Choses de limbes / Rêve je te dis, d`Hélène Cixous, Frontispice de
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1. cen sur touch en rien aux r cits enregistr s par la main entre chat et loup Mot seule pourrais le faire analyser ces r ves puisque j ai seule les cl s Je ne le fais pas ici une objection commence protester sourdement pourquoi la R veuse gar derait elle un privil ge souverain et un quel congue pouvoir d appropriation ou de posses sion quant ces choses une fois devenues r cits En quoi un r cit de r ve diff rerait 1l au juste de tout autre texte quant cette autorit Par ailleurs on se doute bien que celle qui nous pr vient d embl e qu elle ne Livrera pas tous ses r ves ni leurs secrets est experte d jouer tous les douaniers biblioth caires critiques lec teurs et autres indiscrets qu elle aura mobilis ici toutes les ressources de l encryptage du d gui sement et de l autocensure et que m me si elle dit avoir respect le premier jet sans l avoir re touch mais alors ce que ses r ves s crivent bien et dans l accord inn parfait avec la langue cette laboration primaire ou primitive car elle entend bien d ranger ce qu en psychanalyse on d signe trop vite du nom d sr laboration secondaire n en constitue pas moins une mise en forme qui soul ve d im menses d insolubles questions herm neutiques techniques thico juridiques d ontologiques de la part des futurs lecteurs je n ose plus dire in terpr tes de ces choses2. crites On se prend en tout cas penser souvent devant ces textes im prenables que les probl mes mis vif par ces r cits oniriques devraient en retour inciter re prendre et pousser plus loin la grande question de la lecture de l x interpr tation de tout texte en g n ral Comme le voit bien Derrida ces textes de Cixous pr sentent en effet cette par ticularit originale de ne pas avoir le m me sta tut qu une premi re version ni brouillon avec ratures en vue d une forme finale ni preuves en cours de correction etc ils sont l vidence Sylvie Reodmon videment 2003 preuves jet d encre triptyque 111 om 428 cm CHOSES DE LIMBES articul s avec le reste du corpus mais selon quelles modalit s D pendance ou autonomie Ant riorit ou post riorit Comment savoir entre autres choses s ils auront seulement t contemporains de l criture litt raire s il s agit de marges de retomb es de textes oniriques in duits et apr s coup interpr t s par l auteur ou encore de r ves inducteurs Et si le r ve ainsi conserv dans son archive n est pas seulement un mat riau pour l criture en vue de l criture ce que croit un peu vite ou na vement l approche g n tique comment viter toutes les questions qui se pressent aux portes lorsqu une telle cri ture ouvre l cueil abyssal d une question tou jours vierge qu est ce q
3. Article Choses de limbes Ouvrages recens s R ve je te dis d H l ne Cixous Frontispice de Simon Hantai Galil e Lignes fictives 157 p Gen se g n alogies genres et le g nie Les secrets de l archive de Jacques Derrida Frontispice de Simon Hantai Galil e Lignes fictives 100 p par Ginette Michaud Spirale arts lettres sciences humaines n 195 2004 p 27 30 Pour citer cet article utiliser l information suivante http id erudit org iderudit 19456ac Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudlit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 07 04 SPIRALE MARS AVRIL 2004 DOSSIER CHOSES DE LIMBES R VE JE TE DIS d H l ne Cixous Frontispice de Simon H
4. de ces fonds sont illisibles quiconque ce seront de fait les choix ayant pr sid la composition de ce recueil qui retiendront d abord l attention l ordre le nombre l inscription temporelle le nom car plusieurs de ces r ves portent un titre et sont explicitement reli s un texte pr cis leurs rapports entre eux mais aussi et surtout l uvre toutes ces questions de classification de datation de fichage de d limitations internes du corpus en marges dedans par dessus bords feront galement l objet de l examen attentif de Derrida Il analyse ici toutes ces limites g n tiques g n riques g n alogiques depuis la