gration entre des formes plus ou moins institutionnalis es d ath isme et de spiritualit semble donc tre en tout cas pour cette femme mais aussi suivant d autres citations la r interpr tation et donc le questionnement permanent des id es et des pratiques spirituelles pour qu elles ne deviennent pas des dogmes et donc dans ce contexte des prescriptions religieuses Remarquons en conclusion les contrastes dans le spectre des conditions d int gration de concepts religieux et d autres spirituels dans l ath isme allant des paroles cit es plus haut du franc ma on croyant pouvoir accepter l int rieur de la libre pens e la croyance des dogmes jusqu au rejet de toute r f rence au transcendant de l ath e socialement engag Les conditions et les limites d pendent encore une fois des diff rentes d finitions possibles que l on peut donner aux concepts d ath isme libre de pens e de religion et de spiritualit 2 4 Entre ouverture et enchev trement religieux Le cas de la femme combinant convictions franc ma onnes et bouddhistes bien que particulier s est r v l pas tout fait marginal dans notre campagne d coute Ainsi plusieurs personnes ont indiqu tre plus ou moins inspir es par d autres re
181. examen et l ath isme a fait surgir une confusion consid rable quant l usage de ces termes est remarquable de constater que ces termes sont utilis s diff remment de part et d autre de la fronti re linguistique Ainsi dans les entretiens francophones les termes de libre pens e et de libre examen ont souvent t utilis s comme tant des synonymes alors que les r pondants n erlandophones faisaient une distinction un peu plus marqu e entre les correspondants vrij onderzoek libre examen exprimant essentiellement une pratique et vrijzinnigheid libre pens e connot e plus id ologiquement Afin de ne pas s y perdre nous ne creuserons pas trop cette confusion pour nous concentrer sur les grandes lignes de la signification de ces concepts En premier lieu de nombreux r pondants d finissent la libre pens e ou le libre examen comme une m thode de pens e La libre pens e c est une forme de recul par rapport soi et par rapport la soci t On remet en question ses propres id es mais aussi les id es de la soci t du syst me dominant Un membre d un groupe d tudiants libres penseurs francophones Le libre examen c est la recherche de v rit sans que cette v rit soit d finie sachant donc que la v rit ne peut pas tre atteinte Un membre d un groupe d tudiants libres penseurs n erlandophones Remarquons ici que la deuxi me citation me
182. fesseur de confession catholique En effet il semble qu il y a un risque d amalgame entre la la cit en tant que principe de fonctionnement de la soci t et la la cit organis e en tant que courant convictionnel subsidi par l tat dans une situation analogue celle des diff rentes communaut s religieuses et convictionnelles reconnues Cet amalgame est plus pr sent en r gion francophone le mouvement ath e militant s appelant officiellement la que Centre d Action La que alors que son contrepoids n erlandophone se dit d une mani re plus explicitement convictionnel libre penseur Unie van Vrijzinnige Verenigingen La citation suivante illustre d ailleurs que du c t ath e libre penseur galement certaines personnes se prononcent contre l identification de la la cit organis e appartenant la sph re priv e en Belgique avec l tat personnification de la sph re publique Je suis pour la s paration de l glise et de l tat Pour ces choses il faut militer mais j ai peur que cela g n re une tribu parmi d autres et que a participe la logique communautariste ath es chr tiens musulmans Le fait de vouloir introduire l ath isme dans la sph re publique c est participer justement cette logique alors que la sph re publique doit tre la sph re de tous les citoyens et pas de communaut s C est la destruction de la politique en tant que telle et c est fa
183. franc ma on n erlandophone membre du Grand Orient de Belgique Comme il est expliqu ici et cela rejoint les paroles du la c d orientation j suite sur la d construction puis la reconstruction de soi ou encore le silence du pr tre catholique la pratique rituelle passe donc d abord par une d connexion une rupture avec le quotidien habituellement v cu pour ensuite se reconnecter avec une r alit plus profonde Comme nous l ont appris les diff rents propos des r pondants voqu s ci dessus cette connexion peut donc se 2013 face2faith eu CH1 ETRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS faire sur un axe plut t vertical entre l individu et Dieu horizontal entre l individu et l environnement social ou bien encore selon un mode triangulaire entre Dieu l individu et l environnement social 3 3 3 Entre rite religieux et pratique institutionnalis e L exemple de l existence de pratiques rituelles dans la franc ma onnerie nous am ne la question de savoir si l on peut galement retrouver des formes de pratiques rituelles dans d autres courants convictionnels non confessionnels L on pense ici la m thode du libre examen de la recherche la plus libre possible de r flexes irrationnels valorisant l interaction la discussion avec l autre afin de s approcher d une certaine v rit voir chapitre 1 3 1 La dimension cognitive de la croyance Hautement valoris e par le mouvement
184. gnage suivant d une femme franc ma onne et professeure de morale exprime ce m me engouement de la r alit terrestre la diff rence que celle ci combine explicitement ses convictions ath es avec le bouddhisme Je suis issue d une famille ath e ce qui a influenc mes valeurs Mais ma rencontre avec la pens e bouddhique a t d terminante Le bouddhisme est l apprentissage du r el or la valeur de l authenticit c est pr cis ment accepter d tre dans le r el Ce qui caract rise le plus globalement les bouddhistes c est l aspiration l veil Par veil on entend le contraire d une vie d endormi c est dire ne pas se poser de questions existentielles L veil c est avoir les yeux grands ouverts sur le monde Une franc ma onne de confession bouddhiste 2013 face2faith eu 53 54 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Bien que le bouddhisme fasse d bat sur sa classification en tant que religion autour d un dieu ou conviction ath e il est commun ment consid r comme un courant spirituel Or s alignant la prudence affich e par le mouvement ath e en la mati re cette femme combinant une franc ma onnerie ath e et bouddhisme exprime elle m me sa pr occupation vis vis de la confusion possible entre religion et spiritualit Ily a un grand travail faire pour r entendre le message du Bouddha avec une oreille n
185. her j 24 6 1 Christian 10 NRM 36 7 0 2 9 Bahai 2 5 8 Jewish 4 8 7 Free Mason 0 6 6 Humanist 9 0 4 Hindu 3 Buddhist 2 Muslim 5 Sikh 0 4 3 8 1 0 12 3 Non religious minorities 36 2013 face2faith eu 0 0 1 Catholic 2 Protestant 3 Pentecostalist 4 Christian Orthodox 5 Evangelical 0 0 6 Sunni 7 Shia 8 Sufi 9 Muslim Minority 0 0 10 Zen 1 Tibetan CAHIER Fig 8 R partition des chr tiens 20 0 40 0 60 0 80 0 i 1 Fig 9 R partition des musulmans 20 0 40 0 60 0 80 0 100 0 20 J 20 20 Fig 10 R partition des bouddhistes 20 0 40 0 60 0 80 0 40 0 60 0 57 2013 face2faith eu 38 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Fig 11 R partition des humanistes 0 0 20 0 40 0 60 0 80 0 NAPPES nn ti ne TR nn r 15 Agnostic i 5 1 Fig 12 R partition des juifs 0 0 20 0 40 0 60 0 80 0 16 Jewish Orthodox 29 4 17 Ultra Orthodox 5 9 18 Liberal Jewish 647 2013 face2faith eu BIBLIOGRAPHIE Bibliographie ALEXANDER J C 2004 Cultural pragmatics Social performance between ritual and strategy Sociological Theory 22 527 573 BOURDIEU P avec J C Chamboredon et J C Passeron 1966 Le m tier de sociologue Paris Mouton De Gruuter DOUGLAS M 1980 Evans P
186. hes 1983 parlait de croyance moiti et surtout par le constat pist mologiquement indispensable que les innombrables cas de figure dans lesquels nous utilisons la proposition je crois que dans la vie quotidienne ne peuvent nullement tre aplati dans une d finition de laboratoire de ce qu est vraiment Une croyance Ensuite le rapport se tient volontairement distance d une attitude qui consisterait distribuer des bons ou des mauvais points aux propos et comportements des individus Les gens ont ils tort ou raison de croire en telle entit de critiquer telle attitude de penser que plus de dialogue est n cessaire d imaginer une soci t sans conflit Ce n est nullement l le sens du propos de ce rapport du moins dans sa partie analytique dans laquelle il s agit d viter tout prix les questions du vrai et du faux de la bonne et de la mauvaise croyance Ce point capital n a pas pour principe une question thique m me s il poss de videmment des cons quences au niveau de la consid ration que les analystes ont pour les auteurs des propos qu ils recueillent il s agit d une question d ordre m thodologique et heuristique Autrement dit sans cette attitude adopt e par les chercheurs qui ont particip l enqu te et l analyse il n aurait pas t possible de donner voir la structure les lignes de tension les fractures qui traversent les diff rentes cosmologies vis
187. holique Ce qui est dramatique ce n est pas qu il n y a pas de chr tiens c est le fait qu il y a des gens qui pensent conna tre le Christ mais qui ne le connaissent pas Beaucoup de gens ne s approchent pas du Christ cause de l image qu ils ont des chr tiens cause de l image du pape de l glise de probl mes de morale Un jeune pr tre catholique 2013 face2faith eu CH 2 ETRE EN COMMUNAUT AUJOURD HUI INTERACTIONS ET TENSIONS Ilest clair pour la plupart de cesr pondants quel un des facteursjouant un r le dans cette probl matique semble tre la longue pr sence de l glise catholique en Belgique qui a subi une volution acc l r e vers une soci t s cularis e Cela a non seulement diminu le r le de cette glise mais l a galement discr dit en quelque sorte D autre part il y aurait l interaction pol mique entre l institution catholique et la soci t environnante mise en sc ne par les m dias Finalement il est important de constater que les deux r pondants lient l imag st r otyp e de leur religion des probl mes de transmission de foi e a Du c t musulman ensuite un inspecteur de religion musulmane fustige l inclination des m dias chercher le spectacle Malheureusement les m dias gonflent rapidement les choses par exemple Sharia4belgium lls sont peu nombreux mais ont droit beaucoup d attention des m dias De plus les m dias ne font pas da
188. i de rebaptiser notre projet face2faith dialogue amp conviction Son objectif est toutefois rest le m me alimenter un mouvement de dialogue et de coop ration interreligieux et interconvictionnel en particulier via l accroissement des synergies entre les associations existantes d une part et tout citoyen d sireux de s investir pour un Mieux Vivre Ensemble d autre part Pour permettre notre projet de s tablir sur des bases r alistes et m thodologiquement contr l es nous avons men une campagne d coute riche de plus de 300 interviews et focus groups En voici le rapport d analyse Il peut para tre inhabituel de publier un ouvrage avec trois pr faces mais nous pensons que cela donnera un clairage appr ciable notre point de vue Ce rapport est la premi re tape d un projet plus vaste dont la finalit est de soutenir la coh sion sociale Bruxelles en Belgique et en Europe Cette Phase 1jettera les bases d un dialogue plus concret de terrain travers diff rentes initiatives qui seront mises en place dans la Phase 2 Baudoin de M rode Pierre Gehot Laurent Ledoux Alain Deneef Pr sident sortant Vice Pr sident sortant Pr sident Vice Pr sident TPWR C tant le nom de d part du projet il sera parfois mentionn comme tel par les r pondants dans les propos rapport s Le lecteur se souviendra que le nom a chang en cours de projet Ce point ne sera plus pr cis dan
189. i expriment des probl mes de discrimination de stigmatisation et d intol rance leur gard Ainsi le port du foulard est un th me phare pour les r pondantes musulmanes voil es Fondamentalement je ne suis pas form e pour travailler dans cet organisme J aurais pr f r avoir Un poste en travail social mais malheureusement je n en ai pas trouv cause de l exigence de neutralit Je trouve que c est de la discrimination et de l in galit sociale j ai d pos plainte deux fois durant ma p riode de candidature cela il faut ajouter le sentiment d inf riorit d impuissance 2013 face2faith eu CH 2 ETRE EN COMMUNAUT AUJOURD HUI INTERACTIONS ET TENSIONS de d faillance et d ins curit Je suis n e ici c est mon pays Le Maroc est une terre de vacances Croire devrait tre normal la Belgique est un pays de libert religieuse Au contraire les gens utilisent toujours la religion mon d savantage L interdiction du voile limite notre libert religieuse et est contraire la Constitution Cela donne un mauvais signal la soci t notamment que l exclusion des personnes portant le voile est admissible Une musulmane active dans une organisation en charge des minorit s ethniques et culturelles Cette pr sentationrelativement classique setrouve parfoisrenvers e Ainsi le musulman suivant questionne galement les limites entre les sph res publique et priv e mais de mani re i
190. i il ny a pas de honte bien au contraire dire j aime croire que Dieu existe sans autre forme de justification que ce j aime Parfois la croyance en une religion peut m me aller jusqu devenir une v ritable vocation Et donc je me suis dit que ce serait une belle vie pour moi d tre pr tre Je me suis dit que ce serait une belle mani re pour moi de m panouir tout en servant les autres Les tudes de th ologie me nourrissent beaucoup et la pens e chr tienne est vraiment nourrissante belle importante C est une source de joie pour moi et pourquoi pas pour les autres Un jeune pr tre catholique 2013 face2faith eu 78 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE La religion ici n est plus th rapeutique ce n est plus un m dicament mais une v ritable nourriture une source tel point que l interview s est d couvert une vocation travers l envi e de partager cette source de joie avec les autres en devenant pr la carri re d ing nieur qui l attendait Si la croyance en une religion peut tre assimi tre en lieu et place de e un m dicament comme vu dans l un des extraits pr c dents on peut se demander quel type de maladie elle r pond L encore on retrouve une tendance g n rale dans les interviews que illustr e dans les deux extraits suivants issus discussion diff rents
191. id aux de l poque C est venu bien apr s Ily a des d couvertes qui font qu on arr te de s accrocher des dogmes Une ancienne chevine des cultes De fa on inverse pour certains ath isme n est pas gal absence de spiritualit J aime bien la citation d Albert Camus Je ne crois pas en Dieu mais je ne suis pas un ath e pour autant m me si on n a pas de foi absolue il y a toujours une petite porte ouverte sur des ph nom nes inexplicables Une membre d un groupe d tudiants libres penseurs francophones Si les premi res citations correspondent ce que le sens commun nous conduirait attendre les deux derni res citations laissent entrevoir d autres types d interpr tation des religions et des convictions Regardons donc de plus pr s ces ph nom nes de syncr tisme pratique 2 2 Du libre examen dans la religion Certains r pondants mettent Un accent pr pond rant sur l importance de la raison de l tude dans leur religion qui est con ue comme un devoir presque religieux La raison n est pas tout mais elle est n cessaire L tude c est la libert contre l id e de la soumission La tradition est vivante et se r approprie Un repr sentant du juda sme lib ral Bien que ce r pondant r fute l id e de la croyance dogmatique telle qu exprim e dans la profession de foi le credo chez les catholiques 2013 face2faith eu CH1 ETRE CROYANT AUJOURD HUI
192. identit religieuse qu un enfant ou qu un jeune qui vient d un milieu conviction forte sa parole ne sera pas pertinente Un ancien professionnel de l enseignement philosophique Plus loin dans l entretien le r pondant avouera ne pas avoir toujours pens cela et qu il lui semblait possible une certaine poque qu un ath e par exemple puisse donner cours de religion des l ves croyants C est l exp rience de terrain qui lui a fait prendre conscience du fait que selon lui on ne peut lutter contre l extr misme que de l int rieur Nous avons affaire ici Un point int ressant qui cr e une tension avec les repr sentations pr c dentes si le d samor age du fondamentalisme constitue lun des objectifs du cours de religion on peut alors se demander si un cours sur les religions est pertinent dans le sens o un tel cours implique que lon aborde la pens e religieuse avec une certaine distance critique et donc de l ext rieur Or d apr s l interview ici on ne peut faire voluer les l ves que si l on partage avec eux le m me univers de discours et donc que l on parle de l int rieur Cela revient finalement dire que seuls sont habilit s l enseignement d une religion des personnes qui adh rent effectivement cette m me religion C est quasiment la m me id e que nous retrouvons dans l extrait d une autre r pondante 5 Le d fi de l xtr misme tel que per u par les r pond
193. iew s mentionnent le PWR C dans les citations qui seront reprises dans ce chapitre Ceci tant clarifi nous verrons tout d abord en quoi le dialogue est n cessaire selon les r pondants Ensuite nous parcourrons les th mes de dialogue qui ont t propos s En troisi me lieu nous d couvrirons quels sont les profils des personnes habilit es dialoguer et au contraire quels profils ne seraient pas d sirables toujours partir de notre mat riau Un bon nombre de r pondants 2013 face2faith eu CH 5 L EDUCATION L OUTIL CLEF DE LA TRANSMISSION DES CONVICTIONS a partag avec nous leur opinion sur les conditions et les limites du dialogue interconvictionnel Nous analyserons ces opinions dans les deux parties suivre Les r pondants ont ils de grandes attentes en mati re de dialogue ou vaut il mieux ne pas trop en esp rer Nous r pondrons cette question la fin de ce chapitre 1 Pourquoi un dialogue interconvictionnel est il n cessaire aujourd hui Tous les participants s accordent sur le fait que le dialogue est n cessaire et utile Cependant le dialogue interconvictionnel constitue un cas particulier Bien que les participants soutiennent que cette forme de dialogue apporte une plus value ils invoquent des raisons sous jacentes diff rentes De mani re g n rale nous pouvons avancer que les participants soutiennent que le dialogue interconvictionnel repr sente l un des moyen
194. ification de la croyance signature religieuse l identification de l id e de croyance avec l id e de religion ou m me de Dieu est loin d tre tablie en tout cas si l on se r f re notre mat riau En effet on trouve dans certaines interviews l id e de la n cessit de croire en quelque chose sans d finir clairement ce quelque chose Je dis qu il faut croire quelque chose et faire en fin de journ e son mea culpa et voir ce qui n a pas volu ou march et ce qui marche Une participante d un groupe de conversation li un centre communautaire On trouve en outre l id e de foi en la personne humaine et en son destin Une valeur centrale moi et la religion bah est la foi en la personne humaine croire qu il existe un destin extraordinaire pour l tre humain que l humain a t cr noble Une participante engag e dans le dialogue interconvictionnel aupr s de l UNESCO de confession bah Cette citation est d autant plus int ressante que l on garde l esprit le fait que le baha sme est une religion monoth iste Plus surprenant l id e d ath isme en tant qu absence de croyance est parfois ni e L ath e il croit tre ath e mais il n est pas ath e l homme est port par quelque chose et chacun le vit sa mani re Un repr sentant du juda sme lib ral On retrouve ici sous entendue dans la citation l id e de Dieu qui est substitu e un
195. ins sp cifiques d accorder de l importance la transmission C est l que la probl matique scolaire prend tout son sens les finalit s du cours philosophique doivent elles s accorder avec des perspectives communautaires sp cifiques Dit autrement doit on attendre de l cole qu elle participe la survie d une communaut ou son affirmation identitaire Les avis sont tranch s D aucuns ont une vision du cours philosophique analogue ce que l on trouverait dans un cours d histoire de la pens e d autres y voient Une occasion de ressusciter une conscience spirituelle chez les jeunes D autres encore le voient comme un enfermement de l l ve dans une tradition donn e Finalement cours sur les religions cours de religion ou pas de cours du tout Quelle que soit la r ponse les acteurs de terrain que sont les professionnels de l enseignement ont conscience des probl mes pos s par un cours trop cloisonn tout comme ils mettent en garde contre Un cours d connect de l Univers de discours des l ves et qui aboutirait une parole non pertinente de leur point de vue Outre les d fis auxquels on pouvait s attendre comme le fondamentalisme et le communautarisme d autres probl mes moins connus voire relativement nouveaux mergent en milieu scolaire et appellent une r flexion quid en effet des professeurs de religion 2013 face2faith eu 221 222 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D
196. int gration des immigr s Enfin le climat politique Bart De Wever Filip Dewinter etc et conomique est aussi en cause 2013 face2faith eu CH 3 LA PERCEPTION DES DEFIS SOCIETAUX Si je dois nommer quelques d fis soci taux je citerais en particulier les r fugi s on doit y r server la plus grande attention En tant que soci t nous ne devons pas tre na fs mais plut t critiques de mani re constructive tout en tant aussi accueillants Une ancienne directrice chr tienne d une cole secondaire impliqu e dans le dialogue interconvictionnel Je pense que le plus grand d fi social est la diminution de la pauvret et l int gration de certains groupes de personnes Nous en tant que soci t devons trouver un quilibre entre une soci t qui fonctionne bien et l engagement donner toutes ses chances aux migrants et aux d favoris s Une assistante sociale dans un centre d accueil pour demandeurs d asile Les questions d galit et de justice sont aussi troitement li es cette probl matique Les interview s soutiennent que le gouvernement et la soci t en g n ral ont pour responsabilit de cr er une soci t juste et quitable pour ses habitants Chacun doit pouvoir jouir des m mes opportunit s Ce n est pas seulement dans l int r t des individus c est la soci t tout enti re qui en b n ficie La plupart des r pondants sont fiers et heureux du syst me d
197. introduire l ath isme dans la sph re publique c est participer justement cette logique alors que la sph re publique doit tre la sph re de tous les citoyens et pas de communaut s C est la destruction de la politique en tant que telle et c est favoriser une Europe identitaire Un membre d un groupe d tudiants libres penseurs francophones Avec cet extrait nous touchons au c ur de la ligne de tension majeure en termes d enseignement l cole La position de l interview est claire il est contre l enseignement religieux l cole qu il identifie comme tant Une imposition faite un enfant Il cite juste apr s son engagement la que pour la s paration du religieux et du politique tout en prenant soin de pr ciser que cet engagement ne saurait tre confondu avec un ath isme militant auquel cas on aurait affaire une autre forme de communautarisme C est dire que comme mentionn plus haut la lutte contre le communautarisme implique pour certains libres penseurs la n cessit de mettre entre parenth ses leurs propres convictions ath es par souci de neutralit 2013 face2faith eu 177 178 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Il r sulte de ces quelques extraits qu l exception de la derni re citation la tendance majoritaire est celle de prendre parti pour un cours sur les religions et non de religion C est une soif cognitive et
198. ions dans la mati re permet d ouvrir le d bat sur le r le que celui ci a jouer dans la gestion juste des diff rentes forces convictionnelles et religieuses en soci t par exemple en d limitant la sph re priv e des valeurs et la sph re publique des d cisions politiques ou en dictant ce qu est un traitement juste des diff rentes communaut s Par rapport l organisation du vivre ensemble la plupart des r pondants appr cient la promotion de l unit dans la diff rence et par l une attitude mutuelle non jugeante et une tol rance davantage active Pour concr tiser ces id es de nombreux r pondants consid rent l enseignement comme un instrument cl de transmission des valeurs citoyennes pour duquer les jeunes dans la diversit Le chapitre suivant examinera plus en d tail la perception et l interpr tation des articulations possibles de cet instrument par les participants la campagne 2013 face2faith eu CH 4 COMMENT RELEVER LES DEFIS SOCIETAUX SUGGESTIONS ET IDEAUX DES REPONDANTS Finalement l analyse nous indique que favoriser l interaction pourrait tre plus qu une option d entreconnaissance entre diff rentes communaut s convictionnelles et religieuses une n cessit conditionnant un meilleur vivre ensemble En effet m me si la plupart des r pondants semblent d accord dans les grandes lignes sur les valeurs n cessaires promouvoir
199. is converti l islam Un peu l improviste d ailleurs parce que quand quelqu un a demand une gu risseuse ce que je faisais dans une c r monie elle a dit Mais il est musulman Vas y dis le Je J ai alors prise au s rieux Un Belge converti au soufisme Il est int ressant de noter dans ce t moignage qu outre la rencontre et le relationnel construits avec les soufis qui ont men l interview se convertir l islam la place de l cole a jou un r le d terminant dans son parcours L histoire de cette conversion c est avant tout l histoire d un h ritage prouv par un questionnement scolaire puis Universitaire auquel se substituera plus tard une exp rience interpersonnelle Nous reviendrons plus tard sur cette tension que l on peut d j esquisser ici entre d marche cognitive et exp rience spirituelle Parfois ce n est pas tant la relation elle m me qui stimule le parcours religieux d une personne que le charisme v hicul par une ou plusieurs figures d autorit C est ce qui ressort d un entretien avec 2013 face2faith eu CH1 ETRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS un musulman animateur sportif en quartier d favoris ll affirme avoir t recadr dans sa jeunesse par la religion au travers de personnes qui lui ont parl avec dit il sagesse et une certaine intonation On identifie donc au travers de ce deuxi me exemple un parcours
200. iscr tion entre interlocuteurs En fin de compte si la confiance mutuelle est trop faible il n y a pas d expression libre pour parler de la signification des mots pour creuser pour se lancer dans la pratique etc Car au final selon lui c est a le but du dialogue interconvictionnel b tir des avanc es de lois des cadres de vie qui fassent place aux convictions de chacun Un franc ma on francophone membre du Grand Orient de Belgique Le dialogue interconvictionnel est une r ussite pour moi s il ne devient pas une affaire litiste Cela doit tre l image de l homme de la rue Les gens doivent se sentir en s curit pour que les religions puissent s en rapprocher Un ancien directeur protestant d une cole interconvictionnelle En ce qui concerne le dialogue interreligieux et interconvictionnel je crois qu il est positif que de nombreuses personnes se rassemblent Malgr toutes les diff rences nous devons nous concerter et trouver des solutions ensemble nous sommes forts N anmoins nous devrions essayer de toucher les masses Nous ne devons pas seulement atteindre les personnes d j convaincues que le dialogue interreligieux et interconvictionnel est une valeur ajout e Une jeune musulmane travaillant dans une organisation contre le racisme 201 2013 face2faith eu CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Parmi les participants on trouve
201. itent au d bat cette diversit est n cessaire Un professeur ath e Certains interview s ont des opinions bien tranch es sur les profils de personnes qui ne sont pas les bienvenues dans un dialogue interconvictionnel ou qui du moins soul veraient de s rieuses difficult s par leur pr sence Les raisons sous jacentes ces inqui tudes ne sont pas toujours claires On peut imaginer une mauvaise exp rience pass e avec une personne ou une communaut pr cise On peut aussi concevoir qu il s agisse d appr hensions n es de m connaissances ou de pr jug s La vraie plus value d un dialogue interconvictionnel reste l opportunit de rencontrer des gens aux backgrounds et id es diff rentes Les r ticences initiales peuvent s estomper par le contact Je pense que le projet devrait repr senter une voix mod r e une voix du dialogue de la paix et de Diapraxis faire des choses ensemble Nous devons fournir Un contrepoids l extr misme On doit atteindre beaucoup de personnes et surtout des mod r es des gens qui veulent s engager dans le dialogue Si nous entrons en dialogue nous pouvons d velopper des valeurs universelles Une femme de confession bah Je pense que nous devons faire face en tant que soci t contre les extr mistes nationalistes et l intol rance en g n ral Nous devons travailler de mani re mancipatrice et constructive tout en donnant un soutien l o c est n cess
