Génétique d`un reenactment, chez jan Fabre
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1. je veux rester en vie Bien des amis sont l Qui me viendra en aide pr sentent peut tre la traduction sc nique la plus pr cise qu on puisse faire d un voyage aux enfers Dumond 1983 La sc ne atrophi e des oiseaux n est certainement pas le seul exemple de la difficult de pr senter les animaux en sc ne durant les mois de cr ation du spectacle en 1982 une des nombreuses sc nes cart es pr voyait l introduction en sc ne de dix huit lapins li s entre eux par de longs lastiques qui courant et sautant sur le plateau auraient emprisonn s les acteurs dans une toile mouvante La sc ne fut abandonn e pour la trop grande composante al atoire qui aurait mis les acteurs dans l impossibilit d agir et de contr ler les v nements Le travail avec des animaux vivants affirme le choix de soumettre la repr sentation th trale aux lois du hasard et donc la non reproductibilit du geste tout en recherchant une certaine ma trise de l impr visibilit du r el dans l v nement performatif Premier grand spectacle de Jan Fabre C est du th tre est la tentative de contamination des arts de la performance par les conventions th trales en se servant des modalit s artistiques du vingti me pour cr er une forme hybride entre sc ne et installation r citation et action 4 2 La r flexion sur l int r t pour les animaux chez Fabre nous permet de faire le lien avec2. hi La carri re th trale de Jan Fabre exclu ses premi res performances commence en 1981 avec Theater geschreven met een K is een kater en cinquante minutes quatre com diens cousent un tissu d actions r elles non r alistes g n rant des sc nes of ordinary madness c est la coupe transversale d un esprit divis entre l loge et le refus de l intelligence le respect et l offense de la dignit humaine le m pris et l envie de la libert animale La traduction fran aise Theatre ecrit avec un K est un matou flamand ne rend pas justice au jeu de mots original Kater Theater K en n erlandais signifie chaton mais aussi gueule de bois 2 Entretien avec J Fabre par l auteur le 08 06 2012 enregistrement sonore in dite Vu la grande quantit d informations extraites de ce document dans le pr sent article on consid re que chaque citation en langue anglaise dont n est pas sp cifi e la source provient de ce m me entretien A Pour des informations plus d taill es sur la structure logistique et op rative Troubleyn Jan Fabre nous renvoyons au chapitre d di dans DUPLAT Guy Une vague belge Bruxelles Editions Racine 2005 Cela signifie que malgr cet ajout les acteurs ne sont jamais n anmoins plus de huit en sc ne comme dans la version originale le dernier tableau except o sont pr sents les neufs performers i SCHOLDE Robert Achter de wolken schijnt de zon 2007 La struc
3. l ment autosuffisant avant la cr ation de la pi ce peut subir des modifications importantes durant la tourn e et devenir enfin paradoxalement la cl ture du processus la scrittura l evento finale finite le repliche sulla carta vengono sublimate e metabolizzate tutte le variazioni possibili distillate in una forma che sar quella da consegnare alla memoria Monteverdi 2004 p 95 0 2 On a indiqu le stockage d un spectacle la cristallisation de sa forme d finitive sur papier comme la mort de l uvre vivante son terminus naturel Mais l v nement th tral peut arriver sur vivre bien au del des pr visions de son cr ateur pass le temps de la tourn e m me apr s plusieurs d cennies l uvre peut tre reprise par son auteur ou pas pour les raisons les plus vari es et re pr sent e aux yeux du public un public diff rent bien s r vu le saut temporel Depuis ces derni res ann es la pratique du reenactment en art contemporain surtout en danse a pris une dimension significative en 1989 Mark Franko a comment la reprise d une oeuvre de 1962 de Dore Hoyer c l bre danseuse allemande qui dansa avec Mary Wigman par sa compatriote Susanne Linke en affirmant que celle ci mettait en exergue la diff rence entre l artiste original et l amp artiste recr ant et notant que such effect of distancing are rare in reconstruction of historical da
4. et en quatre semaines la structure tait achev e Parmi toutes les sc nes du spectacle la quatri me d finie emperor s clothes durant les r p titions est celle qui a le plus t modifi e par rapport la version originale En voici le r sum essentiel Par couple huit acteurs entrent en sc ne et se positionnent en ligne au centre du plateau Sous la direction orchestrale de deux empereurs nus qui font de leur sceptre une baguette de chef les performers align s s changent des baisers en l air battant le rythme de la fameuse marche nuptiale wagn rienne Une fois la parenth se musicale termin e d bute la le on d Histoire de Mademoiselle Julie En attendant Godot les titres des principales pi ces de la premi re moiti du vingti me si cle sont pass s en revue comme un annuaire t l phonique accompagn s de leur date et lieu de premi re repr sentation Mais le texte n est que le fond sonore de l action les huit acteurs passent une demi heure se d shabiller et se v tir de nouveau pour montrer leurs v tements aux empereurs Quatre d entre eux se d shabillent int gralement et endossent des merveilleux habits invisibles qu ils exhibent face au souverain en avant sc ne pendant que les autres paradent devant l empereur au fond du plateau conservant les habits r els chaque r p tition du texte qui dure quelques minutes les quatuors changent leur poste se croisa
5. visiter en qualit de touriste en se laissant ravir par leur beaut insaisissable c est bien l l exp rience heureusement na ve du spectateur mais il doit aussi s arr ter sur le lieu pour creuser sur le terrain g ologie du spectacle analyser les diff rentes phases de cr ation en consultant les traces rest es cahiers de mise en sc ne documents vid o carnets de bord des interpr tes etc il doit survoler l archipel pour en avoir une vue globale monitorage du spectacle suivre l volution de la tourn e les ventuelles modifications de l uvre et bien s r changer avec la population locale interviewer les cr ateurs interpr tes du spectacle Finalement le travail de l analyste th tral ne peut pas se limiter la critique toute approfondie qu elle soit d un v nement transitoire et dans un certain sens al atoire comme une des repr sentations de l uvre peut l tre Le th tre est un art vivant qui se construit au fil du temps loin d tre un point de finalit le d but d un spectacle est consid r par certains metteurs en sc ne comme un point de d part dans la vie de la repr sentation Peter Brook Jan Fabre Robert Lepage Bob Wilson Sc nographie jeu d acteur mise en sc ne du moindre d tail la structure m me du spectacle tout peut changer durant les repr sentations d une uvre Le texte lui aussi qu il existe ou pas en tant qu
6. avant la tourn e du Pouvoir des folies th trales et en suivit les autres soixante repr sentations par del le monde Pour faire face la partiale incertitude de la m moire et du support documentaire Fabre et son quipe ont pris soin d ajuster quelques d tails durant le processus de r p tition Ils ont ajout quelques textes du Pouvoir modifi quelques traductions le texte est toujours multilingue en relation avec les connaissances linguistiques des nouveaux performers et propos quelques l g res variantes pour C est du th tre Dans ce spectacle particuli rement la partition sc nique n a pas t calqu e scrupuleusement sur l originale si la structure de base demeure difficilement modifiable quand on sait que chaque sc ne est reli e la suivante on constate le remaniement de certaines actions internes le changement de petits d tails pour inspirer les acteurs et donner un nouveau souffle un travail ne devant s apparenter en aucun cas une p le copie priv e de contenu Ainsi la version 2012 pr voit un acteur en plus par rapport au casting original pour ne rien perdre des pr cieuses diff rences des qualit s d interpr tation des nouveaux performers le r le d une des premi res actrices Els Deceukelier une des muses du metteur en sc ne a t divis entre deux nouvelles danseuses Le modus operandi du metteur en sc ne varier les d tails des actions en conservant la structure du sp