pers pectiv d une archive toujours ouverte se cons tituant par d bordement et cluse du genre le corpus rest ant d mesur ment plus tendu que la biblioth que cens e l archiver De Syhie Reodman vidament 2003 preuves jet d encre triptyque 111 cm 426 cm B SPIRALE MARS AVRIL 2004 l int rieur comme de l ext rieur le cadre le contexte de cet v nement ayant effectivement lieu dans la Biblioth que nationale de France la g nialit du g nie mettrait ainsi mal la g n a logie ou la g n ricit auxquelles elle donne pourtant le jour ce qui serait incontestablement le cas avec une uvre aussi diss minale non sa turable en tous genres que celle de Cixous Sur tous ces aspects Cixous s explique elle
5. ne se font pas les moins tonnants au moment o ils baissent soudain la garde pour laisser passer des d clarations d intention vo lont maitrise contr le etc quoi qu elle en ait Ce d sir de directive et direction c est toujours orientation vers le sens laisse son tour pour le moins songeur Sans mot dire ou Du secret inconditionnel C est ce traitement in dit qui fascine en tout cas dans R ve je te dis titre dont Derrida remarque au sujet de sa grammaire ambigu et instable que le r ve est la fois le nom de ce que je dis le r ve que j apostrophe en lui annon ant que je m en vais le dire le d crire le d clarer l avouer r ve je te dis je te dis comme r ve et d autre part le verbe d une injonction un imp ratif r ve c est un ordre l autre donn l autre tutoy r ve donc je te dis La conception voire les justifications et m me les interdits que donne Cixous dans ses a Avertissements nous plongeraient en effet chaque ligne dans une profonde m ditation pen sive tant la condensation du propos et la provo cation penser ces choses de limbes y sont al gu s certains gards on serait m me tent de dire que ces pages liminaires vont plus loin dans leur r flexivit analytique que les r cits eux m mes Plus que le contenu des r ves qui sans la nasse souterraine ou marine des asso ciations flottantes qui manent immanent
6. 5 jacques Derrida Fichtes Paris Galil e La philosophie en effet 2002 p 20 21 li DOSSIER CRIRE Fid lit plus d un D UNE MAIN SAUVAGE L AMOUR DU LOUP ET AUTRES REMORDS d H l ne Cixous Galil e Lignes fictives 222 p L YA toujours quelque chose d un peu d plac parler de ses animaux domestiques quelque chose de d rangeant quand l autre en l occurrence un crivain se montre vuln rable et sensible l amour d un chat Pourtant ces textes d H l ne Cixous rassembl s sous le toit de ce volume par un fil conducteur animalier permettent justement de r fl chir ce rapport ambigu que nous entretenons avec nos b tes un rapport passionnel qui nous pousse parfois leur infliger des lois trop humaines et qui nous fait oublier leur tranget premi re Justement l crivaine avoue que son effort dans la langue et dans la th matique est de briser les in terdits et les fausses pudeurs D s lors de sa chatte Thessie il sera question sans pudeur et presque sans honte et ce dans plusieurs de ces textes Cixous raconte en effet dans Aube par tag e comment elle a retir un oiseau de la gueule de Thessie pour l emp cher de le manger alors que le cours naturel des choses aurait voulu que l animal d vore sa proie Sous l apparence d un petit pisode domestique sans impor tance cette histoire nous rappelle combien nos rapports avec nos animaux
7. anta Galil e Lignes fictives 157 p EST une sc ne qu ils aiment l un et l autre l un l autre se donner lire et si possible simultan ment ils s cri vent et si vite qu on ne sait plus au bout d un moment qui a suivi qui a pr c d l autre Cette fois leurs livres paraissent de fait en semble s par ment ils se r pondent de mani re exemplaire sans pour autant correspondre Cixous composant ce recueil de r ves au printemps der nier pour le donner aussit t lire Derrida qui en tirera avant publication un magistral com mentaire livr dans la conf rence inaugurale du colloque que la Biblioth que nationale de France consacrait l uvre d H l ne Cixous en mai 2003 en reconnaissance de la