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Université de Montréal Étude qualitative sur les attitudes

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1. a devient quasiment comme le cas En tout cas c est la perception que j en ai Il y en a peut tre beaucoup et on n en entend pas parler mais il me semble que ce n est pas quelque chose de tr s fr quent Alors qu il s agit de feuilleter American Libraries et quasiment chaque num ro il va y avoir quelque chose par rapport a Non il me semble que j ai toujours eu l impression que je pouvais acheter peu pr s tout ce que je pensais qui tait bon pour la biblioth que Hd 6 A cet gard il est int ressant de noter que l incident qui s tait produit la biblioth que municipale de Hull est le seul cas de censure s tant d roul au Qu bec qui a t mentionn par les participants Parce qu il y aurait moins d ing rence dans le d veloppement des collections au Qu bec que dans le reste du Canada et aux tats Unis les biblioth caires qu b cois prouveraient moins le besoin de d fendre leur profession et de r affirmer les valeurs inh rentes celle ci que leurs coll gues canadiens et am ricains Pour la plupart des biblioth caires interview s la censure ne serait tout simplement pas un enjeu social aussi criant au Qu bec qu ailleurs Lorsque questionn s savoir ce qui expliquerait le fait qu il y ait peu de cas de censure au Qu bec tous les participants y sont all s de leurs propres hypoth ses dont certaines taient plus r currentes que d autres Ainsi plusieurs th me
2. This appeal to community standards usually means that libraries should buy only those books that no one in the community could possibly object to 1998 70 Pour Robotham et Shields cit s par Moody 2004 la difficult se situerait ailleurs alors que les biblioth ques publiques auraient la responsabilit de r pondre aux besoins de l ensemble de la communaut qu elles desservent non pas seulement aux besoins des individus ou des groupes les plus influents la question de savoir s ils croyaient qu il en irait du devoir professionnel des biblioth caires de respecter les valeurs de la communaut qu ils desservent 37 des directeurs canadiens interview s par Curry 1997 64 avaient affirm tre en accord 75 ou tout fait en accord Pour leur part les participants dans la pr sente tude ont d clar tre en accord dans une proportion de 64 n 7 Il est noter qu une biblioth caire n a pas t en mesure de r pondre la question voir figure 6 Il faut dire que cette question semble tre une de celles qui a caus le plus de difficult aux participants la plupart d entre eux ayant soulign les dangers qui pourraient guetter la libert intellectuelle s ils ne devaient s en tenir qu aux valeurs de la communaut De la affirmer qu ils ne les respectaient pas il y a un pas qu ils n taient pas pr ts franchir C est peut tre ce qui expliquerait que la majorit des pa
3. cons quence F 10 Ainsi est ce le directeur qui aurait le dernier mot et qui tablirait dans une large mesure les limites respecter en mati re de libert intellectuelle On travaille vraiment de mani re coll giale et apr s c est la hi rarchie qui s impose qui s applique pardon On a un patron Si lui dit que c est comme a on l applique C est a aussi les r gles du jeu C est comme a que fonctionne une organisation F 3 La position occup e dans la structure organisationnelle aurait donc une influence sur le degr de libert des biblioth caires les biblioth caires occupant une position subalterne d pendant en derni re instance des d cisions du directeur de la biblioth que Un seul participant a rapport avoir d j t en d saccord avec une des d cisions de son patron qui lui avait interdit d acheter certains types de documents Donc j ai eu certains d saccords Mais bon je n tais pas dans une position pour forcer le jeu et risquer d avoir des probl mes dans ma vie professionnelle n tant pas permanent Je me suis dit Qu est ce que je fais Est ce que je pars la Troisi me guerre mondiale Et si les gens les demandent les documents j aurai peut tre un argument Mais il n y a jamais personne qui est venu H 11 105 C est dire que l attitude des directeurs vis vis la libert d expression serait largement garante du climat g n ral pr va
4. les respecter il y a un pas qu ils n taient cependant pas pr ts franchir Comme l a not Gorman t here is the value of intellectual freedom in the first instance but there is also the value of service to the community 2000 91 92 C est ce qui 132 expliquerait le tiraillement qu ont affich plusieurs participants entre d une part la volont d tre au service du public et d autre part celle d aller au del de la demande et des valeurs de la communaut ces deux crit res pris la lettre pouvant en effet pr senter une menace pour la libert intellectuelle Si ces deux p les peuvent parfois s opposer ils ne seraient pas inconciliables Aussi serait ce pr cis ment la t che des biblioth caires de les r concilier en trouvant un juste quilibre entre les deux Le respect de la libert intellectuelle ne serait pas le seul imp ratif en jeu Le poste occup l int rieur de la biblioth que et de la municipalit et la perception que les biblioth caires ont de leur r le ainsi que de celui de la biblioth que au sein de la communaut constituent autant de facteurs mod rateurs qui auraient une incidence sur le comportement censorial des biblioth caires S ils permettent d expliquer du moins partiellement l cart entre les attitudes des biblioth caires vis vis la libert intellectuelle en tant que concept et la libert intellectuelle en tant qu activit ils ne perm
5. derri re le comptoir de pr t accessible sur demande Sur les neuf biblioth ques ayant pris part l tude deux seulement avaient pris la d cision de n imposer aucune restriction Dans le cas des sept autres les jeunes pouvaient acc der la collection adulte partir de 12 13 ou 14 ans tout d pendant de la biblioth que 3 D apr s la R gie du cin ma du Qu bec les films class s 18 ans et plus reposent essentiellement sur l exploitation de rapports sexuels explicites Il peut galement s agir de films d une grande violence contenant des sc nes de cruaut de torture et d horreur hyperr alistes Le classement des Jilms au Qu bec 64 seulement voir 3 2 3 1 Acc s restreint C est le caract re explicite des ouvrages qui serait le plus souvent en cause De fa on plus g n rale c est toute l attitude des participants vis vis les droits des jeunes en mati re d acc s l information qui semblait plus limitative Ainsi parmi les biblioth caires qui ont affirm tre en d saccord avec l tiquetage des documents sujets controverse et l utilisation des logiciels de filtrage dans les biblioth ques publiques plusieurs ont tenu pr ciser qu ils taient en accord avec la mise en place de telles pratiques du c t jeunesse voir 3 2 3 tiquetage et 3 2 4 Logiciels de filtrage De la m me mani re les plaintes provenant des parents taient plus susceptibles
6. est la meilleure fa on de l exprimer Pour bien des gens le livre est quelque chose d important de pr cieux et quand on en ach te il faut acheter de la qualit Alors que tout le c t populiste la psychopop et autres ph nom nes la mode ils sont mal l aise C est notre argent et vous le d pensez dans de la cochonnerie pareille Fd 1 Aucune autre constante n a pu tre d gag e sinon que les usagers se plaindraient souvent de ne pas trouver les documents qu ils cherchent dans les collections de leur biblioth que Enfin un peu plus du tiers des participants ont affirm avoir d j re u des menaces quoique celles ci n taient pas dirig es vers leur int grit physique Trois cas de figure ont t observ s soit 1 faire signer une p tition par les gens de la communaut 2 porter plainte aupr s de la ville et 3 envoyer une lettre aux m dias Les participants ne semblaient pas particuli rement intimid s par ces menaces peut tre parce que les usagers y donneraient rarement suite comme l ont relev quelques biblioth caires 3 4 2 Pressions afin d acqu rir des documents Les pressions exerc es sur les biblioth caires afin d acqu rir certains types de documents ou certains titres en particulier seraient beaucoup moins fr quentes que les pressions exerc es sur eux afin de retirer certains ouvrages de leurs collections la question pos e aux participants excluait l
7. l ments de r ponse Argus 31 no 2 7 11 Lucier Pierre 2010 La R volution tranquille quelle sortie de religion Sortie de quelle religion In Modernit et religion au Qu bec O en sommes nous sous la dir de Robert Mager et Serge Cantin dir 11 26 Qu bec Presses de l Universit Laval Mager Robert et Serge Cantin 2010 Religion modernit Qu bec une quation trois inconnues In Modernit et religion au Qu bec O en sommes nous sous la dir de Robert Mager et Serge Cantin dir 1 5 Qu bec Presses de l Universit Laval Martel Marie D 2009 Lectures toxiques y aura t il des suites Espace B Le blogue des biblioth ques de la Ville de Montr al 18 mai lt http espaceb bibliomontreal com 2009 05 18 lectures toxiques y aura t il une suite gt page consult e le 26 f vrier 2012 Martel Marie D 2008 Une collection qui branle les biblioth ques publiques Argus 36 no 3 28 30 McAfee Hopkins Diane 1993 A conceptual model of factors influencing the outcome of challenges to library materials in secondary school settings Library Quarterly no 63 40 72 Melot Michel 2004 La sagesse du biblioth caire Paris L uf neuf Meunier E Martin Jean Fran ois Laniel et Jean Christophe Demers 2010 Permanence et recomposition de la religion culturelle Aper u socio historique du catholicisme qu b cois 1970 2006 In Modernit et religion au Qu bec O en so
8. ordre secondaire On n en la libert intellectuelle parle pas beaucoup ici Ce n est pas parce qu on fait de la censure ou qu on a des positions qui limitent la libert d expression Je pense que les biblioth ques qu b coises et les biblioth caires dans le milieu des biblioth ques publiques on avait tellement de choses faire On tait loin en retard Quand tu es rendu parler de libert d expression c est parce que tu as d j une bonne collection une bonne assise Tu as d j un lieu pour mettre ta collection et recevoir tes abonn s Fd 7 En outre quelques participants ont mentionn l importance historique que rev tiraient les biblioth ques publiques dans la culture anglo saxonne contrairement aux francophones qui n auraient pas pour reprendre une expression utilis e par quelques biblioth caires une grande culture des biblioth ques C est peut tre ce qui expliquerait qu il y ait moins d incidents de censure au Qu bec que dans les autres provinces canadiennes alors que les francophones se sentiraient moins concern s par ce que rec lent les rayons de leurs biblioth ques que les anglophones J aurais tendance dire que les critiques ou les mini cas de censure c est souvent du c t anglophone Je ne dis pas que ce n est pas arriv avec les francophones mais peut tre parce qu il y a une plus grande implication de la biblioth que au c ur de leur vie plus que
9. scientifique comme v hiculant de fausses informations n 11 Nb de biblioth caires Tout fait en En accord Ni en accord nien En d saccord Tout fait en accord d saccord d saccord Il est int ressant de noter que m me si 91 des participants ont affirm tre en accord ou tout fait en accord avec l nonc la plupart d entre eux ont mis des r serves personnelles face ce type de documents Si quelques biblioth caires se sont dits sceptiques vis a vis certaines m decines alternatives pour d autres les livres de parapsychologie et de psychopop seraient tout simplement ridicules Fd 1 Or comme l ont fait remarquer plusieurs participants ces documents seraient tr s demand s dans les biblioth ques publiques Aussi la majorit des biblioth caires ont ils encore une fois insist sur l importance de r pondre aux besoins de chacun de faire preuve d objectivit lors du processus de s lection et de repr senter toute la palette intellectuelle m me si certains ont admis ne pas tre proactifs vis vis l achat de ce type de documents Trois participantes ont ici fait r f rence l article de Val rie Dufour paru sur le site RueFrontenac com sans qu il n en soit fait mention par l intervieweuse Une des biblioth caires a qualifi d litistes et de bien pensantes les personnes qui s opposent la pr sence de documents appartenant au domaine de la pseu
10. vis la libert intellectuelle et la censure nous para t ind niable il s av re cependant difficile de d terminer quelle est la nature exacte de cette incidence Dans le sillage de Savard nous ne pouvons qu mettre des suppositions 4 2 1 Absence de groupes de pression D apr s Lucier la R volution tranquille a marqu au Qu bec le recul de la religion comme figure fortement institutionnalis e et ax e sur la d finition des valeurs et sur l occupation du territoire social et des milieux de vie de proximit 2010 21 C est ainsi comme le rappellent Veilleux et Warren 2007 que la conscience historique des Qu b cois francophones se serait rig e autour d une rupture radicale entre d une part un clerg catholique autoritaire au fort ascendant moral et institutionnel et d autre part un peuple assoiff de modernit cherchant tout prix se d tacher de son pass traditionaliste Or pour Veilleux et Warren cette conception aurait me n au rejet par une majorit de Qu b cois de toute religion venue d ici ou d ailleurs Une majorit de la soci t qu b coise n ayant pas d nou dans sa conscience historique ses rapports ambivalents avec le catholicisme elle arrive difficilement a s ouvrir avec s r nit au religieux en g n ral qu elle associe et r duit imm diatement par r flexe et simplification de l obscurantisme 2007 22 Aussi ne para t il poin
11. Si un parent vient me voir et me dit je consid re que ce type de livres la ne devrait pas tre chez les jeunes ou vous ne devriez pas acheter ce genre de livres l ben non je vais jamais en fait je ne donne pas l opportunit la personne de s exprimer l dessus parce que je trouve que c est quelqu un qui veut d cider de ce qui est bien et de ce qui est mal pour les autres Et a c est pas mon r le et c est pas le r le de la client le non plus Fd 1 Respecter et faire respecter la libert intellectuelle tel serait le mandat des biblioth caires Les r ponses des participants taient ce sujet plut t unanimes Quelques participants ont n anmoins mis des r serves quant la possibilit des biblioth ques publiques de d fendre la libert intellectuelle en toutes circonstances voire m me quant la n cessit de la promouvoir Parmi ceux ci on retrouve notamment les deux biblioth caires qui ont affirm tre seulement en accord avec l nonc Leur engagement vis vis la libert intellectuelle n tait certes pas moindre que celui de leurs coll gues ayant tenu des propos relativement similaires Simplement leur position sur l chelle de Likert tait plus conforme leurs explications que celle des autres participants Deux r ponses discordantes ont ainsi t not es D une part il serait faux de pr tendre que les biblioth caires combattraient toute forme de censure ca
12. censure comme la volont d influencer ind ment le processus de s lection en exer ant des pressions sur les biblioth caires afin que ceux ci incluent dans leurs collections certains types de documents ou certains titres en particulier en fonction de crit res partisans Challenges to the appropriateness of materials can also imply pressure to add materials in such a way that the traditional selection policy goals of balance and representativeness are compromised ibid Pour les besoins de la pr sente tude nous dirons ainsi qu il y a censure chaque fois qu un individu ou un groupe d individus exercent sur les biblioth caires des pressions fond es sur leurs go ts ou opinions personnels 1 soit afin de retirer ou de restreindre l acc s certains documents 2 soit afin d inclure des documents dans la collection que ces pressions soient couronn es de succ s ou non Il convient enfin de pr ciser que pour Schrader le concept de censure englobe tout autant les plaintes officielles que les commentaires informels formul s par les usagers m me si ceux ci ne sont g n ralement pas accompagn s de demandes pr cises 11 Employant la terminologie utilis e par Cayer 1986 11 12 il convient encore de distinguer la censure extra muros celle ci tant exerc e par des individus ou des groupes externes la biblioth que de la censure intra muros celle ci tant plut t le fait du personnel de la biblioth que lu
13. crire en profondeur l exp rience v cue par les participants L analyse th matique qui vise d gager l essentiel du propos partir d un corpus donn a t privil gi e La th matisation a t effectu e de fa on continue et suivant une logique inductive mod r e Enfin certains crit res de contr le de la qualit en recherche qualitative ont t pr sent s et appliqu s la pr sente tude soit la cr dibilit la confirmabilit la transf rabilit et la fiabilit Les limites de la recherche ont galement t pr sent es Le chapitre suivant pr sente les r sultats de l analyse de donn es CHAPITRE 3 PR SENTATION DES R SULTATS Introduction Le pr sent chapitre expose les r sultats de l analyse th matique issue des 11 entretiens que nous avons men s aupr s de biblioth caires qu b cois impliqu s divers degr s dans le processus de d veloppement des collections de leur biblioth que et ou dans la gestion des plaintes relatives l offre documentaire destin e aux adultes L analyse a t effectu e en fonction des questions de recherche nonc es pr c demment 1 Quelles sont les attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure dans le contexte des biblioth ques publiques telles qu elles affectent l offre documentaire destin e aux adultes et la gestion des plaintes relatives celle ci 2 Quels sont les facteurs m
14. d emploi de Claude Guillon et Yves de Bonniec Des documents de nature pornographique tels Playboy une revue qui est g n ralement associ e ce que nous pourrions qualifier de pornographie douce soft pornography par opposition un type de pornographie plus extr me hard pornography 9 Il arrive que les biblioth caires aient subir dans le cadre de leurs fonctions des pressions afin d exclure et ou d inclure dans les collections de leur biblioth que certains types de documents ou certains titres en particulier a Que ce soit verbalement ou par crit avez vous d j re u des pressions provenant d un individu ou d un groupe d individus afin de retirer de vos collections certains types de documents ou certains titres en particulier Si oui pouvez vous me raconter les circonstances entourant les v nements les plus r cents ou ceux dont vous tes le plus m me de vous rappeler Que ce soit verbalement ou par crit avez vous d j subi des pressions provenant d un individu ou d un groupe d individus afin d acqu rir certains types de documents ou certains titres en particulier Je fais r f rence ici aux pressions qui sortent du processus normal de suggestion d achat Si oui pouvez vous me raconter les circonstances entourant les v nements les plus r cents ou ceux dont vous tes le plus m me de vous rappeler Avez vous d j t press d acqu rir ou d exclure certains types de documents o
15. e C est peut tre ce qui expliquerait qu il y ait moins de plaintes au Qu bec alors que les francophones majoritaires se sentiraient moins concern s par ce que rec lent les rayons de leurs biblioth ques que leurs concitoyens anglophones cet gard il est int ressant de noter que pr s du tiers des participants ont not recevoir davantage de plaintes de leur client le anglophone que de leur client le francophone 3 6 Conclusion Dans le pr sent chapitre nous avons pr sent les r sultats de l analyse th matique que nous avons effectu e la suite des entrevues semi structur es men es aupr s de 11 biblioth caires dont six directeurs travaillant dans la r gion m tropolitaine de Montr al Aussi avons nous cherch extraire des t moignages les th mes dominants ainsi que les ensembles saillants L analyse des donn es a t r alis e en fonction des trois objectifs de recherche suivants 1 d crire les attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure dans le contexte des biblioth ques publiques telles qu elles affectent l offre documentaire destin e aux adultes et la gestion des plaintes relatives celle ci 2 d crire les facteurs mod rateurs qui interviennent dans le modelage comportement censorial des biblioth caires et enfin 3 comparer l engagement des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure cel
16. e sur la question 8 La collection Coup de poing a t inaugur e en 2007 dans certaines biblioth ques de la Ville de Montr al D abord destin e aux adolescents cette collection a ensuite t enrichie et adapt e pour les enfants de 4 12 ans En somme il s agit d albums qui ont t s lectionn s par un comit de lecture car abordant des sujets tabous ou probl matiques Ces albums ont ensuite t identifi s au moyen d un logo appos sur leur couverture puis ont t accompagn s de m diation notamment travers la cr ation de fiches d animation Ainsi permettent ils d aborder avec les jeunes des sujets percutants dans un contexte propice la discussion et au dialogue Martel 2008 Boisvert et Martel 2009 82 Quatre participants ont rapport l existence d une telle pratique dans leur biblioth que sans qu ils n aient t interrog s ce sujet Dans la majorit des cas il ne s agissait cependant pas d une pratique syst matique mais plut t d une mesure occasionnelle mise en place dans certaines circonstances bien pr cises L analyse des r ponses a permis de constater que si deux des biblioth caires tendaient tre en accord avec une telle pratique les deux autres tendaient plut t tre en d saccord Ainsi un des participants a t il reconnu avoir d j plac certains documents sujets controverse dans un espace r serv ne voulant pas ne pas les acheter de peu
17. en 1997 la premi re tude qualitative d envergure au Canada en cherchant non pas mesurer mais bien comprendre les attitudes des biblioth caires publics face la libert intellectuelle et la censure celles ci n cessitant une approche permettant de rendre compte de la complexit du ph no m ne complexit que les tudes quantitatives pr alables avaient certes pressentie sans pouvoir pousser l analyse plus en profondeur Curry avait men des entrevues semi structur es aupr s de 30 biblioth caires canadiens et autant de biblioth caires britanniques tous des directeurs ceux ci ayant la responsabilit de concilier les points de vue et les int r ts souvent divergents tant des employ s de la biblioth que personnel professionnel et non professionnel des membres du conseil d administra tion que des citoyens sans compter leurs propres partis pris Etayant sa d marche sur les pr suppos s de l analyse par th orisation ancr e Curry avait cherch comprendre les divers l ments intervenant dans la gestion des conflits reli s la libert intellectuelle dans les biblioth ques publiques portant une attention plus soutenue l environnement externe les attitudes des biblioth caires ne pouvant tre dissoci es d apr s la chercheuse du contexte social dans lequel elles s ins rent If there was an underlying hypothesis to this study it was that variables generated in the environment of the
18. est ce que dans son mandat elle devrait acheter ce livre la Je ne penserais pas Est ce que ce serait faire de la censure Oui probablement mais ce moment l je pense qu on devrait le faire quand m me Hd 6 Ces documents ne seraient pas du reste disponibles en librairie Si on ne peut pas l acheter la librairie on ne l a pas en biblioth que Fd 1 Certains textes tendance raciste auraient n anmoins leur place dans les biblioth ques publiques Plusieurs participants ont parl des textes fondateurs ou des textes de r f rence Mein Kampf d Hitler tant l exemple le plus souvent cit Comment ne pas mettre la disposition du monde des livres aussi normes Fd 4 Leur pr sence dans les collections se justifierait par leur caract re historique alors qu ils permettraient de comprendre les grands mouvements de l Histoire Ainsi plusieurs participants ont ils insist sur l importance de permettre aux usagers d avoir acc s ces classiques m me si ceux ci ont t controvers s en leur temps et continuent de l tre tout en leur offrant des documents sur le m me sujet mais pr sentant diff rents points de vue 3 3 3 Pornographie la question de savoir s ils croyaient que les biblioth ques publiques devaient inclure dans leurs collections des documents caract re pornographique tels Playboy 55 n 6 des participants ont affirm tre en
19. est pas impossible qu elles trouvent leur explication dans le contexte sociopolitique des diff rentes poques o les recherches ont t men es Ce qui semble surtout importer c est cette neutralit ou cette mitoyennet qui caract riserait chaque fois les attitudes des biblioth caires Bien plus que des d fenseurs de la libert intellectuelle les biblioth caires dans la pratique seraient ainsi des gardiens du consensus social ayant sans cesse re n gocier la fronti re entre le respect des valeurs individuelles et la prise en compte des valeurs soci tales C est du moins la conclusion a laquelle nous a men l analyse des t moignages recueillis Comme le rappellent H bert et Lajeunesse ill est sans doute clairant de remarquer que le syst me th ocratique ne doutait nullement de sa l gitimit 4 censurer appuy sur la faiblesse originelle des humains et la n cessit de faire une ceuvre constante de redressement Dans la soci t lib rale soci t des droits et de droit la tension entre l individu et sa soci t est le lieu d une n gociation voire d un constant combat La censure passe ainsi d un fait objectif enchass dans les lois de l Index une perp tuelle r interpr tation des limites de la libert d expression et de la n cessit de la contrainte 2005 106 En ce sens le r le des biblioth caires en milieu public ne serait pas diff rent de celui d un organism
20. id e que les documents doivent servir plus d un usager Comme l a rappel un des biblioth caires on n est pas ici pour b tir la collection priv e d une personne H 11 Les biblioth ques publiques constitueraient une ressource commune H 11 d o l importance d avoir une vue d ensemble F 10 au moment de satisfaire ou non les demandes des usagers En outre pr s de la moiti des participants ont affirm que les suggestions formul es par les usagers pourraient en certaines circonstances les amener revoir leur d cision de ne pas acheter un document Deux d entre eux ont d ailleurs reconnu qu une telle situation s tait d j produite Dans chacun des cas il s agissait de livres qui avaient fait l objet d une certaine controverse dans les m dias contenant des informations dont la v racit tait contest e La controverse cr ant la demande un de ces livres s tait retrouv sur la liste des meilleurs vendeurs et avait fait l objet de plusieurs requ tes de la part des usagers Aussi une des participantes concern es avait elle consenti acheter le document m me si elle l avait d abord cart de sa s lection 74 Il y a un livre qui m avait fait h siter mais que j ai fini par acheter parce qu il s est retrouv dans la liste des best sellers C est le livre qui disait qu il n y a jamais eu d avion qui est tomb sur le Pentagone
21. objectif de notre tude ne vise ni d velopper ni confirmer ou r futer une th orie Il s agit bien plut t de rendre compte le plus authentiquement possible de V exp rience des participants en proc dant au relev et l analyse des th mes pr sents dans le contenu manifeste et latent du corpus et ce en fonction de nos objectifs de recherche 2 3 3 Processus d analyse Paill et Mucchielli 2010 162 identifient le rep rage et la documentation comme tant les deux principales fonctions de l analyse th matique qui peut se d finir la fois comme un exercice de d nomination et de classification Alors que la fonction de rep rage consiste un premier niveau inventorier les th mes pr sents dans le corpus la fonction de documentation vise un niveau d analyse plus lev en examinant les relations qui existent entre les th mes ainsi recens s relations d opposition de compl mentarit de subsidiarit etc C est ici qu intervient la plus grande part du travail d analyse alors qu il s agit d identifier les ensembles de th mes saillants ainsi que les axes th matiques autour desquels ils s articulent L analyse th matique constitue ainsi une op ration progressive de construction analytique les th mes apparaissant de plus en plus stables et structur s au fur et mesure que le travail avance Paill et Mucchielli 2010 174 Le processus d analyse est 48 profond ment
22. officielles ou non officielles r gissant la s lection et la circulation des documents dans les biblioth ques publiques Aussi nous sommes nous int ress la suite de Curry au r le de la demande et des valeurs de la communaut dans le processus de d veloppement des collections Nous avons galement interrog le point de vue des participants sur la mise en place de certaines mesures restrictives dans les biblioth ques publiques tels l tiquetage et l utilisation de logiciels de filtrage 3 2 1 Le r le de la demande dans le processus de s lection Le r le de la demande dans le processus de s lection a fait l objet de nombreux d bats dans la litt rature professionnelle am ricaine Les demandes exprim es par les usagers le plus souvent des livres gros tirage ou best sellers seraient en effet 69 per ues par plusieurs professionnels comme allant l encontre des besoins de la communaut Curry 1995 48 d o le contentieux le r le des biblioth caires serait il de plier la demande en donnant aux usagers ce qu ils veulent ou consisterait il plut t aller au del de la demande en leur proposant ce dont ils croient qu ils ont besoin Nora Rawlinson de la Baltimore County Public Library BCPL ardente partisane de la premi re approche avait plaid en faveur des contribuables dans un article judicieusement intitul Give em what they want qui continue aujourd hui de fa
23. pondre aux besoins et aux int r ts de la communaut qu elles desservent Essentiellement il faut r pondre effectivement sa communaut Qu est ce qu elle veut qu est ce qui va faire qu elle va fr quenter la biblioth que et qu elle va trouver l un service qui correspond ses besoins Hd 6 Si tu as beaucoup de jeunes familles tu vas avoir des livres qui vont r pondre aux besoins de jeunes familles Si tu as une population tr s g e tu vas acheter moins de livres sur comment lever les enfants Il faut que a colle Il y a des facteurs qui vont influencer ton d veloppement de collection Moi en tout cas je le crois Fd 9 Une collection transpos e dans un autre milieu que celui pour lequel elle a t con ue perdrait toute sa pertinence En ce sens les biblioth caires auraient respecter les valeurs de la communaut condition que celles ci ne soient pas contraignantes Il est int ressant de noter que les participants ont davantage parl ici des besoins que des valeurs de la communaut 3 23 tiquetage Le droit des usagers d acc der librement aux documents de leur choix constitue un des principes fondamentaux li s l exercice de la libert intellectuelle dans le contexte des biblioth ques publiques travers les ann es diff rentes strat gies ont t adopt es par les biblioth caires afin de restreindre l acc s certains documents ou types de documents jug s
24. que juste dans une direction d velopper comme a F 2 On a prioriser on doit quand m me faire certains choix mais des jugements de 39 66 39 66 valeur de dire a c est bon a ce n est pas bon a ce n est pas de la lecture a ce n est pas de la litt rature des b d s non des mangas il n en est pas question pas du tout Moi je pense que la biblioth que au contraire on a un mandat assez vaste d offrir justement aux gens le plus large ventail possible Fd 5 Ces deux extraits d montrent bien le rapport de profonde n cessit qui unit les notions de libert de choix d ventail de choix et d objectivit Aussi le droit des usagers l autod termination appara t il embl matique de l ensemble des t moi gnages Comme l a rapport une des participantes on pense que nos clients adultes sont en mesure eux m mes de se faire une opinion du moment qu on leur fournit un ventail d informations sur le sujet Fd 7 Le droit la libert intellectuelle se traduirait ainsi par la libert de choix des usagers d o la n cessit de couvrir toute la palette intellectuelle et de faire preuve d objectivit lors du processus de s lection Nous on leur offre un ventail et eux ils choisissent Fd 5 59 3 1 2 D finition de la censure A l oppos les biblioth caires ont d fini la censure ou plut t l autoce
25. que fait partie de la soci t dans laquelle ses usagers vivent et son personnel vit aussi dedans On suit notre soci t on en est un peu le reflet aussi F 3 Les droits individuels viendraient ainsi se heurter certaines limites soci tales auxquelles les biblioth caires auraient se conformer dans leur choix de documents une t che d autant plus difficile comme l ont not plusieurs participants que les valeurs de la soci t volueraient dans le temps Plus concr tement l analyse des donn es a permis d identifier deux limitations la libert intellectuelle r currentes travers l ensemble des entretiens soit la propagande haineuse et la pornographie Si la propagande haineuse constitue le motif qui a t le plus souvent mentionn par les participants 1l est aussi celui qui a suscit le plus de r actions spontan es parmi les biblioth caires alors qu ils ont vivement exprim leur d saccord vis vis la pr sence de documents caract re haineux dans les collections des biblioth ques publiques C est vident que si un document a t crit dans un esprit haineux o on veut vraiment influencer les gens faire du tort quelqu un d autre l je pense qu on vient de rentrer dans une limite inacceptable et c est des choses que je n ach terai pas Parce que c est manquer de respect envers quelqu un Mais l on tombe dans les normes C est un exemple de normes Fd
26. voluant dans le temps il conviendrait cependant de ne pas fonder son choix uniquement sur la crainte de froisser les usagers La soci t volue notre client le volue aussi Les besoins ou les r ticences qu il y a aujourd hui peut tre que dans 115 deux ans les barri res vont tre tomb es Si on tient compte des plaintes c est tr s minime dans l chelle des crit res Fd 7 Les commentaires des usagers permettraient galement aux biblioth caires de cibler les lacunes de leurs collections en attirant leur attention sur certaines omissions Comme l a relev une des participantes la censure exerc e par les biblioth caires ne serait pas toujours le fait de leurs opinions ou de leurs go ts personnels Certaines limites s expliqueraient en effet par un simple manque de connaissances ce que les commentaires des usagers permettraient parfois de mettre en lumi re Des fois les censures qu on fait c est notre manque de culture ou notre manque de connaissances Si tu ne connais pas les mangas tu vas te dire ah non je n ach terai pas a Donc des fois a peut faire r fl chir a t am ne acheter des choses que peut tre tu n aurais pas regard es parce que tu ne connais pas a a peut tre des gens qui t en parlent a t am ne mieux comprendre mieux conna tre les documents C est plus dans ce sens l que a peut influencer tes achats et ton d veloppement de
27. 147 attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure dans le contexte des biblioth ques publiques Il pourrait tre int ressant dans un premier temps de mener une tude comparative entre les attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure et les attitudes des biblioth caires d une autre province telle l Ontario Une telle d marche permettrait de mettre en lumi re la sp cificit du milieu biblioth conomique qu b cois si tant est qu il y en aurait une Une tude comparative permettrait galement de mieux percevoir l influence des facteurs culturels sur le modelage du comportement censorial des biblioth caires Les biblioth ques publiques en Ontario tant cha peaut es par un conseil d administration d cisionnel contrairement au Qu bec o les biblioth ques publiques rel vent le plus souvent du conseil municipal une telle tude permettrait en outre d analyser l influence de la structure l gale et administrative des biblioth ques publiques sur le comportement censorial des biblioth caires Ce facteur mentionn par un des participants dans la pr sente tude a t abord divers degr s par Fiske 1959 Busha 1971 et Curry 1997 La pr sente recherche a t men e aupr s de biblioth caires travaillant dans la r gion m tropolitaine de recensement de Montr al c est dire dans un milieu urbain desser
28. A cet gard l incident survenu la biblioth que munici pale de Hull fait exception ayant b n fici d une forte m diatisation la censure tel que le souligne Charles Montpetit 2003 4 uvrant le plus souvent dans l ombre lui seul il ne peut rendre compte d un ph nom ne dont on ne conna t pas au Qu bec l ampleur faute d un comit ou d un organisme qui aurait la responsabilit de comptabiliser les cas de censure qui pourraient survenir que ce soit dans les bi blioth ques scolaires les biblioth ques publiques ou les biblioth ques universitaires Le pr sent travail cherche ainsi combler deux lacunes Il s agit premi rement de pallier le manque de connaissances sur les attitudes des biblioth caires qu b cois face la libert intellectuelle et la censure en dressant un portrait actuel du ph nom ne les derni res tudes qu b coises avoir abord la question n tant plus jour Secondement il s agit de parer l absence au Qu bec de recherches de nature qualitative sur le sujet Il ne s agira pas tant de mesurer quantitativement les attitudes des biblioth caires qu b cois face la libert intellectuelle et la censure comme l ont d j fait R jean Savard 1984 Louise Cayer 1986 et Ali Frihida 1986 que de tenter de comprendre ces attitudes en interpr tant le ph nom ne l tude en contexte c est dire l int rieur de l environnement social
29. Afin de pr server la longue tradition de confiance qui existerait entre la communaut et les biblioth ques 84 publiques elle a en outre choisi de ne pas s opposer au filtrage du contenu sur les postes r serv s aux enfants CLA 2000a Interrog s savoir s ils croyaient que les biblioth ques publiques devaient installer des logiciels de filtrage sur les postes mis la disposition des usagers 91 n 10 des participants dans la pr sente tude ont affirm tre en d saccord ou tout fait en d saccord avec l nonc voir figure 8 soit le m me ratio de participants qui ont affirm tre en d saccord avec la pratique de l tiquetage Il est noter que ce pourcentage concerne uniquement l utilisation des logiciels de filtrage sur les postes destin s aux adultes plusieurs biblioth caires ayant pris l initiative de mentionner qu ils seraient plut t en accord avec leur utilisation sur les postes r serv s aux jeunes Par ailleurs l opinion exprim e par les participants lors des entretiens rejoint l utilisation r elle de ces logiciels dans les biblioth ques ayant particip l tude 89 n 8 d entre elles ne filtrant pas le contenu sur les postes destin s aux adultes voir figure 9 Il importe cependant de mentionner que dans la plupart des cas ce ne sont pas les biblioth caires qui avaient pris la d cision d installer des logiciels de filtrage sur leurs postes mais bien la ville Si c
30. Alvin M Schrader 1995 Schrader avait opt pour un tout autre type de recherche en menant a la fin des ann es 1980 une enqu te pancanadienne afin de r pertorier les plaintes challenges re ues dans l ensemble des biblioth ques publiques du pays incluant le Qu bec entre 1985 et 1987 Si le chercheur avait reconnu dans son tude l existence d un ph nom ne d autocensure il l avait cependant li aux pressions ext rieures subies par les biblioth caires d o son int r t pour celles ci plut t que pour les attitudes des professionnels vis vis la libert intellectuelle et la censure Published research on intellectual freedom is replete with condemnations of the censorial attitudes and self censorship practices of librarians and with exhortations to them to resist both internal and external community censorship pressures But there is very little research into the kinds of community pressures that contribute to such attitudes and practices or into how pervasive these censorial pressures are And even less is known of just how frequently or infrequently public librarians actually remove or otherwise restrict access to materials as a result of such pressures 1995 12 La censure tant a la fois une intention et un r sultat 1995 16 Schrader s tait int ress autant aux objections ayant abouti au retrait des documents qu a celles ayant re u une fin de non recevoir de la part des biblioth caires
31. Qui tait l origine de la plainte Quels taient les motifs voqu s De quelle mani re la plainte avait elle t r gl e Ce faisant il avait cherch identifier les facteurs ayant une incidence sur la fa on dont les plaintes sont r solues afin de jeter les bases l laboration ventuelle d un mod le conceptuel de m me que les effets de celles ci sur les pratiques des professionnels et les politiques institutionnelles Schrader s tait aussi int ress aux pressions indues exerc es par les membres de la communaut afin d acqu rir certains titres ou types de documents ainsi qu aux actes de censure indirects p ex le vol ou l alt ration de documents des mesures galement destin es alt rer l quilibre des collections en fonction de crit res partisans Au moment d analyser les r sultats Schrader avait port une attention particuli re aux diff rences entre les biblioth ques desservant des communaut s anglophones et 20 celles desservant des communaut s francophones Si quelques divergences avaient t relev es 1l est surtout int ressant de noter que la langue de la communaut avait t identifi e comme un des facteurs ayant une influence sur la gestion des plaintes Of incidents where material was retained 87 per cent were in English language institutions compared to 53 per cent in French language institutions 1995 85 Selon les donn es recueillies pa
32. VPABQLA la CBPQ ou l ASTED ne s est officiellement prononc e sur la question des logiciels de filtrage alors que ceux ci sont pr sents dans plusieurs biblioth ques publiques et scolaires travers la province Du c t de la litt rature professionnelle seuls deux articles ont t recens s sur le sujet Bernier 2002 Lointier 2002 un nombre nettement insuffisant pour pr tendre la tenue d un v ritable d bat De fa on plus g n rale une recension des crits nous a amen constater que c est toute la question de la libert intellectuelle dans son rapport la censure qui se trouve exclue tant des pr occupations des professionnels que de celles des chercheurs qu b cois ce qui para t pour le moins surprenant consid rant sa nature minemment probl matique En effet comme le mentionne Richard E Rubin als an issue censorship and the protection of intellectual freedom are of prime importance to many libraries and the profession as a whole On its surface it seems obvious that the former should be inhibited and the latter promoted Regrettably the situation quickly becomes opaque The protection of intellectual freedom is in fact one of the most difficult aspects of library work and is the cause of much professional controversy 2000 146 Au Canada et aux tats Unis la litt rature professionnelle abonde en la mati re et est le lieu de d bats fortement polaris s Du c t de la litt rature scienti
33. agirait la d une pente dangereuse comme l ont rappel quelques participantes Apr s qu est ce qu on va faire On va recommencer mettre les livres dans les rayons ferm s F 3 Si tu embarques l dedans tu n as jamais fini Tu n as jamais jamais jamais fini Fd 4 Pour trois participants apposer des tiquettes ne ferait au contraire qu attirer l attention des usagers sur le caract re controvers des documents Ce serait quasiment pire Ce serait comme narguer la personne en disant Regarde j ai achet a a va t offenser Je te le dis tout de suite Hd 6 Plut t qu tiqueter directe ment les documents ces biblioth caires auraient recours des mesures alternatives Un des participants a ainsi mentionn qu il pourrait envisager de placer un document probl matique en acc s restreint derri re le comptoir de pr t par exemple pour un temps limit D apr s lui cette fa on de proc der serait plus subtile que d tiqueter un livre et remplirait davantage l objectif fix soit pr server certains groupes de personnes de documents jug s r pr hensibles ou inappropri s Une autre participante 80 a affirm pour sa part qu elle pourrait envisager de mettre une note dans la notice catalographique Elle ne voyait d ailleurs pas de diff rence entre cette mani re de proc der et les cotes attribu es par les Services documentaires multim dias SDM da
34. agissant par la col re Pour une des biblioth caires il conviendrait ainsi de se d fendre le moins possible car plus tu vas leur expliquer pourquoi ce livre l se retrouve sur les rayons plus souvent tu vas les offenser Fd 4 En derni re instance c est la biblioth que qui aurait le dernier mot moins que l usager d cide d en appeler au conseil municipal 3 44 Pressions provenant du conseil municipal Lorsqu interrog s savoir s ils avaient d j subi des pressions provenant du conseil municipal afin d acqu rir ou de retirer des documents de la collection de la biblioth que tous les participants ont r pondu n avoir jamais subi de telles pressions l expertise des biblioth caires tant g n ralement respect e par les lus Une seule participante a rapport avoir d j re u des suggestions d achat d un conseiller mais celles ci taient pertinentes Ce n tait pas de l ing rence F 3 Elle a toutefois conc d que la situation aurait t autrement plus d licate si la biblioth que avait refus d acheter les documents Plusieurs participants ont voqu la possibilit qu un usager puisse adresser directement sa plainte un lu Seules deux biblioth caires avaient v cu un tel incident Dans le premier cas un usager s tait adress la ville afin de d noncer la pr sence d un livre jeunesse dans la collection de la biblioth que de son quartier Le directe
35. alternatives gt page consult e le 26 f vrier 2012 England Claire 1974 The Climate of Censorship in Ontario An Investigation into the Attitudes toward Intellectual Freedom and the Perceptual Factors Affecting the Practice of Censorship in Public Libraries Serving Medium Sized Populations Th se de doctorat University of Toronto Filion Ivan 2009 En r ponse au billet Manque de rigueur Rue Frontenac Les biblioth ques r pondent Espace B Le blogue des biblioth ques de la Ville de Montr al 16 mai lt http espaceb bibliomontreal com 2009 05 07 manque de rigueur a rue frontenac les bibliotheques de montreal repondent gt page consult e le 26 f vrier 2012 Finks Lee W 1989 Values without shame American Libraries 20 no 4 352 355 xvii Finks Lee W 1973 Measuring the Attitudes of Library School Students toward Intellectual Freedom Innovation and Change Service Research and Administration and Management Th se de doctorat Rutgers University Fiske Marjorie 1960 Book Selection and Censorship A Study of School and Public Libraries in California Berkeley Los Angeles University of California Press Fortin Fabienne Jos C t et Fran oise Filion 2006 Fondements et tapes du processus de recherche Montr al Cheneli re ducation France 2007 Code p nal Paris Litec Frihida Ali 1986 Attitude des responsables des biblioth ques publiques centrales et des succursales de la r
36. ann es n 2 ou entre 11 et 15 ann es n 3 d exp rience voir 1 Il est noter que tous les directeurs rencontr s taient biblioth caires de formation 8 Nous tenons exprimer toute notre gratitude envers chacun des 11 participants qui ont accept notre invitation Sans leur concours cette recherche n aurait pas t possible Nous les remercions tant pour leur disponibilit que pour l ouverture d esprit dont ils ont fait preuve lors des entretiens 40 figure 2 En outre tous les participants incluant les directeurs d tenaient une ma trise en biblioth conomie et sciences de l information Figure 1 R partition des biblioth caires en fonction de leur ge n 11 Nb de biblioth caires 20 29 ans 30 39 ans 40 49 ans 50 59 ans 60 ans et plus Figure 2 R partition des biblioth caires en fonction de leurs ann es de service n 11 3 2 0 5 ans 6 10 ans 11 15 ans 16 20 ans 21 ans et plus Nb de biblioth caires En ce qui concerne la position occup e au sein de la structure organisationnelle nous avons rencontr tant des directeurs n 6 que des biblioth caires se situant un niveau inf rieur sur l chelle hi rarchique n 5 Parmi les directeurs la moiti effectuait toujours des t ches reli es au d veloppement des collections La figure 3 Tl est noter qu ont t inclus dans cette seconde cat gorie les biblioth caires qui m me s ils occupaient un poste de gestion o
