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1. fait un r ve je dormais mon r ve tait comme a comme a comme a Nous all mes ensemble jusque l bas et je vis tous les endroits dont elle parlait Elle r p ta qu elle lui avait dit Attention Votre mpanjaka ne me croit pas encore Il va voir les choses que je vais fai re s il continue Elle dit qu elle tait boulevers e quand c tait arri v J tais encore sous le coup Ah l enfant tu as vu a Elle persista C est a que j ai vu Vraiment tu as vu a Vraiment je l ai vu Tu oserais soutenir cette chose J oserais la soutenir Bon J envoyai un Sambiarivo appeler deux conseillers Hataka Jomanadoan ils vinrent moi ici Cette en fant est venue voil ce qu elle m a dit Allons expliquer l affaire qui est sortie sur cet enfant au mpanjaka Jomanadoany dit Allons avec cet enfant pour nous expliquer Alors on y alla tous ensemble on alla chez Andriamamatatra T3 Qu est ce que vous avez dire On le salua puis je dis Cette enfant a vu des choses quand elle dormait elle a r v cette nuit Pas moi mais elle qui est ici coute la parler de ce qu elle a vu Si C est moi qui parle je pourrais faire des petites erreurs c est elle seule qui doit parler Parle Mboty Mboty dit une par une les choses qu elle avait vues de la premi re la der ni re Alors Andramamatatra ne 118 fut plus sceptique du tout Il f
2. Jean Fran ois BAR Anthropologue directeur de recherche la retraite de PIRD et de l Universit de Paris I Panth on 977 POUVOIR DES VIVANTS LANGAGE DES MORTS ID O LOGIQUES SAKALAVAA Un document produit en version num rique par R jeanne Toussaint ouvri re b n vole Chomedey Ville Laval Qu bec Page web Courriel rtoussaint aei ca Dans le cadre de Les classiques des sciences sociales Une biblioth que num rique fond e et dirig e par Jean Marie Tremblay professeur de sociologie au C gep de Chicoutimi Site web http classiques uqac ca Une collection d velopp e en collaboration avec la Biblioth que Paul Emile Boulet de l Universit du Qu bec Chicoutimi Site web http bibliotheque uqac ca J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 2 Politique d utilisation de la biblioth que des Classiques Toute reproduction et rediffusion de nos fichiers est interdite m me avec la mention de leur provenance sans l autorisation for melle crite du fondateur des Classiques des sciences sociales Jean Marie Tremblay sociologue Les fichiers des Classiques des sciences sociales ne peuvent sans autorisation formelle tre h berg s en fichier ou page web en totalit ou en partie sur un serveur autre que celui des Classiques servir de base de travail un autre fichier modifi ensuite par tout autre moyen couleur police m
3. Q Oui c est vrai mais excuse moi tout le monde le sait a les rois ont souvent pous des parents R Oui ils ont pris souvent des parents comme nous avons fait nous m mes autrefois nous avons pris des parents comme moi qui suis Sakalava nous tions des rois mais on avait trop d id es mauvai ses notre pouvoir tait mauvais les femmes qui taient enceintes on leur ouvrait le ventre pour voir l enfant l dedans on 38 les mettait 30 Michel Tsimibiry fait allusion une parent mythique entre les Zafindrama havita et les Ma oroomby les uns dits fils des hommes et les autres consid r s comme fils des femmes On reviendra sur cette importante distinction J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 42 dans un village on les attachait un arbre et on les frappait il n y a rien qu on n ait pas fait alors on a supprim a vraiment On peut nettement remarquer dans les propos du grand intercesseur des Bemihisatra la double attitude voqu e Il associe au caract re mauvais de l ancien pouvoir des Ma oroomby les pratiques d en dogamie de cat gorie politique quelques lignes plus loin cependant il affirme que c est une bonne coutume Cette contradiction r sume l ensemble des attitudes sakalava relatives l union matrimoniale et aux firaza ana d une part en effet les unions endogames permettent de conserver le statu
4. _ Les Syst mes politiques des hautes terres de Birmanie Maspero Paris 1972 LEFORT C Esquisse d une gen se de l id ologie dans les so ci t s modernes Textures vol 8 9 1974 L VI STRAUSS C La Pens e sauvage Plon Paris 1962 Les Structures l mentaires de la parent Mouton Paris La Haye 1949 2 d 1967 L Homme nu Plon Paris 1971 LLOYD P The Political Structure of African Kingdoms an Exploratory Model in M Banton ed Political Systems and the Distribution of Power Tavistock Publications London 1965 p J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 154 63 109 MANNONI O Clefs pour l imaginaire ou l Autre Sc ne Le Seuil Paris 72966 MEGGITT M J The Lineage System of the Mae Enga of New Guinea Oliver and Boyd Edinburgh 1965 MORIN E intervention dans une Discussion L Unit de l homme Le Seuil 1974 p 806 OTTINO P Rangiroa Parent tendue r sidence et terres dans un atoll des Tuamotu Cujas Paris 1972 La Hi rarchie sociale et l alliance dans le royaume de Matacassi des XVI et XVII si cles Asie du Sud Est et Monde in sulindien vol 4 1973 p 53 89 POUILLON J postface l dition fran aise des Syst mes poli tiques des hautes terres de Birmanie Maspero Paris 1972 143 SAHLINS M D On the Ideology and Composition of Des cent Groups Man Vol
5. faire requ te Tsiomeko pendant la c r monie la poss d e l agresse elle est imm diatement exclue de sa charge par les conseil lers de Fatoma Le dialogue entre vivants et morts royaux illustr par cet exemple montre la nature et l extension de l id ologie politique Le culte des morts royaux et sa r alisation par la possession politique sert de soubassement continu au langage de la prise de d cision et de sa l gitimit alors qu il est convenable que Rahema en transe et repr sentant Tsiomeko fasse opposition au plus haut personnage 107 de l appareil des vivants elle sort de son r le si elle l agresse et cesse alors d tre authentique donc d tre une vraie poss d e Le langage de la mort et de l existence posthume d finit ainsi dans un consensus assez fort des mod les de conduite et d inconduite 57 Sa syntaxe d finit les r les respectifs des groupes porteurs de la d cision poss d s d une part sans qui les dignitaires des morts descendants d esclaves ne sont rien souverain et conseillers directs de l autre La le on que tirait Aharnady Andriantsoly fils d Amada de ce long processus conflictuel tait qu la fin ce sont toujours les pan jaka qui gagnent Cette affirmation sous entendait que l tait l un des probl mes engendr s par le fonctionnement d un syst me id olo gique fond sur des m diations imaginaires 1l fallait assigner un sens univoque l acti
6. ils pren nent sur eux de fournir cette derni re les moyens de trouver un sens l action sociale C est sans doute l originalit du syst me politique sakalava du Nord de r aliser ou d incarner ce sens de la soci t et des destin es individuelles se rappelant ainsi sans cesse le contrat fonda mental et tautologique par lequel l ordre politique est maintenu Le sens est une pr occupation essentielle quotidienne des Sakalava d un individu ayant coutume de transgresser des r gles 1ls disent qu il n a pas de sens tsisy dikan quand ils apprennent que des nations du monde ont pour id ologie officielle de ne pas croire en un dieu ils montrent comme Botsilahy un vieil artisan la souche du cocotier le plus proche et interrogent Ce cocotier est sorti de sa graine mais qui fait la premi re graine si ce n est Dieu za ahary Et de J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 150 Dieu aux rois il n y a que la distance d une phrase Les rois ce sont des gens saints que Dieu a install s sur le dessus de la terre Jaosen ga Les Sakalava du Nord rappellent 140 ainsi paradoxalement qu aucun pouvoir n atteint la rationalit absolue qu il est toujours fon d sur des choix particuliers d ordre id al qui laissent dans l ombre ou accentuent certains des mat riaux rigoureusement identiques partir desquels se constituent les cultures que tout
7. propre au sens symbolique du terme mais ce qui dure qui r siste et en derni re analyse la force po litique pr t e aux d tenteurs du pouvoir dans la mesure o les nobles passent comme on va le voir pour tre d positaires d une efficacit religieuse li e leur puret Ainsi que l a remarqu H Lavond s dans un article de 1963 55 la notion de masigny o masina s tend d ail leurs ce qui fonctionne en g n ral qui est conforme sa fonction 55 H LAVOND S Magie et Langage notes propos de quelques faits malgaches L Homme Revue fran aise d anthropologie vol 3 n 3 1963 pP 109 117 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 105 d sign e il citait ainsi les paroles d un interlocuteur sakalava Masi koro du Sud Ouest qui apr s avoir r par sa bicyclette lui disait qu elle tait mbola 97 masina nouveau efficace Le champ s man tique du terme masigny est surcharg pour ainsi dire 1l n est pas impossible qu une enqu te syst matique r v le son propos une im portante extension des champs sociaux inattendus Les conceptions premi res vis vis des cadavres semblent donc partag es par les deux niveaux principaux de la hi rarchie sociale Tout cadavre est dange reux actuellement aucun Sakalava quel que soit son statut n oserait se promener sans raison pr cise et seul aupr s d un cimeti re qu il soit royal ou
8. remarqu e en ce qui concer ne l Inde par L Dumont elle montre le caract re totalisant des or ganisations monarchiques La deuxi me acception du terme firaza ana incluse dans la pre mi re est une conception li e directement cette fois la parent Fi raza ana est form sur raza a ascendant mort anc tre Les gens appartenant un m me firaza ana olo firaza ana araiky sont consi d r s comme descendant par des relations consanguines d un m me 24 C est dire du c t paternel et du c t maternel 25 Fitondrasa a signifie litt ralement action de porter ou d emporter C est un terme qui est souvent employ par les Sakalava en ce qui concerne les pr rogatives et devoirs du pouvoir 26 Responsabilit traduit ici fifondrasa a nouveau employ 27 L DUMONT op cit p 63 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 38 anc tre On retrouve ici une notion d sormais tr s classique en an thropologie celle de clan offrant un champ la fois plus large et plus flou que le clan des Notes and Queries in Anthropology inspir de la conception strictement unilin aire de A R Radcliffe Brown 28 D une part en effet si les groupes tr s dispers s territorialement que sont les firaza ana sont d abord d finis par rapport l appareil monarchique et singuli rement par r f rence aux prestations rituelles dont certaines de ces cat gori
9. sations sociales et politiques l ext rieur des conjonctures de l histoire et du changement leur encastrement relatif dans les conditions objectives et la base mat rielle de leur existence la diachronie dans leur mouvement interne et sa coh rence Double mouvement qui est au c ur des monarchies sakalava dont on ne peut rendre compte sans r f rence aux conjonctures historiques qu elles rencontr rent la conqu te coloniale fran aise de 1895 1900 les r arrangements struc turaux qu elle d termina en elles ni sans conna tre la structure de leur hi rarchie et de leur stratification pr existantes ou ext rieures si l on veut leur histoire tures that order people s expectation of their own and other s cultural roles and behavior p 139 23 Par exemple M J MEGGITT The Lineage System of the Mae Enga of New Guinea Oliver and Boyd Edinburgh 1965 H D EVERS Loosely Struc tured Social Systems Thailand in Comparative Perspective Yale Universi ty New Haven 1969 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 33 30 POUVOIR DES VIVANTS LANGAGE DES MORTS IDEO LOGIQUES SAKALAVA VI LA MONARCHIE BEMIHISATRA DES ORDRES SOCIAUX AUX TERRITOIRES DES TERRITOIRES AUX STATUTS Retour la table des mati res Depuis Homo hierarchicus l analyse des syst mes politiques s est enrichie des discussions portant sur le pouvoir en Inde sur le degr
10. vivants et morts qui d finissent les formes sociales de la mo narchie Il est hors de doute que la forme centralis e de cette derni re encore facilement perceptible entretienne avec pour reprendre des termes de Marx l unit sup rieure des morts royaux des rapports d homologie De la m me mani re que l appareil politique converge vers un souverain dont l unicit est une pr occupation constante le contr le de la d cision politique le contr le du contr le selon la formule d Edgar Morin est assur par des r les sociaux plac s imagi nairement au dessus du souverain lui m me Mais ce serait retomber dans les erreurs fonctionnalistes de consid rer que l appareil politique sous sa forme centralis e est seul r el et que les poss d s et les morts constituent comme l image sp culaire de cette centralisation car cette derni re est d termin e en derni re analyse par les choix des personnages dont l appareil politique lui m me d finit le r le c est dire les pr tres familiaux des groupes locaux de haut statut Chaque Sakalava du Nord qui suit ma araka les Bemihisatra est ainsi d une certaine mani re d positaire de l ensemble des formes fonda mentales de l ordre politique L anthropologie du politique a toujours eu tendance semble t il oublier que les syst mes politiques produisent aussi du sens en tant qu organisations s par es d une ventuelle soci t civile
11. Cela explique l assez grande fr quence de mariages par change de s urs fanakalo anaba vy ou de mariages de groupes de fr res pousant des groupes de s urs seul moyen de r p tition d alliance dans un m me groupe dont l int r t est de ne pas disperser les diff rents enfants des femmes Il est vident en effet qu il existe une large co ncidence entre proxi mit g n alogique et donc interdiction matrimoniale et proximit r sidentielle L interdiction matrimoniale qui ne peut concerner qu un groupe de germains puisqu elle prend la forme d une interdiction de parent le est ainsi un facteur de dispersion relative des descendants des membres f minins des fariky Cela implique pour les femmes tou te une s rie de cons quences d favorables qui sont d duites imm dia tement de l importance pour leur s curit conomique que rev t leur pr sence dans le groupe o elles ont t lev es c est dire tr s g n ralement le groupe de leur p re si elles se marient et si l union offre un caract re durable ne rev t pas un aspect d aventure korom bemba si fr quent chez les femmes sakalava actuelles il est probable qu elles seront int gr es au fariky de leur mari et qu elles n auront plus de 59 rapport avec leur propre groupe que mortes Cette alternative conjugu e avec la disparition progressive des prestations matrimonia les febim badia a qui d ailleurs n assuraient probablement
12. GOODENOUGH Kindred and Hamlet in Lakalai New Britain Ethnology vol 1 n 1 1962 p 5 12 et J D FREEMAN On the Concept of the Kindred The journal of the Royal Anthropological Institu te Vol 91 n 2 1961 p 192 220 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 40 B L appartenance aux firaza ana et sa transmission Les conceptions sakalava actuelles relatives l inceste sont rigou reuses le rang des consanguins consid r s comme interdits est ex tr mement large et s tend th oriquement aussi loin que la m moire g n alogique elle m me Cette conception s applique galement en th orie aux personnes se r clamant d un m me firaza ana dans la mesure o cette m me appartenance recouvre n cessairement des rela tions g n alogiques de consanguinit Dans la th orie locale les groupements claniques sont donc exogames en fait l union de per sonnes appartenant une m me cat gorie n est pas consid r e avec la m me r probation que l union de collat raux proches cousins ger mains ou cousins au premier ou deuxi me degr Certains informa teurs d clarent m me comme Jaotogny l actuel premier conseiller Bemihisatra de la Grande Terre que si l on ne se cache pas et si l on fait une pri re joro si l on accomplit la coutume sakalava des gens de m me cat gorie peuvent se marier Kabaro un membre des groupes sakalava Ma oroo
13. bien tre Un endroit ou une terre est dite chaude lorsqu on y constate l appa rition de maladies fr quentes Dans la m dication traditionnelle toute une symbolique de la fra cheur est associ e la gu rison Une potion ayant t appliqu e sur le corps d un malade et l ayant gu ri doit tre mise ensuite l abri dans un endroit consid r comme frais tronc d arbre humide ma r cage la maladie tant sinon cens e passer dans l endroit chaud En fait on est en pr sence ici d une inversion structurale d un vocabulaire puis qu il s agit simplement d opposer un terme royal au terme usit norma lement par les roturiers et qui a pour effet d opposer deux ordres politi ques J ai pr f r traduire fanafana par fra cheur dans l optique de l usage g n ral du terme J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 132 fanompoa a Et puis Tsimibiry Apr s a il y avait quelqu un qui s appelait Tsaralaza un Tsimihety qui savait manier les choses pr cieuses et puis surtout il savait bien regarder parce que a faisait longtemps il ne fallait rien perdre C aurait d tre un Antankoala mais ils ne savaient pas s y prendre Il fallait bien prendre quelqu un Tsaralaza l a ne venait pas par sa cat gorie mais c tait un sp cialiste de la chose Il tait bien connu Antsohihy Il y avait des Jin go Tsimibiry le Sakalava Mais c tait
14. e par 11 la g ne de paysans la stature lourde dont les mains sont parfois ani m es d un l ger tremblement Le pouvoir fanjaka a ou bien le pou voir malgache fanjaka a gasy Dans la p riph rie des villes dans la p riph rie de l histoire politique du Nord Ouest implant es dans les quartiers denses o les Comoriens dominent des familles royales is sues des dynasties les plus puissantes de l le voici deux si cles alors despotes et chefs de guerre monopolisant gr ce leur contr le des traitants islamis s les r seaux commerciaux avec les cit s tats de la c te africaine implant s Majunga et l apog e de leur puissance contr lant l ensemble de l Ouest malgache de Di go Suarez Tul ar Le pouvoir fanjaka a ou bien le pouvoir d autrefois fanjaka a taloba Une expression qui laisserait vite conclure l observateur pres s un affrontement entre une tradition d volue des lambeaux de groupes en voie d extinction et une modernit complaisamment affir m e par les Sakalava eux m mes dont le premier mouvement envers les rois peut confiner la condescendance quoi renvoie pourtant cet autrefois Pr sence des rois et des morts royaux F vrier 1971 une couturi re cr ole parle d un jugement inflig au fils soup onn de vol du souverain Amada mort en 1968 On lui au rait fait boire de l or volamena Elle baisse la voix comme le ferait une femme sakalava sans gra
15. es principalement sur les littoraux qui paradoxalement sont d crites comme ant rieures l ar riv e des rois Le choix du village d Ambatozavavy correspond l ancienne t de son mababo ant rieur celui d Ambalarafia et contr l par des ana doany li s aux groupes Bemazava du Sambirano 86 De m me le choix de Fascene correspond l anciennet des droits exerc s par les dynasties Zafy ny Fotsy Antankara a sur le Nord Fascene fut le premier doany Zafy ny Fotsy de Nosy Be sans doute contemporain de la fuite d Andriantsoly et de sa famille proche depuis Majunga jusqu Anorot sangana soit environ les ann es 1820 87 Ndramamitranarivo est le nom posthume du fils de Tsiomeko A ono fon dateur en 1849 des groupes Bemihisatra d Antognibe Analalava J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 131 et le second je ne me souviens pas bien Et puis alors il y avait un charpentier qui s occupait des bois de la construction chaque fois pendant la construction il y avait les moasy d Adramamatatra et l ils avaient enlev les mauvais sorts qui pouvaient tre sur le bois et les pierres et alors il y avait un b uf ils avaient enlev les mauvais 122 sorts avec le b uf et puis enterr du hasigny F8 et des m dica tions qu on fait toujours pour que l endroit conserve la fra cheur Les planches les madriers tout a on avait t les chercher sur les terres d Andram
16. et il n est pas exag r d affirmer que les groupes lo caux sont fond s sur eux et non pas qu ils mergent parmi des grou pes locaux de qui proviendrait leur l gitimit 42 42 Cette pr dominance du politique dans les organisations locales de Nouvelle Guin e a t voqu e notamment par J A Barnes comparant les structures sociales africaine et n o guin enne Parmi les Tiv et les Tallensi et moins J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 64 Par le moyen de cette centralisation des groupes locaux se cons truisent en retour les rapports entre les unit s locales organiques des roturiers et les unit s des aristocrates C est ce qu exprime en raccourci Abdillah Adakoto propos des Zafindramahavita d Ampasimena au moment o son p re Bao en tait le responsable Bao tait fils de Bebaka et tait fr re de Binao Bao s appuyait sur les Zafimbolamena et le fariky de Bao s appuyait sur lui C L alliance et l instabilit matrimoniale roturi re Les Sakalava du Nord sont probablement l une des soci t s Malga ches o les couples sont les plus instables et o hommes et femmes ont le plus grand nombre d unions Une enqu te syst matique faite en 1970 1971 dans le village d Ambatozavavy faisait appara tre une 58 moyenne oscillant entre cinq et six unions par personne non compris les relations adult rines vamba ou mariages au dehors va dia a a
17. g n alogiques du groupe Jingo d Ambatozavavy qu on a d j men tionn J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 68 ANTSAKOAMANONDRO AMBATOZAVAVY Tinavoko BAO NGEZA F Zavavybe TOMBOBE ee TSIASENGITRY Horavaka Binty JAOFENO SAIDY A aloko MANANJARA 4 ADAMENA Ce tableau r examine le cas d une union stable celle d Horovaka fille de la fondatrice du groupe Jingo d Ambatozavavy Tinavoko Ho ravaka a t mari e dans le village d Antsakoamanondro au nord d Ambanja et a eu de nombreux enfants Une fille de Tinavoko r si dant Ambatozavavy apr s des unions instables a adopt apr s sa m re un fils de sa s ur Horavaka Saidy Une petite fille de 62 Ti navoko Af aloko plac e dans la m me situation que Zavavybe union instable a adopt un petit fils d Horavaka fils de la fille de cette der ni re Binty Vao fille de Tinavoko a ensuite adopt Jaofeno fils d Horavaka En contrepartie ce dernier a lev deux enfants de Tom bobe fils de Tinavoko jusqu ce que lui m me ait des enfants On voit que ces adoptions qui il faut le signaler sont des adop tions transitoires ont essentiellement pour but de conserver des rela tions entre deux communaut s r sidentielles relativement loign es se r clamant au sens large d un m me fariky et ayant donc quelque vocation se heurter sur le plan du contr le foncier Le caract re tran sit
18. les cas de protection octroy e par un souverain supr me un collat ral sont nombreux l int rieur du groupe de descendance une lign e est dominante celle dont l un des membres actuels d tient le pouvoir politique et re ligieux l int rieur d un territoire D apr s Ahamady Andriantsoly c est le souverain supr me qui joue l int rieur de son groupe le r le de chef de famille qu on a voqu ci dessus pour les groupements ro turiers sa famille proche et lui m me constituent un centre aupr s duquel viennent r sider les collat raux qui peuvent parfois recevoir un segment de territoire cas du territoire de Komamery l int rieur duquel ils jouissent d une autonomie relative c est dans l enceinte r sidentielle de sa demeure zomba que sont pratiqu es les premi res sorties des enfants du groupe royal qui ent rinent leur appartenan ce et c est galement lui qui r unit par une politique d adoptions sys t matique les membres de lign es dispers es territorialement 46 Notamment G P MURDOCK Cognatic Forms of Social Organization Social Structure in South East Asia Viking Publications in Anthropology Chicago 1960 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 73 66 Nom Lign e Lieu d origine Relation de parent Makarakara Safy Aboudoy Majunga fils de cousin germain Simama Safy Mainty Komamery arri re petite fille de c
19. ologie comme ext rieurs au d bat Il fallut attendre la parution d un ouvrage capital de Maurice Gode lier Rationalit et irrationalit en conomie 4 pour entrevoir les questions th oriques que soulevaient les positions classiques concer nant l conomique et donc l id ologique On commen ait entrevoir qu force de renverser Hegel les personnages que Marx auraient ap 1l Dans sa communication Une anthropologie conomique est elle possi ble au colloque du Centre Royaumont pour une science de l homme consacr L Unit de l homme M Godelier cite la lettre suivante de F En gels J Bloch de septembre 1890 D apr s la conception mat rialiste de l histoire le facteur d terminant de l histoire est en derni re instance la production et la reproduction de la vie r elle Ni Marx ni moi n avons jamais affirm davantage Si ensuite quelqu un torture cette proposition pour lui fai re dire que le facteur conomique est le seul d terminant il le transforme en une phrase vide abstraite absurde L Unit de l homme Le Seuil Paris 1974 12 Voir ER LEACH Critique de l anthropologie P U F Paris 1968 Les Syst mes politiques des hautes terres de Birmanie Maspero Paris 1972 et la postface de J Pouillon 13 Se reporter au remarquable article de C LEFORT Esquisse d une gen se de l id ologie dans les soci t s modernes Textures vol 8 9 1974 14 M GODELIER Rationalit e
20. ou la simple communaut est unilat rale d une part les enfants d un aristocrate et d un roturier r sident toujours dans le groupe de l aristocrate d autre part il arrive que l pouse d un aristocrate rompe pratiquement les liens avec son groupe d origine pour tre int gr e dans un segment r sidentiel pouvant prendre la forme d une famille tendue Le tableau suivant r capitule les types de r sidence des roturiers alli s la famil le royale pendant l union et apr s J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 80 73 Nom du conjoint roturier ABDERIMANE ROPA OZA Bema angy Tafara Safy Hindy SAID MOHAM MAD RAVELO MANANA ALY JAOTOMBO BETOMO ARUSI homme homme Marie Teta Teiba R sidence pen dant l union uxorilocale uxorilocale virilocale virilocale virilocale uxorilocale uxorilocale grou pe matrilocal de sa femme famille restreinte uxorilocale uxorilocale uxorilocale famille restreinte uxorilocale virilocale uxorilocale R sidence apr s l union avec son fils Ampasimena dans son groupe avec ses enfants Andavakotoko dans son groupe dans son groupe Anjiabe dans son groupe dans segment de son groupe dans son groupe Observations enterr Ampa simena enterr e dans son groupe union instable veut tre enterr e
21. pas Fatoma mais la reine Tsiomeko ensevelie au milieu d elles Apr s un silence il ajoute que le secr taire de la reine tait mort peu apr s cette histoire C tait une sanction posthume figny d An driamamalikiarivo dit il Mai 1972 apr s plusieurs jours d meutes Tananarive o les for ces r publicaines de s curit tirent dans la foule d tudiants mass e avenue de l Ind pendance le pouvoir r publicain change de mains Dans le Nord l un des principaux bastions de l ancien parti au pou voir le Parti social d mocrate la d tente est pourtant assez g n rale Le premier conseiller Mahamoudou me fait part de son d sir d tre lu d put la radio Ahamady Andriantsoly lance un 14 appel pour que les Sakalava qu il contr le votent pour le nouveau chef de l tat qui malgr les pleins pouvoirs re us de son pr d cesseur sollicite l investiture populaire Le g n ral Gabriel Ramanantsoa est originaire des hauts plateaux de Madagascar et beaucoup de ses collaborateurs directs sont d origine merina issus des m mes familles qui tenaient le pouvoir dans les monarchies du XIX si cle avant la colonisation fran aise L affrontement c tes plateaux tant un des st r otypes pr sents a l esprit de tous les commentateurs et l un des sch mas id olo giques les plus manipul s le th me politique dominant du gouverne ment est l unit nationale D cembre 1972 je sollicite un haut perso
22. s lors des tran ses 1ls ne lui parlent que par interpr tes interpos s L ensemble des membres respectifs de ces deux hi rarchies politi ques d finies par des concepts et non par un r le instrumental se trouve dans une situation paradoxale D un c t la croyance en 101 l existence posthume des morts royaux d termine l opposition morts vivants et cette opposition s associe celle qui renvoie dos dos le souverain vivant et ses anc tres D un c t la succession poli tique d un souverain un autre est une n gation car c est une dispari tion qui entra ne la succession la charge de l autre pouvoir succ der la charge de souverain supr me c est avant tout tre fils de quelqu un tre constitu physiologiquement dans une relation de des cendance La hi rarchie des morts celle des vivants paraissent ainsi refl ter l h sitation d une pens e politique privil gier dans l h ritage du pouvoir politique le double visage de la perp tuation du groupe noble la mort d un roi le remplacement de ce roi quivalent pourtant nul autre puisque plac au sommet d une hi rarchie pens e Cette m me dialectique est au centre de la charge de poss d royal la mort de tout aristocrate apr s la cl ture de ses fun railles il se r incarne chez un individu n cessairement roturier Il existe alors un crit re de v rit de cette r incarnation la l gitimation par le dou ble coll ge de
23. tails gard s secrets quand cela est possible des enterrements royaux et l v nement s tant pass devant de nom breuses personnes Ce fait cependant ne dut lui tre communiqu avec d autant plus de r ticences qu il le fut par un Bemihisatra Mais un Bernazava pouvait tr s bien en avoir t inform les changes et la mobilit tant grands entre Nosy Be et la r gion d Ambanja L anecdote concernant l inhumation elle m me est plus troublante Des individus d sign s pour de tels travaux sont astreints un secret total la connaissance de d tails li s des processus rituels constituant en soi m me un pouvoir De telles responsabilit s sont li es de grands risques Maharnoudou Daoud est hors de cause L intercesseur du royaume d alors qui l accompagnait dans l enceinte n est mort qu en 1953 et aurait donc pu conna tre l poque la femme d Antsat saka Je n ai cependant aucune raison de privil gier une telle hypoth J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 146 se Les intercesseurs sont au contraire des gens d sign s pour leur grande probit leur sens de la discipline rituelle Il est probable qu en tout cas la saha dut d ployer de nombreux efforts pour l obtention d un tel d tail Restent ces tonnantes reconnaissances dans la fantsina neuve de Manongarivo d objets ayant appartenu Binao Toutes les saba 136 avant de pouvoir se fixer dans
24. te sont associ es des id es qui selon les co les sociologiques la masquent la refl tent ou la constituent d autre part que les id es peuvent mourir dans un temps plus long que les or ganisations par une sorte d inertie propre que ne viendrait contrarier aucune contrainte objective Nous voil en somme confront s la question de la compatibilit des id es et des faits condition que cet te derni re opposition soit admise Elle pose d avance un vainqueur et un vaincu ou bien les Sakalava pensent contre les faits et leurs id es sont comme dirait Marx dans le domaine de la pens e pure ou bien ils pensent juste l gitime est la dominance des faits monarchi ques dans leur esprit mais les faits sociaux objectifs dans lesquels ils s enracinent et vivent ne produisent pas de contrainte Les d veloppe ments de la pens e sociologique notamment marxiste ont fait justice trop radicale mais l gitime la premi re hypoth se la deuxi me est au centre de l actuel courant de r flexion sur la notion d id ologie et au del sur les interactions entre diff rents niveaux structuraux des soci t s en derni re analyse sur l affrontement fantomatique la s pa ration entre faits et id es J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 23 20 POUVOIR DES VIVANTS LANGAGE DES MORTS IDEO LOGIQUES SAKALAVA HI DES ROIS DANGEREUX MAIS NUS Retour la table de
25. un de leurs membres Ils ont fait souche principalement autour de l an cienne capitale royale d Ampasimena Le tableau suivant r capitule les donn es statistiques concernant l affihation r sidentielle des trois quatre g n rations de Zafindrama havita ayant r sid de mani re permanente ou reconnue Ampasime na de puis Bebaka Toutefois les concepts de patrilocalit et de matri localit ayant fait l objet de critiques et de d veloppements nombreux depuis l article de W H Goodenoughu il convient de sp cifier le 32 W H GOODENOUGH Residence Rules Southwestern Journal of An thropology vol 12 n 1 1956 J L FISCHER The Classification of Re J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 47 sens dans lequel ils sont employ s ici Ainsi que le note Goodenough la notion de r sidence patrilocale ou matrilocale ne porte que sur une relation entre deux g n rations adjacentes alors que les groupes lo caux organiques ou r els sont form s universellement de trois ou quatre g n rations 35 De telles cat gorisations rev tent donc un caract re statique et non dynamique Si par exemple un individu consid r comme patrilocal r side de ce fait dans le m me groupe lo cal que son p re lui m me matrilocal la succession des affiliations consid r e n est pas n cessairement comparable celles pouvant comprendre deux cha nons patrilocaux l
26. ve dans la hi rarchie plus les multiples af filiations secondaires voqu es ci dessus s vanouissent au profit de l affiliation dominante consid r e comme plus prestigieuse En ce qui concerne la pratique roturi re je voudrais pr senter ci dessous deux exemples de transmission d affiliations claniques l int rieur de groupements localis s L un de ceux ci le noyau r sident des Za findramahavita d Ampasimena est un groupe local de tr s haut statut le deuxi me un groupe Jingo d Ambatozavavy peut tre consid r comme appartenant une couche de gens du commun vahoaka DEUX EXEMPLES Les Zafindramahavita d Ampasimena Parmi les roturiers sakalava du Nord actuels les Zafindramahavita petits enfants du seigneur qui r ussit viennent sans doute au tout premier rang La plus certaine de leurs affiliations prestigieuses est celle qui les lie Bebaka mari de la reine Safy Mizongo et son pre mier conseiller p re de la reine Binao ils r clament d autre part Aru si premier conseiller du roi Andriantsoly pour l un de leurs anc tres fondateurs Ce sont eux qui constitu rent entre 42 1860 et 1900 les appuis principaux des nobles dans leur politique d int gration l appa reil colonial jusqu ce qu Amada vers 1930 d cide de les carter du pouvoir de nombreux chefs de canton et fonctionnaires indig nes ont t recrut s parmi eux l actuel premier conseiller de la monarchie est
27. 2 4 Oui Politique et foncier Fatoma 2 0 Non Ibrahimo 0 Kavy 1 1 Oui Foncier et r sidentiel Safy Mizongo 1 0 Oui Foncier et r sidentiel Habibo l Ahamady 1 1 Oui R sidentiel Hahaia 2 Oui R sidentiel Safy Tamo 2 0 Non Tsimivaty 0 Oui R sidentiel et foncier Total 17 8 Total 68 32 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 77 Ce tableau concerne la lign e r gnante et comme l accoutum e ne mentionne que les unions socialement reconnues ayant donn lieu des f tes publiques jama ou plus r cemment des prestations ma trimoniales g n ralement de type islamique kofongia ou mabary 70 Il ressort de ces chiffres que si l id ologie aristocrate ne retient pas les affiliations roturi res en ce qui concerne l ordre rituel la perp tua tion du segment concern est largement appuy e par la prise en comp te d affiliations roturi res sur le plan r sidentiel et foncier On peut prendre deux exemples Amada on l a vu est fils de Safy Mizongo et d un Comorien ori ginaire de Marodoka Abderimane Ropa Ce dernier fut pris en charge par le groupe royal Ampasimena puis enterr dans le cimeti re des roturiers minents l est du village Un fils du fr re d Abderimena Ropa Rajiabo a ensuite obtenu de s installer Andavakotoko aupr s d Amada quand celui ci y tablit sa r sidence principale Rajiabo fut m tayer de certaines terre
28. 65 1965 p 104 107 SCHEFFLER H W Ancestor worship in anthropology or observations on descent and descent groups Current Anthropo logy vol 7 1966 p 541 551 SCHNEIDER D M The American Kinship Englewood Cliffs N J Prentice Hall 1968 SWARTZ M J TURNER V W et TUDEN A eds Political Anthropology Aldine Publishing Company Chicago 1966 TYLER S A ed Cognitive Anthropology Holt Rinehart and Winston New York 1969 VALERI V Le fonctionnement du syst me des rangs Ha waii L Homme Revue fran aise d anthropologie vol 12 n 1 1972 p 29 66 VOGEL C Organisation familiale et territoriale en Imerina orientale Cahiers du Centre d anthropologie sociale et de sociolo gie de l Universit de Madagascar n 2 Tananarive 1973
29. Ainsi la nomination r cente d un membre du noyau r sident Abdillah Adakoto pourrait avoir pour effet de resserrer autour de lui certains Zafindramahavita perdus very de la m me mani re que la qualit de capitale poli tique accord e Ampasimena d termina le statut des Zafindramahavi ta qui y r sidaient Enfin ce statut acquis du fait de la proximit des Zafindramahavita et des porteurs nobles de l autorit implique l attention exclusive du groupe la transmission de son affiliation et conjointement l effacement de toutes les autres affiliations roturi res On peut prendre pour exemple la parent le bilat rale environnant Abdillah Adakoto J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 50 45 La lign e taranaka transmettant son affiliation Abdillah Adako to comprend deux cha nons matrilocaux et matrilin aires puis un cha non patrilocal renforc par l adoption de Bao Abdallah par son oncle maternel classificatoire zama Bebaka On voit que le statut des conjoints roturiers n est pas pris en compte Abdillah Adakoto h rite de sa m re une affiliation d esclave royal Sambiarivo consid r e comme un peu d shonorante et dont personne parmi les Zafindrama havita ne songe le qualifier Sur le plan r sidentiel on se trouve en face d une lign e de descendance en m me temps que d une lign e de r sidence dont le caract re indiff renci est d term