7. en assistant ainsi la remise en uvre des deux pi ces qui ont consacr Fabre comme un des acteurs les plus singuliers de la sc ne th trale internationale C est du th tre comme c tait esp rer et pr voir 1982 et Le pouvoir des folies th trales 1984 Ma pr sence sur le lieu a t fondamentale pour documenter le processus de travail et par cons quent produire une analyse tridimensionnelle des spectacles bien plus approfondie que le simple d chiffrage d une repr sentation publique L observation constante des r p titions la possibilit de participer directement dans certains cas l entra nement des performers et la mise jour de la dramaturgie les discussions avec le metteur en sc ne les acteurs et les collaborateurs l tude des documents d archive vid o enregistrements transcriptions textuelles du texte dossier de presse et videmment la r laboration personnelle de la mati re observ e ont permis un carottage investigateur des nombreuses couches qui rev tent la cr ation th trale Le fait que cette production soit un auto reenactment la reprise par un auteur de son propre travail apr s trois d cennies rend la mati re examin e fort int ressante du point de vue des tudes g n tiques tout en conduisant une tude directe sur les modalit s de travail actuelles du metteur en sc ne flamand j ai b n fici du travail de recherche de
8. genetics reenactment rehearsals postdramatic 0 1 Le th tre est ailleurs Il est dans la vie m me qui anime la sc ne et qui fait qu ann e apr s ann e spectacle apr s spectacle le th tre ne cesse de se renouveler sans qu aucune tude n arrive le figer ni m me en d couvrir les lois fondamentales C est cette vie que l analyse g n tique doit chercher pr server afin d viter ces clivages mortels dont toute l analyse th orique du th tre porte les stigmates F ral 2008 p 231 Les tudes de g n tique th trale ont rendu vident aux yeux de la critique d sormais depuis une vingtaine d ann es ce qui tait d j bien clair aux praticiens du plateau la repr sentation publique d un spectacle telle la pointe d un iceberg n est qu un instant aussi solide qu ph m re d un processus liquide qui ruisselle dans un courant chronologique En outre la m taphore d sormais us e de l iceberg peut ne pas tre la plus appropri e plus que la seule pointe visible d un grand travail submerg les repr sentations d un spectacle ressemblent plut t un archipel d atolls tous similaires et diff rents dans leur r p tition Si les rencontres officielles entre uvre et public ce qu on appelle les repr sentations sont des les hasardeusement parpill es dans l oc an de l espace temps le chercheur qui d sire en conna tre la nature profonde peut bien s r les
9. ils voqu rent sur le plateau l me des deux uvres en incarnant les directives du metteur en sc ne Les deux spectacles tant issus d une m me trilogie les trois premiers spectacles de Fabre contiennent le mot th tre dans le titre affirmant la volont d enqu ter sur les caract ristiques de l art du plateau et tant l un le fils de l autre vue la contigu t temporale et le partage de certains th mes les exercices improvisations de la master class ont pu se nourrir des deux repr sentations en m langeant les l ments et en alt rant les conditions Ce travail initial dur et passionnant pour les performers conscients d tre dans la derni re tape d une s lection a permis d accumuler un mat riel pr cieux pour la section successive les r p titions effectives des spectacles Ce n est en fait qu apr s la s lection d finitive des interpr tes qu a commenc le travail sur le texte performatif original la remise en uvre de la vieille structure des spectacles travers les corps de jeunes performers la plupart d entre eux n tant pas encore n l poque des tourn es pr c dentes dans les ann es quatre vingt Bien que l ordre chronologique instaure comme premier C est du th tre les r p titions ont commenc par Le pouvoir des folies th trales De la premi re sc ne la derni re les quatre heures et demie de repr sentation se sont accumul es
10. musique dans les rues cfr Fabre 2012 Au terme de la p riode de r p tition sont obtenues quatorze heures de mati re qui seront r duites huit une s rie de sc nes actions enti rement consacr es la tentative d unir art contemporain et th tre en int grant la repr sentation l art de l installation et la performance Les th mes abord s et les mat riaux utilis s en sc ne sont pour la plupart des citations d uvres d autres plasticiens du vingti me si cle ma tres spirituels du metteur en sc ne Gr ce au succ s obtenu avec C est du th tre Fabre trouve des producteurs pour le projet suivant Quelques centaines d acteurs et danseurs se pr sentent aux auditions pour Le pouvoir des folies th trales mais les quinze s lectionn s tous ont entre vingt et trente ans sont encore en majorit des non professionnels Le choix est plus ample mais ce que Fabre appelle rage ou passion reste le crit re de recherche num ro un when I have to choose between anger and technique I will always choose the one who has anger De nouveau la compagnie se retire dans un petit centre et travaille intens ment durant quatre mois avec les m mes modalit s que pour les pr c dentes sessions de r p titions Le spectacle celui ci comme C est du th tre est construit partir de tableaux sc niques ind pendants qui se superposent se positionne en hommage et en critique du th tre bourgeois de l
11. s d criture employ es dans la construction et reconstruction de cette uvre 3 2 Dans Le pouvoir des folies th trales parmi les paroles prononc es en sc ne except s les brefs fragments de livret d op ra lyrique toujours chant s nous ne trouvons rien d autre que des dates des villes des titres de pi ces performances danse et des noms de metteurs en sc ne dramaturge chor graphes De L anneau du Nibelung de Wagner qui ouvre le spectacle presque en guise de manifeste la liste se poursuit jusque dans les ann es quatre vingt Durant les quatre heures et demie de spectacle le texte se compose de cinq sc nes il est partag entre les diff rents acteurs comme s il s agissait d une conversation et r p t dans la majeure partie des cas pour une vingtaine de minutes Quel est l objectif du choix de Fabre Rem morer le pass rendre hommage la tradition faire l bauche d un manuel irriter les spectateurs r volutionner la pratique th trale C est un baiser venimeux au th tre une d claration d amour qui devient d claration de mort Fabre fait du spectacle qui le voit d buter la Biennale de Venise un manifeste d intentions il d clare ses propres origines honore ses propres ma tres et propose quelque chose qui les oppose lui ouvertement Si nous pouvons lire dans l op ration de Fabre un clin d il l histoire du th tre laissons parler les mauvaises langue