37. au participant ANNEXE 7 Copie du certificat d thique Universit dh de Montr al COMIT D THIQUE DE LA RECHERCHE DE LA FACULT DES ARTS ET DES SCIENCES C RFAS CERTIFICAT D THIQUE Le Comit d thique de la recherche de la Facult des arts et des sciences selon les proc dures en vigueur a examin le projet de recherche suivant Les attitudes des biblioth caires qu b cois face la libert intellectuelle et la censure une tude qualitative Requ rant Vanessa Allnutt tudiante la ma trise M S L Ecole de biblioth conomie et des sciences de l information Sous la direction de ric Leroux Professeur agr g Ecole de biblioth conomie et des sciences de l information Le Comit a conclu que la recherche propos e respecte les r gles d thique nonc es dans la Politique sur la recherche avec des tres humains de l Universit de Montr al Tout changement anticip au protocole de recherche doit tre communiqu au C RFAS qui devra en valuer l impact au chapitre de l thique Toute interruption pr matur e du projet ou tout incident grave devra tre imm diatement signal au CERFAS Un suivi annuel est exig afin de maintenir la validit de ce certificat 4 4 eherlx UM Veirdre Meintel protesseure titulaire Date de d livrance Pr sidente Comit d valuation acc l r e
38. aux tats Unis du Children s Internet Protection Act CIPA t moignent de l importance de certains des enjeux en cause En t moignent notamment les nombreuses activit s de l International Federation of Library Associations and Institutions IFLA en mati re de d fense et de promotion de la libert intellectuelle travers le comit Free Access to Information and Freedom of Expression FAIFE mais galement l engagement r it r de l UNESCO en faveur du libre acc s l information tel qu attest par exemple dans le Manifeste sur la biblioth que publique 1994 ou le Manifeste sur la biblioth que scolaire 1999 gt La loi promulgu e en 2001 exigeait des biblioth ques scolaires et publiques am ricaines recevant des subventions f d rales qu elles installent des logiciels de filtrage sur leurs ordinateurs afin de limiter l acc s des usagers certains sites jug s obsc nes ou ind cents sans quoi ces biblioth ques cesseraient de recevoir l aide financi re de l tat Dans une d cision rendue le 23 juin 2003 la Cour Supr me des tats Unis a jug la loi conforme au premier amendement de la Constitution sous certaines r serves renversant ainsi une d cision de la Cour d appel de Philadelphie qui avait pr alablement d clar la loi inconstitutionnelle L ALA l un des principaux plaignants dans la notre connaissance aucune association professionnelle qu b coise que ce soit
39. caires de la Ville de Montr al avaient ventuellement t amen s s interroger en groupe sur la l gitimit d int grer ce type de documents dans leurs collections Si la d cision ultime avait t laiss e chaque biblioth caire la direction des biblioth ques les avait n anmoins mis en garde Si vous vous sentez mal l aise ou si vous vous sentez incapables de le d fendre c est peut tre mieux de ne pas le prendre Fd 5 Certaines biblioth ques avaient choisi d acheter le livre alors que d autres s taient abstenues Plusieurs participants ont ici insist sur l importance de la coll gialit dans de telles situations Je pense que l exercice qu on avait fait en quipe l poque tait tr s sain C est tr s bon de se remettre en question de revoir ses valeurs Je crois que c est tr s sain de se poser la question Est ce que a sa place C est pour a que je ne dis pas tout fait en accord Oui je suis en accord mais je ne le prendrais pas sans prendre le temps de r fl chir Fd 1 Pour une minorit de participants des livres comme Suicide mode d emploi et Exit final auraient ainsi leur place dans les biblioth ques publiques Un des participants a toutefois pr cis qu il n tait en accord que dans la mesure ou ces ouvrages ne faisaient pas la promotion du suicide Et encore 1a peut tre que quand viendrait le moment de l acheter H
40. caract re sexuel Une des biblioth caires a rapport qu une telle pratique avait t mise en place par le personnel d une des succursales rattach es sa biblioth que Tous les documents qui parlaient de sexualit m me des documents de biologie qui expliquent les fonctions du corps d s qu il y avait des photos de nu les employ s les mettaient en arri re du comptoir parce qu ils disaient que sinon les jeunes allaient aller regarder les photos Sauf qu en m me temps un jeune qui aurait besoin d un 83 manuel de biologie et qui ne le trouve pas va tre tr s tr s g n d aller au comptoir demander le livre Nous on leur a dit de ne pas faire a F 8 Il est int ressant de noter qu une des participantes a pr f r retourner un livre jug un peu trop os la librairie plut t que de voir celui ci se retrouver en acc s restreint comme le lui avait recommand son directeur Ce sont de nouveaux livres je veux qu ils sortent C tait compl tement mettre des batons dans les roues pour donner une accessibilit cet ouvrage l F 2 3 2 4 Logiciels de filtrage L utilisation des logiciels de filtrage dans les biblioth ques publiques ne fait pas l unanimit dans la litt rature professionnelle tant am ricaine que canadienne Le d bat achopperait notamment sur le r le des biblioth caires en mati re de s lection l re du num rique Internet offrant la po
41. collection Fd 9 De fa on g n rale les plaintes ne seraient pas assez nombreuses pour repr senter une pr occupation quotidienne La plupart des participants ont cependant admis que s il y en avait davantage la situation serait plus pr occupante Si a arrivait tout le temps ce serait effectivement tout un fardeau F 10 3 4 6 Synth se L analyse des incidents de censure rapport s par les biblioth caires a permis de r v ler que la sexualit et la nudit constituaient les motifs de plainte les plus souvent voqu s par les usagers Dans plus des trois quarts des cas les plaintes concernaient soit des documents situ s dans la section jeunesse soit des documents situ s dans la section r serv e aux adultes mais accessibles ou visibles par des jeunes Les documents jeunesse taient du reste beaucoup plus susceptibles d tre retir s des rayons ou d tre transf r s dans la section adulte la suite d une plainte Par ailleurs l analyse a permis de r v ler que les pressions subies par les biblioth caires afin d int grer des documents dans leur collection taient principalement le fait de groupes religieux par l interm diaire de dons ainsi que d auteurs qui s autopublient 116 Seul un tiers des biblioth ques ayant particip l tude s taient dot es d une proc dure formelle en cas de plainte Selon l exp rience des participants aucune plainte n avait cependan
42. comme tudiante bien s r mais aussi comme auxiliaire de recherche et d enseignement Je ne saurais videmment oublier mes parents David et Jocelyne qui m ont encore une fois offert leur amour ind fectible alors m me qu ils avaient surtout besoin du mien mon amoureux Jonathan qui sait toute ma gratitude Je ne crois pas devoir en dire plus Merci enfin mes petits messagers de Montr al D s que l on parle de choix se pose la question de la censure une autre appellation de ce choix Le biblioth caire y est sans cesse confront Il doit justifier son choix de sorte que le d bat public soit possible et que le mot de censure ne soit prononc par personne Michel Melot La sagesse du biblioth caire Mon biblioth caire id al c est un homme qui le soir venu quitte sa biblioth que pour aller combattre des id es dont il a veill dans la journ e ce qu elles soient repr sent es dans les collections Jean Luc Gautier Gent s Lettre ouverte une jeune biblioth caire sur le pluralisme des collections INTRODUCTION Probl matique En 1976 l Association des biblioth caires du Qu bec Quebec Library Association ABQLA la Corporation des biblioth caires professionnels du Qu bec CBPQ ainsi que l Association pour l avancement des sciences et des techniques de la documentation ASTED adoptaient la Charte des droits du lecteur un court texte non ant le nom le dit les droits des
43. creux dans leur vie Fd 9 Une seule participante a affirm qu elle ne se sentirait pas moralement responsable en cas d incident Je ne suis pas l penser que si une personne se suicide a va tre parce qu elle va avoir pris le livre la biblioth que Fd 5 Pour cette biblio th caire la lecture d un ouvrage comme Exit final pourrait au contraire avoir l effet inverse une personne pourrait tout aussi bien renoncer au suicide apr s l avoir emprunt Parmi les autres arguments soulev s par les biblioth caires qui taient en d saccord avec l nonc un des participants a voqu les plaintes que pourrait susciter la pr sence de ce type de documents dans les biblioth ques Pour un directeur ce n est tout simplement pas un choix qu il serait l aise d aller d fendre devant le conseil municipal Aussi pr f rerait il avoir expliquer un usager pourquoi il n ach te pas ce type de documents plut t que d aller le d fendre devant les lus de la ville 101 Si quatre participants ont affirm tre en accord avec l nonc leur niveau d accord tait n anmoins mod r si ce n est que parce que ce type de documents requerrait une attention particuli re La parution au Qu bec d Exit final en 1991 n avait d ailleurs pas laiss le milieu biblioth conomique indiff rent comme l ont rappel trois participantes D abord une question l gale les biblioth
44. de l id ologie du clerg et des lites traditionnelles L homme tait une conscience diriger un fid le difier Le contr le des id es allait de soi Lajeunesse cit par Savard 1984 124 D apr s Savard l attitude mitig e des biblioth caires face la libert intellectuelle pouvait s expliquer du moins en partie par cette conjoncture particuli re au Qu bec Il avait n anmoins exprim son inqui tude face au d sengagement des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle une valeur pourtant reconnue dans la litt rature biblioth conomique nord am ricaine comme tant centrale la profession Savard avait soulign la n cessit pour les associations professionnelles qu b coises de promouvoir la libert intellectuelle aupr s de leurs membres par la mise en place de conf rences et d ateliers Il avait galement encourag les coles de biblioth conomie sensibiliser les tudiants aux importants enjeux entourant la libert intellectuelle notamment par la voie de la recherche 1 3 2 Louise Cayer 1986 Le m moire de ma trise de Cayer publi en 1986 visait pour sa part mesurer toujours l aide de l chelle de Likert les attitudes des responsables des biblioth ques publiques du Montr al m tropolitain vis vis la libert intellectuelle et la censure ainsi que leur degr de corr lation avec un certain nombre de variables tant d ordre d mographique
45. de noter que si la notion d ventail de choix renvoie la n cessit de repr senter la pluralit des points de vue sur diff rents sujets elle renvoie galement l obligation voqu e par plusieurs participants de repr senter ce que Dominique Lahary a nomm les diff rents niveaux de l gitimit ou les diff rentes pratiques de la lecture 2000 92 cet effet un peu plus du tiers des biblioth caires interview s ont rappel l orientation populaire des collections d non ant du m me coup les personnes bien pensantes qui ont une vision litiste des biblioth ques publiques Dans un quartier comme ici il y a beaucoup de gens qui sont en alphab tisation qui sont des faibles lecteurs Ils sont bien contents de venir la biblioth que et de retrouver le Lundi le Sept jours et le Derni re heure Ils partent avec des piles et ils sont donc contents Autrement ils ne viendraient pas la biblioth que Ben il y a des gens pour trouver que nos revues sont bien insignifiantes a ne m emp che pas d avoir Le Nouvel Observateur Le Point et Qu bec Science et toutes sortes d affaires Mais a les fatigue de voir a Fd 4 Il y a des gens qui nous disent des fois Vous achetez des petits romans populaires a n a pas d allure c est mal crit Pourquoi vous achetez a On ach te a parce Les propos des participants ont t identifi s de la fa on suivante la
46. des textes les plus fr quemment cit s par les chercheurs ayant grandement contribu tablir un cadre de r f rence permettant d une part de proposer une lecture plus coh rente des recherches ant rieures en les situant les unes par rapport aux autres et d autre part d offrir une assise conceptuelle sur laquelle les recherches ult rieures ont pu prendre appui Plusieurs constantes peuvent tre d gag es des diff rentes tudes ci haut mentionn es Tel que soulign par Serebnick 1979 les recherches ont notamment d montr que le concept de libert intellectuelle tait un concept s cable c est dire pouvant appeler des attitudes non univoques Ce constat d abord pressenti par Fiske 1959 puis confirm par Busha 1971 a ainsi men les chercheurs diff rencier les attitudes des biblioth caires face la libert intellectuelle en tant que concept de leurs attitudes face la libert intellectuelle en tant qu activit Si la grande majorit des biblioth caires se prononcent g n ralement en faveur des principes li s la libert d expression nombre d entre eux reconnaissent que sous certaines circonstances il est l gitime de restreindre voire m me d interdire l acc s certains documents ou types de documents en les excluant de leurs collections Plusieurs chercheurs dont England 1974 ont tent par la suite de comparer les attitudes des biblioth caires vis vis la libert int
47. difficult que pr senteraient les ordinateurs portables certaines biblioth ques publiques ayant commenc proposer leurs usagers un acc s sans fil Internet Maintenant les biblioth ques sont en wi fi Moi j arrive avec mon portable C est mon ordinateur il n appartient pas la ville A un moment donn il faut voir o sont nos limites d application aussi Si tu mets une r gle que tu n es pas capable d appliquer aussi ben pas en avoir Fd 9 Tl s agit d un des arguments centraux qui avait t soulev par l ALA dans la cause entourant l adoption du CIPA aux tats Unis les logiciels de filtrage bloquant l acc s certains sites dont le contenu est prot g par la Constitution La Cour supr me avait tenu compte de cette limitation dans sa d cision Si elle avait jug la loi constitutionnelle elle avait galement tabli le droit des usagers de demander ce que les logiciels soient d sactiv s dans le cas o ils se verraient refuser l acc s certains sites prot g s par le premier amendement de la Constitution ALA 2006a 88 86 Pour deux participants la solution passerait davantage par l ducation des usagers Un logiciel ne remplace pas une personne F 3 Tous les participants se sont accord s pour dire que les sites caract re pornographique n avaient pas leur place dans les biblioth ques qui seraient avant tout des lieux publics Aussi la majorit
48. doivent d en tenir compte Voyez a respecter les valeurs de la communaut c est le petit bout qui peut mettre en danger la libert intellectuelle C est a qui est important Oui il faut tenir compte des valeurs de la communaut mais en m me temps il faut tenir compte du fait que dans la communaut il peut y avoir un noyau qui est tr s fort mais qu est ce qu on fait des gens qui sont en orbite de ce noyau l qui ne se rattachent pas n cessairement ce noyau la Est ce qu on les laisse pour compte Oui il faut tenir compte des valeurs en autant que a ne brime pas les autres personnes qui ne font pas partie de la communaut qui ne sont pas tricot s serr comme le reste de la communaut Fd 1 Encore une fois plusieurs participants ont soulign la n cessit d offrir un ventail de choix aux usagers et ce peu importe leur positionnement sur l chelle de Likert Mettons que la communaut avait des valeurs tr s conservatrices est ce que la biblioth que devrait tre tr s conservatrice Ce n est pas le cas ici En fait il y en a des tr s conservateurs mais d autres qui ne le sont pas du tout Donc finalement on couvre tout Donc on est correct Hd 6 C est cette exigence de pluralit qui guiderait d abord les biblioth caires dans le processus de d veloppement des collections quitte parfois heurter certains individus Parmi les participantes qui taient en
49. e par Serebnick 1979 le poste occup dans la structure organisationnelle de la biblioth que et de la municipalit celui ci ayant une incidence sur le degr de libert d cisionnelle des biblioth caires et la perception que les biblioth caires ont de leur r le ainsi que de celui de la biblioth que au sein de la communaut La libert intellectuelle ne serait en effet pas la seule valeur en jeu le service au public apparaissant galement comme une valeur fondamentale la profession Sans tre incompatibles elles ne marcheraient pas n cessairement toujours main dans la main Dans l ensemble les participants ont paru peu pr occup s par les pressions provenant de l ext rieur de la biblioth que celles ci tant trop peu nombreuses pour qu elles repr sentent un souci quotidien si la peur de recevoir des plaintes aurait une incidence certaine sur le comportement censorial des biblioth caires force est ainsi d admettre que cette crainte ne serait pas tant li e la fr quence r elle des plaintes qu au simple risque qu un tel incident survienne C est ce qui expliquerait du moins partiellement leur faible engagement dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle lutte dans laquelle se trouvent pourtant activement engag s tant leurs coll gues canadiens qu am ricains De l aveu m me des participants la censure extra muros ne constituerait pas r ellement une menace p
50. en effet provoqu tout un toll au moment de leur parution proposant notamment des recettes de cocktails m dicamenteux mortelles Plusieurs y avaient vu une incitation au suicide Les deux ouvrages avaient ventuellement t interdits de publication et de distribution en France en vertu de la Loi tendant r primer la provocation au 91 suicide adopt e en 1987 par l Assembl e nationale Si une telle loi n existe pas au Canada la parution en fran ais d Exit final avait n anmoins suscit de nombreux commentaires au Qu bec La plupart des intervenants dans le d bat avaient cependant insist sur l importance de respecter la libert intellectuelle Bonhomme 1991 Venat 1991 la lumi re de ces discussions il nous a paru pertinent d interroger les participants dans la pr sente tude sur leur opinion quant la pr sence de ce type de documents dans les biblioth ques publiques 3 3 1 M decines alternatives et parapsychologie la question de savoir s ils croyaient que les biblioth ques publiques devaient inclure dans leurs collections des documents consid r s par la communaut scientifique comme v hiculant de fausses informations les r ponses des participants dans la pr sente tude taient quasi unanimes 91 n 10 d entre eux ayant r pondu tre en accord ou tout fait en accord voir figure 10 Seule une biblioth caire a d clar tre en d saccord avec l nonc Afin que la questi
51. es de scolarit pr sentait une corr lation 25 positive significative savoir que plus un biblioth caire tait scolaris plus il tendait tre en faveur de la libert intellectuelle En revanche l ge des r pondants et le nombre d ann es d exp riencene pr sentaient pas de corr lation significative L tude de Cayer lui avait galement permis d affirmer que l existence d une politique crite de d veloppement des collections n tait pas garante d une attitude plus favorable la libert intellectuelle Cherchant enfin savoir si le choix des documents effectu par une seule personne tait plus restrictif elle avait conclu que tel tait bien le cas Les personnes devant travailler en collaboration tendaient en effet tre plus favorables la libert intellectuelle ayant confronter leurs opinions celles de leurs coll gues et expliquer les motifs sur lesquels ils fondaient leurs choix Cayer avait ici parl d un ph nom ne d autor gulation 1 3 3 Ali Frihida 1986 L tude men e par Frihida visait galement mesurer les attitudes des responsables des biblioth ques publiques de la r gion de Montr al face la libert intellectuelle et la censure Elle cherchait plus pr cis ment valider les trois hypoth ses suivantes 1 Les biblioth caires travaillant dans la grande r gion de Montr al ont des attitudes quivoques face la libert intellectuel
52. et International Federation of Library Associations and Institutions 1994 Manifeste sur la biblioth que publique lt http www unesco org webworld libraries manifestos libraman_fr html gt page consult e le 26 f vrier 2012 Veilleux Marco et Jean Philippe Warren 2007 Une m moire trouble Relations no 716 21 23 Venat Pierre 1991 Exit final un ouvrage s rieux et quelques recettes La Presse 10 novembre C2 ANNEXE 1 CHARTE DES DROITS DU LECTEUR Toute personne a le droit a la libert intellectuelle c est a dire le droit fondamental d acc der toutes les formes d expression du savoir et d exprimer ses pens es en public Le droit la libert intellectuelle est essentiel et vital une saine d mocratie et au d veloppement de la soci t qu b coise En vertu de cette d claration les administrateurs et le personnel des bi blioth ques ont envers le lecteur l obligation d assurer et de maintenir ce droit fondamental la libert intellectuelle de garantir et de faciliter l acc s toute forme et tout moyen d expression du savoir de garantir ce droit d expression en offrant les services usuels physi ques et intellectuels de la biblioth que de s opposer toute tentative visant limiter ce droit l information et la libre expression de la pens e tout en reconnaissant aux individus ou aux groupes le droit la critique Les biblioth caires doivent
53. fa on de voir Fd 5 Quelques participants ont rappel le lourd pass du Qu bec en mati re de censure le clerg ayant longtemps eu la mainmise sur la production litt raire et cin matogra phique plac e au service de la morale catholique L av nement de la R volution tranquille dans les ann es 1960 aurait lib r le Qu bec du joug de la censure Avec la r volution sociale qu il y a eu dans les ann es 60 on s est d barrass de ce fardeau la et a donn une soci t plus d mocratique donc forc ment le probl me de la censure se fait moins sentir Fd 1 Pour plusieurs participants l affai blissement de l ascendant religieux sur la soci t qu b coise aurait eu pour effet de mener a un plus grand lib ralisme par un renversement complet des mentalit s Plus de la moiti des biblioth caires ont not que la censure s exercerait souvent aujourd hui encore au nom de la religion L absence au Qu bec de lobbies religieux expliquerait ainsi en grande partie le climat de tol rance qui pr vaudrait dans les biblioth ques publiques alors que la religion serait de plus en plus cantonn e dans la sph re priv e En contrepartie les biblioth caires am ricains seraient souvent la cible de pressions provenant de puissants groupes religieux Des groupes religieux on n en voit pas ici Mais c est des gros lobbies aux tats Unis c est norme C est ces gens l qu on va voir dans
54. faire a mettez moi la porte si vous voulez C est s r que je n aurais pas fait a Hd 6 Les biblioth ques publiques relevant du conseil municipal elles seraient assujetties aux d cisions de la ville au m me titre que les autres services La plupart des participants ont cependant dit qu ils croyaient qu ils obtiendraient l appui du conseil municipal si une plainte devait se rendre aussi loin 3 4 5 Effets des plaintes sur le d veloppement des collections Si la vaste majorit des participants ont affirm que les plaintes taient trop peu nombreuses pour qu elles aient eu travers les ann es un effet marqu sur leur fa on d aborder le d veloppement des collections pour certains les plaintes seraient l occasion de se questionner sur leurs valeurs et leurs fa ons de faire a te questionne par rapport tes choix a te permet de r fl chir Pourquoi je fais a Pourquoi j ai choisi d acheter ce livre l Est ce que je suis pr te le d fendre ce point 1a Si tu continues dans a tu te valides quelque part F 10 En outre les plaintes seraient l occasion pour les biblioth caires d aborder les enjeux reli s la libert intellectuelle avec les usagers Une seule participante a conc d que les plaintes avaient peut tre involontairement eu un effet restrictif sur sa mani re de faire le choix en la rendant plus prudente dans ses acquisitions Les valeurs de la soci t
55. faites par le chercheur et des nouvelles donn es qui s offrent lui Creswell 2003 S1 la recherche qualitative met l accent sur la signification que rev tent pour les individus les v nements du monde social elle postule galement l importance du r le du chercheur dans le processus de recherche et de construction de sens Creswell 2003 Fortin et coll 2006 Paill 2007 Paill et Mucchielli 2010 Le chercheur interagit avec les participants et interpr te les donn es mergentes Loin de voir l un biais comme c est le cas dans la recherche quantitative la recherche qualitative fait de la subjectivit du chercheur un de ses postulats de base cet effet Paill rappelle le caract re historique contextuel et contingent de l activit interpr tative 2007 417 Aussi la recherche qualitative peut elle tre d finie comme une m thodologie de la proximit ibid se tenant au plus pr s tant de l exp rience des participants que de celle du chercheur 2 2 Collecte des donn es Les donn es de la pr sente recherche ont t recueillies par le biais d entrevues semi structur es men es aupr s de biblioth caires impliqu s a divers degr s dans le processus de d veloppement des collections ou dans la gestion des plaintes relatives l offre documentaire Nous aborderons dans cette section le mode d chantillonnage privil gi avant de pr senter les caract ristiques de l chanti
56. fix e d avance aux participants les deux premi res questions du guide d entrevue des questions ouvertes visaient colliger des informations sur leur compr hension g n rale des concepts de libert intellectuelle et de censure Les d finitions qu ils ont propos es ont ainsi fourni le contexte l int rieur duquel les r ponses aux questions subs quentes ont pu tre analys es La question suivante une question chelle cette fois visait quant elle conna tre l opinion des participants quant au r le des biblioth ques publiques dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle 3 1 1 D finition de la libert intellectuelle C est d abord sous l angle du respect des droits individuels que les participants ont abord la question de la signification de la libert intellectuelle ayant tous soulign maintes reprises le droit de chaque individu d acc der toutes les formes d expres sion du savoir ce droit des usagers correspondraient ainsi certaines responsabilit s des biblioth caires D apr s les participants ces obligations professionnelles seraient au nombre de trois alors que les biblioth caires auraient tout la fois la responsabilit 1 de r pondre aux besoins de chacun 2 d offrir un ventail de choix et 3 de faire preuve d objectivit lors du processus de s lection en laissant leurs propres go ts et opinions de c t Profon
57. gion de Montr al vis vis la libert intellectuelle M moire de ma trise Universit de Montr al Froehlich Thomas J 2000 Intellectual freedom ethical deliberation and codes of ethics IFLA Journal 26 no 4 264 272 Gallichan Gilles 2000 Les biblioth ques entre censure et culture Cap aux Diamants la revue d histoire du Qu bec no 63 28 33 Gautier Geni s Jean Luc 1998 Lettre ouverte une jeune biblioth caire sur le pluralisme des collections Esprit no 2 21 39 Gazo Dominique 2009 Le discours officiel sur les missions des biblioth ques publiques revue de litt rature In Francophonies et biblioth ques innova tions changements et r seautage Actes du premier congr s de l Association internationale francophone des biblioth caires et documentalistes et satellite IFLA Montr al 3 6 ao t 2006 sous la dir de Dominique Gazo et R jean Savard 263 278 Montr al Association internationale francophone des biblioth caires et documentalistes Gorden Raymond L 1992 Basic Interviewing Skills Long Grove Waveland Press Gorman Michael 2000 Our Enduring Values Librarianship in the 21 Century Chicago London American Library Association Gruda Agn s 1995 Pour en finir avec le docteur Guylaine Lanct t La Presse 28 janvier B2 H bert Pierre Yves Lever et Kenneth Landry dir 2006 Dictionnaire de la censure au Qu bec litt rature et cin ma Saint Laurent Fi
58. it ratif tant d une part concomitant la cueillette des donn es et exigeant d autre part de constants va et vient entre les diff rentes composantes du corpus Les transformations sont donc in vitables en cours d analyse certains th mes apparaissant ou se raffinant d autres disparaissant Paill et Mucchielli 2010 191 La th matisation peut se faire de mani re continue ou s quenci e Paill et Mucchielli 2010 166 Dans la th matisation s quenci e le chercheur prend un chantillon du corpus a l tude et l analyse de mani re cr er une liste de th mes auxquels il rattache des d finitions permettant de les identifier de fagon non quivoque lors de la relecture du texte Les th mes sont ensuite attribu s l ensemble du corpus selon une logique hypoth tico d ductive l oppos la th matisation continue qui rel ve davantage d une logique inductive proc de l attribution des th mes de mani re ininterrompue et la construction progressive des ensembles saillants et des axes th matiques et ce jusqu la toute fin de l analyse Pour notre part nous avons opt pour la d marche de th matisation continue celle ci permettant une analyse plus fine et plus riche du corpus De m me nous avons choisi le logiciel d analyse qualitative HyperRESEARCH pour nous seconder dans le processus de th matisation celui ci permettant ais ment la reformulation des th mes fr quente en
59. l int rieur de chacun de ces ensembles une biblioth que a ensuite t s lectionn e au hasard pour un total de neuf biblioth ques Nous avons alors contact par courriel soit le directeur de la biblioth que soit le biblioth caire responsable en tout ou en partie du d veloppement des collections r serv es la client le adulte les invitant participer l tude Si quelques personnes n ont pas r pondu l appel d autres ont d clin l invitation all guant alourdir le texte inutilement nous avons choisi d utiliser uniform ment le terme directeur pour d signer la personne responsable de la biblioth que peu importe son titre r el De la m me mani re nous recourrons l expression conseil municipal m me lorsqu il s agira de d signer les conseils d arrondissement dont rel vent les biblioth ques de la Ville de Montr al 39 pour la plupart des raisons personnelles Le nom de certaines personnes nous a par ailleurs t sugg r soit par des personnes n ayant pas pu participer l tude soit par des participants ayant accept notre invitation Lorsque les r f rences correspondaient aux crit res s lectionn s nous avons contact ces personnes afin de les inviter participer l tude En recherche qualitative le nombre de participants est rarement d termin l avance Puisque la repr sentativit statistique des r sultats n est pas recherch
60. la biblioth que ou d faut d en avoir une de s appuyer sur des crit res de s lection objectifs c est dire d fendables tels la r putation de l auteur ou de la maison d dition l existence de sources critiques favorables les prix remport s la demande etc 3 1 3 Limites la libert intellectuelle Tous les participants ont voqu au cours des entretiens certaines exceptions la libert d expression Si les biblioth caires auraient d un c t la responsabilit de respecter le droit de chacun d acc der toutes les formes d expression du savoir ils auraient galement s assurer que ce droit soit exerc dans le respect de la dignit de tous D aucuns ont voqu les limites de la soci t comme barri res l gitimes la libert intellectuelle 61 On doit respecter aussi les limites d une soci t Et c est pour a que quand on parle de libert d expression de libert intellectuelle c est jamais noir ou blanc C est toujours des zones grises Il faut toujours rester l coute de la soci t mais tre en mesure de r pondre l attente de quelqu un Fd 1 Il y a des choses qui ne sont pas acceptables dans notre soci t comme par exemple la bestialit n est pas acceptable l esclavage sexuel n est pas acceptable a peut tre aussi le racisme Oui ce sont des r gles dont on va tenir compte C est normal parce que la biblioth
61. le ph nom ne de la censure dans les biblio th ques ne pourrait tre pleinement appr hend qu en tenant compte des dimensions institutionnelles et soci tales y tant li es To explain and predict censorship in libraries it may be necessary to deviate from primary focus on librarian variables Problems of censorship in libraries usually occur in the context of larger problems local and national and it is doubtful that they can be explained adequately without investigating institutional and societal influences as well as attitudes opinions and demographic characteristics of librarians 1979 115 Si la pr sente recherche a permis de mettre en lumi re l influence de certaines variables li es au biblioth caire sur le comportement censorial des participants elle a galement permis de r v ler l influence de l h ritage religieux du Qu bec sur Vengagement des biblioth caires qu b cois dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle L absence de lobbies religieux ainsi que le d veloppement tardif des biblioth ques publiques au Qu bec permettraient en effet de comprendre du moins partiellement le faible engagement des biblioth caires qu b cois dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle Or ces deux facteurs trouveraient leur explication dans le pass religieux du Qu bec francophone Cette importante variable culturelle viendrait ainsi se ra
62. mission des biblioth ques En 1974 l ABQLA la CBPQ et l ASTED avaient certes form un comit paritaire sur la question mais il a depuis longtemps t dissous Cayer 1986 On peut s tonner du fait que la Charte des droits du lecteur n ait jamais t mise jour depuis son adoption en 1976 ou qu aucun appendice n ait t publi afin de pr ciser certains points d application comme l ont fait plusieurs reprises l ALA et la CLA l image de la soci t dont elle se veut le reflet la libert intellectuelle est un concept profond ment dynamique voluant au rythme des changements tant conomiques politiques sociaux que technologiques L mergence des nouvelles technologies de l information pour ne prendre qu un exemple a eu d importantes r percussions dans les milieux biblioth conomiques l introduction d Internet dans les biblioth ques ayant radicalement transform leurs r les et responsabilit s en mati re d acc s l information Tant l ALA que la CLA se sont prononc es sur les nouveaux d fis repr sent s par l av nement des ressources lectroniques en publiant d s le milieu des ann es 90 diff rents textes non ant les droits des usagers de m me que les devoirs des biblioth ques l re du num rique CLA 1994 CLA 2000 ALA 2009a Les affrontements parfois virulents rapport s dans la litt rature profession nelle am ricaine qui ont entour l adoption
63. n taient en faveur de l tiquetage ces logiciels s av rant le plus souvent inefficaces Seule une biblioth caire a d clar tre tout fait en accord avec leur utilisation particuli rement en ce qui concerne les sites caract re pornographique tant donn le caract re essentiellement familial des biblioth ques publiques le visionnement de ces sites ne serait en effet pas tol r Pour une majorit de participants les probl mes engendr s par la consultation de sites pornographiques dans leur biblioth que ne seraient cependant pas suffisamment nombreux pour justifier l installation de logiciels de filtrage sur les postes destin s aux adultes En contrepartie un peu plus du tiers des biblioth caires interview s ont affirm tre en accord avec l utilisation des logiciels de filtrage dans la section jeunesse De fa on g n rale l opinion des participants vis vis l tiquetage et l utilisation des logiciels de filtrage dans les biblioth ques publiques se rejoignait alors que la 90 vaste majorit des biblioth caires se sont prononc s contre de telles pratiques du moins dans la section r serv e aux adultes Plusieurs participants ont en effet manifest leur accord avec l tiquetage des documents jeunesse et l installation de logiciels de filtrage sur les postes destin s aux jeunes Si nombre de biblioth caires ont insist sur le fait qu ils n avaient pas se substituer l autor
64. occup s par la gestion des plaintes celles ci de leur propre aveu tant peu nombreuses comparativement aux plaintes formul es aupr s des autres biblioth ques en Am rique du Nord D apr s les participants c est ce qui expliquerait du moins partiellement leur faible engagement dans la lutte pour la 123 d fense et la promotion de la libert intellectuelle Si cette hypoth se para t plausible il s av re cependant difficile de la corroborer faute d un organisme qui serait responsable de r pertorier les incidents de censure dans un contexte proprement qu b cois Aussi serons nous amen nous interroger sur les autres facteurs qui expliqueraient le faible engagement des biblioth caires qu b cois dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle lutte dans laquelle se trouvent pourtant activement engag s tant leurs coll gues canadiens qu am ricains Questionnant certains des l ments de r ponse fournis par les participants nous tenterons ainsi de mettre en lumi re les facteurs sp cifiques la soci t et au contexte biblioth conomique qu b cois 4 1 La libert intellectuelle entre th orie et pratique Nous nous rappellerons que Fiske 1959 a t la premi re pressentir une diff rence entre les attitudes des biblioth caires vis vis la libert intellectuelle en tant que concept et la libert intellectuelle en tant que pratique une impression que l tud
65. participants qui ont affirm tre en d saccord ou tout fait en d saccord avec l nonc ont davantage insist sur les lacunes qu il y aurait dans la collection s ils ne devaient s en tenir qu au crit re de la demande 70 Figure 5 Le premier crit re d acquisition d une biblioth que publique devrait tre les demandes exprim es par les usagers n 11 Nb de biblioth caires Tout fait en En accord Ni en accord ni en En d saccord Tout fait en accord d saccord d saccord Les r ponses des participants qui ont affirm tre en accord ou tout fait en accord avec l nonc taient relativement succinctes S ils se sont tous accord s pour dire que la demande n tait pas l unique crit re de s lection il importerait cependant d tre l coute des usagers ceux ci tant le pain et le beurre des biblioth ques Si on n est pas l pour r pondre aux besoins des usagers la biblioth que a n a pas sa raison d tre Ce n est pas ma biblioth que l C est la biblioth que des citoyens de la ville Ce n est pas mes demandes moi c est les demandes des usagers F 2 Oui c est s r il faut couter ses usagers C est eux les plus importants dans le fond Tout ce qu on fait c est pour eux F 8 Les biblioth caires seraient mal plac s pour refuser les demandes des usagers Il s av re par ailleurs int ressant de noter que parmi les participants qui
66. peuvent avoir jusqu 3 000 nouveaut s Alors si ce n est pas un livre essentiel pourquoi j ach terais celui l qui a des illustrations XXX alors que j en ai un autre sur le m me 104 sujet qui est plus molo Donc c est rarement un dilemme moral Parce qu il y a assez de choix H 11 Etant donn la quantit de nouveaut s publi es chaque mois et les budgets limit s il ne serait en effet pas difficile pour les biblioth caires d effectuer des choix prudents Si ceux ci ne courraient pas n cessairement apr s les documents controvers s il leur arriverait cependant d avoir se questionner lorsqu ils tomberaient sur des ouvrages abordant des sujets plus d licats Presque tous les biblioth caires ont affirm prendre davantage de pr cautions au moment de l achat lorsque confront s un document susceptible d attirer des plaintes soit en lisant le livre ou encore en en discutant avec leurs coll gues ou leurs libraires De m me trois biblioth caires ont mentionn avoir d j senti le besoin d aller valider certains choix plus limites aupr s du directeur de la biblioth que si ce n est que pour les pr venir des plaintes qui pourraient survenir Dans le fond c est la directrice qui risque d tre interpell e s il y a une plainte et que a monte plus haut que moi C est elle qui est aux lignes de front C est pour a que je me fais backer quand je pense que a pourrait porter
67. ph nom ne peu fr quent estimant recevoir une ou deux plaintes par ann e tout au plus une estimation largement inf rieure aux donn es qui avaient t collig es par Curry m me si toute comparaison doit tre prise avec pr caution Most British directors reported receipt of five to ten requests for withdrawal per year while most Canadians directors reported double that many 1997 133 Plusieurs participants ont affirm recevoir davantage de commentaires informels que de plaintes crites Ceux ci ne constitueraient cependant pas une pr occupation constante pour les participants Comme l a rapport l une d entre elles 106 je ne vis pas avec le spectre de la censure Ce n est pas un stress pour moi pas du tout F 2 Seules trois biblioth ques sur les neuf ayant particip l tude s taient dot es d une proc dure formelle en cas de plainte Dans les trois cas les usagers taient invit s r diger une plainte crite en remplissant un formulaire destin cette fin Dans au moins deux des trois cas aucune plainte n avait cependant eu emprunter la voie formelle La plupart des plaintes reli es l offre documentaire seraient en effet exprim es verbalement que ce soit directement aupr s du biblioth caire responsable du d veloppement des collections ou aupr s du directeur de la biblioth que Celles ci du reste seraient moins li es l offre documentaire qu aux autres s
68. premi re lettre correspond au sexe du biblioth caire F ou H Lorsqu il s agissait d un directeur nous avons ajout la lettre d en minuscule Enfin le num ro correspond l ordre dans lequel les participants ont t interview s 58 qu il y en a qui les lisent Le jour o ils resteront l et qu ils ne seront pas touch s on arr tera d en acheter Cette personne l disait Non vous avez justement un r le d ducation Donc vous devriez amener les gens lire ce qui est bien ce qui est bon Non Hd 6 Tous les participants ont insist un moment ou un autre au cours des entretiens sur le fait qu ils n avaient tout simplement pas juger de la qualit des lectures de leurs usagers le temps o les biblioth caires avaient la responsabilit d amener les gens faire de bonnes ou de meilleures lectures tant d sormais r volu Il en d coule que les biblioth caires auraient faire preuve d objectivit lors du processus de s lection en laissant leurs propres go ts et opinions de c t Certes ils ont effectuer des choix mais ils auraient le faire sans juger et sans prendre parti F 2 Oui il y en a des sujets que je d teste mais je vais les acheter quand m me Pour essayer de couvrir tous les besoins ou r pondre la demande de la client le qui est diversifi e justement les besoins sont diversifi s Je ne peux pas faire une biblioth
69. professionnel qu institutionnel Si comme nous l avons vu des tudes de ce type avaient d j t men es aux tats Unis et au Canada 24 anglais ce m moire a t le premier au Qu bec porter exclusivement sur les attitudes des biblioth caires qu b cois face certains aspects li s la libert intellectuelle tels le choix des documents ou leur accessibilit physique Cayer avait cherch v rifier si le concept de libert intellectuelle tait bel et bien un concept divisible comme le sugg raient les r sultats de Busha 1971 La cueillette des donn es avait t effectu e l aide d un questionnaire labor partir d l ments contenus principalement dans les questionnaires de Busha 1971 Finks 1973 et England 1974 Il avait t envoy 92 responsables de biblioth ques publiques dans la grande r gion de Montr al Soixante et un questionnaires avaient t retourn s pour un taux de r ponse de 66 3 Plusieurs constats avaient t d gag s Les r sultats avaient d montr dans un premier temps que le concept de libert intellectuelle tait bel et bien un concept s cable n appelant pas d attitudes univoques Les r ponses variaient en effet consid rablement selon la nature des nonc s Contrairement aux r sultats obtenus par Busha 1971 les r sultats de Cayer ne lui avaient cependant pas permis d affirmer que les biblioth caires taient plus permissifs vi
70. pseudoscience comme dans les autres il existerait des documents de meilleure qualit que d autres Si la v racit de l information constitue habituellement un des crit res de s lection sur lequel se fondent les biblioth caires pour effectuer leurs choix quelques participants ont cependant admis que dans le cas de la parapsychologie ou des m decines alternatives il ne pouvait s agir du crit re le plus important Ainsi pour une des biblioth caires ce n est pas tant la v racit de l information qui importerait que la notion d acceptation tacite F 10 dans la culture populaire Plusieurs participants ont cependant tenu pr ciser qu ils taient en d saccord avec la pr sence dans leurs collections de documents pouvant pr senter un danger pour la sant des gens d o le fait qu une des biblioth caires ait affirm tre en d saccord avec l nonc Trois participantes ont ici voqu la controverse qui avait accompagn la parution de La mafia m dicale de la D Guylaine Lanct t en 1994 Notamment critiqu e pour sa prise de position contre les vaccins l auteure avait t radi e vie du Coll ge des m decins quelques ann es plus tard la demande du biblioth caire en chef de la Ville de Montr al le livre avait alors t retir des rayons 3 L ouvrage qui s tait rapidement retrouv sur la liste des meilleurs vendeurs avait galement fait l objet de nombreux articles d
71. publiques ontariennes desservant des villes de taille moyenne L originalit de sa recherche r side notamment dans le fait d avoir eu recours trois m thodes de collecte de donn es distinctes afin d analyser les attitudes des biblioth caires vis vis la libert intellectuelle et la censure le questionnaire l entrevue et une liste de titres labor e partir de meilleurs vendeurs et d ouvrages sujets controverse cette derni re m thode ayant t utilis e afin de comparer les attitudes des biblioth caires leur pratique r elle en mati re de s lection et de circulation de documents Plusieurs hypoth ses avaient t mises quant la relation entre les attitudes des biblioth caires face la censure et diff rentes variables Parmi celles ci nous retiendrons ce qu England avait d sign comme the view of others ce dernier l ment constituant sans aucun doute le trait le plus novateur de sa recherche Outre les traits de personnalit propres chaque biblioth caire England avait mis l hypoth se selon laquelle le comportement censorial des biblioth caires tait influenc par certains facteurs perceptuels reli s l environnement externe Aussi avait elle cherch d terminer s il existait un lien entre la tendance des biblioth caires s adonner certaines pratiques censoriales et la perception de leur milieu environnant constitu notamment des autres biblioth caires du
72. res seraient pris en consid ration par les biblioth caires au moment d valuer le bien fond d une plainte Tous les participants ont voqu l importance de discuter des cas plus probl matiques avec leurs coll gues afin d avoir un jugement plus large H 11 Dans la m me veine presque tous les biblioth caires 111 ont affirm consulter le catalogue d autres biblioth ques afin d tayer leur d cision qu il s agisse de retirer un document de la collection ou encore de le reclasser On regarde aussi ce que d autres biblioth ques font avec le m me document L Internet c est merveilleux a nous permet de regarder le catalogue des autres Fd 7 On va essayer de se backer aussi avec l exp rience des autres C est a qu on avait fait dans le cas de ce livre l On tait all voir dans le catalogue d autres biblioth ques comment il avait t catalogu et si elles l avaient Il y avait plusieurs biblioth ques qui l avaient ce livre l Montr al l a Nous aussi Fd 9 Documenter sa d cision cela voudrait encore dire trouver des sources critiques favorables La renomm e de l auteur les prix remport s et le nombre de fois o le document a t emprunt sont tous des crit res qui auraient une incidence positive sur la d cision des biblioth caires Un directeur de biblioth que a rapport consulter son propre patron avant de pren dre une d cision vis vis u
73. sujet de l influence de la demande sur le processus d acquisition La plupart des biblioth caires ont affirm g n ralement acquiescer aux sugges tions formul es par les usagers Pour un des participants ce serait l un moyen 73 d assurer la participation du public au processus de s lection et d viter par l m me des discussions autour de la cr ation d un comit d usagers qui serait responsable du choix une id e qui dit il serait parfois soulev e par des gens de sa communaut Il ne serait toutefois pas toujours possible de r pondre favorablement aux demandes des usagers et ce pour diverses raisons qui n auraient souvent rien voir avec le caract re controvers d un document Deux motifs de refus revenaient fr quemment dans les r ponses des participants le premier ayant trait au trop haut niveau de sp cialisation de certaines publications Plusieurs participants ont en effet mentionn que les biblioth ques publiques faisaient principalement l acquisition de documents permettant de r pondre aux besoins g n raux des usagers ce que les politiques de d veloppement des collections que nous avons consult es sont venues confirmer Pour un des participants ce ne serait cependant pas l de la censure C est juste de conna tre notre client le et quels besoins on doit r pondre Hd 6 Le second motif de refus le plus souvent voqu par les participants renvoie quant lui l