cession de ses manuscrits Ce coup de la simultan it ce n est pas simple ment ou seulement une question de synchroni cit ce n est pas davantage le phantasme de tou cher sans jamais pouvoir l atteindre bien s r le m me point br lant de lecture criture en m me temps au pr sent ce n est peut tre pas m me ce temps l qu ils pourchassent ainsi chacun de leur c t ce serait plut t une vitesse foudroyante de la r ponse qui devance tout don et toute dette une vivacit un d sir du donner prendre qui exi gerait lui seul une longue analyse on notera d ailleurs que ce geste du prendre la peur de prendre trop le d sir d tre punie pour avoir voulu int
8. aussi avec minutie dans ces Avertissements qui sont bien autre chose qu une pr face ou un mode d emploi un r ve de r ve plut t un opuscule qui comme les pri res d ins rer ne fait pas partie intrins que de l uvre laquelle ils introduisent mais qui ont parfois une grande valeur litt raire et constituent des genres eux tout seuls comme le souligne Derrida en rendant hommage cette pratique ditoriale maintenue par les ditions Galil e Toutefois il men de meure pas moins que certaines mises au point l vent quelque r sistance quant la mainmise toujours sensible dans une d marche qui consist par ailleurs s exposer dans sa vuln rabilit la plus grande J accepte cette exhibition de mes faibles et de mes faiblesses mes blessures se cr tes auxquelles je dois mes efforts vers la dignit et le sublime Exposition qui ne va pas sans re trait strat gique ni autoprotection J ai cart d clare Cixous des r ves que je jugeais mena ants ou menac s par la lecture d interpr tation dan gereusement et in vitablement erron e On se demande part soi comment elle pourrait pr voir avec autant d exactitude un tel m susage de ses r ves et au nom de quels crit res et indices elle peut tre si s re de sauvegarder de la m lec ture ceux qu elle divulgue De m me lors qu elle d clare dans le paragraphe suivant en se d fendant de n avoir aucunement corrig
9. ce sens elle crit la gen se qui survient avant l auteur elle recueille ce qui lui vient d ailleurs souvent d en haut Ainsi la litt rature se trouve dans l ambivalence entre le trait d union et la coupe entre ce qui unit et s pare entre ce qui fait du bien et qui produit le mal Toutefois le lien existe cependant c est le fil de la respiration Ca continue discontinuer Ca continue c est le livre ce sont ses livres qui conti nuent na tre et se multiplier dans le souffle indociles comme ces photocopies quelque peu d lirantes que Cixous tire de sa chatte tant arm e et dont elle veut reproduire et imiter l image l infini Indomptable et libre le livre s impose elle et suit son propre chemin Attrape moi jette t il il Se retourne pour voir si je le suis La magie inqui tante du livre On aper oit quelque chose de la transe de la n cromancie dans cette pratique du livre qui ravit et fait courir l crivaine d autant que dans un
10. description que donne Hanta du processus ayant conduit ces empreintes o les trou es lumi neuses sont aussi importantes que les plis et l toi lement du tissu Image faite apr s d pecage d une peinture acrylique Un des restes par jet d encre num rique en donne l empreinte Ce reste peint choisi pour l image est d truit L empreinte est original multiple apparait en effet comme la transposition travers les diverses superpositions par retrait des op rations de d figuration l uvre dans l criture du r ve D pe age reste destruction empreinte mais toujours sur fond sans fond de perte origi naire tout dans cet original multiple parle ainsi de ce qui est mis en uvre mais sans faire uvre encore dans ces r cits de r ve faire un r ve Car de ces textes aussi on pourrait dire que c est le faire la fabrication qui l emporte sur 11 Fid lit plus d un GEN SES G N ALOGIES GENRES ET LE G NIE LES SECRETS DE L ARCHIVE de Jacques Derrida L tout autre ordre de consid rations que d actions d actes de passages l acte peut on passer l acte dans un r ve dans ces r cits d ailleurs Si l on sait depuis toujours que tout l uvre d H l ne Cixous vient du r ve et on aurait tort de consid rer le r ve comme un pauvre reste diurne chez elle c est plut t la vie ou la r alit qui se pr
