De Landsheere, V
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1. troits par quelques valuations sim plistes partir desquelles on tire des conclusions parfois lourdes de cons quences pour l avenir des individus quivaut une sorte de violation des droits de l homme Qu on le souhaite ou non l valuation de la comp tence minimale continuera sous une forme ou sous une autre M me si l on d cide de ne plus faire redoubler dans l enseignement l mentaire voire dans le secondaire il faudra n anmoins dire partir de quel seuil un l ve a besoin d une aide particuli re ou a ven tuellement raison de modifier l orienta tion de ses tudes si on lui en laisse le loisir Dans l hypoth se d un tat qui pers v rant dans le refus de s lection d j pratiqu dans le primaire et le secon daire autoriserait un acc s totalement libre aux tudes sup rieures il faudrait bien qu alors intervienne au moins la certification d une comp tence minimale pour ceux qui vont tenir en main le sort des autres Sinon n importe qui se pro clamerait m decin ou ing nieur tout simplement pour avoir s journ plus ou moins longtemps dans un tablissement sp cialis qui ne lui aurait demand aucun compte Ceci reste de la fiction Les proc dures d valuation sont plus ou moins arbitrai res incontr l es mais elle existent ou bien elles jouent un r le positif cons tructif ou bien elles sont destructrices Le probl me auquel le monde de l2. Ebel tente d expliquer ce ph nom ne de la fa on suivante Pendant les p rio des o une nation se sent menac e l excellence l accomplissement l adh sion aux grandes valeurs ternelles tendent exprimer la volont du peuple Quand la menace est pass e la philo sophie naturaliste la jouissance de la vie prennent le dessus Austin et Garber 1982 p XI Le dernier exemple de cette fluctuation se trouve dans le mouvementlibertaire galitaire qui mar que la p riode d abondance de l apr s deuxi me guerre mondiale culminant dans les ann es 60 et la r action ac tuelle li e la crise conomique qui lui a succ d L attention accord e pour le moment aux comp tences minimales semble lui tre li e Le vif int r t que le monde politique manifeste pour la comp tence minimale proc de de raisons diverses voire pres que oppos es Ainsi pour les uns il s agit de savoir si les d penses consenties pour l ensei gnement et la formation conduisent des r sultats tangibles et suffisants court terme Moins les effets esp r s seront ambitieux plus il sera facile et justifi de rationaliser c est dire de r duire les d penses d ducation Si de surcro t le contr le du rendement scolaire est effectu par un pouvoir cen tral on assiste videmment un renforcement de celui ci Pour d autres valuer si tous les l ves ma trisent des comp tenc
3. des probl mes qui ne se poseront eux que bien plus tard et dont ils ne per oivent encore ni l importance ni l int r t La r ponse ne peut se trouver que dans un dialogue de grande qualit entre les membres de la communaut ducative permettant d laborer un projet original ou d adh rer un projet existant Un tel dialogue n est pas fr quent De plus Coste et al 1984 p 16 rel vent avec raison qu il n y a pas toujours D cembre 1990 n 2 un rapport troit entre les demandes et la d finition des objectifs Ces derniers peuvent tre d finis pour aider la cristallisation de besoins la tents voire la cr ation de besoins nouveaux ou en pr vision d une de mande non encore manifeste mais prob able Il se peut surtout que les objectifs ducatifs d bordent ou n gligent la demande initiale des apprenants Ainsi dans un syst me d ducation donn l apprentissage d une langue trang re peut ne pas avoir d objectif propre mais ne prendre sens que par rapport aux finalit s d ensemble du projet ducatif Le contact avec la langue trang re doit par exemple permettre l appre nant de d velopper des attitudes d ouverture l gard de cultures autres que la sienne ou bien encore de mieux prendre conscience contrastivement du fonctionnement de sa langue maternelle Il se peut aussi comme c est le cas pour les besoins que les objectifs explicites en dissimu
4. du cation est confront est avant tout celui d une soci t d une culture en crise Plus que jamais sans doute il est n ces saire d tablir si l cole accomplit cor rectement sa mission et de voir com ment elle pourrait mieux le faire mesure que l on approfondit la ques tion l utilit d une valuation indicative et non d cisive des comp tences mini males se confirme Tant pour l l ve que pour ses ducateurs faire p riodique ment le point aussi rigoureusement que possible sur l tat d avancement des apprentissages est important cette fin ma tres et l ves devraient pouvoir disposer d instruments d va luation centr s sur les objectifs aussi bien construits que possible et d un degr de finesse variable Ces instruments seraient pr par s soit par les ensei gnants eux m mes ventuellement aid s par des sp cialistes soit par des services techniques Quelles que soient les r ticences les faiblesses les imperfections les failles th oriques d nonc es il n est reste pas moins que chaque jour des comp ten ces minimales sont valu es dans les coles chaque ann e la progression dans les tudes est autoris e encoura g e ou interdite d conseill e chaque ann e encore des certificats de comp tences sont d livr s ou non des dipl mes sont d cern s ou refus s La d cision cruciale est prise par des ducateurs qui dans leur tr s grande