74. 009 la suite de la publication sur le site RueFrontenac com d un article sign par la journaliste Val rie Dufour De nouveaux livres controvers s se retrouvent dans les tag res des biblioth ques du Qu bec Cet article faisait tat de la pr sence dans les collections des biblioth ques publiques qu b coises d ouvrages appartenant au domaine de la pseudoscience citant au passage le journaliste ind pendant Claude Marcil qui en appelait au bannissement de ces documents dans les institutions publiques Il avait provoqu toute une s rie de r actions du c t des biblioth caires qu b cois notamment sur le blogue des biblioth ques de la Ville de Montr al Filion 2009 Martel 2009 voir aussi Labory 2009 Or c est la l un des seuls d bats que nous ayons r pertori s celui ci se situant du reste l ext rieur de la litt rature professionnelle traditionnelle semblent davantage relever du cas par cas L absence d une instance centralisatrice et r gulatrice comme on en retrouve au Canada et aux tats Unis rend laborieuse toute action concert e de sensibilisation qui s installerait dans la dur e D apr s Louise Cayer i l devient donc difficile dans le contexte qu b cois o l absence d infra structure ne permet pas de recueillir plaintes ou cas d apporter des exemples actuels de censure et par surcro t de r agir collectivement en tant que professionnels de l information 1986 10
75. 1 Un documentaire qui aurait un propos raciste et qui viserait prouver que les Noirs sont moins intelligents par exemple moi je pense qu il serait justifi de ne pas acheter un livre qui a un propos raciste Ou si c est crit par un chef du Ku Klux Klan Si les gens veulent qu on les ait ben l on va se parler parce qu on n a pas se compromettre dans ce genre de litt rature la H 11 Parce que les ouvrages caract re haineux vont l encontre de la morale mondiale Fd 1 et qu ils portent atteinte aux droits et libert s de la personne ils n auraient tout simplement pas leur place dans les collections des biblioth ques publiques Plusieurs biblioth caires ont soulign le fait que ce type de publications 62 1 tait de toute fa on le plus souvent ill gal Comme l a mentionn une des participantes on ne va pas contre la loi quand m me Fd 1 Les biblioth caires ont galement mis de fortes r serves quant a la pr sence dans leurs collections d ouvrages pornographiques notamment en raison du caract re familial des biblioth ques publiques La distinction entre ce qui est acceptable pour la soci t et ce qui ne l est pas ne semblait cependant pas aussi d limit e dans esprit des participants que dans le cas des ouvrages caract re haineux Ainsi si tous les biblioth caires ont conc d ne pas tre abonn s a Playboy une participante a mentionn ne pas
76. 11 Aussi sa position semblait elle plus th orique que r elle 3 3 5 Synth se L objectif de ce troisi me ensemble de questions consistait comprendre quelles sont les consid rations qui interviennent dans la prise de d cision des biblioth caires lorsque confront s des documents pouvant porter controverse Dans le cas des D apr s les participants la direction des biblioth ques l poque avait sollicit un avis juridique sur la question Il avait finalement t tabli que les biblioth ques ne pouvaient tre tenues responsables du suicide d un usager qui aurait emprunt le livre la biblioth que 102 documents portant sur les m decines alternatives ou la parapsychologie ce ne serait pas tant le fait que les informations ne soient pas reconnues par la communaut scientifique qui poserait probl me que le danger auquel risqueraient de s exposer les usagers en ayant acc s des informations erron es Aussi la majorit des biblioth caires ont ils affirm tre en d saccord avec la pr sence dans les collections des biblioth ques publiques de documents pouvant pr senter un danger pour la sant des gens La mafia m dicale de Guylaine Lanct t ayant t l exemple le plus fr quemment cit C est galement ce qui expliquerait l opposition de la majorit des participants des documents tels Suicide mode d emploi de Claude Guillon et Yves de Bonniec et Exit final de Derek Humphry
77. 2 2 1 Instrument de collecte de donn es Le guide d entrevue labor par Curry 1997 a servi de point de d part nous donnant ainsi l avantage d utiliser un instrument de collecte d j valid annexe 4 Son principal m rite r side notre avis dans le fait qu il combine deux types de questions soit des questions ouvertes et des questions ferm es bas es sur l chelle de Likert ces derni res permettant d examiner les attitudes des individus en interrogeant certains indicateurs r v lateurs des opinions des croyances ou des valeurs d une personne Comme le mentionne en effet Curry i t is difficult to measure attitudes directly what are usually examined are its indicators These indicators rarely have a secure one on one relationship with the attitude so at best the attitude can be inferred from a select list of the most relevant indicators such as statements of beliefs Although open ended questions bring a wide variety of responses more focused Likert scale questions are often recommended to decrease the vagueness of response which may result when investigating attitudes 1997 19 Il convient par ailleurs de mentionner qu apr s chaque nonc les participants avaient la possibilit de pr ciser leur r ponse la primaut tant accord e aux donn es qualitatives c est a dire aux explications fournies par les participants quant aux 2 L chelle tait constitu e de cinq chelons 1 T
78. 5 Figure 7 Les documents susceptibles d offenser des individus ou des groupes d individus devraient tre tiquet s comme tels 0 0 eee eeeeeseeceseceeeeesneeeeeenseensees 78 Figure 8 Les biblioth ques publiques devraient installer des logiciels de filtrage sur les postes mis la disposition des adultes 00 0 eee eeseeeeeeeseeeeeeenteeeeees 84 Figure 9 Nombre de biblioth ques qui utilisent des logiciels de filtrage sur les postes destin s aux adultes et sur les postes destin s aux jeunes cceeeeeeeeeeee 85 Figure 10 Les collections des biblioth ques publiques devraient inclure des documents qui sont consid r s par la communaut scientifique comme v hiculant de fausses informations e215 coasted wee eh Al eet nn ee Le en 92 Figure 11 Les collections des biblioth ques publiques devraient inclure des documents caract re pornographique tels Playboy 97 Figure 12 Les collections des biblioth ques publiques devraient inclure des documents du type Exit final de Derek Humphry ou Suicide mode d emploi de Claude Guillon et Yves de B onni e st ni nue 99 Figure 13 Responsabilit s des biblioth caires en mati re de libert intellectuelen ra a A EEE RE E R E AT 129 Figure 14 Position de la biblioth que l int rieur de la structure municipale 131 ABQLA ALA ASTED BAnQ CBPQ CIPA CLA FAIFE GBQ IFLA UNESCO LISTE DES SIGLES Association des biblioth caires du Qu bec Quebec Librar
79. 5 Les rares biblioth ques publiques voir le jour au Qu bec entre 1850 et 1930 desservaient davantage des communaut s anglophones que francophones Savard 1997 21 Ainsi comme le souligne Jean Paul Baillargeon l or e de la R volution tranquille deux traditions se c toient l une relevant du monde anglo saxon nord am ricain favorisant la lecture publique libre l autre soumise aux diktats du clerg catholique ex cutant en cela les mandements de Rome Comme en bien d autres domaines dans celui de l ducation notamment la R volution tranquille h ritait d une situation de pauvret de quasi indigence culturelle si on compare le Qu bec d alors au reste du Canada et 4 maintes soci t s occidentales d mocratiques et industrialis es 2005 7 Au moment de la R volution tranquille p ratiquement tout tait a faire scolariser la population cr er des biblioth ques publiques en garnir les rayons favoriser la production de livres d ici et leur acc s leur public naturel Baillargeon 2005 8 138 Aussi trois participants dans la pr sente tude ont ils mis l opinion que le relatif d sengagement des biblioth caires qu b cois dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle pourrait entre autres raisons s expliquer par le d veloppement tardif des biblioth ques publiques au Qu bec S effor ant depuis plusieurs d cennies de combler un retard his
80. 56 3 1 1 D finition de la libert intellectuelle 56 3 1 2 D finition dela Censur entend Et Nes EDS 59 3 1 3 Limites la libert intellectuelle 60 SL Ade pr texte d s entants see en n an OARE 62 3 1 5 D fense et promotion de la libert intellectuelle oe eee eeteeeee 64 2 16 Synth se sn cess sceauals nie dns droite tale ttes 67 3 2 S lection et circulation des documents 68 3 2 1 Le r le de la demande dans le processus de s lection cessceeeeeee 68 3 2 1 l S ggestions d achat EE Re ee 12 3 2 2 Valeurs de la COMMUNAL ra Le RS et Ra a tt re 74 3 2 3 Pdduetdsen eus Os 14 2 221 ACCES TOUT rennes PT E RE SS 81 3 2 4 Logiciels de filtrage nrsrsssscroscnnnsninianiri eani aa 83 2 OW DITES CR ER ARS 87 3 3 S lection de documents controvers s o c cc ceeeeeeseecccccccessessssececccsssusseaeseeecees 90 Vil 3 3 1 M decines alternatives et parapsychologie sssssesssseesseessessserssseesssee 91 J3 RACISME an SE Se Te a a ne ne ne 94 33 3 POTNOB ADMET nn tante 96 3 3 A Suicide nt Re Lane sent dc ns 99 JI JS VNU SE een et TS AT E E ne 101 3 4 Processus de gestion des plaintes Re 105 3 4 1 Pressions afin de retirer des documents de la collection 105 3 4 2 Pressions afin d acqu rir des documents 108 3 4 3 Gestion des plaintes sosesssessseessessseesseesseessseesseesseesseresseesseesseesseeesees 110 3 4 4 Pressions provenant du conseil
81. 6 Quiconque par la communication de d clarations en un endroit public incite la haine contre un groupe identifiable lorsqu elle telle incitation est susceptible d entra ner une violation de la paix est coupable Il convient par ailleurs de mentionner que le Code criminel distingue l incitation publique la haine de la propangade haineuse qu il associe plut t l encouragement au g nocide voir article 318 Afin de rester fid le aux propos des participants nous continuerons cependant de recourir l expression propagande haineuse 63 qui fr quentent les biblioth ques publiques au premier chef duquel figurent les enfants Aussi plusieurs participants ont ils voqu le caract re essentiellement familial des biblioth ques publiques Or plusieurs moments au cours des entretiens les biblioth caires ont d montr qu il s agissait la d une r alit qui aurait une influence sur la s lection et la circulation des documents destin s aux adultes D une part parce que les enfants de tous ges auraient le droit de se promener tant dans la section r serv e aux adultes que dans celle r serv e aux jeunes D autre part parce qu partir de l ge de 14 ans voire m me avant les jeunes se verraient octroyer les m mes privil ges d emprunt que les adultes Certaines biblioth ques n imposeraient du reste aucune restriction fond e sur l ge Aussi le pr texte des enfants vo
82. 6 participants face la mission des biblioth ques publiques en mati re de libert intellectuelle Explicitation du niveau d accord ou de d saccord des participants face certaines politiques officielles ou non officielles concernant la s lection et la circulation Attitudes des documents face l objet R le de la demande dans le processus de 1 2 amp Attitudes s lection face la R le des valeurs de la communaut dans le situation processus de s lection tiquetage des documents Utilisation de logiciels de filtrage Explicitation du niveau d accord ou de d saccord des participants face la pr sence de documents sujets controverse dans leurs collections 8 M decines alternatives et parapsychologie Racisme Pornographie Suicide Description d incidents o les participants ont eu subir des pressions afin d exclure d inclure ou de 1 2 Incidents de 9 restreindre l acc s a certains types de documents ou censure certains titres en particulier Description de la fagon dont ces pressions ont t v cues par les participants Perception qu ont les participants de leur engagement dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle vis a vis celui de leurs coll gues canadiens et am ricains Sp cificit 3 du contexte 13 qu b cois Les trois pr tests se sont av r s concluants a quelques exceptions pr s Deux des trois premiers entretiens ayan
83. Direction associ e Biblioth ques Ville de Montr al 4 1 2 2 Perception du r le de la biblioth que au sein de la communaut Un autre facteur encore a t identifi qui interviendrait dans le modelage du comportement censorial des biblioth caires savoir la perception qu ils ont de leur r le ainsi que de celui de la biblioth que au sein de la communaut Le tiraillement dont ont fait preuve les participants lorsque questionn s sur le r le de la demande et des valeurs de la communaut dans le processus de d veloppement des collections est ici loquent Si les biblioth caires auraient favoriser la libert intellectuelle ils auraient galement la responsabilit de suffire aux besoins de la communaut notamment en r pondant aux demandes exprim es par les usagers m me s il s agit souvent de best sellers et en respectant les valeurs de celle ci Aussi plusieurs biblioth caires ont ils fait tat des lacunes qu il y aurait dans les collections si la demande devait tre le premier crit re d acquisition tout en conc dant c est ici tout le paradoxe g n ralement acquiescer aux suggestions formul es par les usagers De la m me mani re la plupart d entre eux ont soulign les dangers qui pourraient guetter la libert intellectuelle s ils ne devaient s en tenir qu aux valeurs de la communaut celles ci n tant pas homog nes De 1a affirmer qu ils n avaient pas
84. Formulaire de consentement xxxiii Annexe 7 Copie du certificat d thique Sn SN ee es Ne nn XXXVI LISTE DES TABLEAUX Tableau 1 Variables intervenant dans le modelage du comportement censorial des Piblioth cairesS sa nn Ne 33 Tableau 2 Ad quation entre les questions de recherche les indicateurs les questions dans le guide d entrevue et les r sultats attendus 44 Tableau 3 Principaux motifs voqu s par les usagers au moment de d poser MLNS 9 ANNES se acces cai ae oc E e atic da cpeic da ealea dae E 106 LISTE DES FIGURES Figure 1 R partition des biblioth caires en fonction de leur ge 40 Figure 2 R partition des biblioth caires en fonction de leurs ann es de service 40 Figure 3 R partition des biblioth caires effectuant du d veloppement de collections en fonction des sections auxquelles ils sont affect s ee eeeeeeeeeees 41 Figure 4 Les biblioth ques publiques ont un r le important jouer en mati re de libert intellectuelle Il en va de leur responsabilit de la pr server et de combattre toute tentative de Censure is s i scessssacsesseseseodesabvonesntassedsasasbeoonseyaedeanscanes 65 Figure 5 Le premier crit re d acquisition d une biblioth que publique devrait tre les demandes exprim es par les usagers 4 70 Figure 6 Lors du processus d acquisition il en va du devoir professionnel des biblioth caires de respecter les valeurs de la communaut qu ils desservent 7
85. L R C 1985 ch C 46 lt http laws lois justice gc ca fra lois C 46 gt page consult e le 26 f vrier 2012 Canadian Library Association 2011 Challenges to Canadian Library Resources and Policies in 2010 Report of the Annual Survey of the Intellectual Freedom Committee lt http www cla ca Content NavigationMenu CLAatWork Committees 2010_cl a_if_survey report finalAug 15 pdf gt page consult e le 26 f vrier 2012 XV Canadian Library Association 2010 Challenges to Canadian Library Resources and Policies in 2009 Report of the Annual Survey of the Advisory Committee on Intellectual Freedom lt http www cla ca Content NavigationMenu CLAatWork Committees Challen ges_to_Canadi htm gt page consult e le 26 f vrier 2012 Canadian Library Association 2008 Position Statement on Diversity and Inclusion lt http www cla ca AM Template cfm Section Position_Statements amp Templat e CM ContentDisplay cfm amp ContentID 47 13 gt page consult e le 26 f vrier 2012 Canadian Library Association 2000a Net Safe Net Smart Managing amp Communicating about the Internet in the Library lt http www cla ca netsafe netsafe pdf gt page consult e le 26 f vrier 2012 Canadian Library Association 2000b 1997 Position Statement on Internet Access lt http www cla ca AM Template cfm Section Position_Statements amp Templat e CM ContentDisplay cfm amp ContentID 3048 gt page consult e le 26 f vrier 2012 Ca
86. Qu bec lt https cbpq qc ca node 647 gt page consult e le 26 f vrier 2012 Corporation des biblioth caires professionnels du Qu bec 1996 1978 Le code de d ontologie de la CBPQ lt https cbpq qc ca la cbpq loi et reglements le code de deontologie 1978 1996 gt page consult e le 26 f vrier 2012 Cr peau M lanie 1999 La l gislation des biblioth ques publiques du Qu bec travers l histoire essai de synth se Documentation et biblioth ques 45 no 1 25 33 Creswell John W 2003 Research Design Qualitative Quantitative and Mixed Method Approaches 2 d Thousand Oaks Sage Publications Curry Ann 1999 Walking the tightrope management of censorship attempts in Canadian libraries In Interpreting Censorship in Canada sous la dir de Klaus Petersen et Allan C Hutchinson 199 215 Toronto University of Toronto Press Curry Ann 1997 The Limits of Tolerance Censorship and Intellectual Freedom in Public Libraries Landam Maryland The Scarecrow Press Delorme Sylvie 2001 Biblioth ques le retour des livres l index Hull Le Devoir 21 d cembre A9 Duchesneau Pierre 2008 Plaintes et usagers la bande dessin e Argus 36 no 3 38 Dufour Val rie 2009 De nouveaux livres controvers s se retrouvent dans les tag res des biblioth ques du Qu bec Rue Frontenac 26 avril lt http exruefrontenac com nouvelles generales societe 4404 vdufour bibliotheques medecines
87. SCUSSION Introduction L objectif g n ral de la pr sente recherche visait comprendre les attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure dans le contexte des biblioth ques publiques reflet de la soci t d mocratique et pluraliste Les r sultats de l analyse th matique ayant t pr sent s dans le chapitre pr c dent nous discuterons des principales conclusions qui en d coulent la lumi re des tudes ant rieures qui ont port sur le sujet notamment celles de Fiske 1959 Busha 1971 England 1974 Savard 1984 Cayer 1986 Frihida 1986 Schrader 1995 et Curry 1997 Il convient de noter que les attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure ne diff rent pas fonci rement des attitudes des biblioth caires tant canadiens qu am ricains telles qu elles ont t rapport es dans les tudes ci haut mentionn es Or la diff rence du constat tabli par Curry 1997 et Rubin 2000 pour lesquels la gestion de la libert intellectuelle constituerait l un des aspects les plus difficiles g rer dans les biblioth ques publiques les biblioth caires dans la pr sente tude ont t moign peu d inqui tude vis vis les pressions externes exerc es sur eux afin d exclure d inclure ou de restreindre l acc s certains types de documents ou certains titres en particulier tout comme ils ont paru peu pr
88. Si l autoritaris me qui se traduit par une attitude socialement conservatrice et psychologiquement autoritaire Frihida 1986 23 24 ne constitue qu un trait de personnalit parmi d autres Busha avait cherch savoir s il s agissait l d une qualit d terminante chez les biblioth caires enclins adopter des mesures restrictives en mati re de 8 cet gard il est int ressant de noter que les recherches men es par John Farley cit par Serebnick 1979 quelques ann es plus tard l avaient conduit constater le m me ph nom ne en milieu scolaire 16 s lection et de circulation de documents Il avait enfin tent de mesurer le degr de corr lation entre ces attitudes et un certain nombre de variables tels l ge des r pondants le sexe le nombre d ann es de scolarit le poste occup la taille de la biblioth que de m me que sa localisation g ographique Parmi les conclusions formul es par Busha il y en a une qui avait retenu plus particuli rement l attention L analyse des r sultats l avait amen dans un premier temps constater l existence d un lien positif statistiquement significatif entre les attitudes des biblioth caires face la libert intellectuelle et leurs attitudes face la censure En effet les biblioth caires en faveur des principes li s la libert intellectuelle avaient exprim dans une proportion similaire leur d saccord face la mi
89. Specific Models of Professionalism Among Public Library Personnel in Quebec Th se de doctorat University of Toronto Savoie Zajc Lorraine 1997 L entrevue semi dirig e In Recherche sociale De la probl matique la collecte des donn es sous la dir de Beno t Gauthier 263 285 Sainte Foy Presses de l Universit du Qu bec Schrader Alvin M 1995 Fear of Words Censorship and the Public Libraries in Canada Ottawa Canadian Library Association Serebnick Judith 1979 A review of research related to censorship in libraries Library Research no 1 95 118 Statistique Canada 2011 Carte g ographique de la r gion m tropolitaine de recensement de Montr al Qu bec Recensement de 2006 lt http www statcan gc ca imdb bmdi document 3701_D13_T9_V2 fra htm gt page consult e le 26 f vrier 2012 Statistique Canada 2007 Profils des communaut s Recensement de 2006 lt http www12 statcan ca census recensement 2006 dp pd prof 92 59 1 index cfm Lang F gt page consult e le 26 f vrier 2012 Swan John C 1979 The library is legitimately the tool as well as the target of the censors Librarianship is censorship Library Journal 104 no 17 2040 2043 UNESCO et International Federation of Library Associations and Institutions 1999 Manifeste sur la biblioth que scolaire lt http www unesco org webworld libraries manifestos school_manifesto_fr ht ml gt page consult e le 26 f vrier 2012 UNESCO
90. Universit de Montr al tude qualitative sur les attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure par Vanessa Allnutt cole de biblioth conomie et des sciences de l information Facult des arts et des sciences M moire pr sent la Facult des tudes sup rieures et postdoctorales en vue de l obtention du grade M S I en sciences de l information F vrier 2012 Vanessa Allnutt 2012 Universit de Montr al Facult des tudes sup rieures et postdoctorales Ce m moire intitul tude qualitative sur les attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure pr sent par Vanessa Allnutt a t valu par un jury compos des personnes suivantes Cl ment Arsenault pr sident rapporteur ric Leroux directeur de recherche Yvon Lemay membre du jury R SUM Reposant sur un devis qualitatif la pr sente recherche vise comprendre les attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure dans le contexte des biblioth ques publiques Les donn es ont t collig es par le biais d entrevues semi structur es men es aupr s de 11 biblioth caires dont six directeurs responsables en tout ou en partie du d veloppement des collections ainsi que de la gestion des plaintes relatives l offre documentaire Les t moignages recueillis ont fait l objet
91. accord avec l nonc deux d entre elles ont affirm qu elles seraient en d saccord s il tait question de valeurs religieuses ou raciales Au total trois biblioth caires se sont oppos es cette acception du terme Je suis en accord si quand on dit valeurs de la communaut on parle des valeurs de la soci t qui sont par exemple la la cit l galit hommes femmes la protection des enfants la protection des personnes g es des valeurs comme a oui Mais si par exemple on parle de valeurs religieuses de valeurs raciales non F 3 Il ne faut pas que les valeurs de la communaut te mettent des ill res Tu as une communaut 100 musulmane a ne veut pas dire que dans ta collection tu n auras pas de livres sur les autres religions ou sur le sexe ou sur d autres choses C est peut tre le mot valeur que j aime moins dans ta question Parce que je trouve qu il vient censurer ton d veloppement de collection Et ce n est pas l objectif Fd 9 Comme l a soulign une des participantes les valeurs de la communaut ne doivent pas devenir des crit res d exclusion en amenant les biblioth caires faire des choix cibl s Fd 5 Or pour ces trois biblioth caires les valeurs religieuses et raciales constitueraient de tels facteurs de discrimination 77 Quelques participants ont n anmoins insist sur le fait que les biblioth ques publiques devaient r
92. aient affirm tre en d saccord ou tout fait en d saccord Les participants dans la pr sente tude ont r pondu dans une proportion similaire alors que 91 n 10 d entre eux ont abond dans le m me sens voir figure 7 Seule une biblioth caire a d clar tre en accord avec l nonc Si la grande majorit des participants taient en d saccord avec une telle pratique quelques exceptions ont t relev es notamment du c t de la litt rature jeunesse Figure 7 Les documents susceptibles d offenser des individus ou des groupes d individus devraient tre tiquet s comme tels n 11 Nb de biblioth caires Tout fait en En accord Ni en accord nien En d saccord Tout fait en accord d saccord d saccord Trois th mes taient r currents dans les r ponses des participants Ainsi pr s du tiers des participants ont ils d abord rappel le devoir de r serve des biblioth caires alors que ceux ci auraient faire preuve d objectivit tant au niveau de la s lection que de l accessibilit physique des documents Tout comme ils n auraient pas porter de jugement sur ce qu est de la bonne ou de la mauvaise litt rature ils n auraient pas pr sumer de ce qui risque ou non de choquer les usagers Pour les 79 participants l tiquetage des documents constituerait une mesure subjective et arbitraire le seuil de ce qui est acceptable variant d une personne une autre ce co
93. ains des r sultats les plus significatifs en fonction de nos objectifs de recherche puis dans un second temps de pr senter diff rentes m thodologies ou approches l tude de la censure dans les biblioth ques publiques Nous avons enfin restreint notre choix aux travaux de recherche s ins rant dans le contexte biblioth conomique nord am ricain 1 1 tats Unis 1 1 1 Marjorie Fiske 1959 Fiske a t la premi re en 1959 publier une tude d envergure sur les attitudes des biblioth caires am ricains vis vis la libert intellectuelle et la censure s tant 7 Si nous n avons pas retenu les importants travaux de recherche effectu s par Marie Kuhlmann sur l histoire de la censure dans les biblioth ques fran aises voir notamment Kuhlmann Kuntzmann et Bellour 1989 c est pr cis ment en raison de leur caract re historique qui n est pas ici ce qui nous int resse tant donn nos objectifs de recherche nous avons plut t choisi de recenser les tudes empiriques ayant port sur les attitudes des biblioth caires vis vis la libert intellectuelle et la censure dans le contexte des biblioth ques publiques celles ci tant principalement d origine canadienne et am ricaine Du reste le milieu des biblioth ques au Qu bec s apparente davantage au contexte nord am ricain qu au contexte europ en 14 notamment int ress e leurs pratiques en mati re de s lection et de circula
94. analyse th matique continue Mentionnons encore que notre analyse s est d roul e selon une logique inductive mod r e pour reprendre la typologie op r e par Savoie Zajc cit e par Mukamurera Lacourse et Couturier 2006 114 qui distingue diff rentes logiques l uvre dans l analyse qualitative selon la place qu occupent les a priori th oriques dans le processus analytique la notion de th orie doit ici tre prise dans son sens large Parce que nous avons privil gi l entrevue semi structur e comme m thode de collecte de donn es nous ne pouvons pr tendre nous situer dans une logique purement inductive le guide d entrevue ayant t labor partir du cadre conceptuel pr alablement tabli lui m me issu de la revue de litt rature Comme le souligne en effet Patton a n interview guide if it has been carefully conceived actually constitutes a descriptive analytical framework for analysis 2002 440 C est ainsi que notre guide d entrevue en fixant les sujets a aborder avec 49 les participants nous a servi de grille analytique initiale En analyse qualitative il importe en effet de rester disponible aux v nements nouveaux non anticip s dans la grille analytique de d part 2 4 Qualit de la recherche D apr s Passeron la force de la recherche qualitative r side dans sa capacit cr er de la pr somption c est dire engager la conviction
95. ans les journaux Agn s Gruda journaliste La Presse avait notamment d fendu les d marches entreprises par le Coll ge des m decins afin de radier Guylaine Lanct t CJe n est pas une question de libert d expression mais de sant publique 1995 B2 94 des biblioth ques Les participantes qui avaient t t moins de cet pisode ont toutes manifest leur accord avec les directives qui avaient t mises l poque Je me sentais vraiment mal l aise face ce livre la parce que je trouvais que c tait vraiment mettre en danger la sant des gens Et d ailleurs a t un livre qui a t critiqu par l Ordre des m decins qui a vraiment fait tout un battage sur la place publique C est une personne qui critiquait qui se servait de son titre de ses tudes pour profiter de la croyance des gens Cette personne l d molissait les acquis de la m decine moderne et donnait place des id es tellement r trogrades Fd 1 J tais tout fait d accord avec le fait qu on devait retirer le livre de Guylaine Lanct t parce que effectivement tu dis a commence bien faire Docteure Guylaine Lanct t qui dit non tu ne vaccineras pas ton enfant contre la rougeole a n a pas que des petites cons quences Fd 4 Pour un des biblioth caires les livres dangereux pour la sant des gens devraient tout simplement tre interdits de publication par le gouvernemen
96. ants 1 Comprendre les attitudes des biblioth caires qu b cois face la libert intellectuelle dans le contexte des biblioth ques publiques reflet de la soci t d mocratique et pluraliste 2 D crire les r percussions de ces attitudes sur les comportements des biblioth caires notamment au niveau du d veloppement des collections mais aussi de la gestion des plaintes concernant l offre documentaire et sa mise en valeur 3 Comparer l engagement des biblioth caires qu b cois face la libert intellectuelle et la censure celui de leurs coll gues canadiens et am ricains tel qu il se manifeste notamment dans la litt rature professionnelle 4 Susciter dans la litt rature professionnelle une r flexion ouverte sur le r le des biblioth caires en mati re de libert intellectuelle et sur les diverses mani res d approcher la question dans les biblioth ques publiques Par votre participation vous contribuerez ainsi approfondir les connaissances sur la fa on dont les biblioth caires per oivent leur r le en mati re de libert intellectuelle et de censure et ce dans un contexte proprement qu b cois XXXIV 2 Participation la recherche Votre participation ce projet consiste r pondre un certain nombre de questions qui vous seront pos es lors de l entrevue de recherche d une dur e estim e d une deux heures Les questions porteront sur votre point de vue en mati re de libert
97. ants savoir le crime l horreur la cruaut et la violence L R C 1985 ch C 46 La fronti re 125 parler de choix que d autocensure m me si la fronti re ne serait pas toujours claire entre les deux comme l ont rapport plusieurs participants La censure non caution n e renverrait plut t aux restrictions que les biblioth caires imposent aux autres soit en raison de leurs valeurs personnelles soit en raison de la crainte de recevoir des plaintes Or l analyse th matique a permis de constater que ce n est pas tant au nom de leurs go ts et de leurs opinions personnels que les biblioth caires exerceraient de la censure que par crainte de subir des pressions provenant de l ext rieur de la biblioth que ce qui peut para tre paradoxal si l on consid re que les participants ont d montr dans l ensemble peu d inqui tude vis a vis les plaintes des usagers Aussi plusieurs biblioth caires ont ils conc d s tre d ja abstenus d acheter des documents qu ils jugeaient susceptibles de choquer certains groupes de personnes invoquant le plus souvent les restrictions budg taires ou l abondance de l offre ditoriale pour justifier leurs d cisions De la m me mani re la plupart des participants ont admis avoir d j reclass des documents de la section jeunesse la section adulte parce qu ils n avaient pas envie de s obstiner avec les parents Quelques uns d entre eux ont enfin re
98. asusacesaauencwea seckeavauaticcesanccavess 28 Chapitre 2 M thodologie init Rene Main nn ne E re ete 34 HIV OCCT ON sf SE ER EE a A aan vette ice sae age oT 34 2 1 Approche g n rale de la recherchez st 34 2 2 Collecte des CONNECS c cs cccsssccccesvcsesvescecoccsautcesceccsssccsouesessescedesecorcesnssscevsce 35 vi DDN Kec ret On nan anne an ad nu 36 2 2 1 1 Mode d chantilionnasesss sis ane ar ane eee 36 2 2 1 2 Caract ristiques de l chaitlon rstisanabhenmasnns 39 2 2 2 Mode de collecte des donn es sienne rsemenetitenuanne 41 2 2 2 1 Instrument de collecte de donn es sans ann ren 42 20 22 IAI A EA EE A EA E EEA 43 2 2 3 Contexte de la collecte des donnees sen ont sn nues 45 2 3 Analyse GES donn es nn nes mn A EAE E EE aoe Pans 45 2 3 1 De l analyse qualitative en g n ral 46 2 3 2 De l analyse th matique en particulier eee eeesecsseceseeeeeeeeneeeaeenes 46 21975 PROCESSUS CAM ALY SE cas ioe UN a et cn A gaat 47 2 4 Qualit de la recherche 49 DA L C MDUN sn nn gsi en ee nas 49 242 Confirmabilit nine ardt ni need ns in de 50 24 3 LTANNI TA DIM La ee AR ne T cer 51 2AA Fiabilit a A ape Hae eee a Se i 52 24 3 Limites de VA TEC IST CIN me ac ces sais tac nr ea ei ed ce aca eka 52 Conclusion riere i EE E A E E EE A EA RR 53 Chapitre 3 Pr sentation des r sultats tintin het 55 l trod c on 52 cc da Re a e i sac a a a 55 3 1 Droits des usagers et responsabilit s des biblioth caires
99. au jugement d autres chercheurs issus de la m me discipline La qualit de la recherche d pend encore de l int grit de l analyse Comme le mentionne en effet Patton being able to report that you engaged in a systematic search for alternative themes divergent patterns and rival explanations enhances credibility 2002 553 Diff rentes configurations de th mes ont ainsi t test es afin de trouver l interpr tation la plus juste parmi les diff rents agencements possibles Les constants va et vient entre les nombreux segments du corpus nous ont en outre permis d accro tre la profondeur et la vraisemblance de nos interpr tations Mukamurera Lacourse et Couturier 2006 112 Leur robustesse repose sur leur capacit r sister des mod les alternatifs et des objections que certaines d cisions th matiques pourraient susciter Paill et Mucchielli 2010 201 2 4 2 Confirmabilit La confirmabilit constitue un autre important crit re de qualit et r side dans la capacit du chercheur reconna tre ses propres biais de fa on faire preuve du maximum de neutralit dans le processus de cueillette et d analyse des donn es 51 Patton 2002 553 Miles et Huberman 2003 502 Fortin et coll 2006 245 Certes la recherche qualitative admet la subjectivit du chercheur mais celle ci ne l absout pas de devoir se tenir au plus pr s des t moignages afin d en rendre compte le plus fid lement
100. avons tent d tre le plus transparent possible quant aux d cisions que nous avons prises tout au long de notre d marche ainsi qu aux justifications sous jacentes Il convient par ailleurs de rappeler que l instrument de collecte de donn es a fait l objet d une double validation 50 La triangulation des sources de donn es constitue un autre moyen d accro tre la cr dibilit d une recherche chaque source tant pourvue de ses propres forces et de ses propres biais Patton 2002 481 Miles et Huberman 2003 505 Fortin et coll 2006 244 Deux sources de donn es distinctes ont ainsi t utilis es pour mener bien la pr sente tude soit les verbatims d entretiens issus des rencontres avec les participants ainsi que divers types de documents nomm ment la politique de d veloppement des collections et la politique d utilisation d Internet des biblioth ques concern es lorsqu elles taient disponibles Le contr le de la saturation des donn es qui a t atteinte dans la pr sente tude constitue une autre forme de triangulation Mukamurera Lacourse et Couturier 2006 127 tout comme le contr le par les autres chercheurs ibid Il importe ainsi de noter que le processus de recherche a t pr sent des pairs lors du 4 Symposium doctoral en sciences de l information EBSI SIS qui s est tenu Montr al en mars 2010 Cette pr sentation nous a permis de confronter la rigueur de notre d marche
101. c s l information le r le des biblioth caires serait ainsi d aider les citoyens tre fonctionnels dans la soci t afin qu ils puissent exercer leurs droits et leurs devoirs de mani re clair e Quelques participants ont rappel qu il ne pouvait y avoir de d mocratie sans libert intellectuelle d o l importance de la pr server Si tous les biblioth caires ont affirm respecter la libert intellectuelle en proposant un vaste ventail de choix l int rieur des limites voqu es 66 pr c demment pour certains ce serait aussi leur r le de s opposer toute tentative de censure un moment donn il y avait la biblioth que de Hull qui avait retir des b d s j oublie son nom mais on l a ici Je pense vraiment que c est notre r le de prot ger a de faire comprendre aux gens que s ils ne sont pas d accord ils sont libres d emprunter ou pas F 10 Je pense qu on a un r le important jouer dans le sens que les gens qui veulent s improviser censeurs et veulent imposer leurs valeurs se trouvent p naliser les gens qui aimeraient le lire ce livre l Si on le retire de la collection cause d une plainte ben l on donne toute libert aux gens qui veulent faire de la censure H 11 Pour une des participantes ce serait lutter contre la censure que de refuser aux usagers le droit la critique pourtant reconnu par la Charte des droits du lecteur
102. ceptables sous le couvert de la fiction afin de donner une couleur aux personnages Comme il s agit d une histoire relatant des faits qui ne se sont pas r ellement produits de tels propos seraient moins choquants dans un ouvrage de fiction Trois biblioth caires ont galement insist sur l importance de ne pas lire les textes au premier degr H 11 autrement dit de remettre les passages potentiellement controvers s dans le contexte g n ral de l ouvrage ou de l uvre d un auteur NS On ne cherche pas acheter des livres qui contiennent des propos racistes mais certains livres peuvent en avoir Et encore l c est quoi Est ce que c est un paragraphe dans le contexte d une uvre Est ce qu il y a un but de satire Ou est ce que vraiment l auteur est raciste et c est un pamphlet H 11 De la m me mani re il conviendrait de remettre certains ouvrages de fiction dans leur contexte historique c est dire dans le contexte de l poque o ils ont t crits Quelques participants ont ici voqu la controverse qui a entour la relecture de la s rie Tintin au cours des derni res ann es On dit qu Herg tait raciste Tintin au Congo et tout a Est ce qu on devrait interdire Tintin au Congo Je ne pense pas Ce livre la a t crit une certaine poque et l poque c tait un peu plus comme a Hd 6 C est parce que dans nos livres de fiction i
103. ceux ci proposant des recettes m dicamenteuses mortelles Plus que la responsabilit l gale de la biblioth que c est la responsabilit morale des biblioth caires qui serait ici engag e Quant aux documents contenant des propos racistes presque tous les participants ont tabli une distinction entre les ouvrages de fiction et de non fiction Alors que certains propos racistes seraient en effet acceptables dans les romans et les bandes dessin es notamment afin de donner une couleur aux personnages il en irait autrement des documentaires plus souvent associ s des ouvrages de propagande Ultimement les participants ont sembl faire une distinction entre des documents contenant des propos racistes ceux ci pouvant parfois se justifier et des documents caract re raciste il s agirait alors de propagande haineuse Enfin si les participants ont d abord sembl partag s vis vis la pr sence dans les collections des biblioth ques publiques de magazines caract re pornographique l analyse des donn es qualitatives a permis de r v ler qu aucun d entre eux n tait abonn ce type de revues C est le caract re visuel des documents qui poserait probl me alors que les biblioth caires n h siteraient pas acheter des romans rotiques pour leur client le adulte La perception qu a la communaut de ce type de documents serait ici un facteur d terminant En plus des th mes sp cifiques li s chaque ty
104. cherche en biblioth conomie ne s est encore pench e de fa on syst matique sur les effets de la jurisprudence et de la l gislation sur le comportement censorial des biblioth caires Le tableau 1 offre un aper u des principaux facteurs tant endog nes qu exog nes intervenant dans le modelage du comportement censorial des biblioth caires L tude men e par Curry constitue sans aucun doute l une des recherches les plus compl tes avoir port sur la libert intellectuelle et la censure dans les biblioth ques publiques faisant appel la multitude de facteurs intervenant dans le modelage du comportement censorial des biblioth caires Quoique de nature essentiellement qualitative ne permettant pas de ce fait de quantifier les relations entre les diff rentes variables ni de g n raliser les r sultats au del de l chantillon s lectionn la recherche de Curry a pour principal m rite d avoir opt pour une approche holiste du ph nom ne de la censure dans les biblioth ques publiques celui ci se caract risant d abord par sa profonde complexit les biblioth caires ayant tout la fois la responsabilit de d fendre les principes li s la libert intellectuelle et celle parfois oppos e de respecter les valeurs de la communaut pourvoyeur des fonds publics n cessaires au bon fonctionnement de la biblioth que Dans la lign e des travaux men s par Curry nous avons galement opt pour une appr
105. connu qu il leur arrivait d tiqueter ou de placer en acc s restreint certains documents sujets controverse quoique ces pratiques semblaient plus inhabituelles En somme les biblioth caires ont d montr qu ils tendaient tre plus prudents lorsque confront s des ouvrages pouvant susciter la pol mique que ce soit au niveau de la s lection ou de la circulation des documents C est dire que la censure exerc e par les biblioth caires serait plus pragmatique qu id ologique ceux ci cherchant davantage viter les conflits potentiels qu imposer leurs valeurs entre obsc nit et pornographie a t l objet de nombreuses causes devant les tribunaux Montpetit 2003 Aucun participant n a cependant mentionn la loi sur l obsc nit se contentant d affirmer que les documents caract re pornographique n avaient pas leur place dans les biblioth ques publiques l instar des ouvrages caract re haineux le mat riel caract re pornographique serait lui aussi circonscrit par la loi La propagande haineuse et la pornographie taient du reste g n ralement cit es comme crit res d exclusion dans les politiques de d veloppement des collections consult es tout comme dans les politiques d utilisation d Internet Nous en voulons notamment pour preuve les trois participants qui ont affirm tre en d saccord avec l tiquetage des documents jug s inappropri s pour certains groupe
106. conseil d ad ministration de la biblioth que de la communaut desservie et plus globalement du degr d orthodoxie pr valant dans la province Le contact avec un incident de censure avait galement t mis en relation avec les attitudes des biblioth caires face la censure Aucun lien significatif n avait cependant t tabli entre les deux variables L analyse des donn es avait tonnamment r v l l existence d un lien inversement proportionnel entre les attitudes des biblioth caires face la censure et leur perception du milieu environnant Les biblioth caires enclins percevoir leur environnement comme conservateur ou restrictif tendaient en effet tre moins limitatifs dans leur pratique Inversement les biblioth caires enclins percevoir leur environnement comme lib ral s taient r v l s plus restrictifs Aussi England avait elle propos l explication suivante It may be that the same reason underlies all That is it may be that librarians are always attempting to achieve balance They might be trying to provide the alternate permissive viewpoint in a restrictive community They might be trying to preserve and 18 to promote traditional standards in a community where they see these standards eroding It may be that librarians are asserting a prerogative in book selection an area in which they are professionnally competent and are unwilling to give way to others 1974 118 Dans t
107. ctuelle en tant que concept et la libert intellectuelle en tant que pratique Le ph nom ne de la censure dans les biblioth ques tant fort complexe et ne pouvant tre r duit quelque facteur endog ne les chercheurs se sont aussi int ress s avec un int r t croissant aux l ments issus de l environnement externe tant imm diat qu largi et pouvant avoir une influence sur le comportement censorial des biblioth caires Ces facteurs que nous qualifierons qu exog nes ont t regroup s en cinq classes par Serebnick 1979 1 les variables institutionnelles Library Variables 2 les variables li es aux principaux acteurs communautaires Community Leader Variables 3 les variables li es la communaut Community and Community Action Variables 4 les variables li es aux m dias Mass Media Variables et 5 les variables juridiques et l gales Judicial and Legal Variables Parmi les variables institutionnelles figure notamment la structure organisa tionnelle et l gale de la biblioth que Fiske 1959 et Curry 1997 par exemple se sont int ress es l influence que peuvent avoir les conseils d administration sur la politique de d veloppement des collections ou la r solution des plaintes dans les biblioth ques publiques Dans son tude pancanadienne Schrader 1995 s est pour sa part int ress aux diff rences entre les biblioth ques constitu es d une seule unit single unit library
108. d entre eux ont ils pr text la disposition des postes informatiques souvent situ s aire ouverte Vous savez on revient toujours la m me chose La libert des uns commence o s arr te celle des autres Si on avait des postes cach s et que seule la personne qui est devant pouvait voir je serais peut tre moins cheval sur le principe En public je me dis qu on se garde donc une petite g ne bon sang Fd 1 Comme c est public il y a plein de gens qui passent Si on s aper oit que quelqu un va sur des sites pornographiques on va l avertir C est clair que ce n est pas tol r Tout ce qui est haineux pornographique et tout a Parce qu il y a aussi le public jeune Je pense que la biblioth que ce n est pas vraiment le lieu pour a Ce n est pas ton poste toi ton ordinateur toi tu n es pas chez toi Tu es quand m me dans un lieu public Fd 5 Pr s de la moiti des participants ont voqu le pr texte des enfants pour justifier l interdiction faite aux usagers de consulter des sites caract re pornographique qui seraient du reste offensants pour une majorit d usagers Aussi une des biblioth caires a t elle d clar tre tout fait en accord avec l nonc les sites caract re pornographique tant selon elle non n gociables F 2 Pour la vaste majorit des participants les probl mes engendr s par les sites pornographiques ne justifieraie
109. d une analyse th matique l instar des tudes ant rieures ayant port sur le sujet la pr sente recherche a permis de constater qu il existait un cart entre les attitudes des participants vis vis la libert intellectuelle en tant que concept et la libert intellectuelle en tant qu activit Tout en tant en faveur de la libert d expression les biblioth caires taient en accord sous certaines circonstances de mesures restrictives Plus que des d fenseurs de la libert intellectuelle les biblioth caires seraient ainsi des gardiens du consensus social ayant sans cesse re n gocier la fronti re entre les valeurs individuelles et soci tales L analyse des donn es a galement permis de r v ler que les biblioth caires qu b cois seraient moins activement engag s que leurs coll gues canadiens et am ricains dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle Ce faible engagement serait notamment li une importante variable culturelle L absence de lobbies religieux et le d veloppement tardif des biblioth ques publiques ont en effet t identifi s comme deux facteurs qui auraient une influence sur l engagement des biblioth caires qu b cois en faveur de la libert intellectuelle Mots cl s Libert intellectuelle Censure Biblioth que publique Attitude Biblioth caire Qu bec Province ABSTRACT The objective of this qualitative study is to un
