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comment questionner les violences subies

1. Spira A Bajos N et groupe ACSF 1993 Les comportements sexuels en France Paris la Documentation fran aise Welzer Lang D sous la direction de 2000 Nouvelles approches des hommes et du masculin Toulouse Presses universitaires du Mirail 376 p Zauberman R Robert P Perez Diaz C L vy R 1990 Les victimes comportements et attitudes Enqu te nationale de victimation CESDIP D viance et contr le social n 52 vol 1 vol 2 annexes 29
2. la date de l enqu te font l objet d une interrogation auto administr e par ordinateur C est ce nouveau dispositif d enqu te qui permet d obtenir dans le rapport 2008 de POND des r sultats qui cumulent les donn es des enqu tes CVS 2007 et 2008 Ce sont ainsi les faits de violences que d clarent avoir subi 22 000 personnes g es de 18 60 ans sur les ann es 2006 et 2007 qui peuvent tre analys s dans des conditions m thodologiques plus satisfaisantes que jamais auparavant dans une enqu te de victimation en France la fois du fait de la taille de l chantillon mobilis et des meilleures conditions de passation du questionnaire Tout en restant part enti re des enqu tes de victimation ce titre fondamentalement appuy es sur les d finitions norm es de ce qui constitue un crime ou un d lit les r centes enqu tes Cadre de vie et s curit affinent les m thodes et permettent de produire des r sultats jusque l inaccessibles par ce dispositif statistique en mati re de violences conjugales ou exerc es dans la sph re domestique 1 5 D autres l ments de comparaison Contexte de la sexualit en France et le Barom tre sant La progression des connaissances statistiques dans le domaine des violences ces derni res ann es provient galement de sources qui n en font pas leur objet premier mais qui int grent les violences interpersonnelles certaines d entre elles en tout cas au propos plus large
3. un ou plusieurs agresseurs sur leur s victime s la violence est par cons quent plac e dans un registre tr s diff rent de celui des enqu tes de victimation loin des cat gories de crime ou de d lit Mais EVS se diff rencie toutefois plus largement de l ENVEFF que par le seul fait qu elle interroge des femmes et des hommes Plusieurs aspects de contenu ou de m thode lui donnent en effet un profil sp cifique L tendue des violences int gr es part enti re dans le questionnaire d EVS est tout d abord plus grande que celle que couvre l ENVEFF Ici en effet les atteintes aux biens m me non associ es des atteintes directement perp tr es sur les victimes font aussi partie des th mes d analyse L hypoth se ex ante tait de pousser jusqu au bout la notion d atteinte l int grit de la personne Il s agissait en tout cas de pouvoir tester si m me en l absence d agression imm diatement 16 On ne revient pas sur des aspects qui seraient ici hors sujet mais qui concourent la qualit des donn es de l ENVEFF liste de num ros de t l phone incluant des num ros en liste rouge suivi quotidien assur par l quipe de recherche autour des conditions de passation par l quipe d enqu trices 17 L enqu te EVS rassemble les r ponses donn es par 10 000 personnes hommes et femmes g s de 18 75 ans et r sidant en France en m nages ordinaires Le protocole de collecte pr voit un entret
4. 2000 R sultats volume 2 2001 p 191 204 Mucchielli L 2005 D linquances et violences Cahiers fran ais La documentation fran aise n 326 mai juin p 59 63 28 Observatoire national de la d linquance 2008 La criminalit en France Rapport de l Observatoire national de la d linquance 2008 Paris CNRS Editions 765 p Observatoire national de la d linquance 2007 La criminalit en France Rapport de l Observatoire national de la d linquance Paris CNRS ditions 573 p Observatoire national de la d linquance 2005 1er rapport annuel mars 578 p Rizk C Bo J 2006 Les r sultats de l enqu te de victimation 2006 gt Grand Angle Bulletin de l Observatoire national de la d linquance n 10 d cembre 10 p et annexe m thodologique D veloppements Robert P Zauberman R Pottier M L Lagrange H 1999 Mesurer le crime Entre statistiques de police et enqu tes de victimation 1985 1995 Revue fran aise de sociologie XL 2 p 255 294 Roch S 2000 1 Enqu te sur la d linquance auto d clar e des jeunes CERAT I E P Grenoble juin 116 p annexes Roch S 2000 2 Les facteurs de la d linquance des jeunes analyse partir d une enqu te de d linquance auto d clar e Les Cahiers de la S curit int rieure n 42 4 me trimestre p 37 61 Roch S 2000 3 La d linquance des jeunes Les 13 19 racontent leurs d lits Paris Seuil 320 p
5. Il se propose plut t comme un bilan d tape tape parce que plusieurs des hypoth ses ou des conclusions auxquelles il parvient sont en effet encore suspendues aux d veloppements futurs de l analyse statistique des violences en France ou ailleurs Bilan toutefois parce qu apr s presque une d cennie de production de donn es nouvelles sur le sujet l heure est venue de rechercher affiner la pertinence des outils si d pendants des m thodes utilis es Lorsque l on compare les sources leurs r sultats et leurs conditions de production le sujet violences r put sensible se pr te particuli rement bien cette analyse de la d pendance des r sultats aux moyens qui ont t mis en uvre pour les produire Mais en d finitive il permet simplement de soulever de mani re aigu des questions qui se posent propos de toutes comparaisons de sources statistiques Bibliographie Aubusson B Lalam N Padieu R Zamora P 2002 Les statistiques de la d linquance INSEE France portrait social 2002 2003 p 141 158 Bajos N Bozon M 2008 1 Enqu te sur la sexualit en France Pratiques genre et sant ditions La D couverte p 381 407 Bajos N Bozon M 2008 2 Les violences sexuelles en France quand la parole se lib re Population amp Soci t s n 445 mai 4 p Bart O 2007 Analyse du comportement des r pondants lors de la collecte du questionnaire auto administr de l
6. capitul par Marcela lacub et Herv le Bras l indice global de violence conjugale est d fini comme avoir subi du harc lement moral ou des insultes r p t es ou du chantage affectif ou des violences physiques et sexuelles II met par exemple sur le m me pied le cas o une fois au cours d une dispute le conjoint a exig de savoir avec qui vous tiez n a pas tenu compte de vos opinions et a fait des remarques d sagr ables sur votre apparence physique et o plusieurs fois il a critiqu ce que vous faisiez ce qui d finit un harc lement moral pour les auteurs de l enqu te avec les cas o le conjoint vous a bris la m choire et cinq dents d un coup de point rageur L o selon eux il y a amalgame fronti res brouill es confusions indues c est notamment dans le fait d additionner comme des quantit s homog nes les uns aux autres des faits qui concernent la r alit physique objectivable mesurable et d autres qui rel vent du domaine psychologique incommensurable laune de quelque chelle que ce soit Une violence physique se constate directement On a un bras cass ou une balle de 7 65 mm dans le lobe temporal mais que l on ressente un choc la vue d un homme en train de se d shabiller ou d une image pornographique n est pas d montrable ni quantifiable Les l ments psychologiques ne sont des faits qu indirectement La critique des indicateurs globaux calcul
7. es en aval un moment o les 24 dans un tel cadre sit t pass l introduction qui explique les raisons et les r gles de cette confidentialit accrue intercaler des questions d opinion au sujet de la d linquance et de la politique qui s efforce de la combattre Le passage introductif du questionnaire de CVS 2007 Nous allons aborder maintenant des faits dont vous avez pu tre victime au cours des deux derni res ann es et dont il peut tre difficile de parler devant un enqu teur ou m me devant un membre de votre famille C est pourquoi ces questions vous sont pos es directement par casque L enqu teur ou l enqu trice qui est venu e chez vous ne pourra aucun moment consulter les r ponses que vous aurez pu nous donner Ces informations resteront confidentielles Elles ne serviront qu mieux comprendre qui peut tre victime de violence et envisager de nouvelles mesures pour r soudre ces probl mes C est pourquoi il est tr s important que vous puissiez r pondre en toute sinc rit est suivi de R pondez aux questions suivantes en disant si vous tes tout fait d accord plut t d accord plut t pas d accord ou pas du tout d accord Diriez vous que lutte contre la d linquance sexuelle doit tre une priorit des pouvoirs publics 1 Tout fait d accord Diriez vous que la lutte contre la d linquance sexuelle est particuli rement difficile car les victimes h si
8. gitimement tre qualifi s de violents ce n est en tout cas pas parce que les questionnaires de ces enqu tes nous le disent explicitement Pour r sumer ce que l on doit s attendre trouver dans les informations que nous procurent les enqu tes de victimation relisons ce qu en retiennent quelques uns de leurs premiers artisans en France On aura beau faire l enqu te de victimation et la statistique administrative ne constituent pas deux mesures de la m me chose il s agit de comptages op r s aupr s d acteurs diff rents situ s des moments diff rents et soumis des logiques d action qui ne co ncident pas C est d ailleurs ce qui donne valeur leur confrontation mais il ne faut pas les prendre pour deux comptables refaisant chacun de son c t la m me caisse Il s agit donc de disposer de deux sources bien distinctes qui permettent de r aliser des comptages deux endroits diff rents Mais c est bien du comptage des m mes faits d finis dans les m mes termes atteintes aux biens atteintes aux personnes partag s entre crimes et d lits qu il est question particip la France en 1999 et 2003 Sur ESPAD 2003 voir notamment Beck F Godeau E Legleye S Spilka S 2007 et Choquet M Beck F Hassler C Spilka S Morin D Legleye S 2004 5 Derni re dition en date Beck F Guilbert P Gautier A sous la direction de 2007 Roch S 2000 1 2 et 3 Pour les a
9. que les similitudes lorsqu il y en a qui existent entre tous ces r sultats La d marche propos e ici consiste autrement dit formuler des hypoth ses explicatives des discordances apparentes ou r elles que l on peut aujourd hui constater entre les sources statistiques fran aises r centes Ce bilan m thodologique constitue un effort de capitalisation des connaissances r cemment produites une synth se des exp riences statistiques fran aises dans le domaine des violences un moment o le m me effort de comparaison et de synth se anime des quipes de chercheurs europ ens dans la perspective de possibles harmonisations des outils de mesure N B dans l ensemble de la pr sentation qui suit par enqu tes de victimation on entendra toujours les enqu tes traditionnelles du genre savoir celles qui en France sont conduites en conformit ou en r f rence l tat 4001 voir ci dessous Ce sont les enqu tes qui puisent leur source d inspiration dans les enqu tes anglophones pionni res National Crime Survey ou National Crime Victimization Survey NCS ou NCVS aux Etats Unis depuis 1972 British Crime Survey BCS en Angleterre en Ecosse et au Pays de Galles puis Angleterre et Pays de Galles depuis 1982 D autres enqu tes dont il est question ici sont plusieurs gards aussi des enqu tes de victimation au sens o elles reposent notamment sur un questionnaire d taillant d
10. s partir des donn es de l ENVEFF consiste galement d plorer surtout propos de l indice global de harc lement sexuel dans l article dont nous rendons compte que les faits additionn s les uns avec les autres m langent des degr s de gravit beaucoup trop divers le plus grave c toie l anodin tous les deux sont somm s et c est ainsi que par un raccourci saisissant ce qui n est peut tre qu une tentative amoureuse maladroite est transform e en une s ance contrainte dans un sex shop C est la notion de continuum entre les violences auxquelles sont expos es les femmes d velopp e par l quipe de l ENVEFF qui est vis e par cette attaque Il faut mettre en perspective cette charge contre l ENVEFF pour y voir plus clair sur la question de savoir si oui non quelles conditions et pour y agglom rer quels r sultats on peut s autoriser proposer des mesures de facture la fois complexe et tr s synth tique 3 Jacub M Le Bras H art cit p 120 D tail ici mais une remarque toutefois la pr cision au cours d une dispute dans ce passage est de trop elle d forme le questionnaire de l E NVEFF qui a fait l effort d identifier l existence des disputes de leurs th mes et de leur fr quence avant de passer aux questions sur les violences pour viter au maximum les confusions dont les enqu t es pourraient tre la proie en la mati re La d claration de ce que l ENVEFF d finit e
11. Ce choix de contextualiser l interrogation en l ins rant syst matiquement dans des sph res conduit l ENVEFF ne pas raisonner dans le d roulement de son questionnaire mais aussi en cons quence dans l exploitation de ses donn es par type de violence Il se justifie selon ses auteurs par l efficacit de la mise en situation de l enqu t e de cette mani re de proc der Pour tre le plus pr s possible de la description mat rielle des actes violents d clar s pour aider aussi une rem moration plus ais e de situations v cues le cheminement est donc sociospatial Les auteurs de l ENVEFF ont exprim l issue de l enqu te la satisfaction d avoir choisi ce mode d interrogation La pr sentation de cette m thode de questionnement appelle plusieurs remarques pour essayer de trancher dans plusieurs domaines oui ou non une telle contextualisation du questionnement sur l occurrence des violences est elle souhaitable quel point vaut elle la peine d tre d velopp e Dispose t on de mesures indiquant l ampleur des effets possibles d une telle m thode Tout d abord l quipe de l ENVEFF montre dans ses r sultats qu une division l extr me des sph res que lon se propose d explorer n est pas optimale Ainsi le module consultations et domicile est apparu inutile sph re d finie a priori comme terrain d investigation ce champ s est av r non pertinent Les questions y sont apparue