11. e cela suffirait lais ser entrevoir que nous serons dans ces pages dans un bien trange entre deux une criture du r ve une onetrographie pour emprunter un mot in vent par Derrida dans La Contre All e mais qui ne serait plus justifi e par le d sir de savoir ou le travail de d chiffrement d une part ni par l ex ploitation du mat riau onirique son raffinement sth tique d autre part Aller au r ve sans la Psy chanalyse ni la Litt rature est ce possible Et d s lors quelles fins pour y chercher ou y trouver quoi Et qui adress Ces questions touchant la provenance l existence la destination aussi de ces choses qu elle appelle r cits primitifs ou larves j aurais pu dit elle les couvant les porter papillons Alors ils n eussent plus t des r ves resteront longtemps sans r ponse m me une fois le livre referm Comment lire ces r cits de r ve S adressent ils m me un lecteur Et alors que serait un lecteur qui ne voudrait plus interpr ter comprendre traduire mais se contenterait tout simplement de lire juste lire couter enre gistrer les signaux que les r ves de l autre c t du temps de l autre c t de la mort parfois de l autre c t de l s humanit m me ne cessent de lui t l graphier toutes les nuits R ver n est ce pas cela laisser revenir dans une hospitalit inconditionnelle tous ces jeux de ge
12. e l avoir cherch m me si l on sait qu elle le cherche depuis des si cles et sait depuis toujours o avoir cherch ce qu elle vient de trouver au bon endroit l angle de telle branche Si la simultan it n est pas un v nement unique entre leurs uvres elle trouve cette fois une saisissante explicitation visuelle une sorte de sceau voquant les anciens cachets appos s sur les lettres dans les magnifiques frontispices de Simon Hanta l un d un bleu lumineux l autre d un indigo nocturne mais quel nom donner ces couleurs l qui ouvrent chacun de ces livres ainsi conjoints par l uvre d un tiers t moin Si j insiste d embl e sur le travail de Hanta c est qu il me parait donner un remarquable contre point visuel ce qui est aussi l uvre dans ces textes et tout particuli rement quant au proces sus de l inconscient ou de ce qu on s en re pr sente ou imagine et de sa plus g niale inven tion ce r ve dont il sera longuement question 1c1 Ces uvres de Hantar la fois uniques et s rielles comme les mat riaux ou la mati re du r ve cux m mes leur fabrication leur faire importe peut tre plus que le r sultat obtenu la chose qui reste soulignent non seulement avec force cette simultan it entre les deux textes en les jumelant mais ce travail vaut en lui m me comme une puissante traduction des op rations souvent violentes au c ur de cette criture du r ve La
13. ebours la voie royale freu dienne Cixous ne manque pas d ailleurs de rendre un vibrant hommage Freud J admire la puissance inou e de Freud premier et ultime cartographe de ces continents tranges le Shakes peare de la Nuit mais on remarquera aussit t la tournure rh torique un peu rus e de cet hom mage qui passe par cette figure de l antonomase soulignant de fait la dette de Freud envers son devancier le Po te et la Litt rature Elle ad mure certes Freud elle n en fait point un secret mais si elle se rend elle au r ve ce sera pour d autres raisons et par d autres moyens de l penser qu elle reconna t avec reconnaissance sa dette pour s en acquitter aussit t ou reprendre la psychanalyse son bien il n y a qu un pas SPIRALE MARS AVRIL 20H CHOSES DE LIMBES Ses r ves elle les saisit pour sa part au r veil quand le r ve la r veille comme elle l crit changeant par cette seule accentuation toute la sc ne Je ne me r veille pas le r ve me r veille d une main la main de r ve ouvre le tiroir gauche de mon lit qui sert de coffre r ves serait elle en train de nous dire qu elle les prend en filature les re filant dans ses filets qu elle les coffre Elle dit aussi propos de ces r cits reproduits int gralement tels qu ils s battaient dans l aube pr analytique qu elle s est tenue loign e de l analyse et de la litt ratur
