la démocratie introuvable
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1. BELGEO 2005 4 qui se d cline sur deux plans la consultation et le consensus LA PARTICIPATION CONSULTATION De ce point de vue la participation per mettrait une meilleure circulation de lin formation dans le syst me de pilotage politique Les gouvernants prendraient en effet des mauvaises d cisions cause d un d ficit d information en provenance de la base Les proc dures participa tives au contraire permettraient d institu tionnaliser une mani re de faire remonter les savoirs et les d sirs locaux afin que le pouvoir politique puisse d cider en connaissance de cause ne s agit donc pas par la participation de cr er un espace de d bat politique mais plut t d instaurer une modalit technique de l information gouvernementale Les dis cussions doivent alors tre s rieusement encadr es OCDE 2001 p 65 Cecine signifie videmment pas que la consulta tion soit une mauvaise chose bien des horreurs urbanistiques et architectu rales peuvent tre vit es par ce biais LA PARTICIPATION CONSENSUS Par ailleurs la participation serait un moyen de faire comprendre et accepter les d cisions politiques l ensemble des citoyens Il s agit de leur soumettre une proposition ou un projet et de les faire d battre ce sujet En leur donnant l oc casion de participer de discuter de d battre des projets les citoyens seraient ainsi amen s comprendre les motiva tions fondant2. Dans la lign e de la gouvernance pr n e par les institutions internationales le d velop pement durable valorise le concept de d mocratie participative qui emprunte la d mocratie directe son poids symbo lique mais reste ench ss dans le cadre du syst me repr sentatif comme nous le verrons par la suite Le rapport Brundtland est assez laco nique cet gard puisqu il ne mentionne qu une fois cette id e et encore de mani re tr s g n rale Brundtland 1987 p 65 Pour l ONU la participation consis te permettre aux citoyens concern s d avoir acc s l information environne mentale comme le demande le dixi me principe de la d claration de Rio ONU 1999 p 10 C est cette politique de par ticipation que pr ne l OCDE en encoura geant am liorer la transparence et la participation du public tous les niveaux des gouvernements a En permettant la participation effective des entreprises des travailleurs des consommateurs et des organisations non gouvernementales aux d bats sur les modes de production et de consommation de mani re faciliter la transition vers le d veloppement durable b En donnant au public un acc s l in formation et des moyens efficaces de faire entendre sa voix par exemple proc dures judiciaires OCDE 2001 p 29 Ainsi du point de vue du d ve loppement durable la participation a une valeur purement instrumentale
3. TIVES D CHUES La d mocratie participative n apporte donc pas plus de d mocratie que les formes qui lui pr existent Elle est symbo liquement dans l entre deux entre d mo cratie directe et d mocratie repr sentati ve mais d un point de vue formel reste ench ss e dans le gouvernement repr sentatif Comme le note Jacques Ranci re 2004 p 110 Je me deman de pourtant si cette notion qu on donne comme solution aux probl mes de la d mocratie n est pas plut t une solution aux probl mes de sa critique la menue monnaie des grandes alternatives d chues Or cette menue monnaie se comprend 432 D veloppement durable et participation la d mocratie introuvable mieux encore si on la consid re en lien avec le d veloppement durable lui aussi le produit des grandes alternatives d chues Tiraill entre l imaginaire radical de l cologie politique et les contraintes mat rielles de la soci t de croissance industrielle le d veloppement durable ne tente pas le d passement dialectique de leurs contradictions mais les juxtapose sur un mode id aliste est une tentative non dialectique de concilier les contraires ce que Lopreno 1989 nomme un concept kitsch comme le montrent les BIBLIOGRAPHIE e ALPHANDERY P BITOUN P DUPONT Y 1991 L quivoque cologique Paris La D couverte e BACQUE M H REY H SINTOMER Y 2005 Gestion de proximit et d mocra tie participative