12. EVS n a pas eu la possibilit pour des raisons juridiques trop contraignantes pour le r seau d enqu teurs de l INSEE en 2005 2006 de poser explicitement la question de l identit de l agresseur conjoint ou ex conjoint en l occurrence Dans l exploitation des donn es d EVS il est donc possible de faire des hypoth ses sur le fait que certaines violences semblent troitement corr l es la vie de couple mais parler formellement de violences conjugales partir de cette enqu te est impossible 37 Id p 120 S Jaspard M et al 2003 2 39 Id p 188 lacub M Le Bras H art cit p 122 Dans EVS les auteurs de violences ne sont pas nomm ment d sign s mais identifi s comme faisant partie de groupes de personnes famille proches personnes travaillant ou faisant leurs tudes sur le m me lieu que la victime voisins autres personnes connues Sur des notions comme celle du continuum des violences les pr cisions apport es au fil du d bat ont pu claircir des points qui restaient peut tre trop peu explicites au d part dans la pr sentation des r sultats de l enqu te sur les violences faites aux femmes N anmoins on ne peut pas esp rer que la complexit des notions et des indicateurs construits dans l ENVEFF pour restituer la r alit statistique des violences conjugales puisse tre int gr e avec pr cision dans l information diffus e au public et en m me temps vulgaris e par cette la
13. Etat de sant des femmes en France la Documentation fran aise para tre Cavalin C 2009 Les violences sexuelles mesures et d bats in Danet S Moisy M tat de sant des femmes en France la Documentation fran aise para tre Cavalin C 2008 v nements de vie et sant principes et m thodes in P Guilbert D Haziza A Ruiz Gazen Y Till dir M thodes de sondage Actes du colloque francophone sur les sondages 2007 Soci t fran aise de statistique Paris Dunod p 108 112 Cavalin C 2007 Les violences subies par les personnes g es de 18 75 ans Premiers r sultats de l enqu te Ev nements de vie et sant 1 2 DREES Etudes et r sultats n 598 septembre 8 p Choquet M Beck F Hassler C Spilka S Morin D Legleye S 2004 Les substances psychoactives chez les coll giens et lyc ens consommations en 2003 et volutions depuis dix ans Tendances n 35 6 p Choquet M Ledoux S 1994 Adolescents enqu te nationale Paris ditions INSERM collection Analyses et prospective 346 p Debauche A 2007 Enqu ter sur le viol entre sexualit et violence in Chetcuti N Jaspard M dir Violences envers les femmes Trois pas en avant deux pas en arri re Paris L Harmattan p 75 93 Dejours C 1998 Souffrance en France la banalisation de l injustice sociale Paris Seuil 197 p Durkheim Les r gles de la m thode sociologiq
14. conclure que l ENVEFF recueille des donn es purement subjectives l o les enqu tes de victimation nous proposent de mesurer objectivement les violences subies en population g n rale Ainsi d crit l cart entre ces sources est caricatural ou m me erron et ce pour deux raisons au moins Comme une enqu te de victimation l ENVEFF est d clarative dans les deux cas l outil permet de recueillir les faits dont d clarent avoir t victimes les enqu t s Se d clarer victime d un acte violent cela signifie r pondre positivement l une des questions Au cours de p riode de r f rence avez vous subi libell utilis dans l enqu te pour qualifier l atteinte concern e cet gard il est donc tout autant subjectif de se d crire comme victime dans l une ou l autre de ces enqu tes puisque l enqu t e sans contr le ext rieur d termine de fa on autonome la nature de sa r ponse Que les r ponses aient un caract re d claratif et subjectif ne signifie pas que celles ci soient totalement h t rog nes d un r pondant l autre En effet si subjectivit il y a celle ci existe dans toute enqu te d clarative et doit tre trait e dans la construction du questionnaire par un effort de clart des questions pas trop longues exprim es dans un vocabulaire simple avec si besoin une aide la r ponse plus celles ci sont explicites dans leur libell meilleures sont l
15. conjugales reprise de Jaspard M et al 2003 1 p 64 jugement sur la gravit en soi de tel ou tel acte la prise en compte de la r p tition de ceux ci qu ils soient ou non de m me nature L indicateur vaut 0 o pour les femmes qui ont r pondu non aux vingt deux questions portant sur l occurrence des atteintes o et pour celles qui ont rapport avoir t insult es moins de quatre fois o et pour celles qui d clarent avoir subi des atteintes psychologiques rarement o au plus trois de ces atteintes quelquefois Il vaut 1 o pour les femmes qui d clarent plus de trois atteintes d ordre psychologique subies quelquefois o et pour celles qui rapportent avoir t confront es souvent ou syst matiquement une ou plusieurs de ces m mes atteintes o et pour celles qui signalent des insultes ou des injures en quatre occasions ou plus o et enfin pour les femmes victimes d une seule violence physique ou sexuelle chacun de ces crit res l exclusive des autres Il vaut 2 pour les enqu t es qui cumulent deux conditions donnant au score la valeur 1 L indicateur enfin est gal 3 pour les femmes qui cumulent plus de deux de ces conditions Les auteurs d signent ensuite de grave le degr d exposition aux violences conjugales des femmes qui atteignent un r sultat de 1 et de tr s grave celui qui correspond un r sultat de 2 ou 3 R
16. d alouette et de cheval autrement dit de l amalgame Les indicateurs synth tiques vis s que tentent de d construire les auteurs sont l indice global de harc lement sexuel dans l espace public la d finition du harc lement moral dans le couple et l indice global de violence conjugale Reprenons la construction de ce dernier pour r fl chir la pertinence et aux limites du degr d agr gation des r sultats lorsqu on cherche saisir la complexit du ph nom ne violences conjugales L indicateur global de violences conjugales synth tise les r ponses aux vingt deux questions sur les actes de violence conjugale subis au cours des douze mois pr c dant l enqu te L id e est de produire une chelle un score qui mesure les violences d clar es par les femmes victimes de leurs conjoint e s en se fondant sur la prise en compte des cumuls d atteintes de natures diff rentes et de la fr quence de chacune de celles ci Un effort particulier consiste privil gier un lacub M Le Bras H 2003 31 Jd p 112 et 114 32 Id p 118 119 pour ce dernier aspect 33 id p 114 et 117 Cet amalgame est peu peu pr cis au fil de l article et r side au moins trois niveaux pour les auteurs confusion des mots et des choses confusion des violences physiques et des violences psychiques confusion entre la sexualit et la violence Pr sentation de l indicateur global de violences
17. de 18 75 ans r sidant en m nage ordinaire ont d clar avoir subi des d nigrements des critiques injustes propos de leur apparence de leurs id es ou de leurs actes Champ 18 75 ans r sidant en m nage ordinaire Source EVS DREES 2005 2006 Il serait ais de formuler de nombreuses autres questions encore et de savoir par avance que le r sultat agr g de 27 se trouverait hauss du fait du simple ajout des questions Rien ne permet de dire cat goriquement o se situe le juste quilibre entre des questions trop synth tiques allusives implicites charg es potentiellement de polys mie pour des publics diff rents et un luxe de d tails concrets qui deviendrait excessif C est donc sur l interpr tation analytique des r sultats qu il faut faire porter la r flexion et tre vigilant lorsque l on compare les enqu tes 2 Pour le d tail des taux de victimation cat gorie par cat gorie au sein des violences de type psychologique voir Cavalin C 2007 p 4 2 2 3 Agr ger les r sultats faux proc s et vrais d bats oui mais avec un mode d emploi tr s lisible Il tait d j question d agr gation des r sultats propos des violences psychologiques trait es ci dessus La question pos e tait de savoir quel point l on peut s autoriser diviser en cat gories fines un ph nom ne que l on cherche mesurer In fine c est bien ce ph nom ne l con u comme un tout les
18. de leur analyse 2 Proc d audio CASI avec possible interrogation dans une autre langue que le fran ais pour les personnes ne le comprenant pas avec une aisance suffisante arabe turc et allemand dans l enqu te de janvier 2007 C est ainsi que le Barom tre sant ou Contexte de la sexualit en France CSF r dition en 2005 2006 de l enqu te Analyse du comportement sexuel des Fran ais ACSF procurent galement mati re comparaisons Sans entrer ici dans une pr sentation d taill e de ces enqu tes il importe de rendre compte de la mani re dont les violences y trouvent leur place Nous cherchons mettre en perspective les r sultats produits par les diff rentes sources aussi n est ce que sous un angle forc ment restreint que nous parlerons de ces deux enqu tes d autant plus restreint que leur objet central r side ailleurs que dans le sujet violences L objet des ditions successives des Barom tres sant est de cerner les connaissances et les comportements en mati re de sant des personnes de 12 75 ans r sidant en France La probl matique est donc bien plus large et orient e en accord avec la vocation de l Institut national de pr vention et d ducation pour la sant INPES responsable de cette enqu te vers la pr vention sanitaire Dans ce cadre et si l on en croit l introduction au sujet propos e par Hugues Lagrange dans l avant derni re dition du Barom tre les violences sont trait
19. enqu te Ev nements de vie et sant M moire professionnel Formation continue dipl mante des attach s ENSAI ao t 87 p Beck F Guilbert P 2007 Gautier A sous la direction de Barom tre sant 2005 Saint Denis ditions INPES 593 p Beck F Godeau E Legleye S Spilka S 2007 Les usages de drogues des plus jeunes adolescents donn es pid miologiques M decine science 23 12 p 1162 1168 Bourdieu P 2002 La domination masculine Paris ditions du Seuil dition augment e d une pr face 182 p Cavalin C 2009 Etre victime de violences et en mauvaise sant est associ des v nements difficiles travers s au cours de la vie R sultats de l enqu te Ev nements de vie et sant 2 2 DREES Etudes et r sultats para tre 57 Une analyse globale du fonctionnement du questionnaire auto administr d EVS et du comportement des r pondants ce questionnaire a t produite par Bart O 2007 27 Cavalin C 2009 Les violences au sein de la famille et entre proches en France les femmes plus touch es que les hommes M thode d enqu te et r sultats Sant soci t et solidarit Revue de l observatoire franco qu b cois de la sant et de la solidarit para tre Cavalin C 2009 Violences subies probl mes de sant et v nements difficiles v cus au cours de la vie situation compar e des femmes et des hommes in Danet S Moisy M
20. es la consommation de tabac d alcool et de drogues illicites et le domaine de la sant mentale est trait essentiellement travers le questionnaire standardis GHQ 12 General Health Questionnaire version en 12 questions L encore par rapport aux enqu tes de victimation l ENVEFF introduit une nouveaut radicale par nature non int ress es aux questions de sant ces derni res ne d veloppent en effet ce qui a trait la sant des personnes qu en termes de rapports directs avec leur statut de victimes arr ts de travail incapacit s totales de travail blessures consultations ou hospitalisations cons cutives aux violences subies En explorant plus largement le domaine de la sant l ENVEFF permet de traiter celle ci en tant que contexte des violences et de s interroger partir de corr lations statistiques entre violences subies et tat de sant sur les possibles relations de causes effets entre les deux dimensions 1 3 Les relations entre violences subies et tat de sant des femmes et des hommes dans le contexte des v nements difficiles v cus l apport d Ev nements de vie et sant EVS L ENVEFF limitait son propos aux violences exerc es sur la population f minine consid r es comme objet prioritaire lorsque le champ explorer tait pour ainsi dire vierge de connaissances Quelques ann es plus tard et forte justement des jalons pos s par l ENVEFF l enqu te Ev nements de vie et san
21. est sans doute principalement parce que CVS a recueilli les informations sur les violences sexuelles de mani re tr s confidentielle sur l ordinateur des enqu teurs qui n taient donc pas d positaires des r ponses alors qu EVS a dans un premier temps collect celles ci lors d un entretien en face face donn es individuelles entretien en face face partie auto administr e ont t anonymis es par destruction des variables identifiantes 25 avec un enqu teur il est plus difficile de dire les faits m me une personne astreinte la confidentialit que de cocher des r ponses sans t moin Anticipant ces limites l enqu te EVS avait tent de les pallier en introduisant ce sujet une question de rattrapage dans la partie auto administr e par ordinateur de son questionnaire aux enqu t s ayant d abord d clar en face face n avoir jamais subi d attouchements tentatives ou rapports sexuels forc s a t pos e nouveau la m me question en mode auto administr qui permettait ceux qui n avaient pas souhait en parler devant un enqu teur ou en pr sence d une personne du m nage de d clarer ces v nements de fa on plus prot g e Cela n a visiblement pas suffi Mais le fait qu un quart des personnes ayant d clar ce type de victimation r cente 24 derniers mois dans EVS l ait fait l occasion de cette question plaide comme le r sultat de CVS en faveur de la m
22. la l gitimit produire des indicateurs tr s synth tiques un tout autre niveau de d bat la conduite de l enqu te Cadre de vie et s curit sous la forme qu elle a prise depuis janvier 2007 ouvre la r flexion sur les progr s et les limites des outils qui permettent aujourd hui de conna tre les violences conjugales ou plus largement celles qui sont exerc es dans la sph re domestique Le passage qui suit permet de d velopper successivement ces deux aspects de l analyse le second beaucoup plus rapidement Sur le fond Marcela lacub et Herv le Bras s opposent frontalement et globalement aux m thodes et aux r sultats de l ENVEFF On peut se contenter de r sumer ici le n ud du conflit en rappelant que les deux auteurs reprochent l ENVEFF de d velopper une forme de f minisme victimiste reposant sur des postulats de philosophie politique tr s contestables En dernier ressort le profond d saccord qu ils expriment r side dans le sens donner aux rapports sociaux de sexe mais aussi pour tout travail en sciences sociales dans la l gitimit se poser comme producteur de normes ou comme contributeur possible la production de normes nouvelles juridiques en l occurrence Ces conclusions de radical d saccord sont construites en particulier partir d une critique plus ponctuelle de la mani re dont l ENVEFF adopte trop volontiers dans les agr gats propos s la recette bien connue du p t
