Home

Rationalité et lien social chez les dirigeants d`entreprise du Groenland

1. They catch some nom de l animal and sell it to us and they can make a living out of it Un autre entrepreneur traite aussi de la dimension sociale d mocrate de Etat concernant les prix subventionn s et les subventions qu il offre aux producteurs Generally the bank closes the places down if it is not running Here you get some money from the government if you can t keep them up That s better to have them out there to do something than have them down here at the communal office to pick up the money transfer payments It s some kind of social work Exprimant galement les objectifs galitaristes qu il sert un autre dirigeant mentionne que l entreprise qu il dirige est de type social d mocrate et non pas capitaliste Selon lui une entreprise capitaliste n aurait pas maintenu les m mes prix dans les petites localit s Because you cannot just say that we want to make the most out of nom de l entreprise because then we just change the prices So it has to be more balanced in nom de l entreprise Ce m me manager va plus loin ce chapitre exprimant son opinion selon laquelle une entreprise priv e capitaliste n aurait pas les reins assez solides ni m me d int r t op rer de fa on non rentable dans les petites localit s 19 The reason why you get a payment government subsidy is that in many settlements you have so few people that
2. Excluant le capelan environ 75 des prises de l industrie des p cheries sont effectu es par 66 l industrie groenlandaise le reste tant surtout pris par des pays trangers dans le cadre de POCTA Arnason et Friis 1994 196 Les ententes Union Groenland offriraient des revenus sensiblement importants la r gion de m me que des options de diversification de l conomie Les importations L importation occuperait une place consid rable dans l conomie sa valeur mon taire repr sente un tiers du PIB La moiti de l importation est constitu e de capital mat riel de toutes sortes importation de carburant de machinerie de mat riel d emballage etc n cessaire aux industries de la r gion tableau 5 Selon Poole 1990 113 115 1995 26 l industrie des p cheries figurerait parmi les industries n cessitant du capital mat riel import de fa on significative de m me que le transport a rien Les biens utiles la construction et l industrie du commerce repr sentent respectivement 13 et 19 des importations de capital mat riel occupant les deuxi me et premier rang ce titre Les biens de consommation directe notamment les denr es alimentaires accaparent aussi une part tangible du reste des importations 33 67 Tableau 5 Importations Groenland 1993 98 millions couronnes danoises Types de biens 1993 1994 1995 1996 1997 1998 T Importations totales 2 244 2309 2431 2719 2 62
3. L entreprise comme lien social Un colosse aux pieds d argile dans Renaud Sainsaulieu dir L entreprise Une affaire de soci t Paris Presses de la Fondation nationale des sciences politiques 203 228 FARRUGIA Francis 1993 Le lien social comme cat gorie sociologique chap 1 dans La crise du lien social Paris Harmattan 17 30 143 FARRUGIA Francis 1993b Le lien social comme matrice d intelligibilit chap 2 dans La crise du lien social Paris Harmattan 31 36 FISHING NEWS INTERNATIONAL 1999 State running most factories Fishing News International juin 1999 11 FORTIN Fabienne et al 2001 Cours d initiation au processus de la recherche Enseignement de la recherche par l inforoute Montr al Universit de Montr al document Internet http www scinf umontreal ca eri html FOX William 1999 Statistiques sociales Qu bec Presses de l Universit Laval De Boeck Universit 374p FR CHETTE Pierre et Jean Pierre VEZINA 1990 L conomie du Qu bec Montr al Editions des Etudes Vivantes 577p FREITAG Michel 1999 Pr sentation dans Michel Freitag et Eric Pineault dirs Le monde encha n Perspectives sur l AMI et le capitalisme globalis Qu bec Editions Nota Bene 7 34 FREUND Julien 1968 Sociologie de Max Weber collection Sup Paris Presses universitaires de France 256p FRIIS Peter 1997 The Impact of Income Tr
4. administration publique et l entreprise gouvernementale la construction et les p cheries Ces activit s conomiques constitueraient le noyau de l conomie groenlandaise chapeaut es par l agent conomique premier l tat L conomie groenlandaise par la pr dominance de l exploitation des ressources naturelles de m me que son caract re tertiaris tatis et relativement diversifi pourrait constituer un exemple de structure conomique occidentale typique Toutefois le Groenland ne correspond pas en tout point ce mod le L intervention tatique caract risant ce r gime conomique est telle que ce dernier peut tre qualifi de capitalisme d tat d apr s Rasmussen 1997 11 le gouvernement intervient de multiples fa ons dans tous les secteurs de l conomie 46 Tableau 1 PIB par secteurs et branches d activit conomique Groenland 1988 millions couronnes danoises Secteurs d activit PIB au co t des facteurs millions Dkk Secteur primaire 1 298 3 20 4 Agriculture et p cheries 970 7 15 3 Ressources mini res 327 6 5 1 Secteur secondaire 1238 0 19 5 Secteur manufacturier 171 2 2 7 Construction 1 066 8 16 8 Secteur tertiaire 3 827 6 60 1 Transport 427 1 6 7 Communication et autres services publics 349 8 5 5 Commerce gros et d tail 653 5 10 3 Tous les autres services 749 6 11 8 Administration publique 1 647 6 25 9 Total 6 363 9 100 0 Source Gr
5. communaut qui en est de moins en moins une Dans les ann es 1780 la colonisation prend une forme encore plus organis e sous l gide d une nouvelle politique coloniale connue sous le nom des Instructions Gad 1984 564 qui r affirmera en quelque sorte le caract re capitaliste de l expansionnisme danois Une fois le territoire divis en deux zones d exploitation et de commerce respectivement constitu es de treize stations administratives chacune chapeaut es par un inspecteur cette r forme sera appliqu e a la gestion de la colonie pour les soixante prochaines ann es semble t il afin de prot ger les Groenlandais des m faits de la modernit sur leurs activit s de subsistance La politique comprenait toutefois quelques ingr dients contraires ces id aux Par exemple l une des r glementations prot geait les chasseurs efficaces et tentait d occuper les mauvais des occupations o ils taient plus productifs Gad 1984 564 l objectif de la politique du Danemark tait de faire des Inuit de bons travailleurs Tremblay et Forest 1993 53 La division moderne du travail conna t alors ses premi res heures de gloire l individualisme n est pas loin Peu de temps apr s le Groenland s est mis prouver des difficult s financi res vers 1790 et ses inspecteurs ont vite compris que si la mission n tait pas profitable conomiquement ce serait l ensemble de la colonie qui devrait f
6. la civilisation capitaliste avec sa rationalisation son r gime de masses est aujourd hui crasante pour l individu C est cette sociologie qui a su guider de mani re f conde la d marche de la pr sente tude 23 CHAPITRE 2 METHODOLOGIE Ce chapitre fait tat des d marches que nous avons entreprises afin de r pondre a notre question de recherche ainsi que les justifications et le degr de r ussite de ces choix m thodologiques Nous traiterons de chacune des tapes de cueillette traitement analyse et interpr tation des donn es Aussi la m thodologie utilis e fera l objet d une discussion pist mologique relativement la validit et aux limites d inf rence des r sultats Les m thodes de la pr sente recherche sont au nombre de trois l analyse de statistiques descriptives des entrevues semi dirig es et de la litt rature sociohistorique ANALYSE DE STATISTIQUES DESCRIPTIVES Visant d crire le contexte des r alit s l tude nous avons effectu une analyse de statistiques descriptives soit des donn es chiffr es les plus r centes sur la population la comptabilit nationale le commerce international ainsi que le march du travail groenlandais Ces donn es ont t recueillies lors d une premi re recherche sur le terrain effectu e a l hiver 1999 d une dur e de trois semaines Statistics Greenland l instance gouvernementale charg e de la compilation d
7. Copenhagen Copenhagen Business School Institute of Economics 79 84 RASMUSSEN Rasmus Ole 1994 Implementation of Sustainable Development Methodological and Conceptual Considerations Concerning the Measuring of Sustainability dans Tom Greiffenberg dir Sustainability in the Arctic Proceedings from the Nordic Arctic Research Forum Symposium 1993 Aalborg Aalborg University 25 73 RASMUSSEN Rasmus Ole 1994b The Potentials and Limitations of Innovation and Development in Northern Fisheries dans Peter A Friis dir The Internationalization Process and the Arctic Roskilde Roskilde University Department of Geography and International Development Studies North Atlantic Regional Studies 103 136 RASMUSSEN Rasmus Ole 1997 Arctic Communities in Transition communication pr sent e au Naryan Mar Conference 1997 Roskilde Roskilde University 51p RASMUSSEN Rasmus Ole 1997b Income Transfert in Greenland dans Lise Lyck dir Socio Economic Developments in Greenland and in other Small Nordic Jurisdictions Copenhagen New Social Science Monographs 61 81 RASMUSSEN Rasmus Ole 1998 Settlement Structure Resource Management and Sustainable Development Megaprojects vs Local Participation in Greenland dans G rard Duhaime Rasmus Ole Rasmussen et Robert Comptois dirs Sustainable Development in the North Local Initiatives vs Megaprojects Sainte Foy GETIC Universit Laval 47 87 RASMUSSEN
8. r alis es afin de comprendre les faits sociaux li s au relatif succ s du cas groenlandais sur le plan conomique Les tudes qui ont t men es dans ce champ d int r t sont souvent descriptives et consacr es des themes pr cis tels les p cheries ex Arnason et Friis 1994 Rasmussen 1994b Poole 1990 1995 l histoire du commerce alimentaire ex Marquardt et Caulfield 1996 Rasmussen 1998b le commerce international Lyck 1999 et l conomie informelle ex Nuttall 1992 1994 Robbe 1994 Lyster 1997a b c Caulfield 1993 Dahl 1989 D autres travaux int ressants adoptant un regard plus global offrent tant t un portrait g n ral de l conomie ex Lyck et Taagholt 1987 Rasmussen 2000 Duhaime Fr chette et Morin a para tre tant t une critique conomique saveur n o lib rale ex OCDE 1999 Danielsen ef al 1998 Or les analyses et interpr tations plus sociologiques de l conomie groenlandaise se font rares quoique quelques chercheurs se sont int ress s des probl matiques qui recoupent partiellement celle de la pr sente tude Berenholdt 2000 s est pench sur les strat gies d adaptation et de coop ration transnationale dans les pratiques locales d entreprise Kahlig 2000 2000b a examin la coop ration interculturelle entre Danois et Groenlandais dans la gestion des ressources humaines des entreprises Lyck 1998 s est int ress aux conditions culturelles et s
9. sous l emprise de ces institutions qui dominent l Occident la monnaie la march le travail salari la rationalit conomique la responsabilit tatique l individualisme La g n ralisation de ces institutions centrales de r gulation socio conomique et la 134 marginalisation des institutions ant rieures constituent deux transformations historiques accompagnant la domination du capitalisme L incidence de ces grands mouvements conomiques supposent des mouvements correspondants dans l organisation sociale Duhaime 1991b 21 Une autre alt ration amen e par le capitalisme a la soci t groenlandaise est celle que nous avons appel l expansion des possibles c est dire la multiplication des besoins et d sirs et des choix de vie ou des attitudes face aux trajectoires individuelles alt ration qui a t occasionn e entre autres par une initiation sporadique de la soci t la consommation avant 1950 avec les biens vendus par le KGH et plus radicalement avec la Deuxi me grande Guerre et la modernisation acc l r e Voil autant d exemples qui laissent croire que le capitalisme serait en partie responsable de la sociation ou modernisation du lien social groenlandais depuis 1721 L une des caract ristiques int ressantes de ce processus de sociation est l acceptation notable des Inuit face 4 la modernit Si les Danois ont voulu moderniser le Groenland ce souhait tait aussi
10. Despite all political and administrative efforts to establish a traditional mixed economic system it became evident in the late fifties that Government initiative was necessary in a transitional period in the sector for tradeable goods fishing where private initiative showed a low propensity to invest from 1959 where the inception of the Government industrialization program took place and for the following two five year plan periods the tradeables sector took a great leap forward Winther 2000 12 C est alors que la commission G 60 a t mise en place pour laborer la structure du capitalisme d Etat du Groenland d aujourd hui Les r solutions de cette commission taient de r affirmer la politique de relocalisation d mographique surtout dans les zones de p che d am liorer l efficacit de cette industrie de prioriser l ducation et d encourager la construction de logements Danielsen ef al 1998 14 Il tait alors question d augmenter les investissements au Groenland et d inciter la participation conomique des Groenlandais ce qui a pourtant eu Veffet pervers d attirer une proportion plus grande de Danois dans l organisation politico conomique du Groenland Kleivan 1985 un contingent de capital humain qui a immigr en apportant son id ologie capitaliste Autre fait important Boserup l poque consultant conomiste pour la G 60 proposa le syst me de transferts mon taires en
11. The members of a cooperative are often more interested in dividends than in the consolidation of the entreprise For instance some supplier members avoid supplying the co operative if they can get higher price by selling elsewhere They sell their products on the black market where hygienic standards are low and where immediate demand for fish or other species is high Winther 1987 272 Dirigeant d une ancienne coop rative pendant pr s de vingt ans ce Groenlandais confirme ces observations Another exasperating thing we experienced locally with our own coop members In every township you find a local marketplace where hunters and fisherman sell some of their daily catch to the towns people Of course the hunters and fisherman want to get so good prices as possible for their catch and the prices obtained at the marketplace were bigger than the trade in prices at Sipineq factory Human nature and economic pressure is such that a hunter or a fisherman want to catch as many and as fast as possible regardless of the danger of extermination of species Olsen 2000 Les principes communalisants du mouvement coop ratif n ont pu trouver preneur dans un monde o les parties pr dominent sur l ensemble Malgr cet individualisme la premi re d cennie du Home Rule n a pas t uniquement caract ris e par une exacerbation du capitalisme le Home Rule a aussi mis en place sa part de politiques sociales d mocrat
12. besoins est typique de l approvisionnement capitaliste ph nom ne qui selon lui fait d p rir les anciens besoins ceux de la tradition la demande se voit dor navant manipul e par l offre de l conomie capitaliste et non plus selon les habitudes traditionnelles de nos pr curseurs Weber 1995a 148 C est ainsi que les Inuit ont commenc s inscrire au sein d un mod le de soci t in dit celui des soci t s capitalistes o les d sirs s mancipent du plancher des besoins l mentaires et limit s que fixaient nagu re les usages coutumiers pour se lancer en ascension dans plusieurs directions la fois Simard ef al 1996 157 Le Groenland conna t alors une consid rable expansion des possibles engendr e par le capitalisme ouvrant la porte la 4 Aujourd hui le KGH a t remplac par les compagnies d tat Royal Greenland p cheries et KNI commerce de d tail 108 modernit Le KGH symbolise I institutionnalisation du volet conomique du changement social au Groenland Ses r percussions multiples ex prolif ration du salariat de la monnaie et des emplois offerts aux Groenlandais dont l mergence de la consommation de masse sont venues effriter les conduites ancestrales en largissant le spectre des possibilit s d panouissement individuel des choix et des alternatives de vie faisant en sorte que la tradition perde son efficacit guider les membres de la
13. de nourriture locale pr sent e dans des formats pratiques qui concurrencent tr s avantageusement les produits import s Le Groenland exporte m me certaines de ses ressources les plus abondantes comme la crevette Pourquoi l exp rience du Groenland ne pourrait elle pas servir dans les autres r gions arctiques Ainsi selon H E Rasmussen 1992 83 le Home Rule dans une optique de substitution des importations favorise l autosuffisance de la r gion en limitant les importations notamment celles du porc et du poulet Il existe en effet une politique r duisant de 30 les prix de d tail des produits alimentaires groenlandais H E Rasmussen 1992 83 Marquardt et Caulfield 1996 114 En bout de ligne l intervention consid rable de l tat dans l conomie que nous caract risons de capitalisme d tat semble avoir t un succ s r sultat d une croissance et d un d veloppement conomique importants diminuant la d pendance de cette r gion envers la m re patrie danoise Winther 2000 13 En somme le Groenland se distingue par une autonomie politique significative et un niveau d industrialisation singulier voire enviable C est pourquoi dans la litt rature le Groenland fait figure de mod le de d veloppement d exemple pour les autres territoires de l Arctique et leurs communaut s inuites Creery 1994 126 Lyck 1997 15 Cependant en sciences sociales peu d analyses ont t
14. elles sont davantage orient es vers la qu te de profits Cette distinction entre entreprises sociales d mocrates et capitalistes est d ailleurs pr sente dans le discours de plusieurs dirigeants d entreprise du secteur gouvernemental You can say in nom de l entreprise you re trying to make a profit in order to compete In nom de l entreprise we say we try to make a profit in order to in the long run reduce the payment from the government They are two different aims Cet autre manager nous a aussi fait part de cette distinction They are profit oriented and we are service oriented That means nom de l entreprise has to run commercially and the other nom de l entreprise is going to run socially somehow En outre ceux dont l entreprise doit suivre les politiques de l tat providence semblent discerner les impacts de ces orientations sociales d mocrates sur la gestion de leurs activit s et sur le d veloppement de la soci t Conscients de cette intention politique d galisation des niveaux de vie le discours de ces individus montre qu ils croient qu en l absence de cette politique les petites localit s n auraient pas les m mes conditions de vie comme en t moigne l un d entre eux au sujet des emplois fournis par l tat providence It s political to say that those small villages have to be populated And at the same time they have to have something to live on
15. importance du secteur manufacturier Alors que ce secteur correspond 3 du PIB les donn es de la valeur de la production de 1991 chiffre d affaires ou ventes lui en attribuent 15 Ces unit s de mesure distinctes pr sentent des structures industrielles sensiblement identiques sauf dans le cas du secteur manufacturier Le d clin de l exploitation mini re et des activit s de construction c f section construction plus loin la fin des ann es 1980 peut expliquer la plus grande proportion occup e par le secteur manufacturier en 1991 Aussi il semble que l entreprise Royal Greenland la fois impliqu e dans les secteurs primaire et secondaire fut class e dans le secteur primaire pour les donn es de 1988 contrairement celles de 1991 o elle aurait t class e dans le secteur manufacturier expliquant ainsi les divergences statistiques observ es 56 En somme le secteur secondaire repr senterait une part sensible de l conomie occupant respectivement environ 20 du PIB et de l emploi tableau 2 Danielsen et al 1998 23 Vu globalement au sein des r gions nordiques cette pr sence substantielle du secteur secondaire et notamment du secteur manufacturier illustre le caract re diversifi de l industrie groenlandaise D ailleurs la diversification de l conomie constituerait une pr occupation d importance au Home Rule Poole 1990 1 1995 17 strat gie conomique galement sugg r e da
16. nlands Statistiske Kontor 1991 4 Note Les branches d activit conomique pr sent es constituent l agr gation de vingt deux groupes d activit conomique voir tableau 2 Les co ts des facteurs reli s aux services financiers sont inclus dans chacune des autres branches d activit conomique 10 L an nn 2 7 x ee Les donn es ici pr sent es constituent les donn es du PIB au co t des facteurs Cet indicateur inclut les revenus de 11 salaire et de traitement ainsi que les revenus bruts r siduels qui repr sentent la somme des b n fices des travailleurs autonomes des entreprises individuelles et des soci t s Les revenus bruts r siduels sont comptabilis s avant imp ts Les provisions pour consommation de capital fixe sont incluses Les int r ts et les revenus divers de placements ainsi que l ajustement de la valeur des stocks sont galement inclus Source Statistics Greenland entrevues effectu es en f vrier 1999 Une couronne danoise Dkk quivaut 0 19 dollar canadien 0 13 dollar am ricain Inversement un dollar canadien correspond 5 37 Dkk un dollar am ricain est gale 7 79 Dkk taux de change du 3 avril 2000 Oanda 2000 La somme des pourcentages peut tre inf rieure ou sup rieure 100 tant donn l arrondissement des donn es au dixi me pr s 47 Tableau 2 PIB par secteurs branches et groupes d activit conomique Groenland 1988 millions couronnes d
17. tir de Colliot Th l ne 1990 111 Il s agit souvent de r actions des excitations habituelles des attitudes acquises de g n ration en g n ration Weber 1995a 55 Les rituels constituent des exemples d actions traditionnelles L acteur pour agir selon la tradition n a besoin ni de se repr senter un but ni de concevoir une valeur ni d tre agit par une motion il ob it simplement aux r flexes enracin s dans une longue pratique Aron 1967 501 Dans la mesure o l essentiel des actions sociales rel vent des types motionnel et traditionnel nous sommes en pr sence d une communaut communalisation fond e sur un fort sentiment d appartenance par opposition une soci t sociation Dor navant nous utiliserons les termes communaut communalisation et soci t traditionnelle en faisant r f rence au type de lien social pr c demment d crit LA SOCIATION LES ACTIONS RATIONNELLES EN FINALIT ET EN VALEUR 15 En opposition la communalisation Weber d crit la sociation comme une relation sociale lorsque et tant que la disposition de l activit sociale se fonde sur un compromis d int r ts motiv s rationnellement en valeur ou en finalit ou sur une coordination d int r ts motiv s de la m me mani re Weber 1995a 78 Les soci t s par actions et les contrats sont des exemples de sociations Aron 1
18. 16 Ainsi nous sentons toujours les traces du r gime colonial mercantile d avant la Deuxi me Guerre L examen du syst me de prix du transport commercial groenlandais Lyck 1986 d montre que les co ts du transport favorisent l importation au d triment de l exportation il est plus dispendieux pour le Groenland d exporter qu il n en co te au Danemark Aussi la fixation des prix du transport des importations s effectue en fonction du poids des marchandises d favorisant l importation de capital mat riel n cessaire au d veloppement conomique de la r gion et encourageant du coup l achat de biens de 68 consommation courante danois En r sum la pr dominance des crevettes au sein des exportations met nouveau en relief le caract re mono productif de l conomie Malgr que l exportation soit relativement peu diversifi e le Groenland serait l une des seules r gions circumpolaires exporter une telle chelle du moins sur le plan des ressources renouvelables Toutefois la valeur mon taire des exportations demeure inf rieure celle des importations depuis au moins vingt ans sauf pour les ann es 1989 90 Statistics Greenland 1999 128 CONCLUSION SUR L ECONOMIE MONO PRODUCTION MARCHE MONDIAL CLIMAT ET CAPITALISME D ETAT Parmi l ensemble des activit s conomiques du Groenland les p cheries rev tent une importance particuli re d une part parce qu elles constituent l industr
19. 38 Cons quemment le Home Rule a lanc une nouvelle politique conomique afin de relancer l conomie notamment dans les secteurs de l industrie mini re et du tourisme Larsen 1992 215 Winther 1988 11 Mais l tat voulait alors essentiellement rationaliser le budget national annuler son d ficit et rembourser sa dette Statistics Greenland 1997 69 Rasmussen 1997 16 Cette crise am nera une remise en question de l interventionnisme de l tat cet gard le Groenland suit le m me chemin emprunt par la plupart des pays occidentaux quelques ann es auparavant o l tat providence et l tat keyn sien n ont pas obtenu les r sultats escompt s Il en a r sult un d sengagement de l tat notamment dans la sph re conomique au nom d une id ologie qui dominera la gestion de l conomie jusqu nos jours le n o lib ralisme Alors que le Home Rule devait diriger la soci t la groenlandaise selon sa culture ses 51 EE AN 2 Oe L Z Les consid rations sociales d mocrates des politiques danoises d avant 1979 ont t pr serv es par les Groenlandais Le maintien d entreprises non rentables sous le r gime du Home Rule a des fins de cr ation d emplois en est un exemple The plants run by the Royal Greenlandic Trade never been profit oriented Instead of fishing until the cargo hold was full loaded the vessels were used for daily landings of raw materials to
20. 40 ans les efforts ayant t concentr s dans le domaine de l exploitation de la crevette Caulfield 1993 153 101 preuve les dirigeants d entreprise contribue instituer un lien social fond sur un enchev trement d int r ts individuels ou corporatifs soit une sociation telle que d finie par Weber D une part le n o lib ralisme s est av r un moyen discursif de d fense des int r ts d un petit nombre d individus les capitalistes D autre part le march comme nous l avons vu constitue le lieu ot les dirigeants de petites ou grandes entreprises cherchent a prot ger leurs propres int r ts et rarement ceux de la collectivit Les dirigeants d entreprise adoptent ainsi une id ologie conomique o les rapports entre les hommes sont compris comme des rapports entre des valeurs marchandes Rosanvallon 1989 42 Cette sociation fait galement en sorte que la majorit des entrepreneurs ont d lib r ment et largement conduit leurs activit s conomiques en fonction du comportement des consommateurs car le march oblige les individus orienter mutuellement leur comportement les uns par rapport aux autres Weber 1995a 82 Ainsi la logique constat e chez les dirigeants d entreprise constituerait un comportement m rement r fl chi orient selon autrui et effectu en vue d une fin pr cise en d autres termes selon la terminologie de Weber cette organisation rationnelle
21. 58p COLLIOT THELENE Catherine 1990 Max Weber et l histoire Paris Presses universitaires de France 121p COMMISSION ROYALE SUR LES PEUPLES AUTOCHTONES 1996 Rapport de la Commission royale sur les peuples autochtones Une relation a red finir Volume 2 deuxi me partie Ottawa Groupe communication Canada 1235p CREERY Ian 1994 The Inuit Eskimo of Canada dans Polar Peoples London Minority Right Group Publications 105 146 CSONKA Yvon 1995 Les Ahiarmiut l cart des Inuit Caribous Neuchatel Editions Victor Attinger 501p DAHL Jens 1989 The Integrative and Cultural Role of Hunting and Subsistence in Greenland Etudes Inuit Studies 13 1 23 42 DANIELSEN Mogens et al 1998 Goals and Strategies in the Development of Greenlandic Trade and Industry Nuuk Sulisa 282p DIKE 1997 Grgnlands kost En medicinsk vurdering Greenland s Diet a Medical Estimate Inussuk Arktisk Forskningsjournal 3 141 DISSELKAMP Annette 1994 L thique protestante de Max Weber collection Sociologies Paris Presses universitaires de France 217p DORAIS Louis Jacques 1996 Qui sont les Inuit La parole inuit Langue culture et soci t dans l Arctique nord am ricain Paris Peeters 5 31 DUHAIME G rard et Anne GODMAIRE 2000 Les conditions de la s curit alimentaire durable Un cadre conceptuel int gr Qu bec GETIC Universit Laval 34p DUHAIME G rard Ma
22. 70 Les transferts de l tat danois ont entre autres cr un contexte favorable l innovation technologique et du coup l expansion du capitalisme au Groenland La nature davantage capitaliste de cette conomie serait donc venue modifier le sc nario de d veloppement de cette r gion De fait d apr s Taagholt 1994 222 l volution technologique aurait t la source de l importante croissance conomique du Groenland Le d veloppement des moyens de communication de m me que des syst mes informatiques en auraient favoris les processus conomiques Nous pouvons ainsi supposer que les flux financiers en provenance du Danemark sont indispensables au maintien de la sant conomique du Groenland En outre le Home Rule constitue aussi un acteur capital au sein de l conomie Comme nous l avons constat jusqu ici celui ci poss de une part relativement importante des entreprises et ce dans presque tous les secteurs d activit Selon Poole et al 1992 37 l tat cr e plus de la moiti de l emploi en incluant l ensemble des entreprises qu il d tient Les divers niveaux de gouvernements repr sentent ainsi le principal employeur Statistics Greenland 1997 82 Si l tat n est pas impliqu directement dans telle ou telle activit conomique par le biais de ses propres entreprises c est fort probablement parce qu il y joue tout le moins le r le d administrateur de
23. GETIC Universit Laval n p LYSTER Per 1997b Status of the Model of the Fishing and Hunting Complex in Greenland communication pr sent e au Ph D Network 1997 Aguanish n p LYSTER Per 1997c Subsistence versus Commercial Use of the Living Resources in the Greenlandic Municipalities Regional Patterns of a Social Transformation Process communication pr sent e au NARF Seminar Nuuk n p MACE Gordon 1988 Guide d laboration d un projet de recherche Qu bec Presses de l Universit Laval 119p MARQUARDT Ole et Richard A CAULFIELD 1996 Development of West Greenlandic Markets for Country Food since the 18 Century Arctic 49 2 107 119 MARQUARDT Ole 1996 The Employees of the Royal Greenland Trade Department 1850 1880 Etudes Inuit Studies 20 1 87 112 MARQUARDT Ole 1999 A Critique of the Common Interpretation of the Great Socio Economic Crisis in Greenland 1850 1880 The Case of Nuuk and Qegertarsuatsiaat Etudes Inuit Studies 23 1 2 9 34 149 MARTENS Gunnar 1992 Scenarios for Home Rule in Greenland after Implementation of the Plan for the Home Rule dans Lise Lyck dir Nordic Arctic Research on Contemporary Arctic Problem Proceedings from the Nordic Arctic Research Forum Symposium 1992 Copenhagen Copenhagen Business School Institute of Economics 191 204 MARTIN Thibault para tre Le relogement des Inuit de Kuujjuarapik Umiuj
24. LA RATIONALITE DES DIRIGEANTS D ENTREPRISE DE L INDUSTRIE ALIMENTAIRE GROENLANDAISE Parmi les r gions circumpolaires le niveau singuli rement lev de d veloppement conomique du Groenland intrigue plusieurs gards Ceci nous am ne poser la question fondamentale de la modernisation des soci t s Cette recherche porte sur l une des dimensions au c ur de cette probl matique la rationalit des acteurs sociaux que nous analyserons chez les dirigeants d entreprise de l industrie alimentaire groenlandaise Nous mettrons en relief ses caract ristiques actuelles par l tude des valeurs comprises dans le discours des dirigeants d entreprise entre autres pour en valuer les traits capitalistes Finalement pour comprendre la nature de cette rationalit ses origines sociohistoriques depuis la colonisation du Groenland seront identifi es Les lignes qui suivent pr sentent nos questions de recherche leur pertinence ainsi que la strat gie utilis e afin d y r pondre QUESTION G N RALE DE RECHERCHE LA MODERNISATION DES SOCI T S CIRCUMPOLAIRES ET LE CAS GROENLANDAIS La question de la modernisation int resse beaucoup les chercheurs du domaine des tudes inuites et circumpolaires Ces derniers reconnaissent g n ralement que ces soci t s se sont modernis es d une part depuis les premiers contacts entre les Inuit nomades et les Europ ens marchands missionnaires ou colons et de fa on massive avec l
25. Nuuk Statistics Greenland 398p STATISTICS GREENLAND 1999b Gr nland 1999 Statistisk Arbog Nuuk Gr nlands Statistik 620p SWEDBERG Richard 1994 Une histoire de la sociologie conomique collection Sociologie conomique 1987 Paris Descl e de Brouwer 315p TAAGHOLT J rgen 1994 Potential for more Diversified Trade and Industry in Greenland dans Tom Greiffenberg dir Sustainability in the Arctic Proceedings from the Nordic Arctic Research Forum Symposium 1993 Aalborg Aalborg University 217 231 T NNIES F 1960 Communaut et soci t collection Les classiques des sciences humaines Paris 1887 RETZ 155 TREMBLAY Jean Fran ois et Pierre Gerlier FOREST 1993 Le Groenland chap 4 dans Autochtones et autonomie Quelques aspects de politiques gouvernementales dans quatre pays collection Etudes et recherches du Secr tariat aux Affaires autochtones Qu bec Gouvernement du Qu bec Minist re du Conseil ex cutif Secr tariat aux Affaires autochtones 51 60 TURCOTTE Paul Andr 1996 M thode et m thodes en sociologie historique dans Bernard Lefebvre et Normand Baillargeon dirs Histoire et sociologie collection Th ories et pratiques dans l enseignement Montr al Editions logiques 91 110 WAREHAM Timothy M 1993 Greenland and the Legacy of Colonialism the politics and economy of a Danish dependency 27p WEBER Max 1964 L thique prote
26. Population 54 065 44 015 10 050 Transferts per capita 11 859 11 702 12 545 Revenus per capita 79 725 87 839 44 186 Part des transferts au sein du revenu 14 9 13 3 28 4 per capita Source Rasmussen 1997b 74 L EXT RIEUR Les exportations Les p cheries constituent l essentiel des exportations soit 93 de celles ci tableau 4 Cette industrie est d ailleurs orient e vers l exportation la presque totalit de sa production serait exp di e l tranger Arnason et Friis 1994 199 Les crevettes correspondent plus des deux tiers de l ensemble des exportations Trois march s y seraient dominants Le Japon repr sentait l acheteur le plus important de crevettes en 1988 accaparant 30 de ce produit Poole 1995 53 Le march europ en ach terait environ 65 des exportations des p cheries en g n ral actuellement Danielsen et al 1998 47 et les Etats Unis constitueraient galement de bons consommateurs de crevettes Poole 1995 53 La valeur mon taire des exportations totales correspondent 29 du PIB Environ la moiti des exportations de la p che proviendrait de l entreprise d tat Royal Greenland Arnason et Friis 1994 199 Aujourd hui ses activit s et sa gestion s effectuent travers le monde Elle poss de des tablissements de transformation un peu partout au Japon au Danemark en France en Allemagne en Italie aux tats Unis en Islande et dans les les F ro Statistics G
27. action conomique orient e vers des objectifs non conomiques une action la fois rationnelle en valeur et en finalit Afin de v rifier l hypoth se selon laquelle la rationalit des dirigeants d entreprise est domin e par des valeurs capitalistes nous avons tent d analyser la contre hypoth se o ces m mes individus pourraient tenir compte de valeurs extra conomiques Pour ce faire nous avons tent de cerner la perception qu ils ont de leurs activit s et de la ressource qu ils exploitent est ce purement un acte conomique ou si d autres l ments d ordre culturel ou politique par exemple font partie de la mentalit des dirigeants d entreprise D autres questions d entrevue portaient sur une valeur extra conomique potentiellement influente au sein de la logique d action des dirigeants d entreprise la nourriture traditionnelle soit la nourriture de l poque nomade des Inuit ex phoque baleine caribou qui constituerait toujours une valeur importante chez les Groenlandais Nous nous int ressions savoir si la nourriture traditionnelle ne repr sente qu une marchandise comme une autre ou si elle ne rev t pas une importance culturelle particuli re L OMNIPR SENCE ET LA PRIMAUTE DES VALEURS CAPITALISTES En g n ral la rationalit qui semble dominer chez les dirigeants d entreprise en est une capitaliste comme l indiquent les extraits de discours suivants Par exemple les
28. and subsistence economies in most of Greenland not to forget the cultural importance for most Greenlanders Caulfield 1998 Rasmussen 2000 11 Ces pratiques ne seraient elles pas l un des rares comportements conomiques non r gul s par l tat En r alit ce dernier y jouerait un r le notable D une part les chasseurs ont la possibilit de vendre le fruit de leurs activit s l entreprise XM propri t du Home Rule responsable de la vente au d tail sur l ensemble du territoire notamment des produits alimentaires Nuttall 1992 26 Ils peuvent galement vendre la compagnie d tat Great Greenland dont la mission est d acheter les prises des chasseurs pour ensuite effectuer le tannage S Ces sources sont le Living Conditions Survey de Statistics Greenland 1997 effectu en 1994 l enqu te du DIKE 1997 sur le niveau nutritif de l alimentation groenlandaise et les donn es d un sondage sur les revenus provenant de la chasse et de la p che Danmarks Statistik Lyck 1983 Lyck 1999 21 55 et la commercialisation des peaux de mammif res Statistics Greenland 1999 59 Une autre option commerciale consiste a vendre leur r colte dans les march s locaux qui sont galement en partie r gis par l tat comme nous l avons vu Bref la chasse n chapperait pas l omnipr sence de l tat Somme toute la r colte informelle demeure une occupation non n gligeable Elle repr
29. biens ou du boulanger que nous attendons notre d ner mais bien du soin qu ils apportent leurs int r ts Nous ne nous adressons pas leur humanit mais leur go sme et ce n est jamais de leur besoin que nous leur parlons c est toujours de leur avantage Smith cit dans Rosanvallon 1989 40 L individu ne se conduit plus des fins de bien tre collectif comme il l aurait fait traditionnellement mais au sein d un goisme particuli rement individualiste C est ainsi que le capitalisme moderne aurait contribu a faire entrer au sein des rapports sociaux le ph nom ne de l individualisation de l atomisation des individus Comme Durkheim et Tonnies Weber voit dans la mont e de l individu le contrecoup du passage de la communaut la soci t 22 EXPANSION DES POSSIBLES Alors que la communaut traditionnelle laissait peu de place a la diff renciation interindividuelle le capitalisme montant brise ce moule univoque d action sociale Il cr e de multiples choix de r alisation personnelle grace aux possibilit s amen es par la monnaie la consommation de masse l ouverture sur le monde et surtout la prise de conscience d un pouvoir sur son devenir Le capitalisme a engendr une expansion des possibles De l int rieur se font sentir l panouissement et la diff renciation des capacit s et des besoins conomiques en relation avec l augmentation quantitative des
30. ces entrevues n ont pas t men es d apr s la grille d entrevue principale Elles ont fait l objet d une lecture adapt e leur contenu permettant de saisir les l ments contextuels pouvant affecter la rationalit des dirigeants d entreprise SCH MA ET D ROULEMENT DES ENTREVUES Afin de limiter les biais possibles tel que l influence du chercheur et la formulation des questions les entrevues ont plut t t conduites sous forme de discussion Les entrevues d une dur e d une heure comportaient trois blocs d informations recueillir tant semi dirig es elles se sont d roul es selon une structure variable au gr des personnes rencontr es afin de favoriser le jaillissement implicite de la rationalit des dirigeants d entreprise N anmoins nous avons g n ralement d but avec quelques questions simples poste du r pondant dans l entreprise nombre d employ s identification des propri taires afin d tablir un climat de confiance ad quat Les entrevues aupr s de dirigeants d entreprises de transport n ont pas fait l objet d une analyse de contenu au sujet de leur rationalit Ces entretiens ont t r alis s dans l unique but de comprendre le contexte conomique global 31 Le premier bloc d informations consistait laisser parler l individu des op rations de l entreprise Ces questions touchaient l ensemble des tapes de production de l entreprise appr
31. coh sion sociale A ses yeux Smith en effet m me s il n y a pas de bienveillance r ciproque entre les hommes le lien social n est pas rompu pour autant Il continu de se maintenir pour des raisons conomiques Il d crit ce propos Elle la soci t peut alors subsister entre les hommes comme elle subsiste entre des marchands par le sentiment de son utilit sans aucun lien d affection quoique alors aucun homme ne tienne un autre par les devoirs ou les n uds de la gratitude la soci t peut encore se soutenir l aide de l change int ress des services mutuels auxquels ont a assign une valeur convenue Smith cit dans Rosanvallon 1989 40 L action orientation conomique fait du d sir ventuellement de tiers le fondement de son orientation Weber 1995a 52 L homo conomicus oriente son action conform ment son propre int r t mais aussi par rapport autrui gardant toujours en t te que l autre agit lui aussi en fonction de son int r t L int r t de l autre devient la source d panouissement de l int r t de V individu l int rieur d un compromis rationnel entre son int r t et celui du partenaire L int r t individuel merge peu peu comme fondement des pratiques sociales La sociation d signe justement cette coexistence d int r ts individuels Ce n est pas de la bienveillance du boucher du marchand de
32. consciente et d lib r e du d veloppement de la soci t par ses individus et organisations D abord avec le KGH les missions religieuses et les instances politico administratives de la Les acronymes OCDE l OMC et FMI correspondent respectivement aux organisations conomiques mondiales que sont l Organisation de coop ration et de d veloppement conomique Organisation mondiale du commerce ainsi que le Fond mon taire international 133 colonie puis ensuite par l tat danois de l apr s Deuxi me grande guerre et finalement avec le Home Rule la soci t groenlandaise s est progressivement auto critiqu e autogouvern e bref elle a d velopp une capacit r flexive une pr disposition r fl chir sur elle m me ce que nous pouvons consid rer comme un indicateur de modernit Autrement dit le Groenland a connu un nouveau type de pratique sociale typique de la sociation l action rationnelle en finalit telle que d finie par Weber soit un comportement o fins et moyens sont consciemment connect s le capitalisme en est le parfait exemple sur le plan des attitudes caract re conomique Le capitalisme comme Weber l a observ chez l ensemble des soci t s occidentales a repr sent l un des principaux moteurs de sociation du lien social au Groenland Les motifs capitalistes du KGH durant la p riode coloniale le d veloppement et la rationalisation consid rable des p cheries dans le
33. cost ineffective and under scrutiny Greenland s Home Rule has created goals in increasing efficiency in harvesting production and sales of the three major products shrimps Greenland halibut and crabs From now Royal Greenland Ltd must show a profitability margin which corresponds to the capital invested in it Lyck 1999 57 58 Essentiellement ce mouvement de privatisation cherche a favoriser l am lioration des comportements conomiques des techniques de comptabilit le d veloppement d une certaine ind pendance de l conomie l gard du politique Martens 1992 198 mais surtout il s inscrit nettement dans la tendance n o lib rale qui emporte le monde depuis deux d cennies There is a striking similarity between new trends in Greenland and global trends stressing the market economy s superiority to all other allocation mecanisms In other words arguments in the debate on a development based on private initiative are not exceptionnally different from global trends putting a heavy emphasis on the liberalistic virtues of free entreprise and free mobility of capital and labour Winther 1999 152 Parue en 1999 une tude de l OCDE sur le d veloppement conomique groenlandais financ e par le Home Rule propose une s rie de mesures qui sembleront famili res aux conomies occidentales r duire la taille du secteur gouvernemental rationaliser les d penses de 131 l tat diminuer les subventi
34. d organisation sociale la famille dont l importance s tendait au del des membres d un m me r seau de parent l ensemble de la soci t Csonka 1995 335 Dorais 1996 10 L conomie des autochtones tait principalement constitu e de la chasse la baleine aux phoques et aux oiseaux de mer ainsi que de la p che Partage et troc des fruits de ces r coltes taient alors effectu s sur une base quotidienne Les changes entre individus taient fr quemment compos s de denr es alimentaires Certaines foires dans des camps d t donnaient l occasion aux individus de troquer des produits pour d autres marchandises qui ne leur taient pas disponibles et d largir le spectre de leurs interactions sociales mariages visites de parents g ographiquement loign s etc Marquardt et Caulfield 1996 108 Sur le plan politique les Inuit n avaient pas de chefs C taient les a n s les bons chasseurs les propri taires d umiagq bateau et les chamans qui par leur prestige ou leur force physique s imposaient parfois aux autres Dorais 1996 11 Leurs croyances taient anim es par le chamanisme et une mythologie particuli re un syst me symbolique complexe centr sur la reproduction humaine et sur celle du gibier Dorais 1996 11 Il r sultait de ces configurations sociologiques une certaine solidarit sociale une coh sion face aux autres qui d coule de la co r sidence de l