202. joritaires et plus maintenant c est un cas d cole Pour avoir raison il vaut mieux ne pas s asseoir une table de dialogue mais plut t s installer sur sc ne pour un monologue Un coordinateur d une association interculturelle chr tienne 2013 face2faith eu CH 6 ORGANISER LE DIALOGUE INTERCONVICTIONNEL PI GES ET POTENTIEL Le PWR C comporte un paradoxe pour moi Les religions sont des dogmes et doivent d abord tre d politis es Les religions sont des concurrents et doivent d abord mettre de c t leurs convictions avant de pouvoir entamer un dialogue Je crains aussi que le dialogue puisse tre mal utilis par les religions afin d en exclure les ath es Un groupe d tudiants libres penseurs francophones Comme voqu plus haut des interview s craignent que seules les lites prennent part au dialogue interconvictionnel ce qui serait en soi une limite li e la nature des participants Je vois le PWR C comme une contrainte positive o l coute et l int r t de l autre sont des l ments centraux Il est d ailleurs important de tenir l esprit que le dialogue intrareligieux est souvent plus complexe que le dialogue interreligieux Bien que selon moi le PWR C atteigne surtout l lite je crois la valeur ajout e du projet car chaque petit geste compte Un professeur d hindouisme et de bouddhisme de confession hindoue J ai des sentiments mitig s au sujet du PWR C D un
203. jusqu d passer les limites de ce cadre pour se tisser une identit interreligieuse 2013 face2faith eu 55 56 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE La r appropriation d id es religieuses ou convictionnelles rel ve du domaine du v cu du sensible Le point suivant aborde les diff rentes tentatives d expression et de d finition de ce v cu et des id es lencadrant 3 Les dimensions de la croyance la t te le c ur et les mains Comment d crire son v cu spirituel son appartenance religieuse sa conviction de vie De religion en conviction de personne en personne chaque r pondant y a donn une autre d finition une autre expression Toutefois l on peut cerner certaines similitudes transversales tout comme l analyse fait merger certaines tensions quant aux d finitions donn es Tr s g n ralement les diff rents types de description de la conviction et de la religion peuvent tre rang s dans les registres de la cognition ou la t te des motions le c ur et des pratiques les mains Le registre de la cognition abordera le d bat des diff rentes conceptions de la libre pens e et de l ath isme ainsi que l usage dans les entretiens de concepts et de raisonnements scientifiques pour parler de et justifier le religieux Le registre des motions ensuite continuera sur les concepts de libre pens e et d ath isme cette fois
204. l cher prise des pens es et des motions Les pens es n gatives existent sont accept es il ne faut pas leur offrir de r sistance Il s agit d attention positive soi m me Rien de flottant ou d alternatif seulement du concret du tangible Comme l indique cette coordinatrice elle m me la pratique de la mindfullness vient remplir Un vide laiss par la pr sence et la popularit d croissantes de l glise catholique comme intervenant religieux traditionnel dans la soci t belge Non seulement l tat mais galement la soci t se s cularisant progressivement le concept de pleine conscience spirituel mais non religieux et pragmatique trouve sa niche Anoter aussi que les pratiques de la m ditation et de pleine conscience sont d crites par les r pondants pratiquants comme des techniques d entra nement spirituel mettant ainsi beaucoup d accent sur l apprentissage toujours en processus Ceci renvoie une tendance observ e par plusieurs chercheurs la connexion entre des outils ou approches g n ralement assimil s au d veloppement personnel avec une composante mystique New Age ou non self help et des pratiques religieuses plus classiques voir p ex F Champion et le concept de n buleuse psycho mystico sot rique 3 3 2 comme outil de connexion avec soi m me l autre et Dieu Avoir conscience de la v rit la conscience de ce qui tient ensemble la totalit
205. l de cette pr face elle s y retrouve galement en filigrane dans chacune des pages du rapport Une analyse constitue toujours une prise de risque une mise en jeu de la comp tence du chercheur Faire comme si tel n tait pas le cas est Un mensonge qui peut confiner l argument d autorit Ce rapport au contraire rend ce risque visible tout en insistant sur le fait qu il est contr l gr ce la m thodologie employ e Ainsi les interpr tations des citations ne sont certainement pas les seules possibles mais elles sont le r sultat d changes de discussions de lectures et surtout d une connaissance approfondie du mat riau r colt Le lecteur de ces lignes objectera peut tre juste titre que le choix des citations pr sent es dans ce rapport parmi les centaines d heures d entretiens ne peut par contre pas tre soumis son contr le C est totalement exact et cela rappelle que dans toute communication et particuli rement dans celle ci Une relation de confiance doit s installer entre destinataires et destinateurs Dans le cas qui nous occupe c est en l honn tet intellectuelle des chercheurs que le rapport demande de croire honn tet qui consiste viter par tous les moyens possibles de tromper volontairement ou non le lecteur C est cette honn tet intellectuelle bien pr sente dans l esprit de l quipe qui permet chacun de ses membres d assumer la totalit des propos du rapport et d ac
206. la communaut musulmane est l int gration de la nouvelle g n ration dans les structures existantes Bruxelles il y a plus de 100 mosqu es mais quand on compte le nombre de jeunes dans les administrations on peut voir que les mosqu es sont tr s mal g r es C est difficile pour un jeune de faire accepter aux plus g s de rentrer dans l organisation Ily a vraiment un manque de participation y a des jeunes qui sont sans doute plus comp tents que certains vieux qui g rent la mosqu e ma s ils sont juste mis dans les comit s de jeunes pour faire des activit s pour les jeunes et pas dans la gestion de la mosqu e La mosqu e pourrait faire norm ment de choses pour faire avancer les jeunes et m me pour les autres comme des groupes d achat par exemple mais a ne se fait pas Les jeunes parlent mieux la langue ils parlent m me parfois plusieurs langues donc avec les administrations communales etc les contacts peuvent mieux se passer qu avec quelqu un de plus g qui se d brouille peine en fran ais Il y a aussi beaucoup de personnes g es qui ont un manque d ouverture lls sont traditionnalistes lls ont tudi ce que leurs parents leur ont appris ce qui n est pas forc ment juste ou correct Pour eux l islam c est ce que leur parents leur ont appris et rien d autre Donc si on vient avec un autre avis ce n est pas a c est faux Alors que nous les jeunes on nous apprend qu on peut avoi
207. le Quand on parle de transmission en mati re religieuse convictionnelle il est ais de faire le lien avec la question des enfants et plus pr cis ment de l ducation de ces derniers Deux grands th mes questionnements ont t identifi s l int rieur de notre mat riau e Quelle est la finalit de la transmission de la religion conviction Est ce la pr paration une vie citoyenne ou plus pragmatiquement la p rennit voire la survie de la communaut e Quelle place pour l enseignement religieux et l ouverture interconvictionnelle dans l ducation 11 pour p renniser les communaut s La nature a dot les organismes vivants d une forme de m moire biologique le mat riel g n tique qui se transmet de g n ration en g n ration afin de garantir la perp tuation des esp ces On nomme ce mat riel g n tique le g nome Toute proportion gard e on peut comparer le g nome d une esp ce la tradition d une communaut Ainsi de m me que lon peut se poser un niveau biologique la question des m canismes de transmission d un g nome d une g n ration l autre comme modus operandi de perp tuation de l esp ce on peut se poser la question de la transmission de la tradition d une g n ration la suivante comme perp tuation d une communaut C est le m canisme de survie de base des syst mes biologiques Cette comparaison peut de prime abord surprendre et pourt
208. le gagnent en importance jour apr s jour Comme le dit un interview Nous devrions chercher des solutions durables maintenant sans quoi nous serons forc s de vivre ensemble dans un futur proche Un pr tre catholique coordinateur d une association promouvant la coh sion sociale Le d veloppement d une soci t multireligieuse multiculturelle et multiethnique dans laquelle chacun se sente chez soi et jouisse d opportunit s de r ussites gales demeure le r ve de plusieurs r pondants Les choses vont cependant plus loin Qu en est il des pauvres et des sans abris De l mancipation des femmes des handicap s et des homosexuels Sans oublier la guerre la violence et les agressions dans d autres r gions du monde Les d fis sont nombreux Notre mat riau contient beaucoup de repr sentations de ce quoi le monde pourrait ressembler dans le futur On y trouve des propositions concr tes et th oriques pour am liorer la situation mondiale La soci t est per ue comme de plus en plus diversifi e ce qui doit se refl ter dans tous les domaines de la vie et de la collectivit Cependant l id e de diversit peut tre d finie de plusieurs mani res 2013 face2faith eu CH 3 LA PERCEPTION DES DEFIS SOCIETAUX plus ou moins exhaustives Elle peut en effet renvoyer au champ politique les mesures d encouragement la tol rance vis vis des populations aux backgrounds diff rents Elle
209. le r pondant lors de son interview Le second extrait souligne l importance du dialogue interconvictionnel dans l enseignement encore une fois dans Un souci de vivre ensemble Le troisi me extrait quant lui ajoute une articulation int ressante un bon professeur doit tre capable d harmoniser l affirmation identitaire de ses l ves avec une conscience de la pluralit 179 2013 face2faith eu 180 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE C est dire si du point de vue de ces professionnels Un cours de religion bien donn est d abord un cours d cloisonn lIl ne s agit pas d enfermer les l ves dans leur identit bien qu il faille les r conforter dans la l gitimit de celle ci II faut au contraire les amener s ouvrir aux autres ce qui n cessite au pr alable que le professeur lui m me connaisse et respecte les autres religions convictions Toujours dans la m me ligne de pens e le troisi me interview cit souligne ici l importance de partager avec ses l ves leur identit religieuse pour tre audible On ne peut lutter contre l int grisme que de l int rieur C est parce que l enseignant partage la m me identit que son l ve qu il va pouvoir avoir une parole pertinente lui adresser pour lui permettre de s ouvrir la pluralit des champs de conviction Si l enseignant est ath e ou ne partage pas la m me
210. les interview s convoyer un message positif et symbolique Ceci peut marquer Un nouveau d part et une nouvelle conscientisation transmissible d un individu l autre Selon nous le dialogue interconvictionnel peut contribuer la transformation l l vation de la soci t si au moins chacun commence par travailler sur lui m me pour ensuite se rencontrer et coop rer Le dialogue peut soutenir plus de tol rance et r duire les conflits au travers d changes d id es Le dialogue c est aussi un message positif c est un concept et une mise en action de bonnes nouvelles pour NOUS tOUS Un groupe de femmes demandeuses d asile Je pense que le dialogue interconvictionnel est une bonne initiative d autant plus que les gens vont apprendre se conna tre mutuellement et s couter Cela renforcera le sentiment de s curit des gens Le dialogue interconvictionnel doit tre une histoire positive qui essaie d apporter une voix positive dans un contexte de repr sentations n gatives Une animatrice d un centre communautaire promouvant le dialogue interculturel Sp cifiquement dans le cadre du dialogue interconvictionnel je vois une opportunit de faire la relation entre les convictions et les d fis d aujourd hui Je vois aussi dans le dialogue interconvictionnel une valeur 2013 face2faith eu CH 6 ORGANISER LE DIALOGUE INTERCONVICTIONNEL PI GES ET POTENTIEL symbolique et l occasion de faire des
211. les professeurs nombre d l ves r duit Cette difficult est explicit e dans le t moignage qui suit Le gros d fi qui est le n tre dans les cours philosophiques c est la possibilit de voyager d un cours l autre d une ann e l autre Nous sommes donc arriv s une forme de client lisme En fait c est difficile car il y a les l ves fondamentalistes mais il y a aussi les l ves client listes si on ne leur pla t pas l ann e suivante ils vont ailleurs c est clair et net Donc on doit les s duire on doit leur donner ce qu ils attendent de nous Ils ont conscience qu il faut un peu que l on travaille mais en m me temps il ne faut pas trop travailler Parce que sinon ils vont d m nager dans un cours qui est r put tre un cours o l on ne travaille pas Cela d pend la fois des coles et des autres coll gues Si tous les coll gues 2013 face2faith eu CH 5 L EDUCATION L OUTIL CLEF DE LA TRANSMISSION DES CONVICTIONS travaillent de la m me fa on ce probl me est moins pr sent Dans le cas contraire si certains professeurs regardent beaucoup de films par exemple les autres se trouvent dans une position difficile car les l ves d m nagent dans ces cours o l on regarde beaucoup de films Une enseignante de religion protestante Le constat est pr occupant si les l ves ne sont pas satisfaits d un cours ils peuvent en changer l ann e suivante Ce n est pa
212. lexion et non pas de transmettre des notions de morale tel que lamour du prochain etc voir chapitre 1 3 2 2 dans l ath isme positif de l humanisme La comparaison entre ces deux citations fait alors merger la distinction entre trois fa ons diff rentes de qualifier et l gitimer des syst mes de valeurs humaines religieuses et humanistes Par contre plut t que de nous amener des r ponses claires l analyse des diff rents entretiens semble au contraire faire ressortir l tat de confusion autour des d finitions et des interactions mutuelles ainsi que sur la chronologie d mergence de ces diff rents syst mes en gros qui a copi sur qui L interview fait ici r f rence la R gle d Argent puisque la R gle d Or est Faites l autre ce que vous voulez que l on vous fasse 2013 face2faith eu CH 2 ETRE EN COMMUNAUT AUJOURD HUI INTERACTIONS ET TENSIONS Par ailleurs et en contraste avec l id e de valeurs universelles certains r pondants mettent l accent sur le partage de valeurs exclusives entre deux ou plusieurs communaut s Ainsi quelques r pondants musulmans chr tiens et juifs ont affirm que les trois religions monoth istes partageaient la valeur de la pudeur Il est remarquer que des r pondants chr tiens notamment ont donn savoir que leurs communaut s feraient bien de s inspirer de la communaut musulmane afin d actualiser cette valeur tomb e d apr
213. ligions ayant int gr l un ou l autre concept dans leur conviction de vie et allant parfois jusqu se r approprier leur conviction comme une sorte de r agencement de religions diverses Cette tendance est la plus pr sente dans les communaut s catholique et protestante par rapport aux id es bouddhistes et parfois vice versa titre d exemple un pr tre catholique con oit la trinit chr tienne comme a duale concept relevant typiquement de philosophies orientales telles que le bouddhisme 2013 face2faith eu CHA ETRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS J sus le Christ en tant qu Oriental exp rimente la Grande Conscience comme un p re qui il est li d une mani re a duale Ce qui veut dire pas de s paration bien que diff rent Pour nous Occidentaux c est un message exceptionnel Un pr tre catholique coordinateur d une association promouvant la coh sion sociale Il est remarquable de constater que ces r pondants malgr un enchev trement d id es religieuses apparent vivent n anmoins leur foi de mani re tr s approfondie exprimant avoir fait leur part de chemin vers la recherche d une identit r semblent tr s confiants En t moigne un enseig zen qui apr s des ann es de recherches et d trouv sa voie dans la philosophie zen Cela lu igieuse laquelle ils nant en bouddhisme e doutes spirituels a i a permis en
214. llement chez les chr tiens dans la description de leur relation avec Dieu ou avec J sus de leurs valeurs religieuses ou de leur relation l autre D abord il y a l amour de Dieu et le sentiment d tre aim par Dieu La raison principale pour laquelle je suis devenu pr tre ce n est pas pour tre beau serviable intelligent c est par amour pour J sus Christ Un jeune pr tre catholique 2013 face2faith eu 61 62 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE L id e de faire partie d un tout sous le regard aimant de Dieu me donne force et patience malgr les soucis du quotidien Un musulman appartenant au mouvement Fethullah G len et engag dans le dialogue interconvictionnel Aimer Dieu c est plus que la pri re et la lecture de la Bible c est une rencontre quotidienne avec le P re c leste tel un enfant avec son p re sur terre Nous n avons pas une religion mais une relation Un repr sentant de l glise vang lique Cette relation d amour inspire certains r pondants engager un m me type de relation avec l autre l image de Dieu concevant l amour comme ayant une vocation relationnelle avec Dieu travers les autres et avec les autres travers Dieu L amour aussi a une vocation relationnelle un moment donn l amour de la cr ation a tout mis en mouvement et tout comme les lectrons d crivent une rond
215. lus grande accessibilit que ne le ferait l approche intellectuelle des conf rences et des d bats Par exemple travers des activit s artistiques surprenantes le centre tente de d montrer au public que le sacr fait partie de notre quotidien qu il s agit d une richesse que l on peut changer plut t qu elle ne nous loigne les uns des autres Une animatrice de dialogue interconvictionnel Nous pouvons dire qu un nombre non n gligeable de r pondants ont une r elle envie d aborder les questions de croyance en contexte de dialogue interconvictionnel Sans Une dimension relative la croyance l id e de dialogue interconvictionnel ne fait pas sens selon eux D autres pensent en revanche que ce sont des th mes non religieux qui doivent tre abord s et qui sont en lien avec les r alit s personnelles et professionnelles des participants 2013 face2faith eu 200 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE 3 Qui est qualifi pour y participer Les avis sur les profils de participants inviter et les profils viter sont tranch s De fa on g n rale on peut avancer que les r pondants d sirent une diversit importante en ce qui concerne les participants au dialogue En th orie tout Un chacun devrait tre le bienvenu Cependant les choses sont plus complexes et des lignes de tension apparaissent ce niveau Que dire en effet de la participation d u
216. m me temps de renouer avec ses racines catholiques par la lecture partir d une perspective nouvelle de certains muystiqu Souvent c est la participation une interconvictionnel qui a inspir plus d ouvertu voire l int gration de concepts propres d a forme de es et de l Evangile dialogue re ces personnes utres religions dans leur cadre religieux originel Ainsi le pr tre cath olique mentionn ci dessus est lui m me tr s impliqu dansle dialogue interconvictionnel le consid rant comme la voie normale dans sa conviction chr tienne de plus en plus profonde Un autre pr tre engag dans la promotion de la coh sion sociale t moigne galement de ce m me processus Par la rencontre avec des croyants d autres convictions j ai largi mais aussi approfondi mon regard vis vis de la religion Gr ce ces rencontres avec d autres croyances je me sens maintenant plus chr tien mais tout autant bouddhiste Je me dis moi m me bouddhiste chr tien Un pr tre catholique coordinateur d une association promouvant la coh sion sociale Ces diff rents r pondants donnent donc savoir qu travers de l approche de l interreligieux partir d un cadre religieux stable leur ouverture vers d autres religions n a pas mis en cause leur propre religion mais au contraire leur a permis de l approfondir Finalement comme nous l avons vu il existe des exceptions o l on va
217. m s puissent tenir la route En analyse de donn es qualitatives comme c est le cas ici c est bien plus au crit re de saturation que l on fait appel Sans nullement pr tendre avoir suivi la lettre la Grounded Theory de Glaser et Strauss 1968 qui a syst matis ce crit re c est bien cette perspective que le rapport doit son esprit Le crit re de saturation invite le chercheur poursuivre l exploration de son mat riau tant qu apparaissent des l ments neufs que les cat gories analytiques d j construites ne permettent pas encore de ressaisir La saturation s obtient lorsque les nouveaux l ments empiriques n apportent plus rien de particuli rement neuf Ainsi non seulement la campagne d coute a t elle pris fin lorsque cette situation a sembl tre atteinte par l quipe mais il s agit l d un crit re contraignant que le processus mis en place a permis de respecter dans le cadre des analyses produites En effet celles ci pr sentent ce que l on appellera dans la suite du rapport des raisonnements typiques c est dire des registres d arguments poss dant une certaine coh rence interne port s par divers interview s AU final les analyses pr sent es dans ce rapport s appuient sur la totalit du mat riau r colt en ceci qu aucun l ment empirique qui les falsifierait n a t volontairement ou involontairement cart 2013 face2faith eu INTRODUCT
218. me certains r pondants l ont signal ces questions s inscrivent dans un contexte plus large de transmission et ainsi de perp tuation de ce rassemblement d id es m thodes et convictions ath es libre penseur Finalement il est remarquable de constater que l on puisse dessiner des tendances divergentes dans ce d bat de part et d autre de la fronti re linguistique non seulement au niveau terminologique mais aussi au niveau du ressenti Ainsi les ath es et libres penseurs n erlandophones s avouent souvent proches de l humanisme alors que les francophones mettent plus l accent sur l opposition aux convictions dogmatiques 3 3 La dimension pratique Si le v cu de la conviction pour certains semble principalement s inscrire aux niveaux intellectuel et motionnel d autres mettent accent sur la pratique balisant leurs croyances et convictions Si l on utilise commun ment le terme de pratiques rituelles chez les r pondants religieux l on peut parler de pratiques nstitutionnalis es chez les r pondants ath es Or comme on le verra les courants spirituels ath es et les cercles francs ma ons ivent leurs convictions au seuil de ces d limitations lt Commen ons par les pratiques qualifi es de rituelles qui peuvent tre approch es sous deux angles de vue diff rents un niveau purement personnel et un niveau bien plus relationnel 2013 face2faith e
219. me on le verra dans le chapitre suivant la question de l enseignement de cours de religion ou de convictions particuli res dans les coles publiques appara t comme une des questions au c ur de ce d bat Chacun peut laisser transpara tre ses convictions priv es Un croyant peut tre influenc par ses convictions dans son comportement de vote dans la soci t d mocratique dans ses interventions dans le d bat public C est son plein droit Mais en tant qu ensemble on ne peut que s appuyer sur le consensus ou sur l opinion de la majorit dans une soci t donn e Tout en gardant en t te cette notion toutefois la majorit doit toujours tenir compte des minorit s il ne faut donc pas affronter les gens Par contre on ne peut pas en tenir compte Par exemple en Belgique je trouve aberrant qu il y ait toujours un enseignement religieux a ne devrait pas tre possible Un ath e engag dans une association socioculturelle progressiste De l autre c t il y a les r pondants qui estiment qu l inverse la sph re publique telle qu elle est actuellement d finie entrave la sph re priv e ainsi le r pondant musulman suivant n est pas le seul fustiger le fait que selon lui la soci t actuelle fait deux poids deux mesures la religion se retrouvant souvent du c t perdant 2013 face2faith eu 158 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE
220. me vis vis de 2013 face2faith eu CH 3 LA PERCEPTION DES DEFIS SOCIETAUX ceux qui sont int ress s par vos croyances il reste toujours le d fi du tout de suite on veut savoir tout de suite comment a fonctionne alors que la d marche spirituelle dure quand m me un bout de temps Un membre d une glise protestante On trouve certaines d clarations qui pointent sur le fait que les jeunes ne savent plus prendre leur temps D autre part les l ves ne se retrouvent aujourd hui jamais face eux m mes Leur temps est tellement rempli par diverses activit s parfois futiles qu ils n ont jamais connu de moment de vide d o les questions existentielles peuvent germer un niveau plus global j identifie l islamophobie comme l un des probl mes majeurs Il est inqui tant de voir des gens se baser sur des slogans ou des informations biais es pour v hiculer une image des musulmans Ceci est d ailleurs en lien avec un deuxi me probl me qui est celui des m dias ces derniers peuvent v hiculer des images fausses et produire en aval du racisme et de la discrimination Une enseignante de religion protestante La x nophobie et le manque de culture par la lecture sont les dangers soci taux qui pr carisent le plus les valeurs pr cit es Les jeunes sont submerg s par des dispositifs lectroniques qui forment un cran entre eux et la r alit ce qui a un impact imm diat sur le cerveau affecta
221. ment le cas lorsque la migration intervient dans le processus de transmission Ainsi un musulman soufi t moigne de la s paration physique parfois douloureuse entre le noyau spirituel de sa confr rie situ e au Maroc et la communaut belge Le chef de notre confr rie demande d aller le voir au moins deux fois par an On a donc un contact avec la source mais il n emp che qu avec la migration la transmission de ce noyau spirituel qui a t construit au pays d origine se dilue petit petit et les formes modernes fragilisent ce noyau spirituel En m me temps l adh sion de jeunes bruxellois la confr rie donne de l espoir m me si on reste quand m me minoritaire Un Belge converti au soufisme Ce soufi exprime le difficile quilibre trouver entre Une n cessaire ouverture aux pratiques locales empreintes de la modernit occidentale et l attachement de sa communaut aux sources spirituelles et rituelles qui ne sont pas port e de main Enfin cette question occupe galement la communaut bouddhiste dont plusieurs membres s attellent la traduction de concepts spirituels emprunt s une autre culture afin de pouvoir tre adopt s par le public belge lire la citation suivante on comprend que cette question y est trait e avec une grande ouverture du moins par le courant bouddhiste zen Adapter le bouddhisme zen notre culture prend du temps Le bouddhisme trouve son origine dans une
222. mme il aime Dieu de par l id e que les hommes sont con us l image de Dieu et forment tous pour ainsi dire des pi ces d un m me puzzle De mani re similaire Un repr sentant du juda sme lib ral argumente que l amour de l autre n est possible que dans la reconnaissance de soi dans cet autre relativisant la capacit de l homme aimer l autre Uniquement de par la volont de Dieu tout comme la jeune femme vang lique cit e plus haut bien qu elle en tire Une autre conclusion Dans la Thora il y a une parole qui dit Tu aimeras ton prochain comme tu t aimes toi m me Alors les rabbis dans le Talmud se disent Mais comment peut on faire a Ce n est pas vrai parce qu on s aime d abord soi m me et il y a des gens qu on n aime pas Alors Mo se crit de belles phrases pour nous endormir Et les rabbis discutent se questionnent tudient d autres textes Et puis ils arrivent la conclusion que la traduction est mauvaise n est pas crit Tu aimeras ton prochain comme tu t aimes toi m me mais Tu aimeras ton prochain parce qu il est comme toi Tout est chang Cela veut dire que j arrive 2013 face2faith eu CH1 ETRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS me construire moi en me disant que le clochard sous le pont c aurait pu tre moi a peut atteindre mes enfants demain Le g nie le prix Nobel c aurait pu tre toi L autre est comme m
223. mporte sur le rythme naturel de l homme Le Shabbat le jour hebdomadaire o l homme est invit s arr ter pour vivre dans une dimension autre spirituelle le lib re de l emprise des objets et des obligations professionnelles Dans le syst me conomique actuel on ne peut pas s arr ter Un rabbin orthodoxe De la m me mani re une autre femme juive orthodoxe t moigne du fait que sans la pratique du Shabbat elle ne survivrait pas son agenda bien rempli Toujours en lien avec la vitesse de la soci t actuelle plusieurs r pondants valorisent la religion dans le sens o elle offre un espace au silence la r flexion et au repos Selon l experte en pr carit sociale pr cit e plus haut les communaut s religieuses et convictionnelles peuvent contribuer positivement au secteur des soins de sant en procurant un tel espace Selon moi il faut plus de coop ration entre les associations qui s occupent des aspects diff rents et compl mentaires de l aide sociale Je crois que les organismes religieux et convictionnels peuvent jouer un r le dans ce domaine en tant consciemment l coute en offrant un espace la non productivit et en remplissant ainsi une importante fonction aux c t s des associations sociales qui d pendent de subsides et qui sont tenues des r sultats concrets En exploitant des synergies et des formes hybrides le r seau d aide sociale pourrait ainsi obtenir des r