12. sc ne des emperor s clothes reste une des sc nes les plus difficiles pour les acteurs jusqu ce qu il y ait eu l impact souhait sur le public il n est admis aucune b vue V tements imaginaires d fil pr vu et texte doivent s int grer et se stimuler respectivement dans un tourbillon toujours plus fr n tique baign dans les cascades de notes de Wim Mertens Pl thore hypertrophie superposition des signes sugg re Lehmann dans son Postdramatisches Theater Lehmann 2002 pp 135 143 Confront a cette sc ne le public se retrouve la cible d une quantit ing rable d informations entre les lointaines r miniscences infantiles du conte d Andersen l attention au jeu sc nique des v tements invisibles et l irritation 10 caus e par la r p tition interminable de la le on d histoire du th tre relay e par la musique minimale les spectateurs suffoquent dans leurs fauteuils Si la vision premi re de la sc ne permet difficilement de saisir toutes les strates de sens superpos es cette analyse peut se permettre de recourir au peigne fin de la m moire par essence s lective pour saisir les v nements et se concentrer s par ment sur chacun des aspects En suivant le fil rouge des diff rences entre les deux versions du m me spectacle un point nodal reste le texte La sc ne qui vient d tre examin e offre l exemple le plus fonctionnel la compr hension des modalit
13. GENETIQUE D UN REENACTMENT CHEZ JAN FABRE FR R sum L article propose un parcours s lectif travers le processus de recr ation de deux spectacles de Jan Fabre C est du th tre comme c tait esp rer et pr voir 1982 et Le pouvoir des folies th trales 1984 L auteur de cet crit qui a suivi personnellement le travail de la compagnie d avril juillet 2012 a choisi de se concentrer en particulier sur les diff rences subtiles entre les deux versions des uvres en analysant les modalit s et les raisons des changements Le chemin trac donne raison du travail du metteur en sc ne et de ses performers en s interrogeant aussi sur les notions de g n tique th trale et reenactment Mots cl s Jan Fabre g n tique reenactment r p titions postdramatique GENETICS OF A REENACTMENT IN JAN FABRE EN Abstract The article proposes a selective path through the recreation process of two shows by Jan Fabre This is theatre like it was to be expected and foreseen 1982 and The power of theatrical madness 1984 The author who followed directly the work of the company since April till July 2012 focuses on the small differences between the two versions of the works analysing the modalities and reasons of the changings The dissertation examines the work of the director and his performers while questioning the notions of theatrical genetics and reenactment Keywords Jan Fabre
14. Play with Tradition Dance Research Journal Cambridge University Press vol 43 n 1 pp 27 42 juin 2011 LAURENT Anne Jan Fabre toute une nuit Liberation 24 10 1983 LEHMANN Hans Thies Le th tre postdramatique L Arche Paris 2002 MENICACCI Armando QUINZ Emanuele a cura di La Scena digitale nuovi media per la danza Bolzano Marsilio 2001 MEJERCHOL D Vsevolod Cycle de conf rence du 6 27 5 1919 In L attore biomeccanico Milano Ubulibri 1993 MONTEVERDI Anna Maria Il teatro di Robert Lepage Pisa Edizioni BFS 2004 PROUST Sophie La direction d acteurs dans la mise en sc ne th trale contemporaine Vic la Gardiole L Entretemps ed 2006 SCALI Marion Des souris et des hommes Nouvel Observateur 27 10 1983 AUTRES DOCUMENTS Entretien avec Jan Fabre par l auteur le 08 06 2012 enregistrement sonore in dit 19 Voir par ex la revue About Performance University of Sydney dirig e par Gay McAuley le num ro sp cial de Genesis consacr au th tre no 26 automne 2006 pr par sous la direction de Nathalie L ger et Almuth Gr sillon Theatre research international special issue on Genetics of Performance vol 33 no 3 octobre 2008 Putilise ici l adjectif liquide r f r au parcours de v nement th tral des r p titions la tourn e pour indiquer un processus ind finissable car manquant de forme Naturellement j emprun
15. a fiction sc nique et des conventions th trales port es la sc ne travers le filtre des r cits fantastiques parmi lesquels Le roi grenouille Les habits neufs de l empereur et La belle au bois dormant Le spectacle d bute le 11 Juin 1984 au th tre Carlo Goldoni dans le cadre de la Biennale de Venise durant laquelle Fabre pr sentera galement une s rie de dessins Apr s Venise le spectacle poursuit sa route pour une tourn e mondiale qui durera deux ans 2 2 Troubleyn Jan Fabre est maintenant une des compagnies les plus importantes de Belgique Pour les nouvelles ditions de C est du th tre et du Pouvoir Fabre a fait des auditions Anvers mais aussi Paris Rome Ath nes et Zagreb examinant un ventail d environ mille quatre cents acteurs danseurs et performers Il est vident que la qualit des performers actuels est nettement sup rieure celle de leurs pr d cesseurs dont bon nombre d entre eux n taient pas professionnels Par contre ce qui est plus difficile trouver dans ce nouveau cru c est cette col re cette n cessit absolue d tre en sc ne I m looking for the real anger I want to die for it they had it natural those days they were amateurs in the sense that they were lovers of beauty Le temps d acclimatation des nouveaux acteurs a t bien plus bref que pour la premi re version en huit semaines ont t pr par s parall lement les deux spec
16. ce du chercheur sur le lieu des r p titions permettent une d couverte de l uvre et de l artiste bien plus approfondie et document e que la seule analyse esth tique d un spectacle accompli Il est pourtant vident que tout en poursuivant un parcours c te c te avec les cr ateurs l objectif du chercheur ne peut pas tre la restitution exacte de tous les m canismes qui ont donn naissance une pi ce ni les motivations r elles la base de chaque choix artistique Qui se charge de la passionnante mission d analyser une uvre doit se donner tous les outils n cessaires pour accomplir son travail en sachant qu il n y a aucune v rit atteindre mais beaucoup de documents monuments d terrer d enqu tes mener des raisonnements tracer 18 BIBLIOGRAPHIE DUMONT Fran ois Le temps mode d emploi Lib ration 27 10 1983 FABRE Jan Journal de Nuit 1978 1984 Paris L Arche 2012 F RAL Josette Pour une analyse g n tique de la mise en sc ne Th tre public Paris n 144 pp 54 59 1997 F RAL Josette Towards a Genetic Study of Performance Take 2 Theatre Research International Austin vol 33 n 3 pp 223 233 octobre 2008 FRANKO Mark Repeatability Reconstruction and Beyond Theatre Journal The Johns Hopkins University Press vol 41 n 1 pp 56 74 mars 1989 HARDT Yvonne Staging the Ethnographic of Dance History Contemporary Dance and Its
17. deux versions des uvres les petites modifications dont j ai pu comprendre les raisons et suivre l laboration sont clairantes Tout au long du processus de travail des auditions aux tourn es qui ne font que commencer au moment o j cris les trente ans qui s parent les deux ditions des spectacles ont in vitablement fait fleurir un bouquet de dissimilarit s qui sont aux yeux de la critique les t moins de l volution du parcours d un artiste en particulier et de la transformation de la communaut th trale dans laquelle il s ins re en g n ral J ai donc s lectionn quelques exemples de ce que j appellerais des diff rences loquentes moments fertiles de transition entre le pass et le futur seuils de r flexion o la d cision du metteur en sc ne l interpr tation des performers et bien s r le hasard factuel de la preuve sur le plateau ont g n r des distorsions des changement impr vus sympt mes de l indomptable vivant de la mati re th trale 2 1 Afin de mieux comprendre les exemples s lectionn s il est utile de fournir un cadre rapide sur les deux spectacles objets de cette tude Vue la nature non narrative des pi ces l attention sera concentr e sur l histoire de la cr ation plut t que sur l intrigue des uvres En effet les conditions de cr ations diff rant entre les deux ditions cette introduction est un point de d part fondamental pour comprendre le sen