35. d une r gion dont l tat poss de totalement ou partiellement la plupart des entreprises Statistics Greenland 1997 34 et o les transferts de la Couronne danoise qui lui sont accord s constitueraient plus du tiers du PIB l administration publique appara t en quelque sorte comme contr lant une part substantielle de l conomie De fait l lite politique groenlandaise constitu e d une poign e d individus exerce un pouvoir consid rable sur l ensemble de la soci t groenlandaise Nielsen 1999 B renholdt 2000 80 un groupe d environ vingt personnes compos des directeurs des sept minist res du Home Rule J6nsson 1995 102 Les politiques conomiques y sont formul es l octroi de subventions y est effectu nous pouvons estimer que ces interventions ont une influence relativement tendue dans un tel contexte En quelque sorte le politique et l conomie se rencontrent voire se fusionnent et l administration publique en constituerait le point d intersection Le capitalisme d tat est ainsi contr l via l administration publique qui grace sa vaste capacit d action fa onne sensiblement les configurations conomiques de la r gion Le commerce int rieur Le commerce de gros et de d tail serait une branche d activit appr ciable du secteur tertiaire repr sentant 10 du PIB tableau 2 Il offrirait du travail 14 des employ s du territoire Danielsen ef al 1998 23 Parmi ceux ci
36. d veloppement conomique le nationalisme l Union europ enne la centralisation tatique la culture etc d bats qui ne manquent pas d tre teint s des grandes id ologies de ce monde comme la social d mocratie le lib ralisme conomique etc Larsen 1992 Kleivan 1985 Aussi le niveau de vie du Groenland serait sup rieur comparativement au reste de l Arctique Greenland has in many ways become a welfare state economy free compulsory education public housing free medical care etc where the level of standards maybe lies below that of the Danish standards but miles away from the level at which most aboriginal people must live at Lyck 1999 17 Bien que le co t de la vie soit lev au Groenland son PIB per capita et la structure de son conomie par exemple sont comparables a ceux des pays d velopp s Poole 1995 18 De fait du point de vue conomique le Groenland reste fid le sa r putation Son conomie se caract rise par une commercialisation relativement prononc e de sa production alimentaire entre autres tant donn le r le important des march s locaux comptoirs de ventes informelles partout en r gion o les chasseurs et p cheurs peuvent vendre leurs prises directement aux consommateurs Rasmussen 1998b Marquardt et Caulfield 1996 Here in Greenland the local informal markets which have been existing for a very long time and continue to play an important role in th
37. du climat peuvent litt ralement faire fuire la mati re premi re de cette industrie mettant en danger une partie sensiblement importante de l conomie En somme une conomie peu diversifi e et bas e sur les ressources de la mer se retrouve d pendante face aux caract ristiques du march mondial des p cheries et aux changements climatiques affectant celles ci Une chute des prix et de la temp rature des eaux maritimes peuvent s av rer d cisives pour une conomie comme celle du Groenland En de tels cas l exportation l emploi et la production industrielle se voient menac es de fa on non n gligeable Mais l tat semble prendre en charge les effets pervers de cet ordre tout semble indiquer que l conomie repose plusieurs gards sur les bras de l Etat De fait la structure industrielle d note une constante l omnipr sence de l tat dans l conomie sous de multiples formes Premi rement l tat danois de par les transferts qu il attribue au Groenland occuperait un r le significatif au sein de l conomie Ces transferts constitueraient environ 34 du PIB en tenant galement compte des activit s de l tat danois en territoire groenlandais Statistics Greenland 1999 114 Plusieurs concluent que cette conomie se caract rise par sa d pendance l gard de ces capitaux Larsen 1992 212 Statistics Greenland 1997 62 LycketTaagholt 1987 58 Nuttall 1994 11 Lyck 1997 17
38. environnement ne peut se comprendre enti rement que si l on tient compte de ses ant c dents historiques L histoire participe la compr hension du fonctionnement des entreprises parce qu elle d finit des h ritages des traditions et plus largement les soubassements culturels de l action de groupes sociaux d finis par leur appartenance un m tier d entreprises d finies par leur relation un march ou un bassin d emploi Alter 1996 164 D ailleurs notre approche th orique implique un regard historique car pour Weber l histoire repr sente un lieu o les humains construisent leur histoire et o leurs subjectivit s s expriment et se nouent dans l interaction entre elles et avec l environnement Turcotte 1996 96 De fait Weber con oit l individu comme tant intrins quement historique L individu historique est un complexe de relations pr sentes dans la r alit historique que nous r unissons en vertu de leur signification culturelle en un tout conceptuel il doit tre compos graduellement partir de ses l ments singuliers qui sont extraire un un de la r alit historique On ne peut donc trouver le concept d finitif au d but mais la fin de la recherche En d autres termes c est seulement au cours de la discussion que se r v lera le r sultat essentiel de celle ci Weber 1964 47 C est pour cette raison que le contexte hi
39. et 39 millions Dkk PIB entre 40 et 49 millions Dkk PIB entre 50 et 59 millions Dkk Source Grgnlands Statistiske Kontor 1991 8 PIB entre 60 et 69 millions Dkk PIB entre 70 et 79 millions Dkk BOL PIB de plus de 80 millions Dkk 63 La distribution des revenus et des transferts selon le niveau d urbanisation indique galement des in galit s Les revenus per capita des centres urbains repr senteraient presque le double de ceux des petites localit s tableau 3 galement la part des transferts gouvernementaux au sein du revenu des individus des petites localit s 28 serait environ le double comparativement aux centres urbains 13 tableau 3 Ainsi nous serions port croire que les petites localit s vivent au crochet de l tat au d triment des centres urbains apparemment plus autonomes Mais une fois consid r s l ensemble des transferts vers s et ce per capita il s av re que l tat octroie autant un individu vivant en centre urbain qu celui provenant d une petite localit et que seule la nature des transferts diff re selon le degr d urbanisation tableau 3 An analysis of the income transfers between towns and settlements and between towns in Greenland clearly shows that inhabitants in local communities receiving large amount of the subsidies mentioned received much less in social benefits whereas local communities which do not receive any subsidies for industrial developm
40. et Young 1998 cit dans Rasmussen 1998b 10 94 commercialisable De plus cette valorisation des propri t s commerciales des ressources au d triment d une valorisation extra conomique est diff rente selon qu il s agit d une petite ou une grande entreprise Dans le cas des grandes entreprises les dirigeants consid rent g n ralement que V exploitation commerciale de la nourriture traditionnelle n en vaut pas la peine et ce pour des raisons conomiques Let s face it the market isn t very big D ailleurs la majorit des grandes entreprises n ceuvrent pas dans le domaine de la nourriture traditionnelle mais exploitent d autres ressources alimentaires notamment la crevette le fl tan et le crabe soit des types de production qui rapportent beaucoup d argent et qui n ont pas ou peu d importance sp cifique dans la culture groenlandaise Les dirigeants des petites entreprises accordent la m me importance la rentabilit Cependant ils affirment que la nourriture traditionnelle repr sente un march potentiellement lucratif Questionn sur les raisons pour lesquelles son entreprise a t mise sur pieds ce manager nous fait part de cette mentalit There are markets for nom de l animal products and we knew that Ensuite il nous a expliqu que les individus qui effectuaient la r colte de cette nourriture traditionnelle avaient tout int r t chasser plusieurs animaux la foi
41. et reproduisant leur domination dans l conomie Pour illustrer cet l ment du discours nous pr senterons bri vement divers faits mentionn s par nos interview s Toutefois nous ne serons pas g n reux fournir les d tails de ces v nements afin de pr server l anonymat des organisations Cette dimension discursive nous permettra de comprendre la conception sp cifique du capitalisme chez les dirigeants d entreprises priv es par rapport celle qu ils critiquent et attribuent l tat Dans un premier temps l Etat obligerait d une mani re ou d une autre l une des entreprises priv es acheter certains biens aupr s de ses propres entreprises We can t buy it elsewhere The consequence is that nom d une entreprise gouvernementale makes money on us our biggest competitor Le Home Rule est aussi soup onn de favoriser sa propre entreprise Royal Greenland par le moyen d une r glementation obligeant les bateaux de p che en haute mer de vendre un quart de leurs prises aux usines de transformation situ es en territoire groenlandais lesquelles sont poss d es pour la plupart par Royal Greenland On nous a galement confi que suite aux oppositions formul es par certains entrepreneurs priv s quant aux tarifs pr f rentiels que s accordaient certaines entreprises gouvernementales entre elles celles ci auraient uniformis leurs prix pour l ensemble de leur clients tant priv s q
42. existence d un conflit entre les p cheurs priv s et cette soci t d tat Some local Greenlanders see Royal Greenland as the continuation of the colonial activities of the Royal Greenland Trade KGH which it replaced For the analysis of local economic development the most interesting thing here is not whether or not the statement is true but that it exists as part of a discourse it clearly represents the views of local fishermen unsatisfied with the prices they get for the fish and shrimps they land The statement especially illustrates the bitterness and contradictions in local industrial development underscoring the lack of a shared entrepreneurial discourse Les pratiques de concurrence virulente de l tat expliqueraient en partie la chute du mouvement coop ratif groenlandais dans les ann es 1980 it appears that the cooperative mouvement never acomplished taking over economic activities Suppliers cooperatives in settlements were forced to eke out a marginalized existence far away from the economic centre of the Greenlandic economy cooperatives were forced into fierce competition from both private retailing as well as from the state monopoly of the Royal Greenland Trade Company Winther 1999 156 Kangerlussuaq est la ville o atterissent les avions en provenance de l ext rieur du Groenland Ces vols internationaux doivent n cessairement passer par l compte tenu que seule la piste
43. expression de l conomie rationnelle comme valeur sacr e L entreprise diffuse ses valeurs de combat tous les secteurs de la soci t Il faut dire n anmoins sa d charge qu elle ne les a pas invent es Elle a repris le discours de la guerre et le discours sportif pour lesquels seuls demeurent des gagnants et des perdants elle a port le culte de la performance un niveau in gal jusqu alors Enriquez 1990 206 Toutefois ce r ve d riger un syst me capitaliste pur vers 1950 o seules les lois du march et de la comp tition r gissent les processus conomiques entre les acteurs r ve dont Vid ologie n o lib rale fait la promotion s croulera quelques ann es plus tard sans toutefois dispara tre la fin des ann es 1950 malgr des essais r p t s pour int resser et mettre l initiative priv e la t che il est apparu que les objectifs de lib ralisation conomique n avaient pas t atteints Winther 1999 151 En r alit l tat danois n avait pas eu beaucoup de chances dans sa volont d attirer l entrepreunariat priv douze ans apr s l arr t du monopole tatique le secteur 4 Nous avons d ailleurs visit cet abattoir entreprise du nom de Negi qui est toujours sous tutelle 120 priv n occupait que 15 des ventes totales tant surtout constitu des activit s de commerce de d tail et de la construction Boserup 1963 488
44. exprim par les Groenlandais Lyck 1999 116 hormis des r sistances face a ces changements dont nous n avons pas trait s et dont nous ne nions pas l existence Toutefois a l poque coloniale ce sont les Inuit qui ont financ la construction des premi res glises et qui ont activement obtenus des emplois au KGH Ce sont les plus instruits d entre eux qui ont enseign l cole leurs confr res et c est la demande des autochtones que le Groenland a connu une mont e de l instruction au d but du xx si cle cole obligatoire Aussi notons que la modernit s est tablie au Groenland dans les ann es 1950 avec le consentement et la participation des Groenlandais Adolphsen et Greiffenberg 1992 125 Les Inuit du Groenland ont g n ralement accept d embl e la modernit celle des Danois Il semble que la compatibilit de ces deux cultures aurait favoris les m canismes d acculturation Although the Danish and the Inuit culture were quite different there was a common denominator that characterized both mentalities Behind the repertories of iconoclastic differences there was a sphere of diffuse attatchment In both cultures there is a tendency to stress the common good to interpret the category of authority in a structural rather than psychical sense and to promote a policy of egalitarianism Indeed the smoothness of the whole socio political process had much to do with the agreement on this
45. gestionnaire ou d investisseur D une part il distribue des subventions selon l OCDE 1999 37 celles ci repr senteraient pr s de 8 du PIB de la r gion comparativement entre 1 et 3 chez l ensemble des pays de l OCDE En outre en 1993 le Home Rule a fond une compagnie d tat Sulisa dont la mission est de supporter l entreprenariat et le d veloppement industriel par l attribution de capital haut risque aux entreprises Statistics Greenland 1997 35 Rappelons le il arrive aussi l tat d ponger les d ficits des entreprises de mani re non n gligeable OCDE 1999 37 L tat offre galement des biens et services publics prix r duits pour certaines industries telles que les p cheries en ce qui a trait aux co ts de l lectricit et de l eau OCDE 1999 37 Au total les transferts du Home Rule tant aux entreprises qu aux m nages repr sentent 25 du PIB Statistics Greenland 1999 114 D autre part l tat s implique dans l conomie par ses politiques conomiques L administration publique industrie premi re constitue le lieu tactique de cette intervention 71 Tout porte croire que l tat serait en position de quasi monopole C est en ce sens que Rasmussen 1997 10 parle de capitalisme d tat C est pourquoi l intervention gouvernementale massive et polymorphe semble tre responsable d une partie consid rable des configurations actuelles de l cono
46. have a responsibility to people et des imp ratifs de rentabilit The government needs money and it is an object or an aim for the company to run as efficiently as possible En somme presque l enti ret de l industrie alimentaire gouvernementale fait face ces orientations antinomiques Entre ces deux p les d id es nous constatons que les dirigeants des entreprises gouvernementales prennent position pr nant davantage le discours capitaliste et semblent s opposer aux volont s sociales d mocrates apparemment pr n es par le gouvernement quoique les valeurs du Home Rule ne se r sument pas la social d mocratie Le prochain exemple d montre en quoi les id aux essentiellement capitalistes dont nous reparlerons plus loin pr sents chez plusieurs entrepreneurs toutes formes de propri t et secteurs d activit s confondus sont en opposition avec certaines ambitions tatiques visant une redistribution plus quitable des richesses Comme le montre l extrait suivant ce dirigeant d entreprise ne t moigne pas d enthousiasme face aux actions galitaristes de l tat qui paraissent emp cher les entrepreneurs de se concentrer sur ce qui les int resse soit le profit My experience is that every time we tried to do that run socially oriented business we have lost money That s why I keep it away the non profitable production I put it into this company nom de l entreprise becau
47. keep production running on shore The goal of the stateowned entreprises was to create employment Winther 129 propres priorit s les dirigeants autochtones ont suivi les traces de leurs pr d cesseurs allochtones sous le couvert d un discours ethnonationaliste Les dirigeants d entreprise d origine inuite que nous avons interrog s en 1999 n ont d ailleurs pas tenu pour l essentiel un discours diff rent des managers danois Avec le Home Rule les Groenlandais ont contribu leur tour l panouissement du capitalisme et la modernisation de leur soci t de surcro t ce sont les Groenlandais eux m mes qui mettront de l avant des politiques n o lib rales au profit d un capitalisme encore plus fort dix ans apr s leur accession la t te du pouvoir LA P RIODE N O LIB RALE 1990 NOS JOURS INTENSIFICATION DE LA DOMINATION DU CAPITALISME GLOBALIS Les ann es 1990 ont t caract ris es par une r orientation des politiques conomiques par l interm diaire d un processus de quasi privatisation des entreprises gouvernementales sous l influence de la domination mondiale du n o lib ralisme C est dans son discours d ouverture de la session d automne 1990 que le premier ministre groenlandais a lanc le slogan qui r sumera l id e ma tresse des politiques conomiques des dix prochaines ann es Donnons une chance au secteur priv Danielsen ef al 1998 17 Ensuite le gouvernem
48. l conomie dit on devrait triompher par elle m me sans intervention gouvernementale Teint e des particularit s du contexte groenlandais cette rationalit s apparente cependant un discours actuellement r pandu l chelle quasi plan taire Ces constats s expliquent par l tude du lien social dans lequel ces r alit s prennent place Les Groenlandais et le reste du monde ont en commun la modernit La primaut d une mentalit capitaliste est le corollaire d un lien social atomis o les int r ts de chacun importent au premier plan La gen se du Groenland permet de comprendre les origines de cette fa on individualiste et corporatiste qu ont les humains de vivre ensemble La venue des Danois et les modalit s des contacts qu ils ont eu avec les Autochtones ont forg une soci t aux couleurs modernes Mettre en relief ces ph nom nes permet deux choses Premi rement notre tude teste la th orie w b rienne du changement social dans le laboratoire qu est le Groenland Nos analyses confirment nouveau le r le pr pond rant du capitalisme dans la modernisation des soci t s comme l avait fait Max Weber au sujet de l Occident Nos d marches ont valid que l examen des motivations inh rentes aux comportements individuels c est dire l investigation de l action sociale continue d tre f cond pour le sociologue Deuxi mement les faits empiriques mis en relief repr se
49. la structure sociale est le tissu des forces sociales en interaction d o sont issus les divers modes d observation et de pens e Dans ce cas la notion de structure sociale d signe implicitement l ensemble des l ments d un syst me social dont le sociologue pr sume qu ils dominent et d terminent les autres Boudon et Bourricaud 1982 532 Nous nous int resserons l volution historique de la structure sociale groenlandaise Pour ce faire nous avons proc d par une revue de la litt rature de la gen se du Groenland Depuis la colonisation danoise c est la mont e de la modernit au sein de l ensemble des pratiques sociales qui constitue la trame logique de cette histoire permettant d expliquer la nature des rationalit s actuellement observ es chez les dirigeants d entreprise de l industrie alimentaire groenlandaise L industrie alimentaire comme sujet d tude se justifie du fait qu elle repr sente l un des principaux noyaux de l conomie groenlandaise Elle g n re pr s de la moiti du chiffre d affaires de l conomie Les p cheries des secteurs primaire et secondaire accaparant presque 60 de cette industrie sont particuli rement importantes par la valeur ajout e et les exportations qu elles g n rent Par ailleurs la production alimentaire est souvent vue comme un levier important du d veloppement conomique et durable au Groenland Marquardt et Caulfield 1996 R
50. laisse croire que la structure de l conomie ait chang significativement depuis entrevues aupr s de chercheurs groenlandistes f vrier 1999 Cet indicateur inclut les b n fices des employ s des travailleurs autonomes des entreprises individuelles et des soci t s Ces revenus ont t comptabilis s avant imp ts Les provisions pour consommation de capital fixe d pr ciation sont incluses Les int r ts et les revenus divers de placements ainsi que l ajustement de la valeur des stocks sont galement inclus entrevues aupr s d employ s de Statistics Greenland f vrier 1999 Quant aux chiffres sur le commerce international ils se limitent aux importations et exportations visibles c est dire les biens excluant les services et permettent de d terminer la structure g ographique de l conomie Les autres indicateurs utilis s ne n cessitent pas davantage de pr cisions comme le nombre d employ s par secteurs et branches d activit conomique Le traitement des statistiques descriptives s est limit une traduction du texte des tableaux statistiques du danois au fran ais et de certains regroupements de donn es afin qu elles se pr tent mieux nos analyses Ces derni res consistent faire ressortir les principales caract ristiques des distributions de fr quences les tendances int ressantes les faits saillants des comparaisons pertinentes avec d autres r gions etc Les donn es de Statis
51. le capitalisme des industriels ainsi qu entre les r les respectifs des secteurs gouvernemental et priv dans l conomie L analyse de nos entrevues avec des dirigeants d entreprise corrobore l existence de ces tensions Ces tensions ou d bats ont t tranch s par le gouvernement groenlandais qui penche vers les solutions n o lib rales face aux probl mes qui le pr occupent En d autres termes le n o 132 lib ralisme semble avoir t achet par l lite politique groenlandaise Nielsen 1999 constitu e d une poign e d individus qui exercent un pouvoir consid rable sur l ensemble de la soci t groenlandaise Berenholdt 2000 80 en fait il y aurait environ vingt personnes qui constitueraient cette lite soit les directeurs des sept minist res du Home Rule J nsson 1995 102 Au nom de la soci t groenlandaise ces quelques personnes souscrivent comme plusieurs autres pays l heure actuelle aux recommandations pour ne pas dire au diktat des organisations conomiques mondiales telles que l OCDE POMC le FMI et la Banque mondiale Ces organisations font la promotion du n o lib ralisme d une fa on remarquablement efficace Freitag 1999 n o lib ralisme qui ne laissera pas le lien social indiff rent Dans tout cela c est le rapport entre l individu et la soci t qui est rompu la soci t n tant plus pour l individu qu un champ d action neutre et vide ouvert l exe
52. le cas de Royal Greenland qui avant de se d gager de ses unit s moins productives maintenant regroup es sous l entreprise Nuka devait satisfaire la fois ces deux courants id ologiques 5 la suite d une crise conomique importante la fin de la d cennie 1980 ch mage lev baisse des prix des produits de la p che administration d ficiente etc le Home Rule se serait davantage tourn vers une gestion dite capitaliste des compagnies sous son aile Larsen 1992 214 Au m me moment il entamait une rationalisation du budget national par un contr le plus stricte et une diminution des d penses publiques dans le but d annuler son d ficit et rembourser la dette de la r gion Statistics Greenland 1997 69 Rasmussen 1997 16 82 As a net managed organization Royal Greenland functioned as the means of realising the commercial and regional goals of the Home Rule authorities At the same time the demand was that the company was to function as a modern commercial enterprise the conflict has happened because Greenlandic society still expects Royal Greenland to fulfil a number of social obligations while at the same time demanding that the company is efficient increasing its international competitiveness Danielsen et al 1998 60 Les gestionnaires d une autre entreprise gouvernementale disent aussi avoir naviguer entre des objectifs de gauche We are still owned by government and they
53. levels of Western civilization It was an assumption of the reformers that through becoming more familiar with some of the basic rules of the modern market economy the Greenlanders would also learn to cherish the importance of becoming much more diligent and farsighted than they had used to be Sveistrup et Dalgaard 1945 Marquardt 1998 1999 tir s de Marquardt 1999 10 Si la diffusion du salariat est un indicateur de modernisation le Groenland tait tonnamment moderne au XIX si cle selon l expression de Marquardt 1996 106 Selon lui les Groenlandais auraient eux m mes exploit activement les occasions d obtention d emplois L implantation de la monnaie dans l conomie a donn lieu un nouveau type de rapports sociaux Ce ph nom ne aurait concouru au changement social groenlandais la monnaie tant l une des pierres angulaires de l action capitaliste ainsi qu un outil remarquablement efficace de rationalisation sur le plan conomique mais aussi sociologique Weber 1995b 111 112 Par exemple le don l une des pratiques typiques des soci t s traditionnelles tend dispara tre une fois qu il est objectiv c est dire lorsqu il comporte une contrepartie explicite dans l change 110 mon taire et ses calculs rationnels Godbout 1995 262 Monnaie march et travail salari transforment la logique du don s parent la famille nucl aire de la bande ancestrale En effet les
54. mais la compagnie a continu de maintenir sa domination de l industrie La vision de la Commission tait que les investisseurs priv s danois une fois obtenu l acc s aux occasions conomiques groenlandaises auraient pu fournir les initiatives n cessaires la modernisation des processus de transformation des produits de la p che Boserup 1963 487 Par la suite deux autres commissions issues de cette m me volont modernisatrice connues sous les noms G 50 et G 60 affirmaient que les int r ts priv s notamment danois Danielsen et al 1998 12 devaient tre privil gi s et non pas l initiative gouvernementale Winther 1999 152 Encore une fois le Groenland devait rattraper le temps perdu et suivre les tendances n o lib rales d j bien ancr es chez la M re patrie G 50 tir de Dahl 1986 18 repris par Winther 1999 153 Tout comme notre analyse l a d montr chez les dirigeants d entreprise le n o lib ralisme pratiqu par les technocrates danois de l poque constituait un discours au service du capitalisme De fait le projet de modernisation acc l r e du Groenland incluait une composante capitaliste notable les politiques conomiques groenlandaises des ann es 1950 et 1960 pour ne parler que de cette p riode manifestaient clairement une adh sion la norme d s lors incontournable qu tait devenu le capitalisme D abord la Commission Royale sur le Groenland sugg re l abo
55. me si les Inuit n ont occup que des postes politiques aux pouvoirs tr s limit s le contr le r el de la r gulation politique tant demeur entre les mains du gouvernement danois et de ses fonctionnaires Cependant en agissant comme il l a fait le Danemark permit l mergence d une lite politique inuit pour qui l apprentissage du fonctionnement des institutions d mocratiques et politiques de la soci t danoise allait bient t servir revendiquer l obtention de nouveaux pouvoirs Tremblay et Forest 1993 54 De cette mani re Rink a favoris la modernisation politique des autochtones les veillant l exercice d un regard critique sur le devenir et les enjeux de leur collectivit la soci t groenlandaise commence alors d velopper sa capacit de r flexivit de s analyser elle m me D autre part sur le plan culturel Rink a fond le premier journal groenlandais Atuagagdliutit en1861 Gad 1984 569 dont analyse du contenu d montre que d s le d but des ann es 1860 les Groenlandais de l ouest poss daient une identit ethnonationale bien marqu e Langgard 1998 Caulfield 1997 31 Basic awareness of ethnicity and nationality already existed when Atuagagdliutit started The general discourse of the first volumes of Atuagagdliutit shows this When we look at the history of the Inuit in Greenland it turns out that they were predisposed to develop this basic awarenes
56. monographies des actes de colloques conf rences et symposiums des rapports gouvernementaux des th ses et m moires universitaires ainsi que des livres Ces sources proviennent de plusieurs disciplines telles que l ing nierie l environnement les sciences sociales et les technologies 36 sociologues de l histoire nous avons cherch des liens de cause effet des corr lations des relations entre faits sociaux et non pas seulement un simple enchainement d v nements Turcotte 1996 95 En somme ce type d analyse de contenu permet de tester a la fois les hypoth ses th oriques et empiriques de recherche Landry 1998 336 en s inspirant du mod le d appariement o partant d une th orie le chercheur pr dit une configuration th orique qu il compare la configuration empirique observ e Landry 1998 349 et du mod le historique o le chercheur compare ses pr dictions sur l volution temporelle d un ph nom ne avec les donn es empiriques qu il a recueillies Landry 1998 349 Pour nous il s agissait de valider la th orie du changement social de Weber au Groenland et d interpr ter l origine sociohistorique des rationalit s observ es au sein de nos donn es d entrevues L approche sociohistorique nous est apparue pertinente car elle permet de comprendre l environnement social actuel qui fa onne la rationalit des dirigeants d entreprise Selon nous cet
57. nourriture avec les revenus de la p che Gad 1984 573 De fait une conomie d pendante de la p che est dynamique et soumise la r ciprocit des changes avec le monde ext rieur car la p che 4 Au d but du xx si cle on assiste une autre r forme de la structure politique En 1908 les administrateurs abandonnent les deux zones d exploitation et de commerce institu es lors des Instructions pour les remplacer par des conseils provinciaux des organes consultatifs l poque int ress s aux questions de sant et d ducation et subdivis s en plusieurs conseils municipaux que le Groenland conna t encore aujourd hui Caulfield 1997 33 Tremblay et Forest 1993 53 Notons au passage que la Loi administrative de 1925 a aussi apport des changements majeurs au sein de l appareil colonial Les changements apport s par la Loi administrative de 1925 sont les suivants ajout d un conseil provincial l est acc s aux fonctionnaires danois aux processus lectoraux et droit de vote admis aux plus de 22 ans cr ation d un conseil de district afin de faciliter la communication entre les paliers de gouvernement et modifications relativement mineures faites l endroit du syst me de taxes et d imp ts Tremblay et Forest 1993 54 Du c t culturel c est durant la premi re partie du xx si cle que l ducation scolaire a t rendue obligatoire pour les jeunes de sept quatorz
58. objectiv lorsqu il comporte une contrepartie explicite c est justement ce que la monnaie et le calcul permettent comme explique Godbout Comment en effet parler des r gles du don alors que l une d entre elles semble tre qu elles doivent rester cach es des membres de la soci t o elles sont observ es comme si leur r v lation devait entra ner la disparition du don Godbout 1995 262 La valeur quantitative explicite prend le pas sur la valeur qualitative implicite Aussit t la modernisation est attis e par ces agents de sociation PR DOMINANCE DE L ACTION A ORIENTATION CONOMIQUE ET DE L INT R T INDIVIDUEL Avec la sociation des rapports sociaux l action sociale devient de plus en plus 21 orientation conomique soit des conduites qui visent dans leur intention a aller au devant d un d sir d utilit et qui tiennent compte de faits conomiques Weber 1995a 101 On assiste la mutation d une production traditionnelle de valeurs d usage une production moderne de valeurs d change On ne fabrique plus du pain uniquement parce que l on doit se nourrir mais parce qu il permet d acqu rir d autres biens ou services par le biais de l change De la m me mani re le lien social se rationalise selon les principes de l change conomique L Weber rejoint en partie la th se de Smith sur la place pr pond rante de l conomique comme base de la
59. plus la contre hypoth se d apr s laquelle des valeurs extra conomiques auraient pu influencer substantiellement les logiques d action n a pas t confirm e lors de notre analyse CONCLUSION SUR L ANALYSE DES RATIONALIT S LA NATURE DU LIEN SOCIAL Les tendances fortes qui ressortent au terme de notre analyse chez ce petit groupe d entrepreneurs nous permettent maintenant de formuler une hypoth se concernant le lien social dans lequel ils s inscrivent c est dire le mode de fonctionnement g n ral des relations entre les individus en soci t Selon nous si les dirigeants d entreprise des secteurs priv et gouvernemental ont manifest une rationalit commune c est entre autres parce qu ils s ins rent au sein d un m me type de lien social dominant Suivant cette supposition la rationalit dont font 37 La chasse la baleine n est pas pratiqu e dans le but de maximiser les sources de profit au Groenland La chasse la baleine est conomiquement marginale elle ne repr sente que 10 de la production totale dans cette industrie Il faut ici tenir compte de certains facteurs culturels selon lesquels la chasse la baleine et la recherche du profit ne sont pas imm diatement compatibles Les chasseurs ne sont d ailleurs pas int ress s d velopper des proc d s sp cifiques de transformation des produits de la chasse la baleine La technologie utilis e n a d ailleurs pas volu e depuis
60. politique qui s est av r favorable au capitalisme et aux transformations des pratiques sociales que ce dernier impose Notamment au cours de la modernisation acc l r e l identit et les revendications inuites groenlandaises ont pris des formes plus d finies et se sont fortifi es si bien que l opinion publique groenlandaise en est venue r clamer davantage d autonomie politique Dorais 1996 14 Ces requ tes se sont sold es par la cr ation du Home Rule en 1979 la suite d un r f rendum o 70 du vote tait en faveur de l autogestion Rouland 1991 136 Rappelons le le Home Rule constitue le gouvernement autonome du Groenland o les int r ts et pr occupations internes sont r gies par les autorit s r gionales alors que ce qui concerne les d cisions d ordre plus g n ral est sous l gide de l administration centrale au Danemark Ce sont les Inuit qui dirigeront dor navant les partis politiques la t te du gouvernement Toutefois cette prise en charge du politique par les autochtones a r sult en la continuation et voire m me l intensification des principes de gouverne des Danois Adolphsen et Greiffenberg 1992 127 Nuttall 1991 360 tir de Wareham 1993 14 Rouland 1991 142 Nielsen 1999 La d l gation graduelle des comp tences groenlandaises au Home Rule entre 1979 et 1992 Les pouvoirs appartenant toujours au Danemark touchent les domaines suivants le droit constitut
61. poque Hans Egede ministre luth rien a tabli la colonie au nom du Roi du Danemark pour finalement y christianiser les Inuit tant donn l absence des Norses Vikings initialement vis s Gad 1984 557 Ensuite l imp rialisme danois a pris une forme conomique c est le d but des postes de traite et la cr ation vers 1774 du KGH la Traite Royale Groenlandaise entreprise d tat monopolisant le commerce Dorais 1996 14 Et jusqu au milieu du xx si cle l acculturation contr l e des habitants du Groenland suivant l expression de Dorais 1996 14 se serait graduellement consolid e Apr s la Seconde Guerre mondiale le Groenland a obtenu le statut de province danoise 1953 et du coup est entr dans un processus de modernisation acc l r e visant normaliser la r gion selon les standards occidentaux de civilisation Dorais 1996 15 Un plan de modernisation du Groenland a t entrepris par l tat danois partir des ann es 1950 dont les objectifs avaient t tablis par deux commissions tatiques connues sous les appellations G 50 et G 60 Nuttall 1992 19 Kleivan 1985 703 Larsen 1992 217 D s lors le gouvernement a propos une s rie de r formes concernant l conomie le logement la sant 39 l ducation et la situation d mographique Kleivan 1985 701 De fa on g n rale cette entreprise s est op rationalis e par une intervention massive de l t
62. qui leur est propre La groenlandisation a aussi pour objectif de favoriser les investissements au Groenland et d encourager la participation conomique des Groenlandais au sein de leur soci t ex loi sur la priorisation de l embauche des Groenlandais en 1980 Par contre cette r alit a cr des effets pervers les investissements souhait s ont exig une proportion plus grande de Danois dans l organisation politico conomique du Groenland Kleivan 1985 703 ce qui a renforc la domination des valeurs occidentales d j existantes Selon Nuttall 1991 361 la groenlandisation est surtout l un des l ments forts du discours tatique Nous pouvons dans cette optique faire l hypoth se que la groenlandisation sert de justification id ologique aux fins capitalistes des politiciens Au sein de ce discours nationaliste le d veloppement de la soci t devait alors avec le Home Rule s effectuer selon les fondements de la culture groenlandaise Hansen 1992 tir de Petersen 2000 mais en d finitive la groenlandisation s est plut t av r e tre une danification Nielsen 1999 notamment sur plan conomique La groenlandisation institutionnalis e par le Home Rule tait en r sum un projet de soci t en faveur d une plus grande autosuffisance conomique du Groenland par l interm diaire d un d veloppement conomique accru D ailleurs les ann es 1980 se caract risent effectivement par une intensifica
63. rationalit mat rielle concept qui signifie que les agents conomiques ne tiennent pas uniquement compte du calcul i e de la rationalit formelle mais galement d autres exigences thiques politiques utilitaires h donistiques de classe ou galitaires en guise de crit res l activit conomique Weber 1995a 131 Entre autres la sociologie w b rienne des religions a mis en relief l influence des conceptions spirituelles sur la conduite conomique des individus Weber 1964 a expos cette th se par le biais d une tude de cas c l bre L thique protestante et l esprit du capitalisme C est partir d une conception w b rienne des acteurs sociaux que nous avons tudi la rationalit des dirigeants d entreprise La rationalit comme nous l entendons d signe la logique inh rente aux diff rentes actions sociales des individus Sous un angle plus g n ral le lien social se d finit aussi par ses formes de rationalit s collectives LE LIEN SOCIAL Dans le m me esprit que l avaient fait T nnies 1960 avec sa dichotomie communaut soci t et Durkheim 1960 par le biais des solidarit s organique et m canique Weber a d velopp une typologie du lien social la communalisation et la sociation LA COMMUNALISATION LES ACTIONS EMOTIONNELLES ET TRADITIONNELLES Weber d finit la communalisation comme tant une relat
64. s repr senteraient aussi une part significative du commerce int rieur Faute de donn es chiffr es l ampleur de ces march s est difficilement mesurable Le transport Tout comme pour l industrie du commerce celle du transport rev t une importance particuli re dans la mesure o elle permet l approvisionnement en biens des diff rentes agglom rations de population qui ne sont pas reli es par un r seau routier et dont certaines sont parfois isol es par les glaces maritimes Cette industrie repr senterait 7 du PIB tableau 2 Cette branche d activit est un oligopole constitu des entreprises suivantes l entreprise gouvernementale de transport maritime Royal Arctic Line Gronlandsfly entreprise de transport a rien priv e et gouvernementale et SAS une firme danoise de transport a rien Ces activit s dont l tat contr le une part significative joueraient un r le tangible dans l conomie dans l optique o elles permettent la circulation des biens d une part importante des transactions des diverses industries de la r gion notamment en ce qui a trait au commerce international Le tourisme Le tourisme procurerait un revenu pr s de 1 des salari s Danielsen et al 1998 23 Les principales retomb es conomiques de cette industrie seraient les nuits d h tel consomm es durant les s jours des voyageurs principalement des Groenlandais et des Danois Statistics Greenland 1997 42 Cette indus
65. ses activit s de construction Par la suite ces investissements auraient diminu de plus de 20 en 1989 et le nombre 58 d entreprises de 95 en 1995 Statistics Greenland 1997 41 Donc la part de cette industrie semble avoir diminu e depuis 1988 Aujourd hui l emploi associ aux activit s de construction atteint 8 Danielsen et al 1998 23 Celles ci seraient majoritairement li es a la construction de voies d atterrissage d avions Statistics Greenland 1999 69 L Etat entre autres par l interm diaire de l entreprise gouvernementale Ini exerce un contr le sur la plupart des activit s de construction Statistics Greenland 1999 69 la majorit des logements seraient la propri t des gouvernements locaux lesquels verraient la r alisation de plus de la moiti des projets de construction Martinson 1992 136 Si ce secteur est r gi par le gouvernement ce sont toutefois les entreprises priv es qui obtiennent les contrats et effectuent le travail de construction Aussi l tat financerait et subventionnerait le logement et la construction r sidentielle des particuliers le Home Rule et les gouvernements locaux financeraient respectivement 60 et 40 du logement des locataires l tat subventionnerait 30 du co t de l achat des r sidences des particuliers le reste tant financ par ces derniers l tat financerait galement les deux tiers des co ts de construction de r sidences coop r
66. subventions Par exemple en 1996 l industrie de la p che aurait re u 235 millions Dkk en subventions Rasmussen 2000 1 Danielsen et al 1998 8 repr sentant 24 du PIB de cette branche d activit de 1988 Ces subventions correspondraient 37 000 Dkk par employ s c est dire peu pr s la moiti de la valeur du revenu imposable disponible per capita De plus la moiti des transferts de l tat attribu s aux petites localit s seraient constitu s de subventions pour cette industrie Rasmussen 1997b 73 Il existe cinq formes de subventions accord es aux p cheries des subventions directes notamment pour combler certains d ficits d autres sommes mon taires sont vers es aux entreprises afin de maintenir les prix pay s aux p cheurs des subsides des fins de cr ation d emplois des enveloppes budg taires allou es aux d penses financi res int r ts sur pr ts bancaires et des subventions titre de d veloppement afin de diversifier les types de ressources exploit es Danielsen ef al 1998 55 C est une industrie qui b n ficie de subventions indirectes sous la forme de rabais sur les co ts reli s l eau et 49 l lectricit Nous pouvons conclure que le secteur primaire est significativement subventionn L entreprise gouvernementale Royal Greenland dont la mission est de p cher de transformer et de mettre en march les produits de la mer serait de loin la plus importante entre
67. tre trahis par leur gouvernement jug go ste nous avons per u une fiert chez les gens du secteur priv une fiert de comp titionner l appareil tatique avec les moyens qu ils ont Par exemple nous avons d cel une certaine fiert a l gard de l entreprise priv e Polar Seafood qui accomplit une chaude lutte la compagnie d tat Royal Greenland Un manager du secteur gouvernemental nous a m me confi qu il poss dait lui m me des actions de Polar Seafood Il semble que le secteur priv veut relever le d fi du d veloppement conomique en marge du capitalisme d tat We all want to prove it s possible to make anything beside the Home Rule We will try to prove that it can be done to make a private enterprise who earns money We have not made a private enterprise that s not making money Les oppositions formul es par le secteur priv l gard des interventions de l tat dans l conomie nous rappellent le discours du secteur gouvernemental Comparativement ce dernier le discours du secteur priv ne critique pas tant le degr d intervention de l tat dans l conomie que ses modalit s d intervention Autrement dit alors que les dirigeants d entreprises gouvernementales pr nent un retrait de l tat de la sph re conomique les entrepreneurs priv s bl ment la fa on dont l tat occupe cette sph re En somme l ensemble des dirigeants 3 Nous avons expliqu
68. une technique qui consiste retenir les personnes qui pr sentent des caract ristiques que le chercheur veut tudier L chantillonnage par choix raisonn repose sur le jugement du chercheur pour constituer un chantillon de sujets en fonction de leur caract re typique Fortin et al 2001 L id e tait de rencontrer les principaux acteurs de notre cas d tude et non pas de pr tendre l exhaustivit En d finitive onze unit s de production ont t choisies en respectant nos exigences d chantillonnage sept entreprises priv es une coop rative et six entreprises du secteur gouvernemental Six d entre elles sont de propri t priv e et autochtone l autre entreprise priv e est d tenue par des Danois Approximativement les membres de la coop rative sont inuits dans une proportion de 90 versus 10 d origine danoise Les autres entreprises sont poss d es par le gouvernement r gional le Home Rule Cet chantillon est assez h t roclite nous y retrouvons des unit s de production allant du p cheur son compte des multinationales de plusieurs milliers d employ s La diversit de l chantillon nous a permis de comparer les logiques d action propres aux entreprises gouvernementales et priv es ainsi qu entre les r pondants autochtones et allochtones Toutefois la variable ethnique s est av r e st rile tant donn l absence de diff rences significatives entre le discours des
69. world of colonialism Greenland also came to display a growing clustering of native settlements next to the trading factories Gradually the factory and the native settlements amalgated into an urban hybrid the factory township In the mid 19th century about one fifth of the overall population in Greenland had come to live in the 13 factory townships Marquardt 1992 151 161 tir de Marquardt 1996 93 Bref le capitalisme import par les Danois aurait jou un r le important dans les processus de centralisation d mographique du Groenland An important part of the dynamics of the settlements structure in the Arctic is found in the fact that the local economies are determined by the capital wage rationality which in the long run has been prescribing concentration and centralisation of the production as well as of settlements Rasmussen 1998b 12 107 sa mission La proposition finale qu il a faite au Roi comprenait la cr ation d une compagnie qui par la chasse la baleine et le commerce avec les Groenlandais tait vou e financer l ensemble du projet Gad 1984 557 Pour Christiansen 1970 27 1721 fut l ann e d cisive avec la fondation sur une base enti rement priv e de la Soci t de Mission et de Commerce qui marqua pour le Groenland l entr e dans l poque moderne C est donc gr ce l intervention polymorphe et d lib r e de l imp rialisme danois que s est entam e la socia
