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1. Compte rendu Un dimanche en banlieue 24 Poses portraits Patricia Belzil Jeu revue de th tre n 95 2 2000 p 14 16 Pour citer ce compte rendu utiliser l adresse suivante http id erudit org iderudit 25882ac Note les r gles d criture des r f rences bibliographiques peuvent varier selon les diff rents domaines du savoir Ce document est prot g par la loi sur le droit d auteur L utilisation des services d rudit y compris la reproduction est assujettie sa politique d utilisation que vous pouvez consulter l URI https apropos erudlit org fr usagers politique dutilisation rudit est un consortium interuniversitaire sans but lucratif compos de l Universit de Montr al l Universit Laval et l Universit du Qu bec Montr al Il a pour mission la promotion et la valorisation de la recherche rudit offre des services d dition num rique de documents scientifiques depuis 1998 Pour communiquer avec les responsables d rudit info erudit org Document t l charg le 16 novembre 2015 07 00 t ef LL CE Le PATRICIA BELZIL Un dimanche en banlieue y a toujours des risques une proposition limite comme celle de Serge Boucher Dramaturge du quotidien et des petites gens il a donn d j deux pi ces tr s fortes courageuses dans le portrait de la pauvret de discours d id es d envergure de personnages ordinaires Poussant l extr me l eff2. clairage ou sus pend le temps dramatique comme pour saisir sur des instantan s le drame que cha cun tait Le d cor s av re tr s efficace cet gard les personnages sont install s dans le jardin avec en arri re plan la maison o ils iront cacher leur vuln rabilit On sur prendra ainsi Nicole dans sa cuisine voler un moment de m lancolie si seule parmi ces gens on verra l oncle Roger aller couter la t l dans le salon personne ne s apercevant de sa sortie discr te puis de son absence prolong e Carole viendra dans la salle de bain prendre des pilules et r v ler un bref instant qu elle est mal dans sa peau sous ses allures gouailleuses et son faux enthousiasme Toutefois j avoue tre rest e perplexe en d pit de la force ind niable de la mise en sc ne des personnages et du jeu J avais un peu l impression d pier mes voisins par dessus la cl ture un dimanche apr s midi change de banalit s petits mensonges ou secrets non partag s Pourquoi en faire un drame de l incommunicabilit familiale Je ne suis pas arriv e tre touch e par ce drame qui est le sujet de la pi ce C est du moins ce que laisse entendre la finale avec le suicide de l oncle dont personne n avait per u la d tresse Ainsi tout en insistant sur lamour qui unit ces gens Boucher d nonce l inutilit de ces liens d s lors que la famille n offre plus d appui de rempart mais seulement les apparences d une co
3. acement de l action qui fait sa mar que il r unit cette fois dans la cour d une maison de banlieue une famille qu b coise dont il propose un s rie de portraits comme l indique le titre De cette mati re diffi cile Ren Richard Cyr qui conna t bien cet univers pour avoir mont superbement d ailleurs Motel H l ne a tir un spectacle qui accom plissait du moins en ce qui me concerne le stup fiant tour de force de fasciner et d ennuyer tout ensemble Fascination r pulsion Je dirais qu il y a peut tre un peu de cela si je consid re que le miroir qui m tait tendu me s duisait par son acuit mais en m me temps me laissait indiff rente Certains se r jouissaient de reconna tre qui un cousin qui une matante Moi je n ai pas tant de plaisir intellectuel ou sensitif voir ma belle s ur sur la sc ne Pour les petites touches indispensables la r ussite de cette peinture de m urs la Zola ou la Daumier ou plus pr s de nous au cin ma la Mike Leigh le metteur en sc ne s est entour d une quipe de concepteurs de talent Le d cor comme si vous y tiez de R al Benoit sous la lumi re crue impitoyable de Martin Labrecque les costumes de Lyse B dard avec juste ce qu il faut de commun ou de mal seyant et les coiffures et maquillages madame d c t d Angelo Barsetti tout cela contribuait une sc nographie pr cise d une justesse terrible Nous so