23. la sous d claration des agressions sexuelles que les enqu t s dissimulent d lib r ment les situations qu ils ont v cues ou op rent un tri moins conscient parmi les v nements difficiles de leur vie Pour limiter cet effet d omission l id e est de favoriser du mieux possible la confiance et le dialogue par des moyens pratiques et symboliques mis en uvre dans les m thodes de collecte Pour illustrer l influence du protocole de collecte sur les r sultats comparons en premier lieu les pourcentages de femmes ayant subi des violences sexuelles d apr s les enqu tes CVS et EVS D apr s CVS r alis e en 2007 2 des femmes de 18 60 ans d clarent avoir t victimes d attouchements ou de rapports sexuels forc s et d apr s EVS 2005 2006 0 6 des femmes du m me champ ont t victimes d attouchements de rapports sexuels forc s ou de tentatives Ces deux chiffres portent sur des p riodes de m me dur e violences subies au cours des deux derni res ann es Malgr ces similitudes les r sultats diff rent nettement et surtout le chiffre le plus faible est celui qui recouvre a priori le plus de faits puisqu EVS inclut aussi les tentatives de rapports forc s non pris en compte dans le 2 de CVS Les diff rences sont donc surtout analyser au travers des diff rences de modes de collecte des informations Si le taux de victimation obtenu dans CVS est nettement plus lev que celui qu affiche EVS c
24. partition en des r ponses positives entre hommes et femmes parmi les victimes d attouchements rapports sexuels forc s ou tentatives subis au cours de la vie enti re moins les 24 derniers mois selon que la r ponse est donn e en face face ou que l on comptabilise r ponses en face face et auto administr es Hommes Femmes Ensemble R ponses positives 13 87 100 donn es de vive voix l enqu teur R ponses positives 21 79 100 donn es de vive voix l enqu teur ou en mode auto administr par ordinateur Lecture interrog s en face face sur les attouchements rapports sexuels forc s ou tentatives subis au cours de leur vie l exclusion des 24 mois pr c dant l enqu te les victimes g es de 18 75 ans se r partissent entre les hommes pour 13 et les femmes pour 87 Champ victimes de ces violences sur toute la p riode de la vie ant rieure aux 24 mois pr c dant l enqu te Source EVS DREES 2005 2006 L hypoth se est souvent mise selon laquelle la difficult universelle des victimes de violences sexuelles parler des agressions subies serait particuli rement grande pour les hommes Peut tre plus encore donc que pour les femmes Le r sultat contenu dans ce tableau peut tre interpr t en 54 Les cas o l enqu t e n tait pas seul e c est dire o un moment ou un autre pour une dur e plus ou moins longue une autre personne que l
25. pionniers fournis par le CESDIP depuis le milieu des ann es 1980 d autres avanc es importantes prennent donc place ces derni res ann es gr ce aux initiatives prises par l OND La possibilit de rep rer directement les actes de violence physique et sexuelle commis entre conjoints fournit elle donc avec CVS d sormais la source id ale qui permettrait de cerner la r alit complexe des violences conjugales d clar es tant par les hommes que par les femmes adopter le postulat de Marcela lacub et Herv le Bras propos de l incommensurabilit des atteintes de nature psychologique on serait tent de r pondre par l affirmative Si toutefois on s accorde penser qu il n est pas impossible de faire objectiver une r alit v cue par des d clarations qui quoi qu on y fasse restent subjectives il manque encore la veine traditionnelle des enqu tes de victimation de procurer des donn es en mati re de violences psychologiques Il n entre pas dans la vocation naturelle de ces enqu tes cal es sur les cat gories de crimes et de d lits rappelons le d explorer ce type de domaine Mais dans la perspective d analyse qui est celle des auteurs de l ENVEFF l exploration des violences conjugales en se limitant aux dimensions physique et sexuelle des atteintes port es entre conjoints est incompl te partir des donn es de CVS L encore donc tout r side dans la clart du mode d emploi ne pas interpr ter les
26. plus souvent victimes que les femmes de violences physiques en dehors du m nage les agressions physiques au sein de celui ci touchent plus souvent les femmes Puisque plusieurs modifications sont intervenues concomitamment il est impossible de tester dans cette modification des r sultats le pur effet de la contextualisation des questions situ es intra m nage ou hors m nage On peut quand m me penser que la pr cision donn e aux enqu t s de savoir s ils ont r pondre propos d un auteur de violences avec lequel ils cor sident ou pas participe de l am lioration de la mesure Une conclusion possible ce stade pourrait donc aller dans le sens d une contextualisation des questions par sph res pour reprendre le vocabulaire de l ENVEFF mais sans les multiplier autant que dans cette enqu te La c sure entre les auteurs de violences r sidant avec leurs victimes d une part et ceux qui sont ext rieurs au m nage de celles ci d autre part para t au vu des enseignements de CVS 2007 une solution encourageante et peut tre suffisante Toutefois on peut consid rer cette analyse comme temporaire car elle est suspendue aux conclusions qu il serait ou sera utile de tirer quant la pertinence de maintenir o non la sph re du travail sur laquelle il reste encore beaucoup apprendre en mati re de violences comme une entit autonome m ritant d tre trait e part enti re comme un contexte de su
27. COMMENT QUESTIONNER LES VIOLENCES SUBIES RELATIONS ENTRE METHODES DE COLLECTE ET RESULTATS A PARTIR DE LA COMPARAISON DES SOURCES STATISTIQUES FRAN AISES RECENTES Introduction Mesurer objectivement du subjectif Le mot et la notion de violences constituent un bon exemple de la polys mie et des scories du langage commun avec laquelle ont affaire les sciences sociales Connot s de tr s diverses mani res d un groupe social d une soci t ou d une poque l autre ce mot et cette notion renvoient pour chaque individu des r alit s propres Par cons quent vouloir mesurer statistiquement la perception des violences subies par une population donn e cela consiste avant toute chose devoir r gler le probl me qu Emile Durkheim d signait comme celui des pr notions ou pr jug s traditionnels Puisque consid rer avoir subi des violences est une r alit tr s h t rog ne d un individu l autre au sens o deux personnes ont toutes deux des pr notions sur ce qu il convient de nommer violences et ne partagent pas les m mes toute enqu te statistique qui se donne la victimation pour objet ne peut donc chapper la question de savoir comment encadrer la subjectivit des enqu t s de sorte que puisse en tre tir e une mesure objective D finir de mani re aussi homog ne et univoque que possible ce qui sera soumis comme violences au jugement des r pondants dans une enqu t
28. EVS permet de le conna tre est abord sous l angle biographique Presque toujours les faits sont tablis en m me temps que la possibilit d en dater l occurrence ou la dur e l chelle de la vie enti re de la personne interrog e Cette remarque rejoint un aspect g n ral transversal l int gralit du questionnaire d EVS les situations ou les v nements que l enqu te est soucieuse de rep rer sont g n ralement interrog s dans une perspective biographique Sans qu il soit question d effectuer un recueil de donn es caract re ouvert et narratif voir par diff rence l enqu te Biographies et entourage les situations ou v nements rapport s sont rattach s sinon toujours par une date exacte du moins au minimum une grande p riode de la vie enfance de 0 9 ans adolescence 10 19 ans ou ge adulte 20 ans ou plus Cette caract ristique qui constitue une sp cificit forte de l enqu te n englobe pas en g n ral les v nements de la vie mais concentre ses efforts sur l identification et la datation des v nements difficiles qui peuvent mailler le parcours biographique suicides et tentatives de suicide maladies graves d c s parmi les proches graves carences affectives privations mat rielles graves tentatives de suicide de l enqu t e lui elle m me Du point de vue des m thodes de collecte utilis es EVS a mis en uvre un protocole d enqu te nouveau par certain
29. T l phone Face face question de rattrapage auto administr e par ordinateur m thode audio CASI 6 970 femmes 13 182 hommes et 17 332 femmes 4 328 hommes et 5625 femmes Contexte de la sexualit en France CSF 2005 2006 Vie enti re Hommes et femmes de 18 69 ans Rapports sexuels forc s ou tentatives 16 0 T l phone 5 540 hommes et 6824 femmes Cadre de vie et s curit CVS 2007 24 derniers mois Hommes et femmes de 18 60 ans Attouchements ou rapports sexuels forc s dont l auteur ne vit pas avec la victime 1 5 Attouchements ou rapports sexuels forc s dont l auteur vit avec la victime 0 6 Attouchements ou rapports sexuels forc s tous auteurs confondus Viols d finis dans la question comme rapports sexuels forc s 2 0 0 7 Viols d finis dans la question comme rapports sexuels forc s et tentatives de viols 1 2 Auto administration par ordinateur m thode audio CASI 5 309 hommes et 6437 femmes TT calcul effectu sur les femmes de 15 75 ans Ce r sultat figure parmi les premiers r sultats en ligne du Barom tre sant 2005 dans la synth se Les actes de violence physique Plusieurs l ments contribuent la difficult de lecture dans cette grande diversit de chiffres Tout d abord la lecture du tableau 4 montre que qui souhaite obtenir des r
30. ais question de violences sexuelles les gestes violents tant toujours d crits de mani re r solument factuelle Par ailleurs d une sph re de vie l autre famille et proches vie conjugale actuelle ex conjoint espace public vie professionnelle les atteintes prises en consid ration toujours dans le cadre de cette approche descriptive varient Ainsi pour rendre compte des ventuelles agressions sexuelles survenues au sein de leur relation de couple actuelle les enqu t es sont interrog es dans deux domaines leur conjoint e a t il elle utilis la force pour avoir des rapports sexuels avec elles leur a t il elle impos des gestes sexuels qu elles refusaient De la part d agresseurs faisant partie de leur famille ou de leurs proches il leur est demand si elles ont subi des attouchements sexuels des rapports sexuels forc s ou des tentatives ou si elles ont t contraintes de se d shabiller L ventail que tient ouvert l ENVEFF en mati re de violences interpersonnelles est large par rapport au champ couvert en la mati re par les enqu tes de victimation Cela s explique en particulier par le fait que comme nous l avons vu l enqu te sur les violences envers les femmes englobe les atteintes psychologiques De cette diff rence comme de la non adh sion de l ENVEFF des cat gories objectives pr d finies telles que les 107 index et 12 colonnes contenus dans l tat 4001 faut il pour autant
31. anentes sur les conditions de vie des m nages EPCV de l INSEE Cyril Rizk et Julie Bo l OND proposent des interpr tations en la mati re propos des al as qu a subis dans cette enqu te la notion d agression du fait d une formulation instable de la question concern e En janvier f vrier 2005 la formulation initialement pr vue dans le questionnaire tait la suivante Nous revenons sur les questions de s curit mais en abordant maintenant des questions qui vous concernent personnellement et en particulier les agressions ou les violences m me verbales auxquelles vous avez peut tre t confront e En 2003 ou 2004 avez vous t personnellement victime d agressions ou d actes de violences y compris de la part de personnes que vous connaissiez Au cours de la phase de test de l enqu te comme lors de sa collecte il est apparu que certains enqu teurs ressentaient le besoin d all ger le texte soumis au jugement des r pondants alors menac s de lassitude Il a t laiss au libre arbitre des enqu teurs de poser la question sur les agressions en la faisant ou non pr c der de sa phrase introductive Par cons quent il est certain que le caract re devenu facultatif de cette phrase a dans de nombreux cas abouti ce que les expressions agressions ou actes de violences soient totalement d pourvues de contenu explicite les atteintes verbales n tant pas convoqu es titre d illustrations c
32. bales ces actes tendent cependant tre tr s r p t s sur de courtes p riodes pour une victime donn e d o l hypoth se d une gravit potentielle atteinte par le cumul On ne peut en outre n gliger que les r sultats de l ENVEFF ont permis de mettre en valeur l importante participation des pressions psychologiques aux violences conjugales au sein d un tout qui inclut aussi d autres formes de violences interpersonnelles Enfin EVS montre que lorsqu un seul type de violence est rapport pour les vingt quatre mois pr c dant l enqu te atteintes aux biens comprises quatre fois sur dix il s agit de violences psychologiques Les violences verbales pourraient part enti re faire l objet de comparaisons entre les sources r centes disponibles On s autorisera toutefois ici ne pas les traiter pour elles m mes en consid rant que ce sont plusieurs titres des atteintes d accompagnement des autres types de violences interpersonnelles les personnes subissant des actes violents caract re physique sexuel ou psychologique sont fr quemment expos es en m me temps qu ces brutalit s d ordres divers des insultes injures ou menaces verbales coups avec insultes menaces verbales visant pour l agresseur permettre d exercer des contraintes sexuelles d nigrements assortis de menaces verbales Plus largement les personnes expos es des violences physiques sexuelles ou psychologiques son
33. centrer l analyse en premi re approche tout du moins Il appara t ainsi prioritaire de concentrer les efforts de comparaison sur les violences interpersonnelles et plus particuli rement sur certaines d entre elles celles qui recouvrent les atteintes caract re physique sexuel et psychologique Limiter l analyse aux violences interpersonnelles et parmi celles ci ces trois types de violences en particulier est motiv par plusieurs raisons Tout d abord la plus grande nouveaut introduite dans l analyse statistique des violences dans le sillage de l ENVEFF r side dans le domaine des violences interpersonnelles les moins explor es jusque l dans le cadre d enqu tes de victimation qui restaient surtout pr occup es de d tailler les diff rentes cat gories d actes de pr dation C est dans l approche des violences interpersonnelles que certaines enqu tes de victimation r alis es l tranger et que pour la France l ENVEFF puis EVS ont t suivies d volutions substantielles dans le contenu et les m thodes des enqu tes de victimation fran aises C est donc aussi l qu il y a aujourd hui le plus mati re comparaisons et discussion En particulier les atteintes psychologiques sont retenues ici parce que c est surtout en cette mati re que l ENVEFF a fait uvre pionni re Recelant au premier abord des v nements pr sentant des degr s de gravit tr s divers comme c est aussi le cas des violences ver
