Home

Esther Shalev-Gerz

1. projection Ces images v hiculent une volont de t moigner mais non des id es Or pour Didi Huberman une image nouvelle peut bouleverser et r organiser notre imaginaire et par l notre conception de l humain tant dans sa capacit vouloir liminer que dans sa capacit r sister s agit d une exp rience de transformation des id es par l imaginaire Cette id e d incompl tude est au centre des uvres d Esther Shalev Gerz ayant pour sujet le g nocide pendant la Seconde Guerre mondiale Dans MenschenDinge par exemple la connaissance de l histoire passe certes par les photographies des objets retrouv s dans le camp de Buchenwald mais le discours que contiennent ces images leur histoire ne nous sont retransmis qu travers le r cit des membres du personnel du m morial du camp qui les font revivre aux yeux des spectateurs Prise comme une simple reproduction de la r alit une photographie n apporte en effet que peu d informations sur cette r alit Mais d s lors qu elle est consid r e comme une chose fabriqu e Brecht construite Kracauer elle se r v lera extraordinairement documentaire Ainsi chez Esther Shalev Gerz la force de l image r side moins dans son statut de source historique que dans sa valeur de t moin du pass ou pour le dire autrement de proposition pour raconter l histoire Le travail de l historien comme ici de l artiste est d adopter une distance par rap
2. La relation art architecture in Rock My Religion Dijon Les presses du r el 1993 p 20 3 R my Besson Ton image me regarde article en ligne Cin madoc blog de l atelier les enjeux de la narrativit 27 f vrier 2010 http culturevisuelle org cinemadoc 2010 02 27 ton image me regarde 4 Dictionnaire de l art contemporain sous la direction de G rard Durozoi Paris Hazan 2002 5 R my Besson op cit 6 Fran oise Parfait Du moniteur la projection l installation dans tous ces tats Espaces et dispositif in Vid o un art contemporain Paris d 7 Lisa Le Feuvre Nothing is written We all know that Don t we in ions du Regard 2001 p 136 138 Esther Shalev Gerz catalogue de l exposition Lyon Fage ditions Paris ditions du Jeu de Paume 2010 p 26 8 L installation in Groupes mouvements tendances de l art contemporain depuis 1945 sous la direction de Mathilde Ferrer Paris ditions de l ENSBA 1900 p 319 9 Fran oise Parfait op cit p 164 10 Anne Marie Duguet in La Revue virtuelle Paris Centre Pompidou 11 Gilles Deleuze Claire Parnet Dialogues Paris Flammarion 1996 p 84 85 12 Entretien Marta Gili Esther Shalev Gerz in Esther Shalev Gerz op cit p 40 13 Ibid p 46 14 Catherine Perret Les Porteurs d ombre Mim sis et modernit Paris Belin 2002 15 Jacques Ranci re Le Spectateur mancip
3. Paris La Fabrique 2008 p 65 16 Entretien Marta Gili Esther Shalev Gerz op cit p 41 17 Georges Didi Huberman Politique de l exposition loge du montage in Arno Gisinger et Nathalie Raoux Konstellation Walter Benjamin en exil Paris Transphotographic Press 2000 p 102 18 Entretien Marta Gili Esther Shalev Gerz op cit p 42 Pistes de travail D une mani re g n rale le dispositif d exposition de pr sentation et ou de vision est ce qui transforme et active l espace ce qui r gle le rapport du spectateur ce qui est donn voir pr sent ou repr sent Le dispositif par extension articule ce qui est visible avec ce qui ne l est pas l espace mat riel et l espace imaginaire En classe on pourra I rappeler aux l ves que ce n est pas seulement ce qui est pr sent et ou repr sent qui est important mais aussi la fa on dont on le pr sente ou le repr sente et pourquoi on le fait de cette fa on I travailler sur la question du dispositif et en arts plastiques plus particuli rement sur la diversit des modes de pr sentation de la vid o ou du cin ma des images num riques etc I profiter de cette exposition pour introduire ou approfondir la notion de site et d espace La pr sentation et m me la forme de nombreuses uvres varient suivant leur lieu d exposition I conduire les l ves pendant la visite s interroger sur les espaces investis pa
4. des rapports possibles entre le spectateur la machine l image l environnement Appareillage la fois technique et conceptuel il est le lieu o s op re l change entre espace mental et r alit mat rielle Plus qu un principe explicatif il s agit d un ensemble d op rations cerner On peut rapprocher la notion de dispositif de celle d agencement telle que l a d finie le philosophe Gilles Deleuze Qu est ce qu un agencement C est une multiplicit qui comporte beaucoup de termes h t rog nes et qui tablit des liaisons des relations entre eux travers des ges des sexes des r gnes des natures diff rentes Aussi la seule unit de l agencement est le cofonctionnement c est une symbiose une sympathie Chez Esther Shalev Gerz cet agencement se caract rise par la rencontre d espaces temps particuliers au sein d une seule et m me uvre Dans White Out entre l coute et la parole 2000 j ai enregistr deux films avec la m me femme Saami vivant Stockholm dans l un elle r agissait des opinions sur la relation entre Saami et Su dois et dans l autre je l ai film e r coutant ses propres paroles Elle ne peut ainsi tre r duite ses mots l image la dur e du film la situation d doubl e d coute et de parole simultan e ainsi que le dispositif deux projections en vis vis cr ent un portrait complexe et h t rog ne Le dispositif met ainsi
5. 2010 17h30 l auditorium publication I Esther Shalev Gerz textes de Jacques Ranci re Lisa Le Feuvre et Stefanie Baumann entretien de Marta Gili avec l artiste co dition Fage ditions ditions du Jeu de Paume 2010 160 pages 22 x 27 cm 30 l exposition distance Le site Internet du Jeu de Paume offre d autres ressources interviews film es des artistes pr sent s ou des commissaires d exposition retransmission de conf rences et de projections li es l exposition propositions de parcours de visites archives des expositions ditions en ligne ou enregistrements sonores des colloques et des s minaires du Jeu de Paume programme complet des activit s www jeudepaume org
6. Ces vingt quatre femmes sont en fait des sculptures virtuelles en 3D de personnes qui m ont inspir es au cours de ma vie Contrairement aux all gories impersonnelles au service de la repr sentation je voulais portraiturer ces inspiratrices en les modelant d apr s une documentation sur leurs vies respectives Photo Arno Gisinger Jeu de Paume 11 D eux Jeu de Paume Paris 2009 Installation 2 projections vid o couleur sonores 30 min 6 bandes sonores 14 min et 12 photographies noir et blanc contrecoll es sur aluminium Production Jeu de Paume Paris manant d un mur une voix f minine chante des chansons en yiddish en h breu en anglais en fran ais en arabe et en persan dont quelques unes des paroles sont reprises par les sous titres fran ais des photographies accroch es au mur Pour ce travail j ai film s par ment deux personnes que j ai connues Paris Rola Younes philosophe d origine libanaise de vingt cinq ans j ai pos une s rie de questions inspir es de mes uvres pr c dentes expos es au Jeu de Paume Elle r pond travers son v cu personnel au Liban sa fa on d explorer son identit depuis son arriv e Paris il y a sept ans et sa passion pour les langues yiddish h breu persan ainsi que ses trois langues matemelles fran ais anglais arabe et les cultures correspondantes J ai ensuite invit le philosophe fran ais Jacques Ranci re lire devant ma cam
7. Ewww shalev gerz net la biblioth que id ale d Esther Shalev Gerz I Giorgio Agamben La Communaut qui vient th orie de la singularit quelconque Paris Le Seuil 1090 I Hannah Arendt Vies politiques Paris Gallimard 1074 I Mikhail Bakhtin The Dialogic Imagination Four Essays 1930 Austin et Londres University of Texas Press 1981 I Samuel Beckett Proust Paris Les ditions de Minuit 1990 I Walter Benjamin Paris capitale du xx si cle Paris Les ditions du Cerf 1980 I Elias Canetti Masse et Puissance Paris Gallimard 1986 I Lewis Carroll Alice au pays des merveilles Paris Gallimard 1994 I Gilles Deleuze Pourparlers 1972 1990 Paris Les ditions de Minuit 1900 I Franz Kafka uvres compl tes 4 vol Paris Gallimard 1076 1080 H Jean de La Fontaine Les Fables Paris Le Livre de Poche 2002 I Lucy Lippard Overlay Contemporary Art and the Art of Prehistory New York Pantheon Books 1083 I Maurice Merleau Ponty Le Visible et Invisible Paris Gallimard 1979 I Edgard Allan Poe Le Chat noir et autre contes fantastiques Paris Flammarion 1997 I Jonathan Swift Voyages de Gulliver Paris Gallimard 1976 I Virgile L neide Paris Flammarion 1993 I Frances Amelia Yates L Art de la m moire Paris Gallimard 1087 I Les Mille et Une Nuits Paris Gallimard 2005 d couvrir l exposition Pr sentation des uvres expos es 10 Les commentaires
8. dans le champ des arts plastiques se r f re une conception et une approche particuli res de l uvre d art Selon Le Petit Robert un dispositif est la mani re dont les pi ces les organes d un appareil sont dispos es le m canisme lui m me convient donc de rappeler comment certaines pratiques artistiques contemporaines ont exp riment et reformul les questions d espace et de temps dans l uvre 1 In situ process art art vid o et installation Par le choix de l installation vid o mais aussi la r alisation de projets in situ et d uvres qui exhibent leur processus de cr ation Esther Shalev Gerz r active des strat gies artistiques existant depuis les ann es 1960 au sein de l art contemporain In situ Le concept d in situ une uvre con ue et r alis e pour un espace sp cifique s est d velopp partir de l art minimal puis du land art Pour Robert Morris figure phare de l art minimal l uvre ne peut en effet se r duire un objet L objet n est plus qu un des termes de la relation qui met en pr sence l objet lui m me la lumi re qui l claire et la situation du spectateur qui y est confront Ce qui nous pr occupe maintenant c est la situation totale les relations variables entre l objet la lumi re et le corps humain Les ann es 1960 voient ainsi appara tre l id e que le contexte de l uvre et son interaction avec le spectateur en font partie i
9. examiner non plus seulement les limites physiques de la peinture mais galement les fronti res politiques et sociales du monde de l art Gr ce la d clinaison sur diff rents supports de bandes verticales altern es blanches et color es de 87 millim tres de largeur il explore les potentialit s de ce motif en tant que signe Il passe d une surface plane la troisi me dimension s affranchissant du cadre impos des tableaux et des cimaises Ce glissement de la peinture au papier peint et l affiche lui permet d intervenir dans les espaces publics et institutionnels Pour Esther Shalev Gerz l espace public est envisag comme le v ritable mat riau de l uvre Les commandes institutionnelles auxquelles elle r pond sont l occasion d explorer les sp cificit s conomiques politiques ou sociologiques du lieu dans lequel elle intervient Dans First Generation elle questionne une trentaine d habitants immigr s en Su de Dans MenschenDinge elle aborde l histoire d un camp nazi travers le regard et l exp rience des personnes qui travaillent et actualisent le souvenir le personnel du m morial du camp les scientifiques les arch ologues Ainsi par le biais de la commande publique Esther Shalev Gerz traite des sujets qui traversent la soci t l exil l immigration le vivre ensemble et lie de ce fait l art et le politique Process art En m me temps qu elles s exposent les uvres d Esther Shal
10. histoire Introduction la repr sentation d histoire 1 L image une source historique rep res M moire et t moignage 2 L image un t moin du pass Pistes de travail sommaire 11 13 14 14 16 16 17 18 18 18 19 20 22 d couvrir l exposition Pr sentation de l artiste Esther Shalev Gerz est n e en 1948 Vilnius en Lituanie En 1957 sa famille s installe en Isra l o elle grandira Elle sort dipl m e de l Acad mie Bezalel d Art amp Design de J rusalem en 1979 En 1980 elle s journe New York et enseigne dans diverses coles Son travail dans l espace public d bute en 1983 l ann e suivante elle s installe Paris Elle vit et travaille aujourd hui entre Paris Vancouver et G teborg o elle enseigne depuis 2003 Par le biais de l installation de la vid o et de la photographie cette artiste interroge les fondements de la d mocratie mais aussi les relations entre la m moire culturelle collective et l histoire personnelle les souvenirs individuels l l ment constitutif de tous ses projets artistiques est la participation de l autre de celui qui l on s adresse et dont l image la parole l coute nous concernent nous construisent L implication de l autre les exp riences qui en r sultent marquent la m moire du spectateur et l incitent une prise de conscience de son poque Parmi ses nombreuses interventions artistiques on peut signaler le Monument contre l