14. elle l crit dans le r cit du r ve du 11 ao t 99 L tu as des r serves Tu n es pas d ac cord sur l interpr tation Plusieurs fois tu fais des allusions J essaie de trouver le d faut Ai je enja liv Menti Je me dis que je r crirai autrement en m me temps je ne veux Pas m inqui ter je ne veux pas tre indocile De m me on la prendra au s rieux lorsqu elle nous pr vient que Les r ves sont des th tres qui jouent des pi ces d apparence pour glisser d autres pi ces inavouables sous les sc nes d aveu tu le sais lecteur spectateur mais tu oublies ce que tu sais pour te laisser charmer et berner Tu coop res ta tromperie Nous voil bien avertis les pancartes sont partout pr sentes sur lesquelles on lira Attention R ves Cela nous emp chera tl pour autant de tomber somnambules sous influence que nous sommes dans le panneau et de chercher savoir comme si c tait encore de savoir qu il s agissait qui se tient derri re quoi devant quelle cl pour quelle serruref alors quon na vraiment besoin ni de l une ni de l autre tout au plus de sentir vive sous nos pieds l ar te tranchante du seuil sur lequel nous nous tenons est ce d ailleurs si important que cette porte s ouvre Mais m me si la R veuse sou haite faire confiance un lecteur disons muni malement veill et de bonne foi l Auteur n en continue pas moins de r gler le jeu et ces Aver tissements
15. est possible en effet que le loup suspende sous le coup de l amour son tre arm et qu il ne suive plus son instinct lu pien Une passion pour ces instants ces clairs conduit Cixous traduire et retranscrire en veillant ne pas la trahir la langue r peuse et orale de l amour d vorant comme le feu qui mord mais ne tue pas D ailleurs l ensemble du livre est une b te d criture justement un galop rapide un li vre qu il faut suivre toute vitesse en retenant son souffle Cixous le dit elle m me elle pratique le bond et le raccourci l ellipse l aspnd te autant de figures qui mangent et ron gent le sens litt ral mais qui font place au rythme la vitesse Et si pour elle le trait qui unit les textes entre eux c est la litt rature on peut penser que la v locit de sa prose po tique incarne justement cette pratique de la litt rature qu elle poursuit de puis longtemps courant derri re ses livres qui existent avant elle et la pr c dent souvent sur la page Elle tente d aller aussi vite que le texte qui lui arrive dessus un long tissu informe dans lequel elle performe la coupe Quand j cris je ne fais rien expr s sinon halte Ma seule interven tion volontaire est l interruption Rompre Couper L cher Tous les tres vivants mammif res ou v g taux savent qu il faut couper et tailler pour re lancer la vie Pincer le vif Faire mal pour faire du bien En
16. nres esp ces toute la gen se et toute l anthropozcologie de ce monde et surtout bien entendu les spectres et morts bien aim s Sans les r ves la mort serait mortelle ou immortelle demande Cixous De ses terres s chappent les fant mes qui consolent les mortels que nous sommes Ainsi face ces r cits de r ve nigmatiques qui ne ca chent rien mais n engendrent pas moins le secret un inavouable comme le dit Derrida qui reste inavou dans l aveu m me et authentifi comme tel peut tre le lecteur est il tacitement invit s identifier cette figure du tu voqu e dans le r ve d s Ao t 99 tu nr coutes et ne dis rien Ce que j interpr te ainsi Tu sais bien que c est ton affaire c est toi qui fabriques tout cela je m ai donc pas te r pondre sur quelque chose dont la r alit est dans ta t te Car sur cette autre Autre Sc ne il faudra la fois tenir compte des mises en garde de l Au teur et dans le m me mouvement ne pas s en laisser trop imposer savoir quand les oublier ou les oublire dans la lecture depuis quand d ailleurs un interdit a t il jamais emp ch l in terpr tation son je sais bien mais quand m me On se pliera donc de mani re fid le infid le aux didascalies aussi loin que possible suivant la R veuse autant qu elle para t le d si rer mais jusqu un point un certain point comme
