La musique dans les rues de la Nouvelle- France
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1. en termes d artillerie c est un petit mortier de fer haut de sept huit pouces pour le tirer dans les feux et r jouissances publiques afin que le bruit s en fasse ou r de plus loin LES CAHIERS DE LA SOCI T QU B COISE DE RECHERCHE EN MUSIQUE VOL 5 NOS 1 2 p 45 51 dans la soir e toutes les fen tres de la ville se garnissent de bougies allum es les gens descendent dans la rue jusqu une heure avanc e de la nuit Kalm 1977 p 189 Les processions Lors des processions les sons entendus sont peut tre plus musicaux et harmonieux mais parfois peine moins bruyants la belle saison les nombreuses f tes religieuses sont souvent soulign es par des processions travers les rues de Qu bec ou de Montr al et donnent lieu de v ritables r jouissances populaires Dans un pays o il ny a pas de th tre organis en raison du manque de moyens et de la d sapprobation du clerg c est l glise et particuli rement dans les processions que le go t du spectacle peut s exprimer D ailleurs on peut observer la m me popularit des processions en France la m me poque titre d exemple Saint Priv paroisse dans les faubourgs de Bourges o grandit Jean Girard futur organiste de la paroisse de Montr al et possesseur du Livre d orgue de Montr al le cur se plaint que ses paroissiens ne s attachent qu a des ceremonies exterieures et qu ils sont fort2. fontaine Trois cavaliers fort bien mont s La belle rose du rosier blanc et bien d autres Laforte 1973 p 25 29 Conclusion la lumi re des t moignages que nous venons d voquer il est clair que les rues de la Nouvelle France baignaient dans une v ritable ambiance sonore longueur d ann e les habitants re oivent les messages que leur transmettent les cloches des glises et les batteries de tambours qui ponctuent la journ e la belle saison apr s de longs mois d enfermement aux journ es froides et courtes la rue devient comme aujourd hui un lieu de c l bration et de manifestation sonores si elle n est pas toujours strictement musicale se m lent alors les chants religieux des processions et les chants plus l gers des r unions amicales les d charges de l artillerie et le bruit des canons avec les sons des instruments tels les trompettes les fifres les violons ou les fl tes Non les rues de la Nouvelle France ne sont pas particuli rement silencieuses On le voit l expression musicale ou sonore dans la rue n est pas un d veloppement r cent Tous les festivals qui se d ploient chaque t dans les rues de Qu bec et de Montr al ainsi que les processions qui eurent lieu tout au long du XIX et dont on reprend la pratique aujourd hui se rattachent en effet une tradition aussi ancienne que le pays lui m me R F RENCES Fonds d archives BEAUHARNOIS DE LA BOISCHE Charles et Gilles HOCQUA
3. curieux de processions de benedictions d exorcismes pour leurs biens temporels Parmi ses souvenirs d enfance le petit Jean voyait chaque ann e le 16 juin jour de la f te de Sainte Solange patronne de Bourges la procession traverser St Priv avant d entrer dans la ville Un r cit de 1702 lorsque Girard avait six ans nous donne une id e de l ambiance de f te qui r gne les rues estoient tapiss es tout le clerg s culier et r gulier y estoient les torches bastons et confrairies y estoient trompettes et timbales jouent la fin de chaque verset chant en faux bourdon par le clerg et jusqu quatre vingt huit croix et banni res Un r glement de la ville exige que les boulangers dont le p re de Jean Girard ainsi que les bouchers restent ouverts devant la grande affluance de peuples cause de la confiance qu on a eu au secours de cette glorieuse saincte et affin que le peuple puisse trouver de la nourriture C est vraiment jour de f te populaire Gallat Morin 1993 p 29 Estat St Priv vers 1740 Ponroy 1893 1894 Renon 1982 p 199 Qu bec le Journal des J suites relate notamment la procession du Saint Sacrement lors de la F te Dieu de mai 1646 Le dais port par un repr sentant du gouverneur deux marguilliers et un sauvage comme on disait alors sans connotation p jorative est pr c d de deux clochettes des porteurs de la banni re et de la croix