70. you would never have a private enterprise in that settlement unless the price went very high because the turnover in the one settlement is very small in comparison to the cost of the infrastructure to be built for transportation and so on Selon lui seule une entreprise saveur sociale d mocrate subventionn e par l tat aurait la capacit et la volont d affronter ces march s dits non profitables Les dirigeants des entreprises gouvernementales distinguent relativement bien ce qui est du ressort de l tat social et du r le que joue leur entreprise comme moyen d intervention social d mocrate Les commentaires des dirigeants d entreprise illustrent la grande port e qu ils attribuent leurs activit s concernant les petites localit s qui ne sont pas consid r es autosuffisantes Some of the cities cannot run by themselves Les dirigeants d entreprise affirment que l tat serait en partie responsable de certaines configurations de la soci t groenlandaise En d autres termes d apr s eux le Groenland ne se serait pas d velopp de la m me mani re si le gouvernement avait agi diff remment selon d autres vis es Du point de vue de l volution de l conomie groenlandaise Danielsen et al voquent aussi l effet d terminant des valeurs de l tat providence The limits of the market economic liberalization have thus been determined by societal considerations which a free market i
71. 11 De fait les hauts postes de l administration publique de m me que dans les entreprises gouvernementales et priv es sont fr quemment occup s soit par des contractuels de l ext rieur ou des autochtones dont les valeurs culturelles l ducation et la langue sont celles des Danois Kahlig 2000b 124 La rationalit dominante du Home Rule semble ainsi tre celle qui pr valait chez le colonisateur c est dire une culture danoise avec ses fondements modernes capitalistes et sociaux d mocrates L interaction entre les Inuit et les Danois a donn lieu la cr ation d une approche 126 sp cifique des Groenlandais envers les institutions de l administration publique une approche non seulement danoise mais galement fa onn e par les r alit s de la culture inuite Nielsen 1999 appropriation par les Groenlandais de la modernit avec le Home Rule fait partie d un ph nom ne qui a t baptis la groenlandisation Selon Nuttall 1992 1 le ph nom ne de la groenlandisation fait r f rence 4 deux dimensions interreli es D une part il s agit pour les Groenlandais d une fa on d obtenir davantage d autonomie politique et conomique par le biais de l exploitation des ressources du pays notamment les p cheries D autre part elle constitue une id ologie un discours nationaliste au service d une construction identitaire selon laquelle les Groenlandais veulent une reconnaissance culturelle
72. 121 difficilement mesurable celui ci appara t avec la G 60 comme le p re ou le d fenseur du capitalisme d tat et du syst me de prix uniforme qui constituent toujours d importantes caract ristiques de l conomie groenlandaise En pratique ces orientations id ologiques se sont sold es en un financement substantiel de l conomie par l tat encourageant l expansion des possibles par la cr ation de nouveaux besoins mesure que les investissements s effectuaient Adolphsen et Greiffenberg 1992 126 En 1962 le montant des investissements danois au Groenland per capita correspondait plus du double de celui investi au Danemark Boserup 1963 479 Alors qu en 1935 les recettes et d penses danoises envers sa colonie taient gales ces derni res ont t multipli es au centuple la fin des ann es 1960 cr ant un d ficit dans le budget du gouvernement Christiansen 1970 39 Des efforts consid rables taient alors mis de lavant pour amplifier la productivit des p cheries orient es vers la r colte de crevettes tant donn la baisse importante des stocks de morues caus e par des changements oc anographiques et une p che abusive Arnason et Friis 1994 190 Poole 1995 16 Cette activit est devenue l industrie dominante la fin des ann es 1970 Parall lement la flotte groenlandaise a doubl entre 1965 et 1975 Danielsen et al 1998 41 Bref autant d exemples pour illustr
73. 19 L organisation rationnelle du travail consiste dans la volont et l intelligence de tirer parti sans m nagements de toutes les chances de gagner de largent Weber 1995b 386 87 L exploitation m thodique des prol taires constitue l une des principales voies d organisation rationnelle du travail Une inextinguible soif du profit caract rise galement le capitalisme moderne L entreprise est alors constamment orient e en fonction du compte de capital o le calcul rationnel joue un r le de premier plan Il permet le calcul chiffr a des chances de toute op ration conomique projet e et b du succ s de toute op ration conomique accomplie calcul fond sur la comparaison du co t et du b n fice en termes mon taires et l examen comparatif du produit net de plusieurs initiatives possibles sur la base de ces calculs Weber 1995a 132 D autre part la s paration du m nage et de l entreprise vient caract riser cette forme de capitalisme Pour Weber ce qui est d cisif c est la distinction comptable et juridique entre la maison et Pexploitation et le d veloppement d un droit construit sur cette s paration ce fait appartient aux ph nom nes qui marquent le plus clairement la singularit qualitative de l volution qui a conduit au capitalisme moderne Weber 1995b 116 Il voit le capitalisme comme la rationalit en finalit par excellen
74. 194p NUTTALL Mark 1994 Emergence of an Inuit Homeland dans Polar Peoples London Minority Right Group Publications 1 28 OANDA 2000 The Currency ite Historical Tables Current Rates and Forecasts for World Currencies document internet http www oanda com OLSEN Angmalortoq 2000 Cooperative Societies in Greenland What Went Wrong communication pr sent e dans le cadre de la conf rence Participatory Ownership and Management in Greenland and Other Circumpolar Regions Ilulissat 3 6 novembre 2000 151 ORGANISATION DE COOPERATION ET DE DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE OCDE 1999 Greenland s Economy Building a Strategy for the Future Paris OCDE 91p PEPIN Normand 1994 Culture d entreprise naissance port e et limites d un concept collection Cahiers du CRISES n 9404 Montr al CRISES D partement de sociologie Universit du Qu bec Montr al 55p PETERSEN Anne Marie 2000 Greenland Culture s Consequences for Sustainable Development communication pr sent e dans le cadre de Inuit Studies Conference Aberdeen 23 26 aotit 2000 PETERSON Robert 1984 East Greenland after 1950 dans David J Damas et William C Sturtevant dirs Arctic Handbook of North American Indians volume 5 Washington Smithsonian Institution 718 722 POOLE Graham et al 1992 Managing Greenland s Mineral Revenues dans Lise Lyck dir Nordic Arctic Research on Contemporary Arc
75. 1970 44 Ces quelques cas illustrent le ph nom ne de plus en dominant o les Groenlandais r pondaient aux stimuli capitalistes engendr s par l tat Ils taient tr s innovateurs et non pas les subordonn s du d veloppement conomique Boserup 1963 485 notre traduction Certes le capitalisme fut propos ou implant au Groenland par les Occidentaux mais il ne semble pas avoir t mal re u les repr sentants lus du peuple groenlandais ont renonc l conomie naturelle et ont demand de passer aux m thodes de production et aux normes conomiques modernes de l Europe ce point de vue ayant t fortement encourag par les courants de pens e europ ens Christiansen 1970 33 Vu sous cet angle les Groenlandais paraissent une fois de plus accueillir la modernit sans trop de r sistance Plus qu une norme sociale laquelle les individus doivent se soumettre dompt s par la capacit coercitive des r gles de conduite sociale le capitalisme devient peu peu une valeur c est dire une norme qui non seulement dicte le comportement mais envers laquelle l individu attribue une certaine estime ou pr f rence A cet gard le directeur du KGH est explicite il ne faut pas perdre de vue que l conomie peut tre la condition d un panouissement de la vie culturelle Christiansen 1970 36 C est l l un des sympt mes qui accompagnent la p n tration du capitalisme c est l
76. 1998 37 Un premier tour d horizon indique une diff renciation sociale notable sans tenir compte d autres facteurs hi rarchisant li s l ducation et au salariat ETHNICITE ET INEGALITES DE REVENUS Comparativement aux individus n s au Groenland les Danois seraient plus qualifi s et occuperaient des emplois mieux r mun r s OCDE 1999 Lyck 1997 19 et Poppel 1997 13 avancent que les individus les mieux pay s accapareraient plus du tiers des revenus totaux de la r gion ceux ci seraient danois sept fois sur dix galement les gens n s au Groenland auraient un revenu correspondant 40 de celui des autres individus et habitent davantage les petites localit s o les revenus sont moins lev s Statistics Greenland 1999 97 L tat danois surtout partir du milieu du xx si cle et l tat groenlandais apr s 1979 seraient en grande partie responsables de la modernisation du Groenland Les dynamiques d mographiques li es ce processus auraient modifi la structure socioculturelle et conomique de la r gion l expansion du salariat le d veloppement conomique la transformation des conditions de vie l effritement des traditions etc seraient venus bouleverser la soci t groenlandaise en l espace d environ 250 ans Larsen 1992 Nuttall 1992 Kleivan 1985 Ce changement social institutionnalis issu de la colonisation n aurait pas offert les m mes possibilit s aux diff rentes e
77. 5 2 649 100 Biens principalement utilis s dans 311 266 355 324 309 352 13 l industrie de la construction Biens principalement utilis s pour le 421 408 407 482 471 502 19 commerce et d autres industries urbaines Essence lubrifiants et lectricit 250 223 193 267 243 229 9 Machinerie et autre capital mat riel 161 199 167 172 198 174 7 Moyen de transport 75 78 155 299 163 91 3 Bateaux 13 3 85 166 94 4 0 Avions 24 30 21 73 0 27 1 quipement ferroviaire et v hicules 26 30 30 32 41 31 1 motoris s d usage industriel Automobiles priv es 14 16 19 29 29 29 1 Biens pour consommation directe 694 707 683 737 780 872 33 Nourriture 262 251 239 300 278 303 11 Breuvages et tabac 93 95 85 94 105 104 4 Autres produits non durables 70 79 82 71 88 100 4 V tement 62 70 58 61 60 69 3 Chaussure 16 18 16 18 18 18 1 Autres biens semi durables 90 96 95 88 95 107 4 V hicules de plaisance 6 11 8 13 14 14 1 Autres biens durables 94 87 100 93 97 112 4 Autres produits 332 428 471 438 461 430 16 Source Statistics Greenland 1999 129 Note Importations visibles seulement Les donn es de 1998 sont pr liminaires La somme des pourcentages peut tre inf rieure ou sup rieure 100 tant donn l arrondissement des donn es l unit pr s Plus de 90 des importations proviendraient du Danemark D ailleurs les ventes du Danemark au Groenland seraient m mes plus importantes que les ventes du Danemark l tranger Lyck 1987 1997
78. 967 552 des ententes entre partis des engagements mutuels tablis explicitement Pour comprendre la sociation on doit se r f rer aux types d actions sociales qui lui sont propres et qui ont pour d nominateur commun d tre rationnelles les actions rationnelles en finalit et rationnelles en valeur L action rationnelle en finalit est m rement r fl chie elle engage une r flexion sur les fins les moyens et les cons quences pr visibles de l agir Colliot Th l ne 1990 78 Cette conduite vise l efficacit et suppose la recherche d une certaine concordance entre moyens et fins c est crit Raymond Aron celle de l ing nieur qui construit un pont du sp culateur qui s efforce de gagner de l argent du g n ral qui veut remporter la victoire Aron 1967 tir de Raynaud 1987 128 Contrairement la rationalit en valeur le r sultat direct de l action c est dire ce que l action produit par d finition est recherch par l individu L action rationnelle en finalit est une action d lib r e au sens fort du terme c est dire une action dont tous les param tres depuis la diversit des fins possibles en passant par la pluralit des moyens disponibles et ad quats pour r aliser les fins choisies jusqu aux cons quences escomptables de l action compte tenu de toutes les circonstances connues sont domin s et pris en compte par l agen
79. ALEXANDRE MORIN RATIONALITE ET LIEN SOCIAL CHEZ LES DIRIGEANTS D ENTREPRISE DU GROENLAND MODERNITE NEO LIBERALISME ET CAPITALISME M moire pr sent ala Facult des tudes sup rieures de l Universit Laval pour l obtention du grade de maitre s arts M A D partement de sociologie FACULTE DES SCIENCES SOCIALES UNIVERSITE LAVAL JUILLET 2001 Alexandre Morin 2001 RESUME Ce m moire porte sur la rationalit des dirigeants d entreprise du Groenland L analyse est bas e sur des entrevues effectu es aupr s des acteurs de l industrie alimentaire Les valeurs pr conis es dans le discours dominant r v lent une id ologie capitaliste et n o lib rale Entre autres l intervention de l tat dans l conomie est vue comme un obstacle au d veloppement conomique tant chez les dirigeants d entreprise du secteur gouvernemental que priv Il en d coule un lien social typiquement moderne compte tenu que les actions des individus sont motiv es rationnellement vers une qu te de rentabilit qui importe avant toute chose Ainsi la social d mocratie nivellement des conditions de vie par l tat et certaines valeurs traditionnelles nourriture inuite de l poque nomade sont moins consid r es car elles ne favorisent pas la profitabilit Cette logique d action r sulte de transformations sociohistoriques donn es o la p n tration du capitalisme dans les rapports sociaux a modernis le Groenla
80. Groenlandais mis dans une situation financi re pr caire dettes auraient adopt une attitude plus individualiste d o la diminution des activit s de partage notamment en ce qui a trait l alimentation Peterson 1985 723 Cet exemple d individualisme en est un parmi plusieurs autres et constitue l une des manifestations typiques de la modernisation Emport dans le mouvement capitaliste l individu se rapproche peu peu de l homo economicus orientant son action pour son propre int r t Il ne se conduit plus uniquement en fonction du bien tre collectif comme il le faisait traditionnellement pour sa communaut mais au sein d une logique plus go ste Le cas de l expansion des p cheries commerciales vers les ann es 1920 permet donc de mettre en relief un changement profond des fonctionnements sociaux o l int r t individuel puisqu il se d tache de l int r t collectif appara t maintenant comme fondement des pratiques sociales Par la suite la Deuxi me Guerre mondiale est venue contribuer sa mani re la modernisation du Groenland ce qui aurait provoqu les pr misses d une relance massive et polymorphe de ce processus apr s la guerre En 1941 les tats Unis et le Danemark ce dernier tant aux prises avec des difficult s militaires face aux Allemands signent un trait permettant la construction de bases militaires am ricaines au Groenland C tait la fin des politiques isolatio
81. Inuit et des Danois La comparaison du discours gouvernemental et du discours priv a t n cessaire en d pit d une rationalit commune nous le verrons les dirigeants d entreprise du secteur priv tiennent certains propos 29 anti tatiques que l on ne retrouve pas chez leurs homologues du gouvernement Les personnes interrog es occupent des postes de dirigeants d entreprise a divers niveaux directeur de la production ou des ventes membre du comit d administration ou propri taire Leur moyenne d ge est estim e quarante trois ans Leurs entreprises sont localis es sur la c te ouest et sud ouest groenlandaise Sisimiut Nuuk et Narsaq carte 1 Le choix des villes n est pas fortuit elles sont l h te des quartiers g n raux des plus importants acteurs de l industrie alimentaire Toutes ces entreprises poss dent des tablissements sur le territoire groenlandais et y concentrent la totalit ou une part substantielle de leurs activit s Une seule entreprise d ailleurs relativement importante parce qu elle est unique dans sa branche d activit embouteillage de breuvages a refus de nous rencontrer Ceci ne cause pas de probl mes majeurs sur le plan de la repr sentativit de notre cas d tude compte tenu que chacun des secteurs d activit s de l conomie demeure significativement repr sent S en tenir l industrie alimentaire permettait de restreindre les r alit s tudi
82. J Damas et William C Sturtevant dirs Arctic Handbook of North American Indians volume 5 Washington Smithsonian Institution 700 717 LANDRY R jean 1998 L analyse de contenu chap 14 dans Benoit Gauthier dir Recherche sociale De la probl matique la collecte des donn es Sainte Foy Presses de l Universit du Qu bec 329 356 146 LANGGARD Karen 1998 An examination of Greenlandic awareness of ethnicity and national self consciousness through texts produced by Greenlanders 1860s 1920s Etudes Inuit Studies 22 1 83 107 LARSEN Finn Breinholt 1992 The Quiet Life of a Revolution Greenlandic Home Rule 1979 1992 Etudes Inuit Studies 16 1 2 199 226 LEFEBVRE Bernard et Normand BAILLARGEON 1996 Histoire et sociologie positions pist mologiques et propositions p dagogiques collection Th ories et pratiques dans l enseignement Montr al Qu bec Editions Logiques 332p LEVASSEUR Carol 1995 Etat providence et lib ralisme conomique gouverner distance l ins curit sociale Pr venir n 29 2 semestre 81 100 LYCK Lise et JorgenTAAGHOLT 1987 Greenland Its Economy and Resources Arctic 40 1 50 59 LYCK Lise 1998 External and Domestic Environment for Industrial Strategies and management in Greenland dans Tom Greiffenberg dir Development in the Arctic Proceedings from a Symposium in Slettestrand Denmark 9 11 January 1998 Copenhag
83. Rasmus Ole 1998b Food Consumption Patterns the Importance of Local Markets in the Arctic collection Working Paper n 137 NORS Paper n 40 Roskilde Department of Geography and International Development Studies Roskilde University 58p RASMUSSEN Rasmus Ole 153 2000 Formal Economy Renewable Resources and Structural Changes in Greenland Etudes Inuit Studies 24 1 41 78 RASMUSSEN Rasmus Ole 2000b Structural and Regional Changes in Fisheries in Greenland communication pr sent e dans le cadre des Midis Conf rence du GETIC 1 mars 2000 Qu bec G TIC Universit Laval RAYNAUD Philippe 1987 Max Weber et les dilemmes de la raison moderne Paris Presses universitaires de France 217p ROBERT Paul 1991 Le petit Robert 1 Dictionnaire alphab tique et analogique de la langue fran aise Paris Dictionnaires le Robert 2171p ROBITAILLE Benoit 1994 Le Groupe d tudes inuit et circumpolaires GETIC de l Universit Laval Qu bec GETIC Universit Laval n p ROSANVALLON Pierre 1989 Le lib ralisme conomique Histoire de l id e de march Paris Editions du Seuil 1979 237p ROULAND Norbert 1991 L autonomie du Groenland du droit la r alit Arctique Horizon 2000 Les peuples chasseurs et leveurs Paris Editions du CNRS 135 147 ROYAL GREENLAND 1999 Annual Report 1997 1998 Nuuk Royal Greenland 49p SAINSAULIEU Renaud dir 1990 L entrepr
84. a coop ration conomique et de la 105 communaut de langage de coutumes et de cycles annuels d activit s Csonka 1995 340 341 De fa on g n rale la soci t groenlandaise tait alors fond e sur le mode de la communalisation o les Inuit agissaient surtout en fonction de la tradition selon les m urs les habitudes anciennes etc et partageaient un fort sentiment d appartenance au groupe qu ils formaient Nielsen 1999 Mais au Xvi si cle les Occidentaux sont venus changer les r gles du jeu C est notamment avec la colonisation danoise et ses enjeux politiques spirituels et conomiques que le Groenland fut initi aux fa ons de faire et de penser de la modernit M me si la premi re colonisation de cette r gion a t r alis e par les Vikings vers 985 Dorais 1996 12 ce n est qu en 1721 qu a d but l occupation europ enne que conna t le Groenland jusqu ce jour cette poque Hans Egede ministre luth rien a difi la colonie au nom du Roi de Danemark L objectif de colonisation tait triple Premi rement pour le royaume danois l installation de colons au Groenland tait une mesure n cessaire la pr servation de sa souverainet sur le territoire qui tait d j sporadiquement occup par des marchands principalement des Hollandais Ces motivations politiques incluaient aussi un certain sens des responsabilit s envers les Groenlandais qui ta
85. a famille Dans cette optique les membres de la famille produisent pour eux m mes production autoconsomm e ou pour les autres Quand les membres de la famille s entraident on peut consid rer cela comme un don ou un troc implicite Fr chette et V zina 1990 533 Quant a l conomie communautaire elle serait l application de la notion d conomie domestique l chelle de la communaut Finalement l conomie souterraine renvoie aux activit s conomiques prohib es par l tat Fr chette et V zina 1990 535 D apr s Gershuny l conomie informelle se compose de ces trois secteurs en interaction les uns avec les autres comme avec l conomie officielle Swedberg 1994 211 Au Groenland les donn es ce sujet sont quelque peu sp culatives compte tenu qu aucune base de donn es exhaustive n existe concernant ces pratiques et que peu d analyses ont t tent es ce sujet Rasmussen 1997b 75 In the case of Greenland there are several sources to the formal economic activities but there have never been any general records of transactions at the municipal Kallaaliminerniarfik in Greenland nor any attempts on even a short term basis to measure the activities taking place Rasmussen 1998b 14 N anmoins ces estimations offrent une id e de l ampleur de ces pratiques L conomie informelle peut se concevoir en deux dimensions la production non marchande et marchand
86. ag Etude des formes de solidarit et du r le qu elle joue dans la construction et l int gration communautaire Qu bec D partement de sociologie Universit Laval 564p MARTINSON Bent 1992 Subsidizing Marquet Failures an Example from Greenland dans Lise Lyck dir Nordic Arctic Research on Contemporary Arctic Problem Proceedings from the Nordic Arctic Research Forum Symposium 1992 Copenhagen Copenhagen Business School Institute of Economics 135 145 MAURICE Marc et al 1982 Politique d ducation et organisation industrielle En France et en Allemagne Essai d analyse soci tale collection Sociologies Paris Presses Universitaires de France 380p MAURICE Marc et al 1992 Analyse soci tale et cultures nationales R ponse a Philippe d Iribarne Revue francaise de sociologie 33 75 86 MAURICE Marc 1988 M thode comparative et analyse soci tale Les implications th oriques des comparaisons internationales Sociologie du travail 31 2 89 Paris Dunod 175 191 MAURICE Marc 1990 Les sociologues et l entreprise dans Renaud Sainsaulieu dir L entreprise Une affaire de soci t Paris Presses de la Fondation nationale des sciences politiques 303 332 M DA Dominique 1995 L actuel paradoxe des soci t s fond es sur le travail chap 1 dans Le travail une valeur en voie de disparition Paris Aubier 15 29 MEIBOM Lars 1997 An Analysis of Economi
87. ance au Groenland les p cheries du secteur primaire repr sentaient 15 du PIB en 1988 tableau 2 D apr s Poole 1995 21 un pourcentage de cet ordre sous estimerait l importance de la d pendance de l conomie l gard de cette activit Celui ci explique que cette industrie aurait des effets multiplicateurs sur le reste des activit s conomiques notamment dans le domaine de la construction et de la distribution Afin de comprendre l ampleur de cette industrie il importe d observer l emphase mise par les politiques conomiques sur ces activit s depuis quelques ann es Les politiques conomiques du Home Rule et autrefois de l tat danois sont substantiellement orient es vers la promotion des p cheries afin qu elles puissent ventuellement constituer la colonne vert brale de l conomie Nuttall 1992 18 Kleivan 1985 703 Rasmussen 1997 16 Selon Poole 1990 110 les objectifs du gouvernement de la fin des ann es 1980 taient entre autres d augmenter la flotte de p che de moderniser ses processus de transformation de doubler sa capacit d exploitation d velopper la p che le long des c tes et diversifier les produits exploit s et d assurer l augmentation des emplois au sein de cette industrie Il est fort probable que l application de ces politiques par l entremise d investissements massifs ait favoris l expansion de l industrie des p cheries par l entremise de
88. anoises Secteurs d activit PIB au co t des facteurs millions Dkk Secteur primaire 1 298 3 20 4 levage 7 1 0 1 P cheries 963 6 15 1 Ressources mini res 327 6 5 1 Secteur secondaire 1238 0 19 5 Alimentation et alcool 86 3 1 4 Industrie du textile 12 1 0 2 Industrie du papier 22 2 0 3 Industrie de la porcelaine 14 0 0 2 Industrie du fer et des m taux 36 6 0 6 Construction 1 066 8 16 8 Secteur tertiaire 3 827 6 60 1 Commerce de gros etcommerce de d tail 653 5 10 3 H tellerie et restauration 168 1 2 6 Transport 427 1 6 7 Poste et t l communication 155 1 2 4 Finances et assurances 93 0 1 5 Logement 218 6 3 4 lectricit p trole et chauffage 194 7 3 1 Services aux entreprises 154 1 2 4 Education et services de sant priv s 6 9 0 1 Loisirs et activit s culturelles 17 9 0 3 Entretien r sidentiel incl les r parations 61 7 1 0 d automobiles Organisations but non lucratif 29 3 0 5 Administration publique 1 647 6 25 9 Total 6 363 9 100 0 Source Grgnlands Statistiske Kontor 1991 4 Note Les co ts des facteurs reli s aux services financiers sont inclus dans chacun des autres groupes d activit conomique La somme des pourcentages peut tre inf rieure ou sup rieure 100 tant donn I arrondissement des donn es au dixi me pr s 48 LE SECTEUR PRIMAIRE Les p cheries Industrie dominante dans le champ de l exploitation des ressources naturelles et troisi me en import
89. ans Danielsen ef al 1998 128 N anmoins cette transmission des guides de l conomie des Danois aux Groenlandais ne devait pas nuire au capitalisme au crit re devenu absolu Selon Boserup la prise en charge de certaines fonctions par les Groenlandais dans les commerces de d tail par exemple pouvait r sulter en une diminution de l efficacit de l entreprise La prise en charge conomique des Groenlandais devait attendre que ces derniers soient pr ts manipuler les pr ceptes du capitalisme au sein d entreprises priv es ou de coop ratives Boserup 1963 489 Autre exemple partir de 1962 une partie des b n fices des unit s de production de l tat tait attribu e aux p cheurs ce qui aurait contribu veiller et accro tre l int r t de la population groenlandaise pour les faits conomiques Christiansen 1970 44 Effectivement selon Boserup 1963 485 les p cheurs groenlandais faisaient preuve d une remarquable volont et habilet adopter de nouvelles techniques plus productives ex le filet lorsqu elles leur semblaient profitables De plus les leveurs de moutons auraient alors eux m mes pris l initiative d investir leurs profits dans un fonds d investissement afin de prendre en charge 119 l abattoir de l tat abattoir qui tait une condition de rentabilit pour l levage ovin du Groenland par la vente du b tail des fins de transformation Christiansen
90. ansfer on the Different Regions of Greenland dans Lise Lyck dir Socio Economic Developments in Greenland and in other Small Nordic Jurisdictions Copenhagen New Social Science Monographs 83 96 FRITSCH Paul Andr 1996 Actualit des r flexions w b riennes sur l histoire et la sociologie dans Bernard Lefebvre et Normand Baillargeon dirs Histoire et sociologie collection Th ories et pratiques dans l enseignement Montr al Editions logiques 67 90 GAD Fin 1984 History of Colonial Greenland dans David J Damas et William C Sturtevant dirs Arctic Handbook of North American Indians volume 5 Washington Smithsonian Institution 556 576 144 GAUTHIER Benoit dir 1998 Recherche sociale De la probl matique a la collecte des donn es Sainte Foy Presses de l Universit du Qu bec 584p GAUTHIER Benoit et Jean TURGEON 1998 Les donn es secondaires chap 16 dans Benoit Gauthier dir Recherche sociale De la probl matique a la collecte des donn es Sainte Foy Presses de l Universit du Qu bec 401 430 GINGRAS Fran ois Pierre 1995 La th orie et le sens de la recherche dans Benoit Gauthier dir Recherche sociale De la probl matique a la collecte des donn es Sainte Foy Presses de l Universit du Qu bec 113 138 GODBOUT Jacques 1995 L esprit du don Beauceville Les ditions du Bor al 345p GREIFFENBERG Tom 1999 Social Democratism and th
91. asmussen 1998b permettant entre autres la substitution des importations Le pr sent document se divise en deux grandes parties les premiers chapitres pr sentent les outils th oriques chapitre 1 m thodologiques chapitre 2 ainsi que le contexte d mographique et conomique du Groenland chapitre 3 la deuxi me partie comprend les analyses et interpr tations de notre question de recherche soit la caract risation des rationalit s chapitre 4 9 ainsi que la gen se des faits sociaux l origine de celles ci chapitre 5 Le premier chapitre fait tat de notre approche th orique soit celle du sociologue Max Weber D une part nous pr senterons la notion w b rienne d action sociale qui se subdivisent en quatre types l action motionnelle traditionnelle rationnelle en valeur et rationnelle en finalit Ces concepts nous ont permis de cat goriser les rationalit s de mieux cerner leur nature sociologique Les types d action sociale de Weber correspondent deux formes de liens sociaux la communalisation les actions motionnelles et traditionnelles et la sociation les actions rationnelles en valeur et en finalit que l on peut associer aux types de soci t s traditionnelle et moderne Ainsi nous avons analys les rationalit s selon qu elles se rapprochaient d actions sociales soit communautaires ou soci taires Par la suite il nous a t possible de me
92. astructures et services certains endroits et une concentration de ce type d investissement dans les r gions vis es par la relocalisation Nuttall 1992 180 affirmait que les ann es 1990 laissaient pr sager l intensification de la tendance centralisatrice au Groenland Il pr voyait alors un d veloppement conomique important dans les grands centres urbains Plus tard Poole 1995 3 allait dans le m me sens the process of centralisation begun in the 1960s with the policy G 60 which led to the closing down of a large number of settlements continues today with the three largest towns Nuuk Sisimiut and Ilulissat experiencing the highest rates of growth En somme tout porte croire que le mouvement de concentration se poursuivrait aujourd hui 42 DISTRIBUTION ETHNIQUE DE LA POPULATION Plus de 49 000 r sidents du Groenland y seraient n s Statistics Greenland 1999 245 soit 88 de la population et on peut supposer que la presque totalit de ces individus seraient de culture inuite En 1981 d apr s les donn es de la Commission des communaut s europ ennes reprises par Dorais 1996 67 on estimait 98 la proportion de la population n e au Groenland parlant un dialecte inuit Mais le crit re du lieu de naissance n est pas une mesure exacte de l ethnicit whilst it is true that about nine tenth of Greenland s population are of Inuit descent it is important to note that distinc
93. at dans plusieurs sph res de la soci t par des investissements consid rables en infrastructures de toutes sortes ainsi que par une relocalisation et une urbanisation de la population Au cours des ann es 1970 l opinion publique groenlandaise a r clam davantage d autonomie interne Dorais 1996 14 revendications qui se sont sold es par la cr ation du Home Rule en 1979 Ce dernier constitue le gouvernement autonome du Groenland Depuis les int r ts et pr occupations internes sont r gis par les autorit s r gionales alors que ce qui concerne les d cisions d ordre plus g n ral est sous l gide de l administration centrale au Danemark Les pouvoirs appartenant toujours au Danemark touchent les domaines suivants le droit constitutionnel la citoyennet passeports visas etc la politique trang re la d fense la finance politiques li es la monnaie aux banques etc ainsi que la justice Statistics Greenland 1997 11 Le reste des pouvoirs est enti rement du ressort du Home Rule industrie commerce emploi ducation affaires culturelles sant et services sociaux transport environnement logement etc Larsen 1992 227 Rappelons le ces d veloppements historiques auraient donn lieu une autonomie politique significative et un niveau d industrialisation singulier dans l Arctique Le Groenland fait parfois figure de mod le de d veloppement d exemple pour les autres territ
94. at est le troisi me centre urbain en importance il est localis sur la c te ouest soit la r gion la plus populeuse du Groenland Il s av re que les localit s d savantag es sur les plans g ographique climatique et d mographique ont un co t mon taire de la vie plus important Les statistiques d mographiques de ces agglom rations proviennent de Statistics Greenland 1999b 432 433 23 gt y 12 P ZEZ La social d mocratie constitue d une part un courant d id es issues du marxisme et auquel se r f raient les partis politiques de langue allemande et les pays scandinaves et d autre part l ensemble des organisations et des hommes politiques qui se rattachent au socialisme parlementaire et r formiste Larousse Bordas 1998 Quant au socialisme il s agit d une doctrine d organisation sociale qui entend faire pr valoir l int r t le bien g n ral sur les int r ts particuliers au moyen d une organisation concert e oppos lib ralisme Robert 1991 1823 Ideologically social democracy is characterized as being against too large income differences suffering and poverty is not individual s own fault but is a common responsability to be remedied by the state On the other hand private entreprise and initiative is good as long as it does not harm others Adolphsen et Greiffenberg 1997 34 78 industries mais l int rieur de march s comp titifs et compte tenu qu
95. ate son port industriel et ses bateaux usines ses quelques feux de circulation ses routes asphalt es et ses autobus son cin ma ses restaurants asiatiques am ricains danois etc ses studios de musique ses jeunes habill s au dernier cri de la mode europ enne et branch s sur Internet ses commerces de d tail aux produits vari s etc On ajoute cela un peu de neige une vue imprenable sur la mer des montagnes et quelques glaciers la faune arctique les aurores bor ales et voil nous sommes au Groenland Cette le est non seulement d licieuse pour l il mais elle est fascinante pour le sociologue et ceux qui s int ressent aux soci t s circumpolaires Parmi les soci t s arctiques celle du Groenland se d marque plusieurs gards Sur le plan politique le Groenland est la r gion qui poss de le degr d autonomie gouvernementale le plus lev o toutes les comp tences internes sont r gies par l autorit r gionale le Home Rule tablie en 1979 Tremblay et Forest 1993 Nuttall 1994 1 Ainsi le Groenland d tient ses Faisant g ographiquement partie du continent am ricain au nord est du Canada le Groenland est l une des trois r gions formant le Royaume du Danemark avec le Danemark scandinave et l archipel F ro situ au nord de l cosse propres partis politiques autochtones depuis plus de vingt ans qui s affrontent au sein des d bats communs aux soci t s actuelles le
96. ative system By and large it literally copied elements for elements and laws for laws Indeed even to this day the key elite of this administrative apparatus is primarily Danish professionals However for each year the administration becomes slowly more and more multi ethnical in its composition It does necessarily remove the primacy of Danish value codes since the Inuit themselves are socialized in this value pattern but it establishes a more plural structure of role allocation on the social level Nielsen 1999 Il faut comprendre que si les Inuit se sont appropri s le politique soit les d cisions relatives aux enjeux de la collectivit ils n ont toujours pas le contr le total de l administratif l application et la gestion des d cisions lois politiques sociales et conomiques etc La technocratie de l tat groenlandais est demeur e jusqu ce jour surrepr sent e par les Danois rappelons le au sein de l administration du Home Rule environ 30 des employ s sont n s P ext rieur du Groenland Statistics Greenland Labour Market 1997 8 tir de Danielsen et al 1998 37 alors qu ils ne repr sentent que 12 de la population totale D ailleurs l un des groupes les plus importants au sein des non Groenlandais est compos des bureaucrates venus travailler au sein de l administration groenlandaise Rasmussen 1998 60 Ceux ci occupent g n ralement les postes les plus importants Nuttall 1994
97. atives dont un tiers de ce pr t n aurait pas tre rembours par les citoyens le Home Rule financerait 95 du co t des mat riaux de construction des r sidences de particuliers la construction de r sidences sans l appui des fonds publics serait un ph nom ne plut t rare Statistics Greenland 1997 87 89 En somme l industrie de la construction aurait diminu en importance depuis la fin des ann es 1980 N anmoins il serait surprenant qu elle ait diminu e d mesur ment consid rant le manque certain de logements disponibles au Groenland Larsen 1992 221 L tat y jouerait un r le tangible de part les subventions et le financement octroy s dans ce champ d activit de m me que par le contr le qu il y exerce Nous pouvons en conclure que la construction serait sensiblement d pendante de la pr sence gouvernementale LE SECTEUR TERTIAIRE L administration publique L administration publique constitue la premi re activit en importance Plus du quart du PIB y est attribu repr sentant 43 du secteur tertiaire tableau 2 Cette industrie correspondrait aujourd hui pr s du tiers de l emploi Danielsen ef al 1998 23 59 La pr dominance de ce champ d activit caract riserait aussi les autres r gions nordiques Mais son importance irait au del de ces chiffres Dans une conomie largement tatis e administration publique prendrait une signification toute particuli re Au sein
98. ble du capital financier trouve l une de ses explications dans ce m me discours o le syst me de distribution des subventions tatiques est point du doigt De fait les subventions accord es par l tat ses propres entreprises sont g n ralement critiqu es par le secteur priv comme par exemple celles accord es aux commerces de d tail gouvernementaux des petites localit s la compagnie KNI Pilersuisog Conscients des difficult s de rentabilit dans ces villages certains commergants priv s disent ne pas avoir les reins assez solides pour s y aventurer n tant pas subventionn s au m me niveau que leurs comp titeurs gouvernementaux Face cette situation ils trouvent injuste de ne recevoir aucune aide mon taire de l tat ce sujet l un d entre eux ajoute We pay taxes D ailleurs les subventions accord es aux entreprises gouvernementales entre autres pour uniformiser les prix sont parfois 87 per ues par certains auteurs comme mettant un frein une saine comp tition mais surtout dans les centres urbains Danielsen et al 1998 20 Lyck 1999 27 Donc les dirigeants d entreprise contestent le quasi monopole de l tat dans l conomie qui est d apr s eux le r sultat de subventions ill gitimes LES CERCLES VICIEUX DU QUASI MONOPOLE TATIQUE Les dirigeants d entreprise du secteur priv accusent les compagnies gouvernementales de cr er des cercles vicieux prot geant
99. c Conditions in Greenland from a Local Point of View dans Lise Lyck dir Socio Economic Developments in Greenland and in other Small Nordic Jurisdictions Copenhagen New Social Science Monographs 39 60 MERRIEN Francois Xavier 150 1997 L Etat providence collection Que sais je Paris Presses universitaires de France 127p MILLS Charles Wright 1983 Le m tier d intellectuel dans L imagination sociologique Paris Masp ro 199 229 MORIN Jean Michel 1999 Sociologie de l entreprise collection Que sais je Paris Presses universitaires de France 128p NATIONS UNIES DIVISION DES AFFAIRES MARITIMES ET DU DROIT DE LA MER 1989 The Law of the sea Baselines National Legislation With Illustrative Maps New York Nations Unies 390p NIELSEN Jens Kaalhauge 1999 The Microstate with a Hinterland or Greenland s Special Problems as a Microstate communication pr sent e dans le cadre de la conf rence The Governance of Small Jurisdictions Malta Island and Small States Institute Foundation for International Studies University of Malta Management and Personnal Office Office of the Prime Minister Malta 11 13 novembre 1999 NUTTALL Mark 1991 Politics National Economy and Locality A Comment on Development in Greenland Polar Record 27 163 360 361 NUTTALL Mark 1992 Arctic Homeland Kinship Community and Development in Northwest Greenland Toronto University of Toronto Press
100. ce donc comme un agent de sociation du lien social C est partir de ces propri t s que l id altype capitaliste nous a servi d unit de mesure de la rationalit Weber a donc trac le portrait de l id altype capitaliste dans le but de comprendre le sens subjectif ou en d autres termes la signification que les hommes ont donn leur existence l int rieur d un esprit capitaliste Comme dans toutes actions orientation conomique le capitalisme int gre les faits sociaux qui entourent et fa onnent son d veloppement L conomie capitaliste demeure inextricablement li e au reste de la soci t car elle s inscrit d embl e dans les dimensions du social du politique et de l id ologique Beaud 1997 82 Les valeurs figurent galement parmi 20 ces facteurs influents d ot la pr sence de formes multiples de capitalisme et la diversit de ses enracinements nationaux et culturels Beaud 1997 78 Ce caract re sociologique du capitalisme a attir notre attention Nous avons voulu analyser de quelle mani re les dirigeants d entreprise sont influenc s par le substrat culturel groenlandais En outre nous avons examin dans quelle mesure ce capitalisme a modernis la collectivit groenlandaise depuis sa colonisation MONT E DU CALCUL RATIONNEL ET MON TARISATION DE L CONOMIE L analyse w b rienne renvoie deux ph nom nes non exclusifs au capitalisme mais do
101. chtones en particulier chez ceux et celles qui occupent un emploi r gulier se lancent en commerce assument des responsabilit s de gestion ou poursuivent des tudes avanc es Mais cette fraction reste minoritaire et il lui faut combattre le pli naturel de l histoire tant pass e que contemporaine Simard ef al 1996 157 Le pli naturel de l histoire c est la tradition inuite qui malgr son effritement relatif p n tre toujours une part substantielle de la culture contemporaine au Nord Par exemple en mati re de chasse et de p che les Inuit continueraient de r pondre des motivations dites traditionnelles Simard ef al 1996 118 don et partage du fruit de ces r coltes ne sont pas rares Toutefois la tradition aurait perdu son statut de mode principal de r gulation sociale Duhaime 1991b 22 Dans Arctique le nouveau mode d emploi de l individu en soci t est maintenant surtout celui de la modernit l individualisme la science le savoir rationnel la technique le capitalisme le droit la d mocratie le d senchantement du monde etc semblent dominer l organisation sociale circumpolaire actuelle Une nouvelle fa on de faire et d tre s est r pandue avec laquelle subsistent n anmoins les m urs et coutumes ancestrales car la valorisation de la tradition n emp che pas les aspirations la modernit et les aspirations la modernit n emp chent pas la perp tuation de compo
102. cial hunting It is worth keeping in mind however that the total value of commercial hunting and agriculture of approximately 40 millions Dkr in 1996 together only accounts for around 10 of the value of commercial fisheries landed in Greenland Rasmussen 2000 10 D apr s certains Rasmussen H E 1992 79 Arnason et Friis 1994 186 cette industrie serait peu rentable ce qui expliquerait l intervention de l tat dans ce domaine une intervention similaire celle observ e dans les p cheries Autant que faire se peut l tat se r v le encore garant de la sant conomique groenlandaise Le secteur informel de l conomie Le concept d conomie informelle se retrouve abondamment au sein de la litt rature portant sur les r gions nordiques ex Nuttall 1992 1994 Langdon 1987 Caulfield 1993 Marquardt et Caulfield 1996 Commission royale sur les peuples autochtones 1996 Dahl 1989 Lyck 1990 De fa on g n rale cette notion n est gu re clairement d finie Nous entendons ici par conomie informelle les activit s conomiques non comptabilis es par l tat issues des conomies domestique communautaire et souterraine L id e d conomie 13 7 Lu Ce theme de recherche est galement connu sous les appellations conomie activit s de subsistance et conomie activit s traditionnelle s 52 domestique fait r f rence aux biens et services produits au sein de l
103. cluent d ailleurs pas la disponibilit de l emploi la possibilit de gagner beaucoup d argent et d en conomiser beaucoup d un c t de l autre l attirance du pays des Inuit des repr sentations qu ils en ont re ues mis re ou exotisme Duhaime 1989b 96 Il y vient en d but de carri re et reporte le cr dit de ce genre de d fi son curriculum vit Il quitte le territoire la fin de son contrat ou quand son compte d pargne est garni sa satisfaction Duhaime 1989b 101 8 E zez ees ete eles Nous faisons ici r f rence aux individus natifs de la r gion scandinave du Danemark par opposition aux autres r sidents n s au Groenland galement de citoyennet danoise C est ce que nous entendrons dor navant par l expression les Danois 43 Les gens n s a l ext rieur du Groenland occuperaient la m me fraction au sein de la population totale que dans la population g e de 15 ans et plus soit autour de 10 Cet apparent quilibre masquerait des in galit s entre individus n s au Groenland et le reste D ja en ne consid rant que la population active d environ 29 000 personnes on remarque que la part des gens n s l ext rieur de la r gion monte 18 Danielsen et al 1998 21 Qui plus est au sein de l administration publique environ 30 des employ s sont n s l ext rieur du Groenland Statistics Greenland Labour Market 1997 8 tir de Danielsen et al