224. n es ici par les r pondants existeraient m me sans cours philosophique C est une question ind cidable partir de l exploitation que nous pouvons faire du mat riau dont nous disposons dans le cadre de la campagne d coute Un point demeure en revanche clair dans les extraits que nous avons recueillis les professionnels de l enseignement ne nient pas les probl mes de vivre ensemble li s la pr sence des visions du monde dans l espace scolaire Par contre ils affirment l importance de leurs missions et sont convaincus de pouvoir par leur enseignement participer l mergence d un sens commun Nous terminerons ce chapitre sur trois citations de professionnels qui vont dans ce sens J estime que les cours philosophiques sont peut tre la chose la plus importante dans une cole On parle de la vie De ce que les jeunes vivent tous les jours tout le temps dans leur classe dans leur famille dans la rue dans les magasins en vacances Il est question des valeurs Tous les professeurs d option philosophique font leur cours sur les valeurs Une enseignante de religion protestante Je suis convaincu que dans les cours philosophiques nous faisons un travail tr s important On fait merger le sens des valeurs une prise de conscience On apprend aussi diff rencier la personne et le mal qu elle peut faire c est tout un travail Parce que les jeunes ont beaucoup de combativit et c est tr s
225. n et la v rit le jeune libre penseur cit plus haut estime par contre que la recherche de cette v rit ne peut se faire v ritablement que par la voie rationnelle 2013 face2faith eu CH 2 ETRE EN COMMUNAUT AUJOURD HUI INTERACTIONS ET TENSIONS Je crois en la recherche de v rit mais par la voie rationnelle par des preuves par des vidences par la raison par la critique et je crois que personne ne d tient la v rit Un membre d un groupe d tudiants libres penseurs francophones De mani re similaire ce que l on vient de voir un soufi converti consid re que le soufisme est le meilleur v hicule pour s approcher de la v rit tout en reconnaissant le droit d existence d autres v hicules Parler de religion en termes de v rit c est l enfer imm diatement Parce que a revient dire ma religion est la vraie les autres sont dans l erreur Je crois qu il est tr s important de dissocier l id e de v rit et de religion Par contre toutes les religions sont des v hicules pour reprendre le mot bouddhiste mais qui est tr s illustratif parce qu un v hicule permet de se rapprocher de quelque chose sans qu on ne se pose la question de savoir si un v hicule est plus vrai que l autre On se pose la question de savoir si un v hicule se rapproche plus ou va plus vite ou Et dans cette perspective je crois que le soufisme est un des meilleurs v hicules Pour moi en to
226. n projet commun pour un meilleur vivre ensemble peut favoriser un pouvoir d action plus durable et efficace l interaction et le dialogue entre ces individus et ces communaut s semblent tre la cl de vo te de cette aspiration Afindecontribuer samani re unmeilleur vivreensemble Face2faith veut tre Un espace d interaction et de dialogue interconvictionnel Ce rapport qui est le fruit d une longue s rie d entretiens sondant l opinion de personnes d ge de culture d occupation et de conviction diverses repr sente le premier pas dans ce processus En effet ce chapitre a provisoirement propos une r ponse partielle la question pourquoi organiser un dialogue interconvictionnel Or comment poursuivre ce processus Comment concr tiser et rendre durable un tel dialogue Pour tenter de r pondre ces interrogations apr s avoir fait le point dans le chapitre suivant sur le cas concret du r le de l ducation dans la transmission de convictions et dans la contribution un meillleur vivre ensemble le dernier chapitre traitera la question du dialogue en analysant comment les diff rents r pondants s imaginent concr tement la forme le contenu et les finalit s de ce projet qui fut voqu lors des entretiens kk 2013 face2faith eu CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE CHAPITRE 5 L
227. n individu ou d un groupe qui impliquerait l exclusion d un autre individu ou d un autre groupe Quid des groupes qui ne seraient pas repr sentatifs de leur communaut ou qui annexeraient une identit aux d pens de la diversit Que se passerait il si une personne ou un groupe refuse de parler d un sujet pr cis qui serait indispensable pour d autres Ces questions doivent demeurer dans les esprits lors de l organisation d un dialogue interconvictionnel Bien que la majorit des participants aussi bien les lites que la base des communaut s sont d avis qu un v nement de ce type ne doit pas tre litiste certains interview s consid rent que les leadersne peuvent tre ignor s et doivent donc y prendre part L influence de ces personnes peut en effet catalyser des retomb es concr tes de l activit Leur pr sence peut en outre participer la cr dibilisation du dialogue interconvictionnel en lui octroyant un certain prestige Je crois que les leaders religieux sont des personnes cl s nous devrions en tenir compte car elles ont une influence nous devons les impliquer Une chr tienne membre de l glise apostolique arm nienne repr sentante d une organisation tudiante LGBTQ Comme mentionn plus haut la plupart des interview s soutiennent que les gens ordinaires hors leaders religieux et institutions doivent pouvoir prendre part au dialogue interconvictionnel et exprimer leur
228. n que la temp te des Printemps arabes a clairement mise en vidence Comment concilier les prescrits intangibles du Divin avec les principes d mocratiques des droits de l Homme Lutte du pot de fer contre pot de terre car seul le texte r dig par l homme peut c der du terrain Ce constat est visible l chelle europ enne accentu par un lectoralisme int ress Enfin troisi me coup de sonde En tant que pr sident de la Commission des Sages charg e en 2004 de faire rapport aux autorit s belges sur le probl me de la multiculturalit nous avons v cu une intense opposition entre les repr sentants du religieux et du s culier Les premiers ne pouvaient admettre que soit instaur un cours portant sur le fait religieux forc ment confi un libre penseur seul capable de ne pas tre influenc par sa propre foi II tait d autre part inconcevable pour eux que soit enseign e une in vitable relativisation des diff rents Messages qu apparaissent leurs diff rences leurs similitudes leur histoire d gag e du discours initiatique trois plong es dans les questions qui f chent donnent la mesure de la difficult d aplanir les antagonismes Mais il ne peut tre question de renoncer tablir un vivre ensemble inte Le t rconvictionnel l chelle plan taire ravail r alis dans cette tude rel ve de l essentiel il rassemble tous le
229. n qui par d finition supporte difficilement la mise en danger et donc le questionnement Lors d un groupe de discussion r alis dans un ath n e la dynamique entre les participants a fait ressortir d autres qualit s reconnues chez Un bon professeur de cours philosophique parfois assez surprenantes Voyons tout d abord le t moignage de ce professeur de morale Il faut viter de plaquer a priori des significations sur ce qu on entend de l l ve On a vite tendance cat goriser ce qu il dit Un membre d un groupe de professeurs de cours philosophiques Ce qui est per u comme attribut d un bon enseignant de cours philosophique est ici Un devoir de retenue apprendre ne pas stigmatiser l l ve cause d un discours qu il tient L intervenant continue 16 Voir aussi chapitre 2 1 5 Entre ouverture et r actionnisme identitaire 2013 face2faith eu 181 182 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Concr tement cela veut dire que si j entends un l ve qui est d une tradition sp cifique j vite de dire que son point de vue est forc ment dogmatique a peut tre le cas mais ce qui est int ressant c est de voir comment on peut la fois entendre cette parole et ventuellement la d dogmatiser pour lui donner vraiment un sens Un membre d un groupe de professeurs de cours philosophiques Le de
230. n r elle et qu elle consid rera la communaut immigr e comme un facteur part enti re dans notre soci t que nos probl mes de soci t dispara tront comme neige au solei Une musulmane active dans une organisation en charge des minorit s ethniques et culturelles Tous les pays ont leur propre histoire d immigration et leur propre politique d int gration La situation belge m rite d tre rappel C est particuli rement d s 1947 avec un boom dans les ann es 60 lors de l mergence des mines de charbon qu une augmentation de l immigration s est fait sentir Cette derni re ne s est pas interrompue depuis et s est diversifi e par rapport aux d cennies pass es avec l arriv e de Grecs d Italiens d Espagnols de Turcs et de Marocains L int gration de ces immigr s est en d bat L un de nos interview s un juif professeur de philosophie affirme qu il s agit de lun des d fis les plus importants depuis que la Belgique a t class e parmi les derniers pays dans le rapport de l OCDE sur l immigration et l int gration en 2012 Les raisons sont sp cifiquement belges toujours selon l interview Tout d abord nous avons une histoire sp cifique de pilarisation et de travailleurs immigr s D autre part la population belge fait souvent preuve de r serve en vitant d aller spontan ment vers les autres et de politesse de peur d tre intrusive Ces attitudes culturelles pourraient avoir influenc l
231. ndividus et s est compl t par un important travail d interpr tation des donn es r colt es Il d cortique patiemment les usages que font les individus eux m mes des termes religion foi conviction etc non pas pour donner tort certains et raison d autres mais bien pour tenter de comprendre comment ces usages une fois correctement analys s donnent voir le monde dans lequel les r pondants vivent Plus pr cis ment il poursuit trois missions successives qui repr sentent trois tapes qu il ne cherche br ler aucun prix d crire les cosmologies dans lesquelles voluent les r pondants pour faire appara tre et analyser les lignes de tension qui traversent leurs propos pour donner penser et finalement tirer prudemment les cons quences des r sultats pour donner agir Ce rapport ne dit pas que penser mais aide comprendre les implications de nos id es Il attend de faire parler non pas tant de lui qu partir de lui lt lt Le pr sent rapport est le fruit de la recherche accomplie dans ce cadre par l quipe de face2faith dialogue amp conviction encadr e par le Prof Dr Nicolas Marquis dont on soulignera le m rite de r pondre la fois aux exigences d une grande rigueur m thodologique et d une accessibilit au plus grand nombre sa vocation premi re tant d tre r inject dans la soci t civile Qui serait donc contre la diversi
232. ne comme tant indicatif du fait que des individus religieux comme non religieux ressentent le besoin de soulever des questions de sens dans leur dimension la plus large En outre il est important de pr ciser que le d fi de la spiritualit a t souvent soulev par des femmes et des jeunes en demande spirituelle Il faut accorder une plus grande attention la spiritualit et la recherche de sens De plus en plus de gens recherchent des moments de repos les femmes aussi sont aujourd hui plus pr occup es par l approche holistique et la spiritualit personnelle C est logique car elles doivent combiner une carri re les loisirs et la famille Mais cela peut il continuer sur un tel rythme Une professeure de gender studies tudes de genre et de religion 2013 face2faith eu 132 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Un grand d fi soci tal est le manque d orientation et de sens dont les jeunes sont victimes Une professeure de litt rature germanique de confession juive 3 3 La soci t de la vitesse Plusieurs des interview s se sont plaints du changement rapide de nos soci t s d j survolt es Tout le monde n est pas aussi r actif ce changement et certains n ont m me plus le d sir de r agir D autre part certaines personnes n ont pas la possibilit de s inscrire dans ces changements perp tuels lls ont
233. ne d clare plus croire pour aller au paradis ou pour chapper l enfer On d clare croire parce que c est bon pour soi et comme c est bon pour soi a nous incite tre bon pour les autres La question qui suit mais qui d passe ce que le mat riau nous indique est celle des m canismes qui font qu aujourd hui on ne situe plus l utilit de la religion dans la r tribution mais dans le bien tre procur et ses r percussions prosociales Est ce d une d valorisation du syst me de r tribution dans l chelle de valeurs collectives Ou est ce plus subtilement une forme de pros lytisme qui met l accent sur le gain de bienfaits pour soi et pour les autres d un syst me religieux convictionnel donn Ce sont encore l des questions qui m riteraient d tre travaill es dans une tude d di Conclusion A l issue de ce premier chapitre il ressort qu tre un croyant convaincu aujourd hui c est avant tout vivre un rapport soi et aux autres dans un univers de sens que l on puise dans sa famille sa culture mais aussi que l on se r approprie C est par la rencontre le questionnement limpr gnation culturelle sans oublier les l ments plus surprenants comme la mouvance punk qu une conscience de type spirituel merge 2013 face2faith eu 85 84 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Cette conscience n est pas inert
234. ne forme d coute visant reconfirmer les jugements habituels de celui qui coute Dans la phrase H regardez un peu l coute est factuelle et ax e sur l objet L accent est mis sur des faits nouveaux ou n glig s La phrase oui je sais comment vous vous sentez d cale la position de l auditeur II d veloppe une perception empathique de l autre et partir de l rel ve les l ments observer Enfin Un quatri me niveau d coute que Scharmer appelle l coute g n rative et d crit comme l coute partir du champ mergent de possibilit future Des changements profonds ne sont possibles que si les gens se laissent guider par ce qui ressort de l avenir En lisant cette recherche j ai pens spontan ment la th orie de l coute de Scharmer De de nombreux propos mis par les personnes interview es ressortent des jugements pr tablis sur la religion le lib ralisme l islam etc d autres moments on ressent l coute empathique De leur c t les enqu teurs ont d montr sans aucun doute Une grande comp tence en mati re d coute empathique Mais ce n est pas tout Ils consacrent galement une attention particuli re la description de nouveaux d fis factuels et l analyse des lignes de tension Cette derni re id e en particulier cr e l ouverture n cessaire pour des volutions possibles Toutefois pour ressentir et formuler la dynamique interne de ces
235. nexion multidirectionnelle et interactive en d finissant les exercices spirituels de Saint Ignace de Loyola comme un outil pour se reconnecter avec Dieu travers la connexion avec soi m me afin d entrevoir la connexion de Dieu avec toute chose en toute chose Les Exercices spirituels sont un outil de d construction et de reconstruction de soi On descend en soi m me pour trouver Dieu en toute chose personnes plantes r alisations mis re pour revenir aux fondamentaux de soi et se laisser guider par Lui en tant que Sa cr ature dans la cr ation de sa vie Un la c d orientation j suite Finalement il est remarquer qu une soci t g n ralement non religieuse ni formellement spirituelle comme la franc ma onnerie pratique aussi des rites d finis sans pour autant invoquer un certain dieu Ainsi un membre du Grand Orient de Belgique explique que la pratique de rites lors de leurs r unions joue un r le de connexion entre les membres Dans la franc ma onnerie il y a des rencontres hebdomadaires ou bimensuelles Cela commence par un rituel suivi d un expos ou d une discussion puis un rite de cl ture Les expos s portent sur les convictions ou sur des sujets publics vus du c t philosophique par exemple la beaut et l art la d tention Les rites sont importants pour se d tacher des soucis quotidiens On fait abstraction des tensions humaines pour tre attentifs Un
236. ni une passion ni un int r t ni une id e pr con ue ni quoi que ce soit si ce n est aux faits eux m mes parce que pour elle se soumettre ce serait cesser d tre 2013 face2faith eu CH1 ETRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS 4 1 La croyance comme forme de s curit et de bien tre Le premier axe est celui de la religion comme forme de s curit qui peut m me devenir comme dans ce qui suit formule de bien tre Plus j applique ce commandement d aimer d aider l autre plus je me sens bien a m aide comme si c tait un m dicament C est impressionnant Et ce plus je comprends le pourquoi le comment Je me sens bien de faire le bien Une enseignante de cours de juda sme de confession juive orthodoxe M me des personnes non religieuses peuvent reconna tre dans les religions cette dimension quasiment th rapeutique Les religions peuvent amener un apaisement sans pour autant tre la solution miracle et condition de ne pas profiter de la b tise des gens mais de miser sur leur ind pendance intellectuelle Une participante active d une association libre penseur francophone La croyance en une religion peut donc d apr s plusieurs de nos interview s avoir un effet d apaisement de protection de gu rison Elle peut aussi tre l expression d un pur choix personnel d apr s un professionnel de l enseignement religieux pour qu
237. nne ne veut travailler pour des prunes Un professionnel de l enseignement philosophique La d claration est claire voire crue Personne ne veut travailler pour des prunes Dans le monde de l enseignement des religions num riquement minoritaires on retrouve ces difficult s li es aux d placements d une cole l autre Il n est pas rare d apr s nos interviews que ces professeurs travaillent dans 4 ou 5 coles diff rentes Pour peu que les tablissements soient loign s les uns 2013 face2faith eu 186 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE des autres l utilisation d un v hicule devient n cessaire avec tous les frais occasionn s qui peuvent devenir lourds au point de rendre la carri re peu ou pas attrayante En mettant cette difficult logistique en lien avec les probl mes de client lisme et d image susmentionn s on per oit les risques de p nurie dans la fonction surtout pour les religions num riquement minoritaires Les professionnels de l enseignement ont aussi fait part durant la campagne d coute de d fis plus internes l int rieur de leurs classes ou de leurs coles Les enseignants par peur de limpr vu cadenassent un peu leur cours et travaillent finalement en questionnant les l ves en attendant les r ponses auxquelles ils s attendent Une professionnelle de l enseignement philosophique En premi r
238. ns la nuance C est pour a que les musulmans ont besoin de leurs propres m dias La fa on dont les choses sont repr sent es donne lieu beaucoup d impuissance et de frustration parce qu on ne doit quand m me pas r agir tout Un professionnel de l enseignement philosophique Un jeune animateur d une association culturelle musulmane estime que l image de l islam a radicalement chang depuis les attentats du 11 septembre Ily a Une grande influence des m dias On sent une diff rence importante entre avant septembre 2001 et apr s Avant quand on faisait le ramadan on nous disait ah c est bien je t admire des choses comme a Mais aujourd hui on a presque envie de se cacher on n a pas envie de dire qu on est musulman Quand aujourd hui quelqu un fait le ramadan et qu on lui demande pourquoi ilne mange pas il va peut tre dire qu il n a pas faim Moi je ne me cache pas mais il y en a qui le font Ou on entend des histoires en France surtout o des pu ricultrices sont oblig es de manger o des enfants sont oblig s de manger Un jeune animateur d une association socio culturelle musulmane 2013 face2faith eu 112 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Comme l explique ce jeune musulman le regard n gatif allant de la simple m fiance l animosit ouverte vis vis de l islam dissuade certains musulmans d assumer ouvertement
239. nsister sur les diff rences parfois minimes les d calages et d sajustements parfois invisibles entre des visions et perceptions du monde qu une enqu te moins attentive n aurait sans doute pas permis de mettre en lumi re Chercher les d saccords latents ou manifestes permet l analyse de produire la mati re premi re n cessaire la troisi me mission du rapport Une pr cision de la plus haute importance est n cessaire apporter ce stade Le suppl ment de profondeur dont il est ici question n a strictement rien voir avec une valuation des propos des individus Ce que nous entendons par le terme d valuation dont le rapport se distancie peut prendre deux sens valuer la croyance des gens et valuer la v rit de leurs propos L un des apports les plus marquants de l anthropologie au XXe si cle a t de pousser progressivement l abandon d une question bien probl matique Les gens croient ils vraiment ce qu ils disent les travaux de E Evans Pritchard voir Douglas 1980 ou de J Favret Saada 1977 sur la sorcellerie constituent des pi ces ma tresses de ce tournant ce qui en a m me pouss certains m me se d tourner du terme de croyance Sans aller jusque l l analyse est instruite par l id e qu il peut y avoir des degr s la croyance P Veyne 2013 face2faith eu INTRODUCTION dans son ouvrage Les Grecs ont ils cru leurs myt
240. nt Chaque religion a des principes fondamentaux qui peuvent aborder ces d fis la solidarit le respect d autrui la libert de religion etc Elles peuvent galement y jouer un r le se rencontrer apprendre se conna tre se d partir des pr jug s aborder les repr sentations des religions 2013 face2faith eu CH 6 ORGANISER LE DIALOGUE INTERCONVICTIONNEL PI GES ET POTENTIEL liminer la peur en entrant en dialogue les uns avec les autres Je soutiens toute activit qui peut rapprocher les gens Fonctionnaire la province du Limbourg de confession musulmane Un deuxi me point assez r current propos des finalit s du dialogue interconvictionnel est celui des actions conjointes et de la coop ration Le monde globalis et interd pendant dans lequel nous vivons appelle une recherche de solutions de concert Nous devons chercher des moyens de collaboration et en affecter le changement Comprendre n est pas suffisant selon moi nous devrions tendre vers des engagements concrets Une repr sentante internationale de la communaut bah Je vois l importance du dialogue interconvictionnel nous appartenons tous un tout plus vaste et en sommes coresponsables on a toujours un impact Plus on devient conscient de nos actions plus grandit notre karma et plus on se rapproche de l illumination La majorit des personnes s enquiert malheureusement seulement de choses primaires I y a aussi
241. nt C est pourquoi nous devons nous ouvrir au dialogue interconvictionnel pour se projeter avec d autres pour tre une porte ouverte et avoir des interactions avec l ext rieur Une participante un groupe appartenant la communaut Hare Krishna 1 6 Progressistes versus conservateurs des termes manier avec pr caution Un regard transversalsur les tensions intracommunautaires telles que cat goris es ci dessus pourrait laisser penser qu elles constituent diff rentes manifestations d un clivage bien connu celui qui oppose progressistes et conservateurs Il s agit ici d une opposition symboliquement charg e dont les composants sont model s par l esprit du temps dans notre cas celui des soci t s post modernes empreints d engouement pour la flexibilit le changement et la cr ativit Ainsi dans la soci t actuelle on mettra commun ment les personnes actives constituant la base le grassroots et t moignant d une certaine ouverture 2013 face2faith eu 95 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE dans le camp des progressistes en opposition une lite souvent plut t conservatrice et politis e attach e aux traditions liturgiques construisant son identit en r action contre d autres identit s N anmoins l analyse des tensions et d fis l int rieur de ces deux courants id ologiques et transcommunau
242. nt et soudain la relation entre l Ouest et les pays en voie de d veloppement est sens dessus dessous De mani re g n rale on assiste la fin de l h g monie de l Occident Tout ce qui allait de soi avant pour les gens leur chappe maintenant Pensez l environnement l nergie etc Une femme libre penseur humaniste impliqu e dans la politique europ enne Comme d fi soci tal je vois la mondialisation le vivre ensemble et la puissance en d clin de l Europe Notre continent n a jamais t habitu se tenir l arri re plan La dimension suppl mentaire qui nous tourmente 2013 face2faith eu CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE aujourd hui c est la concurrence La menace ne r side pas dans l alt rit des personnes mais bien au niveau des barri res socio conomiques Parce que le travail a toujours t menac et la crise a toujours t pr sente Un franc ma on n erlandophone membre du Grand Orient de Belgique Nous devons galement tenir compte du fait qu il y a un changement de pouvoir de l Occident vers l Orient c est l avenir Une ancienne politicienne avocate de confession musulmane Comme d fi mondial soci tal je vois le manque de souplesse de l Ouest et un certain cynisme qui est devenu de bon ton nous sommes rigides et difficile manier Une solution serait non pas de d construire les acquis sociaux mai
243. nt leur capacit bien lire et relire et l apaisement jusqu en dessous du minimum humain Seule une p dagogie r fl chie l ge tendre proposant des chocs culturels v cus loin l tranger et la m ditation silencieuse en classe pourraient inverser l volution de la x nophobie et de l objectification technologique Un moine b n dictin Enfin la question du temps et de la vitesse est une probl matique de premier plan pour les travailleurs sociaux et les professionnels de la sant Beaucoup affirment que m me ces secteurs s inscrivent aujourd hui dans une logique de r sultat afin de continuer recevoir des moyens financiers 2013 face2faith eu 133 134 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Selon moi les d favoris s qui ont faire avec une perte sont parfois dans l incapacit de g rer cette perte ce qui se traduit par une souffrance fondamentale un processus lent de suicide int rieur Une autre r action courante parfois accompagnant la premi re est la t nacit le sto cisme et le comportement du masque en tant que strat gie de survie Enfin certains trouvent un autre type de sens cette perte par exemple en rejoignant une communaut religieuse ou d autres collectifs ou r seaux Les travailleurs sociaux de rue tentent de les aider dans leur cheminement en tant l en agissant comme personne de confiance en
244. nt li s l conomie Un renouveau conomique est n cessaire o la la cit a un r le remplir pour que chacun se sente responsable de tous Actuellement chacun veut garder ses privil ges sans penser aux autres alors que beaucoup se battent pour survivre Le d fi conomique cr e des in galit s sociales de l exclusion et du consum risme Un membre d un groupe d tudiants libres penseurs n erlandophones Selon moi la crise conomique est le plus grand d fi soci tal Les opportunit s se r tr cissent pour les jeunes Les racines peuvent en tre trouv es dans un capitalisme de casino Et tout le monde en paie le prix Un professeur de dialogue interreligieux membre de l glise baptiste 119 2013 face2faith eu 120 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Dans notre soci t certains sont vraiment pauvres d autres vraiment riches nous devons chercher des solutions Je pense que le syst me conomique est l un des d fis soci taux majeurs a ne fonctionne pas correctement Les richesses ne sont pas distribu es quitablement Des acteurs dominants maintiennent d autres groupes dans la vuln rabilit Une jeune musulmane travaillant dans une organisation contre le racisme Comme d fi social je pense d abord la pauvret Je trouve incompr hensible que dans ce monde globalis il y ait encore autant de personnes vivant dans
245. nt pour ceux qui y adh rent que pour ceux qui n en font pas partie Pourtant ce n est pas la cupidit mais bien la prosp rit qui est une condition au bonheur Et une soci t plus galitaire pour tous y contribue Un pr tre catholique socialement engag 2013 face2faith eu 138 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE La soci t est devenue surmat rialiste nous produisons trop et devons donc consommer trop Une membre active d une association libre penseur francophone L conomie actuelle a une mauvaise influence sur la mentalit des gens qui sont de plus en plus aveugl s pas l argent ils doivent tre r duqu s afin de ne pas tomber trop profond ment dans l go sme et l individualisme Un repr sentant de la communaut chr tienne syriaque Au nom de l acc s la nourriture l air propre l eau etc nous devons changer notre consum risme Un marchand de fleurs Le prix payer pour cet individualisme qui a pour r sultat que nous ne connaissons m me plus nos voisins est l intol rance et les malentendus 3 6 La solitude de l individualisme Ces trois d fis mat riels spirituels et humains sont de vrais sujets de pr occupations pour nos r pondants Ils consid rent que la soci t a t plus solidaire par le pass alors qu aujourd hui les gens sont de plus en plus isol s Ceci est d autre part paradox