4. sion des citoyens la consultation et le consensus Cette participation suppose donc qu il existe deux enceintes s par es entre le d bat et la d cision Alors que le mod le direct et le mod le repr sentatif font co n cider ces deux lieux le mod le participa tif les s pare D une part se trouvent des enceintes formellement ouvertes tous pour participer Les citoyens peuvent y venir librement et donner leur avis mais rien ne garantit qu ils seront cout s car d autre part existe une enceinte l gitime de d cision qui ne compte que les gou vernants Certes il peut exister de fortes incitations pour que les gouvernants sui vent les discussions et avis forg s au sein des institutions participatives mais il n y a l aucune obligation Les proc dures participatives ne peuvent donc formel lement accro tre le pouvoir d un citoyen ind termin de d cider politiquement N anmoins les gouvernants peuvent uti liser l existence d enceintes participa tives afin de diluer ou esquiver leur res ponsabilit Ils peuvent ainsi jouer gagnants sur deux tableaux avoir le pouvoir effectif de d cision et rejeter la responsabilit d une d cision sur les citoyens qui ont particip celle ci Il s agit l d une pratique bien connue en mati re d am nagement Ainsi la respon sabilit est dilu e dans le mod le parti cipatif D un point de vue normatif et for mel la d mocratie partic
5. Une perspective compa rative Paris La D couverte e BEVORT A 2002 Pour une d mocratie participative Paris Presses de Sciences Po e BOURG D 1996 Les sc narios de l cologie Paris Hachette e BOURG D BOY D 2005 Conf rences de citoyens mode d emploi les enjeux de la d mocratie participative Paris Descartes et cie Charles L opold Mayer e BRUNEL S 2004 Le d veloppement durable Paris PUF e CASTORIADIS C COHN BENDIT D 1981 De l cologie l autonomie Paris Seuil e CASTORIADIS C 2005 1986 Les enjeux actuels de la d mocratie in Une soci t la d rive pp 155 160 Paris Seuil e CASTORIADIS C 2005 19921 l cologie contre les marchands in Une soci t la d rive pp 237 239 Paris Seuil e CONSTANT B 1997 1819 De la libert des anciens compar e celle des modernes in Ecrits politiques Paris Gallimard pp 589 619 e FINLEY M 1985 1983 L invention de la politique Paris Flammarion BELGEO 2005 4 expressions telles que strat gies dou blement ou triplement gagnantes gt ou l oxymoron de l cologie industrielle A cet gard le succ s ph nom nal du d veloppement durable repris en coeur par tous les acteurs sociaux et conomiques pourrait t moigner moins de sa pertinence que de sa profonde innocuit Les raisons de l mergence d un tel concept sur la sc ne politique comme sur la sc ne acad mi
6. mati re d urba nisme au go t du d veloppement durable en l largissant et le moderni sant La participation consultation en est un facteur essentiel 2 La participation telle qu entendue par la th orie du d veloppement durable repo se donc sur l id e qu il faut largir l acc s l information pour des individus et des groupes particuliers En retour ces indivi dus et ces groupes constituent une sour ce d information privil gi e pour le pou voir central Les individus en participant prennent conscience des enjeux du d veloppement durable et acceptent ses r formes n cessaires Ceci peut tre vu comme une avanc e par rapport aux conceptions hi rarchiques top down de l urbanisme des ann es 1960 n anmoins cette participation ne constitue pas un acc s formel largi la d cision poli tique D MOCRATISER LA D MOCRATIE L CHEC PARTICIPATIF Cette acception de la d mocratie parti cipative gt permet elle une d mocratisa tion de l action publique Apr s avoir expos le contenu de cette forme poli tique selon le d veloppement durable nous devons la r inscrire dans son oppo sition la d mocratie directe et au gou vernement repr sentatif Elle peut sem bler s opposer ou s adjoindre au gouver nement repr sentatif alors qu elle ne fait que s inscrire dans ses cadres Il appa ra tra alors que cette id e de l entre deux ne peut pas apporter un suppl me
7. pales oppositions Dans les faits aucun acteur ne peut tre enti rement rattach l un ou l autre p le chacun se position nant quelque part entre les deux mais cette distinction a un int r t analytique tableau 1 Retenons de cette distinction trop bri ve ment esquiss e que le d veloppement durable se situe dans un entre deux I est pris entre l id al cologique radical tout en restant situ dans le cadre de la soci t industrielle productiviste Empruntant l un et l autre il ne se donne pas les moyens de d passer leurs contradictions en pr tendant les int grer I appara t d s lors comme une tentative non dialectique de concilier les contraires que ces contraires soient les p les qu il d finit environnement conomie social ou les contradictions internes chacun de ces p les Comme si le d veloppement co nomique qu il s agirait de concilier dans une strat gie doublement gagnante avec l environnement tait Un processus technique et non un lieu conflictuel tiss de rapports de productions comme si le social pouvait tre d fini comme un un seul int r t particulier concilier avec l conomie ou l environnement Ecologie politique D veloppement durable Autonomie Survie Pr sent Futur g n rations futures Individu Collectif esp ce humaine Citoyens Experts Gauche extr me gauche Ni droite ni gauche au del de