18. ectacle trouve un parall le dans la fa on de jouer de ses acteurs l organisation des mouvements est extr mement pr cise l espace est mesur au centim tre et chaque position sign e au sol par un adh sif rigoureusement noir comme le plateau de fa on ce que seuls les acteurs puissent le voir et le reconna tre Cependant cette rigide structure est cr e sp cialement pour tre anim e par la personnalit de l acteur par son inventivit et sa vitalit Chaque soir les acteurs doivent apporter des variantes minimes leurs actions retrouver leur raison d tre et la n cessit qui est la leur tre en sc ne L originalit doit passer travers la contrainte pour pouvoir briller derri re les nuages le soleil brille voil ce qui est crit sur un des murs de la cour int rieure de Troubleyn 3 1 When I saw it for the first time I was really moved r v le Fabre propos du premier filage partiel du Pouvoir des folies th trales en mai 2012 La premi re s ance de travail s est faite sous forme de master class trente performers acteurs et danseurs ont travaill pendant deux semaines sur des morceaux de sc nes extraites des deux spectacles Ces dix premiers jours taient destin s s lectionner les quinze interpr tes d finitifs et produire des improvisations finalis es int grer certaines sc nes M me si les performers ne connaissaient pas le spectacle qu ils auraient mont
19. en inventant toujours de nouvelles sorties de secours de la cage visuelle sonore Le texte liste est un exemple clairant de l effort demand pour une pareille ex cution r p titive et m canique d un contenu vide de sens devant tre rempli de vitalit par les performers pour devenir th tral 4 1 Le processus de cr ation d un spectacle ne se termine pas on l a vu avec les r p titions Pour en donner la preuve j ajouterai ce parcours fragmentaire travers le reenactment de Fabre une anecdote pr cieuse Les premi res 2012 de C est du th tre comme c tait esp rer et pr voir et Le pouvoir des folies th trales ont eu lieu en Autriche pays dans lequel la loi interdit la pr sence d animal en libert sur sc ne Pourtant la pr sence d animaux vivants est une constante dans les spectacles de Fabre dans C est du th tre les acteurs doivent partager le plateau avec cinq 13 petits perroquets et trois tortues Les perroquets sont les guest stars de la sc ne 5 perch s sur l index de cinq individus aux yeux band s de ruban adh sif les fragiles oiseaux se retrouvent guider les aveugles attach s leurs chemises par une cordelette Les acteurs s orientent sur le plateau en r citant chacun un texte bref voquant la mort et le cimeti re crits par les acteurs du casting original Le texte est prononc en se tapant en rythme la bouche avec la main rest e libre pour donner a
20. exotiques Fabre a t duqu depuis sa plus tendre enfance les observer et les tudier nombreuses furent les visites au zoo d Anvers dans ses jeunes ann es stylo bic la main pour dessiner les corps des b tes en xxii mouvement Dans de nombreux dessins de l artiste Homme et l animal se m langent int gr s l un dans l autre se servant de support mutuel dans l utopique r alisation d un tre invincible cuirass comme un insecte leste comme un gu pard l ger comme un oiseau D un point de vue du travail d acteur l int r t du metteur en sc ne pour les animaux est motiv par leur sens du rythme par leur sensibilit lev e la fois semblable et diff rente de celle de Homme et par leur capacit d adaptation et de m tamorphose toutes des qualit s que le performer fabrien doit d velopper Fabre s ins re dans une longue tradition d j dans les premi res d cennies du vingti me si cle Mejerchol d signale comme point de d part de ses r flexions sur l acteur biom canique la r cup ration du mouvement animal Un lion en cage se d place exactement au rythme du m tronome et repose la patte exactement l o elle tait initialement Cette r p titivit n est pas le signe d un tre obtus ni de simple r p titivit non c est le signe d une constante tension vivre selon un rythme Nous d finirons l acteur un magnifique animal qui veut montrer s
21. exte ne soit pas ennuyeux nonobstant la longue r p tition du fragment liste bref les acteurs doivent s changer les r pliques avec vivacit comme dans une conversation normale Il est vident que tout contenu psychologique est absent du texte mais les performers doivent s efforcer chaque round de trouver de nouvelles intonations en se laissant guider par l action sc nique en restant vigilant et ouvert aux v nements pour tablir continuellement de nouveaux rapports entre eux Le souhait de Fabre en ce qui concerne l interpr tation du texte la diff rence de C est du th tre dans Le pouvoir il est demand aux performers d accomplir un effort d innovation constante dans le jeu durant la r p tition du texte nous permet de d finir le rapport particulier entre libert et d terminisme qui caract rise le jeu des acteurs Malgr l troite grille formelle le texte d une part l action espace de l autre qui contraint les performers suivre la lettre une s rie d indications pr cises comme s ils taient des marionnettes priv es de leur volont propre l ombre de Gordon Craig hante les r ves de Fabre l efficacit de la sc ne ne peut faire abstraction de la capacit d invention voire d improvisation des seuls acteurs La discipline lie les corps l espace la volont de survie leurs donne des ailes les performers font acte de leur force justement en condition difficile
22. is une copie calqu e d une forme esth tique donn e Assumer la responsabilit d exhumer un spectacle signifie se charger de re d couvrir son modus vivendi s informer sur son processus de cr ation d finir les tapes de son parcours comprendre ses raisons d tre dans le pass pour en identifier des nouvelles dans le contexte contemporain Tout cela ne peut se faire qu travers un parcours de recherche investigatrice en fouillant parmi les documents d archive brouillons textuels sc niques et visuels en consultant les notes de mise en sc ne qu elles que soient leurs formes criture dessins partitions etc en interrogeant les cr ateurs ou les premiers spectateurs si possible Ce sont les m mes d marches sugg r es par la g n tique th trale cfr par ex F ral 1997 amp 2008 bien que dirig es vers un but diff rent les recherches du sp cialiste sont finalis es la syst matisation critique celles de l artiste la production po tique L introduction bipartite ainsi con ue pour r capituler rapidement les notions de g n tique th trale et de reenactment est relative la nature particuli re de cet article qu on peut d finir comme une s lection de fragments d un processus de re cr ation de deux uvres spectaculaires J ai suivi la compagnie Troubleyn Jan Fabre durant la p riode allant d avril juillet 2012 des auditions des acteurs jusqu au d but du spectacle
23. la derni re partie de cet article un rapide t moignage des sessions d entra nement qu ont suivi les interpr tes pendant les deux mois de r p titions Sur cinq jours de travail par semaine deux xxi chauffements taient d di s au yoga deux au kendo et une matin e tait occup e par un singulier training d acteur dirig directement par le metteur en sc ne Les trois typologies d exercices s quilibrent r ciproquement en fournissant aux performers des outils indispensables pour survivre sur le plateau de Fabre Dans le cadre d une tude g n tique la m thode d entra nement des acteurs est un des centres d int r t du chercheur th tral car elle permet de s avoisiner aux modalit s de travail l origine des spectacles De plus cet aspect est particuli rement important chez Fabre qui s occupe personnellement de la formation de ses performers Dans sa pr cieuse tude sur la direction d acteur dans le th tre contemporain Sophie Proust d die un chapitre la diff rence entre la direction d acteurs et la formation d acteurs en identifiant une ligne claire de d marcation entre les deux pratiques un metteur en sc ne doit travailler avec un acteur d j form pour inventer une interpr tation d ensemble et non pallier un manque de formation ou se pr occuper de la progression personnelle d un individu dans sa carri re th trale Proust 2006 p 63 Sans vouloir c
