l`avalanche des brévières du 10 février 1950 et ses conséquences
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1. l enfoncement de la sonde r sistance proportionnelle la coh sion de la neige elle m me en rapport direct avec la r sis tance au cisaillement ou la r sistance la traction En choisissant les unit s on peut obtenir des graphiques pratiquement identiques avec la sonde et avec l appareil dynamom trique ci dessus L avantage de cet appareil sur la sonde semble donc tre inexis tant Cependant nous pouvons constater que 1 Il nous permet de diff rencier exactement les diverses cou ches v compris les minces couches glac es qui peuvent chapper la sonde 2 En permettant un calcul dont nous dirons d ailleurs plus loin la valeur relative il donne la possibilit de se prononcer ap proximativement sur la d termination du danger d avalanche en un point et un moment donn s alors que le plus souvent on ne recueille ce sujet que les r ponses les plus diverses et les plus vasives m me apr s un battage de neige Remarquons d ailleurs qu il suffit de connaitre le coefficient de proportionnalit approch entre la r sistance au battage et la r sistance au cisaillement pour que la sonde de battage permette aussi le calcul Ceci dit il est vident que ce syst me est encore assez loin de donner toute satisfaction En effet il ne permet la mesure que d une partie densit de r sistance au cisaillement des facteurs phy siques dont la connaissance serait n cessaire pour d terminer exac temen2. appareillage dynamom trique M ANCHIERRI prend une densit pendant que l autre op rateur mesure une r sistance au cisaillement
3. calculer Il y a l probablement mati re recherches On sait d j que l influence des replats et ancrages lat raux ne se transmet que dans un rayon tr s res treint il serait donc possible d tablir une formule approch e assez simple qui donnerait cet effort de traction en fonction des caract ristiques de la neige plasticit hauteur densit et pente On comparerait ensuite cet effort la r sistance la traction de la neige qui est assez facilement me surable Les r sultats simples dont nous avons fait mention ci dessus doi vent donc tre largement interpr t s Par exemple au d but mars 1950 le calcul montrait le danger de glissement de la neige au dessus d une couche de neige coulante n ayant que 2 kg dm de r sistance au cisaillement alors que la composante du poids des couches sous jacentes calcul e suivant la pente moyenne de la zone de d part 70 tait de 2 kg 6 dm Cependant l alerte ne fut pas donn e car au dessus de la couche dangereuse qui se trou vait o m 20 du sol une couche de 1 m d paisseur montrait une tr s forte r sistance de 7 20 kg par dm de cisaillement Il tait vident que cette couche tr s coh rente et qui s ancrait lat ralement la for t ou des roches devait maintenir l ensemble stable Par contre le 30 mars 1950 la couche coulante s tant partielle ment glac e avait pris une r sistance de 3 kg dm et le calcul de la composante
4. REVUE FORESTI RE FRAN AISE AII L AVALANCHE DES BR VI RES DU 10 F VRIER 1950 ET SES CONS QUENCES Un appareillage simple pour contribuer la d termination du danger d avalanches Le 10 f vrier 1950 au petit jour alors que la neige tait tom b e accompagn e d un fort vent pendant 24 heures formant une couche fra che et sans coh sion de plus de 1 m d paisseur une petite avalanche se d clanchait aux Br vi res commune de Tignes Savoie 1 800 m d altitude Elle parcourait environ 300 m et s arr tait un peu apr s l une des nouvelles cit s champignons de l Electricit de France E D F la cit dite lt des Ruines gt 1 600 m tres d altitude Dans la masse neigeuse boulevers e gisaient six cadavres et les d bris de quelques chalets de bois Cet accident survenait un jour apr s celui de l Herpie dans lOi sans et ce m me Io f vrier des avalanches tombaient en plu sieurs points de la r gion coupant les communications les lignes t l phoniques et lectriques ensevelissant un camion un peu en amont des Br vi res L motion tait tr s grande et l on apprit Albertville et Chamb ry que l atmosph re morale tait devenue brusquement intenable Tignes les Br vi res Des centaines d ouvriers s estimant en danger lamaen leur vacuation imm diate et leur mise au r gime dit des intemp ries 3 4 du salaire pay des dizaines s taient enfuis sans at