11. lin aire r guli rement mesur et descendu Ce qui jusqu alors tait consid r comme une contrainte pour tablir un discours argument et lin aire devient un outil pr cieux pour l histoire culturelle voir l encadr p 13 qui tente non pas de retranscrire les faits mais s int resse plut t aux repr sentations qui en d coulent Le t moignage est un vecteur de cette repr sentation dans le sens o il en montre une partie ou la fa on dont un individu se l est appropri e Esther Shalev Gerz transforme aussi les contraintes du r cit en atout artistique La pi ce White Out met en avant une femme issue de la minorit Saami en Su de dont le rajet personnel nous claire sur les rapports conflictuels entre l tat su dois et une population dont la culture fut r prim e jusqu une poque tr s r cente La confrontation du t moignage personnel et de l histoire officielle nous invite consid rer les individus face aux r cits forg s par les nations comme d positaires d une histoire partielle fond e sur leurs identit s multiples Cet parpillement de l histoire qui n est plus une forme simple et lin aire est renforc par le dispositif des installations d Esther Shalev Gerz qui clate les diff rents l ments d une uvre dans l espace et accentue encore l aspect diffract des r cits oraux qu il expose L interview comme narrateur Outre le t moignage Esther Shalev Gerz utilise l inte
12. nous d un point de vue singulier Rapportez le nous d un point de vue journalistique I cette exposition permettra aux professeurs d histoire et ou de philosophie d examiner avec ses l ves l objet histoire de poser et d explorer les questions de sa possibilit de sa v racit et de sa r alit Images d art et histoire L exposition sera l occasion d explorer avec les l ves les relations que peuvent entretenir l art et la repr sentation de l histoire Cette relation a longtemps pris la forme d un genre majeur en peinture la peinture d histoire dite galement peinture historique voir p 18 Les tableaux repr sentant des v nements La Ronde de nuit de Rembrandt El Tres de Mayo de Goya La Libert guidant le peuple de Delacroix Le Radeau de la m duse de G ricault Le Serment du Jeu de Paume de David pour ne citer que ceux l attestent la pr occupation des artistes t moigner de leur histoire et des v nements qui la ponctuent La persistance de la m moire de l histoire est galement l uvre dans de nombreuses productions artistiques modernes et contemporaines Certains artistes pr l vent dans le r pertoire du pass et op rent des citations vieilles photos objets us s pratiques ancestrales monuments qui ravivent notre m moire et font l histoire L uvre elle m me peut crire l histoire en ce qu elle fait v nement dans l histoire de l art et t m
13. peint l exp rience unique de la rencontre avec le pass Esther Shalev Gerz invite le spectateur une recomposition du pass partir de ses choix formels cadrages dispositifs et des diff rents t moignages dispers s dans l espace de ses installations T moin artiste spectateur c est une vision personnelle ce qui ne veut pas dire n cessairement individuelle et clat e de l histoire que l artiste met en place r M 1 L image une source historique Chez Esther Shalev Gerz l image traduit le rapport complexe que nous entretenons avec la r alit Ses uvres cartent d embl e la croyance selon laquelle les images retranscriraient de fa on objective le r el pour mettre en exergue leur distance avec celui ci e d bat sur la valeur mim tique des images existe Le d bat sur tique d t e longue date et se trouve sans cesse r activ Avec de date etset T A l apparition au xIx si cle de nouveaux supports d enregistrements comme la photographie ou le cin ma artistes et intellectuels ont discut la nature de l uvre d art l re de sa reproductibilit techniques Cette formule est emprunt e au titre d un c l bre texte de Walter Benjamin dans lequel il analyse comment la photographie a contribu la d perdition de l aura propre l uvre d art d sincarn e par sa d clinaison sur d infinis supports Autrement dit le caract re reproductible de la photographie qui s oppose
14. renciers du Jeu de Paume visites comment es destin es aux visiteurs individuels du mardi au samedi 12 h 30 les rendez vous en famille le samedi 15 h 30 r servation requise 01 47 03 12 41 serviceeducatif jeudepaume org Le Jeu de Paume est subventionn par le minist re de la Culture et de la Communication Libert galit Fraternit R PUBLIQUE FRAN AISE Mistere Culturi ommunication Il b n ficie du soutien de Neuflize Vie m c ne principal Neuflize Vie ABN AMRO Les Amis du Jeu de Paume s associent ses activit s L exposition Esther Shaler Gerz a re u le soutien de La Manufacture Jaeger LeCoultre partenaire privil gi du Jeu de Paume qui a produit l uvre Les Ins parables JAEGER LECOULTRE Elle a t r alis e en partenariat avec BLAST Le magazine urbain MAGAZINE QUI DONNE VOIR autour de l exposition rencontre I avec Esther Shalev Gerz aux Beaux arts de Paris l cole nationale sup rieure renseignements www beauxartsparis fr vendredi 19 f vrier 15h visites I visite par Esther Shalev Gerz et Marta Gili commissaire de l exposition mardi 23 mars 19h I visite th matique Dispositif et intervalle par un conf rencier du Jeu de Paume mardi 30 mars 19 h colloque I Puissance de la parole Une r flexion sur les formes du t moignage dans l art d aujourd hui sous la direction de Jean Christophe Royoux h
15. SAT Rite gt SS yg a A OU as AT LES EE D w i CET 7 i ts enseignan Esther Shalev Gerz f vrier juin 2010 dossier dossier enseignants mode d emploi Con u par le service ducatif en troite collaboration avec l ensemble de l quipe du Jeu de Paume ce dossier propose aux enseignants et leurs l ves des outils de r flexion et d analyse pour leur permettre de construire leur propre rapport aux uvres I se compose de deux parties I d couvrir l exposition offre une premi re approche de l artiste et des uvres expos es travers la pr sentation de donn es chronologiques iconographiques et bibliographiques I approfondir l exposition d veloppe plusieurs axes th matiques autour de l image et de l histoire de la repr sentation des encadr s sur des sujets transversaux intitul s rep res et des pistes de travail en relation avec les programmes scolaires bulletins officiels du primaire et du secondaire Nous remercions ce titre Sylvie Blanc professeur d arts plastiques d tach e au Jeu de Paume de 1098 2007 par l Acad mie de Paris pour sa tr s pr cieuse collaboration Ce dossier est remis aux enseignants l occasion des visites pr par es au cours desquelles un conf rencier du Jeu de Paume pr sente les uvres et le projet de l exposition Outre la pr paration de la venue des l ves aux expositions ces s ances sont d
16. Tableaux Paris ditions des archives contemporaines 2008 I Friedrich Nietzsche Consid rations inactuelles et Il Paris Gallimard 1990 I Jacques Ranci re Et tant pis pour les fatigu s Entretiens Paris ditions Amsterdam 2000 articles I Exil exils De l autre c t n 1 printemps 2006 I Image et histoire Vingti me Si cle revue d histoire Paris Presses de sciences politiques octobre d cembre 2001 ressource en ligne I C cile Renault Post documentaire 2 www 104larevue fr artistes renault html 23 Jeu de Paume 1 place de la Concorde 75008 Paris acc s par le jardin des Tuileries c t rue de Rivoli www jeudepaume org renseignements 01 47 03 12 50 mardi nocturne 12h 21h mercredi vendredi 12h 19h samedi et dimanche 10h 19 h fermeture le lundi entr e plein tarif 7 tarif r duit 5 acc s libre aux expositions de la programmation Satellite mardis jeunes entr e gratuite pour les tudiants et les moins de 26 ans le dernier mardi du mois de 17h 21 h visites acc s libre sur pr sentation du billet d entr e aux expositions valable uniquement le jour de l achat et pour les abonn s dans la limite des places disponibles colloques 3 la s ance acc s libre sur pr sentation du billet d entr e aux expositions valable uniquement le jour de l achat et pour les abonn s dans la limite des places disponibles les rendez vous avec les conf
17. a construction de l Europe en regard des pi ces Sound Machine ou White Out entre l coute et la parole Coll ge I Arts plastiques L espace l uvre et le spectateur Les l ves de troisi me poursuivent leur investigation des moyens plastiques et leur r flexion artistique en approfondissant la question de l espace que le travail sur l objet et sur l image a d j permis d aborder Sans d laisser l espace plan ils se sensibilisent la r alit sp ciale de certaines uvres environnement installation uvre in situ vid o Autant de domaines d expression qui peuvent tre explor s dans des s quences d apprentissage afin de conduire les l ves concevoir et projeter l espace l exp rimenter physiquement par la perception et la sensation I Histoire et g ographie L exposition sera l occasion d aborder le contexte de la Seconde Guerre mondiale et du r gime nazi l appui notamment des uvres Entre l coute et la parole derniers t moins Auschwitz 1945 2005 et MenschenDinge et d interroger les notions plus larges de m moire d histoire et de t moignage Nous pourrons galement nous int resser l poque de l industrialisation et de la construction de l Europe en regard des pi ces Sound Machine o White Out entre l coute et la parole Lyc e voies g n rale technologique et professionnelle I Histoire des arts Arts m moires t moignages engagements Cette th mat
18. a pol mique s est concentr e sur la pr sence au sein de l exposition de photographies r alis es depuis l int rieur des chambres gaz Auschwitz par des Sonderkommandost Le fait que ces images parce q qu elles repr sentent l un des rares t moignages du g nocide qui nous soient parvenus puissent restituer orreur des camps fut contest 7 Lun des d tracteurs l h d fut contest 7 L un des d tract Quand l image fait l histoire M moire et t moignage Dans ses installations il s agit pour Esther Shalev Gerz comme le note Jacques Ranci re de raccorder notre pr sent cet autre pr sent Pour ce dernier la m moire est affaire d art c est dire de travail et de recherche pour donner une forme singuli re la capacit de faire et de dire Cette forme appartient tout le monde Nous avons s lectionn des artistes qui ont fait de ce travail l objectif ou le sujet de leurs recherchess T moignages En 1994 Steven Spielberg cr e la Survivors of the Shoah Visual History Foundation ou Shoah Foundation qui se donne pour t che de venir bout des pr jug s de l intol rance du fanatisme et des souffrances qu ils causent en utilisant des fins p dagogiques des t moignages visuels Il s agit d une entreprise de collecte de t moignages film s de survivants de l holocauste mais aussi d homosexuels intern s dans les camps de Roms de t moins de la lib ration des camps
19. afin qu en soit extraite la conilictualit immanente voire la racine carr e comme l exprime Benjamin en jouant sur les mots L o le parti impose la condition pr minente d une partie au d triment des autres la position suppose une copr sence efficace et conflictuelle une dialectique des multiplicit s entre elles Voil pourquoi dit Benjamin on peut prendre position et donner penser de fa on inou e sans avoir au pr alable aucune id e en t te dispositif et spectateur les acteurs de l uvre d art En ouvrant une multiplicit de sens et d interpr tations de l uvre les dispositifs d Esther Shalev Gerz donnent la libert au spectateur de forger son propre jugement Chacune des uvres d Esther Shalev Gerz s offre comme un espace de dialogue o s exp rimente l identit du spectateur citoyen la question Pour toi l art est il au service de quelque chose l artiste r pond La question de la destination de l uvre se pose autrement l artiste ne produit pas des pi ces pour se consoler et ou r soudre ses probl mes personnels mais s engage dans un dialogue qui appara t d abord travers le contact avec le commanditaire puis avec le public Cette ouverture d un espace de dialogue et de participation repr sente pour moi une base d mocratique permettant de tisser des liens autres 1 Robert Morris Notes on sculpture Art Forum 1966 2 Dan Graham
20. ander ensuite aux l ves de rapporter un souvenir de leur mercredi apr s midi et de leur week end Au fur et mesure de cette collecte leur montrer quel registre appartiennent les souvenirs et en quoi ils sont les traces d un temps r volu Dans un deuxi me temps demander aux l ves d op rer un tri dans la bo te selon ce qu ils souhaitent conserver Par cette m taphore l l ve comprendra comment s crit l histoire et comment l importance des choses varient avec le temps Proposer enfin aux l ves une production plastique partir de cette bo te souvenirs afin d en cr er une sculpture Quand l image fait l histoire orientations bibliographiques Afin d approfondir les th mes abord s dans ce dossier nous vous recommandons les lectures suivantes essais I Christian Delage Vincent Guigueno L Historien et le film Paris Gallimard 2004 I Jacques Derrida Mal d archive Paris ditions Galil e 1995 2008 I Okwui Enwesor Archive Fever Users of the Document in Contemporary Art New York International Center of Photography G ttingen Steidl 2008 I Hal Foster Le Retour du r el situation actuelle de l avant garde Bruxelles La Lettre vol e 2005 I Arnaud Lambert Also known as Chris Marker Paris Le Point du jour 2008 I Louis Marin Le Portrait du roi Paris Les ditions de Minuit 1081 I Ga lle Morel dir Photojournalisme et art contemporain les Derniers
