eNJEUX Et si la Suisse romande pariait sur le CHÈQUE SCOLAIRE?
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1. cole mille vitesses recherche en ducation CSRE qu il dirige Aarau Que pensez vous de l action de Lobby Parents Cette association met le doigt sur un Dans quelques mois la section vaudoise de Lobby Parents lancera son initiative cantonale intitul e Oui la diversit et au choix de l cole pour tous Ce sera locca sion de mesurer quel point les Romands sont ouverts l id e du libre choix Il faut sortir de la logique d affrontement insiste Susanne Bergius Au lieu de passer de r forme scolaire en r forme scolaire en fonction de la couleur politique du mo ment pourquoi ne pas tenter une trol si me voie qui permettrait chacun d tre valoris dans son r le Susanne Bergius prend sa fille Salom 9 mois et la serre contre son corps Dans ses yeux une lueur d espoir Quand les parents les ensei gnants et les politiciens se seront enfin mis d accord nous aurons tous atteint notre objectif commun l panouissement de l enfant Et m me si cela prendra du temps se dit elle avec un peu de chance Salom verra peut tre ce jour probl me majeur celui du manque de comp tition au sein du syst me ducatif suisse Je suis en tout cas favorable ce qu il y ait un choix beaucoup plus prononc entre coles publiques Qu en est il des ch ques scolaires applica bles aux coles priv es En donnant plus d autonomie aux coles et en permettant le libre cho2. parent puisse scolariser ses enfants dans l tablissement de son choix gr ce au sys t me du ch que scolaire ou bon scolaire Jacques Dani lou pr sident de la Soci t p dagogique vaudoise prend la parole pour r pondre L cole n est pas juste un service que l on peut soumettre aux r gles du march Elle doit offrir les m mes chances de r ussite tous Susanne Bergius se saisit nouveau du micro L cole id ale dont vous parlez n existe pas Le syst me actuel est d j discriminatoire puisqu en cas de difficult s scolaires seuls les parents ais s peuvent se payer une cole priv e Le r sultat c est une soci t profond ment in galitaire 40 N 242 BILAN Elle ne convaincra pas les conf renciers ce soir La bataille en terre romande sera longue comme B le Campagne o apr s plusieurs ann es de travail intense Lobby Parents vient de faire aboutir une initiative populaire La votation aura lieu cet automne Ailleurs en Suisse notam ment dans le canton de Vaud des initiati ves similaires sont en train d tre labo r es Toutes ont le m me objectif abolir le monopole tatique sur l enseignement pu blic et introduire le libre choix pour les parents d l ves L id e est simple l Etat calcule un forfait par enfant et le verse chaque tablisse ment en fonction du nombre d l ves inscrits Toutes les coles sont log es la m me enseigne y compris
3. y A i i A IMMIGRATION Ces trangers qui dopent la croissance 44 Th ji LAS VEGAS Quand le jeu et le luxe d fient toute morosit 50 enq uete madid LURICH Les dessous chics de la Bahnhofstrasse 56 education F t t L id e du ch que scolaire L Etat verse un forfait SI I U Isse par enfant chaque tablissement en fonction du nombre d l ves inscrits Toutes les coles sont log es la m me enseigne y compris le priv s il ouvre ses portes tous sans frais d colage d iait Par Cyril Jost Alors que le canton de Vaud se d chire sur les r formes scolaires une association propose d introduire le libre o choix de l cole en Suisse Un d bat n cesssaire qui a D is ue Discr tement install e dans un coin du risque de ne pas avoir lieu petit caf th tre lausannois elle suit de puis une heure le d bat conf rence Sur sc ne quatre enseignants livrent leur vision de l cole Comment viser la performance sans exclure les plus faibles Quelles com p tences faut il privil gier Pour ou contre les notes La discussion rappelle les d bats qui ont enflamm Gen ve il n y a pas si longtemps Au moment des questions elle se l ve et demande le microphone Plu Ra LL Z LI Z 1 A lt v o LI Z lt gt S lt W A LL gt m O Z A Q gt lt Q N Be O BN O O Y O iZ U 0 W amp lt Z O a m X O Q LUI z gt