110. d ment imbriqu s les uns dans les autres et le plus souvent voqu s c te c te ces trois th mes repr sentent de loin les motifs qui ont t les plus fr quemment cit s par les participants tout au long des entretiens 57 Parce que le mandat des biblioth ques publiques serait de desservir l ensemble de la population contrairement aux biblioth ques scolaires et universitaires les biblioth caires auraient respecter les go ts et les opinions de tout un chacun et ce afin de r pondre aux besoins de tous les citoyens qui seraient pour reprendre l expression d une des participantes de toutes all geances et de tous types de connaissances Fd 9 C est dire que la mission encyclop dique des biblioth ques publiques consisterait offrir le plus vaste ventail de choix possible afin que chacun trouve son compte Fd 1 la ville on a une politique de lire et laisser lire Pour nous autres c est tr s important de respecter le choix de chacun Quand je fais mon d veloppement de collection au d part je dis je dois offrir un ventail la population d autant plus qu on est dans une biblioth que publique donc il faut vraiment penser au go t de chacun Fd 1 Notre client le tant plus diversifi e que la client le des biblioth ques scolaires on a le gros bout du b ton pour dire que notre collection doit aussi tre plus diversifi e Hd 6 Il est int ressant
111. d saccord ou tout fait en d saccord L opinion des autres biblioth caires tait plus partag e Ainsi 27 n 3 des participants ont ils d clar tre ni en accord ni en d saccord avec l nonc contre 18 n 2 qui ont plut t affirm tre en accord voir figure 11 Malgr l chelonnement des r ponses sur l chelle de Likert l analyse des donn es qualitatives a permis de r v ler une forte similarit entre les opinions exprim es par les biblioth caires Si certains participants se sont en effet moins oppos s que d autres la pr sence de Playboy dans les biblioth ques publiques tous se sont attard s expliquer pourquoi cette revue n avait pas sa place dans leur biblioth que 97 Figure 11 Les collections des biblioth ques publiques devraient inclure des documents caract re pornographique tels Playboy n 11 Nb de biblioth caires Tout fait en En accord Ni en accord nien En d saccord Tout fait en accord d saccord d saccord Il convient d abord de mentionner que parmi les participants qui taient en d saccord ou tout fait en d saccord avec l nonc plus de la moiti ont tabli une distinction entre les magazines caract re pornographique et les romans rotiques ces derniers ayant de l avis de plusieurs leur place dans les collections des biblioth ques publiques Tous les biblioth caires ont d ailleurs reconnu acqu rir des romans rotiques pour leur clien
112. dans cette cat gorie le r le jou par les comptes rendus de lecture dans la s lection de documents potentiellement controvers s 5 Nous avons jug de notre c t que l autorit exerc e par des membres influents de la collectivit faisait partie des variables li es la communaut et qu elle n appelait pas en tant que telle la cr ation d une classe autonome Aussi avons nous r duit de six cinq le nombre de cat gories propos es par Serebnick en tenant compte la fois des facteurs internes et externes pouvant exercer une influence sur le comportement censorial des biblioth caires voir tableau 1 32 Enfin les variables juridiques et l gales renvoient la jurisprudence et aux lois existantes en mati re de libert intellectuelle et de censure celles ci instituant un cadre l gal auquel les biblioth ques sont tenues de se conformer Aux tats Unis comme au Canada l obsc nit est particuli rement vis e par ce cadre l gal sans qu il y ait consensus autour de ce qui peut ou non tre tenu pour obsc ne voir notamment Montpetit 2003 Or comme l explique Serebnick court decisions and obscenity legislation are not only indicators of official concern but also variables potentially affecting inclusion of controversial books in libraries Ambiguity in legal definitions of obscenity may affect what is published distributed and eventually purchased by librarians 1979 112 Toutefois aucune re
113. dans lequel il s ins re et tel que v cu et relat par les professionnels de l information eux m mes Ce choix de mener une tude qualitative nous para t d autant plus justifi que l absence de litt rature professionnelle sur le sujet semble sugg rer l id e que les biblioth caires qu b cois n entretiendraient pas les m mes rapports la libert intellectuelle et la censure que leurs coll gues nord am ricains Aussi serons nous amen nous questionner sur les raisons de ce qui pourrait de prime abord tre per u comme une L ALA Frequently Challenged Books estime que pour chaque incident de censure rapport de quatre cinq cas ne sont pas signal s absence d engagement en faveur de la libert intellectuelle chez les professionnels qu b cois lutte dans laquelle se trouvent pourtant activement engag s tant leurs coll gues canadiens qu am ricains Parce que le milieu des biblioth ques publiques se veut le reflet de la soci t d mocratique et pluraliste parce que son mandat est de desservir tous les citoyens sans distinction d ge de race de sexe de religion de nationalit de langue ou de condition sociale UNESCO IFLA 1994 il constitue un terreau des plus fertiles pour mener bien une tude sur les attitudes des biblioth caires face la libert intellectuelle et la censure Ainsi la pr sente recherche concerne t elle plus sp cifiquement les attitudes des bib
114. de la communaut scientifique en d pit du caract re local ou contextuel de l tude cit par Mukamurera Lacourse et Couturier 2006 111 Aussi serait ce la qualit et la transparence de la d marche du chercheur qui produirait cette pr somption ibid En recherche qualitative la valeur des r sultats se mesure en termes de cr dibilit de confirmabilit de transf rabilit et de fiabilit Lincoln et Guba 1985 Miles et Huberman 2003 Fortin et coll 2006 Ces crit res concernent tout autant la phase pr paratoire de la recherche que l tape de sa r alisation 2 4 1 Cr dibilit La notion de cr dibilit se situe au c ur m me de la qualit de toute recherche Elle repose sur l exactitude avec laquelle l exp rience v cue par les participants est repr sent e par le chercheur autrement dit sur la fid lit avec laquelle les conclusions avanc es collent la r alit Fortin et coll 2006 244 Il existe diff rents moyens d assurer la cr dibilit d une recherche notamment le recours une m thodologie rigoureuse Patton 2002 552 Celle ci doit tre bien document e dans le protocole de recherche dont le r le est de guider le chercheur tout au long de sa d marche Il consiste en un compte rendu minutieux des buts et objectifs de l tude ainsi que des moyens privil gi s pour les atteindre ce que nous consid rons avoir fait avec pr caution dans la pr sente recherche De m me nous
115. de mener au retrait ou au reclassement des documents litigieux que ne l taient les plaintes provenant des autres cat gories d usagers voir 3 4 1 Plaintes En somme l analyse des entretiens a permis de conclure que la plupart des mesures restrictives impos es dans les biblioth ques publiques l taient au nom de la protection des enfants et ce m me si presque tous les participants ont insist sur le fait qu en th orie la biblioth que n avait pas agir in loco parentis autrement dit qu elle n avait pas prendre la place du parent 3 1 5 D fense et promotion de la libert intellectuelle La premi re question chelle visait plus sp cifiquement conna tre les opinions des participants en mati re de d fense et de promotion de la libert intellectuelle Lorsque questionn s savoir s ils croyaient que les biblioth ques publiques avaient la responsabilit de pr server la libert intellectuelle et de combattre toute tentative de censure 82 n 9 des participants ont affirm tre tout fait en accord avec l nonc contre 18 n 2 qui ont d clar tre simplement en accord voir figure 4 Les directeurs canadiens dans l tude de Curry 2007 30 avaient r pondu dans une proportion similaire alors que 83 d entre eux avaient galement affirm tre tout fait en accord 65 Figure 4 Les biblioth ques publiques ont un r le important jouer en mati re de libert intellect
116. derstand the attitudes of Quebec librarians with respect to intellectual freedom and censorship in the public library arena Data were collected through in depth interviews with 11 librarians including six directors These staff were involved in varying degrees in the development process of their library collections and or in the management of challenges Their comments were subjected to a rigorous thematic analysis Similar to previous studies which have focused on this topic this research showcases the difference between participants attitudes regarding intellectual freedom as a concept and intellectual freedom as an activity In other words the participants were in favor of freedom of expression while at the same time being supportive under certain circumstances of restrictive measures The analysis of the results shows that librarians while proponents of intellectual freedom serve primarly as guardians of societal consensus continually drawing and redrawing the boundary between individual values and societal values This research ultimately shows that Quebec librarians are less actively engaged than their Canadian and U S counterparts in efforts to defend and promote intellectual freedom Analysis of the data leads to the hypothesis that this weak commitment is intimately related to cultural variables unique to Quebec The contemporary absence of religious pressure groups and the tardy development of public libraries in Quebec have in
117. des H bert Pierre et Marcel Lajeunesse 2005 Censure et biblioth ques au Qu bec In Tous ces livres sont toi De l uvre des bons libres la Grande biblioth que 1844 2005 Catalogue de exposition inaugurale de la Grande xviii biblioth que du Qu bec 94 107 Montr al Qu bec Biblioth que nationale du Qu bec Presses de l Universit Laval H bert Pierre et lise Sala n 2004 Censure et litt rature au Qu bec Tome 2 Des vieux couvents aux plaisirs de vivre 1920 1959 Saint Laurent Fides H bert Pierre et Patrick Nicol 1997 Censure et litt rature au Qu bec Tome 1 Le livre crucifi 1625 1919 Saint Laurent Fides H bert Pierre 1995 La croix et l ordre le clerg et la censure de l imprim au Qu bec Documentation et biblioth ques 41 no 1 21 29 International Federation of Library Associations and Institutions 2001 Les services de la biblioth que publique principes directeurs de l IFLA UNESCO Paris Association des biblioth caires fran ais Khouzarm Monique 1983 R flexions sur le d veloppement des collections dans les biblioth ques publiques Documentation et biblioth ques 29 no 4 155 159 Kuhlmann Marie Nelly Kuntzmann et H l ne Bellour 1989 Censure et biblioth ques au XX si cle Paris Editions du Cercle de la Librairie Kvale Steinar 1996 Interviews An Introduction to Qualitative Research Interviewing Thousand Oaks Sage Publ
118. des biblioth caires face la libert intellectuelle et la censure attitudes vis vis l objet de m me que les attitudes des biblioth caires face certains facteurs mod rateurs attitudes vis vis la situation 2 les incidents de censure rapport s par les participants et enfin 3 la sp cificit du milieu biblioth conomique qu b cois dans le contexte nord am ricain Le tableau 2 pr sente les liens entre ces indicateurs les questions dans le guide d entrevue ainsi que les r ponses escompt es lors de la collecte de donn es 2 2 2 2 Pr tests Trois pr tests ont t effectu s dans le but de v rifier l ad quation entre les questions de recherche et l instrument de collecte de donn es qui avait du reste d j fait l objet d une premi re validation par Curry 1997 Le guide d entrevue ayant t modifi pour correspondre au contexte de la pr sente tude il nous a cependant paru n cessaire d en r examiner les lacunes afin le cas ch ant d apporter les modifications n cessaires 44 Tableau 2 Ad quation entre les questions de recherche les indicateurs les questions dans le guide d entrevue et les r sultats attendus s Questions Questions Jansie de Indicateurs R sultats attendus recherche zune d entrevue 45 Compr hension qu ont les participants des concepts de libert intellectuelle et de censure Explicitation du niveau d accord ou de d saccord des
119. doscience dans les biblioth ques publiques sous pr texte que ce type de litt rature est populiste Par ailleurs pr s de la moiti des participants ont questionn la notion m me de v rit scientifique arguant que personne ne d tenait la v rit pure Fd 9 93 Quelques biblioth caires ont ainsi fait remarquer que certaines m decines alternatives qui n taient pas reconnues par la communaut scientifique il y a quelques ann es encore commen aient davantage l tre aujourd hui Si ce sont des informations autres que celles qui sont support es par la communaut scientifique je ne mettrais pas de barri re l dessus parce que le point de vue des scientifiques d aujourd hui peut voluer J aime mieux que les gens aient le choix de penser un choix de pens es plus large Fd 7 Pour un autre participant il existerait des dissensions au sein m me des chercheurs Encore une fois c est la notion de v rit scientifique qui serait ici mise mal Ce qui est une fausset pour un peut tre une v rit pour un autre chercheur s rieux Il y a des points de vue qui s affrontent l dedans Tr s tr s tr s difficile de trancher l dessus Moi je dis que les biblioth ques publiques ne sont pas en mesure de s parer le vrai du faux au point de dire qu on exclut un grand nombre d ouvrages H 11 Pr s de la moiti des participants ont ainsi rappel que dans le domaine de la
120. e conserver tels quels dans la collection les documents l origine d une plainte d autres moins Lorsque questionn s savoir avec quel type de personnes il tait le plus difficile de n gocier en mati re de libert intellectuelle presque tous les participants ont affirm ne pas tre capables de cat goriser les plaintes tant trop peu fr quentes Pour quelques biblioth caires les gens de conviction seraient les plus difficiles convaincre Il n y a pas de type en particulier Quand les gens m abordent sur ce sujet l ils sont vraiment convaincus du bien fond de leur position Donc il n y a pas de type en particulier c est vraiment une question de meilleure pratique Ils consid rent que leur suggestion c est une meilleure pratique Fd 1 La situation serait particuli rement d licate lorsque les valeurs fondamentales ne seraient pas les m mes notamment dans les communaut s multiculturelles Quand les valeurs fondamentales ne sont pas du tout les m mes c est tr s difficile La personne on ne la fait pas changer d avis on n y arrivera pas Il faut juste lui faire comprendre que dans la soci t dans laquelle elle est c est a F 3 113 Plusieurs participants ont insist sur l importance d couter attentivement les dol ances des usagers tout en expliquant respectueusement la position de la biblioth que ce qui ne serait cependant pas toujours facile certaines personnes r
121. e le nombre de personnes n cessaire pour mener bien la recherche est g n ralement bien moindre qu en recherche quantitative Plut t qu un nombre fixe assign l avance la taille de l chantillon est tablie par la saturation th orique des donn es Il y a satura tion lorsque les donn es ne sont plus porteuses d informations nouvelles Savoie Zajc 1997 274 Fortin et coll 2006 240 Aussi notre chantillon s est il arr t 11 participants ce qui se situe autour de la norme pour ce type d tude qui comprend g n ralement entre six et dix participants selon les chercheurs ibid En deux occasions deux personnes travaillant l int rieur de la m me biblioth que ont t rencontr es soit le directeur et un des biblioth caires responsables du d veloppement des collections C est dire que nous avons rencontr 11 biblioth caires r partis au sein de 9 biblioth ques dont nous pr sentons ici les caract ristiques 2 2 1 2 Caract ristiques de l chantillon L chantillon tait principalement compos de femmes n 9 alors que les hommes se trouvaient sous repr sent s au sein du groupe n 2 La majorit des participants n 8 taient g s de 50 ans et plus voir figure 1 Quant au nombre d ann es de service un peu plus de la moiti des participants poss daient plus de 20 ans d exp rience professionnelle comme biblioth caire n 6 Les individus restants avaient entre 6 et 10
122. e certaine censure dans le choix des documents Aussi avons nous qualifi les attitudes des participants vis vis la libert intellectuelle et la censure de pragmatiques plut t que d id alistes les principes nonc s dans le Library Bill of Rights ou la Charte des droits du lecteur s ils guident la conduite des biblioth caires apparaissant d pourvus de toute port e pratique Bien plus que des d fenseurs de la libert intellectuelle les biblioth caires seraient en r alit des gardiens du consensus social ayant sans cesse re n gocier la fronti re entre le respect des valeurs individuelles et la prise en compte des valeurs soci tales L ambivalence des biblioth caires vis vis la libert intellectuelle serait le reflet de la plurivocit du concept m me si la libert d expression renverrait d une part au droit de chaque usager de se faire sa propre opinion en ayant acc s toutes les formes d expression du savoir elle renverrait aussi l id e que la libert des uns s arr te o commence celle des autres 144 Outre les attitudes des biblioth caires vis vis la libert intellectuelle et la censure certains facteurs mod rateurs interviendraient galement dans le modelage du comportement censorial des biblioth caires Deux facteurs principaux sont ainsi ressortis lors de l analyse th matique constituant toutes deux des variables li es au biblioth caire selon la typologie op r
123. e comme la R gie du cin ma du Qu bec dont le mandat est de juger les films a la lumi re des tendances g n rales et des valeurs de la soci t qu b coise de mani re tre en accord avec les r gles n cessaires son bon fonctionnement Le classement des films au Qu bec Du reste tout comme la R gie du cin ma les biblioth caires accorderaient une attention particuli re a la protection des enfants Ainsi comme l ont soulign la grande majorit des participants les biblioth caires auraient tout a la fois la responsabilit de r pondre aux besoins de chacun et celle de respecter les limites de la soci t La notion de Est ce que les r sultats obtenus par England 1974 ne trouveraient pas ici quelque explication Nous nous rappellerons que la chercheuse avait r v l dans son tude l existence d une relation inversement proportionnelle entre les attitudes des biblioth caires vis vis la censure et leur perception du milieu environnant Les biblioth caires enclins 4 percevoir leur environnement comme conservateur ou restrictif tendaient en effet 4 tre moins limitatifs dans leur pratique Inversement les biblioth caires enclins percevoir leur environnement comme lib ral s taient r v l s plus restrictifs D apr s England 1974 118 les biblioth caires chercheraient ainsi 4 tablir un quilibre entre les diff rentes forces en pr sence dans la soci t 128 libert intellec
124. e des droits du lecteur lt https cbpq qc ca sites cbpq qc ca files fichiers corporation Charte pdf gt page consult e le 26 f vrier 2012 Baillargeon Jean Paul 2005 Les biblioth ques publiques et la R volution tranquille au Qu bec Bulletin des biblioth ques de France 50 no 1 5 12 Bastian Jeannette Allis 1997 Filtering the Internet in American public libraries sliding down the slippery slope First Monday 2 no 10 lt http firstmonday org htbin cgiwrap bin ojs index php fm rt printerFriendly 5 57 478 gt page consult e le 26 f vrier 2012 Bernier Catherine 2002 Children s Internet Protection Act les outils de filtrage et la censure dans les biblioth ques publiques Argus 31 no 2 21 24 Bertrand Anne Marie 2010 L offre et la demande un clairage am ricain Bulletin des biblioth ques de France 55 no 3 22 26 Bissonnette Lise 2001 Plaidoyer pour la libert intellectuelle Le Droit 5 d cembre 51 Bob Murray C 1982 The case for quality book selection Library Journal 107 no 16 1707 1710 Boisvert Anyse et Marie D Martel 2009 La collection Coup de poing Lurelu 31 no 3 85 86 Bonhomme Jean Pierre 1991 L euthanasie en question La Presse 9 novembre B1 Busha Charles 1971 The Attitudes of Midwestern Public Librarians Toward Intellectual Freedom and Censorship Th se de doctorat Indiana University Canada Minist re de la Justice Code criminel
125. e des enfants a galement t soulev par nombre de biblioth caires Parce que les biblioth ques publiques seraient d abord et avant tout des biblioth ques familiales 68 certaines restrictions s imposeraient tant du c t de l offre documentaire destin e aux jeunes que de l offre documentaire destin e aux adultes Pour la majorit des participants les biblioth caires exerceraient de la censure lorsqu ils effectueraient des choix fond s sur des crit res subjectifs ou arbitraires Les opinions et les go ts personnels des biblioth caires ainsi que la peur de recevoir des plaintes constitueraient de tels motifs Pour quelques participants la distinction entre choix et censure ne serait cependant pas toujours facile faire Une m me question sous tendait leur r flexion partir de quel moment la d cision de ne pas acheter un document constitue t elle un acte de censure Enfin si tous les participants ont exprim une opinion favorable vis vis la libert intellectuelle en tant que concept th orique dans la pratique il arriverait aux biblioth caires eux m mes d exercer de la censure En outre pour quelques participants il ne serait pas n cessaire voire m me souhaitable de promouvoir activement la libert intellectuelle 3 2 S lection et circulation des documents Le deuxi me ensemble de questions visait conna tre l opinion des biblioth caires vis vis certaines lignes directrices
126. e du Qu bec et les effets socioculturels de la R volution tranquille Sur le plan pratique l un des objectifs de la pr sente recherche consistait susciter dans la litt rature professionnelle qu b coise une r flexion soutenue sur le r le des biblioth caires dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle Il est esp rer que cet objectif sera atteint Il est galement esp rer que la pr sente recherche aura permis de mettre en lumi re l importance de la mise sur pied d un comit responsable de colliger des donn es sur les incidents de censure survenant dans les biblioth ques qu b coises particuli rement dans les biblioth ques publiques et scolaires si ce n est que pour permettre d tablir des comparaisons avec les incidents rapport s l chelle nationale et internationale et d valuer l ampleur du ph nom ne au Qu bec Si l Union des crivaines et des crivains du Qu bec UNEQ semble un temps s tre donn cette mission voir Montpetit 2003 elle ne para t plus engag e dans cette voie Du reste il serait int ressant qu un tel comit soit chapeaut par une ou plusieurs associations de professionnels de l information telles 1 ABQLA la CBPQ ou l ASTED Recherches futures De nombreuses pistes de recherche pourraient tre envisag es afin d approfondir les r sultats de la pr sente tude qui n aura permis que de dresser une esquisse des
127. e la communaut de groupes de pression avait t identifi e par Fiske 1959 comme tant un facteur pouvant avoir une influence sur le comportement censorial des biblioth caires Si elle n avait d cel aucune relation entre cette derni re variable et la nature ou la fr quence des plaintes d pos es dans 136 les biblioth ques publiques elle avait cependant conclu que la simple pr sence au sein de la communaut de groupes de pression religieux ou politiques pouvait avoir une influence sur les attitudes des biblioth caires vis a vis lachat de documents potentiellement controvers s The only aspect of the community in the Fiske study found to correlate directly with the treatment of controversial material in libraries was the presence or absence within its confines of voluntary organizations believed by the librarian or school administrator to be extremist in regard to civil liberties and the basic freedoms Fiske stated Such groups have no detectable influence on the number or nature of public complaints against libraries but awareness of their existence does influence the attitudes of persons responsible for book selection that is the presence of extremist groups leads to anxiety and caution in selecting potentially controversial books Serebnick 1979 98 Les donn es recueillies par l ALA Number of Challenges by Year Reason Initiator amp Institution sur les incidents de censure survenus da
128. e la recherche vous pouvez communiquer avec la chercheuse au num ro de t l phone indiqu au bas de la page Si vous vous retirez de la recherche les renseignements qui auront t recueillis au moment de votre retrait seront d truits B CONSENTEMENT Je d clare avoir pris connaissance des informations ci dessus avoir obtenu les r ponses mes questions sur ma participation la recherche et en comprendre le but et la nature Apr s r flexion je consens librement prendre part cette recherche Je sais que je peux me retirer en tout temps sans pr judice et sans devoir justifier ma d cision Signature Nom pr nom Date Je d clare avoir expliqu le but et la nature de l tude et avoir r pondu au meilleur de ma connaissance aux questions pos es XXXV Signature de la chercheuse Nom pr nom Date Pour toute question relative la recherche ou pour vous retirer de la recherche vous pouvez communiquer avec la chercheuse Vanessa Allnutt au num ro de t l phone suivant ou l adresse courriel suivante Toute plainte relative votre participation cette recherche peut tre adress e Vombudsman de l Universit de Montr al au num ro de t l phone suivant 514 343 2100 ou l adresse courriel suivante ombudsman umontreal ca L ombudsman accepte les appels frais vir s Un exemplaire du formulaire de consentement sign doit tre remis
129. e men e par Busha 1971 avait permis de valider quantitativement quelques ann es plus tard Depuis plusieurs recherches sont venues confirmer les r sultats obtenus par Busha dont celle de Cayer 1986 Les conclusions de la pr sente tude s inscrivent dans la lign e de ces travaux alors que les participants ont d montr la m me ambivalence envers la notion de libert intellectuelle entendue la fois comme concept et comme activit Autrement dit les biblioth caires interview s taient en faveur de la libert d expression tout en tant en accord avec la mise en place sous certaines circonstances de mesures restrictives que ce soit au niveau de la s lection ou de la circulation des documents Aussi la libert 38 Les quelques indices dont nous disposons tendent cependant indiquer que les plaintes seraient en effet moins nombreuses au Qu bec que dans le reste du Canada et aux tats Unis Aussi les participants dans la pr sente tude ont ils rapport recevoir entre une et deux plaintes par ann e tout au plus contrairement aux directeurs canadiens interview s par Curry 1997 qui ont plut t fait tat de 10 20 plaintes annuellement Pour sa part Schrader 1995 a conclu qu entre 1985 et 1987 le Qu bec tait la province qui avait re u le moins de plaintes avec une moyenne de 0 6 plainte par tranche de 100 000 habitants annuellement soit deux fois moins que la moyenne canadienne Ces comparaisons do
130. e processus normal de suggestion d achat N anmoins presque tous les participants ont affirm avoir d j subi de telles pressions au cours de leur carri re Deux constantes ont pu tre observ es dans l ensemble des entretiens alors que ce type de pression serait principalement le fait soit de groupes religieux tels l glise de scientologie ou les T moins de J hovah soit d auteurs qui s autopublient Les pressions exerc es par les groupes religieux prendraient le plus souvent la forme de dons Ceux ci ne seraient cependant pas toujours per us d un bon il par 109 les biblioth caires Plusieurs participants ont en effet parl de propagande de don empoisonn ou encore d ing rence ce type de documents faisant dans l autopromotion Sans compl tement les carter les biblioth caires pr f reraient opter pour des documents donnant une vision plus objective des diff rents groupes religieux ou tout le moins leur donner une place limit e dans la collection La notion d quilibre serait ici particuli rement importante Moi en fait au niveau de la religion j aime mieux donner une image g n rale Quand je me retrouve face la promotion d une secte a je ne suis pas int ress e J aime mieux trouver un livre qui va donner une vision objective les pour et les contre Alors si par hasard c est la secte qui vient et qui veut absolument me donner des livres qui vont fai
131. e un peu plus prudent Fd 7 Si cette participante a sembl tre la seule avoir recours ce type de pratique deux biblioth caires ont reconnu qu ils n achetaient tout simplement pas de films class s 18 ans et plus alors que deux autres ont affirm n en acheter que tr s rarement Un autre participant a rapport avoir d j travaill dans une biblioth que ou il n tait autoris acheter que des films class s G visa g n ral La plupart des participants ont voqu le statut familial des biblioth ques publiques pour justifier leur d cision de ne pas acheter ce type de documents Une des participantes qui tait tout fait en d saccord avec l tiquetage a affirm en contrepartie tre en accord avec une telle pratique dans la section jeunesse Ainsi certains documents abordant des sujets d licats tels l homoparentalit ou le deuil 81 d un parent taient ils tiquet s dans sa biblioth que Pour cette participante il s agirait avant tout de pr venir les plaintes des parents un th me aussi mentionn par plusieurs autres biblioth caires alors qu il serait parfois tentant d tiqueter certains documents destin s aux enfants Des fois c est tentant vous savez a facilite la vie Si un parent vient se plaindre mais regardez c tait crit sur le livre Fd 1 Trois participantes ont ici voqu la collection Coup de poing mise en place dans Po
132. ellectuelle et la censure leur pratique r elle en mati re de s lection et de circulation des documents 29 Les recherches ont par ailleurs d montr que la majorit des documents censur s ou dont l acc s est restreint le sont par les biblioth caires eux m mes sans qu aucune pression ext rieure n intervienne la suite de la publication de l tude de Fiske 1959 de nombreux chercheurs se sont ainsi int ress s au ph nom ne d autocensure dans les biblioth ques d o d apr s Serebnick 1979 l importance qui a t accord e dans le modelage du comportement des biblioth caires en mati re de libert intellectuelle et de censure aux facteurs que nous pourrions qualifier d endog nes c est dire relevant des caract ristiques propres chaque biblioth caire Librarian Variables Ainsi les chercheurs se sont ils int ress s 1 certaines variables d ordre d mographique et professionnel tels l ge le sexe le poste occup ou le nombre d ann es d exp rience 2 aux attitudes des biblioth caires face la libert intellectuelle et la censure de m me 3 qu certains traits de personnalit Busha 1971 et Frihida 1986 par exemple ont tent de corr ler les attitudes des biblio th caires face certaines pratiques restrictives avec le syndrome de la mentalit autoritaire tel que d fini par Adorno Dans son tude sur les facteurs influen ant la mani re dont les pla
133. elles qu elles affectent l offre documentaire destin e aux jeunes notre tude n ayant qu effleur le sujet notre connaissance aucune recherche n a encore t men e sur le sujet au Qu bec La pr sente tude a permis de constater que les biblioth caires qu b cois ne se sentaient pas particuli rement pr occup s par les probl mes de censure dans leur biblioth que notamment parce qu il y en aurait peu ce qui ne signifie pas qu ils ne doivent pas s en inqui ter ou pr venir les incidents qui pourraient survenir Aussi laisserons nous le mot de la fin cette participante C est comme quand tu te maries Tu fais des ententes tu t entends bien Ce n est pas le matin que tu divorces que tu vas r gler tout a C est un petit peu la m me chose avec la censure R fl chissons la probl matique pendant qu on n est pas en tat de crise Quand on sera en tat de crise on aura des outils qui pourront nous tre utiles Fd 9 R F RENCES American Library Association 2009a 1996 Access to Digital Information Services and Networks lt http www ala org advocacy intfreedom librarybill interpretations accessdigit al gt page consult e le 26 f vrier 2012 American Library Association 2009b 1951 Labeling and Rating Systems An Interpretation of the Library Bill of Rights lt http www ala org ala issuesadvocacy intfreedom librarybill interpretations la belingrating cfm gt pa
134. endant cependant vers une neutralit n gative 57 des r pondants ayant obtenu un score inf rieur la moyenne L analyse des r ponses aux nonc s contenus dans la seconde chelle n avait pas permis pareillement d obtenir de r ponse tranch e quant au S M A Frihida avait conclu que les biblioth caires de la r gion de Montr al tendant tre en d saccord avec les principes li s a la libert intellectuelle n taient que l g rement atteints du S M A les tendances antid mocratiques ne se manifestant pas chez eux avec beaucoup de virulence tant de ce fait sans grand danger Le fait que seulement 56 des r pondants aient obtenu un score inf rieur la moyenne avait permis de corroborer cette conclusion De fa on g n rale l analyse des r sultats n avait r v l ni de position tranch e ni de polarisation dans les opinions exprim es les r pondants ayant pr f r la neutralit et l incertitude avec une tendance l g rement n gative Les r sultats de la recherche pris dans leur ensemble ne divergent pas mais s imbriquent pour signifier une atmosph re qu on pourrait qualifier d indiff rence nonchalance insouciance Les biblioth caires semblent tre indiff rents avec un rien d hostilit en ce qui concerne la libert intellectuelle Et ceci se refl te partiellement au niveau des collections de p riodiques Frihida 1986 108 Les conclusions mises par Frihida rejoi
135. er des themes et des ensembles saillants a partir d un corpus donn Enfin la recherche a t soumise des crit res de contr le de qualit Les r sultats ont t pr sent s puis discut s Il convient dans un premier temps de mentionner que les attitudes des participants vis vis la libert intellectuelle et la censure ne semblaient pas fonci rement diff rentes des attitudes des biblioth caires tant canadiens qu am ricains l instar des conclusions mises par Fiske 1959 Busha 1974 et Cayer 1986 l analyse des t moignages a en effet permis de constater qu il existait un cart entre les attitudes des biblioth caires interview s vis vis la libert intellectuelle en tant que concept et la libert intellectuelle en tant qu activit Autrement dit les participants taient en faveur de la libert d expression tout en tant en accord avec la mise en place sous certaines circonstances de mesures restrictives que ce soit au niveau de la s lection ou de la circulation des documents La censure exerc e par les biblioth caires serait cependant davantage pragmatique qu id ologique les limites impos es la libert d expression l tant le plus souvent afin d viter de choquer certains individus ou groupes d individus En outre tous les biblioth caires ont affirm devoir respecter les limites de la soci t laissant ainsi supposer qu il en irait de leur responsabilit d exercer un
136. ert intellectuelle et la censure dans les biblioth ques Il s agit pourtant la d un sujet qui a provoqu et qui continue d tre la cause de nombreux d bats tant aux tats Unis que dans le reste du Canada En outre il n existe l heure actuelle aucun organisme charg de recenser les incidents de censure survenant dans les biblioth ques publiques et scolaires voire m me universitaires comme le font pourtant l ALA et la CLA depuis de nombreuses ann es Enfin bon an mal an tr s peu de biblioth ques publiques qu b coises organisent des activit s dans le cadre de la Semaine de la libert d expression qui se d roule annuellement la grandeur du pays Ces constats nous ont amen postuler l existence d un relatif d sengagement des biblioth caires qu b cois dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle lutte dans laquelle se trouvent pourtant activement engag s tant leurs coll gues canadiens qu am ricains et mettre l hypoth se d une possible sp cificit du Qu bec en mati re de libert intellectuelle et de censure Aussi est ce sur cette pr misse que s est rig notre projet de recherche Avant de nous pencher sur cette question il nous fallait cependant interroger les attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure Parce que l objectif de la pr sente recherche consistait comprendre les attitudes d
137. ertains directeurs avaient t consult s d autres ne l avaient pas t Figure 8 Les biblioth ques publiques devraient installer des logiciels de filtrage sur les postes mis la disposition des adultes n 11 Nb de biblioth caires Tout fait en En accord Ni en accord nien En d saccord Tout fait en accord d saccord d saccord 85 Figure 9 Nombre de biblioth ques qui utilisent des logiciels de filtrage sur les postes destin s aux adultes et sur les postes destin s aux jeunes n 9 OL ogiciels de filtrage chez les adultes E Logiciels de filtrage chez les jeunes Nb de biblioth ques Oui Non Parmi les arguments voqu s contre l utilisation des logiciels de filtrage leur manque d efficacit constitue le th me qui a t le plus fr quemment mentionn par les participants Les logiciels de filtrage pr senteraient en effet de nombreux d fauts bloquant certains sites qui ne devraient pas l tre n en bloquant pas d autres qui au contraire devraient tre interdits Plusieurs participants ont donn l exemple d un usager qui pourrait se voir refuser l acc s un site sur le cancer du sein le mot sein connotation sexuelle tant souvent bloqu par les logiciels de filtrage Ceux ci seraient par ailleurs facilement contournables par les usagers Outre les probl mes inh rents aux logiciels eux m mes un peu plus du tiers des biblioth caires ont galement mentionn la
138. ervices offerts par les biblioth ques a va chialer beaucoup plus sur nos postes Internet ou certaines technicalit s du comptoir de pr t sur nos animations qui ne sont pas assez nombreuses que sur notre collection Fd 4 Le tableau 3 pr sente les principaux motifs voqu s par les usagers au moment de d poser une plainte Tableau 3 Principaux motifs voqu s par les usagers au moment de d poser une plainte PER z Nb de fois mentionn s Motifs voqu s a par les participants Sexualit Nudit 15 53 6 Violence 4 14 3 a inappropri pour les 4 143 Propos racistes 2 7 1 Grossi ret vulgarit 1 3 6 Autres 2 7 1 Note Les donn es contenues dans le pr sent tableau ne tiennent pas compte des commentaires informels exprim s par les usagers Elles renvoient plut t aux incidents qui ont n cessit un suivi de la part des biblioth caires Au total 26 incidents ont t rapport s par l ensemble des participants plusieurs raisons ayant parfois t donn es pour un m me document A l instar des donn es qui 107 avaient t recueillies par Schrader 1995 et Curry 1997 la sexualit et la nudit constituent les motifs dont se plaignent le plus souvent les usagers La violence et un contenu jug inappropri pour les jeunes arrivent tous deux au second rang loin derri re Comme l a fait remarquer une des biblioth caires la pr sence de sc nes sexuellement explicites dans les l
139. es 137 biblioth caires am ricains ont beaucoup de pression sociale Nous on n a pas cette pression la Fd 9 4 2 2 Retard des biblioth ques publiques au Qu bec C est galement l emprise de l glise catholique sur la soci t canadienne fran aise jusqu l poque de la R volution tranquille qui expliquerait le d veloppement tardif des biblioth ques publiques au Qu bec plus d un demi si cle apr s le Public Library Movement qui vit appara tre du milieu du XIX si cle au d but du XX de nombreuses biblioth ques publiques partout en Am rique du Nord a la suite notamment de la g n rosit du philanthrope Andrew Carnegie L opposition du clerg catholique et des lites traditionnelles la cr ation de biblioth ques publiques soutenues par l tat a t largement document e par les chercheurs qu b cois voir notamment Lajeunesse 1997 Savard 1997 Cr peau 1999 Lamonde 2000 H bert et Lajeunesse 2005 L glise aurait en effet men pendant pr s de cent ans une campagne syst matique contre la lecture Lemire cit par Baillargeon 2005 10 voyant dans le concept m me de biblioth que publique une menace son autorit morale de par les principes progressistes valeur la que Cr peau 1999 26 dont elle serait le v hicule Alors que l Ontario comptait en 1887 200 biblioth ques publiques ibid le Qu bec lui n en d nombrait que 71 en 1960 Lajeunesse 2009 6
140. es biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure et non pas les mesurer comme l ont fait Savard 1984 Cayer 1986 et Frihida 1986 une approche qualitative de type descriptif a t privil gi e la libert intellectuelle constituant un ph nom ne complexe appelant souvent des attitudes quivoques La recherche s inscrit ainsi l int rieur du paradigme naturaliste interpr tatif Les donn es ont t recueillies par le biais d entrevues semi structur es men es aupr s de 11 biblioth caires dont six directeurs travaillant dans la r gion m tropolitaine de recensement de Montr al et impliqu s divers degr s dans le processus de d veloppement des collections de leur biblioth que et ou dans la gestion des plaintes relatives l offre documentaire Les t moignages ont fait l objet d une analyse Si la CLA effectue depuis 2006 un sondage annuel aupr s des biblioth ques l chelle nationale la version bilingue n existe que depuis 2009 les r sultats refl tent les plaintes d pos es dans l ensemble du pays ne diff renciant pas les plaintes re ues province par province Par ailleurs l absence de titres en fran ais l exception d un seul dans les r sultats des sondages de 2009 et 2010 nous autorise penser que la participation des biblioth ques publiques qu b coises est relativement faible 143 x th matique celle ci consistant a d gag
141. es que tu vas acheter Donc tu y vas Fd 4 C est s r que des fois il y a des livres qu on sait que a peut porter controverse mais en m me temps si on enl ve tout ce qui porte controverse on nivelle Fd 5 Plusieurs participants ont n anmoins conc d qu il pouvait leur arriver d exercer de la censure sans trop s en rendre compte ou en se donnant bonne conscience Hd 6 par exemple en mettant sur le compte du budget leur d cision de ne pas acheter certains documents avec lesquels ils ne sont pas l aise Si la censure exerc e par les biblioth caires le serait parfois au nom de leurs opinions ou de leurs go ts personnels plus souvent c est la peur de recevoir des plaintes qui orienterait leur comportement Pour quelques participants la distinction entre choix et censure ne serait pas toujours facile faire Aussi une biblioth caire a t elle rapport s tre d j fait accuser de censure apr s avoir refus d acheter un livre qui son avis contenait des propos haineux Je disais tant t qu en th orie on est contre la censure mais l je me suis toujours questionn e Est ce que c tait de la censure ou est ce que c tait exercer un choix clair F 10 La ligne est mince est une expression qui a t fr quemment utilis e Les biblioth caires ont encore une fois insist sur l importance de respecter la politique de d veloppement des collections de
142. et les biblioth ques constitu es de plusieurs succursales multi branch system tant au niveau de la nature des plaintes re ues de la fa on dont elles sont r solues que de leurs effets sur les pratiques des biblioth caires et les politiques institutionnelles et ce afin de rendre compte de la diversit des mod les de gouvernance au Canada Figurent enfin parmi les variables institutionnelles la pr sence ou l absence d une politique de d veloppement des collections facteur auquel se sont entre autres int ress es Fiske 1959 et Cayer 1986 ainsi que le budget disponible England 1974 et Leon 1973 ayant chacun tenu compte de cette derni re variable dans leur tude Les variables li es la communaut comprennent quant elles les donn es du recensement notamment la taille de la population desservie de m me que l appartenance socio conomique et ethnique de la communaut Etonnamment 31 Schrader 1995 est le seul chercheur avoir tenu compte de la pr dominance de la langue dans ses travaux aucun chercheur qu b cois n ayant pris ce facteur en consid ration alors que la dualit francophones anglophones constitue l une des sp cificit s de la soci t qu b coise Parmi les autres variables li es la collectivit on retrouve encore la pr sence ou l absence au sein de la communaut de groupes de pression exer ant sur les biblioth caires des pressions indues afin d acqu rir de proscri
143. et que justement tu offres autre chose On n est pas une librairie on est une biblioth que Fd 4 On ne peut pas batir une collection juste sur ce que les usagers demandent parce que ce serait ben superficiel comme d veloppement de collection C est s r que l usager va demander le livre dont il a vu la critique dans le journal la fin de semaine ou dont l auteur tait pr sent Tout le monde en parle Fd 9 Afin de r pondre aux besoins de chacun et non pas seulement a la demande les biblioth caires auraient ainsi la responsabilit de proposer aux usagers des documents certes moins populaires mais qu il faut avoir en tant que biblioth que qui vont 72 servir peut tre un groupe restreint mais qui vont servir quand m me ce groupe la Fd 5 Pour quelques participants ce serait galement le r le des biblioth caires d inciter les gens faire des d couvertes de les amener ailleurs ce qu ils ne pourraient accomplir s ils devaient se contenter de r pondre la demande Parmi les biblioth caires qui taient en d saccord avec l nonc deux d entre eux ont tenu souligner le fait que les usagers dans leur quartier n avaient pas forc ment beaucoup de demandes ou ne savaient pas comment les exprimer Il faut aller au devant des demandes parce que sinon tu ne remplis pas une biblioth que Il n y a pas beaucoup d usagers qui expriment des demandes dans un
144. ettent cependant pas d expliquer le faible engagement des biblioth caires qu b cois dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert d expression tout comme ils ne permettent pas d expliquer pourquoi il y aurait moins de plaintes au Qu bec qu ailleurs en Am rique du Nord Or l analyse des t moignages a permis de mettre en lumi re certains facteurs culturels qui seraient propres au contexte qu b cois Ce sont ces facteurs que nous nous proposons en dernier lieu d examiner 4 2 Sp cificit du contexte qu b cois Dans son tude sur les attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis certaines valeurs qui seraient propres a la profession Savard 1984 s tait notamment int ress la suite de Finks 1973 aux attitudes des biblioth caires vis vis la libert intellectuelle Or sur les cinq dimensions mesur es la libert intellectuelle le changement et l innovation la recherche l administration et la gestion l orientation service nous nous rappellerons que c est la libert intellectuelle qui avait obtenu le plus faible r sultat Le score moyen obtenu inf rieur celui qui avait t enregistr par Finks aupr s d tudiants am ricains en biblioth conomie correspondait une 133 attitude neutre ou incertaine avec une l g re tendance n gative D apr s Savard ces r sultats pouvaient en partie tre expliqu s par des l ments culturels propres aux francophone
145. fact been identified as two factors tied to the history of the province influencing the professional work environment and the behavior of librarians in the struggle for the defense and promotion of intellectual freedom Keywords Intellectual freedom Censorship Public library Attitude Librarian Quebec Province TABLE DES MATI RES R SUM ete han naar lat his nee iii ABStraC teen aa a e ar A a EEE a E E tn ati AN iv BS EVAS I EE b EE EEEE E E T E E viii List d s figures eon Se e eas E tte eat gaa A ee ee ix PTS EEA es EE E A E E EE td aa eo E TE EE A x Remerciements sieste a E E a E E E in E E xi Introduction eiiie i E E E E E E E E E EE 1 PT BLS TV ANU G Rd Ha ni te 1 Objectits derecherche eats ne Te tion 8 Questions de recherche iii 9 D TIMITIQNS semi n en nn Anne dl ee nee lus 9 PARU M MOIRE aai AAA ne ns Dante E Ann 12 Chapitre 1 Recension des crits Sun ere ed ns 13 Introduction iea e R E E T O ERN 13 11 Etats DR E E E E E ad a E ER 13 1 1 Marjorie Fiske 1959 znin 13 1 1 2 Charles B sha 1971 penen i aE A EO E GOR EEE ve 15 PA CARACAS Re N A sn NNA 16 ALES En And CPP na r a 16 1 2 2 Alvin M Schrader 1995 us 19 1 2 3 Ann Curry 1997 sans ne TN RR oan 21 ESR BIT DEEE E dre rennes rent he a OET 22 1 3 1 R jean Savard LOOM nn net annee RSR TU Es 22 13 2 Louise Cayer 1986 manaren iire n a ee caus R E 23 13 3 Alr F bida 19860 Sarr eeii a E te 25 VA Cadre conceptuel nee cota taesuat