24. la compagnie sur ces premi res repr sentations celles ci tant d sormais recouvertes par la poussi re du temps Cet article peut donc tre lu comme une mise en abyme de l tude g n tique l analyse d une cr ation qui recherche elle m me ses propres origines La documentation des r p titions ne pourra donc pas tre un t moignage fid le des modalit s cr atives habituelles de Jan Fabre car normalement le metteur en sc ne travaille avec ses performers au travers d improvisations sur th mes sans conna tre d s le d but la forme d finitive qu acquerra le spectacle Dans notre cas d j avant les r p titions l artiste ma trisait l aspect final de l uvre et il a d travailler rebours en insufflant une nouvelle vie une forme tablie Pour y parvenir Fabre s est r f r ces premi res uvres avec un il critique en les remettant en question comme s il s agissait travail de quelqu un d autre et en apportant des modifications l o il en sentait la n cessit C est justement ce parcours l auquel j ai pu assister et duquel je peux rendre compte Vue la nature br ve de cet article plut t qu une tude syst matique des processus de cr ation chez Fabre je propose ici un parcours s lectif travers cette chronique d une re cr ation en privil giant les aspects qui peuvent int resser le plus les tudes g n tiques ce propos les disparit s entre les
25. ll s House Actor 2 Nora oder Ein Puppenheim Hendrik Ibsen Actor 5 Ibsen Eighteen hundred seventy six The Pretenders Saxe Meiningen Compagnie Berlin Actor 4 Mille huit cent quatrevingt treize 1893 Fr ken Julie August Strindberg 5 Actor 6 Mademoiselle Julie Andr Antoine Th tre Libre Paris Actor 3 Th tre de l Oeuvre Paris Mille huit cent quatrevingt seize 1896 Actor 8 Achttienhonderdzesennegentig 1896 Actor 6 Ubu Actor 1 Ubu Roi Alfred Jarry 10 Actor 7 Eighteen hundred ninety eight 1898 The Seagull Anton Tchekhov Actor 2 Constantin Stanislavski Actor 5 Stanislavski Nineteen hundred eleven Hamlet Gordon Craig Actor 3 Neunzehn hundert zw lf 1912 Actor 4 Nineteen hundred eleven Art theater Moscow 15 Actor 1 Moscow Maurice Actor 5 Maeterlinck Actor 7 Nineteen hundred six Soeur Beatrice St Petersburg Actor 6 Nineteen hundred nine Actor 2 Neunzehn hundert neun Oedipous Rex 20 Actor 3 Reinhardt Max Zircus Schumann Berlin Actor 8 Vsevolod Meyerhold Nineteen hundred twenty two Actor s Theater Moscow Actor 6 Le Cocu Actor 7 Le Cocu Actor 6 Le Cocu magnifique 25 Actor 5 La biom canique Actor 3 Arnold Sch nberg Erwartung Prague neunzehn hundert vierundzwanzig Actor 8 Der Verfremdungseffekt Neunzehn hundert achtundzwanzig 1928 Bertolt Brecht Actor 5 The Beggar s Opera Actor 1 Die Dreigroschenoper 30 Actor 6 Kurt Weill Mahagonny Songspiel Bade
26. n Baden 1927 Actor 2 Negentienhonderdeenenveertig 1941 Zurich Actor 3 With actors in exile Mutter Courage Actor 4 Mille neuf cent trente cinq Actor 8 Negentienhonderdvijvendertig 35 Actor 7 Antonin Artaud Actor 6 Artaud Artaud Actor 5 Les Cenci Th tre des folies Paris Actor 1 Le Th tre de la Cruaut Actor 4 Le Th tre de l Absurde Mille neuf cent cinquante 1950 40 Actor 3 Beckett Actor 7 Ionesco Eug ne Ionesco Actor 2 Samuel Beckett Nineteen hundred fifty three En attendant Godot Th tre de Babylon Paris Actor 6 Th tre des Noctambules Mille neuf cent cinquante La Cantatrice Chauve 12 Actor 8 Nineteen hundred fifty one La Le on Le texte est organis en un encastrement de blocs modulaires de sens compos s des date artiste uvre lieu distribu s parfois sur plusieurs r pliques et donc divis s entre plusieurs acteurs Comme dans C est du th tre le principe du plurilinguisme vainc galement dans Le pouvoir se justifiant dans ce cas par la fid lit la langue originale des spectacles auteurs cit s Les liens entre les r pliques sont combin s par des compl ment s du bloque s mantique vv 9 10 par affinit s d arguments vv 24 25 par rappels sonores vv 19 20 par jeux de mots vv 15 et par simples traductions vv 1 2 ou par corrections vv 12 14 L histoire du th tre devient un puzzle dada avec lequel jouer et se divertir Pour que le t
27. nce But reciprocally the idea of reconstructing the work of a predecessor has been rare until recently among contemporary choreographers Franko 1989 p 56 Si dans les ann es quatre vingt le ph nom ne en est ces balbutiements son d veloppement successif en fera par la suite une v ritable tendance de la danse contemporaine reconstructing and citing historical dance pieces as well as making the dance stage a site for archiving dance performativity have become major trends in contemporary dance Hardt 2011 p 27 En trente ans le reenactment s est impos comme pratique esth tique r ussissant faire se confondre le champ artistique et celui acad mique remettre en sc ne d anciennes performances rend vidente la nature performative du faire de l Histoire en favorisant aussi dans le milieu didactique la diffusion d un mode d expression incluant lectures et documentations pr sent es en sc ne Le pass est devenu terrain de jeu pour le pr sent une source de mati re d j prouv e dans laquelle on peut puiser pour de nouvelles r ditions Dans un certain sens on peut lire le d veloppement du reenactment comme un parall le dans le champ de la pratique du surgissement de la g n tique dans les tudes th trales La reprise d une uvre performative longtemps apr s sa cr ation qu elle soit retravaill e par son propre auteur ou re incarn e par quelqu un d autre n est jama
28. ngti me si cle du duc de Meiningen Eug ne Ionesco sc ne 7 ann es cinquante et soixante de Peter Brook Botho Strauss sc nes 11 et 12 d di es la danse du XX si cle de Lo e Fuller Pina Bausch sc ne 15 ann es soixante dix de Heiner M ller Lee Breuer a Les conventions artistiques Les traditions de l histoire de l art J ai envie de les trangler tout en les embrassant Fabre 2012 p 216 NE FABRE Jan This is theatre like it was to be expected and foreseen sc ne 4 texte in dit de la version 2012 des Acteur sc nographe metteur en sc ne mais surtout th oricien du th tre Craig arriva r ver d une sc ne sans acteurs habit e seulement par des screens crans mobiles qui transformeraient la sc ne en une machine expressive dans les mains de son cr ateur le metteur en sc ne ou d une sc ne o les acteurs deviendraient des ber marionette corps parfaitement domin s par la pens e de l acteur lui m me mais aussi du metteur en sc ne Cfr CRAIG Edward Gordon 1 mio teatro l arte del teatro Per un nuovo teatro Scena Milano Feltrinelli 1971 et ATTOLINI Giovanni Teatro arte totale pratica e teoria in Gordon Craig Bari Progedit 2008 Cours dirig s par Ren e Copraij entr e dans la compagnie en 1987 pour le ballet Das Glas im Kopf wird vom Glas The dance sections Copraij a travaill comme performer de Fabre jusqu en 1998 The fin comes a lit