30. Amada premier des conseillers des vivants Andavakotoko est un homme qui comme les panjaka d crits par Ahamady Andriantsoly a toujours gagn au del des violences et des vicissitudes d une vie dangereuse et d un pouvoir contest mais d une tonnante permanence Grand poss d d Andriamisara et cumulant ainsi un pouvoir surnaturel avec son autorit mat rielle conseiller municipal pi ce ma tresse jusqu r cemment de l ancien Parti social d mocrate et devin gu risseur c l bre il tait le plus connu des chro niqueurs Bernihisatra 2 LES FAITS La reine Binao meurt subitement dans sa r sidence d Andavakoto ko en 1923 l ge de cinquante sept ans Quelques ann es aupara vant en 1921 semble t il elle avait laiss des dispositions testamen taires crites devant le chef de district d Ambanja L ensemble de ses biens revient son demi fr re Amada lequel jouait depuis son ge adulte le r le de mandataire de sa s ur Devant t moins parmi les quels Mahamoudou Daoud elle avait affirm oralement sa volont d tre inhum e dans un tombeau royal distinct des deux tombeaux sous contr le direct d Andavakotoko Tsinjoarivo Nosy Komba et Ambalara fia Nosy Be D s qu Amada est investi de la l gitimit du pouvoir les conseil lers royaux lui rappellent les dispositions prises par Binao Malgr leur avis d favorable il se refuse suivre les derni res volont s de sa s ur Il d cide qu el
31. Amada qui effectivement re oit alors la l gitimit Bemihisatra et l ensemble des biens qui s y at tachent Les interpr tations des informateurs montrent cet gard des confusions significatives d ordre id ologique Pour les uns Amada aurait alors montr un trait de caract re tr s li on l a vu sa coexis tence avec sa s ur l conomie L enterrement de Binao Tsinjoari vo qui est un mahabo d j constitu aurait impliqu moins de frais que la cr ation d un nouveau mahabo Mais cela suppose que ce trait J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 138 avaricieux alors mis en balance avec une r gle fortement int rioris e qui consiste respecter les volont s d inhumation ante mortem des mpanjaka l aurait emport sur cette derni re Pour les autres les faits de rivalit li s l ambition d Amada provoqu e elle m me par sa po sition structurale suffisent expliquer une volont d mancipation f t ce apr s la mort de Binao Elle m a command vivante elle ne me commandera pas morte telles sont les paroles que pr tent au souverain certains de ses conseillers encore vivants Dans les deux cas il convient cependant d observer qu il y a en tout tat de cause transgression Si les explications des informateurs d crivent sur un plan psychologique le conflit ils ne font que d crire selon un autre langage la transgression d Amada non l ex
32. Andriantsoly d une exogamie statistiquement im portante ainsi qu on a pu le pressentir dans les descriptions histori ques des groupes ci dessus D s l instant o sous la pression des groupes roturiers repr sent s par les conseillers les aristocrates accep tent de cr er une exogamie d ordre ou de strate les g niteurs roturiers ne doivent intervenir que d une mani re strictement biologi que dans l hypoth se contraire en effet les aristocrates se verraient priv s de la descendance de toutes leurs femmes puisqu ils 48 se raient contraints d adopter la r gle roturi re de transmission agnati que ce qui serait dramatique pour une couche dominante moins nombreuse que les couches domin es Toutefois cette conservation absolue du statut des Zafinbolamena coexiste avec la prise en compte par les nobles de leurs affiliations roturi res sur le plan r sidentiel ainsi que le montre l exemple sui vant ANDAVAKOTOKO pi AMADA Safy Hindy Aristocrate Roturi re Antandrano AHAMADY Un enfant aristocrate ANDRIANTSOLY adopt Ahamady Andriantsoly l actuel souverain des Bemihasatra du Nord tient son statut d aristocrate de son p re Amada Sa m re Safy Hindy est Antandrano pour Ahamady Andriantsoly ses enfants re oivent une affiliation Antandrano mabazo Antandrano Sur le plan parental et conomique l un d entre eux a t adopt par une s ur de Safy Hindy r sidant toujo
33. Cette cat gorie de consanguins des rois n ayant pas statut royal est nomm e fokombeta J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 125 que au manantany Mahamoudou je n aime pas l bas l bas Am balarafia il y a trop d histoires je veux tre ici seule Parce que les choses qui taient interdites leur taient permises l bas et que celles qui leur taient permises lui taient interdites Elle disait C est a que je n aime pas je ne veux pas me heurter chague jour avec elle 70 Je veux faire mon choix moi seule Alors elle disait Tu comprends bien cela Oui je com prends bien Attention si tu ne respectes pas mes paroles je te briserai elle disait Mboty Regarde bien cet endroit Tu explique ras Mahamoudou Oui dit Mboty j expliquerai Regar de il y a un petit ambarasaha ici regarde le bien 72 117 Oui dit Mboty Allons Mboty expliqua aussi qu elles taient revenues en pousse pousse et en v rit il n y avait pas de voitures elle se d pla ait toujours en pousse pousse pour aller au district ou n importe o Quand Mboty vint me voir je tenais une petite boutique pr s de la rue je faisais l h tel les gens qui passaient venaient plus facile ment Alors dans son r ve elle dit Mboty Appelle le sa bouti que Ah mais maintenant il dort R veille
34. DES MORTS IDEO LOGIQUES SAKALAVA XI POUVOIR DES VIVANTS LANGAGE DES MORTS Retour la table des mati res Penser un syst me de pouvoir c est d abord penser un syst me v cu car si les acteurs ne sont pas conscients de leur r le et donc s ils n en taient plac s une sorte de distance fondamentale comment sauraient ils les moments des r pliques et le ton leur donner impli qu par le rapport avec leur interlocuteur Rien de plus v ridique dans cette optique rien de plus structural que la relation d v nements relevant de l ordre du politique racont s par leurs ac teurs eux m mes c est alors la v rit des r les qui appara t On a tent ci dessus chap 9 de donner une sorte d pure d un sys t me id ologico politique dont on a montr qu il constituait une sorte de langage fondamental destin penser la r alit du pouvoir et le contexte de la d cision Comment les deux termes de la r alit du pouvoir et du commandement et son langage sp cifique se confron tent c est ce que r v le l analyse du r cit d une crise politique par l un de ses acteurs premier conseiller d Amada de 1937 1970 Maha moudou J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 119 111 A La Fondation du tombeau royal de Manongarivo 1 LE R CITANT MAHAMOUDOU Manantany Mahamoudou le premier conseiller Mahamoudou bras s culier du souverain
35. Les germains de m me p re forment donc une corporation d ayants droit par opposi tion aux germains de m me m re Les groupes locaux des roturiers du commun sont donc contr l s par trois g n rations d hommes constituant un noyau fort 38 et exploitant en commun des terres qui s il s agit de terres h rit es tany lova sont n cessairement indi vises r sident avec leurs pouses successives qui tirent leurs ressour ces des terres du fariky de leur conjoint sans s y voir reconna tre de droits de propri t fanangana tany Ces normes de continuit r sidentielle patrilocale impliquent que les groupes locaux recrutement agnatique ne co ncident pas avec les tariky g n alogiques puisque les femmes qui en sont issues sont g nitrices d enfants dans des groupements trangers ces premi res restrictions s ajoute celle de l extension des fariky qui est directement li e elle aussi l effectif des groupes En r gle g n rale les groupes locaux s il ne s agit pas de groupes roturiers minents sont tablis dans des enceintes r sidentielles foko tany o trois quatre g n ra tions d ascendants au maximum les ont pr c d s La m moire g n alogique exc de souvent quelque peu ces trois quatre g n rations ainsi des collat raux au del du deuxi me ou troi 37 Voir J F BAR La Terminologie de parent sakalava du Nord L Homme vol 14 n 1 1974 p 5 41 38 Les Sakalava
36. Malgache se fondait cependant sur des principes id els profonds explicites ou in conscients r alis s diversement dans l ensemble de la Grande Ile 1 Conflits et r solution des conflits dans les monarchies sakalava du Nord actuelles Publication provisoire Mus e de l Universit de Madagascar Travaux et Documents vol XII 1973 et Permanence et volution d une monarchie du Nord Ouest Malgache Th se de 3e cycle Universit de Paris V 1975 para tre J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 8 6 L un de ces principes profonds pourrait peut tre se formuler transformer l histoire en pr sent Comment A l int rieur de la petite monarchie dont il sera question ici des morts ne cessent de parler ou plut t ces tonnantes personnalit s sakalava les poss d s royaux sa ha qui repr sentent tous les rois morts depuis la fondation des dynas ties de l Ouest C est la place prise par leurs paroles qu on tente de res tituer ici comment peuvent ils tre la fois contemporains et pass s vivants et morts Interrogation si profonde qu on pourrait tre tent de l tendre l ensemble des faits malgaches les plus actuels interro gation identique celle r cemment d cel e par P Ottino dans l analy se d un mythe fondateur du pouvoir de type malgache le fameux conte d Ibonia L attention s est donc port e quasi exclusivement sur les contraintes org
37. au cimeti re dans une sorte de violence h tive L ar gent qui circule l argent qui dispara t Des hommes soucieux de conqu te porteurs apparents du jeu politique et social parlant bas lors des r unions villageoises parlant haut et pourtant craintifs dans d au tres occasions Manipul s rendus na fs par le choc de syst mes so ciaux ext rieurs devant les infimes choix ponctuels et r p t s d une vie sociale en lambeaux l argent du caf ou la nourriture des br lis entretenir des terres familiales ou chercher un travail salari appa remment incapables de violence et d organisation politique autonome portant au profond d eux m mes la hi rarchie Maudissant parfois les jeunes gens qui portent comme des boucs missaires le profond d sar J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 14 roi d un syst me social miett avec le souvenir d anciens fastes histo riques La jet e bris e solitaire de Marodoka ancien poumon commercial du Nord o jusqu au d but du si cle se c toyaient mar chands d esclaves et traitants indiens Dans les villes Ambanja sur la Grande Terre Hellville sur Nosy Be la sobri t affect e des b timents administratifs o le personnel de l tat malgache en chemise veste et pantalon ou en robe l g re main tient dans ses contacts avec le public le ton chaleureux le verbe haut du parler sakalava que d ment pourtant la distance r v l
38. au del de la valorisation implicite de la blancheur et de la clart conf rer ainsi leur personne un statut diff rentiel Pourtant les effets physiques de la mort paraissent interpr t s de la m me mani re chez nobles et roturiers Le sch ma id al premier qui sert penser les cadavres c est l opposition d ailleurs c l bre dans le monde insulindien entre les parties non pourrissables les os les ongles les cheveux et les dents et les parties pourrissables lio le sang et par extension la chair Cette m me opposition sert plus ou moins clairement formuler une th orie de la procr ation les hom mes fournissent les os l enfant et les femmes fournissent la chair Chez les nobles comme chez les roturiers le contact avec les cadavres est objet de pollution fa asaba ce fait est notamment marqu par la n cessit de se laver apr s un enterrement avec du miel cuit sans changer d tat barisan pandrama litt alcool de miel Le pourri motraka est cependant dans l id ologie et non dans le v cu concret la source de la pollution Cela est clairement marqu par l association aux parties des cadavres qui ne pourrissent pas de concepts marqu s positivement la propret fidiova a et son quivalent associ la saintet masigny Ce dernier terme est absolument central dans toutes les hi rarchies malgaches sous diff rentes formes il d signe en effet non seulement ce qui est
39. cas et pour nous ibid p 56 57 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 30 castes indiennes n avait de r alit objective que parce qu il tait pens On se trouvait alors devant une attitude th orique qui frisait le sym trique du mat rialisme brut les id es sur des formes sociales fon damentales d finissaient les rapports sociaux r els Dans le cours de l ouvrage Dumont apportait notamment en opposition aux concep tions de l id ologie s paratrice d ensembles sociaux la notion d id o logie globale des ensembles sociaux fussent ils structuralement op pos s telles des classes sociales ont besoin d un langage commun ne serait ce que pour exprimer leur opposition 17 La composante com mune des deux d marches 27 mat rialiste vulgaire ou dialecti que et structurale et id aliste consistait dans leur d terminisme rela tif 11 s agissait d expliquer la nature des syst mes sociaux moins que d en rendre compte bien que Dumont ait t confront la notion d id ologie parce que adoptant un point de vue nominaliste expli quer la hi rarchie indienne il tait au premier chef confront une d marche contraire l id ologie globale des soci t s europ ennes qui font obligation chacun d tre libre selon le mot de Durkheim Aux tats Unis une longue tradition portait attention aux va leurs values et aux repr sentatio
40. choisir tel o tel conjoint aux jeunes membres du fariky Ainsi l alliance matrimoniale normalement rejet e par les roturiers de bas statut en ce qui concerne les domaines conomique et foncier peut jouer dans un domaine politique un r le pertinent Du fait de l extension de la r gle d exogamie voqu e ces alliances hyperga mes de roturiers de bas statut avec des roturiers de haut statut ne peuvent cependant tre d crites que comme des relations entre indivi dus ou au mieux entre branches g n alogiques de fariky diff rents il est impossible pour un groupe r sidentiel donn de consid rer un autre groupe pris organiquement comme alli Si en effet un homme d un groupe X pouse une femme d un groupe Y les enfants apparte nant au groupe X ne pourront cependant pas trouver une femme dans le groupe Y ainsi les membres de X ne pourront appeler globalement des alli s olo ampanambady les membres de Y mais seuls certains membres de X auront des alli s chez Y Ce ne seront pas non plus cependant des gens de m me 60 fariky puisqu ils ne seront en rela tion que par une femme C est ce qu illustre l expression de Hevitry un Antandrano d Ampasimena dont la m re tait cousine germaine d une femme de Mahava o le village voisin Quand je lui demandais si lui et un enfant de la cousine germaine de sa m re pouvaient tre dits de m me fariky il acquies ait puis se corrigeait en disant de ma ni re significat
41. dans son groupe union instable groupe d origine loign e Tanana rive chef de canton enterr dans son groupe enterr dans son groupe r side dans le village de son ex mari On per oit ici l int r t que pr sente une vision diachronique d un syst me social qui s il n est pas marqu d une terminologie crow J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 81 omaha 74 pr sente un grand nombre de caract ristiques de ce der nier type les r gles d exogamie tendent dans le cas sakalava du Nord comme dans le cas omaha rendre selon les termes de C L vi Strauss les liens consanguins et alli s mutuellement exclusifs sauf pour les degr s loign s 48 Le groupe de descendance aristo crate ne se perp tue en effet ni par la pure et simple limination des groupements roturiers n1 par des alliances pr f rentielles avec certains d entre eux pris organiquement mais par une succession toujours dif f rente d alliances circulaires privil giant approximativement pour le temps d une vie adulte des groupes r sidentiels ou leurs segments qui ensuite n auront plus d autre pr rogative issue de cette alliance mi nente que le statut honorifique de fokombeta de parents roturiers des rois La v ritable continuit de l ordre aristocrate se construit dans les rapports de proximit incessante qu entretiennent les uns vis vis des autres les me
42. disent souvent que seuls les hommes sont solides lebilahy fo tatatra J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 57 si me degr se trouvent souvent dans une position de non r sidents Les groupements locaux r els se trouvent compos s des trois quatre g n rations n cessairement en contact qui forment des grou pes de coop ration du fait de la dur e moyenne d une vie humaine Toutefois cette fourchette de trois g n rations ne joue pas com me sur les hautes terres un r le structural Les tariky sakalava ne se dissolvent jamais du fait qu ils ne recrutent pas leurs membres par des s quences optatives mais par l application plus ou moins stricte du recrutement agnatique patrilocal la rigueur de la r gle d pendant dans une large mesure du rapport entre les r sidents et la taille des domai nes fonciers 3 52 L ensemble d individus de m me tariky r sidant dans un m me quartier villageois constitue une unit organique dans l exploitation des terres d s que ces derni res ne sont pas revenu commercial Toutefois les probl mes pos s par les cultures commerciales devien nent de plus en plus aigus avec la disparition actuelle de ceux qui les ont d frich es partir des ann es 1900 souvent le partage entre ayants droit est effectu du vivant du possesseur et les hommes sont alors favoris s aux d pens de leurs s urs particuli rement si ces
43. encore personne C tait tou jours des r ves Quelqu un la Mahavavy venait nous voir quel qu un du Sambirano venait nous voir Mais cette femme la saha nous ne la connaissions pas Alors quand Andramamatatra eut accept quand je re us l ordre je d signai des responsables provisoires qui resteraient sur place Deux Makoa dAndavakotoko que je connaissais bien et qui seraient les premiers manantany et fahatelo de Manongarivo Motia et Ndra zana et un homme qu on d signa comme manantany missaire d ici qui s appelait Fagnivo Il venait de Sakatia Son fahatelo serait Toly basy de Bovoay Une fois que les chefs taient nomm s on put ras sembler tous les gens du mahabo be ef on les fit sarcler Sarclez Ils ne savaient pas exactement ce qui se passait ils ob issaient Mais j expliquai Attention tout doit tre clairci mais cet arbre l ambarasaha ne le coupez pas pour l instant En quinze vingt jours tout l endroit tait propre Tous les jours j allais le matin puis je revenais l apr s midi je faisais l aller et retour 120 Jusqu ce que tout l endroit soit net Quand ce fut fait je d cidai d aller Am pasimena Eux aussi 8 fournirent des gens un manantany qui s ap pelait Boba un Zafindramahavita le descendant du Boba c l bre l qui avait h rit de son nom Avec lui le fahatelo qui s appelait Voady 80 Il s agit d hommes d sign s comme responsables du travail rituel
44. et sociale du Nord Ouest L analyse d une organisation dont la forme para t essentiellement d termin e par des faits d ordre id al et non ph nom nal 0 doit d s lors se fonder sur les courants de r flexion actuels sur la notion d id o logie et donc au del sur une double question qu une partie de ces courants refl te peut on fonder une s paration entre superstructures et praxis et si oui quelles d terminations assujettissent ces deux ni veaux structuraux des soci t s 10 Dans l acception susceptible d ailleurs de r vision comme on tentera de le montrer employ e par W H GOODENOUGH dans son introduction Ex plorations in Cultural Anthropology Mac Graw Hill New York 1964 p 11 12 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 25 22 POUVOIR DES VIVANTS LANGAGE DES MORTS IDEO LOGIQUES SAKALAVA IV UN BALANCEMENT THEORIQUE Retour la table des mati res L histoire de la pens e sociologique ressemble parfois au mouve ment de ces balan oires collectives des f tes foraines o des groupes hurlant d une frayeur m l e du plaisir qu elle provoque signale aux badauds assembl s leur loignement progressif de terre Puis bient t l amplitude de la balan oire diminue c est dans la contrainte absolue objective d une dur e r volue soulign e par la lourdeur des barres de suspension que le groupe enjambe le rebord de la balan oire retrou
45. f rence des sanctions n gatives ou la monopolisation de la force physique Ils se rendent ainsi fautifs des m mes apories car si l exercice de la contrainte physique d terminait le pouvoir royal par quoi tait d termin la possibilit pour le pouvoir d utiliser la for ce Par le fait d tre pouvoir r pondrait on Sakalava et sociologues formu lent ainsi les conditions empiriques de l exercice du pouvoir et non ce que Rousseau aurait appel son institution J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 21 chies tablissent et diff rencient leur personnalit propre Aucun n a pris la l g re mes questions portant sur l histoire beaucoup m ont renvoy aux personnages de l appareil Bemihisatra en donnant ainsi l impression v rifi e par la suite qu ils ne faisaient pas que se d char ger de cette t che sur les sp cialistes mais qu ils commettraient une sorte de transgression diffuse en parlant leur place Pr sence des morts royaux indiff rents la valse continue 18 des sous pr fets hommes et femmes sakalava adultes sont intarissables sur la rh tori que qui s attache la personnalit de tel ou tel apparent la famille royale tel ou tel de ses actes De quel jeu de miroirs est construit le scepticisme paradoxal du premier conseiller Mahamoudou Les morts ne parlent pas pourtant Mahamoudou repr sente au travers d une insti
46. fun raires afin que les actes rituels qui se d roulent aupr s de la porte de mababo ou l int rieur de l enceinte fun raire puissent commencer 93 Avant tout acte rituel li aux mahabo l intercesseur du royaume ou lors qu il s agit de travaux peu importants l intercesseur du mahabo lui m me fait une adresse aux anc tres royaux afin de leur rendre clairs les actes ri tuels qui vont suivre 94 Ce d tour est provoqu par l opposition symbolique souverain vivant souverain mort le premier tant cens tre pollu par tout contact ou tout lien avec des faits ou des objets fun bres J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 133 qu on n avait pas le droit de passer pr s du doany Andavakotokol On passa par Madirokely puis Antsaola ana Une fois pr s de Manongarivo on ne pouvait pas rentrer directement On s arr ta l Antsiandrarafa l ouest du grand mahabo L les Antimababo fai saient un abri temporaire qui devait tre fini en une seule journ e On la fit rentrer dedans Elle attendit le mois d ao t parce que c tait un mois interdit En septembre on la fit rentrer dans sa demeure On ne pouvait pas la faire rentrer en juillet parce qu ce moment l la por te n tait pas faite encore C tait une porte en fer que la voirie muni cipale avait forg e Et puis apr s on commen a travailler le fera omby et la r si dence des accesso
47. les mababo o sont inhum s les souverains qu elles repr sentent sont soumises de tels interrogatoi res J ignore selon quel processus elle a pu se trouver en possession de ces d tails je n ai pu trouver qu une cha ne d explication Binao fut mari e pendant une p riode de sa vie un ampanjaka Zafy ny Fotsy de petit statut Charles Linta qui une fois s par d elle v cut partir de 1935 dans le village d Antsatsaka Ces r serves voulant montrer que les cha nes de l information sont suffisamment multiples pour que les saba puissent en menant une enqu te approfondie arriver conna tre de mani re tr s appro fondie les vies des souverains qu elles repr senteront ne portent en aucun cas sur l authenticit v cue de cas de possession tels que celui inclus dans le r cit Ainsi que le montrent des travaux classiques 10 le v ritable dressage l identification auxquelles s astreignent les pos s d s et c est le cas des poss d s sakalava suffit provoquer dans leur personnalit des capacit s sensorielles et perceptives sup rieures la normale D autre part on vient de constater en examinant des preuves qui d apr s un informateur comp tent permettent de l gi timer une Saba qu aucune d elles ne comporte de faits susceptibles de faire conclure l observateur des dons de voyance par exemple Enco re une fois ce serait une supposition grossi re que de voir dans la ma jorit de ces cas des su
48. lui qui savait faire a Il y avait des centaines de pirogues qui travers rent Quand on arriva 123 le matin moi le fahatelo et Tsimibiry les gens du mahabo nous appel rent et on fit venir Ndramandrambiarivo sur sa saha si jamais notre chemin n tait pas clair pour elle Mais rien de ce qu elle di sait ne pouvait nous attrister Alors apr s a les crieurs nous appe l rent la porte Tsimibiry fit le fantoko ef puis quand a fut fini on entra On commen a creuser le ciel Tsimibiry et moi qui tions l seuls maintenant dans l enceinte Il y avait des gens qui taient rentr s mais personne d autre que nous n avait le droit de re garder dans la fosse Pendant toute la nuit on a travaill Le matin du lundi tout tait fini le cercueil avait t amen par les gens d Ampasibe au nord du mahabo On partit le lundi matin Il fallait faire un grand d tour parce 90 Raba sarotro 9 Ts6h lalanay tsy mazava aminany la m taphore du chemin est fr quem ment utilis e pour d crire des desseins politiques quels qu ils soient Ndra mandrambiarivo est le nom posthume de Safy Mizongo m re de Binao qui seule pourrait s opposer ce que sa fille quitte Tsinjoarivo o elle est elle m me inhum e 92 Hanim boay litt ralement la nourriture ca mans Il s agit de Sambiari vo de petit statut ayant pour fonction d appeler les gens mass s autour des maisons en contrebas des enceintes
49. mais un d coupage g ographique qui constitue une sorte de projection de la hi rarchie politique La nature g n rale du syst me social et de la hi rar chie politique montre en effet que les contr les territoriaux exerc s par l appareil politique de la monarchie Bemihisatra sont bas s sur des relations entre des individus qui se trouvent int gr s des groupes politiquement pertinents par le biais de choix r sidentiels et non pas parce qu ils sont situ s sur un territoire contr l par la monarchie Or l acte de fondation d une unit territoriale l implantation d un mem bre du groupe noble ayant rang de souverain r v le que le facteur de r sidence ne peut tre consid r comme tel qu la condition premi re du statut du souverain supr me C est cette image que restituent les chroniqueurs sakalava lorsqu ils rappellent par exemple la fondation de l unit territoriale Bemihisatra dans les ann es 1850 par deux fil les d Andriantsoly leur discours met alors en avant l installation de la personne royale et aux questions relatives aux roturiers accompa gnant les deux femmes ils r pondent de m me par la mention de quelques roturiers minents sans s attacher d composer l ensemble des groupes nombreux qui sont alors cens s invariablement accom pagner la personne royale Il s agit l d un sch ma socio historique r current quasiment premier c est toujours autour des individus as soci s des territ
50. pas la stabilit que leur pr te la litt rature anthropologique classique provo que de la part des femmes sakalava des s parations r p t es qui n ont d autre but que celui de rejoindre intervalles r guliers le groupe pa trilin aire avant de faire d autres rencontres et d avoir une nouvelle union temporaire 4 Il y a donc une tr s faible int gration des femmes dans le groupe de leur conjoint ou pour reprendre les termes de P Ottino un as servissement de l alliance matrimoniale au principe de descendan Cor Tout se passe comme si les groupes roturiers sakalava ne prati quaient l change de leurs femmes que pour leur faire assurer des fonctions de reproduction biologique n cessaires la continuit du groupe Cela est d ailleurs coh rent avec les principes de conservation 43 E LEACH Critique de l anthropologie op cit 1968 p 193 209 44 P OTTINO Rangiroa op cit 1972 p 331 note 1 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 66 du statut d au moins deux strates de la soci t sakalava du Nord les roturiers minents et les aristocrates qui comme on l a vu conservent leur statut quelle que soit la g nitrice ou le g niteur La deuxi me cons quence du syst me d exogamie tient ce que seules des consid rations ext rieures la parent ou aux relations pu rement g n alogiques conduisent pour les groupements qui n gocient le mariage
51. posthumes et confondue eux lors des c r monies ou au 98 Au sens de M J SWARTZ V W TURNER et A TUDEN op cit p 4 et S J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 139 mieux plac e dans l ordre des priorit s des travaux rituels en deuxi me position apr s Safy Mizongo Or le d sir de donner en m me temps que la l gitimit monarchique un souvenir politique fort qui d terminera en partie la conduite g n rale du ou des groupes de des cendance est un donn chez tous les souverains sakalava Il suffit pour s en convaincre de constater avec quel respect voire avec quelle com plaisance les Bemihisatra parlent actuellement de la ma tresse de Mationgarivo qualificatif usuel de Binao qu un examen diachroni que des faits montre voulu par elle De plus si l on consid re ce premier niveau d analyse que le choix d un lieu d inhumation est une sorte de legs symbolique d un souverain ses descendants il ressort que la fondation de Manongarivo groupe selon un m canisme tr s net d s la mort d Amada en 1968 la lign e taranaka et une g n ration apr s le segment de groupe propri taire du pouvoir chez les Bemihi satra Tsinjoarivo n ayant depuis Binao fait l objet d aucune inhuma tion de parents tr s proches germains demi germains ou enfants d un souverain Bemihisatra Mais s y groupent par contre les collat raux lointains tant au sens g n alogique q
52. pouvoir est arbi traire et que le r ve froid des hommes commandant aux soci t s in dustrielles et qui proclament pour le bien des ensembles sociaux la recherche de la rationalit n est que leur propre image falsifi e et suicidaire du sens de la soci t J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 151 141 POUVOIR DES VIVANTS LANGAGE DES MORTS IDEO LOGIQUES SAKALAVA BIBLIOGRQPHIE DES OUVRAGES CIT S Retour la table des mati res AUG M Th orie des pouvoirs et id ologie tude de cas en basse C te d Ivoire Paris Hermann 1975 BAR J F Conflits et r solution des conflits dans les monar chies sakalava du Nord actuelles publication provisoire mus e de l Universit de Madagascar Travaux et documents vol 12 ro n ot Tananarive 1973 B La Terminologie de parent sakalava du Nord L Homme Revue fran aise d anthropologie vol 14 n 1 Mouton amp Co Paris La Haye 1974 p 5 41 _ Permanence et volution d une monarchie du Nord Ouest malgache th se de 3e cycle universit Ren Descartes Paris 1975 BARNES J A Marriage and Residential Continuity Ame rican Anthropologist vol 62 1960 p 850 866 _ African Models in the New Guinea Highlands Man vol 62 1962 p 5 9 BASTIDE R Le R ve la transe et la folie Flammarion Paris 1972 BLACK M B et METZGER D Ethnographic Description and th
53. rapport e elle m me une transgression qu il convient alors de d couvrir 41 Cette activation n est toutefois possible que si elle est accompagn e d un lien de cor sidence entre l enfant et sa famille maternelle Si l on replace la notion de cor sidence dans le contexte de l volution ou du cycle de d veloppement des groupes de descendance on d duit deux faits fondamentaux l activation d une affiliation clanique est d termin e par le groupe r sidentiel o se situe l individu T affiliation un groupe r sidentiel rev t un caract re optatif moins marqu que dans le cas de soci t s purement cognati ques ou indiff renci es mais effectif De ces deux conditions on peut imm diatement d duire nouveau que la transmission des affiliations claniques est subordonn e la transmission des affiliations aux groupes r sidentiels Or ces affilia tions d pendent elles m mes du statut politique du groupement ou du sous groupement concern on verra que plus l on s l ve dans la hi rarchie des statuts plus les groupes locaux retiennent aupr s d eux directement ou par le biais d adoptions entre parents proches les en fants n s de leurs femmes 31 Au sens de M D SAHLINS On the Ideology and Composition of Des cent Groups Man vol 65 art 97 1965 p 104 107 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 46 De m me plus l on s l
54. renci e du statut est institutionnelle chez les nobles Ainsi c est en quelque sorte le fait m me d tre noble qui constitue la repr sentation permettant la reproduction du groupe no ble et donc quasi n cessairement une r f rence l histoire sakalava qui dans une sorte de sch ma cumulatif donne la qualit de noble J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 91 sa r alit et sa permanence au fur et mesure du d veloppement des g n rations mortes et vivantes C est d une certaine mani re la quanti t pouss e sa limite qui fonde ainsi la qualit On verra plus loin comment cette sorte de tautologie insistante de la couche dominante sakalava est pens e dans les aspects les plus vidents de la charge de souverain supr me ampanjaka be qui r sume ou qui au moins veut r sumer l ensemble du groupe de descendance noble vivant apparte nant l unit territoriale D embl e il est remarquable qu on ne puisse d crire enti rement le statut nobiliaire sakalava sans se r f rer des faits ext rieurs la parent qui toujours associ e la r sidence for me cependant le cadre premier du statut aristocrate Ce sont des v ri t s d vidence qui forment les constatations partir desquelles une analyse du groupe noble doit s articuler D une part alors que selon les conjonctures historiques 84 les groupes roturiers fussent ils de haut statut change
55. roturier tout se passe comme si cependant les d pouilles des morts royaux accumulaient une sorte d exc dent de danger Dans le vocabulaire monarchique elles sont nomm es raha sarotro choses pr cieuses dangereuses difficiles L ambigu t du terme sarotro est connue dans la vie courante Sarotro signifie co teux dans les changes conomiques mais galement difficile r ussir Cette ambigu t est marqu e imm diatement dans leur devenir le plus concret On a vu que ce qui caract rise les d pouilles royales c est que leur localisation spatiale leur souvenir ne dispara t jamais On voit qu une alternative se pose car on pourrait penser que les nobles se diff renciant par la permanence de chacun des individus qui com posent leur groupe permanence qui sur le plan id el est un fait consti tutif et fondamental d veloppent vis vis de la mort qui est une dis parition absolue et donc la n gation absolue de ce que les ampanjaka pensent d eux m mes une sorte d effort symbolique destin combler ce vide constamment renouvel que la mort cr e dans leurs rangs Mais ne s agit il pas d une explication suspecte Les nobles saka lava se justifieraient ainsi d affirmer leur permanence politique en im posant de mani re volontariste la permanence d abord concr te de leurs morts Mais on a vu que la conception relative la permanence des morts est commune aux roturiers et aux nobles Sur ce plan le
56. t e des br lis les taches d un blanc blouissant des plages les basaltes tran ges comme des sentinelles qui d coupent les littoraux la mer omni pr sente et pourtant vite oubli e d s que l on s enfonce un peu par les sentiers glissants dans la moiteur de l int rieur des terres Une vie so ciale rythm e d appels et de plaisanteries faites voix haute fuyant la solitude dans des groupes faits et refaits toute occasion les d parts en taxi brousse des petites villes et les conversations f minines intercal es dans les longues heures vacantes des apr s midi chauds sur les v randas basses des maisons De grands villages v g taux au plan ind cis et a l espace intime l enfermement des groupes fami liaux plus symbolis que r alis dans les palissades claire voie en vahies de plantes usage domestique m dicinal ou d agr ment Les taches cr me des voiles carr es des pirogues dont l approche laisse J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 13 bient t entrevoir la cargaison d une menue production domestique vendue aux march s des sous pr fectures le silence naturel des ta blissements littoraux l animation des centres urbains les pagnes so bres des p cheurs sakalava et le grand v tement blanc des islami s s Une des r gions riches de Madagascar qui avant la chute des cours du caf et du poivre dans les ann es soixante produisai
57. tions et d autre part que ce sont ces repr sentations elles m mes qui constituent des croyances en donnant ce terme son plein contenu s mantique Ici l exercice du pouvoir est ins parable de l affirmation constante d une l gitimit contrairement l organisation bureaucrati que l id ologie rationnelle o la l gitimit est masqu e 103 et doit tre d voil e Quand les poss d s royaux parlent c est toute l his toire sakalava ou plus exactement la conception sakalava de l histoire qui parle avec eux leur permet de parler Il est compr hensible que la distinction et l opposition symbolique entre l appareil politique vivant et l appareil mort entre souve rain vivant et anc tres royaux entra ne la constitution de hi rarchies distinctes aux champs d action diff rents Les gens des vivants qui entourent le souverain chez les Bemihisatra sont g rants et juges d affaires ou de biens consid r s comme profanes responsables des terres royales indivises 1ls centralisent aussi tous les flux conomi ques ou c r moniels cens s provenir de l ensemble des groupes d pendant des Bemihisatra tous sont originaires de groupes roturiers proches du pouvoir colonial lettr s souvent fonctionnaires d ex cution ou d autorit ils manient la zone d insertion de la mo narchie dans l conomie et la politique prises dans leur acception ac tuelle occidentale Les gens des mo