4. mmes donc chez le fils a n Roger L ger subtil comme toujours dans ce type de r le serr la gorge par les dettes et qui ironiquement se pr nomme Richard et sa femme Nicole n vros e sur les bords souffrant visiblement dans son r le de belle s ur pas tr s fut e que toute la famille m prise Ad le Reinhardt m connais sable touchante dans son effacement douloureux Il y a l en outre le p re et la m re propri taires d un d panneur ais s mais coinc s dans leurs habitudes Michel Dumont et Louison Danis excellents le premier gros ours qui se laisse contr ler 1 Sur la cr ation de ces pi ces voir mes articles La vie sans mode d emploi Natures mortes Jeu 69 1993 4 p 147 151 et Motel des r ves bris s Motel H l ne Jeu 84 1997 2 p 75 80 2 peine ai je crit cette phrase que je vois appara tre le spectre des Belles S urs se portant la d fense du personnage ordinaire Or ces belles s urs l sont bien loin de ma propre r alit ordi naire aussi comme elles l taient d ailleurs de celle de ma m re en 1968 14 24 Poses portraits de serge Boucher mis en sc ne par Ren Richard Cyr Th tre d Aujourd hui 1999 Sur la photo Michel Dumont Denis le p re et Guylaine Tremblay Carole Photo Gilles Ouchesneau par sa femme et ses enfants arch type du p re qu b cois la seconde s assurant du bonheur des siens en leur distribuan
5. mmunaut Or cette mort tragique de l oncle me semble un proc d un brin malhonn te de la part de l auteur il vient par l d clarer la culpabilit de chacun et surtout rendre tout silence tout secret suspect et susceptible de mener une telle trag die Doit on comprendre que les f tes de famille pour tre saines devraient ressembler des s ances de confidences chez Janette Bertrand Pourquoi les tats d me de l un ou les probl mes sexuels de l autre con cerneraient 1ils tout le monde Et d abord a t on envie de tout confier sa famille ou sa belle famille Quand un couple n arrive pas se parler se ment ou se dissimule sa d tresse c est une tout autre affaire Mais qu un homme cache son beau fr re ses ennuis financiers ou qu un fils taise sa m re qu il est atteint du cancer ou du sida cela le regarde il a peut tre de bonnes raisons de le faire d ailleurs s il sait perti nemment par exemple que celle ci ne lui sera pas d un grand secours et se lamentera plut t sur son propre sort de m re bafou e par la vie Serge Boucher demeure un dramaturge des plus solides le dessin pr cis de ces per sonnages et de cet univers le confirme encore Mais ayant choisi ici de ne pas mon trer plus que ce que les autres personnages devinent l auteur courait le risque de sus citer un int r t passif chez le spectateur C est ce qui s est pass pour moi comme si j avais surpris un dima
6. nche chez le voisin et me serais bient t lass e du spectacle 4 Chez Serge Boucher on remarque que le suicide est toujours la r ponse au d sespoir il l a t pour St fane dans Natures Mortes et pour Johanne dans Motel H l ne 16
7. t des gratteux Il y a aussi la fille de la famille Carole dont la bonne humeur forc e et le sourire accroch sont trahis par l ombre qui assombrit le regard Guylaine Tremblay parfaite dans son emploi habituel avec son chum Andr que l on verra se servir dans le portefeuille bien garni de sa belle m re Hugo Dub tr s bien dans ce r le de beauf L oncle Roger est l aussi que l on h berge par charit parce qu il n a plus de travail et qui se tient en retrait timide avec l air de celui qui ne veut pas d ranger Marc Legault d une v rit poignante path tique Enfin arrive Fran ois le petit fr re qu on n a pas vu depuis longtemps Sylvain B langer au jeu discret pour ce r le nimb de myst re homosexuel mal l aise encombr d un immense bouquet trop beau et plus g nant qu autre chose confuse la ma tresse de maison passera un bon moment chercher quoi en faire avant de penser un vase 3 C est un personnage r current dans le th tre de Serge Boucher outsider t moin ou figure de l crivain qui observe Dans Motel H l ne il s appelait aussi Fran ois et travaillait au d panneur de ses parents dans Natures Mortes c tait le jeune St fane interlocuteur passif qui tablissait le lien entre les deux autres personnages 15 Le portrait est donc parfaitement rendu Alors qu on parle de tout et de rien le non dit est soulign par la mise en sc ne qui isole un personnage par l
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