8. 981 De cette diff rence fondamentale d coulent toute une s rie d autres oppositions dont quelques unes des plus importantes sont maintenant esquiss es Tout d abord sur le plan conomique l cologie politique est une critique radica le de la soci t industrielle et du mode de production capitaliste en particulier le socialisme centralis et productiviste est galement la cible de ses attaques Le capitalisme pose probl me tant du point de vue des in galit s qu il suppose que du sch me d imposition des besoins auquel il soumet les individus cf Cohn Bendit et Castoriadis 1981 pp 36 37 Le d veloppement durable a contrario ne remet en cause ni le capitalisme ni le sys t me productiviste Il cherche par contre r orienter l conomie afin de la rendre plus durable Il suppose donc que des solutions techniques pourront tre appor t es aux probl mes notamment environ nementaux issus de la production cono mique Certains de ses tenants vont m me jusqu affirmer que le d veloppement durable n est ni une utopie ni m me une contestation mais la condition de survie de l conomie de march 1 Deuxi mement l cologie politique est une critique radicale de l Etat et de l appareil ta tique Dans la lign e de la deuxi me gauche laquelle elle peut tre rattach e par cer tains aspects l cologie politique oppose l h t ronomie de l Etat les valeurs de la soci t c
9. D veloppement durable et participation la d mocratie introuvable Romain Felli Institut d tudes politiques et internationales Lausanne R SUM Cet article vise comprendre le lien entre d veloppement durable et d mocratie parti cipative d un point de vue critique Apr s avoir montr que le d veloppement durable doit tre compris en opposition l cologie politique il interroge la conception de la d mocratie que celui ci d veloppe A la suite d un raisonnement formel il conclut que la d mocratie participative telle qu entendue par le d veloppement durable n apporte pas un suppl ment de d mocratie Cette situation doit tre comprise comme la r sul tante de la tentative non dialectique de concilier les contraires qu est le d veloppement durable MOTS CL S d veloppement durable d mocratie participative cologie politique th orie politique d mocratie urbaine ABSTRACT SUSTAINABLE DEVELOPMENT AND PARTICIPATION THE UNATTAINABLE DEMOC RACY This paper seeks to understand the link between sustainable development and partici pative democracy from a critical point of view After having shown that sustainable development has to be understood in opposition to political ecology it questions its con ception of democracy Following a formal reasoning it concludes that participative democracy as understood by sustainable development does not provide a democrati zation This situation has to be unders
10. ces politiques et les accepter plus facilement Il ne s agit nul lement d organiser un d bat sur le bien fond des projets pr sent s mais de les faire comprendre et accepter parce que n cessaires Comme le dit l OCDE 2001 p 65 La transparence des activit s des pouvoirs publics est n cessaire pour offrir des possibilit s de participation active des citoyens au d bat sur le d veloppe ment durable et forger un consensus sur 429 les r formes n cessaires La participa tion serait donc un moyen de gouverne ment qui permettrait d viter des blo cages ou des oppositions trop nom breuses en incorporant les d sirs et les demandes des citoyens L EXEMPLE DES AGENDAS 21 LOCAUX Les deux modalit s de proc dures parti cipatives du d veloppement durable sont particuli rement importantes dans le cas de l application des agendas 21 locaux l chelle urbaine L agenda 21 est le programme d action de l ONU pour la pla n te d cid Rio Il se d cline en pro grammes locaux au niveau des r gions des municipalit s ou des quartiers sous le nom d Agenda 21 locaux Suivant la charte d Aalborg sign e en 1994 de nombreuses villes europ ennes partici pent ce d veloppement et incluent d sormais des proc dures participatives notamment en mati re d am nagement local pour le d veloppement durable Il s agit en fait d adapter le vieux principe de mise l enqu te en