104. d atterissage de Kangerlussuaq est suffisamment grande pour acceuillir de tels avions 29 90 function are paid in advance They shall not create anything They are paid to do something and of course then you can do it Of course you pay the business man if you get I million dollars in your pocket That s a problem It s a little group of people it s the same party who as ruled Greenland from now 17 years It took the Spanish socialist parties 7 years to get so corrupted so you had to remove it I don t say they are corrupted here but of course they found other ways of getting what they need money positions travels and so on It s not a productive system of course There s no competition Ce discours l un des plus anti tatiques conteste ce m lange entre le politique et l conomique un assortiment n tant pas per u comme fructueux pour la majorit mais uniquement pour une lite L lite corrompue dont il parle ce sont les politiciens groenlandais et les coop rants venus travailler surtout depuis le Danemark pour quelques ann es et qui n ont g n ralement pas de liens affectifs envers le milieu social groenlandais Ces frustrations sont g n ralis es aux r pondants du secteur priv des entrepreneurs qui prouvent le sentiment de ne pas avoir la vie facile sp cialement en comparaison avec ceux du secteur gouvernemental qui eux se permettraient des d penses colossales Ayant le sentiment d
105. d crirons d abord ces formes d interventions pour ensuite voir quelles objections ces individus ont leur gard et en quoi cette opposition illustre un contraste plus profond entre deux ensembles de valeurs LE NIVELLEMENT DES CONDITIONS DE VIE EFFECTU PAR LES ENTREPRISES GOUVERNEMENTALES VERS LA SOCIAL D MOCRATIE Au Groenland certaines entreprises gouvernementales semblent assurer une certaine galisation des conditions de vie entre les centres urbains et les petites localit s Premi rement Royal Arctic Line qui d tient le monopole du transport maritime offre un prix uniforme et subventionn par l tat pour le trafic domestique des marchandises peu importe la distance parcourir Cela favorise les r gions loign es g n ralement constitu es de petites localit s Il en est de m me pour l approvisionnement en biens de consommation chez ces localit s dot d un syst me semblable de prix pourvu par KNI Pilersuisog L tat subventionne et uniformise aussi les prix des services publics aqueduc nergie etc Dans le domaine des p cheries le gouvernement op re des usines de transformation dans les petites localit s sous l gide de Nuka m me si elles sont pour la plupart d ficitaires seules trois entreprises sur vingt huit font des profits Selon l un de nos r pondants l objectif de Nuka est de fournir des emplois et des occasions aux p cheurs priv s entreprises ou individus de vendre leu
106. d selon Poole 1990 115 En outre si l exportation des produits de la p che avait t et serait encore possible Lyck et Taagholt 1987 56 affirment que ce serait notamment grace aux prix lev s de ces produits sur le march mondial Le Groenland comptent un certain nombre de 69 comp titeurs exploitant aussi la Pandalus borealis la Norv ge l Islande et le Canada notamment Les producteurs de crevettes tropicales accentueraient aussi la comp titivit du march faisant par cons quent baisser les prix Poole 1995 51 Les configurations du march mondial exercent donc une influence significative sur l industrie des p cheries impact d autant plus important lorsque affect la production dominante d une conomie mono productive galement les changements climatiques et oc anographiques influencent l conomie groenlandaise Poole 1990 113 Kleivan 1985 713 Taagholt 1994 219 Par exemple de petites variations de temp rature feraient varier significativement les quantit s de ressources halieutiques Ces changements seraient dus entre autres a la force relative des courants marins c toyant ce territoire Poole 1995 2 Arnason et Friis 1994 187 Etant donn ces ph nom nes certains biologistes ont r cemment recommand une r duction des prises de crevettes durant les prochaines ann es sugg rant une diminution de 20 des quotas de p che Meibom 1997 53 Martens 1992 195 Ainsi les al as
107. de cette dichotomie entre autres dans les politiques et les investissements de l tat au sein de ces r gions Compte tenu de l emphase mise par les politiques conomiques sur les p cheries les r gions de chasse c est dire o la chasse constituerait l activit la plus importante seraient quelque peu d laiss es et par cons quent sous d velopp es selon Kleivan 1985 712 Le nord et l est associ s la chasse sont effectivement moins industrialis s alors que le sud et l ouest dont les activit s de p che seraient importantes sont davantage d velopp s sur le plan conomique Nuttall 1991 361 De fait le PIB r parti selon les r gions administratives montre que l activit conomique se concentre dans la r gion de Nuuk et d Uummannaq sur la c t ouest ensuite les r gions de Nanortalik de Qaqortoq de Narsaq au sud ainsi que la r gion d Illulissat l ouest accapareraient aussi une part significative du PIB carte 1 17 Pour un portrait plus nuanc des questions touchant l industrie touristique au Groenland voir Tourism chap 6 dans Danielsen et al 1998 97 120 62 Carte 1 PIB par r gions Groenland 1988 Avanersua LU g Ki q Kitaa Uummanna Qeqertarsua q Ilulissat _ a Aassiat Qasigiannguit 2 Kangaatsiaq Sisimiut Maniitso q Nuuk Paamiut cappii tad Qagortoq SEAR Narsaq Sn Nanortali k Parc national PIB entre 30
108. de la sociologie de l entreprise Chanlat 1992 113 Parmi ces m thodes nous avons privil gi l entrevue semi dirig e car elle permet de capturer les perspectives individuelles d un ph nom ne donn elle donne un acc s efficace l exp rience des individus et g n re des informations riches en d tails et en descriptions Kvale 1996 tir de Savoie Zajc 1998 269 Savoie Zajc 1998 281 En outre l entrevue semi dirig e permet d adapter le sch ma d entrevue en fonction du discours du r pondant Savoie Zajc 1998 34 281 D Iribarne chercheur ayant beaucoup investis les dimensions culturelles de la sociologie de l entreprise pr conise lui aussi la cueillette de donn es par entrevues Sainsaulieu 1987 149 La souplesse de cet outil permettait dans notre cas de mettre en relief la rationalit des individus de la fa on la plus naturelle possible le fait de demander aux r pondants de nous expliquer le fonctionnement de l entreprise tait la mani re toute indiqu e d observer indirectement leur rationalit Par contre les entrevues semi dirig es comportent certaines limites la validit des r ponses peut s av rer douteuse pour plusieurs raisons Premi rement certaines personnes interrog es peuvent tre r ticentes r v ler des informations qui concernent l organisation qu elles repr sentent Par exemple il est possible que la position de certains dirigeants au sein de l en
109. de pratiques sociales l conomie le politique le culturel etc Weber s est int ress aux valeurs auxquelles les hommes adh rent en tant que moteurs des rapports sociaux ses th ses s appuient sur cette fa on d aborder la soci t Par exemple les comportements conomiques constituent des actions sociales Pour les d chiffrer le sociologue doit identifier le motif parfois implicite qui se cache derri re une conduite explicite Il faut aller au del de l acte conomique et interroger l ensemble des faits sociaux susceptibles de l influencer Autrement dit suivant Weber l volution des forces et des formes de production est incompr hensible si l on ne tient pas compte d autres facteurs Aron 1966 113 Il importe d expliquer les comportements conomiques par le biais de leurs interactions avec les ph nom nes extra conomiques L conomie est donc une relation sociale pour autant que les participants orientent leur comportement d apr s un sens vis subjectivement en vue de couvrir les besoins ou de se livrer un travail qui leur permet d acqu rir les biens n cessaires Ce comportement est la base de la communaut conomique dont le but peut consister ou bien dans la couverture des besoins et dans le travail ou bien dans l utilisation des moyens conomiques pour atteindre 13 d autres fins de caract re extra conomique Freund 1968 132 Weber parle aussi de
110. des coop ratives groenlandaises dans les ann es 1980 L expression de cette contradiction d note autre chose Elle est le signe d une distance entre l tat et la soci t civile dans ce cas ci le secteur priv Les propos de ce p cheur furent aussi constat s chez d autres entrepreneurs priv s qui par leurs discours pr nent une plus grande d mocratisation de l acc s au capital Ces individus laissent transparaitre un sentiment de d ception face leur gouvernement Ce sont des citoyens m contents de leurs lus politiques que l on soup onne de n gliger leurs lecteurs en nuisant au d veloppement conomique priv La repr sentation sociale du capitalisme d tat qu a le secteur priv est celle d un r gime 89 conomique construit de mani re s auto reproduire M me si la fois les managers des secteurs priv et gouvernemental pr chent leur mani re le d veloppement conomique les entrepreneurs priv s minoritaires dans cette histoire d plorent le capitalisme agressif pratiqu par l tat Les critiques n o lib rales formul es l endroit des fa ons de faire de l tat dans l conomie vont encore plus loin si l tat se garde la plus grosse part du g teau c est qu il serait malhonn te et incomp tent L TAT ENTREPRENEUR UN MAUVAIS GESTIONNAIRE CORROMPU L Etat est qualifi de corrompu et de mauvais gestionnaire Les dirigeants du secteur priv affirme
111. dirigeants d entreprise semblent consid rer uniquement ou presque les possibilit s de ventes comme justification de l exploitation des ressources Pour certains entrepreneurs l objectif id al n est pas de produire ce que l on peut ou veut bien produire mais de produire ce qui se vend 93 What we re trying is to make them make some more products that we feel like we can sell I mean the products that we have been buying are the products that have been produced It is very product oriented First you produce and then you go on to see well where can we Sell these things We try to turn that around and see what does the consumer wants And we say we would like this because the consumers want it Un autre manager affirme qu il ne d sire pas tant produire ce que les consommateurs pr f rent mais plut t ce qu ils sont capables de payer That s what I always fear You have here that people want to have this and people want to have that but they are not willing to pay the price That s no reason I should produce it for them Ce manager fait r f rence la nourriture traditionnelle qui ne semble pas avoir d importance ses yeux compte tenu qu elle ne repr sente pas une marchandise hautement 31 32 Dans le cadre de cette enqu te la nourriture traditionnelle ne repr sente que les denr es alimentaires ing r es par les Inuit lors de leur p riode n
112. dont l exemple du protestant capitaliste est la figure embl matique Le calvinisme aurait balay les derniers vestiges de l orientation magique l gard du r el et lev les derniers obstacles dans les mentalit s la rationalisation de la vie conomique C est pour cela que Weber fait le lien entre l thique protestante et l esprit du capitalisme Bousquet 1996 101 106 vie dite traditionnelle des Inuit Entre autres c est dans la foul e de ce projet que les Inuit ont hativement t instruits car les individus devaient pouvoir lire afin d assimiler la doctrine et consulter la Bible The Danish pastors and administration needed educated Greenlanders Greenlanders prospered from this by becoming less narrow minded and therefore able to receive and then to impart knowledge to their fellow Greenlanders Langgard 1998 104 Ainsi a t con u le syst me d criture de la langue groenlandaise dialecte inuit la grammaire groenlandaise et le premier dictionnaire groenlandais ont t publi s d s 1750 De plus la formation d instituteurs groenlandais remonte 1850 et l analphab tisme aurait disparu avant la fin de ce m me si cle Cons quemment c est de cette mani re que fut cr la base d une participation croissante de la communaut groenlandaise au d veloppement intellectuel du pays Christiansen 1970 22 et par le fait m me une participation leur propre modernisatio
113. du PIB Cette activit n aurait plus la m me importance aujourd hui limit e de l exploration elle serait n anmoins consid r e importante en ce qui a trait au d veloppement conomique futur Meibom 1997 53 Larsen 1992 215 Rasmussen 1997 16 Les donn es du secteur secondaire mettent en vidence la relative diversit de cette conomie Malgr qu il soit faible sur le plan quantitatif 3 du PIB le secteur manufacturier constitue du seul fait de sa pr sence une caract ristique r gionale singuli re comparativement aux autres r gions nordiques o il est quasi inexistant Rasmussen 1997 9 Plus de la moiti des activit s manufacturi res seraient consacr es au domaine de l alimentation Les p cheries y ont une place significative une industrie se caract risant par son statut presque exclusif de cr ateur de valeur ajout e au Groenland d apr s Poole 1995 22 L importance des activit s de construction est une situation typique des r gions nordiques au Groenland cette industrie serait la deuxi me en importance celle ci tant en partie contr l e par l tat L administration publique qui repr senterait le quart de l activit conomique totale et 43 du secteur tertiaire serait l activit conomique la plus importante en termes quantitatifs Si 45 nous consid rons de plus le fait que l tat groenlandais poss de en totalit ou en partie une certaine proportion des ent
114. du travail visant l accumulation de profit c est dire cette logique capitaliste repr sente une action rationnelle en finalit soit l une des formes les plus pures de relation sociale de la sociation Qu il s agisse d une finalit a caract re social d mocrate ou d une finalit capitaliste l action rationnelle en finalit est la cat gorie de pratiques sociales la plus r pandue suivant l analyse de notre corpus discursif En cons quence nous pouvons penser que le concept de sociation caract rise ad quatement le lien social dominant chez les personnes rencontr es du moins en ce qui a trait leurs pratiques tre de dirigeants d entreprises 11 serait imprudent d avancer qu ils agissent de la m me mani re dans toutes leurs sph res d activit s Par opposition la sociation Weber d finit la communalisation qui caract rise les soci t s o les relations sociales sont fond es sur le sentiment subjectif traditionnel ou affectif des participants d appartenir une m me communaut Weber 1995a 78 Ce sentiment d appartenance semble tre l exception plut t que la r gle chez les dirigeants d entreprise comme en t moigne leur faible penchant pour les valeurs coutumi res comme la nourriture traditionnelle la tradition tant l un des fondements d une communaut Plus qu une maigre valorisation des valeurs collectives la d fense des int r ts cap
115. e Il est question du volet non marchand de la production lorsque les interactions ne sont pas r gl es par les monnaies l gales Il s agit d abord de la production d auto consommation des m nages c est dire de la production r alis e par les m nages que ceux ci destinent leur propre consommation Bien qu elle puisse utiliser des l ments acquis sur les march s par exemple des outils agricoles des armes feu ou des v hicules moteur cette production est non marchande parce que l activit productive elle m me n est pas m diatis e par la monnaie A nsi le travail n est pas r mun r s il l est c est au moyen d une partie de la production La production alimentaire non marchande est parfois r alis e l chelle de la famille tendue du voisinage de la localit ou au del Il s agit par exemple de l levage de troupeaux familiaux ou de chasses collectives au gros gibier Duhaime et Godmaire 2000 12 Au Groenland il est estim que ces revenus en nature de l conomie non marchande informelle repr sentait 4 du revenu total par personne en 1979 LycketTaagholt 1987 57 En deuxi me lieu la production est consid r e marchande lorsque les transactions sont r gl es par les monnaies l gales Duhaime et Godmaire 2000 12 Autrement dit 53 The informal sector or the informal economy is here defined as the part of subsistence economy which i
116. e Development of Greenland dans Hanne Petersen and Birger Poppel dir Dependency Autonomy Sustainability in the Arctic Aldershot Brookfield Singapore Sydney Ashgate 143 149 GR NLANDS STATISTISKE KONTOR 1991 Nationalregnskab Offentlige finanser Betalingsbalance Nationalregnskabet for 1988 Bruttonationalindkomsten 1980 1990 og Skatter og afgifter 1983 1990 1991 2 Nuuk Gr nlands Statistiske Kontor 16p HERLAU Henrik et Helge TETZSCHNER 1998 Enterprise Development in Greenlandic communities dans Tom Greiffenberg dir Development in the Arctic Proceedings from a Symposium in Slettestrand Denmark 9 11 January 1998 Copenhagen Danish Polar Center Publication n 5 30 44 HICKS Jack 1993 Capitalism Colonialism and Successful Development Planning in Greenland Comments on a Paper By Adolphsen and Greiffenberg communication pr sent e dans le cadre du North Atlantic Research Forum Symposium 1993 Copenhagen janvier 1993 IRIBARNE Philippe d 1990 Mis re et grandeur d un mod le fran ais d entreprise dans Renaud Sainsaulieu dir L entreprise Une affaire de soci t Paris Presses de la Fondation nationale des sciences politiques 254 265 IRIBARNE Philippe d 1991 Culture et effet soci tal Revue fran aise de sociologie 23 4 599 614 145 JONSSON Ivar 1995 West Nordic Countries in Crisis Neo structuralism Collective Entrepreneurship and Micros
117. e ans Cette hausse du degr d instruction aurait t r alis e la demande des Groenlandais et encourag e par les colonisateurs il arrivait que les organisations publiques recommandaient des Groenlandais pour les envoyer s instruire au Danemark Gad 1984 572 Aussi cette p riode historique a connu l implantation de la radio qui a favoris la communication avec le reste du monde surtout le Danemark Gad 1984 573 Les d buts de l exploitation commerciale de la crevette datent de 1935 Ilulissat au centre de la c te ouest Poole 1995 36 43 44 113 en se d veloppant fit apparaitre des besoins in luctables changes de marchandises avec le monde ext rieur monnaie planification de la production investissements long terme d apr s Christiansen 1970 17 Autrement dit ce moment historique repr sente l une des phases cruciales de la p n tration du capitalisme notamment en ce qui a trait la rationalisation de l conomie planification vision du d veloppement conomique ainsi que par une expansion des possibles via la cr ation des besoins in luctables dont Christiansen parle Autre cons quence notable de ces changements depuis l introduction du bateau individuel moteur les Groenlandais auraient diminu la distribution des fruits de leurs activit s de chasse et de p che compte tenu des difficult s reli es l emprunt d argent inh rent l achat d un tel v hicule Les
118. e de questions et de probl mes touchant le monde circumpolaire en g n ral C est ainsi qu au cours des derni res ann es le G TIC a travaill sur le th me g n ral de la modernit dans le Nord selon deux axes principaux un axe ethno culturel ethno histoire du Nord qu b cois autonomie politique autochtone savoirs autochtones inuktitut et un axe socio conomique analyses statistiques sur la situation socio conomique des habitants du Nord du Qu bec impacts sociaux des grands projets de d veloppement en territoires autochtones impacts conomiques de la contamination de l cosyst me de l Arctique oriental canadien Robitaille 1994 27 ces groupes d individus M me si le crit re du lieu de naissance n est pas une mesure exacte de l ethnicit Poole 1995 3 on peut supposer que la quasi totalit des individus n s au Groenland seraient de culture autochtone car la tr s grande majorit de cette population parlerait un dialecte inuit Commission des communaut s europ ennes tir de Dorais 1996 67 Les donn es du PIB par secteurs et branches d activit conomique ont permis de d terminer l importance relative de chacune des activit s conomiques par rapport a la structure industrielle r gionale Plus pr cis ment nous avons utilis le PIB au co t des facteurs soit l indicateur le plus pr cis pour les fins de nos analyses toutefois ces donn es concernent l ann e 1988 mais rien ne
119. e fl tan du Groenland Les donn es de 1998 sont pr liminaires La somme des pourcentages peut tre inf rieure ou sup rieure 100 tant donn l arrondissement des donn es l unit pr s L Union conomique europ enne En 1985 le Groenland s est retir de l Union europ enne car selon Poole 1990 110 cet accord mettait un frein l exportation et au d veloppement conomique de la r gion D s lors le Groenland a tabli une entente parall le avec les pays membres de l Union une entente connue sous l appellation OCTA Celle ci offre au Groenland la possibilit de vendre ses produits sur le march europ en et ce sans droits douaniers payer D autre part les pays de l Union paient des droits de p che au Groenland chaque ann e Statistics Greenland 1999 55 ces sommes d argent repr sentent annuellement environ 4 du PIB soit 280 millions Dkk Danielsen et al 1998 61 Greenland has a fisheries agreement with the EU The present agreement covers the period 1995 2000 and gives EU vessels access to certain quotas in Greenlandic waters in return for which Greenland receives an annual payment of 37 7 million ECU A new agreement is currently being negociated and it would help to diversify the economy for the same reasons as agreements with other third parties if Greenland could obtain access to fish quotas in EU waters instead of simply receiving payments from the EU OCDE 1999 82
120. e l exprimait le manager ci haut mentionn m me un faible pourcentage d augmentation de son chiffre d affaires semble justifier l abandon des pratiques de l tat providence ou tout le moins leur mise l cart de ses champs d activit Cet entrepreneur est particuli rement radical mais il illustre clairement une mentalit que l on retrouve chez d autres dirigeants d entreprise des degr s variables affirmant que le jeu de l tat providence n en vaut pas la chandelle Par ailleurs les entreprises au service du Welfare State ne peuvent pas agir comme bon leur semble notamment selon une logique purement capitaliste Toutefois le capitalisme n est pas contraint uniquement par le gouvernement mais galement par la population en g n ral qui comme nous le laisse croire le prochain commentaire place en quelque sorte les dirigeants d entreprise entre l arbre et l corce We have been told by the government that he would like us to run it as a private company That was said at a meeting I had together with our corporate manager and with one of the ministers But still if we go out and act like one I think they would change their mind And what I m thinking about is that we have a lot of capital in comparison to other companies in Greenland which means we could go out and buy most of the companies in most of the cities So for us it is sometimes hard to make a decision wether we
121. e local economy have caused a situation where the local agenda has been pushed into the commercial sector Rasmussen 1998b 3 Un dixi me de la r colte serait vendu via ces march s locaux Rasmussen 1998b 3 ph nom ne qui n a pas son quivalent ailleurs dans l Arctique Rasmussen 1998b 17 D autre part la transformation des produits de la p che est importante comparativement aux autres r gions circumpolaires o elle est g n ralement inexistante seuls l ouest du Groenland et la r gion littorale de l Alaska uvrent significativement dans ce domaine Rasmussen 1997 9 Une autre particularit originale de la situation groenlandaise est la transformation industrielle d oiseaux migrateurs et de mammif res non domestiqu s comme la baleine et le b uf musqu Marquardt et Caulfield 1996 Rasmussen 1998 tir de Duhaime et Godmaire 2000 13 Ce secteur manufacturier constitue du seul fait de sa pr sence une caract ristique r gionale singuli re Aussi Royal Greenland lune des plus importantes entreprises d exploitation de crevettes au monde vend ses produits au Japon aux Etats Unis et en Europe Poole 1995 53 l exportation de ressources renouvelables une telle chelle est unique au Nord Aussi selon Duhaime 1999 7 Le Groenland nous fournit un exemple de remplacement des importations Dans les gros villages du Groenland on peut acheter dans les commerces d alimentation une grande vari t
122. e nos entrevues ont t construites dans le cadre de la pr sente tude Ces fiches ont t class es comme le sugg rent Mills 1983 202 et Mace 1988 92 d apr s nos dimensions concepts et indicateurs de recherche les auteurs d articles scientifiques et la chronologie des v nements historiques par exemple le d veloppement conomique du Groenland et son industrie alimentaire les processus de modernisation la rationalit des acteurs sociaux et dirigeants d entreprise les valeurs les discours le capitalisme et l histoire groenlandaise Ecrire et classer 33 des notes de lecture ainsi que des donn es d entrevue attise la r flexion cela stimule imagination sociologique Mills 1983 203 L analyse des donn es d entrevue s est effectu e selon la m thode de l analyse de contenu qui consiste a d crire et interpr ter le contenu manifeste des donn es qui parle pour dire quoi par quels proc d s dans quel but Mace 1988 95 L objectif tait de pr senter les discours des dirigeants d entreprise interview s afin d identifier les valeurs qu ils pr nent Pour se faire nous avons scrut nos fiches d entrevue dimension par dimension concept par concept indicateur par indicateur Au terme de cette op ration nous avons s lectionn des extraits d entrevue qui illustraient ad quatement les grandes lignes des discours dominants qui nous permettaient de r pondre notre q
123. e qu une fois ajout e les loyers non pay s au gouvernement ph nom ne d une importance notable au Groenland ainsi que certains revenus informels provenant du tourisme ce pourcentage s l verait a 25 30 Lyck 1999 21 Ainsi tant sur le plan des pratiques r gul es par la monnaie ou non ce secteur invisible g n re des flux conomiques substantiels Si la p che permet de r aliser la fois des ventes formelles aux entreprises ex Royal Greenland et des ventes cach es la chasse presque enti rement informelle Lyster 1997a 14 est aussi bien pr sente D ailleurs nombre d individus y consacrent une part significative de leur temps et efforts Selon Nuttall 1992 24 pr s d un cinqui me de la population habiterait des r gions o la chasse serait reconnue comme tant une activit conomique d importance l est et au nord ouest Actuellement 500 personnes auraient pour principal travail la chasse savoir 2 de l emploi Danielsen et al 1998 23 La chasse au phoque serait la plus lucrative Statistics Greenland 1997 38 Lyster 1997c 9 La chasse notamment aux mammif res marins n est pas n gligeable tant sur le plan conomique que culturel It the hunting of sea mammals is still the most important income generating activity in relation to the renewable resources for many settlements in northern and eastern Greenland and it is of subtancial importance for the informal
124. elon des finalit s extra conomiques va nous amener cerner l opposition que fondent les dirigeants des entreprises gouvernementales face ces valeurs et en vertu de quelle rationalit ils fondent cette opposition Nous ne voulons pas insinuer que l tat par son intervention cr e des conditions de vie jug es ad quates ou non Notre commentaire ne vise pas poser un jugement de valeur sur les conditions de vie qui pr valent dans les petites localit s nos lectures recherches et observations au Groenland ne nous permettent pas un tel jugement Nous limitons notre propos l hypoth se voulant que l intervention tatique tende favoriser des conditions de vie par divers moyens emplois r mun r s infrastructures approvisionnement en biens et services prix subventionn s etc 81 LE NEO LIBERALISME GOUVERNEMENTAL PRIS ENTRE L ARBRE ET L ECORCE LE CAPITALISME CONTRE LA SOCIAL DEMOCRATIE Les dirigeants d entreprise du secteur gouvernemental ne sont pas neutres face aux interventions de l tat social au contraire cette pr sence tatique dans l conomie par l entremise des entreprises sociales d mocrates n est pas sans provoquer une controverse Cette section montre que la rationalit que r v lent ces individus par leur discours est en opposition avec celle de l tat social dont nous venons de parler Contrairement aux valeurs sociales d mocrates de ce dernier les dirigeants d e
125. en Danish Polar Center Publication n 5 45 59 LYCK Lise 1999 Arctic International Trade A Study Focused on the Greenlandic International Trade Regime Copenhagen New Social Science Monographs Institute of Organization and Industrial Sociology Copenhagen Business School 142p LYCK Lise 1986 Gr nlands konomi og relationerne til Danmark The Economy of Greenland and Relations with Denmark Copenhagen Academic Press LYCK Lise 1990 International Involvement Autonomy and Sustainable Development in the Arctic Polar Record 26 159 309 312 LYCK Lise 1992 Perspectives on Arctic Economy and Arctic Economies towards year 2000 dans Lise Lyck dir Nordic Arctic Research on Contemporary Arctic Problem Proceedings from the Nordic Arctic Research Forum Symposium 1992 Copenhagen Copenhagen Business School Institute of Economics 9 13 LYCK Lise 147 1995 How can Greenland Economy Become more Self reliant communication pr sent e au International Congress of Arctic Social Sciences II Rovaniemi 8p LYCK Lise 1997 Sustainable Development and Economic Development in Greenland dans Lise Lyck dir Socio Economic Developments in Greenland and in other Small Nordic Jurisdictions Copenhagen New Social Science Monographs 9 26 148 LYSTER Per 1997a An Analyze of the Fishing and Hunting Complex in Greenland communication pr sent e aux Midis Conf rences du GETIC Sainte Foy
126. en vue d accumuler des profits Pour cet auteur le capitalisme repr sente le parfait mod le de l action conomique rationnelle Le capitaliste n agit en fonction que d une seule chose le profit Toute autre consid ration qui ne m ne pas une meilleure rentabilit est cart e d valoris e au sein de sa rationalit Ce point de rep re nous a permis de d terminer si les dirigeants d entreprise agissent selon des crit res exclusivement conomiques selon le principe du business as usual ou si d autres facteurs entrent en ligne de compte La question tait de savoir dans quelle mesure la rationalit l tude tient strictement de l homo economicus ou si elle ne serait pas galement sensible au contexte social au substrat culturel dans lequel elle prend place Weber con oit le capitalisme comme l aboutissement de la modernit au sein de la sph re conomique des soci t s Nous examinerons les volets capitalistes de la rationalit des dirigeants d entreprise titre d indices de modernit En deuxi me lieu une fois les rationalit s d crites nous tenterons de les comprendre en consid rant l environnement social dans lequel elles s inscrivent c est par la gen se de la soci t groenlandaise que nous mettrons en relief les origines sociohistoriques des mentalit s l tude Pour nous celles ci n ont de sens que dans la structure sociale o elles voluent Pour Mannheim
127. enland 1997 31 Ces centres urbains situ s sur la c te ouest du Groenland auraient connu une large part de la croissance d mographique depuis Tout au long de ce document nous utiliserons les appellations centres urbains et petites localit s faisant r f rence respectivement aux agglom rations urbaines de plusieurs milliers d individus et aux villages de moins de mille personnes environ 41 approximativement dix ans Larsen 1992 219 Les petites localit s groenlandaises ont quant a elles une population stable depuis plus d une d cennie ph nom ne g n ralisable l ensemble de l Arctique selon Rasmussen 1998 48 accueillant 20 de la population Bref la densit de la population du Groenland 0 03 km serait trompeuse masquant la r alit d une population relativement urbanis e L urbanisation du Groenland s expliquerait entre autres par les politiques de relocalisation d mographique des divers gouvernements ayant r gi le Groenland jusqu a aujourd hui Selon Kleivan 1985 710 et Nuttall 1992 19 les plans gouvernementaux G 50 et G 60 auraient eu comme objectif dans les ann es 1950 et 1960 de relocaliser la population des petites communaut s vers des centres urbains o le d veloppement conomique aurait t mieux r alisable Rasmussen 1997 3 explique que cette relocalisation aurait t effectu e par le biais d une r duction des fonds allou s aux infr
128. ent receive large amount in the form of social benefits The result is that the average level of income transfers per inhabitant is practically identical for the Greenlandic towns and settlements Friis and Rasmussen 1996 Danielsen et al 1998 56 En r sum l activit conomique serait concentr e dans les centres urbains de la c te ouest et du sud o l tat aurait contribu accentuer ces in galit s g o conomiques de par ses interventions localis es D autre part une r gion caract ris e par la chasse ou la p che correspondrait un degr de d veloppement conomique singulier la p che tant synonyme d une concentration remarquable de l activit conomique relativement au reste de la r gion S Friis 1997 84 regroupe ces transferts en trois cat gories les transferts li s des crit res d mographiques tel les pensions de vieillesse et le support mon taire allou aux enfants ex ducation divers transferts sociaux d assistance sociale ex prestations d assurance ch mage et les transferts li s aux activit s conomiques tel que les pr ts et subventions attribu s aux entreprises ainsi qu aux chasseurs et p cheurs individuels 64 Tableau 3 Population ainsi que les revenus et transferts per capita selon le niveau d urbanisation Groenland en moyenne pour la p riode 1988 1991 couronnes danoises nombres Total Centres urbains Moyennes et petites localit s
129. ent a adopt le Landsting Act on Competition 1993 faisant la promotion de la comp tition et de l efficacit au sein de la production des biens et services des entreprises du Groenland Statistics Greenland 1999 45 Alors selon plusieurs individus composant les lites groenlandaise et danoise dont un conomiste influent du nom de Martin Paldam la solution aux probl mes persistants de l conomie est la d s tatisation la d r glementation et la privatisation de l conomie Winther 1998 1999 tir s de Winther a paraitre voire l abolition du secteur conomique informel qui ne ferait que nuire au d veloppement du capitalisme de march Rasmussen 1998b 12 D apr s les tenants de ce courant de pens e dont les hauts dirigeants du Groenland font partie seule l initiative priv e peut prendre ad quatement les guides de l conomie Winther 1999 157 Ainsi l tat a alors mis de l avant des politiques conomiques s inscrivant de plus en plus dans l optique d une conomie de march Rasmussen 1997 16 Poole 1995 24 Martens 1992 198 Larsen 1992 214 B renholdt 2000 84 depuis le capitalisme d tat le syst me de prix uniforme la comp tition entre le secteur priv et gouvernemental sont de nouveau sur la place publique 1988 10 130 D s lors une s rie de r formes ont t op rationalis es afin de lib raliser et de privatiser l conomie ouverture de l conomie aux invest
130. ent pas compte de certaines donn es macro conomiques et n gligent l examen de dimensions importantes tel que le secteur informel l administration publique ainsi que la r partition spatiale de l conomie Nous proposons un portrait analytique des structures d mographique et conomique partir de donn es chiffr es et qualitatives issues de la litt rature scientifique et de Statistics Greenland Il sera question des caract ristiques de la population ainsi que des activit s conomiques et de leur importance relative au sein de la structure industrielle groenlandaise Nous traiterons aussi de la r partition spatiale de cette conomie tant sur le plan r gional qu international Les informations contenues dans les sections suivantes sont essentielles la compr hension de l analyse et de l interpr tation de la rationalit des dirigeants d entreprise l tude D MOGRAPHIE URBANISATION DE LA POPULATION Environ 56 000 individus habitent le Groenland Statistics Greenland 1999b 65 Autour de 45 000 personnes vivent dans dix huit centres urbains alors que quelque 10 000 individus r sident au sein de cinquante neuf petites localit s les autres tant dispers s dans des stations loign es ex bases militaires Poppel 1997 15 Autrement dit 80 de la population vit en ville pr s de la moiti de la population se retrouve dans trois centres urbains Nuuk Sisimiut et Ilulissat Statistics Gre
131. epuis vendent davantage de produits locaux par exemple il en aurait r sult une baisse des importations de viande dans les ann es 1980 Rasmussen 1997b 75 34 pon Nous avons bri vement d crit ce que constituent les march s locaux au Groenland au chapitre 3 95 entreprises dont certaines produisent ou commercialisent la nourriture traditionnelle ont manifest une rationalit capitaliste o les ressources exploit es repr sentent davantage une marchandise laquelle ils attribuent une valeur d change plut t qu une valeur symbolique Le capitaliste est donc int ress uniquement aux valeurs des consommateurs qui se concr tisent en ventes lucratives Ainsi comme le mentionne Weber ces entrepreneurs ne s int ressent pas simplement aux d sirs des individus mais bel et bien leurs d sirs solvables Weber 1995a 159 soit une caract ristique fondamentale de la rationalit capitaliste Ainsi les d sirs non solvables qui peuvent tre li s des valeurs non conomiques v hicul es au sein de la soci t comme la nourriture traditionnelle ou le maintien des petites localit s int ressent tr s peu le dirigeant d entreprise Pourvu qu elle vende son produit au co t ou au dessus du co t l entreprise est satisfaite Elle r pond l appel des besoins solvables sur le march elle se conforme la hi rarchie de leur solvabilit et non celle de leur urgence appr ci e en
132. er la revitalisation de cette appropriation massive du capitalisme par l tat qui n a d ailleurs jamais t l intention ultime m me plusieurs ann es plus tard L objectif politique actuellement 1970 adopt partout o la moindre possibilit peut tre apercue d adapter les entreprises aux conditions de l conomie libre et les mettre entre des mains priv es de mani re ce qu elles puissent s int grer au syst me conomique danois selon lequel l tat n a que I obligation de cr er le cadre de la gestion conomique et se refuse l exception d un cadre restreint d exploitations publiques dans le domaine des transports et des services publics g rer lui m me des entreprises et entrer ainsi en concurrence directe avec le secteur priv Christiansen 1970 29 La politique conomique groenlandaise n aurait pas chang dans ses principaux fondements soit n o lib ral et capitaliste mais des conjonctures pr cises ont oblig les gouvernements r orienter leurs politiques afin de ne pas contrecarrer l objectif de modernisation C est ainsi qu en l absence d entrepreneurs priv s souhait s l tat danois s est av r le seul acteur capable d implanter une forme substantielle de capitalisme au Groenland Nous verrons que la prise en charge officielle des comp tences internes groenlandaises par les Inuit avec le Home Rule en 1979 n a pas apport de changeme
133. ermer ses portes En aucun cas l tat danois ne voulait tre responsable des d penses de la colonie Gad 1984 568 Les inspecteurs ont d s lors augment les salaires des employ s de l tat et favoris l ducation de la population m me les revenus de la colonie Gad 1984 564 si bien que selon les administrateurs de la r gion la grande majorit des Groenlandais savaient lire au d but du xIx si cle Tremblay et Forest 1993 53 En d pit des tentatives de pr servation du mode de vie inuit par les Danois tant t mises en pratique tant t r duites de bonnes volont s les cons quences effectives des Instructions semblent indiquer qu elles n taient que le reflet d une politique coloniale paternaliste qui cherche int grer soumettre les Autochtones aux r gles de la modernit occidentale Tremblay et Forest 1993 53 109 Le changement social entam il y a environ cent ans a pris un autre tournant avec introduction de la monnaie et de l emploi salari apr s le premier tiers du XIX si cle Mais d j avant ce moment le KGH avait introduit le cr dit pour l achat des Inuit dans ses magasins ce qui aurait favoris la transition vers une conomie mon taris e Gad 1984 567 Au d part les politiques limitaient les autochtones dans I achat de certains produits viande et fruits favorisant tout de m me le d veloppement du march au Groenland Plus tard le KGH a opt pour une po
134. erons plus en 19 a oe n x M Les analyses contenues dans ce chapitre ne concernent que les discours des dirigeants d entreprise de l industrie alimentaire groenlandaise que nous avons interrog s La liste de ces entrevues est d crite dans le chapitre portant sur la m thodologie L usage d expressions faisant r f rence des groupes d individus plus tendus ex secteur gouvernemental secteur priv les dirigeants etc n a t effectu qu aux fins d all ger le texte La g n ralisation de nos conclusions se limite aux individus dudit chantillon Dans ce chapitre l expression tat fait r f rence l tat groenlandais au Home Rule et non pas l tat danois 76 d tails cette valorisation du d veloppement conomique ou plus pr cis ment du capitalisme LES NORMES ETATIQUES PRESCRITES AUX ENTREPRISES GOUVERNEMENTALES SOCIAL DEMOCRATIE OU CAPITALISME L tude discursive du secteur gouvernemental est pertinente car d une part ce secteur est le plus important dans l conomie groenlandaise capitalisme d tat D autre part elle permet de cerner la logique d action de l tat qui indirectement nous le verrons dicte des normes sociales et conomiques ses entreprises gouvernementales L un des discours r pandus chez les dirigeants d entreprises gouvernementales porte sur certaines interventions de l tat providence groenlandais Nous
135. es d j amplement complexes galement cette industrie englobe une diversit de branches d activit s et de types d acteurs conomiques De plus cette alternative m thodologique liminait les variations attribuables au type d industrie qui pr vaut Cela dit notre choix d tudier l industrie alimentaire est en quelque sorte arbitraire Celle ci s imbrique dans une tude plus globale au sujet des r seaux de production et de consommation alimentaire dans le cadre du programme de recherche Le d veloppement durable dans l Arctique Les conditions de la s curit alimentaire dirig par G rard Duhaime G TIC Universit Laval Somme toute notre chantillon est assez consistant et diversifi pour la pr sente tude qui vise d abord comprendre la rationalit des dirigeants d entreprise Quinze entrevues ont t r alis es parmi les entreprises s lectionn es nous avons parfois rencontr plus d un r pondant par entreprise auxquelles s ajoutent huit autres entretiens avec des informateurs cl s li s l industrie alimentaire groenlandaise Au sein du secteur primaire les dirigeants de certaines entreprises uvrant dans les p cheries deux p cheurs leur compte Olsen Brothers Polar Sea Foods et l levage une ferme d levage du mouton ont t rencontr s Quant au secteur secondaire des entreprises de transformation des produits de la p che Royal Greenland Nuka ainsi que de
136. es de par un secteur secondaire significatif des exportations consid rables ainsi qu un commerce int rieur vigoureux 13 Photo 1 Nuuk le plus important centre urbain au Groenland 1999 Source G rard Duhaime et Alexandre Morin Photo 2 Ikerasak l une des petites localit s du Groenland 1999 Source Bjarne Hauthorner tir de Municipality of Uummannaq http www uummannaq gl 74 Photo 3 Port industriel de Nuuk Groenland 1999 Source G rard Duhaime et Alexandre Morin Photo 4 March local de Sisimiut Groenland 1999 Source G rard Duhaime et Alexandre Morin 75 CHAPITRE 4 DIAGNOSTIC DES RATIONALITES L objet de ce chapitre est de pr senter les discours des dirigeants d entreprise interview s notamment ceux portant sur l intervention de l tat dans l conomie groenlandaise Nous avons choisi d analyser surtout ces discours car ils occupent une place importante voire dominante dans l ensemble des entrevues effectu es quelque soit la provenance des dirigeants d entreprise entreprises du secteur primaire secondaire ou tertiaire priv es ou gouvernementales grandes ou petites Cette analyse permet de cerner les valeurs pr n es par ces individus ainsi que les normes sociales qui paraissent influencer la gestion de leur entreprise Une fois ces normes et valeurs mises en relief il sera possible de saisir la logique d action le mode de pens e de ces dirigea
137. es de sociation ont t maintenus sinon acc l r s par les interventions tatiques sous l gide de Rink D une part une fois immigr au Groenland celui ci a qualifi selon son interpr tation les conditions de vie des Inuit de situation de mis re et de pauvret Il a alors d nonc les cons quences n fastes des valeurs occidentales sur l ensemble du syst me de valeurs traditionnelles des soci t s inuites et demandait que l exercice de la gouverne politique au Groenland ne demeure pas entre les mains d une poign e de missionnaires et de marchands Rink pr conisa la r insertion des Groenlandais l int rieur des processus de prise de d cisions Tremblay et Forest 1993 53 Depuis c est lui que l on doit l tablissement de conseils d administration de l assistance sociale 1857 charg s de la distribution des fonds de l aide publique de la g rance de la justice ainsi que de la r partition des h ritages Aussi certains Inuit exclusivement les chasseurs de phoques prenaient part aux discussions de ces conseils Tremblay et Forest 1993 53 Cons quemment 111 Les habitants de l le furent assez rapidement int gr s l exercice de la gouverne politique initi s la d mocratie ses r gles et ses modalit s d application Cette int gration des Autochtones dans le processus de d cision ne peut tre compar ce que l on a pu observer ailleurs et ce m