246. nverse Je vis mes pratiques mais je ne vais jamais en parler Quand on va au restaurant avec les coll gues non religieux je commande du poisson ou une salade sans parler du vin ou du steak que les autres prennent Mais alors les autres m en parlent Ce qui me d range c est qu on rentre dans la sph re priv e en posant de telles questions c est un probl me de respect Un animateur de sports de confession musulmane Selon ce m me r pondant plus qu une intol rance vis vis de l islam il s agirait d une intol rance vis vis de tout choix religieux Ily a une tol rance impos e vis vis de tout ce qui est pervers l homosexualit la publicit sexuelle est omnipr sente Ce n est pas d mocratique ce n est pas juste tout a Un animateur de sport de confession musulmane Dans la m me ligne finalement certains r pondants t moignent de leur sentiment d tre ridiculis s par le fait de croire Comme cette jeune femme vang lique On se moque parfois de nous du fait qu on recherche la saintet dans notre comportement et qu on essaie d en parler Iil y a m me des profs qui se moquent de nous devant tous Une participante un groupe de jeunes membres de l glise vang lique 2013 face2faith eu 114 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE 3 3 Pers cution Si certains r pondants t moignent d une
247. offo l e Johan Vrints e Alain Deneef e Pierre Paul Delvaux Relecture finale du rapport final par Prof Vincent Legrand docteur en Sciences politiques professeur l Universit catholique de Louvain UCL Madame Christine Kulakowski Centre Bruxellois d Action Interculturelle CBAI 2013 face2faith eu CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Table des mati res Pr faces 4 Avant propos 12 Ma tres d uvre du rapport 13 Table des mati res 14 Introduction 19 CH1 TRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS 41 1 Les ingr dients du parcours de la croyance 41 1 1 La croyance comme h ritage familial entre soumission et choix revendiqu 42 1 2 La croyance au c ur des rencontres l interpersonnel et le charismatique 44 1 5 La croyance comme exp rience spirituelle Dieu au del de l appartenance identitaire 45 1 4 Le parcours de la croyance entre impr gnation et mergence 46 2 Les r appropriations personnelles de la croyance 48 2 1 Diff rentes fa ons de croire entre croyance absolue et pens e libre 48 2 2 Du libre examen dans la religion 50 2 5 De la spiritualit dans l ath isme 52 2 4 Entre ouverture et enchev trement religieux 54 3 Les dimensions de la croyance la t te le c ur et les mains 56 3 1 La dimension cognitive de la croyance 56 3 1 1
248. oi et je suis comme lui Un repr sentant du juda sme lib ral Dieu comme exp rience L analyse des citations ant rieures fait appara tre un enchev trement plus ou moins avanc entre les concepts de Dieu l homme l amour et la relation De cette fa on si pour les r pondants vang liques entre autres l amour de Dieu et l amour de l homme entretiennent une relation de cause effet l ancien pasteur protestant parle d une co ncidence dans la Bible entre Dieu et les hommes et par cons quent dans les relations d amour les liant Un moine b n dictin va plus loin encore sur la voie de l abstraction en parlant de la signification de J sus comme s il s agissait d un concept dans ce cas signification morale Le sens de J sus est thique et non pas ontologique L immense bont est la r gle loin de tout contenu dogmatique Un moine b n dictin Il importe de pr ciser que ce moine affirme avoir re u sa compr hension de ce qu est J sus dans un moment de r v lation spirituelle Ce contexte nous m ne au domaine de description du divin comme exp rience Ainsi plusieurs r pondants ont d crit Dieu comme tant une conscience universelle Selon mon intuition personnelle je con ois Dieu comme une conscience universelle de tout ce qui existe communaut humaine monde animal nature cosmos espace Une conscience pleine d amour qui se r pand sur les gens depuis la Bible jusqu
249. oins que la plus grande menace ne soit sa simplicit apparente Ecoutez dix personnes parler de leurs pratiques religieuses et Vous serez sans aucun doute assailli par l impression de diff rencesincommensurables entre leurs propos Mais vous pourriez galement interroger ces m mes personnes sur le r le qu ils entrevoient pour les religions dans la r solution des probl mes sociaux et tre totalement d sar onn par la r p tition de ce qui vous appara tra probablement juste titre comme des lieux communs mobilisant l envi des signifiants flottants Levi Strauss 1950 il faut plus de respect de tol rance de dialogue Mais qu avons nous appris apr s avoir constat que la grande majorit des interview s reprenaient leur compte ce type de proposition g n rale l innocuit vidente C est d abord pour viter ce pi ge que le rapport va au del des propos des individus Les paroles r colt es ne sont pas l analyse elles en constituent la mati re premi re et le crit re de sa validit Mais en profitant de la position d analyste scolastique c est dire qui nous sort des contraintes de l imm diatet de la vie quotidienne pour monter en g n ralit en comparant les propos des individus le rapport ajoute un suppl ment de profondeur ces propos Le mot d ordre du mod le analytique d ploy ici est celui de la recherche de lignes de tension c est dire i
250. omme s ils l taient et appartiennent comme tous les lecteurs la chair du monde pour reprendre l expression du philosophe M Merleau Ponty Est ce que d autres personnes avec des pr suppos s diff rents auraient produits d autres analyses Peut tre Et alors Le point crucial n est pas celui l est encore une fois que gr ce d une part la comparaison la mont e en g n ralit en bref la m thodologie suivie et d autre part l explicitation de cette m me m thodologie et des choix analytiques et interpr tatifs auxquels elle a conduit le rapport puisse ouvrir au d bat inform et contr l Quelle diff rence le rapport peut il faire La question est pos e sciemment sous cette forme Elle vite ainsi une autre formulation qui est la meilleure ennemie de la premi re savoir quel impact aura ce rapport S interroger sur l effet d un rapport consiste poser une question laquelle personne ne pourrait d cemment pr tendre pouvoir r pondre On n assistera pas ici la d couverte de nouvelles Am riques encore inexplor es pas plus qu on ne verra de r v lations sur la vraie r alit Pourquoi et comment le rapport peut il pr tendre faire une diff rence d s lors Justement en d calant le regard en montant en g n ralit travers la comparaison en prenant le temps de la description au del des cat gories convenues
251. on cependant le rapport au texte coranique l id e de Dieu ainsi que l id e de l apr s vie sont pr sent s comme encore en gestation puisque visiblement interview n en saisit pas tous les tenants et aboutissants Nous sommes donc bien en face d une dynamique de quelque chose qui merge dans la conscience du jeune musulman m me s il est impr gn de son h ritage parental Le point vraiment interpellant et qui appelle Une tude plus approfondie est celui des conditions qui ont favoris ou permis ces d veloppements de type spirituel comme mergence ou impr gnation On d veloppe une conscience spirituelle croyante ou non en suivant un fil de vie o cognition motion et exp rience s impr gnent d un contexte familial ou culturel ou au contraire s entrem lent et font merger un quelque chose que les interview s identifient par la suite selon leur propre perception On a affaire deux v ritables fa ons de raconter son d veloppement spirituel o le v cu prend le sujet par la main et le m ne une forme de conscience qui n est pas toujours facile identifier Le d veloppement religieux convictionnel comme mergence ou impr gnation la fois identitaire cognitive exp rientielle et motionnelle est il le fruit d un d terminisme social psychologique ou est il simplement contextuel Nous touchons l aux limites de ce que le mat riau nous permet d affirmer En
252. on risque de t moigner d un positionnement au moins potentiel Religion conviction progressiste conservateur foi libert libre arbitre fid lit secte soumission dogme etc On se rend bien compte que tous les termes associ s au champ de la croyance n ont rien de neutre et le mot neutre lui m me n a rien de neutre Tous ont de multiples existences dans les mondes sociaux sont r appropri s font l objet de d bats sur ce qu ils qualifient sont 2013 face2faith eu INTRODUCTION mobilis s pour insulter ou c l brer etc Ils sont ainsi performatifs Alexander 2004 Le chercheur court ainsi le risque de se voir tiquet parfois bien malgr lui par son auditoire s il prend le risque de les utiliser et son propos risque d tre disqualifi par les uns ou les autres avant qu on lui ait m me donn la moindre chance Quelle est alors la marge de man uvre d un tel rapport Il serait bien s r illusoire de croire qu il est possible d chapper ce probl me soit en cr ant de nouveaux termes au prix de se rendre incompr hensible soit en faisant comme si de rien n tait et en esp rant que les lecteurs prennent ces termes pour de simples descripteurs mais qui croira vraiment que dire d un groupe religieux qu il est conservateur est seulement une affaire de description et non d valu
253. onnel de la libre pens e le syst me de valeurs affili l ath isme semble tre l ath isme positif dont on peut trouver une illustration dans la citation suivante L ath isme dans le sens strict du terme ne peut tre appel mouvement ou communaut puisqu il s agit plut t que d un regroupement de valeurs partag es d une m thode de vie Ce qui est probl matique c est que dans la recherche de points communs on finit parfois par se r f rer ce qui est n gatif ce que l ath isme n est pas ou ce quoi il s oppose Comme contraste il y a l ath isme positif qui partage bel et bien certaines valeurs comme par exemple l galit humaine impliquant le droit de tout homme une vie digne L homme ath e ne peut se r f rer qu son prochain en qui il se reconna t et qui il s ouvre afin de pouvoir le comprendre Un professeur ath e Ce professeur ath e fait la distinction entre l ath isme en soi repr sentant la n gation d un Dieu et l ath isme positif repr sentant la n gation d un Dieu en le rempla ant express ment par autre chose donnant sens la vie par des valeurs autres Le d veloppement de ce courant parall le rem die par ailleurs l impossibilit de construction de communaut propre l ath isme sans plus voir Chapitre 1 3 11 dans la libre pens e et l ath isme Les diff rents entretiens nous apprennent donc que le d veloppement d un syst m d v
254. ons l un l autre ventuellement au nom de Dieu Un pr tre catholique socialement engag Si cette r gle fait explicitement r f rence aux valeurs partag es entre religions ce pr tre l assimile galement aux valeurs humanistes de la soci t s culi re voire appelle la r gle d or un humanisme Le r pondant suivant lui aussi met sur pied d galit valeurs religieuses et non religieuses humaines Ce faisant il fait toutefois une distinction entre les deux syst mes de valeurs et affirme que les valeurs religieuses musulmanes ici se sont inspir es des valeurs humaines Ce n est pas parce que quelqu un est la que ou ath e ce n est pas parce qu il n a pas de livre comme nous les musulmans avons le Coran ou les juifs la Thora Il faut aussi savoir que le Coran s est bas sur des lois morales des valeurs humaines donc ce n est pas parce qu un la que n a pas de livre qu il ne sait pas quoi faire Il peut tr s bien se r f rer aux valeurs humaines Un membre d origine pakistanaise d un groupe de jeunes en institution publique de protection de la jeunesse IPPJ On se rappelle ici les paroles d un jeune libre penseur d non ant le fait que les valeurs humanistes actuelles en Europe seraient inspir es des valeurs religieuses jud o chr tiennes alors qu originellement selon lui le propre des valeurs humanistes tait de placer l individu humain au centre de la r f
255. ont t moign de l int r t l id e de participer un dialogue interconvictionnel Ce sont les diff rents points de vue des religieux qui les int ressent Ils consid rent qu ils peuvent en outre apporter des l ments utiles au dialogue du fait de leurs convictions sp cifiques 2013 face2faith eu 203 204 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Le dialogue avec les diff rentes institutions religieuses est possible pour la franc ma onnerie dans l ouverture de la tol rance face la tol rance et dans la limite de l intol rance face l intol rance Un franc ma on francophone membre du Grand Orient de Belgique Les r pondants non religieux s inqui tent cependant de ne pas tre accept s par les religieux ce qui constitue pour eux une barri re la participation d un v nement de dialogue en d pit du compl ment interconvictionnel Je vois certainement un avantage dans le dialogue interconvictionnel Malheureusement les humanistes libres penseurs y sont souvent consid r s comme des trangers surtout quand le dialogue tourne autour de la foi et nous r duit des infid les C est pourquoi l on a peut tre besoin d une autre m thodologie par exemple une m thodologie libre exaministe qui en soi serait neutre En g n ral l on peut dire que le dialogue interconvictionnel n a pas encore apport beaucoup en plus il peut nous
256. ont un a priori n gatif sur le dialogue Il est en effet ais de concevoir qu une personne favorable au dialogue des convictions s impliquera dans un v nement de ce type Mais la vraie force d un tel v nement ne serait elle pas d impliquer des personnes qui au contraire ne croient pas en un tel dialogue Ceci tant il n est pas ais de mettre en place une d marche qui permettrait de trouver de tels profils et de les convaincre de participer Un v nement interconvictionnel doit en ce sens permettre d inviter des gens qui pr cis ment ne sont pas favorables ce type de dialogue Il faut que toutes les questions puissent tre pos es sans faux semblants ni fausse gentillesse Une enseignante de religion protestante 202 2013 face2faith eu CH 6 ORGANISER LE DIALOGUE INTERCONVICTIONNEL PI GES ET POTENTIEL L objectif est de motiver le plus de gens possible qui seraient probablement rest s indiff rents Il ne faut donc certainement pas que ce soit un club de convaincus ou un rassemblement de chefs religieux L objectif devrait tre que les gens normaux apprennent se conna tre et changent leurs points communs et diff rences Les croyances ne doivent pas tre adapt es les unes aux autres nous n avons pas besoin d une religion uniformis e Un professeur de sciences comparatives des religions de confession chr tienne On peut en outre poser la question des croyances que l
257. onvictionnel Le dialogue interconvictionnel est utile dans trois domaines dans sa dimension sociale spirituelle et psychologique En ce qui concerne notre soci t la contribution des religions l thique est significative II est important de donner une place aux communaut s religieuses en tant que communaut s locales Dans la dimension spirituelle nous trouvons le sens de nos vies nous reconnaissons la libert de conscience de chacun et nous nous r alisons partir de nos propres traditions religieuses Dans la dimension psychologique nous 2013 face2faith eu 212 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE acceptons nos sentiments avec notre vuln rabilit et nos blessures en tant qu individu groupe ou religion et nous apprenons composer avec tout cela ensemble De par la connaissance et la reconnaissance de ces aspects dans nos communaut s religieuses nous pouvons aussi travailler ensemble pour promouvoir la tol rance la compr hension et la coexistence pacifique dans des situations sociales concr tes se d veloppant dans un bloc r sidentiel une rue un quartier ou un village Il n y a pas de paix mondiale sans paix religieuse Et la paix commence au sein de sa propre communaut religieuse de son propre quartier ou village Nous d pendons les uns des autres et nous devons cheminer ensemble notre nom de famille est Prochain Un pr tre catholi
258. opos des professionnels de enseignement convictionnel Le sixi me et dernier chapitre Organiser le dialogue interconvictionnel pi ges et potentiel synth tise les perceptions et avis desinterview s sur la possibilit d un dialogue interconvictionnel ainsi que les espoirs et les craintes qui y sont li s en posant frontalement une s rie de questions concr tes Enfin la conclusion reprend de fa on syst matique les diff rents enseignements et en tire les implications tant sur le plan soci tal en g n ral que sur le plan de l organisation d un dialogue en particulier i Quelques recommandations d velopp es dans notre conclusion e R concilier le religieux et le s culier e Poser les vraies questions pour un dialogue r solument performatif e Faire participer activement des jeunes pour rafra chir l id e de dialogue e S impliquer sur le terrain dans les coles e __ Diversifier les activit s de dialogue pour ne passe limiter e Mettre en place et en r seau des structures de coordination du dialogue interconvictionnel 2013 face2faith eu INTRODUCTION Pr cisions terminologiques Avant de poursuivre la lecture il est important d laborer une piste de sortie au difficile probl me du vocabulaire soulev plus haut que faire des mots de croyance religion communaut s etc R p tons le une derni re fois le but d un tel rapport n est
259. ore mettent l accent sur les messages de sagesse spirituelle que portent les diff rentes religions et convictions comme ce journaliste de confession chr tienne orthodoxe Dans une soci t o il n y aurait plus de convictions enracin es les gens seraient comme Un navire sans boussole uniquement pr occup s par l envie de s enrichir ou par la n cessit d esquiver les mauvais coups Les religions et convictions ont donc certainement leur r le jouer pour contrer les maux soci taux et pour r pandre le message que l tre humain n est pas uniquement ici pour s enrichir Un journaliste d origine grecque de confession chr tienne orthodoxe Toutefois il y ajoute que pour que ces capacit s inh rentes aux diff rentes croyances se traduisent dans la r alit il faut que les leaders respectifs se responsabilisent et promeuvent activement ces valeurs dans leur communaut ce propos un rabbin orthodoxe fait le lien avec les v nements r cents dans le monde arabe Les leaders religieux doivent tre des proph tes en osant lls doivent cesser de dire qu ils ont la v rit Le monde arabe commence se soulever lls ont os lls veulent tre libres lls veulent cr er des espaces d opinion Les volutions actuelles sont des convulsions vers la modernit Le chemin est commenc C est ensemble qu on peut aller 161 2013 face2faith eu CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI T
260. oritairement cognitif on n a pas assez d infos ce qui diff re des soucis pr c dents qui s exprimaient plus en termes de vivre ensemble m me si on peut postuler que le besoin de comprendre est Un pr requis au besoin de conna tre et peut tre galement consid r comme un facteur de vivre ensemble Notons aussi cette d claration Ce n est pas avec des cours de religion que l on va devenir religieux Nous avons en effet ici affaire une r futation de l id e que le cours de religion sert faire croire ce qui pose la question de la pertinence de l cole comme lieu de transmission de la foi suit on un cours de religion pour la penser ou pour la vivre Cette id e met aussi en perspective la d claration suivante sur le cours de religion comme plateforme d imposition d une pens e aux l ves Le d fi majeur pour le mouvement libre penseur c est non pas de militer politiquement pour l ath isme mais plut t de livrer les outils tout le monde pour d velopper une libre pens e Et du coup je suis contre l enseignement religieux l cole parce que c est imposer une religion un enfant je suis pour la s paration de l glise et de l tat Pour ces choses il faut militer mais comme l explique mon coll gue j ai peur que cela g n re une tribu parmi d autres et que a participe la logique communautariste ath es chr tiens musulmans Le fait de vouloir
261. ort Ils se sont positionn s pourrait on dire juste au dessus des nombreux propos que la campagne d coute leur a permis d enregistrer 2013 face2faith eu 20 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Avant d expliquer plus clairement cette position arr tons nous sur l un des aspects les plus difficiles et les plus pol miques du pr sent exercice l Usage des mots Selon une formule bien connue et malheureusement bien souvent mal interpr t e le sociologue P Bourdieu disait avec ses coll gues que le malheur des sciences humaines est d avoir faire des objets qui parlent 1966 D un c t le chercheur ne peut se passer d tudier la question du sens que les gens donnent leurs actions aux mots qu ils utilisent et leur vie en g n ral De l autre il doit s attendre ce que les analyses qu il produira partir des propos r colt s r int grent ensuite le monde social soient r inject es dans celui ci suscitent discussions critiques loges avec finalement un destin bien difficile pr voir En fait de malheur il s agit donc plut t d un suppl ment de pr caution prendre en vertu de cet tat de fait notamment au niveau des termes dans lesquels les r sultats de la recherche vont tre exprim s En effet si les cellules tudi es par le biologiste n ont que faire que ce dernier parle de ribosome plut t par exempl
262. ortant qu elle participe galement au d bat Ceci dit vu la s paration entre l autorit de la religion et celle de l tat entre le choix priv et l action en public bien plus flove dans la r alit sociale il est important que la politique mette en place des outils sur la fa on d aborder le fait religieux avec respect pour l galit entre les diff rentes communaut s Une r flexion calme et approfondie sur cette question est n cessaire Un ing nieur de confession musulmane socialement engag Dans cette m me citation on retrouve galement une vision personnelle de la question du r le concret des communaut s religieuses et convictionnelles dans la soci t l int rieur de ce cadre flou mais quasi unanimement reconnu par les r pondants qu est la sph re priv e Le point suivant approfondira cette question 2 2 Le potentiel de contribution des communaut s convictionnelles un meilleur vivre ensemble Comme l indiquait le r pondant musulman pr c demment cit la question du r le des communaut s religieuses et convictionnelles en soci t ne peut pas se r soudre enti rement par une d limitation th orique entre sph re priv e et sph re publique de la soci t La r alit sociale repr sente une relation d osmose entre ces deux sph res tout comme ces entit s parall les que sont l individu et la communaut ne peuvent pas tre vus s par ment l un de l autre Alors un nivea
263. ossible les propos recueillis travers les entretiens et les focus groups Cela a n cessit de prendre le temps de l coute de la retranscription et de la r coute I sera fait un usage aussi abondant que possible dans les pages qui suivent de citations Plus que de simplement colorer le propos de l analyse celles ci lui donneront sa forme Que peut on voir gr ce cette campagne et aux propos des interview s Principalement deux l ments li s qui sont de premi re importance et que l on pourrait appeler comme suit le monde dans lequel les gens vivent ainsi que ce quoi ils tiennent Donner voir ces deux l ments suppose pour le chercheur de se mettre en position d extra terrestre dans sa propre cit Parler du monde dans lequel les gens vivent revient interroger ce qu ils craignent ce qu ils esp rent ce qu ils aiment et ce qu ils d testent ce quoi ils croient et ce qu ils m prisent II s agit au final d interroger leurs cosmologies vis e illusions qui vont commande monde En creux il est possib ennent qui est en m me te t pratique Marquis 2012 c est dire les symbo e que le terme de valeur ressaisit de fa on trop pa d int ressement ou du concernement e de d tecter ce mps ce par quoi u sens ou mieux encore de qui pousse les individus s investir de fa on r f es repr sentations r la fa on dont ils vont s in
264. ours appr ci notamment par les autres professeurs par exemple de mati res scientifiques Un professionnel de l enseignement philosophique L image n est pas tr s bonne On vaut moins qu un professeur de math matiques Un membre d un groupe de professeurs de cours philosophiques Dans cet extrait on retrouve l un des probl mes les plus cit s par les professeurs de cours philosophiques il s agit du probl me de l image de ce cours et de la d pr ciation qui s ensuit Cette d pr ciation est parfois triple de la part des l ves qui ont conscience qu ils ne rateront pas leur ann e cause du cours philosophique de la part des autres professeurs comme indiqu dans le premier extrait qui per oivent le cours philosophique comme moins s rieux que les autres et enfin de la part des parents qui sont plus inquiets des comp tences de leurs enfants dans des mati res comme le fran ais et les math matiques que pour leurs comp tences en cours de religion morale Certains professeurs de religion affirment en ce sens ne jamais avoir t sollicit s lors de rencontres parents professeurs apr s plusieurs ann es d exercice de la fonction ce qui est indicatif d un certain rapport la mati re de la part des parents Ce probl me d image est accentu par la possibilit qu ont les l ves de voyager d un cours l autre d ann e en ann e Cette possibilit leur octroie Une forme d ascendant sur
265. ous permettraient ensuite de sortir des st r otypes Un animateur de sports de confession musulmane L enseignement sur la diversit culturelle et convictionnelle permettrait donc aux tudiants de mieux comprendre la soci t environnante leur donnant les outils d valuation critique n cessaires pour sortir des st r otypes mutuels r gnant propos des diff rentes communaut s Contrairement ce que lon pourrait penser ce r pondant n est par ailleurs pas le seul croyant l instar des r pondants non crouants favoriser l enseignement des religions et convictions plut t que l enseignement religieux ou convictionnel Cette question de lorganisation de l ducation de valeurs convictionnelles et ou citoyennes sera abord e en profondeur dans le chapitre 5 Le r pondant suivant quant lui fait appel aux autorit s civiles pour prendre des mesures court et long terme pour r duire les in galit s sociales un facteur socio conomique qui comme des citations pr c dentes le confirment peut nourrir Un esprit d intol rance et un manque de solidarit pouvant d g n rer son tour en manifestations de violence met ainsi l accent sur le potentiel de l enseignement promouvoir la citoyennet aupr s de la jeunesse et sur l importance de redistribuer les ressources conomiques disponibles D un c t il faut encourager l inclusion de la population bruxelloise dans l conomie locale De l autre
266. oute de la premi re et de la plus importante des recommandations formuler l issue de notre campagne d coute le dialogue interreligieux doit se g n raliser un dialogue des convictions tant religieuses que non religieuses C est une cons quence du ph nom ne mentionn plus haut d interp n tration des probl matiques notamment sur la communautarisation de la libre pens e ou du libre examen en milieu religieux Ces probl matiques respectivement d volues l autre montrent qu une rencontre est possible D autre part les r cits de vie et les parcours convictionnels des r pondants sont rarement le fait uniquement de questionnements religieux ou s culiers Un croyant peut parfaitement se poser des questions en des termes s culiers tout comme un libre penseur peut tre curieux du questionnement de type religieux Dans tous les cas les questions de sens ne sont ni l apanage de lunivers religieux ni l apanage de l univers s culier sans oublier que le contexte m me de la Belgique et de sa diversit en mati re de croyance et de non croyance appelle un largissement du public engag dans linterconvictionnel si toutefois on souhaite un dialogue fructueux et performatif l chelle soci tale 2 2 Poser les vraies questions pour un dialogue r solument performatif On l a souvent entendu lors de la campagne d coute le principal reproche fait au dialogue des convictions c est son caract
267. pas de fournir des d finitions substantielles et encore moins de d finitions valuatives Ces mots sont cependant n cessaires pour construire nos phrases C est pourquoi nous en proposons une d finition op ratoire qui n engage que l quipe dans le cadre du pr sent rapport Croyance croire croyant il s agit de la terminologie g n rique que nous utiliserons pour qualifier tout rattachement des valeurs que celles ci fassent appel des entit s transcendantes des qualit s humaines ou autres Conviction convictionnel tre convaincu ces termes seront utilis s pour qualifier l ensemble des courants auxquels les individus se rattachent la dimension communautaire est donc impliqu e Religion religieux nous parlerons de religion pour qualifier les mouvements et les pratiques g n ralement reconnues comme telles qui font par ailleurs souvent r f rence un dogme une tradition ou encore une lign e croyante pour reprendre le terme de D Hervieu L ger Ath isme ath e libre pens e la que humaniste etc ces termes seront utilis s lorsque les personnes eux m mes les mobilisent pour se qualifier Il est vident que lorsque ces termes sont utilis s par les interview s eux m mes dans les citations que nous faisons de leurs propos leur usage n engage pas les d finitions op ratoires propos es ici Nous vous souhaitons une bonne et fructueuse lectu
268. porterons une plus grande attention aux voix extr mes et aux opinions sur le dialogue interconvictionnel Nous devons cependant garder l esprit que les interview s et les groupes de discussion ont majoritairement exprim des opinions mod r es Ils appr hendent les id es les plus extr mes qui peuvent na tre au sein de leur communaut religieuse o non Ils s inqui tent en outre du fait que les m dias ne se focalisent que sur ces opinions extr mes Pour moi les croyances et les convictions sont autant de r ponses aux questions d anxi t Mais dans certains cas la peur est si grande que la simple existence de r ponses multiples d stabilise et offre un recours au pros lytisme et l int grisme Un repr sentant de la communaut juive 2013 face2faith eu 135 136 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Je regrette que cette soci t tende de plus en plus droite et que les communaut s ferment en g n ral leurs fronti res plut t que de les ouvrir Une coordinatrice musulmane d un centre d tude de l islam Je voudrais vivre dans une soci t multiculturelle r ussie et galement y contribuer Nous devrions pr senter une opposition au populisme et l id ologie d extr me droite Une ducatrice impliqu e dans une f d ration d organisations de femmes Je pense que nous devons faire face en tant que soci t et no