11. charges A cet gard le seul m ca nisme d mocratique pouvait tre le tirage au sort et non l lection principe aristo cratique par excellence Finley 1985 Manin 1996 Ranci re 2005 La d mocratie participative tente de concilier ces deux principes oppos s Elle suppose l existence de gouvernants repr sentants ou autres mais elle leur adjoint des enceintes o tout un chacun formellement peut participer c est dire donner son avis Elle mobilise ainsi l imaginaire d lib ratif habermassien de la d mocratie et les effets positifs qui Conception conomico politique Type de D bat D cision Responsabilit d mocratie Contestation Ecologie D mocratie Tous Tous n importe Imm diate cologiste politique directe n importe qui qui a priori D veloppement D mocratie Tous Repr sentants Dilu e illisible durable participative n importe qui gouvernants Soci t industrielle de croissance D mocratie Repr sentants Repr sentants R lection lib ralisme repr sentative a posteriori Tableau 2 Types id aux de d mocratie BELGEO 2005 e 4 431 lui sont associ s tout en restant formelle ment dans les cadre d cisionnels du gouvernement repr sentatif Comme nous l avons vu les proc dures partici patives gt du d veloppement durable res sortent essentiellement de deux objectifs l information des gouvernants et l adh
12. e galit politique c est l isonomia grecque voir Vernant 1962 p 56 Manin 1996 pp 28 29 Evidemment de nombreuses autres d finitions du terme d mocratie existent et sont en concurrence N anmoins celle ci l avantage de d ga ger un crit re strict permettant de mesu rer l cart entre l id al et le r el Par ailleurs la plupart des effets r put s positifs ou non de la d mocratie pro viennent de cette galit fondamentale Finley 1985 pp 111 144 Ranci re 2005 Le raisonnement portera sur les institutions et les possibilit s formelles de cette participation Il existe par ailleurs de nombreuses tudes sur les modalit s effectives de r alisation des proc dures participatives portant notamment sur la sociologie de leurs utilisateurs Bevort 2002 Rui 2004 Bacqu et al 2005 Bourg et Boy 2005 N anmoins un rai sonnement formel peut mettre en viden ce certains m canismes qui permettent de r pondre nos questions Dans un premier temps nous nous atta cherons aux origines conceptuelles du d veloppement durable ce qui nous per mettra dans un second temps de mieux comprendre le rapport ambigu que ce concept entretient la d mocratie Puis nous passerons une r flexion formelle sur les diff rents types de d mocratie qui devrait montrer les limites du concept de d mocratie participative tel qu entendu par le d veloppement durable Nous pourrons alors conclu
13. ipative au sens du d veloppement durable n apporte donc pas plus de d mocratie au sens de participation effective la prise de d ci sion politique que le gouvernement repr sentatif LA D LIB RATION CONTRAINTE Par ailleurs ces institutions o proc dures participatives vont l encontre d un autre trait fondamental de la d mocratie qui est l ind termination a priori du d bat Que ce soit dans l agora ath nienne ou dans les parlements repr sentatifs les participants ont la ma trise des sujets dont ils veulent d battre et ne sont pas soumis une loi ext rieure Claude Lefort fait m me de l ind termination la carac t ristique fondamentale de la d mocratie Lefort 1986 Les proc dures participa tives au contraire supposent la passivit des citoyens auxquels on pose une question pr cise La participation consiste s exprimer sur un plan d urba nisme sur un am nagement local sur une question thico technologique etc Il s agit donc d une proc dure visant faire d battre un groupe de citoyens sur une question d termin e Le fait de poser cette question la d cision d ouvrir une proc dure participative et la d cision finale sur cette question restent du ressort des gouvernants ce qui n invalide pas l int r t instrumental que peuvent avoir ces pratiques mais emp che de les cr diter de d mocratisation LE D VELOPPEMENT DURABLE MENUE MONNAIE DES ALTERNA