138. es ou non capitalistes dans le but par exemple de cr er des 128 emplois d am liorer les conditions de logement de prot ger la culture groenlandaise et de faciliter la vie dans les petites localit s Apr s 1979 les compagnies de l tat danois ont t transf r es aux autorit s du Home Rule qui les ont g r es dans optique d une gestion socialiste jusqu la fin des ann es 1980 suivant Larsen 1992 214 Grosso modo les dix premi res ann es du Home Rule repr sentent un m lange de politiques que nous qualifions de capitalistes vis es d expansion et de rentabilisation des p cheries et de politiques plus sociales d mocrates qu il ne faut pas carter A la fin des ann es 1980 le Groenland vivait une crise conomique qui a boulevers son histoire caus e par les politiques groenlandaises de cette d cennie qui ont co t cher l tat Ce dernier avait alors accumul une dette significative et s est vu contraint de redresser ses finances Statistics Greenland 1997 69 Danielsen et al 1998 15 Parmi les causes de cette crise conomique figure le d clin de la population de morue la baisse des prix de la crevette la perte des revenus de l exploitation des ressources mini res et la r duction des exportations Meibom 1997 40 Cette r cession conomique se fit aussi sentir dans le domaine de la construction o on a constat un fort taux de faillite Poole Pretes et Sinding 1992
139. es statistiques dans la ville de Nuuk au Groenland Neuf entrevues dirig es enregistr es sur bande audio ont t effectu es aupr s des employ s de cet organisme afin de saisir avec pr cision la nature des indicateurs statistiques utilis s et la validit des donn es Il tait imp ratif de conna tre la d finition de ces indicateurs les processus de collecte et de traitement des donn es pour ensuite identifier les r alit s concr tes qu elles permettent de mesurer Gauthier et Turgeon 1998 414 La r colte de ces donn es s inscrivait dans le cadre du projet de recherche Sociologie conomique compar e de 3 se NE 11 ae 444 gt En plus de statistiques descriptives recueillies 4 Statistics Greenland nous avons proc d a une revue de la litt rature afin d utiliser les donn es secondaires analyses et interpr tations pertinentes contenues dans ces documents pour parfaire notre examen du contexte groenlandais 26 l Arctique circumpolaire dirig par G rard Duhaime du G TIC de l Universit Laval Voici la liste des donn es de Statistics Greenland qui ont t utilis es Ces statistiques ont t analys es dans le but de caract riser l environnement social dans lequel baignent les dirigeants d entreprise tudi s D mographie Population n e au Groenland 1993 1998 Population n e l ext rieur du Groenland 1993 1998 Population g e de 15 59 ans selon le lie
140. explique notamment par sa gen se et par l volution des rationalit s ent rin es par la soci t dans ses actions et 104 discours qui laissent leurs traces jusque dans le monde contemporain pour lui donner un sens LA P RIODE COLONIALE 1721 1950 INITIATION AU CAPITALISME La rapidit de la modernisation qu a connue le Groenland partir des ann es 1950 a voil pour plusieurs observateurs les pr misses de ce changement social qui en fait datent de la colonisation danoise La modernit a t implant e au Groenland par les colonisateurs transformant de fa on irr versible l ensemble des pratiques sociales qui pr valaient avant les contacts Europ ens Autochtones durant la p riode essentiellement nomade des Inuit Entre autres l introduction du capitalisme et sa rationalisation des comportements humains est venue changer la rationalit sur laquelle se fondera d sormais le d veloppement de la soci t et ce d s l arriv e des premiers colons Saisir les motifs sous jacents la colonisation danoise ainsi que leurs cons quences sur les m canismes sociaux rev t une grande importance si l on veut comprendre l origine des configurations sociales contemporaines partir desquelles les dirigeants d entreprise fondent leur fa on de penser Avant la colonisation danoise la soci t groenlandaise n tait fondamentalement pas la m me qu aujourd hui Nomades les Inuits avaient pour unit de base
141. hangement social Weber l attribue un processus g n ral de rationalisation de toutes les sph res de pratiques sociales Les m canismes sociaux tendent ainsi faire concorder de fa on plus syst matique fins et moyens Graduellement tout se fait de fa on r fl chie suivant une logique d apr s des faits dits objectifs La rationalisation consiste en l organisation de la vie par division et coordination des diverses activit s sur la base d une tude pr cise des rapports entre les hommes avec leurs instruments et leur milieu en vue d une plus grande efficacit et rendement Freund 1968 16 Weber a mis en relief les manifestations de ce processus dans les principaux domaines de la vie Dans la sph re religieuse par exemple le corollaire de cette rationalisation est ce que Weber appelle le d senchantement du monde Cette expression fait r f rence a l id e que l action se voit de moins en moins r gul e par la magie le sacr et le symbolique C est la mont e de la pr pond rance de la science et de la technique au d triment de la religion des dieux de la spiritualit etc Ainsi la modernit repousse la croyance a la magie alors que les processus de ce monde se d senchantent perdent leur sens magique ils sont et se passent seulement mais ils ne signifient plus rien Weber 1995b 268 Tout cela Weber l observe aussi au sein de la sph re conomique La ratio
142. hode Landry 1998 347 38 CHAPITRE 3 LE CONTEXTE GROENLANDAIS Faisant g ographiquement partie du continent am ricain au nord est du Canada le Groenland est l une des trois r gions formant le Royaume du Danemark Ce dernier est galement constitu du Danemark scandinave et des les F ro situ es entre l Islande et la Scandinavie Ces territoires repr sentent des entit s politiques relativement autonomes chapeaut es par le Parlement danois qui agit titre de gouvernement f d ral Le Groenland est d une superficie d un peu plus de deux millions de km dont environ 85 est couverte de glace et inhabit e Statistics Greenland 1999 25 Le climat arctique qui y domine d note toutefois des carts de temp rature notables selon les r gions comme en t moigne le climat subarctique du Groenland m ridional Poole 1995 2 Une population d environ 56 000 individus majoritairement inuite y est r partie le long des c tes notamment celles du sud et de l ouest La premi re forme de colonisation de cette r gion a t r alis e par ric le Rouge chef Vikings vers 985 Dorais 1996 12 Mais ce n est qu la fin du X si cle que l on retrouve les premiers t moignages de contacts entre les Blancs et les Inuit Les Vikings auraient disparu du Groenland la fin du XVI si cle et ce n est qu en 1721 qu a d but l occupation danoise que conna t encore le Groenland aujourd hui cette
143. i dirig es que nous avons pu relever les divers l ments du discours des dirigeants d entreprise 4 propos des activit s de leur firme Les personnes interrog es ont t amen es a noncer leurs pr occupations leurs valeurs leurs opinions leur m contentement c est dire l interpr tation qu ils font de leur propre monde Il nous a donc t possible de cerner la structure de leur logique d action comme les int r ts sp cifiques guidant leurs d cisions est ce le succ s de l entreprise le maintien de la culture groenlandaise le d veloppement de la soci t l ind pendance politique Voil autant de questions qui pouvaient potentiellement trouver r ponse l int rieur du discours des dirigeants d entreprise priori notre hypoth se est que cette rationalit s inscrit au sein d un discours capitaliste pr nant le profit la rationalisation du travail la vision long terme l investissement financier la croissance illimit e etc Parall lement cette valorisation du capitalisme nous supposions une d valorisation des consid rations non conomiques en l occurrence les valeurs traditionnelles inuites ex la nourriture traditionnelle L action conomique capitaliste pure constituait un point de rep re afin de caract riser la rationalit des dirigeants d entreprise Nous avons emprunt le concept de capitalisme de Weber qui le d finit comme l organisation rationnelle du travail
144. icilement rentable D autres sources de minerai aurait t trouv es mais elles demeurent inexploit es Depuis 1992 l exploration des sources de richesses mini res aurait augment e significativement Statistics Greenland 1997 41 OCDE 1999 83 et accaparerait 0 2 de l emploi Danielsen et al 1998 23 Elle serait orient e vers des minerais tels que l or le diamant le zinc le nickel et le cuivre OCDE 1999 83 Bien qu aucune extraction ou transformation du minerai n a lieu actuellement l industrie mini re serait consid r e comme l une des composantes principales du d veloppement conomique de demain Meibom 1997 53 Larsen 1992 215 Rasmussen 1997 16 La d cennie 1990 fut caract ris e par un engagement explicite et concret du gouvernement groenlandais qui consid re les mines comme l un des quatre piliers de l industrie r gionale et comme un moyen de diversification de l conomie Pour l instant il est anticip que cette branche d activit reprendra place moyen terme Danielsen et al 1998 10 L levage L levage commercial du mouton surtout et du renne constitue l essentiel de cette industrie 0 5 de l emploi y serait consacr Danielsen et al 1998 23 A lui seul l levage du mouton occuperait 0 1 du PIB tableau 2 fournissant directement ou non un revenu environ 350 personnes Statistics Greenland 1997 39 Le Groenland compte environ cinquante le
145. ie NS ETS AS Te Te Re STE QE LAS qe SS UIUC CUTS mdstre ll Ensete Nid en net hate ent Structure g ographique de l conomi sssssnrinee miniatures Conclusion sur l conomie mono production march mondial climat et capitalismed tA ss datant nr laine nel ft nn nine iv CHAPITRE 4 DIAGNOSTIC DES RATIONALITES cccsssssssssessssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssssesssrenes 76 Les normes tatiques prescrites aux entreprises gouvernementales social d mocratie ou capitalisme asset nr a E EE S E 11 Le discours anti tatique du secteur priv dem Rte Re ne 86 La domination de la rationalit capitaliste 92 Conclusion sur l analyse des rationalit s la nature du lien social 101 CHAPITRE 5 GEN SE DU CAPITALISME ET DE LA MODERNISATION AU GROENLAND 104 La p riode coloniale 1721 1950 initiation au capitalisme 105 La p riode de modernisation acc l r e 1950 1979 implantation du capitalisme massive SWSIC MALI Le et d lib r e enn a a E e a A a A re ee 115 La premi re d cennie du Home Rule 1979 1989 continuation de la p n tration du capitalisme sous le contr le croissant des Groenlandais ssseseeseseseseeeeeseesresresersrerrresreseeee 125 La p riode n o lib rale 1990 nos jours intensification de la domination du Capitalisme slobaliSe ccccwccvestivecivecaieaeiuaeaveasiseysaesaaandedea a n Ea aa ia 130 Conclusion sur interpr tation des rationalit s l accepti
146. ie premi re dans le champ de l exploitation des ressources naturelles et d autre part parce qu elles repr sentent l une des activit s les plus productrices de valeur ajout e D ailleurs la litt rature pr sente souvent les p cheries comme tant dominante sous estimant d autres activit s d importance tel que la construction et l administration publique A cet gard plusieurs auteurs qualifient l conomie de mono production Taagholt 1994 219 Poole 1990 113 Poole 1995 17 Kleivan 1985 713 Meibom 1997 53 Arnason et Friis 1994 186 Cette expression met en relief le fait que la structure industrielle serait bas e presque uniquement sur les p cheries Au surplus l conomie ne se r sumerait pas simplement sa d pendance l industrie des p cheries mais plus particuli rement l exploitation d une seule esp ce de crevette d eau froide la Pandalus borealis Poole 1995 51 Cons quemment le march mondial et le climat auraient une influence singuli re au sein d un tel syst me mono productif D apr s certains cette conomie est consid r e vuln rable compte tenu qu elle est la merci des variations de prix du march international Kleivan 1985 713 Poole 1990 115 Taagholt 1994 219 Poole 1995 21 Poppel 1997 15 Meibom 1997 40 Par exemple durant les ann es 1987 88 une chute du prix des produits de la mer aurait caus des d ficits chez Royal Greenlan
147. ient consid r s comme des sujets de la royaut danoise part enti re Gad 1984 558 Deuxi mement l imp rialisme danois tel que vu par Egede du moins consistait surtout christianiser l le apporter ces lointaines possessions la b n diction du protestantisme Christiansen 1970 12 Ces vis es religieuses ont alors eu des cons quences substantielles sur la 38 ee 5 R R eae R Nous utiliserons la d nomination Groenlandais afin de d signer les autochtones du Groenland les Inuit Bien que l glise vang lique luth rienne soit toujours importante au Groenland elle tait la religion la plus pratiqu e la fin des ann es 1960 Christiansen 1970 25 nous n analyserons pas les liens entre l thique protestante et l esprit du capitalisme titre du classique ouvrage de Weber 1964 Soulignons simplement que selon lui l thos protestant a t l une des sources de la rationalisation de la vie qui a contribu former ce que Weber appelle l esprit du capitalisme Freund 1968 178 Ainsi des hommes auraient cr par leur fid lit et leur foi le syst me capitaliste de type moderne L asc se protestante se manifestant principalement dans les activit s conomiques des croyants aurait aid la cause du capitalisme C est de cette mani re que Weber a expliqu la sociation ou modernisation du lien social travers la mont e de l activit rationnelle
148. imensions centrales de cette dialectique la rationalit des acteurs sociaux Les valeurs adopt es par les individus constitueront les indicateurs n cessaires la mise en lumi re de la rationalit l tude dont nous valuerons les traits capitalistes comme indice de modernit Pour ce faire notre unit d analyse sera le discours des acteurs Les dirigeants d entreprise de l industrie alimentaire groenlandaise constituent notre cas d tude un groupe d individus peu tudi Kahlig 2000b 126 occupant une place pr pond rante dans les dynamiques conomiques du Groenland Autrement dit notre question sp cifique de recherche consiste analyser les valeurs du discours des dirigeants d entreprise de l industrie alimentaire groenlandaise afin de saisir en quoi la rationalit qui en d coule se rapproche du capitalisme pour finalement comprendre l origine sociohistorique de cette rationalit Notre hypoth se de d part propose que les processus de modernisation sont observables dans l histoire groenlandaise et permettent de comprendre la rationalit actuelle des dirigeants d entreprise Cette rationalit nous la pr sumons capitaliste nous la consid rons comme l une des manifestations de la p n tration de la modernit au Groenland ph nom ne concomitant au d clin des pratiques traditionnelles Les faits sociaux peuvent s expliquer et se comprendre en analysant deux ordres de choses s oe ara o
149. intervention des tats du Sud 1 apr s la Deuxi me grande Guerre Sous langle de la sociologie conomique plusieurs se sont attard s cette probl matique notamment en ce qui a trait la modernisation des rationalit s individuelles et collectives au Nunavik Qu bec arctique depuis la deuxi me moiti du XX si cle Simard et al 1996 12 d finissent ce ph nom ne comme tant linstitutionnalisation du changement social et la destruction constante des traditions par cons quent Ces changements se seraient manifest s par une tatisation une bureaucratisation une rationalisation et une prol tarisation des pratiques La litt rature mettant en relief la modernisation des r gions circumpolaires abonde En voici quelques exemples portant sur les r gions de l Alaska du Nunavut du Nunavik du Groenland et du nord de l ex URSS Simard et al 1996 Simard 1982 Duhaime 1985 1987 1989 1989b 1991a 1991b 1991c 1993 1998 1999 2000 Huskey et Morehouse 1992 Rasmussen 1994b 1997 1998 2000 Commission royale sur les peuples autochtones 1996 Vakhtin 1994 Nuttall 1992 1994 Creery 1994 Dorais 1996 Korsmo 1994 Lyck 1990 1992 1995 1997 1999 J nsson 1995 1996 Kleivan 1985 Larsen 1992 Marquardt et Caulfield 1996 Peterson 1985 Poole 1990 sociales Simard et al 1996 60 En clair en l espace de cinquante ans la soci t inuite nomade et traditionnelle est devenue
150. ion sociale fond e sur le sentiment subjectif traditionnel ou affectif des participants d appartenir 4 une m me communaut Weber 1995a 78 Une communalisation est une relation sociale reposant sur une proximit de sang de lieu et d esprit cette relation inscrit l homme dans une cha ne de solidarit m canique C est dire que la relation est fond e sur la compr hension sorte de consensus n de la proximit et du fait que personne ne d pend individuellement de personne mais tous d pendent du groupe Cette relation sociale est une interaction de personne personne c est dire entre tres interchangeables et non entre individus tres autonomes et compl mentaires En quelque sorte les solidarit s communales fonctionnent l identique Les actes de solidarit n interviennent pas d individu individu mais inscrivent chaque personne dans une cha ne de solidarit indissociable dont tous les membres du corps social sont indistinctement partie prenante Martin paraitre Weber associe deux types dominants d actions sociales la communalisation qui ont pour caract ristique commune de ne pas tre d lib r ment r fl chies de ne pas tre rationnelles Autrement dit dans tous les cas l action n est jamais contr l e consciemment par l acteur Il 14 s agit des actions motionnelle et traditionnelle L action motionnelle est r gul e par les passions et les senti
151. ionnel la citoyennet passeports visas etc la politique trang re la d fense la finance politiques li es la monnaie aux banques etc ainsi que la justice Statistics Greenland 1997 11 La balance des pouvoirs est enti rement du ressort du Home Rule industrie commerce emploi ducation affaires culturelles sant et services sociaux transport environnement logement etc Larsen 1992 227 125 n aurait fait qu augmenter le nombre des instances uvrant la m me t che Adolphsen et Greiffenberg 1992 127 Selon Rouland 1991 135 l accession du Groenland l autonomie politique constitue un double mouvement d hostilit envers les Danois et un d sir d imitation de ces derniers par les Groenlandais Ces sentiments ambigus expliquent que les Groenlandais aient tendance reproduire les m urs danoises Ph nom nes d une importance cruciale les lites groenlandaises en sont particuli rement impr gn es particuli rement dans tout ce qui concerne le domaine administratif et politique Comme on le sait les institutions ne sont rien sans les hommes qui les animent Rouland 1991 142 De fait pour comprendre la rationalit des politiciens et technocrates du Home Rule nous devons tenir compte de son anc tre l tat danois qui les a socialis aux fa ons de faire et de penser modernes When the homerule governement took over in 1979 it inherited the Danish administr
152. ise une affaire de soci t Paris Presses de la Fondation nationale des sciences politiques 353p SAINSAULIEU Renaud et Denis SEGRESTIN 1986 Vers une th orie sociologique de l entreprise Sociologie du travail 3 86 335 352 SAINSAULIEU Renaud 1987 Sociologie de l organisation et de l entreprise Paris Presses de la Fondation nationale des sciences 390p 154 SAVOIE ZAJC Lorraine 1998 L entrevue semi dirig e chap 11 dans Benoit Gauthier dir Recherche sociale De la probl matique a la collecte des donn es Sainte Foy Presses de l Universit du Qu bec 263 285 SEGRESTIN Denis 1996 Sociologie de l entreprise collection U s rie Sociologie Paris Armand Colin 223p SIMARD Jean Jacques et al 1996 Tendances nordiques Les changements sociaux 1970 1990 chez les Cris et les Inuit du Qu bec Une enqu te statistique exploratoire Qu bec GETIC Universit Laval 253p SIMARD Jean Jacques 1982 La r volution congel e coop ration et d veloppement au Nouveau Qu bec inuit Qu bec Facult des sciences sociales Universit Laval 728p SPURK Jan 1998 Une critique de la sociologie de l entreprise L h t ronomie productive de l entreprise collection Logiques sociales Paris L Harmattan 247p STATISTICS GREENLAND 1997 Greenland 1997 Statistical Yearbook Nuuk Statistics Greenland 286p STATISTICS GREENLAND 1999 Greenland 1998 Statistical Yearbook
153. ise the turnover We must do that because our fixed costs are too high compared to our turnover Royal Greenland est particuli rement explicite dans son rapport annuel concernant sa valorisation du profit et sa d valorisation des valeurs extra conomiques At the regular general meeting on 11 March 1998 the sole shareholder approved an unambiguous and commercial strategy for Royal Greenland A S with its concomitant goals and required the Royal Greenland group to orient its operations toward the largest possible surplus while the handling of socially motivated tasks are to be separated entirely from the commercial operation Royal Greenland 1999 3 The corporation will thus continue to concentrate exclusively on the present core activities profitability and on increasing the effectiveness of the organization in order to bring about the necessary basis for continued development and growth That is among the reasons why the corporation carries out a total elimination of all non commercial activities and discontinues all economic relationships with the Home Rule Government Royal Greenland 1999 11 C est en 1980 que la loi sur la distribution ethnique des emplois fut cr e One of the first laws passed by the Greenland Home Rule parliament was a law about the regulation of employment and recruitment in Greenland Act No 1 of March 1980 The objective of the law was to prevent excessive import of Danish wo
154. issements ext rieurs J nsson 1995 148 r duction des co ts li s aux p cheries adaptation des industries aux conditions du march Danielsen et al 1998 44 diversification de l conomie possibilit s d abolir le syst me universel de prix et celui des subventions aux entreprises o les compagnies devront financer leur d ficit Statistics Greenland 1999 45 Par exemple certaines entreprises d tat du Home Rule ont chang de statut Elles sont devenues des soci t s par action introduisant une distance autrefois inexistante entre elles et le gouvernement Toutefois l tat est demeur le seul ou principal actionnaire de ces entreprises Cette r forme des entreprises gouvernementales constitue une premi re tape vers une d nationalisation compl te de certaines d entre elles C est le cas de KNI qui en 1993 a t restructur e en deux filiales les compagnies KNI Pilersuisog et KNI Pissifik pour cette derni re la vente de commerces de d tail au secteur priv serait envisag e Royal Greenland p cheries a aussi t restructur e o l on a cr e Nuka une nouvelle entreprise qui a pris en charge les productions jug es non rentables afin de ne pas nuire aux activit s qui l taient The new market orientation for Royal Greenland Ltd involves rationalisations and specialisations 200 positions have been lost and 28 production facilities in the towns and 5 factories have been pointed out as
155. italistes est apparue sous la forme d un discours dirig contre les valeurs communautaires les objections des dirigeants des entreprises 102 gouvernementales envers le maintien des petites localit s en est un bon exemple M me si la th orie de Weber fait l hypoth se que des ph nom nes extra conomiques peuvent tre consid r s par les dirigeants d entreprise dans leur rationalit nos analyses leur attribuent un r le plut t minime Autrement dit si des consid rations personnelles de toutes sortes peuvent pousser un chef d entreprise choisir pour g rer son entreprise une voie irrationnelle par rapport aux normes rationnelles de gestion d apr s Weber 1995a 146 ces consid rations personnelles semblent mises l cart face aux valeurs capitalistes D s lors les dirigeants d entreprise l tude paraissent faire pleinement partie du mouvement de d senchantement du monde dont parlait Weber o les pratiques sociales s orientent de moins en moins en fonction des valeurs magiques sacr es ou symboliques d une soci t Le march comme lieu d panouissement du capitalisme est venu d tr ner la tradition autrefois dominante durant l poque nomade des Inuit du Groenland Au fur et mesure que le capitalisme a impr gn le Groenland au contact des colonisateurs danois il y a d j 280 ans cette soci t vu ses traits communalisants dispara tre peu peu En somme ce
156. ivement la social d mocratie et le n o lib ralisme capitaliste pr f rant le chou les managers trouvent la ch vre bien embarrassante Analys e selon les cat gories d action sociale de Weber nous constatons que l action rationnelle en finalit sociale d mocrate de l tat providence entre en conflit avec les valeurs n o lib rales des dirigeants d entreprise qui nous le verrons dans la derni re section de ce chapitre s apparentent une action rationnelle en finalit de type capitaliste Les dirigeants d entreprises gouvernementales ne sont pas les seuls n o lib raux leurs homologues du secteur priv en disent autant sinon plus au sujet de la pr sence contest e de l tat dans l conomie LE DISCOURS ANTI TATIQUE DU SECTEUR PRIV Si l industrie gouvernementale occupe quasiment toute la place dans l conomie alimentaire du point de vue quantitatif le secteur priv a bel et bien la sienne et tient aussi un discours virulent au sujet de l tat Les lignes qui suivent portent sur ce discours qui constitue un laboratoire additionnel et distinct par rapport au pr c dent secteur gouvernemental pour observer les valeurs des dirigeants d entreprise Plus encore le discours du secteur priv constitue un regard critique sur l intervention massive du gouvernement dans l conomie sur le capitalisme d tat groenlandais Dans l ensemble nous verrons que les dirigeants d entreprise d
157. la soci t moderne que l on conna t aujourd hui Sur le plan conomique le march mon taris fond sur le salariat se serait substitu aux activit s traditionnelles de subsistance des Inuit nomades Simard et al 1996 60 Duhaime 1991b 35 Comme dans l ensemble des soci t s occidentales l conomie arctique serait aujourd hui largement r gul e par le capitalisme la g n ralisation de la rationalit conomique capitaliste dont Weber cherchait la gen se dans l esprit asc tique est aujourd hui telle qu elle constitue une norme de l action sociale L esprit de science et de technique l esprit de calcul conomique l esprit de la progression du changement et de l innovation ces attitudes des sujets conomiques Aron 1962 sont valoris es plus que tout autre Ces institutions ont boulevers es celles qui leurs taient ant rieures et les changements affectent maintenant les soci t s traditionnelles que le capitalisme avait laiss en p riph rie Duhaime 1991b 22 Au Nord la rationalit capitaliste n est pas l apanage des pratiques conomiques cette logique d action s tendrait l ensemble des pratiques sociales les Inuit s inscrivent part enti re dans le second mod le historique de soci t d abondance celui des soci t s capitalistes avanc es Cette nouvelle attitude la est en train de se r pandre galement parmi les auto
158. la venaison ou de l levage Sisimiut Foods Neqi 30 font aussi partie du groupe l tude Dans le secteur tertiaire le transport Greenland Air Royal Arctic Line Blue Water Greenland et la vente au d tail XM Brugsen sont aussi repr sent s dans notre chantillon Si l on fait abstraction des secteurs priv s des p cheries et du commerce de d tail qui comptent plusieurs dizaines d entreprises les entreprises que nous avons visit es sont g n ralement les seules ou presque dans leur branche d activit ainsi notre chantillon repr sente tous les principaux types d acteurs de l industrie alimentaire groenlandaise Par ailleurs nous avons discut avec un repr sentant de l association des chasseurs et p cheurs particuliers du Groenland KNAPK et de l association des p cheries et exportations groenlandaises APK de m me qu avec sept chercheurs ayant plusieurs ann es d exp rience au Groenland c f dans bibliographie Rasmussen Lyster Greiffenberg Nielsen Winther Kahlig Poppel Ces derniers nous ont conseill sur la construction de notre chantillon et ont pu nous renseigner sur des sujets d une grande importance tels que les p cheries la modernisation les dynamiques tatiques et l conomie en g n rale au Groenland Ces informateurs cl s constituent un second corpus d entrevues construites en fonction de leurs champs d activit s respectifs enregistr es sur bande audio
159. labor de fa on rationnelle D autre part cette action serait orient e en fonction de certaines finalit s extra conomiques Ces valeurs ou finalit s sont celles de la social d mocratie une soci t sans in galit s sociales Ces valeurs sont probablement pr n es par un groupe d acteurs influents de la soci t groenlandaise lequel est plus ou moins clairement identifiable ex la soci t civile l tat les technocrates du gouvernement ou l ensemble de ces acteurs sociaux etc Cette id ologie aurait t transpos e en norme de gestion et impos e aux dirigeants d entreprises gouvernementales de fa on intentionnelle Car pour Weber une action purement rationnelle en finalit dans la sph re conomique supposerait l tablissement d entreprises proprement capitalistes essentiellement int ress es au profit Schippling 1988 tir de Spurk 1998 89 Or nos observations empiriques d montrent que les entreprises sociales d mocrates gouvernementales ont des finalit s qui vont au del d un d sir de rentabilit et agissent selon des valeurs extra conomiques tel que le maintien des petites localit s du point de vue d mographique et des conditions de vie emploi approvisionnement etc Voil une situation cheval entre l action rationnelle en valeur et l action rationnelle en finalit Le fait d associer les entreprises sociales d mocrates une action rationnelle en finalit et orient e s
160. le cadre de mes tudes de ma trise aura t l une des plus belles tapes de ma vie tant sur le plan acad mique que personnel iii TABLE DES MATI RES INTRODUCTION PROBL MATIQUE DE LA RATIONALIT DES DIRIGEANTS D ENTREPRISE DE L INDUSTRIE ALIMENTAIRE GROENLANDAISE ccccccccsessececssssececsessecececsssaeeecsesaeeecsesneaeeesensaeeecnsaeeees Question g n rale de recherche La modernisation des soci t s circumpolaires et le cas PTV T HAIN A SA P E A PE EEE Re tn de een tent NS dan ess Question et strat gie de recherche L tude de la rationalit et du lien social chez les dirigeants d entreprises se des ST de tn nee na T ne CHAPITRE 1 CAPITALISME ET MUTATIONS DU LIEN SOCIAL CHEZ WEBER cccccceeeececceeeecees TAC MOM socialen ea ne sae eas a ns A S ESET SOOT AE E A RS MR de TE TEE tt Te Le changement social sociation du lien social par le capitalisme eeeeceeeseeeeeteeeeeees Le capitalisme comme norme dominante de la rationalit CHAPITRE 2 METHODOLOGIE nhia an nan t anne dat a dan nas Que E EEA Analyse de statistiques descriptives Sn a Sn estes gues tyoedeenaaadatenadeabeon as encaaeees Entrev es SEMIN CITI ECCS cc cts secarccuret cantante cetehint ed ed ESA Interpr tation sociohistorique ce 5 24 peeteaeecs net Waser ead ee eee CHAPITRE 3 LE CONTEXTE GROENLANDAIS ccccccscccccccccsssssssceccccccssssssesesccsessssunsussesccsssessunensess D mograph
161. le le fait d exploiter la viande de phoque tait un moyen d panouissement culturel d autod termination etc Il s agissait la d une fa on d tourn e de situer le dirigeant d entreprise vis vis de l id altype d action capitaliste agit 1l conform ment la r gle du business as usual comme le fait th oriquement l homo conomicus quels sont les autres facteurs outre ceux d ordre conomique qui fa onnent les configurations du raisonnement du manager n est il int ress qu au profit est il sensible au milieu culturel dans lequel il op re la tradition inuite est elle prise en compte dans ses processus d cisionnels etc 32 Le dernier bloc de l entrevue servait compiler les statistiques n cessaires au programme de recherche sur la s curit alimentaire Nous demandions alors les donn es chiffr es des comptes d op rations de l entreprise soit la structure de leurs revenus et d penses notamment en lien avec l alimentation afin de cerner la part de cette industrie au sein de l ensemble de l conomie Mais l aussi en parlant de chiffres la rationalit du gestionnaire transparait dans les modalit s d expression et dans les subtilit s du non verbal La facilit relative avec laquelle le r pondant traite des flux mon taires de l entreprise ou la fa on dont il aborde certains l ments du budget ex les profits avec crainte ou fiert peut aussi bien expliciter le ty
162. le prend officiellement fin avec la Constitution danoise de 1953 qui inclut le Groenland comme province du Danemark Les Groenlandais obtenaient en principe le m me statut l gal vis vis de leur concitoyens danois Nuttall 1992 19 en pratique ce n aurait pas t la perception des Groenlandais qui sentaient toujours l existence d une relation hi rarchis e avec les Danois Kleivan 1985 702 voire encore aujourd hui C est alors que ces derniers ont entrepris un vaste programme fortement bureaucratis de restructuration du Groenland dont le but g n ral tait d am liorer le statut politique socioculturel ainsi que le niveau de vie de la population groenlandaise Adolphsen et Greiffenberg 1992 126 L institutionnalisation du changement social s est vue accentu e remarquablement en l espace de quelques ann es Cela signifie que ces changements ne sont pas le r sultat de co ncidences mais d une action consciente rationnelle en finalit comme en t moigne les nombreuses organisations vou es au projet Par cons quent il est imp ratif d tudier la mentalit des individus et organisations l origine des d veloppements en question comme nous le sugg re notre approche th orique w b rienne et comme l ont soulign plusieurs reprises Adolphsen et Greiffenberg e g 1997 1992 qui ont consacr plusieurs de leurs travaux l tude de cette p riode Les La Commission Royale sur le Gr
163. les deux tiers seraient engag s par l entreprise gouvernementale Greenland Trade KNI OCDE 1999 97 KNI a pour mandat de veiller l approvisionnement des r gions loign es en biens de toutes sortes via plusieurs de ses magasins travers le territoire KNI Pissifik est responsable des ventes de gros et de d tail dans dix centres urbains pendant que KNI Pilersuisog uvre dans 53 petites localit s KNI Pilersuisog re oit annuellement une enveloppe budg taire du gouvernement afin de continuer vendre ses produits des prix subventionn s au sein des localit s loign es soit au m me prix ou presque que dans les centres urbains Dans les centres urbains ce serait surtout les secteurs priv et coop ratif notamment les coop ratives d alimentation Kalaallit Nunaani Brugseni Brugsen qui contr leraient la plus grande part de ce march Statistics Greenland 1997 39 60 En somme le march int rieur formel des biens serait partag de fa on gale entre d une part KNI et d autre part les coop ratives Brugsen ainsi que d autres commer ants du secteur priv Lyck 1997 18 En 1996 il y avait 169 magasins du secteur priv 100 du secteur gouvernemental et 9 du secteur coop ratif 62 de ceux ci seraient la propri t de Danois Danielsen et al 1998 128 Du c t informel les march s locaux kalaalimineerniarfik o les chasseurs et p cheurs peuvent vendre le fruit de leurs activit
164. liens obligatoires de la bande se dissolvent par l individuation g n ralis e de la capacit de produire de la valeur d change ce qui pouvait d j s observer par la traite Duhaime 1991b 35 Pr s de trois quarts de si cle plus tard le directeur du KGH constate l aboutissement de cette m tamorphose qui profitera au capitalisme l homme de Arctique ne peut esp rer aucun don Pour avancer sur la voie du progr s il doit lutter prement de toutes ses forces ce qui signifie dans notre langage conomique non seulement l augmentation de l effort personnel comme autrefois mais galement l accroissement des moyens techniques et d quipement des investissements et donc des d penses Christiansen 1970 36 La communalisation dominante autrefois semble se d sagr ger avec la mont e de la mon tarisation de l conomie et le calcul rationnel qu elle implique La prochaine vague de modernisation s est effectu e au milieu du xIx si cle sur les plans politique et culturel cette fois ci la suite de l importante r forme des politiques coloniales soutenue par un administrateur danois particuli rement influent du nom de Henrik Johannes Rink D s lors la gestion de la colonie a pris un tout nouveau souffle tentant de ralentir voire d arr ter le processus de modernisation en cours Marquardt 1999 12 En d pit de ces intentions nous pouvons dire qu certains gards les m canism
165. lition du syst me de prix uniforme et que les prix des services publics et des commerces de d tail gouvernementaux correspondent aux co ts r els de production Boserup 1963 494 Suivra ensuite la commission G 50 The Greenlandic society is now in a situation where it is forced to adapt to the conditions of a modern society with specialized labour high technical development and money economy G 50 cit dans Adolphsen et Greiffenberg 1992 125 Les cons quences de ces orientations ont t nombreuses D une part tout porte a croire que les politiques de relocalisation faites partir du milieu du xx si cle auraient t labor es selon des vis es capitalistes ayant pour objectif d urbaniser la population des petites localit s vers des centres urbains o le d veloppement conomique semblait plus facile et afin d obtenir un acc s aux ressources non renouvelables n cessaires l industrialisation du Sud Rasmussen 1997 3 D autre part ces m mes politiques visaient le d veloppement de l industrie des p ches dans l optique qu elles constitueraient la base conomique de ce territoire sa colonne vert brale Kleivan 1985 703 Nuttall 1992 18 Les acteurs conomiques suivant leurs instincts capitalistes se sont alors concentr s vers les productions les plus r mun ratrices comme 118 le soulignait le directeur du KGH en affirmant que la politique conomique du Groenland doit se tou
166. litique moins restrictive en mati re de commerce agrandissant le spectre des produits groenlandais pouvant tre marchandis s Marquardt et Caulfield 1996 110 112 Ensuite les Groenlandais se sont fait offrir des emplois r mun r s en argent sonnant au KGH et dans les missions religieuses Gad 1984 568 Cette entreprise accomplissait bel et bien l intention du colonisateur de moderniser la soci t The aim of the liberal reformers was to ameliorate the material well being of the Greenlanders and to raise them to more elevated levels of culture and civilization In that connection they believed it to be an advantage for the Greenlanders if the exchange of products and services in their country could be increasingly mediated through commercial market transactions in which money acted as a measure of value a medium of exchange and a store of value It was the hope of the reformers that the buying and selling transactions which took place at the KGH s rapidly growing number of shops and the increased use of money in carrying through such transactions would fulfil a wider educational mission in the country As they saw it after a century of Danish colonialism the Inuit of Greenland were still children of nature who carelessly sacrificed their long term interests in order to indulge their spontaneous inclinations Such immature mental attitudes had to be radically changed if the nation should ever attain even the most rudimentary
167. long processus de sociation aurait donn lieu la rationalit n o lib rale et capitaliste observ e dans les discours des dirigeants d entreprise d aujourd hui 103 CHAPITRE 5 GENESE DU CAPITALISME ET DE LA MODERNISATION AU GROENLAND Comment expliquer que plusieurs dirigeants d entreprise adoptent actuellement un discours commun dont les deux axes principaux sont le capitalisme et le n o lib ralisme Pourquoi ces m mes individus font ils preuve d une rationalit o les conditions de rentabilit importent au premier plan alors que les consid rations extra conomiques semblent moins valoris es D o vient ce conflit entre la social d mocratie et le capitalisme Comment est elle n e la social d mocratie groenlandaise De quelle fa on s est impos le capitalisme d tat pour que l on constate aujourd hui un discours anti tatique pour le moins radical de la part du secteur priv Les l ments de ces discours et la logique d action qu ils expriment que nous avons analys s au chapitre pr c dent illustrent les caract ristiques d une soci t dont le principe de fonctionnement s apparente beaucoup la modernit ce que Weber appelle la sociation L objectif de ce chapitre est de mettre en lumi re la gen se des faits sociologiques qui ont contribu l mergence de ces discours et par le fait m me de comprendre de quelle mani re l agencement de ces ph nom nes a c
168. lus importante entreprise priv e de la r gion Cette soci t impose actuellement une farouche comp tition au quasi monopole d tat Royal Greenland Lyck 1999 57 Danielsen et al 1998 54 Rasmussen 1998 68 2000 1 affirme que plus de 50 de la population serait impliqu e r guli rement dans des activit s de p che dont la moiti y serait engag e de fa on commerciale Selon Arnason et Friis 1994 194 la plupart y travaillerait temps partiel Ce secteur compterait 3 500 employ s 14 de l emploi total et repr sente le troisi me plus important employeur Danielsen et al 1998 23 50 G n ratrice de revenu tant pour l tat que pour les citoyens cette industrie serait aussi le principal tremplin des exportations groenlandaises cr ant 93 de celles ci tableau 4 Relativement fa onn es par l intervention tatique les p cheries constituent en quelque sorte l une des pierres angulaires de l conomie Les mines Aucune forme d exploitation du minerai n existe pr sentement au Groenland Arnason et Friis 1994 186 OCDE 1999 83 La derni re forme d exploitation mini re a t abandonn e en 1991 mine de zinc situ e Maarmorilik Dans le pass il y aurait eu une part significative d activit conomique dans ce domaine 5 du PIB en 1988 mais selon plusieurs Arnason et Friis 1994 186 Poole 1995 22 Lyck et Taagholt 1987 57 celle ci s av rerait co teuse et diff
169. m It s all a question of 100 time in my opinion Ten years ago it was much worse than it is today So I think it s a question of education of getting rid of the old way of living and so on Then these kind of problems will be solved Pour ce dernier une fois que la tradition inuite sera compl tement morte le capitalisme aura enfin le champ libre pour s panouir En somme malgr la pr sence de quelques valeurs extra conomiques jug es par les r pondants comme de seconde importance le discours des dirigeants d entreprise r v le une rationalit capitaliste dominante Ce bilan ne peut pas tre g n ralis tous les dirigeants d entreprise du Groenland o m me tous les managers de l industrie alimentaire Il est concevable que des rationalit s diff rentes pourraient tre observ es si une telle tude tait r alis e aupr s d autres entrepreneurs ou dans d autres secteurs d activit conomique Par exemple il est probable qu une valorisation de ph nom nes extra conomiques comme la tradition soit plus importante chez les individus qui participent l conomie dite informelle o la nourriture traditionnelle jouerait un r le primordial Rappelons le la g n ralisation empirique de nos r sultats se limite aux individus de notre chantillon Par contre les extraits d entrevue illustrent que la rationalit capitaliste tient une place consid rable au sein des mentalit s De
170. m A l individu et la soci t soit la rationalit des acteurs eux m mes et l environnement social dans lequel ils vivent La pr sente recherche s inscrit dans cette perspective En premier lieu notre tude consiste a diagnostiquer la rationalit des dirigeants d entreprise Nous concevons la notion de rationalit comme tant la mentalit la logique d action de l individu en soci t ce sont l ensemble des processus cognitifs tels que les choix et les prises de d cisions l origine des comportements sociaux Dans cette optique la rationalit de l individu constitue le moteur de son attitude en soci t savoir ses agissements et ses opinions De cette fa on notre approche sociologique de l individu est essentiellement w b rienne Pour Weber sociologue qui a v cu au tournant du xx si cle l individu agit toujours en fonction d une signification particuli re qu il attribue ses conduites Aron 1966 119 D apr s cette conception de l individu celui ci peut agir selon des valeurs strictement d ordre conomique ex la r ussite financi re le confort mat riel politique ex le pouvoir le contr le spirituel ex les diverses convictions religieuses social ex le prestige ou selon un m lange de ces motivations Ainsi le premier volet de notre analyse consiste mettre en relief les modalit s de cette rationalit appel e par Weber l action sociale Les vale
171. ments Elle est dict e imm diatement par l tat de conscience ou par humeur du sujet C est la gifle donn e par la m re son enfant parce que celui ci a t insupportable c est le coup de poing donn au cours d une partie de football par un joueur qui a perdu le contr le de ses nerfs l action est d finie par la r action motionnelle de l acteur plac dans des circonstances donn es Aron 1967 501 L action motionnelle n est pas pr m dit e elle est spontan e Weber associe l action motionnelle la communalisation ce qui est vrai jusqu un certain point parce qu elle traduit l une des principales caract ristiques de la communalisation soit une soci t qui agit instinctivement sans prendre de recul par rapport son devenir Nous n utiliserons pas la notion d action motionnelle lors de notre analyse car elle ne s av re pas f conde pour d marquer les actions qui rel vent de la communalisation par opposition la sociation Selon nous l id e d action motionnelle semble tre dans la nature de l humain plut t qu un fait li une forme sp cifique de lien social L action traditionnelle s effectue selon les coutumes les habitudes anciennes les m urs les usages ancestraux d une soci t Inconsciemment les individus agissent la mani re de leurs pr d cesseurs ils suivent des dispositions orient es une fois pour toutes Weber
172. mie groenlandaise Elle supporterait le noyau d un syst me conomique mono productif les p cheries les seules g n rer pratiquement l enti ret des exportations ainsi que de la valeur ajout e par un secteur manufacturier significatif quasi unique en Arctique Penser l conomie groenlandaise sans parler de Etat est un non sens Historiquement depuis son arriv e il a boulevers une conomie de subsistance pour en faire une conomie moderne industrialis e salari e mon taris e qui comp titionne actuellement sur les march s mondiaux des p cheries L tat fut et est encore un agent de changement important Cette action tatique remarquable constituerait une variable importante expliquant les singularit s du cas groenlandais relativement au reste des r gions nordiques Ce capitalisme d tat conna t toutefois une p riode de lib ralisation depuis le d but des ann es 1990 Selon plusieurs auteurs Rasmussen 1997 16 Poole 1995 24 Martens 1992 198 Larsen 1992 214 l tat aurait mis de lavant des politiques conomiques s inscrivant de plus en plus dans l optique d une conomie de march Pour d autres il s agit de la voie suivre ex Martin Paldam 1996 selon et tir de Rasmussen 1998b 12 OCDE 1999 Jusqu ici cette restructuration s est manifest e par un processus de privatisation des entreprises du Home Rule cet gard l tat demeure g n ralement le seul o