269. pos es aux valeurs fondamentalistes Peut tre de fa on moins attendue la campagne d coute a recueilli le t moignage de ce professeur de morale non confessionnelle qui a lui aussi t confront des probl mes de fondamentalisme d un autre genre comme nous pouvons le constater dans ce qui suit J ai encore connu un v nement r cemment en de On s interroge sur ce qu est l humain et je traite l un des mythes de la cr ation rassembl par H siode dans les cosmogonies C est une mani re la que de rencontrer un r cit qui a un point de vue narratif et qui r pond des 2013 face2faith eu CH 5 L EDUCATION L OUTIL CLEF DE LA TRANSMISSION DES CONVICTIONS questions fondamentales qui se posent la conscience humaine d o vient on etc J essaie de montrer la profondeur du mythe Il ne s agit pas d un r cit historiographique certainement pas ce n est pas une histoire pour enfant ni un pr liminaire l av nement de la science Claude L vi Strauss a montr que le mythe est un genre hyperrationnel pas du tout quelque chose issu de la fantaisie de l tre humain c est l imagination au service de la conscience Et donc tout en pr sentant la mani re dont le monde se met en place je demande a contrario qu est ce qui n aurait pas sa place dans le monde Donc je joue sur les mots en demandant qu est ce qui est immonde Et l un l ve me r pond pour moi les gays l homosexualit
270. proposer une classification reviendrait in vitablement faire du rapport une tentative parmi les nombreuses autres alors que son ambition est la fois plus et la fois moins que cela puisqu il s agit de se d caler du sens commun afin de voir ce que ce d calage pourrait apporter de neuf AU contraire le rapport d cortique patiemment les usages de ces termes par les individus eux m mes non pas pour donner tort certains et raison d autres mais bien pour tenter de comprendre comment ces Usages une fois correctement analys s donnent voir le monde dans lequel les r pondants vivent 2013 face2faith eu 21 22 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Quels sont les objectifs poursuivis Patientes descriptions fines analyses et prudentes recommandations Le rapport poursuit trois missions successives qui repr sentent trois tapes qu il ne cherche br ler aucun prix car il en va de sa cr dibilit et de sa plus value d crire pour donner voir analyser pour donner penser et finalement conseiller pour donner agir D crire les cosmologies vis e pratique montrer ce quoi tiennent les gens D abord le rapport d sire donner voir Le premier objectif de la campagne d coute dans laquelle il puise sa mati re premi re est bel et bien de r fl chir comme le fait un miroir le plus fid lement p
271. que La religion tout comme la la cit peuvent apporter leur pierre aux enjeux politiques fondamentaux s inspirant du sens de la vie en se basant sur leurs valeurs partag es d humanisme Appeler ces communaut s converger est donc un enjeu primordial Un repr sentant de P glise catholique Il est remarquer que la volont de dialog exprim e travers ces derni res citations premier lieu par une simple aspiration mi ue et de collaboration n est pas motiv e en eux se conna tre pour mieux se comprendre et mieux vivre ensemble Elle mane plut t de la prise de conscience d une pr occupatio l impact de certains pouvoirs sur la soci t afi plus efficacement dans ces volutions jug es i des forces religieuses et convictionnelles devi 2013 face2faith eu n partag e vis vis de n de pouvoir intervenir nqui tantes la r union ent une n cessit 167 168 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Conclusion Pour relever les d fis auxquels fait actuellement face notre soci t la campagne d coute d un ventail de r pondants de diff rents ges cultures et convictions a donc fait ressortir trois valeurs cl la connaissance la tol rance ou le respect selon les acceptions et la citoyennet La promotion de ces trois valeurs semble conditionn e par l interaction en soci t entre personnes et communaut s
272. que de temps dans la vie actuelle voir chapitre 3 3 3 La soci t de la vitesse oblige les gens faire des choix Et le temps n cessaire pour aller la rencontre de l autre diff rent de soi semble en tre une des premi res victimes malgr la bonne volont affich e par autant de r pondants La question de l enjeu et de l laboration concr te du dialogue interconvictionnel sera abord e en profondeur dans le dernier chapitre 1 2 Entre tol rance et respect Selon de nombreux jeunes dont les propos sont par ailleurs corrobor s par des adultes en contact avec la jeunesse la jeune g n ration actuelle aurait plus de facilit respecter la diversit dans la soci t que les autres g n rations Pour expliquer ce constat frappant nos interlocuteurs indiquent presque tous comme raison principale de cette plus grande ouverture la diff rence le fait de grandir dans une soci t d j fort diversifi e La citation suivante fait galement r f rence au fait que contrairement la jeunesse actuelle les g n rations plus g es ont souvent assist au cours de leurs vies une composition de population se transformant une vitesse qui rend parfois ces changements difficiles int grer durablement voir chapitre 3 3 3 La soci t de la vitesse Les jeunes Bruxellois sont plus habitu s la pr sence religieuse que les adultes ces derniers exprimant souvent des attitude
273. que engag dans le dialogue interconvictionnel La rencontre et l interconnaissance sont les deux r ponses les plus fr quemment rencontr es la question de savoir ce que nous pouvons attendre d un dialogue interconvictionnel Les r pondants sont d avis qu il faut se conna tre soi m me et conna tre l autre Ils sont aussi d avis que la rencontre permet de mettre en exergue les points communs est aussi tout fait possible de se conna tre soi m me travers l autre I ne faut pas craindre de voir sa propre identit menac e ou dispara tre cause de la rencontre c est au contraire Un bon moyen de mieux se conna tre tout en respectant et en aimant l autre pour ce qu il est et ce qu il croit Par ailleurs dans la vision a id ologique des choses le dialogue ne doit pas obligatoirement aboutir l unanimit Si l on envisage la coop ration interconvictionnelle une premi re tape est d apprendre se conna tre au del des clivages historiques L change entre individus plut t qu entre institutions est ici primordial Puis il est crucial d organiser ces changes dans un cadre prot g une ambiance de confidentialit La m diation entre personnes joue un grand r le ici mais aussi l engagement la discr tion entre interlocuteurs En fin de compte si la confiance mutuelle est trop faible il n y a pas d expression libre pour parler de la signification des mots pour creuser pour se lan
274. que individu de la population vis e d avoir la m me chance de s y voir inclus pour la simple et bonne raison qu il n existe aucun moyen de le faire il n y a pas de registre national des croyances ou convictions Par ailleurs la constitution de l chantillon est soumise l acceptation par les personnes contact es de participer l enqu te Ce biais d autos lection interdit de penser que les individus pr sents dans l chantillon repr sentent correctement ceux qui n y sont pas soit par absence de contact soit du fait d un refus de leur part d u participer Frippiat Marquis 2010 En effet de nombreuses recherches ont montr que les individus qui ne sont pas int ress s par un sujet ou estiment tort ou raison constituer une minorit ou encore pensent adopter des attitudes socialement peu valoris es ont tendance s exclure elles m mes des chantillons que les chercheurs tentent de construire Peut on d s lors vraiment s tonner que personne lors de la longue campagne d coute ne se soit d clar profond ment conservateur ou ait frontalement soutenu les guerres de religion Peut on s tonner qu au premier abord du moins tout le monde semble tre pour le dialogue et le respect mutuel Il n est bien s r pas question d affirmer que les personnes interrog es mentent volontairement ou par omission bien que l existence de hiatus entre nos dires et nos actes soit une vidence avec laquelle le chercheur
275. que pluraliste 154 2 2 Le potentiel de contribution des communaut s convictionnelles un meilleur vivre ensemble 160 2 2 1 A quelles conditions 161 2 2 2 Cr er des outils d inspiration convictionnelle pour relever des d fis soci taux 163 2 2 5 De la th orie la pratique 164 2 2 4 Un r el potentiel de coop ration 166 CH5 L DUCATION L OUTIL CL DE LA TRANSMISSION DES CONVICTIONS 170 1 L ducation convictionnelle 171 1 1 pour p renniser les communaut s 171 12 pour pr parer au vivre ensemble 173 2 T moignages de terrain espace public et espace priv l cole 174 2 1 Cours de religion versus cours sur les religions 174 2 2 Les professionnels du cours philosophique s expriment 178 2 21 Du bon professeur de cours philosophique 179 2 2 2 Des d fis de l enseignement philosophique 183 2 2 5 De la question sp cifique du fondamentalisme et du communautarisme 187 CH6 ORGANISER LE DIALOGUE INTERCONVICTIONNEL PI GES ET POTENTIEL 194 1 Pourquoi un dialogue interconvictionnel est il n cessaire aujourd hui 195 2 De quoi pourra t il y tre question 197 2013 face2faith eu TABLE DES MATI RES 3 Qui est qualifi pour y participer 200 4 Quelles sont les limites de ce dialogue 207 5 Quelles sont les r gles du jeu respecter Quelles seront les retomb es d un tel dialogue 211 CONCLUSION 219 1 Les acquis de la campagne d cout
276. questionnement l exp rience spirituelle sans oublier les l ments plus singuliers comme le contact susmentionn avec le mouvement punk sont autant de vecteurs qui ont trait la prise de conscience religieuse convictionnelle L approche lat rale qui a fond nos entretiens a permis aux interview s dene passe focaliser surle facteurreligieux convictionnel mais de parler de leur propre personne et de retracer leur parcours de vie I a r sult de cette d marche que la dimension religieuse convictionnelle n a pas t abord e comme une sorte d artefact trange du parcours de vie des interview s mais au contraire partir de son int gration dans le th me plus large des valeurs de leurs sources et de leur mise en application au quotidien Le premier l ment de ligne de tension qui ressort donc de nos entretiens quant au th me des sources de crouyance conviction est que l on a affaire une dynamique plurielle faite d h ritage familial et culturel de questionnements de rencontres et d exp riences plus ou moins immanentes ou transcendantales On peut remarquer partir de notre mat riau que le retour offert par les interview s sur leur parcours religieux convictionnel mobilise deux grands sch mas que nous nommerons l impr gnation et l mergence La conscience spirituelle des individus peut tre le r sultat d une impr gnation familiale culturelle ou d une mergence issue d un parcours de
277. qui expriment par exemple la condamnation de l idol trie dans un sens primaire et aussi toutes sortes de choses la peur de l enfer la compr hension de la morale chr tienne partir de prescriptions Une compr hension de la religion tr s primaire Un membre d un groupe de professeurs de cours philosophiques Le t moignage de ce professeur de religion catholique montre que de son point de vue le probl me du fondamentalisme se pose en termes de compr hension C est parce que les l ves saisissent de mani re litt rale les concepts d idol trie d enfer etc qu ils versent dans le fondamentalisme Le d fi pour le professeur consiste d samorcer cette compr hension primaire mais ce n est pas toujours simple comme en atteste un autre professeur de religion protestante 2013 face2faith eu 187 188 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE En tant que professeur de religion nous devons respecter la foi des l ves Je pense qu il faut respecter les fondamentalistes car si nous ne le faisons pas ils vont s en aller S ils rompent le contact avec nous ils perdent un contact social Donc si on agresse un fondamentaliste il va s en aller il va s en aller dans un milieu o l on ne parle que comme lui et il va perdre un rep re ext rieur et donc une r f rence ext rieure aussi Parfois pendant les cours c est comme sur un fil car il faut arri
278. r c dent nous le fait comprendre ces questions li es la constitution et au maintien d une identit dans la communaut ne sont pas l apanage des mouvements religieux En effet cette question de la construction communautaire et de l id al d unit dans la diff rence se retrouve galement pos e par des r pondants issus de mouvements humanistes libres penseurs et ath es qui questionnent l absence de rites de valeurs communes C est ainsi que l effet miroir se donne voir D un c t il y a les courants dits progressistes g n ralement appr ci s pour leur engagement au dialogue et leur dynamisme int rieur Mais ceux ci font parfois face une confusion identitaire de la part de certains de leurs membres voire des sentiments de m contentement vis vis d volutions jug es trop rapides En outre certains courants jouissent d un manque de visibilit dans le paysage religieux ou convictionnel cause de leur discr tion et leurs positionnements mod r s De l autre c t on retrouve les courants qualifi s de conservateurs du fait de l attachement leurs pratiques et croyances ainsi qu la pr servation d une identit bien d limit e Or bien que la d monstration d une attitude peu accommodante voire r active vis vis de la soci t leur donne g n ralement plus de visibilit dans les m dias que leurs contrepoids progressistes les d rives r actionnaires de certaines communaut s con
279. r elle animosit leur gard la pers cution religieuse et convictionnelle va encore au del de ce probl me L exemple le plus cit de pers cution d une communaut donn e par la soci t environnante est sans aucun doute le g nocide du peuple juif savoir la Shoah commis pendant la deuxi me guerre mondiale Bien qu il s agisse de la pers cution d un peuple culturel en premier lieu l appartenance la foi juda que y est indissociablement li e voir chapitre 2 1 4 Des difficult s de transmettre et de se perp tuer Et bien que des d cennies se soient coul es depuis l impact de la Shoah continue se sentir Ainsi t moigne une enseignante en religion juda que Le trauma de la Shoah a caus l abandon massif de notre culture et religion C est une grosse faille dans l histoire qui a caus beaucoup de manque de religiosit La Shoah a galement provoqu un sentiment d antis mitisme qui a marqu les juifs vie Le climat d ins curit continue aujourd hui il faut beaucoup de courage pour rester juif pour pratiquer sa religion librement Et le climat d antis mitisme est en train de rena tre j ai l impression qu on est en 55 aujourd hui Une enseignante de cours de juda sme de confession juive orthodoxe Cette femme explique donc que la Shoah n a pas seulement fait na tre un climat d ins curit qui persiste jusqu aujourd hui mais que l antis mitisme met galemen
280. r hension mutuelle En effet la connaissance de base de l autre peut mener un dialogue plus approfondi alors que le dialogue lui m me favorise son tour la connaissance mutuelle Ainsi plusieurs r pondants reconnaissent que la proximit li e des raisons professionnelles par exemple avec des personnes d origine ou de conviction diff rente a radicalement transform leur compr hension de ces cultures et convictions Finalement afin de favoriser le dialogue certains r pondants ont exprim lesouhait devoirsed velopperplusd opportunit s d espaces de rencontre dans la ville Pourtant au cours de nos entrevues plusieurs animateurs du dialogue interconvictionnel et interculturel nous ont fait comprendre qu il existait une offre assez importante mais qu ils avaient des difficult s attirer un public vari Bien que les diff rentes associations impliqu es dans le dialogue soulignent que leurs approches ne sont pas infaillibles et qu elles continuent chercher d autres strat gies pour rassembler les gens d autres facteurs li s aux m canismes de soci t actuels semblent galement 2013 face2faith eu 143 144 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE entrer en compte dans ce hiatus entre une demande et une offre qui ne se rencontrent pas Ainsi comme l indique Une animatrice d un centre de quartier multiculturel et multiconvictionnel le man
281. r ponses C est pr cis ment ce que soutient l intervenant on n a pas forc ment plus de r ponses qu eux mais poursuit il on a peut tre une m thode Or rappelons nous qu une r pondante pr c dente a parl de la n cessit de percevoir les vraies questions des l ves pour les amener r fl chir et optimiser leur questionnement Ce t moignage n a pas non plus pr tendu amener des r ponses il est int ressant de noter cette concordance de deux professionnels de l enseignement sur l importance du questionnement dans deux dynamiques diff rentes l une en interview individuelle et l autre en groupe de discussion Si le cours de religion morale traite en effet de visions du monde la tendance qui ressort des interviews de professionnels n est pas celle d une volont de faire de ces cours Une source de r ponses mais au contraire une source de questionnement qui doit se produire si l on en croit les derniers t moignages avec distance esprit critique et m me humour 2 2 2 Des d fis de l enseignement philosophique Le deuxi me point que nous avons abord avec les professionnels de l enseignement est celui des d fis auxquels ils font face Les probl mes sont multiples comme nous allons le constater 2013 face2faith eu 183 184 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE C est un cours qui n est pas touj
282. r d autres avis l un dit une chose l autre dit autre chose tous les deux ont leurs arguments et a peut tre juste aussi Il y a donc le respect de la divergence et a les personnes plus g es n ont pas Pas tous mais beaucoup Un jeune animateur d une association socio culturelle musulmane D autres r pondants qui s identifient eux m mes comme tant de la base expriment de la m fiance par rapport ce qu ils consid rent comme une tendance l id ologisation voire la politisation des institutions religieuses et convictionnelles Mon principal mobile est ma recherche de la v rit et ce que signifie la v rit pour l autre Je constate 87 2013 face2faith eu 88 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE malheureusement qu aujourd hui le christianisme est plut t devenu une id ologie discours et cadre de r f rences n s accordent plus Un pr tre catholique coordinateur d une association promouvant la coh sion sociale L incongruit dont parle ce pr tre entre v cu religieux et gestion strat gique entre r flexion et affirmation est galement explicit e dans les propos de cet animateur de jeunesse d origine africaine qui n h site pas identifier les structures religieuses des partis politiques Je m appelle croyant mais je refuse d adh rer l une ou l autre religion Les diff rent
283. rchant rendre les acteurs conscients des tensions et des contradictions de leurs comportements la recherche pratiqu e ici promeut leur capacit critique leur r flexion et leur panouissement personnel Voil ce que vise ce rapport sur les religions et convictions De mani re claire et syst matique les lignes de tension sont expos es dans le cadre d une vaste gamme d opinions relatives aux convictions et aux religions Le r sultat n est autre qu un rapport fascinant riche et bien argument poussant la r flexion L originalit de ce rapport r side dans son point de d part une campagne d coute approfondie L art de l coute n est pas seulement int ressant comme outil heuristique pour la recherche mais il fournit galement une cl pour l approfondissement du dialogue Par ailleurs 1 Habermas J Erkenntnis und Interesse Frankfurt 1973 2 dition 2013 face2faith eu CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE aux c t s d un mat riel d analyse id alement fourni pour alimenter a discussion le rapport pr sente une m thode pour la conduite d un bon dialogue Dans Theorie L un livre qui a beaucoup de r sonance dans les cercles de gestion aujourd hui Otto Scharmer traite de art de l coute ll distingue ainsi quatre niveaux d coute qu il relie chacun une expression Oui je le savais d j est u
284. rconstances d finies Et la connaissance peut conduire la tol rance entre les diff rentes religions II peut tre un lieu de rencontre une premi re tape vers une ouverture pour briser les murs Un groupe d tudiants libres penseurs francophones Un dialogue interreligieux sinc re peut apporter beaucoup la soci t Il peut devenir un signe aupr s des communaut s pour s abstenir de tout extr misme Et s il est vraiment sinc re il ira au del de la simple compr hension et tol rance pour aboutir l amour Un pasteur pentec tiste d origine africaine D autre part l interconnaissance et la compr hension mutuelle peuvent freiner les g n ralisations outrance ainsi que les pr jug s Le projet fera en sorte que les gens se rassemblent Les diff rences deviendront moins visibles si nous nous concentrons sur des valeurs communes La confrontation pourra nous apprendre mieux se conna tre les uns les autres Nous devons entrer en contact les uns avec les autres sur un pied d galit entre les sexes entre les diff rentes convictions J esp re que le projet pourra aider lutter contre les pr jug s et les g n ralisations Une musulmane active dans une organisation en charge des minorit s ethniques et culturelles Les convictions et la spiritualit peuvent certainement jouer un r le face aux d fis soci taux Malheureusement la religion est consid r e comme un probl me en Occide
285. re de ce rapport 2013 face2faith eu 33 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Fig 1 R partition de l chantillon sur la variable Genre Female 46 Male 54 Fig 2 R partition de l chantillon sur la variable cat gorie d ge Over 26 years old 77 Between 16 and 26 years old 23 34 2013 face2faith eu CAHIER Fig 3 R partition de l chantillon sur la variable R gion d origine 4 Abroad 31 3 Wallonia 15 7 1 Brussels 46 1 2 Flanders 33 4 Fig 4 R partition de l chantillon sur la variable origine 1 Belgian 78 2 Belgian Roots EU 1 3 Belgian Roots non EU 5 5 Non Belgian Non EU 1 4 Non Belgian EU 5 35 2013 face2faith eu CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Fig 5 R partition de l chantillon sur la variable Affiliation un courant 2 Convictional 1 Religious 1 62 3 Spiritual 1 4 Non affiliate 26 Fig 6 R partition de chantillon sur la variable Langue maternelle 2 French 42 1 Dutch 48 3 English 10 Fig 7 R partition des personnes ayant d clar tre affili es une religion conviction ou spiritualit 74 de l chantillon ou 356 individus sur la variable groupe d affiliation O non affiliated 4 0 1 Ot
286. religieux qui s est aussi d velopp par la rencontre mais surtout au travers d une relation ma tre disciple S il n y a rien de surprenant ce que les rencontres interpersonnelles l influence de figures charismatiques et l cole jouent un r le dans les constructions convictionnelles des interview s d autres l ments peuvent susciter la surprise C est ainsi que pour l un des interview s le mouvement punk a t pr pond rant dans le sens o il lui a permis de dit il parler en je Cette capacit parler en je a eu des r percussions sur son rapport au religieux qui est devenu plus autonome avec Un go t prononc pour l approche critique et la r flexion personnelle C est dire qu il existe une relation entre d veloppement de l individualit capacit se positionner par soji m me et d veloppement d une conscience convictionnelle propre 1 3 La croyance comme exp rience spirituelle Dieu au del de l appartenance identitaire Si les sph res cognitive relationnelle et identitaire sont souvent mentionn es la sph re plus exp rientielle transcendantale pourra t on dire n est pas en reste Tr s souvent les interview s nous parlent d habitation de quelque chose que l on ressent qui fait vivre et que parfois l on reconna t aussi chez l autre ce qui suppose comme nous le verrons plus tard une cl en mati re de dialogue des convictions Il
287. revanche ce qui appara t nettement et que la campagne d coute nous indique c est que le changement de perspective induit par une approche lat rale permet d articuler le facteur religieux tudi en le laissant se fondre dans l histoire de l individu Au final il est moins int ressant de se demander pourquoi une personne croit ou ne croit pas que de questionner comment elle en vient se construire Une conscience de type spirituel existentiel dans la coh rence de son parcours de vie C est le second l ment d analyse qui ressort de nos interviews sur la question des sources des croyances religieuses ou convictionnelles en tudiant la fa on dont les sujets racontent leur parcours de vie il appara t que la question de la croyance en tant que telle s int gre finalement dans la question de la qu te de sens Ce n est par ailleurs personne d autre que le sujet lui m me qui va accoler une connotation voire une signature religieuse o non aux diff rents l ments de son parcours Qu est ce qui fait qu une personne va signer religieusement ce qui merge des diff rents aspects de son parcours ou va au contraire les qualifier autrement Le point suivant aborde pr cis ment la question des r appropriations personnelles On touche ici aux conceptions diverses de la transcendance point qui sera abord plus loin 2013 face2faith eu 47 48 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS
288. riser ces valeurs Une humaniste libre penseur impliqu e dans la politique europ enne tant donn que le juda sme n est pas une religion missionnaire sa position dans le dialogue interreligieux diff re de celle du christianisme ou de l islam Il y a peut tre parfois moins d int r t mais d un point de vue historique il y a galement moins de violence religieuse Une professeure de litt rature germanique de confession juive La langue est Une autre question probl matique pour les r pondants I n est pas forc ment vident de trouver une langue commune avec laquelle tout le monde se sente l aise Le caract re sensible de la question des croyances rend la probl matique de la langue d autant plus pineuse 2013 face2faith eu 207 208 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Quoi qu il en soit il existe des limites plus complexes li es au dialogue interconvictionnel Des participants peuvent consid rer qu ils sont s d tenteurs de l ultime v rit et qu ils ne seront donc tenus aucun compromis Ceci nous am ne poser la question de la finalit du dialogue interconvictionnel faire des compromis Trouver des solutions des probl mes concrets Ou encore s entreconna tre Il n y a pas de r ponse unique cette question Elle d pend directement de la nature des participants et des outils de mis n uvre du dialogue La qu
289. rit comme exclusive finira au bout du compte par augmenter l intol rance et r coltera le sectarisme Celui qui s attribue le r le de victime ne verra l autre que comme un agresseur ext rieur La solution ces dilemmes c est l acceptation d un principe d ambigu t dans toute id ologie Chaque tradition ases zones d ombres et son potentiel pour le dialogue ses propres formes de violence et son engagement l Universalit sa propre v rit et ses mensonges La fronti re entre les deux pourrait tre test e dans le dialogue Mais sans une conscience r ciproque et partag e de cette ambigu t et une volont r ciproque de changement la v rit demeure alors Un monologue facticement pr sent comme un dialogue J esp re qu en d couvrant ce rapport le lecteur pourra enrichir et approfondir sa vision du dialogue interreligieux et convictionnel Ce fut ma propre exp rience 2013 face2faith eu 10 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Pr face par le Chanoine Hendrik Hoet Vicaire piscopal dioc se d Anvers Lorsque le pape Fran ois re ut une d l gation juive le 11 octobre 2013 il leur dit S il est vrai qu il est important que les deux parties en l occurrence les chr tiens et les juifs approfondissent la r flexion th ologique par le dialogue alors il est aussi vrai qu il existe un dialogue de la vie celui de l exp ri
290. rit des r pondants se montrent proche de ce dernier discours ce qui tient au moins en partie la question de la d sirabilit sociale Cependant nous avons pu montrer qu en creusant plus avant les paroles des r pondants il est tout de m me possible de percevoir que la limite de surface entre progressisme et conservatisme n est pas si tranch e que a ce qui est notamment d aux effets de miroir que nous avons voqu s plus haut Reste la question de la r appropriation des diff rences des similarit s et des effets de miroir des d fis et acquis respectifs entre communaut s religieuses et convictionnelles Fonctionnent ils intrins quement comme des l ments de concurrence d opposition 2013 face2faith eu CH 2 ETRE EN COMMUNAUT AUJOURD HUI INTERACTIONS ET TENSIONS intercommunautaire ou peuvent ils servir de base pour construire du dialogue voire de la collaboration en soci t Et de quelle mani re ces l ments influencent ils l enjeu ultime de la prosp rit des diff rentes communaut s Selon une animatrice de dialogue interconvictionnel en tout cas le dialogue et la collaboration interreligieuse ne sont pas contraires la perp tuation des communaut s Les communaut s religieuses ont des pr occupations internes d j tellement lourdes notamment la survie qu elles disent ne pas pouvoir consacrer beaucoup de temps la coh sion sociale alors que la survie pe