5. atteindre dans le domaine cognitif et voir par exemple siles l ves y arrivent la fin de l enseignement coll gial Mais ces standards ont ils beaucoup de va leur pr dictive des comp tences adul tes En fait on peut poser cette question pratiquement propos de tout l ensei gnement et remettre en cause tout le curriculum Les comp tences minima les soul vent donc bien le probl me ducatif tout entier Mais n abandonnons pas imm diate ment cette redoutable question m me si elle est loin d tre neuve A t on jamais pu d montrer de fa on irr futable dans quelle mesure les pro grammes les plans d tudes suivis pr parent efficacement l l ve faire face aux difficult s qui l attendent dans la vie Traditionnellement ces program mes ont t qualifi s de programmes de formation g n rale parce que l on fait l hypoth se qu embrasser le plus large ment possible les principales branches du savoir et du savoir faire arme le futur adulte non seulement de connaissan ces utiles mais aussi d habilet s plus g n rales aptitude la r solution de probl mes l analyse la synth se etc qui par transfert l aideront s adap ter un maximum de situations diff ren tes voire impr visibles cette formation on reproche sonimpr cision son pari tant loin d tre toujours justifi par les faits Au lieu de relier les comp tences mini males aux progra
6. de stigmatisation pour les plus d favoris s socialement mais un lieu o tous pourraient et devraient trouver leur fa on propre de r ussir Pour que l valuation n cessaire des aptitudes prenne la forme d un con seil d orientation plut t que d un ver dict d exclusion il faudrait multiplier les fili res socialement quivalentes par opposition aux carri res hi rar chis es d aujourd hui Mais quels que soient les dangers des contr les de comp tences quelle que soit la n cessit de lutter contre les L acquisition des comp tences minimales doit faire partie int grante d un projet ducatif P dagogie coll giale 5 4 es D cembre 1990 effets de stigmatisation de condam nation vie il existe n anmoins un imp rieux besoin tant pour les individus concern s que pour la soci t de faire le point temps sur les apprentissages r alis s par les l ves On ne peut pas repousser toujours le moment de v rit Principe IIl du Rappori On n aide pas un jeune en lui accordant une sorte de droit d entr e fictif dans un processus ou un tablissement d ap prentissage car on ne peut pas tricher avec la logique r elle de celui ci En d autres termes les pr alables existent bien et en de d un certain seuil les chances de r ussite sont pratiquement nulles L immense difficult se situe dans la d couverte de ce seuil effectif Concr
7. lieu de travailler Socrate Et ces constatations se poursuivent au fil des si cles Les lacunes des l ves sont relev es au xvie si cle Gaussen continue L on vit par exp rience que la plupart des enfants sortent pr sente ment des coll ges sans entendre le la tin Antoine Arnauld 1612 1694 M moires sur le r glement des tudes dans les lettres humaines Au xvme si cle d Alembert crit dans son Encyclop die 1753 que le temps consacr appren dre le latin une langue morte serait bien mieux employ apprendre par principes sa propre langue qu on ignore P dagogie coll giale 14 toujours au sortir du coll ge et qu on ignore au point de la parler tr s mal De son c t Hopper 1975 cit par Gagn 1982 p 69 rappelle quelques textes qui s chelonnent du XVII si cle la premi re moiti du XXe et qui stig matisent l insuffisance des connaissan ces linguistiques etorthographiques des tudiants terminant leurs tudes D j en 1689 Audry constatait Il est ordi naire de trouver des coliers de rh to rique qui n ont aucune connaissance des r gles de la langue fran aise et qui en crivant p chent contre l orthogra phe dans les points les plus essen tiels En 1730 Restaut d plore que Les jeunes gens sortent des coll ges aussi ignorans de leur langue mater nelle que s ils avoient est levez chez des trangers La revue E
