Les analphabètes et le secteur informel en Côte d`Ivoire : le français
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1. Lui remplace mon client 3 Cette fille parle trop Je vais la gifler La remplace cette fille Conclusion Le fran ais se pr sente comme un puissant instrument de communication pour les analphab tes dans le secteur informel Il favorise les changes divers si bien que son utilisation est in vitable pour le renforcement du lien social et l am lioration du rendement socio professionnel Les acteurs de l informel dans leur volont de le pratiquer et de se l approprier s invitent des constructions syntaxiques qui ob issent l ordre syntaxique de leurs langues maternelles plut t qu celui du fran ais norm Un tel proc d d acquisition rel ve de l ordre syntaxico accommodateur qui a une double contrainte respect de la syntaxe des langues maternelles ivoiriennes et utilisation des termes fran ais dans les diff rentes communications Bibliographie Aka Adou 1984 L acte p dagogique n est pas gratuit universit nationale de C te d Ivoire Abidjan Archer David et Cottinghan Sara 1997 Manuel de conception de REFLECT alphab tisation Fr irienne r g n r e travers les techniques de renforcement des capacit s et pouvoirs communautaires Actionnaid Londres Belloncle G Easton P Ilboudo P et S ne P 1982 A phab tisation et gestion des groupements villageois en Afrique Sahelienne Karthala Paris Caspar Pierre 1975 Pratique de la formation des adultes Editions d2. Singulier la pluriel les 3 2 4 2 L apprentissage de la conjugaison La conjugaison d un verbe consiste en la r citation et en l criture dans un ordre convenu les diff rentes formes que prend ce verbe d apr s les voix les modes les temps les nombres et les personnes Dans le cadre des personnes adultes nous retiendrons le temps simple notamment le pr sent simple et le mode indicatif auxquels nous joignons plusieurs verbes du premier groupe pour acc l rer et renforcer leur pratique du fran ais Dans la progression des cours il peut tre possible d int grer certains verbes du deuxi me groupe selon leur fr quence d emploi au sein des acteurs du secteur informel au groupe de mots conjuguer La conjugaison peut d buter par exemple avec le verbe aller Je vais au march Tu vas au march Il ou Elle va au march Nous allons au march Vous allez au march Ils ou Elles vont au march Dans un esprit d insistance sur la marque que prend chaque verbe conjugu il est vivement conseill de reprendre la conjugaison l effet de mettre en relief les pronoms personnels d signant les tres qui marquent la personne grammaticale Moi je vais au march Moi l tre qui parle vais au march Toi tu vas au march Toi l tre qui l on parle vas au march Lui Il ou Elle va au march Lui ou Elle l tre ou la chose dont on parle va au march Moi Koffi et Aya ou
3. organisation Paris Cuq J P et Gruca I 2005 Cours de didactique du fran ais langue trang re et seconde Collection fran ais langue trang re P U G Paris Delors Jacques 1996 L ducation un tr sor est cach dedans UNESCO Paris Freire Paulo 1982 P dagogie des opprim s Maspero Paris Hattiger Jean Louis 1983 Le fran ais populaire d Abidjan ILA Abidjan Harbans S Bhola et Sofia Valdivielso Gomez 2009 Jalon pour une alphab tisation au service du d veloppement durable Institut de l UNESCO pour l apprentissage tout au long de la vie UIL Hambourg Allemagne Koffi Kouakou Mathieu 2011 A phab tisation fonctionnelle en C te d Ivoire approche m thodologique pour l enseignement de la langue officielle le fran ais Revue lectronique internationale de science de langage SUDLANGUES n 15 Juin Dakar Fann S n gal Koffi Kouakou Mathieu 2008 L alphab tisation en C te d Ivoire langues m thodes et propositions d am nagement linguistique au regard de la configuration sociolinguistique de la ville d Abidjan Th se de Doctorat unique Universit Abidjan Cocody Abidjan Maurice Grevisse 1969 Le bon usage Grammaire fran aise avec des remarques sur la langue fran aise d aujourd hui Edition J Duculot Gembloux Belgique Munsid Kilanga Julien 2009 Le fran ais et la litt rature de langue fran aise en contexte multilingue congolais l HARMATTAN Paris 16 P
4. utilisation du fran ais au niveau de cette tranche d Ivoiriens se v rifie pour un vrai locuteur de cette langue par la postposition du morph me la naturellement d terminant au nom qui le pr c de imm diatement Dans un tel cas cet article n pouse ni le genre ni le nombre du terme qu il marque et d termine C est au destinataire qu il revient d op rer ces distinctions fondamentales qui contribuent clairer la question s mantique que cache l nonc On pourrait exemplifier cela on s appuyant sur cette phrase Ma s ur faut voir aussi poisson la c est pas cher Ma s ur regarde aussi ces poisons ils ne sont pas co teux C est un truisme de dire que les analphab tes emploient tr s mal le fran ais Mais en tenant compte de l analyse de leurs diff rentes productions linguistiques nous nous permettons de nuancer non pas syst matiquement mais de fa on relative cette th se partir de deux remarques essentielles La premi re contrarie d une mani re plausible l assertion selon laquelle le fran ais des personnes non scolaris es est hybride donc entach d h t rog n it Dans ce travail nous pouvons l affirmer sans h siter cette sp culation n a pas pu tre confirm e ou v rifi e parce que parmi les productions linguistiques il ne nous a pas t possible de constater la pr sence d un terme tranger l internationale langue fran aise La plupart des l ments li
5. criture de chacun d eux Il s agit l d amener les participants retenir leur lecture et remarquer leur m canisme d criture Par la suite il attaque l tape de la combinaison syllabique 3 2 2 La phase de l tude syllabique Cette phase constitue celle d assimilation effective des sons et de la combinaison de plusieurs sons En termes p dagogiques on peut dire qu elle est la phase qui d clenche la capacit de l criture et la reconnaissance des mots La r alisation syllabique dans le cadre des voyelles se fait de la fa on suivante a ba pa da ta 0 bo po do to 1 bi pi di ti u bu pu du tu b p d t e be pe de te b p d t on bon pon don ton ou bou pou dou tou Du c t des consonnes la combinaison syllabique est susceptible de se r aliser comme suit b ba bi bou bon d da di dou dou t ta ti tou ton m ma mi mou mon k ka ki kou kon p pa pi pou pon n na ni nou non f fa fi fou fon 3 2 3 La phase du calcul L initiation au calcul notre sens sera ax e sur un certain listage des tas de produits constitu s et destin s la commercialisation En fait durant l activit commerciale des denr es vivri res les acteurs proc dent toujours par un regroupement des produits en fonction du poids de chacun d eux En g n ral les produits qui ont le m me poids sont mis ensemble et sont quan