21. asser l entendement Didi Huberman revendique galement le geste dangereux et paradoxalement plein d espoir de prisonniers qui leurs risques et p rils ont d fi la r gle implicite du camp celle de la destruction de toute trace Enterrer ces images ainsi qu il le signale c tait lancer une bouteille la mer Ces prisonniers se savaient perdus et le fait que ces images soient arriv es destination ne peut pas nous laisser indiff rents elles nous taient pr cis ment adress es Le seul fait d enregistrer et de s assurer de la p rennit de cet enregistrement demeure pour Didi Huberman un t moignage d existence et de refus de la disparition La photographie est alors autant une image qu elle r ussit incarner une double volont d enregistrement contre l oubli et de transmission Dans ce d bat les deux positions v hiculent chacune des pr occupations qui d passent celle de l objectivit historique des enregistrements La discussion se place ailleurs Dans les deux cas l incompl tude de ces documents n est pas abord e comme un manque mais plut t comme une propri t singuli re Lanzmann isole express ment les t moignages des documents d poque notamment visuels pour mettre l tre humain au centre de son propos le t moin le spectateur Lanzmann comme interm diaire Il s agit d une exp rience d ordre moral Les photographies des camps comment es par Didi Huberman exigent nous dit il un effort de
22. ation d un tat en tant qu organisation politique une nation c est dire un certain nombre d individus qui se consid rent comme li s et appartenant un m me groupe Il repose donc sur la conjonction d une notion d ordre juridique signalant l existence d une forme de souverainet et les institutions politiques et administratives qui l exercent et une notion d ordre identitaire soulignant l appartenance un groupe Dans les pays europ ens l histoire permet de construire un pass commun et de donner un sens l avenir Songeons notamment au r le fondamental qu attribuait Jules Ferry l enseignement de l histoire de France au moment m me de la naissance de la Ille R publique Remarquons galement la fa on dont en France l ducation civique autrement dit les valeurs communes de la nation est li e l enseignement de l histoire La construction d un pass commun se trouve au fondement de la diff rence entre histoire et m moire une diff rence que Pierre Nora dans son ouvrage paru en 1984 Les Lieux de m moire est l un des premiers historiens fran ais soulever Il insiste en effet sur la fa on dont l histoire s crit sous la pression des m moires collectives qui compensent l angoisse de l avenir par la valorisation d un pass qui jusque l n tait pas v cu comme tel Avec le Monument contre le fascisme Esther Shalev Gerz r alise un anti lieu de m moire dans le sens o elle ne cr e pas un ob
23. choix de ses th mes Manet par l introduction de sujets contemporains et quotidiens ou Courbet par la revendication d un naturalisme non id alis Tous lient leur pratique l clatement de ce genre acad mique et participent ainsi la naissance de l art moderne Ce renouveau artistique marque en effet une rupture avec la mouvance historiciste reposant sur la r p tition des mod les antiques Chez Esther Shalev Gerz l utilisation de la vid o ou de la photographie pour rendre compte du pass rejoint une conception benjaminienne de l histoire qui oppose une approche mat rialiste une approche historiciste Pour Benjamin Faire uvre d historien ne signifie pas savoir comment les choses se sont exactement pass es Cela signifie s emparer d un souvenir tel qu il surgit l instant du danger L histoire est l objet d une construction dont le lieu n est pas un temps homog ne et vide mais le temps satur d pr sent Ainsi pour Robespierre la Rome antique tait charg e d pr sent qu il arrachait au continuum de l histoire La R volution fran aise se comprenait comme une seconde Rome Elle citait l ancienne Rome exactement comme la mode cite un costume d autrefois La mode sait flairer l actuel si profond ment qu il se niche dans les fourr s de l autrefois Elle est le saut du tigre dans le pass L historiciste compose l image ternelle du pass le mat rialisme d
24. ction de l histoire par l image les uvres d Esther Shalev Gerz interrogent une longue tradition artistique de la repr sentation en Occident celle de la peinture d histoire Ce genre pictural a pour sujet de grands v nements emprunt s l histoire mais aussi la religion ou la mythologie Une peinture d histoire est un dispositif spatial grande chelle repr sentant un th me du pass entr dans le panth on de l histoire collective Ainsi les th mes bibliques ou mythologiques donnent voir la double origine revendiqu e de la culture occidentale juda que et gr co romaine La repr sentation sculpt e des gloires et des triomphes militaires pouvait tre un symbole ou une all gorie de l tat En ce sens la peinture d histoire tait l quivalent bidimensionnel des monuments con us pour l espace urbain La peinture d histoire tait utilis e pour sa valeur d dification du pass et sa vision id alis e de l histoire Sa valeur descriptive s appuyait sur un travail d une minutie extr me pour recomposer le pass Mais contrairement aux images enregistr es qui donnent l illusion d une exacte repr sentation du r el la peinture d histoire mettait en vidence un travail de composition qui proposait aux spectateurs une perception commune du sujet partir du xxe si cle des artistes s mancipent des r gles de la peinture acad mique et remettent en cause la peinture d histoire Delacroix par le
25. d et silhouette et sur les d calages sonores Dans la pi ce MenschenDinge l attention du spectateur passe alternativement des vid os des interviews install es en contre bas d une table ronde aux autres visiteurs install s en face et tout autour Ainsi la possibilit de voir merger une seule histoire est totalement cart e Avec l interview et plus largement le dispositif Esther Shalev Gerz redonne l image toute sa dimension r flexive 1 Lisa Le Feuvre Nothing is written We all know that Don t we in Esther Shalev Gerz Lyon Fage ditions Paris ditions du Jeu de Paume 2010 p 26 2 Walter Benjamin Sur le concept d histoire 1942 in uvres III Paris Gallimard 2000 3 Walter Benjamin L uvre d art l poque de sa reproductibilit technique Paris Gallimard 2008 version de 1939 4 Andr Gunthert l empreinte digitale Th orie et pratique de la photographie l re num rique dans Giovanni Careri Bernhard R diger dir Face au r el Ethique de la forme dans l art contemporain Paris Archibooks 2008 p 85 05 21 approfondir l exposition 22 5 L v nement les images comme acteurs de l histoire catalogue de l exposition Paris Hazan ditions du Jeu de Paume 2007 6 Les Sonderkommandos initialement Krematoriumskommandos les commandos du cr matoire taient des unit s de travail dans les camps d extermination compos es de p
26. de l artiste sont indiqu s en italique 1 Mahnmal gegen Faschismus Monument contre le fascisme Avec Jochen Gerz Hambourg Harbourg Allemagne 1986 1993 Jeu de Paume vid o couleur muette sur cran 5 min C est en 1986 que le Monument contre le fascisme command par la municipalit de Hambourg Harbourg dans le contexte de la mont e du n onazisme fut inaugur par Esther Shalev Gerz et Jochen Gerz sur une place tr s fr quent e de la ville Cette colonne recouverte de plomb tait accompagn e d un panneau accueillant un texte reproduit en sept langues Nous invitons les citoyens de Harbourg et les visiteurs de cette ville joindre ici leurs noms aux n tres Cela pour nous engager tre vigilants et le demeurer Plus les signatures seront nombreuses sur cette barre de plomb haute de 12 m tres plus elle s enfoncera dans le sol Et un jour elle dispara tra enti rement et la place de ce monument contre le fascisme sera vide Car la longue nul ne pourra s lever notre place contre l injustice En gravant griffant martelant en laissant signatures messages ou commentaires les passants participaient la dynamique du projet d s qu une partie accessible tait recouverte d inscriptions elle tait abaiss e dans le sol Cet enfouissement se d roula en huit phases et depuis 1993 seuls sont visibles au centre de la place le sommet de la colonne et le panneau de textes Pendant la dur e de vi
27. e budget pour qu il le fasse fructifier en bourse pendant la dur e de l exposition l argent n est plus le moyen mais le lieu d une exp rience Le process art affleure diff remment dispositif et spectateur les acteurs de l uvre d art dans de nombreuses d marches qu il s agisse de l arte povera qui exalte la charge symbolique ou nerg tique de mat riaux bruts ou de Support Surface qui en th orise certaines proc dures Le process art remet en cause la conception fixe et stable d une uvre en rendant visible son processus et ses tapes de fabrication En ce sens il d borde le principe moderniste du formalisme formul par le critique Clement Greenberg selon lequel la r flexivit de l uvre et la sp cificit du m dium seraient le contenu m me de l art Le temps notion centrale dans le process art est consid r comme un param tre constitutif de l uvre d art Avec la vid o il en devient le mat riau m me Chez Esther Shalev Gerz la vid o contribue rendre sensible son attention particuli re pour les moments de passage d un tat un autre Dans Entre l coute et la parole derniers t moins Auschwitz 1045 2005 et Sound Machine le temps du dialogue est mis en relief par celui du silence de la r flexion avant la parole Les crans d Entre l coute et la parole derniers t moins figurent et repr sentent les silences ralentis de survivants de la Shoah Ces silences s lectionn s par
28. e dans son travail elle n en constitue toutefois qu un des l ments Lorsqu il s agit d changes et de personnes l artiste recourt la vid o pour enregistrer le propos de son interlocuteur alors que la photographie se r v lera tre son m dium favori lorsque l architecture et les archives entrent en jeu De plus le texte et les l ments sonores g n r s par ses recherches entrent fr quemment en collision avec l image Installation De nombreux artistes ont utilis la photographie et la vid o non pas comme m dium sp cifique ni m me comme trace documentaire mais comme un l ment entrant en interaction avec d autres dans un projet global notamment avec l installation La notion d installation parcourt l art du x si cle elle en t moigne au fil du temps en y int grant les acquis que les avants gardes successives apport rent l volution de l art d cloisonnement des disciplines artistiques assemblage de mat riaux h t roclites et para artistiques fuite des lieux institutionnels participation active du spectateur ind termination et choix de l ph m re Aujourd hui l installation est le lieu de r flexion sur le cadre o l art se manifeste lieu des implications formelles symboliques et id ologiques que cet espace joue dans la r ception de l uvre Elle interroge ainsi les codes qui conditionnent les relations art spectateur lequel en se d pla ant d couvre l impossible g
29. e fascisme r alis en collaboration avec Jochen Gerz et inaugur Hambourg Harbourg en 1986 ainsi que deux installations li es la m moire des camps de concentration Entre l coute et la parole derniers t moins Auschwitz 1045 2005 et MenschenDinge respectivement pr sent es l H tel de Ville de Paris en 2005 et au M morial de Buchenwald Weimar en 2006 l occasion de sa premi re r trospective en France Esther Shalev Gerz a choisi de proposer une nouvelle pi ce intitul e D eux produite par le Jeu de Paume qui prolonge les th mes forts traversant l ensemble de son uvre l espace public la m moire le t moignage l exil l identit tout en voquant la ville de Paris o l exposition a lieu L espace public Depuis le d but des ann es 1080 Esther Shalev Gerz travaille presque exclusivement dans le cadre de commandes intimement li es aux lieux o ces travaux sont expos s ou diffus s Certaines uvres dialoguent plus sp cifiquement avec des espaces publics ouverts en dehors de l espace relativement clos du mus e Elles impliquent ainsi un rapport plus direct parfois participatif au spectateur et s adressent un public plus large Une telle d marche trouve une r sonance profonde dans les th matiques engag es que l artiste ne cesse de revisiter depuis le d but de sa carri re R cit et oralit Le t moignage Entre l coute et la parole titre de l une des uvres d Esth