29. nt sur la ligne centrale les uns se d shabillant les autres se rhabillant La sc ne est tir e du conte Les v tements neufs de l Empereur d Andersen qui peut tre lu comme une satyre de l hypocrisie li e la peur de contredire le pouvoir Fabre en fait en revanche un exemplum de la nature m me du th tre l empereur et tous ses sujets non seulement sont dup s par les faux tisserands qui leur vendent des habits inexistants mais en plus ils acceptent de l tre Ils feignent de croire en ce qu ils ne voient pas par peur d tre mal jug s De m me le spectateur th tral veut tre tromp par la repr sentation il entre dans un lieu qu il sait tre d di la fiction et en accepte les r gles Le conte de f es agit donc d abord en tant que mati re pour parler au th tre du th tre La structure narrative de la fable est mise de c t pour focaliser l attention sur l action principale r p t e en boucle montrer et endosser des v tements inexistants La version que j ai d crite est par contre tr s diff rente de la pr c dente en 1984 les acteurs montraient l empereur leurs v tements vrais ou imaginaires mais ne se d shabillaient jamais compl tement ils ne faisaient pas non plus semblant feignant de se v tir d habits invisibles Par ailleurs ils n avaient pas de texte mais num raient une suite de chiffres de un huit comme s il s agissait d une le on de balle
30. on propre art Le nouveau th tre na tra donc de l interaction entre nature et corps humain ce qui revient dire de la fusion entre l Homme et la part animale qu il a en lui Mejerchol d 1993 p 54 Ce n est pas par hasard si les s ances d entra nement chauffement tenues par Fabre consistent en l imitation physique et sonore de diff rents animaux en quatre vingt dix minutes les 16 performers incarnent sans r pit une volution imaginaire de l esp ce faisant leurs premiers pas quatre pattes comme une bande de chats hommage aux exercices cr es par Jerzy Grotowski se lavant et miaulant se chauffant les muscles et les cordes vocales jusqu rugir comme des pumas f roces pr ts au combat b tes built to kill attentives au moindre changement d air concentr es au plus haut point sentir leur propre sang se refroidir et leur langue siffler se retrouvant ramper au sol comme des l zards engloutissant soudain d invisibles insectes pour les dig rer les assimiler jusqu leurs ressembler se d couvrant dot s de pinces mandibules lytres qui leurs permettent de d placer d normes masses imaginaires d un bout l autre du plateau bougeant asym triquement comme sur six ou huit pattes travaillant avec vigueur jusqu devenir de vrais robots machines nettoyeuses lectriques plein r gime programm es pour lustrer chaque millim tre de sol allant m me jusqu nett
31. ontester la validit g n rale de cette affirmation il 15 est n cessaire de la mettre en question dans le cas du metteur en sc ne flamand Fabre choisit toujours des interpr tes de provenance tr s diff rente danse th tre chant lyrique qui ne poss dent naturellement pas du tout les m mes connaissances techniques Les sessions d entra nement guid es pas le metteur en sc ne servent donc donner une base commune aux performers les faire avancer dans un parcours d apprentissage qui est relatif au travail de l artiste pour n importe lequel de ses spectacles ce propos quelques uns de ses interpr tes l accompagnent dans la dur e en interpr tant plusieurs spectacles et en devenant ainsi des Guerriers de la Beaut appellation que donne Fabre ses performers fid les Il est donc vident dans ce cas particulier que l intention p dagogique n est pas trang re la direction d acteur En omettant de parler ici de ces sessions de kendo et yoga il faudrait y consacrer un article entier je d dierai ces derni res pages au cours que donne Fabre ses acteurs chaque semaine un parcours performatif sui generis entre Homme et animal qui fait des humains des b tes plateau et des animaux les rois de la sc ne Les animaux ont toujours t une source d inspiration pour l artiste metteur en sc ne N dans une famille o les animaux avaient toute leur place y compris les b tes
32. oyer d invisibles surfaces verticales exploitant le moindre segment de leur corps machine se d pla ant de n importe quelle fa on sans r pit pour qu aucun r sidu de poussi re ne survive leur passage au prix de la diss mination sur le plateau de transparentes gouttes de sueur comme il survient chaque entra nement Le training peut ensuite se poursuivre sous d autres formes mais la partie animale robotique est celle qui nous int resse le plus Le but de l acteur de Fabre la diff rence de l acteur de th tre dramatique base textuelle n est pas de devenir quelqu un d autre mais quelque chose d autre Une caract ristique essentielle de l entra nement est la m tamorphose ininterrompue le passage continue d un animal un autre d une sp cifique qualit de mouvement son antith se d un tat psychophysique particulier au son contraire la progression par opposition aussi simple qu efficace est r currente dans le th tre de Fabre La s ance de travail ne pr voit pas de pause ni de moment de repos Le mouvement continu entra ne le corps des acteurs mais surtout il le stimule et le met l preuve de l attention et de la concentration en en testant la perp tuelle capacit d adaptation et de r ponse aux stimuli lanc s Le passage d un animal l autre ne peut tre ni brusque ni automatique In the detail is the angel and the devil r p te souvent le met
33. r sence d oiseaux vivants a une valeur iconique que ne peut avoir n importe quel objet inanim quand ils prom nent des oiseaux en laisse ou qu ils l chent deux tortues c est triste comme un conte de f es Scali 1983 L animal est incontr lable et impr visible de par sa fragilit et son innocence il tablit imm diatement un rapport d empathie avec le public La vision d oiseaux qui ne peuvent voler seuls yeux grands ouverts sur un monde d aveugles donne la sc ne une fragilit embarrassante qui induit le spectateur se sentir presque coupable si non offens L animal n est pas jug sur la base d une action qu il aurait accomplir techniquement les petits oiseaux n ont aucune mission la diff rence des acteurs L effet perturbant pour le spectateur est caus par la simple pr sence des oiseaux La copr sence de l Homme et de l animal tablit imm diatement un rapport de force dans ce cas l animal est per u comme tant la merci de Homme inclus tous les sentiments ventuels de culpabilit aversion col re tristesse que cela peut comporter M me si en sc ne il ne se passe presque rien l effet sur le spectateur est garanti et ne peut tre substitu par aucune bougie Des personnages aveugl s par un ruban de sparadrap noir tenant des perruches au bout 14 d un fil et disant tour de r le en anglais flamand fran ais allemand j aime la vie
34. rg Brussels C ET Antwerp Production 2012 Troubleyn Jan Fabre vzw deSingel Antwerp Belgian premiere Roma Europa festival Rome 4 De macht der theaterlijke dwaasheden The Power of Theatrical Madness Director and choreography Jan Fabre Costumes Pol Engels Dramaturgy Maart Veldman Music Wim Mertens Actors 1984 Ingrid Dalmeyer Els Deceukelier Marion Delforge Marc Hallemeersch Roberto de Jonghe Peter Janssens Erwin Kokkelhoren Katinka Maes Annamirl Van der Pluym David Riley Werner Strouven Actors 2012 Maria Dafneros Piet Defrang Melissa Guerin Nelle Hens Sven Jakir Carlijn Koppelmans Georgios Kotsifakis Dennis Makris Lisa May Giulia Perelli Gilles Polet Pietro Quadrino Merel Severs Nicolas Simeha Kasper Vanderberghe Production 1982 Project3 Antwerp Stichting Mickery Workshop Amsterdam Kaaitheater Brussels Production 2012 Troubleyn Jan Fabre vzw deSingel Antwerp Belgian premiere Roma Europa festival Rome X Pour une chronique d taill e du processus de cr ation chez Fabre cfr VAN DEN DRIES Luk Corpus Jan Fabre Observaties van een creatieproces Gent Van Imschoot 2004 ds Pas vraiment gr ce sa m moire personnelle car les performances taient bien trop longues riches en d tails et distantes dans le temps pour pouvoir s y fier mais plut t en fonction des publications des textes des spectacles avec notes de d placement et vid o enregistrements de basse qualit chez L Arche 2009