173. moyens conomiques Car au fur et mesure que se multiplient les possibilit s offertes par la vie l individu supporte de plus en plus difficilement d tre li aux formes de vie strictes et indiff renci es que la communaut prescrit et il d sire de plus en plus faire sa vie individuellement et jouir son gr des profits que lui permettent ses capacit s propres Weber 1995b 109 Weber souligne que l on aurait tort d oublier le fait sociologique que l approvisionnement capitaliste cr e des besoins nouveaux et en fait d p rir d anciens Weber 1995a 148 Le lieu o se tissent les solidarit s m caniques au sens durkheimien se voit mis au second plan La communaut qui formait autrefois un tout homog ne se fragmente sous cette mancipation de l individu La notion de travail prend un tout autre sens et une importance in dite Ce ph nom ne est typique de la modernit capitaliste et caract rise galement les soci t s de l Arctique au Nunavik par exemple Avec l expansion bienveillante mais coloniale aussi dans le contexte autochtone canadien de l tat Providence partir du milieu des ann es cinquante les attentes non traditionnelles ont connues une esp ce d explosion au sein des premi res nations du Nunavik logement services socio sanitaires biens de consommation ducation moyens de transport et de communication divertissement et loisirs de toute s
174. mportance de rennes de moutons de b ufs musqu s et de chevaux Le Groenland compte aussi une entreprise d embouteillage de bi re et de boissons gazeuses situ e Nuuk En ce qui a trait l alimentation les ressources exploit es dans ce secteur sont transform es en divers produits finis congel s ou frais emball s en format pratique et vendus par la suite travers la r gion dans les commerces de d tail tant presque totalement vou es au march int rieur ces activit s n effectuent que peu ou pas d exportations Aussi Great Greenland s affaire au tannage et la commercialisation des peaux Statistics Greenland 1999 59 Ces industries cr ent tout comme les p cheries mais dans une moindre importance une valeur ajout e a partir des richesses groenlandaises La construction Avec 17 du PIB la construction occupait le deuxi me rang au sein de la structure conomique en 1988 tableau 2 Elle repr sentait alors la majeure partie du secteur secondaire Au m me moment 300 firmes y auraient t impliqu es Statistics Greenland 1997 41 La relative ampleur de ce champ d activit se retrouve galement dans l ensemble de Arctique nord am ricain Toutefois la situation pourrait tre diff rente pr sentement La p riode 1985 1987 selon Rasmussen 1997 16 et Poppel 1997 16 aurait t l h te d une vague ponctuelle de prosp rit conomique o le Groenland a connu une expansion de
175. n par l acquisition des habilet s cognitives utiles la rationalisation du comportement humain C est galement dans le cadre de la mission spirituelle coloniale que s est amorc e la s dentarisation des autochtones pour qu ils puissent plus facilement se cat chiser Gad 1984 562 En somme soixante ans apr s l arriv e d Egede la majorit de la population de l ouest groenlandais tait baptis e et les premi res glises furent construites l aide des propres fonds des Inuit L aboutissement de ces bouleversements est aujourd hui visible il y a peine trente ans Christiansen 1970 25 constatait que les Groenlandais contemporains t moignaient d une grande religiosit liens troits avec l glise et implication directe dans ses minist res et pratique assidue en g n ral Troisi mement si l objectif premier d Hans Egede tait d ordre religieux son autorisation d tablir une colonie ne lui a t accord e que lorsqu il a mis en vidence le volet conomique de 4 La colonisation danoise rev t des aspects d mographiques non seulement en raison de ses motifs religieux mais galement conomiques De fait une fois compl tement christianis s les Inuit du Groenland de l ouest se regroup rent en petites agglom rations centr es sur la mission et le comptoir du KGH Dorais 1996 14 Vers 1850 urbanisation des Inuit tait tangible As was the case elsewhere in the
176. n certain areas would not have been able to handle due to the size of the market segment and the structure of the local trade and industry Danielsen et al 1998 48 Les consid rations sociales auxquelles Danielsen et al font r f rence repr sentent des valeurs qui selon nous semblent guider la politique conomique groenlandaise du moins en ce qui a trait aux entreprises sociales d mocrates S il est vrai que ces id aux sont effectivement consid r s dans l laboration de quelques unes des politiques de l tat il est alors probable que nous soyons en pr sence d une action rationnelle en finalit orient e selon des objectifs extra conomiques comme l a d fini Weber D une part nous faisons l hypoth se que cette action est rationnelle c est dire que des moyens ont t consciemment mis au service de certaines fins et donc que cette action a t m rement r fl chie Ce n est pas par hasard qu une m me politique de prix subventionn s et uniformes soit appliqu e par plusieurs entreprises gouvernementales et que l tat persiste op rer des entreprises non profitables afin de cr er des emplois Ce n est pas non plus une co ncidence que ces pratiques tentent de maintenir de 80 meilleures conditions de vie dans les petites localit s Il s agit l d un choix d lib r politique et r fl chi certes un degr difficilement qualifiable mais vraisemblablement
177. n plus les cons quences ventuelles de son action Weber tir de Colliot Th l ne 1990 78 et 111 Fid le son honneur le capitaine de bateau qui se laisse couler avec son navire adopte une action rationnelle en valeur Aron 1966 500 Celui qui part la guerre pour d fendre sa patrie au risque de mourir celui qui effectue un p lerinage laborieux au d triment de sa sant ou celui dont le respect des traditions importe avant toute chose est alors au service exclusif d une valeur d une cause consid r e inconditionnelle supr me Freund 1968 92 Le dirigeant d entreprise dont la gestion tient compte de consid rations extra conomiques se rapproche d une rationalit en valeur Par exemple comme le mentionne Spurk 1998 92 bien que l action rationnelle en finalit soit la plus courante chez les dirigeants selon Weber l action conomique ne peut pas tre r duite celle ci car des consid rations personnelles de toute sorte peuvent pousser un chef d entreprise choisir pour g rer son entreprise une voie irrationnelle par rapport aux normes rationnelles de gestion Weber 1995a 146 Voil un ph nom ne que nous avons voulu v rifier empiriquement L o la modernit est relativement jeune comparativement au reste de l Occident peut on penser que les rationalit s individuelles du Groenland int grent encore substantiellement des valeurs traditionnelles au point d en dicter les comporteme
178. nalisation du monde conomique aurait fait merger une nouvelle forme de capitalisme un capitalisme proprement rationnel et moderne Disselkamp 1994 82 L analyse des r percussions sociologiques de ce ph nom ne permet de comprendre une dimension importante de la sociation du lien social De fait nous verrons que le sentiment d appartenance propre la communalisation s effrite sous le poids des m canismes capitalistes La coh sion communautaire ne dispara t pas pour autant mais elle perd petit petit son statut de mode principal de r gulation sociale Le social tend maintenant se reproduire sur la base d int r ts individuels rationnels S engage d s lors un processus de rationalisation et de sociation qui tend gagner du terrain dans toutes les activit s communautaires et dans lequel nous observons le moteur absolument essentiel de 19 l volution dans tous les domaines de la vie communautaire Weber 1995b 43 44 Le capitalisme aurait conduit l humain vers la modernit DEFINITION DE L ID ALTYPE CAPITALISTE Les traits caract ristiques du capitalisme vu par Weber se situent en continuit avec sa typologie du lien social et des actions sociales Weber con oit l organisation rationnelle du travail comme un attribut distinctif du capitalisme moderne qui s est d velopp en Occident Cet attribut ne se retrouve qu un tr s faible degr dans les autres soci t s capitalistes Aron 1966
179. nalyse du volet capitaliste de la rationalit des dirigeants d entreprise Nous d montrerons que le profit constitue la principale pr occupation des dirigeants d entreprise la fois des secteurs priv et gouvernemental et que cette rationalit laisse peu de place des valeurs non conomiques En premier lieu nous pr senterons les valeurs capitalistes du discours et l importance qu elles y occupent pour ensuite montrer le r le secondaire que tiennent les valeurs extra conomiques notamment celles li es la tradition Mais n est ce pas tomber dans la facilit que d affirmer banalement que la finalit principale d un dirigeant d entreprise est de participer au d veloppement conomique Le fait de demander un manager de parler de ses activit s conomiques ne va t il pas invariablement r sulter en des r ponses d ordre conomique cela la th orie sociologique de Weber dont nous nous inspirons permet de sugg rer que la situation n est pas si simple Suivant cette approche les dirigeants d entreprise orientent parfois leurs actions en fonction d objectifs strictement conomiques mais 1ls peuvent aussi agir selon d autres objectifs que ceux associ s spontan ment l entreprise c est dire outre que produire et vendre gagner de l argent et l investir faire des profits et ainsi de suite Ce que nous avons appel les entreprises sociales d mocrates 92 constituent un bel exemple d
180. nd depuis sa colonisation par les Danois Alexandre Morin G rard Duhaime Candidat Directeur de recherche ii REMERCIEMENTS Tout d abord je remercie ma famille Richard Micheline et Dominique dont le support inconditionnel fut un point d appui extraordinaire Je suis galement plus que reconnaissant envers St phanie qui a permis un change f cond et pr cieux ce genre d entreprise Ta chaleur et ton amour m ont fourni l nergie et la passion essentielles ma vie Merci encore a Birger Poppel et l quipe de Statistics Greenland pour accueil chaleureux Merci aux personnes interview es qui m ont accord temps confiance et honn tet Merci a mes amis groenlandais pour m avoir fait conna tre ce merveilleux pays et pour votre g n rosit Je d sire t moigner ma reconnaissance 4 Rasmus Rasmussen Tom Greiffenberg Jens Kaalhauge Nielsen Gorm Winther Wolfgang Kahlig Pierre Fr chette Ole Marquardt et Thibault Martin pour le travail de pr lecture les discussions et les bons conseils Je tiens aussi a exprimer ma gratitude envers Lise Fortin pour son aide dans l organisation de mes recherches de terrain Le plus grand merci a G rard Duhaime mon directeur de m moire qui a d abord cru en mes capacit s et qui m a permis d largir mes horizons Tu constitues pour moi un mod le une source d inspiration dans mon apprentissage du m tier de sociologue Notre collaboration dans
181. ng for a Modern Society dans Lise Lyck dir Nordic Arctic Research on Contemporary Arctic Problems Proceedings from the Nordic Arctic Research Forum Symposium 1992 Copenhagen Copenhagen Business School Institute of Economics 125 128 ADOLPHSEN Jes et Tom GREIFFENBERG 1997 Greenland and Modernity dans Lise Lyck dir Socio Economic Developments in Greenland and in other Small Nordic Jurisdictions Copenhagen New Social Science Monographs 27 37 ADOLPHSEN Jes et Tom GREIFFENBERG 1998 When Planning in Greenland Began the Role of the Construction Commission dans Tom Greiffenberg dir Development in the Arctic Proceedings from a Symposium in Slettestrand Denmark 9 11 January 1998 Copenhagen Danish Polar Center Publication n 5 83 87 ALTER Norbert 1996 Sociologie de l entreprise et de l innovation Paris Presses Universitaires de France 241p AKOUN Andr et Pierre ANSART 1999 Dictionnaire de sociologie collection Dictionnaires le Robert Seuil Paris Le Seuil Le Robert 587p ARMSTRONG Terence George ROGERS et Graham ROWLEY 1978 Greenland the Transformation of a Colony chap 5 dans The Circumpolar North A Political and Economic Geography of the Arctic and Sub Arctic Londres Methuen amp Coop rative Ltd 165 278 ARNASON Ragnar et Peter A FRIIS 1994 The Greenland Fisheries Opportunities and Challenges dans Peter A Friis dir The Internationalization P
182. ng pretty much of country food in Greenland We have customers that are willing to buy their animals from the country They are willing I think It s more like a tradition I mean that if you always eat breakfast if you are used to eat bread for breakfast then you eat bread for breakfast I think it s a combination of maybe more Inuit culture Sans n cessairement affirmer que son entreprise produit ou vend en fonction des valeurs culturelles de sa client le ce dirigeant d entreprise exprime clairement que ses produits ont une certaine valeur symbolique li e a la tradition inuite L entreprise de commerce de d tail KNI Pisiffik dans son rapport annuel manifeste aussi un int r t particulier pour les produits locaux groenlandais dont la nourriture traditionnelle fait partie KNI Pisiffik relies on Greenlandic supplies The freezer and refrigirator cabinets bulge with locally produced goods of high quality KNI Pisiffik tir de Lyck 1999 64 Cet extrait ne nous permet pas d affirmer si l entreprise valorise effectivement les produits locaux ou si elle utilise leur aspect symbolique a son avantage afin d attirer la client le D autres entrepreneurs ont aussi fait r f rence la nourriture traditionnelle dans leur discours mais nous n avons pas per u une valorisation significative du caract re extra conomique des ressources exploit es Concernant les strat gies de KNI Pisiffik L
183. nnistes du Danemark implant es au Groenland certains affirment qu il s agit l de la v ritable entr e du Groenland dans le monde moderne Nuttall 1992 19 Les contacts avec 4 Il est int ressant de noter pour la lecture du reste du texte que Christiansen tait directeur du KGH la fin des ann es 1970 o il a prononc plusieurs conf rences traitant de la r volution conomique au Groenland Le texte de ces conf rences et les explications fournies l occasion des d bats annexes ont t rassembl s dans un livre Christiansen 1970 de mani re rendre accessible ce tableau d ensemble une plus vaste audience 114 les Etats Unis et le Canada auraient mis la disposition des Groenlandais davantage de biens de consommation ce qui aurait multipli nouveau les besoins et les aspirations Gad 1984 574 de la m me mani re qu l poque du KGH en quelque sorte Avant la guerre le Groenland tait demeur tr s primitif l utilisation de tracteurs automobiles avions et autres appareils m caniques semblait impensable dans un tel environnement Soudainement le pays tait envahi par des arm es d hommes et de machines qui se mirent construire des a roports des h pitaux et des routes Les Groenlandais la fois bahis et merveill s s initi rent aux biens de la consommation ils se mirent acheter r guli rement des produits am ricains offerts par catalogue L lectricit fi
184. nous avons r alis une analyse de contenu de la litt rature scientifique Par le fait m me l objectif tait de v rifier empiriquement au Groenland notre hypoth se th orique la sociation du lien social par la p n tration du capitalisme soit l un des principaux axes de la th orie w b rienne du changement social 35 La cueillette des documents n cessaires articles ou livres scientifiques s est effectu e en trois principales tapes afin d obtenir un maximum d informations Premi rement nous avons fouill le centre de documentation du GETIC notamment le contenu des revues Etudes Inuit Studies Arctic et Polar Record Dans un deuxi me temps nous avons interrog les banques de donn es Ariane de la biblioth que de l Universit Laval et Arctic and Antartic Regions partir de plusieurs mots cl s li s notre question de recherche Finalement nous avons amass plusieurs autres documents Ilisimatusarfik l universit du Groenland et a Statistics Greenland lors de nos recherches sur le terrain Au total ces d marches nous ont permis de couvrir une partie consid rable de la litt rature anglophone et francophone pertinente En ce qui a trait au traitement et l analyse des donn es toutes nos notes de lectures ont t class es grace a FileMaker Pro selon une grille d analyse ferm e o les cat gories sont d termin es d s le d part par une th orie dont on veut tester les p
185. ns un rapport de l OCDE 1999 83 particuli rement en ce qui a trait aux p cheries La transformation des produits des p cheries La transformation des ressources de la mer serait l activit premi re du secteur manufacturier occupant la majeure partie des activit s de transformation des denr es alimentaires Toutefois 9 de l emploi y seraient rattach s actuellement Danielsen ef al 1998 23 laissant para tre une augmentation de ce secteur ces derni res ann es Outre son poids relatif cette activit rev t toute son importance puisqu elle serait l une des rares activit s cr ant significativement de la valeur ajout e d apr s Poole 1995 22 Une r glementation obligerait certains p cheurs vendre une partie de leurs prises en sol groenlandais des fins de transformation De fait la loi groenlandaise pr voit que dans le cas des bateaux de p che en haute mer un quart des prises doivent tre transform es au Groenland OCDE 1999 81 Statistics Greenland 1999 54 Rasmussen 2000 14 L Etat s efforce ainsi a d velopper une conomie a forte valeur ajout e propri t d une bonne structure industrielle selon Fr chette et V zina 1990 147 L Etat s impliquerait directement au sein de ce champ d activit Il poss de Royal Greenland l un des principaux agents conomiques de ce groupe industriel La presque totalit des infrastructures terrestres des p cheries seraient la p
186. nt l utilisation fut exacerb e par celui ci concourant la sociation la g n ralisation du calcul rationnel et de la mon tarisation de l conomie Weber 1995b 111 112 De fa on irr versible selon Weber ces pierres angulaires de l action capitaliste constituent des outils sensiblement efficaces de rationalisation non seulement sur le plan conomique mais galement social L exemple du don qui dans la communaut traditionnelle tait l une des principales sources de coh sion est tr s clairant quant aux processus de sociation Le don est une communalisation car ce qui importe dans l change don ce n est pas tant l objet que le lien qui circule L change cr e la sociabilit affirme Sahlins 1976 236 Le don inscrit indistinctement chaque personne dans une quation que Mauss a crite ainsi donner recevoir rendre Cette formule ternaire place tour tour le sujet dans la position exclusive de donateur ou de donataire Bloch et Buisson 1991 55 Cette relation inscrit doublement la personne dans le groupe tout d abord en tant que cr ancier puis ensuite en tant que d biteur Cette forme de relation sociale fonctionne donc la r ciprocit Martin paraitre La venue du calcul objectif aurait permis d identifier les contributions de chacun participant a la prise de conscience d une certaine individualit au sein de la communaut voire a sa fragmentation Le don tombe lorsqu il est
187. nt g n ralement que le gouvernement d pense son argent sans r fl chir qu il ne sait pas comment diriger ses entreprises We know that the company is very big but the way they are leading the company is not good in my mind ce sujet deux individus d entreprises diff rentes ont compar l tat groenlandais aux d boires du r gime communiste la Russie It s like Russia here nous dit l un It s kind of a comunism nous dit l autre Le premier fut particuli rement loquent cet gard In the Home Rule companies of course no fantasy and high cost lots of credit cards It s like Russia of course here It s like the same way exactly All the decisions are taken by politicians They are placed in the board of the companies They don t know nothing about running a business not at all Danish civil servants play a big role in the company and they know nothing about business They must learn it in the air plane from Copenhagen to Kangerlussuaq They think they can do everything in companies Of course because every 27 Lyck a galement observ le discours sur la comp tition d loyale de l tat chez d autres p cheurs du secteur priv Many fishers have complained of how the production and sales monopoly held by Royal Greenland Ltd hinders them in running a business based on network and regional needs and opportunities Lyck 1999 51 B renholdt 2000 88 89 a lui aussi not l
188. ntent un apport aux connaissances scientifiques de la recherche groenlandiste mais galement dans le domaine plus large des tudes 137 inuites et circumpolaires Il est souvent mentionn que le Groenland constitue un cas particulier parmi les r gions du Grand Nord Mettre a jour les configurations sociologiques qui lui sont propres c est a la fois comprendre en quoi la soci t groenlandaise se distingue des autres communaut s inuites cet gard des recherches comparatives sur les dimensions socio conomiques des r gions arctiques restent faire Si cette recherche a permis un tant soit peu de savoir o la soci t groenlandaise se dirige par les id ologies qui y sont v hicul es elle peut clairer la prise de d cision quant a son devenir Le futur de cette soci t fait d ailleurs face a de grands d fis Le n o lib ralisme principal outil d un capitalisme exacerb actuellement a d j un pied au Groenland Il a s duit l lite politique il a s duit ses dirigeants d entreprise comme nous l avons vu Or l exemple ou le cas groenlandais parmi les soci t s circumpolaires ne s est pas d marqu pour ses avanc s exclusivement capitalistes Le Groenland s est sans doute distingu par une conomie relativement vigoureuse mais certainement pas inhumaine Ce sont ses aspects sociaux d mocrates qui ont b ti sa r putation Pourtant les valeurs du capitalisme qui n ont plus
189. ntit s ethniques du Groenland cr ant ainsi des in galit s d ordre conomique entre ces groupes d individus La population active est ici d finie comme tant la population totale de 15 ans et plus moins les tudiants les femmes au foyer et les retrait s 44 STRUCTURE INDUSTRIELLE L conomie groenlandaise se caract rise d abord par l ampleur de son secteur tertiaire relativement au reste de l activit conomique Ce secteur repr sentait 60 du PIB au co t des facteurs de la r gion en 1988 tableau 1 L importance relative du secteur tertiaire au sein de la structure industrielle groenlandaise est une caract ristique que l on retrouve dans l ensemble des r gions circumpolaires tout comme pour les soci t s dites d velopp es Rasmussen 1997 9 Quant aux secteurs primaire et secondaire ils se partagent de fa on gale le reste du PIB accaparant chacun 20 de celui ci Une lecture plus approfondie permet de mieux cerner l importance de l exploitation des ressources naturelles l int rieur du secteur primaire De fait environ les trois quarts de l activit conomique de ce secteur seraient attribuables aux p cheries tableau 2 Cette industrie repr senterait la principale activit d exploitation des ressources naturelles locales dont l importance s tend au del du secteur primaire L exploitation des ressources mini res accaparait le reste du secteur primaire en 1988 avec 5
190. ntreprise du secteur gouvernemental ont un discours pr nant plut t le laisser faire la libre concurrence et la non intervention de l tat dans l conomie afin de laisser les lois du march elles seules le soin de faire fonctionner l conomie ils ont des valeurs qui s inscrivent dans le courant de pens e n o lib ral Le d bat concernant le maintien des petites localit s dans la soci t groenlandaise illustre ce conflit entre social d mocratie et n o lib ralisme Au sein m me de l tat les politiques en faveur des petites localit s ne semblent pas compatibles avec les objectifs de rationalisation des d penses tatiques que conna t le Groenland notamment depuis les difficult s conomiques qu il a prouv es la fin des ann es 1980 The good faith intentions to modernize the village communities are thus in conflict with the Home Rule authorities more important endeavors to rationalize the Greenlandic society This is however a sensitive political issue since the improvement of the villages conditions has been one of the Home Rule authorities fundamental political goals Larsen 1992 217 Les managers d entreprises gouvernementales doivent eux aussi conjuguer quotidiennement avec les valeurs contradictoires sociales d mocrates et n o lib rales de l tat C est ce qui expliquerait pourquoi les dirigeants d entreprises gouvernementales sont si volubiles au sujet du Welfare State C est
191. nts la nature des politiques industrielles par rapport celles men es par les Danois 122 La p riode 1950 1979 au Groenland est non seulement marqu e par le renouveau du lib ralisme conomique et du capitalisme d tat mais galement par celui de la social d mocratie qui conna t une mergence remarquable dans la foul e de cette vague intense de modernisation l poque ce vent de social d mocratie s inscrivait au sein des tendances pr sentes au Danemark et dans le reste du monde De fait la suite des deux Guerres mondiales et la crise conomique de 1929 les tats occidentaux avaient l gitim leur interventionnisme aux yeux de la collectivit et c est ainsi que l tat providence s est consolid Le Danemark ne faisait pas exception la r gle ce pays t moigne d une longue tradition sociale d mocrate tr s importante tant au sein de la population qu au sein des gouvernements qui y se sont succ d s Greiffenberg 1999 145 We do not deny that there could be other motives for the plans of modernizing Greenland e g UN resolutions NATO hope for the market opportunities for the Danish industry raw materials etc and we are not saying that the Danes did it out of a bleeding heart What we are saying is that a part of the Danish habitus or fundamental understanding of the world was that social rights were something people simply had And it would not give meaning to denied it Politician
192. nts d entreprise autrement dit leur rationalit De plus nous effectuerons une premi re tape d interpr tation sociologique en classant la rationalit des dirigeants d entreprise par rapport aux notions d action sociale de capitalisme et du lien social communalisation sociation de Weber Il s agit l d un pr alable la seconde tape d interpr tation au chapitre suivant o nous reprendrons cette classification et caract risation des rationalit s afin de les situer dans la gen se des ph nom nes sociaux ayant contribu leur mergence La pr sentation des rationalit s s effectuera en trois temps en citant d une part des extraits d entrevues que nous avons effectu es cris en italique pour les distinguer et d autre part en citant les travaux d autres chercheurs ainsi que certains rapports annuels d entreprise Premi rement le discours des managers du secteur gouvernemental sera pr sent et deuxi mement celui du secteur priv Cette analyse du discours effectu e par cat gories de dirigeants d entreprise nous donnera l occasion de constater que malgr les diff rents contextes dans lesquels ils s inscrivent ces deux groupes d individus adoptent un discours semblable nous verrons qu ils valorisent le d veloppement des activit s conomiques et d plorent les contraintes qu impose l tat groenlandais ce d veloppement Troisi mement nous pr sent
193. nts jusque dans la gestion des entreprises L id e d action rationnelle en valeur appara t fertile sur le plan de notre tude des rationalit s Les types d actions sociales permettent d objectiver la logique d action de l individu de saisir son fonctionnement et la nature du lien social qu elle contribue fa onner En r sum lorsque le r sultat du processus d int gration est une communaut Gemeinschalf le fondement du groupe est un sentiment d appartenance prouv par les participants dont la motivation est soit affective soit traditionnelle Si le processus d int gration d bouche sur une soci t Gesellschalf c est que la motivation des actions sociales est constitu e par des consid rations o les liaisons d int r ts ont abouti un r glement d int r ts Aron 1967 552 La sociation a pour principale caract ristique de lier les int r ts individuels de chacun qu ils soient rationnels en valeur ou en finalit La sociation r v le une soci t atomis e Quant elle la communalisation d signe un lien social tricot serr o la tradition et l motion guident l action de mani re homog ne La sociation est une relation qui permet chacun des 17 acteurs de poursuivre des fins qui lui sont propres tandis que dans la communalisation la fin est commune La relation est fond e sur la diff rence et la compl mentarit tandis que la communalisation es
194. ocieties Facing Global Systems of Innovation Copenhagen New Social Science Monographs 192p JONSSON Ivar 1996 Reflexive Modernisation Organizational Dependency and Global Systems of Embedded Development A Post Colonial View dans Cultural and Social Research in Greenland 95 96 Essays in Honour of Robert Petersen Nuuk Tlisimatusarfik Atuakkiorfik 130 145 JONSSON Ivar 1999 From Home Rule to Independance New Opportunities for a New Generation in Greenland dans Hanne Petersen and Birger Poppel dirs Dependency Autonomy Sustainability in the Arctic Aldershot Brookfield Singapore Sydney Ashgate 149 192 KAHLIG Wolfgang 2000 Intercultural Leadership and Cultural Co management in the Greenlandic Labour Market communication pr sent e dans le cadre de la conf rence Participatory Ownership and Management in Greenland and Other Circumpolar Regions Ilulissat 3 6 novembre 2000 KAHLIG Wolfgang 2000b Management and Co operation in the Greenlandic Labour Market dans J nas Gunnar Allanson et Ingi R nar E var sson dirs Community Viability Rapid Change and Socio Ecological Futures Akureyri University of Akureyri Stefansson Arctic Institute 124 139 KALAALLIT NUNAAT ATLAS 1990 Kalaallit Nunaat Greenland atlas Christian Berthelsen Inger Holbech Mortensen Ebbe Mortensen dirs Pilersuiffik Greenland Home Rule 127p KLEIVAN Helge 1985 Contemporary Greenlanders dans David
195. ocio conomiques des managers Herlau et Tetzschner 1998 ont labor un mod le d analyse des strat gies d entrepreneurs galement Danielsen et al 1998 ont effectu un sondage aupr s de la population propos de l esprit entrepreneurial Ne pouvant lire la litt rature en langue danoise d autres tudes dans cette langue n ont pu tre consult es Kahlig r pertorie dix autres initiatives crites en danois portant sur la gestion des entreprises au Groenland anonyme 1963 Pertersen 1970 1993 Molin 1995 Bakka 1997 Grgnvold 1995 Jonsson 1999a 1999b Kahlig 1999 Nooter 1978 Kahlig 2000b 126 et 137 Cela dit les dimensions sociologiques pouvant expliquer les configurations conomiques sp cifiques au cas groenlandais constituent un sujet d tude peu approfondi QUESTION ET STRATEGIE DE RECHERCHE L ETUDE DE LA RATIONALITE ET DU LIEN SOCIAL CHEZ LES DIRIGEANTS D ENTREPRISE Comprendre pourquoi l exemple du Groenland se d marque des autres r gions circumpolaires est une vaste question qui s aborde de plusieurs fa ons Elle renvoie selon nous une dialectique fondamentale qui constituera le fil conducteur de nos analyses et interpr tations du cas groenlandais les formes de lien social que constituent la tradition et la modernit Notre approche th orique et nos limites m thodologiques identifi es plus loin nous am nent concentrer et limiter notre tude l une des nombreuses d
196. oenland a t relativement explicite sur l urgence de changer la situation manifest par les citoyens du Groenland The national council is convinced that there is sufficient basis to be in favor of comprehensive changes because the wish amongst the population to be financially and culturally at the same level as other nations has become so strong that the national council cannot ignore it Greenland Commission 1950 cit dans Adolphsen et Greiffenberg 1992 125 Parmi les multiples instances charg es de moderniser le Groenland on compte la Commission Royal sur le Groenland 1948 le Conseil national du Groenland vou la coordination et la planification de l intervention tatique incluant son secr tariat sp cial ses nombreuses r unions et la production de quelque 600 documents l Organisation technique groenlandaise garant du secteur de la construction les commissions G50 et G60 responsables de formuler les r formes politiques sociales et conomiques le minist re danois du Groenland et sans oublier le KGH la compagnie d Etat de production de commerce et de distribution Adolphsen et Greiffenberg 1992 127 48 116 administrateurs danois affect s la gestion du Groenland s inscrivaient l poque au sein d une culture moderne sociale d mocrate et capitaliste celle du Danemark et ils ont voulu implanter ce mod le de soci t au Groenland Adolphsen et Greiffenberg 1997 35 Tou
197. oenlandais devant de nouvelles t ches concr tes dans le domaine quotidien et pratique mais il est vident d autre part que l adaptation ces nombreuses t ches nouvelles et ce monde intellectuel nouveau exige une transformation et une volution de l esprit Christiansen 1970 38 Cet esprit est celui du capitalisme capitalisme plut t danois jusqu ce jour mais qui sera graduellement pris en charge par les Groenlandais avec le Home Rule en 1979 sans que soit ralentie sa p n tration dans les mentalit s des insulaires 124 LA PREMI RE DECENNIE DU HOME RULE 1979 1989 CONTINUATION DE LA PENETRATION DU CAPITALISME SOUS LE CONTROLE CROISSANT DES GROENLANDAIS A la suite de la p riode de modernisation acc l r e du Groenland 1950 1979 la cr ation d un gouvernement autonome groenlandais est venue marquer bien des changements dans la structure politique de la r gion mais sa gouvernance effective maintenant officiellement sous la tutelle des Groenlandais s est effectu e sous les m mes principes qu avaient pr alablement tablis les Danois Loin d incarner une rupture avec le pass le Home Rule perp tuera le prolongement des processus de modernisation certains parleront de colonialisme interne Grosso modo il est pensable que le Home Rule soit une appropriation des politiques danoises par un discours nationaliste groenlandais un discours d ind pendance conomique et d autod termination
198. oires de l Arctique et leurs communaut s inuites Creery 1994 126 Lyck 1997 15 Selon Duhaime 1999 7 le Groenland serait un exemple de d veloppement conomique dont les autres r gions circumpolaires pourraient tirer profit cette r gion constituerait l une des rares exporter ses ressources renouvelables de fa on massive et substituer significativement ses importations notamment dans le domaine de l alimentation Sur le plan conomique une publication a vu le jour en 1998 la demande de Sulisa une entreprise gouvernementale vou e au d veloppement de l conomie et de l entreprenariat au Groenland Goals and Strategies in the Development of Greenlandic Trade and Industry Danielsen et al 1998 Il s agit d une tude portant sur les quatre piliers de l conomie d finis dans les politiques conomiques du Home Rule les p cheries l exploitation mini re l industrie 40 touristique ainsi que les autres activit s de production et de commerce locales Les principaux enjeux de d veloppement de ces secteurs y sont explicit s dans une optique lib rale et des changements sont propos s les auteurs sugg rent un retrait de l tat des sph res d activit s o il nuirait la comp tition une privatisation des entreprises d tat ainsi qu une plus grande influence des lois du march dans l conomie Bien que ce document demeure une r f rence incontournable ses analyses ne tienn
199. omade avant leurs contacts avec les Europ ens Pour les besoins de nos analyses nous parlerons de nourriture traditionnelle en faisant r f rence au phoque au caribou a la baleine et au b uf musqu soit les esp ces exploit es par les entreprises que nous avons visit es quoique les Inuit nomades d autrefois se nourrissaient galement d autres esp ces Nous consid rons le mouton comme nourriture traditionnelle car cet animal fut import et domestiqu d s la colonisation du Groenland par les Norses et ensuite par d autres et ce jusqu nos jours de plus le mouton est une dimension importante de la culture du sud groenlandais Wareham 1993 22 L importance culturelle de la nourriture traditionnelle n est plus prouver La litt rature est tr s abondante ce sujet To the Inuit the traditional diet is not only a way of obtainning the necessary nutrients but it is also a social and cultural issue eating traditional food creates a sense of being Inuit and of adhering to the old values Furthermore it is a social act to eat traditional food together comparable to having a cup of coffee at the office or having a beer at the pub in western societies A real Inuk eats and appreciates traditional food and asking Inuit about their food preferences is therefore more than merely a question of taste It may in reality be more or less equivalent to asking whether people are proud of being Inuit Bjerregaard
200. on et la participation des Groenlandais la modernit statuant aneaities tentent lunsiet 133 CONCLUSION G N RALE ee nn nds meta te en nano ten ann 137 BIBLIOGRAPHIE oi ur RE ne nt R A TA ete eee ut E 139 TABLEAUX CARTES ET PHOTOS Tableau 1 PIB par secteurs et branches d activit conomique Groenland 1988 millions couronnes CANO1SES OT arseen eea E ides annee denses Ant traite 47 Tableau 2 PIB par secteurs branches et groupes d activit conomique Groenland 1988 millions couronnes danoises J cceccccssscecsessececsesseceeseececseaseceeseseeeceesseeeenags 48 Carte 1 PIB par r gions Groenland 1988 63 Tableau 3 Population ainsi que les revenus et transferts per capita selon le niveau d urbanisation Groenland en moyenne pour la p riode 1988 1991 couronnes danoises nombres 65 Tableau 4 Exportations Groenland 1993 98 millions couronnes danoises 66 Tableau 5 Importations Groenland 1993 98 millions couronnes danoises 68 Photo 1 Nuuk le plus important centre urbain au Groenland 1999 oo eee eeeeeeneeereeereeeaees 74 Photo 2 Ikerasak l une des petites localit s du Groenland 1999 74 Photo 3 Port industriel de Nuuk Groenland 1999 wou ceeeseeesssssssesssssssssssssesssseeseeeees 75 Photo 4 March local de Sisimiut Groenland 1999 eeceeeeeeseesseesssssesessssssessesesseeeeeeees 75 INTRODUCTION PROBLEMATIQUE DE
201. onduit la sociation ou modernisation du lien social au Groenland Cette lecture de l histoire nous permettra de tester la th orie w b rienne de la sociation du lien social en Occident selon laquelle les acteurs sociaux auraient connu une rationalisation g n rale de leurs comportements par l mergence et l talement du capitalisme Bref les lignes qui suivent constituent une interpr tation sociohistorique des traits modernes capitalistes et n o lib raux des rationalit s tudi es Nous proc derons un examen chronologique de la p n tration du capitalisme et de la modernit dans les mentalit s du Groenland Nous avons d fini quatre p riodes historiques au cours desquelles l arriv e des Danois serait venue soci tiser le lien social selon des modalit s particuli res en premier lieu avec la colonisation danoise typiquement imp rialiste 1721 1950 ensuite avec l tat danois de l apr s guerre 1939 1945 d lib r ment modernisateur 1950 1979 et finalement sous l gide du gouvernement autonome groenlandais 1979 p riode que nous avons subdivis e en deux les dix premi res ann es du Home Rule avec sa groenlandisation du capitalisme et dans les ann es 1990 avec son exacerbation suivant les tendances mondiales du n o lib ralisme globalis La modernisation est un vaste processus dont nous n effleurerons que certaines des facettes Mais elle demeure un ph nom ne sociologique qui s
202. ons aux entreprises r former le syst me de prix uniforme et l abolir dans le secteur du transport maritime amoindrir le monopole des entreprises gouvernementales et privatiser compl tement ces derni res Il s agit en somme des m mes recommandations qui ont t faites par les m mes organisations internationales aux pays d velopp s aux prises avec les d ficits de leur tr sorerie nationale et aux pays du Tiers Monde aux prises avec un sous d veloppement end mique Ces recommandations supposent des changements radicaux au sein des configurations fondamentales de l conomie groenlandaise et supposent une acceptation de la th se selon laquelle le libre march laiss son implacable logique corrigera les rat s en vue de l int r t commun Il est donc clairement sugg r manifestement sans trop de r sistance que le Groenland adopte les postulats de l id ologie n o lib rale un courant de pens e aujourd hui dominant dans toutes les sph res des pratiques sociales L id ologie n o lib rale maintenant dominante depuis une trentaine d ann es s est impos e non seulement dans la pens e conomique mais aussi dans les m dias et dans les discours politiques officiels qui lui sont tr s largement asservis ainsi que dans les programmes de formation des cadres dans le vaste monde de la gestion et des communications et m me dans celui de la recherche Ainsi cette id ologie individuali
203. or Gr nlandsforskning Peqqinnissamut Avatangiisinut Illisimatusarnermullu Naalakkersouisoqarfik BOSERUP Mogens 1963 Economic Policy in Greenland konomisk politik i Gr nland Copenhage Ministeriet for Grgnland 477 503 BOUDON Raymond et Francois BOURRICAUD 1982 Dictionnaire critique de la sociologie Paris Presses universitaires de France 65 1p BOUSQUET Nicole 1998 Dynamique du syst me mondial cadre d analyse du systeme monde concepts et hypoth ses notes du cours Dynamique du capitalisme mondial D partement de sociologie Universit Laval hiver 1998 n p BOUSQUET Nicole 140 1996 Stratification et classes sociales recueil de textes du cours Stratification et classes sociales D partement de sociologie Universit Laval 286p CAULFIELD Richard A 1997 Greenlanders Whales and Whaling Sustainability and Self Determination in the Arctic Hanover University Press of New England Dartmouth College 203p CAULFIELD Richard A 1993 Aboriginal Subsistence Whaling in Greenland The Case of Qeqertarsuaq Municipality in West Greenland Arctic 46 2 144 155 CHANLAT Jean Fran ois 1992 L analyse des organisations un regard sur la production de langue fran aise contemporaine 1950 1990 Cahiers de recherche sociologique n 18 19 93 138 CHRISTIANSEN Hans C 1970 Le Groenland Pays arctique en mutation Copenhagen D partement royal du commerce groenlandais
204. orte etc cela fait d sormais partie de la vie o les d sirs s mancipent du plancher des besoins l mentaires et limit s que fixaient nagu re les usages coutumiers pour se lancer en ascension dans plusieurs directions la fois Simard ef al 1996 157 Ces besoins nouveaux sont accompagn s d une mont e des ambitions dont le capitalisme servira les int r ts car l l vation des attentes s accompagne d une compulsion proportionnelle travailler d arrache pied pour gagner de quoi rattraper ses d sirs pas seulement de confort ou de possessions mais par une sorte d encha nement de r alisation individuelle et de ma trise du destin Simard ef al 1996 157 Cette mancipation de l individu lui permet d exercer un regard critique sur son avenir de d velopper une capacit de r flexivit Ce sympt me typique de la modernit jumel 23 l expansion des possibles ne sera pas sans bouleverser l ordre social traditionnel La modernit tend subvertir le principe m me qui assure la reproduction de l ordre traditionnel des choses la fid lit aux normes de conduites ancestrales Car elle ouvre fatalement l horizon des possibles un univers sans pr c dent de choix entre des sollicitations alternatives plus ou moins compatibles o les l ments de tradition ne comptent que pour des options parmi d autres Simard ef al 1996 113 L expansion des pos
205. ovisionnement transport transformation des produits mise en march n gociations gestion et qualification du personnel fixation des prix client les etc A mesure que l entrevue voluait nous demandions des pr cisions sur tel ou tel fait abord notamment sur les crit res capitalistes de gestion ex gestion rationnelle croissance innovation et investissements financiers dans le but d obtenir des profits sur certains l ments illustrant la rationalit des dirigeants d entreprise valeurs normes id ologie etc ou sur des sujets faisant r f rence des ph nom nes sociaux qui paraissaient influencer leur rationalit l intervention de l tat dans l conomie la concurrence les fluctuations du march mondial la gestion du personnel autochtone la production et la consommation de la nourriture traditionnelle etc Le deuxi me bloc consistait en savoir plus sur la repr sentation qu a l individu de son travail et du r le de son entreprise dans la soci t Nous nous int ressions la perception qu a le gestionnaire de la ressource qu il exploite Nous voulions savoir si la nature du produit exploit avait une importance particuli re pour l entreprise et le dirigeant sur le plan des valeurs par exemple De la sorte nous voulions v rifier si l exploitation des produits locaux comme la nourriture traditionnelle a une signification sp cifique en lien avec les coutumes inuites si par exemp
206. p l poque de concert avec l intensification de l levage ovin effectu e par un pr tre autochtone en 1906 Gad 1984 570 la politique industrielle colonialiste est pass e de la protection de la chasse de subsistance la promotion active des p cheries Caulfield 1997 33 Il faut savoir que durant la p riode allant de la fin du xvm si cle jusqu aux ann es 1920 le Groenland a connu un r chauffement des ses eaux maritimes ce qui a entra n une migration des phoques vers les eaux plus froides du nord ouest riches en planctons Il en a r sult l abandon progressif des activit s de chasse Nuttall 1992 18 Gad 1984 573 D s lors l conomie du Groenland s est tourn e vers une exploitation plus rationnelle des p cheries apr s la Premi re Guerre mondiale favoris e par un climat relativement doux Lyck et Taagholt 1987 58 Par cons quent les chasseurs groenlandais ont t amen s se concentrer sur la p che la morue d abord et plus tard la crevette t che qui demandait essentiellement l utilisation de petits bateaux un seul passager L introduction des bateaux moteur la fin des ann es 1920 facilita ce changement d activit conomique Caulfield 1993 147 Cette situation aurait favoris la transition de l conomie groenlandaise vers une conomie davantage mon taris e compte tenu que les travailleurs pouvaient de plus en plus acheter leurs biens de consommation comme la