34. ces physiques ou sexuelles vont rarement sans violences psychologiques Au total la critique de Marcela lacub et Herv le Bras ne serait recevable qu la condition d adh rer comme ils le d fendent eux m mes des d finitions diff rentes d un point de vue philosophique des rapports sociaux de sexe Pour ce qui est de la l gitimit technique et du sens produit par l indice global de violence conjugale le lecteur de l ouvrage de synth se de l ENVEFF peut lorsqu il le souhaite se r f rer sa d finition sa d composition rappel e ci dessus qui permet toujours de rendre lisible ce qui est mesur ce que le tandem lacub Le Bras d nonce comme arbitraire rel ve plut t de ce qui est conventionnel Les conventions sur lesquelles l quipe de l ENVEFF a d termin ses choix font l objet d un mode d emploi tr s lisible accessible en m me temps que la pr sentation des r sultats eux m mes S accordant avec l ENVEFF sur la d finition m me de la violence EVS aurait toutes les chances d essuyer le m me genre de critiques que celles qu exprime le point de vue de Marcela lacub et Herv le Bras EVS malgr tout et elle r pond en cela une requ te formul e par ces auteurs se distingue de l ENVEFF en interrogeant les femmes et les hommes choisissant ainsi de consid rer que la comparaison des atteintes d clar es par les unes et les autres fait sens Mais on ne peut que rappeler avec regret qu
35. changement introduit entre la collecte de janvier 2006 et celle de janvier 2007 est triple Il porte la fois sur le d tail explicite des faits en cause beaucoup plus grand en 2007 la contextualisation des questions pos es l enqu t e ne r pondant jamais ind pendamment du lieu de r sidence de l ventuel agresseur cor sident ou non avec lui elle le mode de collecte qui en 2007 fait passer les questions concernant les violences physiques subies de la part d un membre du m nage et l ensemble des violences sexuelles en mode auto administr par ordinateur Les conclusions du rapport 2007 de POND par la comparaison des r sultats des enqu tes 2006 et 2007 sont les suivantes lorsque le questionnaire 2006 ne distinguait explicitement ni les violences sexuelles ni les violences physiques intra m nage la part des hommes de 18 60 ans victimes de violences tait sup rieure celle des femmes Avec l introduction de la question du d tail des faits et du nouveau protocole de collecte le rapport hommes femmes s inverse en 2007 la proportion de femmes d clarant avoir subi en 2005 2006 au moins un acte relevant des violences physiques ou sexuelles est sup rieure 6 celle des hommes 5 1 L enqu te de 2007 permet de situer l origine de la diff rence dans une nette sur exposition des femmes aux violences sexuelles intra comme hors m nage mais aussi dans le fait que si les hommes sont
36. clar en 2005 avoir subi en 2004 au moins un acte de violence ou une agression Champ personnes g es de 14 ans et plus r sidant en m nages ordinaires Sources INSEE enqu tes PCV et CVS 2005 et 2006 La presque totalit de l augmentation du nombre de victimes d agressions entre 2004 et 2005 est imputable au fort accroissement des d clarations de violences verbales La stabilit des agressions comportant une dimension physique dans un contexte o plus largement le taux global d agressions demeure galement stable entre 1998 et 2004 permet d isoler le seul effet du libell de la question pos e Une autre mani re de conclure est de dire qu il n y a pas davantage de victimes de violences verbales en 2005 qu en 2004 mais qu on les compte mieux ou en tout cas de mani re explicite et plus univoque Et qu on aurait probablement hypoth se inv rifiable pu les compter d j pour l ann e 2004 si la question pos e en janvier f vrier 2005 avait explicitement int gr la dimension violences verbales Cet exemple est presque un cas d cole qui invite d faut de toujours pouvoir mesurer le pur impact d un cart de libell s entre deux questions du moins bien mettre en regard la mani re dont les actes de violence sont d crits dans les r sultats que l on compare 2 2 2 D crire les actes violents en termes concrets oui mais jusqu o Les violences psychologiques constituent u
37. collecter des informations homog nes d un individu un autre L encore mieux vaut s efforcer de trouver les voies rendant la constitution d un r sultat statistique possible Depuis le milieu des ann es 1980 plusieurs enqu tes ont vu le jour en France dont les objets d tude et les objectifs ne sont pas totalement identiques mais qui toutes ces titres divers explorent le terrain statistique des violences encore totalement vierge il y a vingt cinq ans dans notre pays D une mani re ou d une autre et en fonction de leurs sp cificit s ces travaux ont tous d prendre position en mati re de d finitions et de m thodes d approche des violences d clar es par les personnes victimes une totale absence de connaissance du domaine en population g n rale que d plorait encore l Organisation mondiale de la sant en 2002 OMS Krug et al 2002 succ de aujourd hui une relative abondance de r sultats produits avec des outils divers concepts pas toujours identiques protocoles de collecte diff rents champs de population pas n cessairement concordants libell s des questions ne se recouvrant pas syst matiquement mise en condition des r pondants diff rente selon la th matique centrale de chaque enqu te et le mode de progression de son questionnaire 1 Durkheim 1895 p VII dition PUF 1937 autant d l ments de diversit qu il est n cessaire d analyser pour comprendre les carts aussi bien
38. d une ligne t l phonique fixe liste blanche ou orange 26 000 enqu t s soit d un abonnement t l phonique exclusif une ligne de portable 4 000 enqu t s Les questions pos es sur la sexualit et les violences sexuelles ne s adressent qu aux 15 75 ans du fait de l ge l gal de la majorit sexuelle Beck F Guilbert P Gautier A sous la direction de 2007 2 Lagrange H 2001 p 191 3 CSF a t r alis e par t l phone en 2005 2006 aupr s de 12 364 personnes g es de 18 69 ans avec une surrepr sentation des moins de 25 ans et dans une moindre mesure des moins de 40 ans Les r pondants disposent d une ligne t l phonique fixe sur liste blanche orange ou rouge 22 de r pondants dans ce dernier cas ou d un abonnement t l phonique exclusivement portable 2 des enqu t s environ 2 Mettre en perspective les concordances et discordances existant entre les r sultats fournis par ces sources 2 1 Centrer les comparaisons sur trois types de violences interpersonnelles violences physiques sexuelles et psychologiques Un travail de comparaison tous azimuts entre toutes de ces enqu tes qui porterait la fois sur l ensemble des aspects m thodologiques impliqu s et l ensemble des r sultats produits peut bien videmment faire sens L ampleur de la t che d passe n anmoins le cadre du pr sent travail et surtout il existe des points critiques autour desquels il appara t plus pertinent de
39. dans les cat gories de crimes et de d lits Ce constat permet de comprendre comment les violences d ordre psychologique trouvent l gitimement leur place dans l ENVEFF alors qu elles loigneraient consid rablement les enqu tes des victimation de leurs objectifs premiers En se dotant d une d finition propre de la violence qui ne s appuie pas sur les cat gories polici res ou judiciaires mais se pose en r f rence l universalit des droits humains l ENVEFF s efforce de recueillir les violences per ues et d clar es comme telles par les femmes qui en sont victimes C est en ce sens que l on peut dire que l ENVEFF est la premi re enqu te fran aise permettant d tablir pour les femmes interrog es en population g n rale des l ments de connaissance des violences interpersonnelles quelles femmes dans quelles situations ordinaires dans des espaces publics ou dans la sph re priv e sont expos es des atteintes d ordre verbal physique sexuel ou psychologique Diff rente des enqu tes de victimation l ENVEFF n ignore pour autant pas les informations livr es par celles ci au contraire notant que l enqu te permanente sur les conditions de vie des m nages EPCV de 1999 fournit des donn es plus pr cises que les enqu tes de victimation r alis es depuis le 11 Jaspard M et al 2003 1 p 14 L ENVEFF est une enqu te t l phonique qui a permis d interroger 6 970 femmes r sidant en
40. de mesurer l impact d un changement d approche du questionnaire sur les r sultats obtenus comme nous l avons fait ci dessus propos des modifications de libell s de questions sur les agressions entre 2005 et 2006 Tableau 3 volution du libell des questions agressions et du protocole de collecte entre les enqu tes Cadre de vie et s curit extensions des EPCV janvier 2005 janvier 2006 et l enqu te Cadre de vie et s curit dans le format qu elle a acquis en janvier 2007 Libell des questions Protocole de collecte CVS extension d EPCV janvier 2005 En 2003 ou 2004 avez vous t personnellement Face face victime d agressions ou d actes de violences y Toutes agressions compris de la part de personnes que vous connaissiez La phrase introductive qui incluait les violences verbales a de fait disparu voir plus haut CVS extension d EPCV janvier 2006 En 2004 ou 2005 avez vous t personnellement Face face victime d agressions ou d actes de violences m me Toutes agressions verbaux y compris de la part de personnes que vous m me verbales connaissiez CVS janvier 2007 Nous allons maintenant aborder des questions sur les violences menaces ou insultes dont vous avez pu tre victime en dehors de tout vol ou tentative de 1 Violences physiques vol En 2005 ou 2006 avez vous t Face face hors m nage personnellement victime de violences physiq
41. e appara t un pr alable d autant plus n cessaire que l objet d tude est ici particuli rement charg en termes politiques affectifs et ou moraux Les violences dont font tat les donn es des enqu tes statistiques ont un caract re la fois d claratif et subjectif qui demande r flexion et pr cautions tant dans les m thodes de collecte que dans l interpr tation des r sultats Pour ce qui est de l aspect d claratif il faut rappeler que c est le lot de tr s nombreuses enqu tes statistiques sans que cela soit consid r comme un obstacle r dhibitoire la cr dibilit des r ponses recueillies Il convient ici de se demander ce qui dans les m thodes de collecte concernant les violences m rite d tre sp cifiquement adapt pour que le caract re d claratif des donn es ne pose pas davantage de probl mes que dans toute autre enqu te de cette nature Quant la subjectivit des r ponses elle ne doit pas non plus d courager de faire des violences un domaine d tude statistique d une part il faut la fois se m fier du caract re videmment objectif de l objet trait par des enqu tes portant sur des sujets a priori anodins ou banalement mat riels les d penses l activit professionnelle les transports l emploi du temps d autre part pourquoi pr sumer d embl e que la nature subjective du regard port sur les violences que l on a subies ou pas interdirait de trouver tout moyen de
42. e cadre de vos tudes gt etc Si l on sch matise les lieux publics rue transports parkings commerces administrations et de loisirs sportifs culturels festifs les services aux usagers lors de consultations m dicales 4 Jaspard M et al 2003 1 p 26 sociales juridiques ou d interventions de professionnels au domicile des enqu t es le monde du travail de la formation ou des tudes sont autant de modules qui dans cette partie du questionnaire permettent d identifier des types de lieux tr s circonscrits Ces espaces se distinguent de deux autres sph res d clin es en modules sp cifiques relations de couple conjoint e et ex conjoint e s d une part famille et proches d autre part dans la mesure o celles ci ne correspondent pas a priori des espaces physiques d termin s Mais il ny a pas d opposition simple entre ces diff rentes sph res Celles qui renvoient sans ambigu t des r alit s physiques sp cifiques travail espaces publics sont en effet aussi d finies par la nature des relations sociales qui s y nouent La d finition indissociablement sociale et spatiale de chaque sph re se manifeste par le fait que les questions pos es n explorent pas exactement les m mes types de violences dans toutes les sph res les insultes et les injures sont ce titre un contre exemple ou que les formulations choisies pour les dire ne sont pas non plus exactement identiques
43. enqu teur tait pr sente pendant l entretien repr sentent 24 des entretiens Un quart de r pondants suppl mentaires gr ce cette question de rattrapage parmi les 18 75 ans champ d EVS et un tiers suppl mentaire parmi les femmes de 18 60 ans r duction au champ du 2 de victimes de CVS 56 Voir par exemple Bajos N Bozon M 2008 1 p 392 Pour une r flexion plus large autour de la masculinit voir notamment Dejours C 1998 p 104 106 et Bourdieu P 2002 p 77 78 liens entre virilit et violence et par exemple Welzer Lang D sous la direction de 2000 26 ces termes atteintes auxquelles les femmes sont statistiquement surexpos es ces formes de violences posent particuli rement aux hommes qui en sont victimes le probl me d une r v lation qui pourrait remettre en cause les formes apprises de masculinit ou de virilit Parler un enqu teur semble en croire l volution r cente des taux de victimation enregistr s de plus en plus facile mais la question auto administr e d EVS sur les attouchements rapports sexuels forc s et tentatives de rapports forc s laisse penser que les hommes demeurent plus en difficult pour parler Dans le cas des femmes mais plus encore dans le leur le choix du protocole de collecte assurant une confidentialit renforc e n est donc sans doute pas sans cons quence Conclusion Le travail propos ici n est loin s en faut pas une fin