4. et tambours D s 1535 Jacques Cartier p n tre dans la bourgade am rindienne de Hochelaga sur le site de la ville de Montr al o il ny avait videmment pas encore de vraies rues au son des trompettes et aultres instrumens Cartier 1843 p 46 les premiers instruments europ ens s y faire entendre On ne sait pas quels sont les autres instruments mentionn s mais l on peut imaginer qu il y avait des fifres et des tambours Il faudra attendre le si cle suivant pour voir la fondation des villes de Qu bec en 1608 et de Montr al en 1642 lesquelles ne l oublions pas sont des villes de garnison cela est particuli rement vrai de Montr al Chaque compagnie a deux tambours et parfois un fifre qui participent souvent la vie de la ville et diverses c r monies Qu bec en 1639 avec les dignitaires de la colonie les fifres et tabours vont au devant des six religieuses ursulines et hospitali res qui arrivent enfin de France dans un pays qui compte hormis les autochtones moins de 300 personnes Ce fut donc le 1 ao t 1639 que lon vit s approcher de nos rives cette sainte troupe si longtemps d sir e et c tait au son des canons des fifres et des tambours que ce petit renfort prenait possession du poste que le Seigneur leur avait assign sur les bords du St Laurent Les Ursulines 1878 t 1 p 24 LES CAHIERS DE LA SOCI T QU B COISE DE RECHERCHE EN MUSIQUE VOL 5 NOS 1 2 p
5. vu cela auparavant et l on dit qu il aime toujours bien se regrouper en de semblables occasions Pr s du ch teau les soldats se tiennent en armes et les tambours se font entendre au passage de la procession les pi ces des remparts tirent des coups comme on fait toujours l occasion des processions Ainsi passe la procession au tintement des cloches d une glise l autre le long des rues Tout le clerg chante en marchant Kalm 1977 p 277 Plusieurs documents manuscrits conserv s chez les sulpiciens de Montr al ajout s aux prescriptions du Rituel de Qu bec publi en 1703 par l v que Monseigneur de Saint Vallier constituent un v ritable mode d emploi pour les processions allant jusqu indiquer les itin raires suivre travers la ville Le jour de St Marc le 25 avril on sonne le premier coup de la procession a six heures le second a sept et elle Va a bon secours la chapelle existe toujours En allant on prend le chemin hors les murs de la ville le long de la petite rivi re aujourd hui enfouie sous la rue Saint Antoine et en revenant c est le long de la grande riviere et traversant la placel on se rend a l eglise par la rue de St Francois rue qui existe encore l glise tant alors perpendiculaire l glise Notre Dame actuelle Coutumier 1728 Par ailleurs on a conserv des livres d hymnes manuscrits qui indiquent avec pr cision quel chant doit tre ex cut chaqu
6. 45 51 Plus d un si cle plus tard soit en 1754 lors de la c l bration du 50 anniversaire de profession religieuse de la sup rieure des Ursulines M re Anne Migeon de la Nativit les fifres et les tambours pr tent encore leur concours Apr s une messe au cours de laquelle on chante des motets suivie d un Te Deum accompagn d une fl te allemande et d un violon la journ e s est termin e au son des instruments tambours et fifres Les Ursulines 1878 t 2 p 328 Toutefois les fifres et les caisses n ont pas qu un r le d apparat leur utilit sera d montr e en 1690 lorsque Qu bec est assi g par la flotte anglaise Louis Hector de Calli res gouverneur de Montr al arrive en renfort la t te de ses troupes tambour battant Le bruit de cette musique militaire fait comprendre que la partie ne sera pas aussi facile que ne l avait pens le commandant Phipps d concert qu il est par le son des cloches appelant les habitants de Qu bec leurs d votions dans les diff rentes glises de la ville comme si de rien n tait en d pit des bombardements Juchereau et Duplessis 1984 p 250 258 La d route des Anglais est comm mor e dans la petite glise Notre Dame des Victoires situ e dans la Basse Ville La vie de la population est en effet ponctu e par le son des cloches d une part et par le roulement des tambours d autre part dont les batteries varient selon le message transmettre Les