4. Professeur d conomie l Universit de Berne Stefan Wolter confirme Les tudes de l OCDE montrent que la probabilit pour qu un enfant de parents non universitaires fasse un jour des tudes est plus faible en Suisse que dans la plupart des autres pays indus trialis s Cette s gr gation qui se fait prin Depuis l chec d un projet lib ral il y a une dizaine d ann es plus personne n ose parler de ch que scolaire dans le canton Claudine Wyssa d put e lib rale vaudoise cipalement en fonction des lieux de domi cile serait probablement moins importante si les parents avaient la possibilit de choisir librement l cole de leurs enfants Lire aussi interview en page suivante Tout cela reste prouver estime Geor ges Pasquier pr sident du Syndicat des enseignants romands La priorit des en seionants reste l int gration la plus large possible Or avec le libre choix il y aura des coles litistes d un c t et des coles poubelles de l autre Faux r torquent les d fenseurs du ch que scolaire dans les pays o le libre choix a t introduit l exp rience a montr que 80 des pa rents continuent envoyer leurs enfants l cole la plus proche Mais la simple possibilit de changer d cole pour la minorit qui le souhaite contribue chan ger totalement la relation entre l cole et le reste de la soci t Revaloriser le m tier d enseignant Da
5. pr nons s insurge Susanne Bergius As sise pr s de la fen tre du modeste apparte ment qu elle occupe avec son mari et ses trois enfants dans un quartier populaire d Yverdon les Bains son regard s arr te sur les immeubles locatifs d en face Si par malheur l un des enfants de ce quar tier rencontre des difficult s scolaires il est mis l cart et a peu de chances de rebondir C est cette situation injuste que nous voulons changer Son propos sent le v cu mais Susanne Bergius ne veut pas en faire une affaire personnelle Oui son fils a n o ans a eu des probl mes l cole Apr s un passage peu concluant par le priv il a int gr l cole du quartier o les choses se passent moyennement bien Chaque enfant est diff rent et cer tains ont des besoins qui s cartent du mod le classique Le probl me de l cole unique propos e par l Etat c est qu il n y a qu une seule voie possible Cette situation cr e de nombreux drames et beaucoup de parents sont frustr s parce qu ils ont l impression que la responsabilit de l du cation des enfants leur chappe Un classeur apr s l autre vient attester du travail d j accompli par Lobby Parents depuis sa cr ation en 2002 Lettres aux politiciens argumentaires envoy s aux en seignants p titions r unions projections de films La liste des activit s d informa tion men es dans toute la Suisse depuis Le syst
6. ix l int rieur du syst me public nos coles deviendraient automatiquement plus performantes D un point de vue d conomiste il n y aurait alors pas forc ment besoin que l Etat fi nance les coles priv es Lobby Parents promeut galement le plu ralisme des approches p dagogiques C est un choix politique la population suisse est elle pr te soutenir un syst me qui permet chacun d envoyer gratuite ment ses enfants dans une cole qui correspond ses orientations p dagogiques ou id ologiques personnelles L Universit de Berne a effectu un sondage en mai 2007 qui montre que 64 des Suisses sont favorables au libre choix au sein du syst me public mais seulement 27 de la population soutiendrait un financement des coles priv es par l Etat E BILAN N 242 43
7. les coles priv es pour autant qu elles acceptent d ouvrir leurs portes tous sans deman der de frais d colage Les coles litaires comme le Rosey Rolle ou l Aiglon Villars ne seraient pas concern es En revanche les tablissements Rudolf Stei ner ou Montessori par exemple pour raient participer au syst me car le montant du ch que scolaire suffirait couvrir leurs charges Elles deviendraient ainsi de fait des coles parapubliques Avec ce m ca nisme les parents pourraient choisir un tablissement en fonction d un profil p dagogique et structurel ce qui cr erait une certaine mulation insiste Susanne Ber gius Cette dynamique renforcerait globa lement la qualit de l enseignement La crainte du d mant lement Cette proposition fait jaser dans les salles des ma tres Pour beaucoup le ch que scolaire est un cauchemar r p tition une vieille id e plusieurs fois voqu e et enter r e mais qui finit toujours par revenir sur le devant de la sc ne Le principe a t labor au d but des ann es 1980 par l conomiste Milton Friedman chantre des privatisations et p re spirituel du n olib ralisme On associe donc l id e du ch que scolaire au d mant lement d un syst me La perspective de voir l enseigne ment infiltr par la logique du libre change fait craindre une marchandisa tion de l cole Mais ce n est pas du tout ce que nous