44. es en liaison avec d autres situations v cues ou des actes impliquant des risques pour la sant les tentatives de suicide et les usages de drogues licites ou illicites et le cas ch ant des transgressions des normes comme l absent isme scolaire En ce sens et parce qu il est aussi question de violences exerc es et pas seulement subies par les personnes interrog es on peut dire que l approche du th me est assez voisine dans le Barom tre sant de celle que d veloppent les enqu tes centr es sur les populations les plus jeunes telles qu ESPAD comme nous l avons vu plus haut Le d roulement m me du questionnaire donne aux enqu t s des indices de ce parti pris puisque en 2000 le module violences du questionnaire tait plac entre les th mes suicide et sexualit contraception MST et en 2005 entre sexualit contraception et produits illicites Par ailleurs les questions interrogeant les r pondants au Barom tre sur le sujet des violences rapides ne couvrent que les atteintes physiques et sexuelles Les premi res sont d sign es par le fait d avoir t frapp e ou bless e physiquement les secondes sont englob es dans les rapports sexuels forc s ensuite d clin s en attouchements tentatives de rapports forc s et rapports forc s L enqu te CSF quant elle en parfaite coh rence avec la th matique g n rale qui la gouverne ne tra
45. es chances de pouvoir collecter des r ponses homog nes d un individu l autre c est dire recouvrant au del de la diversit des cas personnels des faits de m me nature Une gifle na sans doute pas le m me sens pour tous mais parler de gifles de coups ou d autres brutalit s physiques accro t les chances d tre entendu d une mani re plus gale que si l on parle de violences ou d agression physique A ce titre on peut d ailleurs mettre au cr dit de l ENVEFF une plus grande univocit des questions que celles que contiennent les enqu tes de victimation telles qu elles ont pris place jusqu en janvier 2007 Une plus grande univocit gage d un recueil d informations moins subjectives Men e par t l phone dans des conditions m thodologiques scrupuleuses galement du point de vue du protocole de collecte l ENVEFF a en outre introduit toujours de mani re novatrice par rapport 15 Id p 16 aux enqu tes de victimation un questionnaire portant sur la sant des enqu t es Dans l ENVEFF la sant est envisag e la fois sous l angle usuel des enqu tes statistiques g n ralistes portant sur la sant recours consommation de soins et de m dicaments des douze derniers mois fait l objet d informations en rapport direct potentiel avec des violences subies traumatologie de questions sur les comportements sexuels et les prises de risques ventuellement associ
46. es atteintes dont les enqu t s peuvent se d clarer victimes gt Mais leurs objectifs centraux sont diff rents des pr c dentes auxquelles seules sera donc r serv ici le qualificatif d enqu tes de victimation 1 Le mat riau statistique disponible pour conna tre les violences subies un avant et un apr s ENVEFF L objet statistique violences ne coule pas de source en France la fois parce que les outils mis en place pour en donner une mesure y sont assez tardifs et donc relativement r cents et que dans le m me champ conceptuel et lexical que les violences plusieurs autres notions viennent introduire de possibles confusions ou ambigu t s Ainsi sur ce dernier point il faut en effet toujours veiller se poser la question du p rim tre des domaines que l on aborde selon que l on parle des violences de la Violence de la d linquance ou encore de l ins curit par exemple Le propos qui suit n a pas pour objectif de rendre compte de mani re exhaustive des tenants et des aboutissants de l ensemble des enqu tes abordant le domaine des violences mais de pr senter sur chacune d elles les l ments permettant de comprendre quel est l angle d attaque sous lequel elles abordent la question Ce n est qu en comprenant ces probl matiques que l on peut la fois comprendre les divergences dans les m thodes ou les concepts utilis s et clairer les carts entre les r sultats que
47. ien pour partie men en face face sant v nements difficiles au cours de la vie violences subies et en mode auto administr par ordinateur avec interface audio comportements sexuels consommation d alcool de drogues illicites et question compl mentaire sur les violences sexuelles les plus graves exerc e sur la personne celle ci rapportait galement des cons quences et de quels ordres autres que limit es aux aspects mat riels de l acte de pr dation subi Toujours en mati re de contenu l enqu te EVS permet d analyser l tat de sant de mani re plus approfondie Le module sant d EVS couvre en effet des aspects similaires ceux qu explorent les questions sant de l ENVEFF mais prend en face face vs une passation t l phonique plus de temps pour les d tailler De plus le questionnaire standardis de sant mentale utilis modules ou questions filtres d une version du Mini International Neuropsychiatric Interview MINI appuy e sur le DSM IV dans EVS vs GHQ 12 dans l ENVEFF est susceptible de produire une information plus proche d un diagnostic sur certaines pathologies Cela signifie en termes d interpr tation des donn es que les personnes identifi es par le questionnaire comme d pressives par exemple pr sentent un tat de sant relevant coup s r d une r alit autre qu un simple manque d entrain passager Enfin l tat de sant tel que le questionnaire d
48. inistr par ordinateur reprenne le temps de quelques questions le ton d une enqu te banale sur l ins curit comme probl me g n ral Un peu comme lorsque les EPCV se pr occupaient de saisir les probl mes d ins curit et la perception qu en avaient les personnes au milieu d autres aspects de ce qui constitue les conditions de vie dans leur ensemble La raison d tre de ce module et de ses modalit s est de tendre vers une confiance accrue de l enqu t e Il s agit de montrer celui celle ci que la confidentialit d j garantie dans un entretien en face face par les r gles du secret statistique et le secret professionnel auquel est soumis l enqu teur se trouve renforc e par un protocole lui permettant de ne m me jamais faire entendre ou voir enqu teur le contenu de ses r ponses Pourquoi donc 51 Bajos N Bozon M 2008 1 p 400 52 Debauche A 2007 p 86 53 Dans EVS questions comportements sexuels alcool et drogues illicites une question violences sexuelles et dans CVS violences physiques intra m nage violences sexuelles tous auteurs confondus l enqu t e verrouille ses r ponses au terme du remplissage du questionnaire auto administr L enqu teur ne peut pas en prendre connaissance lorsque son ordinateur lui est restitu par l enqu t e Les r ponses ne sont r v l es d verrouill es que par les travaux de construction de la base de donn
49. ite en mati re de violences interpersonnelles que de celles qui pr sentent un caract re sexuel conversations ou appels t l phoniques caract re pornographique attouchements sexuels tentatives de rapports sexuels forc s et rapports sexuels forc s Cette enqu te a manifest un effort particulier pour se doter de la meilleure comparabilit possible avec l ENVEFF sur les violences sexuelles et les circonstances qui les entourent Avec un mode de passation t l phonique identique plusieurs conditions sont donc r unies pour mettre en parall le les r sultats de ces deux enqu tes dans des analyses qui videmment raisonnent champ de population gal savoir les femmes g es de 20 59 ans population plus restreinte interrog e par l ENVEFF Il faut d ores et d j se souvenir toutefois que l objectif central de l enqu te CSF est sensiblement diff rent de celui de l ENVEFF l o l enqu t e de CSF orient e vers une reconstitution de sa biographie affective et sexuelle n est interrog e propos d ventuelles violences sexuelles subies qu en fin d entretien l ENVEFF sans n gliger les aspects biographiques d veloppe n anmoins tr s essentiellement son propos sur l ensemble des situations de victimation leur contexte et leurs cons quences 21 Le Barom tre sant 2005 est une enqu te t l phonique laquelle ont r pondu environ 30 000 femmes et hommes g s de 12 75 ans disposant soit
50. leau 1 plus d taill pourra dans l exploitation des donn es d clarer victimes de violences psychologiques sera important De la m me mani re que l inclusion explicite des atteintes verbales dans la question portant sur les agressions dans l enqu te de victimation de janvier f vrier 2006 la multiplication des questions identifiant finement des sous cat gories de violences a pour effet d accro tre le nombre de victimes de ces actes On ne peut pas dire que les questions cr ent de toutes pi ces une r alit qui n existe pas qu il s agisse d un pur artefact statistique Mais on comprend que les taux de victimation que l on se donne les moyens de produire sont si d pendants des outils que l on a forg s qu il faut lire ces r sultats avec prudence pas question de dire LA violence psychologique touche x de personnes et toujours permettre ceux qui en prennent connaissance de savoir comment ils ont t construits ce qu ils recouvrent quels actes exactement et sous quels libell s ont ils t soumis l appr ciation des enqu t s Dans EVS par exemple sept cat gories d atteintes psychologiques diff rentes ont t questionn es pour la plupart inspir es de questions pos es dans l ENVEFF Deux d entre elles concernent un nombre beaucoup plus grand de victimes que les cinq autres 11 des 18 75 ans dans chacun des deux cas d une part le fait de subir des d nigrements des criti
51. m nage ordinaire et g es de 20 59 ans Quelle qu en soit la nature et quels qu en soient les protagonistes les actes violents sont toujours une atteinte l int grit de la personne Au del des actes la violence s inscrit dans un fonctionnement d emprise sur l autre Elle est fond e sur un rapport de force ou de domination qui s exerce par des brutalit s physiques ou mentales entre au moins deux personnes Elle ressortit au d sir d imposer sa volont l autre de le dominer au besoin en l humiliant en le d valorisant en le harcelant jusqu sa capitulation et sa soumission Contrairement au conflit mode relationnel interactif susceptible d entra ner du changement la violence signalant d ailleurs l incapacit communiquer est perp tr e de fa on univoque et destructrice Id p 17 18 13 Par commodit et en r f rence aux cat gories polici res l usage distingue les atteintes aux personnes violences d sign es le plus souvent comme interpersonnelles gt verbales physiques sexuelles et psychologiques dans l ENVEFF des atteintes aux biens par exemple vols et tentatives de vols cambriolages d gradations de biens Cette distinction n a d autre but que d indiquer globalement la nature des actes atteinte directe sur la victime ou geste de pr dation Les deux aspects peuvent videmment se combiner ex vol avec COUPS 14 Les atteintes aux biens ne sont pas incluses dans le questi
52. n bon exemple pour illustrer que le parti pris qui consiste dire par des mots tr s explicites la nature des gestes violents d sign s par une question doit galement tre manipul avec pr caution De toute vidence dire violences psychologiques gt dans un questionnaire en esp rant tre compris de mani re homog ne ou compris tout simplement par des milliers de r pondants est tout fait vou l chec Sur ce type de violences par cons quent appara t la n cessit de trouver des formulations d signant explicitement des gestes ou des attitudes concrets porteurs d une telle violence Mais tout aussi videmment il semble difficile ou m me vain d essayer en une seule question si explicite soit elle de rassembler tout ce qui pourrait suffire contenir la violence psychologique Vouloir d cliner par des illustrations claires les formes diverses que peuvent prendre les atteintes violentes de nature psychologique c est donc tre contraint de poser plusieurs questions chacune d entre elles ayant pour mission de couvrir une forme de situation particuli re In vitablement alors il faut prendre garde tout en veillant appliquer le principe acquis d un d veloppement suffisant et suffisamment explicite des actes incrimin s ne pas multiplier l infini les questions pos es Plus les questions seront nombreuses en effet plus l effectif de personnes que l on 2 Id p 2 R sultats extraits du tab
53. nt de prot ger les femmes des violences au nom d une meilleure garantie des droits humains cf conf rence mondiale des Droits de l Homme Vienne en 1993 Dans ce cheminement la plate forme d action de P kin adopt e en septembre 1995 lors de la quatri me conf rence mondiale sur les femmes joue un r le de d clencheur important de la r alisation de l enqu te nationale sur les violences envers les femmes en France ENVEFF en 2000 Comme le rappelle l ouvrage de synth se de cette enqu te le texte de la plate forme de P kin incite Promouvoir la recherche organiser la collecte des donn es et constituer des statistiques sur la pr valence des diff rentes formes de violence l encontre des femmes en particulier la violence domestique et encourager la recherche sur les causes la nature la gravit et les cons quences de cette violence ainsi que sur l efficacit des mesures mises en uvre pour pr venir cette violence et la r parer C est donc une tout autre origine intellectuelle politique et scientifique qui pr side en France l mergence de donn es nouvelles et portant sp cifiquement sur les violences envers les femmes que celle qui gouverne la raison d tre des enqu tes de victimation Pour l ENVEFF le point de d part de l analyse n est pas la statistique d activit des services de police et de gendarmerie l tat 4001 Le propos central de cette enqu te novatrice ne consiste pas raisonner
54. ntra familiales lieu de travail espaces publics domicile la fois dans la p riode r cente et sur la vie enti re des personnes interrog es De plus m me lorsque l on raisonne populations de r f rence identiques certaines divergences entre les taux de victimation demeurent cet gard la publication d un des r sultats parmi ceux qui figurent dans le tableau 4 relance les interrogations sur les explications donner ce manque d accord apparent entre les sources Insistant sur l effort de comparabilit qui a t men par rapport l ENVEFF dans la conduite de l enqu te CSF Nathalie Bajos et Michel Bozon pr sentent en effet des r sultats champ gal femmes de 20 59 ans Ainsi ces deux enqu tes conduites par t l phone et qui posent des questions formul es dans les m mes termes aboutissent enregistrer un doublement des taux de victimation rapports sexuels forc s et tentatives ce qui bien videmment six ans d intervalle seulement pose question EVS et l ENVEFF sont plus proches dans leurs conclusions quant au fait d avoir subi des attouchements des tentatives de rapports sexuels forc s ou des rapports forc s Pour ces atteintes le taux de victimation des femmes de 20 59 ans est respectivement de 12 et 10 dans ces deux enqu tes Pour expliquer le changement radical intervenu avec CSF Michel Bozon et Nathalie Bajos v rifient tout d abord que les atteintes d clar es par le