8. majorit jugent en leur me et cons cience Toutefois ils ne tranchent pas en se r f rant un m me code en fonction des m mes crit res ce dont on peut se r jouir en raison m me des caract ristiques particuli res de chaque apprenant et de son environnement Mais cette volont d assurer l quit par l in galit des traitements et des crit res porte aussi en elle la menace d injustice envers les individus et de nuisance en vers la soci t C est pourquoi le diagnostic qui aboutit la conclusion de r ussite ou d chec en mati re de comp tences minimales doit absolument tre mis apr s une r flexion aussi m re et aussi fond e que pos i sible N R F RENCES ARDITTI C Les nouveaux cancres Le Monade 23 octobre 1984 p 13 AUSTIN G R et H GARBER eds The Rise and Fall of National Test Scores New York Academic Press 1982 BOUDON R et P BOURRICAUD Diction naire critique de la sociologie Paris PU F 1982 P dagogie coll giale 5 4 EEA BRITELL J K Competence and Excel lence The Search for an Egalitarian Stan dard The Demand for a Universal Guarantee in R M Jaeger et C T Tittle eds 1980 p 23 39 BURTON N W Societal Standards Journal of Educational Measurement 1978 15 4 263 271 COSTE D et al Un niveau seuil Projet langues vivantes Strasbourg Conseil de l Europe Paris Matier 1976 FORBES R H Fun
9. Enseignement coll gial et comp tences minimales ans maints pays qu ils soient hautement industrialis s ou moins avantag s l enseigne ment primaire et secondaire est depuis quelque temps accus d une grave baisse de rendement Il enverrait aux universit s ou dans les entreprises des dipl m s qui ne dominent m me plus suffisance les cl s traditionnelles du sa voir lecture expression crite arithm tique l mentaire Selonles contextes culturels les temp raments nationaux et les usages scolai res les r actions ont pris des formes diverses beaucoup vont dans le m me sens un retour aux savoirs de base Back to basics propos desquels un seuil de comp tences minimales doit tre franchi pour tre promu ou obtenir un certificat de fin d tudes Establet parle ce propos du smig culturel que l on envisage d instaurer en France Ce mouvement a pris sa forme la plus accus e aux tats Unis o un grand nombre d tats ont adopt des disposi tions juridiques en ce sens et o l on compte actuellement plusieurs actions enjustice intent es au nom d l ves qui s estiment injustement priv s d un di pl me important pour leur avenir Plusieurs questions fondamentales se posent elles portent aussi bien sur les objectifs de l ducation secondaire et sur l volution de celle ci que sur la notion de comp tences minimales la Conf rence de cl ture du 10 col
10. ction professionnelle valide m me pour des fonctions relativement troites En se r f rant Ghiselli 1966 il rel ve que la validit pr dictive des tests vocationnels utilis s pour pr dire l efficacit professionnelle se situe g n ralement en dessous de 0 30 La logique de la m thodologie scientifique est indiscutable la possibilit de l ap pliquer correctement n existe pas p 314 Levin a sans doute partiellement raison au m me titre que tous ceux qui repro chent l cole toutes ses faiblesses mais o se trouve l alternative r aliste La comp tence minimale Trois fa ons de voir les choses Dans une conception troitement sco laire on en revient l exigence du savoir lire crire calculer Une autre fa on de voir les choses se rattache au concept d alphab tisation fonctionnelle concept dont il n existe pas encore loin s en faut de d finition universellement accept e Dans beaucoup de programmes d valuation la comp tence minimale est r duite la capacit de lire et de compren dre les messages d utilit directe dans la vie courante modes d emploi annonces informations factuelles contenues dans un journal consultation d un annuaire t l phonique la capacit d crire une lettre simple pour postuler un emploi ou de remplir des formulaires et de faire des calculs simples quatre op rations P dagogie coll giale 5 4 a arithm tiques sur des nomb
11. ctional Literacy and Writing Some Cautions about Interpreta tion in R G Austin et H Garder eds 1982 p 51 82 GAGN G Enseignement et qualit de la langue au Qu bec Le Fran ais moderne 1982 GAUSSEN F Rien de nouveau sous le soleil Le Monde dossiers et documents num ro sp cial n 126 octobre 1985 p 16 GHISELLI E The Validity of Occupational Aptitude Tests New York Wiley 1966 LEVIN H M Educational Performance Standards Image or Substance Journal of Educational Measurement 1978 15 4 309 319 PROST A Les lyc ens et leurs tudes au seuil du xx si cle Rapport du groupe de travail national sur les seconds cycles Paris Minist re de l ducation nationale 1983 SPADY W G The Concept and Implica tions of Competency based Education in R M Jaeger et C K Tittle eds Minimum Competency Achievement Testing Berke ley California 1980 p 459 468 TRAVERS R How Research has Changed American Schools Kalamazoo Mich My thes Press 1982 D cembre 1990