291. ritchard Brighton Harvester Press FAVRET SAADA J 1977 Les mots la mort les sorts La sorcellerie dans le Bocage Paris Gallimard FRIPPIAT D amp MARQUIS N 2010 Les enqu tes par Internet en sciences sociales un tat des lieux Populations n 65 2010 2 pp 309 3538 GLASER B G amp A L STRAUSS 1968 The discovery of grounded theory strategies for qualitative research London Weidenfeld and Nicolson L VI STRAUSS C 1950 Introduction l uvre de Marcel Mauss in Mauss M Sociologie et anthropologie Paris Presses Universitaires de France MARQUIS N 2012 Sociologie de la pratique de lecture du d veloppement personne en r gime d autonomie Du texte l exp rience Th se pour le doctorat en sciences sociales et politiques Universit Saint Louis Bruxelles VEYNE P 1983 Les Grecs ont ils cru leurs mythes Paris ditions du Seuil WEBER M 2005 1919 La Science profession et vocation Paris Agone 39 2013 face2faith eu 40 CH1 ETRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS CHAPITRE 1 TRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES ETATS Ce premier chapitre d analyse des entretiens de la campagne d coute est un chapitre cr ant un cadre d orientation pour les chapitres et th mes suivants Ce cadre propose un contenu de base en essayant de r pondre la question comment se passe la croyance ou la conviction en
292. rle de ce d fi au sein de sa soci t la libert individuelle et le regard critique vis vis des autorit s jouant galement un r le important au sein de la franc ma onnerie Les valeurs les plus importantes de la franc ma onnerie sont selon moi l universalit de l homme la solidarit la libert individuelle et le regard critique sur les autorit s doctrinaires La franc ma onnerie est une qu te des points de vue et de l opinion des autres Le dessein est de construire une soci t de gens qui pensent diff remment C est en m me temps un v ritable d fi Un franc ma on n erlandophone membre du Grand Orient de Belgique Un jeune r pondant libre penseur quant lui attribue la difficult de formation d une communaut libre penseur solide au manque de rites pr sentant une barri re infranchissable Les religions ont cette capacit de tisser des liens entre les gens par des valeurs et des rites pr cis alors que malheureusement le mouvement la que et c est ce qui fait sa faiblesse c est comme une philosophie du doute Elle n a rien offrir socialement on se retrouve un peu seuls face cette immensit Je ne crois par contre pas qu il soit n cessaire de recr er des rites la ques car c est en opposition avec les valeurs la ques Un membre d un groupe d tudiants libres penseurs francophones Finalement si pour les r pondants pr c dents le d fi d unit dans la diff r
293. rment qu elles ne sont pas tout fait identiques Les valeurs primordiales d un professeur doivent tre la connaissance sous toutes ses formes y compris la connaissance de l autre au niveau culturel Le respect est tout aussi important mais il ne faut pas le confondre avec la tol rance Le respect v ritable est une acceptation de la diff rence au niveau physique mais aussi verbal de m me que l on reconna t comme normal qu un tiers n aie pas le m me corps que nous il faut aussi reconna tre comme normal qu il ne pense pas la m me chose et qu il exprime des id es diff rentes des n tres Un professionnel de l enseignement philosophique De mani re similaire certains r pondants estiment que la tol rance est une notion suspecte Car tol rer quelqu un n implique pas forc ment qu on accepte galement cette personne ses id es et son apparence Cela n est cependant pas toujours per u de fa on n gative En effet Un jeune animateur de confession musulmane explique qu il s adapte aux lois et valeurs du pays dans lequel il vit en tol rant des choix d existence diff rents du sien Il pr cise toutefois que les tol rer ne veut pour autant pas dire les accepter ce que ses propres valeurs rendent selon lui impossible Le fait de ne pas accepter l autre sans pour autant l interpeller physiquement ou verbalement fait par ailleurs r f rence la notion du jugement d autrui une attitude que plusieurs r
294. s participant la construction ou d construction communautaire des diff rentes convictions 1 Les tensions intra communautaires Il s agit dans cette premi re partie de mettre en lumi re d une part les oppositions entre diff rents courants et approches l int rieur des communaut s et d autre part les d fis auxquels se voient 2013 face2faith eu 85 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE confront es les communaut s en tant que telles du point de vue des personnes interrog es Comme on le verra certaines tensions croisent tant des d fis g n raux que des oppositions particuli res chaque communaut En effet des approches dissemblables par rapport un d fi per u comme commun par l ensemble d une communaut peuvent donner lieu leur tour des oppositions intra communautaires En conclusion de ce premier point on proposera une fa on novatrice d analyser la tension entre les diff rents courants intracommunautaires per us par les r pondants tant t comme progressistes tant t comme conservateurs 11 La base versus la hi rarchie Le premier d fi relev par les r pondants concerne la structure de la communaut laquelle ils appartiennent Un des d fis majeurs relever est le foss de plus en plus profond qui se creuse entre la base et la hi rarchie dans les grandes communaut s religieuses Une
295. s assez radicales et troites d esprit La jeunesse adopte une attitude plus d tendue La question religieuse n est simplement pas aussi importante pour eux l exp rience de la mixit culturelle et convictionnelle la normalise Une jeune musulmane socialement engag e Comme nous l avions vu dansle point pr c dent cette citation pose l encore que la connaissance et l interaction avec l autre normaliserait la diversit culturelle et convictionnelle Il est d ailleurs int ressant de constater que les jeunes musulmans r p tent tr s souvent qu ils ont un plus grand respect de la divergence religieuse ou encore un sens du respect du d saccord par l apprentissage et la gestion 2013 face2faith eu CH 4 COMMENT RELEVER LES DEFIS SOCIETAUX SUGGESTIONS ET IDEAUX DES REPONDANTS de cette diff rence dans leurs lieux de socialisation Encore une fois l cole appara t ici comme un laboratoire d interaction dans la diversit qui fait fonction de micromod le de la soci t grande chelle llest particuli rement pertinent de se demandercequelesr pondants mettent comme signification derri re ces deux notions qui certains gards apparaissent comme des signifiants vides souvent utilis es sans qUu intervienne un accord sur ce qu elles recouvrent Si de nombreuses personnes interview es semblent utiliser les notions de respect et de tol rance de mani re indiff rente d autres affi
296. s citations qui suivent nous proposent d autres exemples de th mes et de sujets qui peuvent tre envisag s lors d un dialogue interconvictionnel La liste de ces th mes n est pas ici exhaustive Quoi qu il en soit les exemples qui suivent sont significatifs et donnent un aper u de la diversit des th mes qui sont venus l esprit des r pondants Les th mes traiter sont des th mes d humanit dont les d bats devraient servir d une part clairer les politiciens et d autres acteurs de la soci t et d autre part interpeller les gens sur les responsabilit s de chacun Un animateur de jeunesse d origine africaine Les religions ne sont pas homo bi ou transphobigques Ce sont les gens qui agissent en homophobes Nous devons lutter contre les st r otypes Il y a des branches du christianisme qui b nissent les mariages de m me sexe Le dialogue interconvictionnel devrait aboutir un v nement syst matique un seul v nement ne fera pas la diff rence un travail au quotidien est n cessaire Le dialogue interconvictionnel devrait tre l endroit o les gens peuvent venir parler partager de bonnes pratiques s exprimer et avoir de la compassion Nous pouvons organiser une grande pri re ensemble travailler ensemble et nous entraider Cela peut avoir un impact positif cela peut amener du courage de la motivation et du changement de l int rieur un effet boule de neige Une chr
297. s dans cet espace public Finalement cet espace pour tre libre doit il vacuer tout contenu convictionnel pour garantir le vivre ensemble Ou doit il au contraire proposer des espaces d di s l expression de ces convictions S il est vrai et les professionnels de l enseignement interrog s le reconnaissent que la pr sence de contenus convictionnels l cole via les cours philosophiques cr e des tensions on peut se demander d une part si ces tensions dispara traient en bannissant ces cours et d autre part si ces cours avec l esprit et le temps n cessaires ne sont pas l une des sources de d samor age desdites tensions Quoi qu il en soit le d bat m rite d tre pos et les extraits pr sent s dans ce chapitre du rapport de notre campagne d coute permettent d en poser quelques termes cl s kk 2013 face2faith eu 193 194 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE CHAPITRE 6 ORGANISER LE DIALOGUE INTERCONVICTIONNEL PIEGES ET POTENTIEL Ce chapitre est consacr l tude de ce dont nous ont fait part les r pondants des interviews et des groupes de discussion sur ce que doit tre selon eux un dialogue interconvictionnel En tant que membres de l quipe face2faith nous sommes convaincus plus d un titre de la n cessit et de la valeur ajout e du dialogue et plus particuli rement du dialogue int
298. s de la question de la migration Par contre il ne sert rien de traiter cette question sous un angle humanitaire Si on veut vraiment changer quelque chose dans la soci t au lieu de faire perdurer la situation il faut refuser la charit souvent pratiqu e par des institutions religieuses et associations sociales Pour r ellement d fendre leurs valeurs les communaut s religieuses devraient adopter une vision plus large et participer au d bat g n ral Un jeune tranger en situation irr guli re 165 2013 face2faith eu 166 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Cependant comme plusieurs autres ce r pondant attribue le manque d engagement social dynamique affich par les diff rentes communaut s religieuses et convictionnelles partiellement au fait que les communaut s religieuses et convictionnelles malgr elles sont davantage repouss es de la sc ne publique sous l influence de la s cularisation progressive de la soci t Dans les ann es pr c dentes plusieurs communaut s religieuses ont d fendu et soutenu activement les personnes sans statut l gal Toutefois la religion est actuellement musel e en Europe perdant ses libert s et tant l objet d attaques r guli res par la soci t s culi re Son r le constructif dans la soci t est d s lors r duit Un jeune tranger en situation irr guli re 2 2 4 Un r el potentiel
299. s de les interpr ter avec souplesse pour pouvoir encore participer de mani re internationale Pour cela nous avons besoin de cr ativit et d attentes La raison de cette rigidit est mon avis le vieillissement de notre tissu social Nous avons besoin de repenser la soci t les personnes g es doivent avoir une place plus productive que ce n est le cas aujourd hui mais sans carter pour autant les jeunes ou les bloquer Les jeunes soci t s vont de l avant tandis que les soci t s plus anciennes sont sur la d fensive nous avons moins confiance en l avenir et voyons nos acquis comme des droits que nous ne pouvons pas convertir et reconsid rer Un fr re dominicain anthropologue Les interview s affirment que l Europe est habitu e son h g monie ainsi qu sa position unique dans le monde Elle a toujours t le continent vers lequel on se tourne pour le renouveau et la connaissance N anmoins les rapports de force changent La Chine et le Br sil par exemple sont des pays mergents dont la population est jeune et flexible L Europe doit tenir compte de ces march s mergents et se pr parer politiquement et conomiquement aux nouveaux rapports de force qui s tablissent 128 2013 face2faith eu CH 3 LA PERCEPTION DES DEFIS SOCIETAUX 3 Les d fis spirituels Dans ce dernier sous chapitre il sera question des d fis spirituels On pourrait bien videmment les ranger dans le rayon
300. s eux en d su tude dans l glise chr tienne Les valeurs humaines on les partage avec tout le monde qu il soit religieux ou non Mais je vais prendre un cas bien pr cis la place de la femme dans l islam C est quelque chose qu on stigmatise facilement du point de vue chr tien car il faut reconna tre les femmes etc Je ne suis pas tr s comp tent dans ce domaine l Mais l o je trouve qu on a norm ment de choses apprendre c est dans la valeur que les musulmans ont du respect de l intimit Et quelque part dans leur culture la place de la femme est li e cette th matique de l intimit Bien s r qu il peut y avoir des machos bien s r qu il peut y avoir des in galit s je ne suis pas en train de dire que tout se r sume a Mais nous en Occident avons perdu ce respect de l intimit Et a c est une des questions chez les jeunes ils n h sitent pas s afficher sur Facebook et sur n importe quoi Alors quelle est la fronti re entre le public et le priv entre l intime et l affichable Le monde occidental le jud o christianisme a vraiment perdu cette notion Beaucoup de jeunes ont perdu cette notion l L je pense qu on a quelque chose apprendre de l islam M me si tout n est pas apprendre m me si dans la culture musulmane il y a aussi quelque chose apprendre de tout ce qu on a connu par rapport la place de la femme et la revendication f ministe de la femme occidental
301. s j y crois quand m me C est peut tre culturel Depuis que je suis petit je crois en Dieu l apr s mort Je me dis que a doit bien exister Un groupe de jeunes en institution publique de protection de la jeunesse On constate ici une distinction entre l affiliation la communaut qui est un h ritage parental et les croyances en Dieu et en l au del qui sont pr sent es comme une sorte d vidence a doit bien exister remontant aux origines de l histoire de l individu depuis que je suis petit A l inverse on trouve des cas de figure o l h ritage parental est purement et simplement ni au profit d une affirmation de choix souverain Je suis chr tien pas parce que mes parents le sont mais parce que je le veux parce que j ai pris la d cision d adh rer cette religion Parmi un groupe de jeunes membres de l glise vang lique 2013 face2faith eu CH1 ETRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS Il arrive aussi que l ducation en tant que telle soit strictement identifi e l appartenance religieuse L ducation elle est faite du juda sme Un repr sentant du juda sme lib ral sans pour autant qu elle soit synonyme de verrouillage de la pens e Moi j ai l id e de Dieu de mes parents plus mon id e mes enfants ont l id e que j ai de Dieu plus leur id e On n a pas tous la m me id e de Dieu c est pour a que la Torah parle du Die
302. s les citations qui suivent 2013 face2faith eu MA TRES D OEUVRE DU RAPPORT Ma tres d uvre du rapport R alisation des interviews Equipe PWR C Brussels 2014 e Hicham Abdel Gawad e Christof Grootaers e Miriam Lemmens e Liesbeth Maris Gracieusement mise disposition par l asbl Axcent e Fien Ingelbrechts Analyse et r daction du rapport Dr Nicolas Marquis docteur en Sciences sociales et politiques charg de cours FUSL UCL ULB a construit la m thodologie de l analyse des donn es et assur la direction et l encadrement de l quipe pour l analyse et la r daction du rapport Mr Giusto Maniscalchi sociologue a r alis les diff rentes approches quantitatives Hicham Abdel Gawad Miriam Lemmens et Liesbeth Maris ont r alis un travail impressionnant pour produire l analyse approfondie des donn es et crire le rapport Marie de Carni re a assur la gestion des donn es des interviews et citations qui maillent le rapport elle a galement pris en charge de nombreuses t ches p riph riques permettant l quipe de fond de se concentrer sur l analyse Mary Wigny a coordonn le projet Soutien acad mique et professionnel de l interreligieux et convictionnel Notre Report Advisory Committee a accept de nous conseiller au cours de l laboration du rapport e Laurent Ledoux e Frans Goetghebeur e Daniel Schaubacher e Vincent Legrand Karim Chemlal Marianne G
303. s limites les probl mes qu il n aborde pas et les questions auxquelles il ne pr tend pas r pondre mais elle montre aussi pourquoi ce travail est en mesure de revendiquer humblement Une certaine originalit en particulier dans la fa on dont certaines difficult s li es l tude d un sujet aussi complexe et glissant ont t prises en compte ou transcend es En bref la pr face donne les cl s de lecture de ce rapport et pr sente les crit res laune desquels il demande tre valu Un rapport pr cautionneux juste au dessus du sens commun Construire une recherche sur le sens commun c est dire sur les symboles que nous mobilisons dans la vie quotidienne sans m me y penser rec le toujours norm ment de difficult s Il s agit d un exercice d quilibriste D Un c t l enqu teur doit viter la critique permanente car en effet quoi cela sert il de prendre le temps d couter des centaines de personnes si on d cr te l avance que leurs propos ne sont d aucun int r t et que la plupart des individus se trompent D un autre c t il ne s agit pas non plus pour l analyste de reprendre leur compte les propos des individus de faire comme s ils contenaient l enti ret de l information n cessaire Sans quoi le pr sent exercice n apporterait rien de plus qu un micro trottoir En ce sens cela pose la question de savoir d o parlent les r dacteurs de ce rapp
304. s param tres pars d un d bat minemment complexe et qui ne manquera pas d tre d licat La remarquable densit d objectivit et d e s r nit des chercheurs de face2faith tente d en aplanir les tensions 2013 face2faith eu CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Ce n est pas innocemment que cette enqu te cible particuli rement la jeunesse En effet c est elle qui peut en tant que vague non fig e dans l oc an des certitudes et des comportements enracin s d poser sur la plage de l avenir une prometteuse mar e de libert d galit et de fraternit universelle L humanit est embarqu e dans un navire en grand p ril Seul un quipage g n reux exceptionnellement lucide pourra viter le naufrage sur les cueils de la haine et de la b tise Bonne voile face2faith 2013 face2faith eu PR FACES Pr face par Luk Bouckaert Professeur m rite KULeuven Katholieke Universiteit van Leuven SPES Forum vzw Spiritualiteit in Economie amp Samenleving La recherche scientifique comme nous l apprend le sociologue et philosophe allemand J rgen Habermas est toujours induite de mani re sous jacente par une motivation ou un int r particuliers En ce sens la recherche n est jamais exempte de valeurs Les valeurs sous jacentes ne d terminent pas seulement l importance que nous attachons une enqu te mais affect
305. s possibles pour am liorer la situation dans le monde comme l a d ailleurs soulign une femme juive la que D un point de vue plus sp cifique le dialogue interconvictionnel peut aussi servir mieux se conna tre soi m me 4 et mieux conna tre l autre Pourquoi le dialogue C est quelque chose qui va de soi car on vit avec les autres Je ne con ois pas une vie sans dialogue La limite ce dialogue est le respect de l autre tel qu il est on doit se respecter dans la diff rence ll faut augmenter les initiatives qui permettent de mieux conna tre l autre II faut diminuer tout ce qui d nigre l autre Un rabbin orthodoxe Le monde globalis et interd pendant dans lequel nous vivons rend n cessaire l interconnaissance Il faut chercher les points communs et aspirer plus de solidarit et de coh sion sociale si l on en croit les participants religieux ou non religieux C est d autant plus important que les probl mes auxquels nous faisons face sont communs et appellent donc des solutions de concert En outre les interview s soutiennent qu en entrant en contact avec les autres on r alise qu ils ne sont pas aussi diff rents que ce que l on imaginait Cette prise de conscience est importante dans le contexte pluriel multiculturel multiconvictionnel et multiethnique de notre soci t o beaucoup sentent qu ils ne connaissent ni ne comprennent plus leurs prochains 2013 fa
306. s si C est la m me chose en fait C est juste que certaines personnes se sont perdues dans un tel discours Elles ont tellement envie de faire croire aux gens qu elles sont dans la meilleure direction alors qu elles m mes rentrent dans le m me trip et qu elles m mes rentrent dans le jugement C est le chameau qui voit la bosse de l autre chameau et qui ne voit pas sa propre bosse Un animateur de sports de confession musulmane Bien que cette personne d fende le principe de s paration de la soci t en sph res publique et priv e il reconna t donc qu il y a diff rentes interpr tations possibles de la d limitation de ces sph res Par ailleurs son reproche envers certaines personnes non musulmanes voire peut tre non confessionnelles d tre trop peu tol rantes vis vis de l expression de sa foi en soci t est confirm e par ce professeur de confession catholique La soci t a d en effet se construire en opposition la th ologie catholique ce qui tait l gitime et le combat contre la supr matie du th ologique est aujourd hui gagn Cependant on assiste un risque r el de perversion des 2013 face2faith eu CH 4 COMMENT RELEVER LES DEFIS SOCIETAUX SUGGESTIONS ET IDEAUX DES REPONDANTS valeurs critiques qui ont pu mener cette victoire car la critique l gitime tend se transformer en un soup on syst matique du fait que la pens e critique devient majoritaire Un pro
307. s un probl me pour les professeurs qui travaillent dans des classes bien fournies mais pour les religions num riquement minoritaires o un professeur peut se retrouver avec des classes de 3 ou 4 l ves le changement de cours philosophique peut tre synonyme d un nombre de classes revu la baisse et donc d un horaire incomplet l ann e qui suit L id e de coincer les l ves dans un cours philosophique en leur tant la possibilit de permuter d une ann e l autre est videmment exclure N anmoins ce t moignage refl te un v ritable probl me qui a des r percussions sur l image du cours philosophique d s le moment o un professeur se retrouve dans une position o il doit plaire ses l ves les s duire pour reprendre un terme de l extrait il perd de facto une forme de cr dibilit Si l on ajoute cela les probl mes de logistique que beaucoup de professeurs vivent pour obtenir leur plein temps on aboutit un autre probl me explicit dans l extrait suivant par un professionnel de l enseignement isra lite Ily a Un manque de professeurs et il est tr s difficile d en trouver C est un m tier qui n attire plus vraiment Dans le cas du juda sme on est confront une difficult mat rielle nous sommes tr s peu nombreux et tous les enfants ne sont pas inscrits au cours de religion isra lite Je faisais de la Formule 1 pour aller d une cole l autre Perso
308. servatrices participent cr er Un probl me d image aupr s d une partie de la population et polarisent l opinion publique 5 Voir aussi 1 3 Les dimensions de la croyance la t te le c ur et les mains 2013 face2faith eu 97 98 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Les effets de miroir du trop peu de visibilit versus trop peu de reconnaissance et de l ouverture illimit e versus l attachement rigide se manifestent galement dans la question de la transmission et de la perp tuation des diff rentes communaut s Comme les citations nous l indiquent la gestion des pratiques rituelles semble encore une fois jouer un r le d terminant ici En effet la transmission transg n rationnelle ainsi que l attrait d une religion ou d une conviction aupr s de nouveaux membres potentiels d pend en partie du cadre form par des valeurs et des pratiques plus ou moins d finies Elle contribue ainsi la construction identitaire de la communaut Cette construction identitaire dont l opposition progressiste versus conservateur est Un sympt me est un processus complexe Elle se constitue de multiples niveaux allant de la cr ation de liens forts au sein d une communaut laquelle on veut appartenir ou ressembler jusqu la n cessit de construire de maintenir ou de modifier une image sociale l intention de ceux qui sont ext rieurs au groupe
309. sivement horizontale entre l individu et son environnement social En effet selon le principe du libre examen ce n est qu en entrant en interaction avec l autre que l on peut questionner ses propres a priori et ainsi s approcher de la v rit 2013 face2faith eu 75 76 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Or l affirmation selon laquelle les rites dans la religion sont prescrits sans quivoque ne semble pas valoir pour toutes les pratiques rituelles telles que d crites plus haut Par exemple la pratique transreligieuse de la pri re r f re aussi bien la r citation d un texte fig qu l expression de sentiments et de demandes tout fait personnelles Similairement la pratique de la m ditation peut tre accompagn e de gestes prescrits ou non De mani re inverse la pratique du libre examen est parfois utilis e de mani re quasi dogmatique rejetant toute autre fa on de penser bien que son principe puisse tre consid r comme un signifiant vide ne figeant nullement ce qu il faut examiner et quels r sultats cette recherche devrait mener En conclusion si l on accepte que la d termination plus ou moins fig e de la pratique ainsi que sa capacit de cr er des liens verticaux ou horizontaux soient des vecteurs de diff renciation entre le rite religieux et la pratique ath e certains usages semblent se positionner
310. specteur de religion catholique qui affirme que la fiert identitaire des autres devrait inspirer sa communaut pour la rendre plus forte Nous devons nous demander si nous ne sommes pas trop fragiles pas assez convaincus Notre modestie peut parfois donner l impression que nous avons honte de notre foi Un musulman est fier de sa pri re et de son je ne pourquoi ne pouvons nous plus en faire autant Un ancien professionnel de l enseignement philosophique La solidit de la communaut et de son identit joue galement un grand r le dans la perp tuation de la communaut conditionnant la transmission d un cadre plus ou moins d fini Ainsi comme l explique une femme juive orthodoxe pour la communaut juive la protection de l identit culturelle et religieuse est un enjeu crucial de survie de la foi et d un peuple l assimilation est un d fi en interne pour la communaut juive si vous perdez vos traditions vous n tes plus impliqu dans aucune vie juive Une femme juive orthodoxe Dans certains courants cette protection de la religion et de la culture est pouss e davantage jusqu s approcher du fondamentalisme r actionnaire d apr s cet homme juif orthodoxe Pour moi le d fi pour la communaut orthodoxe est de retrouver une religiosit stable Durant le dernier si cle le mouvement ultra orthodoxe s est renforc Il rejette radicalement la modernit Les ultra orthodoxes r
311. steur protestant disciple d un guru tantrique Le r pondant ath e libre penseur y ajoute que Cette tude aurait galement trouv qu une autre partie du cerveau qui est responsable de la recherche de v rit de la compr hension de l esprit critique serait mieux d velopp e chez les gens qui ne trouvent pas de r ponse ce qui leur arrive dans le transcendant Un membre d un groupe d tudiants libres penseurs n erlandophones Chez certains cette combinaison des registres du sensible et du rationnel semble tre une tentative consciente d pouser deux mondes semblablement oppos s un mouvement d unification d int gration de fa ons de penser Ainsi l indique le pr tre catholique suivant faisant r f rence la physique quantique La conscience divine a son tr ne hors du temps et hors de l espace dans le champ de l nergie cosmique que la science est en train de d couvrir et par rapport auquel plusieurs physiciens non croyant une divinit transcendante nous demandent est ce cette r alit l que vous appelez Dieu Un pr tre catholique engag dans le dialogue interconvictionnel En outre dans le m me entretien ce pr tre mentionne comme un des d fis principaux de l glise catholique qu il consid re en crise la confiance en de nouvelles perspectives entre autres venant de la science quantique 2013 face2faith eu CH1 ETRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS
312. stion de la v rit d crite par des r pondants est la d finition des diff rentes religions et convictions comme autant de mani res pour arriver un but sans approfondir les diff rences entre elles Un repr sentant de la communaut africaine de Belgique par exemple con oit l ensemble des religions comme une montagne qui est arpent e de diff rents c t s Un pr tre catholique lui aussi ram ne un m me centre les diff rentes religions En outre il con oit la diversit religieuse comme une opportunit de cerner les diff rentes dimensions de ce centre L humanit entretient diverses relations avec la conscience divine ce que l on appelle les diff rentes religions Au plus au mieux Un pr tre catholique engag dans le dialogue interconvictionnel Finalement il y a cette femme bah qui en opposition la plupart des r pondants qui con oivent la religion ou la conviction comme un chemin vers autre chose en affirme la non finalit du moins court terme Lorsque je suis entr e en contact avec la foi bah j ai saisi la relativit de la religion il n y a ni finalit ni exclusivit Toutes les religions ne sont que les facettes d une unique r v lation avan ant de fa on cyclique et ternelle Une femme de confession bah 2 2 Valeurs communes et valeurs divergentes Tout comme la recherche de v rit et les moyens pour la conna tre font l objet