8. lt 0 x O pi a m X O Z O mE lt gt O gt gt O Y 38 N 242 BILAN BILAN N 242 39 ENJEUX enqu te L id e du ch que scolaire gagne la Suisse romande ENJEUX enqu te Le ch que scolaire mode d emploi Le ch que scolaire est un forfait correspondant au prix moyen d un l ve l cole publique durant un an Pour le canton de Vaud ce sont quelque 11 000 francs au niveau de l cole primaire 15 000 francs au degr secondaire et 16 000 francs par an pour le secondaire sup rieur Selon le mod le propos par Lobby Parents cet argent serait vers chaque cole tatique ou priv e au prorata du nombre d l ves inscrits pour autant qu elle soit ouverte tous sans distinction ethnique religieuse ou financi re L Etat serait charg d autoriser ces coles de d finir les conditions cadres et de contr ler leur fonctionnement t t que de d battre sur la meilleure fa on de faire l cole pourquoi ne pas simplement laisser les parents choisir celle qui convient le mieux leur enfant La salle reste silencieuse on attend la suite Qui est cette femme dont l accent trahit des origines al maniques Elle se pr sente Je m ap pelle Susanne Bero us et je parle au nom de Lobby Parents Fr missements dans l assistance Cer tains ont d j entendu parler de cette organisation qui milite depuis plusieurs ann es en Suisse al manique pour que tout
9. me d ducation publique est comme tout syst me fond sur un monopole il devient complaisant et fragile Jacques Neirynck conseiller national PDC MONIKA FLUECKIGER D R lini il NI VAUN NUA i l A iii li Ni THIERRY PORCHET LI Iu LA LIN MUND a m Susanne Bergius de Lobby Parents Yverdon les Bains Au lieu de passer de r forme scolaire en r forme scolaire en fonction de la couleur politique du moment pourquoi ne pas tenter une troisi me voie qui permettrait chacun d tre valoris dans son r le quelques ann es est longue Et puisque l enseignement d pend des cantons il a fallu cr er des sections un peu partout L antenne vaudoise qui sert de t te de pont pour la Suisse romande a trouv sa place ici Entre un coin de bureau et quelques rayons de biblioth que les bro chures d information fra chement impri m es attendent d tre envoy es aux ensei gnants parents d l ves ou politiciens Un mot tabou Pour l instant une poign e de d put s et parlementaires se sont ralli s la cause de lassociation Jacques Neirynck par exem ple d clare soutenir la d marche sans r serve Le syst me d ducation publique est comme tout syst me fond sur un monopole il devient complaisant et fra gile estime le conseiller national PDC Pour certains l cole est un mythe intou chable mais personnellement je vois les choses plus froidement L cole est
10. ns les pays nordiques par exemple le m tier d enseignant jouit d une tout autre image qu en Suisse o le nombre de burn out atteste d une situation extr me ment tendue Gr ce au libre choix les enseignants deviennent de v ritables cr a teurs en p dagogie avec la possibilit d initier des projets rel ve Jean Daniel Nordmann directeur de l cole de la Ga randerie Lausanne et auteur de plusieurs livres sur le libre choix de l cole Mais il y a des craintes importantes parmi les ensei gnants Ils ont surtout peur d tre davan tage soumis au jugement des parents Georges Pasquier reconna t qu il y a un r flexe de d fense chez les enseignants Mais je les comprends enti rement dit il Il y a quelques d cennies ils avaient un FLORIAN CELLA EOL ENJAMIN ZURBRIGGEN D R m statut particulier ils taient les d tenteurs incontest s du savoir Je me bats tous les jours contre ce r flexe et pour que notre m tier volue avec son temps Je reste cependant convaincu que l cole doit rester l abri de toute logique marchande Sur ce point il semble r gner un large consensus De la gauche la droite du spectre politique m me si les conceptions sont diam tralement oppos es on s affirme fermement attach l cole r publicaine une et indivisible C est un principe intan gible d cr te Anne Catherine Lyon la conseill re d Etat socialiste en charge de la Forma
11. t scolaris s Par comparaison en Suisse les enfants en cole priv e repr sentent 5 du total 42 N 242 BILAN ser les bras estime le d put alors qu il faut continuer se battre pour que l cole publique soit la meilleure Mais le syst me scolaire suisse n est plus le meilleur depuis longtemps C est en tout cas ce qui ressort des enqu tes PISA qui depuis 2001 fournissent une photographie des performances scolaires des l ves de par le monde Dans ce classement la Suisse se situe dans la moyenne des pays de l OCDE ni plus ni moins C est une v ritable gifle quand on sait par ailleurs que la Suisse figure dans le trio de t te des pays qui d pensent le plus d argent par l ve Pour Susanne Bergius c est bien la preuve que la qualit de l ducation n est pas seulement une question de moyens PISA am ne de l eau au moulin L enqu te PISA 2006 r v le une autre caract ristique du syst me suisse l cart entre les r sultats des enfants issus de l immigration et ceux des l ves indig nes est tr s important La Finlande le Canada ou Hongkong trois pays qui figurent en t te du palmar s PISA int grent beaucoup mieux leurs minorit s que nous Le sys t me actuel ne fonctionne pas insiste Susanne Bergius On s vertue dire que l cole publique est garante d int gration alors qu en r alit ce n est vrai que pour une partie de la population