12. e Vol 4 n cessaire aux citoyens pour fonction ner dans la soci t qui est la leur Britell 1980 p 24 La notion de com p tence minimale varie ou devrait donc varier en fonction des transformations sociales Un autre aspect m rite aussi d tre sou lign Les comp tences n ont pas de valeur par elles m mes mais bien comme pr dicteurs de performances couronn es de succ s dansles activit s de la vie pr sente et future y compris la capacit d atteindre des r sultats affec tifs ou sociaux positifs Ce succ s se manifeste soit dans le fonctionnement l int rieur de structures de r le existan tes soit dans la capacit de cr er de nouveaux r les pour r pondre de nou velles conditions sociales Spady 1980 p 460 Ainsi con ue la comp tence corres pond rarement une simple application de capacit s cognitives affectives ou psychomotrices isol es En pratique plu sieurs capacit s discr tes sont combi n es en des structures adapt es aux contingences de la situation En outre comme l crit Spady 1980 p 461 Les connaissances les habile t s et les concepts sont des composan tes importantes du succ s dans les r les de la vie mais ils ne l assurent pas Le succ s d pend au moins galement des attitudes des valeurs des attentes de la motivation de l ind pendance de la coop ration de l endurance de l in tention des personnes Ce n est pas parc
13. e minorit s lectionn e jouissait de ce privil ge dans presque tous les pays Si les jeux olympiques s ouvraient soudain quiconque sou haite y participer sans s lection pr ala ble personne ne s tonnerait de voir baisser la moyenne des performances m me si les grands champions restaient gaux eux m mes Les apprentissages insatisfaisants sont d autant plus explicables dans l ensei gnement secondaire que sauf rares ex ceptions les m thodes d enseignement n ont pas t syst matiquement modi fi es en fonction des changements de population De surcro t le monde contemporain devient de plus en plus complexe et savant ne dit on pas que le capital de connaissances de l humanit double actuellement en moins de dix ans or les modes de vie et les modalit s de communication ne sont pas n cessaire ment favorables l acquisition des sa voirs et des savoir faire traditionnels par les voies traditionnelles on se t l phone plus qu on ne s crit et quand finit D cembre 1990 n 2 l enseignement secondaire certains jeu nes ontconsacr autant d heures regar der la t l vision qu travailler pour leurs tudes Le probl me ducatif r soudre est d autant plus complexe que l volution scientifique et technique qui pr pare la civilisation du XXI si cle semble pro mettre le pouvoir et l emploi ceux qui auront pu le mieux d velopper leurs facult s intellectuelles su
14. e que l on a acquis certaines habilet s l cole qu elles seront bien utilis es dans la vie Des comp tences minimales pour quoi Cette question peut recevoir deux r ponses principales qui ne s excluent d ailleurs pas mutuellement ou bien on vise des apprentissages des tudes ult rieures ou bien on recherche ce que Burton 1978 p 269 appelle l effica cit personnelle autrement dit la ca pacit de r soudre des probl mes de vie Les comp tences requises pour des apprentissages ult rieurs Chaque fois qu un enseignant value son l ve de fa on plus ou moins for malis e ne f t ce qu propos d une D cembre 1990 n 2 le on pr c dente ce n est pas seule ment pour la valeur intrins que de l ap prentissage que cette le on visait mais c est aussi pour s assurer que l l ve est pr t remplit les conditions n cessaires pour poursuivre On trouve une formali sation de cette d marche dans la p da gogie de la ma trise ou dans l enseigne ment modulaire o notamment l aide de tests crit riels la qualit de l appren tissage d une t che est v rifi e avant de passer la suivante Dans notre syst me scolaire actuel des valuations beaucoup plus syst mati ques qu elles consistent en un bilan sommatif des valuations effectu es pendant l ann e scolaire en examens de passage ou les deux combin s ont encore tr s
15. es O La capacit d accomplir les t ches de lecture et d criture n cessaires pour pratiquer un m tier O La capacit de lire en les compre nant divers crits des fins diverses et de communiquer par crit des fins diverses et pour des destinataires divers O La capacit d effectuer les op ra tions arithm tiques fondamentales et de D cembre 1990 trouver les sources d information par exemple dans les biblioth ques O La capacit d utiliser et de d fendre ses droits de citoyen O La ma trise des processus fonda mentaux de la lecture de l criture de la r solution de probl mes du calcul de l expression orale de l coute la ma trise d un noyau de connaissances en sciences et en lettres la ma trise des techniques fondamentales de l tude permettant de poursuivre un projet per sonnel dans la soci t existante Cette conception d j bien plus riche des comp tences minimales est d pas s e par une conception beaucoup plus noble encore qui rel ve de la troisi me cat gorie que nous distinguons L alphab tisation fonctionnelle se d fi nit alors par la capacit d utiliser le lan gage dans toutes ses formes pour aug menter la connaissance clarifier la pen s e enrichir l imagination et guider le jugement Et cet emploi cultiv du langage doit aussi tre celui des connaissances et des autres habilet s acquises On en arrive ainsi poser que les com p