6. d brouillards sont dynamiques et tr s actifs sur les diff rents terrains 10 d activit s Ils soutiennent avec d termination et abn gation les efforts de d veloppement du pays par le biais de leurs multiples activit s Caract ris e essentiellement par l analphab tisme cette communaut ivoirienne manifeste un besoin ardent d utiliser le fran ais dans toutes ses formes pour renforcer la qualit des services l criture la lecture et le calcul La tentative d alphab tisation que nous voudrions bien leur soumettre doit ob ir cette volont et se particulariser de telle sorte que la question syntaxique soit prioritaire dans leur apprentissage du fran ais norm La justification d une telle position est tributaire de leur emploi plus ou moins r aliste de la langue internationale coloniale c est dire une pratique linguistique tendant se rapprocher tr s nettement de l usage normatif mais qui s en carte du point de vue des r gles syntaxiques L alphab tisation de type fonctionnel qui normalement r pond aux besoins d ducation des personnes analphab tes se doit d tre tr s imaginative et pragmatique pour acc l rer leur connaissance des r gles syntaxiques du fran ais Les activit s informelles tant nombreuses nous pouvons titre d exemple nous int resser la commercialisation des l gumes au march A l entame de l alphab tisation des personnes exer ant ce m tier l age
7. dant une identit personnelle Il construit lui m me le savoir et les comp tences sens s lui permettre de comprendre le discours en interaction avec autrui D s cet instant on peut convenir avec eux que le concept d apprenant prend les allures de quelque chose d extensif n cessitant l apport d autres l ments pour s affirmer Selon Cuq et Gruca 2005 l apprenant dans son processus d acquisition d une langue adopte une attitude hautement consciente et attentive d s lors qu il ne s y prend pas de mani re al atoire mais il y applique les ressources li es son sens pouss de m morisation C est donc un tre actif qui met constamment en veil tous ses sens cognitifs durant sa tentative d appropriation d une langue trang re Dans ces conditions l apprenant est un locuteur dot de multiples strat gies l aidant alimenter ses connaissances et r soudre ses difficult s de communication en langue trang re Ces conduites mentales qui coop rent en interaction se d clinent en l inf rence la m morisation la r p tition mentale l association l analogie le transfert la simplification la g n ralisation l induction et la d duction Les didacticiens consacrent un int r t tr s appuy la notion d apprenant parce qu elle s apparente une m thode de r solution de probl mes Elle proc de par la mise en uvre des diff rentes op rations que sont la reconnaissance et la re
8. est nullement contraint de respecter les consignes du professeur Une fois que cette panoplie est mise en jeu et qu elle a abouti au r sultat recherch par l apprenant lui m me il doit appr cier sa propre performance avant le jugement de l enseignant et aussi apr s pour tre en mesure de se situer coup s r dans son propre progr s Qu en est il chez l apprenant dans le cadre d un syst me d enseignement relevant de l informel 2 2 L apprenant dans le syst me informel et ses strat gies d apprentissage D un point de vue social il importe de reconnaitre que le savoir lire crire et calculer constitue un moyen pour m moriser des v nements et enregistrer des faits Archer 1997 Il donne galement l occasion de repr senter la r alit et de communiquer travers l espace et le temps Malheureusement dans plusieurs soci t s il existe un nombre important de personnes qui ne poss dent pas ces valeurs intellectuelles prises dans leur ensemble comme des fondamentaux de la modernit Elles sont d termin es par l espace et principalement par le temps qui chez l adulte se manifeste sous des formes diversement d nomm es dur e et moment L homme adulte dans l volution de sa vie tablit consciemment ou inconsciemment un lien directe entre ces notions dans la mesure o son combat pour la survie est toujours compris entre les ann es laiss es derri re lui et celles qui sont c
9. l rer l apprentissage de la syntaxe fran aise Une telle approche est fondamentale dans la mesure o les phrases simples sont faciles comprendre et manipuler quand il s agit d aborder les questions de structures et de constituants En termes de d finition Koffi 2011 la phrase qu elle soit simple ou complexe est l expression de la combinatoire des diff rentes cat gories syntaxiques suivant leur ordre d apparition et entretenant certaines relations Pour Maurice Grevisse 1969 elle est un ensemble logiquement et grammaticalement organis en vue d exprimer un sens pr cis D une mani re vraisemblable la phrase est compos e du sujet du verbe et du compl ment Il faut expliquer ces notions dans des termes simples Donc la phrase p Sujet S Verbe V Compl ment C ou Verbe V Sujet S Compl ment C A titre d exemple on aura Les femmes vendent les aubergines au march S Ts C Les exemples ci contre peuvent permettre aux apprenants de comprendre le fonctionnement des phrases Sujets S verbes V compl ments C l Les femmes vendent les aubergines Les femmes vendent les aubergines 2 Les filles ach tent la tomate Les filles ach tent la tomate 3 Aya va au march Aya va au march 3 2 4 1 L apprentissage du d terminant ou de l article L article est un mot que l on place devant le nom pour signifier que ce nom est pris dans un sens co