7. LES CAHIERS DE LA SOCI T QU B COISE DE RECHERCHE EN MUSIQUE VOL 5 NOS 1 2 p 45 51 La musique dans les rues de la Nouvelle France lisabeth Gallat Morin On n a pas attendu le Festival d t de Qu bec ou le Festival de Jazz de Montr al pour entendre de la musique et des sons r sonner dans les rues de ce pays L ambiance sonore des villes de la Nouvelle France tait faite du tintement des cloches du roulement des batteries de tambours des sons aigus du fifre du grondement des salves de canon et du claquement des d charges d artillerie des chants religieux des processions et des airs plus l gers chant s dans les r unions d amis Nous nous loignerons quelque peu d une d finition stricte de la musique pour adopter la conception plus contemporaine de monde sonore de m me nous nous permettrons d largir l occasion le concept de rue puisque les rues taient rares sous le R gime fran ais La musique ou les sons de la rue avaient principalement deux origines soit religieuse soit militaire Dans cette petite colonie population tr s r duite rappelons qu la fin du R gime fran ais Qu bec compte de huit dix mille habitants et Montr al environ cinq mille les v nements marquants sont pr textes c l bration collective et expression sonore dont les chroniques de l poque nous brossent un tableau souvent tr s vivant l chantillon qui suit ne saurait tre exhaustif Fifres
8. RT 1730 R jouissance l occasion de la naissance de M le Dauphin manuscrit Paris Archives nationales Fonds colonie C11A vol 52 15 octobre Bordereau de D penses Exercice 1748 Paris Archives nationales Colonies C11A vol 116 f 91 et seq Coutumier du S minaire de Montr al soit pris en lui m me ou par la relation qu il a avec la paroisse qu il dessert 1728 Manuscrit Montr al Archives de Saint Sulpice D lib rations des marguilliers Montr al Archives de la Fabrique de Notre Dame manuscrit registre 11 14 juin 1648 registre recopi vers 1788 l intention des marguilliers Estat spirituel de la paroisse de St Priv manuscrit vers 1740 Archives d partementales du Cher G 82 1 LES CAHIERS DE LA SOCI T QU B COISE DE RECHERCHE EN MUSIQUE VOL 5 NOS 1 2 p 45 51 Hymnes et plain chant XVIII Si cle Manuscrit Montr al Archives de Saint Sulpice Case B n 179 Proc s de Paul Desroches 1712 Montr al Archives nationales du Qu bec Archives judiciaires 23 avril Recueil des usages de la paroisse de Montr al 1796 Manuscrit Montr al Archives de Saint Sulpice Monographies articles et sources imprim es AMTMANN Willy 1976 La Musique au Qu bec 1600 1875 Montr al Les ditions de l Homme 420 p B GON lizabeth 1934 1935 La correspondance de madame B gon 1748 1753 Claude de Bonnault d Rapport de l archiviste de la Province de Qu b
9. cloches Les cloches ont une importance primordiale en juger par cette d lib ration des marguilliers de l glise Notre Dame de Montr al en pr sence de Monseigneur de Saint Vallier le 14 juin 1698 il a t d lib r qu il seroit plus a propos que la somme de 800 Ifivres qui avait t quet e pour l achat d un orgue fut employ e pour la construction d une tour pour le clocher D lib rations 11 p 2 Au moins restons nous dans le domaine sonore Les cloches remplissent videmment le r le d appeler la population aux offices et le Coutumier de la paroisse de Montr al offre des indications tr s pr cises par exemple le soir de No l on sonne le premier coup de la messe de la nuit a dix heures on sonne le second coup onze heures Coutumier 1728 Comme on pourrait s y attendre le bedeau doit aussi sonner les Angelus qui retentissent trois fois par jour Mais il n a pas qu un r le de nature religieuse il a aussi la responsabilit de veiller sonner les cloches dans le temps des orages tonnerre afin d avertir la population du danger imminent Huguet Latour t 1 p 354 Les batteries de tambours Les diverses batteries de tambour chacune transmettant un signal sp cifique et connu r sonnent tout aussi continuellement dans les oreilles des habitants La premi re de la journ e La Diane nous r veille tous les matins peut on lire dans le