58. unique ment pour cette p riode Leur d signation duplique de mani re ph m re les structures d autorit du mahabo et du doany 81 Au couple de doany l un politique Andavakotoko l autre religieux Ampa simena correspond un double appareil de conseillers dont la comp tence est limit e territorialement Aussi les responsables de la Grande Terre ne sont ils convoqu s que symboliquement J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 129 Et puis ils emmenaient leurs gens beaucoup de gens avec eux on emm ne toujours beaucoup de gens dans ces cas l Et puis ils em men rent un petit mpanjaka Bemihisatra qui s appelait Miarigny d Ambaliha 2 Ici on prit comme mpanjaka Tafara dAmbendragna un Marotsi raty Et puis un Antimanaraka de Bemanondrobe 8 Et puis quand tous ceux l furent d sign s ma s ur mourut An joan et je dus partir Alors on arr ta tout Ceux qui r sidaient d j l bas l emplacement du futur rnahabo re urent l ordre de ne plus bouger Je partis deux mois Mutsamudu j y restai deux mois 1938 arriva Quand je revins je voulais en finir vite j appelai tous les Bemihi satra que je connaissais et j en connaissais beaucoup J en appelai Ambilobe Diego jusqu Majunga On se mit au travail On r unit des pierres et du sable des pierres parce qu Andramamatatra dit Faites un caveau de pierre Il ne voulait pa
59. ur rivale ou une m re minente qu il n a pas connue Amada choisit donc cette derni re solution Peut on pen ser que cette d cision solidaire correspondait sur le plan rituel seul pertinent en la mati re ce que les sanctions surnaturelles cens es provenir quoi qu il en soit de chacune des deux inhumations fussent alors mises en balance Cela supposerait qu Amada ait pris en charge les possibilit s de sanctions manant de Safy Mizongo Tsinjoarivo si sa fille ain e ne la rejoignait pas Ce qui est vraisemblable 131 car son acc s au statut d ampajaka be le rend porteur du figny de capacit de sanctions surnaturelles Sur le plan structural ces dispositions cr ent au contraire un couple posthume Safy Mizongo Binao auquel s opposerait l ventuelle inhumation d Amada dans un lieu diff rent Le probl me a certainement d se poser puisque avant sa mort il d cida que sa place Manongarivo serait au nord du mausol e de Binao J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 141 la dominant en quelque sorte 5 La consid ration de ces deux couples Safy Mizongo Binao Bi nao Amada permet de percevoir la formalisation du processus abou tissant la d cision solitaire d Amada D un c t Binao Safy Mizongo un souverain vivant s oppose celui dont il tient sa l gitimit la situation se r p te pour le couple Binao Amada Or ainsi que l ont montr des travau
60. 1l est mana adabo et puis il y en a un autre qui est Anjoaty Est ce que j ai le droit de choi sir une cat gorie parmi eux R Oui tu peux en choisir une mais uniquement parmi les col lat raux du p re ny ampagnila a ny ada parce qu il y a ce que je t ai dit l la poule ne chante pas c est le coq qui chante et en plus il y a une pri re joro faire du c t de la m re 1l y a vraiment une pri re faire l bas Tu ne peux le faire que du c t du p re Le premier point soulev par Jaosenga est l affiliation la cat go rie du p re et non de la m re On est ici en pr sence d une r ponse tr s commune chez les roturiers sakalava du Nord li e uniquement la relation de filiation p re fils et ne faisant intervenir aucun autre J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 45 crit re Les sp cifications ult rieures montrent toutefois que cette id ologie agnatique 3 subit de nombreuses modifications du fait du syst me d exogamie lui m me Les d veloppements ult rieurs de Jaosenga montrent en effet que si l appartenance clanique du p re est celle qui doit se transmettre l appartenance de la m re peut galement tre activ e selon certaines modalit s cette derni re r gle est bien mise en vidence par la men tion d une consultation de sikidy tr s g n ralement provoqu e dans les groupes familiaux par la maladie d un des membres
61. E DES MORTS IMMORTELS Retour la table des mati res propos de la mort c est trop peu dire que les faits abondent chez les Sakalava du Nord les morts m diatisent l ensemble des actes so ciaux et la hi rarchie politique ils repr sentent une menace perp tuelle sur la paix tablie entre eux par les vivants sur leur sant phy sique sur leur quilibre affectif Leurs interventions sur les vivants dont le bien fond est d chiffr par les devins moasy donnent lieu cette logique du malheur dont M Aug fait l une des pi ces ma tresses de l id ologie des soci t s de basse C te d Ivoire Les croyan ces l existence des morts ou au moins leur pouvoir d action sur les vivants forment chez les Sakalava du Nord un fait premier aucune causalit suppl mentaire autre que circulaire ne vient tayer cette croyance Pour peu que l on tente d obtenir des explications sur les preuves de l existence posthume des morts on est ramen pr cis ment la vision pers cutive d v nements inexplicables sans faire appel cette conception la mort r p t e d enfants ou de proches la pauvret la maladie ingu rissable De m me qu au plan politique la hi rarchie est un fait premier de m me la mort est hi rarchique et donc l exis tence posthume on ne meurt pas de la m me mani re chez les Saka J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 94 lava sel
62. MENA 1 AMPASIMENA Z r sidence d part collat raux pauilocale masculins AMPASIMENA 2 ANOR ANGANA MAJUNGA AMBANJA ANTSAHAMPANO adoption tetour collat ral r sidence matrilocale masculin parrilocale AMPASIMENA 2 adoption 4 matrilocale ANDAVAKOTOKO ANOROTSANGANA Jlat gration au fobl AMPASIMENA RE 2 AMBODISAKOA 7 AMBODISAKOA N ANDAVAKOTOKO J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 61 55 tour cette r sidence s accompagne automatiquement de la disposition d une terre tr s g n ralement d une rizi re Bien que la mesure de su perficies et la recherche historique de leur volution soit quasiment impossible dans des soci t s comme celles des Sakalava du Nord 40 il semble d apr s les dires d informateurs tr s qualifi s comme Abdillah Adakoto que jamais le noyau r sident des Zafindramahavita ne man qua de terres La premi re explication de ce fait r side dans l volution en spi rale des groupes locaux de haut statut qui rappelons le fournirent de nombreux fonctionnaires l tat fran ais et d autre part entretin rent des contacts quasi organiques avec le groupe local des aristocra tes r gnants Le domaine foncier Zafindramahavita n offrait pas au contraire de ceux des groupes locaux de bas statut un caract re relati vement fix une fois pour toutes et la capacit de contr le foncier des nobles et de leurs conseillers
63. Mahamoudou Daoud par la femme d Antsatsaka Aucun des d tails g n alogiques n est convaincant Bien qu il s agisse 135 de relations consid r es comme secondaires le mariage de la fille a n e d Amada Fatoma avec Abd el Kader Betombo est notoire fait partie d un savoir g n alogique banal de tous les Sakalava des r gions d Ambanja et de Nosy Be sur la famille royale De ce fait 1l tait facile cette femme d apprendre que Betombo tait le cadet de Tombo pr sent l entretien d autant que la famille de Tombo entre tenait des relations troites avec les Zafindramahavita d Ampasimena village royal li du temps d Amada avec toute la presqu le d Ampa sindava jusqu Ambodimadiro village proche d Antsatsaka Banale galement la connaissance de ces femmes consid r es comme cadet tes de Binao bien que n tant pas de statut royal Marasy qui est en core vivante et que j ai connue Mbemba Tsialomo Il lui suffisait pour cela d entretenir une conversation avec l un des conseillers Be mihisatra de la Grande Terre ou tout simplement avec l un des habi tants d Ampasimena alors fort nombreux encore Ces connaissances n taient en aucune fa on marqu es d une quelconque valeur politique Peu convaincant galement le d tail de la pirogue qui verse lors de la premi re inhumation de Binao tous les Sakalava y compris ceux qui ne sont pas charg s de responsabilit s rituelles ou politiques tant curieux des moindres d
64. Zafindramahavita tait encore ac crue au moment de la grande poque d Ampasimena par leur qualit de fonctionnaires indig nes Le noyau r sident pouvait ainsi accueillir pratiquement autant de membres qu il en naquit pendant une trentaine d ann es et les soldes de fonctionnaire firent vivre des maisonn es importantes de gens qui s appuy rent mihankiny alors sur leurs grands La forme fluide volutive des d placements peut tre voqu e par le tableau ci contre qui r sume l ensemble des relations r sidentielles entre membres du noyau r sident des Zafindramahavita d Ampasime na Ce tableau confirme la notion d un tariky roturier form d un noyau permanent engendrant des segments dispers s du fait de la mobilit r sidentielle sakalava gardant toutefois des relations ou m me se d sagr geant pour revenir au segment r sidentiel d origine Une appro che purement statistique au sens traditionnel ne rendrait pas ce carac 40 Les services des domaines de Nosy Be et d Ambanja n ont entrepris l tablis sement d un cadastre couvrant les deux sous pr fectures qu en septembre 1972 De plus les superficies des rizi res environnant Ampasimena ont consid rablement vari selon le mode de culture les mesures sont rendues extr mement difficiles par le relief J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 62 t re d volution en spirale du groupement elle aurai
65. a 1977 107 99 POUVOIR DES VIVANTS LANGAGE DES MORTS IDEO LOGIQUES SAKALAVA L ID OLOGIE INCARN E LES POSS D S ROYAUX Retour la table des mati res La v rit d un syst me de pouvoir para t toujours relever de choix collectifs inconscients labor s partir de mat riaux rigoureuse ment identiques et susceptibles de donner tout moment une assise aux comportements sociaux pour peu que l on aille jusqu au bout de leurs implications m me implicites Les nobles sakalava paraissent avec leur rh torique de la mort et des morts dont la permanence est exalt e se battre avec l vidence naturelle de la mort des porteurs du pouvoir qui constitue un d fi permanent aux conceptions locales L appareil politique sakalava du Nord se fonde sur le caract re privi l gi de relations synchroniques pour une part la hi rarchie politique est visible et explicable sans qu il soit n cessaire de mettre en relation son tat pass et son tat pr sent Elle dessine son r seau ind pen damment des individus c est un r seau de fonctions relatives aux commandements Pourtant si paradoxal que cela paraisse cette orga nisation Synchronique peut la limite prendre en compte tout ins tant par la m diation de la possession une diachronie qu elle assimi le Si les morts royaux sont r alis s incarn s par des poss d s de diachronique et perp tuellement mouvant le temps politico hi
66. a t a M me Tombo et Mahavita qui taient assis l ne connaissaient pas cette histoire Alors je dis C est vrai c est la v rit l il y a eu cette 68 Manompo izy expression sp cifique de tous les rituels fun raires J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 124 chose dont tu parles Et maintenant tu n tais pas l quand j ai expliqu au mpanjaka Amada demain apr s demain si je meurs je ne veux pas tre emmen e au mahabo de Tsinjoarivo mais je veux qu on m emm ne au mahabo d Ambalarafia La premi re fois que tu as dis a je n tais pas l mais la deuxi me fois j tais conseil ler j tais l j ai entendu Je suis loin d tre ton parent Amada est ton parent Le jour o tu n es plus il est libre de dire mettez la ici ou l Nous ob issons selon les endroits qu il pr f re Et voil ce que je n aime pas je dis faites le fanompoa a ici et vous le faites l bas Je me demande si je vais pas vous tuer tous autant que vous tes Ah je sais que vous tes ses serviteurs vous n osez pas vous opposer Je me suis tue Tu comprends cela Je comprends je dis Alors apr s elle explique Tu connais Marasy Je la connais C est ma cadette a Tu connais Mbemba elle dit Je le connais Apr s a elle dit Tu connais Tsialomo dit elle c tait ma s ur aussi Ici au no
67. a h rit d une terre personnelle appartenant sa m re Antsakoamanondro pr s d Ambanja peu pr s simultan ment les Antimanaraka du J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 83 groupe de sa m re ont proc d un partage des terres que Binao leur avait octroy es autrefois Solaimana absent n a pas t compris dans le partage Aussi n a t il d autre ressource que de continuer a entretenir des liens avec le segment r sidentiel r gnant de son p re tant com pris dans la succession bien que le pouvoir lui ait chapp au profit d un de ses demi fr res 76 L ensemble des unions endogames entre groupes r sidentiels diff rents offre donc de m me que les unions exogames un caract re conjoncturel elles ne cr ent pas de liens permanents avec la lign e r gnante et des m canismes r sidentiels interdisent aux groupes non r gnants la conqu te du pouvoir par le moyen de l alliance Elles n ont d effet que sur le plan d une solidarit superficielle tendant conser ver de bonnes relations entre des groupes s tant parfois souvent sans grand espoir battus pour le pouvoir miady fanjaka a comme les Antima araka et les Zafimbolamena d Andavakotok l poque de Binao Si l on consid re pr sent les unions endogames de la lign e r gnante dans le m me groupe r sidentiel on voit qu elles portent sur deux cas Le premier est un mariage d
68. a norme de recrutement agnatique organiser leur stabilit r sidentielle La seule variable expliquant ces diff rences organisationnelles est le rang hi rarchique r el Plus l on s l ve dans la hi rarchie ou plut t plus l on s approche des lieux centraux de l appareil Bernihisa tra plus les groupes tentent de conserver sur place le maximum de leurs membres cette transgression apparente ne peut qu tre imm diatement accompagn e de r gles inverses chez les fariky qui ne sont pas porteurs du pouvoir d arbitrage dont ont dispos pendant long temps les gens d Ampasimena La proposition inverse corrobore ces faits lorsqu un fariky porteur d autorit l int rieur de l appareil perd du statut 1l est contraint par les autres groupes locaux leur abandon ner ses membres n s des femmes Il convient donc d expliquer pour quelle raison les groupes locaux de haut statut entendent en r gle g n rale voir se multiplier leurs membres Cette attitude entra ne en ef fet des inconv nients institutionnels autant que des avantages Les in conv nients tiennent l augmentation corr lative de la surface fonci re si en effet tous les membres des Zafindramahavita issus de r si dents Ampasimena y r sident leur J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 60 54 DATE APPROXIMATIVE SEGMENTS 1880 Mariage avec R sidence aristocrates patrilocale AMPASI
69. a suite de l immatricula tion d finitive dans les ann es 1955 Amada avait constat qu une par tie des rizi res normalement r serv es aux gens des tombeaux royaux restait en jach re c tait cette partie qu il entendait louer Cette d ci sion affectait profond ment l ordre monarchique bemihisatra les ri zi res en question portaient notamment dans 105 l enceinte fu n raire d Ambalarafia les d pouilles de la jeune reine Tsiomeko consid r e comme purement sakalava issue d un segment de des cendance hostile celui auquel appartenait Amada morte dans des conditions tragiques et dont les poss d es successives assumaient les conduites fantasques tortur es ind chiffrables qui paraissaient re produire sur le plan collectif la situation sociologique ambigu de la jeune reine morte dont les d pouilles taient contr l es par des per sonnalit s qui elle tait oppos e Amada est l poque la t te d une fortune assez importante ce qui lui permet d ordonner en 1956 la conduite d un grand service fanompoa a ayant pour objet la r fec tion au tombeau d Ambalarafia d un caveau fun raire en ciment rem pla ant ainsi les mat riaux v g taux Bien que les Sakalava n asso cient pas m caniquement les deux faits il semble que cette prestation engageant des sommes assez importantes soit alors consid r e comme une sorte de contrepartie anticip e de la location des rizi res qui en tourent
70. acte de la situation conflictuelle initiale Les faits biographiques li s aux r les Politiques internes jou s par Binao et Amada de leur vivant doi vent tre rappel s Binao fut l une des premi res d tentrices du pouvoir traditionnel monarchique apr s l ouverture du territoire sakalava la colonisation tre pressentie par l administration coloniale Une entrevue Tana narive avec le r sident g n ral lui garantit la bienveillance du nouveau pouvoir en change d un contr le indirect fran ais sur des r seaux que 95 Apr s l enterrement d un mpaniaka tous les objets ayant t en contact avec son corps l accompagnent dans l enceinte fun raire 96 Sengananay 97 Zoky Tsiomeko est en effet une collat rale de Binao de la m me g n ra tion qu elle fille d une fille d une s ur du p re de la m re de Binao J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 136 sa position lui permettait de contr ler Elle avait t l gitim e en 1881 l ge de quatorze ans et avait toujours abandonn les d cisions de gestion aux mains d hommes tels que son p re Bebaka issu d un groupe Zafindramahavita de haut statut ou la suite de la mort de celui ci des hommes comme le gouverneur politique Bao fils de Bebaka mis la retraite d office en 1917 voire ses diff rents poux Il est peu surprenant dans ces conditions que son souvenir encore vi vace dans le Nord Oues
71. ahamoudou manantany Mahamoudou Sa maison fait le coin d une ruelle du quartier d Andavakotoko en contrebas de l h pital La voiture s engage dans les passages troits que dessinent sans disconti nuer les maisons au toit de t le ondul e aux v randas grillag es Ma hamoudou noir petit r bl la chemise ouverte sur un maillot de corps blanc le pagne projet en avant par l embonpoint le regard s v re La voix explose plut t qu elle n articule Ino moa dihanar Qu est ce que vous venez faire ici vous autres L ethnologue pense qu la place de l adjoint il se sentirait l g rement agress par l attitude de Mahamoudou Apr s avoir exp di la question du travail de l ethnologue ce dernier monte d autorit dans la voiture noire il va la poste Pendant tout le trajet il parle avec v h mence l adjoint d une r union du conseil municipal d Hellville Il est lui m me conseiller municipal Le chauffeur participe la conversation Maha moudou descend L adjoint et le chauffeur changent des plaisanteries L adjoint dit l ethnologue que c est la premi re fois qu il entre dans la demeure royale zomba il semble soulag Janvier 1971 le village d Ambatozavavy sur la c te est de Nosy Be A peine revenu de Tananarive j apprends la mort subite de la fille a n e d Amada Fatoma h riti re du pouvoir monarchique qui m est communiqu e en ces termes Sais tu que la panjaka d Andava
72. ahavita Antandrano Ma oroomby Anjoaty Merina Zafintranovoalavo Sakalava roturiers clan inconnu nm A a AO D OR D TOTAL D Total W N o0 e e e e e e e e e e M SDS SN Sn SA A A ON 100 On voit qu aucune r p tition d alliance n a t pratiqu e par la li gn e r gnante les trois Comoriens constituant le plus fort pourcenta ge Abderimane Ropa Said Mohamed et Aly mari de Kavy tant de groupes r sidentiels totalement distincts Ces faits peuvent tre visua lis s selon le sch ma suivant les triangles d limitent les parent les successives J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 79 72 Eo novbie o Roturier Ce sch ma montre la succession des affiliations roturi res et aris tocrates d une lign e Sur le plan du statut politique les membres d une lign e aristocrate tiennent compte uniquement de celui de leurs parents qui est lui m me aristocrate sur le plan r sidentiel et cono mique ils entretiennent par contre des liens avec leurs ascendants ro turiers directs parents et grands parents d s que les enfants aristo crates se marient les affiliations roturi res dont ils tiennent compte concernent uniquement leur p re et leur m re la mort de ces der niers le groupe roturier donneur de conjoints est laiss de c t au profit d un autre En mati re r sidentielle la solidarit
73. ais pas encore on re parlera ensemble Elle redemanda Tu veux vraiment me connat tre Le mpanjaka Amada vous a expliqu combien taient ils de m 65 Ambariovato l le aux pierres est le nom sakalava de Nosy Komba 66 Ravinanto d signe les conjoints des descendants des collat raux d Ego de la g n ration moins un 67 On dit pouvoir fanjaka a pour d signer telle ou telle saba J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 123 me m re t a t il expliqu Tu le sais J expliquai De m me m re ils sont trois ils sont trois Qui est le premier qui est le deuxi me qui est le troisi me J expliquai Le premier c est Pampanjaka Binao le deuxi me c est l ampanjaka Kavy le troisi me c est Amada Tu sais bien ce la Je le sais je dis Trois fois elle me demanda Elle ne m expliquait pas tout directement elle voulait que a rentre bien dans ma t te Le premier l elle dit n est pas mort Andavakotoko Oui je dis Le premier l c tait un mpanjaka Bemihisatra Oui je dis Le jour o vous tes all l servir 68 Amba riovato ce n est pas toi qui tais chef de route Oui je dis c tait moi Tu sais cela Oui je dis Et qu est ce qui t a pris de te renverser dans la mer quand tu es arriv au large Voil c t
74. ait a la meilleure 115 la plus dure des preuves qu elle me donnait Et pourquoi pour quelle raison tu t es renvers dans la mer avec ta pirogue Alors l mon gars cause de a ma t te commen ait travailler C est vrai je dis on s est trouv s plong s dans la mer ce moment l Si tu ne t tais pas renvers toi m me ce jour l elle dit j aurais t capable de te renverser moi m me C tait moi que tu transportais dans le fanompoa a dans l eau et le mauvais temps moi qui suis tomb e aussi dans la mer Tu ne me connais pas encore Ah maintenant je dis je te connais Mais j ai encore peur que tu sois quelqu un qui soit pass seulement que tu aies vue des choses mais que tu ne sois pas celle que je crois Je suis encore sceptique parce que c est ma r gle de ne pas te croire jusqu ce que j obtienne beaucoup de preuves Et tu ne te souviens pas que je ne voulais pas de la place que tu me donnais dans le fera omby l apr s que vous m ayez d barqu e Je m en souviens je dis Alors l personne ne pouvait savoir a si ce n est nous cinq l int rieur du fera omby et attention aucun de nous cinq ne pouvait en parler apr s aucun n aurait os M me les Sakalava ne savent pas a La pirogue renvers e a il y a des gens qui l avaient vue parce que tout le monde tait l videmment mais l endroit qu on voulait creuser ici personne ne conn
75. amatatra Anorotsangana Le chef Marijiany qui faisait ce travail vint m avertir que c tait fini en mai 1939 Alors j envoyai tous les conseillers l ordre de pr venir les Bemihisatra de se pr parer pour aller la chercher l bas Et puis Andramamatatra alla demander une autorisation l administration et il l obtint Parce qu il fallait une autorisation pour la d placer C tait quelque chose de tr s difficile d aller la chercher l bas J tais chef pour aller l bas et puis il y avait le fahatelo d autrefois Ampasimena Tombobandroko Nous tions les deux responsables du 88 Dans les aody souterrains de protection des lieux sacr s le hasigny Dracoe na reflexa Lam est tr s souvent inclus l tat de graines Il est sans doute int ressant de noter qu il s agit galement de la m dication r put e la plus ef ficace pour gu rir ces maladies aux sympt mes divers cens es tre provo qu es par cette transgression par essence qu est l inceste 89 Le texte sakalava pose ici d insolubles probl mes de traduction dus l exis tence d un langage particulier aux faits royaux L expression exacte est ma hazo fanafana conserver la chaleur De m me dit on d un ampanjaka malade qu il est nintsynintsy froid Mais si l on se r f re des conversa tions li es des v nements non fortement ritualis s la locution nintsynint sy a pour les ampanjaka comme les roturiers vobitry une connotation de
76. anakan vavy On a vu qu l int rieur des groupes roturiers ces deux cat gories avaient par nature un destin oppos les fils des hommes perp tuent sur le plan biologique et r sidentiel et partant foncier leur groupement les enfants des femmes ne sont cor sidents que dans l hypoth se statistiquement minoritaire de mariages l int rieur de groupes composant une communaut r sidentielle en r gle g n rale ils appartiennent au groupe r sidentiel de leur p re Aussi les rapports entre ces deux cat gories sont n cessairement tendus d s lors qu ils viennent concerner l appropriation d un m me domaine Jaotogny me d crivait ainsi ce type de conflit Un enfant des femmes zana kan vavy va venir se battre avec mon p re miady 61 babako C est une chose que je ne peux pas accepter tsy maloezaho On ne peut pas on lui dit Ici il n y a rien qui soit ton p re Par exem ple le village de mon p re c est Ambalihabe le village de ma m re c est Mangirankira a je n obtiendrai rien Mangirankira a si ma m re ne me le donne pas personnellement izikoa tsy amian an tena Avec le d veloppement des g n rations se cr ent ainsi plusieurs communaut s distinctes unies les unes aux autres seulement par la conscience d une appartenance commune qui finit par se dissoudre si des relations ne se conservent pas cet gard il est utile de d crire les relations entre deux branches
77. anisationnelles produites par des id es et des repr sentations Cette pr occupation a in vitablement conduit rel guer au second plan ce que L Dumont a nomm propos de la hi rarchie in dienne la composante r siduelle c est dire les aspects organisa tionnels ressortant sans contacts de l ordre de la production et de la reproduction de la base mat rielle des soci t s sans tre affect s par les conceptions locales relatives l organisation sociale Ce choix a tenu la nature et la situation historique de la monarchie Bemihisa tra du Nord malgache En possession d un plus grand nombre de do cuments anciens il aurait t en effet assez ais de reconstituer le fonctionnement d une hi rarchie qui jusque dans les ann es 1830 agissait comme un instrument de contr le territorial et foncier au pro fit d un ordre noble dominant ainsi que le montre un texte du capitai ne de vaisseau Guillain remarquable observateur des royaumes saka lava de l Ouest malgache dans les ann es 1840 1850 2 Ceci n tait pas le cas des organisations monarchiques renouvel es par le contact avec l tat colonial fran ais depuis 1840 et surtout depuis l annexion d fi nitive de 1896 L efficacit mat rielle de la hi rarchie politique en tant que telle s est alors bris e au lieu que se dessinent le long d elle des r seaux de production et de redistribution l ordre noble s est progres sivement s par conomiquement de l
78. ant sur des visions hi rarchis es des fins de l action sociale le concept de l gitimit reprenait corps enracin lui aussi dans l ensemble des cat gories de pens e locales et tendu en derni re analyse l ensemble des ordres sociaux par le moyen du concept d attente expecta tion c est dire par les d finitions concernant le bien fond des actes sociaux produites par les acteurs eux m mes 22 Mais qui dit strat gie 19 W H GOODENOUGH Introduction Explorations in Cultural Anthropo logy op cit 20 C GEERTZ The Social History of an Indonesian Town M IT Press Cambridge Mass 1965 Ideology as a Cultural System in D Apter ed Ideology and Discontent The Free Press of Glencoe New York 1964 21 Cf M J SWARTZ V W TURNER et A TUDEN Political Anthropolo gy Aldine Publishing Company Chicago 1968 particuli rement l introduc tion appuy e sur les travaux de T Parsons 22 Tous les travaux cit s ci dessus emploient titre plus ou moins central cette notion La notion d id ologie est galement d finie par M B BLACK et D METZGER partir d elle dans leur contribution Ethnographic Descrip tion and the Study of Law S A TYLER Cognitive Anthropology Holt Rinehart and Winston New York 1969 The more or less codified struc J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 32 valuation attente dit choix et donc repr s
79. ar Safy Mizongo en mati re judiciaire est abandonn au profit d autres proc d s moins J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 140 brutaux la mort des rois ne d truit plus dans un gigantesque incen die purificateur le village royal doany une capitale politico religieuse d positaire des reliques royales restitu es Majunga par Gallieni puis redistribu es se voit adjoindre une capitale purement politique Andavakotoko dont l importance se fera jour sous Binao r sident alors quelques centaines de m tres de l important centre de d cision qu est le district de Nosy Be Ces deux faisceaux d l ments convergents semblent ainsi motiver la s paration symbolique de Binao et de sa m re qui joue ou re pr sente sur un mode th tral ou rituel la naissance de nouvelles so lidarit s 4 Paradoxalement si l on admet ce premier couple antagoniste comme exact ce sont pr cis ment ces nouvelles solidarit s li es l ordre id ologique posthume que refuse Amada entendant enterrer sa s ur Tsinjoarivo Dans le m me mouvement il entend quant lui la rejeter du c t de Safy Mizongo Il est convenable qu elle rejoi gne sa m re furent ses propres mots tsisy fomba manjary izy io ba fa tsy ma atono mindrany litt Il n est pas de r gle convenable en la mati re autre que celle qui la fait rejoindre sa m re De la fid lit une s
80. asse r paration qui comporte simultan ment l effacement d une souillure et l tablissement d un flux mon taire ou conomique entre la personne punie et le mort royal consid r L ordre politique se don ne ainsi indissolublement comme r alit et comme croyance Car la faute sanctionn e par un poss d est une faute politique la sanction vise donc le plus souvent un d tenteur du pouvoir membre de l appa reil monarchique parfois le souverain lui m me Or la d finition des pratiques politiques convenables ou s ditieuses qui pr side la mise en relation du malheur et de sa cause suppos e est elle m me donn e en quelque sorte dans l acte de l gitimation d un poss d par l appareil monarchique Quand les conseillers des vivants et des morts authentifient la pr sence chez un individu d un souverain mort ils se donnent eux m mes un ma tre qui n est rien d autre que l incarnation de leur propre d finition du pass historique et donc de l ordre monar chique actuel Par les poss d s l appareil monarchique se parle donc lui m me il r alise et incarne l id ologie qui lui permet d exister J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 111 titre sp cifique diff rentiel Impossible d observer ici un niveau des croyances qui justifierait ou masquerait un niveau des pratiques ce serait n gliger d une part que ces derni res font l objet de repr senta
81. ation en derni re instance par la base mat rielle des soci t s il se contente de rappeler que sans la prise en compte des projets des ac teurs et de ce qui dans leur conscience les conduit ob ir accepter ou refuser participer des rituels prendre telle option plut t que telle autre la notion m me de d termination en derni re instance est vide abstraite absurde car elle conduit r duire la diversit des conceptions culturelles relatives au probl me de la reproduction sociale une sorte d unit monotone liminant bon compte ce qui forme la r alit quotidienne de la vie sociale des organisations humai nes et de ce fait contraint l anthropologie une sorte de vertige tou jours plus loigne dans sa spirale continue des soci t s dont elle en tend rendre compte pour la confiner un dialogue entre une centaine d universitaires et de chercheurs qui se parlent entre eux Le caract re central premier des id es ou conceptions locales re latives la hi rarchie et au pouvoir Madagascar m a t r v l pro gressivement par P Ottino au cours de notre travail commun l Universit de Madagascar entre 1971 et 1973 de m me que la ri chesse des faits et bien d autres choses encore que ne sauraient puiser des remerciements acad miques et je dois M Aug par ses com 3 Voir la lettre d Engels de 1890 cit e par M GODELIER dans Horizon Trajets marxistes e
82. atrice du groupe Tinavoko Une fille de cette derni re Ho ravaka apr s s tre mari e avec un homme du village d Antsakoama nondro au nord d Ambanja s est int gr e la communaut villageoise et a eu de nombreux enfants L un de ses enfants Jaofeno bien qu ayant conserv des relations avec le village d Ambatozavavy en y adoptant des enfants ou en en donnant en adoption n est pas consid r comme Jingo l instar de sa m re En mani re de restriction on dit de Jaofeno que si l on prend le c t de la m re izikoa amin ny njariny il est Jingo et les enfants de Jaofeno qui n eusent pas de relation J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 52 directe avec Tinavoko de qui est issue leur ascendance Jingo ne peu vent se r clamer de cette appartenance 47 On retrouve ici les r gles dominantes nonc es au d but de ce pa ragraphe l activation des appartenances claniques d pend de l int gration un groupe de r sidence int gration elle m me d termin e par le statut politique de ce dernier Il LA TRANSMISSION DES FIRAZANANA L ID OLOGIE ET LA PRATIQUE DES NOBLES La n cessit d explorer part la transmission du statut nobiliaire tient l extr me attention qu on doit accorder Madagascar aux dis tinctions de normes selon les ordres ou strates des soci t s 35 Dans la plupart des syst mes monarchiques malgaches en effet les
83. aut faire vite avant qu elle ne me tue Elle est en fureur en v rit Al lez Manantany Maintenant l affaire est dans tes mains a c tait un vendredi que Mboty avait parl Andriamamatatra m expliquait Lundi matin il faut que vous alliez voir l endroit dont a parl Mbo ty J allai l bas le jour Zaman Daz alla l bas 14 Nous appel mes Tsimibiry qui vint aussi puis Bazafy le chauffeur de l automobile du mpanjaka qui nous emmena avec cet enfant Mboty Une fois arriv s l bas au canal nord 5 c est ici dit elle J appelai le manantany 76 l bas Jinoro nous l appel mes et une 73 Nom posthume fitahia a du roi Amada Ndramamatatrarivo le seigneur qui fit mille choses fortes 74 Zaman Daz le teknonyme de Tsimiory le vieux conseiller d une grande r putation auquel Mahamoudou Daoud selon ses propres dires se r f rait constamment dans les situations difficiles 75 Il s agit d un canal d alimentation des rizi res inond es environnant les ma babo 76 Il s agit du manantany et du fabatelo du mababo J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 127 fois qu il tait venu nous appel mes une femme Mbohondraza qui tait fahatelo ef puis des grands du mahabo l bas Mabavita Nous voil voil l affaire qu emporte Mboty Nous nous install mes pour regarder les endroits dont parlait cette jeune fille Allez Mboty va l endr
84. balihabe Bernaneviky AMBDANJA Kongonye Ankorefo PRESQU ILE Komamery D P AMBARIOTELO Antsatsska Ambaliha D AMPASINDAVA Ambodimadiro Ambatofotsy D Andrahibobe sAndra ana Anorotsangana LEGENOE Sost Proleciure NOSY Chellieu de contun BERAFIA Lavalohaliky M Villoge CM D DOANY Residence royale Bemihiserre M MAHABO Tombeou royal o 5 10 15 km J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 19 16 POUVOIR DES VIVANTS LANGAGE DES MORTS IDEO LOGIQUES SAKALAVA Il LE POUVOIR D AUTREFOIS DE LA RERISION AU DANGER Retour la table des mati res quoi renvoie l autrefois de l expression d signant le pouvoir monarchique sakalava Tout d abord une cat gorisation lin aire du temps Dans son acception la plus g n rale le terme faloha signifie dans une p riode o je n tais pas n Dans la bouche d un Sakala va adulte ou vieillissant le terme peut d signer la p riode ant rieure la colonisation d crite aussi par l expression ny fahagasy l poque malgache le temps ou la dur e malgaches V cus pourtant de ma ni re contemporaine les faits monarchiques ne peuvent cependant si l on tente d tre fid le aux d marches locales tre rejet s dans un autrefois que d mentent diversement les situati
85. bles par les conseillers roturiers bien que ce soit leur r le Ici interviennent ces institutions de normalisation que sont les devins d une part et les poss d s royaux de l autre jusqu ce que la structure soulag e de ses tensions retrouve avec la fondation de Manongarivo un point d quilibre Il faut souligner que alors qu un expos synchronique laissait pr voir le r le m diateur des pos s d s l expos du processus le v rifie Le Saba appara t sur la sc ne th trale de la vie politique alors que la structure est en voie de r quilibre gr ce l action des devins m diateurs eux aussi entre les conseillers et le mpanjaka 101 M DOUGLAS Purity and Danger An Analysis of Concepts of Pollution and Taboo Penguin Books 1966 Maspero 1971 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 148 138 POUVOIR DES VIVANTS LANGAGE DES MORTS IDEO LOGIQUES SAKALAVA AI DES MORS PLEINS DE SENS Retour la table des mati res Rendre compte d un syst me social des concepts qui en dessinent les contours et les zones d ombre rel ve toujours d une entreprise pa radoxale car les dimensions du social et du politique rel vent dans leur perception imm diate d un ordre synth tique de l esprit La vie sociale les repr sentations et les choix humains ne sont pas form s de la juxtaposition d activit s s par es ils constituent une unit dialecti que toujo
86. c une Ma oroomby Vous avez des enfants des petits enfants Alors ils sont descendants de qui les petits enfants qui suivent derri re R Ce qu ils suivent c est le p re Ce qui fait que c est le p re c est que c est le coq qui chante et pas la poule ny akohovavy tsy ma gnena fa ny akoholahy no magnena Q Alors c est la cat gorie de leur grand p re qu ils vont emme ner avec eux Mettons que tu sois Anjoaty Ta femme est Sakalava 40 Ma oroomby et vos anc tres sont m l s Ils vont emporter quel anc tre tes petits enfants R Mettons que je suis p re toi tu es la m re de l enfant eh bien il prendra sa cat gorie de mon c t Anjoaty Il prendra ma cat gorie c est dire Anjoaty Mais mon petit fils c est l enfant de ton enfant il emportera un peu de ta cat gorie aussi il ne peut pas la lais ser derri re lui favela afara s il n h rite que de mon c t l ancestra lit n est pas bonne manjary s il ne prend qu une seule cat gorie la maladie peut sortir miboaka et le devin sikidy va dire Ah mais qu est ce qu il a ton petit fils l o est cette cat gorie qu on doit lui donner ah il veut sa cat gorie la cat gorie qui lui vient de sa m re Voil ce qu on fait Q Maintenant un autre exemple Un anc tre qui est tr s loin tain avitry le grand p re du grand p re par exemple il est Ma o roomby Maintenant 1l y en a un autre qui suit