12. tion dans le canton de Vaud A Gen ve Jean Romain porte parole de l As sociation refaire l cole ARLE tient un discours similaire L cole est une institu tion pas un service o le client serait roi Elle se doit de garantir un m me enseigne ment fondamental sur tout un territoire Cette vision est partag e par de nombreux tefan Wolter se d finit comme un d fenseur du libre choix de l cole Interview d un conomiste qui par tage son temps entre l Universit de Berne o il enseigne l conomie de l ducation et le Centre suisse de coordination pour la passe pdr t la comp tition autres enseignants et politiciens Quelles que soient les vertus de la concurrence l cole repr senterait en quelque sorte le dernier creuset de coh sion face lindivi dualisme le seul garant du contrat social qui nous lie tous L Eglise et l arm e ont d j entam leur sombre p riple vers l insi gnifiance alors sauvons au moins l cole Sortir d une logique d affrontement Pour les d fenseurs du libre choix ce discours rel ve du mythe Aujourd hui on se retrouve avec des classes 25 l ves de 25 origines diff rentes et certains veu lent encore faire croire l homog n it dit Jean Daniel Nordmann Or l galit c est de donner chaque l ve ce dont il a besoin et non pas la m me chose tout le monde Je refuse l cole deux vitesses je veux l
13. une machine apprendre Au Grand Conseil vaudois une motion d pos e par la lib rale Claudine Wyssa en novembre dernier demande au Conseil d Etat d offrir plus de libert dans le choix de l cole Mais elle ne va pas jusqu proposer comme le fait Lobby Parents l introduction du ch que scolaire C est une id e tabou explique la d put e De puis l chec d un projet lib ral qui allait dans ce sens il y a une dizaine d ann es plus personne n ose parler de ch que scolaire dans le canton Pourtant avoue t elle de nombreux lib raux ne seraient pas forc ment contre le principe Ce n est simplement pas le bon moment Une autre raison explique pourquoi le ch que scolaire suscite peu d enthou siasme de ce c t de la Sarine de nom breuses coles priv es particuli rement en Suisse romande ont la r putation d tre r serv es aux gosses de riches ayant chou dans le public Jacques Andr Haury qui si ge sous la banni re Vert li b rale au Grand Conseil vaudois ne s en cache pas il a lui m me cette image ancr e dans sa t te Quand j tais coll gien l cole publique tait la voie royale tandis que ceux qui rataient leur cursus allaient en cole priv e Adversaire histo rique EVM la r forme scolaire socio constructiviste de la fin des ann es 1990 Jacques Andr Haury soutient aujourd hui une autre initiative Ecole 2010 qui pr ne le retour au
14. x notes tous les degr s Permettre le libre choix ce serait bais gt BILAN N 242 41 ENJEUX wW enqu te L id e du ch que scolaire gagne la Suisse romande ENJEUX enqu te Les pays qui connaissent d j le libre choix FINLANDE Championne des classements PISA la Finlande compte environ 60 coles priv es autoris es par l Etat et enti rement financ es par lui Toutes les prestations de l cole publique doivent galement tre offertes par ces coles priv es Au sein du syst me public le libre choix des coles est garanti SU DE En 1993 la Su de a introduit le principe du ch que scolaire Les parents peuvent opter pour une ecole publigue de leur propre municipalit celle d une autre municipalit ou une cole ind pendante fond e sur un projet p dagogique sp cifique Fortement combattu par la gauche au d part le syst me fait d sormais l objet d un large consensus DANEMARK Tout groupe de familles totalisant au moins 28 enfants peut ouvrir une ecole but non lucratif et demander une subvention qui couvre 80 85 des frais de fonctionnement Le reste environ 2000 francs par an et par l ve est couvert par les parents L Etat exerce une fonction de contr le notamment sur l organisation administrative et le concept p dagogique des coles Actuellement le Danemark compte quelque 500 tablissements ind pendants o 13 des coliers son
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