16. es jug es mini males proc de du souci de v rifier si l galit des chances aspect particu lier de l galit des droits civiques existe r ellement dans les faits Dans l hypoth se d un constat n gatif surtout s il affecte des populations parti culi res des mesures permettant de rem dier cette situation seront reven diqu es Les d penses ducatives peuvent ainsi tre augment es au nom de la justice sociale et d une politique long terme au lieu de se voir r duites Bien entendu cette politique ne sera rentable que si la notion de p dagogie du succ s correspondant au projet ducatif de chacun se substitue celle de simple galit des possibilit s d ac c s aux institutions scolaires On arrive ainsi l un des points centraux du d bat qui nous occupe jamais le souci de garantir des comp tences minimales ne peut correspondre une fin en soi l acquisition des comp ten ces minimales doit faire partie int grante d un projet ducatif Le danger de l uniformisation autoritaire des comp tences Exiger de tous la possession des m mes capacit s estim es minimales re poserait sur une hypoth se implicite discutable tous les membres de la so ci t adh reraient certaines valeurs se traduisant par exemple par limpor tance accord e la capacit de lire d utiliser l informatique de participer la vie politique etc Or cette hypoth se de valeurs la
17. lent d autres que l on ne pr cise pas mais qui sont parfois d cisifs comme de former une conscience natio nale ou de renforcer l id ologie domi nante ou de favoriser indirectement une certaine s lection sociale Bref une parfaite lin arit entre les be soins ressentis un moment donn les objectifs et les comp tences minimales est illusoire tant pour des raisons du catives que socio politiques Conclusion Le probl me des comp tences minima les est assur ment l un des plus lanci nants qui soient dans tout syst me d du cation ou de formation Par quelque bout qu on s y attaque les difficult s th oriques et pratiques surgissent sans tarder La difficult th orique r side notamment dans l intrication des composantes phi losophique et scientifique qui s entre m lent souvent linsu m me des pra ticiens des d cideurs et des chercheurs La difficult pratique na t de la contradic tion entre le souhait d ignorer d vacuer la question et son in luctabilit Les formes d cisionnelles varient mais ar rive toujours le moment de distinguer la comp tence de l incomp tence de cer tifier un savoir ou un savoir faire Nier l existence du probl me correspond une d robade une chappatoire Vou loir le r soudre par quelques r glements Arrive toujours le moment de distinguer la comp tence de l incomp tence de certifier un savoir ou un savoir faire
18. loque an nuel de l AQPC M De Landsheere a ga lement pr sent le pour et le contre d un programme d valuation des comp tences minimales On trouvera son propos sur le sujet dans De Landsheere V Faire r ussir faire chouer Paris P U F 1988 p 226 234 Viviane De Landsheere Professeure Universit de Li ge place leur accorder et la possibilit d en valuer objectivement la ma trise sans commettre d injustice L enseignement accus Hier Avant de pr senter quelques unes des critiques que lon fait actuellement l cole rappelons d abord que des re proches au moins aussi s v res ont t formul s dans le pass G n raliser est peut tre dangereux mais il semblerait que chaque g n ration estime sa for mation plus s rieuse que celle de la suivante Rien de nouveau sous le soleil crit Gaussen 1985 On a toujours dit que le niveau baissait que l cole formait des incapables et qu une r forme radicale s imposait Et certains lont si bien dit qu il semble qu il n y ait rien ajouter Les jeunes gens ne seront jamais comme la jeu nesse d autrefois Inscription babylo nienne plus de 3000 ans av J C Notre monde a atteint un stade criti que Un pr tre gyptien 2 000 ans av J C Les jeunes d aujourd hui aiment le luxe ils sont mal lev s m prisent l autorit n ont aucun respect pour leurs a n s et bavardent au
19. mmes scolaires g n raux approche p dagogique on peut l oppos choisir une approche prag matique c est dire s efforcer de d couvrir des t ches pr cises qu il faut tre capable d accomplir dans notre so ci t comprendre un mode d emploi savoir lire une carte g ographique On risque cependant ainsi de r duire l ducation quelques t ches banales Sont ce l les crit res par rapport aux quels nous devons juger douze ans de scolarit intensive si c est du certificat d enseignement secondaire qu il est question Levin 1978 p 313 Un enseignement ax sur des r gles et des proc dures simples ne pourrait il pas faire acqu rir de telles comp tences en quelques mois Les comp tences minimales soul vent le probl me ducatif tout entier Enfin toujours selon Levin reste l ap proche scientifique Elle consiste re chercher les comp tences adultes plus larges et s lectionner des standards de performance sur la base de leur va leur pr dictive Par exemple pour la comp tence participer activement la vie politique on distinguera une s rie de comportements tels que voter recher cher de l information sur les probl mes politiques participer aux campagnes lectorales Va t on ainsi pouvoir pr dire effective ment le comportement politique C est videmment douteux Levin p 314 rappelle combien il reste difficile d op rer une s le