10. une mani re criarde le mode d emploi et de conservation des m dicaments Avec les pharmacies informelles les co ts pratiqu s rev tent un caract re concurrentiel puisqu en g n ral ils sont en de de ceux pratiqu s dans les officines l gales ce qui explique leur grande convoitise par les populations d munies vivant en C te d Ivoire Malgr cette facilit d acc s ces m dicaments de tous genres les pharmacies de circonstance pr sentent de r els dangers pour le peuple ivoirien si on consid re le manque criard de moyens de conservation comme un principe indicateur d un d ficit de confiance observer vis vis d elles C est donc en vertu de cette ins curit sanitaire laquelle aucune cat gorie sociale ne peut chapper que les autorit s dirigeantes ont t contraintes une poque plus ou moins r cente d interdire le commerce des m dicaments dits par terre Mais le constat reste toujours amer parce que les m mes produits continuent d tre vendus dans les rues des importantes villes du pays au grand d sarroi des autorit s dirigeantes en face duquel on peut lire ais ment l immense joie des populations qui tire sa source de la possibilit de continuer de se servir dans leur pharmacie bon march Au regard du danger que pr sente la pharmacie par terre nous conseillons son enti re r organisation travers l alphab tisation de toutes les femmes qui la pratiquent Agir ainsi c est
11. of living My aim here is to understand how such a community manages to use French in their activities Keywords illiterate informal sector literacy sustainable development linguistic coexistence Introduction La crise arm e violente et meurtri re laquelle C te d Ivoire vient d tre confront e a dur presqu une d cennie et a branl les ressorts de la coh sion sociale L apr s crise doit tre per ue comme l occasion pour tous les Ivoiriens de s approprier toutes les activit s socioprofessionnelles en vue de s attaquer aux questions de d veloppement durable Ce vocable d veloppement durable qui semble s opposer au d veloppement int gre les analphab tes dans ses axes d actions En C te d Ivoire cette population dynamique par son travail est pluriethnique c est dire qu elle rel ve d une juxtaposition d au moins une soixantaine d ethnies Chacune d elles tant consid r e comme une langue maternelle particuli re dans ce pays on pourrait tenter de croire qu c t du fran ais langue officielle existent plusieurs autres langues La coexistence linguistique subs quemment affirm e influe de fa on indubitable sur l usage de la langue internationale en tant que m dium incontournable dans toute la sph re du pays La description d un tel contexte linguistique nous plonge d embl e au c ur des difficult s qui sont susceptibles d entraver la pratique communicative au sei
12. Les analphab tes et le secteur informel en C te d Ivoire le fran ais outil ou obstacle de travail Koffi Kouakou Mathieu Enseignant chercheur Sp cialit s Sociolinguistique Alphab tisation Universit de Bouak D partement des Sciences du langage et de la Communication 02420775 07545523 55891849 allokokouadio yahoo fr R sum L re du d veloppement durable sonne avec un int r t appuy pour les analphab tes consid r s comme des partenaires cr dibles capables de s approprier efficacement les questions du d veloppement En C te d Ivoire la population analphab te repr sente une proportion tr s significative dans la soci t avec un taux oscillant entre 57 et plus Elle est dynamique et est confront e l usage du fran ais dans sa tentative de la qu te du bien tre Notre pr occupation vise comprendre comment une telle communaut parvient utiliser le fran ais dans ses activit s Mots cl s analphab te secteur informel alphab tisation d veloppement durable coexistence linguistique Abstract The era of the sustainable development is of a special interest for illiterate people They are indeed considered partners capable to efficiently endorse and take part in the issues of development In Cote d Ivoire the illiterate population is large with a rate of 57 and more It is a dynamic population that faces the difficulty of using the French language in its quest for better standards
13. Nous allons au march Moi plusieurs autres personnes allons au march Toi Yocoli et Akissi ou Vous allez au march Toi plusieurs autres personnes qui on parle allez au march Eux ou Elles et Ils ou Elles vont au march Eux ou Elles ou une pluralit d tres ou de choses dont on parle vont au march 3 2 4 3 L apprentissage du pronom personnel compl ment Les pronoms personnels compl ments se pr sentent sous plusieurs formes me te se le la lui elle nous vous les et leur Leur enseignement aux adultes du secteur informel s inspire de leurs diff rents besoins dont la manifestation est dans l ensemble observable au niveau communicationnel A vrai dire il s agit des personnes qui sont toujours en qu te d un potentiel client par l entremise des changes communicatifs directs avec ce dernier Dans ce combat emprunt de concurrence ardue o le plus chanceux est le plus convainquant cause de sa facilit arracher le maximum de clients aux autres une grande place est allou e l emploi des verbes suivis des pronoms compl ments Sur cette pratique linguistique se greffe l emploi d autres pronoms compl ments qui pr c dent imm diatement les verbes A titre d exemples on peut avoir des expressions ci dessous 15 1 Monsieur voici de bonnes aubergines Il faut les acheter aussi Les remplace de bonnes aubergines 2 Je parle mon client Je lui parle de mes bananes
14. cessifs entre plusieurs sources d informations d une part et entre pass pr sent et avenir d autre part Les populations analphab tes de la C te d Ivoire exer ant dans le secteur informel acqui rent le fran ais par le biais du ph nom ne d assimilation accommodation C est un fran ais qui appris sur le tas n ob it aucune loi norm e et rel ve d une volont d effort de l metteur de s approcher de la vari t de son interlocuteur ou du r cepteur Cela implique pour l metteur d viter l utilisation des l ments sp cifiques de sa vari t et pour le r cepteur d identifier les l ments qu il n utilise pas dans ses productions linguistiques Musinde 2009 Chacun connaissant plusieurs vari t s diff rentes de celle qu il emploie en tant qu metteur essaie pour mettre un nonc ou l interpr ter de faire un pas vers ce qu il sait tre de l autre Les productions linguistiques recueillies aupr s des commer ants d aubergines des bouchers des vendeurs d ignames de poissons et de poulets nous d montrent les tentatives d efforts de communication en langue fran aise au sein des activit s informelles Les exemples ci dessous traduisent amplement la volont des acteurs de faire la promotion de leurs diff rents produits l effet d attirer le maximum de clients Les id es v hicul es sont accessibles tout locuteur du fran ais mais les r gles syntaxiques et grammatica