146. fia McCook 2005 Human rights and librarians Reference amp User Services Quaterly 45 no 1 23 26 Pires Alvaro 1997 De quelques enjeux pist mologiques d une m thodologie g n rale pour les sciences sociales In La recherche qualitative enjeux pist mologiques et m thodologiques sous la dir de Jean Poupart et al 3 54 Montr al Ga tan Morin Qu bec R gie du cin ma Le classement des films au Qu bec lt http www rcq gouv qc ca processus asp gt page consult e le 26 f vrier 2012 Rawlinson Nora 1981 Give em what they want Library Journal 106 no 20 2188 2190 R seau des biblioth ques publiques de Montr al Qui sommes nous lt http ville montreal qc ca portal page _dad portal amp _ pageid 4276 5490414 amp _schema PORTAL gt page consult e le 26 f vrier 2012 Rokeach Milton 1968 The nature of attitudes In nternational Encyclopedia of Social Sciences sous la dir de David L Sills 449 457 New York Macmillan Rubin Herbert J et Irene S Rubin 2005 Qualitative Interviewing The Art of Hearing Data Thousand Oaks Sage Publications xxi Rubin Richard E 2000 Foundations of Library and Information Science New York Neal Schuman Publishers Savard R jean 1997 Le discours sur la lecture et l volution des biblioth ques publiques au Qu bec de 1850 1950 Argus 26 no 2 19 27 Savard R jean 1984 A Study of the Orientation towards the Generic and Field
147. fique on assiste cette m me profusion alors que de nombreuses recherches canadiennes et am ricai nes le plus souvent de nature quantitative ont port sur les attitudes des biblioth caires face la libert intellectuelle et la censure Au Qu bec les travaux et les articles scientifiques ou m me d opinion sur le sujet se font plut t rares Les seules recherches avoir t men es sur les attitudes des biblioth caires qu b cois face la libert intellectuelle et la censure ne sont d j plus d actualit Savard 1984 Cayer 1986 Frihida 1986 m me si elles demeurent pertinentes de nombreux gards poursuite intent e contre le gouvernement am ricain s tait fortement oppos e aux dispositions pr vues par la loi Bernier 2002 Selon l article 10 du code de d ontologie de la CBPQ si les t l ressources sont filtr es dans le milieu o il uvre le biblioth caire doit prendre des dispositions pour que la client le soit inform e de la nature et des motifs du filtrage pratiqu 1996 Faut il voir l de la part de la CBPQ une position favorable l utilisation des logiciels de filtrage dans les biblioth ques Difficile dire l alin a ne permettant d mettre aucune conclusion cet effet Le Qu bec n appara t pourtant pas plus immunis contre la censure que ses voisins canadiens et am ricains La mainmise de l glise catholique sur la production et la diffu
148. ge consult e le 26 f vrier 2012 American Library Association 2006a Intellectual Freedom Manual Chicago American Library Association American Library Association 2006b 2002 Privacy An Interpretation of the Library Bill of Rights lt http www ala org advocacy intfreedom librarybill interpretations privacy gt page consult e le 26 f vrier 2012 American Library Association 1996 1939 Library Bill of Rights lt http www ala org ala issuesadvocacy intfreedom librarybill index cfm gt page consult e le 26 f vrier 2012 American Library Association Frequently Challenged Books lt http www ala org advocacy banned frequentlychallenged gt page consult e le 26 f vrier 2012 American Library Association Number of Challenges by Year Reason Initiator amp Institution 1990 2010 lt http www ala org advocacy banned frequentlychallenged challengesbytype gt page consult e le 26 f vrier 2012 Angenot Marc 2007 Quelques th ses sur l esprit de censure L autre forum le journal des professeurs et professeures de l Universit de Montr al 11 no 2 26 29 Asheim Lester 1983 Selection and censorship a reappraisal Wilson Library Bulletin 58 no 3 180 184 xiv Association des biblioth caires du Qu bec Quebec Library Association Association pour l avancement des sciences et des techniques de la documentation et Corporation des biblioth caires professionnels du Qu bec 1976 Chart
149. gnent celles de Savard 1984 Le chercheur avait par ailleurs parl de situation anomique les biblioth caires travaillant dans la grande r gion de Montr al ne respectant pas les recommandations de leurs associa tions professionnelles en mati re de libert intellectuelle se conformant plut t aux valeurs propres la culture id ologique dominante ici les valeurs conservatrices C est d ailleurs de cette fa on que Frihida avait expliqu les diff rences de scores not es entre Finks 1973 et Savard 1984 le premier ayant men son enqu te dans les ann es 1970 une poque tourn e vers des valeurs plus progressistes sur le plan 28 sociopolitique Frihida avait ainsi rejet l analyse de Savard 1984 qui voyait dans le fait francophone l une des principales raisons expliquant le faible engagement des biblioth caires qu b cois face la libert intellectuelle 1 4 Cadre conceptuel Dans un article publi en 1979 mais qui conserve aujourd hui encore toute sa pertinence et son actualit Serebnick avait propos une synth se des principales recherches ayant port sur la libert intellectuelle et la censure dans les biblioth ques dont celles de Fiske 1959 Busha 1971 et England 1974 Elle en avait soulign les nombreuses similitudes tant au niveau des hypoth ses de recherche de la m thodologie utilis e que des conclusions mises L article de Serebnick constitue aujourd hui encore l un
150. hoix aux usagers que de r pondre la demande Presque tous les participants ont n anmoins admis qu ils acquies aient g n rale ment aux demandes exprim es par les usagers afin d assurer la participation du public dans le processus de d veloppement des collections Deux facteurs seraient particuli rement d importance au moment d valuer les suggestions d achat soit le 88 niveau de g n ralit du document et l int r t qu il pr sente pour l ensemble des usagers Pr s de la moiti des biblioth caires ont admis que les suggestions des usagers pourraient sous certaines conditions les amener revoir leur d cision initiale de ne pas acqu rir un document particuli rement s il se retrouvait sur la liste des meilleurs vendeurs Par ailleurs la majorit des participants ont d clar tre en accord avec l affirma tion selon laquelle il en irait du devoir professionnel des biblioth caires de respecter les valeurs de la communaut qu ils desservent L analyse des justifications fournies par les participants a cependant permis de r v ler qu ils taient moins en accord qu il n y paraissait au premier abord La notion m me de valeur serait pour le moins ambivalente D une part les valeurs de la communaut ne seraient pas homog nes d autre part elles volueraient dans le temps Quelques participantes ont affirm qu elles seraient en d saccord avec l nonc s il tait que
151. i les propos de Savard 1984 qui avait attribu la ti deur des biblioth caires qu b cois vis vis la libert d expression au fait francophone L absence de lobbies religieux ainsi que le d veloppement tardif des biblioth ques publiques ont en effet t identifi s comme deux facteurs li s l histoire du Qu bec qui auraient une influence sur l engagement des biblioth caires qu b cois dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle Si le sens exact donner cette influence reste d terminer la pr sente recherche aura n anmoins permis de mettre en lumi re l existence d une importante variable culturelle dans le modelage du comportement censorial des biblioth caires Il est souhaiter que les recherches futures qui s attacheront mod liser les attitudes des biblioth caires vis vis la libert intellectuelle et la censure porteront une attention particuli re non seulement au contexte culturel communautaire ou local mais galement aux contextes culturels provincial et national auxquels appara t intimement li e l histoire de chaque nation notamment en mati re de libert intellectuelle Contributions la recherche Sur le plan th orique la pr sente recherche a d abord permis de combler le manque de connaissances sur les attitudes des biblioth caires vis vis la libert intellectuelle et la censure dans un contexte proprement qu b cois en dressant un
152. i m me L autocensure constitue une forme de censure intra muros Il y a autocensure chaque fois qu un biblioth caire limite de son propre gr le droit des usagers d acc der librement toutes les formes d expression du savoir que ce soit en raison de ses go ts ou opinions personnels ou par crainte de recevoir des plaintes provenant de l ext rieur de la biblioth que Attitude S1 l int r t d tudier les attitudes des individus par rapport un objet donn r side principalement dans la capacit des chercheurs comprendre ou pr dire le comportement social des dits individus face ce m me objet il convient ici de pr ciser qu une attitude ne donne pas toujours lieu au comportement attendu plusieurs facteurs mod rateurs intervenant dans le modelage du comportement social des individus Aussi l instar de Busha 1971 et Curry 1997 emprunterons nous notre d finition du concept d attitude Rokeach qui englobe la fois la notion d attitude face l objet attitude toward object ainsi que la notion d attitude face la situation attitude toward situation An attitude is a relatively enduring organization of interrelated beliefs that describe evaluate and advocate action with respect to an object or situation with each belief having cognitive affective and behavioral components Each one of these beliefs is a predisposition that when suitably activated results in some preferential
153. iblioth caires ont n anmoins fait tat de documents qu ils avaient eux m mes pris l initiative de retirer des rayons ou dans le cas d ouvrages jeunesse de reclasser dans la section adulte sans qu aucune pression ext rieure n intervienne Si aucune constante n a pu tre d gag e quant aux motifs voqu s par les participants les exemples rapport s tant par trop vari s il est int ressant de noter que dans la majorit des cas ce sont des documents destin s aux jeunes qui taient vis s Par ailleurs plusieurs biblioth caires ont conc d avoir d j sciemment cart lors de la s lection des documents avec lesquels ils taient en d saccord ou qui taient susceptibles de porter controverse des choix qui seraient tant t mis sur le compte du budget tant t sur le compte de l abondance de l offre ditoriale C est l que c est facile mon travail parce que comme je te dis tr s souvent je peux mettre sur le dos du budget le fait que je ne choisis pas un document plut t qu un autre Fd 4 es fois on peut faire de la censure sans trop s en rendre compte ou en se donnan Des f t faire de 1 t d t d t bonne conscience C est s r J ai s rement d j fait a en me disant a je n ach te pas a je n ai plus d argent pour a mais dans le fond je suis en train d liminer ce livre la Hd 6 Le probl me c est qu il y a tellement de livres Certaines salles de montre
154. iblioth ques publiques de Montr al Qui sommes nous relevant de ce fait des comp tences municipales et non pas provinciales comme dans le cas de BAnQ 2 2 1 1 Mode d chantillonnage Le choix des participants a t effectu d apr s un plan d chantillonnage par choix raisonn c est dire non probabiliste car r alis en fonction de certains traits caract ristiques Fortin et coll 2006 259 D apr s Patton les recherches se situant dans le paradigme interpr tatif ne chercheraient en effet pas tant g n raliser les r sultats l ensemble de la population qu comprendre en profondeur le ph nom ne l tude d o la n cessit de constituer un chantillon riche en information 2002 40 14 Il est noter que BAnQ poss de le double statut de biblioth que nationale et de biblioth que publique ayant la fois un mandat de conservation et de diffusion du patrimoine documentaire qu b cois Si ses services s adressent l ensemble de la population qu b coise les difices de consultation et de conservation de BAnQ se situent sur le territoire montr alais 37 Pour les besoins de la pr sente tude les participants ont t choisis en fonction de crit res li s aux caract ristiques de la communaut et ce afin de refl ter la diversit des diff rents milieux desservis les biblioth ques publiques ayant pour mandat d offrir leurs services l ensemble de la popu
155. ications Labory Marie H l ne 2009 Journalistes d veloppement de collections et Web 2 0 Argus 38 no 2 5 6 Lacroix Yvon Andr 2009 L autocensure dans le d veloppement des collections publiques un angle mort A rayons ouverts no 80 30 32 Lahary Dominique 2000 Pour une biblioth que polyvalente a propos des best sellers en biblioth que publique Bulletin d informations de l Association des biblioth caires fran ais no 189 92 102 Lajeunesse Marcel 2009 Biblioth ques publiques au Qu bec une institution strat gique pour le d veloppement culturel Bulletin des biblioth ques de France 54 no 3 64 72 Lajeunesse Marcel 1997 La biblioth que au Qu bec une institution culturelle au c ur des d bats sociaux In Culture institution et savoir Culture fran aise d Am rique sous la dir d Andr Turmel 171 179 Qu bec Presses de l Universit Laval Lamonde Yvan 2000 Histoire sociale des id es au Qu bec 1760 1896 Saint Laurent Fides Lee Earl 1998 Libraries in the Age of Mediocrity Jefferson McFarland amp Co Xxix Leon S J 1973 Book selection in Philadelphia the survey of the handling of certain controversial adult material of Philadelphia area libraries Library Journal 98 no 7 1081 1089 Lincoln Yvonna S et Egon G Guba 1985 Naturalistic Inquiry Beverly Hills Sage Publications Lointier C cile 2002 Filtrer ou ne pas filtrer quelques
156. il fallait absolument tenir compte du caract re controvers des documents au moment d effectuer la s lection Pourtant et c est ici l un des aspects les plus surprenants de la recherche de Fiske dans 82 des biblioth ques participantes l acc s certains documents sujets caution avait t restreint alors que dans pr s d un tiers des cas des ouvrages avaient t un moment ou un autre retir s des collections de fa on d finitive Peut tre plus tonnant encore deux tiers des documents contest s l avaient t par les biblioth caires eux m mes Dans 85 des cas la circulation en avait t restreinte lorsqu ils n avaient tout simplement pas t achet s Aussi Fiske avait elle not Books complained about by patrons or others outside the institution were by no means as likely to result in restrictions or removals as were those questioned by librarians themselves or by others in their institutions in fact 56 per cent of the outside complaints were resisted 1959 70 Le motif le plus souvent 15 voqu pour rejeter un document avait t dans une proportion de 38 le caract re sexuel et obsc ne des dits ouvrages Ces entretiens avaient conduit Fiske reconna tre l existence dans les biblioth ques d un important ph nom ne d autocensure les biblioth caires tendant dans une large proportion s imposer des restrictions au moment d effectuer la s lection des documen
157. il d une d marche signifiante ou pour reprendre la d finition de Paill et Mucchielli d une d marche discursive de reformulation d explicitation ou de th orisation d un t moignage d une exp rience ou d un ph nom ne 2010 6 C est dire que le r sultat de l analyse qualitative prend davantage la forme d une qualit que d une quantit ibid Ce qui int resse ici le chercheur ce n est pas tant de savoir combien de fois une exp rience donn e se r p te que de comprendre comment elle se d ploie Paill et Mucchielli 2010 188 S1 l analyse qualitative n exclut pas enti rement l utilisation de certaines pratiques de chiffrage elle accorde le primat la d couverte et la construction de sens Aussi les processus de contextualisation sont ils de premi re importance dans toute d marche d analyse qualitative Un processus de contextualisation est un travail de mise en relation d un ph nom ne avec des l ments s lectionn s de son environnement global S interroger sur les processus de contextualisation c est se demander ce qui se transforme pour que le sens prenne corps ou volue lorsqu une mise en relation avec un contexte a lieu Paill et Mucchielli 2010 27 Autrement dit le sens est consubstantiel aux situations de r f rence des individus qui peuvent tre multiples tout comme une m me situation de r f rence peut tre comprise diff remme
158. ing against his or her will Gay and lesbian issues should be publicized XX1X h Soft core pornography is a primary underlying factor in the oppression of women i A conflict exists between the philosophy of intellectual freedom and the goal of multicultural harmony In order to compare this study with others I d like to ask you some quick personal data questions and then move on to several concluding questions 15 16 17 18 19 20 21 22 Age 20 29 30 39 40 49 50 59 60 How many years have you held chief librarian director level positions 0 5 6 10 11 15 16 20 21 What academic or professional qualifications do you have including those in areas other than librarianship Many elements throughout our lives shape our personal attitudes toward intellectual fredoom and censorship Could you tell me some of the elements which have been influences on your past or present attitudes Sometimes a particular individual book or professional experience has a lasting impact on our values Can you recall any of these A final personal question I d like to know how you see yourself in relation to other public library directors regarding your views on intellectual freedom Are there other things of relevance to intellectual freedom that I ve neglected to cover Is there anything else you would like to add ANNEXE 5 Guide d entrevue 1 Pouvez vous me parler de votre parcours professionnel Dan
159. intellectuelle et de censure tel qu il se manifeste dans le cadre de vos activit s professionnelles Vous pourrez refuser le cas ch ant de r pondre une ou plusieurs questions selon votre degr de confort L entretien avec votre consentement sera enregistr afin d assurer le dynamisme des changes et de faciliter l analyse subs quente de vos r ponses Une copie de votre politique de d veloppement des collections vous sera demand e la fin de l entretien La d cision vous reviendra de consentir ou non la produire 3 Confidentialit Les renseignements que vous fournirez au cours de l entretien demeureront confidentiels Chaque participant la recherche se verra attribuer un num ro et seule la chercheuse aura la liste des participants et des num ros qui leur auront t attribu s De plus les renseignements seront conserv s dans un classeur sous cl situ dans un bureau ferm Aucune information permettant de vous identifier d une fa on ou d une autre ne sera publi e En vertu des normes de l Universit de Montr al vos renseignements personnels seront d truits 7 ans apr s la fin du projet Seules les donn es ne permettant pas de vous identifier seront conserv es apr s cette date 4 Droit de retrait Votre participation est enti rement volontaire Vous tes libre de vous retirer en tout temps par avis verbal sans pr judice et sans devoir justifier votre d cision Si vous d cidez de vous retirer d
160. intes s y rapportant Curry 1997 Les donn es utilis es pour constituer notre chantillon sont issues du recensement de 2006 r alis par Statistique Canada 2007 Pour ce qui est de la composition ethnique de la communaut nous avons bas nos calculs sur le pourcentage de non immigrants r sidant dans chacun des 19 arrondissements de la Ville de Montr al ainsi que les 14 villes attenantes soit les 14 villes reconstitu es lors des d fusions municipales en 2006 Nous avons galement compil les statistiques pour trois autres villes se situant dans la r gion m tropolitaine de recensement de Montr al soit Brossard Laval et Longueuil Nous avons d abord proc d l valuation du pourcen tage de non immigrants pour chacun de ces territoires avant de calculer la moyenne et l cart type Nous avons proc d de la m me mani re pour les deux autres crit res soit la proportion de francophones et d anglophones pr sents dans la communaut calculs bas s sur le nombre de personnes parlant uniquement fran ais la maison ainsi que le niveau de scolarit calculs bas s sur le nombre de personnes d tenant un dipl me universitaire Pour chacun des crit res nous avons constitu trois ensembles distincts les communaut s se situant l int rieur de l cart type celles se situant plus d un cart type au dessus de la moyenne et enfin celles se situant plus d un cart type en dessous de celle ci
161. intes sont r solues dans les biblioth ques scolaires am ricaines de niveau secondaire McAfee Hopkins 1993 s est pour sa part int ress e l estime de soi des biblioth caires ainsi qu leur locus de contr le cette derni re notion servant mesurer le degr avec lequel les individus croient que les v nements de la vie rel vent de leur libre arbitre ou de forces qui se situent l ext rieur de leur volont Parmi les autres facteurs li s au biblioth caire qui ont fait l objet d une analyse mentionnons encore ce qu England 1974 a d sign comme the view of others et dont il a d j t fait mention Il convient toutefois de pr ciser que si England a t la premi re chercheuse accorder une place importante l environnement externe dans ses recherches elle s est davantage attard e au milieu environnant tel que per u par les biblioth caires Aussi the view of others constitue t il un l ment appartenant la classe des facteurs dits endog nes Enfin certains chercheurs se sont int ress s la perception qu ont les biblioth caires de leur r le ainsi que de celui de la biblio th que au sein de la communaut L tude de Fiske 1959 avait en effet r v l que nombre de biblioth caires avaient une faible image de leur statut professionnel d o la disparit avait sugg r la chercheuse entre les attitudes des biblioth caires face 30 la libert intelle
162. ional decision you ve made regarding library materials 9 Areas other than the collection itself may precipitate complaints and problems and two of these areas are meeting rooms and display spaces a In discussing these areas I d first like to know whether your meeting rooms or auditoriums are available to all groups in the community regardless of the beliefs or affiliations of the members I m thinking of groups such as ultra right wing or left wing political groups or groups promoting views on abortion or euthanasia Does the library or governing authority have a written policy to reflect the position taken In your library are the same criteria applied to library displays as are applied to book selection Irrespective of any policies in place are there any types of displays which you personally would not authorize If yes what types and why xxviii Are there any types of displays you think your council library board would not allow 10 Much has been written recently about changes in public library budgets and possible changes in policies and priorities Can you see that budget changes have had or will have any impact on intellectual freedom in your library Why or why not 11 Do you view the sponsorship of public library events or collections having an impact on intellectual freedom Why or why not 12 If you found yourself embroiled in a censorship disagreement between your community and your lib
163. ioth caires de respecter les valeurs de la communaut qu ils desservent c Les documents susceptibles d offenser des individus ou des groupes d individus devraient tre tiquet s comme tels d Les biblioth ques publiques devraient installer des logiciels de filtrage sur les postes Internet mis la disposition des usagers 6 1 Tout fait en accord 2 En accord 3 Ni en accord ni en d saccord 4 En d saccord 5 Tout fait en d saccord XXXI 8 Les points de vue sur ce qui devrait ou ne devrait pas tre inclus dans les collections des biblioth ques publiques sont multiples Plusieurs raisons sont souvent mises de l avant pour justifier la d cision d acqu rir ou de ne pas acqu rir certains types de documents Pour chacun des types de documents suivants j aimerais savoir si vous croyez qu ils ont leur place dans les biblioth ques publiques Je vous demanderais nouveau de vous r f rer l chelle ci jointe Tout commentaire quant aux raisons motivant vos r ponses est encore une fois bienvenu Les collections des biblioth ques publiques devraient contenir a Des documents qui sont consid r s par la communaut scientifique comme v hiculant de fausses informations par ex certaines m decines non conventionnelles para psychologie Des ouvrages de fiction ou de non fiction qui contiennent des propos racistes Des documents du type Exit final de Derek Humphry ou Suicide mode
164. iption int grale Les rencontres ont eu lieu sur le lieu de travail des participants le plus souvent dans un local ferm En une seule occasion l entrevue s est d roul e aire ouverte alors qu aucune pi ce close n tait disponible Aussi une attention particuli re a t elle t port e afin d assurer le confort de la participante malgr la pr sence de tierces personnes p ex attendre que tout le monde ait quitt la salle pour poser certaines questions plus d licates En outre les participants taient invit s lire et signer un formulaire de consentement annexe 6 La recherche a t men e dans le respect des r gles d thique nonc es dans la Politique sur la recherche avec des tres humains de l Universit de Montr al annexe 7 2 3 Analyse des donn es Les t moignages des biblioth caires rencontr s lors des entrevues constituent l unit d analyse de la pr sente tude Les donn es recueillies ont fait l objet d une analyse th matique dont nous pr sentons plus loin la vis e et la d marche Nous 46 nous attarderons d abord sur les objectifs de l analyse qualitative consid r es de mani re plus g n rale 2 3 1 De l analyse qualitative en g n ral L analyse qualitative cherche faire sens de ph nom nes sociaux complexes en examinant et en interpr tant la ou les significations que les individus leur conf rent dans un contexte donn Aussi s agit
165. ire date Simply put BCPL is run with the assumption that the taxpayers provide money in order to find the materials they want at their library 1981 2188 Dans un article intitul The case for quality book selection 1982 Murray C Bob avait plut t d fendu la position inverse En favorisant les best sellers les biblioth caires limiteraient le droit des usagers d acc der au plus vaste ventail de choix possible A la question de savoir s ils croyaient que les demandes exprim es par les usagers devaient tre le premier crit re d acquisition des biblioth ques publiques 63 des directeurs canadiens interview s par Curry 1995 48 avaient affirm tre en d saccord ou tout fait en d saccord avec l nonc Les participants dans la pr sente tude ont r pondu dans une proportion similaire 55 n 6 d entre eux ayant galement d clar tre en d saccord ou tout fait en d saccord Trente six pour cent n 4 ont plut t r pondu tre en accord ou tout fait en accord avec l nonc voir figure 5 Cet chelonnement des r ponses sur l chelle de Likert serait cependant plus apparent que r el alors que les explications des biblioth caires dans les deux camps n taient pas fonci rement diff rentes les unes des autres Les biblioth caires taient unanimes les demandes exprim es par les usagers seraient un des crit res de s lection non pas le seul ni le premier Simplement les
166. it parentale ils auraient n anmoins exercer une plus grande vigilance dans le cas de la litt rature destin e aux jeunes Quelques participants ont galement voqu le d sir d viter des plaintes de la part des parents 3 3 S lection de documents controvers s Le troisi me ensemble de questions chelle visait conna tre les opinions des participants vis vis certains types pr cis de documents dont la pr sence dans les 2 collections des biblioth ques publiques a souvent t contest e Aussi s agissait il Vinstar de Curry 1997 d examiner les facteurs les plus 4 m me de mettre a l preuve l engagement th orique des biblioth caires en faveur du droit des usagers d acc der toutes les formes d expression du savoir y compris les plus controvers es Si trois des quatre exemples que nous avons retenus proviennent du guide d entrevue labor par Curry m decines alternatives et parapsychologie racisme pornographie nous avons cru pertinent d en ajouter un quatri me afin de rendre compte d une r flexion qui avait eu lieu au Qu bec comme dans plusieurs autres pays d ailleurs la suite de la parution de deux ouvrages au contenu hautement controvers Publi s respectivement en 1982 et 1991 les livres Suicide mode d emploi des auteurs fran ais Claude Guillon et Yves de Bonniec et Exit final Pour une mort dans la dignit de l auteur am ricain Derek Humphry avaient
167. it s du biblioth caire Responsabilit s du biblioth caire Respecter les go ts et les opinions Zone de tension Respecter la loi de chacun R pondre aux besoins te Respecter les limites de la soci t RITES en mati re de Client le desservie l ensemble de la population Offrir un ventail de choix F Propagande haineuse Repr senter tous les sujets tous les points de vue f l Pornographie Repr senter tous les niveaux de Le seuil de ce qui est Valeurs individuelles SIJEJJDOS SMALA lecture acceptable varie d une Laisser ses propres go ts et personne alune aute opinions de c t objectivit E La biblioth que Chacun a le droit de se faire sa Pen est un lieu La libert des uns s arr te o amilia propre opinion commence celle des autres Fluctuation des valeurs de la soci t dans le temps 4 1 2 Facteurs mod rateurs Outre les attitudes des participants vis vis la libert intellectuelle et la censure d autres facteurs auraient en effet une incidence sur le comportement censorial des biblioth caires Deux facteurs principaux sont ainsi ressortis lors de l analyse th matique soit le poste occup l int rieur de la biblioth que et de la structure municipale et la perception qu ont les biblioth caires de leur r le ainsi que de celui de la biblioth que au sein de la communaut Pour
168. ivent cependant tre prises avec circonspection comme en t moigne notamment l cart consid rable entre l estimation des directeurs canadiens interview s par Curry et les r sultats obtenus par Schrader 124 intellectuelle serait elle bel et bien un concept s cable appelant des attitudes non univoques Busha 1971 Sur le plan th orique l analyse des donn es a en effet permis de r v ler que la libert intellectuelle constituait une valeur inh rente la profession de biblioth caire Aussi tous les participants ont ils voqu maintes reprises les responsabilit s des biblioth caires en mati re de libre acc s l information r pondre aux besoins de chacun offrir aux usagers un ventail de choix faire preuve d objectivit lors du processus de s lection La notion d autod termination semblait de premi re importance pour les participants alors qu il importerait de respecter la libert de choix de chacun les biblioth caires n ayant pas mettre de jugement sur ce que lisent ou ne lisent pas leurs usagers Quelques biblioth caires ont ici rappel le caract re populaire des collections en milieu public La majorit des participants ont enfin voqu l importance de r sister aux interdits en combattant les usagers qui cherchent imposer aux autres leurs valeurs et leurs croyances leur reconnaissant n anmoins le droit la critique Dans l ensemble les biblioth caires ont ainsi d mont
169. ivres et les films serait particuli rement taboue notre poque plus que la violence Ce qui fatigue le monde c est la seconde o il y a une petite fille toute nue l dedans ou qu il y a une relation sexuelle L a devient grave Dans les Dragonballs il y a quelqu un qui m est arriv un moment donn en me disant c est effrayant que vous ayez a Il y avait une esp ce de vieux libidineux l dedans qui reluquait les petites culottes des petites filles Elle elle disait que c tait effrayant que c tait de la p dophilie a faisait vingt pages qu ils se battaient coups de poing sur la gueule le sang giclait et toute le kit c est pas grave Mais s il y a un contenu sexuel explicite a les fatigue Fd 4 Fait notable dans 76 9 des cas les plaintes visaient soit des documents situ s dans la section jeunesse soit des documents situ s dans la section adulte mais accessibles ou visibles par des enfants C est donc dire que la vaste majorit des plaintes provien draient des parents ce qui vient confirmer l id e que les biblioth ques publiques seraient avant tout des biblioth ques familiales Enfin dans 69 2 des cas les plaintes concernaient le caract re visuel des documents les bandes dessin es et les mangas constituant le type de documents dont la pr sence dans les collections des biblioth ques publiques serait le plus probl matique Parmi les commentaires les plus f
170. jouter aux autres cat gories de variables d j identifi es par Serebnick 1979 L ascendance exerc e par le clerg catholique sur la soci t canadienne fran aise pendant un peu plus d un si cle tant unique en Am rique du Nord il para t normal qu aucune tude 140 canadienne ou am ricaine n ait permis jusqu ce jour de r v ler l importance de cette variable culturelle dans le modelage du comportement censorial des biblioth caires Savard 1984 a t le seul chercheur expliquer les attitudes des biblioth caires qu b cois vis a vis la libert intellectuelle et la censure par une variable culturelle propre aux francophones La pr sente recherche tend a confirmer son hypoth se m me s il s av re difficile de d terminer quelle est la nature exacte de son incidence sur l engagement des biblioth caires qu b cois dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle Dans tous les cas il s av rera n cessaire lors de recherches futures d approfondir l influence de cette variable culturelle sur les attitudes des biblioth caires L histoire compl te de la libert intellectuelle et de la censure dans les biblioth ques publiques de la R volution tranquille nos jours reste encore faire CONCLUSION R sum de la recherche La pr sente recherche visait comprendre les attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la cen
171. l faudrait liminer beaucoup de nos ouvrages de nos classiques Il y a une volution dans la soci t La litt rature elle volue en fonction de cette soci t l Donc le portrait de 1940 et celui de 2010 ce n est pas la m me chose Mais il reste qu un ouvrage litt raire peut avoir de tr s grandes qualit s peut encore tre lu aujourd hui m me si c est La case de l oncle Tom ou Tintin au Congo Fd 7 C est dire que pour une majorit de participants il serait l gitime que les biblioth ques publiques fassent acquisition ou conservent dans leurs collections des ouvrages de fiction contenant des propos racistes pour autant que ce ne soit pas l esprit g n ral de l uvre qui incite la haine Les documentaires comportant des propos racistes taient quant eux g n ralement associ s des pamphlets des manifestes ou des ouvrages de propagande haineuse Aussi la plupart des biblioth caires ont ils vivement exprim leur d saccord face la pr sence de ce type de documents dans les collections des biblioth ques publiques 96 Mettons un documentaire o le but avou est de montrer que les Noirs sont une race inf rieure ou que les Chinois sont une race inf rieure ce moment l je ne pense pas qu on devrait acheter le livre parce que a devient de la propagande haineuse qui devrait tre interdite Mais mettons que le livre a t publi Est ce que la biblioth que
172. lant dans la biblioth que comme l avait d ailleurs not Curry 1997 15 dans son tude 3 4 Processus de gestion des plaintes Le quatri me ensemble de questions visait colliger des donn es sur les pressions ext rieures subies par les biblioth caires au cours de leur carri re soit afin de retirer soit afin d int grer des documents dans leur collection Par l entremise de questions ouvertes nous avons ainsi demand aux participants s ils avaient d j subi de telles pressions que ce soit de la part d un individu d un groupe d individus voire m me du conseil municipal Si nous nous sommes int ress la nature des plaintes d po s es c est plus particuli rement le processus de gestion des plaintes qui a ici retenu notre attention partir du moment du d p t de la plainte jusqu sa r solution Nous avons enfin demand aux participants s ils croyaient que les plaintes avaient eu au fil des ans une influence sur leur fa on d aborder le d veloppement des collections 3 4 1 Pressions afin de retirer des documents de la collection Lorsque questionn s savoir s ils avaient re u au cours de leur carri re des plaintes afin de retirer de leurs collections certains types de documents ou certains titres en particulier tous les participants ont rapport avoir d ja subi de telles pressions Presque tous les biblioth caires ont cependant insist sur le fait qu il s agissait la d un
173. lation Le choix des participants a ainsi t r alis en fonction des trois crit res sociod mographiques suivants 1 la compo sition ethnique de la communaut 2 la proportion de francophones et d anglophones y habitant et enfin 3 le niveau de scolarit En ce qui concerne le premier crit re l tude men e par Fiske 1959 a en effet r v l que plus la composition ethnique de la communaut tait h t rog ne plus les biblioth caires tendaient prendre en consid ration le caract re controvers d un document au moment d en effectuer la s lection ou d en d terminer les conditions d acc s Quant au deuxi me crit re il a t retenu afin de rendre compte de la sp cificit du contexte qu b cois la population du Qu bec si elle est principalement compos e de francophones comptant une proportion d anglophones non n gligeable particuli rement dans la r gion m tropolitaine de Montr al Jusqu a pr sent seul Schrader 1995 s est int ress la dualit linguistique du Qu bec et du Canada Pour ce qui est du dernier crit re soit le niveau de scolarit de la communaut aucune tude ne s est encore attard e au lien qu il pourrait entretenir avec les attitudes des biblioth caires vis vis la libert intellectuelle et la censure tel que Serebnick 1979 l avait pourtant sugg r En constituant notre chantillon en fonction de ce crit re nous avons ainsi mis la supposition q
174. latives l acc s l information notamment en ce qui concerne l utilisation des logiciels de filtrage sur les postes destin s aux jeunes Rappelons galement le retrait des rayons de La mafia m dicale de Guylaine Lanct t ainsi que l avertissement qui avait t mis la suite de la parution d Exit final de Derek Humphry par la direction des biblioth ques sous l ancienne structure municipale La figure 14 illustre la position qu occupent le directeur de biblioth que ainsi que les biblioth caires responsables de la s lection des documents dans la hi rarchie organisationnelle de la municipalit Comme l ont mentionn plusieurs participants il convient ici de rappeler que la Ville de Montr al a souvent chang de structure au fil des ans le dernier changement majeur tant survenu lors de la fusion municipale en 2002 Si les biblioth ques publiques d finies comme service de proximit rel vent depuis des arrondissements il existe galement une direction associ e qui est notamment responsable des grandes orientations du r seau des biblioth ques publiques de la Ville de Montr al ainsi que des r seaux informatiques R seau des biblioth ques publiques de Montr al Qui sommes nous 131 Figure 14 Position de la biblioth que l int rieur de la structure municipale Citoyens usagers Conseil municipal Direction des loisirs Direction de la biblioth que Biblioth caires
175. le 2 Ils poss dent des attitudes antid mocratiques latentes caract ristiques du syndrome de la mentalit autoritaire S M A 3 Les collections des biblioth ques publiques dans la r gion de Montr al comprennent peu sinon aucun p riodique de gauche S1 la premi re hypoth se rejoint une des propositions formul es par Cayer 1986 les deux autres hypoth ses rappellent plut t les travaux de Busha 1971 qui avait t le premier s int resser certains traits de personnalit li s l autoritarisme chez les 1 Le questionnaire utilis par Frihida pour mener terme son enqu te avait t labor conjointement avec Cayer tous deux s int ressant l idiosyncrasie des biblioth caires publics travaillant dans la r gion de Montr al vis vis la libert intellectuelle et la censure Ils avaient eu recours au m me chantillon alors qu un seul questionnaire avait t envoy aux biblioth caires compris dans ce dernier L une des hypoth ses formul es par Frihida requ rant cependant une chelle d attitudes diff rente certains nonc s avaient simplement t ignor s par Cayer au moment de l analyse des r sultats 26 biblioth caires D apr s Frihida les ann es 1980 taient marqu es sur le plan sociopolitique par une intol rance intellectuelle celle ci se manifestant surtout par un retour vers des valeurs plus conservatrices de m me que par le rejet des id ologies socia
176. lectuelle 74 suivie par leur perception du milieu environnant 22 En derni re analyse England avait conclu que les biblioth caires sond s taient mod r ment en d saccord avec la mise en place de mesures restrictives celles ci pouvant cependant se justifier sous certaines circonstances On balance however D apr s S J Leon auteur de l tude Book Selection in Philadelphia 1973 l argument budg taire serait cependant fallacieux un budget moindre n tant pas forc ment garant de collections plus restrictives We conclude that relatively favorable book budgets are no guarantee that the library s collection will include controversial materials in any significant quantities that the values of the institution and the librarian inevitably comes into play and that some librarians with modest budgets and a sense of social and artistic adventure are building more contemporary and provocative collections than others who have more money at their disposal but suspect or dislike the unorthodox or feel compelled to ignore it because of the institutional policy Leon cit par Frihida 1986 25 Aussi l argument budg taire serait il souvent invoqu pour dissimuler le refus d acheter des documents susceptibles de susciter des controverses 19 librarians were slightly rather than firmly or strongly liberal and overall were not deserving of the adjective censorious 1974 205 1 2 2
177. les biblioth ques publiques br ler des livres Mais on n en voit pas ici Alors je pense que c est a aussi qui fait que la censure n a pas beaucoup de prise ici Fd 1 Aux tats Unis il y a des gens qui vont tre fiers de dire qu ils font partie de la droite religieuse qu ils croient au cr ationnisme Il n y a pas beaucoup de monde au Qu bec m me s ils y croient vraiment qui vont se promener en disant a Je ne pense pas en tout cas Aux Etats Unis Bush s est fait lire quasiment avec eux autres Hd 6 D apr s un des participants les politiciens municipaux aux tats Unis seraient sensibles l influence des groupes de pression dont d pendrait souvent leur r lection Or au Qu bec les plaintes seraient plus souvent le fait d initiatives isol es 119 que celui de lobbies organis s Aussi la pression serait elle moins grande sur les biblioth caires qu b cois Trois participants ont rappel le d veloppement tardif des biblioth ques publiques au Qu bec celles ci n ayant commenc prendre leur v ritable envol qu avec pr s d un demi si cle de retard sur les autres biblioth ques publiques en Am rique du Nord Lajeunesse 1997 Cr peau 1999 Les biblioth caires qu b cois ayant eu fort faire afin de combler ce d calage celui ci du reste ne serait pas encore compl tement combl les enjeux li s la libert intellectuelle leur apparaitraient d
178. les francophones Peut tre qu ils se sentent plus interpell s peut tre qu ils ont des valeurs plus traditionnelles je ne sais pas F 2 Au total trois participantes ont affirm qu il y avait davantage de plaintes formul es P P q y 8 P par les anglophones que par les francophones dans leur communaut alors que ceux ci seraient moins revendicateurs que leurs concitoyens De fa on g n rale les participants ont reconnu tre moins activement engag s dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle que leurs 120 coll gues canadiens et am ricains La censure tant moins un probl me au Qu bec qu ailleurs les biblioth caires ressentiraient moins le besoin de d fendre les valeurs fondamentales inh rentes leur profession que leurs homologues nord am ricains La majorit des participants ont d abord attribu cette conjoncture au lib ralisme du peuple qu b cois la R volution tranquille ayant marqu la fin de la censure cl ricale au Qu bec L absence de lobbies religieux expliquerait galement le climat de tol rance qui pr vaudrait dans les biblioth ques publiques ainsi que dans la soci t en g n ral Enfin quelques participants ont rappel l histoire des biblioth ques publiques au Qu bec celles ci ayant connu un d veloppement tardif particuli rement dans les milieux francophones Aussi la culture des biblioth ques n y serait elle pas solidement implant
179. lioth caires qu b cois uvrant dans le milieu des biblioth ques publiques Objectifs de recherche L objectif g n ral de la pr sente recherche est de comprendre les attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure dans le contexte des biblioth ques publiques reflet de la soci t d mocratique et pluraliste Les objectifs sp cifiques suivants sont poursuivis 1 D crire les attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellec tuelle et la censure telles qu elles affectent l offre documentaire destin e aux adultes 18 ans et plus et la gestion des plaintes relatives celle ci 2 Identifier les facteurs mod rateurs qui interviennent dans le modelage du comportement censorial des biblioth caires 3 Comparer l engagement des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure celui de leurs coll gues canadiens et am ricains La pr sente recherche vise galement susciter dans la litt rature professionnelle qu b coise une r flexion ouverte sur le r le des biblioth caires dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle Questions de recherche Afin d atteindre ces objectifs les questions de recherche suivantes ont t d finies 1 Quelles sont les attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure dans le contexte des biblio
180. liste et communiste Or les biblioth caires de par leur adh sion du moins th orique aux principes li s la libert intellectuelle tels que stipul s dans les textes officiels Library Bill of Rights Charte des droits du lecteur etc auraient la possibilit de r sister cette mont e conservatrice tout comme ils auraient la possibilit de s y conformer se faisant alors la courroie de transmission de l id ologie dominante Les biblioth ques ne sont certainement pas l abri de ces men es tous azimuts de l id ologie conservatrice Les biblioth caires individuellement et collectivement peuvent r agir de diff rentes fa ons Comme ils peuvent refuser l id ologie conservatrice s en tenir aux recommandations de leurs associations professionnelles et s appr ter livrer combat ils peuvent aussi devenir des vecteurs de propagation de cette id ologie et militer en faveur des biblioth ques puritaines procl ricales pur es des documents subversifs et non conformistes des biblioth ques pratiquant la censure et la discrimination Frihida 1986 3 En s int ressant la mentalit autoritaire telle que d finie par Theodor W Adorno Frihida visait ainsi mesurer les attitudes antid mocratiques latentes des biblioth caires permettant du coup d valuer leur degr de conformisme l id ologie conservatrice celle ci d apr s le chercheur agissant toujours sur le mode de la r pressi
181. llon Seront ensuite expos s la m thode de collecte de donn es ainsi que le guide d entrevue dont l ad quation avec les questions de recherche a t mise l preuve Il sera enfin 36 question du pr test auquel a t soumis l instrument de collecte de donn es ainsi que du contexte de la cueillette des donn es 2 2 1 chantillon La population cible de notre tude est constitu e des biblioth caires travaillant dans le milieu des biblioth ques publiques au Qu bec plus particuli rement des biblioth caires responsables en tout ou en partie du processus de d veloppement des collections destin es aux adultes ainsi que de la gestion des plaintes relatives celles ci Pour des raisons d ordre pratique les biblioth caires devaient travailler dans la r gion m tropolitaine de recensement de Montr al telle que d finie par Statistique Canada 2011 Il convient par ailleurs de pr ciser que les biblioth caires travaillant BAnQ ont t exclus de la pr sente tude D apr s England 1974 les professionnels travaillant dans de grandes institutions tendraient en effet davantage se sentir immunis s face aux pressions exerc es par les usagers et les membres de la communaut Aussi avons nous cherch dans le cas des biblioth caires tant employ s par la Ville de Montr al a interviewer des personnes travaillant dans des biblioth ques d finies comme services de proximit R seau des b