20. njeux a consacr une s rie d articles une recherche similaire de textes anciens 3 5 p 4 6 6 p 5 6 prouvant qu toutes les poques la m connaissance de la langue chez les l ves a mu des observateurs atten tifs En 1762 un m moire d une facult de droit proclame qu Un tudiant sor tant du coll ge apr s huit ans d tudes n est pas en tat de lire un livre fran ais en compagnie d honn tes gens De Lamennais et Dumas fils cit s par l abb Vincent 1910 Faguet en 1909 pour nous limiter l aube du xx si cle la m me lamentation se r pand sur l inca pacit des tudiants parler et crire correctement en fran ais Se r f rant l anthologie de rapports de jurys de baccalaur at du xix si cle publi e en 1983 par A Chervel INRP Arditti 1984 rel ve les passages sui vants L on ne peut imaginer le lyc en d il y a cent vingt ans sans une parfaite connaissance de la langue fran aise D cembre 1990 n 2 33 et de l orthographe Or le diagnostic est accablant L ignorance du voca bulaire et de la litt rature Les candidats ignorent le titre des princi paux ouvrages et la biographie de Montesquieu de Bossuet de Ra cine doyen des lettres de Cler mont novembre 1864 l inaptitude s exprimer d une fa on claire et coh rente dans leur langue maternelle un doyen de Strasbourg en 1860 sont couramment relev es par les p
21. onnaire ou d un ma tre Ils ne peuvent crire sans fautes d orthographe de grammaire et de ponctuation On rougit de honte la lecture d une lettre qu ils vous cri vent Qu en est il alors des cen taines et des milliers d enfants de citoyens moins favoris s qui quittent l cole avant de terminer leurs tu des P dagogie coll giale Vol 4 La chute de rendement n affecte pas les meilleurs l ves au contraire ils sont plus forts que jamais Et aujourd hui Certes on ne peut nier qu un probl me existe Encore faudrait il le poser cor rectement Il est ind niable que le ren dement moyen de l enseignement se condaire baisse dans beaucoup de pays et que nombre d l ves accusent des carences graves dans les disciplines fondamentales Mais bien des nuances doivent clairer ce diagnostic brutal Il faut d abord rappeler que la chute de rendement n affecte pas les meilleurs l ves au contraire ils sont plus forts que jamais Parmi bien d autres les tudes de l Association internationale pour l valuation du rendement scolaire IEA apportent depuis plus de vingt ans des preuves indiscutables cet gard On doit aussi tenir compte des change ments profonds dans les populations scolaires La tendance g n rale est de garder la presque totalit des jeunes dans l enseignement secondaire jusqu 15 16 voire 18 ans Il y a vingt cinq ans peine seule un
22. p rieures ca pacit s d analyse de synth se d va luation flexibilit cr ativit L int r t pour la comp tence minimale Quelles seront en pareil contexte les connaissances minimales n cessaires Sans une r flexion g n rale semblable question trouvera difficilement une r ponse valide Appr cier si un l ve a assez progress dans ses apprentissages pour tre d clar capable habile tels outels gards pour acc der des tudes sup rieures ou pour obtenir un dipl me d tudes g n rales ou de qualification profes sionnelle est depuis toujours l une des t ches et des responsabilit s courantes des enseignants et des formateurs Ce jugement passe d abord de mani re explicite ou implicite par un point criti que la distinction de la limite entre la comp tence et l incomp tence la ma trise et la non ma trise En d autres ter mes l l ve a t il atteint la comp tence minimale D s lors comment expliquer que l Ency clopedia of Educational Research en cyclop die d cennale qui aux tats Unis suit le mouvement de la recherche au plus pr s ne compte pas un seul article surles preuves de comp tences minimales dans son dition de 1970 Ebel ed alors que quinze ans apr s la documentation sur le sujet devient presque in puisable Dans l ducation scolaire on observe une tension perp tuelle entre deux buts d une part le d veloppement g n
23. par r f rence des id aux Si dans les soci t s occidentales la libert et l galit constituent des cri t res qui distinguent les relations socia les bonnes de celles qui ne le sont pas on consid rera comme un besoin la r alisation de situations r pon dant ces crit res Boudon et Bourri caud 1982 p 37 Il est certain que si l on pouse cette fa on de voir les objectifs de l ducation fondamentale prennent des dimensions cognitives et affectives tr s larges qui d passentdeloinlacapacit delire d crire et de calculer correctement dont l importance cependant reste ind niable Les besoins les objectifs et les comp tences minimales Les besoins des individus et de la soci t dictent l cole les objectifs pour suivre certains de ceux ci consid r s comme prioritaires et fondamentaux cor respondent aux comp tences minima les requises ou souhait es Les enseignants et plus g n ralement les responsables de l ducation ne se mettent pas ais ment d accord sur les objectifs m me quand il ne s agit que d une seule branche Les parents peu vent voir les choses encore autrement et les l ves bien plus encore Que faire quand l ves et enseignants divergent gravement sur les objectifs poursuivre Comment concilier le res pect des besoins ressentis par les l ves un moment donn et la n cessit de les pr parer faire face