207. p n trer les mes car elles y sont d j effritent la solidarit sociale groenlandaise l origine de son SUCC S Les rumeurs de privatisation qui circulent au sujet du Groenland risquent d en bousculer l quilibre conomique Duhaime ef al para tre b Le capitalisme et le n o lib ralisme ne constituent pas simplement les arguments d un discours Ils fa onnent les rationalit s individuelles et collectives les logiques la base m me de l action Expliquer suivant les r gles des sciences sociales de quelle mani re quelques dirigeants d entreprise du Groenland voient le monde selon des crit res capitalistes devient d autant plus urgent lorsque l lite d une soci t tout enti re adopte une telle voie parmi d autres D gager les fondements du lien social qui d coule d une telle rationalit offre le recul n cessaire pour comprendre quel point ce ph nom ne est profond ment ancr dans les fa ons de penser La modernit capitaliste est non seulement quelque chose de complexe que le sociologue veut comprendre mais quelque chose envers laquelle le citoyen doit tre critique 138 BIBLIOGRAPHIE ADDA Jacques 1996 Braudel Wallerstein et le syst me de l conomie monde Alternatives conomiques n 143 d cembre 1996 64 67 ADDA Jacques 1997 La mondialisation de l conomie 1 Gen se Paris La D couverte 124p ADOLPHSEN Jes et Tom GREIFFENBERG 1992 Planni
208. pe de rationalit qui pr vaut chez les dirigeants d entreprise Nous avons obtenu les donn es voulues d s les premi res entrevues Le fait de ne pas poser directement de questions concernant la rationalit des dirigeants d entreprise mais plut t d entretenir une discussion sur leur quotidien et propos des sujets qu ils abordaient eux m mes a favoris un d bit d informations substantiel pour notre question de recherche LE TRAITEMENT ET L ANALYSE DES DONN ES D ENTREVUE Les questions et les r ponses formul es durant les entrevues ont t transcrites mot mot a l aide d un logiciel de traitement de texte Microsoft Word Les transcriptions verbatim d entrevues rassemblent tout le mat riel sans faire aucun tri et permettent une analyse plus fine fid le aux entrevues Savoie Zajc 1998 281 Ensuite ces donn es ont t class es en utilisant FileMaker Pro un logiciel de bases de donn es num ris es fonctionnant sous forme de fichier lectronique Chaque fiche comprend un nombre donn de rubriques dans lesquelles on range diff rents types d informations texte nombres dates photos sons films calculs etc FileMaker Pro permet de trier les fiches selon les diff rentes rubriques et d y effectuer des recherches Au total environ 1 000 fiches contenant essentiellement des notes de lecture citations r sum s etc ainsi qu peu pr s 500 autres fiches constitu es d extraits d
209. plus en d tails ce que sont les coop rants au chapitre 3 91 d entreprise interrog s adoptent leur mani re un discours n o lib ral l id e que le d veloppement conomique est contraint par les interventions de l tat fait consensus dans le discours Ce consensus r v le une valeur commune la tr s grande majorit des dirigeants d entreprise le capitalisme comme objectif comme finalit Mais ces managers n ont ils pas des valeurs autre que d ordre conomique L analyse pr sent e dans la section suivante montre que les valeurs capitalistes dominent la rationalit des dirigeants d entreprise peu importe leur secteur d activit LA DOMINATION DE LA RATIONALITE CAPITALISTE Nous avons vu que les dirigeants d entreprise ont un discours n o lib ral et de fa on g n rale ce discours fut utilis afin de prot ger et promouvoir des int r ts particuliers En un mot le n o lib ralisme tel que se l approprient les dirigeants d entreprise rencontr s est un outil un moyen Derri re tout moyen se cache g n ralement une finalit Jusqu a maintenant nous avons not au passage que le d veloppement conomique constitue cette finalit pour les dirigeants d entreprise mais cette dimension n a pas t suffisamment analys e Cette rationalit a surtout t mise en relief en tant que finalit du discours n o lib ral et non pas pour elle m me Cette section sera uniquement vou e l a
210. plus en plus dominant dans le monde Levasseur 1995 86 D ailleurs tout porte croire que le Groenland n chappe pas ce n o lib ralisme Winther 1999 152 o l tat ne doit pas par son intervention g ner le libre jeu de la concurrence A ce sujet les dirigeants du secteur gouvernemental nous ont explicitement fait savoir que l tat avait l intention de d nationaliser quelques unes de ses entreprises les r centes restructurations des entreprises gouvernementales constitueraient l une des tapes de cette strat gie de privatisation Les travaux de Lyck authentifient ces nouvelles orientations de la politique conomique en prenant l exemple de KNI Pisiffik Since 1995 KNI Pissifik s economic situation has improved and the corporation makes a profit The chief executive Keld Asker would now like to privatize KNI offering it at a listing on the Copenhagen stock exchange He has maid this wish known to the Greenlandic Home Rule which have a positive view of the plan KNI is investigating the possibility of both an expansion to include Denmark and a privatization Lyck 1999 65 26 za 4 at Ser a ar Nous reviendrons plus en d tails sur la mont e du n o lib ralisme groenlandais lors de l interpr tation sociohistorique des origines de ce discours au prochain chapitre 85 En somme les dirigeants d entreprises gouvernementales sont contraints de m nager la ch vre et le chou soit respect
211. prise dans ce champ d activit Elle poss derait la plupart des infrastructures terrestres de la p che Statistics Greenland 1999 54 et serait un acheteur important de mati res premi res des fins de transformation et d exportation Notamment par l interm diaire de cette entreprise l tat constituerait ainsi l agent conomique premier au sein des p cheries groenlandaises Toutefois en ce qui a trait au secteur primaire les plus gros fournisseurs de mati re premi re seraient les p cheurs du secteur priv Statistics Greenland 1999 54 Fishing News International 1999 11 Ce secteur des p cheries repr sente l essentiel de la flotte de petite et de moyenne taille i e des bateaux de moins de 80 tonnes jauge brute Celle ci effectue 75 des ventes aux entreprises de transformation locales Danielsen ef al 1998 53 et constitue le segment des p cheries le plus en expansion ces derni res ann es Rasmussen 2000b Finalement ces acteurs constituent la plus importante part du secteur priv de l ensemble de l conomie Danielsen et al 1998 39 Cependant la majeure partie des activit s des p cheries sont accapar es par la flotte de haute mer compos e de bateaux usines dont les ventes directes l ext rieur du Groenland quivalent au double du total des ventes locales de la flotte groenlandaise Ces activit s sont surtout l apanage de Royal Greenland et Polar Seafood cette derni re tant la p
212. provenance du Danemark que conna t encore le Groenland actuellement Il croyait alors que le Groenland deviendrait ventuellement ind pendant conomiquement la suite de l injection de ces sommes d argent dans l industrie qui selon lui souffrait de trois probl mes manque de capital climat difficile et vuln rabilit face aux fluctuations des prix du march mondial Winther 1988 5 Consid rant ces faits Boserup a r agi comme la plupart des bureaucrates et administrateurs de l tat entre 1930 et 1970 environ qui avaient entrepris de r guler l conomie en maintenant la demande un niveau optimal Il s agissait alors du r gne de l id ologie keyn sienne du nom de l conomiste qui l a popularis e laquelle avait pour objectif de contrer les m faits du capitalisme ou plus pr cis ment les hauts et les bas des cycles conomiques En p riode de r cession il tait n cessaire de subventionner la consommation afin de relancer l conomie Cette politique conomique tr s importante l poque aurait servi d argument afin de l gitimer l accroissement quantitatif du r le de l tat dans la soci t Durant cette p riode pratiquement tous les tats capitalistes s taient pli s cette doctrine le Groenland tait dans le m me bateau En somme quoique l influence de Boserup sur le d veloppement conomique groenlandais est gouvernementale malgr l existence d intentions de privatisation
213. r dictions ou hypoth ses Landry 1998 336 Dans notre cas notre grille d analyse tait constitu e des notions w b riennes d action sociale de communalisation et de sociation a cet gard nous tions particuli rement attentif aux passages traitant du capitalisme comme moteur des dynamiques de modernisation ou sociation des rationalit s individuelles ou collectives Nous avons analys les faits sociaux pertinents en ordre chronologique afin de demeurer fid le la gen se groenlandaise et parce que les diff rentes p riodes historiques du Groenland poss dent des modalit s de modernisation du lien social qui leur sont propres Notre approche sociohistorique ne consistait donc pas refaire l histoire du Groenland mais d en faire une lecture orient e en fonction de notre th orie et de nos donn es empiriques Par cons quent nous n avons pas attribu la m me importance aux faits historiques rep r s dans la litt rature dont certains sont rest s dans l ombre soit parce que nous les avons jug s non pertinents ou soit par manque d information leur sujet Le propre de l approche sociohistorique n est pas d num rer des faits historiques pour eux m mes mais bel et bien pour leur potentiel explicatif en tant que Arctic and Antartique Region est une collection de plusieurs bases de donn es portant sur les r gions polaires Elle contient des p riodiques scientifiques des
214. rationalit instrumentale vient en quelque sorte fixer les normes pratiques selon lesquelles s accomplissent ces valeurs potentiellement contradictoires elle s exprime par les lois dites objectives du march rendement conomique de l efficacit du travail etc Simard 1982 478 Le capitalisme serait l un des modes de r gulation et d int gration les plus importants des soci t s contemporaines Et l emprise de la sph re conomique au c ur de la coh sion sociale r sulterait selon Weber d un processus sociohistorique pr cis La question est de savoir comment en sommes nous venus consid rer le travail et la production comme le centre de notre vie individuelle et sociale M da 1995 28 Selon nous saisir ce processus permettrait galement de comprendre soit le fait que des individus s par s puissent s unir pour former soci t soit le fait qu tant unis les hommes continuent de vivre en communaut Farrugia 1993 17 La sociation op r e par le capitalisme contribuerait expliquer le lieu central o se ssent les liens sociaux L une des portes d entr e privil gi es quant une telle analyse est celle de la rationalit des individus dans notre cas chez les dirigeants d entreprise Comprendre le fonctionnement du capitalisme son influence et ses racines c est la fois saisir le lien social C est comprendre comme le souligne Aron 1967 521 pourquoi
215. rcelle CHABOT et Pierre FRECHETTE 1998 Portrait conomique des m nages inuit du Nunavik en 1995 dans G rard Duhaime dir Les impacts socio economiques de la contamination de la cha ne alimentaire au Nunavik Qu bec G TIC Universit Laval 17 156 DUHAIME G rard Pierre FR CHETTE et Alexandre MORIN para tre D mographie et structure conomique au Groenland compte rendu de la litt rature et des statistiques collection Recherche Qu bec G TIC Universit Laval DUHAIME G rard Alexandre MORIN Heather MYERS et Dominique ST PIERRE paraitre b Inuit Business Canadian Experiences Greenland Challenges soumis la revue IJnussuk dans le cadre du s minaire Participatory Ownership and Management in Greenland and Other Circumpolar Regions Ilulissat DUHAIME G rard Pierre FRECHETTE et V ronique ROBICHAUD 1999 The Economic Structure of the Nunavik Region Canada Changes and Stability collection Recherche Qu bec GETIC Universit Laval 14p DUHAIME G rard 1985 De Vigloo au H L M Les Inuit s dentaires et l tat providence collection Nordicana Qu bec Centre d tudes nordiques Universit Laval 81p DUHAIME G rard 1987 Le pays des Inuit La situation conomique 1983 Qu bec Laboratoire de recherches sociologiques D partement de sociologie de l Universit Laval 518p 142 DUHAIME G rard 1989 Le r gime conomique de l Arctique qu b coi
216. rcice de l arbitraire On voit alors se d sagr ger les identit s collectives synth tiques tant traditionnelles que modernes lesquelles taient en m me temps inscrites dans une culture et des institutions communes La dissolution de ces r alit s communautaires s accompagne alors une prolif ration d identit s dans lesquelles le sentiment d une appartenance et d une solidarit sociales globales vole en clats Freitag 1999 16 17 18 En somme tout comme la p n tration du capitalisme l a fait depuis la colonisation le n o lib ralisme globalis a pour effet de soci tiser davantage les pratiques sociales CONCLUSION SUR L INTERPRETATION DES RATIONALITES L ACCEPTION ET LA PARTICIPATION DES GROENLANDAIS A LA MODERNITE La gen se du Groenland depuis sa colonisation par les Danois r v le plusieurs indices manifestant la transition d une soci t traditionnelle vers une soci t moderne au sein d un vaste processus de sociation Les Groenlandais ont peu peu calqu la soci t du Danemark ses traits capitalistes et sociaux d mocrates ces transformations se sont effectu es d abord de fa on indirecte durant la p riode coloniale et par la suite de fa on d lib r e apr s 1950 Un mouvement de fond constitue le d nominateur commun toutes les p riodes historiques que nous avons explor es l institutionnalisation du changement social c est dire la prise en charge
217. reenland 1997 37 La mise en march de ces produits serait principalement r alis e depuis le Danemark Arnason et Friis 1994 199 Aussi pr s des deux cinqui mes des exportations des p cheries y sont envoy es o elles sont g n ralement transform es nouveau en usine Arnason etFriis 1994 199 Statistics Greenland 1999 130 Ainsi il semble que le caract re mondialis de Royal Greenland favorise l expansion des exportations du Groenland En bref le portrait des exportations renvoie un tat relativement 65 engag ou les ressources naturelles notamment la crevette seraient dominantes Tableau 4 Exportations Groenland 1993 98 millions couronnes danoises 1993 1994 1995 1996 1997 1998 1998 Total 2 030 1811 2081 2141 1938 1 703 100 Produits des p cheries 1 878 1 697 1958 1965 1792 1 589 93 Crevettes 1572 1 357 1516 1560 1255 1 147 67 Morue 113 97 58 57 38 19 1 Fl tan du Groenland 41 48 96 126 135 141 8 frais congel ou sal Filets de poisson s ch s 200 166 248 169 10 Autres esp ces de poisson 130 153 27 31 34 38 Coquilles St Jacques 22 42 36 18 34 45 3 congel es s ch es ou sal es Crabe 15 7 48 30 2 Minerai E z gt Cuir fourrures et peaux 6 10 10 14 19 12 1 Autres biens 146 104 123 162 127 102 6 Source Statistics Greenland 1999 130 Note Exportations visibles seulement i e les biens excluant les services Les filets de poisson s ch s incluent l
218. reprises r gionales notamment les plus importantes nous pouvons conclure que nous sommes en pr sence d une conomie relativement fatis e Ce signe d une pr sence consid rable de l tat au sein de l conomie peut laisser supposer que l ensemble de la vigueur conomique de la r gion repose sur l intervention gouvernementale soit par le biais de subventions ou plus directement par l interm diaire des entreprises gouvernementales Selon un rapport de l OCDE 1999 le gouvernement pongerait parfois de mani re non n gligeable les d ficits des entreprises priv es et gouvernementales Le commerce de gros et de d tail est le dernier groupe industriel accaparant plus de 10 de l activit conomique les autres tant d une moindre importance Suivant ce constat nous pouvons faire l hypoth se que le Groenland poss de un march int rieur significatif notamment par une commercialisation substantielle des produits alimentaires situation constat e par Marquardt et Caulfield 1996 Rasmussen 1998b et Duhaime 1999 Mis part le secteur public et le commerce le reste des activit s de services transport restauration poste et t l communication etc repr senteraient pr s de 25 du PIB confirmant de nouveau le caract re tertiaris de l conomie Nous pourrions supposer que ces activit s conomiques satellites doivent leur existence aux principales branches d activit s r gionales
219. rkers The share of local Greenlandic workers monthly salaried full time employees within the public sector has risen from 56 in 1978 to 71 in 1990 Larsen 1992 216 L quit entre les travailleurs groenlandais et danois fut officiellement proclam e en 1991 Statistics Greenland 1997 82 Gr ce l augmentation du nombre de Groenlandais instruits cette groenlandisation valoris e des emplois continue toujours de s op rer aujourd hui Rasmussen 2000 4 97 En r sum les dirigeants d entreprise semblent rejeter toute responsabilit dans le domaine de la vie publique r duisant d lib r ment leur action l conomique et non au d veloppement J Keller et S Trinh 1994 tir de Alter 1996 150 Toutefois ce capitalisme omnipr sent n occupe pas toute la place quelques valeurs autres que celles d ordre conomique cohabitent premi re vue au sein des discours a tude LE ROLE SECONDAIRE DES VALEURS EXTRA ECONOMIQUES Afin de contre v rifier que le capitalisme est bel et bien dominant les passages d entrevues pr sent s ici illustrent le r le secondaire mais non n gligeable qu occupent les valeurs extra conomiques dans la logique d action des dirigeants d entreprise Par exemple si certains managers ne croient pas au potentiel commercial de la nourriture traditionnelle ainsi qu a son importance culturelle il n en est pas de m me pour ce manager We are selli
220. rner notre poque 1970 vers l exploitation d autres ressources naturelles parmi lesquelles le poisson et la crevette semble offrir une base de production rentable Christiansen 1970 19 Il pr sentait le capitalisme comme une norme incontournable du monde contemporain voire comme le tribut de l volution Christiansen 1970 34 En 1970 on discernait d j les lignes de force de cette nouvelle soci t si diff rente de la soci t traditionnelle communautaire Rouland 1991 144 Cette norme n a pas sembl pargner les Inuit qui l ont en quelque sorte ent rin e comme en t moignent leurs comportements cet apprentissage du capitalisme tait par ailleurs l un des objectifs des r formes en vigueur Puisqu il fallait arriver cr er un syst me capitaliste il tait pr vu d investir du capital financier dans la production afin d attirer les entrepreneurs priv s danois pour qu ensuite les Groenlandais apprennent par imitation les rudiments du capitalisme Adolphsen et Greiffenberg 1997 34 Une transition graduelle devait prendre place it may be said that the Danes by their example and by directly training Greenlanders show the latter that it is possible and how it can be done The private Danish shops may then be seen as a necessary stage on the way from shops run by the state to shops run by private people and under Greenlandic management Boserup 1963 cit d
221. rocess and the Arctic Roskilde Roskilde University Department of Geography and International Development Studies North Atlantic Regional Studies 183 211 ARON Raymond 139 1966 La sociologie allemande contemporaine Paris Presses universitaires de France 147p ARON Raymond 1967 Les tapes de la pens e sociologique Paris Gallimard 659p BAERENHOLDT J rgen Ole 2000 Circumpolar Coping Strategies Embedding Transnational Cooperation in Local Practices in Greenland Etudes Inuit Studies 24 1 79 96 BAUER Michel 1990 Pas de sociologie de l entreprise sans sociologie de ses dirigeants dans Renaud Sainsaulieu dir L entreprise Une affaire de soci t Paris Presses de la Fondation nationale des sciences politiques 148 174 BEAUD Michel 1997 Le basculement du monde De la Terre des hommes et du capitalisme Paris La D couverte 291p BEAUD Michel et Daniel LATOUCHE 1988 L art de la th se comment pr parer et r diger une th se un m moire ou tout autre travail universitaire Montr al Editions Bor al 168p BHERER Harold Sylvie GAGNON et Jacinte ROBERGE 1989 Wampoum et lettres patentes tude exploratoire de l entrepreneuriat autochtone Halifax Qu bec Institut de recherches politiques Presses de l Universit Laval 281p BJERREGAARD Peter et al 1995 Kalaallit Nunaanni inuit peqginerlu Mennesker og sundhed i Gr nland Dansk Institut for Klinisk Epidemiologi Sektion f
222. ropri t de cette entreprise qui d tient 16 usines de transformation dans les centres urbains et 43 autres tablissements au sein des petites localit s Statistics Greenland 1999 54 Parmi ces infrastructures huit d entre elles seraient affect es a la transformation de la crevette Poole 1995 38 Au total Royal Greenland emploie environ 3 000 personnes dont les deux tiers au Groenland Aussi cette entreprise d tient d autres usines de transformation aux quatre coins du monde Statistics Greenland 1997 37 et g n re 57 presque la moiti des exportations des p cheries Arnason et Friis 1994 199 Essentiellement tatis le secteur manufacturier des p cheries occupe une place particuli re relativement au reste de l activit conomique par la valeur ajout e qu il cr e C est pourquoi Arnason et Friis 1994 205 sugg rent un d veloppement accru dans ce domaine mais d plorent l absence de comp tition au sein d un march monopolis par Royal Greenland Autres activit s manufacturi res D autres activit s de transformation des ressources locales prennent place dans les domaines de la chasse et de l levage surtout Trois entreprises dominent ce secteur et constituent des activit s quasi uniques au sein de l Arctique circumpolaire Dans un abattoir gouvernemental situ Narsaq au sud on abat plus de 25 000 animaux par ann e 91 d agneaux le reste tant constitu en ordre d i
223. rs prises aux manufactures des prix subventionn s Tout porte croire que les niveaux de vie sont am lior s par la pr sence de telles entreprises 21 2 ya Z ee Bact oo of f Le concept d Etat providence d signe la prise en charge par Etat des m canismes de s curisation sociale pour pr venir la mis re prot ger les al as de la vie de travail et fournir hors march des biens publics a la population Merrien 1997 7 Nous utiliserons aussi les expressions Welfare State et Etat social pour d signer cette r alit T11 home rule owned limited corporations can provide working conditions which market oriented forms cannot In this way Royal Greenland Ltd Nuka and KNI provide Greenlandic society with an important service it employs people who might not otherwise find employment the publicly owned firms under consideration must weight their losses up in terms of public benefit Lyck 1999 51 Cette intervention tatique aurait d ailleurs t formellement institutionnalis e au sein d un programme gouvernemental au milieu des ann es 1980 In 1985 an ambitious modernization program for the villages was approved by the Home Rule parliament Today as part of this program small industrial plants for fish and meat preparation are being built in several small villages The purpose for building these plants is to create greater income opportunities for hun
224. rtements traditionnels Duhaime 1991a 114 Les configurations actuelles de la soci t groenlandaise semblent correspondre cette coexistence de la tradition et de la modernit D une part les Groenlandais accordent encore une certaine importance aux coutumes de leurs anc tres Entre autres une fraction de Groenlandais habitent de petites localit s loign es et vivent toujours significativement des fruits de la chasse et de la p che Nuttall 1992 24 Danielsen et al 1998 23 activit s qui continuent de rev tir une symbolique traditionnelle Caulfield 1998 tir de Rasmussen 2000 11 Aussi la nourriture traditionnelle soit la nourriture consomm e l poque nomade des Inuit ex phoque baleine caribou demeure valoris e par les Groenlandais Bjerregaard et Young 1998 r de Rasmussen 1998b 10 Par ailleurs le dialecte autochtone est parl par la majorit de la population de culture inuite Dorais 1996 67 Ces exemples parmi d autres illustrent la pr sence contemporaine de fonctionnements sociaux issus de la tradition inuite Mais ce qui attire aussi l attention lorsque l on visite et que l on tudie le Groenland ce sont ses aspects modernes Comme la plupart de ses grandes agglom rations sa capitale Nuuk poss de toutes les caract ristiques d un petit centre urbain nord am ricain avec ses 14 000 habitants ses difices bureaux et leurs fonctionnaires en veston crav
225. s dans G rard Duhaime dir Le d veloppement des Peuples du Nord Actes du premier colloque Qu bec Russie Qu bec GETIC Universit Laval 29 38 DUHAIME G rard 1989b La catastrophe et l Etat Histoire d mographique et changements sociaux dans l Arctique Etudes Inuit Studies 13 1 75 114 DUHAIME G rard 1990 La chasse inuit subventionn e tradition et modernit Recherches sociographiques 21 1 45 62 DUHAIME G rard 1991a Le pluriel de l Arctique Travail salari et rapports sociaux en zone p riph rique Sociologie et soci t s 23 2 113 128 DUHAIME G rard 1991b Revenu personnel destin collectif La structure du revenu des Inuit de l Arctique du Qu bec 1953 1983 Canadian Ethnic Studies 32 1 21 39 DUHAIME G rard 1991c Contraintes conomiques l autonomie Une matrice de comptabilit sociale du Nunavik Canada Revue canadienne des sciences r gionales Canadian Journal of Regional Sciences 14 1 93 112 DUHAIME G rard 1993 La gouverne du Nunavik Qui paie quoi collection Travaux de recherche n 16 Qu bec GETIC Universit Laval 28p DUHAIME G rard 1999 Enjeux arctiques pour la politique trang re canadienne Les tendances circumpolaires Le toit du monde Actualit s nordiques 1 1 4 7 DURKHEIM mile 1960 De la division du travail social Paris Presses universitaires de France 416p 1893 ENRIQUEZ Eug ne 1990
226. s Aussi certains disent avoir du mal trouver une main d uvre qualifi e dans le domaine de la gestion tant donn les hauts salaires vers s par l tat qui attireraient les meilleurs candidats notamment les jeunes Inuit instruits It is difficult especially to get Greenlandic people into this because they can get higher salaries more credit cards in the Home Rule companies We are thinking of getting a partner outside Greenland who can give us the managing expertise because we don t think we can find it in Greenland They pay high salary in Royal Greenland A young Greenlander educated back from Denmark to Greenland can get a high salary Because there are few of them that s the market There are few educated Greenlanders and they are paid high Ainsi le secteur priv affirme ne pas avoir les m mes possibilit s d essor conomique que son concurrent gouvernemental Il est clair pour la majorit des tenants de ce discours que l conomie groenlandaise se divise en deux ligues celle des gros acteurs essentiellement accapar e par l tat et celle des petits associ e au secteur priv Faisant r f rence une transaction donn e la remarque suivante illustre bien la perception qu ont les managers du secteur priv de ces deux mondes diff rents Yes but I don t think it s just the same to them It s so a little part of their business It s a billion Danish Crowns company Ce partage in quita
227. s ann es 1920 la volont de l tat danois de faire du Groenland un pays capitaliste normal dans les ann es 1950 1960 et 1970 ainsi que la continuation et l intensification du capitalisme avec le Home Rule notamment avec la nouvelle vague de n o lib ralisme depuis les ann es 1990 ont fait de l conomie groenlandaise une conomie actuellement domin e par l esprit capitaliste L ensemble de ce d veloppement historique expliquerait pourquoi nos constatations empiriques montrent cette domination du capitalisme chez les dirigeants d entreprise Au Groenland c est aussi la mont e du calcul rationnel la g n ralisation de la mon tarisation de l conomie et l arriv e du salariat qui ont accompagn ce m me capitalisme et qui ont contribu la sociation des rapports sociaux Ces ph nom nes ont fait entrer l individualisme dans les m urs des Groenlandais car largent finit par d partager les conditions de vie quotidienne consommation possessions c dule de travail loisirs vacances etc et par l les orientations culturelles individualisation attitude face au travail l accumulation l pargne la propri t ambitions avenues d accomplissement personnel etc Simard ef al 1996 152 Bref la course au profit et son appropriation sp cifique des moyens mat riels et humains ont t au c ur des processus de sociation du Groenland qui s est historiquement vu emport
228. s de course sur la ligne de d part qui n attendent que la lev e de la barri re pour courir apr s le li vre qui sans cette protection serait d j d vor tout rond Pour ces dirigeants la lev e de ces contraintes est un imp ratif de mani re laisser libre cours l accumulation de profits Pour un capitaliste la rentabilit constitue le principal crit re permettant de juger si telle ou telle intention vaut la peine d tre mise en pratique Selon les dirigeants d entreprises gouvernementales les plus endurcis le Welfare State n est pas rentable et devient du coup ill gitime leurs yeux Ils croient que le temps des vaches grasses est r volu que la soci t n a plus les moyens de se payer des entreprises sociales d mocrates But in my opinion time is running from that Now it s crazy No I don t think in the long run the country can afford this That s more my concern Right now we have a situation where it s absolutely possible to make a profit from what you are producing in Greenland as long as we stick to profitable production Ce discours nous rappelle la remise en question et le d clin des Etats providence de la majorit des pays occidentaux au d but des ann es 1980 et le rejaillissement du mode de pens e lib rale d avant les Trente glorieuses un ph nom ne qui fut rebaptis n o lib ralisme et qui constitue aujourd hui un courant de pens e de
229. s et de les vendre d un seul coup son entreprise plut t que d en vendre un seul au march local m me si le prix l unit y est plus attrayant De la m me mani re un autre petit entrepreneur a lui aussi d but ses activit s parce qu un potentiel commercial apparaissait l horizon When we started here there was a lack of nom de l esp ce animal meat there was not enough of it So we started that time because they needed more meat La majorit des dirigeants de petites Il serait d ailleurs vrai que les Groenlandais valorisent l achat de nourriture traditionnelle mais que les consommateurs ne seraient pas pr ts payer le prix apparemment plus lev de ces denr es Greenland is not one mine market but many isolated micro markets While the awarness of buy local products is present the Buy Greenlandic mentality is not very prominent neither among private consumers nor professional buyers The majority of private consumers finds that products produced in Greenland are as good or better than those which are imported But they are seen as being more expensive and the consumers are not willing to pay an excess price for a Greenlandic product Danielsen et al 1998 122 Toutefois paradoxalement les Groenlandais ont manifest une acceptation plus g n ralis e d un mode de vie plus groenlandais ph nom ne aussi observ chez les marchands de d tail qui d
230. s of ethnicity and nationality Their access to Danish European discourse on nationality impacted their own discourse Langgard 1998 103 Le contact des deux cultures en pr sence aurait donn lieu a une nouvelle pouss e de modernisation des rapports sociaux au Groenland Langgard 1998 99 103 a observ cette mutation du lien social dans le contenu d Atuagagdliutit lien social qui pouse simultan ment les formes de la communalisation et de la sociation Greenlandic culture is an hybrid of its Inuit and Danish roots the latter including Christian morality and Danish socio political ideas it is possible to consider these texts Atuagagdliutit as part of the evolution of a modern Greenlandic identity which integrates Inuit and Scandinavian elements La formation d une identit propre ainsi que l int gration politique des Inuit aux processus de d cisions constitueront les piliers de la mont e autonomiste groenlandaise Tremblay et Forest 1993 53 Par la suite la gen se du Groenland de la premi re moiti du xx si cle se caract rise galement par la continuation du processus de modernisation notamment sur le plan conomique C est alors que sont apparues les premi res possibilit s d exploitation industrielle 112 des p cheries un contexte favorable l expansion du capitalisme Outre certains changements politiques et culturels non n gligeables la sph re conomique bougeait beaucou
231. s or administrators denying it would eitheir be considered nuts to be marginalized or fired To undertake the modernisation programme was not something the Danes did out of discretion but out of Danish duty because the Greenlanders also had social rights That people had social rights is then a part of what we here have termed the Social Democratic element in the Danish fundamental understanding of the world and societies Greiffenberg 1999 147 Bref il semble que cette mentalit sociale d mocrate tait l une des principales composantes du plan de modernisation du Groenland partir des ann es 1950 Winther 1988 4 Jonsson 1995 149 L id ologie sociale d mocrate ainsi que celle du capitalisme n o lib ral ont donc constitu deux des principaux fondements normatifs de l acc l ration de la modernisation groenlandaise engendr e par l tat au d but de la deuxi me moiti du xx si cle Les conflits de valeurs entre les dirigeants d entreprises gouvernementales capitalisme n o lib ral et l tat social d mocratie entre autres trouvent une part de leurs origines au sein des rapports sociaux survenus lors de cette p riode Il en est de m me pour les frustrations du secteur priv envers le capitalisme d tat lequel a connu un essor consid rable durant ces ann es Tous ces bouleversements ont fait entrer les Groenlandais dans le moule de la soci t moderne capitaliste soci t de consommation indu
232. s sold or exchange by means of their money value either on a local market or between people but not registered by the formal authorities such as the taxation authorities Rasmussen 1998b Rasmussen 1998b 15 En ce qui a trait au cas groenlandais la production marchande informelle est constitu e en partie des sommes re ues de la vente de la r colte aux march s locaux et d autres transactions effectu es en dehors de ces lieux Les march s locaux Kalaaliminerniarfik se retrouvent dans la plupart des localit s sous forme de comptoirs couverts de ventes o tous peuvent vendre le fruit de leur chasse et p che Ces infrastructures sont maintenues par les gouvernements locaux municipalities avec lesquels l association des chasseurs et p cheurs KNAPK n gocie et fixe le prix des transactions Marquardt et Caulfield 1996 113 Caulfield 1993 148 Rasmussen 1998b 17 estime qu environ 10 de la r colte des individus est vendue au sein de ces march s ph nom ne quasi absent au Nunavik par exemple Actuellement le secteur informel contribuerait substantiellement aux revenus des individus mais cette contribution ne serait importante que dans les petites et moyennes localit s Rasmussen 1997b 75 Rasmussen 1998 64 Il g n rerait entre un dixi me et un tiers des revenus individuels incluant les transactions informelles marchande et non marchande d pendamment du niveau d urbanisation donn a lit
233. se we wanted all non profit things seperated because it s too complicated for us Ce manager n est pas le seul qualifier les intentions sociales d mocrates de l tat de nuisances aux activit s d une entreprise l tat providence constitue pour lui une barri re l expansion du capitalisme Le discours de certains dirigeants privil gie nettement la profitabilit conomique au d triment des consid rations socialistes que l on compare en quelque sorte des enfantillages ne repr sentant que des embarras When you have a business like this everybody annoy with what is happening in this settlement or that settlement or why there are no people employed So you get a grant from the government and actually what I found out was that this was 2 of the turnover and 90 of the problems And that s actually the truth I can feel now that 83 we have actually improved our production If I can only lower the cost for 1 you know that s a lot of money here If people are spending 90 of their time solving problems about buying nom de l animal in some place somewhere down in the southern part of Greenland discussing how to cut it into small pieces and dry it out and sell it away and what they would do then we don t get enough out of our production Ce discours consid re le capitalisme comme un absolu incompatible avec la social d mocratie Plus encore comm
234. senterait un revenu suppl mentaire g n ralement combin au salariat Nuttall 1994 20 Statistics Greenland 1997 38 LycketTaagholt 1987 58 Et si la p n tration du capitalisme a souvent comme effet de d structurer et de d valoriser ce type de production Freeman 1997 Cannon 1995 la production informelle groenlandaise serait malgr son d veloppement industriel relativement important l une des plus prolifiques au Nord Duhaime et Godmaire 2000 12 LE SECTEUR SECONDAIRE Le Groenland serait l une des rares r gions circumpolaires uvrant significativement au sein du secteur manufacturier avec la c te alaskienne Rasmussen 1997 9 Au Groenland plus de la moiti des activit s manufacturi res seraient attribuables la transformation des produits alimentaires particuli rement ceux de la p che tableau 2 Du reste elles consisteraient en diverses formes de production telles que les industries du textile du papier de la m tallurgie de la venaison du b tail etc Certaines de ces industries seraient qualifiables d activit s satellites fournisseurs de biens et services n cessaires la production d industries de taille comme l administration publique la construction et les p cheries Toutefois les op rations manufacturi res n occuperaient qu peu pr s 14 du secteur secondaire la construction accaparerait le reste Les donn es du PIB de 1988 semblent sous estimer l
235. should buy this company that is out for sale or if we should force it out off the market in this little city because we had to have some conscience We care about our heads We can t just wipe everything out because we have the government and the political opinion Otherwise they ask us to act like if we are private Ce gestionnaire sous entend que les valeurs sociales d mocrates v hicul es par opinion publique et l tat constituent des normes qui balisent et dictent le comportement des entreprises gouvernementales Voici un autre exemple o cette pression exerc e par l opinion publique s est manifest e travers les m dias d information We have just bought a company in nom de la ville that is up in the north and they have ask us to buy for six months or so and they ve been trying to sell it to other people but in the end we saw some incompatibilities about it and next week you have in the newspaper Why is nom de l entreprise buying everything So it s a little bit difficult because the local markets are so small that it s very easy to become dominant in one little market Les dirigeants de l entreprise concern s ont sembl prendre l avis de la population au 84 s rieux signe d une influence significative sur la gestion de leur entreprise La mani re revendicatrice et contestataire qu ont les dirigeants d entreprise de traiter des contraintes tatiques nous font penser a des chien
236. sibles du capitalisme tend ainsi faire d p rir la m canique de la communalisation MARCH ET COMP TITION Le capitalisme soci tise le lien social en vertu du caract re comp titif qu il impute l activit conomique Le march lieu d panouissement du capitalisme devient le lieu de la r gulation sociale Ce ph nom ne n est pas sans cons quence sur la communalisation En effet la participation un march prend une forme diff rente Elle cr e entre les partenaires isol s une sociation et une relation sociale avant tout une concurrence entre ceux qui cherchent faire un change car ils sont oblig s d orienter mutuellement leur comportement les uns par rapport aux autres Weber 1995a 82 Pour Weber la comp tition tend instituer la sociation organis e de mani re rationnelle Weber 1995b 55 et par l l affaiblissement du lien communautaire C est chacun pour soi c est la main invisible illustr e par Smith Rosanvallon 1989 46 47 o le march constitue une loi r gulatrice du social sans l gislateur La loi de la valeur r gle les rapports d change entre les marchandises et les rapports entre les personnes qui sont compris comme des rapports entre marchandises sans aucune intervention ext rieure comme le faisait jadis la tradition ou la religion Comme le soulignait Rosanvallon 1989 32 33 le march est le mode de repr sentation de la soci t qui permet
237. soci es cette division ainsi que les activit s conomiques du Groenland et de leur place au sein de la structure industrielle Il est galement question de la structure g ographique de cette conomie tant sur le plan r gional 10 qu international Nous avons mis en relief ces configurations conomiques via une revue de la litt rature et une analyse des donn es chiffr es disponibles donn es d mographiques et produit int rieur brut Le quatri me chapitre constitue d une part une description des discours avec des citations d entrevues l appui afin de mettre en lumi re les valeurs des dirigeants d entreprise D autre part ce chapitre contient une premi re phase d interpr tation sociologique des rationalit s o celles ci sont identifi es et class es selon les concepts d action sociale de communalisation et de sociation de Weber Les discours portent sur l intervention de l tat dans l conomie respectivement chez les dirigeants d entreprise du secteur gouvernemental et priv Finalement les caract ristiques capitalistes de la rationalit des dirigeants d entreprise sont analys es Ce chapitre dresse un portrait w b rien des rationalit s observ es Le cinqui me chapitre comprend la deuxi me et derni re phase d interpr tation par une analyse sociohistorique des origines des rationalit s en question Nous y pr sentons les grandes tapes de la modernisation ou
238. soci tiser le lien social a connu une pouss e ph nom nale entre la Deuxi me Guerre mondiale et la cr ation du Home Rule LA P RIODE DE MODERNISATION ACC L R E 1950 1979 IMPLANTATION DU CAPITALISME MASSIVE SYST MATIQUE ET D LIB R E 46 M me si la fin du monopole du KGH s est effectu e officiellement et formellement lors du Trade Act de 1950 officieusement il est reconnu dans la litt rature que cela n a pas t le cas au contraire cinquante ans apr s les entreprises gouvernementales groenlandaises poss dent toujours le monopole au sein de tous les secteurs majeurs de l conomie Danielsen et al 1998 13 115 Pour certains le Groenland n est devenu moderne qu a partir de 1950 Adolphsen et Greiffenberg 1992 125 nous dirons plut t que la modernisation bien entam e avec la colonisation prend effectivement un nouvel lan qui aura pour caract ristique d tre l uvre d lib r e de l tat danois par l interm diaire d une s rie d interventions dans la soci t groenlandaise La premi re intervention tatique officielle la suite de la Deuxi me Guerre mondiale est l tablissement de la Commission Royale sur le Groenland en 1948 afin d tudier la question de la colonie et dont le rapport met en relief la forte volont de la population groenlandaise d obtenir un niveau de vie quivalent aux standards occidentaux de civilisation Peu de temps apr s la p riode colonia
239. sociation du Groenland et du r le du capitalisme dans ce processus Nous d butons par l entr e de la modernit durant la p riode coloniale puis avec l tat danois moderne pendant les ann es 1950 1960 et 1970 pendant la premi re d cennie du Home Rule et au cours des ann es 1990 jusqu nos jours Les rationalit s l tude y trouvent leurs provenances sociohistoriques Cette tude vise un apport la fois empirique et th orique Sur le plan empirique nous avons comptabilis des donn es qualitatives in dites sur les discours valeurs et rationalit s des dirigeants d entreprise groenlandais Dans la recherche groenlandiste les valeurs contemporaines ou modernes sont sous tudi es au profit des valeurs traditionnelles des Inuit de l poque nomade Grgnlands Hjemmestyre 1998 45 Tobiassen dans Petersen amp Janussen 1998 188 tir s de Petersen 2000 En outre malgr quelques initiatives les managers groenlandais ne sont pas beaucoup tudi s Kahlig 2000b 126 Aussi la litt rature de langue fran aise portant sur les aspects sociologiques et conomiques du Groenland est quasi inexistante Du c t th orique la mise l preuve au Groenland de la th orie du changement social de Weber apportera un regard nouveau la communaut scientifique Mieux saisir le cas groenlandais permettra de comprendre 11 le d veloppement des autres soci t s circumpolaires au sein de futures tudes compara
240. stante et l esprit du capitalisme Paris Plon 321p WEBER Max 1965 Essais sur la th orie de la science Paris Plon 537p WEBER Max 1995a Economie et soci t 1 Les cat gories de la sociologie Paris Plon 410p 1971 WEBER Max 1995b Economie et soci t 2 L organisation et les puissances de la soci t dans leur 1971 rapport avec l conomie Paris Plon 424p 156
241. ste lib rale pragmatiste est aussi devenue une id ologie de masse voire une sorte de culture de masse Freitag 1999 Ce n o lib ralisme comme nous l avons observ chez les dirigeants d entreprise constitue le moyen discursif de justification des activit s capitalistes Cette logique qui a t sem e dans la plupart des r gions de la Terre dans le cadre du vaste mouvement g n ral de globalisation des derni res d cennies a pour objectif de d samorcer toute forme d opposition extra conomique au capitalisme la volont syst matique d abolir tous les obstacles politiques et institutionnels qui S opposent encore l autonomie souveraine d un nouvel ordre conomique Pour ce faire il est recommand de soustraire cet espace la juridiction des Etats de telle mani re que la logique du profit qui l anime puisse se d ployer partout dans le monde sans entraves ni fronti res cette logique mercantile veut d gager son champ d action de toutes les contraintes normatives qui lui seraient trang res et dans lesquelles s exprimeraient d autres exigences d autres finalit s et d autres id aux collectifs que ce qui d coule directement de son mode op ratoire propre Voila la logique de la globalisation Freitag 1999 9 La globalisation du n o lib ralisme capitaliste n a pas pargn le Groenland qui vit lui aussi les tensions entre la social d mocratie des Etats providence et
