Modélisation sémiotique et systémique de l`objet design comme
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1. 62 Toute cette intelligence mat rialis e et organis e est destin e favoriser l exp rience sensible des qualia par le consommateur usager puis d clencher la cha ne des affordances enaction habitudes d action repr sentations projections identitaires etc Flux de r ception et usage de l objet Les recherches sur les relations qui sont activ es entre l utilisateur et l objet ont produit divers paradigmes concurrents Selon nous ils d crivent diff rents aspects et diff rents types de relation objets usagers ainsi que diff rentes conceptions de la relation aux objets Mais surtout ils entrent en action en fonction des phases du cycle de la r ception Les affordances et les enactions sont plut t du c t des habitudes alors que les repr sentations sont plut t sollicit es dans les phases de changement d habitude donc de recherche et d apprentissage Nous avons cherch d crire syst miquement et s miotiquement ce double flux d agence r ciproque qui caract rise la relation entre un objet et un utilisateur qu il soit en phase d habitude d action de changement d habitude ou d apprentissage Apr s avoir explor diff rentes propositions nous avons opt pour le mod le interactionnel et exos miotique propos par Jacob von Uexk ll Uexk ll 1940 1956 1965 Ce mod le correspond tr s bien notre conception du monde comme syst me compos d agents humains et non humains humanis s Dans un milieu2. Co determination communication design modelization object semiotic systemic La mod lisation dynamique que nous pr sentons ici concerne les flux de communication g n r s par et pour l objet mat riel dans le cadre d une exp rience v cue avec et par lui Ce mod le s inscrit dans la tradition des mod lisations de la communication labor es jusqu alors mais il tente de les d passer en int grant les approches dynamiques constructivistes situ es et interactionnistes prenant en consid ration les contextes culturels des protagonistes La premi re interrogation qui a initi cette recherche est th orique les objets communiquent ils et si c est le cas comment les choses se passent elles et comment peut on les expliquer La seconde question a une origine plus m thodologique apr s avoir tudi les diff rentes mod lisations de la communication qui ont cours dans les design studies nous avons constat qu elles ne permettaient pas de traiter l objet comme une partie du syst me complexe et dynamique que nous avions observ lors de nos enqu tes et tudes de terrain La destination de cette mod lisation est la fois th orique car elle tente d articuler les diverses connaissances produites jusqu alors au sujet de l objet mais aussi pratique car nous souhaitons que ce mod le devienne un outil d aide la cr ation l audit et l analyse ce titre nous avons veill l inscrire dans le contexte
3. conomique h t rog ne qui gouverne la conception la production et la consommation des produits C est d ailleurs par cette mise en perspective g n rale que nous d buterons cette pr sentation Pour construire ce mod le nous avons syst matiquement combin des approches inductives fond es sur des observations de terrain et des enqu tes des approches d ductives g n rales et th oriques Cette mod lisation a t con ue et perfectionn e dans le cadre de recherches empiriques appliqu es et concr tes consacr e l tude de bouteilles d eau de cendriers de clef USB de portes lunettes et de t l phones portables et m me d interfaces web etc Nous ne pr senterons pas ici ces tudes mais nous d velopperons la mod lisation qui en r sulte en la d crivant et en pr sentant ses arri res plans th oriques Cet article plus descriptif que prescriptif explore une une les grandes composantes de la mod lisation que nous avons labor e Il d bute par une pr sentation des niveaux s miotiques de la mod lisation puis il explore les trois p les du circuit de la communication avant de pr senter les cycles d habitude et de changement d habitude qui d terminent la nature des relations entre les trois p les Il se termine par une pr sentation des flux qui les relient Contexte g n ral de la production du mod le Mod les conomiques et s mioses des objets Economie des objets biens Economie linaire Dans
4. de culture r ifi e et un signe action tr s complexe Approche en r seau du syst me de production et de r ception des objets et anatomie d un mod le Nous avons la conviction qu une s miose construite l occasion d une exp rience avec l objet n est pas seulement le produit d une personne mais le r sultat d un enchev trement de semioses co construites et co d termin par l individu et sa communaut Aussi focaliser l attention sur un seul concepteur ou un seul usager nous semble r ducteur de la complexit des instances mobilis es lors de l exp rience avec l objet Le mod le dynamique que nous pr sentons se compose de trois grands p les en interrelations qui traitent de l exp rience de la culture mat rielle Afin de repr senter les diff rentes interactions entre l exp rience individuelle contextualis e situ e et motiv e par un projet et les enjeux individuels et supra individuels qui sont activ s dans le cadre de cette exp rience nous avons choisi d embo ter deux cercles concentriques le premier d signant l individu et le second la communaut dans laquelle il op re Les deux p les des concepteurs producteurs et de la communaut des usagers sont chacun constitu s de deux horloges encastr es Leur rotation permet de situer et de contextualiser les tats de s miose des agents qui sont eux m mes en relation avec le syst me objet Les horloges centrales concernent l tat de ces agen