30. e les objets apparaissent en tant qu images montr es sur les crans et dans leurs mains sur les photos Le spectateur pouvait voir parler ces personnes et gr ce des couteurs sans fils entendre leurs paroles diffus es par un proc d lectro acoustique sp cial Aux murs de la salle rythm s par les fen tres donnant sur le camp taient accroch es 25 photogrammes tir s des films montrant chaque fois l un des objets tenu dans la main de celui qui le pr sente dans deux positions diff rentes Ces images arr t es apparaissent comme des doubles portraits de la rencontre d un corps et d un objet trace d couvrir l exposition 10 Photo Arno Gisinger Jeu de Paume 10 Echoes in Memory National Maritime Museum Greenwich Angleterre 2007 Jeu de Paume installation 2 vid os noir et blanc muettes sur crans 10 min et 10 photographies noir et blanc contrecoll es sur aluminium et mont es sous Diasec Courtesy galerie Baudoin Lebon Paris Le vide du grand hall de la Queens House tait impressionnant Non seulement parce qu il tait vide d objets et qu il s agissait d un cube parfait mais aussi parce qu on voyait encore la lourde structure d un cadre au plafond qui indiquait qu une peinture murale s y trouvait auparavant Ce tableau vanoui a t peint par Orazio Gentileschi avec l aide raconte t on d Artemisia sa fille peintre Il a t d plac et se trouve aujourd hui dans un autr
31. e lieu o il a t d coup et ajust pour convenir un nouveau cadre Il repr sentait une all gorie dite de la paix et des arts lib raux aux temps de la Couronne ceux ci figur s par vingt quatre personnages f minins Deux crans pr sentaient des vid os muettes Au premier regard on pouvait penser qu il s agissait du m me film mais ce n tait pas le cas bien que certains l ments film s des personnes regardant la cam ra soient identiques De subtiles dissemblances et parfois un personnage immobile apparaissant telle une sculpture derri re la personne l image provoquaient une sorte de vertige perceptif J ai parl avec de nombreuses personnes de ce b timent trange de la peinture et de leurs histoires complexes J ai travaill sur les on dit en interviewant le personnel du mus e Puis j ai r p t des tierces personnes ce que je venais d apprendre en les filmant Leurs paroles elles furent ensuite mont es sur une bande son diffus e dans l angle de la salle oppos la vid o Dans la seconde version la bande son a t remplac e par des sous titrages dans les vid os Deux versions de la traduction apparaissent sur les crans Au premier tage sur la galerie taient accroch es vingt quatre images repr sentant chacune une figure f minine sculpturale r alis e dans un mat riau d aspect m tallique ressemblant aux personnages immobiles apparaissant dans les vid os
32. en vidence les intervalles entre le discours et la parole l image et le son Sound Machine ou entre l image et le texte Echoes in Memory First Generation criture et image sont les l ments constitutifs de mes portraits Elles se compl tent et se perturbent la fois ouvrant un espace dialogique instable 5 L id e d intervalle se retrouve chez le peintre Ren Magritte o le dispositif de l uvre r side dans la relation entre le tableau et son titre ou encore entre le mot pr sent dans le tableau et une image par exemple l image d un uf titr e accacia Magritte joue sur une po tique de la disjonction La philosophe Catherine Perret remarque comment apr s une f lure cr e dans l ordre de la repr sentation classique ces deux p les ainsi arbitrairement et soudainement s par s sont naturellement aussit t repris par l vidence repr sentative Avec Magritte l incongru des associations montre que le spectateur est son tour capable d int grer l effet de disjonction image mot pour entrer dans un espace de perception o l vidence repr sentative fait parler les objets et voir les id es de telle sorte que voulant rattraper l un et l autre ce d s quilibre ils sortent de leur identit et d objet et d id e 4 Ce que Magritte fait au tableau cette disijonction des parties au sein d une forme classique Esther Shalev Gerz le rejoue dans le portrait gr ce aux dispositifs qu elle met en
33. en face face quinze petits crans munis de lecteurs DVD et de casques individuels la disposition du visiteur afin qu il puisse consulter le t moignage son gr L espace de l exposition restait silencieux et clair Au fond de la salle accroch s entre les arcades se c toyaient trois grands crans qui montraient le m me film d cal de 7 secondes un montage au ralenti de visages capturant cette fois ci non les paroles mais les moments entre les mots silences ouvrant ainsi un espace temps filmique autre hors de la logique langagi re celui d une m moire sensible et corporelle J ai pr lev les inter dits des enregistrements les moments entre la question pos e et la r ponse afin de faire le portrait des t moins partir de leurs silences Les t moignages des soixante personnes sont consultables au M morial de la Shoah Paris 7 Sound Machine Mus e d Art de Norrk ping Su de 2008 Jeu de Paume installation 2 projections vid o couleur muettes 6 min 6 textes sur toile et bande sonore 15 min Courtesy galerie Baudoin Lebon Paris J avais t intrigu e par le paysage industriel un quartier d anciennes usines textiles restaur es Aujourd hui tout est propre et calme alors qu auparavant le lieu tait marqu par une r alit industrielle et le vacarme des machines J ai choisi de travailler avec des femmes enceintes l poque et leurs filles aujourd hui adulte
34. er 1998 I Michel Enrici Brice Matthieussent Esther Shalev Gerz Les Portraits des histoires Belsunce Marseille Marseille Images en Man uvres 2000 I Esther Shalev Gerz Les Portraits des histoires Aubervilliers Paris ditions de l ENSBA 2000 I Esther Shalev Gerz Est ce que ton image me regarde Geht dein Bild mich an Hanovre Sprengel Museum 2002 E Tv installationer Stockholm Historiska Museet 2000 E Institution En Workshop p Konsth gskolan Valand 2003 G teborg Konsth gskolan Valand 2003 I Esther Shalev Gerz Daedal us Dublin Fire Station Artists Studios 2005 I Christel Weiler dir Die Berliner Ermittlung von Jochen Gerz und Esther Shalev Gerz Theater als ffentlicher Raum Berlin Theater der Zeit 2005 E First Generation Fittja Su de Multiculturel Centre Botkyrka 2006 E MenschenDinge M morial de Buchenwald 2006 E The Thread en collaboration avec CCA Glasgow Aje Aje 2008 I Esther Shalev Gerz catalogue de l exposition Lyon Fage ditions Paris ditions du Jeu de Paume 2010 num ro sp cial IE The Place of Art Esther Shalev Gerz AtMonitor universit de G teborg n 2 2008 pr sentation de l artiste MenschenDinge L Aspect humain des choses 2004 2006 Vue de l installation au Jeu de Paume 2010 Collection des M moriaux de Buchenwald et de Mittelbau Dora Weimar Photo Arno Gisinger Jeu de Paume ressource en ligne
35. er Shalev Gerz souligne combien l intervalle entre le t moin qui raconte et le spectateur qui l coute est au centre de son travail Intervalles temporels pr sent du r cit et pr sent de l coute intervalles spatiaux du d cor de l image au dispositif visuel intervalles auditifs le silence de celui qui r pond est parfois plus saisissant que les mots autant d carts produisant des portraits complexes d individus face au groupe et l Histoire Le t moin par son point de vue subjectif rend visible l cart qui existe entre l Histoire et l exp rience propre que chaque spectateur a du pass met galement au jour le travail de r appropriaiton du pass effectu par chaque individu pour mieux comprendre le pr sent chos de m moire la mani re de l arch ologue qui reconstitue une civilisation disparue l aide de simples vestiges Esther Shalev Gerz demande des personnages contemporains de devenir les narrateurs d espaces d objets ou de personnages qui resurgissent du pass Ces m diations complexes mat rialisent un travail de m moire en train de se faire l empreinte en creux des disparus appara t travers des t moignages indirects et des images fragmentaires orientations bibliographiques monographies et catalogues d exposition E Mahnmal gegen Faschismus Stuttgart Hatje Cantz 1993 I irr parable Mus e municipal de La Roche sur Yon 1006 Die Berliner Ermittlung Berlin Hebbel Theat
36. estin es laborer les axes de travail qui seront d velopp s en classe contacts Matthias Tronqual responsable du service ducatif matthiastronqual jeudepaume org Pauline Boucharlat charg e des publics scolaires 01 47 03 04 95 paulineboucharlat jeudepaume org Marie Louise Ouahioune r servations des visites et des rencontres th matiques en classe 01 47 03 19 41 serviceeducatif jeudepaume org Conf renciers et formateurs 01 47 03 12 49 Sabine Thiriot sabinethiriot jeudepaume org Juan Camelo juancamelo jeudepaume org Louise Herv louiseherve jeudepaume org ann e scolaire 2010 2011 I la formation des enseignants Le service ducatif proposera aux enseignants un programme de formation continue en articulation avec les expositions du Jeu de Paume En accord avec ses missions le service ducatif souhaite permettre aux professeurs de b n ficier d une relation r guli re avec les uvres et contribuer ainsi leur enrichissement culturel long terme I les partenariats scolaires Permettre aux l ves de s initier la culture visuelle de l poque moderne et contemporaine et de s approprier une r flexion sur la question de l image en s appuyant sur les expositions du Jeu de Paume tel est le but de ces partenariats Leur programme labor en fonction des objectifs des enseignants et du niveau des l ves est constitu de modules visites pr par es visites des trois expositions
37. et de personnes ayant aid et prot g les pers cut s Ces survivants sont souvent g s d o l urgence de la collecte 52000 t moignages dans 56 pays et en 32 langues dont plus de 1 800 en fran ais ont t recueillis en l espace de six ans Certains t moins n avaient encore jamais racont leur exp rience En France en 2004 le M morial de la Shoah en collaboration avec la Mairie de Paris a recueilli une soixantaine de t moignages de survivants ce projet auquel Esther Shalev Gerz a particip a donn lieu l exposition Derniers t moins Auschwitz Birkenau 1945 2005 pr sent e de janvier mars 2005 l H tel de Ville de Paris Le projet documentaire recueillir les derni res traces de l exp rience des survivants s est articul autour de la n cessit de donner ces t moignages une r sonance dans le pr sent et dans la conscience du spectateur Esther Shalev Gerz a ainsi con u l exposition comme un dispositif de transmission construit autour du t moin et de celui qui l coute Fiction et m moire Au milieu des ann es 1980 Christian Boltanski commence une s rie d installations intitul es Monuments compos es de photographies pr sent es dans de petits cadres en fer blanc clair s d ampoules lectriques Boltanski tire grand avantage de ce proc d sp cifique en se rapprochant au plus pr s des visages il ne r alise pas seulement un agrandissement mais vacue tout contexte for a
38. ethe Le film montre le paysage entre Weimar et Buchenwald travers le pare brise et les fen tres d un taxi dont le chauffeur raconte l histoire des lieux travers s Parfois l image vacille ralentit se d double semble se d caler d elle m me ouvrant un espace temps pour la lecture de citations extraites de textes sur les anges de Paul Klee Walter Benjamin Gershom Sholem Franz Kafka ou Heiner M ller L installation comporte aussi neuf photographies extraites du film ainsi qu une horloge deux cadrans dont les aiguilles tournent en sens oppos s et une double chaise sans dossier o deux personnes doivent s asseoir en m me temps Mais l ange ressemble tout ce dont j ai d me s parer aux tres et particuli rement aux choses Il loge dans les choses que je n ai plus Il les rend pr sentation des uvres expos es transparentes et derri re chacune d elles m appara t celui qui elles sont destin es C est pourquoi personne ne peut me surpasser pour ce qui est d offrir En fait l ange tait peut tre attir par quelqu un qui offre et part les mains vides Walter Benjamin Agesilaus Santander 2 version Ibiza 13 ao t 1033 9 MenschenDinge L Aspect humain des choses M moriaux de Buchenwald et de Mittelbau Dora Weimar Allemagne 2004 2006 Jeu de Paume installation 5 vid os couleur sonores sur crans 12 23 min chaque et 25 photographies couleur contrecoll es sur aluminium e
39. ev Gerz montrent leurs conditions de production C est par la connaissance de ces conditions et protocoles de production que le spectateur peut commencer lier un dialogue avec ces uvress Cet aspect du travail de l artiste est particuli rement perceptible dans White Out entre l coute et la parole qui confronte le spectateur deux vid os d composant le processus de construction de l uvre L une montre une femme en train de parler et l autre la m me femme en train d couter ses propres paroles Parce qu elles int grent cette dimension r flexive et processuelle les uvres d Esther Shalev Gerz se r approprient l h ritage du process art Plus qu un mouvement cette appellation renvoie une posture qui partir des ann es 1060 tend exposer un mat riau pour ses potentialit s propres En sont ainsi exemplaires les assemblages autostabilis s que r alise Richard Serra avec ses plaques d acier elles ne se maintiennent que gr ce leur poids et leur r sistance Parce que certains artistes Eva Hesse Robert Smithson ses d buts ont recours des mat riaux mous caoutchouc argile plomb fondu qui conservent la trace des gestes ou des manipulations le process art a pu tre tax de simple artisanat par les tenants de l art conceptuel Mais on peut le comprendre d une tout autre mani re comme lorsque Robert Morris invit par le Whitney Museum demande l institution de lui confier l