15. ent de retenir ici que les m mes mots qui ont facilit l tude des voyelles peuvent tre utilis s pour la d termination des consonnes Dans le principe il s agit de faciliter cette tape d enseignement en proc dant de cette mani re Mais cela n est pas une obligation puisque les autres mots peuvent eux aussi tre utilis s pour d gager une consonne qu on juge crucial enseigner Les consonnes ci dessous permettent d expliquer la d termination consonantique Piment p tomate t carotte k manque m Les sons entre parenth se constituent ceux qui doivent tre enseign s 12 Pi to ca man p t k m Le son p s crit l aide d une calebasse tourn e gauche et solidement col e au sommet d un b tonnet debout Pour sa part le son t s obtient en utilisant un b tonnet debout qu on barre avec un autre b tonnet couch vers le haut L criture du son k peut se r aliser avec un b tonnet debout auquel on adjoint par le bas deux autres b tonnets formant une fl che S agissant du son m disons que son criture se r alise avec trois b tonnets en position parall le et sur lesquels on pose deux moiti s de calebasse renvers e Le processus d criture des sons doit tre longuement r p t par l agent alphab tiseur dans le but d amener les apprenants le retenir avec efficacit Lorsque les sons p t k m sont d gag s il proc de lui m me la lecture et l
16. es 2 2 5 Manque de conjugaison La conjugaison se dresse aussi sur le parcourt d utilisation du fran ais par les personnes adultes analphab tes comme en t moigne la phrase suivante Ses camarades prend ses cahiers Ses camarades prennent ses cahiers Dans cet nonc fran ais le locuteur m connaissant certainement les r gles de la conjugaison ne s y est pas attard pour v hiculer son id e Pour lui nous semble t il l essentiel c est de s adresser son interlocuteur dans la langue fran aise au m me titre que ceux qui l ont acquise l cole Dans ces conditions peu importe s il pi tine gravement ses lois ou non 2 2 6 Absence de d terminants Les personnes analphab tes qui exercent dans le secteur informel sont conscientes de l importance de la communication dans l accomplissement d une t che particuli re Leur utilisation approximative du fran ais d coule directement de ce f cheux tat de fait qui notre sens parait s imposer de force elles Dans la phrase C est 1000 f mille francs tas poissons Ce tas de poissons est 1000 f mille francs on peut noter l absence du d terminant Ce type de production linguistique fran aise est tr s r current chez la cat gorie d Ivoiriens qui n a jamais t l cole et dont la conscience du fran ais r side dans sa simplicit et sa facilit d utilisation En g n ral l id e de la pr sence du d terminant dans l
17. et Dar es Salam sont les deux principaux quartiers de cette grande m tropole qui ont t retenus pour les besoins de l enqu te En la mati re il s agit de deux principaux quartiers de forte densit humaine qui par la dynamique des relations interhumaines regorgent de multiples activit s informelles pour r pondre efficacement aux contraintes de subsistance qu imposent les conditions modernes aux r sidents Leur pr carit constitue un crit re qui convainc de consid rer les habitants comme des personnes fortement d munies et donc condamn es aux pratiques des activit s informelles pour r agir face aux difficult s qui les assaillent 1 1 1 La collecte des donn es Ici il importe de rappeler que nous n avons pas trouv n cessaire de soumettre directement un questionnaire aux populations cibles repartis entre les bouchers les vendeurs de l gumes les tenanciers de petites boutiques les vendeurs de bandji etc Par contre nous nous sommes rendu dans certains endroits des quartiers ci dessus cit s et avons commenc noter discr tement le parler fran ais des propri taires d activit s lors de leur conversation avec les clients Une telle approche nous a permis de recueillir des donn es pour notre travail 1 2 Quelques activit s informelles en C te d Ivoire Le secteur informel est employ par opposition au secteur moderne ou structur Certains analystes le pr sentent comme un secteur d conomie popula
18. faire Fondamentalement parlant il sied de reconna tre que l apprentissage chez l adulte c est dire la transformation d une structure de connaissances pr alable en une structure nouvelle s op re par assimilation d une information nouvelle en une structure d accueil pertinente Cela pr suppose que cette structure soit effectivement disponible dans la m moire de l adulte apprenant et qu elle soit activ e pour donner la chance l information pr sent e d tre assimilable Ce processus d bouche in vitablement sur le conflit cognitif qui en tant qu un d s quilibre se manifeste d s l intrusion d un nouvel objet de l environnement non reconnu par l autre mentalement constitu Un tel d s quilibre indiquant le passage d un tat initial un tat d quilibre est r solu par le biais de l int gration du nouveau sch me la structure d accueil dont dispose l individu On peut dans ce cas parler de l assimilation Cependant si le d s quilibre est plus important il est imm diatement r solu par une r organisation structurale des sch mes qui aboutit au ph nom ne de l accommodation Au demeurant il convient de retenir que l apprentissage des nouvelles connaissances ax es sur l crit et la lecture chez l adulte se r alise le plus souvent l aide du ph nom ne d assimilation accommodation Il s agit d un processus complexe qui r sulte d une s rie de va et vient suc
19. ff rentes villes du pays o sa consommation semble tre r serv e aux personnes socialement ais es Ceci explique particuli rement sa chert observ e dans les diff rents march s d Abidjan de Bouak et des autres grandes villes de la nation ivoirienne Stock e dans des magasins l igname est vendue en gros ou en d tail par une forte communaut trang re compos e de Maliens de Nig riens et de Burkinab s quasiment analphab tes A c t d elle il existe des Ivoiriens qui dans un sursaut de vell it exercent la m me activit qui se dilue le plus souvent dans un exercice de passe temps ou temporel Dans leur composante la gente f minine est pr dominante Traditionnellement la culture d igname constitue l une des principales activit s champ tres des r gions du centre du nord et de l est de la C te d Ivoire C est une denr e alimentaire qui est souvent d laiss e dans plusieurs zones rurales du pays des difficult s li es sa conservation et son transfert depuis les champs jusqu aux villes Les deux obstacles fondamentaux semblent poser d normes soucis aux vendeurs Il serait cruciale d alphab tiser tous les commer ants d igname en vue d am liorer leur activit Toutes les activit s num r es sont essentiellement pratiqu es par les analphab tes si bien que dans leur tentative de communication la langue officielle fran aise est souvent atteinte tant du point de vue de sa grammaire