14. ivile L Etat appara t alors comme le fer de lance de l conomie industrielle et producti viste et ainsi le premier obstacle la soci t conviviale Bien au contraire le d velop pement durable est une cologie de par et pour l Etat Issu de cercles tatiques inter gouvernementaux il fonde son action sur l action de l Etat et se con oit toujours comme une politique publique au sens de policy mettre en oeuvre Troisi mement l cologie politique est une critique radicale de la technique D apr s elle le d veloppement de la technologie conduit n cessairement au d veloppement de la soci t industrielle sp cialis e productiviste et h t ronome 427 Le d veloppement durable au contraire adopte une attitude neutre vis vis de la technique celle ci n est pas bonne ou mauvaise en soi mais selon l usage que l on en fait De ce point de vue des solu tions techniques peuvent ainsi tre adop t es pour arriver une soci t durable L exemple typique de cette pens e r side dans l cologie industrielle cette mani re de consid rer l conomie non comme un rapport social mais comme un syst me technique d entrants et d extrants qu il s agit d optimiser Ces trois exemples donnent une id e des types d oppositions que l on peut d celer entre ces courants En for ant les traits de l une et l autre approche on peut d finir deux id aux types recouvrant les princi
15. nnesburg notamment ainsi que les textes de l OCDE 2001 et 2002 une conception assez pr cise de ce qu est le d veloppe ment durable sera expos e Certes d autres conceptions de ce concept sont ainsi cart es n anmoins il faut admettre que c est la conception Brundtland qui est la plus r pandue tant chez les prati ciens politiques experts que chez les acad miques ce qui justifie amplement cette r duction Zacca 2002 Jakubec 2004 Smouts 2005 Quant l cologie politique si ce courant est assez divers certains auteurs appa raissent comme id aux typiques de la conception que nous tudions Ivan Illich Andr Gorz Cornelius Castoriadis ou Ren Dumont notamment pour plus de d tails sur ce choix voir Bourg 1996 Alphand ry et al 1991 p 162 Cette cologie politique forte dans les ann es 1970 subsiste aujourd hui chez certaines fractions des partis verts ou chez les tenants de la d croissance comme par exemple Jos Bov C est sur les textes des auteurs susmentionn s que nous nous appuierons pour construire l opposi tion conceptuelle entre d veloppement durable et cologie politique A la base de ces deux doctrines se trou vent deux concepts fondamentaux et dif f rents Le d veloppement durable est une pens e de la survie Brundtland 1987 p 1 et p 33 alors que l cologie politique est une pens e de l autonomie BELGEO 2005 4 Cohn Bendit et Castoriadis 1
16. nt de d mocratie GOUVERNEMENT REPR SENTATIF ET DIVISION DU TRAVAIL Le gouvernement repr sentatif est la cons quence logique d une soci t industrielle productiviste qui a besoin de se sp cialiser afin de cro tre Il s agit de l application du principe de division du travail la politique Le grand th oricien du lib ralisme post r volutionnaire Benjamin Constant affirme que Le sys t me repr sentatif n est autre chose qu une organisation l aide de laquelle une nation se d charge sur quelques individus de ce qu elle ne peut ou ne veut pas faire elle m me Les individus pauvres font eux m mes leurs affaires les hommes riches prennent des inten dants Constant 1997 1819 p 615 L av nement du gouvernement repr sen tatif ne doit pas se comprendre unique ment comme la r sultante d un mode de production particulier il est galement l pour prot ger les lites contre les assauts du peuple comme la admirablement montr Bernard Manin 1996 N anmoins pour ce qui nous int resse conservons l esprit le lien entre syst me conomique productiviste et n cessit de sp cialiser l activit politique au travers de repr sentants dans sa forme la plus d mocratique L cologie politique anti productiviste refuse la sp cialisation outrance des soci t s industrielles Fortement marqu e par les conceptions antiques de la poli tique d mocratie ath nienne r pu 430 D vel