5. du poids donnait seulement 2 kg 6 dm TI y avait donc en principe une certaine s curit mais les couches sus jacen tes avaient fortement diminu leur r sistance sous l influence des premiers redoux printaniers elles n avaient plus que 4 7 kg dm L E D F demandant occuper une carri re situ e sous un couloir d avalanche du versant consid r il lui fut conseill de n en rien faire Effectivement le m me jour l avalanche se d clanchait ct tombait jusqu la carri re Conclusion Quoi qu il en soit ce petit appare llage simple permet donc de donner un avis d j s rieux sur le danger d avalanches en un point et un moment donn s I peut donner aussi comme la sonde de battage des indications sur les caract ristiques physiques de la neige en diff rents points d une pente indications qui peuvent tre utiles pour d terminer l emplacement et la nature de travaux con tre les avalanches I ne co te que quelques milliers de francs et pourrait donc assez facilement tre construit en quelques exemplai rse pour certaines Inspections Foresti res de Montagne Cette pos sibilit est l origine du pr sent expos et c est pourquoi nous nous sommes un peu attard la description des d tails de l ap pareillage et de son emploi G GRIVAZ a P ag Fa Fa ae r ra SL PR j P 4 sgi Les BR VI RES 15 Mars 1950 Etude de la Neige Emploi de l
6. eur de neige de 2 m tres il faut un petit quart d heure pour cette op ration La paroi verticale du trou est lt rafra chie avec la plaque d alu minium On a ainsi une coupe tr s nette du manteau neigeux v ritable profil stratigraphique o d j l il nu apparaissent les principales couches de neige Des attouchements au doigt permet I 18 EEEE E NE EAE D a amas ses I I l nn te x I I i I i Bords affut s Ech 1 3 Fic 2 Cylindre d aluminium pour la mesure de la densit Epaisseur du m tal 1 m m environ tent de distinguer plus nettement ces diff rentes couches neige fins cristaux plus ou moins tass e couche de glace neige cou lante gros cristaux sans coh sion Cette op ration tr s simple et sans appareil permet d j de se rendre compte dans une certaine mesure du danger d avalanche On a quelquefois la surprise de constater en plein hiver notamment au moment o de grands froids font souvent dire qu il n y a pas de danger d avalanche une couche profonde de neige gros grains sans aucune coh sion et sur laquelle les couches sup rieures peuvent rouler Les profon deurs des diff rentes couches sont not es On passe ensuite aux mesures dynamom triques Pour ce faire tous les ro cm environ et notamment aux lignes de s paration des couches de neige on d cape une surface plane sur laquelle est ap pliqu le petit cadre d aluminium On accr
7. inium pour mesure de r sistance au cisaillement de la neige paisseur du m tal 1 m m 5 environ affut sur les bords inf rieurs pour pouvoir tre enfonc facilement dans la neige Un cylindre d aluminium de 1 2 litre de capacit et ouvert aux deux bouts fig 2 Comme accessoires I ou 2 pelles neige l g res et une simple plaque d aluminium pour lt rafraichir gt les coupes de neige L ensemble peut peser 2 kg et tenir facilement dans un sac de montagne Mode d emploi de l appareillage Sur la pente menac e par une avalanche on commence par choisir une station de travail Ce choix est du m me ordre que celui d une station de battage de neige la sonde il faut se mettre autant que possible pr s de la zone de d part de l avalanche haut de la pente et viter les emplacements anormaux emplacements 414 REVUE FORESTI RE FRAN AISE _ souffl s gt sur les cr tes ou emplacements d accumulation de neige dans les creux L exposition et l ensoleillement de la place doivent tre l exposition et l ensoleillement moyens du versant ava lancheux On choisit g n ralement un replat en bordure du cou loir ou imm diatement au dessus de la zone de d part de lava lanche La station choisie on commence par creuser un trou vertical dans la neige Ce trou de forme rectangulaire doit aller jusqu au sol et tre assez vaste pour que deux op rateurs puissent y tenir ais ment Avec deux pelles et une paiss