55. on particuli rement scrupuleux en termes de confidentialit C est ce souci qui a motiv l laboration d un 18 Trois exemples parmi de nombreux autres la consommation de tabac les consommations de soins sur douze mois les maladies chroniques 1 Les enqu teurs peuvent en effet tre pris dans les possibles et d licates contradictions la fois morales et juridiques entre d une part le secret professionnel d fini par les articles 226 13 et 226 14 du code p nal aucune obligation de d nonciation des crimes et d lits d autre part l article 223 6 du code p nal sur la non assistance personne en danger situation possible dans tout cas d enqu te en face face mais pas plus probable pour EVS et surtout l article 40 alin a 2 du code de proc dure p nale qui dispose que dispose que toute autorit constitu e tout officier public ou fonctionnaire qui dans l exercice de ses fonctions acquiert la connaissance d un crime ou d un d lit est tenu d en donner avis sans d lai au procureur de la R publique et de transmettre ce magistrat tous les renseignements proc s verbaux et actes qui y sont relatifs questionnaire auto administr par ordinateur avec interface audio m thode audio CASI portant sur les comportements sexuels la consommation d alcool ou de drogues illicites et comportant une question de rattrapage gt sur les attouchements rapports sexuels forc s ou tentatives de rapports sexuels forc
56. oncr tes du propos Pour rem dier ce flottement de l outil de collecte le questionnaire de janvier f vrier 2006 a choisi de rem dier la lourdeur ressentie par les enqu teurs poser une question sans propos introductif mais en int grant dans la question elle m me tous les l ments jug s ni accessoires ni facultatifs La question est alors devenue En 2004 ou 2005 avez vous t personnellement victime d agressions ou d actes de violences m me verbaux y compris de la part de personnes que vous connaissiez La comparaison des r sultats des deux ditions de l enqu te prouve que cette modification de formulation a grandement pes sur les r ponses des enqu t s 26 Rizk C Bo J 2006 p IlI V 27 Id p IV Pour r sumer Tableau 1 Agressions ou actes de violences subis par les personnes g es de 14 ans et plus en 2004 et 2005 et nature de l agression la plus r cente en Agressions et actes de en 2004 en 2005 violences enqu te janvier f vrier 2005 enqu te janvier f vrier 2006 Personnes ayant d clar au moins une agression subie dont victimes d injures 2 9 5 6 ou de menaces dont victimes de 1 8 1 7 violences physiques accompagnant ou non un vol Personnes ayant d clar 95 1 92 2 n avoir pas t agress es Ensemble des 14 ans et plus 100 100 Lecture 4 9 des personnes des personnes de 14 ans et plus ont d
57. onnaire de l ENVEFF lorsqu elles ne sont pas associ es une agression directement perp tr e sur la personne Il ne peut par exemple pas tre question de vol simple le vol n est trait que lorsqu il s accompagne d insultes de coups ou autres actes visant la personne l occasion de et souvent pour faciliter du point de vue de l agresseur la pr dation milieu des ann es 1980 l quipe de recherche de l ENVEFF d plore d y trouver une d finition impr cise de l agression qui ne permet pas une v ritable analyse des ph nom nes de violence envers les femmes Par cons quent la nouvelle source de donn es que constitue l ENVEFF n est pas nouvelle seulement parce qu elle aborde la question des violences interpersonnelles en dehors du cadre traditionnel des enqu tes de victimation Elle l est aussi parce qu elle donne un contenu d taill explicite et concret ce qu il convient de d signer comme agression ou violence Du point de vue m thodologique le questionnement repose sur des principes radicalement diff rents de ceux qui jusque l gouvernaient la formulation des questions des enqu tes de victimation fran aises la violence en tant que r alit globale et abstraite n a aucune place dans le libell des questions chacun des types d atteintes violentes faisant l objet de descriptions factuelles soumises au jugement des enqu t es Tout d abord par exemple il n est jam
58. ontage d EVS apportaient des l ments de r flexion nouveaux Les enqu tes PCV se doublent alors d une enqu te Cadre de vie et s curit CVS dont le questionnaire couvre un champ largi de la victimation et de l ins curit sur un chantillon de taille accrue Apr s un approfondissement du questionnaire en 2006 l enqu te de 2007 inaugure un dispositif d j reproduit en 2008 destin tre r p t plusieurs ann es de suite qui s inspire largement de l enqu te de victimation britannique le British Crime Survey BCS Dans cette nouvelle configuration d enqu te en particulier la notion d agression fait l objet d une r flexion plus approfondie puisque pour la premi re fois les diff rents types d atteintes la personne sont diff renci s et d velopp s dans le questionnaire vols avec violence ou menace vols sans violence violences physiques menaces insultes ou injures violences sexuelles De plus l instar des m thodes nouvelles en France utilis es pour Ev nements de vie et sant CVS se dote partir de 2007 d un protocole de collecte plus confidentiel et ce titre mieux adapt au recueil des d clarations les plus difficiles des victimes les r ponses propos d atteintes physiques commises par une personne r sidant la date de l enqu te avec l enqu t e ainsi qu propos d atteintes sexuelles tous auteurs confondus c est dire cor sidents ou non avec leur victime
59. ponses propos de l occurrence des violences sexuelles de nombreuses cat gories d actes peuvent tre incluses sous ce d nominateur commun La premi re r serve avoir c est donc celle de v rifier le p rim tre des atteintes incluses ou non dans un chiffre donn 22 Selon les questionnaires figurent ou non les attouchements contraintes pour en pratiquer ou en subir les tentatives de rapports sexuels forc s et les rapports sexuels forc s usage de la force de menaces de la contrainte ou de la surprise D autres agressions caract re sexuel que celles qui sont r capitul es dans le tableau 4 peuvent aussi faire l objet de questionnements tre contraint e des rapports sexuels avec un tiers se d shabiller devant quelqu un ou tre expos e du voyeurisme tre confront e contre son gr une personne qui se d shabille ou exhibe ses organes sexuels devoir pratiquer des gestes sexuels que l on refuse subir un contact physique comme tre embrass e de force pelot e fesses seins subir des avances sexuelles insistantes ou devoir regarder des images pornographiques subir des conversations ou des appels t l phoniques caract re pornographique De ce point de vue l ENVEFF est l enqu te qui couvre la plus large tendue de situations diverses Mais aucune enqu te ne permet de conna tre toutes ces agressions dans tous leurs contextes de survenue violences conjugales i
60. population g n rale produisent des r sultats li s au contexte de l enqu te et la formulation des questions C est aussi ce que s accorde penser Alice Debauche lorsqu elle compare le questionnement des rapports sexuels forc s dans l ENVEFF et dans ACSF pr c dent de l enqu te CSF Selon elle ces enqu tes d veloppent certes une m thodologie voisine mais se diff rencient par cet effet de leur th matique sur les conditions dans lesquelles sont livr es les r ponses L interpr tation des r sultats doit le plus possible tenter de mesurer la part qui revient l outil mis en uvre pour les produire Quoi que fasse le concepteur du questionnaire et si scrupuleux soit il la th matique g n rale de l enqu te exerce des effets sur les r ponses collect es Cela ne signifie pas que le concepteur est totalement impuissant Il doit au minimum veiller la coh rence de la progression du questionnaire qui permettra lors de l exploitation des donn es de savoir dans quel genre de contexte bien d fini celles ci ont t recueillies En la mati re on peut d ailleurs proposer une remarque critique propos des d veloppements r cents des enqu tes de victimation Alors que comme nous l avons vu CVS d veloppe depuis 2007 des m thodes de collecte et des libell s de questions beaucoup plus attentifs s adapter la nature sensible du sujet trait on peut regretter que l introduction du module auto adm
61. produisent ces diff rentes sources 1 1 Les enqu tes de victimation retard fran ais et apports des projets pionniers du milieu des ann es 1980 la fin des ann es 1990 Tant pour ce qui touche la connaissance des violences agies que subies la France a pris quelques d cennies de retard sur l Am rique du nord et d autres pays europ ens Le premier de ces champs explor d s les ann es 1930 et 1940 outre Atlantique dans des enqu tes de d linquance auto d clar e est encore largement d fricher en France On peut ainsi consid rer comme pionni re la collecte de l enqu te Adolescents en 1993 qui consacrait une partie de son 2 La Violence la majuscule est volontaire occupe aujourd hui une place centrale dans la soci t fran aise la fois comme peur comme plainte comme sujet de d bat et comme mobilisation des pouvoirs publics Mucchielli L 2005 p 59 3 Pour une r flexion critique sur les lignes de partage qui s parent ces r alit s les unes des autres voir Aubusson B Lalam N Padieu R Zamora P 2002 4 Marie CHOQUET Sylvie LEDOUX 1994 Enqu te suivie de l entr e de la France dans le dispositif europ en d enqu tes ESPAD European School Survey Project on Alcohol and Drugs qui date de 1995 et auquel a questionnaire au relev des conduites violentes d clar es par les r pondants violences l encontre d autrui ou de soi m me mises en relation avec les violences vent
62. qu tes PCV ne peuvent pr tendre s appliquer tous les types d agressions Le questionnement g n ral sur la notion d agression et le protocole d enqu te qui n isole pas le r pondant du reste des membres du m nage interdit sans doute des r v lations trop intimes Observatoire national de la d linquance 2005 p 237 46 Observatoire national de la d linquance 2008 avertissement et note de bas de page p 45 7 Spira A Bajos N et groupe ACSF 1993 20 Moins dicibles encore que d autres violences subies pour beaucoup de victimes les atteintes caract re sexuel requi rent en effet de la part des concepteurs d enqu tes un soin particulier dans les m thodes de collecte et la mani re d afficher les r sultats De plus les diff rentes enqu tes produisent depuis le d but de la d cennie des r sultats qui ne couvrent pas tous exactement les m mes types d actes leurs protocoles de collecte et leurs champs sont souvent diff rents La pr sentation ci dessous se propose donc de formuler la lumi re des atouts et des limites des m thodes utilis es quelques hypoth ses sur les effets de la passation des questionnaires sur les r sultats qu ils permettent d obtenir dans la mesure de la victimation Pour prolonger ces hypoth ses quelques propositions en mati re de protocole de collecte pourront galement tre avanc es 2 3 1 Les violences sexuelles subies par les femmes d importants carts de mesure Pou
63. ques injustes propos de son apparence physique de ses id es ou de ce que l on a fait d autre part le fait d avoir re u des appels t l phoniques malveillants y compris lorsque personne ne parlait ou des courriers de cette m me nature Or les populations victimes de ces deux atteintes se recoupent assez peu si bien que la r alit avoir t victime de violences psychologiques si on ny inclut que ces deux cat gories d actes concerne 20 de la population des 18 75 ans Avoir pos cinq questions de plus sur cinq autres natures d atteintes psychologiques aboutit au r sultat de 27 de victimes dans la population de r f rence Tableau 2 Atteintes relevant des violences psychologiques d clar es pour la p riode de deux ans pr c dant l enqu te EVS en des 18 75 ans r sidant hors institution Taux de victimes d clar es Est il arriv que quelqu un mette votre 11 propos des critiques injustes r p t es c est dire d nigre ou d valorise votre apparence physique votre tenue vestimentaire vos id es ce que vous avez fait Vous est il arriv de recevoir des appels 11 t l phoniques malveillants y compris si personne ne parlait ou des lettres malveillantes Au moins lune de ces deux cat gories 20 d atteintes Au moins l une des sept cat gories d atteintes 27 psychologiques incluses dans le questionnaire d EVS Lecture 11 des personnes g es
64. r sultats de CVS comme un clairage global sur les violences conjugales mais sur certains actes violents physiques et sexuels au sein du ph nom ne plus large violences conjugales 2 2 4 Contextualiser les situations de victimation que l on souhaite rep rer oui mais peut tre pas dans tous les cas L quipe de l ENVEFF a d fini diff rentes sph res de la vie qu on pourrait qualifier de sociospatiales au sens o leur p rim tre repose la fois sur des lieux physiques aux limites objectives et sur la nature des relations entre personnes qui prennent place dans ces espaces partir de la d finition des contours de ces sph res un parti pris tr s fort gouverne le d roulement du questionnaire violences dans les douze mois pr c dant l enqu te toutes les questions qui interrogent sur l occurrence des actes violents sont contextualis es c est dire en amont toujours situ es dans une sph re donn e Pour le dire autrement les insultes ou les injures font par exemple l objet d une question sp cifique dans chacune des sph res successivement d roul es Avant chaque s rie de questions dont fait partie celle qui porte sur les insultes et les injures l enqu t e se voit rappeler Nous allons maintenant parler de faits qui ont pu vous arriver au cours des 12 derniers mois dans la rue les transports en commun les lieux publics dans le cadre de votre travail dans l
65. r celui qui parcourt la diversit des r sultats obtenus par les enqu tes statistiques de la d cennie en cours la premi re impression qui domine est celle d un clatement si grand qu il est difficile de s y retrouver 21 Tableau 4 Les femmes victimes de violences sexuelles mesure dans cinq enqu tes en population g n rale ENVEFF Barom tre sant EVS CVS2007 et CSF Enqu te statistique Date P riode de r f rence de la question pos e Champ de l enqu te Nature des violences sexuelles de femmes victimes Protocole de collecte Nombre de r pondants Enqu te nationale sur les violences envers les femmes en France ENVEFF Barom tre sant v nements de vie et sant EVS 2000 2005 2005 2006 Vie enti re moins les 12 derniers mois Vie enti re 24 derniers mois Vie enti re moins les 24 derniers mois Femmes de 20 59 ans Hommes et femmes de 12 75 ans Hommes et femmes de 18 75 ans Attouchements 5 4 Tentatives de rapports sexuels forc s 5 7 Rapports sexuels forc s 2 7 Contraintes des rapports sexuels avec un tiers 0 2 Au moins une de ces quatre agressions sexuelles Rapports sexuels forc s Attouchements rapports sexuels forc s ou tentatives 11 0 4 1 0 4 Attouchements rapports sexuels forc s ou tentatives 11 0 T l phone