17. oli tique r oondant la question classique qui en derni re instance a le pouvoir dans ce syst me Enfin il sagit d identi fier le m canisme de responsabilit l oeuvre dans chaque syst me De mani re tr s classique la d mocratie repr sentative se caract rise par le fait que si tous les citoyens peuvent formel lement participer au choix de leurs lites les repr sentants ce sont ces der niers qui ont le pouvoir de d battre et de d cider N anmoins ces repr sentants sont responsables accountable de leurs actions Les citoyens exercent un contr le a posteriori de leurs dirigeants en choisissant de les r lire ou non ce qui produit un effet r el sur la politique men e par les repr sentants durant leur mandat Manin 1996 p 228 Cette res ponsabilit est la contrepartie de la d l gation de pouvoir dont ils b n ficient La d mocratie directe pr n e par l colo gie politique de m me que l autogestion suppose que tout un chacun prend une gale part au d bat et la d cision poli tique Il n existe pas une classe s par e de gouvernants mais un peuple qui s au to gouverne La responsabilit est donc imm diate c est dire que les individus subissent directement les cons quences de leurs choix La d mocratie ath nien ne qui inspire en fait cette conception faisait reposer l id e d mocratique non sur la repr sentation mais sur la rotation des
18. oppement durable et participation la d mocratie introuvable blique elle pense que la politique n est pas un domaine parmi d autres de l activi t humaine mais qu elle est l activit de tous Il ne saurait donc exister une classe politique sp cialis e qui se chargerait au nom des autres des affaires politiques L cologie politique met donc en avant une conception directe de la d mocratie qui se d cline notamment sur le th me de l autonomie individuelle et de l autoges tion Castoriadis 2005 19921 Le d veloppement durable se trouve nouveau pris dans un entre deux tiraill entre l imaginaire radical de l cologie politique et son insertion dans les cadres de la soci t industrielle de croissance Il d veloppe l id e de d mocratie partici pative gt qui tout en empruntant l imagi naire de la d mocratie directe reste for mellement ench ss e dans le syst me repr sentatif A cet gard la d mocratie participative ne peut pas apporter un sur cro t de d mocratie LES TYPES ID AUX DE LA D MOCRA TIE 3 Afin de mieux comprendre pourquoi et de cerner les diff rences principales entre ces conceptions nous proposons un sch ma id al typique des trois concep tions de leur rapport la d mocratie et surtout de trois crit res politiques fonda mentaux dans la th orie politique tableau 2 Il s agit de localiser le lieu du d bat poli tique Puis le lieu ultime de d cision p
19. que m riteraient d tre investigu es ll pourrait alors tre compris comme l alterna tive d un monde sans alternative e GORZ A 1978 Ecologie et politique Paris Seuil e ILLICH I 1973 La convivialit Paris Seuil e JAKUBEC J 2004 Le d veloppement durable Un bilan multisectoriel provisoi re Gen ve et Paris Georgs diteurs e JONAS H 2000 1993 Une thique pour la nature Paris Descl e de Brouwer e LEFORT C 1986 La question de la d mocratie in Essais sur le politique XIXE XXE si cle Paris Seuil pp 17 32 e LOPRENO D 1989 Le concept de post industrialisme Essai critique sur la transformation du tissu industriel gene vois Gen ve Le Concept Moderne e MANIN B 1996 Principes du gouver nement repr sentatif Paris Flammarion e OCDE 2002 La gouvernance pour le d veloppement durable Etude de cing pays de l OCDE Paris OCDE e OCDE 2001 D veloppement durable Quelles politiques Paris OCDE e ONU 1999 1993 Earth Summit Agenda 21 The United Nations Programme of Action From Rio Gen ve United Nations Publications e RANCIERE J 2004 Aux bords du poli tique Paris Gallimard e RANCIERE J 2005 La haine de la d mocratie Paris La fabrique e RUI S 2004 La d mocratie en d bat Les citoyens face l action publique Paris Armand Colin e SMOUTS M C et al 2005 Le d ve 433 loppement durable les termes du d bat Paris A
20. re sur le d veloppe ment durable comme tentative non dia lectique de concilier les contraires L esprit du temps est au d veloppement durable Dans un lan quasi unanime toutes les entit s politiques de l chelon du quartier celui des agences interna tionales toute la soci t civile apportent leur pierre ce grand oeuvre Les sciences sociales la g ographie et la science politique en particulier sont som m es de concourir galement ce but Pourtant avant d tre au service du prin ce celui ci f t il le peuple dans son ensemble les sciences sociales suppo sent une exigence critique C est cette exigence que nous aimerions porter ici 426 D veloppement durable et participation la d mocratie introuvable LE D VELOPPEMENT DURABLE CONTRE L COLOGIE POLITIQUE Contrairement une repr sentation cou rante le d veloppement durable doit tre pens comme s tant construit concep tuellement contre l cologie politique Montrer pr cis ment la mani re dont s or ganise cette opposition n cessiterait une recherche en soi mais en en exposant les grandes lignes nous devrions arriver une meilleure intelligence de ce qu est le d veloppement durable et partant de sa conception de la d mocratie Cet article s appuie sur la d finition du d veloppement durable issue du rapport Brundtland datant de 1987 En se basant sur ce document sur les rapports subs quents de l ONU Rio et Joha