35. rit l habit travers les petits mouvements auquel celui ci le contraint La manifestation des effets en r v le la cause le travail d imagination de l acteur se concr tise dans le corps d marche posture et s vapore alors dans l esprit du spectateur en des n buleuses d toffe colorer Le performer doit avoir bien en t te la forme du v tement qu il endossera il doit en tablir les d tails et en valuer le poids apr s l habillage est en effet pr vu le d fil devant l empereur Mais les difficult s pour les acteurs ne s arr tent pas l chaque round les mod les doivent adopter une m thode de d monstration diff rente Durant les r p titions de nombreuses improvisations de groupe commenc es trente performers d s la master class ont permis au metteur en sc ne de choisir les trouvailles les plus r ussies il y a le d fil fa on striptease celui forte tendance m lodramatique il y a l atelier de couture et la bagarre canine chaque nouvelle r p tition du cycle textuel le showreel des habits neufs de l empereur devient une occasion pour organiser des sc nettes comiques le groupe de performers nus ravit l empereur en avant sc ne nu tout comme eux pendant que le restant des performers v tus divertissent l empereur du fond Pour rendre les choses encore plus complexes le texte doit filer de bouche en bouche comme un flux continu et vivace de dates de noms et de titres La
36. rpo comune alla nuova generazione dei danzatori che non danzano pi Il loro strumento il corpo appunto abbandona i virtuosismi coreografici per una dimensione meno assertiva meno centrale nell universo della creazione scenica Voir FANTI Silvia a cura di II corpo sottile Milano Ubulibri 2003 citations de l introduction p 10 21
37. s de l analyse En 1982 d bute Bruxelles C est du th tre comme c tait esp rer et pr voir le viii second spectacle th tral de Jan Fabre travers des auditions ce dernier s lectionne huit personnes parmi les dizaines qui s taient pr sent es Seulement une d entre eux est actrice professionnelle je les ai choisi es pour leur univers personnel leur mentalit Et si je travaille avec des amateurs c est qu ils ne sont pas d form s par des tics ou des recettes th trales Fabre in Laurent 1983 La nouvelle troupe se retire pour six mois dans un petit th tre de la ville de Herentals trente kilom tres d Anvers Le rythme est soutenu un jour de pause pour neuf jours de travail Metteur en sc ne et acteurs improvisent sur divers th mes travaillent mangent et dorment ensemble Fabre con oit pour eux un warming up ad hoc m langeant les exercices de son pass footballistique avec les connaissances acquises travers ses premi res performances ainsi que quelques l ments de th tre classique Certains acteurs quittent la compagnie apr s quelques semaines de travail n adh rant pas aux m thodes exigeantes du metteur en sc ne en herbe Le peu d entre eux rest ses c t s est donc contraint recruter de nouveaux acteurs dans les bars d Anvers Pour rem dier au manque de moyens p cuniaires durant les pauses la troupe s parpille en ville et joue de la
38. s qui voient en ce texte un ironique annuaire t l phonique d gradant l image des maestri du vingti me si cle les r duisant un simple flatus vocis Cela tant si on l observe bien cette trouvaille fonctionne en un oxymore d humilit et de pied de nez en juin 1984 le jeune artiste flamand s impose sur la sc ne internationale comme une nouveaut impr vue avec une irritante mais sans pareille qualit Si C est du th tre a maintenu presque inchang s les textes entre la premi re et la seconde version exception faite pour quelques unes des traductions faites aussi en fonction des origines linguistiques des nouveaux performers Le pouvoir a subi quelques ajournements Durant les ann es quatre vingt les difficult s cibler des informations pr cises sur les dates et lieux des premi res des spectacles ont caus quelques erreurs sur la liste qui a t revue et corrig e par 11 l quipe qui a travaill sur le reenactment Par ailleurs le metteur en sc ne a voulu ajouter un nouveau texte qui rende hommage aux avant gardes historiques absent de la premi re version qui sautait de Wagner Brook La sc ne 4 est apparue comme l endroit id al pour ins rer le nouveau texte compos par la nouvelle quipe la mani re de l ancienne Nous proposons en exemple cette nouveaut dont nous examinerons rapidement les modalit s de construction 1 Actor 1 Eighteen hundred seventy nine A Do
39. t La situation tait en effet un calque de la sc ne 15 de C est du th tre dans laquelle huit acteurs montraient au public la partie du corps qu ils pensaient tre la plus belle et puis la plus laide sans jamais se d nuder int gralement La configuration spatiale des deux sc nes tait presque identique la place des empereurs dans C est du th tre se trouvait deux lampes sur pied la lumi re desquelles les acteurs indiquaient l ador e d test e chair Le tic tac d un m tronome scandait le tempo sur lequel les performers contaient jusqu huit en anglais en hollandais allemand et fran ais La version du Pouvoir 2012 a substitu ce contenu un texte duquel nous traiterons par la suite mais surtout la partition des actions a t modifi Les performers qui montrent les v tements invisibles doivent avant tout les endosser plusieurs semaines de travail ont t n cessaire pour r ussir mimer l habillement de fa on satisfaisante Le verbe est mis entre guillemets car son usage est impropre Fabre ne veut pas pr senter son public une sc ne de mime mais une fiction vraisemblable La diff rence est subtile mais fondamentale les acteurs ne doivent pas montrer une profession ou un personnage mais ex cuter une action le plus fid lement possible do simple movements but clear sugg re le metteur en sc ne durant les r p titions La chair se fait texte le corps nu d c
40. t dans la mesure o c est la partie du corps qui donne d infinies possibilit s de d placement dans l espace tridimensionnel Ce que Godard appelle fiction la capacit du danseur imaginer sa propre anatomie dans l espace est le v ritable moteur du mouvement La virtualisation de soi permet au performer fabrien dans notre cas de transformer sa propre condition je veux voir quelqu un se m tamorphoser Une m tamorphose par auto empoisonnement Un poison qui donne naissance une nouvelle vie la vie artificielle sur sc ne Fabre 2012 p 186 La conscience du performer de son tat de repr sentation est fondamentale Chaque mouvement mis en sc ne doit tre adress au public et con u cet effet dans l ouverture lisible int ressant Entre un d chiffrage des modifications volontaires des uvres reprises le t moignage d une variation impr vue et contrainte par les circonstances un claircissement sur la formation d acteur j ai cherch tracer un parcours cognitif derri re les coulisses de la compagnie Troubleyn Jan Fabre Le r sultat ne peut tre que partiel cette chronique fragmentaire n est qu une mise en bouche qui doit donner envie de s asseoir la table du metteur en sc ne flamand pour go ter tous les mets de son banquet Le peu de fen tres ouvertes ici sur le travail de Fabre sont n anmoins suffisantes pour comprendre que les tudes g n tiques dans ce cas la pr sen