10. de torches promen es par les repr sentants des m tiers du pays et d enfants de ch ur en surplis Suivent les chantres la ques et eccl siastiques puis six petits anges fran ais et deux petits sauvages en leur habit La procession s branle au son de la cloche de la paroisse de coups de canon et de salves r p t es de mousquets et de fusils Il y a un arr t accompagn de chants aux reposoirs dress s dans les diff rentes chapelles de la ville Journal 1973 p 48 49 Lors de la procession au cours de laquelle en 1666 on apporta dans les quatre glises de Qu bec les ch sses contenant des reliques donn es par le Saint P re le dais fut port par les plus hautes personnalit s du pays dont le Vice Roy le Gouverneur et l Intendant La musique ne cessa point tant dans les chemins que dans les stations la chapelle du Ch teau les saintes reliques furent videmment LES CAHIERS DE LA SOCI T QU B COISE DE RECHERCHE EN MUSIQUE VOL 5 NOS 1 2 p 45 51 Salu es par plusieurs d charges g n rales de l artillerie Les Ursulines 1878 t 1 p 278 279 Pehr Kalm est fascin par le rituel de l glise catholique lors de la f te de l Assomption le 15 ao t 1749 Qu bec qu il qualifie d assez splendide en son genre Ils se rendent en procession d une glise l autre travers toute la ville le peuple se rassemble en foule pour y assister comme s il n avait jamais
11. e 1972 facsimil 1858 Qu bec Augustin C t Montr al Editions du Jour RENON Marie Reine 1982 La ma trise de la cath drale Saint tienne de Bourges du XVF si cle la r volution SAINT AMAND s l chez l auteur qui cite Henri FOURNIER La Justice des bonnets verts Bourges s n 1869 p 36 SAINT VALLIER Mgr Jean Baptiste de La Croix de Chevri res de 1703 Rituel du Dioc se de Qu bec Paris Simon Langlois TETU Henri 1903 M Jean F lix R cher cur de Qu bec et son Journal 1757 1760 Bulletin de Recherches historiques vol 9 n 11 p 97 122 129 147 161 174 289 307 321 346 353 373 Les Ursulines de Qu bec depuis leur tablissement jusqu nos jours 1878 Qu bec C Darveau t 1 xxx 537 p t 2 xiv 434 p
12. e La procession se forme en direction de l H tel Dieu situ alors rue Saint Paul l angle de la rue Saint Joseph l actuelle rue Saint Sulpice Je laisse l annaliste poursuivre Aussy tost que nous fumes en marche la pluie cessa On nous donna des cierges du seminere et on nous fit marcher deux a deux devand le tres Saint Sacrement Tout le clerg y estoit chantant des himnes et motets en musique avec les instruments Malheureusement on ne sp cifie pas lesquels serpent basse de procession ou encore les incontournables fifres et tambours Le clerg chanta et nos s urs chantres aussy meslerent leurs voix avec celles des prestres et instrumans qui firent une melodie tres agreable qui port t au Ciel tout vivand La population envahit les rues cette occasion car on crit toute la ville se trouva a cette seremonie tres devote Morin 1979 p 290 291 Le chant On se r unit aussi pour chanter en des circonstances plus frivoles Le chant table est un passe temps favori comme lorsque Gaspard de Lantagnac officier des troupes de la Marine et major de Montr al r unit chez lui Charles Lemoyne de Longueuil le gouverneur de Montr al et les officiers Pierre Jacques Payen de Noyan et Pierre Joseph C loron de Balinville de la noblesse du pays L pistoli re lizabeth B gon veuve du gouverneur de Trois Rivi res nous en laisse un r cit savoureux Il ce mire table midy et y ont res
13. e station notamment lors des Rogations qui durent trois jours ou la F te Dieu titre d exemple l organiste Jean Girard a not de sa main sous les hymnes qu il a recopi s pour chez les jesuittes et les recollets dans les processions en arrivant dans leur eglises devant le Hic vir despiciens ou encore pour L hopital generalle en arrivant a l eglise sous l hymne O crux benedicta Hymnes et plainchant On fait des processions en toutes sortes d occasions des plus joyeuses aux plus dramatiques Tous les ans la veille de la St Jean sur les sept heures l on va allumer le feu de joye on chante en allant les hymnes de St Jean Y etant l antienne du benedictus apres lequel on se retire chantant le Te Deum Coutumier 1728 Mais en 1743 les processions prennent une tournure plus grave quand tout fut d truit par une nu e de chenilles qui en trois jours br la tous les grains et les prairies comme le relate l annaliste de l H tel Dieu qui ajoute Et quoique cette vermine trouva assez dans les champs de quoi se rassasier cela ne les emp choit pas d entrer dans les maisons On chanta aussit t une gran messe on fit le salut et des processions durant neuf jours en chantant le miserere Un monde infini se trouvoit ces processions et tous toient en larmes Cuillerier 1979 p 175 177 Comme Qu bec les principales processions Montr al sont celles de la F te Die
