La prolifération nucléaire aujourd`hui
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1. Comprendre Les Enjeux Strat giques Note hebdomadaire d analyse g opolitique GRENOBLE ESC de l ESC Grenoble 5 d cembre 2013 ECOLE DE MANAGEMENT La prolif ration nucl aire aujourd hui Un enjeu minemment g opolitique Par Jean Fran ois Fiorina Directeur adjoint de Grenoble Ecole de Management Directeur de l ESC Grenoble La prolif ration n est pas seulement le fait de primo acc dants la bombe atomique Des puissances nucl aires tablies y participent aussi Avec la conclusion du premier round de n gociations sur le nucl aire iranien Gen ve ce sont les enjeux li s la prolif ration qui gagnent en visibilit D laiss es depuis la fin de la guerre froide les probl matiques nucl aires militaires ne sont plus vraiment au centre des pr occupations strat giques Pourtant un monde nucl aire in dit est en train d merger et si nous n y prenons garde nous risquons de nous retrouver confront s un ordre nucl aire radicalement nouveau sans nous y tre au moins intellectuellement pr par s pr vient Camille Grand directeur de la Fondation pour la recherche strat gique dans la pr face l ouvrage de Th r se Delpech sur La dissuasion nucl aire au XXF si cle Prix Brienne du livre g opolitique 2013 l heure o les premi res puissances nucl aires s interrogent sur le maintien de leurs arsenaux du moins en Europe et aux tats Unis il importe de resitue2. cidentale La bonne vieille dissuasion a t elle encore un sens Il devient vident que l Occident accorde aux armes nucl aires un r le de plus en plus marginal et restreint dans sa panoplie strat gique constatait Th r se Delpech au moment m me o plane en Asie de l Asie occidentale l Asie orientale une menace sur la pr servation de la paix nucl aire Ce d sint r t se traduit aussi par un rel chement de la r flexion doctrinale Autrement dit les tats Unis la France et la Grande Bretagne disposent d un arsenal dont le mode d emploi n a pas t sensiblement r vis depuis la fin de l affrontement bipolaire La dissuasion a t elle est toujours le concept de base des doctrines nucl aires occidentales R pond elle aux d fis lanc s par les nouvelles puissances asiatiques La possession de la Bombe garantit elle la sanctuarisation d un territoire L extension du parapluie nucl aire des alli s hors de l Europe est elle souhaitable voire cr dible Les m canismes classiques de l escalade nucl aire ont ils encore cours vis vis d autres puissances que la d funte URSS Pour r pondre ces questions il faudrait conna tre les intentions des adversaires potentiels L arme nucl aire sera t elle avant tout une arme d emploi Aura t elle pour objectif premier de frapper des troupes militaires ou directement des ag glom rations civiles Son emploi sera t il int gr d autres modes d ac
3. directrice des affaires strat giques du CEA aujourd hui d c d e C est par la diplomatie que s organise principalement la contre prolif ration Elle repose sur deux principaux outils Agence internationale de l nergie atomique AIEA et le trait de non prolif ration TNP de 1968 L enjeu est de taille Le risque est grand en cas d chec d une prolif ration en cascade alerte Bruno Tertrais Si jusqu pr sent ce syst me a bien fonctionn les tats s tant engag s dans la voie des applications militaires sont rares et la majorit a renonc franchir le seuil nucl aire il est permis de douter de son efficacit pour le si cle qui s annonce L re nouvelle ne sera pas n cessairement soumise aux r gles de l ancienne pr venait Th r se Delpech pour qui le XXI si cle sera caract ris par une forme de pirate rie strat gique c est dire un manque de respect croissant pour le droit international et les r gles de comportement accept es par tous Cette piraterie est le fait d un nombre de plus en plus croissant d acteurs tatiques mais aussi non gouvernemen taux qui contestent l ordre international mis en place au lendemain de la Seconde Guerre mondiale par les puissances dominantes d alors Les mergents ainsi que les pays se percevant comme des leaders r gionaux historiques se contenteront ils de cet ordre qu ils consid rent comme leur tant d favorable Probablement pas Par le t