66. rge diffusion c est ainsi que les 9 5 de femmes de 20 59 ans victimes sur les douze mois coul s de violences conjugales au sens des valeurs 1 2 et 3 de l indicateur global de violences conjugales sont devenues dans les m dias et pour les politiques 10 de femmes victimes en France de violences conjugales De ce qui beaucoup d gards constitue un faux proc s en tout cas du point de vue de la m thode statistique est donc ressortie la possibilit de produire de vrais d bats Cette r flexion apr s la mise en place d un nouveau dispositif d enqu tes de victimation partir de Cadre de vie et s curit en janvier 2007 peut se prolonger de quelques remarques ici En permettant de recueillir avec un protocole de collecte plus adapt m thode audio CASI voqu e ci dessus les r ponses des enqu t s propos des violences physiques perp tr es par une personne r sidant la date de l enqu te dans leur m nage ou propos de l ensemble des attouchements sexuels et rapports sexuels forc s ou tentatives CVS a permis d avancer consid rablement dans la mesure des violences conjugales Depuis janvier 2007 la formulation de ses questions donne un contenu plus explicite aux violences physiques et sexuelles une forme enfin moins ambigu la notion d agression apr s les variations et les insuffisances des ditions pr c dentes des enqu tes de victimation ce sujet Apr s les salutaires efforts
67. rvenue des actes violents des r sultats du questionnaire auto administr violences physiques intra m nage et violences sexuelles de l enqu te CVS de janvier 2009 Parce que le questionnaire auto administr de CVS 2007 et 2008 n a pas fait pr ciser aux enqu t s au cours de laquelle des deux ann es tout juste coul es taient survenues les atteintes qu ils d claraient le renversement de perspective hommes femmes que les r sultats de CVS 2007 a apport n est pas encore confirm dans la dur e Le rapport 2008 de l OND annonce pour la fin de l ann e 2009 une analyse atteintes sexuelles et physiques qu il sera pr cieux de comparer celle du rapport de 2007 2 3 Une tude de cas les taux de victimation en mati re de violences sexuelles En mati re de mesure des violences sexuelles l enqu te Analyse du comportement sexuel des Fran ais ACSF avait en 1992 pos des jalons Depuis l ENVEFF plusieurs taux de victimation ont t produits et le domaine des agressions sexuelles semble particuli rement adapt pour clairer en pratique de nombreux enjeux de m thode soulev s ci dessus 45 D s 2005 l intuition de ce genre de ph nom ne difficult r v ler les situations de victimation les plus sensibles avait t formul e comme une limite aux r sultats obtenus dans le rapport de OND Les enseignements concernant les hommes et les femmes victimes d agressions tir s des en
68. s 1 4 Le nouveau d part des enqu tes de victimation Les enqu tes de victimation initi es par l enqu te pilot e par le CESDIP en 1984 1985 ont attendu 1996 et le d veloppement de la partie variable des enqu tes permanentes sur les conditions de vie des m nages enqu tes PCV ou EPCV de l INSEE pour progresser partir de cette date un questionnaire a permis d interroger les r pondants des enqu tes PCV sur leur s curit leur ins curit leur sentiment d ins curit ou leur pr occupation pour la s curit et sur diverses agressions dont ils pouvaient avoir fait l objet dans les deux ans tout juste coul s Cependant jusqu en 2004 l exception de l dition de 1999 qui a r sult de l association entre l INSEE et l Institut des Hautes Etudes de S curit Int rieure IHESI et a renforc la part consacr e l exploration de la victimation les questionnaires de ces enqu tes sont rest s orient s vers la connaissance des conditions de vie en g n ral en abordant ce qui a trait la s curit des m nages comme un l ment parmi d autres de leur cadre de vie partir de 2005 une transition dans le dispositif s est mise en place toujours par une collaboration entre l Institut national des Hautes Etudes de S curit INHES organisme successeur de l IHESI qui abrite l Observatoire national de la d linquance OND et l INSEE dans un contexte o les r sultats de l ENVEFF et le m
69. s valid s largement prouv e dans le domaine de la sant part d ailleurs de ce principe savoir qu une question par elle m me n existe pas mais n a de sens que par son libell et son emplacement dans l avancement de l interrogation Cet aspect m rite d tre rappel pour apporter un clairage plus pragmatique c t de l explication selon laquelle la parole des enqu t s femmes et hommes se lib re au sujet des violences sexuelles subies dans les enqu tes statistiques Ainsi il nest pas neutre de r pondre une question sur les violences sexuelles que l on a subies apr s avoir longuement r pondu propos des pratiques sexuelles que l on a eues tout au long de sa vie et plus largement propos de l ensemble de sa biographie affective et sexuelle La place tardive dans le questionnaire CSF du questionnement sur les violences sexuelles favorise certainement cet gard l obtention d un taux de victimation lev Nathalie Bajos et Michel Bozon ne valorisent pas cette dimension pour en faire un facteur explicatif d cisif contribuant l accroissement du taux de victimation entre 2000 et 2006 mais ne le r cusent pas non plus au contraire L encadr m thodologique qui cl t le chapitre Les agressions sexuelles en France r signation r probation r volte permet en effet de lire Les questions sur les violences et les agressions sexuelles pos es dans des enqu tes en
70. s aspects soucieux de s adapter du mieux possible la sensibilit des th mes abord s Parler de sensibilit en g n ral propos de cette enqu te c est faire r f rence des probl mes d ordres tr s divers qu il a t n cessaire de prendre en compte par des m thodes sp cifiques Les probl mes en cause sont d abord d ordre thique ou se trouvent la fronti re des questions thiques et juridiques comment ne pas imposer un entretien trop intrusif irrespectueux de l intimit des r pondants Comment rester dans le cadre d une enqu te statistique et ne pas contraindre les enqu teurs sortir de leur cadre professionnel alors que l on prend la responsabilit de raviver des v nements douloureux qui peuvent apr s l entretien r alis pour l EVS d cider ceux qui les ont v cus y donner une suite judiciaire par exemple Et comment concilier ces objectifs thiques et les contraintes juridiques qui y sont associ es tout en parvenant atteindre l efficacit souhaitable dans toute enqu te statistique Autrement dit comment faire en sorte que les chances de voir les entretiens se d rouler de bout en bout dans de bonnes conditions soient maximales pour que les donn es soient de qualit En particulier le fait d aborder certains sujets connus comme sources de d couragement possible de la bonne volont ou de la sinc rit des r pondants requiert la mise en place d un protocole d interrogati
71. s assez largement sans objet Il en d coule que ce n est pas la contextualisation tout prix qu il faut chercher dans le moindre particularisme de tel type de lieu ou de relation sociale Par ailleurs il est peut tre hasardeux dans une certaine mesure de faire des hypoth ses trop fortes en amont de l enqu te sur les formes de violences qui se d roulent dans tel ou tel contexte sociospatial Contextualiser le d roulement et la formulation du questionnaire au point de s emp cher a priori de rep rer l occurrence ventuelle d un type d acte violent dans une sph re de vie donn e peut poser probl me Un exemple permet de le comprendre au cours des douze derniers mois est ce que quelqu un a eu des attentions insistantes et g nantes pour vous vous a fait des avances sexuelles que vous ne d siriez pas ou vous a oblig e regarder des images pornographiques Cette question pos e dans les modules vie professionnelle et vie tudiante est absente lorsque l on parle des espaces publics Ce choix semble refl ter la volont d inclure l exploration des conditions de travail les l ments nouveaux intervenus en 1992 dans le code p nal et le code du travail en mati re de d finition du harc lement sexuel puisque lorsqu une femme d clare avoir subi sur son lieu de travail de telles avances ind sir es elle a notamment la possibilit de d signer un sup rieur hi rarchique comme agresseur Mais comment ju
72. s enqu t es de CSF ne se concentrent pas sur la p riode 2000 2006 qui par d finition chappe l enqu te sur les violences envers les femmes Puisque tel n est pas le cas l essentiel de leur analyse consiste penser que lors d une enqu te statistique la parole se lib re beaucoup plus volontiers en 2006 que ce n tait le cas six ans plus t t C est donc essentiellement une plus grande propension rapporter des v nements de violence dans une enqu te scientifique qui rend compte de l volution observ e crivent ils en pr cisant que c est surtout propos des rapports sexuels contraints survenus avant l ge de 18 ans et plus encore avant celui de 15 ans qu intervient cette lib ration de la parole Cette explication rend justice l effet majeur de l ENVEFF dans l opinion et aupr s des pouvoirs publics qui ont depuis diffus de nombreux messages de pr vention des violences conjugales et notamment mis en place en mars 2007 le num ro d appel pour les victimes de violences conjugales le 3919 Il faut sans doute aussi chercher la compl ter par d autres hypoth ses explicatives Celles ci renvoient la fois l id e d une mise en condition de l enqu t e en situation de r ponse et aux effets des protocoles de collecte 48 D apr s CSF 16 des femmes de 18 69 ans ont subi des rapports sexuels forc s ou tentatives ce qui correspond peu pr s un doublement lorsqu on con
73. sid re les 5 7 et 2 7 de femmes du m me champ concern es d apr s l ENVEFF par les tentatives de rapports forc s et les rapports forc s respectivement En raisonnant toujours sur le champ de l ENVEFF le calcul du taux de victimation avoir subi au moins un rapport sexuel forc ou une tentative pour la vie enti re dans CSF pour la m me p riode de r f rence l exception des 12 derniers moins pour l ENVEFF donne 7 de femmes victimes dans l ENVEFF et 17 dans CSF 4 R sultats vie enti re moins les 24 mois pr c dant l enqu te pour EVS et vie enti re moins les 12 mois pr c dant l enqu te pour l ENVEFF Bajos N Bozon M 2008 2 p 3 23 2 3 2 qu il faut absolument replacer dans le contexte des th matiques d enqu te et des m thodes de collecte 2 3 2 1 Effets du d roulement des questionnaires des th mes d enqu te et de la coh rence avec laquelle ils sont d velopp s Toute enqu te statistique place ses r pondants par son d roulement ses encha nements faits de ruptures ou de transitions dans des conditions particuli res de r ponse en dehors m me du mode d interrogation lui m me qui peut tre sensiblement diff rent face face t l phone auto administration sur papier sur ordinateur Un questionnaire peut tre pertinemment pens et corrig lorsqu il est test comme une v ritable mise en condition s de la r ponse La standardisation des questionnaire
74. solument orient es vers la connaissance des caract ristiques des victimes de leurs comportements et r actions aux crimes ou d lits subis dans une approche critique de l ad quation des politiques publiques aux attentes et aux besoins des justiciables en mati re de s curit Quoi qu il en soit de cette r orientation ou plut t de cet largissement des usages des enqu tes de victimation la statistique annuelle officielle des services de police et de gendarmerie l tat 4001 cr en France en 1972 et am lior en 1988 et 1995 est demeur e pour elles une r f rence comme point central de comparaison De fait les enqu tes de victimation se voient troitement contraintes du point de vue de leur contenu par la dialectique dans laquelle elles doivent entrer avec ces sources administratives Pour ce qui nous occupe ici il ressort de cette parent avec l tat 4001 que les enqu tes de victimation ne se posent pas parce qu elles n ont pas se la poser la question de la d finition de la violence ni celle des diff rents actes concrets qu il convient ou non de placer sous ce d nominateur commun Elles s efforcent de reprendre les cat gories pr d finies de crimes et de d lits libell s le plus qu il est possible dans les termes m mes qui les caract risent dans la typologie de l tat 4001 Par cons quent si l on peut s accorder penser que nombre des faits inclus dans les enqu tes de victimation peuvent l
75. spects m thodologiques des enqu tes de d linquance auto d clar e voir Junger Tas J Marshall 1 H The Self Report Methodology in Crime Research 1999 7 Zauberman R Robert P Perez Diaz C L vy R 1990 8 Les premi res grandes enqu tes quantitatives de victimation ont t lanc es au milieu des ann es 1960 aux tats Unis dans un contexte d interrogations au sujet du renouvellement des formes et de la possible augmentation des faits criminels et d lictueux Elles ont d bouch sur la mise en place en 1972 puis dans un format renouvel et approfondi en 1989 d une enqu te annuelle sur tr s gros chantillon le National Crime Victimization Survey NCVS Zauberman R et al op cit p 24 10 Robert P et al 1999 p 257 258 1 2 La rupture introduite par enqu te nationale sur les violences envers les femmes en France ENVEFF tudier les violences pour elles m mes tablir des corr lations avec l tat de sant des femmes D s les ann es 1970 les mouvements f ministes ont fait de la d nonciation des violences faites aux femmes violences sexuelles en particulier un axe important de leurs revendications leur suite les organismes internationaux tels que l Organisation des Nations Unies ONU ont r it r des appels aux gouvernements pour que soient d velopp s des textes de lois susceptibles de promouvoir une plus grande galit entre les femmes et les hommes et notamme