313. structure de l tat belge Premi rement il est repr sent par les autorit s civiles qui d tiennent le pouvoir l gislatif ex cutif et administratif Ensuite pour structurer l int rieur de cet espace souverain les pouvoirs convictionnels et religieux repr sent s par les diff rentes communaut s pr sentes en Belgique l tat manie deux principes Le premier est celui de la la cit synonyme de secularism dans le monde anglo saxon ou la s paration administrative de la soci t en sph re publique c est dire l tat en tant que pouvoir politique et sph re priv e l espace religieux et convictionnel Le deuxi me est celui qu on appellera ici le principe de la neutralit pluraliste 2013 face2faith eu CH 4 COMMENT RELEVER LES DEFIS SOCIETAUX SUGGESTIONS ET IDEAUX DES REPONDANTS du pluralisme l int rieur de la sph re priv e l tat reconna t officiellement certaines communaut s religieuses et convictionnelles en les soutenant financi rement dans le fonctionnement des cultes et travers l organisation de cours de religion ou de morale non confessionnelle dans les coles publiques Bien que sa d finition et laboration sp cifique soit toujours en volution ce syst me d organisation particulier l tat belge est commun ment appel une la cit pluraliste Passons donc aux diff rentes visions des r pondants sur la th orie et la pratique de ce
314. sulmane affirme qu il faut faire une diff rence entre les r gles qui r gulent la soci t et ses propres valeurs religieuses En tant que musulman ce n est pas parce que l islam n autorise pas l homosexualit que je vais tre agressif quand je parle avec un homosexuel ou que je vais le 2013 face2faith eu 156 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE frapper Je vais avoir le m me comportement avec lui qu avec d autres Il y a ce que l islam dit et ce que tu vis actuellement La soci t o je vis n est pas musulmane donc il y a d autres r gles qui sont en application Par contre il y a aussi une diff rence entre tol rer et accepter Le r glement de la soci t est g r par l tat Je n ai pas le g rer en tant que musulman sauf si je suis dans l tat Le domaine religieux a ne concerne que moi Donc moi je ne vais pas tre homosexuel je ne vais pas faire ceci ou cela en tant que musulman Mais je ne vais pas dire l autre fais a ou fais pas a D j s il n est pas musulman ce n est pas mon probl me Si chacun s occupe de ses moutons tout le monde ira bien Si c tait une soci t musulmane ce serait diff rent C est le r le de l tat de mettre des lois d interdire des choses et de punir Ce n est pas le r le du citoyen La police et les juges sont l pour a Si tout le monde commence faire ses lois apr s c est
315. t civile ce terrain o les citoyens prennent de nombreuses initiatives et tentent de r pondre aux d fis soci taux en se basant sur leurs convictions personnelles et leurs croyances Cet entre deux entre l espace strictement public et priv rend visible le caract re public des religions et convictions Je crois que l autorit a la t che de promouvoir le pluralisme actif Il reste cette question intrigante qui est de savoir pourquoi le dialogue interreligieux et convictionnel malgr les beaux discours et les initiatives valables reste aussi circonscrit et n a souvent que l apparence de lui m me Le rapport propose plusieurs r ponses cette question voque juste titre la tension au sein de chaque communaut religieuse et convictionnelle entre d une part le maintien et d autre part la transcendance de l identit priv e entre d une part une pr tention inclusive et d autre part une vision exclusive la v rit I n est pas si facile de r soudre ces tensions dans la pratique Lorsque la question se pose par facilit nous choisissons notre propre identit ou propre raisonnement avant de privil gier le dialogue m me si nous savons qu un v ritable dialogue ne r ussira jamais si nous nous basons consciemment ou inconsciemment sur notre seul raisonnement Celui qui juge l autre comme fondamentaliste fondamentaliste sans remarquer ses propres tendances cach es consid rer sa d finition de la v
316. t commune tous peut tre avec des interpr tations diff rentes Une jeune chr tienne vang lique la question de savoir de quelle fa on cette v rit universelle se rapporte aux diff rentes v rit s exclusives on ne trouve pas de r ponse ici Est ce qu elles coexistent y a t il une certaine hi rarchie ou bien s agit il d une v rit englobant ou reconnectant les autres Un bouddhiste converti lui diff rencie deux types de v rit s la v rit relative et la v rit ultime La v rit relative est per ue par beaucoup comme une valeur v ritable alors que seulement la v rit ultime est la m me pour tous Un Belge converti au bouddhisme Ici encore ce r pondant par v rit ultime fait il r f rence la v rit bouddhique ou une v rit la transcendant que sa communaut pr tendrait aussi peu ou aussi bien conna tre que les autres religions et convictions M me si elle ne s accompagne g n ralement pas d une description univoque de la v rit c est cette pr tention des communaut s religieuses la d tenir titre exclusif qui appara t comme la critique la plus importante originaire des mouvements non confessionnels Ainsi comme le formule Un professeur ath e les communaut s religieuses tendent r duire le d bat Une question de vrai ou faux Ainsi Un jeune libre penseur estime que ce type de pens e exclusiviste emp che le dialogue
317. t religieuse et convictionnelle et le dialogue cens l am nager Loin de verser dans une approche l nifiante du dialogue interreligieux et interconvictionnel ce rapport tente au contraire par del les lieux communs d adh sion des r pondants au respect de l autre et au dialogue de gratter le vernis qui cache les lignes de tension traversant les acceptions pr cis ment diff rentes que les divers acteurs en pr sence peuvent consciemment ou inconsciemment avoir de ceux ci Ce rapport offre sur la base des propos des r pondants eux m mes une s rie de pistes qui ne manqueront pas d int resser le secteur associatif du dialogue interreligieux et interconvictionnel mais aussi notamment l cole lieu d apprentissage de la citoyennet et du vivre ensemble dans la diversit s il en est D Prof Dr Vincent Legrand Universit catholique de Louvain ISBN 978 9 0821 6141 0 9789082 161410 2013 face2faith eu
318. t approch e avec une certaine prudence En t moigne la r action moqueuse a ne s applique pas moi en tout cas d un autre tudiant libre penseur par rapport la citation d Albert Camus voqu e plus haut ou encore la citation suivante Aujourd hui Dieu est repr sent comme un vieux monsieur avec Une longue barbe sur son tr ne Beaucoup de gens croient un tel dieu Je ne crois pas un dieu mais je crois quelque chose quelque chose de puissant qui a cr tout pas forc ment un dieu mais peut tre autre chose une loi physique Mais je suis contre l id e d un dieu a doit tre quelque chose de spirituel quelque chose de personnel Une participante d un groupe d tudiants libres penseurs n erlandophones S exprime par l le ph nom ne d nomm le ietsisme en n erlandais de iets chose le ph nom ne de croire quelque chose sans pour autant d finir cette chose Et m me si la jeune femme auteur de ces paroles se dit elle m me ath e d autres ath es montrent leur d saccord vis vis d une telle corr lation Il n y a pas beaucoup d ath es On dit bien que l Europe se s cularise et devient moins religieuse mais si ce religieux est substitu par un quelque chose alors ce n est pas tre ath e C est franchement ne pas savoir o on veut en arriver Un ath e engag dans une association socioculturelle progressiste 2013 face2faith eu CH1 E
319. t en p ril la transmission de la foi juda que En effet l abandon progressif du juda sme serait partiellement d au fait qu ils ont peur de la Shoah donc ils deviennent ath es la ques on francise au maximum le nom on ne suit pas les commandements pour faire pareil que les ath es les la ques Si plusieurs r pondants juifs accusent la communaut musulmane de participer l antis mitisme contemporain ils parlent galement d un probl me plus g n ralde st r otypes partag s par l opinion publique Par ailleurs de nombreux r pondants juifs et musulmans associent de concert les probl mes d antis mitisme et d islamophobie pour lesquels ils expriment une inqui tude commune Il faut galement remarquer que plusieurs r pondants expriment une solidarit internationale avec des coreligionnaires pers cut s dans d autres pays comme les communaut s bah et les zoroastriens en Iran 2013 face2faith eu CH 2 ETRE EN COMMUNAUT AUJOURD HUI INTERACTIONS ET TENSIONS Si finalement les uns affichent un d sespoir devant une pers cution qui dure et les autres craignent que l animosit exprim e envers eux se transforme en pers cution ce franc ma on rappelle la pers cution de son courant libre penseur dans le pass La franc ma onnerie porte une histoire de pers cution en elle Elle fut pers cut e au 19 si cle par les catholiques mais eut moins de probl mes avec les pro
320. t eu la parole durant notre campagne d coute Ces derniers nous ont fait part d une relative d concertation face un monde adulte qui ne les prend pas toujours au s rieux L implication des jeunes dans un dialogue de type interconvictionnel peut en ce sens leur permettre de vivre Une exp rience responsable rayonnement prosocial de casser le foss g n rationnel et leur octroyer cette cr dibilit dont ils ressentent qu elle leur fait d faut Plus encore l implication active des jeunes met leur dynamisme et leur imagination contribution pour cr er de nouvelles mani res de dialoguer de par leur familiarit avec les nouvelles technologies Et bien entendu la pratique du dialogue peut les aider forger leur maturit en travaillant sur leur patience leur capacit ne pas obtenir des r sultats imm diats et last but not least la satisfaction de voir des projets se concr tiser moyen ou long terme 2 4 S impliquer sur le terrain dans les coles Nous l avons vu dans un chapitre d di la question de linterconvictionnel devient de plus en plus la question centrale des cours philosophiques Certaines probl matiques tr s concr tes comme le nouveau ph nom ne de classes majoritairement musulmanes dans les coles catholiques appellent par leur nature un traitement interconvictionnel Mais c est aussi et surtout le besoin de d cloisonner les cours de mettre les traditions en perspectives et
321. t l accent sur l intention par cette m thode d arriver une fin certaine la d couverte de v rit tout en assumant que cette fin ne peut jamais tre atteinte Il y a donc Une valorisation absolue du processus de la recherche dans la supposition que le bout du chemin est utopique par d finition D un autre c t plusieurs r pondants essentiellement francophones mais galement quelques n erlandophones d crivent la libre pens e par des termes plut t r actifs contre Ce faisant ils assimilent les concepts de libre pens e et d ath isme Ainsi un homme ath e francophone actif dans la recherche g opolitique parle de la libre pens e en termes de refus en premier lieu du dogme 2013 face2faith eu 58 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Face la peur de ce que l on ne conna t pas au lieu de s en remettre au transcendant il faut refuser le dogme privil gier le raisonnement et ne pas tout vouloir expliquer Un ath e actif dans un centre de recherche en g opolitique Il d crit d ailleurs l ath isme comme une volution spirituelle une volution de l esprit critique plus mature plus avanc que la pens e religieuse Dans la m me lign e un jeune r pondant libre penseur francophone allie science et conviction ath e en affirmant que la science a t invent e pour combattre certaines croyances et fair
322. t les menaces extracommunautaires 2013 face2faith eu sil 32 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Le troisi me chapitre La perception des d fis soci taux prend de la hauteur pour reconstruire ce que l on a appel plus haut les cosmologies vis e pratique des individus I analyse sans pour autant endosser les propos des individus r v lant leurs perceptions des d fis mat riels humains et spirituels auxquels la soci t contemporaine serait confront e Le quatri me chapitre Comment relever les d fis soci taux Suggestions et id aux des r pondants s inscrit directement dans la continuit du pr c dent analyse en effet les r ponses que les individus per oivent et pr sentent comme pertinentes aux d fis rep r s prend le temps de mettre en lumi re les accords de surface qui cachent parfois des hiatus plus profonds sur la question des valeurs les formes du vivre ensemble et les mesures impl menter pour y parvenir Le cinqui me chapitre L ducation l outil cl de la transmission des convictions offre Un focus sur une question particuli rement pertinente au regard de ce quoi tiennent les interview s I pose es questions de la nature de l ducation la conviction et du r le de institution scolaire dans ce processus Ce chapitre a galement la particularit de faire la part belle aux pr
323. t montre par sa propre appellation la compatibilit de ces deux id es Par ailleurs l opposition des descriptions de la libre pens e et de l ath isme ce m me r pondant conf re une connotation ouvertement id ologique voire pros lytique de l humanisme libre penseur Avec le temps un grand nombre de gens sont devenus humanistes libres penseurs sans le dire explicitement Dans leurs valeurs et attitudes par exemple en approuvant le principe d auto d termination dans le d bat sur l euthanasie ou en adoptant une attitude critique vis vis de la soci t et en n acceptant pas les choses aveugl ment Par contre parfois on a l impression que certains pouvoirs ou certains groupes veulent renverser la vapeur C est un d fi que de s engager humaniser davantage la soci t Par exemple face la question de la place de la religion et de la conviction dans notre soci t s culaire sic Un membre actif d une association humaniste et libre penseur Dans cette citation on retrouve finalement la m me tendance r active que dans la libre pens e comme mentionn plus haut En effet l humanisation de la soci t tel que nous le comprenons ici porte entre autres voire peut tre en premier lieu sur la religiosit dans cette soci t 67 2013 face2faith eu CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Si l humanisme s rige en pilier convicti
324. t nous avons atteint aujourd hui les limites D autre part il y a des gens qui nient toujours ces contradictions D autres voient la solution dans le d ni des valeurs fondamentales qui sous tendent notre soci t s agit d une vision tr s individualiste dont la surr gulation est la cons quence de la volont de libert qui nous gouverne C est une forme de surr gulation qui r duit notre libert de mouvement Notre compr hension actuelle de l homme a trop peu de nuance Un Belge converti au juda sme orthodoxe Conclusion Ce chapitre nous a permis de lister ce que les interview s per oivent comme tant les plus grands d fis soci taux actuels aux niveaux r gional national et mondial Trois grandes cat gories sont ressorties le mat riel l humain et le spirituel La question des d fis soci taux fut assez fondamentale dans notre approche lat rale car elle nous a permis d aborder les questions des croyances par une deuxi me porte la premi re ayant t celle des valeurs La liste de d fis que nous avons pr sent e ici n est pas exhaustive Rappelons cependant une fois de plus que ce qui est int ressant n est pas tant l exhaustivit que l clairage apport sur les grandes lignes de ce que les interview s per oivent comme d fis et qui appellent des r ponses 139 2013 face2faith eu CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE La nature m me d
325. t pour ces futurs r fugi s Quoiqu il en soit l analyse des d fis soci taux mentionn s par les interview s nous a permis d identifier trois grandes cat gories les d fis d ordre mat riel les d fis humains et les d fis spirituels La position pist mologique de ce rapport s est construite sur ce que nous avons appel les lignes de tension Ce n est cependant pas le cas pour ce chapitre Les sp cificit s de la question tr s large des d fis soci taux nous ont pouss s suspendre notre habitude de cibler des lignes de tension et de nous focaliser sur la nature des d fis mentionn s par les interview s Dit autrement nous avons opt dans ce chapitre pour une approche descriptive qui servira de base d analyse pour le chapitre suivant o nous verrons quelles solutions les interview s proposent ces d fis et quelles tensions cela g n re C est en quelque sorte un pr lude au chapitre qui suit 1 D fis d ordre mat riel et manque de ressources La premi re cat gorie des d fis soci taux qui nous est apparue est celle des d fis d ordre mat riel On y trouve des points sp cifiques li s des questions concr tes et mat rielles II est ressorti des entretiens que les gens ressentent un sentiment global de crise Cependant ils n arrivent pas forc ment identifier tous les tenants et aboutissants de cette crise Elle est per ue comme tr s r pandue voire mondiale pour certains tenac
326. t recherche une unit certaine dans la diff rence On retrouve ici l id e r pandue dans la soci t actuelle de valorisation de l individu par rapport au groupe Il s agit toutefois d un exercice d quilibre toujours refaire comme l exprimait un r pondant voir plus haut En effet la majorit des personnes interview es indiquent en m me temps ne pas tre en faveur d une individualit pouss e dont le principe de cohabitation serait porteur craignant semble t il de perdre ainsi toute r f rence un projet commun Finalement compl mentairement la part d influence des autorit s civiles dans cette mati re de nombreux r pondants croyants et non croyants signalent le potentiel des communaut s religieuses et convictionnelles de favoriser le respect et l entreconnaissance n cessaires Un bon vivre ensemble Avant de creuser plus en profondeur les r les possibles de ces communaut s dans la soci t tudions les places respectives dans cette soci t que l tat c est dire les autorit s civiles ainsi que l opinion publique leur assignent ou devraient leur assigner 2 1 3 Donner une place aux convictions l int rieur d un Etat la que pluraliste Pour comprendre le d bat sur la place actuelle des communaut s religieuses et convictionnelles dans la soci t il est n cessaire de donner rapidement quelques informations de base sur la
327. taires remet en question la rigidit de la d limitation de sens commun entre ces deux courants Ainsi comme on l voquera il arrive que l lite s estime plus progressiste que sa propre base En outre on peut observer un effet de miroir entre les opportunit s et les d fis rep r s respectivement par les croyants et convaincus que le sens commun qualifierait de progressistes et leurs coreligionnaires conservateurs Un bon exemple d un tel effet miroir se trouve dans les d fis et opportunit s rep r s par diff rents membres tant t plut t progressistes tant t plut t conservateurs de l glise protestante D abord il est int ressant de noter que le cadre institutionnel est g n ralement qualifi de progressiste du moins vis vis de l glise catholique L glise protestante jouit d une certaine reconnaissance par son engagement social et son ouverture au dialogue interconvictionnel Or le progressisme institutionnel dont fait preuve cette glise est justement remis en question par des croyants protestants de la base m me Ainsi t moigne un repr sentant de l glise protestante Un fil rouge travers notre engagement social au sein de la soci t c est la coop ration faire un usage profitable des synergies au lieu de toujours vouloir inventer la roue Toutefois cette collaboration se heurte parfois de la r sistance au sein de l glise protestante lorsque l engagement
328. te op ration n est pas absolument n cessaire Deuxi mement si le pr sent rapport cherche bien produire du savoir accessible tout en tant m thodologiquement contr l ce savoir tient moins de la recherche fondamentale que de la recherche appliqu e dont le destin est d tre r inject dans la soci t civile pour voir quelle diff rence il peut faire Cela n emp che certainement pas que des scientifiques confirm s ou en devenir s emparent du mat riau ici d voil pour en proposer des analyses inform es par Une fine connaissance des d bats scientifiques que l on vient d voquer Est ce dire que l analyse et la r daction ont pris place hors de toute contrainte Que du contraire Les chercheurs se sont en effet confront s l interlocuteur le plus exigeant le mat riau empirique selon une proc dure m thodologique et morale d j d taill e plus haut L analyse est en interlocution constante avec son mat riau elle s y r f re constamment elle se place juste au dessus de lui La question de la repr sentativit Un deuxi me terme magique semble parfois ouvrir les portes de la consid ration scientifique la repr sentativit Le rapport est il repr sentatif AU sens statistique du terme assur ment non Quel que soit le nombre d individus constituant l chantillon ce dernier n a pas t labor selon une proc dure al atoire qui permettrait cha
329. testants Apr s l re fran aise l glise catholique a voulu reconqu rir la Belgique l Espagne l Italie et la Pologne La franc ma onnerie tait la premi re association citoyenne libre dans plusieurs r gions Au moment de l ind pendance de la Belgique il n y avait pas de partis politiques II n y avait qu un courant celui de l glise catholique et la franc ma onnerie incarnait l opposition La situation s est am lior e ensuite mais aujourd hui on ne peut pas encore dire qu on y est Au 20 si cle les francs ma ons sont toujours vis s Selon moi tout qui s attribue une autorit a des probl mes avec la franc ma onnerie Un franc ma on n erlandophone membre du Grand Orient de Belgique AU travers de cette observation il devient clair que les d fis r sultant de l attitude de la soci t environnante envers les communaut s religieuses et convictionnelles plut t que de constituer trois d fis ind pendants forment Un continuum de sentiments et d actions de ph nom nes et d v nements se catalysant mutuellement Tout de m me on peut entrevoir une volution croissante du regard st r otypant la discrimination l intol rance et la pers cution allant de l impact passif implicite indirect l impact actif explicite direct sur les communaut s concern es La d limitation n est d ailleurs pas claire entre ces diff rents degr s d impact La cause du passage au degr d impact sup rieur n
330. tienne membre de l glise apostolique arm nienne repr sentante d une organisation tudiante LGBTQ 2013 face2faith eu CH 6 ORGANISER LE DIALOGUE INTERCONVICTIONNEL PI GES ET POTENTIEL Ainsi les communaut s religieuses devraient pouvoir ouvertement prendre position par rapport aux grandes questions thiques la dignit humaine l conomie contemporaine la solitude l individualisme et un s cularisme qui ne laisse plus de place au d veloppement spirituel La dimension sociale de l glise ne doit pas tre sous estim e travers ses uvres et actions elle agit pour le bien de la soci t un niveau plus g n ral il est important que le protestantisme et les diff rentes institutions protestantes apportent une voix propre dans certains d bats Un membre d une glise protestante Dans le dialogue interconvictionnel nous devons chercher des th mes communs qui n impliquent pas la foi dans un dieu tels l amour mutuel la paix la coop ration l aide au d veloppement l unit Ensemble nous pouvons travailler la mise en pratique de ces th mes tout en analysant les diff rences d interpr tation Un groupe de femmes demandeuses d asile L art le festival des musiques sacr es touche un public plus large car il est plus accessible que des conf rences Il faut rassembler les gens autour d un sujet qui n est pas prioritaire de prime abord L outil artistique permet une p
331. tion conomique politique et culturelle ces enjeux sont red finis Cela impacte galement les communaut s convictionnelles et religieuses leurs d limitations id ologiques et ou culturelles l troitesse des liens tiss s les structures hi rarchiques et les valeurs partag es sont continuellement remises en question Que l individu d clare participer plus ou moins une communaut de coreligionnaires ou co convictionnelle ou non la majorit des r pondants interrog s dans le cadre de notre campagne d coute a exprim son sentiment d appartenance l une ou l autre communaut mouvement ou soci t Dans ce chapitre les observations et analyses concernant l aspect communautaire des religions et convictions ont t structur es en trois parties Premi rement on abordera les tensions et d fis tels qu ils sont rep r s par les interview s et qui animent les communaut s de l int rieur Deuxi mement on se concentrera sur les pr suppos s que les diff rentes communaut s d veloppent l encontre l une de l autre Troisi mement on se demandera comment les individus entrevoient la fa on dont l environnement social produit une s rie de ces d fis La conclusion quant elle va au del de la distinction op r eentreces trois niveaux que sont les d fis intra inter et extracommunautaires pour faire appara tre leur imbrication au service d un jeu de positionnements et de regard
332. tion d une appartenance et d une identit communautaires ne se fait pas uniquement depuis l int rieur En effet selon la perception des individus elle est galement impact e positivement ou n gativement par l interaction avec la soci t environnante et par le regard que cet environnement pose sur les communaut s d appartenance Plut t que de constituer Un mouvement unidirectionnel il s agit d un jeu interactif complexe et peu contr lable de reflets de regards et d actions Afin de rester dans le th me des d fis et tensions communautaires on abordera ici les influences per ues n gativement par les communaut s religieuses et convictionnelles provoquant leur tour des tensions l int rieur et entre ces diff rentes communaut s Dans ce cadre trois d fis majeurs ressortent de la campagne d coute les st r otypes projet s sur les communaut s et le r le des m dias dans ce processus la stigmatisation la discrimination et l intol rance g n rale envers leurs membres et la m moire de pers cution politique de certaines communaut s 31 St r otypes Ily a beaucoup de malentendus sur le catholicisme qui le r duisent un ensemble pr emball Une catholique convertie au bouddhisme l instar de cette personne plusieurs r pondants catholiques d plorent les id es fig es qui existent dans la soci t environnante sur ce qu est le catholicisme Comme le dit un jeune pr tre cat
333. tration privil gi e de la question des perceptions du r le ou des r les que doit jouer espace public pour l individu D autre part la tendance av r e dans nos interviews de parvenir une forme de cours sur les religions repose la question de savoir si le cours religieux l cole doit tre le ieu d expression d une foi et donc d un d veloppement spirituel ou e lieu d tude des courants de pens e et donc d un d veloppement cognitif Nous allons voir tout de suite avec les professionnels de enseignement que cette dialectique du spirituel et du cognitif est au c ur des pr occupations de l enseignement religieux pour les gens de terrain 2 2 Les professionnels du cours philosophique s expriment Durant notre campagne d coute l quipe a pris un soin particulier d inclure dans l chantillonnage un nombre significatif de professionnels de l ducation comprenant notamment des professeurs et des inspecteurs de cours philosophiques c est dire 14 Voir chapitre 4 21 3 Donner une place aux convictions l int rieur d un tat la que pluraliste 2013 face2faith eu CH 5 L EDUCATION L OUTIL CLEF DE LA TRANSMISSION DES CONVICTIONS de religion ou de morale non confessionnelle L clairage que nous apportent ces professionnels est doublement int ressant car il s agit d une part de t moignages de terrain et d autre part d une mise en perspective avec des perceptions pr c d
334. tres En outre on peut pousser la probl matique plus loin en mentionnant la question de la formation des professeurs qui auraient alors ma triser les contenus d une pl thore de syst mes religieux et m me philosophiques si l on nomet d inclure du contenu areligieux C est ce que l interview pressent lorsqu il fait remarquer que l tude des diff rences entre les syst mes religieux implique un enchev trement de leurs contenus Je trouve qu il serait important de faire des modules de cours de religion l cole Cette semaine on fait Un cours d islam la semaine prochaine du juda sme et ainsi de suite Car chaque religion voit la conviction d une mani re diff rente Et ce n est pas avec des cours de religion que l on va devenir religieux Comme je viens de le dire la religion c est priv Ce que je trouve important c est qu l cole on apprenne d j toutes ces diff rences entre les religions et que tout le monde puisse savoir ce qu elles sont Sans que ces religions soient jug es Qu on ait un peu plus de connaissances sur les religions On a juste des clich s on n a pas assez d infos Un animateur de sports de confession musulmane 2013 face2faith eu CH 5 L EDUCATION L OUTIL CLEF DE LA TRANSMISSION DES CONVICTIONS On retrouve nouveau ici l id e d un cours sur plusieurs religions id e assez consensuelle comme susmentionn Le besoin tel qu exprim par le r pondant est maj