242. storique groenlandais ne sera pr sent qu au dernier chapitre soit lors de l interpr tation de nos analyses empiriques Les concepts de la th orie w b rienne du changement social action sociale communalisation sociation capitalisme et rationalisation permettront en premier lieu de caract riser les rationalit s des dirigeants d entreprise chapitre 4 et en deuxi me lieu d orienter l interpr tation 37 sociohistorique de ces rationalit s chapitre 5 historiens et sociologues ont consid rer les concepts comme des moyens de la connaissance donc les construire en les formulant avec pr cision et ne pas les confondre avec la r alit historique ou sociale ces concepts ne constituent ni ne copient la r alit empirique mais il permettent de l ordonner par la pens e d une mani re valable Weber 1965 tir de Fritsch 1996 74 Notre interpr tation sociohistorique s est av r e f conde dans la mesure o la litt rature analys e a permis de comprendre l ensemble des dimensions l tude Nous avons pu mettre en relief les origines des rationalit s constat es ainsi que l influence du capitalisme dans les processus de modernisation du lien social groenlandais Gr ce notre approche sociohistorique nous avons t en mesure la fois de r pondre nos hypoth ses empirique et th orique signe de la validit de notre m t
243. strielle ouverte sur le monde individualiste d mocrate rationnelle etc 123 Vingt ans apr s les plans tatiques de modernisation acc l r e le directeur du KGH constate que le fonctionnement des pratiques sociales a chang que la sociation prend le dessus sur la communalisation Le Groenland d autrefois n existe plus Le romantisme s est envol un nouveau Groenland est en train de na tre Le temps en marche apporte dans tous les domaines de l existence groenlandaise de grandes choses qui ne manquent pas d envahir la vie de tous les Groenlandais Le monde nouveau de la technique ne va pas sans une nouvelle attitude int rieure qu on ne peut faire sienne sans faire de sacrifice L existence immuable ternellement semblable hors du temps du chasseur se trouve remplac e presque d un seul coup par le monde industriel de l Occident tourn vers l avant sans cesse renouvel toujours mouvant dans la d pendance continuelle du march mondial et du monde ext rieur Ces disparit s importantes du mode de vie de la disposition intellectuelle et de l attitude personnelle devant les v nements journaliers marquent galement bien des gards le d veloppement du Groenland Christiansen 1970 57 Dans ce nouveau monde le Groenlandais s est int gr en t moignant d une grande facult d adaptation et en participant abondamment son panouissement Ce d veloppement place d une part le Gr
244. t Weber tir de Colliot Th l ne 1990 81 82 Si l on s en tient aux pratiques conomiques le capitalisme constitue l action rationnelle en finalit la plus pure pour Weber il ne fait pas de doute que l id altype de l action rationnelle en finalit et conomique ainsi que les conditions de cette action sont des rationalit s formelles dans le sens de la rentabilit capitaliste Schippling 1988 cit dans Spurk 1998 89 Une pr pond rance d actions rationnelles en finalit et d actions capitalistes par le fait m me constitue un indice que nous sommes en pr sence d une sociation C est entre autres pour cette raison que nous avons utilis le concept w b rien de capitalisme Il permet de positionner la rationalit du dirigeant d entreprise par rapport aux formes de lien social qui pr valent c est a dire qu elle s apparente soit la communalisation ou la sociation Quand l individu agit de mani re rationnelle en valeur il le fait par la croyance consciente qu une fa on de se comporter d termin e poss de purement en tant que tel et 16 ind pendamment du r sultat une valeur intrins que et inconditionnelle valeur qui peut tre thique esth tique religieuse ou quoi que ce soit d autre I subordonne son agir a des valeurs dot es pour lui d un caract re absolu sans les avoir confront es d autres possibles et sans prendre en compte no
245. t certes une tradition au Groenland mais pour ce p cheur il s agit davantage d une marchandise payante De surcro t ce p cheur va jusqu critiquer les m thodes traditionnelles de p che au nom d une meilleure rentabilit The fishermen here they are used to fish for cod and by saying traditionally I maybe criticize not directly criticize but I am one of the persons who try to move perspective on how to use the cod by saying that maybe we can find other ways of preparing the cod so that we can get more higher prices for the cod and things like that But it seems that the fishermen are very conservatives De la sorte la tradition comme toute autre valeur extra conomique n est pas valoris e au sein de la rationalit capitaliste des dirigeants d entreprise sans n cessairement tre vacu e du discours Au lieu d tre consid r es pour leur importance symbolique ces valeurs sont appropri es a des fins capitalistes ou critiqu es parce que n fastes au capitalisme Nous avons d ailleurs observ une critique de la tradition encore plus radicale Dans le prochain extrait ce dirigeant d entreprise blame la tradition en nous faisant part des probl mes qu il conna t cause de l absent isme accrue de ses travailleurs autochtones I think people have another way of looking at life than other people in the western world It s getting better but I mean it s still a big proble
246. t comme Hans Egede en 1721 suivant leurs propres valeurs l objectif des Danois comprenait trois principales dimensions The intentions were to make Greenland 1 a modern society 2 function on normal capitalistic principles and 3 function as a welfare state without allergic reactions to state interventions or initiatives and with a reasonable amount of equality both within Greenland and between Denmark proper and Greenland Adolphsen et Greiffenberg 1997 27 28 Cette section entend d montrer le premier objectif modernit par l examen des deux autres capitalisme et social d mocratie Nous verrons ainsi les racines dont avons parl auparavant du discours capitaliste pr sent dans la soci t groenlandaise actuelle et chez certains de ses dirigeants d entreprise Mais galement cette p riode est teint e des premiers balbutiements significatifs du n o lib ralisme et de la social d mocratie dont nous avons aussi observ les l ments discursifs au sein de nos entrevues C est suivant l id e que le Groenland devait maintenant constituer un pays capitaliste normal que les administrateurs danois des ann es 1950 ont remis sur la sc ne publique la notion de lib ralisme conomique la reprise de ce discours ayant ensuite t consacr e par l appellation n o lib ralisme Il faut se rappeler que l expansion du secteur priv durant la p riode coloniale mais surtout avant le XX si cle a
247. t fond e sur la similitude Martin a paraitre Dor navant nous utiliserons les expressions soci t traditionnelle et soci t moderne comme des synonymes des concepts communalisation et sociation La modernisation des soci t s fera ainsi r f rence a un processus de sociation du lien social au d triment de la communalisation La typologie communalisation sociation et les types d actions sociales constituent des id altypes selon la terminologie de Weber Cette notion renvoie 4 une construction intellectuelle une utopie que l on obtient par la pens e des l ments d termin s de la r alit mais dont on ne rencontre jamais d quivalent dans l empirie dont la raison d tre est de permettre l tude des individualit s historiques Raynaud 1987 49 En clair l id altype est la caricature d un ph nom ne que l on risque de retrouver des degr s variables mais jamais parfaitement dans diff rents contextes historiques partir des principaux traits d un ph nom ne consid r id altypique nous pouvons valuer dans quelle mesure une r alit empirique s en approche ou s en loigne Dans notre cas ces id altypes de sociation et de communalisation nous ont donn l occasion de voir en quoi la rationalit des dirigeants d entreprise s apparentait a des actions motionnelles traditionnelles ou rationnelles en valeur o
248. t son apparition dans plusieurs villages et en 1942 le premier poste de radio fut install Godthab Schumann 1977 38 cit dans Tremblay et Forest 1993 54 Cette ouverture sur le reste du monde et ses aspects modernisant ont fait en sorte que le Groenland ne pouvait plus rester uniquement un endroit militaire strat gique et demeurer au sein d une relation quelque peu mercantile avec le Danemark Gad 1984 574 Aussi les critiques l endroit de l administration danoise auraient favoris l abandon du monopole tatique du KGH du moins en th orie et une prise de conscience que le bien tre des Groenlandais tait plus que jamais la responsabilit du Danemark Adolphsen et Greiffenberg 1997 35 Apr s la guerre les Danois reprennent contact avec un Groenland chang Le Danemark s est vu contraint de modifier sa politique car la colonie avait go t l ind pendance Plusieurs administrateurs de l le se rendaient maintenant compte de leur capacit se gouverner eux m mes Tremblay et Forest 1993 55 utiliser leur capacit r flexive Saisir que les valeurs les normes et la rationalit capitalistes qui taient d j pr sentes chez le colonisateur comme en ont t moign les comportements du KGH permet de comprendre l origine sociohistorique des discours actuels des dirigeants d entreprise Cette perc e du capitalisme et de sa philosophie n tait qu ses d buts sa capacit de
249. te It s very obvious because we import a lot of milk and eggs All milk and eggs in Greenland 99 are imported so we can see some possibilities there Pour lui le fait d encourager la production locale est en m me temps une occasion de faire des affaires De la m me mani re chez un autre manager l importance de la nourriture traditionnelle ne se traduit pas en importance symbolique mais bel et bien en importance conomique It s very popular people buy it If we didn t have the Greenlandic food I think we would loose a lot of consumers Ici la nourriture traditionnelle ne symbolise pas une valeur collective li e a des centaines d ann es de vie nomade inuite Elle repr sente plut t une marchandise quelconque laquelle on associe une client le Comme l illustre aussi le commentaire de ce p cheur son compte questionn sur les raisons qui l ont pouss p cher la morue les valeurs traditionnelles semblent se m langer aux valeurs capitalistes Maybe it s mostly traditional and it s the most expensive of all the fish Because today you can catch more cod even if the prices are lower than other fish then you can catch more cod than other fish So when you sell it to the factory you can get more money on cod Son discours renvoie en premier lieu la tradition mais rapidement cette valeur non conomique se fait d loger par des consid rations capitalistes p cher la morue es
250. termes de laboratoire ou par r f rence la morale d un groupe Fran ois Perroux tir de Morin 1999 26 Nous avons galement observ que la morale du groupe ou contexte culturel dans laquelle s ins re l entreprise ne fait pas de diff rence pour son dirigeant La o il produit et qui il vend n a qu une importance minime comparativement la rentabilit que doit atteindre l entreprise Par exemple un dirigeant d entreprise nous a expliqu qu il transige de la m me mani re avec un petit producteur priv impliqu dans la transformation de nourriture traditionnelle qu avec une grande entreprise gouvernementale There is no difference in the attitude that we like to present this optic because we like to buy some products at the lowest price of course and that we know can be sold That s kind of the whole idea about retailing and if it s government owned or if it s privately owned it doesn t really matter to us En r sum cet entrepreneur indique que la r gle qui pr vaut est celle du business as usual les affaires d abord peu importe les circonstances De m me un autre manager nous a dit recruter des travailleurs groenlandais non pas pour engager une main d ceuvre sp cifiquement autochtone ou locale mais parce que de cette fa on il obtient des employ s qui travaillent plus longtemps dans l entreprise contrairement aux Danois qui ne viennent que pour environ deux ans Po
251. ters and fishermen as well as to establish additional work places especially for the female population Larsen 1992 217 A titre d exemple ces entreprises permettent aux individus d Illoggortoormiut une petite communaut loign e moins de 600 habitants d obtenir des emplois r mun r s et de payer sensiblement les m mes prix que paient les gens du centre urbain Ilulissat plus de 4 000 habitants pour la majeure partie de leur consommation Ce nivellement du co t de la vie effectu par l tat laisse croire que ces entreprises ne viseraient pas n cessairement accumuler des profits mais seraient vou es la diminution des in galit s sociales C est en ce sens pr cis que nous parlerons de ces entreprises sous l appellation entreprises sociales d mocrates faisant r f rence l une des modalit s d intervention de l tat social groenlandais visant tablir une soci t plus galitaire notamment en aidant les individus moins bien nantis Mais le Home Rule n a pas que des entreprises sociales d mocrates Royal Greenland et KNI Pisiffik dont nous avons parl dans le troisi me chapitre constituent respectivement les versions capitalistes de Nuka et KNI Pilersuisog dans la mesure o elles uvrent dans les m mes 2 Illogqgortoormiut est situ dans l est groenlandais une r gion peu peupl e o l oc an est couvert de glace durant une partie importante de l ann e Iluliss
252. tic Problem Proceedings from the Nordic Arctic Research Forum Symposium 1992 Copenhagen Copenhagen Business School Institute of Economics 33 47 POOLE Graham 1990 Fisheries Policy and Economic Development in Greenland in the 1980s Polar Record 26 157 109 118 POOLE Graham 1995 The Development of Greenland s Shrimp Fishing and Processing Industry since 1979 A Study in Applied Economics Cambridge University of Cambridge Scott Polar Research Institute Faculty of Earth Sciences and Geography 281p POPPEL Birger 1996 World of Statistics Statistics Greenland and the Statistics on Greenland communication pr sent e au Ph D Network 1996 Narsaq n p POPPEL Birger 1997 Greenland s Road to Recovery and the Pattern of Settlement North The Nordic Journal of Regional Development and Territorial Policy 8 2 11 18 152 POPPEL Birger 1998 Economic Conditions and Migration in Greenland a Preliminary Study on Migration to and from Greenlandic Settlements 1988 1995 dans Tom Greiffenberg dir Development in the Arctic Proceedings from a Symposium in Slettestrand Denmark 9 11 January 1998 Copenhagen Danish Polar Center Publication n 5 64 66 RASMUSSEN Hans Erik 1992 Reindeer Management in Greenland Cultural and Economic Problems dans Lise Lyck dir Nordic Arctic Research on Contemporary Arctic Problem Proceedings from the Nordic Arctic Research Forum Symposium 1992
253. tics Greenland sont recueillies la source de fa on quasi exhaustive elles constituent des donn es de population et non pas seulement d chantillon Elles concernent respectivement toute la population tous les agents conomiques tous les employ s etc Ainsi ces donn es ont permis de mesurer les r alit s pertinentes cette tude Les statistiques descriptives rendent les informations chiffr es plus intelligibles Fox 1999 7 dans notre cas elles nous ont donn l occasion de saisir efficacement la structure d mographique et conomique 28 du Groenland ENTREVUES SEMI DIRIGEES Dans le but de recueillir les donn es qualitatives n cessaires l analyse de la rationalit des dirigeants d entreprise nous avons men des entrevues aupr s de ces derniers lors d une deuxi me recherche sur le terrain au Groenland l automne 1999 ELABORATION ET DESCRIPTION DE L CHANTILLON En premier lieu nous avons s lectionn les dirigeants d entreprise afin d avoir un ventail repr sentatif des secteurs d activit s de l industrie alimentaire groenlandaise savoir les secteurs priv coop ratif et gouvernemental de m me que primaire secondaire et tertiaire Pour ce faire nous avons consult la litt rature relative l conomie r gionale ainsi qu un registre exhaustif des entreprises Greenland Resources 1999 La d signation des r pondants s est donc op r e par choix raisonn
254. tion graduelle des rapports sociaux au Groenland Plus qu une aventure autofinanc e la colonisation s est mise au service du mercantilisme avec le d but des postes de traite et la cr ation vers 1774 du KGH la Traite Royale Groenlandaise entreprise d tat monopolisant le commerce Dorais 1996 14 Le KGH visait organiser la chasse la baleine grande chelle afin de fournir en huile moteur les trains du Danemark Gad 1984 564 L tat danois a alors cr une structure organisationnelle marchande relativement importante et complexe et les activit s se sont tendues la vente d autres produits de la chasse pendant que le commerce des produits europ ens ex caf sucre etc s est beaucoup d velopp en 1860 il y aurait eu plus de soixante stations de commerce sur le territoire Marquardt et Caulfield 1996 109 Contrairement aux Europ ens les Groenlandais de la p riode pr coloniale n taient pas capitalistes Selon Gad 1984 558 mis part certains objets utiles leur survie couteaux lits etc les besoins des Groenlandais taient rapidement satisfaits et ils utilisaient souvent les biens chang s avec les Europ ens comme d corations plut t que pour leur utilit intrins que Mais peu peu le commerce des biens de consommation a cr de nouveaux besoins qui ne pouvaient tre satisfaits que par un approvisionnement ext rieur par les colons Pour Weber cette mancipation des
255. tion de la p n tration du capitalisme entre autres via une politique industrielle de renforcement des p cheries J nsson 1995 146 1996 139 Rasmussen 1997 16 Les objectifs du Home Rule durant cette p riode taient d augmenter la flotte marine de p che d am liorer les processus de transformation des produits de la mer de doubler la capacit d exploitation de cette industrie d velopper les p ches sur les c tes et diversifier les produits exploit s et d assurer l augmentation des emplois dans ce secteur Danielsen et al 1998 127 45 Poole 1990 110 Les Groenlandais ont poursuivi le projet conomique initi par les Danois favorisant les m mes transformations sociologiques de ces changements sociation des rapports sociaux par le capitalisme expansion des possibles mont e de l int r t individuel etc Par exemple l un des indicateurs sociaux de cette perp tuation de la modernisation groenlandaise avec le Home Rule est l individualisme manifest par les membres de certaines coop ratives de production de nourriture locale lesquelles ont d pour la plupart fermer leurs portes dans les ann es 1980 Les tentatives d implantation de coop ratives cette poque ont chou entre autres car l id ologie de la coop rative o l int r t collectif doit primer sur celui des individus membres n a pas r sist l attrait des b n fices individuels Winther 1988 tir de Petersen 2000
256. tion made in the official statistics between those born in Greenland and those born elsewhere can be somewhat misleading if taken as a guide to ethnicity or identity Poole 1995 3 Les individus n s l ext rieur du Groenland seraient pour la plupart d origine danoise Statistics Greenland 1999 37 et viendraient surtout au Groenland pour y travailler 89 d entre eux auraient plus de 15 ans principalement des hommes Ils migreraient en territoire groenlandais titre de travailleur en transit plus de la moiti de ceux ci y resteraient moins de cinq ans Statistics Greenland 1999 37 et g n ralement pour une dur e de moins de deux ans Poole 1995 3 Les p cheries et l administration publique deux piliers importants de l conomie attireraient une part significative de ces personnes Rasmussen 1998 60 Ainsi ces individus correspondent a plusieurs gards au coop rant observ par Duhaime au Nunavik Le coop rant est tabli dans l Arctique pour une dur e d termin e Il a un contrat qui peut tre renouvel et il n est pas rare qu il prolonge son s jour Ses alliances sa parent et son milieu sont ailleurs il a peu de contacts avec les Inuit en dehors de son travail Il est embauch principalement dans les administrations mais certaines entreprises font appel de mani re privil gi e ce type d employ s Il peut avoir deux motifs principaux pour travailler dans l Arctique qui ne s ex
257. tives 12 CHAPITRE 1 CAPITALISME ET MUTATIONS DU LIEN SOCIAL CHEZ WEBER Ce chapitre pr sente les outils th oriques de notre examen de la rationalit des dirigeants d entreprise Ceux ci sont emprunt s la sociologie de Max Weber Cette fa on d entrevoir la soci t nous permet d claircir les dimensions fondamentales de notre objet d analyse Nous avons pu caract riser la nature des rationalit s observ es selon diff rents types d actions sociales lesquels s apparentent aux formes de lien social que sont la tradition et la modernit soit la communalisation et la sociation dans la terminologie de Weber En outre la th se w b rienne du changement social savoir la modernisation des soci t s o le capitalisme joue un r le d importance a servi de grille d interpr tation de l origine des rationalit s L ACTION SOCIALE Max Weber sociologue allemand 1864 1920 avait une approche consistant comprendre par interpr tation les actions orient es significativement Weber 1995a 33 En ce sens son unit d analyse est l action sociale c est dire toute conduite laquelle Vindividu lie une signification Aron 1966 119 Dans cette optique le comportement d une personne est r gul par le sens qu elle lui accorde Les individus agissent selon leurs croyances leurs convictions leurs pr f rences leurs motivations et ce dans toutes les sph res
258. tle more than 30 of the incomes in the small settlements in Greenland are stemming from the informal and subsistence sector while the percentage is closer to 12 in the large settlements In the mid size settlements with between 500 and 1 000 inhabitants the average value of informal and subsistence activities is around 25 which is very close to the average level found by Chabot 1998 in Nunavik Rasmussen 1998b 17 Il est valu qu entre 52 et 71 de la viande en termes de poids de la r colte totale des individus serait vendue a des entreprises ce qui correspondrait entre 45 et 53 de sa valeur mon taire selon Lyster 1997a 14 Le reste constitue la part vendue donn e chang e ou autoconsomm e au sein des r seaux informels marchands ou non 14 Nous faisons r f rence aux dix huit sous r gions administratives du Groenland Chacune d elles poss de son propre gouvernement municipal lequel voit l administration des petites localit s de son territoire voir carte 1 Le statut des municipalities est comparable celui des municipalit s r gionales de comt MRC du Qu bec Pour la suite nous utiliserons l appellation gouvernements locaux pour d signer ces municipalities 54 Sur le plan r gional d apr s les calculs de Lyck selon certaines sources de donn es il appara t que l quivalent de 20 du revenu national brut disponible proviendrait de ce secteur Cette auteure ajout
259. tra d en penser le radical d senchantement LE CAPITALISME COMME NORME DOMINANTE DE LA RATIONALIT Pour Weber le processus de sociation de la sph re conomique est si bien avanc que le capitalisme est aujourd hui une norme incontournable Une entreprise capitaliste individuelle qui ne serait pas anim e par la recherche de la rentabilit serait condamn e dispara tre Weber 1964 15 Cette recherche de haut rendement cet espoir de profit l int rieur des possibilit s de l change est alors un imp ratif la survie d une entreprise Dans la soci t capitaliste occidentale on trouve m me un syst me de normes l gitimant le droit d orienter l usage du capital que le monde du haut en bas de la stratification sociale 24 299 est oblig de respecter Si cette obligation n existait pas nous aurions affaire une autre soci t et si les ma tres et les sujets r pondaient de leurs actes devant deux structures normatives enti rement diff rentes on ne parlerait pas d ordre tabli Ces normes sont terriblement complexes parfois contradictoires ex la valeur loi du march et la valeur d mocratie mais en tr s gros on pourrait dire qu elles se ram nent ce qu on d signe par libert individuelle et ce que Max Weber appelait la rationalit des moyens par rapport un but rebaptis instrumentale par Karl Mannheim La
260. treprise influence leur discours et qu ils aient tendance pr senter une image consensuelle de leur entreprise P pin 1994 27 Pour certains dirigeants d entreprise l important n est pas de cr er une image de la v ritable nature de l organisation mais une image qui permet d atteindre l efficacit et la performance P pin 1994 28 D autres craignent l espionnage industriel ainsi que les inspecteurs de l tat faisant en sorte que certaines informations resteront secr tes Cela nous am ne r fl chir au probl me de l cart entre le discours et la pratique le sociologue doit d coder les id ologies qui se cachent derri re les discours des acteurs ainsi que les pratiques souvent masqu es ou d form es sous ses repr sentations Maurice 1990 318 Par ailleurs notre corpus de donn es qualitatives nous provient uniquement du discours de la perception et des connaissances d un nombre donn de dirigeants d entreprise En aucun cas il serait justifi de g n raliser nos conclusions un ensemble plus vaste d individus sans proc der d autres analyses partir d autres donn es empiriques Nos analyses et interpr tations ne s appliquent qu notre chantillon INTERPR TATION SOCIOHISTORIQUE Afin de comprendre la gen se des ph nom nes sociaux ayant contribu l mergence des rationalit s observ es nous avons adopt une approche sociohistorique Dans cette optique
261. trie serait reconnue comme l un des futurs leviers conomiques Meibom 1997 53 Wareham 1993 22 D ailleurs au d but des ann es 1990 le Home Rule s est engag a favoriser le tourisme et a fond la compagnie d tat Greenland Tourism En 1997 les subventions accord es cette industrie quivalaient 225 000 Dkk par employ temps plein 2 000 Dkk touristes Danielsen et al 1998 10 soit environ trois fois la valeur du revenu 61 imposable disponible per capita De cette fa on l intervention tatique modifierait les configurations de l conomie favorisant d lib r ment cette industrie STRUCTURE GEOGRAPHIQUE DE L ECONOMIE LA REGION Le Groenland se divise en cing r gions g ographiques si l on tient compte des activit s conomiques qui y dominent le sud o l levage du mouton la chasse et la p che seraient relativement importants la c te sud ouest Open Sea District o la crevette serait exploit e durant toute l ann e la Disco Bay l ouest dans laquelle l exploitation de la crevette s effectuerait durant environ 7 8 mois par ann e le nord ouest caract ris par la pr dominance de la p che du fl tan et la chasse l est o seule la chasse serait significative Friis 1997 85 La litt rature met en relief une autre division g o conomique d apr s la dichotomie r gion de chasse et r gion de p che Certains auteurs voient la cause
262. ttre l preuve ces analyses par rapport a la gen se de la structure sociale groenlandaise A cet gard nous avons v rifi empiriquement la th orie w b rienne du changement social c est a dire de la transition des soci t s domin es par la communalisation vers des soci t s domin es par la sociation qui pour Weber a entre autres pour moteur le capitalisme En d autres termes le passage du Groenland d une soci t traditionnelle une soci t moderne fut interpr t sous l angle d une modernisation des pratiques sociales model e par la p n tration du capitalisme Le deuxi me chapitre pr sente les outils m thodologiques et les d marches qui nous ont permis de r pondre notre question de recherche Nous avons proc d 1 par une analyse de statistiques descriptives afin de d crire le contexte surtout socio conomique des dirigeants d entreprise rencontr s 2 des entrevues semi dirig es afin de cerner les rationalit s de ces derniers et finalement 3 une revue de la litt rature scientifique dans le but d interpr ter les origines sociohistoriques des rationalit s Le troisi me chapitre pr sente les structures d mographique et conomique du Groenland Apr s avoir bri vement d crit l organisation politique et l histoire de la r gion ce chapitre pr sente les grandes caract ristiques de la population son niveau d urbanisation sa division ethnique et les in galit s de revenus as
263. u secteur priv adoptent un discours anti tatique selon eux le gouvernement cr e une comp tition d loyale au secteur priv l avantage de ses propres entreprises UNE DISTRIBUTION DU CAPITAL FINANCIER IN QUITABLE D apr s les dirigeants du secteur priv les compagnies gouvernementales b n ficieraient injustement de plus de capital financier n cessaire au d roulement des op rations et l expansion des entreprises Par exemple ils racontent que les entreprises gouvernementales peuvent avec cet argent accro tre plus ais ment leur part de march dans d autres localit s en achetant des commerces concurrents Pour certains entrepreneurs priv s leur capacit d effectuer ce type de transactions semble inversement proportionnelle celle du secteur gouvernemental The government will not sell separate stores They take it all and sell it all in one time and we can t do that Ceci est confirm par les dirigeants d une des entreprises gouvernementales 86 We have a lot of capital in comparison to other companies in Greenland which means we could go out and buy most of the companies in most of the cities Par ailleurs les managers du secteur priv trouvent difficile d assumer les prix parfois lev s de la mati re premi re comme l achat de poisson des fins de transformation ce qui ne serait pas le cas des grandes entreprises gouvernementales pr sum es plus riche
264. u de naissance Groenland 1993 98 Comptabilit nationale PIB calcul selon la m thode des revenus et autres agr gats de comptabilit nationale Groenland 1981 1996 millions couronnes danoises PIB par secteurs et branches d activit conomique Groenland 1988 millions couronnes danoises PIB par secteurs branches et groupes d activit conomique Groenland 1988 millions couronnes danoises Commerce international Exportations Groenland 1993 98 millions couronnes danoises Importations Groenland 1993 98 millions couronnes danoises Balance commerciale Groenland 1987 1998 millions couronnes danoises March du travail Emploi par secteurs et branches d activit conomique Groenland 1996 source Danielsen et al 1998 Certains de ces indicateurs m ritent d tre d finis avec plus de pr cision Les donn es d mographiques ont permis de cerner le niveau d urbanisation de la population la division ethnique entre autochtones et allochtones ainsi que les in galit s de revenus observables entre Le G TIC est le Groupe d tudes inuites et circumpolaires o sont regroup s aujourd hui l essentiel des chercheurs nordiques en sciences humaines et en sciences sociales de l Universit Laval Comme l indique son nom le G TIC s int resse la fois la recherche sur les Inuit dont Laval est un chef de file depuis une trentaine d ann es mais aussi l tud
265. u en finalit et des formes de lien social communautaire et soci taire Les fronti res entre ces cat gories sociales sont floues et perm ables La grande majorit des relations sociales ont en partie le caract re d une communalisation en partie celui d une sociation N importe quelle relation sociale si rationnelle en finalit soit elle et si froidement e t elle t institu e et d termin e quant son but une client le par exemple peut faire na tre des valeurs sentimentales qui d passent la fin tablie par libre volont Weber 1995a 79 Les typologies du lien social et de l action sociale ont amen Weber appr hender de fa on singuli re le changement social qu ont connu les soci t s lors de leur entr e graduelle dans la modernit Il en a d couvert l un des lieux centraux la rationalisation des soci t s par le capitalisme moderne LE CHANGEMENT SOCIAL SOCIATION DU LIEN SOCIAL PAR LE CAPITALISME 18 Les grands penseurs de la dichotomie tradition modernit ont g n ralement tudi la transition des soci t s de la premi re cat gorie vers la deuxi me Chacun d eux ont identifi leur mani re le moteur de ces changements Durkheim parle de la division du travail tandis que T nnies met l accent sur l apparition des marchands Dans Economie et soci t Weber 1995 met en relief le passage d une forme de coh sion sociale de type communautaire un type soci taire Ce c
266. u principal actionnaire des soci t s d tat mais celles ci sont dor navant incorpor es c est dire fond es en soci t par actions Martens 1992 198 affirme que ce mouvement de privatisation se justifie du fait qu il favoriserait l am lioration des comportements conomiques des techniques de comptabilit le d veloppement d une certaine ind pendance de l conomie l gard du politique et l av nement de capitaux trangers au Groenland Le gouvernement aurait mis en vigueur le Landsting Act on Competition en 1993 lequel ferait la promotion de la comp tition et de l efficacit au sein de la production des biens et services des entreprises du Groenland Statistics Greenland 1999 45 12 Bref une structure industrielle mono productive dont la gestion tend a se lib raliser mais dont l omnipr sence de l tat qui la caract rise laisse plut t croire un r el capitalisme d tat Capitalisme d tat qui aurait donn lieu au ph nom ne de centralisation d mographique et conomique que nous connaissons cr ant du coup un certain nombre d in galit s sociales et g o conomiques travers la r gion Le Groenland serait aussi caract ris par une d pendance particuli re face l importation aux variations du climat et du march mondial ainsi qu envers l intervention tatique En d pit de cette d pendance la r gion groenlandaise se d marque des autres zones circumpolair
267. uch to support all things produced in Greenland The more you sell of that stuff the less we import the thing Par contre lorsque nous avons interrog cet individu propos de ce qu il pense de la commercialisation des produits locaux qu il effectue il s est montr moins enthousiaste a l id e de participer activement la substitution des importations We would like to sell Greenlandic stuff We know people like it up here but it can be rather expensive Il nous a alors expliqu que les consommateurs pr f raient acheter la nourriture traditionnelle dans les march s locaux et que par cons quent ces produits repr sentaient un march moins lucratif d o sa r ticence encourager davantage la production locale Donc des valeurs extra conomiques tel que l identit groenlandaise ou la substitution des importations semblent influencer la rationalit de certains dirigeants d entreprise mais dans la mesure o ces valeurs n empi tent pas sur les imp ratifs plus importants du capitalisme Les valeurs non conomiques observables au sein des discours ne s av rent pas clairement valoris es par les dirigeants d entreprise ou effectivement appliqu es dans leur comportement En fait nous avons remarqu que ces valeurs sont g n ralement jumel es aux valeurs capitalistes ce sujet ce petit entrepreneur valorise la substitution des importations mais elle est soumise la rationalit capitalis
268. ue gouvernementaux Aussi une coop rative du domaine des p cheries aurait voulu traiter directement avec des acheteurs de produits de la mer sans passer par Royal Greenland comme elle le faisant auparavant D s lors Royal Greenland aurait baiss ses prix de vente un niveau inatteignable 88 par la concurrence When we went to the buyers directly then Royal Greenland lowered the prices so that we were not able to sell what we were producing for the price that we needed because the government owns Royal Greenland and Royal Greenland do always like that They can always afford to lower the prices with the money of the people And that s what is sounding very contradictory a kind of contradiction La contradiction dont parle ce p cheur rappelle celle que nous avons observ e entre les valeurs sociales d mocrates de l tat providence et les valeurs capitalistes des dirigeants d entreprises gouvernementales D apr s cet individu l argent des contribuables the money of the people devrait servir leur panouissement et non pas a leur an antissement ce serait la comp titivit accrue de Royal Greenland qui aurait forc cette coop rative fermer ses portes La f roce comp tition des compagnies gouvernementales inflig e au secteur priv serait un ph nom ne souvent soulign au sein du discours des p cheurs selon Lyck 1999 51 et constituerait l une des causes du d clin
269. uestion de recherche qui adopte tel ou tel discours quelles sont les id ologies pr ch es dans quelle mesure se rapproche t on d une rationalit capitaliste Notre pr sentation des donn es d entrevue s est op r e de fa on ce que aucune entreprise puisse tre identifi e Par cons quent il a souvent t impossible de traiter des activit s et de la localisation des entreprises pour ne pas qu on les reconnaisse Nous avons pr sent les discours des dirigeants d entreprise du secteur priv d une part et du secteur gouvernemental d autre part c est dire regroup s afin d assurer la confidentialit promise aux r pondants Aussi nous avons int gr ces analyses une premi re tape d interpr tation sociologique de la rationalit des dirigeants d entreprise en les classant par rapport aux notions w b riennes d action sociale de capitalisme et de lien social communalisation sociation Bref au terme de cette analyse de contenu nous avons t en mesure d exposer et d illustrer les discours I tude ainsi que les types de rationalit s qui en d coulent DISCUSSION EPISTEMOLOGIQUE SUR LA METHODE DES ENTREVUES Parce qu il s agissait d tudier la rationalit des acteurs sociaux nous avons fait appel aux m thodes qualitatives l instar de plusieurs chercheurs qui s attardent aux dynamiques sociales du point de vue des acteurs notamment dans le domaine
270. urs se situent au c ur des significations et rationalit s individuelles nous les analyserons ce titre c est dire en tant qu indicateurs de la rationalit des individus Nous nous int resserons la fa on dont sont structur es ces valeurs d finies comme des pr f rences accord es des personnes des actions des id es etc Akoun et Ansart 1999 559 Or la rationalit ici entendue comme logique d action ou mentalit ne se r duit pas un syst me de valeurs elle ne se r duit pas une id ologie La rationalit se d finit comme la mani re dont est organis e la pens e incluant les valeurs et les id ologies Par exemple des valeurs peuvent s inscrire au sein de rationalit s tant t traditionnelles tant t modernes Les premi res valoriseront tout ce qui concerne les habitudes ancestrales et le bien tre de la collectivit alors que les autres s inscriront dans un sch me de pens e plus individualiste Nous analyserons les valeurs des dirigeants d entreprise car les dispositions selon lesquelles elles sont utilis es permettent de mesurer la rationalit des individus et elles se rep rent de plusieurs fa ons dans la r alit Entre autres la rationalit et les valeurs peuvent s observer au sein des discours des acteurs sociaux le discours soit un ensemble de valeurs transpos es en paroles constitue notre laboratoire d analyse de la rationalit C est par le biais d entrevues sem
271. urtant l embauche de Groenlandais au sein des entreprises est une valeur importante au 96 Groenland valeur qui fut l objet de l une des premi res lois tablies par le Home Rule L int r t de ce dirigeant d entreprise est manifestement ailleurs loin de toutes consid rations nationalistes It s the same everywhere It s not just for the sake of the Greenlandic people but also for our sake to make more profit Le profit est la t te des priorit s Plus encore les ventes n ont pas de sens si elles ne sont pas suffisamment importantes pour g n rer des surplus Ce manager la t te de l une des grandes entreprises gouvernementales exprime clairement cette id e I mean they are just looking at the turnover but I m looking at the profit it s much more interesting Egalement dans une grande entreprise cette fois ci priv e le profit est un imp ratif voire une r gle absolue pour toute entreprise Any company has to make money to develop It s the same in Greenland If you don t develop you ll die in some years Les dires de ce dirigeant d entreprise illustrent les propos de Max Weber qui affirmait qu une entreprise capitaliste individuelle qui ne serait pas anim e par la recherche de la rentabilit serait condamn e dispara tre Weber 1964 15 L id e de profit est aussi pr conis e chez ce petit entrepreneur priv What we want to change is to ra
272. vait t limit e par le monopole tatique Caulfield 1997 34 Gad 1984 573 Boserup 1963 Le d bat sur les r les respectifs des secteurs priv et gouvernemental date de plus d un si cle au Groenland Boserup 1963 487 et remonte encore plus loin au sein de la M re patrie La forme de l conomie groenlandaise et sa gestion taient en contradiction violente avec la lib ralisation conomique de l poque laquelle le Danemark s tait d j converti longtemps avant Angleterre Maint politicien lib ral s est s rement irrit alors comme cela arrive aujourd hui de ressentir l obligation de ne pouvoir mener une politique conomique lib ral au Groenland o l individualisme lib ral doit n cessairement et largement prendre en consid ration les int r ts g n raux de la communaut Christiansen 1970 28 Les frustrations que nous avons observ es chez les dirigeants d entreprise du secteur priv concernant la comp tition d loyale de l tat ainsi que le discours n o lib ral des managers des entreprises gouvernementales constituent des ph nom nes qui ne datent pas d hier Concr tement le rapport de la Commission Royale sur le Groenland 1950 avait rapport que les avantages du monopole tatique taient moindres c t des m faits de l isolation et la 117 stagnation du Groenland qu ils avaient caus s Suites ces conclusions le monopole a t aboli en 1950
273. value pattern Nielsen 1999 Le syst me de valeurs moderne s est donc int gr suffisamment pour les dirigeants d entreprise rencontr s repr sentant un groupe d individu dont le lien social s apparente davantage la sociation qu la communalisation Les dirigeants d entreprise qui uvrent au Groenland ne peuvent pas faire abstraction de son substrat sociohistorique une gen se dont les 135 composantes mettent en relief l origine du discours n o lib ral capitaliste dominant aujourd hui 136 CONCLUSION GENERALE Notre analyse du discours des dirigeants d entreprise rencontr s r v le une rationalit capitaliste inscrite au sein d une id ologie n o lib rale Ces individus d montrent une logique d action r fl chie orient e vers un id al l organisation rationnelle du travail en vue d accumuler des profits Ainsi les consid rations qui ne participent pas l atteinte de la rentabilit conomique sont cart es des processus d cisionnels De cette fa on le maintien des petites localit s groenlandaises l uniformisation des prix la consommation ainsi que la promotion du caract re traditionnel de la nourriture locale constituent des exemples d l ments d valoris s Ces valeurs sont plut t associ es la social d mocratie et la tradition inuite et per ues comme des obstacles au d veloppement capitaliste L tat du Groenland est accus d apr s les m mes crit res
274. veurs de moutons et 1 leveur de rennes Ils gagnent leur vie gr ce la vente de la 12 Pour une description compl te des enjeux actuels de l exploitation mini re groenlandaise voir Mineral resources chap 5 dans Danielsen et al 1998 72 97 51 viande de leur b tail soit directement au consommateur ou l abattoir gouvernemental Negi de Narsaq Les d buts de cette activit remonte 1770 avec les colons Norses mais l levage que l on conna t aujourd hui date du d but du xx si cle Wareham 1993 22 L levage est aujourd hui un l ment incontournable de l conomie et de la culture groenlandaise m ridionale M me si l levage serait apparemment faible du point de vue quantitatif il demeurerait significatif pour une partie de la population au sud ouest notamment in brief it is apparent that sheep farming while remaining an important means of livelihood for a small numbers of Greenlanders cannot be developed to an extent to which it could contribute significantly to Greenland s national economy Wareham 1993 22 Autrement dit ce type d activit serait non n gligeable au sein de sa branche d activit mais n est pas comparable a une industrie de taille comme les p cheries But it is also quite clear how the development of agriculture sheep farming as developed into a quite important activity with a value in 1996 of more than half of the total value of commer
275. yck affirme que cette entreprise tente de manipuler les valeurs de sa client le notamment en offrant des produits dits de luxe tel que le vin et des v tements sophistiqu s designer clothes Dans cet ordre d id es elle ajoute Pisiffik do not only attempts to respond to customers wishes but it also want to form them Lyck 1999 63 98 Cependant l identit groenlandaise le sentiment d appartenance cette r gion repr sente une autre valeur extra conomique a laquelle certains dirigeants d entreprise semblent donner de l importance du moins priori Ce petit entrepreneur d montre une certaine fiert identitaire li e ses activit s conomiques We should be happy about what the land can give us We should be proud that we can produce something out of our country Nous avons galement discern cette identit r gionale lorsque les dirigeants d entreprise ont fait r f rence au ph nom ne de la substitution des importations c est dire le fait de limiter l achat de produits provenant de l ext rieur afin de stimuler la production du pays We have to make products that are made in the country Because we are importing all the products from other countries like meat from ox and all that We have enough customers we have enough buyers for our own products Cet autre manager accorde aussi une importance la substitution des importations We like very m

Rationalité et lien social chez les dirigeants d`entreprise du Groenland

Contents

Download Pdf Manuals

Related Search

Related Contents

Rationalit&eacute; et lien social chez les dirigeants d`entreprise du Groenland

Contents

Download Pdf Manuals

Related Search

Related Contents

Rationalité et lien social chez les dirigeants d`entreprise du Groenland