182. me en t moignent notamment les d bats persistants entourant la place de la religion dans l espace public cet effet il s av re significatif de rappeler que plus de la moiti des participants dans la pr sente tude ont relev l absence au Qu bec de groupes de pression plus particuli rement de lobbies religieux C est notamment ce qui distinguerait le Qu bec du reste du Canada mais plus encore des tats Unis qui seraient surveill s de tr s pr s pour reprendre les propos d une participante par la morale religieuse Fd 9 Si une majorit de participants ont affirm avoir d j re u des dons de groupes religieux et exprim leur d saccord vis vis ce qu ils consid rent tre de l ing rence dans le d veloppement des collections les pressions exerc es par ces groupes semblent s tre limit es l envoi de documents promotionnels Aussi les biblioth caires paraissaient ils davantage agac s que r ellement pr occup s par les dons provenant de groupes religieux Il n est par ailleurs pas indiff rent de noter qu aucun participant n a mentionn l occultisme ou la religion comme motif de plainte alors qu il s agirait au contraire de pr textes fr quemment voqu s par les usagers tant dans les biblioth ques publiques canadiennes qu am ricaines Schrader 1995 68 Curry 1997 194 ALA Number of Challenges by Year Reason Initiator amp Institution La pr sence au sein d
183. ment voire surtout la lutte acharn e qu elle m ne depuis de nombreuses ann es contre tout effort de limiter le droit des individus l information La CLA a elle aussi adopt au fil des ans de nombreuses r solutions visant affermir son engagement en faveur de la libert intellectuelle et poss de son propre comit sur la question Advisory Committee on Intellectual Freedom Au Qu bec les associations professionnelles s en sont toujours tenues la seule Charte des droits du lecteur celle ci n ayant par ailleurs jamais t mise jour exception faite de la CBPQ qui s est dot e en 1978 d un code de d ontologie dans lequel sont nonc es les responsabilit s des biblioth caires envers la soci t incluant celle de s opposer Les interpr tations publi es par l ALA sont de courts textes venant pr ciser diff rents points d application du Library Bill of Rights Elles ont aussi pour fonction de refl ter l volution de la soci t tant sur les plans l gal social politique que technologique Depuis 1948 19 textes ont ainsi t adopt s par le conseil de l ALA 2006a toute tentative visant limiter le droit des individus l information 1996 l heure actuelle il n existe toutefois aucune instance au Qu bec charg e de garantir et de promouvoir un droit pourtant reconnu dans le contexte nord am ricain mais aussi mondial comme tant fondamental la
184. ment au niveau de l laboration du guide d entrevue 1 3 Qu bec 1 3 1 R jean Savard 1984 Savard a t le premier au Qu bec s int resser la question de la libert intellectuelle et de la censure du moins partiellement dans une perspective purement biblioth conomique Dans sa th se de doctorat il avait cherch valuer le degr d adh sion des biblioth caires publics qu b cois diff rentes valeurs qui prises dans leur ensemble pouvaient tre per ues comme formant un mod le professionnel propre aux biblioth caires C est ainsi que reprenant les cinq variables pr alablement identifi es par Finks 1973 comme tant centrales la profession Savard avait tent de mesurer utilisant l chelle de Likert les attitudes des biblioth caires face 1 la libert intellectuelle 2 au changement et l innovation 3 la recherche 4 l administration et la gestion et enfin 5 l orientation service Or il est int ressant de noter que sur les cinq dimensions mesur es c est l attitude des biblioth caires face la libert intellectuelle qui avait obtenu les r sultats les plus faibles le score moyen obtenu correspondant une attitude neutre ou incertaine avec une l g re tendance n gative Les r sultats obtenus par Savard taient plus faibles que ceux qu avaient obtenus Finks dans son tude mais il faut dire que la population vis e n tait pas la m me alo
185. mmes nous sous la dir de Robert Mager et Serge Cantin 79 128 Qu bec Presses de l Universit Laval Miles Matthew B et A Michael Huberman 2003 Analyse des donn es qualitatives 2 d Paris De Boeck Montpetit Charles 2003 Libert d expression guide d utilisation Montr al Union des crivaines et des crivains qu b cois XX Moody Kim 2004 Censorship by Queensland public librarians philosophy and practice Australasian Public Libraries and Information Services 17 no 4 168 185 Mukamurera Jos phine France Lacourse et Yves Couturier 2006 Des avanc es en analyse qualitative pour une transparence et une syst matisation des pratiques Recherches qualitatives 26 no 1 110 138 Organisation des Nations unies 1948 D claration universelle des droits de l homme lt http www un org fr documents udhr index3 shtml gt page consult e le 26 f vrier 2012 Paill Pierre et Alex Mucchielli 2010 L analyse qualitative en sciences humaines et sociales 2 d Paris Armand Colin Paill Pierre 2007 La recherche qualitative une m thodologie de la proximit In Probl mes sociaux Tome 3 Th ories et m thodologies de la recherche sous la dir de Henri Dorvil 409 444 Sainte Foy Presses de l Universit du Qu bec Patton Michael Quinn 2002 Qualitative Research and Evaluation Methods 3 d Thousand Oaks Sage Publications Phenix Katharine J et Kathleen de la Pe
186. mparer ses propres interpr tations celles que nous proposons Nous avons galement conserv les donn es brutes de fa on ce qu elles puissent tre consult es au besoin de m me que le relev de th mes de chacun des entretiens 2 4 3 Transf rabilit La notion de transf rabilit renvoie quant elle la possible transposition des r sultats d autres contextes que celui l tude autrement dit l largissement de leur port e au del des particularismes de l chantillon Miles et Huberman 2003 505 Fortin et coll 2006 244 Mukamurera Lacourse et Couturier 2006 129 En 52 recherche qualitative 1l ne saurait en effet tre question de g n raliser les r sultats l ensemble de la population cible l chantillon tant non probabiliste l instar de Mukamurera Lacourse et Couturier nous dirons ainsi que l enjeu de la transf rabilit est la capacit d une recherche ses conclusions de faire sens ailleurs ibid le paradigme qualitatif s int ressant davantage la repr sentativit des processus sociaux qu la repr sentativit statistique 2006 130 Ils identifient trois conditions la transf rabilit des r sultats soit la pertinence th orique de l chantillon la saturation des donn es et enfin l atteinte d un certain niveau d abstraction que le chercheur souscrive ou non la m thode de la th orisation ancr e 2006 130 131 Aussi avons n
187. mpte tout serait susceptible de choquer comme l a rappel une des biblioth caires En outre plus d un participant a voqu le fait que les usagers taient libres d emprunter ou non les documents avec lesquels ils n taient pas en accord Ce ne serait pas aux biblioth caires de porter ce jugement Moi l tiquetage j ai de la mis re avec a C est presque de la censure de l tiquetage Moi je pense qu on doit faire confiance dans le jugement des gens Et si une personne est offens e par un document elle va tout simplement le fermer et le rapporter la biblioth que Mais je ne pense pas que ce soit notre r le d valuer qu est ce qui est bien qu est ce qui n est pas bien qu est ce qui peut choquer qu est ce qui peut ne pas choquer Je pense que chaque personne est libre de se faire sa propre opinion Fd 1 Je ne pense pas que la biblioth que publique a mettre des hypoth ses sur ce qui pourrait choquer ou ne pas choquer a va au del je pense de notre r le Si quelqu un pense qu un livre est si terrible qu il ne le lise pas Il n est pas oblig de le lire au complet Il peut venir nous voir et en discuter mais de l avoir des tiquettes et des collants et des avis Moi je trouve que c est quelque chose qui est hors de notre mandat H 11 Non seulement ce ne serait pas le r le des biblioth caires de mettre des aver tissements sur les documents mais il s
188. municipal 113 3 4 5 Effets des plaintes sur le d veloppement des collections 00 114 DOS VINE Seco a esc E RS ges 115 3 5 Sp cificit du milieu biblioth conomique qu b cois ceeeeceeeteceenteeees 116 3 6 CoOnClUSIOn sens ten datent et teste tt uen 120 Chapitre 4s DISCUSSION SSSR E eats Ne 122 INTOTCTION ofa cy oe coc yee pan RE dm SHG Fete 122 4 1 La libert intellectuelle entre th orie et pratique eeeeeeseceeeseeeeneeees 123 A J Consensus social sy ete ee dt ane dc ere 126 4 12 Facteurs mod rateurs smseninintisesaiennlen ti nest 129 4 2 Sp cificit du contexte qu b cois sn dore M else da cies 132 4 2 1 Absence de groupes de pression ceescecsssceceseeecsseceesseeeeseceenseeeenes 134 4 2 2 Retard des biblioth ques publiques au Qu bec 2 0 0 eee eeeeeeeeteeeenteeeenee 137 Conclusions SR r n a mUs en An at ne den 139 Conclusion n i sean iiaea EaR EE EE AERE EKE a E a 141 R sum ela ree enc lag onrera in E E E na 141 Contributions la recherche RSA nn ea cesamonene 145 Recherches futures escien e a aa oo aa a Saan 146 R f rences ee E A A A a a ai xiii Annexe 1 Charte des droits du lecteur 3 25 ineies xxii Annexe 2 CLA Position Statement on Intellectual Freedom xxiii Annexe 3 Library Bill of Rie Bits ed ne te tent A ee XXIV Annexe 4 Guide d entrevue Curry 1997 XXV Annexe 5 Guid A CHUTE Verne nr nn PE dresse XXX Annexe 6
189. nadian Library Association 1994 Position Statement on Information and Telecommunication Access Principles lt http www cla ca AM Template cfm Section Position_Statements amp Templat e CM ContentDisplay cfm amp ContentID 3046 gt page consult e le 26 f vrier 2012 Canadian Library Association 1987 Position Statement on Citizenship Access to Information Data Banks Right to Privacy lt http www cla ca AM Template cfm Section Position_Statements amp Templat e CM ContentDisplay cfm amp ContentID 3034 gt page consult e le 26 f vrier 2012 Canadian Library Association 1985 1974 Position Statement on Intellectual Freedom lt http www cla ca AM Template cfm Section Position_Statements amp Templat e CM ContentDisplay cfm amp ContentID 3047 gt page consult e le 26 f vrier 2012 Cayer Louise 1986 La libert intellectuelle et la censure chez les responsables des biblioth ques publiques du Montr al m tropolitain M moire de ma trise Universit de Montr al Cayer Louise et R jean Savard 1988 Les biblioth caires la censure et le libre acc s l information Argus 17 no 3 65 71 Comer Alberta Davis 2005 Studying Indiana public libraries usage of Internet filters Computers in Libraries 25 no 6 10 15 xvi Corporation des biblioth caires professionnels du Qu bec 2006 M moire au Conseil des ministres du gouvernement du Qu bec Projet de loi sur les biblioth ques publiques du
190. ne influence sur leur fa on d aborder le d veloppement des collections Aussi ne semblaient ils pas pr oc cuper outre mesure par les plaintes des usagers Ce constat va l encontre de ce que Curry 1997 252 avait observ dans son tude savoir que la libert intellectuelle serait un des aspects les plus difficiles g rer dans les biblioth ques publiques 3 5 Sp cificit du milieu biblioth conomique qu b cois La derni re question du guide d entrevue visait interroger la perception qu avaient les participants de leur engagement en mati re de libert intellectuelle vis a vis celui de leurs coll gues canadiens et am ricains afin de valider ou invalider notre impression initiale savoir que les biblioth caires qu b cois seraient moins 117 activement engag s que leurs homologues nord am ricains dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert d expression Or si la plupart d entre eux ont en effet reconnu intervenir moins souvent dans la litt rature professionnelle que leurs confr res ce ne serait pas tant parce qu ils croiraient moins dans les vertus du libre acc s l information que parce que les incidents de censure seraient moins nombreux au Qu bec qu ailleurs en Am rique du Nord Contrairement ce qui se passe aux tats Unis tr s peu de cas seraient en effet rapport s par les m dias Au Qu bec quand on voit des cas comme ce qui est arriv Hull
191. ne plainte et ce afin de s assurer que celui ci soit du m me avis que lui Ainsi aurait il une meilleure id e jusqu o il peut aller pour d fendre un document Ce serait galement une fa on d viter de mettre son patron dans l embarras advenant le cas o une plainte se rendrait jusqu au conseil municipal Ce n est pas n cessairement pour dire que je me prot ge mais c est que je ne veux pas qu il soit surpris non plus Si jamais a arrive plus haut et qu il y a un client qu se pr sente au conseil en tant que patron probablement que la pire chose qui peut t arriver c est d tre surpris S il arrive un incident avec un client dites moi le j aime autant savoir Quand il va venir se plaindre mon bureau je vais savoir exactement de quoi il parle Je ne tomberai pas en bas de ma chaise Dans ce sens l a me met plus sur du solide Et apr s a moi je peux faire ma vraie job de d fendre le document et d appuyer les biblioth caires Ce que lui n a pas faire il n est pas sp cialiste du domaine Hd 6 Le participant a affirm du reste avoir toujours obtenu le soutien de son patron L analyse des incidents de censure rapport s par les participants a permis de r v ler que les documents taient la plupart du temps conserv s dans la collection la suite d une plainte L analyse a galement permis de constater que les ouvrages 37 Au Qu bec les biblioth ques publi
192. ng admonitions can and do create problems There are no problems for the absolutist and the censor of course The first would allow everybody to have access to everything The latter would choose what is made available and to whom based entirely on individual preferences and convictions For the rest of us the world is infinitly more complex and one to be negotiated in the light of both principle and practicalities Gorman 2000 91 The Library Bill of Rights is a purist document and it has probably brought resolve and solace to a few embattled and lonely soldiers but it is nevertheless a document that is radically divorced from the actual practice of librarianship The LBR fails utterly to provide the librarian with the means to resolve theory and practice Swan 1979 2043 A Pinstar de leurs homologues nord am ricains les biblioth caires qu b cois ont en effet d montr des attitudes quivoques envers la libert intellectuelle en tant que concept et en tant qu activit la notion de libert d expression tant elle m me source d ambigu t En outre une multitude de facteurs mod rateurs interviendraient dans le modelage du comportement censorial des biblioth caires Ce sont quelques uns de 129 ces facteurs que nous nous proposons maintenant d examiner ainsi qu ils sont ressortis des t moignages Figure 13 Responsabilit s des biblioth caires en mati re de libert intellectuelle Responsabil
193. nnent debout C est plus a Mais pr server c est comme s il faut que tu le vendes tout le temps Je pense qu on est mieux de ne pas trop en parler parce que ce sont des sujets qui peuvent devenir irritants Pourquoi irriter quand il n y a pas de probl me Il faut la d fendre quand on est dans une situation d tre oblig de la d fendre Fd 9 En faisant sans cesse la promotion de la libert d expression les biblioth ques publiques se placeraient dans une position vuln rable Aussi ne serait ce pas une priorit pour une majorit d entre elles Parmi les biblioth ques ayant particip a l tude deux seulement organisaient chaque ann e des activit s dans le cadre de la Semaine de la libert d expression 3 1 6 Synth se Lorsque questionn s sur la compr hension qu ils avaient du concept de libert intellectuelle tous les participants ont insist sur le droit des individus d acc der toutes les formes d expression du savoir Aux droits des usagers correspondraient ainsi certaines responsabilit s des biblioth caires soit 1 r pondre aux besoins de chacun 2 offrir un ventail de choix et 3 faire preuve d objectivit lors du processus de s lection Le droit des usagers d acc der toutes les formes d expression du savoir viendrait cependant se heurter certaines limites soci tales la propagande haineuse et la pornographie figurant en t te de liste Le pr text
194. ns Choix une banque de donn es laquelle ont souvent recours les biblioth caires lors du processus de s lection Dans les deux cas mentionn s les participants ont cependant tenu pr ciser qu ils ne recourraient de telles mesures que dans de tr s rares situations Ces pratiques doivent repr senter l exception non la norme Quelques participants encore ont mentionn qu il y avait d j suffisamment d indications dans une biblioth que pour qu il soit n cessaire en plus d tiqueter les documents susceptibles d offenser certains individus Bon pour les DVD il y a d j le sceau de la R gie du cin ma 18 ans 14 ans On a les tiquettes pour les jeunes pour les groupes d ge Je pense que c est suffisamment indiqu adultes enfants adolescents On peut se tromper Alors on peut r viser Mais tiqueter l avance un peu comme les missions de t l vision non non On a d j assez de cat gories dans une biblioth que Fd 5 Six autres biblioth caires ont dit se fier au classement des films effectu par la R gie du cin ma Les pastilles appos es sur les pochettes des DVD serviraient ainsi d avertissement mais a c est obligatoire c est l gal F 10 Apr s avoir re u des plaintes de parents une participante a conc d avoir ajout des tiquettes 18 ans et plus dans la section des DVD en effectuant sa propre valuation du contenu On a d cid d tr
195. ns les biblioth ques am ricaines au cours des deux derni res d cennies semblent corroborer cette conclusion En effet les plaintes d pos es par les groupes de pression aupr s des biblioth ques arrivent loin derri re celles formul es par les parents 54 4 ne repr sentant que 0 02 du total des plaintes enregistr es aupr s de l ALA entre 1990 et 2010 N anmoins la simple perception de leur pr sence au sein de la communaut aurait une influence sur le comportement censorial des biblioth caires am ricains Or d apr s les participants les lobbies religieux au Qu bec seraient peu nombreux et interviendraient rarement dans le processus de d veloppement des collections des biblioth ques publiques Aussi est il possible de supposer que cette conjoncture propre au Qu bec serait une des cons quences de la R volution tranquille et de cette la cit qui tendrait de plus en plus confiner la religion dans la sph re priv e D ou notre hypoth se tant peu confront s aux pressions exerc es par des groupes organis s les biblioth caires qu b cois ne sentiraient pas la m me obligation que leurs coll gues am ricains d intervenir sur la place publique afin de d fendre les valeurs inh rentes leur profession C est notamment ce qui expliquerait leur relatif d sengagement dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle Comme l a soulign une des participantes Je pense que l
196. nsure comme le refus d acheter certains documents ou types de documents pour des raisons non professionnelles Si le choix prend appui sur des crit res objectifs la censure elle reposerait plut t sur des crit res subjectifs ou arbitraires C est s r qu en faisant des choix on leur les usagers impose nos choix forc ment parce qu on restreint ce qu on leur offre Mais il reste que le choix n est pas bas sur des crit res de censure Fd 5 La censure c est de mettre des b tons dans les roues d emp cher la diffusion de certaines informations selon des crit res qui peuvent varier d une personne l autre Mais je ne dis pas qu on ne fait pas de s lection de documents Fd 7 Malgr tout je consid re que je fais des choix Si je faisais de la censure il y a des choses que je n aime pas que je n ach terais tout simplement pas ce que je ne fais pas Souvent on entend que faire des choix c est tr s subjectif Moi j essaie d tre la plus objective dans mes choix et d aller chercher des choses tr s vari es et quand m me d une certaine qualit Je pense que malgr tout je fais un choix qui n est pas censur mais qui s appuie plut t sur des crit res de s lection F 10 Plusieurs biblioth caires ont ici voqu l importance d avoir une politique de d veloppement des collections non ant les crit res de s lection mais galement les th matiq
197. nt des groupes religieux seraient soumis aux m mes crit res de s lection que les achats r guliers les biblioth ques se r servant le droit de les inclure ou non dans leurs collections Les politiques de d veloppement des collections consult es corroboraient ces dires Face aux pressions exerc es par les groupes religieux ou les auteurs quelques biblioth caires ont dit se prot ger en invoquant la loi 51 celle ci obligeant les biblioth ques publiques qu b coises s approvisionner 110 aupr s de librairies agr es de leur r gion administrative Comme l a conc d une participante souvent on peut se prot ger avec a S ils ne les vendent pas dans les librairies c est peut tre un petit peu douteux Fd 9 3 4 3 Gestion des plaintes Toutes les plaintes relatives l offre documentaire seraient valu es attentivement par les biblioth caires Si certaines plaintes se r gleraient sur le champ plut t ais ment d autres requerraient une attention et une recherche un peu plus pouss es Aussi presque tous les participants ont insist sur l importance de bien documenter leur d cision avant de rencontrer un usager l origine d une plainte Pour certains ce serait notamment l une mani re de se prot ger au cas o celle ci se rendrait jusqu au conseil municipal dont rel vent en dernier ressort les biblioth ques On va documenter notre r ponse on va l appuyer sur des choses claire
198. nt par diff rents individus D o le fait que les significations sont elles aussi plurielles Paill et Mucchielli 2010 28 Ce sont ces significations telles qu elles apparaissent li es un contexte que l analyse qualitative s attache d couvrir 2 3 2 De l analyse th matique en particulier La finalit premi re de l analyse th matique qui constitue une forme d analyse qualitative consiste d gager un portrait d ensemble partir d un corpus donn par 47 exemple partir d un ou de plusieurs verbatims d entrevues Paill et Mucchielli 2010 13 Par la production de th mes repr sentatifs du contenu de ces entretiens le chercheur s attache cerner l essentiel du propos De quoi est il question dans le corpus tudi Qu est ce qui est dit qui est fondamental au ph nom ne sous investigation La posture du chercheur est donc davantage descriptive que concep tuelle comme c est le cas par exemple dans l analyse par th orisation ancr e ibid L analyse th matique se sent en effet moins concern e par la cr ation de cat gories qui se situent un niveau d abstraction plus lev que par celle de th mes cherchant rester au plus pr s des t moignages recueillis Si l instar de l analyse par th orisation ancr e l analyse th matique consiste en un exercice de r duction et de synth se des donn es elle ne cherche nullement les mod liser L
199. nt pas pour autant le recours aux logiciels de filtrage ce qui ne veut pas dire que les biblioth caires n exerceraient pas eux m mes une certaine forme de contr le cet effet pr s de la moiti des participants ont rappel l importance de rester vigilants de faire attention sans qu il soit n cessaire d assurer une surveillance continue Autrement dit ce sont les membres du personnel eux m mes qui agiraient titre de filtre Ainsi pr s des trois quarts des participants ont ils affirm avoir d j eu intervenir aupr s d usagers qui avaient t surpris regarder des sites pornographiques Conform ment aux politiques d utilisation d Internet les sanctions mentionn es par les biblioth caires allaient du simple 3 Au moment de mener les entrevues huit biblioth ques sur neuf taient pourvues d une telle politique 87 avertissement l expulsion des usagers fautifs de la biblioth que en passant par la perte de certains privil ges comme celui d utiliser les postes informatiques de la biblioth que pour une p riode pouvant aller jusqu un an Les sites caract re haineux ou raciste seraient soumis aux m mes r gles Comme quelques participants l ont cependant fait remarquer ces sites ne seraient pas aussi imm diatement identifiables que les sites caract re pornographique Malgr les d fauts inh rents aux logiciels de filtrage mentionn s ci haut plus du tier
200. nte a voqu les conditions de vie difficiles des jeunes dans son quartier F 3 L opposition des biblioth caires tait palpable m me s ils taient conscients qu il pouvait s agir l d un geste de censure C est l que j atteins mon top C est dans ce cas la o tu te dis que ce n est pas a la biblioth que que ce cas l va se r gler Mais c est dit dans toute ma petitesse et dans toutes les limites de mon me de mon c ur et de ma t te Mais je ne mettrais pas a sur nos rayons Tout a fait en d saccord que ce soit sur nos rayons Fd 4 Aujourd hui on parle tellement du suicide comme d un fl au qu il faut faire attention a a C est un fl au et je m en vais acheter a Moralement a pourrait tre difficile Donc j aimerais mieux me faire accuser de censure plut t que je me faire dire Tu as mis entre les mains de quelqu un qui tait faible de quelqu un qui cherchait justement se suicider tu lui as mis entre les mains ce livre Il n a m me pas eu le payer Il est juste venu ici Il l a emprunt Il est all chez lui et il s est suicid C est un peu difficile Hd 6 Non a je n ach terais pas a a c est s r que je n ach terais pas a De toute fa on s ils veulent en trouver ils vont en trouver sur Internet des recettes Il y a d autres fa ons Mais je n alimenterais pas a je n aiderais pas les gens aller plus
201. oche holiste du ph nom ne de la censure dans les biblioth ques publiques qu b coises quoique la port e de notre recherche soit plus restreinte notamment en raison des exigences 33 requises au niveau de la ma trise Aussi nous sommes nous principalement int ress aux facteurs li s au biblioth caire ainsi qu aux facteurs li s la communaut Tableau 1 Variables intervenant dans le modelage du comportement censorial des biblioth caires Variables li es au biblioth caire Variables d mographiques ge sexe niveau de scolarit Variables professionnelles poste occup dur e de service souscription une association professionnelle Attitudes face la libert intellectuelle et la censure Traits de personnalit autoritarisme locus de contr le estime de soi etc Facteurs perceptuels view of others Perception du r le de la biblioth que et du biblioth caire au sein de la communaut Variables institutionnelles Structure organisationnelle et l gale de la biblioth que Politique de d veloppement des collections Budget Variables li es la communaut Donn es de recensement taille de la population composition ethnique etc Groupes de pression et principaux acteurs communautaires Processus de plainte nature des plaintes r solution des plaintes effets des plaintes sur les pratiques des biblioth caires et les politiques in
202. od rateurs qui interviennent dans le modelage du comportement censorial des biblioth caires 3 Comment l engagement des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure se compare t il celui de leurs coll gues canadiens et am ricains Le guide d entrevue adapt de Curry nous a servi de grille analytique initiale Aussi la pr sentation des r sultats respecte t elle quelques exceptions pr s l ordre dans lequel les questions ont t pos es aux participants Les r sultats ont t structur s autour des cinq axes suivants 1 les droits des usagers et les responsabilit s des biblioth caires en mati re de libert intellectuelle 2 les lignes directrices officielles 56 ou non officielles r gissant la s lection et la circulation des documents 3 la pr sence de documents sujets controverse dans les collections des biblioth ques publiques 4 le processus de gestion de plaintes et enfin 5 la sp cificit du milieu biblioth conomique qu b cois dans le contexte nord am ricain L analyse des t moignages des participants devrait permettre de mieux comprendre les attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure telles qu elles affectent l offre documentaire destin e aux adultes dans les biblioth ques publiques 3 1 Droits des usagers et responsabilit s des biblioth caires Afin de ne pas imposer une d finition
203. offensants pour certaines personnes H bert 2006 81 rappelle que jusque dans les ann es 1960 la Biblioth que municipale de Montr al attribuait des notes aux livres en fonction de leur valeur morale un type de censure plus prescriptif que prohibitif Cette pratique qui consiste tiqueter les documents selon le contenu continuerait aujourd hui d tre employ e dans certaines biblioth ques le plus souvent sous forme d avertissement Depuis 1951 PALA consid re l tiquetage comme un acte de censure alors que ce type d intervention viserait influencer ind ment l attitude du lecteur face au document ainsi identifi Labels on library materials may be viewpoint neutral directional aids designed to save the time of users or they may be attempts to prejudice or discourage users to restrict their access to materials When labeling is an attempt to prejudice 78 attitudes it is a censor s tool 2009b De la m me mani re ALA encourage les biblioth caires ne pas endosser les syst mes de classement mis en place par les divers organismes de r gulation aux tats Unis La CLA ne s est jamais quant elle prononc e sur la l gitimit de la pratique de l tiquetage dans les biblioth ques publiques canadiennes la question de savoir s ils croyaient que les documents pouvant tre offensants pour certains individus devaient tre tiquet s 90 des directeurs canadiens interview s par Curry av
204. on Deux chelles d attitudes avaient ainsi t utilis es par Frihida la premi re ayant t subdivis e en quatre sous chelles mesurant chacune une dimension li e la libert intellectuelle Utilisant le m me questionnaire que Cayer 1986 il s tait en effet int ress la libert intellectuelle la fois comme concept th orique et comme concept pratique choix de documents conditions d acc s et tiquetage la diff rence de cette derni re il avait cependant utilis une seconde chelle d attitudes celle ci visant plut t mesurer les attitudes antid mocratiques latentes des biblioth caires Afin de valider sa troisi me hypoth se il avait enfin dress une liste compos e de 18 p riodiques politiques de gauche Pour cette partie de son tude Frihida avait isol 36 biblioth ques parmi les 93 questionnaires qui lui avaient t retourn s puis avait d termin lesquels parmi ces titres taient pr sents dans leurs 27 collections Il est int ressant de noter que 70 d entre elles ne poss daient aucun p riodique de gauche alors que pr s de 28 n en poss daient qu un seul une seule biblioth que poss dait deux p riodiques 2 L analyse des r ponses aux nonc s contenus dans la premi re chelle prise dans sa globalit avait r v l une certaine h sitation vis vis la libert intellectuelle tant dans sa dimension th orique que pratique les biblioth caires t
205. on soit comprise par tous les participants de la m me fa on nous leur avons propos quelques exemples tels des ouvrages sur les m decines non conventionnelles p ex Viridologie la biologie totale ou sur la parapsychologie p ex l astrologie La majorit des participants ont compris la question comme faisant galement r f rence aux ouvrages traitant de psychologie populaire gt En vertu de l article 318 du Code p nal fran ais les personnes reconnues coupables d incitation au suicide peuvent en effet se voir imposer une peine pouvant aller jusqu cinq ans d emprisonnement La loi s applique ceux qui auront fait de la propagande ou de la publicit quel qu en soit le mode en faveur de produits d objets ou de m thodes pr conis s comme moyens pour se donner la mort 32 Ces deux exemples ont t choisis en r f rence l article de Val rie Dufour De nouveaux livres controvers s se retrouvent sur les tag res des biblioth ques du Qu bec 2009 dont il a t question pr c demment Citant Claude Marcil la journaliste avait d nonc la pr sence de certains livres appartenant au domaine de la pseudoscience dans les collections des biblioth ques publiques qu b coises L iridologie et la biologie totale avaient notamment t point es du doigt 92 Figure 10 Les collections des biblioth ques publiques devraient inclure des documents qui sont consid r s par la communaut
206. ons ainsi que la politique d utilisation d Internet des biblioth ques participantes Kvale 1996 20 d finit l entrevue de recherche comme une forme de conversa tion plus structur e et plus orient e que la conversation de tous les jours Elle permet de r v ler les th mes pr sents dans l exp rience quotidienne des individus Kvale 1996 27 tout en acc dant ce qui ne peut tre observ par exemple les pens es et les sentiments des participants Patton 2002 341 Elle permet galement de r v ler 42 les tensions les contradictions qui animent un individu propos du ph nom ne tudi Savoie Zajc 1997 269 De plus l interaction g n r e par l entrevue autorise les participants solliciter aupr s du chercheur des clarifications au sujet des questions pos es De la m me mani re elle permet au chercheur de demander aux participants d expliciter certaines r ponses Curry 1997 17 Aussi constitue t elle un excellent moyen d aborder des ph nom nes complexes qui se situent souvent dans ces zones grises que les questionnaires crits permettent peu ou prou d explorer Les entrevues taient semi structur es les sujets aborder ayant pr alablement t identifi s et consign s dans un guide d entrevue En outre trois ouvrages ont t consult s afin de permettre la chercheuse de d velopper ses habilet s d inter vieweuse Gorden 1992 Kvale 1996 Rubin et Rubin 2005 2
207. onservateurs que les francophones ou encore 2 la biblioth que publique occupant une place plus importante dans la vie socioculturelle des anglophones ceux ci se sentiraient davantage concern s par ce que rec lent les rayons de leurs biblioth ques que les francophones S il para t difficile de se prononcer quant la premi re hypoth se l histoire des biblioth ques publiques au Qu bec rend la seconde plus que plausible C est peut tre ce qui expliquerait qu il y ait moins de plaintes au Qu bec qu ailleurs les francophones tant majoritaires d o encore une fois le fait que les biblioth caires qu b cois ne ressentiraient pas le m me empressement que leurs coll gues canadiens et am ricains 139 d fendre et promouvoir la libert intellectuelle travers la publication d articles dans la litt rature professionnelle ou l organisation d activit s dans le cadre de la Semaine de la libert d expression Conclusion Dans sa synth se des principales recherches s tant int ress es aux attitudes des biblioth caires vis vis la libert intellectuelle et la censure Serebnick 1979 avait not que les chercheurs tendaient davantage s int resser aux variables li es au biblioth caire qu aux autres types de variables variables institutionnelles variables li es la communaut variables li es aux m dias de masse et variables juridiques et l gislatives Or d apr s Serebnick
208. ont affirm tre en accord avec l nonc figurent ceux l m mes qui avaient voqu le caract re populaire des collections dans les biblioth ques publiques Deux des participants en accord avec l nonc ont n anmoins insist sur l importance d aller au del de la demande en offrant aux abonn s un large ventail de choix une demande qui ne serait pas forc ment exprim e par les usagers malgr le fait qu il s agisse d un crit re de s lection important Aussi le r le des biblioth caires 7 Les passages en italique dans les extraits cit s indiquent des mots ou des expressions prononc s avec insistance par les participants 71 serait il de r pondre la fois aux demandes et aux besoins des abonn s Le premier crit re d acquisition doit tre pour moi les demandes et les besoins exprim s ou non par les usagers Ces besoins c est aussi nous en tant que biblioth caires profession nels d arriver les conna tre les valuer les recueillir F 3 Les besoins des usagers ne se limitant pas qu aux publications gros tirage le r le des biblioth caires consisterait bien plus donner acc s toute la palette intellectuelle qu r pondre aux seules demandes des usagers une opinion largement r pandue parmi les participants ui ont affirm tre en d saccord ou tout fait en d saccord avec l nonc q Ces derniers ont labor beaucoup plus longuement lor
209. our eux Aussi ne ressentiraient ils pas le m me besoin que leurs homologues nord am ricains de sans cesse d fendre les valeurs inh rentes leur profession Cette absence de pr occupation semble constituer un trait distinctif des biblioth caires qu b cois Pour Curry 1997 et Rubin 2000 la libert d expression constituerait au 45 cet effet il s av re int ressant de rappeler qu England 1974 n avait trouv aucun lien significatif entre le contact avec un incident de censure et les attitudes des biblioth caires vis vis la libert intellectuelle et la censure tout comme Fiske 1959 n avait trouv aucune relation entre la pr sence de groupes de pression au sein de la communaut et la nature ou la fr quence des plaintes d pos es dans les biblioth ques publiques Aussi serait ce davantage la peur de recevoir des plaintes qui orienterait le comportement des biblioth caires celle ci n tant pas forc ment li e des v nements s tant r ellement produits 145 contraire un des enjeux les plus difficiles g rer dans les biblioth ques publiques les biblioth caires ayant concilier des int r ts souvent divergents Aussi l analyse des donn es nous a t elle amen mettre l hypoth se que le faible engagement des biblioth caires qu b cois dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle serait surtout li une variable culturelle rejoignant ains
210. our ou qui a fait une plainte Je pense que les gens pourraient mais se sentiraient en terrain mou de faire une plainte au conseil municipal On parlait de ce qui est accept dans la communaut Ben si la communaut accepte que Playboy soit vendu dans les kiosques journaux je ne pense pas que la communaut accepterait que la biblioth que publique ach te Playboy H 11 En outre certains participants ont voqu le fait que ce type de documents tait souvent mutil voire vol par les usagers Quelques participants ont enfin voqu le pr texte des enfants afin de justifier leur d cision de ne pas acheter ce type de revues Encore une fois c est le caract re familial des biblioth ques publiques qui serait ici en cause 99 3 3 4 Suicide la question de savoir s ils croyaient que les biblioth ques publiques devaient inclure dans leurs collections des documents du type Exit final ou Suicide mode d emploi 55 n 6 des participants ont affirm tre en d saccord ou tout fait en d saccord contre 36 n 4 qui taient seulement en accord voir figure 12 N ayant lu aucun des deux livres une biblioth caire a pr f r ne pas se situer sur l chelle de Likert De son propre aveu elle tendrait cependant tre en d saccord avec l nonc Il est int ressant de noter que les participants qui taient en d saccord avec la pr sence de ce type de documents dans les collections des biblioth ques p
211. ous les cas elle avait invit les chercheurs futurs a approfondir la question Cherchant comparer les attitudes des biblioth caires leur pratique r elle England avait enfin analys les collections de chacune des biblioth ques participantes partir d une liste de titres pr tablie Elle avait d abord attribu des scores aux ouvrages pr sents dans la liste en fonction de diff rents crit res 1974 36 37 puis valu le fonds documentaire de chaque biblioth que en fonction de la pr sence ou de l absence de ces ouvrages dans les collections de m me que de leurs conditions d accessibilit acc s libre ou restreint C est ainsi que les biblioth ques et donc les biblioth caires y travaillant avec les plus hauts scores avaient t jug s les plus restrictifs Des ratios avaient ensuite t calcul s afin de permettre la comparaison entre les fonds des diff rentes biblioth ques puis avaient t mis en relation avec les autres variables l tude Aussi England avait elle conclu que le budget tait le facteur le plus d terminant dans le processus de d veloppement des collections 91 de la variabilit des scores obtenus par les biblioth ques pouvant tre expliqu e par le facteur budg taire Toute chose tant gale par ailleurs la pratique des biblio th caires en mati re de s lection et de circulation de documents tait le plus fortement influenc e par leur attitude vis vis la libert intel
212. ous t ch de bien d finir les crit res d chantillonnage de fa on ce que le lecteur puisse lui m me juger de la possibilit d appliquer les r sultats des contextes similaires en plus de constituer un chantillon suffisamment h t rog ne au plan th orique pour permettre une application plus large Miles et Huberman 2003 506 Nous avons enfin cherch atteindre un certain niveau de conceptualisation afin de transcender l idiosyncrasie des t moignages tout en respectant la posture d analyse th matique 2 4 4 Fiabilit Le concept de fiabilit s int resse enfin la coh rence et la stabilit du processus de recherche Miles et Huberman 2003 503 Il s agit de savoir si un autre chercheur arriverait dans des circonstances identiques aux m mes conclusions Fortin et coll 2006 244 Afin d assurer la fiabilit des observations faites lors de la pr sente tude le protocole de recherche a t d crit avec maints d tails de fa on ce qu il puisse tre reproduit De m me l existence d un possible biais de la part de la chercheuse a t admise Il est noter que la collecte la retranscription et l analyse des donn es ont toutes t effectu es par la chercheuse elle m me Aussi le biais risque t il d avoir influenc toutes les entrevues de la m me mani re Curry 1997 19 2 4 5 Limites de la recherche Malgr les pr cautions prises afin d assurer la qualit de la
213. out fait en accord 2 En accord 3 Ni en accord ni en d saccord 4 En d saccord 5 Tout fait en d saccord Dans les quelques cas o les participants n ont pu se positionner sur l chelle une sixi me possibilit leur a t propos e soit Ne sait pas 43 diff rentes variantes possibles l int rieur d une m me r ponse En outre le recours aux questions bas es sur l chelle de Likert a permis de faciliter la comparaison entre les r ponses des participants proposant une structure relativement stable pour chacun des entretiens Curry 1997 17 Certaines modifications ont t apport es au guide d entrevue d velopp par Curry annexe 5 Plusieurs questions ont notamment t limin es afin de limiter les entretiens aux l ments qui nous ont sembl correspondre le mieux nos objectifs de recherche notre tude ne pr tendant pas la m me envergure que celle de Curry Quelques questions ont tout de m me t greff es cette version court e soit afin de refl ter de nouvelles r alit s l utilisation des logiciels de filtrage dans les biblioth ques publiques soit afin de tenir compte des objectifs sp cifiques notre recherche l engagement des biblioth caires qu b cois en mati re de libert intellectuelle vis vis celui de leurs coll gues canadiens et am ricains Le guide d entrevue s articule autour de trois indicateurs 1 les attitudes
214. pe de documents quelques motifs de nature plus g n rale ont t recens s lors de l analyse Ceux ci concernent l opinion des biblioth caires vis vis l achat de documents sujets controverse Ce sont ces th mes que nous nous proposons maintenant d examiner 103 Si tous les participants ont mis certaines r serves vis vis l un ou l autre des sujets propos s plusieurs d entre eux ont cependant tenu pr ciser que ce n tait pas toujours une mauvaise id e de lire des documents controvers s L id e qu il faut lire les livres pour tre capable de les critiquer a t soulev e par bon nombre de biblioth caires Ce n est pas mauvais de lire des choses avec lesquelles on n est pas en accord a permet de mieux exprimer notre d saccord Fd 1 Dans la m me veine quelques participants ont fait remarquer qu un usager pouvait vouloir lire un ouvrage sujet controverse par simple curiosit et non parce qu il endosse les id es qui y sont exprim es tout comme il pourrait tre amen changer d id e apr s la lecture du document Ce ne serait pas le r le des biblioth caires de pr sager des effets que les livres peuvent avoir sur les usagers ni des motivations de ces derniers Aussi les participants ont ils parfois sembl tiraill s entre leur d saccord vis vis certains types de documents et l id e que les gens ont le droit de se faire leur propre opinion Presque tous les b
215. person s right to use a library should not be denied or abridged because of origin age background or views VI Libraries that make exhibit spaces and meeting rooms available to the public they serve should make such facilities available on an equitable basis regardless of the beliefs or affiliations of individuals or groups requesting their use Adopted June 19 1939 by the ALA Council amended October 14 1944 June 18 1948 February 2 1961 June 27 1967 January 23 1980 inclusion of age reaffirmed January 23 1996 l ANNEXE 4 Guide d entrevue Curry 1997 l d like to begin by asking what intellectual freedom means to you as a professional librarian number of diverse roles and purposes are associated with public libraries particularly in the last 30 years l m going to read some statements that have been made regarding these roles and using the terms on this card could you tell me the strength of your agreement or disagreement Please feel free to comment on the reasons for yours answers a The public library has an important role to play in maintaining intellectual freedom in this country b The primary role of the public library is an educational one c The public library should be an active instrument of social change Written or unwritten policies on the selection and processing of material vary greatly from library to library l d like to read several statements relating to material selec
216. portrait actuel du ph nom ne les derni res tudes qu b coises avoir port sur la question n tant d j plus d actualit En outre elle a permis de parer l absence au Qu bec de recherches de nature qualitative mettant en lumi re les responsabilit s des biblioth caires en mati re de libert intellectuelle ainsi que la zone de tension qui en d coule supra figure 13 Le choix de mener une tude qualitative nous paraissait d autant plus pertinent que l absence de litt rature professionnelle sur les enjeux 146 reli s la libert intellectuelle et la censure dans les biblioth ques semblait sugg rer l id e que les biblioth caires qu b cois n entretiendraient pas les m mes rapports cette importante probl matique que leurs coll gues nord am ricains D ou notre int r t pour les raisons de ce qui de prime abord pouvait tre per u comme une absence d engagement dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle chez les biblioth caires qu b cois Toujours sur le plan th orique la pr sente recherche a ainsi permis de mettre en lumi re l existence d une importante variable culturelle dans le modelage du comportement censorial des biblioth caires le relatif d sengagement des biblioth caires qu b cois dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle pouvant en effet s expliquer du moins partiellement par l histoire religieus
217. possible Aussi le chercheur doit il r v ler l existence de tout biais ou parti pris qui pourrait avoir une influence sur le processus de recherche En ce qui nous concerne il faut bien admettre que la notion de libert intellectuelle peut s av rer d licate pour le chercheur en ce qu elle appelle une adh sion spontan e Il para t en effet difficile de ne pas tre pour la libert d expression Le danger de juger les participants est donc bien r el pour celui qui ne prend pas la peine de se rappeler que sa t che principale consiste comprendre les attitudes des biblioth caires et non pas porter un jugement sur elles Cette pr caution s av re d autant plus importante dans notre cas que Savard 1984 avait mis l hypoth se que les tudiants en biblioth conomie tendraient tre davantage en accord avec les principes li s la libert intellectuelle que les praticiens n ayant jamais t confront s aux difficult s r elles entourant leur application Notre point de vue diff re donc n cessairement de celui des professionnels rencontr s Conscient de ce biais nous avons tent d tre l coute des t moignages de nous en impr gner afin d en rendre compte le plus authentiquement possible Afin d tayer nos conclusions et d assurer la confirmabilit de notre recherche nous avons en outre cit dans notre rapport de nombreux extraits de t moignages de fa on ce que le lecteur puisse co