87. catif de noter qu un mariage entre enfants des fem mes et enfants des hommes d un m me fariky a les m mes effets qu une adoption d finitive puisqu il r unit dans une m me unit r si dentielle des gens th oriquement non cor sidents ainsi que leur des cendance On peut citer cet gard l exemple du mariage de Bao Ab dallah et Madamo sa quatri me femme Bao Abdallah et Madamo taient en relation de fils des hommes et fils des femmes voir sch ma J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 70 63 TSIMANOAHY BOBA Safinanako TSIFOHY ANDAVAKOTOKO Hiavy AMADY AMPASIMENA HASANI BAO ABDALLAH Apr s leur mariage Madamo est venue r sider Ampasirnena et les deux enfants de l union y ont t lev s le deuxi me gar on Si goro a t lev et adopt par Bebaka chef du groupe r sidentiel d Ampasimena et p re adoptif de son p re Bao II LA NOTION DE TARIKY LA CONCEPTION ARISTOCRATE Quand un roturier sakalava dit notre tariky tarikinay il d si gne un groupe g n alogique restreint circonscrit dans le temps asso ci un domaine foncier particulier juxtapos un grand nombre d autres segments composant les villages sakalava dont une petite mi norit entretient par le biais des alliances matrimoniales des liens d amiti ou de communaut politique des relations avec lui Un aris tocrate qu
88. ces m mes poss d s peuvent tre l origine de la destitution d un dignitaire des morts destitution qui implique une diminution du revenu du dignitaire exclu qui ne contr le plus les flux c r moniels dont sont l objet les tombeaux royaux Il est impossible de voir dans ces hi rarchies la marque d un autre ordre que la politique et que la rh torique de la l gitimit de 104 r duire l opposition entre appareil des vivants et appareil des morts un rapport social de production travesti on chouerait d ce ler une base conomique coh rente sur laquelle viendrait se greffer l ordre monarchique ancien Il n est pas niable que le statut nobiliaire et donc l appartenance aux vivants ait t historiquement un gage de r ussite conomique mais cette derni re tait m diatis e par le statut qui seul permettait la pr minence fonci re dans le nouveau cadre des institutions coloniales si tous les nobles minents et notamment le souverain des Bemihisatra qui re oit la gestion d un domaine d envi ron deux cents hectares de terres commerciales ou de rizi res sont n cessairement propri taires fonciers tous les propri taires fonciers ne sont pas nobles La base conomique construite sous la colonisa tion traverse donc les deux hi rarchies mais ne les fonde pas sinon au sens extr mement large o les rapports de production d termin s par le capitalisme foncier affectent n cessairement l ensemble de la population
89. chercher Mahamoudou Hangatahy tait surpris Il lui r pondait je vois bien que tu es un tromba mais je ne sais pas qui tu es Va chercher Mahamou dou 113 Apr s a Hangataby laisse tout il d bouche chez le mpanjaka qui me fait pr venir Il me fait dire que l bas il y a un tromba qui t appelle Qui c est je dis Ah je ne sais pas c est un tromba je l ai vu la nuit je sais d elle que c est une femme son tromba veut te voir ce moment l je l avertis qu on partirait ensemble le lendemain J avais pris avec moi des man uvres un qui s appelait Tombo il n tait pas conseiller c tait quelqu un que je connaissais bien puis un qui s appelait Mahavita un Sambiarivo 6 du mpanjaka On d barqua Antanabe Sambirano puis apr s on tait arriv s l apr s midi l bas On les vit ils taient en train de r colter le riz ils taient l le mari tait l puis cette femme Ils ne nous connaissaient pas nous ne les connaissions pas Peut tre le mari avait remarqu Ah parmi ces gens l il y a cette personne Mahamoudou mais ils ne savaient pas lequel de nous trois Ah vous voil On fit les salutations A peine finies les saluta tions voil qu il venait sur cette femme Personne n avait appel personne n avait interc d Alors il tait arriv et nous nous tai sions nous coutions comme pour un examen C tait dans
90. chez les nobles c est l implantation dans un lieu donn qui d termine et dessine l int rieur du vaste fariky aristocrate l bauche de la hi rarchie politique le souverain r sume par sa pr sence physique le contr le territorial et donc l ensemble de la hi rar chie sociale c est ce qui explique d ailleurs le morcellement la suite de la colonisation de l ensemble de la c te nord ouest o autour des cercles militaires puis des districts s implant rent chacun pour leur part des descendants des familles royales du Nord cr ateurs d unit s territoriales faritany L association un lieu qui devient une sorte de capitale que l appareil colonial puis l tat malgache l gi timent en quelque sorte en l assortissant d un qualifiant du vocabulaire administratif chef lieu de canton ou chef lieu de district ce qui per met ainsi l inverse au souverain supr me d authentifier son r le poli tique Ce lien organique entre les faits r sidentiels et l ordre politique J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 87 ne revient cependant pas faire du crit re de r sidence un crit re n cessaire et suffisant de fondation et de d finition des groupes nobles que la nature indiff renci e de ces derniers tablie ci dessus pourrait induire Ce que d termine le facteur r sidentiel 80 ou territorial ce n est pas fondamentalement l appartenance un groupe
91. couches aristocratiques ont impos avec leur propre domination des principes d organisation qui leur taient favorables et qui diff raient des princi pes pratiqu s chez les groupes roturiers conquis L volution histori que a quelque peu dilu cette opposition au sens o les mod les rotu riers ont souvent avec l homog n it progressive de la soci t influ sur les normes familiales des aristocrates sans que ces derni res dispa raissent totalement Ainsi le syst me de transmission du statut chez les aristocrates sa kalava du Nord ressemble au syst me observ ci dessus chez leurs alli s roturiers de haut statut les Zafindramahavita elle en diff re cependant dans le sens o elle rev t un caract re d indiff renciation absolue au contraire des Zafindramahavita chez qui cette indiff ren ciation est corrig e ainsi qu on l a vu par des consid rations ext rieu res la parent Tout Zafimbolamena pousant un roturier transmet son statut de Zafimbolamena Ce syst me est videmment li directement l appa 35 Cf P OTTINO La Hi rarchie sociale et l alliance dans le royaume de Matacassi A S E M I vol 4 Paris 1973 p 53 89 voir galement V VALERI Le Fonctionnement du syst me des rangs Hawa L HOMME Revue fran aise d anthropologie vol 12 n 1 1972 p 30 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 53 rition l poque d
92. cture socio politique sakalava mais ce que l on pourrait nommer les cha nons id els pre miers qui permettent de la penser R capitulons Une hi rarchie sociale nomm e nobles et roturiers obtiennent leur statut par descendance Alors que ceux ci sont soumis 51 L expression est de C L VI STRAUSS L Homme nu Plon Paris 1971 p 603 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 99 selon des niveaux hi rarchiques l application de la r gle de recrute ment agnatique et patri virilocale les nobles impriment leur groupe un fonctionnement indiff renci On s aper oit que si certains groupes roturiers de haut statut transgressent l id ologie agnatique c est pr ci s ment du fait de leur statut et que de la m me mani re mais encore plus nettement si tout enfant de noble est noble lui m me quelle que soit l affiliation dont il re oit cette qualit la 92 l gitimit de cette transmission r side dans un raisonnement tautologique exprim lui aussi dans les cat gories locales c est l apanage des nobles sakalava Aux questions sur les rituels d une na vet d lib r e Pourquoi magnino utiliser les tambours la terre blanche les tresses d nou es qui auraient souhait des r ponses rapportant les faits monarchiques voqu s d autres faits culturels les r ponses furent toujours de l ordre C est l leur coutume fombandr zegny c e
93. de son assujettissement la structure des castes au territoire et dans la mesure de son autonomie relative par rapport ces notions sa d termination par la hi rarchie des statuts L ensemble des syst mes so ciaux malgaches demande le m me type d attention La petite monar chie qui fait l objet de ce texte et au del d elle l ensemble de la cultu re sakalava du Nord en y incluant les conceptions relatives aux mo narchies en g n ral pr sente un double visage une hi rarchie sociale en ordres nomm s et une hi rarchie de fonctions politiques qui appara t sur elle comme le premier plan d une aquarelle ressortant sur le flou de masses ind cises et sans qui pourtant elle n existerait pas La hi rarchie sociale par ces termes il faut entendre les cat gories J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 34 qui divisent l ensemble des individus sakalava selon des statuts obte nus par h r dit Cette hi rarchie est directement issue des structures sociales anciennes De ce fait on peut la consid rer comme une don n e l mentaire de la vie sociale du Nord Ouest malgache sans pour autant que les individus qu elle qualifie activent la personnalit sociale qui leur est ainsi transmise Actuellement ces cat gories op posent les nobles ampanjaka aux roturiers vohitry qui sont assi mil s les anciens esclaves andevo du fait 31 de l abolition de l e
94. der ni res sont absentes du groupe local du fait d une union virilocale sta ble Dans le cas des roturiers du commun un principe agnatique et pa trilocal d termine donc la perp tuation des groupes locaux et la transmission des droits 39 Rappelons que le d veloppement des tudes sur les organisations indiff ren ci es et complexes de Nouvelle Guin e notamment a montr que les fluc tuations dans le recrutement des groupes locaux taient en rapport avec la densit des terres cultivables se reporter aux travaux de J A BARNES African Models in the New Guinea Highlands Man vol 62 1962 et M MEGGITT op cit 1965 Dans un article de 1968 R C Kelly critique tou tefois assez violemment le caract re trop large de cette th se Dans la quasi totalit des cas le probl me n est pas celui de la raret globale des ter res mais celui d une distribution in6gale Demographic Pressure and Descent Group Structure in the New Guinea Highlands Oceania vol 39 n J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 58 Un tariky agnatique l exemple des Zafindramahavita d Ambalihabe Afin de faire appara tre l observance de la r gle d appartenance agnatique chez ce segment du commun de roturiers de haut statut le tableau suivant emploie des cat gories l g rement diff rentes de celles utilis es dans le paragraphe pr c dent Il tente de d cr
95. di s par Freeman ne sont pas conscients 36 Tous les informateurs adh rent l id ologie agnatique assez clairement marqu e dans la terminologie par des principes s mantiques opposant les cha nons de sexe oppos aux col 36 J D FREEMAN The Iban of Western Borneo in G P MURDOCK Social Structure in South East Asia Viking Fund Publications in Anthropo logy n 29 Chicago 1960 p 65 87 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 56 lat raux crois s les oncles maternels et tantes paternelles aux p res et fr res du p re ainsi qu aux m res et s urs de la m re 37 De m me l int rieur des ensembles g n alogiques les enfants des hommes zanakan lahy sont diff renci s des enfants des femmes zanakan vavy Les fariky sakalava roturiers ne forment pas cependant des groupes organiques ou r els mais des groupes dont l existence est avant tout g n alogique pour des raisons tenant aux r gles de r sidence d ter minant l acc s aux domaines fonciers et aux effets de ces r gles sur l effectif des groupes locaux la norme d appartenance agnatique 51 r pond celle de patri virilocalit d j voqu e ci dessus Les enfants des hommes zanakan lahy sont consid r s par filiation comme des membres r sidents et non les enfants des femmes za nakan vavy appartenant au groupe local de leur p re
96. du Nord Ouest notamment sous la forme du salariat Le dialogue entre les deux hi rarchies de l appareil monarchique appara t comme un langage destin parler les situations sociales dans les termes de l id ologie monarchique c est dire dans la syn taxe dont les r gles sont d finies par l existence et l utilisation des morts royaux Cela appara t dans les interventions publiques des pos s d s lors de la discussion de d cisions affectant l ensemble des faits sociaux relatifs la monarchie et l quilibre des groupes d cisions relatives des domaines qu un ethnocentrisme h tif am nerait consid rer comme profanes mat riels conomiques L une de ces d cisions g n rales donna lieu un long processus conflictuel il s agissait du d sir affirm par le souverain Amada alors gouverneur politique de Nosy Be de louer la Compagnie su J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 113 cri re de Nosy Be une partie des terres utilis es par les gens des morts autour des deux tombeaux royaux d Ambalarafia et Manonga rivo Depuis 1949 Amada avait fait proc der des op rations de bor nage de ces rizi res Il agissait alors titre de propri taire priv affir mant des droits d usage et ces affaires avaient t trait es par le pre mier conseiller des vivants qui avait servi de liaison avec les dignitai res des morts concernes au premier chef A l
97. e Study of Law in S A TYLER ed Cognitive Anthropo J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 152 logy Holt Rinehart and Winston New York p 137 164 BUCHLER I R et SELBY H A Kinsbip and Social Organi zation An Introduction to Theory and Method The Macmillan Company New York 1968 DUMONT L Homo bierarchicus Essai sur le syst me des castes Gallimard Biblioth que des sciences humaines Paris 1966 DOUGLAS M Purity and Danger An Analysis of Concepts of Pollution and Taboo Penguin Books 1966 De la souillure Mas pero Paris 1971 ENGELS F lettre de 1890 J Bloch in M GODELIER Une anthropologie conomique est elle possible L Unit de l homme Le Seuil 1974 EVERS H D ed Loosely Structured Social Systems Thai land in Comparative Perspective Yale University Press New Ha ven 1969 142 FISCHER J L c The Classification of Residence in Censu ses American Anthropologist vol 60 1958 p 508 517 FREEMAN J D The Iban of Western Borneo in G P MURDOCK Social Structure in South East Asia Viking Fund Publications in Anthropology n 29 1960 Chicago p 65 87 GEERTZ C The Social History of an Indonesian Town M IT Press Cambridge Mass 1965 _ Ideology as a Cultural System in D APTER Ideology and Discontent The Free Press of Glencoe New York 1964 GODELIER M Rationalit et ir
98. e lui 7 47 II faut rappeler ici qu Amada confia en 1948 des postes de chef de canton deux de ses collat raux qui lui disputaient plus ou moins ouvertement le pouvoir monarchique J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 74 Le groupe de descendance aristocrate se diff rencie donc essentiel lement 67 des tariky et groupes r sidentiels roturiers en ce qu il n of fre pas dans son ensemble un caract re organique sinon sur un plan rituel ou c r moniel Il est form de segments r sidentiels de petite taille parmi lesquels domine le segment o r side le d tenteur de la l gitimit bemihisatra qui joue du point de vue matrimonial et r si dentiel un r le central A La continuit du groupe de descendance aristocrate et sa politique matrimoniale La politique matrimoniale et d alliance des aristocrates leur chap pe en partie puisque plusieurs reprises on a mentionn ci dessus des d cisions d alliance provenant en partie des conseillers roturiers Ce fait peut s inscrire dans le domaine proprement politique de la structu re monarchique aussi faut il pour l instant le laisser de c t Il convient toutefois de le mentionner pour autant que l alliance matri moniale g n ralement exogame ou voulue telle repr sente une des communications entre les ordres roturier et aristocrate Aussi faut 1l cet gard distinguer deux ordres de fait Sur le plan interpersonnel
99. egmentation et d oubli de ces derniers au cun tombeau royal sakalava depuis la fondation de la dynastie n est oubli ou au moins telle est la croyance premi re qui fonde la per manence des tombeaux royaux massivement marqu e dans les faits par leur taille la complexit des rituels qui leur sont li s l existence d une population permanente d esclaves royaux Sambiarivo charg s de veiller sur eux et sur les poss d s qui r sident aupr s d eux Ainsi le long de la c te nord ouest les mahabo donnent silencieusement lire la naissance le d veloppement la dispersion des groupes royaux sakalava mahabo des alentours de Majunga Bezavo consid r comme la source des tombeaux sakalava par les gens du Nord tom beau de Mahabibo Majunga o sont conserv es les reliques des deux fondateurs des dynasties du Nord et qui fit l objet d un long pro c s opposant les deux segments dynastiques Bemihisatra et Bernazava pour son contr le dans les ann es soixante proc s maill de morts et d interventions politiques tombeau de Lavalohaliky perdu dans une presqu le touffue au dessus d Analalava o reposent les derni res reines sakalava de l poque historique Ouantiti et Taossy tombeau de Nosy Lava qui rappelle la lign e des gouverneurs politiques d Analalava mahabo de Nosy Berafia o repose un descendant d Andriantsoly Boana Ankara assassin par des conseillers la solde des militaires merina tablis Anor
100. ema angy qui les saluent de chants associ s chacun d entre eux ils feignent de les r compenser et de leur rendre hommage en devenant sous le tissu qui soudain les dissimule lors d une transe r ve enjiky le mort qui les habite mipetraka amindr Au tout d but de la c r monie avant m me que les acteurs soient tous pr sents tr s t t le matin lorsque la c r monie est diurne un groupe de femmes et d hommes dont l un est porteur d une assiette de porcelaine blanche sahany s assied m me le sol sarcl dans l alignement de la porte les mains en coupe port es par les avant bras repli s hauteur de la taille ce sont les repr sen tants de la communaut du village des tombeaux royaux des Sambia J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 97 rivo ils avertissent mifantoko en langage monarchique les morts royaux de la tenue du service et les prient selon les termes communs toutes les adresses aux morts sakalava de les laisser dans la fra cheur ma tambila nintsynintsy c est dire de ne pas les toucher mahavoa par une sanction surnaturelle figny qui puni rait une faute rituelle accomplie lors de la c r monie L observateur 90 assisterait ensuite l arriv e des dignitaires ext rieurs et pour les qualifier il pourrait entendre parler des gens des vivants olo ny manoro ou des gens de la r sidence royale olo ny doany i
101. ence du souverain vivant et de pr f rence de localit s loign es Cette derni re poss d e Rahema trouble sans cesse le fanompoa a 106 par des demandes incessantes li es aux actes rituels en tat de transe enjiky c est dire lorsqu elle est r ellement Tsiomeko elle demande notamment qu Amada vienne Ambalarafia communiquer avec elle directement mitakitaky autrement dit qu il fasse acte d al l geance Amada refuse mais ne se r sout pas louer les terrains Peu apr s la tenue du fanompoa a un conseiller des vivants rapporte Amada qu il a r v de la c r monie il a vu tous les gens des tom beaux debout nus entourant Rahema la poss d e quelqu un lui di sait Tsiomeko ne voulait pas de caveau en pierre c est cela qui a ferm la bouche de Poty la poss d e devenue muette Amada est consid r comme frapp de la col re voa atizerana de Tsiome ko la communication avec elle devient impossible et des poss d s ext rieurs aux tombeaux et ces esprits forestiers r put s pour des dons de voyance kalan oro sont sollicit s afin de donner un sens ces v nements La plupart des diagnostics relatifs au mutisme de la saha Poty la conduite de Rahema au fanompoa a r v lent des fautes d Amada La divination agit ici comme la mise en rapport de faits dont le lieu dernier est l id ologie relative aux morts royaux elle agit bien comme une recherche de r gles d accord entre u
102. entation des possibilit s culturelles d action Ce serait sans doute faire preuve de l g ret que de voir une co ncidence dans le d veloppement d une anthropologie sociale attentive aux marges de libert des cultures parall le un cou rant dynamiste de l anthropologie politique Le d veloppement des travaux sur les soci t s indiff renci es les concepts maladroits et im pressionnistes mais charg s de nouveaut concernant les syst mes sociaux structure l che loosely structured montraient dans les domaines sociaux qui les concernaient qu au cours des processus pra tiques des repr sentations relayaient et soutenaient les niveaux ph nom naux 2 Jusqu maintenant une id e th orique s impose celle de la n cessit de l examen du caract re plus ou moins troit des d terminations premi res des cultures et corr lativement des marges de libert ainsi d volues leur fonctionnement 29 Double mouvement donc que celui utilisant la notion d id ologie d une part un mouve ment d explication global tendant rendre compte des formes prises par un syst me social d autre part un mouvement plus empiriste peut tre pla ant l accent sur des ph nom nes de choix par rapport des cadres culturels pr suppos s Double mouvement qui recouvre la coexistence et les interrelations de la synchronie et de la diachronie dans tout syst me social la synchronie la forme prise par les organi
103. ers terri toriaux galement nomm s ra itry ou ra aby Aux tombeaux royaux mahabo de chaque unit territoriale monarchique est associ e une m me hi rarchie politique de dignitaires compliqu e de charges reli gieuses qui n entrent pas dans notre propos Leur action principale est le contr le des poss d s royaux saha L ensemble de cette hi rarchie est th oriquement sous les ordres des conseillers de la r sidence roya le J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 35 HI RARCHIE HI RARCHIE R SIDENCE SOCIALE POLITIQUE Nobles souverain capitale royale Ampanjaka doany Roturiers manantany fabatelo Vobitry Ranitry Ranaby conseillers territoriaux dispers s dans le territoi re Esclaves royaux dignitaires rituels tombeaux royaux Sambiarivo 32 Peut on par une d marche r ductrice trouver dans les faits relatifs aux relations de parent sakalava formant apparemment la trame premi re de l ensemble des relations sociales des l ments suscepti bles d tre consid r s comme infrastructurels et donc d terminant d autres niveaux sociaux qui leur seraient ext rieurs Anticipant quelque peu sur ce qui suit on peut d ores et d j poser le probl me dans les termes suivants l affiliation des groupes de parent n est accompagn e de droits politiques que par le moyen d une appartenan ce des groupes locaux Or les groupes locaux ne sont porteurs de s
104. es de l homme in L Unit de l homme op cit p 806 59 On sait que le m canisme de la croyance est toujours accompagn d un d ni Verleugnung Le paradigme de ce m canisme est exprim par la phrase Je sais bien mais quand m me O MANNONI Clefs pour l imaginaire ou l Autre Sc ne Seuil 1966 chap 1 60 Tbid p 22 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 117 est sans cesse affirm e individuellement par la fr quence des sollici tations des devins collectivement et structuralement par l ensemble de l organisation qui les incarne c est qu elle est con ue fragilement comme croyance que cette croyance est consciente et non soumission automatique Un mat rialiste suppos aurait beau dire ici que si l on craint les morts royaux c est parce que les nobles taient porteurs d une puissance bien concr te d terminante fonci re commer ante militaire assignant ainsi la limite au culte des morts royaux une fonction de superstition S il est inutile de r futer de telles interpr ta tions la vision mat rialiste des nobles puissants et craints tempo rellement et donc investis d une sorte de pouvoir magique et de magie du pouvoir n explique pas ce saut id ologique porteur de sens entre la puissance naturelle et concr te et l efficacit surnaturelle Il y a bien dans l id ologie des morts royaux sakalava une sorte de contrat pre mie
105. es quarante cinq personnes issues sur deux trois g n rations de Bebaka et de Bao Abdallah ont toutes divers titres t consid r es comme r sidentes Ampasimena pendant leur jeunesse ou une p riode de leur ge m r et de ce fait moins qu une distinction entre absents et pr sents c est de l opposition humoristique de E R Leach entre pr sents pr sents et pr sents absents qu il faudrait parler Il est caract ristique cet gard que la cat gorie statis tique venant en second lieu soit celle des inclassables c est dire de personnes comme Moanaiamo d origine zafindramahavita mais adopt e par les nobles puis poss d e et circulant entre Komame ry le tombeau royal de Manongarivo Di go Suarez o elle tait ma ri e et Ampasimena Le village d origine des Zafindramahavita joue ainsi le r le de centre des diff rents mouvements des individus qui y sont n s et ont t lev s par ses membres minents ou en contact du rable avec eux Sur ces quarante cinq personnes aucune ne m a t signal e comme n emportant pas tsy mahatondra son ascendance clanique beaucoup par contre du fait de la politique d Amada ayant loign les Zafindramahavita du pouvoir sont consid r s comme ne portant plus d attention aux choses du pouvoir tsy mijery rahampan jaka a On est donc nouveau contraint de passer par la structure politique pour commenter des faits r sidentiels
106. es sakalava 1977 135 tait venue aussi Et l il fallait qu elle recommence montrer qu elle tait bien Ndranamboniairivo en v rit Elle l avait d j fait ici au doany avec Andriamamatatra mais ceux du mahabo l bas n avaient pas confiance il fallait qu elle d taille encore toutes ces choses qui lui taient li es Je suis Ndrananaboniarivo elle dit vous avez fait monter toutes mes choses ici il y a mon verre en argent il est l elle disait en montrant la zomba faly Il y a une cuill re en argent l et ces choses l il y a peu de gens qui les connaissent le manantany ef le fahatelo du mahabo moi mais les Bemihisatra sont loin de les conna tre Elle leur d tailla tout D abord ils emmen rent des objets qui n taient pas elle Ce n est pas a Prenez ma che mise qui a des fleurs comme ci et comme a sur elle Mes v tements voil comme ils sont leur soie est de telle qualit voil leur cou leur Tout le monde tait d accord et ce moment l on dit Elle nous a r jouis c est dire nous sommes s rs d elle On lui donna provisoirement la maison du manantany l bas Et puis elle demanda comme elle tait habitu e 126 parler et rire avec beaucoup de gens que ce soit Ampasimena ou ici qu on lui fasse une grande maison Faites une grande maison B Analyse du conflit initial 1 Il convient dans un premier temps d analyser la nature ex
107. es sont redevables vis vis des rois la conscience d une appartenance et les conduites qu elle implique sont diff rentes selon le degr de liaison avec l appareil monarchique L ensemble des informateurs diff rencie ainsi quatre cinq cat gories politiques celles qui interviennent au moment des c r monies fun raires aux tombeaux royaux et dans l ensemble des c r monies li es au cycle de d veloppement du groupe royal et des clans en beaucoup plus grand nombre mais dont le rapport l appareil est peu fix voire absent C est ce que souligne l expression sakalava qui d crit une par tie de l organisation des v nements royaux chercher des cat gories de personnes mitady raza olo raza a anc tre ascendant mort tant pris comme m tonymie de firaza ana Ces groupes en question li s troitement l appareil royal et son ordre rituel sont les Sakala va Ma oroomby les Jingo les Antankoala les Mana adabo et les esclaves royaux Sambiarivo Les autres cat gories sont consid r es comme n tant pas en possession d un travail de pouvoir asam panjaka a On est ici en pr sence d une 35 autre acception du ter me qui associe l appartenance une cat gorie politique au recrute ment par l appareil monarchique de responsables rituels qui il d l gue sa responsabilit rituelle et religieuse vis vis des anc tres royaux On est ainsi conduit une premi re r duction montrant que
108. etenu que les unions socialement reconnues par des prestations matrimoniales ou l accueil au sein d un groupe de r sidence du conjoint choisi I LA TRANSMISSION DES APPARTENANCES CLANIQUES L ID OLOGIE ET LA PRATIQUE DES ROTURIERS VOHITRY Le probl me pos par les unions exogames tient au choix fait par les descendants de l union selon qu ils se rattachent l appartenance dont se r clame leur p re ou leur m re C est ce qu explique Jaosenga Question Bon et par exemple je ne peux pas prendre de cat go ries du c t de mon p re alors j en prends du c t de ma m re est ce que j ai le droit R ponse Oui c est justement ce que font les enfants qui ne sont pas lev s par leur p re tsy tarimin baban et alors s ils habitent chez leur m re mipetraka andrenin c est la cat gorie de leur m re qu ils suivent mais ils doivent se souvenir de ceux qui sont du c t de leur grand p re paternel s il y a une c r monie asa faire Je me souviens mahafsiaro de vous grand p re Untel vous tes l bas et moi je suis ici chez ma m re je ne suis pas en bonne position ici tsy tamana alors je me souviens de vous grand p re Untel Il ne peut pas l abandonner comment pourrait il l abandonner alors que c est son grand p re J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 44 Q Mettons que tu sois Ma anadabo Tu te maries ave
109. evient souverain supr me Mais ils ne peuvent tre touch s par leurs descendants il y a l une homologie entre le par cours du tigny royal et les oppositions possibles dont la logique finit par d terminer Amada d sob ir sa s ur morte Sur le plan 132 pratique cette fois cette transgression qui ne se situe jamais que sur un plan id ologique a cependant des implications pratiques pr cis 99 Le nord est fort dit on avaratra to mahery J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 142 ment dans la mesure o le niveau des croyances est en liaison organi que avec l ordre politique r el Ainsi pour r pondre la question po s e au d part quelle est la nature exacte de la situation conflictuelle initiale peut on dire qu il s agit d une tentative de maximisation so litaire du jeu des possibles politiques Amada privil gie le profit que vivant il pourrait tirer de l ordre symbolique particulier qui manerait de l inhumation de Binao allant rejoindre sa m re symboliquement adopt e par elle dans des relations jou es par les poss d s l giti mes saha Le pouvoir vivant oublie dans sa d cision qu il est institu tionnellement en communication avec le pouvoir mort dont les d ci sions le dominent et prend la lettre la qualit m taphorique de tom ponndraza a ma tre de ses anc tres Ce scepticisme tant au sens commun qu au sens religieux ann
110. femmes ou plus concr tement envoyer un esclave royal ou un proche chercher le conjoint qu il d sire Ce fut le cas de Fatoma fille a n e d Amada qui alors qu elle n avait pas le pouvoir fut mari e un conducteur de b ufs Said Mohamady s en s para pour des raisons purement priv es puis lorsqu elle tait responsable de la l gitimit bemihisatra voulut le rappeler elle simplement parce qu elle en tait amoureuse Un deuxi me type d union engage cette fois l ensemble de la struc ture politique il s agit d unions avec des groupes roturiers posses seurs de hautes charges qui sont bien plus le r sultat d une situation de pouvoir de ces derniers que l expression d une volont de les dis tinguer manant des aristocrates C est ainsi que pendant la grande p riode de domination aupr s des rois des groupes Zafindramahavi ta des relations matrimoniales troites se tiss rent entre les deux groupes relations qui enregistraient une nouvelle situation politique ANDRIANTSOLY Safy Aboudou SAFY MIZONGO t 1881 on rsouexo PAO ANDRIANTSOLY TSIFOHY eo BEBAKA f 1845 MAKARAKARA t 1915 t 1930 env Jiky t 1968 Relations matrimoniales entre les Zafimbolamena et les Zafindramahavita TSIFOHY premier conseiller roturier TSIOMEKO souverain r gnant On voit qu un cumul de charges coexiste ici avec des relations d al liance ce qui explique d ailleurs que les Zafindramahavita purent a
111. ge des morts 110 12 Des morts pleins de sens 138 Bibliographie des ouvrages cit s 141 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 6 POUVOIR DES VIVANTS LANGAGE DES MORTS IDEO LOGIQUES SAKALAVA QUATRI ME DE COUVERTURE Retour la table des mati res Comment transformer l histoire en pr sent Pourquoi l int rieur d un petit royaume du nord ouest de Madagascar les morts ne cessent de parler Des morts ou plut t ces tonnantes personnalit s les pos s d s royaux qui repr sentent tous les rois morts depuis la fondation des dynasties sakalava C est la place prise par leurs paroles que l au teur cherche restituer ici comment peuvent ils tre la fois contemporains et pass s vivants et morts Interrogation qui pourrait tre tendue a l ensemble des faits malgaches les plus actuels Cet ouvrage tente ainsi de r pondre deux questions Comment la hi rarchie sociale d termin e par l ordre monarchique se conserve t elle Comment est elle li e un appareil et une hi rarchie politi que Il tente aussi de montrer qu il est impossible d isoler une sorte de niveau premier objectif du syst me socio culturel tudi par exemple la parent l conomie qui fonderait et d terminerait le reste de l int rieur de la bo te de Pandore Si les Sakalava sont hi rarchis s c est du fait de leurs propres conceptions d
112. havita qui contr lent les postes importants professent quelque m pris malgr leur caract re commun d islamis s malgr la pr sence Andavakotoko d un respon sable local Daoud n d une m re sakalava et d un p re anjoanais Il est ais de percevoir que cette situation conflictuelle est due la jux taposition de deux individus contemporains plac s dans des positions quasi sym triques pour le pouvoir Il para t tr s vraisemblable que les traits principaux de la personnalit d Amada seront forg s dans cette nostalgie d un pouvoir qui lui para t d autant plus port e de la main qu il en exerce certaines pr rogatives au moins titre informel Le conflit initial du processus s inscrit donc dans la continuit de cet antagonisme jamais ouvert mais reconnu d autant qu Amada ne se faisait pas faute du vivant de sa s ur d num rer ses griefs que Binao consid rait selon une attitude indulgente et laxiste Mais si 128 ces consid rations d terminent des conflits entre contemporains expli quent elles l apparente volont de d nier au plan rituel et id ologique cette fois toute r alit cette croyance omnipr sente dans les syst mes monarchiques du Nord Ouest la pr sence posthume des souve rains morts dans le jeu politique 2 Car il serait tout aussi coh rent de consid rer l interpr tation in verse celle qui tend faire de la mort de Binao une lib ration des capacit s sociologiques et politiques d
113. hique et le corps tatique Chez eux l tat n existe qu titre d absent ou ce qui revient au m me de cat gorie ext rieure et la r alit de sa forme sociologi que se confond avec le concret quotidien de l activit de ses membres l criture Il n est rien qu ils n crivent pas fsisy raba tsy soratan dre voil essentiellement ce que pensent les Sakalava de l tat Ils ne sont pas partag s entre l tat et les r gles monarchiques seules ces J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 22 derni res conf rent du plaisir au jeu social les conversations s ani ment alors le ton des voix se musicalise On dit que l enfant d Ahamady Sais tu que Kavy Les deux enfants que la m re du panjaka a donn s Marotogny Ce gars l il aimait trop la force du pouvoir hasigny Une organisation politique subsiste on verra qu elle n est encas tr e dans les rapports de production qu titre tout fait indirect elle ne collecte pas l imp t et si elle peut frapper les individus 19 d amendes n a que de faibles moyens de les recouvrer elle ne joue aucun r le infrastructurel fondamental dans la reproduction des grou pes Par soustraction faut il mettre l hypoth se d un id alisme ou trancier qu elle n existe qu l int rieur des consciences et qu elle d termine des pratiques Sans doute pas si l on admet d une part qu toute organisation concr
114. i emploie la m me expression se r f re pourrait on dire l histoire des dynasties sakalava puisque le groupe de descendance aristocrate Zafimbolamena forme une unit 64 g n alogique connue dont les membres peuvent tablir des connexions g n alogiques avec leur anc tre fondateur Andriamandisoarivo dont ils sont s par s par J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 71 neuf dix g n rations Il est d s lors vident que ce vaste groupement dont les membres partagent la m me affiliation n a au regard des conditions r elles d existence qu id ologique Cela est particuli re ment vident depuis la p riode de dispersion cons cutive l an antis sement d une organisation centr e sur Majunga jusqu la fin du XIXe si cle Apr s la dispersion des membres du groupe royal des sous groupes se sont constitu s en prenant sous contr le un territoire fari tany et en s associant lui d s lors le large tariky aristocrate quiva lent ce que certains auteurs anglo saxons ont nomm en ce qui concerne les royaumes africains le lignage royal royal linea ge 45 s est scind en segments de descendance prenant la forme g n rale des groupes de descendance roturiers et dont l existence col lective est r sum e l instar de ces derniers dans l expression acco lant au terme de fariky le nom du fondateur de l unit r sidentielle Ainsi les Bemihisatra d