14. ec p 1 277 texte original et texte modernis 1994 1972 Lettres au cher fils Correspondance d lizabeth B gon avec son gendre 1748 1753 Nicole Deschamps 2 d Montr al Bor al Compact Classique 431 p CARTIER Jacques 1843 Voyages de D couverte au Canada entre les ann es 1534 et 1542 par Jacques Quartier le Sieur de Roberval Jean Alphonse de Xanctoigne sous la direction de la Soci t Litt raire et Historique de Qu bec Qu bec W Cowan 130 p CHARTRAND Ren 1989 Tambour battant La tradition militaire Cap aux Diamants vol 5 n 2 t p 17 19 CUILLERIER V ronique 1979 Annales de l H tel Dieu de Montr al par V ronique Cuillerier 1725 1747 crits du Canada fran ais n 42 p 148 192 FERLAND ANGERS Albertine 1945 M re d Youville Premi re Fondatrice Canadienne Montr al Beauchemin 385 4 p FURETI RE Antoine 1701 Dictionnaire universel La Haye et Rotterdam 2 d GALLAT MORIN lisabeth 1993 Jean Girard musicien en Nouvelle France Bourges 1696 Montr al 1765 Sillery Septentrion 349 p Paris Klincksieck Histoire de la Congr gation de Notre Dame de Montr al 1941 vol IIl 4 409 p HUGUET LATOUR s d glises paroissiales de Ville Marie Nomination de Nicolas Nourdet second bedeau 29 juin 1723 Annuaire de Ville Marie t 1 Le Journal des j suites publi d apr s le manuscrit original conser
15. ent officieusement en avril par la Nouvelle Angjleterre le Gouverneur le fait tout de m me annoncer par une d charge de l artillerie du Ch teau Saint Louis la r sidence du Gouverneur de la Citadelle et des autres forteresses la Cath dralle et les Communaut s annoncent au son de toutes les cloches Le vaisseau du roi portant l annonce officielle n arrive que le dernier jour de juillet on peut alors se pr parer la f te Les illuminations d butent le 8 septembre Le 9 au soir on annonce la f te du lendemain par une d charge de toute l artillerie de la place et d autres d charges qui se r p tent au lever du soleil et pendant l l vation de la grande messe en musique Dans l apr s midi on fait une procession Lorsqu elle passa le Ch teau tira du canon sortant de cette Eglise pour aller a celle des R P Jesuites elle eut un pareil salut ce qui fut egalement observ lorsqu elle rentra S ensuit un Te Deum chant en musique pendant lequel se fit une d charge de plus de cent bo ttes et des canons du Ch teau et de la Citadelle De nouveau en soir e feu de joie accompagn de bruit des bo ttes et de toute l artillerie de la place des Vaisseaux de la rade Lors du souper et du bal offerts par le Gouverneur toutes les dames et les personnes de distinction on but les sant s de leurs Majest s et de Monseigneur le Dauphin au bruit de toute l artillerie Hu
16. it jours plus tard l Intendant r cidive canon artillerie grand messe en musique Te Deum souper sant bal le tout ponctu par l artillerie Pour ne pas tre en reste le capitaine du vaisseau du roy donne une f te bord qui rivalise de splendeur sonore avec celles du Gouverneur et de l Intendant les canons et l artillerie de la rade r pondant ceux du Ch teau Tous les vaisseaux toient pavois s et sur les sept heures du soir il y eut plusieurs d charges de mousquetterie et de canons Les festivit s prennent fin plus d un mois apr s leur inauguration avec le Te Deum chant chez les J suites au bruit de nombre de bo ttes et de l artillerie du Ch teau St Louis Un certain calme retombe alors sur Qu bec mais on peut se demander s il restait encore de la poudre dans les r serves Montr al sait aussi se montrer la hauteur de la f te Le botaniste su dois Pehr Kalm s y trouve en juillet 1749 lorsqu on c l bre la paix d Aix la Chapelle on souligne l v nement avec comme toujours presque un an de retard les navires qui apportaient les nouvelles de France ne pouvant arriver Qu bec pendant l hiver Le journal de Pehr Kalm nous apprend qu apr s le chant du Te Deum on a charg les pi ces des remparts et les soldats tirent des salves on allume un b cher et Hymne chant en polyphonie avec ou sans instruments Le Dictionnaire de Fureti re de 1701 en donne une d finition