335. tte pr sence met en relation toute chose co ncidant ainsi avec elle m me On y retrouve galement l id e de cette pr sence divine inspirant voire habitant la personne Ce qu il y a de nouveau dans ce contexte c est la notion de cette pr sence comme tant en devenir faisant le m me chemin que le croyant voire peut tre faisant ou incarnant son chemin Si en conclusion la personnification de Dieu continue jouer un r le important pour certains dans un contexte de relation interpersonnelle entre p re et fils de nombreux r pondants ont d crit Dieu au moyen de termes abstraits t chant de refl ter l exp rience de sa pr sence le ressenti du croire d une histoire d un r ve On peut ainsi parler d une d d ification une tendance de spiritualisation du concept de Dieu et de la foi possiblement sous l influence de la s cularisation de la soci t Passons donc l analyse de ce syst me de valeurs s culi res l humanisme la que 3 2 2 dans l ath isme positif de l humanisme Le registre des motions repr sente le langage du sensible du subjectif en opposition avec le registre de la cognition langage du rationnel de l objectif L insertion dans ce registre de la description de sa conviction ou religion par l expression de valeurs emprunte son sens la supposition que le d veloppement de valeurs humaines n a pas de base scientifique mais qu il se
336. u CH1 ETRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS 3 3 1 comme outil d hygi ne mentale et de d veloppement personnel Dans les entretiens recueillis l on peut retrouver deux types de motivation Un niveau purement personnel pour vivre des pratiques spirituelles li es la conviction ou la religion La premi re est la purification de l me comme le dit un Belge de souche converti au soufisme Le c ur de la pratique soufie est l invocation On peut comparer la pratique de l invocation aux pratiques de m ditation c est une forme de purification du c ur C est la douche de l me Un croyant Hare Krishna cite la m me motivation quant la pratique rituelle du chant de mantras propre cette communaut Nos valeurs cl s sont la puret de la pens e la puret de l action la vie simple et la pens e lev e Et chanter ce qui nettoie le c ur de tout conditionnement on chante comme l on prie Un groupe appartenant la communaut Hare Krishna D un autre c t il y a la pratique de la m ditation li e la tradition bouddhiste qui est v cue comme une m thode pour g rer mieux Un niveau motionnel rationnel ou spirituel les v nements du quotidien Ainsi t moigne un bouddhiste converti Je vois la m ditation comme une fa on de g rer mon esprit Quand je m dite r guli rement je saisis mieux ce qui se passe autour de moi J ai aussi moins d
337. u vivre ensemble en soci t 2 Quelles mesures faut il prendre pour y parvenir L analyse d velopp e ci dessus a r v l qu en contrepoids aux d fis majeurs auxquels fait face notre soci t multiculturelle et multiconvictionnelle il faut cultiver des valeurs consid r es comme universelles l ouverture l autre la tol rance voire le respect mutuel actif et une plus grande responsabilit commune pour un meilleur vivre ensemble Passons maintenant aux suggestions d laboration de ces objectifs Bien que lon discute galement de certaines pistes d action concr te l analyse suivante se concentre essentiellement sur la mission des autorit s civiles d une part et des autorit s religieuses et convictionnelles d autre part tant donn que la Belgique est en principe un tat la que c est dire que le pouvoir politique ne revient qu aux autorit s civiles c est ces seules autorit s de donner forme la structure administrative de la soci t l int rieur de cette structure elles d limitent la place et le pouvoir des communaut s religieuses et convictionnelles qui sont autonomes vis vis d elles N anmoins on verra que tant le r le des autorit s civiles l gard du vivre ensemble que celui des diff rentes communaut s religieuses convictionnelles ainsi que leur place et interaction au sein de la soci t suscitent le d bat chez les r pondants
338. u d Abraham du Dieu d Isaac et de Dieu de Jacob Un repr sentant du juda sme lib ral En Un sens ce que nous r v lent les entretiens en mati re d ducation comme source de la croyance c est que si cette source est pr pond rante dans bien des cas les effets de cette source sont divers ils varient d une adh sion de principe une affirmation de choix souverain en passant par une identification stricte entre ducation et religion Derri re l utilisation du terme croyance ily a aussi l affiliation une communaut religieuse et la reconnaissance d une transcendance dans la grande majorit des cas Dieu Il se peut qu un individu h rite directement de la religion de ses parents tout en construisant en parall le et spontan ment une id e de Dieu qui lui est propre et qu il n arrive pas toujours dater pr cis ment depuis que je suis petit Par ailleurs nous avons relev plusieurs reprises dans nosinterviews que si pour des imp ratifs certains catholiques restent affili s l glise ils se pr sentent explicitement comme non pratiquants ce qui renforce encore une fois l id e qu h riter de la religion de ses parents n emp che pas une r appropriation personnelle des contenus et pratiques religieux voir 2 Les r appropriations personnelles de la croyance 2013 face2faith eu A5 44 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQU
339. u soci tal plus g n ral mais aussi plus concret quel est selon les r pondants le potentiel d intervention des religions et convictions dans la promotion des valeurs cit es plus haut de connaissance de l autre par l interaction de respect et de tol rance de la diff rence et de citoyennet favorisant Un meilleur vivre ensemble Et tout d abord y a t il un potentiel 2013 face2faith eu CH 4 COMMENT RELEVER LES DEFIS SOCIETAUX SUGGESTIONS ET IDEAUX DES REPONDANTS 2 2 1 A quelles conditions Tr s peu de r pondants ont exprim ne pas croire du tout au potentiel de contribution positive des religions et des convictions confessionnelles au vivre ensemble Les motivations principales de ce positionnement sont l id e que la religion abrutirait les gens par la croyance des dogmes rendant superflue la r flexion qu elle les d responsabiliserait de leurs actions et qu elle m nerait au repli sur soi cause de la croyance une v rit exclusive N anmoins une majorit des r pondants croit au potentiel positif des religions et des convictions en soci t mais souvent en posant certaines conditions Ainsi de nombreux r pondants citent le potentiel de promotion de la paix et de l amour du prochain comme tant propre aux religions et aux convictions D autres comme le r pondant cit plus haut mentionnent leur capacit rassembler relier les gens D autres enc
340. ui doit tre remotiv e par les a n s Ceci sous entend qu en plus d tre une n cessit de survie des communaut s la transmission de la Tradition rel ve aussi du d fi communautaire voir chapitre 2 1 4 Des difficult s de transmettre et de se perp tuer DU c t chr tien nous avons un extrait o la question de la transmission ne se pose pas tant en termes de survie qu en termes d identit Le christianisme doit garder son identit mais rester ouvert Une s ur catholique engag e dans le dialogue interconvictionnel 2013 face2faith eu CH 5 L EDUCATION L OUTIL CLEF DE LA TRANSMISSION DES CONVICTIONS Ce changement de paradigme de la survie vers l identitaire peut s expliquer par le fait que le sentiment de menace pour la communaut chr tienne de Belgique n est pas du m me ordre Ce n est pas la survie de la communaut chr tienne qui est en jeu mais son positionnement dans une soci t de plus en plus multiculturelle et s cularis e entre pr servation et ouverture Si le lien entre transmission et survie est tr s clair dans deux des extraits susmentionn s d autres r pondants apportent par leur t moignage des clairages int ressants sur ce qu ils entendent par transmission comme dans le passage qui suit Une autre valeur tr s importante pour moi c est la transmission Transmettre ses valeurs aux autres mais surtout transmettre aux autres g n rations
341. une conscience du vivre ensemble qui motive cette tendance Cependant la question sous jacente et qui fait vraiment office de ligne de tension est celle du rapport entre sph re priv e et sph re publique sur la question de l enseignement religieux Le premierinterview ne voit aucune contradiction entre pr servation de la sph re publique et enseignement des religions l cole Ce n est d j plus le cas dans la derni re citation o l on trouve que toutes les visions du monde y compris l ath isme doivent se tenir en dehors de la sph re publique et donc des coles La probl matique qui sous tend cette ligne de tension est celle de savoir si la sph re publique pour rester publique doit peut ou ne peut pas laisser des contenus religieux convictionnels s exprimer en elle D aucuns consid rent que c est la nature m me de la sph re publique de laisser s exprimer les diff rentes visions du monde des citoyens d autres pensent au contraire que les facteurs de diff rences dont font partie les visions du monde appartiennent Uniquement la sph re priv e Tout porte croire en tout cas si l on se r f re notre mat riau que les positions sont suffisamment diverses pour nourrir le d bat entam dans le chapitre pr c dent de mani re la fois g n rale sur es sph res publique et priv e et plus sp cifique sur l cole On peut m me aller jusqu affirmer que l cole est une illus
342. urces r v l es Or m me cet exemple le plus caricatural d une soumission aux sources n est pas exempt d une consid ration sur l intervention humaine dans la r ception de la parole divine De l autre c t du spectre l on retrouve l ath e libre penseur n ayant pour producteur de sagesses et de lignes de conduites autre que lui m me 2013 face2faith eu CH1 ETRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS Comme ath e vous avez tablir votre propre th orie et personne ne viendra vous r compenser apr s la mort Vous devez donc avoir une conscience thique tr s solide Ce qui est commun aux ath es c est qu ils n ont pas de point de rep re Un ath e engag dans une association socioculturelle progressiste C est entre ces deux extr mes d limitant les degr s d interpr tation possible de conduites de vie pouvant venir de l ext rieur comme c est le cas pour la parole divine ou non que se situe un ventail d usages et de r appropriations possibles de ce quoi on tient Ainsi pour cette jeune femme musulmane la lecture du Coran j ai compris que l islam est une foi de recommandations Ca sert simplement nous donner des conseils Une fois qu on a compris cela il faut le traiter de mani re flexible Pas trop flexible non plus parce que d accord il y a quand m me des r gles partout Une jeune musulmane socialement engag e De religion en religion de con
343. us opposer aux extr mistes aux nationalistes et l intol rance en g n ral Nous sommes dans une crise politique je pense en particulier aux partis politiques d extr me droite Un consultant libre penseur humaniste Il peut arriver que l on soit confront des formes fondamentalistes de religiosit chez les l ves Il faut cependant garder son calme et respecter ces l ves m me si leur approche pose probl me Mais bien entendu et comme dans toute collectivit les professionnels de l enseignement religieux de Belgique font face un certain nombre de probl mes Le probl me le plus pressant tient selon moi la possibilit pour les l ves de voyager d un cours l autre ce qui cr e un ph nom ne de client lisme si on ne plait pas aux l ves ils vont voir ailleurs M me si ce probl me est amoindri lorsque les coll gues travaillent de la m me mani re il n en reste pas moins qu il est suffisamment pr sent pour forcer le professeur donner des cours s duisants ce qui n est pas toujours souhaitable d un point de vue p dagogique Une enseignante de religion protestante Il y a un lien tr s clair pour les interview s entre extr misme fondamentalisme et violence Cette violence peut aller de l agression d autrui des actes de suicide sans oublier les guerres politiques ou religieuses 2013 face2faith eu CH 3 LA PERCEPTION DES DEFIS SOCIETAUX Un dernier d fi soci tal s
344. ut justement passer par la coh sion sociale par le dialogue avec d autres groupes Une participante engag e dans le dialogue interconvictionnel aupr s de l UNESCO de confession bah Mais alors quelle quantit de diff rences est permise pour r aliser une certaine unit dans la collaboration intercommunautaire Comme l ont indiqu les r pondants seul un premier dialogue trouverait la r ponse cette question Celle ci sera creus e plus avant dans les chapitres 4 et 6 kk 2013 face2faith eu 118 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE CHAPITRE 3 LA PERCEPTION DES D FIS SOCI TAUX Tout au long de ce chapitre sur les d fis soci taux nous nous pencherons sur ce que les r pondants consid rent comme tant les d fis les plus urgents auxquels notre soci t contemporaine fait face Un passage en revue suivi d une analyse nous permettra de mieux comprendre les diff rents points de vue que les interview s portent sur le monde ainsi que les difficult s assorties Tousles d fis sont interd pendants D autre part beaucoup deth mes importants dans ce chapitre sont aussi mentionn s dans d autres parties du rapport Par exemple certains r pondants affirment que de plus en plus de gens seront amen s quitter leur pays ou leur r gion d origine pour des raisons cologiques Notre soci t doit tre pr te mat riellement et humainemen
345. ut cas Un Belge converti au soufisme On en arrive donc une introduction d un certain relativisme dans la question de la croyance bien que celui ci ait ses limites La contradiction apparente dans la citation pr c dente entre ladite galit entre les diff rents v hicules permettant de s approcher de quelque chose et la conception de son propre v hicule comme le v hicule le plus adapt ce but fait d ailleurs r f rence une autre citation assez nigmatique d un bouddhiste converti Ici une diff renciation hi rarchique entre plusieurs v hicules est faite l int rieur m me de la croyance Dans le bouddhisme il y a plusieurs m thodes pour trouver le bonheur Ily a trois tendances le petit v hicule le grand v hicule et le v hicule de diamant l poque de Bouddha c tait secret Ces diff rentes m thodes sont l occasion de troubles pour beaucoup Qu est ce qui est juste Qu est ce qui est pr f rable Un Belge converti au bouddhisme 2013 face2faith eu 104 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Les r pondants cit s ci dessus t chent donc d op rer une classification entre les religions et convictions comme v hicules de ou vers la v rit tentant de trouver Une solution la difficile question de la comparaison des religions entre elles ou entre leurs diff rents courants Encore une autre approche de la que
346. ut jouer un r le dans tous les domaines Commen ons par la finance par exemple la banque islamique Ou l conomie quand je lis comment fonctionne le concept d conomie sociale je m tonne que ce ne soit pas populaire aupr s des musulmans Il peut tre combin avec ce que certains musulmans tr s pieux veulent un quilibre entre famille et travail pas de b n fices et d int r ts etc Mais les liens ne sont pas faits AU niveau politique il y a de nombreux probl mes socio conomiques qui pourraient tre identifi s et trait s en collaboration avec des organisations religieuses Cela se produit par exemple avec KMS Kerkwerk Multicultureel Samenleven La religion peut galement jouer un r le important dans le cadre de la migration et du racisme Bien que la solidarit me semble une valeur importante dans le christianisme ils sic ne semblent gu re s en pr occuper Cela devrait couler de source Si les gens pr sentent leur conviction comme un l ment central ces valeurs devraient l tre galement Un politologue philosophe et activiste Bruxellois Un r pondant tranger en situation irr guli re dit par ailleurs en l associant au d fi de la migration que l engagement social dans la soci t doit aller plus loin que l action symbolique en relevant d un engagement v ritable et r fl chi Ces religions qui pr tendent tre universelles doivent faire une mission du vivre ensemble et d s lor
347. utres et catalyse les comportements thiques et moraux pour la plupart En revanche aucun r pondant n a mentionn la crainte de l enfer ou l esp rance du paradis comme raison de croire Aujourd hui les r pondants religieux situent leurs raisons dans le cadre de l optimisation personnelle et non plus dans celui de la r tribution ce qui peut tre indicatif d une d valuation sociale du sch ma de la r tribution Ceci peut tre soit une rel gation de ces aspects dans la sph re du priv et de l intime soit encore une subtilit de pros lutisme qui consiste pr senter son syst me religieux avant tout comme source de bien tre personnel et collectif et donc comme une bonne voie suivre pour la soci t par rapport aux autres syst mes On entre ici dans une autre dimension de l analyse qui est celle du rapport des communaut s religieuses convictionnelles entre elles et avec la soci t en elle m me C est cet aspect l que nous allons aborder dans le chapitre qui suit XX 2013 face2faith eu CH 2 ETRE EN COMMUNAUT AUJOURD HUI INTERACTIONS ET TENSIONS CHAPITRE 2 TRE EN COMMUNAUT AUJOURD HUI INTERACTIONS ET TENSIONS En tant qu tre relationnel l homme est continuellement soumis des enjeux de positionnements sociaux Dans nos soci t s dont il est aujourd hui commun ment admis qu elles voluent rapidement sous l gide de la lib ralisation et de la mondialisa
348. ver ne pas d molir les enfants fondamentalistes tout en amenant des valeurs qui sont profond ment aimantes et qui sont l oppos des valeurs fondamentalistes On est sur un fil parce qu on est dans deux types de valeurs compl tement oppos es L l ve fondamentaliste s oppose aux valeurs d amour et pourtant il faut quand m me les donner parce que c est notre r le Ce fragile quilibre entre le fondamentalisme et notre r le qui reste quand m me de montrer qu il existe une autre voie possible qui est la voie de l amour et bien c est extr mement difficile Une enseignante de religion protestante L interview e d crit ici Une facette subtile de la lutte contre le fondamentalisme dans les classes de cours philosophique respecter leur rapport fondamentaliste la foi m me si ce rapport est probl matique Se repose ici la question de l Univers de discours des l ves et du professeur m me au sein d une classe homog ne du point de vue de l appartenance religieuse une discontinuit peut s tablir entre les l ves et leur professeur cause d un rapport diff rent la religion C est le cas avec les l ves fondamentalistes Toute la difficult r side alors dans la capacit du professeur d samorcer ce fondamentalisme en amenant l l ve penser la religion de fa on plus critique et en lui inculquant des valeurs qui sont consid r es si l on en croit la derni re citation comme tant op
349. vestir dans quoi les individus ils sont tenus et uvre Il sagit plut t chie ou non dans telle pratique communaut conviction Dans quel monde veulent ils vivre Pour ce faire la campagne d coute qui s est d roul e de juin d cembre 2012 a permis d interroger individuellement 244 personnes et d organiser 32 focus groups en anglais fran ais ou n erlandais Pour des raisons qui s clairciront la lecture du rapport il a t fait usage d une m thode d interview que l on peut qualifier de lat rale 2013 face2faith eu INTRODUCTION dans la mesure o plut t que d aborder frontalement les sujets religieux et convictionnels au risque de recevoir des r ponses vides et convenues autrement dit soumises la d sirabilit sociale qui pousse tout interview se conformer ce qu il imagine tre une bonne image de lui m me aux yeux du chercheur qui l interroge ou de susciter inqui tudes et crispations aupr s des interview s cette m thode d interview a consist aborder de biais ces questions en amenant les interview s parler de multiples aspects parfois d apparence banale de leur vie pour percevoir comment religions et convictions coloraient ceux ci Caract ristiques principales de la campagne d coute 244 entretiens individuels et 32 focus groups soit quelque 500 personnes Trois langues anglais fran ais n erlandais
350. vestissement social en particulier aupr s des populations les plus pr caris es La solidarit est une valeur de base de la foi chr tienne du moins pour moi tre une bonne nouvelle pour les pauvres Le dernier commandement est ce que vous avez fait aux autres c est moi que vous l avez fait Si vous enlevez de l vangile ce qui a trait la solidarit il ny a plus d vangile Donc si ce n est pas la valeur de base je ne sais plus Je n ai rien contre la liturgie mais Si on ne fait pas attention l glise flamande risque de se refermer sur des soi disant valeurs essentielles et une certaine liturgie sans ne plus se rendre vraiment compte que la foi chr tienne c est bien plus que cela La liturgie ce n est qu un temps de f te Mais pour f ter ses 25 ans de mariage il faut d abord avoir t mari pendant 25 ans C est a la vie en commun et le combat des bons et des mauvais jours Depuis L onard il y a nouveau plus de fesses au peuple plus de v rification que chaque geste soit exact C est une fuite en avant C l brer l Eucharistie c est le pain rompu le grain qui doit mourir dans le sol puis tre moulu pour tre f cond C est a c l brer ce n est pas simplement se signer ou utiliser uniquement des textes romains c est tout fait c t de la question Comme le dit un th ologien protestant l vangile ne me suffit pas J ai besoin de deux choses dans la vie l vangile et
351. viction en conviction l air du temps semble jouer un r le l volution de l histoire religieuse ou convictionnelle en lien avec l volution de la soci t environnante influence le v cu de l individu Ainsi l exprime ce jeune pr tre catholique En trois g n rations la conception de la foi catholique a volu fortement et non pas Uniquement en correspondance l volution de la soci t environnante mais aussi au sein de la communaut Si la g n ration du concile Vatican Il vivait souvent une conception sociale et formelle de la religion la r action de la g n ration de 68 a t lib ration des formes r sultant en une foi plus personnalis e moins traditionnelle La g n ration actuelle combine ces deux courants elle se rattache une tradition tr s riche tout en vivant une foi personnelle Un jeune pr tre catholique Dernier type de r appropriation personnelle plusieurs r pondants religieux affirment qu ils soumettent leurs croyances un examen critique des dogmes que ce soit au niveau historique th ologique ou spirituel 49 2013 face2faith eu CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE Je partage avec la libre pens e chr tienne le regard critique et la conviction intime des valeurs vang liques Je ne vois pas pourquoi Marie aurait t vierge La virginit de la Vierge a t construite pour correspondre avec les
352. vie g n ralement jalonn de questions existentielles et de rencontres Dans le cas de la premi re citation l interview se pr sente comme musulman parce que ses parents le sont il est donc en quelque sorte impr gn par son environnement familial contrario dans la seconde citation l interview ressent son appartenance religieuse comme un choix souverain ind pendant de ce dont ses parents auraient pu l impr gner C est donc en quelque sorte une conscience qui merge spontan ment dans le for int rieur de l individu Ce sch me de l mergence est encore plus manifeste dans le r cit de conversion l islam soufi Il est cependant tr s rare d observer des individus mobiliser un seul sch ma de pure impr gnation ou de pure mergence Au contraire 2 Par convention nous ne corr lerons plus strictement l id e de spiritualit l id e de religion Plut t nous d finirons la spiritualit comme une aspiration de sens de l esprit ce qui inclut donc les spiritualit s ath es ou agnostiques 2013 face2faith eu CH1 ETRE CROYANT AUJOURD HUI LA CROYANCE DANS TOUS SES TATS bien qu une tendance g n rale puisse tre identifi e d autres l ments constitutifs de la foi ou de la conviction peuvent appartenir l un ou l autre sch me Nous remarquons en ce sens que dans le premier t moignage l appartenance l islam est le r sultat d un h ritage familial et donc d une impr gnati
353. voir de retenue dont il est question consiste ne pas se laisser aller la tentation de pr somption et surtout de se donner les moyens d amener l l ve clarifier sa pens e fut elle dogmatique pour en tirer du sens On note encore une fois l importance de cette notion de sens d j mentionn e plus t t Ce sens n est pas quelque chose de fig Le grand atout indispensable d un p dagogue c est de mettre en mouvement et de montrer que la conscience est un chemin interminable un chemin et pas un lieu La conscience a pour objet le sens et ce sens on n y arrive jamais de mani re d finitive Un membre d un groupe de professeurs de cours philosophiques On trouve ici le sch me du chemin celui de la conscience qui n a pas de fin Le sens que l on donne nos perceptions est toujours en construction Outre la question du sens la question de l esprit critique a aussi t soulev e par un professeur de religion catholique Il faut aider l l ve d velopper un esprit critique s ouvrir Une autre valeur aussi c est la profondeur d velopper une dimension int rieure faut aussi de la rigueur ce qui va dans le sens de la profondeur faire un travail soign r fl chir Cela s applique autant au professeur qu l l ve d ailleurs Un membre d un groupe de professeurs de cours philosophiques Et c est partir de ce th me de l esprit critique qu a t mentionn
354. voriser une Europe identitaire Un membre d un groupe d tudiants libres penseurs francophones De part et d autre la d finition des sph res publique et priv e ainsi que leurs d limitations mutuelles sont donc remises en question Dans cette confusion Un r pondant propose m me la reconnaissance de l existence d une sph re interm diaire Car l humain a le droit de manifester en public sa conviction priv e En fin de compte la religion est une affaire collective d o l origine du mot reliare Un la c d orientation j suite Enfin en raison de cette confusion apparente entre la th orie les valeurs et la r alit du terrain concernant la s paration entre sph re 2013 face2faith eu 160 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE publique et sph re priv e ce dernier r pondant appelle la r flexion ouverte Quant au rapport g n ral entre la religion et la soci t je d fends le principe de s cularisation on dit souvent la la cit mais en Belgique on parlera de neutralit la s paration prot geant chaque partie de l instrumentalisation par l autre Il appartient l tat de produire des lois la religion peut formuler des r gles morales libres d tre accept es En effet sans pouvoir s imposer au public la religion a un r le parmi d autres acteurs de la soci t civile d interpellation du citoyen ll est donc imp
355. x pr jug s des effacer D autre part une partie des r pondants soutient que le dialogue interconvictionnel peut donner naissance des coop rations entre individus et communaut s pour amener du changement et trouver des solutions Enfin un petit nombre d interview s ne croit pas que le dialogue interconvictionnel puisse changer la face du monde mais qu il peut au moins envoyer un signal positif xk 2013 face2faith eu CH 6 ORGANISER LE DIALOGUE INTERCONVICTIONNEL PI GES ET POTENTIEL CONCLUSION Il est difficile de conclure ce rapport d une campagne d coute de plus d un an portant sur un sujet sensible mais combien passionnant qui est celui des croyances Il ne serait pas faux de dire que le voyage de l quipe dans les parcours espoirs craintes et repr sentations des plus de 400 personnes interview es a relev d une forme d aventure Peut tre que comme pour toute conclusion le plus facile et accessoirement le plus utile consiste d abord synth tiser les informations importantes que nous nous sommes efforc s de pr senter tout au long de ces pages Nous encha nerons ensuite sur les recommandations pour finir sur un mot de fin qui nous l esp rons pourra inaugurer de nouveaux d buts 1 Les acquis de la campagne d coute synth se des grandes lignes de notre travail 11 De l approche lat rale Ce qui semble en premier lieu relativement bien tabli au regard
356. y a Une communion cet homme vivait quelque chose que je vivais aussi Une s ur catholique Il est aussi noter que cette exp rience de Dieu a t pour certains interview s ind pendante de l tat de sant de leur affiliation communautaire C est ainsi qu un interview met en avant le fait qu il a t d u par l glise alors que son exp rience de Dieu tait au contraire grandissante D autre part la notion d exp rience int rieure n est pas l apanage des croyants Des interview s se revendiquant comme non religieux t moignent eux aussi d une prise de conscience spirituelle g n ralement apr s une exp rience forte confrontation la mort etc ou simplement au contact d une lecture difiante l id e de Dieu se substitue la question du sens de la vie qui devient alors un sentiment moteur de qu te dudit sens 2013 face2faith eu 45 46 CONVICTIONS ET CROYANCES FACE AUX D FIS SOCI TAUX UNE CAMPAGNE D COUTE EN BELGIQUE On se rend donc compte que la dimension exp rientielle fait merger une sorte d motion que l on reconna t volontiers aussi l autre et en lautre Cette assise motionnelle d passe l affiliation communautaire et en ce sens peut g n rer du partage 1 4 Le parcours de la croyance entre impr gnation et emergence Il ressort de notre enqu te que les diff rents l ments que sont l ducation la culture la rencontre le

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