115. in par le rang poli tique du groupe consid r la patrilocalit qui est th oriquement norme roturi re n est pas utilis e D TSIMANDAHY Zafdra BOANAMOSA Antalaotra I BEBAKA Safi manako JIABO Zfd ia Zfdra Arabe BAKARY MALANDY Bazina Pe roturier Sambiarivo Ns BAO Zfdra Tongoamalandy Sambiarivo ABDILLAH ADAKOTO Zfdra Zafdra Zafindramahavita Les Jingo d Ambatozavavy Les Jingo sont une cat gorie politique sakalava assez minente dans la hi rarchie politique puisqu ils appartiennent l une des cinq cat gories intervenant dans les c r monies fun raires royales J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 51 46 Le groupe jingo d Ambatozavavy n a cependant pas de statut parti culier n tant serviteur que d une famille de petits aristocrates eux m mes domin s les Zafindrarna arihena H F p m d autres p m d autres 1880 1 2 1900 1 2 1900 7 6 1920 4 3 6 1920 17 7 1940 14 3 7 1940 8 4 1960 7 1 3 1 Soit un pourcentage de 0 89 de patrilocaux global comprenant 0 75 d hommes et 0 94 de femmes Ces r sultats montrent la do minance statistique de la patrilocalit chez ce groupe du commun mais n implique pas l inverse des Zafindramabavita que les non r sidents Ambatozavavy puissent toujours se pr valoir de leur ap partenance de Jingo Prenons l exemple de l une des branches issues de la fond
116. int rieur du groupe local la branche deux fois patrilocale pourra se trouver dans les situations de crise notamment plus forte que celle ne comprenant qu une seule affiliation r sidentielle patrilocale Enfin ainsi que le note J A Barnes 34 ces deux notions de m me que celle de virilocalit ou d uxorilocalit d pendent de l aspect r si dentiel des mariages pratiqu s la g n ration au dessus appeler patrilocalit la r sidence d un individu dont le groupe matrilocal se situe quelques centaines de m tres et vis vis duquel il peut 43 entretenir des relations aussi intenses qu avec son groupe patrilocal n offre pas de sens sidence in Censuses American Anthropologist vol 60 1958 et P OT TINO Rangiroa Parent tendue r sidence et terres dans un atoll des Tuamotu Cujas Paris 1972 33 E R LEACH Critique de l anthropologie trad fr P U F Paris 1968 chap 3 p 97 34 J A BARNES Marriage and Residential Continuity American Anthro pologist vol 62 1960 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 48 H F p m d autres p m d autres 1880 1 1900 1 0 1900 4 2 1920 2 2 1920 7 10 1940 1 3 1 2 5 2 3 1940 8 1960 6 1 1 1 1 2 2 Code p patrilocal m matrilocal d duolocal Les r sidences consid r es comme inclassables colonne au tres correspondent soit des adoptions ext rieures g n ralement
117. ire uni quement les affiliations r sidentielles des enfants des femmes za nakan vavy dont d pendent les caract ristiques de la continuit r si dentielle ENFANTS DES FEMMES Non r sidents R sidents Ambalihabe patrilocaux matrilocaux duolocaux autres 1880 10 1900 1 1 8 1900 6 1920 6 1920 11 1940 10 1 1940 19 1960 15 1 53 On voit que sur un total de quarante six individus n s de fem mes ferabavy quarante et un soit 89 ont suivi la r gle d appar tenance agnatique et sont consid r s comme non r sidents Ambali habe J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 59 A Le caract re hi rarchis des groupes locaux La comparaison entre les Zafindramahavita d Ampasimena et ceux d Ambalihabe montre de grandes diff rences entre les deux fariky lo caux quant aux principes d affiliation les premiers ont eu soin de conserver jusqu la d cadence d Ampasimena et au del l ensemble de leurs descendants qui ont toujours acc s au village souche m me s ils sont dispers s les autres moins proches des nobles et d un statut commun malgr le rang th orique impliqu par leur ascendance c l bre n ont pu utiliser les diff rentes alliances matrimoniales pratiqu es dans les r seaux r sidentiels proches de la capitale politique et de ce fait ont t quasiment contraints l instar d un grand nombre de groupements roturiers de laisser l
118. ires et c est pr cis ment cette poque l que Hangataby rencontra cette femme et qu il appela Bon Apr s elle demanda des v tements de tel ou tel aspect des ustensiles Je lui achetai tout je pr parai tout Mais ce n taient pas 1241 encore les objets dont s tait servi Ndrana abobiarivo parce que ceux l c tait seulement au moment o on la ferait venir qu on lui demanderait de les reconna tre Il fallait encore qu elle nous satis fasse ici qu on sache si elle tait une vraie saha Elle ne pouvait pas venir directement Alors ce moment l elle expliqua Je ne vien drai pas encore ce mois ci Quand la lune sera pleine il faudra que vous envoyiez des gens me chercher Alors l son mari fit une re qu te Cette ann e dit il est d j presque finie nous viendrons l ann e prochaine C tait 1941 En 1941 je d signai des gens pour aller la chercher moi je restai l pour pr parer les choses J envoyai le fahatelo qui s appelait Soro un vieil homme fahatelo ici Andavakotoko qui serait charg d aller la chercher Il y avait peut tre avec lui trente personnes des conseil lers des suivantes pour lui faire une escorte Ils l emmen rent et lorsqu elle arriva au doany on la mit dans la maison d une femme qui s appelait Misa qui tait une cadette du chef des marovavy et elle avait une grande maison C tait un h te il fallait lui donner une grande maison Lorsqu un jour faste u
119. is quand m me les morts royaux constituent un myst re 5 Et ce m me balancement est pr sent chez les poss d s pour lesquels le rap port au mort royal qui les 108 habite et l authenticit v cue de leur propre possession sont d termin s par une croyance pr alable La possession c est d abord un d r glement physiologique une maladie grave et ingu rissable dont un devin rapporte le sens mais pour s in venter poss d en possession de cette r gle s mantique partielle en core faut il croire aux devins et l gitimer la mise en rapport qu ils op rent alors Ainsi que le dit justement O Mannoni on va chez les devins pour tre devin 60 et de la m me mani re les poss d s sa kalava agissent alors selon les armatures culturelles engag es par l en semble du proc s de la hi rarchie politique Qu on se souvienne si les nobles sont l gitimes c est qu ils descendent de morts royaux qui sont dangereux si ces derniers sont dangereux c est qu ils sont por teurs permanents de punition affectant les vivants Chez les poss d s comme chez les nobles chez les nobles comme chez les Sakalava du commun le premier cha non id el porteur du sens de la hi rarchie et de la soci t C est l existence posthume des morts royaux Et si elle 58 Le probl me dramatique et central c est le contr le du contr le Edgar MORIN dans la Discussion suivant une communication de L EISEN BERG Ethique et Scienc
120. ise en page extraits support etc Les fichiers html doc pdf rtf jpg gif disponibles sur le site Les Classiques des sciences sociales sont la propri t des Classi ques des sciences sociales un organisme but non lucratif com pos exclusivement de b n voles Ils sont disponibles pour une utilisation intellectuelle et personnel le et en aucun cas commerciale Toute utilisation des fins com merciales des fichiers sur ce site est strictement interdite et toute rediffusion est galement strictement interdite L acc s notre travail est libre et gratuit tous les utilisa teurs C est notre mission Jean Marie Tremblay sociologue Fondateur et Pr sident directeur g n ral LES CLASSIQUES DES SCIENCES SOCIALES J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 3 Cette dition lectronique a t r alis e par R jeanne Toussaint b n vole Courriel rtoussaint ae ca Jean Fran ois BAR Anthropologue directeur de recherche la retraite de PIRD et de l Universit de Paris I Panth on POUVOIR DES VIVANTS LANGAGE DES MORTS ID O LOGIQUES SAKALAVA Paris Les ditions Fran ois Maspero 1977 144 pp Collection Dossiers africains Autorisation formelle accord e par l auteur le 23 juillet 2012 de diffuser ce livre dans Les Classiques des sciences sociales r Courriel jfbare wanadoo fr Polices de caract res utilis e P
121. isoarivo depuis le tombeau de Majunga Cette l gitimit li e l ensemble des morts royaux donne au souve rain un contr le th orique sur les repr sentants de morts royaux parti culiers les poss d s saha apparemment il est ext rieur l opposi tion binaire s parant les membres de la hi rarchie politique en gens des vivants et gens des morts Il a donc th oriquement vocation de donner des ordres n importe qui la condition que l individu command se consid re par appartenance clanique et territoriale aux Bemihisatta du Nord Cependant l opposition vivants morts est avant tout d ordre symbolique elle se r f re notamment dans le dis cours sakalava qui l exprime des vitements corporels et mat riels Ainsi il est impossible au souverain de se rendre aux tombeaux royaux moins qu une c r monie consid r e comme particuli re ment dangereuse difficile r ussir sans sanction surnaturelle le met te en contact avec les lieux fun raires Le souverain ne peut commu niquer avec les poss d s royaux qui sont des personnages ayant des r les institutionnels d finis que par le moyen d autres membres de l appareil ou au moins en leur pr sence De la m me mani re qu il lui est interdit de se rendre aux tombeaux les poss d s ne peuvent venir J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 109 le voir la r sidence royale doany qu accompagn
122. istes un aveuglement sur le caract re objectif de cette agression physique d finitive Pourtant l id ologique saka lava se pr te selon les rangs sociaux une sorte de jeu projectif qui ressemble ces dessins ambigus utilis s en psychologie selon qu on en consid re comme signifiantes les parties noires ou blanches Il n est sans doute pas possible actuellement de trouver chez les Sakalava du Nord une th orie de la personne et ou de l individu qui soit clairement formul e Il est possible qu elle soit r alis e enti rement dans l labo ration d un th rapeute poss d ou devin Il n en reste pas moins que le r le jou par les cadavres et la mat rialit de la mort appelle une telle th orie Faut il cependant penser que cette th orie centrale implicite J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 104 est ext rieure la hi rarchie qui l utiliserait Ou au contraire que la pens e sakalava 96 de la hi rarchie soutenue par les concep tions de la mort consid re qu tre noble ou roturier implique des dif f rences physiologiques constitutives Il est clair en tout cas que des remarques parses mais insistantes donnent un relief particulier l as pect physique des personnes et notamment des nobles et que jusqu r cemment certains segments de parent nobles s attachaient lorsque leur peau tait claire la prot ger des atteintes du soleil et
123. ive que si l on prenait le c t de la m re izikoa amin ny nindry ils taient de m me fariky Un deuxi me point tr s important est n cessaire pour d crire les effets de l alliance matrimoniale sur la composition des groupes de r sidence Il concerne la pertinence de la notion de mariage virilocal on peut penser en effet que cette notion ne prend de sens que si une femme r side dans un groupe o elle n a plus de contacts avec ses germains et ses collat raux de m me fariky ce qui n est pas le cas quand elle r side dans le m me village ou dans un village tr s proche Cette condition ne modifie pas toutefois la conduite de la femme elle J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 67 m me mais les rapports entre ses germains et collat raux et la g n ra tion de ses parents avec ses enfants dans ce dernier cas les rapports entre grands parents et petits enfants culturellement tr s troits de toute fa on s en trouveront encore renforc s jusqu l adoption ven tuelle d un des enfants en bas ge ce qui permet au groupe d origine de reprendre le contr le de certains de ses descendants Par les fem mes Si les rapports entre l adopt et l adopteur sont bons l enfant sera int gr au groupe du p re de sa m re ce qui permet de d jouer la r gle de patrilocalit D Les rapports entre enfants des hommes zanakan lahy et enfants des femmes z
124. je suis l Elle demanda Qui c est ces enfants que tu m as amen s Alors j ex pliquai Celui l c est Tombo celui l c est Mahavita 114 Ce Mabavita l c est l enfant de qui L enfant de Hasa ni je dis Ah Hasani Hasani dAmpoha a elle dit Oui Un de mes Sambiarivo a a c est un enfant qui ne me conna t pas mais son p re je le connais C est un de mes Sambiarivo Et ce lui l qui est ce a c est Tombo je dis Tombo Oui Ce Tombo l dit elle il vient d Ambariovato Oui je dis Ah elle dit mais c est mon ravinanto 6 Le cadet de ce Tombo a pous ma ni ce crois e asidiko ils ont m me eu des enfants C est faux C est la v rit Le cadet de Tombo avait pous celle qui est pass e voici peu de temps c tait lui le p re de tous ses enfants il est mort maintenant Alors apr s elle me de manda Tu ne sais pas encore qui je suis Han ban tous les tromba sont parents du mpanjaka je dis Mais je sais pas qui tu es je ne sais pas encore Qui es tu Je sais que tu es un pouvoir tu parles de beaucoup de choses je suis s r que tu es un pouvoir en v rit mais qui es tu Si je rentre qu est ce que je vais faire une fois arriv Si je suis quelqu un de confiance je veux que tu me donnes des preuves Je te montrerai qui je Suis m
125. kalava 1977 72 logie 46 Ce probl me n est en effet que partiellement 65 r solu par l limination des conjoints roturiers Du fait de la m moire g n alo gique tendue du groupe aristocrate ce dernier est beaucoup moins prompt la segmentation que les groupes roturiers il est impossible en effet pour des aristocrates de proc der ces oublis structuraux voqu s dans le cas roturier qui permettraient de restreindre les grou pes r els trois ou quatre g n rations et donc trois ou quatre degr s de collat ralit On peut d s lors s attendre ce que des distinctions bas es en derni re analyse sur la dominance d une branche g n alogi que taranaka sur les autres doivent s op rer ainsi il est possible de retrouver projet e dans le groupe aristocrate une distinction entre un centre et une p riph rie entre un noyau r sidentiel et des col lat raux ext rieurs une stratification interne C est ce que souligne chez les Bemihisatra la r f rence fr quente une lign e taranaka et non un fariky comme dans le cas roturier La notion de faranaka permet ainsi d op rer des distinctions internes un groupe de descen dance L organisation r sidentielle et partant conomique du groupe de descendance Bemihisatra est en effet largement associ e cette notion de lign e ou de branche g n alogique C est ce que souligne l histoire de l implantation du groupe noble o
126. koto ko a tourn le dos nihila a Je vais la rencontre d7un voisin Jao J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 16 senga qui a la r putation de conna tre les choses du pouvoir raham panjaka a Peu au fait des signes n cessaires la transmission d in formations relatives aux affaires des monarchies je lui demande peu pr s s il sait que Fatoma est morte Jaosenga travaille la cons truction d un poulailler il est seul dans l espace formant l extr mit de l enceinte r sidentielle toko tany o vit le groupe familial auquel il appartient Il me regarde d un air l g rement inquiet et dans le m me mouvement me fait signe de me taire d un geste de la main qu ac compagne un raclement de gorge Pour temp rer la soudainet in congrue de la r action 1l reprend ma phrase d une voix qui simulta n ment se contraint la faiblesse et monte sa tessiture raclement de gorge Ah ha Ny ampanjaka be efa raclement de gorge nihi la a aby zegny Ah ha La reine qui vient de se d tourner l 13 F vrier 1972 j interroge le conseiller Mahamoudou sur la proc dure de destitution d un souverain Il la sch matise Les grands 5 se r unissent en secret et disent Vraiment ce roi l est trop fou Il faut le sortir Ils vont au tombeau royal et demandent l interces seur de pr venir les morts royaux de ce
127. l abri temporaire 6 de leur terre riz un petit abri ils restaient l pour ne pas avoir rentrer au village Il tait venu elle avait mis ses v te 62 Tl ne s agit pas ici d un Sambiarivo des mahabo mais du doany employ comme domestique priv 63 Chaque tromba a un intercesseur particulier Dans le cas des femmes il s agit tr s fr quemment du conjoint qui a pour fonction d appeler l ampania ka mort sur la femme poss d e 64 Toby Il s agit de ces constructions l g res difi es sur les bordures m mes des terres r1z qui servent d abris aux couples surveillant les oiseaux pr da teurs de graines au moment o le riz germe J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 122 ments de tromba tout a eh Mahamoudou elle faisait comme a en me montrant du doigt Parce que nous tions trois tre assis l si elle avait dit seulement ah Mahamoudou nous n aurions pas boug parce qu on voulait savoir si elle me connaissait ou pas Mais l j tais oblig de r pondre ah Viens t asseoir ici viens ici J allais m asseoir pr s d elle On fit les salutations Tu me connais dit elle Ah non non je ne te connais pas Je sais que tu es un tromba mais je ne te connais pas Alors l je posai des questions Tu as envoy des gens pour m appeler Oui elle dit je t ai fait appeler Bon si tu m as appel
128. l appartenance un firaza ana n implique pas n cessairement de de voirs permanents et supposant donc que des crit res de s lection soient introduits Pour les Sakalava si l appartenance et le fait de se r clamer de cet te appartenance correspondent un certain nombre de faits culturels 28 Pour une discussion de la d finition classique du terme en r f rence au concept de groupe organique corporate group voir H W SCHEF FLER 1966 Voir galement l ensemble des travaux r cents sur les organi sations de Nouvelle Guin e et l cole des structures sociales flexibles loosely stractured social structures J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 39 tels que les relations de parent plaisanterie et d alliance lohateny l appartenance une cat gorie clanique peut tre ou non emport e avec soi mitondra Les Sakalava consid rent en effet que tout in dividu re oit mahazo de l ensemble des ascendants directs dont il se souvient toutes leurs appartenances claniques d autant plus nom breuses que les cat gories politiques sont exogames Cet ensemble d individus tant en relation g n alogique avec un individu qui leur est commun est une parent le bilat rale groupement non restreint unrestricted dans le vocabulaire de W H Goodenough 2 qui ne peut donc fournir des crit res d affiliation suffisants Ainsi quelle que soit l id ol
129. l as sisterait la pr paration du rituel dont le d roulement serait discut conjointement par les arrivants et des hommes mergeant des cases Sambiarivo en contrebas il verrait des femmes aux tresses d nou es converger vers l espace situ au devant de la porte de l enceinte et ra masser de l g res badines dont il apprendrait qu elles symbolisent les sagaies saboha insigne de la royaut qui rappellent l origine guer ri re des monarchies sakalava Il observerait ces femmes s aligner en se r partissant autour d une ligne id ale passant par l axe de la porte des tombeaux et en m me temps il entendrait peut tre un crieur ap peler les Sakalava diss min s dans le village O les gens du Nord Antavarabe les gens du Sud Tsitmania L observateur pour rait alors voir des groupes beaucoup plus nombreux que lors de l adresse matinale aux morts hommes femmes et enfants se r unir nouveau devant la porte et s il tait assez pr s il pourrait entendre un dignitaire de l ext rieur r p ter dans ses grandes lignes les termes de l adresse aux anc tres d j entendus auparavant peut tre s il s agis sait d une grande c r monie d un grand travail asa be pourrait il observer la lutte d un b uf contre plusieurs hommes la d faite de la b te entrav e les cornes fich es en terre afin de faire saillir les veines de la gorge tranch e par un musulman en robe blanche deux femmes recueillir le
130. la d livrance de connaissances historiques actuelles ou r cen tes de tels sch mas montrent malgr eux ce qu il est convenable dans les mod les locaux d appeler l histoire J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 102 CLASSIFICATIONS SPATIALES AUX TOMBEAUX ROYAUX FANTSINA SUIVANTES MAROVAVY POSSEDES SAHA ESPACE ESPACE DES PiEDS DE LA T TE ESPACE DU NORD CAVEAU FUNERAIRE ANTAVARABE ESPACE DU SUD TSIMANIA ZOMBA FALY ANPANDIHA ANKABESO J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 103 95 POUVOIR DES VIVANTS LANGAGE DES MORTS IDEO LOGIQUES SAKALAVA IX MORTS ET VIVANTS Retour la table des mati res Un probl me classique de la th orie anthropologique s est long temps exprim dans l opposition entre anthropologie culturelle et so ciale entre les diff rentes acceptions donn es aux termes culture et soci t selon que l on consid re les faits sociaux au niveau des individus ou ext rieurs eux Les conceptions sakalava de la mort r fractent le m me probl me transpos La mort est un v nement physiologique et individuel quel que soit le statut d une personne qui meurt c est toujours un organisme qui cesse de fonctionner Si collec tif social soit l v nement de la mort comment pr ter des soci t s spontan ment natural
131. le Je la vis me saluer apr s m avoir r veill je lui demandai ce qu elle avait me dire C est l qu elle m expliqua cette histoire Elle avait dit Mboty de m avertir Attention explique au mpanjaka cette histoire parce qu il est encore sceptique mon sujet S il ne me croit pas encore il verra tr s bien ce que je vais encore lui faire C est a que Mboty me disait Il faut que tu expliques au rnpanjaka Fais moi confiance je lui dis je lui expliquerai Alors apr s Mboty et moi on va se coucher Mboty se r veille cing heures du matin et elle se souvient Elle revient me voir parce qu avant de voir le mpanjaka il faut saluer son manantany Elle redit son histoire Cette nuit j ai 710 II s agit de Tsiomeko Ndramamalikiarivo et Safy Mainty Ndramitetiarivo filles d Andriantsoly inhum es toutes deux Ambalarafia Cette phrase fait allusion aux conflits rituels sans cesse provoqu s par les saba de la premi re reine cit e 71 Anao mbo tapabako expression caract ristique utilis e par les saha vou lant exprimer la col re des rois qu elles repr sentent Peut tre une m tony mie de mbo tapahako vozo o je te couperai la gorge ch timent fr quent pendant les p riodes d ind pendance politique sakalava 72 Il s agit d un arbuste dont je n ai pas pu trouver l identification scientifique J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 126
132. le sera enterr e aupr s de sa m re Safy Mizongo J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 120 Tsinjoarivo Certains conseillers sollicitent en priv des devins et des femmes poss d es de ces esprits forestiers d nomm s kalanoro dans le Nord Ouest Tous s accordent pr dire le caract re n faste d une telle 112 d cision Plusieurs faits d sorganisant l nhumation sont galement interpr t s selon ces codes L ann e 1933 sera particuli rement charg e d incidents tragiques En mars un enfant tout jeune menamena d Amada meurt En d cembre cinq Sambiarivo se noient au large de Nosy Be De retour du mababo d Ambalarafia ils allaient saluer les anc tres royaux abrit s dans leur demeure fsizoyzoy d Ampasimena Au d but de 1934 un petit fils d Amada n de sa fille a n e Fato ma meurt galement En 1935 un autre de ses petits fils meurt enco re malgr les soins de tous les gu risseurs moasy group s autour de lui Ampasimena Enfin en 1937 le mpanjaka est atteint de troubles stomacaux spectaculaires qui am nent les conseillers se s parer de son moasy attitr pour lui pr f rer Mahamoudou Pour l ensemble des dignitaires ces faits sont lier des sanctions surnaturelles l appui de leur interpr tation vient le fait qu aucune poss d e de l esprit de Binao ne s est encore signal e leur intention alors qu en g n ral la l gitimati
133. les tombeaux Tsiomeko est alors repr sent e Ambalarafia par une vieille poss d e qu Amada fait solliciter par les dignitaires des morts Il est difficile de savoir l avis qu mit alors la vieille saha et d apr s certains dignitaires actuels il semble comme c est souvent le cas des poss d es de la reine Tsiomeko qu elle ne parla pas un lan gage clair 56 Il est s r toutefois que la m me ann e la poss d e de 56 Les poss d es de la reine Tsiomeko en tat de transe parlent tout bas cer taines murmurent peine et certains conseillers disent qu il faut coller l oreille tout pr s du voile qui recouvre leur visage pour comprendre ce qu elles disent On aurait bient t fait de penser des truquages mais truquage par rapport quoi En supposant m me que les repr sentantes de J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 114 vint radicalement muette d apr s un fils d Amada ce mutisme spec taculaire tait d au fait que son p re voulait lui faire dire des choses qu elle ne voulait pas dire Le fanom poa a se tient en 1957 il faut que Tsiomeko y soit repr sent e et Amada fait l gitimer h tivement provisoirement une poss d e nouvelle originaire de la r sidence royale d Andavakotoko fille d un ami politique d Amada cette l gi timation est une transgression les poss d es royales devant tre ori ginaires de lieux ext rieurs la r sid
134. lib r ment politique il s agit du mariage assez unanimement d sapprouv d une collat rale d Amada Zafy avec ce dernier Cette union se situe dans les ann es cinquante lorsque le fr re de Zafy Bako alors chef de canton Be ramanja se sert de son pouvoir administratif pour tenter de destituer Amada et de prendre sa place Amada pensait cet gard que l union devait att nuer cette rivalit Zafy tant en quelque sorte le gage d une entente n cessaire entre deux collat raux ainsi devenus beaux fr res valilahy Cette union ne donna pas de descendants et d s la fin de deuil aro bahiny cons cutive la mort de Zafy Bako agissant es qualit s et repr sentant son groupe r sidentiel vint imm diatement au zomba r cup rer les biens personnels de sa s ur Les unions endogames entre certaines lign es non r gnantes sont beaucoup plus significatives et plus particuli rement les liens d al lance entre la lign e de Safy Mainty et celle de Safy Aboudou J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 84 77 ANDRIANTSOLY Safy Aboudou Safy Mainty Z BAO MAHORY Lens pa JI 7 LI P oo AILLI Safy Aboudou A y Tompoe MAGNITRY Z LLRA ADAAL A Groupes locaux Succession des souverains Komamery Les relations entre les deux lign es sont inaugur es par l adoption transitoire de Makarakara par Lepa fille de Safy Mainty dans le terri toire de Ko
135. limite souvent volontairement J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 101 Ainsi les nobles sakalava groupe de descendance unique se d fi nissent ils doublement par les rituels qu ils monopolisent et leur his toire mais leur histoire c est la succession de leurs morts et leurs rituels c est autour de leurs morts qu ils s organisent L histoire est in s parable des personnalit s qui l incarnent et la r sument de m me que les organisations socio politiques prises dans une acception syn chronique sont d ordre interindividuel et ce sont ces personnalit s mortes qui ordonnent des rituels Le silence des explications saka lava sur les rituels royaux trouve sa v rit dans l existence concr te 94 des tombeaux royaux et de l ordre des morts qui comme on va le voir forment une v ritable organisation nomm e Les tombeaux royaux s ins rent dans ce blanc du discours c est eux et les poss d s royaux dont l existence institutionnelle parle le cha non man quant des explications des sp cialistes rituels qui ne feraient que la redoubler la mort c est la brique manquante qui cimente l id o logique sakalava l num ration d une cha ne g n alogique Andriamandisoarivo a enfant niteraka Andrianamboeniarivo Andrianamboeniarivo a enfant Andria nagnilitriarivo grand m re d Andriama avakarivo Au del du secret qui pr side
136. lle nous parlait de choses g n rales parce que c tait les choses que nous avions vues mais c tait l bas au zomba que la conversation tait la plus fournie elle parlait de choses qu Andramamatatra tait 125 seul connat tre Il y a une chose qui est comme a que j ai rang e ici il y a une chose qui est comme a que j ai cach e ici Andramamatatra l couta jusqu ce que les larmes lui sortent des yeux parce qu il croyait trop ce qu elle lui disait Elle resta ici peu pr s une semaine On lui donna du riz blanc On jouait chague jour les suivantes dansaient Au bout d une semaine je fis pr venir le mahabo Attention elle arrive On pr para tout D abord on loua un pousse pousse il fallait quelqu un qui ait l habitude c tait un de ces pousse pousse avec une seule roue c tait quelqu un qui avait l habitude de transporter les vazaha de l administration Elle n alla pas tout de suite Manongarivo elle alla d abord au grand mahabo Elle alla saluer son a n e d abord c tait son a n e e de loin mais c tait son a n e L apr s midi elle demanda qu on lui accorde de partir pour monter son village L on la fit monter au fantsina pas au fantsina actuel le fantsina qui avait t rig pr s du grand manguier du nord C tait un fantsi na provisoire Et l tous les saha taient group es Ndramamaliki J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiqu
137. logique entre nobles et roturiers Aussi c est sans doute poser une question non pertinente que de se demander si la tautologie qui justifie la dominance des nobles peut tre r duite par une r f rence des conceptions qui formeraient une sorte de sch ma premier dans l id ologie sakalava relative la mort car dans le mod le local un noble n est pas d une part un possesseur possible du pouvoir et d autre part apr s sa mort un fant me qui vient habiter des vivants peut pu nir leurs transgressions il est tout cela indissolublement Impossible d expliquer dans les mod les locaux la hi rarchie par la mort elles se renvoient l une l autre On va voir que la mort ne justifie pas la hi rarchie elle la parle v ritablement C est dire qu au travers des rites et du discours sakalava il est impossible de trouver un concept de mort c est dire un champ s mantique s parable des manifestations concr tes qui il ferait r f rence Il n y a pas la mort mais des morts au caract re singulier opposable des nobles sakalava s associe l ex c dent de danger des morts royaux Tel para t tre le dernier cha non auquel l observateur puisse remonter dans son exploration de l id olo gique sakalava ce qui justifie l tat de noblesse c est la sainte t efficacit des morts royaux qui pr c dent porteurs de pouvoir d ac tion sur les vivants J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalav
138. m tropole auraient pu tenir quoique avec plus de difficult D j la composante n cessaire de la perp tuation des monarchies tait d ordre culturel et non social structural elle 21 d pendait en derni re ana lyse de choix socio conomiques faits par une organisation dominan te ext rieure Puis avec la disparition de ces fonctions dans les an n es interm diaires entre la loi cadre de 1956 et l ind pendance les dignitaires et les nobles se retrouvaient ma tres d un r le qu une socio logie impressionniste aurait pu appeler diffus 1ls disposaient toujours d un pouvoir d arbitrage notamment en mati re fonci re mais que la structure dominante de l tat ne leur conf rait plus titre officiel ins titutionnel r le qu ils conservaient encore une fois non pas parce qu7ils taient ins r s dans l tat mais justement parce qu ils n y taient pas ins r s et que les Sakalava pr f raient s adresser aux digni taires qu l tat et que ce dernier laissait faire Ainsi aucune relation n cessaire n apparaissait entre le r le instrumental et technique des monarchies et la r alit objective de leur existence en tant qu organisa tion En 1972 la petite monarchie bemihisatra n apparaissait plus que comme un ensemble organis d individus partageant des croyances et des id es et les activant dans une sorte de mouvement circulaire la forme provoqu e par l absence apparente de prise sur la r alit co nomique
139. mamery une fille de Makarakara Doso se marie avec un homme Rasidy petit fils de Lepa Le contr le de la sous unit territo riale est assur ensuite par une fille de Boana Ankara Tompoe quand Tompoe meurt en 1942 c est un membre de la lign e de Safy Aboudou Magnitry qui en prenant le pouvoir Komamery s int gre r sidentiellement la lign e de Safy Mainty On voit que deux liens pouvant tre englob s sous le vocable g n ral d7alliance permettent en partie de dissoudre le caract re discontinu de deux lign es aristo crates non r gnantes qui si les relations matrimoniales s taient pour suivies auraient pu finir par constituer un seul segment d s lors oppo J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 85 s la lign e r gnante et contr lant un territoire et des terres autono mes Ainsi la continuit du groupe de descendance aristocrate se cons truit par la solidarit r sidentielle de la ligne r gnante entretenant avec ses lign es collat rales des rapports d autonomie relative cette conti nuit r sidentielle peut tre maintenue gr ce au caract re 78 conjoncturel des unions exogames comme un moindre degr des unions endogames elle est troitement assujettie la passation du pouvoir en lign e directe qui s accompagne de la gestion par le d ten teur de la l gitimit des terrains royaux indivis et du contr le de la circulation c r mo
140. mbres de ces segments r sidentiels et n uti lise les alliances roturi res que pour les d truire ensuite B La perp tuation du groupe aristocrate et les unions endogames J ai d j mentionn plusieurs reprises la notion d union endoga me Il convient toutefois de la pr ciser Elle concernait ci dessus les unions entre aristocrates en dehors de toute consid ration de r siden ce de surcro t il faut entendre unions endogames au sens global o le groupe aristocrate Bemihisatra et les aristocrates de petit statut qui sont cart s du pouvoir supr me les anadoany sont consid r s com me s opposant aux roturiers tr s particuli rement sur le plan des ri tuels On a tabli au d but de ce chapitre qu au del de la parent juridi que il fallait examiner l volution r sidentielle des groupements C est dans cette optique que je voudrais examiner ces unions entre individus de m me statut rituel si d sapprouv es par les conseillers roturiers 48 C L VI STRAUSS Les Structures l mentaires de la parent Mouton Paris La Haye 1949 2e d 1967 p 26 27 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 82 S1 l on consid re la lign e r gnante issue de Safy Mizongo on peut observer que les unions endogames repr sentent un pourcentage non n gligeable 30 Sur le plan des cat gories politiques elles se r partissent ainsi 75 Cat gories Nombre d unio
141. mby et ancien poux tr cout d une poss d e de la reine Safy Mizongo s tonnait m me que je lui pose la question propos de ses deux ascendants cousins crois s et qui s taient mari s un membre de la m me cat gorie politique Tolyza ra r sidant Ankilibato pensait au contraire que bien que ce soit une chose possible l union l int rieur d un m me firaza ana n tait pas une bonne chose car l enfant qui naissait de l union tait embarrass au milieu de ses deux parents mijialy tsaiky agnivon io Lehilahy le vieux conseiller Antandrano de Mahava o me disait me que le mariage entre cousins parall les patrilat raux fils de deux fr res tait le fin du fin farany tsara en mati re d union mais mod rait soudainement son enthousiasme par un mais on ne peut pas fa tsy mety d sabus Pour le grand intercesseur actuel Michel responsable de la sanction et de la r paration 37 des fautes aux r gles monarchi ques et donc particuli rement comp tent en la mati re les deux atti tudes monarchiques p jorative et d approbation coexistent Je cite ici un passage de notre conversation J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 41 Question Alors pour les gens qui suivent encore la coutume des rois c est une bonne chose de se marier dans une m me cat gorie R ponse Oui c est vrai Enfin pour nous les Sakalava Ma o r
142. me d id es et de valeurs et l opposition entre le pur et l impur parce que les rapports politico conomiques que modelait le syst me des castes n taient assujettis la hi rarchie que par la m diation de cette opposi tion Sans rejeter ce qu on ignore trop propos de ce livre une ventuelle dominance de faits que les mat rialistes avou s auraient rang s dans la rubrique infrastructure 6 Dumont montrait le ca ract re premier n cessaire de faits d ordre id al dans le visage pris par une organisation sociale et en derni re analyse le caract re coh rent et totalisant de l id ologie indienne Ce qu apportait le livre de Dumont c tait la certitude au moins apparente que le syst me des 15 Homo hierarchicus Essai sur le syst me des castes Gallimard Paris 1966 16 Mais l id ologie n est pas tout Le fait est que l observation d un ensemble local quelconque montre une vie sociale qui si elle est orient e de fa on d cisive par l id ologie la d borde en m me temps largement S il refl tait compl tement et seulement le donn le syst me des id es et des valeurs cesserait d orienter l action il cesserait d tre lui m me Dans notre cas dans tout ensemble concret nous trouverons l uvre le principe formel mais nous trouvons aussi quelque chose d autre une mati re premi re qu il or donne et englobe logiquement mais dont il ne rend pas raison imm diate ment en tout
143. mpoha a qu il n y participe pas parce qu il n est pas quelqu un dans le cadre a atin cadre en utilisant ce n ologisme provenant du vocabulaire administratif Dans la pens e sakalava de l apparition du syst me monarchique 33 souvent associ e Dieu lui m me les firaza ana sont con us comme des cat gories de personnes ordonn es par les rois C est ce qu expliquait en 1970 le conseiller d un aristocrate de petit statut Jao senga dans le village d Ambatozavavy Les firaza ana Viennent des rois sont unis eux miaraka amin dr Les rois ce sont des gens saints masigny que Dieu a install s sur la terre Les firaza ana s appuient mihankiny sur les rois par l interm diaire momba de l interdiction ny fifadia a Tu vois cer tains vont l glise certains vont dans les tombeaux royaux Eh bien c est Dieu qui a fait cela Cette premi re acception qui tablit une relation entre la notion de Jiraza ana et les rois se sert de la notion d interdiction qui confond deux types de faits D une part la notion d interdits fady notamment d interdits alimentaires qui sont en relation troite avec l affiliation aux firaza ana mais galement l ensemble d interdictions par lesquelles les r gles politico rituelles sont exprim es et respect es C est sur cette derni re acception qu insiste ensuite Jaosenga commentant l adage J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques
144. n anthropologie Fran ois Maspero Paris 1972 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 10 mentaires de m avoir appuy dans cette voie jalonn e par son livre r cent qui me para t marquer la date d une sorte de r volution coper nicienne en anthropologie Apr s Th orie des pouvoirs et id ologie 11 sera d sormais difficile en effet de parler d un domaine 8 des repr sentations confin par le langage de bois des mat rialistes vulgai res au dernier tage des superstructures Toute relation entre des faits est aussi relation entre des repr sentations tout acte tout praxis est au moins un peu d termin e f t ce tort faussement par des vi s es des choix des repr sentations et toute pens e faut il rappeler ici les cosmologies africaines porte en elle une pratique et une r alisation On tente de la m me mani re de montrer ici qu il est impossible d isoler une sorte de niveau premier objectif du syst me socio culturel sakalava du Nord par exemple la parent l conomie qui fonderait et d terminerait le reste de l int rieur de sa bo te de Pandore Si les Sakalava sont hi rarchis s c est du fait de leurs propres conceptions du statut conceptions qui reposent leur tour sur une sor te de contrat premier assurant la l gitimit monarchique Entre l ordre politique commander ob ir donner refuser et l o
145. n lundi arriva elle alla l bas Et cette femme n tait jamais venue ici depuis qu elle tait toute petite Elle n tait venue qu un court moment ce moment l quand elle tait pe tite enfant parce qu ce moment l son oncle maternel avait fait J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 134 quelque chose l bas Analalava alors il avait t condamn la prison et il tait venu avec la m re de cette femme Ils taient rest s quinze jours taient partis et jusqu ce moment elle n tait jamais revenue C tait son deuxi me voyage ici On avait fait des recherches approfondies sur elle en attendant qu elle vienne Nous connaissions sa m re elle nous ne la connaissions pas videmment parce que c tait encore une enfant Ils habitaient ici pr s de la mer il y avait une maison que beaucoup de gens louaient venant de la Grande Ter re pr s de l cole des gens des boutres des patrons de boutre des gens qui vendaient du riz Son oncle maternel et sa m re beaucoup de gens les connaissaient Mais elle personne ne la connaissait c tait encore une enfant Alors le lundi elle alla voir Andramamata tra Et elle lui d tailla toutes les choses de sa vie m me les plus se cr tes que personne d autre sans doute ne connaissait Des choses qui concernaient leurs maisons o ils avaient habit ensemble des choses qui taient contenues dans des valises nous e
146. n tety de plus en plus courants parmi les jeunes g n rations tous les niveaux de la soci t une forte id ologie de la sexualit s par e de son enracinement sociologique accentue et accompagne l instabilit qui est mon avis un trait culturel tr s ancien Cette ins tabilit tant quasiment une norme on peut consid rer que les maria ges stables sanctionn s par des prestations matrimoniales en argent fehimbadia a sont des unions engageant l ensemble des groupes locaux concern s au contraire des unions passag res m me si elles produisent des descendants On a vu ci dessus que le rang de l exogamie s tendait aussi loin que la m moire g n alogique tant en ligne paternelle que maternelle S1 l on consid re que les Sakalava connaissent en moyenne cent cent cinquante personnes consid r es comme parentes havana l union matrimoniale a sur le syst me une premi re cons quence c est que le s rement parmi les Nuer il semble qu un homme domine d abord parce qu il appartient au groupe local dominant alors que dans les hautes terres de Nouvelle Guin e on pourrait dire un groupe local est dominant parce qu un big man lui appartient J A BARNES African Models art cit 1962 p 8 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 65 groupe o l on prend femme devient la g n ration suivante un groupe o 1l est interdit de r p ter l alliance
147. ndait entra ner une sorte de mode d emploi de la preuve et de l explication Alors que l ensem ble des positions de Marx et d Engels ne revenait jamais qu tablir et r v ler l importance premi re au sens plein des conditions de produc J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 28 tion et de reproduction des soci t s et de leur base mat rielle 1 on finit en une sorte de glissement 25 par assigner une toute puissance m canique au domaine mal d fini de l conomique les id ologies repr sentations et sch mas conceptuels tant rejet s dans le domaine m prisable des superstructures indigne d analyse puis qu on pouvait le r duire une r alit qui l englobait et le d terminait enti rement Le sch ma opposant infrastructure superstructure tir d une sorte de collage de Marx finit par tre confondu par beaucoup d analystes avec la r alit sociale dans une b vue intellectuelle sans doute pire que celle d sormais classique en anthropologie aux termes d j pass s de mode consistant confondre la r alit ethnographique et les mod les locaux 2 L une des apories principales de ces sch mas m canistes tenait la place sociale m me de ces producteurs si l id ologie tenait dans les soci t s n o capitalistes une place dominan te comme masque des int r ts de classe par quel miracle fallait 1l consid rer les analystes des mensonges de l id
148. nde tension apparente mais en feignant de livrer un secret janvier 1972 un ethnologue se pr sente un sous pr fet avec un ordre de mission le recommandant Le sous pr fet d l gue son adjoint charg de pr senter l ethnologue la famille royale J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 15 Bernihisatra il appelle le chauffeur ils montent sur l injonction de l adjoint sur la banquette arri re d une voiture 403 noire Un petit fa nion aux couleurs de la R publique malgache cr pite sur l aile avant droite Ils rencontrent l h pital de Nosy Be le fils h ritier d Amada Ahamady Andriantsoly L ethnologue devant un groupe de femmes dont Ahamady forme le centre explique le but de son travail d histoire politique en fran ais Il finit son expos par une expression sakalava anao b ka tompon mais de toute fa on c est toi qui es le ma tre laquelle r pond un l ger sourire de l interlocuteur L adjoint au sous pr fet clate d un petit rire qui sonne faux Forte tension int rieure des interlocuteurs L ethnologue 12 et l adjoint r int grent le cadre s cu risant de la voiture noire Silence L ethnologue qui veut profiter de la pr sence et des signes de l autorit administrative qu il consid re n cessaires son enqu te demande que l on rende visite un ancien di gnitaire de la famille royale r cemment exclu le premier conseiller M
149. ndividuel le pr tre familial ne s oppose pas ce que le segment de r sidence auquel il appartient sor te le nouveau n de la maison o il tait reclus avec sa m re se joue l ensemble de l ordre politique C est de cet acte initial qui est une transgression de l id ologie agnatique pr sente chez les roturiers de tous niveaux que proviennent les conditions les plus larges de l exer cice du pouvoir politique dans le futur et non pas certes de la s ret de son exercice C est pr cis ment parce que la politique matrimoniale des groupements est d ordre probabiliste et al atoire que pour ne pas perdre l ancestralit tsoh mahavery ny firaza ana le respon sable d un groupe local de haut statut en maximise les effectifs donnant ainsi du poids son groupe en m me temps qu il en augmen te dans les limites d une capacit de support variable selon les condi tions cologiques l importance fonci re Ainsi comme l a fortement remarqu M Aug il n y a aucune raison de penser que la parent soit consid r e comme infrastructurelle en tant que telle Dans le cas des roturiers sakalava elle est ins parable de repr sentations de l ordre politique et de sa m diation la territorialit Dans l acte fondateur qui la constitue la l gitimation de choix r sidentiels c est une pratique id ologique qui est en jeu Transgression l g re et admise dans le cas des roturiers de haut statut la transmission indiff
150. ne transgression et sa punition comme un travail d organisation de l ordre politique et id ologique Si l id ologie centrale d une culture est coh rente elle n est cependant jamais tout fait close les tensions subsistent entre la reine morte ne disent rien de clair et que les conseillers alors sollicit s parlent leur place ces derniers ne feraient alors qu assumer un r le qu eux m mes ont de toute fa on d fini au d part En les l gitimant ce qui d finit sans doute le r le des poss d es de Tsiomeko c est que le manque patent du savoir oral la concernant implique qu elle constitue toujours un personnage ind chiffrable J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 115 Tsiomeko et le souverain vivant Apr s la mort de ce dernier et sa succession en 1969 par sa fille ain e Fatoma celle ci reprend son compte le projet de son p re les m mes oppositions se r v lent Ra hema repr sentant Tsiomeko demande que la souveraine vienne faire requ te aupr s d elle Mais Fatoma tente d abord des n gociations sans passer par la poss d e avec la Compagnie sucri re Un dignitaire des tombeaux royaux est sollicit agissant lors de ces rencontres comme t moin et comme secr taire 1l souffre ensuite de graves trou bles des yeux ou 1l meurt d apr s certains Sakalava Il s agit officiel lement d un figny d une sanction surnaturelle En 1970 Fatoma se r sout
151. nielle Ces deux aspects passation du pouvoir et contr le de la circulation c r monielle sont li s l ordre politique au sens strict et vont donc tre examin s plus loin Contrairement des notions classiques en anthropologie sociale 49 le caract re indiff ren ci du groupe aristocrate ne cr e pas de chevauchement des relations de parent les conjoints roturiers comme les conjoints aristocrates tant frapp s d une diminutio sociologique distinguant leurs groupes de la lign e r gnante La hi rarchie politique mod le ainsi la forme des groupements de parent 49 Notions qui semblent remises en cause par des ouvrages r cents analysant la discontinuit des groupes de parent par rapport des champs sociaux diff rents Voir par exemple A F HANSON Rapa Une le polyn sienne hier et aujourd hui Publications de la Soci t des oc anistes n 33 trad fr 1972 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 86 79 POUVOIR DES VIVANTS LANGAGE DES MORTS IDEO LOGIQUES SAKALAVA VII DES STATUTS L ID OLOGIE Retour la table des mati res Ce long d tour par les cat gories de parent que nous apprend il La d marche classique conduirait l observateur au fait des derniers d veloppements de la th orie des structures sociales l ches trouver dans les faits r sidentiels et territoriaux le noyau dur du syst me so cial sakalava
152. nnage de la monarchie Bemihisatra sur la pertinence pr sente de l opposition entre Merina et c tiers Comme s il apprenait une le on c est avec une voix artificiel le que l utilisation du fran ais d forme qu il me d clare que les Meri na lors de la prise de la ville de Majunga par le roi Radama Ier en 8 Andriamamalikiarivo la reine qui fit revenir mille hommes est le nom posthume fitahiana de la reine Tsiomeko fondatrice de l unit territoriale bemihisatra du Nord qui c da en 1840 les territoires sous son contr le la France Ce nom fait allusion la fixation aupr s d elle de groupes sakalava dispers s la suite de la guerre entre Sakalava et Merina des hautes terres centrales J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 18 1822 avaient tu toutes les femmes et les enfants sakalava Com ment pourrions nous nous entendre avec les Merina conclut il 15 CARTE DE REFERENCE m ES i MADAGASCAR NOSY BE Befotska k sAntsakoalagny Fascene Arbondrana NOSY si FALY Ambatozavavy NS 7 Ambalaratia M Jamanjary pg R nion Menangasivo Mi HELLVILLE F Morosoka Ands akotoko a D NOSY Tror N g T sinjcariv KOMBA 2 NOSY ANKAZOBERAVINY WMS ajas Aojiab ne sr A Mohavano PR ESQU IL A Ampasinona D P z 2 Ambolobozo D ANKIFY Ampany ia Angodroga Mangisankira Am
153. ns l archa sme il s agit d un concept temporel d signant le pass utilis pour d finir une situation pr sente Quelle est l image de la situation pr sente du pouvoir d autrefois chez les habitants du Nord D abord la d saffection le rejet chez l homme du commun Ceux qui veulent les suivre les suivent Ceux qui veulent seulement Les interlocuteurs restituent propos des monarchies l poque de la colo nisation comme poque de la contrainte dont disposaient les souve rains et leur entourage proche fr quemment gratifi s de titres de gou verneurs ou Sous gouverneurs politiques qui avaient notamment le pouvoir de proposer l emprisonnement aux autorit s coloniales Les monarchies se trouveraient ainsi rel gu es l ext rieur en quelque sorte des consciences des Sakalava du commun La chute continue de leur capacit de mobilisation aurait pour cause l impossibilit pour leurs repr sentants de contraindre les habitants du Nord l ob issance au contraire de la R publique malgache D o le pouvoir d autre fois Pourtant jamais cette attitude n gative qui m me dans le cas de membres des appareils monarchiques peut confiner l amertume ne vise l ensemble des symboles et des rites par lesquels les monar 9 Ce faisant ils pousent les vues de la sociologie politique jusqu r cem ment Cette derni re de Talcott Parsons Max Weber d finit les conditions de l exercice du pouvoir en r
154. ns De m me groupe De groupe r si r sidentiel dentiel diff rent Zafimbolamena 2 1 1 Zafy ny Fotsy 2 0 2 Antimanaraka 2 1 1 anadoany Marotsiraty 1 0 1 anadoany Soit cinq unions sur sept pratiqu es dans des groupes r sidentiels distincts Sur le plan du statut les enfants issus de ces unions sont consid r s comme d un rang sup rieur ceux de leurs collat raux on dit d eux qu ils ont re u des honneurs mahazo voninhabitry et des couples qui les ont engendr s que leurs enfants seront cruels masiaka zanakandr Sur le plan des faits sociologiques les maria ges avec des individus originaires de groupes r sidentiels diff rents s apparentent troitement du point de vue de leurs effets des maria ges roturiers d s lors qu il s agit de la lign e r gnante les conjoints aristocrates sont coup s de leur groupe et leurs enfants appartiennent celui des conjoints inclus dans le segment r sidentiel r gnant Ils ont le droit toutefois d activer pendant la p riode de vie de leurs ascen dants proches leur affiliation ext rieure sans jamais cependant pou voir s en servir pour tre d finitivement int gr s au groupe ext rieur L exemple de Solaimana fils d une anadoany Botrajoby et d Ama da est clair Tant que sa m re a t vivante Solaimana a r sid An davakotoko Lors de la mort de Botrajoby il a continu r sider dans le segment r sidentiel de son p re Andavakotoko mais
155. ns culturelles Moins soucieuse d explication globale la lign e issue de Kroeber et Kluckhohn et se prolongeant d s les ann es 1965 1970 dans les courants de l eth noscience portait attention aux cat gories locales par r f rence des soucis m thodologiques 8 Influenc s par l image de la linguistique beaucoup de chercheurs am ricains insistaient sur le fait que beau coup de mat riaux obtenus par les anthropologues contenaient des contraintes s mantiques dues des structures sp cifiques trop sou vent masqu es dans la litt rature Ces contraintes s mantiques r v 17 Il est vident qu il y a une id ologie fondamentale une sorte d id ologie m re li e au langage commun et donc au groupe linguistique et la soci t globale Le sociologue a besoin d un terme pour d signer l id ologie globale et il ne peut s incliner devant l usage sp cial qui limite l id ologie aux classes sociales et lui donne un sens purement n gatif jetant ainsi des fins partisanes le discr dit sur les id es ou repr sentations en g n ral ibid p 15 18 Voir A L KROEBER et C KLUCKHOHN Culture a critical Review of Concepts and Definitions Vintage Books New York 1963 A L KROE BER et T PARSONS The Concepts of Culture and Social System American Sociological Review vol 24 1959 p 246 250 D M SCHNEI DER The American Kinship Englewoods Cliffs N J Prentice Hall 1968 J F Bar Pouvoi
156. nt tre r solu par des r gles id o logiques pr existantes Bien que la restriction agnatique l emporte d apr s certains informateurs pour Mahamoudou le premier conseil ler d Amada le mariage d un Bemihisatra et d une Bemazava per sonne ne sait ce que a donne c est ce qui explique notons le la volont d Amada de n gocier l enterrement de sa femme dans un tom beau royal Bemihisatra afin de l int grer ce dernier segment tout en rompant les liens avec son segment d origine 50 C La notion de tariky les conceptions aristocratique et roturi re 1 LA CONCEPTION ROTURI RE La notion de tariky ne co ncide ni avec celle de firaza ana avec laquelle elle offre cependant des ressemblances g n rales ni avec les lign es et groupes r sidentiels voqu s dans le paragraphe pr c dent Un fariky est un ensemble g n alogique d individus hommes et fem mes se r clamant d un anc tre commun ou d un couple avec lequel ils savent r tablir les cha nons de parent s interm diaires Les tariky ro turiers offrent donc l aspect g n ral de groupes centr s sur un anc tre et comme on le verra de groupes de filiation et ou de descendance La norme d appartenance un tariky roturier est en th orie la filiation agnatique ce qui r sout imm diatement le probl me de la discontinui t dont les Sakalava au contraire de membres de soci t s fonction nement nettement indiff renci tels les Iban tu
157. nt l aspect le plus vident du statut du groupe am panjaka est qu il n est quivalent aucun autre sa continuit dia chronique les nobles bemihisatra actuels disent descendre du pre mier souverain sakalava qui leur est connu Andriamandisoarivo r pond ce que l on pourrait nommer son unicit synchronique Le grou pe noble n est qu opposable Il est ainsi peu surprenant qu on trouve dans sa d finition une sorte de d marche essentialiste qui caract rise dans la pens e sakalava comme dans les faits le groupe des ampanja ka dans l absolu par r f rence des privil ges notamment d ordre ri tuel et religieux le contr le de tombeaux royaux mahabo per manents la capacit d habiter les roturiers apr s la mort par la m dia tion de la possession J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 92 85 ANDRIANTSOLY MOHAMADY Safy Aboudou Moanaresa Safy Mainty Safy Mizongo Safy Arabo Binao Kavy AMADA Tsiomeko MALIKY MAKARAKARA Fatoma 1 BOANA BAO Zafy Vola ANKARA RASIDY ANDRIANTSOLY mm Tompoe Simama RAZALY ANDRIANTSOLY LES MORTS ROYAUX DES TOMBEAUX BEMIHISATRA Diagramme simplifi LES MORTS ROYAUX DES TOMBEAUX BEMIHISATRA Diagramme simplifi J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 93 86 POUVOIR DES VIVANTS LANGAGE DES MORTS IDEO LOGIQUES SAKALAVA VII L ID OLOGI
158. nt pas plus d terminantes pour sa pro duction que les contraintes objectives Il est impossible de retracer ici l histoire de ce balancement travail qui demanderait en soi tout un ouvrage On voudrait toutefois tenter de r sumer les principaux choix th oriques qui le constituent et leurs interrelations dont d pend la validit de l analyse de l organisation politique sakalava J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 27 24 POUVOIR DES VIVANTS LANGAGE DES MORTS IDEO LOGIQUES SAKALAVA y ITIN RAIRES Retour la table des mati res Jusqu r cemment l emploi dominant du mot id ologie par l cole sociologique fran aise offrait un caract re essentiellement n gatif Pris dans la n cessit de fonder la r flexion sociologique sur un ensemble de faits objectifs jamais marques par la critique adress e par Marx aux jeunes h g liens dans L Id ologie allemande les cher cheurs en sciences sociales tendaient une attitude que Charles Fou rier aurait nomm e cabaliste loigner de l analyse les repr sentations que les acteurs sociaux ont de leurs actes et de la soci t qu ils produi sent repr sentations consid r es comme mensong res et comme mas ques de strat gies r elles reli es pour la plupart un domaine s par l conomique deus ex machina des soci t s Ce rappel pist mo logique sommaire des positions marxistes te
159. ogie de descendance sakalava il est n cessaire sur le plan de la transmission des cat gories politiques que des sp cifications r sidentielles permettent aux individus de restreindre le champ de leurs affiliations Par le biais de cette sp cification r sidentielle les indivi dus acqui rent une appartenance clanique dominante d termin e par leur ducation sociale et politique et leurs interactions au sein d un groupe r sidentiel localis dominante patrilocale dans le cas des roturiers du commun La notion de firaza ana actuelle est ainsi associ e la r alit de groupements r sidentiels dont les membres partagent une appartenan ce commune ainsi qu avec d autres personnes tablies ailleurs avec qui des relations g n alogiques pr cises ne peuvent pas n cessaire ment tre tablies Il convient donc de discuter la mani re selon la quelle les appartenances des cat gories politiques sont non seule ment transmises par le biais de la consanguinit mais galement acti v es des conditions sociologiques li es en grande partie aux r gles de l inceste et de l exogamie montrent en effet que tout individu peut chez les Sakalava du Nord se pr valoir d un grand nombre 36 d affi hations sans pour autant qu il agisse effectivement comme membre d une des cat gories correspondantes Cette discussion nous permettra de passer l examen des groupements r els et de leurs relations aux cat gories de parent 29 W H
160. oire de ces adoptions montre qu elles n ont pas pour but d assimiler enti rement les adopt s mais d tablir une sorte de partage informel de ressources sur lesquelles le droit de jouissance des enfants des J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 69 femmes est ainsi reconnu contrairement au droit de propri t qui n est associ qu aux groupements de cor sidents d finitifs Les rapports entre enfants des femmes et enfants des hom mes sont galement marqu s d un autre trait culturel li l alliance L id ologie agnatique veut en effet que deux cousins germains patrila t raux olo ampirahalaby baba par exemple soient des parents plus proches maletry que des cousins germains crois s zanak olo ampia nadaby De ce fait l union entre fils des hommes et fils des femmes d s qu elle ne se situe pas dans l espace g n alogique des interdictions absolues soit entre trois g n rations en moyenne est consid r e comme permise On cite souvent cet gard l adage va dia a ampilongo baria a tsy very un mariage d apparent s c est la richesse qui ne se perd pas Il est r v lateur de noter le terme ampi longo qui n est absolument pas un terme du vocabulaire sakalava ac tuel mais serait plut t originaire du Menabe c est dire en derni re analyse de la source culturelle des soci t s du Nord Ouest Il est ga lement signifi
161. oires et non directement aupr s de territoires que l histoire sakalava d crire par ses acteurs se d roule Tout se passe comme si l appareil ou la hi rarchie politique formait une ossature in d composable une sorte de sch me fondamental renaissant par une m iose analogue la multiplication des cellules des conjonctures historiques les plus n gatives telles qu en 1822 la prise par les arm es venues des hautes terres de la ville de Majunga centre politique des dynasties sakalava du Nord ou d s 1895 la colonisation et la dispari tion du contr le foncier territorial exerc par les monarchies Les groupes roturiers r v lent leur tour au moins en ce qui concerne les g n rations incluses entre la colonisation d finitive et nos jours cette sorte de basse continue obstin e du caract re primor dial du politique dans l ensemble des relations sociales m me celles J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 88 qu une cat gorisation occidentale rapide am nerait consid rer com me d ordre familial et priv L analyse de la forme et des conditions de perp tuation des groupes locaux roturiers fait appara tre au del des scories et des conjonctures individuelles que dessinent des marges de libert le r le n cessaire d hommes les pr tres familiaux astreints imprimer au groupe local qu ils r sument et repr sentent 81 les formes que la hi rarchie poli
162. oit o vous vous tes dirig es cette nuit Mboty dit Un peu en avant l bas il y a ce chemin que nous avons pris On fit a peu pr s quarante m tres et il y avait en v rit un chemin partir de l Mboty expliqua Il faut continuer un peu plus loin on va tomber sur des pineux Puis on va monter et il y aura un petit manguier l et puis encore apr s il y a cette pousse d ambarasaha c est l qu on se tiendra pour avoir l endroit Nous ne nous d placions pas encore l enfant nous expliquait tout avant Effec tivement on la suivit et le chemin tait bien l C tait une petite sente troite comme un chemin de gens qui vont faire leurs besoins Je la suivais nous allions toujours on montait on vit le manguier celui l m me qui est au nord du mahabo maintenant Il tait encore tout petit cette poque l Apr s une cinquantaine de m tres on vit l ambarasaha dont elle parlait Mboty dit C est ici que nous nous tenions Ce n taient que des buissons touffus il y avait du manevi ky 7 partout Nous claircissions le chemin devant nous M me un peu avant il y avait un grand trou j avais failli tomber dedans Apr s on l avait combl avec de la terre quand on avait commenc sarcler pour claircir l endroit du mahabo 119 On s arr ta l pr s de V ambarasaha On pria c est Tsimibiry qui pria En v rit Andrianamboniarivo 78 si c est toi qui as expliqu Mb
163. on d une saba suit d ordinaire de deux ou trois ans la mort du souverain qu elle repr sente Alors que des bruits de plus en plus insistants courent au doany qui incitent certains responsables en particulier Mahamoudou ten ter de faire revenir le mpanjaka sur sa d cision une femme d Antsat saka petit village du Sambirano contr l par les rois Bernazava fait la rencontre d un anadoany ampanjaka de petit statut nomm Han gatahy li Amada par le mariage de celui ci avec l une de ses colla t rales Ce moment o la d cision d Amada semble pouvoir tre fl chie est celui qu elle choisit pour se signaler l attention des conseil lers comme poss d e de Binao Voici le r cit que donne de cette ren contre Mahamoudou qui fut le principal acteur de sa l gitimation Hangatahy venait comme d habitude faire son petit commerce El le elle habitait Antsatsaka c est l bas simplement que ce tromba l avait saisie Il vaticinait sur elle Hangatahy et ses compagnons ne J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 121 savaient pas videmment ils la voient tre en possession D s qu elle les voit elle entre en possession Apr s a ce tromba leur dit Si vous voulez me conna tre allez appeler Nosy Be il y a quelqu un qui s appelle Manantany Maha moudou ce moment l je vous expliquerai ce que j ai vous dire Abandonne tout ce que tu as faire va
164. on de ces derni res Les conduites les plus quotidien nes des poss d s montrent qu ils entendent se situer hors de la r gle 57 Par rapport aux sch mas id aux qui d finissent des r gles l ob issance et la transgression sont quivalentes voir la postface de J Pouillon aux Syst mes politiques des hautes terres de Birmanie op cit p 368 L expression de mod les d inconduite est de G Devereux elle est reprise dans l ouvrage de M AUG Th orie des pouvoirs et id ologie op cit J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 116 commune d viants susceptibles faiseurs d histoires ils consti tuent une sorte de cauchemar quotidien pour les souverains vivants qui en r vent d ailleurs r ellement comme on va le voir Pourquoi tou tefois cette manifestation r it r e d une autorit qui para t en dehors de cas extr mes tel que celui relat ci dessus conf r e sans qu on puisse jamais la contr ler 58 C est que pr cis ment si l id ologie des morts est premi re dans la d cision eue reste une id ologie conscien te pour ses acteurs pas de soumission automatique chez les Sakalava du Nord ni de croyance aveugle en l existence posthume un scepti cisme constant coexistant avec un respect aveugle mais jou Le rap port aux morts des gens du Nord est un rapport critique enserr dans le balancement du je sais bien que les morts ne se r incarnent pas ma
165. on qu on est noble ou roturier et au del de la mort on ne sub siste pas de la m me mani re Les morts royaux d une unit territoria le sont les morts de tous enterr s dans les enceintes carr es des tom beaux royaux ils font l objet de 87 prestations c r monielles r gu li res de la part des roturiers selon des r gles rituelles qui ont no tamment pour caract re de faire intervenir alors l ensemble des cat gories socio politiques sakalava C est au prix de cette entreprise per p tuelle qui ressemble au paiement d une dette jamais assainie que les morts royaux laissent les vivants en paix PRINCIPAUX TOMBEAUX ROYAUX SAKALAVA BEMIHISATRA NOSY BE AMBAL RAI 1040 rameto W MANONGARIVO 1941 Binao TSINJOARIVO 4860 Safy Arabo Safy Mizongo LAVALOHALIKY 1836 Ouantiti NOSY BERAFIA 1880 Boana AnksraD SI NOSY LAVA 1849 Anono LEGENDE BEZAVO Nom du tombeou 1690 Dote de fondation Binao Nom de lo premiere personnalit inhuimes l L m BEZAVO 1690 Andriamandiso rivo J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 95 La forme prise par les tombeaux royaux mababo d finit au m me 88 titre que la possession tromba l tat nobiliaire sakalava par op position aux gens du commun Alors que les cimeti res roturiers qui correspondent aux groupes locaux sont d laiss s dans le mouvement de multiplication puis de s
166. ons v cues l ann e 1972 relat es ci dessus Le taloha sakalava est ici dialectique ambi gu contradictoire il qualifie une petite organisation qui prend ses racines dans le temps historique traverse la p riode de colonisation et de pr sence fran aise puis d ind pendance laquelle dans une de ses acceptions 1l est cens s opposer La distinction serait claire toutefois si la R publique malgache de 1972 s parait enti rement son appareil des diff rentes monarchies tablies sur la c te ouest de la Grande le J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 20 On serait alors en pr sence d une structure moderne et d une structure ancienne dont l opposition pourrait s associer aux qualifiants tempo rels taloha autrefois vaovao nouveau moderne pousant ainsi les conceptions les plus spontan es de ceux chez les habitants du Nord qui entendent 17 prendre des distances vis vis des monarchies Mais le paradoxe est double car les plus minents porteurs am pitondra du pouvoir d autrefois ont tous jou un r le dans les structures de pouvoir indirect mises sur pied par le colonisateur ou dans l tat malgache cr par l ind pendance de 1960 Moins que d un qualifiant rejetant selon une perspective volutionniste pr sente l tat diffus chez tous les Europ ens affront s aux soci t s africaines et exotiques les organisations monarchiques du Nord da
167. oomby de mon c t je n ai pas vraiment entendu des paroles comme a c est comme a deux personnes qui sont parentes proches hava a qui veulent se marier c est interdit mais par exemple deux per sonnes qui se marient en remontant l anc tre fondateur razambe profond ment l bas aligny agny c est une bonne chose on peut le faire Comme par exemple les Zafindramahavita dont on parlait Ampasimena par exemple je ne suis pas mari et je prends une fem me je peux prendre une femme chez eux parce qu on n est pas tout fait des gens de m me ventre kibo araiky On est plut t des gens de m me anc tre comme a 30 On peut le faire a c est une bonne cou tume mais depuis peu maintenant a n existe plus Tu sais ce que c est la coutume des gens maintenant les Sakalava de cat gorie dif f rente cherchent s entremarier Peut tre les gens d autrefois fai saient 1ls comme a parce qu ils avaient des interdits ils n aimaient pas que les gens aillent de ci de l Mais pr sent a n existe plus Autrefois c est vrai il y avait des r gles Pour les Sakalava je n ai pas trop entendu parler de a Par exemple j ai des enfants ma s ur a des enfants nos deux enfants peuvent se marier comme a Chez les Makoa c tait comme a chez les Antemoto c tait comme a mais pour les Sakalava a n existe pas parce que les Sakalava ont peur de l inceste vraiment ils ont peur de l inceste
168. ordre roturier et est devenu une sorte de groupe priv agissant pour ses int r ts propres m me si en 2 Ce texte trop long pour tre ici cit peut tre consult aux Archives nationa les section Outre Mer Paris cote MAD 17 32 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 9 1922 les proc s verbaux de bornage de la pr fecture de Di go Suarez mentionnent sur les terres royales l existence de m tayers qui existent d ailleurs toujours la relation conomique ainsi pos e entre 7 rotu riers et nobles pouvait tre consid r e comme quivalente n importe quelle relation de m tayage ceci pr s que les nobles r tribuaient moins bien semble t il leurs travailleurs que les capitalistes fran ais Les seuls flux conomiques qu on peut consid rer soutenir la hi rar chie sont d ordre c r moniel c est dire qu ils ne sont quasiment ja mais r introduits dans l ordre conomique actuel Cette situation four nissait ainsi une sorte d pure d une organisation fond e par les d ter minations de l histoire sur la seule conscience d un ordre inter individuel c est dire sur des sch mas id aux Le texte suivant tente ainsi de r pondre deux questions Com ment la hi rarchie sociale d termin e par l ordre monarchique se conserve t elle Comment est elle li e un appareil et une hi rarchie politiques C est dire qu il ne met pas en question la d termin
169. otsangana enfin les trois mababo de Nosy Be et de Nosy Komba Ambalarafia et Manongarivo Nosy Be et Mitsinjoarivo Nosy Komba o se r partissent les morts royaux Bemihisatra du Nord selon un ordre qui rappelle inscrit sur le sol les rapports de solidarit relative qu ils entretinrent l int rieur du groupe de descendance Si les mababo donnent lire l histoire ils permettent aussi de lire la structure ou au moins les cat gorisations essentielles qui d finis sent en premi re approche les traits de la structure politique et sociale l observateur consciencieux mais press il suffirait d assister une c r monie un service fanompoa a aux tombeaux royaux et de s in former sur la qualit des actes rituels des acteurs et des pr alables de J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 96 la c r monie pour conna tre l ensemble des r gles institutionnelles sakalava Il pourrait entreprendre son enqu te par l espace social ca ract ristique des tombeaux l enceinte associ e au village qui l entoure sur trois c t s dont l ensemble fournit une impression r guli re d touffement et de domination de l enceinte sur lev e 89 sur le village en contrebas L enceinte en gaulettes point es et entrecrois es sisiky rappelle les palissades entourant les groupes locaux des villa ges elle d limite un espace qui n est accessible qu des dignitaires rituels
170. oty toutes ces choses si ce n est pas des mensonges si c est bien ici l endroit dont tu parles montre le nous Si ce n est pas a qu elle s est tromp e montre lui On disposa l assiette de pri re on mit de dans une pi ce d argent On partit les Antimababo de leur c t et nous avec la voiture On expliqua Andriamamatatrarivo On a 17 imperata cylindrica 718 Nom posthume de Binao la reine au dessus de mille autres faisant allu sion sa grande popularit 719 Accessoires n cessaires aux intercessions Il s agit de napol ons marqu s 1860 souvent th sauris s par les membres de la famille royale ou les poss d es J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 128 t l bas Vous avez vu l endroit On l a vu L arbre dont a parl l enfant tait bien l Il tait l La nuit de lundi il n arriva rien La nuit de mardi rien La nuit de mercredi on ne vit rien Le jeudi c est lui seul qui l bas la vit An driamamatatra Tout seul Tu ne crois pas encore en ces choses que je dis Cet enfant commet souvent des mensonges O c est simple ment que tu r pugnes me suivre L c tait fini Au chant du coq il envoyait d j quelqu un me chercher Ah mon gars a y est c est arriv Il m expliquait c tait lui tout seul que c tait arriv Mais ce moment l elle n habitait
171. our le texte Times New Roman 14 points Pour les citations Times New Roman 12 points Pour les notes de bas de page Times New Roman 12 points dition lectronique r alis e avec le traitement de textes Microsoft Word 2008 pour Macintosh Mise en page sur papier format LETTRE US 8 5 x 11 dition num rique r alis e le 24 janvier 2015 Chicoutimi Ville de Saguenay Qu bec amp Fait avec Macintosh J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 4 Jean Fran ois BAR Anthropologue directeur de recherche la retraite de PIRD et de l Universit de Paris I Panth on POUVOIR DES VIVANTS LANGAGE DES MORTS IDEO LOGIQUES SAKALAVA Paris Les ditions Fran ois Maspero 1977 144 pp Collection Dossiers africains J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 5 Table des mati res Quatri me de couverture Avant propos 5 Le Nord Ouest et ses deux pouvoirs 9 Le pouvoir d autrefois de la d rision au danger 16 Des rois dangereux mais nus 20 Un balancement th orique 22 Itin raires 24 ER Es RE La monarchie Bemihisatra des ordres sociaux aux territoires des territoires aux statuts 30 Des statuts l id ologie 79 L id ologie des morts immortels 86 Morts et vivants 95 10 L id ologie incarn e les poss d s royaux 99 11 Pouvoir des vivants langa