218. promouvoir et d fendre les principes de cette d claration Adopt e par le Conseil d administration de l Association des biblioth caires du Qu bec Qu bec Library Association lors de sa r union le 31 mars 1976 Adopt e par le Bureau de l ASTED Association pour l avancement des sciences et des techniques de la documentation lors de sa 21e r union le 27 octobre 1976 Adopt e par le Bureau de la Corporation des biblioth caires professionnels du Qu bec lors de sa 76e r union le 13 mai 1976 ANNEXE 2 CLA Position Statement on Intellectual Freedom Approved by Executive Council June 27 1974 Amended November 17 1983 and November 18 1985 All persons in Canada have the fundamental right as embodied in the nation s Bill of Rights and the Canadian Charter of Rights and Freedoms to have access to all expressions of knowledge creativity and intellectual activity and to express their thoughts publicly This right to intellectual freedom under the law is essential to the health and development of Canadian society Libraries have a basic responsibility for the development and maintenance of intellectual freedom It is the responsibility of libraries to guarantee and facilitate access to all expressions of knowledge and intellectual activity including those which some elements of society may consider to be unconventional unpopular or unacceptable To this end libraries shall acquire and make available the widest va
219. public library as an organization and its social settings might create fheir own motivations to censor or to defend intellectual freedom Therefore in contrast to much of the recent research done in the area this study attempts a broader more holistic view of the library milieu and social settings in which library decisions are made 1997 17 nous soulignons En abordant la question de la libert intellectuelle en contexte Curry esp rait ainsi donner une plus grande port e pratique sa recherche bien peu d tudes s tant attach es comprendre les attitudes des biblioth caires face la libert intellectuelle et la censure en tenant compte de la multiplicit et de l indissociabilit des diff rents facteurs en cause Or comme l avait soulign Curry t he attitudes and experiences of directors revealed in this study confirm that the philosophy of intellectual freedom is the most difficult management area in public library administration The multiplicity of constituencies and factors involved 22 complicated by the emotions engendered by censorphip challenges make the intellectual freedom arena a complex and hazardous one 1997 252 D o notre avis la pertinence de l approche qualitative celle ci permettant une analyse globale et en profondeur du ph nom ne l tude Nous reviendrons dans le chapitre suivant sur la m thodologie utilis e par Curry nous en tant largement inspir notam
220. qu maintes reprises par nombre de biblioth caires aurait il un impact certain sur l offre documentaire destin e aux adultes Je prends par exemple les bandes dessin es Il y a certaines bandes dessin es qui vont choquer des gens Mais jusqu quel point peut on parler de choses qui choquent partir de quel moment il faut arr ter d acheter Alors ce moment l on peut se demander tant une biblioth que familiale quelle est ma limite Il y a certains de mes coll gues qui ont d cid de mettre des tiquettes r serv aux 18 ans et plus Moi je ne vais pas commencer carter Par contre il y a peut tre certains genres que je n ach terai pas en bandes dessin es bien qu on en ach te norm ment Mais il y a peut tre des choses que je vais laisser de c t qui ne vont pas faire de tort parce que de toute fa on au bout de la ligne on s entend que sur 2 000 livres qui sont publi s chaque mois je ne peux pas tout acheter Fd 1 Le pr texte des enfants justifierait de m me la d cision prise par certains participants de ne pas acheter de films r serv s aux 18 ans et plus ou tout le moins de les tiqueter comme tels voir 3 2 3 Etiquetage tout comme il justifierait leur d cision de ne pas s abonner des magazines pornographiques tels Playboy voir 3 3 3 Pornographie Une biblioth caire a aussi rapport le cas d une employ e qui pla ait les livres sur la sexualit
221. quartier comme ici La plupart fr quentent la biblioth que et se servent de la biblioth que m me ce qu il y a Les gens ont peu de demandes Ce n est pas le Plateau Les gens ne savent pas quoi demander Alors tu ne peux pas remplir une biblioth que juste avec les demandes exprim es par les usagers a c est s r Fd 4 Dans les quartiers d favoris s les biblioth ques publiques auraient tout particu li rement tre attentives aux besoins des usagers L offre importerait d finitivement plus que la demande Dans la m me veine une participante a rappel l adage selon lequel on ne peut pas d sirer ce qu on ne conna t pas Il faut aussi pr sumer que les gens ne connaissent pas tout ce qui est disponible S ils ne savent pas ce qui est disponible ils ne peuvent pas le demander F 10 3 2 1 1 Suggestions d achat L nonc sur le r le que devrait tenir la demande dans le processus de s lection a conduit plusieurs participants a aborder la question des suggestions d achat en ce qu ils constituent un indicateur de la demande les statistiques de circulation en constitueraient un autre Encore une fois nombre de motifs r currents ont t relev s d un entretien l autre notamment les motifs voqu s par les biblioth caires en cas de refus Aussi les commentaires des participants sur le processus de suggestion d achat ont ils permis d clairer leurs r flexions pr c dentes au
222. que c tait un complot am ricain Pour moi c tait de la d sinformation Mais je l avais achet quand m me parce que quand tu es rendue avoir dix ou douze demandes tu te dis ben l quand m me il y a de la pression sur ce livre l Quelques ann es apr s quand c est retomb je l ai mis a l lagage F 10 Un seul incident a t rapport o une biblioth caire avait maintenu sa d cision de ne pas acheter un document malgr les demandes qui en avaient t faites L usager avait refus la proposition de recourir au pr t entre biblioth ques disant souhaiter que le document soit disponible pour les gens de la communaut A la suite du refus de la biblioth caire d acheter le document l usager l avait accus e de censure et l avait menac e d envoyer une lettre aux m dias L incident n avait cependant pas connu de suite 3 2 2 Valeurs de la communaut l instar du r le de la demande dans le processus de d veloppement des collections le respect des valeurs de la communaut constitue un sujet litigieux dans la litt rature professionnelle Pour plusieurs ce sont principalement les mouvements conservateurs qui se r clameraient des valeurs de la communaut afin de limiter Vacc s dans les biblioth ques publiques certains types de documents jug s r pr hensibles Moody 2004 Ainsi pour Lee il s agirait d abord d un argument visant assurer le conformisme des id es
223. ques ne seraient pas un lieu neutre m me si le d veloppement des collections lui reposerait sur le principe de neutralit mais une neutralit positive favorisant largement la libert intellectuelle 1986 11 comme l a judicieusement soulign Ali Frihida En ent rinant la Charte des droits du lecteur 1 ABQLA la CBPQ et l ASTED se ralliaient ainsi officiellement a la position de la Canadian Library Association CLA qui avait adopt en juin 1974 sa propre d claration sur la libert intellectuelle annexe 2 L nonc de la CLA arrivait lui m me quelque vingt cinq ann es apr s l adoption par l American Library Association ALA du Library Bill of Rights annexe 3 sanctionn en 1939 soit pr s dix ans avant que ne soit ratifi e la D claration universelle des droits de l homme En faisant de la libert intellectuelle l un de ses principaux champs de combat et de revendication y voyant un des principes fondateurs de la biblioth conomie am ricaine et ce en accord avec la constitution des tats Unis ALA faisait figure de pionnier en Am rique du Nord Depuis son implication ne s est gu re mouss e comme en t moignent notamment les nombreux amendements et interpr tations du Library Bill of Rights adopt s et publi s au cours des ans ainsi que la cr ation d un organisme d di la promotion et la d fense de la libert intellectuelle Office for Intellectual Freedom mais gale
224. ques se trouvent g n ralement sous la responsabilit de la Direction de la culture des loisirs et des sports du territoire desservi le nom du service peut varier selon la ville 112 destin s aux adultes taient plus susceptibles d tre maintenus sur les rayons que les ouvrages destin s aux jeunes Ainsi les participants ont ils voqu un certain nombre d incidents o un document dans la section jeunesse avait soit t retir temporairement des rayons soit tiquet ou reclass dans la section r serv e aux adultes la suite de l intervention d un parent cette derni re strat gie s tant r v l e plus fr quente que les deux autres Le reclassement constituerait en effet un moyen particuli rement efficace d apaiser les craintes des parents tout en conservant le document dans la collection Plusieurs biblioth caires ont toutefois insist sur le fait qu ils ne reclasseraient pas un ouvrage uniquement pour faire plaisir F 2 Enfin quelques participants ont conc d avoir d j retir un document de leurs collections la suite d une plainte jug e l gitime une d cision somme toute peu usuelle Les documents sujets controverse semblaient plus susceptibles d tre retir s des rayons la suite de l initiative personnelle des biblioth caires qu la suite d une quelconque intervention ext rieure S1 certaines personnes accepteraient plut t bien la d cision de la biblioth que d
225. r qu ils taient largement en faveur de la libert d expression Tous les participants ont n anmoins reconnu avoir d j impos certaines limites la libert intellectuelle notamment en n achetant pas ou en retirant des rayons certains types de documents ou certains titres en particulier ou encore en restreignant l acc s certains ouvrages sujets controverse Or l analyse des t moignages a permis de constater qu une partie de la censure exerc e par les biblioth caires serait cautionn e par la soci t alors que l autre serait non cautionn e La censure cautionn e renverrait aux limites dict es par la collectivit l gitimant en quelque sorte les restrictions impos es par les biblioth caires comme s il en allait de leur responsabilit de censurer certains types de documents la propagande haineuse et la pornographie arrivant en t te de liste Les biblioth caires tendaient alors davantage Comme lont mentionn plusieurs participants la propagande haineuse serait de toute fa on ill gale constituant une infraction passible de poursuite en vertu du Code criminel du Canada article 319 tout comme la publication et la distribution de mat riel obsc ne article 163 Selon le Code criminel est en effet r put e obsc ne toute publication dont une caract ristique dominante est l exploitation indue des choses sexuelles ou de choses sexuelles et de l un ou plusieurs des sujets suiv
226. r quemment re us le caract re trop populiste des collections a t mentionn par pr s de la moiti des participants certains usagers estimant que les biblioth ques publiques gaspillent l argent des contribuables en achetant des documents qui vont plaire au plus grand nombre Les ouvrages dans les domaines de l sot risme et de la psychopop feraient le plus souvent les frais de tels Les donn es collig es entre 1990 et 2010 par PALA Number of Challenges by Year Reason Initiator amp Institution sur la nature et la provenance des plaintes d pos es dans les biblioth ques am ricaines tous types confondus corroborent galement nos r sultats alors que la nudit et la sexualit incluant les livres d ducation sexuelle repr sentent pr s du quart des plaintes d pos es au cours de ces deux d cennies sur pr s d une vingtaine de motifs r pertori s Encore une fois les donn es collig es par l ALA entre 1990 et 2010 viennent corroborer nos r sultats alors que 54 4 des plaintes enregistr es dans les biblioth ques am ricaines tous types confondus au cours de cette p riode ont t formul es par des parents 108 commentaires Les usagers qui mettent ce type de remarques taient g n ralement per us par les biblioth caires comme tant des litistes ou des bien pensants Ce qui revient souvent c est les gens qui ont une vision litiste de la biblioth que Je crois que c
227. r Schrader les biblioth ques francophones tendaient davantage c der le pas face aux objections formul es par les membres de la communaut que les biblioth ques anglophones En contrepartie Schrader avait not que le Qu bec tait l un des endroits au Canada qui avait re u le moins de plaintes entre 1985 et 1987 soit 0 6 plainte par tranche de 100 000 habitants annuellement comparativement 1 2 plainte l chelle canadienne Il convient toutefois de mentionner que parmi les dix provinces et les deux territoires sond s le Nunavut ne constituant pas encore un territoire l poque o l enqu te avait t men e le plus faible taux de r ponse avait t enregistr au Qu bec C est donc avec quelques pr cautions qu il faille recourir ces comparaisons les r sultats obtenus tant moins repr sentatifs de la r alit qu b coise que de la r alit canadienne dans son ensemble voire des autres provinces territoires pris individuelle ment Malgr tout les diff rences relev es par Schrader entre les communaut s anglophones et francophones ne peuvent tre ignor es rendant n cessaire une tude dans un contexte proprement qu b cois Le faible taux de r ponse des biblioth ques qu b coises semble par ailleurs confirmer notre impression initiale savoir que les biblioth caires qu b cois se sentiraient moins concern s par les enjeux reli s la libert intellectuelle que leurs coll g
228. r d tre accus de censure mais ne voulant pas non plus les laisser en acc s libre de peur de recevoir des plaintes Pour ce biblioth caire il s agissait d un compromis acceptable dans la mesure o les documents taient plac s dans un lieu part tout en restant accessibles via le catalogue de la biblioth que Plut t que de la censure il s agirait au contraire d un moyen de ne pas en exercer Mettre le document l arri re sur demande seulement a pouvait para tre quasiment comme de la censure mais dans le fond je pense qu on allait plut t l inverse a nous permettait de l avoir en disant Regardez on l a achet Hd 6 Il ne s agirait cependant pas de d velopper une collection enti re derri re le comptoir une telle pratique devant se limiter quelques cas seulement une opinion partag e par une autre participante qui a aussi conc d avoir d j plac certains documents en acc s restreint Pour celle ci ce n tait toutefois pas tant une question de censure qu un moyen de contrer le vol d ouvrages populaires aupr s de la client le Les participants qui tendaient plut t tre en d saccord avec cette pratique ont au contraire soulign le fait que les usagers devaient passer par les employ s de la biblioth que pour acc der aux documents plac s en acc s restreint ce qui pourrait tre g nant pour certains d entre eux surtout dans le cas de documents
229. r il leur arriverait eux m mes sous certaines circonstances d exercer de la censure La Charte des droits du lecteur stipule en effet que les administrateurs et le personnel des biblioth ques ont l obligation de s opposer toute tentative visant limiter le droit l information et a la libre expression de la pens e tout en reconnaissant aux individus ou aux groupes le droit a la critique ABQLA ASTED et CBPQ 1976 nous soulignons 67 Combattre toute tentative de censure ben il peut y avoir des livres que nous on n ach te pas Par exemple on n est pas abonn Playboy Est ce que c est de la censure a Il y en a qui pourraient dire Ben oui c est de la censure Il y a des bons articles l dedans J aime a Pourquoi je n ai pas le droit un moment donn il y a une ligne qui est trac e Donc on exerce une certaine forme de censure C est vrai parce qu il y a des choses qu on n ach te pas Donc dire combattre toute tentative de censure ben oui et non Je ne veux pas faire un dogme ici H 11 D autre part il ne serait pas toujours n cessaire de promouvoir activement la libert intellectuelle Je ne courrais pas apr s le trouble Je pense que les biblioth ques doivent avoir une position ferme officielle mais elles ne sont pas oblig es de lever le drapeau tout le temps Sauf que quand elles ont se positionner r pondre il faut qu elles se tie
230. rary and this disagreement received publicity in the press would you expect support from your council library board If yes To what extent If no Why not 13 l d like to move on to talk about library associations in this country a What role if any do you feel professional information or library associations currently play regarding intellectual freedom in Britain Canada Can you give an example of what you consider to be an important incident where a professional library association played or avoided playing a role What roles would you like associations to play in the area of intellectual freedom 14 Using the terms on the card could you tell me the strength of your personal agreement or disagreement with the following general statements and expand on your answer if you wish a People should have the right to be protected from material which they personally consider to be offensive The multinational media conglomerates are a serious threat to intellectual freedom Left to the freeplay of market forces access to information will be limited to a powerful elite Increasing use of technology means it will be less easy for the majority of people to access information All ideas no matter how repulsive have a right to be heard Stronger legal restrictions should be placed on violent pornography If asked to define violent pornography involving sex and the forcing of someone to do someth
231. re la promotion de la secte a je ne suis pas port e le prendre Fd 1 Comme on n a pas non plus une collection de tous les crits du pape Si par exemple on avait une rang e compl te sur le christianisme et deux livres sur l islam je pense qu il y aurait un probl me de censure parce que c est une religion aussi importante que le catholicisme Donc oui on va avoir plein de livres sur ces religions l Quand on tombe dans des religions plus des sectes alors oui je crois qu on doit en avoir moins que ce soit une secte ill gale Donc oui on doit avoir quelque chose mais il y a une diff rence entre a et accepter leurs dons qui vont venir chercher toute une tag re Hd 6 De mani re g n rale les dons provenant des groupes religieux semblaient plus importuns pour les participants que les livres publi s compte d auteur alors que les pressions exerc es par les groupes religieux seraient davantage per ues comme de l ing rence Le m me constat que celui tabli par Curry pourrait ici s appliquer Authors who try to sell their own books to the library are generally considered time wasters but the pressure they apply is usually passive and polite 1997 130 131 En outre plusieurs biblioth caires ont mentionn que si l auteur tait un r sident de la ville ils tendaient davantage acheter leurs livres On est en lien avec notre communaut F 3 Les dons provena
232. re ou de restreindre l acc s certains types de documents Rappelant certains incidents de censure rapport s dans les m dias Serebnick 1979 a galement voqu l influence que peuvent exercer certains membres notables de la communaut sur le d veloppement des collections y voyant m me une cat gorie de variables ind pendante Community Leader Variables aucune tude toutefois ne s est encore pench e de fa on m thodique sur cette question Mentionnons enfin parmi les variables li es la communaut les plaintes formul es par les usagers McAfee Hopkins 1993 et Schrader 1995 se sont notamment int ress s au processus de plainte comme ph nom ne s talant dans le temps permettant ainsi une analyse plus syst matique des incidents de censure et de leurs effets sur les pratiques des biblioth caires de m me que les politiques institutionnelles L avant derni re cat gorie identifi e par Serebnick 1979 r f re quant elle aux variables li es aux m dias Elle comprend notamment la couverture des incidents de censure par la presse Certains chercheurs ont en effet tent de d terminer si l appui ou l opposition des m dias pouvait avoir quelque influence sur la mani re dont les cas sont r solus l tude de Fiske 1959 ayant en effet permis de r v ler que l orien tation g n rale de la presse tait largement garante du degr d orthodoxie pr valant dans la communaut Figure enfin
233. recherche il convient ici d en soulever certaines limites nomm ment les biais potentiellement li s a 53 l chantillon lui m me De par la nature du ph nom ne tudi c est dire son caract re essentiellement axiologique il n est en effet pas impossible de penser que l chantillon ait pu tre biais en faveur de la libert d expression celle ci tant valoris e positivement tant dans la profession que dans la soci t en g n ral la libert intellectuelle doit tre pr serv e la censure combattue Il est ainsi concevable de supposer que les attitudes des participants vis vis la libert intellectuelle et la censure taient moins restrictives que celles des biblioth caires qui ont refus de prendre part l tude certains d entre eux ayant peut tre refus d y participer par peur d tre jug s De la m me mani re il a t d montr qu en recherche sociale les participants tendaient souvent r pondre aux questions de fa on bien para tre de Vaus cit par Curry 1997 20 Aussi les r ponses des biblioth caires dans la pr sente tude ont elles pu laisser croire qu ils taient plus en faveur de la libert intellectuelle qu ils ne l taient r ellement Nous avons ainsi t ch de porter une attention toute particuli re au vocabulaire que nous avons utilis lors des changes avec les biblioth caires et ce afin d viter tout jugement ou apparence de jugemen
234. reprendre la typologie op r e par Serebnick 1979 il s agirait dans les deux cas de variables li es au biblioth caire 4 1 2 1 Poste occup dans la structure hi rarchique Le poste occup dans la structure organisationnelle aurait en effet une influence sur le degr de libert d cisionnelle tant des biblioth caires occupant une position 130 subalterne que des directeurs de biblioth que Comme l a rappel une des participantes les biblioth ques l instar de nombreuses organisations seraient g r es selon une logique hi rarchique Les biblioth caires rel veraient du directeur de la biblioth que qui lui m me se rapporterait au directeur du service dont fait partie la biblioth que au Qu bec les biblioth ques publiques rel veraient le plus souvent de la Direction de la culture des loisirs et des sports de leur territoire Ce dernier d pendrait son tour du conseil municipal dont les membres seraient lus par les citoyens Aussi le poste occup l int rieur de la biblioth que et de la structure municipale aurait il une incidence certaine sur le degr de libert d cisionnelle des diff rents acteurs et ce peu importe les recommandations des associations professionnelles en mati re de libert intellectuelle Les t moignages des participants ont galement permis de mettre en lumi re le r le de la direction associ e des biblioth ques de la Ville de Montr al dans certaines d cisions re
235. response toward the attitude object or situation or toward others who take a position with respect to the maintenance or preservation of the attitude itself Since an attitude object must always be encountered within some situation about which we also have an attitude a minimum condition for social behavior is the activation of at least two interacting attitudes one concerning the attitude object and the other concerning the situation 1968 457 Cherchant comprendre de mani re holiste les attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure comme pr disposition l action nous serons ainsi amen interroger la fois leurs attitudes face a l objet et face a la situation autrement dit face certains facteurs mod rateurs qui interviennent dans le modelage du comportement censorial des biblioth caires 12 Plan du m moire Le pr sent m moire est structur en quatre sections Le premier chapitre propose d abord une recension des principales recherches nord am ricaines ayant port sur les attitudes des biblioth caires vis vis la libert intellectuelle et la censure dans le contexte des biblioth ques publiques De cette recension des crits d coule le cadre conceptuel pr sent en fin de chapitre Le deuxi me chapitre expose quant lui le cadre m thodologique sur lequel repose notre recherche Les pr suppos s de l analyse qualitative y seront notamment pr sen
236. riety of materials It is the responsibility of libraries to guarantee the right of free expression by making available all the library s public facilities and services to all individuals and groups who need them Libraries should resist all efforts to limit the exercise of these responsibilities while recognizing the right of criticism by individuals and groups Both employees and employers in libraries have a duty in addition to their institutional responsibilities to uphold these principles ANNEXE 3 Library Bill of Rights The American Library Association affirms that all libraries are forums for information and ideas and that the following basic policies should guide their services I Books and other library resources should be provided for the interest information and enlightenment of all people of the community the library serves Materials should not be excluded because of the origin background or views of those contributing to their creation II Libraries should provide materials and information presenting all points of view on current and historical issues Materials should not be proscribed or removed because of partisan or doctrinal disapproval If Libraries should challenge censorship in the fulfillment of their responsibility to provide information and enlightenment IV Libraries should cooperate with all persons and groups concerned with resisting abridgment of free expression and free access to ideas V A
237. rs que ce dernier avait plut t sond des tudiants am ricains en biblioth conomie autrement dit n ayant pas encore t confront s aux difficult s entourant l application r elle des principes li s la libert intellectuelle Cette diff rence avait t soulign e par Savard Si l explication para t plausible permettant d expliquer les diff rences 23 entre les r sultats obtenus par Savard et ceux obtenus par Finks elle n clairait cependant pas les raisons expliquant le faible score pris par et en lui m me des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle Aussi Savard 1984 avait il mis une autre hypoth se encore la ti deur des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle pouvant en partie selon lui tre expliqu e par des l ments culturels propres aux francophones Citant Lajeunesse il avait rappel la difficile histoire des biblioth ques publiques au Qu bec La biblioth que publique n a pas eu de chance au Qu bec De la fin du 18 si cle au milieu du 20 si cle elle s est but e aux probl mes politiques et religieux Nous y constatons l incompr hension et surtout le refus du concept de biblioth que publique c est dire une institution publique entretenue par l tat non religieuse libre ouverte tout citoyen dans un but d information d ducation de culture et de loisir Ces pr occupations taient l oppos
238. rticipants aient d clar tre en accord avec l nonc malgr les nombreuses objections relev es Figure 6 Lors du processus d acquisition il en va du devoir professionnel des biblioth caires de respecter les valeurs de la communaut qu ils desservent n 11 Nb de biblioth caires Tout fait en En accord Ni en accord nien En d saccord Tout fait en Ne sait pas accord d saccord d saccord Parmi les objections les plus fr quemment mentionn es par les participants figure d abord une question comment conna tre les valeurs de la communaut quel sens leur donner Comme l a en effet mentionn un des biblioth caires il s agirait l d un concept plut t abstrait C est quoi les valeurs de la communaut Je ne le sais pas Comment tu mesures a Ce sont des individus la communaut Ce sont des gens de diff rentes langues de diff rentes origines C est emb tant H 11 Les valeurs de la communaut seraient un concept d autant plus difficile saisir que celles ci volueraient dans le temps comme l ont soulign quelques biblioth caires D autres encore ont fait cho aux propos de Robotham et Shields cit s par Moody 2004 affirmant que les valeurs de la communaut n taient pas homog nes Ainsi plusieurs biblioth caires ont davantage insist sur l importance de r pondre aux besoins de 76 chacun que sur celle de respecter les valeurs de la communaut m me s ils se
239. s tre emp ch e d acheter l ouvrage tr s controvers de Madonna Sex lors de sa parution Un autre biblioth caire a affirm avoir des nus artistiques dans des livres sur la photographie H 11 Tous enfin ont admis proposer certaines bandes dessin es plus explicites ainsi que des romans rotiques a leur client le adulte Comme l a toutefois soulign un des participants on ne veut pas pousser les choses tellement loin qu on se tire dans le pied qu on invite presque les gens nous confronter et envoyer des lettres aux journaux Alors il faut quand m me tre prudent H 11 Si tous les biblioth caires se sont accord s pour dire que les ouvrages et les sites web caract re pornographique n avaient pas leur place dans les biblioth ques publiques aucune d finition pr cise n a pu tre d gag e quant ce qui constitue ou non de la pornographie 3 1 4 Le pr texte des enfants S1 les ouvrages caract re haineux et pornographique constituent des limites la libert intellectuelle l analyse des donn es a permis de r v ler une troisi me limitation celle ci tant cependant d une autre nature En effet cette derni re ne concernerait pas tant le contenu des documents que les diff rents types de client le L incitation publique la haine constitue en effet une infraction passible de poursuite au sens de l article 319 1 du Code criminel du Canada L R C 1985 ch C 4
240. s vis le concept g n ral th orie de libert intellectuelle que vis vis la s lection des documents ou l accessibilit physique ceux ci pratique Aussi Cayer avait elle attribu cette diff rence la nature des nonc s contenus dans son chelle de s lection des documents Trois des cinq nonc s concernent l acquisition d ouvrages politiques dont un est un don ce qui ne semble pas inqui ter les gens outre mesure Nous croyons en effet que les controverses actuelles ne gravitent pas autant autour de ce type de d bat mais bien autour de probl mes dits plus sociaux drogues suicide et pornographie par exemple La mesure des attitudes par rapport ces sujets a davantage t faite au niveau de l acc s physique aux documents mais tr s peu au niveau du choix des documents A notre avis le contenu de l chelle peut plus ou moins fausser l interpr tation d ailleurs les analyses de quelques nonc s dont certains sont plus controvers s illustrent bien les attitudes diversifi es des r pondants Cayer 1986 61 A l instar d England Cayer avait ainsi conclu que les biblioth caires tendaient davan tage a censurer les sujets faisant l objet de controverses actuelles dans la soci t Mesurant le degr de corr lation entre les attitudes des responsables des biblioth ques publiques face la libert intellectuelle et certaines variables Cayer avait en outre conclu que le nombre d ann
241. s comme la mission de la biblioth que ou la politique de d veloppement des collections On va la documenter pour l expliquer la personne et aussi pour assurer notre d cision si cette personne va plus loin si elle va une s ance du conseil d arrondissement et interpelle les lus Eux apr s c est s r c est leur r le de redescendre la hi rarchie jusqu nous pour savoir o est le probl me s il y en a un Donc on va vraiment faire attention de documenter et d avoir une assise intellectuelle solide pour notre d cision F 3 L o a peut devenir d licat c est si a monte plus haut s ils vont au conseil L c est toujours important d tre bien outill d avoir un bon coffre outils pour que les conseillers appuient ton professionnalisme ce qui n est pas n cessairement vident parce que a c est tr s subjectif Il faut aller chercher des r gles comme l UNESCO l IFLA Comment on d veloppe une collection c est quoi les vrais crit res La d mocratie l acc s libre aux collections Fd 9 La tr s vaste majorit des plaintes se r gleraient cependant l interne sans que l intervention du conseil ou d un lu soit sollicit e Dans certaines biblioth ques du reste le directeur n interviendrait que dans les cas plus d licats alors que les plaintes seraient g n ralement r solues par le biblioth caire responsable de la section vis e par la plainte Diff rents crit
242. s l glise catholique ayant eu jusqu la R volution tranquille la mainmise sur toute la production litt raire et cin matographique qu b coise Toujours d apr s Savard l attitude mitig e des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle pouvait notamment s expliquer par cette conjoncture particuli re au Qu bec alors que les francophones auraient mis du temps se lib rer de leur pass religieux Dans son tude sur les attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle Frihida 1986 108 tait arriv sensiblement la m me conclusion que Savard alors qu il avait parl d indiff rence de nonchalance et d insouciance l gard de la libert d expression Frihida avait cependant exprim son d saccord avec l hypoth se avanc e par Savard Selon lui cette indiff rence trouvait plut t sa justification dans la tendance des biblioth caires peu importe la nationalit se conformer l id ologie dominante de leur poque Aussi avait il expliqu ses propres r sultats ainsi que ceux qui avaient t enregistr s par Savard par la mont e de l id ologie conservatrice dans les ann es 1980 C est aussi de cette fa on qu il avait expliqu la diff rence de scores not e entre Savard et Finks ce dernier ayant men son enqu te dans les ann es 1970 une poque plus progressiste sur le plan sociopolitique D apr s Frihida en attribuant le
243. s de personnes en raison du fait qu une telle pratique risquerait davantage d attirer l attention sur la nature controvers e des ouvrages notre avis un tel argument rel ve davantage d une gestion pragmatique que d un ferme engagement 126 Comme l a judicieusement relev un des participants il serait donc faux de pr tendre que les biblioth caires auraient la responsabilit de s opposer toute forme de censure alors qu eux m mes en exerceraient l occasion au nom de diff rents motifs respect des valeurs soci tales peur de recevoir des plaintes etc et sous diff rents pr textes restrictions budg taires abondance de l offre ditoriale etc rejoignant ainsi les propos de Fiske 1959 qui avait conclu l existence d un important ph nom ne d autocensure dans les biblioth ques publiques et scolaires Si les biblioth caires exerceraient tous un moment ou un autre de la censure nos objectifs de recherche ainsi que la m thodologie utilis e ne nous permettent cependant pas de quantifier l ampleur de ce ph nom ne dans la pratique des biblioth caires interview s En revanche l analyse th matique nous a permis de constater qu il existait bel et bien un cart entre les attitudes des participants vis vis la libert intellectuelle comme concept et la libert intellectuelle comme activit alors que dans les faits les biblioth caires seraient bien plus des gardiens du consensus
244. s des participants ont affirm tre en accord avec leur utilisation dans la section jeunesse les autres ne se sont pas prononc s sur la question Peu de justifications ont cependant t fournies l exception d une biblioth caire qui a propos une analogie int ressante Pour moi le filtrage chez les jeunes c est un petit peu comme quand on dit qu la maison l ordinateur doit tre dans la pi ce commune C est justement pour remplacer a Comme on ne peut pas toujours tre l a prend le filtrage Fd 1 Contrairement aux adultes les jeunes auraient ainsi faire l objet d une surveillance continue d o l int r t des logiciels de filtrage 3 2 5 Synth se Lorsque questionn s au sujet de la place qu ils accordaient la demande dans le processus de s lection tous les participants se sont entendus pour dire que ce n tait pas le seul ni l unique crit re prendre en consid ration m me s ils se devaient d en tenir compte Si certains biblioth caires ont davantage insist sur l importance de satisfaire les usagers qui sont les utilisateurs de la biblioth que d autres ont davantage mis l accent sur les lacunes qu il y aurait au niveau des collections s ils ne devaient s en tenir qu aux demandes exprim es par les usagers le plus souvent des nouveaut s ou des best sellers Aussi le r le des biblioth caires serait il bien plus d offrir un ventail de c
245. s faibles scores obtenus par les participants dans son tude une variable culturelle Savard avait renou avec le vieux paradigme anthropologique positiviste celui ci se caract risant par son ethno centrisme sic relents racistes 1986 30 31 Nous ne rejetons pas enti rement l explication de Frihida qui voyait dans les diff rentes dates o ont t men es les tudes de Savard et Finks la cause de l cart entre les scores obtenus Les facteurs sociopolitiques propres chaque poque autour desquels s articulent le consensus social ont in vitablement une incidence sur le comportement censorial des biblioth caires Les recherches men es par England 1974 82 et Cayer 1986 61 semblent confirmer cette hypoth se alors qu elles avaient toutes deux conclu que les biblioth caires tendaient davantage censurer les 134 sujets faisant l objet de controverses actuelles dans la soci t N anmoins nous pensons que l explication fournie par Savard ne peut tre cart e Il est aussi de notre avis que le faible engagement des biblioth caires qu b cois dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle serait en partie li une variable culturelle l histoire du Qu bec en mati re de censure plus particuli rement du Qu bec francophone ne pouvant tre n glig e Si l influence de cette variable culturelle sur les attitudes des biblioth caires qu b cois vis
246. s ont ils pu tre identifi s la personnalit du peuple qu b cois figurant au premier chef Pour pr s des deux tiers des biblioth caires interview s les Qu b cois seraient en effet plus ouverts ou plus tol rants que les Am ricains et dans une moindre mesure que les Canadiens Le Qu bec a beaucoup d ouverture d esprit On l a vu avec les accommodements raisonnables comme a pris une telle ampleur mais justement parce qu on est un peuple qui a os se poser la question a fait de la marde on est d accord l dessus Mais on a quand m me cette ouverture d esprit Pour un pays qui a t si ferm x nophobe la planche dans les ann es 50 Je regarde a et je me dis qu on est peut 118 tre effectivement une population plus lib rale tr s diff rente du reste du Canada et des Etats Unis Et je pense que c est tout notre avantage Fd 4 M me dans le milieu canadien anglais ils font beaucoup plus de censure que nous L attitude face aux documents jeunesse entre autres est tr s tr s diff rente Il y a des sujets comme la religion le sexe a c est tr s tabou Je pense qu au Qu bec l dessus on est tr s diff rent On est beaucoup plus lib ral Aux Etats Unis peut tre d pendant des tats aussi il y a une esp ce de puritanisme de censure qui n existe pas ici Je pense qu on est diff rent fondamentalement Une autre fa on d tre une autre
247. s quel s milieu x avez vous travaill Quel s poste s avez vous occup s 2 Actuellement quelles sont vos fonctions la biblioth que 3 Comment d cririez vous la client le communaut que vous desservez 4 En tant que biblioth caire que signifie pour vous le concept de libert intellectuelle 5 Par opposition que signifie pour vous la notion de censure 6 J aimerais conna tre votre niveau d accord ou de d saccord envers l nonc suivant en vous r f rant l chelle ci jointe Tout commentaire quant aux raisons motivant vos r ponses est videmment bienvenu Les biblioth ques publiques ont un r le important jouer en mati re de libert intellectuelle Il en va de leur responsabilit de la pr server et de combattre toute tentative de censure 7 Les lignes directrices officielles ou non officielles concernant la s lection et la circulation des documents varient grandement d une biblioth que une autre Je vais vous lire une s rie d nonc s relatifs ces lignes directrices J aimerais conna tre votre niveau d accord ou de d saccord envers chacun de ces nonc s en vous r f rant l chelle ci jointe Tout commentaire quant aux raisons motivant vos r ponses est encore une fois bienvenu a Le premier crit re d acquisition d une biblioth que publique devrait tre les demandes exprim es par les usagers b Lors du processus d acquisition il en va du devoir professionnel des bibl
248. sagers sur la nature 89 controvers e des documents et enfin 3 il y aurait d j suffisamment d indications dans les biblioth ques pour qu il soit n cessaire en plus d identifier les documents susceptibles de choquer certaines personnes Pour quelques participants il serait cependant justifi d tiqueter les documents jeunesse lorsque ceux ci aborderaient des th matiques plus percutantes Aussi s agirait il de pr venir d ventuelles plaintes de la part des parents En outre les t moignages ont permis de constater que quelques biblioth ques continueraient aujourd hui de placer certains documents dans un espace r serv disponibles sur demande seulement Si une telle pratique pourrait s apparenter de la censure un des directeurs interview s y voyait paradoxalement une fa on de ne pas en exercer lui permettant d acheter des documents sujets controverse tout en vitant de recevoir des plaintes Ainsi serait ce un moyen de m nager la ch vre et le chou Pour quelques biblioth caires il s agirait au contraire d une pratique censoriale limitant le droit des usagers d acc der librement l information les documents plac s en acc s restreint n tant disponibles qu travers l intervention des employ s de la biblioth que Les participants n taient pas plus en faveur de l utilisation des logiciels de filtrage sur les postes mis la disposition de la client le adulte qu ils
249. se en place de pratiques restrictives Or et c est ici que r side l int r t premier de cette recherche le degr de d saccord exprim par les biblioth caires face la censure n tait pas en proportion directe avec leur degr d accord face au concept th orique de libert intellectuelle Some librarians attitudes about the freedom to read and the right to inquiry were in complete agreement with the letter and the spirit of intellectual freedom but their attitudes toward censorship indicated at the same time a tolerance for restraints on book reading 1971 117 Busha avait ainsi conclu une discordance entre d une part les attitudes des biblioth caires face la libert intellectuelle en tant que concept et d autre part la libert intellectuelle en tant qu activit La libert intellectuelle serait ainsi une notion s cable c est dire divisible pouvant appeler des attitudes quivoques Si cet cart entre la th orie et la pratique avait t pressenti par Fiske 1959 il n avait t v rifi et confirm quantitativement que quelque dix ann es plus tard par les travaux de Busha 1 2 Canada 1 2 1 Claire England 1974 Du c t canadien la premi re tude aborder la question de la libert intellectuelle dans son rapport la censure a t r alis e par England en 1974 Son chantillon tait compos de 69 biblioth caires travaillant dans six biblioth ques 17
250. sion du savoir pendant un peu plus d un si cle a t abondamment document e par les historiens qu b cois notamment par Pierre H bert qui s est int ress aux m canismes de contr le mis en place par le clerg afin de r genter la production litt raire et cin matographique qu b coise influence qui s est fait ressentir jusqu la R volution tranquille voir notamment H bert et Nicol 1997 H bert et Sala n 2004 H bert Lever et Landry 2006 Cette poque correspond au Qu bec l affaiblissement du pouvoir religieux et l mergence de valeurs plus progressistes dans toutes les sph res de la soci t Comme le rappelle Lajeunesse 1997 c est d ailleurs de ce mouvement collectif d mancipation que seraient n es les biblioth ques publiques qu b coises l opposition jusqu au milieu du XX si cle du clerg catholique et des lites traditionnelles la cr ation de cabinets de lecture publique expliquant en grande partie le d veloppement tardif d un v ritable r seau de biblioth ques publiques au Qu bec Faut il en d duire qu partir des ann es 1960 la censure n existe plus au Qu bec voquant l poque contemporaine Marc Angenot parle plut t d un esprit de censure c est dire justification vertueuse et civique l gitimation de l interdit port sur certaines id es opinions sur certaines formes d expression volont de r pression compl mentairement s
251. social que des d fenseurs acharn s de la libert d expression 4 1 1 Consensus social Si la libert intellectuelle constitue une des valeurs fondamentales de la biblioth conomie contemporaine du moins th oriquement notre recherche l instar des tudes ant rieures nous a permis de constater que les attitudes des biblioth caires vis vis la libert d expression et la censure se caract risaient par leur ambivalence Ainsi n est ce pas un hasard si la grande majorit des recherches nord am ricaines qui se sont attach es mesurer les attitudes des biblioth caires vis vis la libert intellectuelle et la censure dans le contexte des biblioth ques publiques sont arriv es sensiblement la m me conclusion savoir que les biblioth caires d montreraient l gard de la libert intellectuelle toutes dimensions confondues une attitude relativement neutre avec selon le cas une l g re tendance positive p ex England 1974 ou n gative p ex Savard 1984 Frihida 1986 Que ces attitudes aient t accompagn es d un faible penchant positif ou n gatif il est de notre avis que cela en faveur de la libert intellectuelle Il ne s agit videmment ici que d un exemple parmi plusieurs autres qui nous a cependant paru particuli rement loquent 127 importe peu Il n est d ailleurs pas impossible que ces divergences puissent s expliquer par une diff rence de m thodologie tout comme il n
252. squ interrog s sur le r le que devrait tenir la demande dans le processus de s lection Outre l importance d offrir un ventail de choix aux usagers plusieurs motifs r currents ont t relev s d un entretien l autre Plus de la moiti d entre eux ont ainsi soulign le fait que les collections auraient de grosses lacunes s ils ne devaient obtemp rer qu aux demandes des usagers Pour plusieurs participants celles ci seraient en effet calqu es sur lair du temps renvoyant le plus souvent aux nouveaut s ou ces immenses titres que tout le monde lit et dont la promotion est faite partout Fd 4 C est quoi les demandes exprim es par les usagers la plupart du temps Appelons les les best sellers m me si ce n est pas le bon terme C est ce qui est la mode ce moment l Alors que nous on doit tre en mesure de r pondre ce qui n est pas la mode Alors non non je suis tout fait en d saccord Oui il faut r pondre aux demandes exprim es par les usagers mais ce n est pas le premier crit re sinon on aurait de grosses lacunes Fd 1 Tu as un choix de 2 000 titres dans un mois et toi tu vas aller en chercher quoi 60 C est quelque chose Tu te dis Ca il faut que je l ach te a va de soi Christiane Charette en a parl Bazzo en a parl puis Ren Homier Roy et nomme les tous Alors a va de soi mais un moment donn il faut que tu en laisses passer
253. ssibilit d acc der l ensemble de son contenu sans aucune restriction Aussi la question se pose t elle les biblioth caires devraient ils offrir un acc s illimit Internet ou devraient ils plut t en limiter l acc s en bannissant les sites jug s inappropri s pour certains groupes de personnes censurant de facto une partie du r seau Malgr la d cision rendue par la Cour supr me des tats Unis en 2003 sur la constitutionnalit du CIPA l ALA 2006a continue de s opposer l utilisation des logiciels de filtrage dans les biblioth ques publiques tant sur les postes destin s aux adultes que sur ceux destin s aux enfants tout en reconnaissant toutefois l obligation financi re dans laquelle se trouvent certaines biblioth ques de se conformer la loi D apr s Bastian toutefois les biblioth caires suivant les traces de l ALA abdiqueraient l un de leurs r les fondamentaux savoir la s lection et la m diation de l information mise la disposition des usagers By leaving decisions on appropriateness up to the user ALA leads the way towards abdication of one of the core professional responsibilities of the librarian namely the selection and mediation process that distinguishes a public library from an information warehouse 1997 La position de la CLA sur la question est quant elle plus mitig e promouvant un acc s aux ressources Internet With the fewest possible restrictions CLA 2000b