20. ire alors que d autres le qualifient de terme g n rique qui regroupe toutes les strat gies de survie et les modes de subsistances des couches sociales les plus pauvres et marginales L informel signifie au sens large tous les petits m tiers et commerces les activit s artisanales les transports non m canis s et les prestations de services sur les march s dont la pratique n a besoin ni forcement d une qualification dipl mante ou comp tente ni d un d boursement d une importance somme d argent Le secteur informel occupe pr s de 60 des emplois urbains en moyenne en C te d ivoire Il peut exc der 80 des emplois dans certaines villes du pays En 1998 selon l enqu te permanente aupr s des m nages 2001 68 des personnes employ es dans le secteur informel sont sans instruction et 70 seraient entre l analphab tisme et le niveau primaire Plusieurs personnes exercent les petits m tiers dans le but de subvenir leurs besoins l mentaires gagner de l argent pour se nourrir se soigner et se v tir Ce sont par exemple la vente de la banane frite la vente du bandji et la vente de l igname qui sont quelques unes des activit s ayant besoin d tre organis es par le biais de l ducation des personnes qui les exercent 1 2 1 Le commerce des m dicaments par terre Du point de vue sanitaire les m dicaments pharmaceutiques repr sentent des denr es indispensables dans le renforcement de la
21. les d sob issent de mani re remarquable et significative celles qui sont enseign es l cole 2 2 1 D doublement d adjectifs Tantie regarde viande bon bon c est ici Madame c est ici qu il y a de la tr s bonne viande Dans cette phrase l utilisation du terme Tantie d riv imm diat de Tante en fran ais de France renvoie une personne g e de sexe f minin responsable respectable et tr s proche Il renforce et fortifie ainsi le lien de familiarit Son employeur soucieux de la rude concurrence dans le march s est r solu agir sur cette sensibilit familiale par le biais de ce vocable pour contraindre de fa on subtile le client acheter sa marchandise Pour parachever ce chantage discret et affectif il d double l adjectif bon en vue d insister sur la meilleure qualit de son produit qu est la viande 2 2 2 Ici postpos et mis en attribut Dans la phrase ci dessus notamment Tantie regarde viande bon bon c est ici l adverbe ici est postpos et mis en attribut Si on essaie de mettre particuli rement l accent sur cette position et la consid rer comme telle on pourrait tre amen reconsid rer le sens de la phrase Dans ce cas on aura Madame c est moi qui ai de la tr s bonne viande C est ici qui apparemment semble se r f rer l endroit o est expos e la marchandise marque une rupture avec cette id e pour s attacher essen
22. leur donner quelques connaissances intellectuelles susceptibles d am liorer la qualit de la gestion de cette activit 1 2 2 La vente du bandji blanc ou blanco L activit commerciale du bandji dans les zones urbaines est d tenue en majorit par les femmes ivoiriennes analphab tes Le bandji est une boisson locale de couleur blanche obtenu partir du jus extrait des palmiers huile m rs Il est vendu le plus souvent sous des hangars parfois isol s dans des endroits du quartier et a des co ts jug s plus ou moins abordables par les couches sociales qui sont en proie des difficult s de tous genres Cette boisson locale est alcoolis e C est pourquoi dans les lieux am nag s pour son commerce les sujets voqu s p le m le sont souvent amusants et entach s d incoh rence et de logique Aujourd hui le commerce du bandji constitue une occupation essentielle pour de nombreuses femmes ivoiriennes dans leur combat pour la recherche du bien tre social En tenant compte du r le conomique jou par cette activit l on a int r t s y int resser en proc dant l alphab tisation des braves femmes du pays Leur ducation doit leur permettre d am liorer la qualit de la gestion de l activit en question 1 2 3 Le commerce de l igname En C te d Ivoire l igname constitue l une des denr es alimentaires les plus pris es par la population Elle est moins nombreuse dans les march s des di
23. mpl tement ou incompl tement d termin Il sert indiquer le genre et le nombre du nom qu il pr c de D une fa on pr cise l article se distingue en deux esp ces l article d fini et l article ind fini Dans cette partie nous nous int resserons la premi re cat gorie d articles en l occurrence l artiche d fini l effet d amener les apprenants se familiariser rapidement l emploi des articles Les exemples ci dessus peuvent tre repris pour jouer indiscutablement ce r le en relevant surtout les noms et les d terminants D terminant nom Les femmes Les femmes Les filles Les filles La tomate La tomate Au march Au march S agissant de Au il faut amener les apprenants comprendre que son utilisation intervient lorsqv on est oblig d utiliser le la fois Pour r ussir un tel proc d il vaut mieux les contracter Ainsi on aura le qui donne au les devient aux de le se contracte en du et de les se fonde en des En outre comme on le sait l article se pr sente sous des formes diverses On a d une part le masculin et le f minin D autre part Il est au singulier et 14 au pluriel L agent alphab tiseur doit tre en mesure d expliquer ces ph nom nes de sorte permettre aux apprenants de les assimiler Pour le masculin on a Singulier le pluriel les Quant au f minin on a