172. ourne autour des morts royaux Les notations ethnographiques pr c dentes permettent d num rer dans le courant d une seule c r monie les principaux traits d un syst me institutionnel qui autrement ne se r v lerait qu la suite de longues enqu tes s par es aupr s de person nages isol s ici li s les uns aux autres dans des configurations sp ci fiques qu orientent et d finissent des objets concrets les enceintes fun raires il vaut en effet de remarquer que non seulement les corps des morts royaux sont orient s par rapport aux directions cardinales mais qu leur tour ils d finissent une des principales oppositions uti lis es dans les rituels fun raires Les responsables rituels charg s de nettoyer les caveaux fun raires zomba faly sont divis s entre gens des pieds an pandiha a et gens de la t te an kabeso Les c r monies autour des tombeaux royaux les tombeaux eux m mes dans l ordre organisant leur existence concr te apparaissent ainsi comme une accumulation de cat gories et de symboles qui jux taposent dans le rapetassage minutieux 5 des rituels dilu s dans des conditions normales dans le discours des informateurs les cycles longs de la vie sociale quotidienne Tout se passe comme si les morts royaux que le vocabulaire monarchique nomme raha sarotro choses dangereuses et pr cieuses constituaient une grille permettant d or donner et de lire non pas l ensemble de la stru
173. ousine germaine Tsimetry Barera Majunga fils de cousin germain Soaniaomby Barera Antsirabe Joja fille de Tsimetry LES ADOPTIONS DE BINAO Cette politique d adoptions plus ou moins fr quentes selon la per sonnalit des souverains supr mes a videmment pour effet de placer les collat raux adopt s ou pris en charge dans une situation de d pen dance elle ne s accompagne jamais en effet de dons de terrains qui pourraient permettre une autonomie aux aristocrates les recevant Les terres royales qui forment le patrimoine indivis de la lign e r gnante sont conserv es par ses membres cor sidents et particuli rement par le souverain supr me qui en est le d positaire et le responsable Cela ne fait qu accentuer la disparit entre des lign es ayant d j un fort carac t re d asym trie les droits d usage th oriques des autres aristocrates de m me tariky restreint tant pratiquement annul s sauf par le biais d une redistribution effectu e par le souverain supr me Ces faits ex pliquent les appuis politiques qu un souverain comme Amada octroya ses collat raux le fait pour un aristocrate d une lign e domin e d avoir un poste d administration signifiant en dehors d un surcro t de pouvoir une possibilit d autonomie conomique et en d finitive ap porte au responsable de la lign e r gnante une tranquillit relative quant aux men es s ditieuses que ses collat raux pourraient entre prendre contr
174. percheries arrang es l avance Ce qui convainc les dignitaires c est la plus ou moins grande qualit de l ef fort d identification fait par la personne dont ils examinent le cas la capacit de coh rence id ologique qu il suppose Le champ de la v ri fication empirique r elle qui s attacherait d couvrir ainsi que je l ai fait superficiellement les possibilit s empiriques d apprentissage de d tails laiss s id alement secrets est en fait disjoint dans le proces sus d une l gitimation de Saba du champ id ologique qui seul impor 100 Voir en particulier R BASTIDE Le R ve la transe et la folie Flammarion Paris 1972 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 147 te Ainsi que l a admirablement montr Mary Douglas des croyances indispensables l ordre social peuvent tr s bien coexister dans l esprit des individus avec les capacit s de nier ces croyances par une attitude exp rimentale sans que cela ne nuise en rien l ensemble de l univers religieux d une soci t 101 137 Nous avons donc trac un itin raire circulaire depuis les br ves d finitions de la structure politique o l on pressentait les zones conflictuelles la r alisation dans la pratique de conflits mettant en jeu dans un ordre significatif l ensemble des instances politiques On a en effet des oppositions internes au groupe porteur de la l gitimit lesquelles ne sont pas arbitra
175. permanents ou transitoires recrut s dans ou hors des villages des tombeaux L emplacement des tombes qui Manongarivo et Ambalarafia sont ciment es refl te l opposition des sexes associ s aux directions cardinales nord m le sud femelle ainsi que l op position entre ampanjaka be souverain r gnant et jado membres r sidents du groupe de descendance noble mais non r gnants l ar chitecture des mausol es rectangulaires et stricts Ambalarafia or n s de frontons en volutes de style islamique Manongarivo rappelle le caract re purement sakalava de la premi re reine enterr e dans l un Tsiomeko alors qu elle indique l islamisation quasi totale des morts royaux de Manongarivo notamment Binao et Amada Aupr s de la grande enceinte r unis dans la grande construction ouverte fantsina sont les poss d s royaux saha adoss s la fa ade est qui est la direction des morts ils font face aux suivantes tels des ac teurs peine sortis d une repr sentation ils repr sentent les morts royaux ils sont les morts royaux dont ils manient les cannes et portent les v tements dont ils arborent les fez rouges et les vareuses blanches de coupe militaire qu affectionnaient les dignitaires sakalava des an n es vingt Autour d eux et sur eux croulent les dentelles et les tissus de prix gora dalabany qui servent aussi de linceuls Adul s entou r s par des suivantes marovavy et des conseill res b
176. pliquer La pens e d une telle d cision sur le mode psychologique ne saurait tre satisfaisante puisque les acteurs au del de leurs intentions m mes sont d termin s sociologiquement en l occurrence dans le cadre d un champ politique 3 Aussi faut il consid rer les l ments permettant de comprendre tout d abord la d cision de Binao d avoir elle seule un mahabo No tons tout d abord qu il ne s agit pas l d une transgression mais d un choix permis par le syst me laissant ainsi qu on l a mentionn 129 la possibilit aux individus de statut royal de choisir avant leur mort leur lieu d inhumation La volont de reposer seule dans un lieu choisi par elle consiste d une autre fa on s loigner de sa m re ampanjaka be comme elle inhum e Tsinjoarivo et consid r e comme sa ma tresse tompony Bien qu aucun conflit particulier ne soit notable en tre les deux femmes de leur vivant Safy Mizongo tant morte alors que sa fille tait peine adolescente 1l para t licite de consid rer cet loignement comme un acte d ind pendance au moins sur le plan de cet ensemble d informations simultan ment sociologiques et symboli ques que sont les tombeaux royaux la date de la mort de Binao en effet plusieurs membres du groupe de descendance centr sur An driantsoly se trouvent d j inhum s Tsinjoarivo Binao se trouverait ainsi confondue lors des v nements rituels avec l ensemble de ses cor sidents
177. pratiqu es par les nobles ou des cas plus nombreux d individus n ayant pas r sid de mani re permanente Ampasimena mais tant toutefois consid r s comme membres du noyau r sident En fait dans la rubrique autres pourraient si on affinait l analyse tre inclus la quasi totalit des Zafindramahavita d Ampasimena La mobilit saka lava est tr s grande et les hommes comme les femmes parvenus au sortir de l adolescence se d placent fr quemment s engageant comme man uvres ou exer ant toute une s rie d emplois dans les grandes vil les avant de revenir se fixer dans leur village pendant quelque temps L importance de cette derni re rubrique est de montrer qu un change ment temporaire de r sidence n implique pas n cessairement de perte d une affiliation Le crit re de r sidence n intervient pas comme dans les syst mes purement 44 indiff renci s comme une variable exo g ne de d finition des groupes mais comme volont de s affirmer comme membre plein d un groupe local Un membre d un groupe de haut statut tel que les Zafindramahavita ne peut perdre son affiliation clanique mais comme on le verra dans un prochain paragraphe il J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 49 peut par contre tre consid r comme un membre mineur du grou pe local s il ne se soucie pas fr quemment d entretenir des liens avec le noyau r sident En effet l
178. qu ils veulent faire Il faut toujours demander aux morts royaux silence Et videmment les morts ne parlent pas rires maty tsy raha mivola Le m me mois j interroge Bako un collat ral de l actuel souve rain sur le r seau g n alogique de la famille royale Il dirige la conversation sur l une des fondatrices de l unit territoriale de la r gion de Nosy Be Tsiomeko connue pour avoir sign la cession de l le la France en 1840 Il en profite pour me faire part de l attitude de la famille royale proche son gard qu il consid re comme injuste et agressive Il cite comme cause de cette tension des faits remontant 1970 ann e pendant laquelle Fatoma voulut vendre la Compagnie sucri re de Nosy Be des terres sur lesquelles les communaut s instal 5 Traduction d une expression sakalava ny maventy qui d signe simultan ment les adultes et les porteurs du pouvoir traditionnel titre organique 6 Ampangataka dignitaire charg de transmettre les requ tes faites aux morts royaux 1 L adjonction de raha entre la n gation tsy et le verbe indique ou accentue une attitude sceptique J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 17 l es aupr s des tombeaux royaux avaient tabli des cultures Il d clare s tre oppos ce projet parce que ces terres nourrissaient les gens tablis pr s des tombeaux et que de toute fa on elles n appartenaient
179. r de la l gitimit qui certes ne peut tre parl et con u dans un autre langage que celui permis par la r alit de la base organisation nelle de la hi rarchie fonci re de la taille d mographique des grou pes et de leurs strat gies Mais ce terrain l est min aussi pour le ma t rialisme m canique car on a vu que les groupements fondamentaux faisaient d pendre leur existence concr te et leurs strat gies de r ali t s hi rarchiques et politiques chap 7 dont le visage g n ral tait model par des faits d ordre id el chap 8 10 6 Le politique la mani re sakalava du Nord 1091 est avant tout totalisant apr s avoir t lors de l poque historique totalitaire aucun acte social n chap pe son domaine parce qu il est porteur du sens de la hi rarchie de la soci t et sans doute avant que les cosmogonies et les rituels s affais sent du cosmos tout entier 61 Qu on me comprenne il n est pas question de dire ici que les groupes lo caux sakalava du Nord peuvent avoir n importe quelle strat gie dans le re crutement de leurs membres il s agit cependant de rappeler cette v rit d vidence que les strat gies de recrutement sont ici d termin es l int rieur des contraintes du milieu par des faits id ologico politiques positi vement ou n gativement J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 118 110 POUVOIR DES VIVANTS LANGAGE
180. r des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 31 laient des syst mes de pens e et de cat gorisation qui formaient l ima ge premi re coh rente d une r alit sociale dont seules l articulation les liaisons logiques devaient retenir l attention de l observateur D o la s paration entre un ordre ph nom nal des cultures statistique objectif ext rieur la conscience et la subjectivit des acteurs et un ordre id el ou id al constitu de leurs id es croyances va leurs 1 Dans le m me temps les domaines de l tude du change ment social et la constitution de l anthropologie politique dialectisaient le d bat Car ainsi que Clifford Geertz le montra pour l Indon sie le changement social f t 1l situ au niveau le plus profond et le plus ap paremment objectif et mat riel est n cessairement accompagn par ce qu on pourrait nommer de nouvelles vis es ou de nouveaux pro jets culturels 28 qui retentissent leur tour sur la base mat rielle des soci t s 20 Apparition d un personnage redoutable la diachronie C est au travers d elle que les nouveaux courants de l anthropologie politique aux tats Unis notamment d veloppaient une analyse bas e sur l aspect s quentiel processual des ph nom nes sociaux Dans le d veloppement de processus socio politiques notamment conflic tuels apparaissaient des successions de choix des strat gies repos
181. r l dans la relation de son successeur En tant que les tombeaux royaux et la disposition symbolique qui les r git d terminent la nature ult rieure des interven tions des morts dans le jeu politique il est compr hensible maintenant qu Amada se refuse fonder pour sa 133 soeur un tombeau royal J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 143 qui sanctionnerait ad aeternam la position minente de la morte dans le souvenir politique C est nouveau une d cision solitaire qui s op pose une autre d cision solitaire un vivant investi d un pouvoir prestigieux qui s oppose une morte envers laquelle la fid lit s impo se Pour les conseillers royaux qui sont d positaires de la bonne mar che de l ordre socio politique c est une situation conflictuelle doulou reuse car l ordre social est menac par l affrontement de normes in compatibles L affrontement direct avec Amada est impensable mais impensable aussi sa d sinvolture l gard des derni res volont s de sa s ur Bien s r les conseillers privil giaient la fid lit de Binao mais cela en priv alors qu ils n agissaient pas s qualit s Pour eux cette derni re l emporte mais les moyens institutionnels manquent pour signifier au d tenteur du pouvoir leur hostilit La d finition des p les du conflit est simple la d cision d Amada s oppose un ordre politi co religieux ou id ologique d fini par une ac
182. rationalit en conomie Maspe ro Paris 1966 _ Horizon trajets marxistes en anthropologie Biblioth que d anthropologie Maspero Paris 1973 _ Une anthropologie conomique est elle possible L Unit de l homme Centre Royaumont pour une science de l homme Le Seuil Paris 1974 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 153 GOODENOUGH W H Residence Rules Southwestern Journal of Anthropology vol 12 n 1 1956 p 22 37 Introduction Explorations in Cultural Anthropology Mac Graw Hill New York 1964 p 1 24 HANSON A F Rapa Une le polyn sienne hier et aujour d hui publications de la Soci t des oc anistes n 33 mus e de l Homme Paris 1972 JOUVENEL B DE L Art de la conjecture d du Rocher Paris 1964 KELLY R C Demographic Pressure and Descent Group Structure in the New Guinea Highlands Oceania vol 39 n 4 1968 p 36 63 KROEBER A L et PARSONS T The Concepts of Culture and Social System American Sociological Review vol 24 1959 p 246 250 KROEBER A L et KLUCKHOHN C Culture a Critical Review of Concepts and Definitions Vintage Books New York 1963 LAVONDE S H Magie et Langage notes propos de quel ques faits malgaches L Homme Revue fran aise d anthropolo gie vol 3 n 3 1963 p 109 117 LEACH E R Critique de l anthropologie P U F Paris 1968
183. rd d Andavakotoko Je la connais je dis Tu ne me connais pas encore Alors l 116 j acquies ai Oui je te connais Qui suis je Tu es l am panjaka Binao Mais cette femme n tait pas quelqu un qui connaissait cet endroit Nosy Be Cette femme tait d Analalava elle tait petite comme a quand il y avait eu le fanompoa a elle ne connaissait rien alors je ne fus plus du tout sceptique Alors elle expliqua Tu es bien conscient de ce qui arrive Oui je dis J ai fait sortir un r ve pour Mboty pour vous avertir Et c tait vrai Cette enfant Mboty avait vu un peu de temps avant elle dormait elle l avait vue avec le chemisier qu elle avait souvent Ampasimena elle disait Si vous voulez le bien si vous ne voulez pas la dispute enlevez moi d Ambariovato emmenez moi Ambalarafia Mboty dormait et elle voit a Mboty elle tait suivante ici au doany sa cat gorie c tait Jingo Mais ne me faites pas rentrer l dans le mahabo je veux ma place personnelle o reposer Puis elle dit Mboty Allons et a Mboty le voyait pendant qu elle dormait et elle se voit aller avec elle jusqu ce qu elles arrivent l bas et elles suivaient le chemin qui monte au village de Manongarivo maintenant et elle disait Mboty Expli 69 Il s agit en fait de consanguines de Binao descendantes de la m re roturi re de Sagfy Mizongo
184. rdre social qui et combien de gens donner du pouvoir distribuer des biens quels sont les groupes r els c est une coh rence d ordre intellectuel pen s e qui est un jeu L GENDE DES FIGURES Dans les sch mas g n alogiques les noms en majuscules corres pondent aux hommes les noms en minuscules aux femmes Les adop tions sont not es par des fl ches dans le sens adopt adop teur les groupes de fr res et s urs germains sont r unis par un trait horizontal au dessus des noms les poux par un trait situ en dessous rompu par une petite barre verticale dans les cas de s paration 4 M AUG Th orie des pouvoirs et id ologie tude de cas en Basse C te d Ivoire Hermann Paris 1975 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 11 Les traits verticaux notent la descendance Les contours ferm s dont la surface est parfois ray e obliquement indiquent selon les cas les groupements de co r sidents ou les mai sonn es J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 12 9 POUVOIR DES VIVANTS LANGAGE DES MORTS IDEO LOGIQUES SAKALAVA I LE NORD OUEST ET SES DEUX POUVOIRS Le Nord Ouest de Madagascar L ann e 1972 Retour la table des mati res Des reliefs volcaniques couverts de for t primaire o apparaissent ici et l les taches rouges de lat rite que provoque l action r p
185. rts sont pauvres issus de groupes roturiers descendants d esclaves la gratification qu ils ob tiennent en gardant les tombeaux royaux Bemihisatra le r le central qu ils jouent dans les rituels sont directement li s la pr sence parmi eux des poss d s royaux que leurs dignitaires ont vocation de sollici ter Il est ais de voir que les deux hi rarchies sont implant es dans des bases mat rielles distinctes Ainsi les conseillers des vivants jouissent ils de revenus mon taires tr s sup rieurs la moyenne des Sakalava du commun parce qu ils sont issus de groupements distin gu s historiquement par les monarchies depuis l poque coloniale et que les soldes de fonctionnaires indig nes ainsi obtenues sont venues se superposer aux ressources fonci res des groupes familiaux Par op position les gens des morts sont tr s rarement propri taires de ter res ils sont install s sur les terres d une concession de la famille royale dont le droit d usage leur est laiss en contrepartie en quelque J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 112 sorte de leurs services rituels Le langage d fini par les institutions de communication entre les deux appareils fait r f rence ces diff ren ces conomiques il n est pas rare que des poss d s particuli rement cout s se fassent aupr s du souverain l cho de ceux qui les contr lent et les gardent mais inversement
186. s conseillers des vivants et des conseillers des morts Si l appareil politique d cide qu un poss d est authentique il est install aux tombeaux royaux sa fonction est alors d mettre des avis sur la politique g n rale de la monarchie lorsqu il est sollicit Il est cens exercer son pouvoir de d cision en relation avec la person nalit du mort qu il incarne une personnalit autrefois connue com me pacifique ne saurait avoir de conduites violentes un mort royal connu pour son opposition l islam se doit de jouer l opposition aux groupes islamis s contemporains Cette r alisation des morts cl t le syst me des croyances qui dou ble ou constitue la hi rarchie politique L existence des poss d s royaux les d finit au premier abord comme garants de l ordre rituel ou social un mort royal c est aussi un individu ayant v cu dans un pass pos par d finition comme lieu d origine des r gles sociales et comme leur lieu d authenticit c est dire que n importe quel acte social est susceptible d tre comment voire jug par les poss d s Ils jouent le r le de relais ou de derni re instance d appel lors de jugements liti J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 110 gieux prononc s par les conseillers royaux Impossible alors de ne pas se fier leurs dires tre sceptique mifamatra c est mettre en cause non seulement le bien fond d une parole d
187. s clavage et de l exogamie entre les ordres sociaux qui s ensuivit Chacun des ordres sociaux est constitu de la juxtaposition de groupes de descendance et ou de r sidence nomm s fariky forte id ologie agnatique chez les roturiers et transmettant le statut de ma ni re absolument indiff renci e chez les nobles Dans le cas roturier les fariky sont recoup s par l appartenance des cat gories claniques firaza ana qui sont directement relatives au statut politique Sur cette hi rarchie sociale se superpose une hi rarchie politique qui lui est li e par la m diation de la territorialit Chaque monarchie sakalava a un souverain ampanjaka be qui s oppose aux autres mem bres du groupe de descendance royale qu on nomme jado ou jado ny ampanjaka Il repr sente l ensemble du groupe royal qui lui d l gue l ensemble de ses capacit s de commandement L ordre roturier est repr sent dans la capitale royale doany demeure du souverain vi vant par deux conseillers le manantany et le fahatelo qui assurent l essentiel des d cisions g n rales et de la gestion des biens royaux notamment des terres eux s associent des conseillers nomm s h r ditairement ra itry ou pl biscit s par le souverain pour leur savoir social ra aby L ensemble de ces conseillers roturiers constitue le coll ge lectif du souverain de m me que du manantany Lors de la r sidence royale la monarchie est repr sent e par des conseill
188. s surer la continuation de leur r le politique tant alli s matrimoniale ment aux Zafimbolamena en tant que groupe et non en tant qu indivi J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 76 dus particuliers et que apr s la mort de Safy Mizongo 69 Bebaka son ancien mari p re de Binao ait t l int rieur de la capitale poli tique d Ampasimena comme un ampanjaka On est donc ici en pr sence d un exemple d affiliation roturi re des rois affiliation conserv e et m me utilis e puis abandonn e avec la perte de vitesse des Zafindramahavita au profit des groupes como riens On voit qu il est des conjonctures o les aristocrates n ont pas d autre choix que de tenir compte de leurs affiliations roturi res c est d ailleurs ce que confirme la cat gorie de fokombeta donn e aux pa rents roturiers des rois ayant en commun avec ces derniers le conjoint g niteur d enfants chez eux ensuite remari Ainsi interviennent chaque g n ration des relations secondaires inscrites dans le cadre des diff rentes parent les des individus et groupe de germains selon la prise en compte des affiliations roturi res C est ce que montre le tableau ci dessous r capitulant le caract re des unions de la lign e r gnante Noms Nature de l union Prise en compte de l affiliation roturi re et aspect Exogame Endogame Safy Mizongo 2 0 Oui R sidentiel Binao l il Oui Amada
189. s la mort de Bao en effet c est Amida qui assumera en m me temps que la continuit r sidentielle du fariky la charge de chef de famille 417 Pour une critique de l approche purement statistique du cycle de d velop pement des groupes de r sidence voir I R BUCHLER et H A SELBY Kinship and Social Organisation The Macmillan Company New York 1968 p 48 49 et s Dans son ouvrage sur les hautes terres malgaches C Vogel reprend B de Jouvenel cette distinction que je consid re comme fondamentale l opposition d cision lourde d cision faible S il ne nous importe pas de conna tre la d cision de tr s nombreux agents de masse individuelle faible qui alimentent le processus il n en va pas de m me des d cisions lourdes qui peuvent intervenir Dans le cours du processus ces d cisions peuvent injecter la sp cificit de l v nement B de JOU VENEL L Art de la conjecture 1964 cit par C VOGEL Organisation fa miliale et territoriale en Imerina orientale Universit de Madagascar 1973 p 65 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 63 B La centralisation des groupes locaux Il existe entre les groupes locaux roturiers une hi rarchie externe elle oppose les groupes roturiers de bas statut contraints de contr ler leur taille d mographique par l application plus ou moins stricte de la r gle de patrilocalit aux roturiers de haut
190. s d Amada Nosy Be sa mort en 1958 c est l un des fils de Rajiabo Aly qui reprit le m tayage de son p re Apr s la mort d Amada les liens se sont distendus et ne se traduisent plus que par des visites au zomba Kavy Ibrahimo et Safy Mizongo sont enfants de Fatoma fille d Amada et d un roturier Betombo A la mort de ce dernier ils ont h rit de six hectares de terre plant s en caf Kongony village Be mihisatra proche d Ampasimena Les terres ont t imm diatement partag es contrairement la part des trois enfants de Fatoma dans l h ritage foncier d Amada leur grand p re maternel toujour en indi vision et g r par leur oncle maternel Ahamady Andriantsoly Le principal caract re de ces affiliations est leur dispersion elles ne mettent en jeu en effet que des familles restreintes et certaines fractions des parent les roturi res et non l ensemble du segment issu de la lign e r gnante Apr s une ou deux g n rations le groupe rotu rier originel est oubli au profit de nouvelles alliances d termin es m me au niveau des aristocrates par l application des r gles d exoga mie J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 78 Cette dispersion des alliances roturi res des aristocrates est nette dans le tableau suivant qui tablit la fr quence des alliances avec des groupes claniques r sidentiels 71 Anjoan 2 Comoriens Mayotte 1 Zafindram
191. s faire les choses comme d habitude il voulait des pierres pour son a n e Et c est d ailleurs ce moment l qu il prit son nom Andriamamatatra depuis l depuis ce moment l parce que les gens remarquaient qu il voulait construire des choses dures fortes fatatra On prit du sable Ambatozavavy parce qu il y avait cette place 121 sacr e l bas o les gens n avaient pas le droit d uriner qui 82 Dans ce que le vocabulaire politique sakalava nomme t te des fanompoa a ces individus responsables transitoirement de la bonne marche du tra vail rituel sont nomm s de mani re paritaire des ampanjaka de petit statut li s aux Bemihisatra anadoan qui n ont d autre mission que de surveiller du regard les acteurs de la c r monie jado o et d agir comme t moins si une faute vient tre commise 83 Les Marotsiraty d Ambendra a Nosy Be sont issus d un groupe originaire du Boeny ayant appuy en particulier la fameuse mpanjaka de Mitsingo Ba rera Les Antima araka sont galement des anadoany Bem hisatra tr s li s aux rois 84 L appel des Bemihisatra de Diego et d Ambilobe fut facilit par les liens familiaux que Mahamoudou Daoud entretenait avec des parents proches dispers s dans ces villes et avec qui il a toujours entretenu des contacts tr s troits se d pla ant au moins deux fois par an pour y passer de longs s jours J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques
192. s mati res Qui veut parler des monarchies sakalava actuelles est ainsi confront un double embarras D une part les id es relatives une micro organisation politique sont pr sentes dans l ensemble du syst me social et d autre part la pens e de l observateur choue au pre mier abord voir dans cette organisation le r le instrumental que tout syst me de pouvoir est cens rev tir L id e dominante concernant les syst mes de pouvoir revient souvent en effet en faire des techni ques sp cifiques de partage des ressources rares techniques dont la ma trise l gitime ainsi le privil ge m me du pouvoir d tre pouvoir Or la forme prise par les monarchies lors de leur production histori que post rieure la colonisation qui en bouleversa l architecture en les dominant et les utilisant montre qu il n en est rien en tout cas sur un plan fondamental La majorit des rois et des dignitaires bemihisa tra furent utilis s titre de fonctionnaires indig nes ils disposaient ainsi d un pouvoir d arbitrage mais qu on pourrait dire d ordre conjoncturel il s agissait d s la cr ation de ce corps de fonction par le g n ral Gallieni en 1896 de faire jouer des hommes culturelle ment aptes des r les chef de canton crivain interpr te sous gouverneur ou gouverneur titre politique que des fonctionnaires de J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 24 la
193. sakalava 1977 130 tait respect e 5 et puis Fascene parce que c tait le premier doa ny de Nosy Be 6 Mais avant il fallait d signer des Jingo pour laver le sable avec du miel cuit parce que de temps en temps il y a des gens ordinaires qui passent et alors m me si le sable vient d endroits sa cr s le sable est souill C est le lundi qu on prenait le sable Amba tozavavy et le vendredi Fascene C est tous les Antandrano de Befo taka qui prenaient ces grandes quantit s de sable le d posaient l endroit voulu puis repartaient On prit les pierres Andranobe dans la concession de Paul Gaston qui tait instituteur d Andriamamatatra quand il tait Anorotsangana Quand tout fut pr t il fallut chercher un ma on Ce n tait pas dif ficile il y avait beaucoup de gens qui cherchaient du travail Le mpanjaka Bako moi le rangahy Ankiaka on se mit d accord avec un S n galais qui s appelait Marijiany et qui serait responsable de la construction du caveau On fit une convention crite d peu pr s 3 000 F de l poque En ao t 1938 la construction commen a la construction du zomba faly Ce jour l ce fut Ndriamamitra a 7 qui trouva le chant fun raire il y en avait deux le premier c tait Andrianaboniarivo qui parcourt les les Tu es revenue Tes parents t ont fait revenir Nous sommes tes esclaves Nous te servons 85 Il s agit de ces terres saintes tany masigny diss min
194. sakalava 1977 37 sakalava selon lequel des firaza ana les gens en ont huit d un c t huit de l autre valo agnila valo agnila 2 Question Huit d un c t huit de l autre est ce que a a un rap port avec le mariage a R ponse Non enfin huit d un c t huit de l autre a n a pas de rapport avec le mariage mais avec ce qu on porte avec soi ny fiton drasa a Cette responsabilit l 26 c est comme a un interdit du jeudi un interdit du vendredi Par exemple celui qui suit l interdit du vendredi dit Allons y faisons notre travail aujourd hui Je ne suis pas d accord dit celui pour qui ce jour l est un jour interdit Je n y vais pas Voil ce que a veut dire huit d un c t huit de l autre On trouve nouveau l association entre l aspect de classification ou de cat gorisation li la notion et les interdits d ordre rituel ou reli gieux qui la relient au syst me monarchique L interdiction de travailler certains jours est en effet un des crit res de d finition entre les diff rents groupes nobles et les roturiers qui leur sont affili s Ce caract re classificatoire de la notion de firaza a na est nettement mis en vidence par l emploi du terme 34 au sens de cat gorie ou esp ce vari t Dans cette acception le terme karaza a est surtout employ Cette assimilation entre cat gorie poli tique et cat gorie au sens large a d j t
195. sang qui servirait plus tard oindre les tombes il ap prendrait que ces femmes appartiennent la cat gorie clanique Jingo que l une est originaire des tombeaux royaux et que l autre est d origi ne ext rieure Le son des tambours royaux des bois m les hazo lahy aurait retenti bien auparavant ce regroupement mais il pren drait alors un relief plus net soutenu par les plaintes de la conque ma rine antsiva et sur eux viendrait s imposer le rythme cyclique d un chant r p tant inlassablement les termes Trongay le ma tre des esclaves frongay magnindevo qui marque le moment culminant et intense des rituels royaux Il verrait un homme de la communaut des J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 98 tombeaux oindre du majeur le visage des hommes et des femmes qui se pr senteraient lui s parant leur visage partir du front jusqu au nez d une marque blanche voquant le casque d un chevalier teutoni que il apprendrait qu il s agit l d une m dication base d argile blanc tany fotsy d lay d une eau de source d une eau courante qu elle est nomm e fsintsoraka ou antsaolan na et qu elle prot ge des agressions surnaturelles des qui rend br lant mahamay qu elle 91 a t pr par e sur l ordre de poss d s faisant fonction de devins d origine ext rieure aux tombeaux royaux Ce n est donc pas un abus de langage que de dire que tout t
196. sible qu un souverain choisisse un conseiller parce que le groupe noble est organiquement alli un groupe roturier puisqu il sait qu en une dur e d une deux g n rations l alliance politico matrimoniale ainsi construite s vanouirait devant la multiplication des liens consanguins d termin s par la grande extension des parent les saka lava l inverse tout semble d ailleurs indiquer qu entre membres de la hi rarchie politique l alliance soit fortement d sapprouv e de m me que le cumul de charges politiques au sein d un m me groupe lo J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 89 cal 50 Dans ces conditions la hi rarchie sociale ne d termine qu ti tre extr mement large et de ce fait peu significatif la hi rarchie poli tique Cette derni re ne saurait ainsi tre dessin e autrement que par le moyen de sch mas d ordre id el qui soutiennent le choix synchroni que fait dans le cas d un premier conseiller par le souverain Il s av re par contre que d s l instant o un premier conseiller est choisi l en semble du groupe local qui 82 il se rattache se trouve ainsi pous s dans une position privil gi e D s lors si l on envisage une s quence diachronique type des m canismes effectivement li s aux faits de r sidence interviennent dans la perp tuation d ordre conjoncturel comme on va le montrer et non structurel Un premier conseiller manan
197. st l ce qui les fait rois zegny mahaampanjaka ir ou encore plus nettement Les choses du pouvoir royal ne doivent pas tre semblables celles des roturiers tsy mila miramira ny raharaham panjaka a amin ny raharaha olo vohitry ty Cette uniformit des ex plications des Sakalava fussent ils les plus comp tents sp cialistes rituels ou membres de l appareil monarchique pouvait tre comprise de diff rentes mani res on pouvait penser notamment que l absence d ex g ses tenait l application automatique de r gles rituelles la forme connue mais au contenu oubli c tait l rel guer les monar chies du Nord dans l archa sme Cette interpr tation toutefois entraf nait des paradoxes trop abrupts pour ne pas tre tenue distance comment les Sakalava pouvaient ils ob ir des rituels si le symbo lisme sous jacent les taxonomies qui en forment l ossature la s ve taient absents On ne produit pas des rituels fussent ils affaiblis ou d cr pis sans en avoir besoin d une mani re ou d une autre Ce dog me d une ob issance automatique aux rituels tait d autant moins vrai semblable que les m mes sp cialistes ampitantara 52 plac s dans une situation concr te lors d une c r monie n h sitaient pas devant les gestes accomplir qu alors ils manifestaient une connaissance par tielle du fonds id el r alis dans les rituels fonds qui n apparaissait jamais totalement Ainsi la v ri
198. statut partageant avec les nobles l autorit politique et fonci re et conservant dans leurs unit s r sidentielles la majeure partie de leurs descendants 57 A l int rieur des groupes locaux est galement constatable une hi rarchie interne Dans sa forme g n rale elle oppose un pr tre familial ampijoro ou lohajoro aux autres membres r sidents Le personnage du pr tre familial qui est souvent le membre le plus g du groupe local r sume et repr sente les membres r sidents il d termine et oriente la politique matrimoniale et fonci re des grou pes locaux d autant plus que l on s l ve dans la hi rarchie Cette cen tralisation est une n cessit quasi structurale d s l instant o les do maines fonciers d h ritage sont indivis et o des arbitrages sont n ces saires Dans le cas des roturiers de haut statut l ensemble du groupe local se confond avec une unit politique et d s lors son pr tre fami lial est dans tous les cas un personnage exer ant une responsabilit dans l appareil afin que des conflits de r le n opposent pas le pr tre familial celui de ses collat raux investi d un pouvoir politique et pourtant assujetti lui en ce qui concerne les affaires int rieures de son groupe Ainsi lorsque l on examine les groupes politiquement pertinents la structure r sidentielle roturi re appara t fix e autour d hommes minents jouant le double r le de chef de famille et de conseiller royal
199. statut diff rentiel des morts royaux ne consiste pas d abord durer il consiste faire tendre leur dur e vers l infini alors que la dur e d existence des morts roturiers se limite la permanence r sidentielle sur quatre cinq g n rations des groupes locaux A exprimer ainsi la sp cificit des morts royaux on ne fait que redoubler le mod le local de la hi rarchie projet dans les conceptions de la mort Or de la m me mani re que les morts royaux paraissent ainsi J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 106 pourvus de qualit s suppl mentaires la transformation d une d pouil le royale en mort propre si j ose dire c est dire dont les os ont t nettoy s pr sente des caract ristiques exc dentaires par 98 rapport aux d pouilles roturi res les morts royaux sont en situation d asym tricit dans les rituels comme dans leur efficacit posthume En effet alors que les morts roturiers sont ou taient car les longs pr paratifs sur les cadavres sont d sormais interdits par l tat appr t s par les roturiers de leur famille proche les morts royaux sont transform s par des roturiers exclusivement des interdictions rigou reuses emp chant leur contact aux nobles vivants et particuli rement au souverain r gnant Mais r p tons le rien ne para t devoir consti tuer dans le discours sakalava l apparence d une diff rence de nature physio