254. stion de valeurs religieuses ou raciales celles ci tant per ues comme des facteurs de discrimination Pour la majorit des biblioth caires il importerait davantage de r pondre aux besoins de chacun en offrant un ventail de choix que de respecter les valeurs de la communaut De fa on g n rale l opinion des participants vis vis le r le de la demande et des valeurs de la communaut dans le processus de s lection tait relativement similaire m me si ce constat ne se refl te pas sur l chelle de Likert Dans les deux cas les r ponses des biblioth caires t moignaient d un tiraillement entre d une part leur d sir d tre au service du public et d autre part celui d aller au del de la demande et des valeurs de la communaut ces deux crit res pris la lettre pouvant pr senter une menace pour la libert intellectuelle Lorsque questionn s sur la mise en place de certaines pratiques restrictives dans les biblioth ques publiques la grande majorit des biblioth caires ont affirm tre en d saccord ou tout fait en d saccord avec le fait d tiqueter les documents susceptibles d offenser certains groupes de personnes et ce pour trois raisons principales 1 les biblioth caires n auraient pas mettre d opinion sur ce qui risque de choquer les usagers un tel jugement tant au mieux subjectif et arbitraire 2 apposer des tiquettes ne ferait qu attirer l attention des u
255. stitutionnelles Variables li es aux m dias de masse Couverture des incidents de censure dans les m dias de masse Relation entre la biblioth que et les m dias de masse Variables juridiques et l gislatives Jurisprudence en mati re de libert intellectuelle et de censure L gislation locale provinciale et f d rale en mati re de libert intellectuelle et de censure Le cadre conceptuel ayant t tabli nous aborderons dans le chapitre suivant les pr suppos s pist mologiques et les choix m thodologiques sur lesquels repose notre recherche CHAPITRE 2 M THODOLOGIE Introduction La pr sente tude s int resse aux attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure dans le contexte des biblioth ques publiques Compte tenu de nos objectifs de recherche nous avons opt pour une approche qualitative de type descriptif le choix d une pist mologie et d une m thodologie tant d abord dict par l objet ou le probl me de recherche Pires 1997 Creswell 2003 Fortin et coll 2006 Il est en effet de notre avis que l approche quantitative laquelle les chercheurs ont souvent eu recours pour tudier les attitudes des biblioth caires ne peut rendre compte elle seule et en profondeur d un ph nom ne complexe qui appelle souvent des attitudes quivoques Ainsi pr senterons nous d abord quelques pr suppos s de la recherche qualitati
256. sure dans le contexte des biblioth ques publiques reflet de la soci t d mocratique et pluraliste Plus sp cifiquement elle cherchait r pondre aux trois questions de recherche suivantes 1 Quelles sont les attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure telles qu elles affectent l offre documentaire destin e aux adultes et la gestion des plaintes relatives celle ci 2 Quels sont les facteurs mod rateurs qui interviennent dans le modelage du comportement censorial des biblioth caires 3 Comment l engagement des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure se compare t il celui de leurs coll gues canadiens et am ricains Au Qu bec il n existe que tr s peu de recherches scientifiques qui se sont int ress es aux attitudes des biblioth caires vis vis la libert intellectuelle et la censure dans le contexte des biblioth ques publiques alors que de nombreux chercheurs canadiens et am ricains se sont pench s sur la question le plus souvent en optant pour une approche quantitative Les seules recherches avoir t men es au Qu bec ne sont d j plus d actualit Savard 1984 Cayer 1986 Frihida 1986 m me si elles demeurent toujours pertinentes de nombreux gards On retrouve de m me dans la litt rature professionnelle qu b coise tr s peu d articles sur les enjeux reli s la 142 lib
257. t tonnant de constater que ce repli du religieux a t accompagn par une baisse significative de la pratique religieuse au cours des 3 Le processus de modernisation ou de s cularisation de l tat qu b cois a t et continue d tre le lieu de nombreuses discussions Comme le mentionnent Mager et Cantin p arler de religion et de modernit au Qu bec c est t cher de conjuguer trois termes probl matiques dont chacun fait l objet d interminables d bats et controverses 2010 4 Aussi ne s agira t il pas tant ici de prendre position l int rieur de ces d bats que de proposer quelques pistes de r flexion la lumi re des t moignages recueillis aupr s des participants 135 quarante derni res ann es Meunier Laniel et Demers 2010 85 Si cette diminution n est pas uniquement le propre du Qu bec elle y para t n anmoins plus marqu e que dans le reste du Canada ibid En 2006 le taux de participation des Qu b cois un service religieux sur une base hebdomadaire toutes appartenances religieuses confondues tait ainsi de 14 25 alors qu il tait de 20 95 dans le reste du Canada Il est noter qu aux tats Unis en 2001 le taux de participation un service religieux sur une base hebdomadaire se situait pour sa part 46 0 toutes les donn es sont tir es de Meunier Laniel et Demers 2010 Au Qu bec le religieux serait de plus en plus confin la sph re priv e com
258. t En contrepartie certaines approches comme l iridologie ou l hom opathie taient consid r es comme b nignes par les participants Aussi ne voyaient ils pas d objections ce que les biblioth ques publiques fassent l acquisition de ce type de documents Pour les biblioth caires le facteur d terminant ne concernerait pas tant la v racit de Vinformation que le danger auquel les usagers risquent de s exposer en ayant acc s des informations erron es 3 3 2 Racisme la question de savoir s ils croyaient que les biblioth ques publiques devaient inclure dans leurs collections des ouvrages de fiction ou de non fiction contenant des propos racistes les participants ont fourni des r ponses diff rentes selon qu il s agissait de l un ou l autre type de documents Aussi avons nous pr f r ne pas tenir compte de leur r ponse sur l chelle de Likert alors qu il aurait fallu poser deux questions distinctes L analyse des justifications a n anmoins permis de r v ler des th mes communs d un entretien l autre Dans l ensemble nous dirons que les biblioth caires tendaient tre en accord dans le cas des ouvrages de fiction p ex les romans ou les bandes dessin es alors qu ils tendaient plut t tre en d saccord dans le cas des ouvrages de non fiction p ex les documentaires ou les pamphlets 95 Pour les trois quarts des participants certains propos racistes seraient en effet ac
259. t et d assurer la transparence des t moignages Pareillement lorsque notre opinion tait sollicit e nous n avons consenti la partager qu la toute fin des entrevues Un autre biais possible r side dans le niveau de scolarit des biblioth caires interview s De nombreuses tudes ont en effet d montr qu il existait un lien statistique significatif entre les attitudes des biblioth caires vis vis la libert intellectuelle et leur niveau d ducation notamment Busha 1971 Cayer 1986 Plus celui ci serait lev plus les biblioth caires tendraient tre en faveur de la libert d expression Or tous les participants dans la pr sente tude d tenaient un dipl me de ma trise en biblioth conomie et sciences de l information Conclusion La pr sente tude vise comprendre les attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure dans le contexte des biblioth ques publiques Elle s inscrit l int rieur du paradigme naturaliste interpr tatif et consiste en une recherche qualitative de type descriptif Les pr suppos s pist mologiques et 54 m thodologiques sur lesquels elle repose ont d abord t pr sent s Les crit res et le mode d chantillonnage ont ensuite t d finis ainsi que les caract ristiques de l chantillon La collecte de donn es a notamment t r alis e par le biais d entrevues semi structur es de mani re d
260. t le adulte Or la distinction tablie par les participants ne s expliquerait pas tant par la nuance qui existerait entre les notions d rotisme et de pornographie que par l aspect visuel des magazines caract re pornographique Plusieurs biblioth caires ont ainsi not que parmi les romans rotiques disponibles leur biblioth que quelques uns devaient tr s certainement tre pornographiques Comme il n y a pas d images leur pr sence sur les rayons serait plus acceptable Playboy est assez banal Je ne sais pas ce qui fait que Playboy suscite des commentaires C est plus parce que c est une image c est bien s r Mais si tu regardes le contenu crit de certains de nos romans Playboy n est pas plus extr me Fd 4 On peut avoir des romans qui ont des chapitres entiers qui sont remplis de pornographie mais tu ne les vois pas Ce sont des mots a a choque moins Par contre une image a tu la vois tout de suite Fd 7 Quelques participants ont cependant tenu pr ciser qu ils ne s taient jamais emp ch s d acheter certaines revues pour hommes qui sans tre pornographiques pouvaient receler des images plus suggestives De m me certains d entre eux ont 98 voqu le cas de magazines qui avaient publi des num ros sp ciaux sur la pornographie Ceux ci n avaient pas t retir s des rayons pour autant Si pr s de la moiti des participants ont affirm ne pas
261. t s tout comme la m thode de collecte entrevues semi structur es et la m thode d analyse des donn es analyse th matique Les crit res de contr le de la qualit en recherche qualitative ainsi que les limites de la pr sente tude seront ensuite abord s Le troisi me chapitre pr sente les r sultats de l analyse th matique issus des entretiens que nous avons men s aupr s de 11 biblioth caires qu b cois travaillant dans le milieu des biblioth ques publiques Ces r sultats seront comment s dans le quatri me chapitre et mis en relation avec les tudes ant rieures Une attention toute particuli re sera port e la perception qu ont les participants de leur engagement dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle vis vis celui de leurs homologues canadiens et am ricains Nous conclurons notre m moire en exposant les contributions de la pr sente tude l avancement des connaissances et en proposant quelques pistes de recherche futures CHAPITRE 1 RECENSION DES CRITS Introduction Les tudes sur la libert intellectuelle et la censure sont fort nombreuses Si nous avons retenu parmi tous les choix possibles certains travaux moins r cents c est qu ils continuent encore aujourd hui s offrir comme les piliers de la recherche dans le domaine En outre deux crit res nous ont guid dans notre s lection Nous avons tent dans un premier temps de pr senter cert
262. t dur pr s de trois heures nous avons jug que le temps requis pour compl ter les entrevues tait trop long alors que les participants ont pr sent certains signes de fatigue en cours de rencontre Afin de ne pas 45 compromettre la qualit des donn es recueillies en fin d entrevue nous avons pr f r r duire le nombre de questions lors des rencontres subs quentes De plus il nous est apparu que le guide d entrevue initial tait trop ambitieux compte tenu des exigences requises dans le cadre d un m moire de ma trise Aussi avons nous limin certaines questions p riph riques Aucun autre changement majeur n a t pressenti Les pr tests s tant bien d roul s et les questions retranch es n ayant pas notre avis compromis le contenu des autres r ponses les t moignages des trois participants ont t conserv s Les explications relatives aux questions supprim es ont simplement t ignor es lors de l tape de l analyse des donn es 2 2 3 Contexte de la collecte des donn es La collecte de donn es a eu lieu au cours des mois de f vrier et mars 2010 Afin de favoriser le dynamisme des changes et de faciliter l analyse subs quente des donn es toutes les entrevues ont t enregistr es apr s avoir obtenu le consentement des participants Leur dur e moyenne tait d environ deux heures La chercheuse a elle m me pr sid chacune des entrevues avant de proc der leur retranscr
263. t eu jusque l emprunter la voie officielle Pour le reste des biblioth caires les plaintes seraient trop peu nombreuses pour que l absence de proc dure formelle soit ressentie comme un manque Aussi la majorit d entre eux ne voyaient ils pas la n cessit d en adopter une Du reste les participants ont affirm recevoir beaucoup plus de commentaires informels que de plaintes n cessitant un suivi aupr s des usagers Tous les biblioth caires ont n anmoins insist sur l importance de bien documenter leur d cision avant de rencontrer un usager advenant le cas o la plainte se rendrait jusqu au conseil municipal Aucun cas n a cependant t rapport o une telle situation s tait produite Il est int ressant de noter qu un des directeurs inter view s a affirm consulter son patron lorsque confront des plaintes risquant de monter plus haut Tout comme les biblioth caires auraient au besoin rendre des comptes leur directeur ceux ci auraient respecter les d cisions de la personne dont ils rel vent Ce qui est vrai pour les biblioth caires le serait donc tout autant pour les directeurs savoir que la position occup e dans la structure organisationnel le aurait une influence sur leur libert d cisionnelle comme dans toute organisation Dans l ensemble les participants trouvaient que les plaintes n avaient pas t assez nombreuses au cours de leur carri re pour qu elles aient eu u
264. th ques publiques telles qu elles affectent l offre documentaire destin e aux adultes et la gestion des plaintes relatives celle ci 2 Quels sont les facteurs mod rateurs qui interviennent dans le modelage du comportement censorial des biblioth caires 3 Comment l engagement des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure se compare t il celui de leurs coll gues canadiens et am ricains D finitions La pr sente recherche fait appel diff rents concepts dont nous proposons ici une d finition op ratoire Libert intellectuelle L article 19 de la D claration universelle des droits de l homme stipule que tlout individu a droit la libert d opinion et d expression ce qui implique le droit de ne pas tre inqui t pour ses opinions et celui de chercher de recevoir et de r pandre sans consid ration de fronti res les informations et les id es par quelque moyen d expression que ce soit ONU 1948 Dans le contexte sp cifique des biblioth ques la libert intellectuelle d signe g n ra lement 1 le droit des usagers d acc der librement toutes les formes d expression du savoir ABQLA ASTED et CBPQ 1976 CLA 1985 UNESCO IFLA 1994 ALA 1996 et 2 le droit de b n ficier de services inclusifs accessibles 4 tous UNESCO IFLA 1994 ALA 1996 CBPQ 1996 CLA 2008 Le concept de libert intellectuelle englobe galement 3 le droit des
265. tion and by using the terms on the card could you once again tell me the strength of your agreement or disagreement Any comments on your answers would be welcome a High demand should be the public librarian s primary criterion for selection of materials b The council library board should be the final authority in deciding selection policy The public library should provide access to all legally published materials d When choosing materials librarians have a professional responsibility to uphold accepted community standards e The library should include material which portrays homosexuality in a positive light f Library materials which may offend should be labelled so that people can avoid them If agree Can you cite some examples of materials you would label Agree or disagree Did your library label The Satanic Verses If it was labelled Whose decision was it What did the label say xxvi 4 Books and periodical articles reflect a number of different viewpoints on what should be included in a library s collection and reasons are frequently given for selecting or not selecting certains materials I d like to know the strength of your opinion on whether a library should stock the following materials and if possible the reasons for your answers Please respond using the terms on the card It is appropriate that a public library collection include Material on the growing or manufacture of narcotic or hallucina
266. tion de documents The key question was whether restrictions are being imposed on librarians or whether they are imposing restrictions on themselves that threaten the citizen s right to easy access to as adequate a collection of books and periodicals as his community his county or his state can afford 1959 viii Afin d atteindre ses objectifs de recherche Fiske avait men 204 entrevues structur es aupr s de biblioth caires et d administrateurs issus de 48 biblioth ques municipales et de comt et de 46 coles secondaires celles ci tant r parties au sein de 26 localit s s lectionn es en fonction de divers crit res dont la composition ethnique des communaut s Il s agissait en somme d identifier et de d finir les principaux facteurs intervenant dans la s lection et l accessibilit physique de documents controvers s ainsi que les relations unissant ces variables entre elles Les travaux men s par Fiske lui avaient permis de r colter tant des donn es de nature quantitative que qualitative Elle n avait cependant pas cherch g n raliser les r sultats de sa recherche au del des communaut s tudi es et des personnes interview es L analyse des r sultats a r v l que pr s de la moiti des r pondants 47 avait exprim de fa on non quivoque des opinions favorables la libert intellectuelle De la m me mani re seule une petite proportion de participants 18 avait estim qu
267. torique qui trouve son origine dans la culture catholique d avant la R volution tranquille les biblioth caires qu b cois seraient davantage engag s dans une phase de rattrapage alors qu ils auraient encore livrer combat pour faire reconna tre aupr s des diverses autorit s politiques provinciales et municipales l importance du r le des biblioth ques publiques dans le bon fonctionnement d une saine d mocratie Ainsi malgr les importants progr s qui ont t effectu s depuis 1960 la CBPQ crivait encore tout r cemment que le syst me des biblioth ques publiques au Qu bec tait un des pires r seaux de biblioth ques en Am rique du Nord 2006 Or comme l a judicieusement rappel une des participantes il faut que tu t occupes d avoir le minimum avant de parler de libert d expression Fd 7 L opposition du clerg catholique la cr ation de biblioth ques publiques au Qu bec aurait encore eu pour effet de retarder le d veloppement d une v ritable culture des biblioth ques aupr s de la client le francophone Ainsi quelques participants ont ils mentionn le fait que les usagers francophones mettaient de fa on g n rale moins de commentaires sur le contenu des collections que leurs concitoyens anglophones tant d apr s eux de nature moins revendicatrice supposer que ces observations soient justes on peut ici mettre deux hypoth ses 1 les anglophones seraient plus c
268. tory drugs b Material which is generally considered to be untrue for example some medical or scientific material c Gay or lesbian oriented fiction d Material which portrays women in stereotyped roles e Fiction which contains racial stereotypes f Publications which advocate armed rebellion in this country g Materials which questions the intelligence of a particular racial group relative to other groups h Material which is critical of the generally accepted information about the Jewish Holocaust i Material which people may find repulsive for example graphic illustrations in medical war or horror books and videos j Popular materials of little litterary merit which receive wide publicity k Material whose purchase will profit organizations or governments with racist goals l Material containing soft pornography photographs such as those in Playboy or some photography magazines 5 Are there any reasons for selecting or not selecting materials in your library which we have not discussed 6 The issues we ve covered are sometimes dealt with either generally or specifically in a written materials selection policy Does your library have one If yes Has it been passed by the council library board May I have a copy before I leave today 7 I sic like to move on to explore the role of the public library director Because of the public service nature of the role personal beliefs may sometimes be at odds
269. tre en d saccord avec la pr sence de documents caract re pornographique dans les biblioth ques publiques l analyse des justifications a toutefois permis de r v ler que leur positionnement sur l chelle de Likert relevait davantage de la th orie que de la pratique les th mes voqu s ne diff rant pas de ceux des autres biblioth caires Ainsi ont ils conc d ne pas acheter de magazines caract re pornographique tout en pr cisant qu ils ne se sentaient pas personnellement offens s par ce type de revues La majorit d entre eux ont d ailleurs rappel que la biblioth que centrale de Montr al tait l poque abonn e Playboy l instar des participants qui ont affirm tre en d saccord avec l nonc ils ont toutefois admis que ce type de documents tait la limite de ce qu ils pouvaient acheter si ce n est que parce que Playboy a la r putation d tre une revue pornographique Aussi les biblioth caires auraient ils tablir une limite Pour un des participants cette limite serait d termin e par ce que la communaut attend d une biblioth que publique un moment donn on doit tracer une limite quelque part Parce qu il y a Playboy mais apr s a il y a plus os Simplement notre limite a t trac e l Je n ai pas l impression qu on brime grand nombre d individus en n achetant pas Playboy En tout cas il n y a personne qui a r ussi nous tra ner en c
270. ts ou d en d terminer les conditions d acc s sans qu aucune pression ext rieure n intervienne la suite de la publication de cette tude l autocensure dans les biblioth ques est devenue un important sujet d investigation pour les chercheurs et le demeure toujours L tude de Fiske est aujourd hui encore fr quemment cit e dans les travaux de recherche 1 1 2 Charles Busha 1971 Les travaux de Busha dont les r sultats ont t publi s en 1971 ont de m me eu d importantes r percussions sur les recherches subs quentes Comme il l avait lui m me soulign dans son introduction Questions relating to the magnitude of the practice of intramural censorship which the Fiske study documented in California and questions pertaining to the psychological motives underlying these voluntary repressive measures on intellectual freedom in libraries provoked the opinion research in this investigation 1971 15 Aussi avait il envoy un questionnaire compos de trois chelles d attitudes diff rentes 900 biblioth caires publics r partis dans cing tats am ricains Illinois Indiana Michigan Ohio Wisconsin afin de mesurer leurs attitudes vis vis la libert intellectuelle et la censure et certaines croyances li es l autoritarisme telles que d finies par l chelle F fascisme de Theodor W Adorno celle ci servant mesurer les tendances antid mocratiques latentes chez les individus
271. tuelle se r v lerait ici dans toute son ambigu t si elle renverrait d une part au droit de chaque usager de se faire sa propre opinion en ayant acc s toutes les formes d expression du savoir elle renverrait aussi l id e que la libert des uns s arr te o commence celle des autres La fronti re entre les valeurs individuelles et les valeurs soci tales serait d autant plus difficile cerner que le seuil de ce qui acceptable ne serait pas le m me d une personne une autre tout comme les valeurs de la soci t volueraient dans le temps La figure 13 illustre les responsabilit s des biblioth caires en mati re de libert intellectuelle ainsi que la zone de tension qui en d coule Or c est pr cis ment l int rieur de cette zone que s articulerait le consensus social la lumi re des donn es recueillies nous serions ainsi tent de qualifier les attitudes des participants vis vis la libert intellectuelle et la censure de pragmatiques plut t que d id alistes faisant ainsi cho aux nombreuses voix qui se sont lev es au fil des ans tant dans les milieux biblioth conomiques canadiens qu am ricains afin de d noncer la position puriste de la CLA mais surtout de l ALA dont les positions sont souvent plus extr mes dans la lutte pour la d fense et la promotion de la libert intellectuelle In practical application in libraries the use of even the CLA s innocent seemi
272. u il pourrait avoir une certaine influence sur les attitudes et le comportement censorial des biblioth caires Mentionnons enfin que nous avons cherch rencontrer un nombre gal de directeurs et de biblioth caires occupant une position inf rieure dans la hi rarchie organisationnelle et ce afin de rendre compte de la diversit des enjeux selon la position occup e dans la biblioth que M me si les directeurs ne sont pas toujours 5 Selon les donn es recueillies par Statistique Canada 2007 lors du recensement de 2006 la population qu b coise est constitu e de 81 de francophones si l on tient compte de la langue le plus souvent parl e la maison En contrepartie elle compte 10 d anglophones La r gion m tropolitaine de recensement de Montr al comporte quant elle 55 de francophones contre 19 d anglophones 16 Le titre de la personne en charge de la biblioth que diff re selon la structure organisationnelle propre chaque ville ou chaque arrondissement directeur responsable chef de division etc Afin de ne pas 38 directement impliqu s dans le processus de d veloppement des collections leur attitude face la libert intellectuelle et la censure est en effet largement garante du climat g n ral pr valant dans la biblioth que ainsi que de la mise en place et de l application des politiques institutionnelles en ce qui concerne le choix des docu ments et la gestion des pla
273. u certains titres par un membre du conseil municipal ou un de ses repr sentants De fa on g n rale avec quel groupe ou type d individu est il le plus difficile de transiger en mati re de libert intellectuelle xxxii 10 quel groupe d ge appartenez vous 20 29 30 39 40 49 50 59 60 11 Depuis combien d ann es tes vous biblioth caire 0 5 6 10 11 15 16 20 21 12 Y a t il d autres l ments li s la libert intellectuelle que nous n avons pas couverts et que vous aimeriez aborder 13 Pour terminer en mati re d engagement en faveur de la libert intellectuelle comment situez vous le milieu biblioth conomique qu b cois l int rieur du contexte nord am ricain ANNEXE 6 Formulaire de consentement Titre de la recherche Les attitudes des biblioth caires qu b cois face la libert intellectuelle et la censure une tude qualitative Chercheuse Vanessa Allnutt Directeur de recherche ric Leroux professeur agr g D partement cole de biblioth conomie et des sciences de l information Universit de Montr al A RENSEIGNEMENTS AUX PARTICIPANTS 1 Objectifs de la recherche Ce projet de recherche vise mieux comprendre les attitudes des biblioth caires qu b cois face la libert intellectuelle et corollairement la censure telles qu elles affectent l offre documentaire destin e aux adultes dans les biblioth ques publiques Les objectifs poursuivis sont les suiv
274. u de supervision ne d tenaient pas la fonction ultime de directeur En cas de conflit majeur c est en effet ce dernier qui risque de se retrouver devant le conseil municipal 41 pr sente la r partition des biblioth caires incluant les directeurs effectuant du d veloppement de collections en fonction des sections auxquelles ils taient affect s Figure 3 R partition des biblioth caires effectuant du d veloppement de collections en fonction des sections auxquelles ils sont affect s n 8 Nb de biblioth caires Adultes Adultes enfants Adultes uniquement et ados et ados Il convient de noter qu un peu plus que la moiti n 5 des participants impliqu s dans le d veloppement des collections de leur biblioth que effectuaient de la s lection de documents tant pour la section destin e aux adultes que pour celles r serv es aux enfants ou aux adolescents M me si la pr sente recherche visait plus sp cifiquement l offre documentaire destin e aux adultes la question des enfants a t soulev e de nombreuses reprises par les participants au cours des entretiens Aussi nous a t il paru n cessaire d en tenir compte au moment de l analyse 2 2 2 Mode de collecte des donn es Afin de colliger les donn es n cessaires la pr sente tude nous avons men des entrevues en profondeur avec chacun des 11 participants Nous avons galement consult le cas ch ant la politique de d veloppement des collecti
275. ubliques semblaient beaucoup plus en d saccord que les participants en accord n taient en accord la question ayant en effet sembl toucher une corde sensible chez plusieurs participants Par ailleurs l analyse des donn es qualitatives n a permis de r v ler que peu de th mes r currents d un entretien l autre les r ponses des biblioth caires paraissant moins structur es que les pr c dentes Figure 12 Les collections des biblioth ques publiques devraient inclure des documents du type Exit final de Derek Humphry ou Suicide mode d emploi de Claude Guillon et Yves de Bonniec n 11 4 Lu Tout fait en En accord Nien accord ni En d saccord Tout faiten Ne sait pas accord en d saccord d saccord Nb de biblioth caires Si quelques biblioth caires ont mentionn la possibilit que les biblioth ques puissent tre tenues responsables l galement advenant le cas o un usager se suiciderait apr s avoir emprunt pareil livre pr s de la moiti des participants ont plut t voqu le fait qu ils se sentiraient moralement responsables si un tel v nement 100 devait se produire Aussi ont ils exprim leur d saccord avec la pr sence de ce type de documents dans les collections des biblioth ques publiques Pour une des biblioth caires il y aurait trop de mal tre dans le monde F 10 pour en rajouter Pour une autre ce serait difficile d aller se coucher le soir Fd 4 Une participa
276. uelle Il en va de leur responsabilit de la pr server et de combattre toute tentative de censure n 11 Nb de biblioth caires Tout fait en En accord Ni en accord nien En d saccord Tout fait en accord d saccord d saccord Peu importe le niveau d accord exprim tous les participants ont reconnu l importance pour les biblioth ques publiques de d fendre la libert intellectuelle qui constituerait d apr s l un d entre eux la pierre angulaire sur laquelle repose le travail des biblioth caires Plusieurs participants ont parl de la libert intellectuelle comme tant un prolongement naturel de leurs fonctions utilisant des arguments du type a va de soi on ne peut pas tre contre a ou on est tous pour la vertu Aussi ont ils parl des biblioth ques publiques comme d un lieu neutre d un espace de libert ou encore d un lieu ouvert tous o les citoyens peuvent trouver des r ponses leurs besoins informationnels en ayant acc s un large ventail de choix cet effet il est int ressant de noter qu une des participantes a directement li la libert intellectuelle au d veloppement des comp tences informationnelles des usagers On a un r le par rapport la libert intellectuelle dans le choix de nos documents mais aussi dans l aide et la formation qu on donne nos usagers pour qu ils aient acc s cette information F 3 En plus de donner ac
277. ues canadiens 1 Schrader avait tabli la langue de la communaut d apr s la langue utilis e par les r pondants pour remplir le questionnaire Au total soixante huit questionnaires avaient t retourn s en fran ais dont 61 provenant du Qu bec 89 7 Seulement cinq questionnaires venant du Qu bec avaient t remplis en anglais Il est donc plus que raisonnable de penser que les diff rences not es par Schrader entre les communaut s anglophones et les communaut s francophones canadiennes tendaient plus souvent qu autrement opposer le Qu bec aux autres provinces territoires l Le concept l gal de biblioth que publique variant d une province ou d un territoire l autre notamment en ce qui concerne le type de gouverne propre chaque administration provinciale territoriale Schrader avait calcul le taux de r ponse en fonction de diff rents crit res 1995 28 31 et ce afin de tenir compte de l h t rog n it de l unit d analyse et d estimer le plus fid lement possible jusqu quel point les r sultats et les conclusions de sa recherche taient repr sentatifs de l ensemble des biblioth ques publiques canadiennes Or les plus faibles taux de r ponse avaient syst mati quement t enregistr s au Qu bec avec des carts souvent consid rables 21 1 2 3 Ann Curry 1997 Diff rant tant de l approche pr conis e par Schrader que de celle choisie par England Curry a publi
278. ues exclues Comme l a en effet mentionn plus d un participant on ne peut pas dire n importe quoi au nom de la libert intellectuelle F 10 Afin de ne pas tomber dans l arbitraire de la censure et de baliser le processus de s lection il importerait ainsi d identifier clairement les crit res d exclusion Presque tous les biblioth caires ont reconnu tre conscients des plaintes potentielles lorsqu ils effectuaient le d veloppement des collections Or il importerait de ne pas s abstenir d acheter certains documents ou types de documents par simple complaisance Des fois on a peur on va se stopper pour ne pas aller au del des ennuis mais a il faut faire attention Il ne faut pas tre plus catholique que le pape F 3 Disons que tu es conscient Tu sais ce qui peut agacer certaines personnes et tu te dis bon celui l on va prendre la chance Qu est ce que tu veux Au pire ils chialeront Dans ton me et conscience tu consid res que a vaut la peine de mettre a sur tes 7 Sur les neuf biblioth ques ayant particip l tude cinq poss daient une politique de d veloppement des collections alors que trois n en avaient pas au moment o les entrevues ont t men es Une biblioth que tait en voie d en adopter une 60 rayons Dans toute la production de livres dans tout ce qui est paru dans l ann e tu consid res toi que a fait partie des 1 500 livr
279. ui de leurs coll gues canadiens et am ricains 121 Ayant choisi d opter pour des entretiens semi structur s le guide d entrevue nous a servi de grille analytique partielle Aussi la pr sentation des r sultats refl te t elle sensiblement l ordre dans lequel se sont d roul s les entretiens qui taient structur s selon cinq grands axes soit 1 les droits des usagers et les responsabilit s des biblioth caires en mati re de libert intellectuelle 2 les lignes directrices officielles ou non officielles r gissant la s lection et la circulation des documents 3 la pr sence de documents sujets controverse dans les collections des biblioth ques publiques 4 le processus de gestion des plaintes et enfin 5 la sp cificit du milieu biblioth conomique qu b cois dans le contexte nord am ricain Si les r sultats pr sent s ici ne diff rent gu re des tudes ant rieures ayant port sur les attitudes des biblioth caires vis vis la libert intellectuelle ils s en distinguent cependant sur un point essentiel Alors que Curry avait d montr que la libert intellectuelle constituait un des aspects les plus difficiles g rer dans les biblioth ques publiques les participants dans la pr sente tude ont tonnamment t moign peu d inqui tude vis vis les plaintes des usagers Aussi serons nous amen nous questionner sur cette diff rence importante dans le prochain chapitre CHAPITRE 4 DI
280. ur ces biblioth caires certaines biblioth ques publiques de la Ville de Montr a il s agirait l d une certaine forme d tiquetage qui ne viserait cependant pas influencer l attitude des lecteurs vis vis les documents identifi s n1 en restreindre l acc s Au contraire on les a publicis s F 3 Elles ont cependant admis que le logo tait un moyen efficace d alerter les gens et de se prot ger face d ventuelles plaintes C est un petit peu un moyen d avertir et de se prot ger en m me temps F 8 3 2 3 1 Acc s restreint H bert 2006 81 rappelle qu en plus d attribuer des notes aux livres en fonction de leur valeur morale la Biblioth que municipale de Montr al pla ait les ouvrages consid r s comme tant suspects ou dangereux dans un espace r serv nomm l Enfer dont seul le conservateur de la biblioth que avait la cl Dans son document Labeling and Rating Systems An Interpretation of the Library Bill of Rights VT ALA s est oppos e cette pratique dans les biblioth ques y voyant une fa on de restreindre l acc s des usagers l information The prejudicial label is used to warn discourage or prohibit users or certain groups of users from accessing the material Such labels may be used to remove materials from open shelves to restricted locations where access depends on staff intervention 2009b Encore une fois la CLA ne s est jamais prononc
281. ur de la biblioth que avait alors re u le soutien de son patron G n ralement on a un bon soutien de nos sup rieurs l dessus Parce que je pense que c est entendu que a va de soi pour tout le monde comme on dit C est quand m me l essentiel des biblioth ques la libert Fd 4 Dans le second cas il s agissait plut t d une personne qui avait demand ce que la biblioth que ach te son livre Si la biblioth que avait refus dans un premier temps elle tait revenue sur sa d cision la suite de l intervention d un lu Questionn e savoir si c est l intervention de l lu 114 qui avait eu raison de la d cision de la biblioth que la participante a r pondu par la n gative conc dant toutefois que avait peut tre acc l r le processus F 8 Advenant le cas d une directive qui manerait du conseil municipal une directrice a mis quelques r serves y Voyant une remise en question de son professionnalisme Aussi tendrait elle davantage maintenir sa position en cas d ing rence du conseil municipal Un autre directeur a plut t exprim l opinion inverse jugeant qu il n tait pas dans une position pour contester une directive venant d en haut Mettons que le maire m avait appel et qu il m avait dit tu vas sortir cette revue l de la biblioth que qu est ce que je fais la Je dis non Je dis en tant que biblioth caire je ne peux pas
282. usagers a la vie priv e CLA 1987 ALA 2006b Notre recherche s appuie plus particuli rement sur la premi re acception du terme 10 Censure Dans son enqu te pancanadienne sur les incidents de censure survenus dans les biblioth ques publiques entre 1985 et 1987 Schrader avait compar les d finitions du concept de censure propos es par divers chercheurs et not une inconstance concep tuelle rendant difficile la comparaison entre les r sultats des diff rentes recherches 1995 Aussi avait il insist sur l importance d opter pour une d finition claire et uniforme du concept de censure Empruntant la d finition propos e par Schrader nous caract riserons ainsi la censure la fois comme une intention et un r sultat In summary censorship encompasses both intent censorial pressures challenges complaints objections requests or demands for review or reconsideration and outcome That is to say it encompasses both successful and unsuccessful efforts to alter the composition of a library collection according to non professional criteria criteria that are extraneous to the library s formal collection management policies and informal conventions 1995 16 Elargissant la port e du concept de censure au del des pressions exerc es sur les biblioth caires afin de retirer ou de restreindre l acc s des documents jug s inappropri s pour certains groupes de personnes Schrader avait galement d fini la
283. usagers en mati re d acc s l information annexe 1 Aussi pouvait on lire dans le paragraphe liminaire Toute personne a le droit la libert intellectuelle c est dire le droit fondamental d acc der toutes les formes d expression du savoir et d exprimer ses pens es en public Cette pr roga tive y tait notamment li e l mancipation de l individu son d veloppement en tant que citoyen inform capable d exercer ses droits de mani re clair e dans le cadre d une d mocratie participative De ces droits du lecteur d couleraient ainsi les devoirs du biblioth caire celui ci agissant comme m diateur voire comme facilita teur entre les usagers et les ressources informationnelles Selon la Charte les biblioth caires auraient en effet non seulement la responsabilit de promouvoir et de garantir le droit la libre expression et son corollaire le droit l information mais encore celle de s opposer toute tentative visant a en limiter la port e En d autres termes il en irait du devoir professionnel des biblioth caires de pr f rer l impartialit la subjectivit la pluralit des points de vue la pens e unique les d bats d id es l apparence de consensus la libert intellectuelle tant n cessaire au bon fonctionnement d une saine d mocratie Finks 1989 UNESCO 1994 Froehlich 2000 Gorman 2000 IFLA 2001 Phenix et McCook 2005 Gazo 2009 Les biblioth
284. uspicion et bl me l gard de l ancienne exigence de libert d expression sans r serve 2007 26 Paradoxalement cet esprit de censure serait aujourd hui exerc au nom de la tol rance autrement dit de la rectitude politique c t de la censure exerc e par l tat notamment par les voies l gislative et judiciaire on retrouverait dor navant des individus et de nombreux groupes des lobbies plus ou moins organis s plus ou moins puissants qui mettraient en place des strat gies d intimidation afin d imposer leurs propres valeurs sociales morales esth tiques etc Aussi comme le souligne Pierre H bert alu pouvoir cl rical somme toute assez net et clair o la censure tait reconnue comme l gitime a succ d un pouvoir diffus qui explicitement affirme ne censurer que le minimum n cessaire mais qui par tout un r seau de ramifications souterraines chappe au regard et la conscience C est dire la difficult croissante de l tude de la censure des ann es 40 nos jours 1995 26 Ainsi quelques cas de censure ont ils t rapport s au cours des derni res d cennies dans les biblioth ques scolaires et publiques qu b coises voir Montpetit 2003 De tous les cas rapport s l incident survenu la biblioth que municipale de Hull en 2001 est sans doute le plus connu probablement en raison de la forte m diatisation dont il fut l objet alors qu une cito
285. vant un large pourcentage de la population qu b coise Or de nombreuses recherches ont d montr que plus la grandeur de la population desservie tait grande moins les biblioth caires tendaient tre restrictifs dans leur pratique Serebnick 1979 107 Aussi pourrait il tre int ressant dans un deuxi me temps d interroger les attitudes de biblioth caires travaillant dans un milieu rural desservant une plus petite population Une telle tude permettrait ainsi d obtenir un aper u plus complet des attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure les mentalit s pr valant en milieu rural tant souvent bien diff rentes des mentalit s en milieu urbain Pour terminer on ne saurait n gliger le fait que la majorit des plaintes rapport es par les participants dans la pr sente tude provenaient de parents soucieux de contr ler les lectures de leurs enfants De la m me mani re la pr sente recherche a permis de d montrer que les biblioth caires eux m mes tendaient tre plus 148 restrictifs vis vis les droits des jeunes en mati re d acc s l information Aussi la plupart des mesures restrictives impos es dans les biblioth ques publiques le seraient elles au nom de la protection des enfants Il pourrait ainsi s av rer clairant de mener une recherche sur les attitudes des biblioth caires qu b cois vis vis la libert intellectuelle et la censure t
286. ve qui releve du paradigme naturaliste ou interpr tatif Les tapes de la collecte et de l analyse des donn es seront ensuite abord es successivement Pour terminer nous pr ciserons les crit res de qualit sur lesquels repose le processus de recherche l int rieur d un devis qualitatif Les limites de la recherche seront galement abord es 2 1 Approche g n rale de la recherche La recherche qualitative repose sur une conception holiste de l tude des tres humains visant une compr hension globale du ph nom ne l tude Creswell 2003 Fortin et coll 2006 L exp rience sp cifique chaque individu y est appr hend e en contexte c est dire l int rieur de l environnement social dans lequel elle s ins re 35 l exercice de cr ation de sens propre ce type de recherche tant toujours un exercice de contextualisation Paill et Mucchielli 2010 Au c ur des pr occupations du chercheur qualitatif se trouve ainsi la signification que rev t pour les individus le ph nom ne l tude Fortin et coll 2006 cette signification prenant forme dans le v cu de chacun Paill 2007 C est la raison pour laquelle la recherche qualitative appara t le plus souvent comme une m thodologie en devenir plut t que comme une m thodologie fix e d s les premi res tapes de la recherche prenant forme mesure que l analyse avance se transformant au gr des nouvelles d couvertes
287. with professional actions taken Have you ever had to take a professional action which went against a your personal political beliefs If yes could you give me an example b your personal religious beliefs C d xxvii If yes could you give me an example your personal moral beliefs If yes could you give me an example your personal professional beliefs If yes could you give me an example Are there any other types of beliefs which you feel you have had to go against in your professional capacity as a librarian 8 Pressure to include or exclude material can be exerted by a wide variety of people and factors a Have you been pressured in the past 5 years by any groups or individuals to acquire material for the library I m referring to pressure additional to regular purchase requests If yes Could you relate the nature and outcome of the most recent incidents Have you been pressured in the past 5 years by any groups or individuals to withdraw material from the library If yes Could you relate the nature and outcome of the most recent incidents If staff not mentioned in answers to a and c Have you been pressured by a member of your staff to withdraw or acquire material If yes to a or c In general which group or type of individual do you find most difficult to deal with If yes to a or c Have you ever been verbally or physically threatened because of a profess
288. y Association American Library Association Association pour l avancement des sciences et des techniques de la documentation Biblioth que et Archives nationales du Qu bec Corporation des biblioth caires professionnels du Qu bec Children s Internet Protection Act Canadian Library Association Free Access to Information and Freedom of Expression Committee Grande biblioth que du Qu bec International Federation of Library Associations and Institutions Organisation des Nations Unies pour l ducation la science et la culture REMERCIEMENTS Parce qu un m moire n est jamais l uvre d une seule personne il faut m arr ter quelques instants et prendre le temps de remercier chaleureusement tous ceux et celles qui m ont soutenue tout au long de ce processus Je tiens d abord remercier mon directeur de m moire M ric Leroux avec et pour qui ce fut un grand plaisir de travailler Si j avais recommencer il y a quelques petites choses que je changerais mais je ne choisirais pas un autre directeur Je tiens galement a remercier mon professeur de m thodologie Mme Christine Dufour qui a toujours pris le temps de r pondre a mes questions ainsi que mon ami Jean Claude Moubarac qui m a mise sur la bonne voie Je tiens enfin t moigner ma reconnaissance tous les professeurs de I EBSI qui ont soutenu ma recherche en m accordant la Bourse du personnel Je garde de tr s bons souvenirs de mon passage l cole
289. yenne avait exig que soient retir es des rayons six bandes dessin es jug es d gradantes pour les femmes C est finalement 180 albums qui avaient t plac s en acc s restreint accessibles par les employ s seulement la suite d une d cision rendue par le conseil municipal de Hull Cette d cision avait suscit de vives r actions au Qu bec tant dans les milieux artistiques que biblioth conomiques l instar de plusieurs organismes uvrant dans le milieu du livre la CBPQ Delorme 2001 ainsi que la Grande biblioth que du Qu bec GBQ Bissonnette 2001 aujourd hui Biblioth que et Archives nationales du Qu bec BAnQ avaient d nonc ces mesures rappelant les principes nonc s dans la Charte des droits du lecteur D aucuns avaient craint un retour l poque de l Index la suite de ces nombreuses interventions dans les m dias le conseil municipal de Hull avait finalement annul sa d cision Du coup les 180 albums censur s avaient t r int gr s dans la collection L intervention publique de la CBPQ et de la GBQ d montre bien que les biblioth caires qu b cois ne sont pas insensibles aux diverses menaces qui guettent la libert intellectuelle Mais comme le rappelle judicieusement Louise Cayer 1986 les initiatives en faveur de la libert intellectuelle au Qu bec sont plut t limit es et Il convient aussi de mentionner la pol mique qui a clos sur le web en avril mai 2

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