41. tacles se basant sur des vid os d archive et sur les notes de mise en sc ne originales Mais Fabre on le sait appartient au nombre des metteurs en sc ne qui ne posent jamais un point final leurs repr sentations I teach my company the last performance will be the first one Pour cette raison le mat riel d archive n est jamais pleinement fiable Pour compliquer encore les choses Fabre change souvent les r les de ses acteurs parfois pendant la tourn e peu avant d entrer en sc ne Le metteur en sc ne exige que chaque acteur connaisse tout le spectacle et puisse endosser ainsi n importe quel r le I change people to make them alert awake to not step into the trap of automatism L instabilit de la forme est condition originelle pour C est du th tre durant la premi re ann e de repr sentation mal per ue de la critique et du public metteur en sc ne et acteurs encore inexp riment s et en recherche permanente de nouvelles solutions essay rent plusieurs variantes C est pour cette raison que la vid o d archive et la mise en sc ne elle m me ne sont que deux traces dans une constellation de petites variantes ph m res dissoutes en m me temps que la sortie des spectateurs la fin de chaque repr sentation Une partie du travail a t faite galement sur la base de souvenirs personnels du metteur en sc ne et de son ins parable assistante Miet Martens qui int gra la compagnie un mois
42. te la m taphore du sociologue Zygmunt Bauman qui a propos la diction de modernit liquide pour d crire le monde postmoderne Bauman 2000 i Les premiers usages du terme sont li s aux mises en sc ne d v nements historiques pratiques d abord r pandues aux Etats Unis qui ont eu grand succ s dans la seconde moiti du vingti me si cle en prenant de telles proportions qu elle sont devenue un v ritable objet d tude analyser et mettre en relation avec les arts visuels et performatifs cfr par ex le r cente tude de Rebecca Schneider qui met en relation la mise en sc ne d v nements guerriers pass s avec la pratique grandissante du reenactment en performance art SCHNEIDER Rebecca Performing Remains Art and War in Times of Theatrical Reenactment New York Routledge 2011 ui Het is theater zoals te verwachten en te voorzien was This is Theatre like it was to be Expected and Foreseen Director scenography lightdesign Jan Fabre Choreography Jan Fabre Marc Vanrunxt Assistancy 1982 Christ Mahy Assistancy 2012 Miet Martens Ren e Copraij Costumes Pol Engels Actors 1982 Els Deceukelier Dominique Krut Eric Raevens Marc Van Overmeir Paul Vervoort Philippe Vansweevelt Rena Vets Danny Kenis Actors 2012 Maria Dafneros Piet Defranq Melissa Guerin Carlijn Koppelmans Lisa May Giulia Perelli Gllles Polet Pietro Quadrino Kasper Vanderberghe Music Guy Drieghe Production 1982 Beursschouwbu
43. teur en sc ne Muscle apr s muscle un membre apr s l autre le puma doit se transformer en l zard L ventuel spectateur ne devrait presque pas s apercevoir de l instant o meure le mammif re et o n le reptile L acteur doit traverser un stade hybride dans lequel se m lange sang chaud et sang froid il doit provoquer et en m me temps subir la transformation xxiv Si le corps organique reste ancr dans sa mat rialit le corpo sottile irradie au del de ses propres limites physiques La projection mentale de son propre squelette tablit sur une conformation corporelle diff rente telle que celle de l animal permet d largir le clavier normal des mouvements disposition de l tre humain Fabre qui guide les acteurs pendant l entra nement attire l attention sur l articulation corporelle et en ce sens peuvent nous revenir l esprit les 17 paroles du chor graphe fran ais Hubert Godard qui voit dans les articulations anatomiques le point de d part du mouvement Je vois l articulation comme le lieu d une s paration une partie de mon corps reste mienne une autre partie se d place dans un espace auquel j assigne un sens une valeur dans lequel je projette une image du geste je construis une action virtuelle Godard in Menicacci et Quinz 2001 p 372 Le mouvement est d abord imagin projet et ensuite mis l acte L articulation est la puissance du mouvemen
44. tle bit earlier this century But business as usual Depuis 2002 Swan Lake elle est devenue assistante la dramaturgie et entra neuse des performers pour de nombreux spectacles de Fabre y compris pour les deux productions suivi par le soussign XX1 y A rA Cours dirig par un ma tre de kendo ancien coll gue de Fabre les deux se d di rent au kendo en jeunesse puis le deuxi me pris une autre route ui Informations biographiques tir es de Fabre 2012 et de conversations de qui crit avec le metteur en sc ne Pour de plus amples d tails sur ce th me fondamental dans l uvre de Fabre crf HOET Jan e DE GREEF Hugo Gesprekken met Jan Fabre Louvain Kritak 1993 trad fr Le guerrier de la beaut Paris L Arche 1994 et CELANT Germano a cura di Arti amp insetti amp teatri Genova Costa amp Nolan 1994 Un des exemples plus r cents est la s rie de sculptures Chapitres I XVIIT qui repr sentent le visage de l artiste de dix huit fa ons diff rentes adoub de diverses ramures certaines sont en excroissance de l int rieur vers l ext rieur d autres sont en infiltrations de l ext rieur proth ses incrust es dans le cr ne humain XIV Avec cette expression Silvia Fanti se r f re la tradizione medievale che nomina corpo sottile uno degli strati dell essere un doppio ridotto e filiforme una miniatura del volume fisico di ogni persona pour d crire un idea di co
45. ture de Troubleyn Jan Fabre accueille de nombreuses uvres d artistes contemporains offertes au metteur en sc ne ou donn es en change d autres uvres Les raisons sont multiples notamment la question du nombre des interpr tes Le pouvoir pr voit quinze performers C est du th tre en exige que huit On peut imaginer que le mois de r p titions du Pouvoir a servi aussi au metteur en sc ne conna tre ult rieurement les qualit s des com diens au travail et pouvoir ainsi mieux d finir le casting de C est du th tre Naturellement celui ci ne fut d finitif qu au dernier jour de r p titions La preuve en est que la d cision finale fut d adopter neuf interpr tes n cessit rendue vidente seulement par le travail sur sc ne Compositeur belge en 1984 il suivit la compagnie de Fabre pendant la p riode de r p titions du Pouvoir et composa les trois morceaux de musique minimaliste employ s dans le spectacle successivement recueillis dans l album Maximizing the audience WM Spain 1984 20 a Durant les r p titions du reenactment se discutait le prolongement de la liste jusqu nos jours en colmatant le trou des trente ann es qui nous s parent de l original Par fid lit il a t d cid de ne pas prolonger le catalogue dans le temps mais n anmoins de combler quelques lacunes ou oublis XVI D er ii x n Sc ne 4 de la fin du dix neuvi me jusqu la moiti du vi
46. u son de la voix une r verb ration propre au m gaphone Pour agr menter encore la cacophonie le son aigu d une scie circulaire r alis e au synth tiseur par le compositeur Guy D Drieghe qui est responsable de la totalit des effets sonores du spectacle percute les oreilles des spectateurs leur transmettant une d sagr able sensation au del de l audible attaquant directement le corps traversant le tympan pour aller faire vibrer les os du cr ne R p tant leurs textes l unisson les acteurs aux yeux band s d posent terre les petits oiseaux et se cherchent t tons au centre de la sc ne pour nouer ensemble les cordelettes de leurs guides les cinq perroquets pi tinent et rousp tent au sol ne pouvant voler cause de la toile d araign e qui les retient Avant de sortir de sc ne chaque acteur enl ve sa chemise et fait taire son oiseau en la lui jetant dessus Finalement le silence r gne A vue de l interdiction autrichienne Fabre a d cid de substituer les petits perroquets par des bougies allum es install es dans des voli res transportables Visuellement la sc ne de substitution tait nettement plus gracieuse que l original les bougies projetaient leurs ombres vibrantes sur la toile de fond les petites lumi res qui brillaient dans le noir devenaient d inutiles torches pour les aveugles habitants de ce monde La sc ne perdait n anmoins son caract re d rangeant En effet la p
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