24. n des populations C est fort conscients de cela que nous visons satisfaire trois objectifs essentiels II s agit dans un premier temps de pr senter quelques activit s informelles exerc es par les analphab tes vivant en C te d Ivoire Dans le second volet nous jugeons opportun de montrer comment ces personnes reparties entre hommes femmes et jeunes parviennent utiliser le fran ais dans l accomplissement de ces diff rentes activit s Enfin le dernier objectif s att le mettre l accent sur l ducation de ces acteurs du secteur informel aux fins de les doter des comp tences tendant renforcer leur pratique fran aise et leur rendement socioprofessionnel Cependant l atteinte de ces objectifs nous impose des r ponses appropri es d coulant de certaines contraintes interrogatives qui renseignent sur le bien fond de la r daction de cet article L utilisation du fran ais contribue t elle au renforcement de l efficacit des activit s informelles des analphab tes Si oui comment ces derniers l emploient dans les changes communicatifs Quelle attitude faut il adopter pour faciliter leur usage de cette langue La r ponse cette probl matique r sidera dans trois parties La premi re pr sente l tat d implantation des activit s informelles qui met en exergue la perc e de la pauvret en C te d Ivoire La seconde tranche vise relever la pratique du fran ais par les analphab tes La derni re f
25. nces de se solder par un chec la phase de l tude des sons qu on peut qualifier d ab c daire et la phase syllabique 3 2 1 La phase de l tude des sons La phase consacr e l tude des sons doit s appuyer sur les mots recens s par l agent alphab tiseur Chacun des sons devra s accompagner de sa lecture et de son m canisme d criture C est pourquoi durant cette phase tous les objets dont les formes sont susceptibles de faciliter la reconnaissance d une lettre quelconque sont ardemment sollicit s et utilis s Les sons sens s tre tudi s sont en principe class s en deux cat gories les voyelles et les consonnes L illustration des voyelles peut s appuyer sur celles qui suivent Piment i tomate 0 carotte a pourrir ou Pi to ca pou i 0 a u L criture du son i s obtient en utilisant un b tonnet en position debout Le son o peut s crire l aide d un citron de la roue d un v lo ou d une tomate Quant au son a son criture peut s obtenir l aide de la moiti de la calebasse tourn e vers la droite et laquelle on lie solidement un b tonnet debout au sommet duquel on barre vers la gauche Le dernier son tudier savoir le son u est susceptible d tre crit en utilisant la moiti d une calebasse pos e sur laquelle on d pose deux b tonnets parall les L tude des consonnes proc de de la m me fa on que celle des voyelles Il convi
26. nguistiques utilis s rel vent tous de son lexique si bien que nous avons t amen dire qu il s agit d un fran ais qui lui est plus ou moins proche La seconde remarque qui nous conforte dans la position de l opinion publique ivoirienne celle d peignant d une mani re ex crable le parler fran ais des analphab tes touche directement la syntaxe des diff rents nonc s tudi s A l analyse il s agit des combinaisons syntaxiques qui rentrent en conflit avec celle du fran ais norm puisqu elles lui d sob issent de mani re incontestable Sur cette base on peut tre tent de croire que les acteurs du secteur informel pratiquent un fran ais qui leur est sp cifique Mais cela n est juste qu une impression car malgr ce semblant de sp cificit ce fran ais reste tout de m me accessible tout locuteur du fran ais standard En somme ce qu il convient de retenir c est que les personnes non scolaris es qui probablement ont acquis le fran ais sur le tas v hiculent leurs diff rentes pens es par le biais du fran ais mais la construction de ces pens es demeure intimement li e au syst me syntaxique des langues locales C est donc partir de la conscience linguistique maternelle que les personnes adultes cart es tr s t t de la scolarisation s accommodent au parler fran ais Leur assimilation de la langue officielle en C te d Ivoire s apparente notre sens une approche d ordre sy
27. nt alphab tiseur a l obligation de d gager le mat riel didactique Pour y arriver il doit s offrir les services de la MARP avec laquelle il lui est donc facile d amener les apprenants produire de nombreux savoirs manant de leurs diff rents besoins ou des difficult s qu ils rencontrent dans l exercice de leurs activit s respectives assorties de solutions Une question du genre Quelles difficult s rencontrez vous dans l exercice de votre activit peut tre utilis e pour faciliter les productions linguistiques Au sortir de cette orientation interrogative l alphab tiseur est en mesure de disposer d un vocabulaire cons quent compos de mots tels que piment tomate aubergine pourrir g ter chert transport manque de pluie gombo et carotte qui peut l aider entamer la phase de l enseignement Mais bien avant 1l lui est recommand de recenser un certain nombre d entre ces termes en fonction de la simplicit de leur criture Apr s avoir fait tous ces tours l agent alphab tiseur se trouve condamn aborder deux importantes parties desquelles d pende le succ s du projet d alphab tisation la pr alphab tisation et la phase pratique d alphab tisation 3 1 La pr alphab tisation La phase dite pr alphab tisation se caract rise essentiellement par la reconnaissance des formes diverses A franchement dire il s agit de pr senter de nombreux objets familiers aux apprenants dont le
28. ntaxico accommodateur qui s explique doublement La premi re tentative d explication s appuie sur le fait que les personnes non scolaris es recourent de mani re incessante la syntaxe des langues maternelles dans leur processus de communication La derni re raison concerne directement la langue fran aise qui en tant que v ritable m dium intercommunautaire est utilis e sous des formes vari es selon le contexte et le milieu de sorte que sa constance d utilisation finit par se constituer comme une sorte de refrain linguistique dans leur conscience D s lors elles se l approprient et s y accommodent sans toutefois parvenir connaitre et ma triser r ellement les r gles grammaticales r gissant son fonctionnement De cette fa on la langue fran aise a pu tre utilis e par toues les cat gories sociales en C te d Ivoire La population analphab te ivoirienne surtout urbaine comme rurale consciente que sa survie d pend de son emploi est toujours en proie des activit s dites informelles Le fran ais par lequel ces activit s se r alisent est utilis par approximation imputable l irrespect de sa syntaxe Cela sous entend donc que son alphab tisation doit accorder une place importante la question syntaxique et surtout la construction syntaxique IHI Alphab tisation des acteurs du secteur informel Les acteurs du secteur informel ceux que l opinion publique ivoirienne a nomm s d lib r ment