17. rrompre pour prendre plus encore pour d rober court tel un fil rouge travers plusieurs de ces r ves de Cixous Ce serait peut tre cela leur g nie l impr visibilit v nemen tielle de leur rencontre contretemps si r ussie impeccablement pr cise ponctuelle o a ne manque jamais d arriver o comme l crit Derrida a se trouve ainsi gr ce d affirmation de confirmation et de consentement d assentiment chaque fois que je trouve qu elle a trouv avant moi ce que je crois me trouver le pre mier avoir trouv ceci ou cela tout seul l o je me trouve mot et c est chose bien connue une Place et au cours d une histoire infiniment diff rentes des siennes o je me trouve trouver ce qu elle a d j trouv elle o elle se trouve elle Cette cur sivit la fois patiente et acc l r e qu il reconnait comme la ligne m me de l criture de Cixous r v l e par son corps graphique sa manuscrip ture le plus mat riel comme par le mouvement de l uvre tout entier on pourrait bien dire en effet qu elle est aussi l un des traits les plus origi naux de leurs changes cursrvit ininterrompue et inimaginablement curieuse C est dire sou rontispice de Simon Hantai Galil e Lignes fictives 100 p cieuse de trouver vite de ne pas perdre un instant et de ne pas se laisser devancer par ce qu elle se trouve trouver avant m me d
18. senterait toujours seu lement comme un reste nocturne si cette uvre comme l affirme Jacques Derrida Je ne connais pas d exemple plus impressionnant et plus admirable au monde que cette complicit excep tionnelle que cette traduction inlassable et unique chez H l ne Cixous entre le monde infini entre tous les mondes possibles du r ve nocturne et l in comparable vigilance de la plus calculatrice des critures diurnes s est pli e comme nulle autre avant elle et de mani re unique la dict e du r ve et nexisterait sans doute pas sans lui Cixous en fera elle m me l aveu dans ses Avertissements Jadis j ai craint de perdre mon pays de gr ce Cette crainte m est venue lorsque commen ant crire j ai d couvert avec pouvante que ce geste crire devenu ma permis sion ma possibilit ma cause de vivre tait mal heureusement la merci et la gr ce des r ves comme l enfant la merci de la mamelle Et si a se tarissait si donc il tait sans doute dans l ordre des choses qu un livre tout entier consa cr au r ve advienne un jour port par la lo gique m me de ce travail d criture comptant toujours et le plus possible avec l inconscient il nen demeur pas moins que ce recueil d concerte et surprend s engageant dans une voie impr visible en proposant cet trange livre de r ves sans Interpr tation ce qui prend d j ra dicalement r
19. sont l image de cer taines de nos peurs et de nos fantasmes car nous projetons bien des choses sur nos m nageries r elles et imaginaires Le premier titre de ce re cueil dont certains textes ont d j fait l objet d une publication ant rieure souvent avec Mireille Calle Gruber tait L Imitation de la chatte une invitation donc prendre Thessie en exemple et suivre son aplomb de sphinx Ainsi alors que l oiseau mort vivant s envole par la fe n tre avec l aide de l crivaine et que la chatte scrute avec patience le ciel en attendant le retour impossible de cet amour de proie Cixous affirme avec toute la force des vidences jamais ouvertement avou es ce ne sont pas les morts qui ne reviennent pas ce sont les vivants Les textes de Lamour du loup ont t crits au tour de cette figure du retour du retournement ce livre voque les forces vivantes qui nous tour mentent ces forces qui nous obligent apr s coup jeter un il par derri re revoir nos fautes nos mensonges et la cruaut qui parfois nous treint C est la culpabilit sans faute pure et tordue qui pousse aux remords et l automordillement de l esprit dans son intimit Aimer le loup pour Cixous c est apercevoir l amour cannibale que l on porte l autre une m re une fille une _ chatte un livre un amant un amour qui peut se retourner contre nous mais qui peut aussi nous surprendre par sa douceur Il