40. galerie Baudoin Lebon Paris Sur l une des fa ades vitr es du b timent sont projet s de tr s lents balayages sur des visages humains en gros plan On n aper oit jamais les visages entiers les vues sont toujours fragmentaires mais la proximit de l objectif permet de voir tous les d tails de la peau et des traits L installation n est visible que pendant la nuit d couvrir l exposition Photo Arno Gisinger Jeu de Paume Il s agit d une uvre permanente con ue pour l espace public du Multicultural Centre Botkyrka J ai d cid de poser quatre questions trente cinq habitants de Botkyrka issus de la premi re g n ration d immigr s de toute nationalit En venant vous installer ici Qu avez vous perdu Qu avez vous trouv Qu avez vous re u Qu avez vous donn Je les ai film s coutant leurs propres r ponses lls sont capt s de tr s pr s de trop pr s pour que l on reconnaisse leur visage Le son n est audible qu l int rieur du Centre en revanche l image reste visible aussi bien l int rieur qu l ext rieur La bande son et les images du film ne sont pas synchronis es Les voix communiquent observations et impressions intimes J ai d cid de s parer le son de l image D un c t ce sont les paroles des participants avec leur mani re d voquer leurs exp riences personnelles de l autre ce sont des corps des apparences physiques Le spectateur per oit les unes et les au
41. i r pond dans l ouvrage Images malgr touP Pour lisabeth Pagnoux et le psychanalyste G rard Wajcman qui appuient le parti pris de Lanzmann dans Shoah l image photographique parce qu elle est en tant que simple document dans un tat d incompl tude participe l effort d extermination subi par les victimes des camps de concentration Incompl te d un point de vue humain et par l d r alisante d un point de vue visuel la photographie est au mieux rel gu e au rang de trace informative Dans Shoah en revanche le t moignage tend reconstituer l l ment essentiel de ces faits historiques savoir une pr sence humaine que la structure des camps avait pour t che de faire dispara tre En ce sens la d marche m me du film Shoah excluant explicitement les documents d poque et se recentrant sur les survivants est une uvre qui s labore directement contre le ph nom ne concentrationnaire ces objections Didi Huberman n oppose pas une attaque contre le principe du film Shoah mais un d placement vers ce qu il consid re tre le contenu m me de ces images photographiques Il pointe un effet de proximit d identification et de malaise produit par des images qui montrent la banalit de l horreur dans le quotidien des camps Ce sont les d tails morbides autant que les d tails apparemment sans importance rebords de fen tre for ts au loin qui nous interrogent sur des faits qui continuent aujourd hui d p
42. ie de retenir l histoire racont e Pour l auditeur sans parti pris l essentiel est de s assurer qu il pourra restituer fid lement ce qu il a entendu 4 Benjamin crivait quelques pages auparavant Plus le conteur renonce naturellement toute diff renciation psychologique plus ces histoires pourront pr tendre rester dans la m moire de l auditeur plus elles se couleront parfaitement dans sa propre exp rience et plus il prendra finalement plaisir un jour ou l autre les raconter son tour Ce processus d assimilation qui se d roule au plus profond de nous m mes exige un tat de d tente qui devient de plus en plus rare Plus l auditeur s oublie lui m me plus les mots qu il entend s inscrivent profond ment en lui s Cet oubli de soi Benjamin le pense travers le travail r p titif d un artisan ou d un paysan d autrefois Dans ce contexte les conditions de m morisation de la narration sont per ues comme tant id ales gr ce l aspect paradoxal d une demi coute produite par l tat d une distraction mutuelle entre le travail et l coute Les installations d Esther Shalev Gerz s opposent au contraire cet tat de distraction Le spectateur est tenu sans cesse en veil gr ce aux interviews film es et l oralit qui se d multiplient et mettent en vidence cette diff renciation psychologique dont parle Benjamin Le dispositif du portait joue sur les diptyques sur la distinction entre fon
43. ielberg avait fait construire un d cor proximit des ruines d un v ritable camp Le d cor l abandon ressemblait de plus en plus aux ruines du camp au sortir de la Seconde Guerre mondiale Dans la vid o les moignages des habitants les plus g s se brouillent aussi substituant aux v nements pass s des souvenirs du tournage En effa ant les fronti res entre l histoire et la reconstitution Omer Fast montre ainsi quel point l image construit nos souvenirs 1 Jacques Ranci re Le travail de l image in Esther Shalev Gerz catalogue de l exposition Lyon Fage ditions Paris ditions du Jeu de Paume 2010 p 22 2 Ibid 3 Voir ce titre le colloque organis par le Jeu de Paume autour de l exposition Puissance de la parole une r flexion sur les formes du t moignage dans l art d aujourd hui Lynn Gumpert Christian Boltanski Paris Flammarion 1992 Itzhak Goldberg Boltanski metteur en sc ne de la m moire Beaux Arts Magazine n 307 janvier 2010 Ibid uR 19 approfondir l exposition 20 de cette exposition fut Claude Lanzmann journaliste directeur de la revue Les Temps modernes et cin aste qui avec Shoah film documentaire de neuf heures et demie sur l extermination des Juifs d Europe a fait le choix de travailler exclusivement partir de t moignages de survivants Georges Didi Huberman historien de l art et commissaire de l exposition lu
44. ique inscrite dans les champs historique et social invite souligner les rapports entre l art et la m moire Elle invite explorer l uvre d art comme recueil de l exp rience humaine et acte de t moignages Arts artistes critiques publics Dans le champ esth tique la th matique Arts artistes critiques publics invite replacer les uvres d art dans rep res L histoire culturelle N dans l historiographie fran aise au cours des ann es 1980 le courant de l histoire culturelle est actuellement en cours de reconnaissance institutionnelle m me si l on peut difficilement parler d cole il n y a pas de centre vou cette approche mais un r seau d tablissements qui la d fendent l EHESS et la Sorbonne en France Berkeley aux tats Unis L histoire culturelle ne privil gie aucune p riode historique bien qu elle ait d abord revisit les p riodes anciennes m di vale en particulier o les sources crites faisant d faut les chercheurs se sont plut t orient s vers l analyse anthropologique des images et des artefacts et bien qu elle rencontre plus de r sistance dans l tude de la p riode contemporaine L histoire culturelle est issue en partie de courants historiographiques qui se sont attach s dans la seconde moiti du x si cle renouveler l approche des structures sociales Elle s int resse aux attitudes devant la vie pour citer l un de ses pr curseur
45. istorien de l art et critique d art avec Esther Shalev Gerz Amar Kanwar Salem Mekuria et Nalini Malani artistes et Bruno Karsenti sociologue et directeur d tudes l EHESS De plus en plus d artistes utilisent l entretien film pour t moigner d v nements historiques tragiques ou enqu ter sur des sujets ou des notions ayant de fortes implications politiques et culturelles Strat gique le recours l entretien et au recueil de t moignages vise impliquer la participation d acteurs les plus divers l uvre en cours L artiste s institue en m diateur d une m moire et b tisseur d un discours en devenant tout la fois historien journaliste sociologue et documentariste De l agora d mocratique au m morial qui renouvelle compl tement la forme monumentale le colloque s arr tera sur les usages artistiques de la parole en tant que t moignage mais galement sur leurs multiplications et sur ces moments singuliers o la voix devient image ou l image elle m me une autre voix L utilisation de l entretien s inscrit par ailleurs dans la tradition de la sociologie Un exemple en est La Mis re du monde 19923 de Pierre Bourdieu dont Bruno Karsenti proposera une lecture critique Le va et vient entre les m thodes de l art d aujourd hui et celles de la sociologie permettra ainsi d interroger de telles strat gies artistiques Projection d ouverture Puissance de la parole de Jean Luc Godard 1088 25 mercredi 26 mai
46. jet qui devient le lieu d une m moire commune mais plut t un lieu o se superposent s entrechoquent des m moires individuelles et o la synth se de ces derni res travers un seul objet ou discours devient impossible Alors que la m moire puise dans le vivier des souvenirs directs ou transmis et dans le stock d informations re ues par les canaux ayant un statut officiel l histoire se d finirait comme volont de comprendre mise en r cit probl matis e transformation en pens e de ce qui est ordinairement de l ordre du v cu affectif et motionnel ou du syst me de repr sentations En ce sens la d marche d Esther Shalev Gerz se nourrit de l approche de l histoire culturelle voir l encadr p 13 L artiste questionne les repr sentations des individus travers leurs r cits leurs t moignages leurs relations actuelles aux objets ce qui transpara t particuli rement dans l uvre MenschenDinge Chez Esther Shalev Gerz l image traduit aussi l ambigu t qui existe entre l histoire et la m moire Ainsi que le remarque Lisa Le Feuvre Les uvres de Shalev Gerz sont profond ment visuelles et quoiqu elles explorent la m moire elles refusent la s duction de la nostalgie Bien plut t elles explorent la fa on dont les images se construisent introduisant le visuel la jonction de la m moire et de l Histoire est important de noter que celles ci sont toujours produites partir de l ac
47. l artiste sont ceux qui ont eu lieu entre la question et la r ponse lors d entretiens pr alablement r alis s Ces th mes diff rents mais souvent rapproch s du silence de l archive manquante du d placement de l tude du sens son absence de l incapacit transmettre l exp rience concentrationnaire sont devenus des topo en histoire depuis une trentaine d ann es Mais ce qui semble plus en jeu dans le travail d Esther Shalev Gerz c est la mani re dont justement ces silences travaillent et qui ne font pas appara tre un manque mais qui sont en soi une proposition de t moignage de transmission litt ralement a narrative qui fonctionne sur le principe d un dialogue muet entre l uvre un dispositif de monstration et un dispositif de filmage et son spectateurs Art vid o Pour Esther Shalev Gerz le choix de la vid o se justifie par le souhait d utiliser les m diums d aujourd hui et de questionner les usages qu en fait la soci t Elle r active l int r t des premiers artistes qui se sont appropri la vid o et l ont d plac hors du champ t l visuel L art vid o provient d une interaction entre l histoire de la performance des nouvelles technologies et de la sculpture L environnement l installation l v nement le happening la performance autant de termes servant d signer un certain nombre de pratiques artistiques de la seconde moiti du x si cle pratiques
48. l unicit de l uvre d art en alt re l originalit m me L apparition de la photographie num rique et par cons quent la possibilit accrue de retoucher les images a quant elle remis en cause la th se moderniste de l indicialit photographique l id e d une relation physique entre le signe et sa source pnysiq nonc e par Rosalind Krauss en 1977 et conduit les historiens s interroger sur la valeur testimoniale de l image Mais au del m me de l id e d une possible alt ration des enregistrements photographiques ou filmiques les d bats r cents ont attir l attention sur le fait que q le contexte de production et de diffusion des images constituent un prisme singulier pour envisager les v nements est int ressant de mentionner ce titre l exposition L v nements pr sent e au Jeu de Paume en 2007 qui proposait une s lection de repr sentations de moments historiques significatifs au travers de grands q motifs tels la bataille la guerre de Crim e l attentat le 11 septembre la r volution sociale les cong s pay s ou la mise mort des symboles la chute du mur de Berlin L exposition a contribu montrer comment p les images construisaient l actualit L exposition M moire des camps organis e par le Patrimoine photographique l H tel de Sully en 2001 a relanc le d bat autour du statut de l image et de sa validit en tant que source historique L