29. ompt es devant lui Dans ses relations avec les autres on dira que parmi ces deux cat gories d ann es certaines t moignent de sa grande exp rience du monde dans lequel il vit quand les autres interpellent incessamment sa conscience sur le temps qui lui reste vivre Ainsi il est constamment hant par l id e que le temps lui est compt et que ses objectifs doivent tre plus r alistes que dans son enfance L apprentissage des connaissances nouvelles de l adulte d coule essentiellement de cette pression personnelle et est sous tendu par trois conditions A l entame on peut voquer l investissement personnel en tant que r sultante des sommes d exp riences de la vie de l apprenant Ensuite il y a son lien social qui s assimile aux facteurs sp cifiques de d veloppement d clenchant des besoins d apprendre Le dernier facteur qui aiguise les instincts acquisitifs r side dans les enjeux existentiels consid r s comme support dans l laboration d apprentissage personnel Ces trois conditions s entrem lent dans le processus d acquisition des connaissances de l criture et de la lecture et permettent l adulte d accentuer ses efforts sur le moment pr sent et sur le transfert des formes d apprentissage en rapport avec sa vie personnelle Il s oblige absolument se servir et utiliser ses connaissances nouvellement acquises dans l assouvissement d un besoin auquel il tient n cessairement satis
30. orcher Louis 2004 L enseignement des langues trang res Collection Langues vivantes Fran ais langue trang re HACHETTE ducation Paris UNESCO 2003 2004 Le pari de l galit rapport mondial de suivi sur l ducation pour tous Chaire UNESCO Universit Cocody Abidjan Yao Koffi Jean Marie 2001 Etude du secteur informel travers les enqu tes aupr s des m nages en C te d Ivoire ENSEA Abidjan 17
31. production intervenant dans une preuve qui s inscrit dans la dynamique de la recherche de v rit l issue de laquelle la raison constitue le seul recours Deux principales strat gies conditionnent une telle d marche D une part il y a les strat gies algorithmiques qui sont des proc dures fig es aboutissant de fa on syst matique un r sultat d termin et probant D autre part il faut d noncer les strat gies heuristiques qui consistent en la recherche de solutions relativement faciles obtenir qui peuvent tre h las entach es d erreur Ces derni res interviennent dans la r solution d un probl me jug complexe pour lequel l on recourt imm diatement aux strat gies algorithmiques comme c est le cas d un probl me d appropriation de langue En somme si chez l apprenant la pratique de l acquisition doit d couler de la raison et de la conscience enseigner pourrait tre assimil des pratiques susceptibles de g n rer chez lui des strat gies de plus en plus autonomisantes C est pourquoi selon Porcher 2004 Le v ritable enjeu des strat gies de l apprenant consiste en la construction de l autonomie gr ce laquelle il s investit dans le processus d apprentissage d abord en s appropriant l objectif vis les comp tences et les savoir faire recherch s au cours de chaque le on ensuite dans les chemins m thodologiques qu il entreprend de suivre pour les atteindre et pour lesquels il n
32. que de son usage I La question de l acquisition du fran ais En C te d Ivoire le fran ais exerce une influence sur la communication de la population Ses nombreux apprenants sont repartis entre deux grandes cat gories les apprenants dans le cadre formel constitu s d coliers et d tudiants et ceux du syst me informe nomm s analphab tes 2 1 L apprenant dans le cadre formel et ses strat gies d apprentissage C est au d but des ann es 70 que le concept d apprenant a vu le jour pour la premi re fois dans le discours de la didactique des langues trang res Il a t longtemps associ au paradigme d enseign ou d l ve exaltant bien videmment une vision essentiellement passive de cet individu con u comme le r cepteur ou r ceptacle d informations fournies unilat ralement par une autre personne dou e de savoirs tel que l enseignant Cependant m me si la discussion acad mique ne s int resse plus au b haviorisme celui ci est indiscutablement pr sent dans les repr sentations et les croyances populaires l apprenant a l obligation de r p ter et d acqu rir des habitudes En outre il a n cessairement besoin d un enseignant qui le fera travailler et lui donnera des r compenses D apr s les didacticiens et les chercheurs travaillant dans la perspective de la psychologie n o vygotskienne et de l apprentissage par les t ches l apprenant est consid r comme un acteur social poss
33. raction s int resse l alphab tisation de cette communaut de personnes dans un souci de les doter des savoirs intimement rattach s la lecture l criture et au calcul I Cadre m thodologique et quelques activit s informelles en C te d Ivoire Cette partie nous permet d exposer notre approche de collecte de donn es et d aborder quelques activit s informelles Elle est essentielle parce qu elle plante le d cor du travail et lui donne un certain int r t et une bonne lisibilit 1 1 Cadre m thodologique La validit scientifique d un travail toujours au centre de nombreuses discussions est qualitativement appr ci e d s lors qu une enqu te est men e Aka Adou 1984 non ant ces propos Le propre de la m thodologie est d aider comprendre au sens le plus large non les r sultats de la recherche scientifique mais le processus lui m me est certainement attach cette rigueur qui doit caract riser toute entreprise scientifique Dans le cadre de ce travail notre approche m thodologique repose sur le processus d enqu te 1 1 1 L enqu te L enqu te que nous avons men e s est d roul e Bouak en tant qu agglom ration consid r e autrefois comme la deuxi me importante ville de la C te d Ivoire C est une cit implant e dans le centre de ce pays qui s est pr value des attributs de localit carrefour en raison de ses intenses transactions commerciales Ahougnansou