21. rmand Colin e THE WORLD COMMISSION ON ENVI RONMENT AND DEVELOPMENT 1987 Our Common Future Oxford New York Oxford University Press rapport BRUNDTLAND e VERNANT J P 1962 Les origines de la pens e grecque Paris PUF e VIVIEN F D 1994 Economie et colo gie Paris La D couverte e ZACCAI E 2002 Le d veloppement durable Dynamique et constitution d un projet Bruxelles PIE Peter Lang 1 Louis Schweitzer PDG de Renault Enjeux Les Echos mensuel Paris d cembre 2004 2 Voir le point 1 13 de cette Charte des villes europ ennes pour la durabilit Charte d Aalborg Disponible sur http www eco logie gouv fr IMG agenda21 textes aal borg htm r f rence du 29 mai 2005 3 A proprement parler on ne saurait qualifier le gouvernement repr sentatif de d mo cratie Manin 1996 pp 305 308 N anmoins par simplification nous utilisons ce raccourci Romain Felli Institut d tudes politiques et internationales IEPI Humense Dorigny Universit de Lausanne 1015 Lausanne Suisse romain felli unil ch manuscrit d pos en novembre 2005 r vis en janvier 2006 434 D veloppement durable et participation la d mocratie introuvable
22. s clivages Soci t civile Etat D mocratie directe D mocratie participative lite clair e Auto limitations Limitations h t ro limitations Choix N cessit Critique de la technique science Technique science Conflit Harmonie strat gies gagnant gagnant D centralisation f d ralisme europ en Planification intergouvernemental r gionalisme gouvernance mondiale R volution r forme radicale R forme mod r e conservatisme Rupture Continuit Changement du mode de production d croissance convivialit R orientation cologique cologie industrielle nouvelle re de croissance Tableau 1 Les types id aux de l cologie politique et du d veloppement durable 428 D veloppement durable et participation la d mocratie introuvable D MOCRATIE ET D VELOPPEMENT DURABLE UN COUPLE INCERTAIN De cette origine conceptuelle on peut d duire le rapport particulier du d velop pement durable la d mocratie situ entre l imaginaire radical de la d mocratie directe et la pratique du gouvernement repr sentatif Si les doctrines qui ont pr c d es le d veloppement durable pou vaient se montrer franchement hostiles la d mocratie en particulier la philoso phie de Hans Jonas par exemple Jonas 2000 pp 57 58 celui ci entretient un rapport plus m fiant que d fiant celle ci OCDE 2002 pp 33 et 37
23. tood as a result of the ideology of sustainable development a non dialectical attempt to reconcile contraries KEY WORDS sustainable development participative democracy political ecology polit ical theory urban democracy BELGEO 2005 4 425 INTRODUCTION S de nombreux travaux sont consacr s la sociologie de la d mocratie par ticipative un manque se fait encore sen tir quant des r flexions plus th oriques sur cet objet hybride En particulier un aspect m rite d tre soulign celui de la co ncidence entre le d veloppement durable et la probl matique participati ve l heure o de plus en plus de villes se dotent d un agenda 21 et entrepren nent des d marches participatives avec leur population une analyse des liens entre ces deux concepts m rite d tre faite Cet article tourne autour de deux ques tions principales intrins quement li es Premi rement d un point de vue analy tique il cherche comprendre pourquoi le d veloppement durable valorise l id e de d mocratie participative Deuxi me ment d un point de vue normatif il se demande si cette nouvelle forme de d mocratie est r ellement plus d mocra tique que les alternatives qu elle pr tend remplacer ou auxquelles elle viendrait s ajouter Par d mocratie nous entendrons la capa cit du peuple c est dire de n importe qui a priori de prendre effectivement part la d cision politique Cett
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