4. iquement l Union sovi tique a acquis des armes nucl aires pour parvenir l quilibre avec les tats Unis la Grande Bretagne et la France les ont acquises pour dissuader l URSS la Chine pour dissuader la fois les tats Unis et les Sovi tiques etc l inverse l Afrique du Sud le Br sil ou encore l Argentine ont abandonn leurs programmes d s lors que leur environnement s curitaire ne les justifiait plus Pour Scott Sagan cependant l explication par l analyse strat gique et s curitaire ne suffit pas Les programmes d armes nucl aires servent galement d autres objectifs plus chauvins et moins vidents Il propose deux autres mod les compl mentaires dont chacun pr tend d voiler les autres motifs qui au del de la recherche de s curit poussent des tats se doter d armes nucl aires Le mod le de la politique int rieure insiste sur l importance des m canismes d acquisition propres la culture administrative et politique d un tat prolif rant Le d veloppement des armes nucl aires serait ici motiv par des rivalit s entre administrations et responsables CLES Comprendre Les Enjeux Strat giques Note hebdomadaire n 119 5 d cembre 2013 www grenoble em com 2 La dissuasion reste le concept de base des doctrines nucl aires occidentales Elle n a pas t fondamentalement remise en cause depuis la disparition de ce qui la justifiait l URSS politiques Les programmes n
5. officielles tats Unis Russie France Grande Bretagne et Chine cf note CLES n 50 12 01 2012 La lutte contre la prolif ration verticale c est dire le d sarmement ou la limitation des arsenaux nucl aires d j en service est en revanche nettement moins volontariste Et ce en d pit de la prolif ration active CLES Comprendre Les Enjeux Strat giques Note hebdomadaire n 119 5 d cembre 2013 www grenoble em com 1 L Agence internationale de l nergie atomique AIEA et le trait de non prolif ration TNP de 1968 restent les instruments de la contre prolif ration Sont ils adapt s une re de piraterie strat gique L arme nucl aire est justifi e par des raisons s curitaires Mais pas seulement Entrent aussi en ligne de compte des consid rations de politique int rieure et une recherche de prestige d influence sur la sc ne internationale entreprise notamment par la Chine ou la Russie Dans la strat gie militaire chinoise en effet les armes nucl aires jouent un r le croissant De nouveaux syst mes air mer et terre commencent tre d ploy s dans la r gion dans la plus grande opacit d nonc e par ses voisins Avec beaucoup moins de ressources financi res la Russie donne aussi la priorit ses capacit s nucl aires parce qu elle estime que d importants d s quilibres conventionnels existent avec l OTAN et avec la Chine constatait Th r se Delpech ex
6. r le d bat sur la dissuasion dans le contexte mouvant de la g opolitique contemporaine arme nucl aire n est pas un simple moyen de destruction Pour les uns instrument de guerre comme toutes les armes Moyen de la non guerre pour les autres qui mar quent ainsi la diff rence entre la paix naturelle imputable la mod ration des politiques et la paix forc e due la r tention de la violence par la peur de ses exc s analysait le g n ral Lucien Poirier Des strat gies nucl aires 1977 Instrument politique autant que guerrier la Bombe conserve des attraits incomparables C est ce qui explique la relance de la prolif ration qui peut tre le fait de primo acc dants souhaitant d velopper des programmes clandestins mais aussi des puissances nucl aires ta blies qui renforcent et am liorent leurs arsenaux La lutte contre la prolif ration malmen e Pour Bruno Tertrais ma tre de recherche la FRS la prolif ration est le fait des pays qui sont rest s l cart du TNP Inde Isra l Pakistan qui s en sont retir s Cor e du Nord ou qui sont soup onn s de le violer iran Birmanie Depuis la fin de la guerre froide l effort de la communaut internationale privil gie la contre prolif ration horizontale qui vise viter qu un tat puisse ma triser la technologie nucl aire militaire et tre ainsi en mesure de bouleverser les quilibres r gionaux garantis par les puissances nucl aires