200. storique J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 108 devient identique lui m me ou plut t les membres de l appareil jouent ce qu il soit identique et donc aboli D une opposition tempo relle entre vivants et morts on passe dans la hi rarchie politi que une opposition 100 synchronique l appareil politique sakala va est form de la conjonction d une hi rarchie centr e sur le souve rain vivant qui commande des dignitaires roturiers et d une hi rar chie parall le form e des poss d s et des dignitaires tablis aux tom beaux royaux les gens des morts La charge politique qui permet l int rieur de la hi rarchie des vivants de penser toutes les autres est celle de souverain supr me Dans les conceptions sakalava le souverain supr me est dans un rap port direct avec ses anc tres Une locution fr quemment utilis e le dit ma tre de ses anc tres fompon ndraza a ce qui r affirme cons tamment une l gitimit qu on d finit en relation aux morts royaux cette locution rappelle que le souverain est d positaire de reliques royales enferm es dans une construction qui fait pendant du c t des vivants aux tombeaux royaux le fsizoizoy tabli dans l ancienne capi tale religieuse d Ampasimena Ces reliques d pos es dans de petites cornes en or sont cens es provenir des parties durables des corps d Andriamisara Andriamand
201. successeur tr s probable Kavy s ur germaine de Binao mou rant en 1912 Le conflit est structuralement fond qui fait se heurter les deux personnalit s En effet l id ologie agnatique qui abandonne les pouvoirs r els aux mains des hommes m me dans les groupes mpanjaka plus indiff renci s que les roturiers s oppose ici la quali t de reine qui permet Binao de traiter au moins m taphoriquement son fr re cadet en enfant c est elle et non ses conseillers qui choi siront l une des premi res pouses d Amada et de lui opposer des conduites que la personnalit d Amada accepte mal Coh ritier de Sa fy Mizongo 1l supporte encore moins la politique de prestige de sa s ur appr hendant lorsque son tour viendra d h riter une diminu J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 137 tion consid rable des r serves de valeur g r es par les conseillers de sa s ur Paradoxalement les pouvoirs de gestion qui lui sont chus d s son installation Ampasimena sont relativement tendus Les proc s verbaux de bornage le citent comme t moin en compagnie fr quente du manantany d Ampasimena Bao et de Charles Linta mari de Binao Mais un pouvoir total lui est refus par une condition qui est un donn sociologique il est issu d un Comorien et ce fait le contraint pratiquement ne chercher d appuis que dans les commu naut s comoriennes envers qui les Zafindrama
202. suivront l appartenance du P re On peut cet gard reprendre l exemple d Ahamady Andriantso ly D une premi re union avec une femme aristocrate Zafy ny Fotsy de la r gion d Ambilobe il avait eu deux enfants Pour lui ses enfants sont d abord Zafimbolamena puis Zafy ny Fotsy et au sujet des cons quences de cette affiliation il pr cisait sur ma demande qu ils peuvent suivre les coutumes fomba Zafy ny Fotsy si elles ne sont pas contraires aux n tres ce qui tait marquer la pr minence de son affiliation propre sur celle de son ancienne femme de surcro t il a d un commun accord avec le groupe de sa femme lors de leur s para tion conserv les deux enfants issus d elle qui sont lev s en grande partie par leur grand m re paternelle Safy Hindy On voit que des consid rations de r sidence viennent nouveau restreindre dans la r alit des faits les affiliations th oriques d un individu En effet si Aharnady Andriantsoly ne s tait pas s par de sa femme il est proba ble que les enfants issus d eux m me s ils avaient conserv une affi lation dominante Zafimbolamena auraient eu de fr quents contacts avec leur famille maternelle d Ambilobe J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 55 De la m me mani re le probl me de l appartenance de Fatoma fil le d Amada du c t Bemihisatra et de Volamanjaka une Bemazava noble posait un probl me ne pouva
203. syncr tiques de la colonisation par les souverains gouverneurs ce sont les biogra phies et les actes marquants des membres de la famille royale Aucune distance au niveau du groupe noble entre structure et histoire car les rituels royaux renvoient la d finition du groupe noble qui se r f re l histoire Tout se passe comme si chaque coupe synchronique fai te dans l volution structurelle des groupes royaux c tait toute l his toire sakalava qui tait pr sente non pas une histoire r elle foison nante dont de toute fa on la r alit n est jamais autre que culturelle arbitrairement d limit e 53 mais une histoire pens e et repens e pu r e d pouill e de ses scories une sorte d histoire mythique au sens technique du terme ax e sur les aspects les plus contrast s d une r alit socio historique fuyante une histoire officielle coexistant avec les lambeaux d information historique multiples et contradictoi res que les Sakalava prennent pour anecdotiques d tre racont s indi gnes voire dangereux 54 53 Le fait historique n est pas plus donn que les autres c est l historien ou l agent du devenir historique qui le constitue par abstraction et comme sous la menace d une r gression l infini C L VI STRAUSS La Pens e sau vage Plon Paris 1962 p 340 54 Chez les informateurs notamment les conseillers Sambiarivo des mababo r put s en la mati re le savoir historique se
204. t des rituels royaux n apparaissait 52 C est dire les raconteurs Tantara mot d origine sanscrite d apr s S B Thierry 1967 d signe les explications tiologiques les mythes par oppo sition aux contes angano le discours vrai marigny sur le social J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 100 sous une forme claire aucun moment de leur discours elle tait si tu e quelque part l ext rieur d explications culturelles particuli res l ext rieur de la d marche d observateurs sakalava pr ts une analyse aussi fouill e que leur permettait leur savoir mais jamais enclins voi re r pugnants un exercice synth tique totalisant hi rarchie sociale et rituels et encore aurait il fallu qu ils distinguent ces deux derni res cat gories s par es ici pour les besoins de l expos et en fait troite ment imbriqu es l une dans l autre comme ce texte tend le montrer 93 Continuons cet exercice de r capitulation Ce qui l gitime l tat nobiliaire c est l histoire la conscience constamment r affirm e du groupe noble de pouvoir tre li par une cha ne g n alogique consid r e comme continue aux fondateurs entour s d un halo mythique des dynasties du Nord ces dieux sur la terre za ahary an tany que fu rent Andriamisara et Andriamandisoarivo c est plus pr s de nous la place de premier plan tenue dans les p riodes troubles et
205. t 10 la majeure partie des devises de la Grande le L argent et la sexualit qui maillent des conversations tirables jusqu l extr me une socia bilit tranquille Paradoxale unit des couples l ments essentiels de la production des biens fonciers caf i res poivri res et br lis qui sur les versants abrupts imitent lors de la coupe dans le fouillis des troncs et des arbustes une catastrophe naturelle que d ment la nettet du trac contrastant avec la for t environnante couples vite form s et vite bris s dans le fracas d une querelle de m nage que les femmes s res d elles imposantes autoritaires s ditieuses mais au profond d elles g n reuses anxieuses de s assurer des biens personnels provo quent tentant d obtenir de nouveaux bijoux en or qui forment une r serve de valeur pour leurs filles Des colons dont la vie quotidienne d fraie la chronique paysanne d immenses terres issues des p rim tres de colonisation octroy s dans les ann es vingt le racisme tran quille des pays d ancienne colonisation fran aise La mort dans les villages le nombre des groupes assembl s la signale l ivresse due au rhum qui circule dans un unique verre le bruit syncop des pilons qui frappent alternativement les mortiers de bois dans le mouvement cy clique des femmes courb es Les fourneaux aux parois noires que l on pousse jour et nuit jusqu l invraisemblable course o le cercueil est malmen jusqu
206. t soit celui d une personnalit g n reuse mais presque faible malemy pr occup e surtout de ses amiti s f minines entour e quotidiennement dans le grand village qu tait l poque Ampasimena d un nombre de personnes que l emphase des informa teurs fait atteindre des centaines La g n rosit qualit essentielle des mpanjaka la d crit tout d abord dans l esprit sakalava Forte en effet de la promesse fran aise de protection riche de terrains titr s sur le conseil du capitaine Pennequin commandant le corps exp dition naire fran ais lors de la r volte du Sambirano que des gages p riodi quement annul s par l interm diaire de commer ants indiens d Ano rotsangana transformaient en argent liquide une politique de dons et d adoption la rendaient populaire m me aux yeux de ces concurrents ventuels qu taient les collat raux de la famille royale galement descendants directs d Andriantsoly Amada son cadet de quatorze ans ronge son frein d s l instant o 127 il r alise que sa position d enfant de Safy Mizongo est privil gi e dans la course au pouvoir Tr s t t nomm par l interm diaire de sa s ur alors bienveillante sous gouverneur politique Anorotsangana son installation Ampa simena le met en contact direct avec celle qu il consid rera de plus en plus comme une rivale Entre 1910 et 1923 date de la mort de sa s ur se pressent aupr s de lui des responsables politiques voyant en lui le
207. t en effet le d faut de confondre deux types de d cisions concernant la r sidence les unes impliquant une continuit li e aux normes les autres am nageant les normes dans le cas o la continuit se trouve menac e 56 On retrouve ici la notion de d cision lourde oppos e celle de d cision faible voqu e par C Vogel en Imerina 4 Afin qu elle soit per ue clairement je voudrais donner un exemple Bao Abdallah pr tre familial des Zafindramahavita vers 1920 a eu de son premier mariage six enfants quatre femmes et deux hom mes F F F H H F Au moment de son d part pour Anorotsangana les hommes r sidents Ampasimena sont deux demi fr res de Bao Boba et G lo Bebaka qui est chef de famille ampijoro et comme un ampanjaka au sein de son groupe de r sidence Vitazara et Ab dillah Adakoto fils de Bao Quand Bao revient Ampasimena en 1919 apr s la mort de Bebaka il est lu chef de famille et mananta ny Boba part Ambanja G lo Majunga La fille de Bao qui a le plus d enfants est Bemoana Se servant de son autorit de chef de fa mille il d cide d adopter d finitivement l a n des gar ons de Bemoa na Amida ce qui pourtant est contre les normes puisque Amida de vait appartenir au fariky de son p re ce dernier tant Anjoanais ou Antalaotra n a pas d influence au sein du groupe de r sidence On peut consid rer cette adoption comme une d cision lourde apr
208. t irrationalit en conomie Maspero Paris 1966 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 29 pel s des mat rialistes vulgaires ne faisaient que retourner une op position binaire s parant id es et r alit sociale et qu leur insu ils agissaient de mani re analogue des producteurs de mythes cons truits sur des oppositions fondamentales dont les contenus importent peu Le livre de Godelier montrait le caract re ethnocentrique des sch mas de d termination m canique par l conomique des ph nom nes sociaux et culturels puisqu il introduisait les analyses d une disci pline d velopp e depuis lors l anthropologie conomique et montrait que dans les soci t s non industrielles ou exotiques un niveau d ordre conomique ne se laissait pas ais ment s parer d un certain nombre d autres niveaux structuraux et notamment 26 de la parent fonc tionnant comme infrastructure en ce qu elle tait d terminante dans les r gles de distribution des biens Il pr conisait ainsi une analy se multifonctionnelle des soci t s non industrielles et questionnait ainsi les modes d analyse classique La m me ann e paraissait un livre aux positions r solument id a listes Homo hierarchicus de Louis Dumont Dumont montrait que pour rendre compte du ph nom ne de hi rarchie dans le syst me des castes indiennes il fallait donner une place centrale au syst
209. t o un r ve appara t Amada lui m me et dissipe ces derniers doutes l informateur encha ne Mais ce moment elle 134 n habitait encore personne C taient toujours des r ves Ce qui ne l emp che pas de prendre son compte l information de la saha qui lui dit parlant ce moment pour Binao J ai fait sortir un r ve sur Mboty pour vous avertir La premi re phrase aurait pu impliquer une impossibilit culturelle celle que des r ves fussent simultan s de l activit de m diums En fait 1l n en est rien Lorsque Mahamoudou Daoud dit Elle n habitait encore personne cela signifie en fait qu elle n a pas t reconnue par l appareil des conseillers qui sont seuls susceptibles de la l gitimer au moment auquel il fait allusion Dans les cat gories sakalava il lui est cependant impossible d affir mer que Binao ne s tait pas d j saisie d un m dium avant que celui ci ne se signale son attention Ce n est qu en tant qu il est convaincu de la l gitimit et de l authenticit du cas de possession auquel il a af faire qu il peut accorder foi aux dires de la saha qui d clare qu elle a fait sortir un r ve sur Mboty et que r troactivement il peut affirmer que c est bien l intervention de Binao habitant sa saha qui provoque ce r ve chez Mboty Cette confusion est r v latrice de la conception sa kalava qui ne peut admettre l existence posthume de souverains que repr sent e le r ve n tant q
210. t qu accompagne l appartenance un firaza ana minent et emp chent comme le dit Tsimibiry que les enfants ail lent de ci de l se marier sous une autre optique l union entre per sonnes de m me cat gorie est plus ou moins assimil e une union entre collat raux consanguins susceptible d attirer sur les poux et leurs groupes familiaux des sanctions temporelles ou surnaturelles tigny Pour les roturiers la norme d exogamie l emporte largement ainsi que le montre le tableau statistique ci dessous Unions Unions Z Total Total endog EXOL G 3 n s entre H 1 3 25 1880 10 10 et 1900 F 0 6 G 2 n s entre H 2 27 1900 61 3 et 1920 F 0 34 G 1 n s entre H 0 62 1920 112 0 et 1940 F 0 50 GO n s entre H 0 131 1940 276 et 1960 F 0 145 0 R f rence groupes Zafindramahavita roturiers de haut statut des villages d Ampohane Ambalihabe et Ampasimena J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 43 39 La r f rence choisie s explique par le fait que les groupes roturiers de haut statut tels que les Zafindramahavita troitement li s l appa reil monarchique ont des tendances plus affirm es que les autres ca t gories faire pr valoir l union endogame au moins dans la th orie C est galement le cas des Sakalava Ma oroomby dont les groupes pr sentent cependant un nombre tr s faible d unions endogames Sur le plan des chiffres le tableau n a r
211. tany a conna tre toutes les affaires de la monarchie ses co r sidents sont donc cet gard en position privil gi e et au sein des roturiers non impliqu s dans le r seau institutionnel c est parmi eux que l information circule d abord Les interactions constantes entre le pr tre familial et ses cor si dents d terminent ainsi leur tour de grandes probabilit s positives pour que le successeur se trouve dans le m me groupe local moins que le souverain d cide selon des crit res purement politiques de rompre l alliance bauch e en d signant son manantany dans un autre groupe local On se trouve alors devant un triple niveau de nature dia lectique unissant structure r sidentielle structure politique reproduc tion du savoir social Ce dernier terme appara t en effet en creux dans les liens unissant les membres de l appareil politique la comp tence des hommes au pouvoir dans les monarchies sakalava est direc tement li e au savoir historique et social pour des raisons videntes et d autre part pour des raisons tenant certains traits sp cifiques de la structure politico id ologique La nature essentiellement orale de ce savoir implique que sa transmission soit fonction du plus grand nom bre d interactions possibles entre individus Ainsi si l on veut bien me pardonner ce jargon la synchronie des rapports politiques injecte de la diachronie dans le syst me social Car d un c t pour
212. tatut que par leur int gration dans la structure r sidentielle de la hi rarchie politique L ordre politique intervient en outre d une autre mani re l id ologie et la pratique sociopolitique sont distinctes voire oppos es selon que les groupes de parent tudi s sont nobles ou ro turiers Si l on veut refuser la tautologie fonctionnaliste consistant dire que la hi rarchie sociale mod le ou appuie la hi rarchie politique ce qui inclut la r ponse dans la question pos e 1l s agit d s lors de voir dans des relations sociales l mentaires constituantes de la hi rarchie sociale des relations consid r es par les Sakalava eux m mes comme relatives au politique J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 36 La notion de firazanana les conceptions noble et roturi re La notion de firaza ana ou celle de karaza ana qui lui est presque synonyme est en rapport troit avec la mani re dont les Sakalava et particuli rement les Sakalava roturiers vohitry se repr sentent l ins titution des r gles monarchiques D embl e un Sakalava appartenant un firaza ana donn sait quels sont les liens qui le relient aux faits monarchiques et particuli rement ces v nements totaux que sont les grands enterrements d aristocrates soit qu il y participe du fait de son affiliation politique soit au contraire comme me disait Tamb ho le vieux Zafindramahavita d A
213. tion contraire des d po sitaires de cet ordre les conseillers royaux Mais cette action contraire qui donne au processus de fondation son mouvement n est elle m me possible qu la suite de l apparition de ces deux instances cr ant ou affirmant la l gitimit de la d cision de Binao un r ve et la transe d une poss d e LA L GITIMATION DE LA SAHA DE BINAO COMME INSTITUTION D AJUSTEMENT Certaines contradictions internes du r cit sont particuli rement ri ches d implications pour la compr hension interne du processus Elles montrent que d s l appel de la poss d e d Antsatsaka l annulation de la d cision solitaire d Amada est d j donn e En effet le d roulement chronologique du r cit est on a pu le remarquer construit rebours partir du d voilement de la saba l gitime de Binao pour revenant dans le temps expliquer le r ve de Mboty lui m me crit re de l giti mation de la fondation du mahabo Car il y aurait quelque l g ret n gliger l ordre de l expos ainsi d lib r ment pr sent par l informa teur qui comme tous les chroniqueurs sakalava ne se soucie pas du d roulement abstrait de processus d coup s par le temps des horloges mais tente d ordonner les s quences de son r cit selon une logique sous tendue par des principes d explication qui forment un substrat J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 144 culturel h rit Au momen
214. tique appelle et d termine Le r seau ob jectif de la parent est model par la consid ration premi re de la cen tralisation de ceux des groupes locaux consid r s comme minents du fait qu ils sont repr sent s par un haut dignitaire Cette derni re quali t est situ e l ext rieur en quelque sorte du r seau des groupes de descendance et de l alliance parce que son obtention est li e une proc dure de choix faite par une communaut politique le souverain et ceux que j appellerai ci dessous les conseillers directs ra itry ou rangaby qui n a d autre crit re qu un ensemble de r gles id ologico politiques qui d terminent la comp tence Ce d calage entre les conditions de reproduction des groupes so ciaux fondamentaux est lui m me d termin en premi re analyse par l absence d assujettissement du syst me social et de la hi rarchie so ciale la hi rarchie politique Sur le plan matrimonial on a constat en effet qu il tait impossible pour n importe quel groupe local de res ter en relation matrimoniale constante avec un autre L inversion et le changement perp tuel d alliance impliquaient de ce fait ce que j ai ap pel la suite de P Ottino un asservissement de l alliance au princi pe de descendance la circulation des conjoints n intervenant pour les groupes de haut statut et pour les nobles quasiment qu en tant que condition de perp tuation biologique et non sociale Il est ainsi im pos
215. tout conjoint roturier des aristocrates est une personne consid r e comme coup e de son groupe et simplement utilis e titre de g niteur Cette individualisation d une institution qui d ordinaire cr e des liens plus ou moins troits mais de type collectif tait bien marqu e dans les temps historiques par la coutume qui voulait qu une fois rejet le conjoint roturier se voyait mutiler la face probablement pour marquer avec duret que l alliance matrimoniale ne recouvrait pas l alliance politique C est dans cette optique qu il faut interpr ter les termes respectifs de biby et d ambala d signant le mari ou la fem me roturiers d un individu aristocrate et qui signifient animal et enclose litt dans la cl ture vala Il faut cependant nuancer largement cette premi re tape du rai sonnement Si les conjoints roturiers n taient pas de simples g ni teurs on comprendrait mal en effet pourquoi l union d un aristocrate engagerait des instances politiques telles que les conseillers royaux qui de surcro t consultent alors ce sp cialiste des d cisions al atoires qu est le devin gu risseur du souverain moasy ny ampanjaka Aussi J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 75 faut il distinguer deux types d alliance exogame L une 68 n engage que la personne d un aristocrate donn que ses pr rogatives autorisent intervenir librement dans la circulation des
216. tre sou verain 1l faut r sider quelque part et avoir des conseillers roturiers dont la comp tence d pend ensuite de leur environnement r sidentiel or ce que l on pourrait nommer ainsi du point de vue des responsables 50 En 1957 le souverain Amada pr texta l union entre deux responsables du tombeau royal d Ambalarafia pour tenter de les exclure Il s agissait disait il d un inceste vis vis du pouvoir antambo amin ny fanjaka a J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 90 politiques sakalava la qualit de ce dernier d pend son tour d un choix politique fait auparavant lequel tait lui m me d termin par des faits de comp tence Le noyau irr ductible de ce man ge des d terminations successives r side dans cet acte fondateur conduisant l gitimer ou choisir comme cor sidents des individus de m me tariky fussent ils normalement exclus en qualit de fils des fem mes d une telle appartenance Car ainsi qu on l a montr la cor si dence d termine l activation d une appartenance clanique le statut so cial l ensemble des faits institutionnels dont l entrecroisement d finit la personnalit sociale sakalava D s lors qu il s agit d un groupe de haut statut l admission d un individu et d une lign e d borde le champ social apparent qui 83 la d finit savoir la parent prise dans son acception r sidentielle Dans un acte i
217. tution centrale des monarchies la possession le plus c l bre de tous les morts royaux Andriamisara Sur quel socle int rieur aux hommes et aux femmes du Nord repose cette ind finissable im pression culturelle qui m le la d rision et le danger lorsqu on converse sur les monarchies actuelles Renverser la perspective Au lieu d ex pliquer la disparition relative d une organisation qui ne correspondrait pas des d terminations externes qu une sociologie paresseuse met trait vite en avant notamment le boom conomique subi par le Nord Ouest malgache entre les ann es 1950 et 1965 environ ne faut il pas s tonner de la permanence diss min e diffuse individuel le d un ensemble de croyances de repr sentations d id es coexis tant avec la n gation de l organisation qui les porte et les incarne S en tonner Peut tre en rendre compte L expliquer serait peut tre d j un but trop large formul dans des termes trop fonctionnalistes Les Sakalava du Nord Ouest auraient ils besoin des monarchies On voit en tout cas quel embarras th orique renvoie leur scepticisme mitig des individus peuvent ils vivre avec des id es sur les traits fondamentaux de la soci t et tre d termin s par une organisation politique l tat distincte de celle qui leurs id es et leurs croyances sont associ es Ce serait toutefois poser une mauvaise question de se demander si les Sakalava du Nord ont le c ur monarc
218. u Nord se nomment farik i Andriantsoly tari ky d Andriantsoly la plupart de leurs lign es et branches g n alogi ques provenant en effet de ce personnage Un deuxi me aspect fondamental et d j voqu plusieurs repri ses ci dessus concerne la transmission du statut d aristocrate Zafim bolamena On a vu dans les cas de mariage exogame que quelle que soit l affiliation roturi re de l enfant ce dernier a droit toutes les pr rogatives que conf re le statut de Zafimbolamena Ainsi ne se trouve t on pas en pr sence d une transmission majori tairement agnatique comme dans le cas roturier mais enti rement indiff renci e et uniquement fond e sur des relations de descendance consanguine de ce fait d coulent imm diatement plusieurs contradic tions d une part les segments de descendance des aristocrates saka lava du Nord ont faire face la multiplication de leurs membres contrairement aux segments roturiers qui peuvent contr ler cette mul tiplication par l application plus ou moins stricte de la r gle d apparte nance agnatique d autre part se pose pour eux le probl me de la dis continuit telle qu elle est pos e par des crits classiques d anthropo 45 P C LLOYD The Political Structure of African Kingdoms an Explora tory Model Political Systems and the Distribution of Power Tavistock Publications 1965 p 63 112 J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sa
219. u statut conceptions qui reposent leur tour sur une sor te de contrat premier assurant la l gitimit monarchique Entre l ordre politique et l ordre social c est une coh rence d ordre intellectuel pen s e qui est en jeu J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 7 5 POUVOIR DES VIVANTS LANGAGE DES MORTS IDEO LOGIQUES SAKALAVA AVANT PROPOS Retour la table des mati res Comme le syst me politique qui constitue son objet ce livre est le produit d une somme de contraintes crit dans le cadre du Mus e de l Universit de Madagascar pendant l ann e 1973 la suite d une en qu te de terrain men e en 1971 et 1972 il ne s appuie sur des faits sociaux observ s dans le Nord Ouest malgache que pour tenter d en d crire les conditions minimales d existence Le lecteur souhaitant confronter les raisonnements expos s ci dessous ces faits qui en constituent le soubassement devra donc se reporter deux ouvrages faisant la plus large part aux mat riaux empiriques et men s quasi ment de front pendant cette m me ann e 1973 1 Au lieu de s immerger dans les faits on a donc tent ici par une m thode r ductrice de se lib rer de ceux qui n taient pas absolument n cessaires pour rendre compte des traits premiers ou pour parler comme Hegel du contrat implicite un syst me politique qui pour tre marginal par rapport l actuel pouvoir de l tat
220. ue l annonce de la n cessit d un proces sus qui aboutit la s lection d un individu poss d Par la suite la possession elle m me cohabite avec la vie politique onirique mais elle ne vient que combler par d faut les vides logiques impliqu s dans les demandes circonstanci es faites aux poss d s et les r ponses de ceux ci Ainsi la question de l authenticit des saha destin es jouer un r le dans tous les moments importants de la vie politique particu li rement dans les moments conflictuels appara t particuli rement bien dans la premi re s quence consacr e la rencontre de Maha moudou Daoud et de la poss d e Le terme d authenticit doit cepen dant n tre charg d une valeur que relative Si dans le cas de Binao qui compte encore chez les Bemihisatra des contemporains la tradi tionnelle v rification pouss e tr s loin ainsi qu on l a vu peut s av rer empiriquement fond e bien souvent la l gitimation de saha repr sen tant des souverains dont le souvenir ne se perp tue qu au travers d un souvenir oral squelettique ne tient elle compte que d une ambiance g n rale entourant la personnalit de l individu examin partir de J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 145 laquelle les conseillers peuvent d clarer c est elle ce n est pas elle Dans le cas pr sent je me suis attach examiner l ensemble de preuves fournies
221. ue r sidentiel ainsi les des cendants directs de la fameuse mpaniaka de Mitsinjo Barera et cer tains descendants de Safy Mainty s ur a n e de Safy Mizongo Il y avait d s lors dans la volont de Binao une implication pratique dont elle fut peut tre consciente celle de s affirmer l origine d un groupe de descendance au style politique nouveau de s opposer ainsi sur le plan id ologique la repr sentation sa m re En effet si les conflits entre Binao et sa m re semblent absents les oppositions sociologi ques sont fortes Ces oppositions tiennent sur le plan g n ral l appa rition sur la 130 sc ne politique du Nord Ouest d un acteur nouveau l appareil colonisateur fran ais Alors que la plus grande partie du r gne de Safy Mizongo se passe dans un territoire encore soulev par les fahavalo et les incursions hova aux fronti res ind cises alors que les rapports d amiti affich s l gard de la reine par le petit corps ex p ditionnaire install Nosy Be cachent mal une m fiance instinctive Binao on l a vu est enti rement install e dans le giron fran ais im pr gn e de l id ologie progressiste qui l am ne se faire aupr s des Bemihisatra l apologue de l instruction scolaire de l occidentalisa tion Ces traits correspondent sur le plan interne de nombreuses mo difications de l ordre social notamment dans le domaine politico rituel ainsi le tanguin encore utilis secr tement p
222. ule la r f rence aux ascendants et sur le plan structural s apparente l acte initial d une segmentation Mais il faudra retenir qu il ne s agit l que d une segmentation drama tis e n offrant nulle pertinence sur le plan de la territorialit de l h ri tage et en g n ral sur le plan des normes sociologiques pratiques si non r p tons le ce deuxi me niveau o le respect des croyances li es l ordre politique influence en retour celui ci 6 Enfin d apr s ce qui pr c de il est imm diat que le conflit est li l ordre diachronique des successions et ces groupes arbitraire ment d limit s que forment chaque g n ration le souverain supr me et ses proches in vitables rivaux pour peu que la dur e pendant la quelle ils coexistent soit suffisante pour mettre en pr sence deux per sonnes adultes Il serait tout fait illicite cependant de consid rer que les conflits li s aux volont s d inhumation et au del l ordre politico religieux g n ral soient structuraux au sens classique du terme c est dire directement d termin s par les r gles sociologiques des successions et de recrutement Au contraire les analyses pr c dentes ne se rapportent qu des situations conjoncturelles qui ont un rapport troit avec les marges du syst me politique tant directement impliqu es dans la d cision d un souverain supr me choisissant d of frir une image symbolique d elle m me et pa
223. un possesseur ultime du pouvoir mais simultan ment mettre en cause leur caract re sacr si tu au del de la v rification empirique et du bon sens social La hi rarchie politique met donc les morts au dessus de tout Or le garant de l autorit exerc e par le souverain supr me 102 ce sont les morts royaux mais qui garantit les d cisions des morts royaux des poss d s Des sanctions surnaturelles d cel es par la r p tition d v ne ments graves Elles sont mises en vidence par des devins moasy souvent poss d s eux m mes lorsque la transgression consid r e comme tant l origine de la punition et du malheur n est pas connue Ces punitions peuvent affecter n importe quel individu noble ou rotu rier Pour qu elles manent de morts royaux il faut toutefois que l in dividu ainsi puni se soit rendu coupable de transgressions sp cifiques li es un champ social d fini en l occurrence l ordre monarchique La possession et l existence posthume des morts proposent donc une explication globale des destin es individuelles ou au moins des l ments de ces destin es affect s par l ordre monarchique Le sch ma sous jacent ces relations vivants morts porte sur une r ciprocit d finie une transgression est une dette ouverte vis vis des morts royaux que la punition ne fait que signaler et non abolir Il faut ensui te qu une r paration effectu e par l entremise de sp cialistes rituels se f
224. urs consolid e soit par les repr sentations locales soit par le caract re unifiant de la praxis qui finit par assigner aux ordres sociaux une sorte d vidence naturelle Un texte doit briser cette unit r elle pour en reconstituer ensuite les l ments pars dont la simultan it nouvelle est ainsi le r sultat d une action analytique cach e Ci dessus les l ments principaux de la vie sociale et politique sa kalava du Nord ont t ainsi mis plat des groupes de parent aux groupes de r sidence des groupes de r sidence leur centralisation de leur centralisation leur recrutement de leur recrutement la hi rarchie politique et enfin de la hi rarchie politique aux morts royaux Mais les morts royaux on l a vu renvoient eux aussi l ordre social qui les pose l ext rieur de lui pour dialoguer avec eux tels des trangers que leur statut d tranger permet pr cis ment de d finir comme des interlocuteurs qui l on peut se confier Ainsi le petit J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 149 nombre d hommes qui partagent la d cision r elle est 139 perp tuel lement et r ellement confront aux poss d s royaux sa propre ima ge de l ordre politique et de la personnalit sociale de la monar chie Quelle que soit la r alit concr te de la base mat rielle o ils sont implant s c est en derni re instance les crit res du dialogue entre
225. urs dans son groupement Antandra no d origine Marotogny Ce sont surtout ces derniers rapports de J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 54 solidarit conomique qui interviennent pour les aristocrates en ce qui concerne leurs affiliations roturi res Le syst me rituel leur inter dit en effet toute intervention dans les v nements fun raires et c r moniels intervention qui est normalement motiv e chez les roturiers par leur appartenance une cat gorie politique Ainsi les enfants d Ahamady Andriantsoly malgr leur affiliation Antandrano ne pour raient assurer de r les dans une c r monie fun raire royale fanom poa a L impossibilit pour les Zafimbolamena de perdre leur statut est li e d autre part au caract re exogame de leurs unions Si les princi pes de transmission sont simples dans ces derniers cas ils sont plus complexes dans le cas d unions entre aristocrates d une m me 49 unit territoriale faritany ou m me d unit s territoriales diff rentes On a d ailleurs observ plusieurs reprises la r ticence exprim e par les conseillers royaux lorsque les rois voulaient pouser d autres aris tocrates m me de statut inf rieur comme Amada qui a pous plu sieurs femmes anadoany Tr s fr quemment le probl me est r solu en ce qui concerne les enfants issus de l union selon des principes ana logues aux principes roturiers les enfants
226. ve la vie quotidienne Puis un autre groupe monte et c est le m me plaisir apparemment objectif et pourtant toujours singulier selon qu il est ressenti ou observ Les mat rialistes regardent les id alistes se balancer et leur disent Votre plaisir n est que l cume d une longue suite d actes ind pen dants de lui il s inscrit l int rieur d une petite zone libre que dessine une somme de contraintes Il a fallu forger la balan oire tenir compte de la r sistance des mat riaux du champ gravitationnel puis pour fixer son prix afin que le forain l ach te il a fallu tenir compte des lois du march largement d termin es par la contradiction entre valeur J F Bar Pouvoir des vivants Langage des morts Id o logiques sakalava 1977 26 d change et valeur d usage Vous ne vous balancez qu objective ment Mais les id alistes r pondent essouffl s Votre raisonnement vrai tient du sophisme Cette balan oire n est pas id ale mais sur quelle activit de l esprit repose la d cision initiale de fabriquer une 23 balan oire et non pas une machine outil Il y a l une hi rarchie relative des choix qui sont d termin s par des valeurs culturelles et de plus des repr sentations et des id es sont intervenues au cours du proc s de production de cette balan oire et rien ne prouve que ces repr sentations et ces id es provoqu es par la d cision initiale de fa briquer une balan oire ne soie
227. x classiques la position structurale la plus charg e de contradiction dans les syst mes monarchiques est bien celle de souverain supr me lequel se doit id o logiquement et structurellement d assumer dans une hi rarchie uni voque une place hors syst me Dans la pens e politique du Nord la difficult inh rente classifier le souverain supr me est clairement signal e dans nombre de rituels spectaculaires et plus particuli re ment dans ceux exprimant l unicit du souverain r gnant les souve rains sakalava ne sont jamais enterr s deux fois les rituels fun raires ne se passent qu en un seul jour de m me que les enterrements royaux les plus grandes difficult s apparaissent d s l instant o comme Andavakotoko des faits de coexistence apparaissent ainsi Fatoma fille a n e d Amada et Ahamady Andriantsoly son fr re ca det Il est assez remarquable que dans ce double processus de d ci sions contradictoires les positions manent pr cis ment de souverains supr mes lesquels se distinguent r p tons le dans l ordre id ologi que par leur capacit de porteur du tigny tant au sens agressif que passif ils peuvent toucher mahavoa les transgresseurs ils peu vent tre touch s eux m mes en tant que transgresseurs chacun de ces passages o la l gitimit change de main les r les politiques changent un souverain supr me passe au statut d anc tre royal et un jado pr tendant d

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