8. nsabilit qui n entrait d ailleurs pas dans ses attribu tions normales Cependant tant donn les circonstances et la fer met de la demande du Pr fet nous l avons accept e L appareillage dynamom trique La difficult tenait en partie au fait qu un Officier Forestier ne pouvait absolument pas rester demeure en Haute Tarentaise car ce surcroit de travail ne dispensait pas le Service de Restauration des terrains en Montagne en Savoie de ses t ches normales L E D F s offrait financer toutes acquisitions du mat riel n cessaire et fournir le nombre d hommes demand s Il fallait donc d faut de mieux trouver un mat riel simple mettre dans les mains d une quipe locale de surveillance avec des instructions sim ples permettant cette quipe contr l e par le Garde Forestier local de donner elle m me s il v avait lieu lavis de danger en attendant que monte un Officier Forestier du Service de Restau ration des terrains On sait que les conditions de formation d une avalanche sur une pente couverte de neige sont sous la d pendance de nombreux fac teurs dont les uns sont d ordre topographique pente accidents du terrain et les autres d ordre m t orologique temp rature vent ensoleillement nouvelles chutes de neige ou de pluie Mais les ac tions de tous ces facteurs sont fid lement int gr es dans les couches neigeuses sous la forme d une variation des caract risti ques
9. oche le dynamom tre au cadre et on tire parall lement aux bords du cadre jusqu rupture fig 3 Cette rupture se produit au moment o une tran che de neige gt de la dimension exacte du cadre 1 dm est en L AVALANCHE DES BR VIERES 415 4 tra n e par cisaillement sur la tranche sous jacente La tranche de cisaillement est habituellement tr s nette sauf lorsque la r sistance est tr s grande plus de ro kg au dm En principe cette r sis tance au cisaillement devrait tre mesur e parall lement aux cou ches de neige Par raison de commodit on la mesure peu pr s horizontale ce qui ne conduit qu des erreurs n gligeables L op ration est compl t e par la mesure de la densit des prin cipales couches de neige rep r es au d but Pour ce faire on uti lise le cylindre de 1 2 litre de capacit que l on remplit rapidement de neige Le cylindre rempli est suspendu au dynamom tre qui sert ainsi de balance La connaissance du poids du cylindre vide et stratification Mantes des diff rentes 9 e k e qeu couches de neige ee J tranchee ouverte dans le manteau neigeux Fic 3 Mesure de la r sistance au cisaillement de la neige du fil de fer qui sert le suspendre permet de calculer rapide ment la densit On mesure aussi sur le terrain ou d faut sur le plan direc teur la pente de la zone possible de d part de l avalanche L ensemble de ces op ra
10. physiques de cette neige densit coh sion et r sistance la traction ou au cisaillement Il suffit donc de pouvoir mesurer ces caract ristiques ou quel ques unes d entre elles pour conna tre du m me coup une grande partie des conditions de formations d une avalanche et ce sont ces mesures qu il fallait pouvoir faire ex cuter le plus simplement pos sible par une quipe non sp cialis e La sonde de battage de neige du type suisse dont il a d j t fait mention dans la Revue des Eaux et For ts n de janvier 1947 et n de juillet 1948 eut t utilisable Mais nous n en avions pas notre disposition et il s av rait difficile d en obtenir avant L AVALANCHE DES BR VI RES 413 assez longtemps les seules existant en France taient utilis es ce moment l par M l Inspecteur Adjoint SULZL E qui les avait fait construire dans les Pyr n es Nous fimes donc appel aux sp cialistes de l Institut F d ral Suisse de la neige Tr s rapidement ceux ci nous donn rent les renseignements n cessaires la construction d un petit appareillage qui fut construit en 3 exemplaires en quelques jours Cet appareillage comprend Un cadre d aluminium de 1 dm de section fig 1 Deux dynamom tres l gers l un mesurant des efforts de o 5 kg l autre de o 10 kg lames intermediaires d entrainement de la neige lame de fixation du crochet crochet Ech 1 4 Fic r Cadre alum