34. s formes sont susceptibles d tre assimil es certaines lettres alphab tiques Pour r ussir cette tape essentielle de travail il est recommand de pr senter ces diff rents objets dans plusieurs positions et de les faire reconnaitre par les apprenants en les faisant reprendre soit au tableau soit dans leurs cahiers On peut exemplifier cette suite de travail comme suit sen Pilon d bout pilon couch pilon pench gauche pilon pench droite Y N 11 Calebasse pos e Calebasse renvers e 4 A Calebasse tourn e Calebasse tourn e vers la droite vers la gauche Lorsque le processus d acquisition des positions imag es est assorti de r sultats satisfaisants l alphab tiseur ordonne aux apprenants de r aliser des images graphiques qui peuvent se conformer aux id es sous tendant les probl mes soulev s lors des discussions et leurs solutions envisag es S agissant de l activit commerciale des l gumes les images graphiques produire par les participants doivent en principe tre constitu es des objets qui la caract risent Il s agira des images refl tant certains produits fruitiers gombo tomate carotte aubergine etc Par la suite on passera la phase proprement dite d alphab tisation 3 2 La phase proprement dite d alphab tisation La phase pratique ou v ritable d alphab tisation se repartit entre deux tapes sans lesquelles le projet d alphab tisation a de fortes cha
35. sant de l homme C est pourquoi il existe des officines l gales comme les pharmacies pour les acqu rir Mais cette exigence n est pas appliqu e par tous les pays parmi lesquels on peut citer la C te d Ivoire Dans ce pays les pharmacies se transposent dans les rues quand les m dicaments se trouvent souvent expos s m me le sol constat qui a t l origine de la d nomination pharmacie par terre A l vidence on peut affirmer que ce commerce non formel des m dicaments est tr s b n fique en termes d acquis financiers C est ce qui explique l engouement qu une partie significative de la population lui voue tendant la magnifier et reconna tre en elle une activit pourvoyeuse de revenus Fondamentalement il s agit d un commerce souvent ambulant c est dire que les m dicaments sont transport s par des jeunes filles ou des femmes dans des r cipients ou expos s en bordure des rues et des march s au m pris des conditions d hygi ne requises Le commerce des m dicaments hors des pharmacies est exerc par deux grandes cat gories f minines du pays La premi re cat gorie est originaire du nord ivoirien et la seconde provient des pays limitrophes tels que le Mali la Guin e le Burkina Faso et le Niger Les diff rentes populations soulign es sont dans l ensemble analphab tes A priori ce handicape devrait syst matiquement les loigner cette activit parce qu elles m connaissent d
36. tiellement l individu vendeur 2 2 3 a l substitut du d terminant Soit la phrase Aubergine a l c est combien Ces aubergines qui sont l sont combien ou Ces aubergines sont combien Dans cet nonc le pronom d monstratif a en tant que substitut du d terminant est plac apr s le nom pour lequel il est appel jouer ce r le Probablement l nonciateur surpris de la pr sence d une diversit de produits vivriers se devait d op rer un choix radical pour satisfaire ses besoins en termes d acquisition de l gumes Il manifeste la mat rialisation de cette pr occupation en postposant le pronom d monstratif a juste devant le nom formant avec l adverbe l un mon me entier visant indiquer d une mani re imm diate le produit acqu rir 2 2 4 Utilisation inappropri e du pronom personnel compl ment Les commer ants obnubil s par l activit commerciale c dent souvent la pression de la communication pour chercher d ventuels clients Pour faire admettre la qualit d un produit un client ils tablissent n cessairement un cadre d changes propice la discussion Dans ce contexte le commer ant non scolaris s emploie malgr lui s adresser son interlocuteur dans un langage fran ais non norm mais plus ou moins accessible du point de point de vue s mantique La phrase Attraper lui faut pas qu il va aller aussi J faut l at
37. tifi s en co t financier L criture des nombres pourrait imm diatement d couler du groupe ou du tas de produits constitu si on s amuse avec le comptage 1 tas 2 tas 3 tas 4 tas 5 tas d aubergines etc D s cet instant on peut se rendre compte de l esprit du calcul qui est manifeste et entamer de fa on instantan e l criture de certains chiffres Ainsi le nombre 1 peut s obtenir avec un b tonnet d bout au sommet duquel est solidement li un autre b tonnet pench gauche L criture du chiffre 2 provient de l image d une calebasse tourn e vers la gauche et li e vers le bas par un b tonnet pos Quant au nombre 3 il est r alis par la juxtaposition de deux moiti s de calebasses tourn es vers la gauche Par la suite on peut ais ment introduire le calcul en combinant plusieurs chiffres soit en les additionnant soit en les soustrayant A titre d exemplication on aura 1 tas 2 tas d aubergines 3 tas d aubergines 4 tas 2 tas d aubergines 2 tas d aubergines Ainsi de suite il est possible Les diff rentes lettres alphab tiques entre parenth ses repr sentent celles qui sont choisies pour r aliser les combinaisons syllabiques 13 d avoir plusieurs op rations de calcul qui sont susceptibles de renforcer le rendement des acteurs 3 2 4 Le renforcement de la syntaxe Par souci p dagogique nous estimons qu il est important de s int resser aux phrases dites simples pour acc
38. traper de peur qu il s en aille lui aussi s inscrit dans cet lan de pens e Dans cette phrase aucune loi grammaticale n est respect e m me si le locuteur du fran ais avertit est en mesure de comprendre le message v hicul Le pronom personnel compl ment indirect lui ne doit pas syst matiquement accompagner et venir juste apr s le verbe attraper En outre le morph me il dans sa fonction de pr nom sujet se doit de se rattacher intimement au morph me faut pour exprimer la contrainte ou l obligation tout comme ne est appel se lier indissociablement au pas l effet de traduire la n gation Plusieurs autres exemples expliquent le mauvais emploi des pronoms personnels compl ments On a Je la donne gari pour manger Je lui donne du gari pour manger et Faut lui laisser quand je vais lui gifler il va voir Z faut le laisser quand je vais le gifler il verra Dans la premi re production la place du pronom compl ment direct la le locuteur devra plut t utiliser l indirect lui pour se conformer la r gle normative grammaticale En ce qui concerne le second nonc le double usage de lui le rend incorrect vis vis du fran ais standard A l analyse il faut retenir que toutes ces productions linguistiques sont sous tendues par la seule volont des diff rents metteurs de discuter avec le client dans l espoir de le convaincre acheter leurs marchandis
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