7. ruchement de l arme nucl aire ils peuvent esp rer le bousculer Pour anticiper les bouleversements en cours la contre prolif ration devra davan tage se concentrer sur les motivations des challengers d un Occident per u comme d clinant et non sur les seules modalit s techniques et scientifiques qui pr sident la r alisation ou l approfondissement d un programme nucl aire La question du pourquoi ne devrait elle pas tre en effet au centre de la lutte contre les programmes nucl aires militaires clandestins et la prolif ration verticale Pourquoi un Etat choisit il le nucl aire La r ponse la plus vidente est que les tats qui cherchent d velopper des armes nucl aires ou les am liorer sont ceux qui sont confront s une menace mili taire significative qu ils estiment ne pas pouvoir contrer par d autres moyens plus conventionnels En l absence d une telle menace ils resteraient volontiers des tats non nucl aires ou la capacit sommaire C est le mod le de la s curit tabli par Scott Sagan professeur de sciences politiques Stanford L valuation des menaces restant un exercice la fois subjectif et politique c est la perception qu a un tat de son environnement s curitaire r gional et international davantage que la r alit objective de celui ci qui le pousse ou non d velopper une capacit nucl aire militaire La prolif ration engendre donc la prolif ration Histor
8. tion Son usage fera t il l objet d avertissements selon des modalit s connues de l adversaire C est ce nouvel effort intellectuel qu invite l ouvrage posthume de Th r se Del pech S int resser la prolif ration nucl aire est une fa on de se pr parer aux profondes mutations g ostrat giques de ce si cle naissant W Pour aller plus loin La dissuasion nucl aire au XXI si cle Comment aborder une nouvelle re de piraterie strat gique par Th r se Delpech Odile Jacob 311 p 25 90 Why Do States Build Nuclear Weapons Three Models in Search of a Bomb par Scott Sagan in International Security 21 n 3 Winter 1996 1997 Atlas mondial du nucl aire par Bruno Tertrais Autrement 80 p 17 EXTRAIT Sur les cons quences d une absence de remise en cause C est ainsi que la surprise strat gique et le chantage nucl aire pourraient devenir les seules r gles encore en vigueur P re de la piraterie Perspective inqui tante m me avec des acteurs nucl aires de faible puissance Th r se Delpech La dissuasion nucl aire au XXI si cle op cit Retrouvez d autres analyses g opolitiques sur www diploweb com et sur http notes geopolitiques com CLES Comprendre Les Enjeux Strat giques Note hebdomadaire n 119 5 d cembre 2013 www grenoble em com 3
9. ucl aires am ricains et fran ais leurs d buts illus trent ce jeu des luttes de pouvoir entre institutions Plus pr s de nous l tude du cas iranien r v le un m me jeu entre les divers acteurs du programme au sein du quel chacun justifie son existence ind pendamment des consid rations officielles sur l int r t national Quant au mod le de la norme il fait r f rence la volont de prestige et d affirmation de puissance Ici la repr sentation qu a un tat de lui m me sur la sc ne internationale est primordiale Ce mod le peut tre compl mentaire du pr c dent Ainsi la vocation iranienne d tre la grande puissance r gionale du Golfe explique en tr s grande partie la course l arme nucl aire Outre la d monstration d une excellence scientifique et technologique la possession d un arsenal nucl aire offre aux tats un outil au service de leur politique trang re Elle est garante d une autonomie strat gique ARE En r alit l histoire de la prolif ration conjugue les trois mod les s curit poli tique int rieure norme L explication des rapports de force internationaux n est jamais monocausale la faveur de la recomposition g opolitique actuelle carac t ris e la fois par l volution de la d mographie globale et la mondialisation de l conomie la prolif ration semble donc avoir un bel avenir En remettant en cause dans ce domaine aussi la domination oc
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