49. le l ouest du Canada Parois j ai laiss le fond vert Les quatre protagonistes de ce travail les deux personnes et les deux les n ont pas de connexions imm diates mais pr sentent ce trait commun d avoir connu ou de subir une profonde reconfiguration gr ce au brouillage des limites physiques ou mentales approfondir l exposition Introduction Le travail d Esther Shalev Gerz interroge la place de l histoire dans notre soci t et particuli rement la fa on dont chaque individu s approprie l histoire de son pays ou de sa communaut pour appr hender son devenir Install e en Isra l l ge de 9 ans elle fait l exp rience de cette confrontation entre son histoire personnelle et celle de son pays d accueil Nous sommes all s vivre en Isra l o l l histoire est tr s pr sente Les programmes p dagogiques de l tat consid rent traditionnellement comme devoir de m moire de nommer les pers cutions des Juifs depuis l gypte jusqu l holocauste Mais la visite annuelle du m morial de Yad Vashem lieu charg d Histoire s il en est tait pour moi en m me temps un lieu de rencontres avec des amis Les deux visages de cet endroit m ont toujours tonn e Ce qui m int resse ce sont les gens leurs paroles leurs silences leur v cus leurs mani res de r sister et de traverser leur histoire Esther Shalev Gerz travaille en Europe o est n e la notion d tat nation Ce terme d signe l associ
50. lobalit de l uvre Il lui est laiss l initiative de structurer et de m moriser ses r seaux multiples pour la reconstituer mentalement L installation chez Esther Shalev Gerz joue effectivement ce r le le spectateur se r approprie les l ments d une globalit pour en faire sa propre histoire Installation et processus sont de ce fait les m canismes qui permettent l artiste de rendre visible le travail de construction de la m moire ou de l histoire Le privil ge de l installation vid o est d impliquer globalement le visiteur en sollicitant tous ses sens Le corps n y est jamais confront au seul dispositif lectronique mais aussi un espace d termin L enjeu consiste produire certains effets sur le comportement du visiteur veiller chez lui des sensations susceptibles d ouvrir diverses interrogations Parce qu en art plus qu ailleurs une pens e se d veloppe toujours dans un espace l installation vid o d finit un espace r el que le spectateur va son tour retraduire en espace mental 15 approfondir l exposition 16 2 Dispositif et intervalles Si l installation est devenue un m dium artistique le dispositif a trait la mani re dont les diff rents l ments sont agenc s Pour Anne Marie Duguet le dispositif est un syst me complexe o se d termine selon des modalit s spatiotemporelles et des conditions d exp riences particuli res l infinit
51. ls ne vouent pas le spectateur la contemplation et n accentuent pas l aspect sacr d une communaut en un lieu unique lls questionnent plut t ces lieux au travers de la sollicitation des participants du public pour ouvrir un espace l exp rience in dite d un partage du sensible Au National Maritime Museum de Greenwich et au M morial de Buchenwald Weimar j ai travaill avec les personnes faisant fonctionner les institutions pour m approcher de ces lieux au travers de la perception de ceux qui les font vivre Ainsi la question de la destination se pose autrement le spectateur ne se trouve pas seulement face une V rit mais face des personnes qui lui proposent une multiplicit de connaissances historique sociale ou politique et la fois diff rentes mani res de les noncer Telle est la place qu Esther Shalev Gerz propose au spectateur Le dispositif parce qu il met en place des intervalles permet au spectateur de se forger sa propre vision de l uvre C est d ailleurs lui seul que revient ce choix La place qu Esther Shalev Gerz donne au spectateur peut s appr hender travers le processus de montage d crit par le philosophe Georges Didi Huberman dans la postface du livre du photographe d Arno Gisinger Konstellation Walter Benjamin en exil Le montage poss de bien ce caract re destructeur par lequel un mod le pr alable de r cit de temporalit en g n ral se voit disloqu
52. ne reconstruction intellectuelle du pass il est dat unique r volu et il ne prend sens que lorsque l homme en prend conscience Cette perception de l histoire est implicitement l uvre dans le travail d Esther Shalev Gerz En classe on pourra l introduire ou approfondir d un point de vue th orique la probl matique de la r alit historique qui renvoie notamment aux questions du regard et de la m moire collective et individuelle I aborder cette probl matique par la pratique en situation en demandant aux l ves de consid rer un v nement dont chacun a fait l exp rience s par ment mais au m me moment I faire raconter aux l ves leur version d un v nement comparer leurs r cits entre eux et les confronter leurs traitement dans la presse afin de r fl chir notre perception de l histoire I fabriquer des archives avec les l ves autour d un v nement survenu l cole Cela permettra de r fl chir aux notions de g n ral et de particulier d objectivit et de subjectivit I explorer avec les l ves les relations que le t moignage entretient avec la mise en m moire de l v nement et l criture de l histoire L Histoire avec un grand H est faite d histoires au pluriel Et les souvenirs personnels ne figurent pas toujours dans les livres scolaires Vous aussi vous avez peut tre v cu un moment historique en France ou l tranger Racontez le
53. nouvelles nouvelles terminologies L utilisation de l image vid o est in dite autour des ann es 1960 et il faut qu elle se fasse une place dans le champ des pratiques reconnues de l art tant d un point de vue mat riel que conceptuel pour pouvoir acqu rir une l gitimit artistique Cette revendication de faire entrer une image aussi triviale dans le champ des arts plastiques a tout d abord oblig les artistes et les institutions trouver des modes sp cifiques de pr sentation qui ne puissent pas tre confondus avec le mode de diffusion naturel de la vid o c est dire la t l vision D s la fin des ann es 1970 Nam June Paik d clarait que l art vid o de demain c est l installation art du temps et de l espace absolus et il faudra poss der le code de lecture de cet art nouveau l histoire n a pas d menti ces propos qui tentaient d identifier la vid o dans son rapport l art Il a donc fallu mettre en sc ne sc nographier en quelque sorte l image lectronique afin qu elle puisse se confronter se comparer des pratiques nouvelles mais reconnues par le monde de l art ou bien faisant r f rence des cat gories plus classiques comme la sculpture l architecture ou le th tre Utilis en tant qu objet de consommation l cran s est transform en support d expression pour l artiste Cette conception de la vid o se lit pleinement dans l uvre d Esther Shalev Gerz Si l image est tr s pr sent
54. nt grante tout autant qu ils la m diatisent Tandis que la structure laquelle se r f rait le pop art am ricain du d but des ann es 1960 tait l information culturelle contenue dans les m dias l art minimal du milieu la fin des ann es 1960 consid rait le cube int rieur de la galerie comme cadre de r f rence contextuel ultime ou comme support aux uvres d art Cette r f rence tait seulement d ordre compositionnel Au lieu d une lecture compositionnelle interne de l uvre la galerie d terminait la structure formelle de l uvre en relation avec la structure architecturale int rieure de la galerie Le fait que l uvre soit assimil e au contenant architectural tendait la litt raliser le contenant ainsi que l uvre contenue l int rieur se voulaient d pourvus de capacit d illusion comme neutres objectivement factuels c est dire limit s leur apparence mat rielle La galerie fonctionnait litt ralement comme partie de l uvre d art L artiste Daniel Buren formule la notion d in situ dans les ann es 1960 pour des uvres s inscrivant dans un lieu unique et prenant en compte ses sp cificit s architecturales g ographiques et sociologiques Il fait un emploi syst matique du terme pour d signer les modalit s d un travail li une commande d truite la fin de son exposition et ne subsistant que gr ce des images souvenirs Le travail de Buren est l occasion d
55. nt le spectateur une confrontation avec le sujet de la photographie intensifiant ainsi l imm diatet physique de leur rencontre Les salles que seules les ampoules clairent sont dans la p nombre et les photographies floues impr cises forment des iconostases la ques et t n breuses5 Mais rien n est dit sur ces anonymes mis en sc ne victimes ou personnes ordinaires entre authentique et faussement authentiquef Pour Boltanski les v tements tout comme les photographies peuvent voquer l id e de la mort ils ont en commun d tre simultan ment une pr sence et une absence Dans sa s rie intitul e Canada 1988 le titre faisait implicitement r f rence au nom donn par les nazis aux entrep ts o les arrivants des camps devaient se d faire de leurs possessions Boltanski recouvre les murs de centaines de v tements tout fait contemporains Si Boltanski ne mentionne jamais directement le g nocide dans ses pi ces ce pass resurgit sans cesse en filigrane Dans la vid o Spielberg List 2004 l artiste isra lien Omer Fast interroge ce rapport entre t moignage et repr sentation et en particulier la repr sentation film e Dix ans apr s La Liste de Schindler qui contribua a onner la repr sentation de la m moire collective du g nocide aux tats Unis il se rend dans la r gion de Cracovie en Pologne o quelques habitants furent engag s comme figurants l poque du tournage du ilm Sp
56. oigne d un tat du monde en r investissant certaines formes embl matiques de la m moire le patrimoine le site l objet l difice l inscription le vestige la relique le d bris la ruine la trace En classe on pourra I explorer les notions d art sociologique et d art ethnologique I tudier comment les mouvements artistiques constituent chacun leur fa on une mise en forme sp cifique de l histoire de leur poque Les pistes suivantes sont la base d un travail plastique ou litt raire autour des relations entre la repr sentation de l histoire et l art I l exploration de l image m diatis e comme m moire collective ou individuelle I l esth tique du simulacre I le singulier face au pluriel I la pens e dans la communaut Ila r flexion sur l archive transformation des clich s assemblage d l ments qui font sens pour la soci t I la question de l tre et du corps actions qui interrogent l attitude l exp rimentation individuelle l identit et portent plus pr cis ment sur l interaction entre sujet corps et soci t certains artistes placent l image m diatique au centre de cette relation individu soci t Proposition d activit en classe pour les l ves de primaire Fournir chacun une bo te en carton et leur pr senter comme une une bo te souvenirs souvenirs de week end du temps qu ils ne passent pas l cole petits et grands souvenirs Dem
57. ouleur violette laissaient appara tre des extraits des interviews Les paroles des femmes apparaissent sous forme transcrites et transform es je les ai modifi es en m inspirant du style des modes d emploi des phrases laconiques au pr sent La sixi me toile retrace ma d marche 8 Unzertrennliche Engel das imagin re Haus von Walter Benjamin Anges ins parables la maison ph m re pour Walter Benjamin Bauhaus Universit t Weimar Allemagne 2000 Jeu de Paume vid o couleur sonore sur cran 15 min courtesy galerie Baudoin Lebon Paris et Les Ins parables ci dessous double horloge production La Manufacture Jaeger LeCoultre 4 y wt I SA Vig y J _ gt 2 r L ange initial est Angelus Novus la peinture de Paul Klee qui tait si ch re Walter Benjamin qu il acheta pour la conserver chez lui Que ce soit pour des raisons politiques ou parce qu il tait trop d sargent pour se fixer ou encore parce qu il tait toujours en d placement il n existe aucun lieu qui ait conserv la trace de la pr sence de Benjamin Mon projet a consist concevoir une maison ph m re pour Walter Benjamin Weimar cette ville charg e d histoires et de contradictions entre la grande poque classique et la R publique de Weimar toute proche du camp de concentration de Buchenwald mais o l on peut aussi entre autres visiter la maison de Go
58. port ces r cits pour comprendre et mettre au jour leurs modes de fonctionnement 2 L image un t moin du pass L image support de l oralit L invitation au r cit par l interm diaire de la vid o est r currente chez Esther Shalev Gerz Si les t moins d v nements occupent une place privil gi e dans son uvre beaucoup de ses pi ces convoquent galement la parole de personnes qui n ont pas directement v cu les faits qu ils nous rapportent Comme le rappelle l historien Henri Moniot l histoire en tant que discipline a longtemps consid r l criture comme la seule source valable de retranscription du pass L criture tait la garantie d une construction critique et chronologique de l histoire Ainsi toute civilisation n ayant pas laiss de traces crites tait consid r e comme appartenant la Pr histoire Dans cette perspective l Antiquit du Moyen Orient berceau de la Bible puis l Antiquit gr co romaine taient per ues comme se situant aux origines de la civilisation occidentale Une fois remise en cause cette vision de l histoire a impliqu une refonte du statut scientifique du t moignage et des sources orales Pour Moniot L histoire ne se d finit certes pas par l affectation d une dimension chronologique aux faits humains et il n est pas vident que cette discipline et l enseignement pertinent qu elle propose sur le mouvement des soci t s soient toujours riv s aux rails d un temps