24. r sidents de jury Mais cela n est rien compar aux fautes d or thographe sem es profusion le doyen des sciences Besan on 1860 travers tout le pays et la Sorbonne n est pas pargn e les appr ciations des doyens de facult attestent l ignorance presque g n rale de l orthographe Rennes 1862 C est m me la cause du rejet de la moiti des candidats au baccalaur at De l autre c t de l Atlantique le son de cloche est identique En 1845 a eu lieu Boston la premi re enqu te sur le rendement scolaire sys t matique utilisant des feuilles d exa men imprim es il ne s agissait pas en core de tests au sens contemporain de ce terme mais de listes de questions relatives aux diff rentes branches d en seignement les consignes galement imprim es furent utilis es pour les quel que 500 l ves fr quentant 19 coles secondaires Writing and Grammar Schools qui particip rent aux preu ves Leur ge moyen tait de treize ans et demi Travers 1985 p 86 et suiv Les conclusions de la commission d exa men ne diff rent gu re des r crimina tions des doyens fran ais ilne fait pas de doute qu un grand nombre d l ves de nos classes les plus avanc es filles et gar ons de quatorze quinze ans ne peuvent pas crire de phrases simples ne sont pas capables d exprimer leur pens e sur des sujets communs sans l aide d un dicti
25. ral physique intellectuel affectif moteur social de l individu et d autre part l ac quisition de connaissances d habilet s de techniques lecture criture calcul initiation aux diverses branches du sa voir Accorder la priorit l un des deux buts proc de en derni re analyse d un juge ment de valeur comme l histoire le mon tre c est une d cision qui a souvent t tranch e de fa ons diff rentes selon le niveau de la hi rarchie sociale dont rele vaient les enfants duquer Le d bat resurgit propos des comp tences minimales que d aucuns veulent r duire la ma trise des seules connais sances et habilet s fonctionnelles n cessaires la survie dans l environ nement physique et social tandis que d autres largissent ce concept jusqu la culture g n rale Ebel in Austin et Garber 1982 consi d re lui aussi que l insistance actuelle sur la n cessit de l effort d apprentis sages scolaires plus syst matiques et plus productifs en savoir et en savoir faire proc de d un mouvement histori que pendulaire o en ducation tant t l accomplissement scolaire tant t le d veloppement de la personnalit et l adaptation de l individu son environ nement prennent la pr s ance ensei gnement centr sur la mati re ensei gnement centr sur l enfant excellence galit ducation traditionnelle du cation nouvelle
26. res entiers utilisation de la monnaie Il est difficilement concevable d ainsi r duire les ambitions de la scolarit pri maire et a fortiori secondaire Si l on d finit le fait d tre alphab tis comme la capacit utiliser des habi let s symboliques pour envoyer et rece voir des messages il est erron de penser que l identification m canique des mots crits la capacit de les pro noncer et la compr hension des mots isol s correspondent l alphab tisation fonctionnelle Pour d passer cette simple m cani que il faut que bien d autres acquisi tions que bien d autres composantes du curriculum permettent de donner un sens un contexte ce qui a t d chif fr C est donc vers une conception plus large plus culturelle de l alphab ti sation fonctionnelle et plus g n rale ment des comp tences minimales que certains auteurs s orientent les contr les plus simples comme ceux que nous avons voqu s jusqu pr sent ne re pr sentant au mieux que soit des solu tions de d sespoir soit des contr les de premi re tape Par exemple Brown 1980 cit par Forbes 1982 p 53 comprend dans sa d finition O La capacit de lire et d crire son nom La capacit de lire des textes indis pensables dans la vie par exemple des documents juridiques des informations relatives la sant et la s curit et de remplir des formulair