17. l H pital g n ral de Montr al et l incorporation de cet tablissement l H pital g n ral de Qu bec M Normant le sup rieur des sulpiciens crit l v que L ordonnance a fait ici un grand bruit non seulement par le son des tambours qui l ont annonc e mais encore par les murmures qu elle a occasionn s La population est outr e de la mesure Ferland Angers 1945 p 313 et 108 De grandes c l brations Dans des circonstances sp ciales toutes les ressources du milieu se conjuguent pour rendre les c l brations les plus majestueuses possibles Lors de l rection de l v ch et de la cath drale de Qu bec en 1684 il y eut une c r monie qui dura une LES CAHIERS DE LA SOCI T QU B COISE DE RECHERCHE EN MUSIQUE VOL 5 NOS 1 2 p 45 51 demi journ e Elle fut termin e par un Te Deum solennellement chant au son des cloches des instruments de musique au bruit de l artillerie de la ville et le plus grand nombre de citoyens t moignent leur joie et contentement Amtmann 1976 p 126 127 Les c l brations entourant la naissance du Dauphin fils de Louis XV donnent lieu une v ritable explosion sonore qui dure plusieurs semaines comme le relate le rapport du Gouverneur et de l Intendant r dig le 15 octobre 1730 juste avant le d part des derniers navires pour la France avant l hiver Beauharnois et Hocquart 1730 Les premi res nouvelles du grand v nement arriv
18. s Relations des J suites de 1636 Relations 1972 p 42 au point du jour le tambour en faction au corps de garde de Qu bec monte sur le rempart et joue La Diane durant une quinzaine de minutes apr s quoi sans doute plus personne dans la ville ne dort LES CAHIERS DE LA SOCI T QU B COISE DE RECHERCHE EN MUSIQUE VOL 5 NOS 1 2 p 45 51 Comme les soldats ne sont pas log s dans des casernes mais chez l habitant plusieurs tambours circulent fr quemment dans la ville en battant L Assembl e appelant les soldats rejoindre leur corps pour des exercices ou une revue sur la place d Armes D autres batteries La Retraite et L Ordre retentissent en fin de journ e lors de la fermeture des portes de la ville En cas d attaque ou d avance de l ennemi les habitants entendent retentir La G n rale comme lors du si ge de Qu bec Chartrand 1989 p 17 18 Le cur R cher note dans son journal le 2 juillet 1759 La nuit se passe sous les armes La G n rale battant pr sent tous les soirs 9 heures depuis trois jours T tu 1903 p 331 Moins dramatique Le Ban fait partie de la vie courante en annon ant au public la lecture des ordonnances et des r glements qui a souvent lieu la sortie de la messe paroissiale du dimanche l assistance celle ci tant obligatoire On trouve titre d exemple dans le Bordereau de D penses du gouvernement de la colonie pour l ann e 1748 la mention suivante Au tambo
19. tez jusqu onze heures du soir ils y chant re sy bien que les passans s arestes pour les couter M me si la sc ne se d roule au mois de d cembre les fen tres devaient tre ouvertes ou alors ils chantaient vraiment tr s fort Et madame B gon d ajouter que l tate ce r gle l de la bonne fasson et que M de Longueuil y re ois les avis pour le gouvernement B gon 1934 1935 p 193 1994 p 67 68 Enfin il ne faudrait pas oublier les chants des voyageurs ou coureurs des bois circulant sur les voies d eau qui sont les routes et autoroutes de l poque La voiture des voyageurs canadiens sur ces routes d eau extr mement p rilleuses nous dit Conrad Laforte tait le fr le canot d corce que les Fran ais avaient imit des Am rindiens mais en l am liorant au point d en faire une sorte de cargo pour les LES CAHIERS DE LA SOCI T QU B COISE DE RECHERCHE EN MUSIQUE VOL 5 NOS 1 2 p 45 51 marchandises de troc et les fourrures Laforte 1982 1983 p 147 Les canotiers accordaient la cadence de leurs avirons l aide de ces chants puis s dans le vieux fonds traditionnel fran ais dont certains peuvent tre retrac s jusqu au Moyen ge Des visiteurs au Qu bec la fin du XVIII si cle et au d but du XIX si cle les ont encore entendus chanter et ont nomm dans leurs r cits de voyage ces chants anciens dont on peut citer les plus connus Trois beaux canards la claire