59. r plique de la pi ce la radio retransmit des phrases lues et une cha ne de t l vision diffusa de courts extraits r cit s par des c l brit s Cinq repr sentations salles pleines dans les trois th tres furent donn es par le public Le d roulement des soir es d pendait de la participation de tous les acteurs devenus mod rateurs invitaient les spectateurs individuellement ou en ch ur tous ensemble r citer des passages du texte tous les spectateurs devenaient donc potentiellement acteurs Ce dispositif rendit la contemplation passive impossible et cr a une m moire active dans une salle clair e en permanence 3 Perpetuum Mobile Brunswick Allemagne 1998 2000 Jeu de Paume projection vid o noir et blanc sonore 30 min Courtesy galerie Baudoin Lebon Paris g 4 n L h P 4 k LES h d lt En traversant le pont Adenauer Brunswick en face d une banque situ e sur une le artificielle le passage des pi tons d clenchait pour un court moment l installation lumineuse des deux c t s du pont jouant sur l horizontalit per ue de ce dernier Une vid o projet e sur la rivi re visible depuis le pont montrait la surface de l eau une pi ce de monnaie tournant perp tuellement sur elle m me retardant en permanence sa chute finale C est un r ve humain tr s ancien que de surmonter les lois physiques pour parvenir cr er un mouvement perp tuel et c en est un au
60. r les artistes les transformations des salles pour chaque exposition et r fl chir sur ce que cela met en question du point de vue du rapport au public et aux uvres I r fl chir galement la fa on dont l espace de l uvre selon qu elle est pr sent e dans un mus e ou sur le lieu d une commande publique influe sur le statut de l uvre I s interroger sur le type de spectateur de cette exposition mobile immobile solitaire groupe inform subjugu patient impatient I passer en revue des types de dispositifs ext rieurs au champ artistique dans lesquels on retrouve le principe d assemblage d l ments h t rog nes dans un but pr cis dispositifs d exploration par exemple en m decine de signalisation par exemple pour r guler la circulation de surveillance de loisirs d habitation qui permettront des l ves plus jeunes de mieux ma triser cette notion l exp rimenter dans le cadre d activit s pratiques l espace de la classe avec des mat riaux simples scotch kraft ficelle en tentant de rendre visible des liens entre diff rents objets 17 approfondir l exposition 18 Quand l image fait l histoire Introduction la repr sentation de l histoire Chez Esther Shalev Gerz l image est la jonction entre la m moire et l histoire En m me temps qu elle d crit le pass elle en construit le sens En montrant gr ce leur dispositif ce processus de constru
61. ra un passage de son texte Le Spectateur mancip Il y d crit un moment constitutif de sa pens e qui l a amen reformuler les rapports tablis entre voir faire et parler et commente la fonction de l art contemporain C tait important d inclure dans mon uvre une r flexion sur l art Ce dispositif d inclusion permet de d placer tous les l ments en d gageant un nouvel espace Sur un mur deux projections c te c te montrent tant t l image d une jeune femme parlant de son histoire personnelle tant t un homme assis lisant un livre voix haute Les deux personnes sont plong es dans la p nombre et se d tachent parfois sur l arri re plan d un terrain vague d un fleuve ou encore d un fond neutre vert En m me temps appara t sur l autre cran une for t sauvage une autre vue du terrain vague ou des images du tournage Ces paysages statiques sont travers s par un vent qui balaye du sable par un oiseau un camion ou encore un bateau qui passe J ai d cid de filmer Rola et Jacques devant un fond vert ce qui m a permis d incruster des images et de cr er des r alit s diff rentes derri re eux Certaines des images ins r es ont t film es sur lle S guin l ouest de Paris Depuis longtemps ce lieu se trouve dans un tat de friche de d construction de devenirautre apr s avoir t un haut lieu de la production industrielle D autres images ont t prises dans une for t sur une
62. re ces deux faits Tel est le point de d part de ce travail J ai alors engag deux chercheurs su dois pour rep rer dans les archives des Saami et des Su dois d ventuels int r ts Photo Arno Gisinger Jeu de Paume pr sentation des uvres expos es communs aux deux peuples J ai ensuite invit Asa Simma femme d origine Saami vivant Stockholm participer au projet C est elle qui a d cid de parler en anglais Je lui ai lu les textes regroup s par les chercheurs puis ai film ses r actions Apr s avoir film Asa chez elle nous nous sommes rendues dans son village natal o j ai fait une vid o d elle coutant ses propres paroles Sur les murs de la salle taient accroch es de grandes photographies n buleuses Leur r f rent tait difficilement discernable On y devinait de grandes tag res lat rales couvertes d objets avec un passage central les vingt trois millions d objets composant la collection de l Historiska Museet de Stockholm Parall lement j ai command au photographe du mus e des images du d p t des collections historiques du mus e N ayant pu obtenir l autorisation de m y rendre moi m me j ai dessin les perspectives que je voulais qu il photographie 5 First Generation Premi re G n ration Multicultural Centre Botkyrka Fittja Su de 2004 Jeu de Paume installation r troprojection vid o couleur muette 40 min et textes en lettres adh sives Courtesy
63. rencontres th matiques en classe Les expositions Andr Kert sz et Aernout Mik nous donneront l occasion d aborder certains th mes tels que la photographie et l exp rimentation le dispositif et l installation ou encore d interroger la valeur documentaire de l image Pour plus d informations 01 47 03 04 95 serviceeducatif jeudepaume org Ce dossier est publi l occasion de l exposition Esther Shalev Gerz Ton image me regarde pr sent e au Jeu de Paume du 9 f vrier au 6 juin 2010 ditions du Jeu de Paume Paris 2010 Esther Shalev Gerz ADAGP Paris 2010 en couverture White Out Between Telling and Listening White Out entre l coute et la parole vid ogramme 2000 Courtesy galerie Baudoin Lebon Paris ci contre vue de l entr e de l exposition au Jeu de Paume avec au premier plan Les Ins parables 2000 2010 double horloge production La Manufacture Jaeger LeCoultre et en arri re plan D eux 2009 Production Jeu de Paume courtesy galerie Baudouin Lebon Photo Arno Gisinger Jeu de Paume d couvrir l exposition Pr sentation de l artiste Pr sentation des uvres expos es approfondir l exposition Introduction rep res L histoire culturelle Dispositif et spectacteur les acteurs de l uvre d art 1 In situ process art art vid o et installation 2 Dispositif et intervalles 3 La place du spectacteur Pistes de travail Quand l image fait l
64. risonniers juifs dans leur tr s grande majorit forc s participer au processus de la solution finale Les photographies furent prises un moment o les chambres gaz n taient pas en cours de fonctionnement 7 Voir notamment Claude Lanzmann entretien avec Michel Guerrin La question n est pas celle du documentaire mais celle de la v rit Le Monde 19 janvier 2001 G rard Wajcman De la croyance photographique Les Temps Modernes vol 56 n 613 mars mai 2001 p 46 83 lisabeth Pagnoux Reporter photographe Auschwitz Les Temps Modernes vol 56 n 613 mars mai 2001 p 84 108 8 Georges Didi Huberman Images malgr tout Paris Les ditions de Minuit 2003 9 Ilsen About et Cl ment Ch roux L Histoire par la photographie tudes photographiques n 10 novembre 2001 p 27 28 10 Henri Moniot L histoire des peuples sans histoire Faire de l histoire 1 nouveaux probl mes ditions Gallimard 1974 Paris p 1 51 11 Walter Benjamin Le Conteur R flexion sur l uvre de Nicolas Leskov in uvres lll Paris Gallimard 2000 p 114 151 12 Entretien Marta Gili Esther Shalev Gerz in Esther Shalev Gerz op cit 2010 p 46 13 Henri Moniot op cit 14 Walter Benjamin Le Conteur R flexion sur l uvre de Nicolas Leskov op cit 15 Ibid Pistes de travail Le fait historique et la construction de l histoire Un fait historique est u
65. rview de ses contemporains pour raconter l histoire de lieux ou d objets Pourquoi ce choix alors que la prose ou la fiction cin matographique sont les supports privil gi s de la narration contemporaine Dans Le Conteur R flexion sur l uvre de Nicolas Leskov Walter Benjamin nous livre quelques jalons de r flexion Il observe partir d uvres litt raires l volution de la place du narrateur dans la transmission de l exp rience individuelle Benjamin prend appui sur l exemple de la Premi re Guerre mondiale Au retour des combattants on a constat que les gens revenaient muets du champ de bataille non pas plus riches mais plus pauvres en exp rience communicable Car jamais exp riences acquises n ont t si radicalement d menties par l exp rience strat gique de la guerre de position l exp rience conomique de l inflation l exp rience corporelle de la bataille par le mat riel l exp rience morale par les man uvres des gouvernants Pour Benjamin la modernit a provoqu une crise de la narration dans la mesure o l histoire orient e par la technique l conomie et l tat est essentiellement traumatique pour l individu d pass par les v nements Jadis le conte se donnait comme un proverbe o une maxime d pli e dans le temps Les bouleversements technologiques et sociaux modernes ont cart l id e que l on puisse tirer d un r cit une seule le on L uvre d Esther Shale
66. s Le lieu comme espace investir ou Le lieu imagin et ou construit Classe de terminale g n rale s rie L I Arts plastiques L uvre et le corps Sculpture comm morative dans l espace public au xx si cle Nous pourrons aborder les th mes indiqu s comme suit dans les programmes Le corps dans l espace Le corps figur Le corps en action 1 Organisation de l enseignement de l histoire des arts l cole primaire au coll ge et au lyc e Bulletin officiel n 32 28 ao t 2008 2 Programme d enseignement d arts plastiques et d ducation musicale pour les classes de sixi me de cinqui me de quatri me et de troisi me du coll ge Bulletin officiel sp cial n 6 28 ao t 2008 3 Voir textes d accompagnement des programmes Histoire g ographie ducation civique Classes de sixi me cinqui me quatri me troisi me CNDP 2000 4 Organisation de l enseignement de l histoire des arts op cit 5 Ibid 6 Voir textes d accompagnement des programmes Histoire g ographie Classes de seconde premi re terminale voie g n rale CNDP 2007 13 approfondir l exposition 14 Dispositif et spectateur les acteurs de l uvre d art Constitu es d images et de t moignages les uvres d Esther Shalev Gerz se caract risent par des dispositifs sp cifiques qui structurent ces diff rents mat riaux La notion de dispositif import e
67. s Partageaient elles un souvenir m me confus de cette exp rience de bruit permanent Je leur ai fait couter une bande son des machines que j ai enregistr e puis retravaill e avec un ing nieur du son En traversant le pont reliant l ancien quartier industriel la ville on entendait un cliquetis dont l origine demeurait invisible Ce son m canique tait aussi audible en arrivant devant le mus e tandis que l int rieur demeurait silencieux Dans la salle deux projections l une derri re l autre l g rement d cal es montraient une salle pleine de machines outils de couleur verte Sur l un des crans au premier plan on pouvait voir outre les machines deux femmes assises sur des chaises dans une attitude d intense concentration Les vid os donnent voir le dispositif de cette exp rience commune d coute J ai film sur fond bleu cinq couples m re fille coutant le bruit puis me parlant de ce qu elles venaient de vivre j ai ins r derri re chaque couple une usine virtuelle remplie de machines dissemblables que j ai fait reconstituer en 3D partir d anciens plans incomplets Ces machines virtuelles ont t enti rement invent es par un graphiste qui ne connaissait pas les machines d origine Leur animation tait cal e sur celle de la mobilit du couple m re fille Face aux projections dans l obscurit taient accroch s des toiles cadr es par l clairage sur lesquelles des motifs align s de c
68. s Philippe Ari s Cette nouvelle histoire s enrichit tr s vite des apports de l anthropologie et de la sociologie dans son exploration de sujets jusque l peu ou pas tudi s tels que la sexualit la mort ou la f te Elle est aussi influenc e par les cultural studies anglo saxonnes qui privil gient depuis les ann es 1960 une tude crois e des cultures minoritaires ou contestataires Pascal Ory en propose une d finition simple l histoire culturelle est une histoire sociale des repr sentations Histoire sociale car le champ d tude de la discipline recouvre la dimension collective des pratiques culturelles et les diff rentes formes qu elles empruntent en tenant compte tout la fois de donn es conomiques techniques et politiques Mais la diff rence de l histoire sociale l histoire culturelle s int resse essentiellement des ph nom nes symboliques par exemple dans sa c l bre tude Bleu Histoire d une couleurs Michel Pastoureau observe la perception de la couleur dans la soci t occidentale L histoire culturelle se distingue galement d une approche qualitative de l art ou des sciences par exemple dans le sens o elle ne porte pas de jugement de valeur sur ses objets d tude elle cherche appr hender un environnement dans sa globalit mesurer un ph nom ne et sa circulation dans le temps et dans l espace et non d gager une histoire des formes Tout est source pour l histoire cul