20. u un r ve nocturne puis diurne Qu est ce qu un r veil quelle heure se r velle t elle et fait il jour quand elle commence crire R ve t elle encore quand elle note ses r ves Commence t elle alors les interpr ter et les mettre en uvre litt raire Qu est ce qu une conscience ou une vigilance l uvre dans l cri ture Mais aussi bien qu est ce que la vigilance du r ve la pens e du r ve etc L inconscient la Biblioth que Dans cette conf rence qui prenait admirable ment les devants de toutes les questions qui ne manqueront pas d sormais de se poser aux ar chivistes critiques et lecteurs du Fonds Cixous maintenant que la BNF cette tr s trange insti tution On d finira la biblioth que en g n ral comme le lieu destin garder le secret mais en tant qu il se perd dit Derrida l a accueilli en son sein Derrida avait aussi choisi de r g n rer la figure us e du g nie pour montrer qu il n est pas seulement cette abdication obscurantiste devant les g nes j cette concession la g n tique de lingenium ou pire un inn isme cr ationniste SPIRALE MARS AVRIL 2004 CHOSES DE LIMBES mais qu il forme lui tout seul un genre tou jours en exc s de toute g n alogie gen se ou genre bref de cela m me qu il fonde ou invente Loin de c der quelque mystique de l ineffable si Derrida tient sauver ce mot c est pour lui garder une m moire et un a
21. veil veillant avec vigilance sur la veille d un autre r ve s veillant dans le r ve Comme si le r veil au sortir du r ve sur la trace endeuill e du r ve dans son wake tait encore la veille du r ve D un r ve d j r v qui pourtant attend encore d tre r v de nouveau r veill et r v l lui m me dans sa v rit Ainsi au platsir de souffrir que Cixous re connait comme la sp cificit la plus g niale du r ve Seulement en r ve on nourrit la douleur de la nourriture qu elle r clame et on lui donne la li bert du douloir seulement en r ve se donne t on le pouvoir de sentir la souffrance dans la minutie du souffrir d o jaillit un trange plai sir r pond donc cette avanc e tout aussi au dacieuse de Derrida concernant cette veille du r ve Se r veiller oui mais en continuant de veiller sur le r ve de rester fid le aux ensei gnements et la lucidit d un r ve soucieux de ce que le r ve donne penser Cette tout autre possibilit de l impossible ils nous la redon nent l un et l autre exemplairement penser sinon r ver Et en ce temps o le r ve est semble t il tu ou mis au silence silenced ce geste n est pas le moins politique qu on puisse imaginer Ginerre Michaud l Voir le compte rendu d Isabelle D carie Manhattan Lettres de la pr histoire d H l ne Cixous Spirale n 190 mai juin 200 PF 44 4
22. venir et la condi tion expresse que ce nom puisse tre reconnu de mani re encore inou e en fran ais au pluriel et au f minin plus qu un g nie les g nies d une femme c est ce qu il enjoint ici penser gr ce l uvre de Cixous uvre et hors l uvre travers son archivation en cours dans ce Fonds sans fond Dans le prolongement de l analyse consacr e la Toute puissance autre de la lit t rature qu il menait d j tr s haut et tr s loin dans H C pour la vie c est dire Galil e 2002 poursuivant l impulsion donn e la question du r ve dans Fichus Galil e 2002 Derrida livre sans doute ici au sujet de R ve je te dis et de Manhattan cette incroyable fiction qui m a jamais si bien parl l inconscient d une biblioth que ses pages les plus affirmatives au sujet d un certain r ve de la litt rature qui s al lie la psychanalyse une certaine psychanalyse mais ne se laisse pas compl tement circonvenir ou circonscrire par elle l coute comme pas un quoi qu il en dise de l ordre du r ve l ordre du r ve mais non de l ordre du r ve l ordre du r ve qui ordonne aussi activement et passivement sa propre interruption l criture de Derrida qui n est certes pas moins oneiro graphique que celle de Cixous bien qu autre ment qu elle se prend r ver l nigme de la d saffiliation de la dissociation tymologique entre r ve et r
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