76. stifier l absence totale d une telle question propos des agressions qui se d roulent dans les espaces publics De fait cette absence rend impossible la comparaison entre sph res de l occurrence des divers types de violences Ici par exemple aucun corpus homog ne de donn es ne peut permettre de dire s il y a plus ou moins d atteintes sexuelles dans les espaces publics que sur les lieux de travail ou d tudes et qui en sont les victimes compar es Cependant les d veloppements de CVS 2007 pourraient bien sous r serve de conclusions encore non disponibles donner raison la formulation d un questionnaire contextualis la mani re de Le module consultations et domicile tait introduit par Nous allons maintenant parler d v nements qui peuvent se produire avec des professionnels dans le cadre de consultations chez un m decin un avocat un psychologue un travailleur social un professeur particulier ou toute autre personne que vous auriez consult e ou votre domicile visite d un artisan un livreur un m decin un homme de loi un employ des services publics comme un facteur un policier un agent EDF etc ou d inconnus La loi du 17 janvier 2002 post rieure l ENVEFF tend les situations de harc lement sexuel aux cas o l agresseur n a pas n cessairement d ascendant hi rarchique sur sa victime 18 celui de l ENVEFF Pour le montrer nous pouvons saisir l occasion
77. sychologiques c est parce que dans ces deux ordres de r alit des atteintes l int grit de la personne se manifestent Le refus de Marcela lacub et Herv le Bras de reconna tre quelque pertinence l indice global de violence conjugale est coh rent avec leur prise de position sur le non sens de vouloir mesurer des violences psychologiques De m me l quipe de l ENVEFF est coh rente avec sa d finition initiale de la violence en agr geant diff rents types de violences toutes tant des violences mais de natures diverses On touche ici du doigt les questions sur lesquelles les deux approches sont totalement irr conciliables sur les principes Utilisant leur droit de r ponse dans le num ro suivant des Temps modernes les auteurs de l ENVEFF d fendent la notion de continuum notamment pertinente selon eux pour d crire les violences dans une relation de couple Ils pr cisent que l agr gation au sein d un m me indicateur de r alit s diverses par leur nature physique vs psychologique ou leur gravit tre suivie dans la rue vs tre viol e ne cr e pas artificiellement des continuit s ils rappellent qu ils ne souhaitaient pas laisser entendre qu un type de violence donn en entra ne inexorablement un autre des violences psychologiques vers les violences physiques par exemple dans un processus fatal d aggravation mais que l tude statistique des violences conjugales a montr que les violen
78. t en particulier pour pousser dans toute leur logique les recommandations de l OMS Krug et al 2002 trouve l une de ses raisons d tre dans l id e qu une enqu te statistique pour tablir en population g n rale la nature des relations entre violences subies et sant doit interroger tant la population f minine que masculine Si au premier abord EVS marche dans les pas de l ENVEFF c est d abord en vertu de l vidence selon laquelle cette enqu te sur les violences envers les femmes constitue une premi re ce titre il apparaissait utile de ne pas faire table rase des acquis constitu s par cette exp rience Autrement dit lorsque cela tait compatible avec les objectifs prioritaires d EVS il semblait judicieux de faire effort pour rendre le plus possible comparables les outils de recueil des donn es C est ce qui explique que le libell de plusieurs questions incluses dans le questionnaire d EVS pour interroger sur l occurrence des v nements violents soit tel quel repris de l ENVEFF Et de mani re g n rale tout acte de violence fait l objet dans EVS comme dans l ENVEFF de formulations explicites et concr tes quant aux actes concern s Autrement dit il n est jamais question de violence ou d agression Sur le fond la parent entre EVS et l ENVEFF r side aussi dans une commune d finition du concept de violence d finie a priori comme atteinte l int grit de la personne emprise d
79. t galement caract ris es par une exposition aux violences verbales sup rieure la moyenne 24 Cavalin C 2007 p 5 5 Cavalin C 2007 p 6 2 2 Enjeux et points d ancrage des comparaisons comparer des taux de victimation mais pas seulement Le premier et plus visible l ment de divergence ou de convergence possible entre les sources r side videmment dans le pourcentage de la population concern e par les ph nom nes mesur s ces diff rentes enqu tes s accordent elles dans leur compte du nombre de victimes en population g n rale Nous proposerons des r ponses cette question en d taillant le cas des violences sexuelles Mais il importe avant cela de bien comprendre que les enjeux sont beaucoup plus divers que de pure comparaison de niveaux bruts de victimation 2 2 1 Comparer oui mais libell de question identique Une chose est d admettre le principe selon lequel dire agression ou violence dans une question ne revient pas au m me pour la perception qu en ont les enqu t s que de nommer par des qualificatifs concrets la nature des actes en cause Mais il est sensiblement diff rent de pouvoir prendre l exacte mesure des carts que les variations entre deux formulations peuvent engendrer Un des meilleurs exemples qui nous est offert pour le faire est la comparaison des deux premi res ditions janvier 2005 et janvier 2006 de l enqu te CVS alors extension des enqu tes perm
80. t comptabilise comme violences par cons quent n est pas contextualis au contraire dans le cadre de disputes C est la d finition de la violence par diff rence avec le conflit voir 1 2 ci dessus qui justifie ce mode d approche du questionnaire auquel Marcela lacub et Herv le Bras ne rendent par cette r f rence faite aux situations de dispute pas justice 38 Id p 115 15 Que les deux auteurs manifestent leur opposition voir additionner des r alit s selon eux h t rog nes dans un m me indice se comprend A partir du moment o ils jugent que le terme de violence psychologique constitue l un des pires amalgames que l on puisse imaginer il est coh rent qu ils repoussent en bloc l indicateur global de violences conjugales En ayant le tort d objectiver ce qui ne peut tre que subjectif l ENVEFF r duirait le psychologique du physique Cette conclusion pr sent e dans l article Homo mulieri lupus introduit une distorsion qui nous semble absente de l ENVEFF cette enqu te n assimile pas les r alit s psychologiques la dimension mat rielle physique mais se permet d unir ces deux dimensions sous le d nominateur commun de la violence l est l homog n it En esp rant ne pas trahir le propos de tous les auteurs en cause il semble que si l ENVEFF n prouve au contraire pas d h sitation analyser tant des violences physiques que p
81. tent porter plainte Pensez vous qu il faut faire des campagnes de publicit pour sensibiliser la population aux probl mes de d linquance sexuelle Sans pouvoir mesurer l impact d une telle mise en condition de l enqu t e on peut penser que le m lange des genres qui intervient ici n est pas neutre et ne facilite pas le travail que ce questionnaire auto administr s efforce par ailleurs de conduire avec rigueur Pour mieux collecter les d clarations de violences exerc es entre conjoints et dans la sph re domestique ces questions d opinion pourraient dispara tre sans dommage et m me avec un b n fice probable Les propos qui dans l enqu te CSF permettent d introduire les questions sur les violences sexuelles pourraient indiquer dans quel sens aller pour rendre le d but du questionnaire auto administr de CVS plus coh rent avec son propos central La presse et la t l vision parlent r guli rement des abus sexuels sur les adultes et les enfants Chaque ann e des personnes sont victimes de tels abus Afin de mieux conna tre ce probl me je vous remercie de bien vouloir r pondre sinc rement aux questions suivantes et la question qui suit n est pas d opinion g n rale sur le sujet mais touche directement la situation personnelle du r pondant 2 3 2 2 Effets des m thodes de collecte Le protocole de collecte de toute enqu te m me pr cautionneux et confidentiel se heurte
82. thode auto administr e par ordinateur pour le questionnement sur les violences sexuelles Un autre l ment de test des effets possibles de la passation du questionnaire en mode auto administr par ordinateur peut en second lieu tre tir de l exploitation des donn es d EVS Pour disposer de r sultats statistiquement plus robustes nous pouvons nous int resser au comportement des r pondants toujours dans leurs r ponses propos des attouchements rapports sexuels forc s ou tentatives de rapports forc s mais sur la vie enti re moins les 24 mois pr c dant l enqu te Les effectifs sur lesquels peut porter l analyse sont beaucoup plus importants que sur la p riode de r f rence r cente puisque pour un taux de victimation moyen de 7 parmi les 18 75 ans ce sont 3 des hommes et 11 des femmes de ce champ qui sont touch s De m me qu propos des violences subies sur les 24 derniers mois les enqu t s avaient la possibilit dans le questionnaire auto administr de corriger une r ponse n gative donn e pr c demment de vive voix l enqu teur On s aper oit alors que la r partition entre hommes et femmes des personnes se d clarant victimes sur le long cours de leur vie l exclusion des 24 mois coul s est sensiblement diff rente selon que l on s en tient aux r ponses donn es en face face ou que l on inclut aussi au propos les r ponses rattrap es en mode auto administr Tableau 5 R
83. ue Paris PUF Quadrige 1937 XXIV 149 p lacub M Le Bras H 2003 Homo mulieri lupus A propos d une enqu te sur les violences envers les femmes Les Temps modernes 58 ann e f vrier mars avril n 623 p 112 134 Jaspard M Brown E Condon S Fougeyrollas Schwebel D Houel A Lhomond B Maillochon F Saurel Cubizolles M J Schiltz M A 2003 1 Les violences envers les femmes en France Une enqu te nationale Paris la Documentation fran aise 370 p Jaspard M Brown E Condon S Firdion J M Fougeyrollas Schwebel D Houel A Schiltz M A 2003 2 Violences v cues fantasmes et simulacres Les Temps modernes 58 ann e mai juin juillet n 624 p 184 195 Jaspard M et l quipe ENVEFF 2001 Nommer et compter les violences envers les femmes une premi re enqu te nationale en France Population amp soci t s janvier 4 p Junger Tas J Marshall I H 1999 The Self Report Methodology in Crime Research in Tonry M ed Crime and Justice A review of research volume 25 University of Chicago Press Chicago p 291 367 Krug E G Dahlberg L L Mercy J A Zwi A Lozano Ascensio R 2002 Rapport mondial sur la violence et la sant Organisation mondiale de la Sant Gen ve 376 p Lagrange H changes de coups prises de risques rapports sexuels forc s in Guilbert P Baudier F Gautier A sous la direction de Barom tre sant
84. uellement subies Le Barom tre sant Jeunes de 1997 et les ditions ult rieures jeunes et adultes de 12 75 ans du Barom tre sant contribuent aussi fournir des l ments de connaissance des comportements violents d clar s par ceux m mes qui en sont les auteurs Plus singuli re est l enqu te men e en 1999 sous la direction de S bastian Roch qui fait de la d linquance auto d clar e son objet central elle reste un cas isol qui s inscrit dans la probl matique de recherche globale de cet auteur Dans le domaine des violences que d clarent avoir subies et non plus exerc es les personnes qui constituent ici le centre de notre propos la France a lanc les premi res enqu tes de victimation au milieu des ann es 1980 l initiative du Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions p nales CESDIP Le projet consistait une vingtaine d ann es apr s les tats Unis et les pays qui en Am rique en Europe ou en Australie les avaient entre temps suivis mettre en place de grandes enqu tes quantitatives ayant pour mission originelle d tablir le chiffre noir de la d linquance et de fournir des indicateurs sociaux permettant de comprendre les m canismes du passage lacte criminel Rapidement la pr tention initiale de ces enqu tes produire une mesure plus objective de la criminalit s est en partie av r e vaine Celles ci en France en particulier se sont r
85. ues de la part d une personne qui ne vit pas actuellement dans le m me logement que vous y compris de la part d un ex conjoint ou conjoint qui ne vit plus actuellement avec vous Instruction aux enqu teurs Exclure les violences caract re sexuel 2 Violences sexuelles hors m nage Nous allons aborder maintenant des agressions sexuelles comme les viols ou les rapports sexuels forc s dont vous auriez pu tre victime au cours de ces deux derni res ann es En 2005 ou 2006 en dehors des personnes qui vivent actuellement avec vous est il arriv qu une personne vous oblige subir des attouchements sexuels ou avoir un rapport sexuel contre votre volont ou qu elle tente de le faire Auto administr par ordinateur 8 Violences physiques intra m nage En dehors de violences sexuelles est il arriv en 2005 ou 2006 qu une personne qui vit actuellement avec vous vous gifle vous frappe vous donne des coups ou vous fasse subir toute autre violence physique Auto administr par ordinateur 4 Violences sexuelles intra m nage En dehors de ces pisodes de violences est il arriv en 2005 ou 2006 qu une personne qui vit actuellement avec vous vous impose des attouchements ou un rapport sexuel non d sir en utilisant les violences les menaces la contrainte ou la surprise Auto administr par ordinateur Ce rapide r capitulatif permet de saisir que le
86. violences psychologiques dont on souhaite pouvoir rendre compte Cela conduit produire un r sultat agr g Le probl me pos maintenant est un peu diff rent lorsqu il s agit de proposer des indicateurs tr s synth tiques permettant de mesurer des ph nom nes dont on souhaite restituer la fois l intensit et le caract re complexe global et multiforme Dans le champ de la mesure statistique des violences les violences conjugales offrent un terrain de discussion de cet ordre Le d bat ce sujet a d abord t anim par la violente pol mique d clench e par Herv le Bras et Marcela lacub propos de la publication des r sultats de l ENVEFF A propos de cette pol mique il faut pr ciser qu elle engage bien autre chose qu un d bat scientifique en pla ant les changes d embl e dans un domaine id ologique Il ne s agit donc pas ici de se saisir des arguments d velopp s par ces auteurs pour entrer sur ce terrain mais de les prendre comme utile pr texte d battre de probl mes de m thode partir du faux proc s ou du proc s d intention que de mani re r p t e Marcela lacub et Herv le Bras adressent l quipe de recherche de l ENVEFF l occasion est offerte de soulever de vraies questions autour des m thodes d exploitation des donn es d enqu tes statistiques Une lecture critique des arguments formul s par ces auteurs permet d identifier des enjeux m thodologiques importants autour de

comment questionner les violences subies

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