69. sibilit de la st le la situation politique en Allemagne et dans le monde a connu d importants changements tels la chute du Mur Les participants ont laiss des traces de ces actualit s v cues individuellement dans l espace public alors qu en m me temps cet acte s inscrivait dans leur propre m moire et provoquait la disparition progressive de la colonne plan de l exposition 11 5 9 2 2 Die Berliner Ermitilung L Instruction berlinoise Avec Jochen Gerz Berlin Allemagne 1998 Jeu de Paume extraits de films couleur sonores sur cran 8 min Notre point de d part tait Die Ermittlung l Instruction pi ce crite en 1965 par Peter Weiss partir des paroles authentiques des victimes bourreaux t moins et juges prononc es pendant les proc s d Auschwitz Francfort Avec la mise en sc ne nous voulions renverser le dispositif th tral et m diatique impliquer le public par la parole permettre une interpr tation et une r orientation du sens par tous les participants C est donc le public et non les acteurs qui a interpr t la pi ce Die Berliner Ermittlung fut une performance complexe compos e d l ments h t rog nes La pi ce fut r p t e pendant deux mois par les abonn s de trois th tres berlinois Pendant quelques semaines le projet fut partiellement diffus par divers m dias en Allemagne le quotidien Der Tagesspiegel publia des photos des participants l gend es par une
70. t mont es sous Diasec Collection des M moriaux de Buchenwald et de Mittelbau Dora Weimar En p n trant dans la salle d exposition s imposait une impression de vide comme une absence tr s sensible une sorte de manque les choses cens es tre montr es ne l taient pas Au travers des fen tres recouvertes d un film filtrant on apercevait les vestiges du camp de Buchenwald dans une lumi re assourdie Dans la salle serpentait un banc de couleur rouge de 45 m tres de long invitation s asseoir pour regarder l un des cinq crans plats pr sents de part et d autre de ce fil rouge Quand on m a invit e cr er un projet autour des objets trouv s sur le terrain du camp de Buchenwald j ai tr s t t d cid de ne pas les montrer physiquement mais de filmer leur pr sentation par ceux qui avaient un rapport professionnel avec eux J ai choisi des objets cr s ou d tourn s par les prisonniers qui t moignent de la r sistance aux conditions inhumaines qui leur taient impos es J ai demand un historien un arch ologue une restauratrice au directeur du m morial et une photographe de raconter leur mani re de proc der leurs rencontres la fois professionnelles personnelles et imaginaires avec ces objets C est au travers de leur perception sensible qui les actualise par le biais d actes et d exp riences tels que la fouille la collecte la conservation la description et le dessin qu
71. te social de la prise de parole D s lors que les v nements et exp riences du pass sont fix s dans le langage les r cits se construisent et les souvenirs se transf rent dans le m me temps s laborent les postulats et les codes de conduites qui leur tour influenceront les histoires futures En suscitant des dialogues puis s dans l intime Shalev Gerz questionne ce qui est connu et simultan ment propose de comprendre le pr sent autrement Dans certains cas l intime provient de son propre univers dans d autres il correspond au r cit fait par ceux qu elle invite partager des histoires Ce que nous voyons dans les uvres de Shalev Gerz correspond ce qui est d j dans le monde l artiste exige que nous pr tions attention aux d tails qui ont sombr dans l invisibilit pour la seule raison que nous pensions les conna tre Sa m thodologie s enracine dans une forme de g n rosit qui voque les dimensions personnelle politique collective partiale et contingente de la m moires Afin de mieux comprendre pour reprendre l expression du philosophe Jacques Ranci re ce travail de l image l uvre chez Esther Shalev Gerz nous nous int resserons au dispositif de ses uvres et la place qu elle assigne au spectateur Nous reviendrons ensuite sur la fa on dont l image repr sente et construit dans le m me temps les v nements historiques 1 Entretien Marta Gili Esther Shale
72. tre que de ma triser les lois conomiques pour faire fonctionner le march l poque de cette installation en 2000 juste avant l introduction de l euro il y eut un crack boursier La boucle vid o montre un modeste objet m tallique une pi ce de 10 FF en argent qui tourne sans fin sur lui m me 4 White Out Between Telling and Listening White Out entre l coute et la parole Historiska Museet Stockholm Su de 2002 Jeu de Paume installation 2 projections vid o couleur sonores 40 min et 7 photographies couleur contrecoll es sur aluminium et mont es sous Diasec Courtesy galerie Baudoin Lebon Paris White Out signifie la perte du sens de l orientation ressentie lors du d placement dans une temp te de neige Deux vid os taient projet es sur deux crans recto verso parall les et face face divisant la salle d exposition L une montrait une femme en train de parler film e dans un appartement en ville et dans l autre on voyait la m me personne dans la campagne munie d couteurs et regardant la cam ra Le spectateur pouvait se d placer entre les deux crans et ne suivre qu une seule projection ou se positionner de sorte voir simultan ment les deux J ai constat qu en same langue des Lapons peuple dont une partie est install e en Su de le mot guerre n existe pas Par ailleurs les Su dois n ont plus pris part une guerre depuis deux cents ans Y a il un rapport quelconque ent
73. tres la fois simultan ment et toujours en d calage Dans une autre version sous forme d installation murale j ai expos quarante trois photogrammes extraits de ce film et les textes transcrits de la bande son Comme deux nuages constitu s l un d images et l autre de textes qui naviguent l un vers l autre et s interp n trent en partie ces deux champs d une longueur totale de 18 m tres proposent au visiteur un parcours visuel fragment 6 Entre l coute et la parole derniers t moins Auschwitz 1945 2005 H tel de Ville Paris France 2005 Jeu de Paume installation 3 projections vid o couleur muettes 40 min Avec l aimable autorisation du M morial de la Shoah Paris Invit e concevoir une exposition l occasion du soixanti me anniversaire de la lib ration du camp de concentration d Auschwitz Birkenau j ai travaill avec les t moignages de 60 survivants demeurant Paris auxquels avait t demand de raconter leurs exp riences des camps ainsi que leur vie avant et apr s l internement et aujourd hui Les enregistrements complets de chaque interview n ont pas t mont s la dur e des t moignages correspond de fait au temps de tournage entre 2 et 9 heures J ai d cid de cr er un face face entre le t moin et le spectateur l H tel de Ville quatre tables rouges serpentaient parall lement sur toute la longueur de la grande salle Sur chacune se trouvaient en quinconce et
74. turelle l o l historiographie traditionnelle privil giait les sources crites l histoire culturelle se concentre davantage sur l image et la fa on dont cette derni re participe de la construction d un imaginaire collectif 1 Auteur entre autres de L Histoire des populations fran aises et de leurs attitudes devant la vie depuis le xif si cle Paris Self 1948 et de L Homme devant la mort Paris Le Seuil 1977 2 Pascal Ory L Histoire culturelle Paris PUF 2004 3 Paris Le Seuil 2002 leur contexte de production et de r ception et claire les relations qui unissent les diff rents acteurs de la cr ation artistiques Dans le cadre de l exposition nous nous int resserons particuli rement aux relations de l art avec l espace public et la commande I Histoire et g ographie L exposition sera l occasion d aborder le contexte de la Seconde Guerre mondiale l appui notamment des uvres Entre l coute et la parole derniers t moins Auschwitz 1945 2005 et MenschenDinge et d interroger les notions plus larges de m moire d histoire et de t moignage Classe de premi re g n rale s rie L I Arts plastiques L uvre et le lieu Les uvres d Esther Shalev Gerz par les dispositifs sp cifiques qui les caract risent et notamment la mise en sc ne d espaces virtuels gr ce l utilisation d images num riques offrent aux enseignants la possibilit d aborder les th mes au programme tel
75. uvre Elle restitue ainsi la dimension h t rog ne et complexe de la personne dans ses installations Si l exp rience esth tique touche la politique c est qu elle se d finit comme une exp rience de dissensus oppos e l adaptation mim tique ou thique des productions artistiques des fins sociales Les productions artistiques y perdent leur fonctionnalit elles sortent du r seau de connexion qui leur donnait une destination en anticipant leur effets elles sont propos es dans un espace temps neutralis offertes galement un regard qui se trouve s par de tout prolongement sensori moteur d fini s Ce qu explore Esther Shalev Gerz ce n est donc pas le lien de cause effet susceptible d exister entre deux v nements deux instants ou deux paroles c est au contraire gr ce aux intervalles cr s par ses dispositifs la remise en question de ce lien a priori vident L artiste fait ainsi merger un dialogue entre le spectateur et l uvre ponctu de rebonds et de questions sans cesse ouvertes Dans son travail le spectateur est pens comme un l ment central dans la construction du sens de l uvre 3 La place du spectateur Pour moi un espace devient public en pr sence du public Ceci vaut aussi pour mes uvres expos es dans des mus es ou des espaces institutionnels Mes projets ne sont pas clos dans le sens que Walter Benjamin donne l aura ils ne demeurent pas inaccessibles i
76. v Gerz in Esther Shalev Gerz catalogue de l exposition Lyon Fage ditions Paris ditions du Jeu de Paume 2010 p 44 2 Textes d accompagnement des programmes Histoire g ographie Classes de seconde premi re terminale voie g n rale CNDP 2007 p 108 3 Lisa Le Feuvre Nothing is written We all know that Don t we in Esther Shalev Gerz op cit p 26 4 Jacques Ranci re Le travail de l image in Esther Shalev Gerz Op cit p 9 22 11 approfondir l exposition 12 D eux 2010 Vue de l installation au Jeu de Paume Production Jeu de Paume courtesy galerie Baudouin Lebon Paris Photo Arno Gisinger Jeu de Paume Programmes scolaires li s aux th matiques propos es cole primaire classes de CM1 et CM2 I Histoire des arts histoire arts plastiques l exposition sera l occasion d aborder le contexte de a Seconde Guerre mondiale l appui notamment des uvres Entre l coute et la parole derniers t moins Auschwitz 1045 2005 et MenschenDinge et d interroger es notions plus larges de m moire d histoire et de moignage l exploration du dispositif chez Esther Shalev Gerz pourra s inscire dans le cadre de la d couverte et a distinction des techniques sp cifiques et du vocabulaire de l image en mouvement de l installation des uvres dans l espace En histoire nous pourrons nous int resser en particulier l poque de l industrialisation et de l
77. v Gerz revient sans cesse sur des v nements qui ont bris des vies migrations exils camps de concentration et d extermination r pression culturelle l installation MenschenDinge met en relation des objets et des personnes par le biais de l interview Ce dispositif permet de restituer une histoire aux objets bien que les d tenteurs de ces objets ou leurs fabricants ne soient plus en vie Chez Esther Shalev Gerz la pr sence de personnes qui prennent la parole la place des disparus est primordiale Les paroles des gens sont essentielles ma fa on de construire leur portrait La prise en compte de la parole est Quand l image fait l histoire mon sens devenue indispensable dans le travail contemporain du portrait Or comme le pointe Moniot l oralit se caract rise par la juxtaposition de plusieurs temps attach s des fonctions ou des repr sentations diff rentes 3 Gr ce notamment la forme clat e de l installation Esther Shalev Gerz manifeste ainsi une volont d ins rer des discours sur les objets diff rents temps de leur vie Le Conteur de Benjamin interroge la possibilit de raconter de transmettre une exp rience sous forme narrative dans le contexte moderne I laisse de c t le contenu de la narration pour s int resser ses conditions de r ception On s est rarement rendu compte que la relation na ve de l auditeur avec le conteur est domin e par l env

Esther Shalev-Gerz

Contents

Download Pdf Manuals

Related Search

Related Contents