20. u qui ont lieu le jour m me et l octave En 1720 notamment LES CAHIERS DE LA SOCI T QU B COISE DE RECHERCHE EN MUSIQUE VOL 5 NOS 1 2 p 45 51 on avait d attendre l octave pour faire la procession l ext rieur en raison de la pluie chaque station on chante les hymnes appropri s Christum regem Salutaris hostia Pange lingua Recueil 1796 et chaque reposoir de grandes d charges de mousqueterie et m me de canons Histoire de la Congr gation 1941 p 303 Mais cette ann e l c est la catastrophe un soldat qui d chargeait par m garde son fusil dans le portail de l glise de l H tel Dieu mit le feu la vo te avec comme cons quence l incendie non seulement du couvent mais de la moiti de la ville Quatre ann es s coulent avant que les religieuses puissent retourner dans l H tel Dieu reconstruit cela se passe le 11 novembre 1724 un mois peine apr s l arriv e Montr al de l organiste et clerc sulpicien Jean Girard qui apporta avec lui le manuscrit du Livre d orgue de Montr al l invitation des sulpiciens les religieuses se rendent au S minaire qui existe encore aujourd hui dans le Vieux Montr al la pluye tombet a verce raconte l annaliste Sauf la Sup rieure qui est en cal che les autres religieuses suivent a pied dans la crotte par dessus les souliers Cela donne une id e de l tat des rues de Ville Marie l poqu
21. ur de la garnison pour publication des ordonnances du Roy et de Police Bordereau 1748 Il ne faut pas oublier qu il n y a pas d imprimerie en Nouvelle France d ailleurs imprimer et afficher les ordonnances serait parfaitement inutile pour une grande partie de la population qui ne sait pas lire Les tambours accompagnent galement les huissiers des diff rentes cours de justice pour toutes les cri es publiques aux divers carrefours et sur les places publiques des villes Ainsi en 1712 Montr al J Petit fait le rapport suivant jay huissier royal en icelle resident a Villemarie le nom de Montr al l poque sousign me suis transport en la place de cette dite ville ou se tient le marcher acompagn de Fran ois Lorange tambour dans les troupes du Roy en ce pays faute de trompette ou estant ledit Lorange ayant battu sa quesse jay par un cry publique assisgn les cys apres nomm s suivent les noms des t moins a comparaitre dans ce cas devant le lieutenant g n ral de la pr v t Proc s 1712 Il se transporte ensuite toujours accompagn du tambour et r p te le cri public devant la pr v t puis jusque devant la porte du domicile de chacun de ceux qui sont appel s compara tre C est ainsi que Marguerite d Youville prend brutalement connaissance le 27 novembre 1750 sur la place du March au son des tambours de l ordonnance lui signifiant la r vocation de sa commission comme directrice de
22. v aux archives du S minaire de Qu bec 1973 facsimil 1871 3 d Laverdi re et Casgrain d Montr al Laval Editions Fran ois Xavier x 24 403 p LES CAHIERS DE LA SOCI T QU B COISE DE RECHERCHE EN MUSIQUE VOL 5 NOS 1 2 p 45 51 JUCHEREAU DE LA FERT DE SAINTIGNACE Jeanne Fran oise et Marie Andr e DUPLESSIS DE SAINTE H LENE 1984 facsimil 1939 Les Annales de l H tel Dieu 1636 1716 Qu bec H tel Dieu de Qu bec xlviii 12 444 3 p KALM Pehr 1977 Pehr Kalm au Canada en 1749 Montr al Pierre Tisseyre cixv 4 674 p LAFORTE Conrad 1973 La chanson folklorique et les crivains du XIX si cle Montr al Editions Hurtubise HMH 135 p coll Les Cahiers du Qu bec 1982 1983 Le r pertoire authentique des chansons d aviron de nos anciens canotiers Voyageurs engag s coureurs de bois Pr sentation la Soci t Royale du Canada Soci t Royale du Canada p 145 159 MORIN Marie 1979 Histoire simple et v ritable Les Annales de l H tel Dieu de Montr al 1659 1725 Ghislaine Legendre d Montr al Presses de l Universit de Montr al 300 p PONROY Henry 1893 1894 Journal de Mathieu Perrot chanoine pr bend de la cath drale de Bourges 1661 1703 M moires de la Soci t des antiquaires du Centre t XX Relations des J suites contenant ce qui s est pass dans les missions des P res de la Compagnie de J sus dans la Nouvelle Franc
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