11. t le danger d avalanche En particulier l effort de traction caus par le poids du manteau neigeux et transmis par la coh sion de la neige dans les parties sup rieures d une pente reste inconnu Or l on sait que les avalanches sont surtout caus es par les ruptures la traction dans le haut des pentes Cet effort de traction qui d pend de la plasticit de la hauteur de la densit et de la pente de la neige ainsi qui secondairement des ancrages L AVALANCHE DES BR VI RES 417 Les BR VI RES Bordure du couloir davalanche Alt 1 800 m Le 15 Mars 10950 11 h ciel clair Pente de la zone dangereuse amp Composante de P suivant cette pente P sin x soit P 4 066 rA gr 4 066 X sin 45 gr 2 54 kg dcm 2 54 kg dcm2 lt 2 8kg dem v a D Ki 2 4A os v L L aS co 3DV 9 9 O Don om c lt gt lt c me U ae NO ES eu C CP U P Ni EE 1e I h ANRT RARRRE MAMARA Sasa w 1 TEE malle de glace P Pen possite de Islssement PE i en Ka d cron tab 5 Fic 4 Graphique de la r sistance au cisaillement des couches neigeuses et calculs N s des couches Epaisseur Densit Poids P dem kg dem3 pee TERESE d i 2 4 0 22 0 528 9 5 0 32 1 5 3 L5 0 32 0 48 4 2 9 0 32 x 0 928 5 sr 0 3 0 63 Total seres 4 066 418 REVUE FORESTI RE FRAN AISE lat raux cr tes rocheuses et des replats est tr s difficile
12. tendre m me une r ponse ces revendications Le Pr fet de la Savoie prit donc la d cision le dimanche 12 f vrier de r unir une commission de techniciens charg s de d ter miner si Pon pouvait ou non continuer le travail aux Br vi res dans des conditions de s curit acceptables Cette commission r unie la h te comprenait en particulier Plng nieur en Chef des Ponts et Chauss es un Officier d Intan terie Alpine issu de l Ecole Militaire de Haute Montagne et le repr sentant de Administration des Eaux et For ts Apr s deux heures d investigations chaque membre de la Commission fut ap pel donner un avis devant le Pr fet deux des trois D put s de la Savoie et le Directeur R gional de E D F 412 REVUE FORESTI RE FRAN AISE Pr s de l les d l gu s ouvriers attendaient dans une atmosph re tr s tendue le r sultat de cette conf rence et la r ponse qui en d coulerait de la part de E D F et du Pr fet Finalement les parlementaires le Pr fet et PE D F demand rent que l Aldministration des Eaux et For ts consid r e comme la plus comp tente en la mati re surveill t les dangers d avalan ches aux Br vi res et donn t lorsqu il y aurait lieu avis de ces dangers moyennant quoi les ouvriers accept rent pour la plupart la reprise du travail Les autres regagn rent le chantier peu apr s C tait une tr s lourde responsabilit pour F Administration Fo resti re respo
13. tions y compris le creusement du trou prend environ avec deux op rateurs et un secr taire trois quarts d heure pour une couche de 2 m de neige On fait souvent deux stations diff rentes sur la m me pente avalancheuse ce qui re pr sente une heure et demie non compris videmment les d pla cements Les r sultats Une fois rentr au bureau on tablit le graphique de la r sis tance au cisaillement des couches neigeuses fig 4 Sur ce gra 416 REVUE FORESTI RE FRAN AISE phique la couche de glissement possible celle qui a la plus faible r sistance est rep r e et on fait par rapport cette couche un calcul simple qui consiste comparer 1 Le poids de la neige au dessus de cette couche ou plut t la composante suivant la pente de ce poids c est dire la force de cisaillement qui s exerce sur cette couche dangereuse 2 La r sistance au cisaillement de cette couche Si la force de cisaillement est gale ou sup rieure la r sistan ce au cisaillement on peut en conclure qu il y a danger au moment consid r Quelle est la valeur de cette m thode Ceux qui sont au courant des tudes r centes de la neige auront reconnu dans le graphique de la r sistance au cisaillement des cou ches de neige l allure des graphiques de lt battage de neige gt ef fectu s avec la sonde de battage On pouvait s y attendre puisque le graphique de battage repr sente la r sistance de la neige
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