27. rgement partag es se r v le en r alit tr s fragile Plus le change ment social est rapide et il ne l a sans doute jamais t autant qu aujourd hui plus les domaines pour lesquels les membres de la soci t acceptent des id aux communs se rar fient Dans ces conditions imposer tous la possession des m mes comp tences para t en contradiction flagrante avec la r alit sociale Plus particuli rement l une des erreurs graves pour les individus comme pour la soci t que l on a commise dans nos syst mes scolaires a consist adopter ce que le Rapport du Coll ge de France sur l enseignement de l avenir 1985 appelle la vision moniste de l intelli gence qui porte hi rarchiser les for mes d accomplissement par rapport l une d entre elles il faudrait au con traire multiplier les formes d excel lence culturelle socialementreconnues Principe II du Rapport La cons quence d une telle vision est clairement d gag e dans le Rapport du Coll ge de France La pluralit des formes de r ussite reconnues qui lib rerait les ma tres de l obligation de fa onner et d va luer tous les esprits selon un seul mod le jointe la pluralit des p da gogies qui permettrait de valoriser et d exiger des performances diff ren tes dans les limites du minimum culturel commun exigible chaque niveau pourrait faire de l cole non un lieu d chec et
28. souvent lieu au terme de chaque ann e d tudes Enfin l ach vement d un cycle d tudes voit son valuation attest e par l attribu tion ventuelle d un certificat ou d un dipl me Les comp tences n cessaires l efficacit personnelle Certaines habilet s sontindispensables notre survie notre int gration effi cace dans l environnement social notre d veloppement personnel Bien acqui ses elles sont n cessaires et suffisan tes alors que dans la cat gorie des r quisits des apprentissages ult rieurs elles sont n cessaires mais non suffi santes L valuation des comp tences minima les n cessaires la r solution des pro bl mes que pose la vie soul ve la d li cate question de la validit pr dictive Pour identifier les comp tences mini males n cessaires il faut conna tre les exigences de la vie voir quelles comp tences on doit poss der pour y r pondre etenfin fixer le niveau d acquisition mini mum qui permet de dire que ces comp tences sont acquises Or non seulement les comp tences n cessaires dans la vie adulte varient selon les personnes mais beaucoup d entre elles seront acquises par l exp rience de r les adultes particuliers plu t t que par la fr quentation d institutions ducatives Levin 1978 p 312 Com ment d terminer les comp tences mini males dans ces conditions On peut fixer arbitrairement des niveaux
29. tement l enseignement secon daire et coll gial doit relever des d fis tr s diff rents selon la conception que l on se fait des comp tences minimales D finition de la comp tence Au sens le plus large la comp tence peut se d finir comme la connaissance assez approfondie d une mati re ou comme une habilet reconnue Comme le note Britell 1980 p 23 La comp tence diff re de l excellence tant par son caract re que par son niveau Le terme de comp tence d signe la capacit d accomplir une t che donn e de fa on satisfaisante Elle n est g n ralement pas comparative On est com p tent ou on ne l est pas propos d une performance produire et non par rap port aux prestations d autrui L excellence est la fois un tat d ac complissement qui approche de l abso lu et un niveau de performance d ordre sup rieur qui n est le plus souvent at teint que par une petite minorit Le caract re absolu de la comp tence appelle l application de mesures crit rielles Quand en fonction des r sultats d une valuation un l ve est estim comp tent on attend de lui qu il soit capable d appliquer pratiquement l acquis c est dire qu il puisse le transf rer certai nes situations de vie r elle ou dans ses tudes ult rieures La comp tence ducative peut tre d finie de la fa on la plus g n rale comme le niveau de performance P dagogie coll gial
30. tences minimales doivent co ncider avec le minimum d ducation compl te intellectuelle affective physique sociale que l enseignement doit aider tous ceux qui le fr quentent acqu rir Au niveau individuel l une des missions de l ducation est d aider chacun faire la d couverte progressive de ce qu il d sire de ce quoi il peut pr tendre de ce qui lui est d cf Boudon et Bourri caud 1982 p 35 Dans cette perspective une conscienti sation minimale fait partie des comp tences que l ducation a pour mission d aider acqu rir ce qui nous loigne bien des simples habilet s de base tra ditionnelles Une telle ducation doit n cessairement tre ouverte car le droit la satisfaction des besoins sociaux implique le droit d individualiser la fa on de les satisfaire Il y a en effet bien des mani res de r pondre au besoin de reconnaissance d expression personnelle de change ment De plus les r actions individuel les sont loin d tre parfaitement ration nelles tel pr f rera limiter de fa on P dagogie coll giale Vol 4 outranci re la satisfaction d un besoin comme celui de la nourriture pour mieux satisfaire sa soif de savoir ou de valori sation par des objets de luxe Les besoins sociaux ne sont ni objec tifs ni artificiels ils ont une certaine r alit En fait ils correspondent des habitudes progressivement construites et l gitim es
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