5. Paris 1 Panth on Sorbonne et professeur assistante de design l Ecole Sup rieure des Sciences et Techniques du Design l universit de la Manouba Tunisie Ses recherches portent essentiellement sur l approche s miotique et syst mique du design produit ainsi que sur les design studies et les cultural studies En 2010 elle soutient son doctorat en Arts et sciences de l art sp cialit Design l universit Paris 1 Ses publications portent sur le design et la culture mat rielle Bernard Darras Bernard Daras est professeur de s miotique et de m thodologie de la recherche l Universit Paris 1 Panth on Sorbonne Il est actuellement directeur du Centre de Recherche Images Cultures et Cognitions EA LETA CRICC du Master Multim dia Interactif du Master Etudes Culturelles et des formations professionnelles aux M tiers des Arts et de la Culture l Universit Paris 1 Ses recherches concernent prioritairement les approches s miotiques pragmatiques constructivistes syst miques et interactionnistes de la culture visuelle et mat rielle Il a publi et dirig de nombreux livres et revues et publi de nombreux articles scientifiques
6. environnement L h micercle de droite d bute avec le doute qui r sulte d une perturbation de l habitude d action il est g n ralement suivi d une crise qui peut se r sorber lors d une phase de recherche de solution Celle ci tant trouv e prouv e et apprise une nouvelle habitude est constitu e et le cycle adaptatif des habitudes et changement d habitude peut continuer Nous allons bri vement pr senter chacune de ses phases en notant que le passage de phase en phase est provoqu par des tensions Dans la mod lisation compl te pr sent e en fin d article ces cycles ou horloges de base seront la fois embo t s afin de repr senter la relation de phase d un individu avec sa communaut culturelle et r pliqu s car ce sont les m mes phases et tensions qui se produisent en conception production ou en r ception consommation Croyances habitudes action et signification Croyances et habitudes Selon Charles S Peirce a belief consists mainly in being deliberately prepared to adopt the formula believed in as the guide to action Peirce CP 5 480 La croyance n est donc qu une r gle d action et une pr disposition agir une formule destin e servir de guide l action En cons quence les habitudes qui en d coulent sont tendues vers l action mais elles ne se concr tisent que dans les habitudes d action C est pour Peirce le r le m me de la pens e The whole function of though
7. est toujours le r sultat d un co design et d une co production De son c t le concept de communaut des usagers ne renvoie pas qu aux seules pratiques de groupe Il concerne aussi tous les usages singuliers et situ s qui sont des occurrences d actions apprises et ma tris es lors d changes directs imitation ou instruction ou indirects m diatis s par un mode d emploi etc avec d autres membres d une communaut Cette communaut produit et g re des r gles et des normes d usage et d exp rience plus ou moins incorpor es par les individus mais aussi toutes les interactions improvis es plus ou moins d termin es par une cause et tendant vers un but Les enqu tes sur les conduites individuelles montrent qu elles sont bien des occurrences de pratiques partag es notamment sous la forme des croyances et des habitudes qui constituent une partie des repr sentations communes Le concept de syst me des objets ne se limite pas aux familles d objets Baudrillard 1968 II est enrichi par la conception de l objet comme un dispositif d intelligences distribu es plus ou moins fig es entretenant des relations objet sujet et objet objet Zinna 2005 Sur ce point notre mod lisation d coule de la conception s miotique relationnelle de C S Peirce 1931 1935 et elle adopte le concept de r seau h t rog ne ou les agents humains et non humains sont consid r s comme tant des r seaux en interrelations Elle a aussi d
8. the analyzed object is often reduced to a frozen image of itself Only the studies that fall within pragmatic semiotics analyze the object within the action interaction and the different contexts In line with this approach the research presented here proposes a semiotic and systemic modelization of the object which is considered as a complex sign action recorded in time in the experience of interaction and relationships in the habits and lifestyle changes resulting from adaptive pressures generated by technological cultural and socioeconomic change Such a semiotic and systemic approach requires reformulating research questions Do objects communicate within action and how How to address them as complex signs without separating them from their design and use environments and without only reducing the dynamics of uses to the right uses decreed by the analyst How to think the relationship with the object in action the experience both inside internalist approaches and outside externalist approaches How to think the complex object as a system of relationships and intelligences distributed in individual and collective representations but also built on external memories How to distinguish the different phases of discovery learning and automation of the uses and their changes that constitute the life of humans with objects Finally how to modelize this complexity and test the interpretative hypotheses generated by research Keywords
9. Mod lisation s miotique et syst mique de l objet design comme signe action complexe Sarah Belkhamsa Universit Paris 1 Panth on Sorbonne Paris et Universit de la Manouba Tunis Bernard Darras Universit Paris 1 Panth on Sorbonne Paris R sum Les approches s miotiques et syst miques du design produit sont la fois peu nombreuses et peu coordonn es C est ce que fait apparaitre l tat de la recherche en ce domaine Les quelques tudes s miotiques disponibles ont par ailleurs tendance isoler l objet de ses usages de ses utilisateurs et de la complexit du syst me d objets qui constitue son environnement proche ou des modes et styles de vie qui constituent ses univers En cons quence l objet analys est le plus souvent r duit une image fig e de lui m me Seules les tudes qui rel vent de la s miotique pragmatique veillent inscrire l objet dans l action les interactions et diff rents contextes C est dans cette lign e que la recherche ici pr sent e propose une mod lisation s miotique et syst mique de l objet Celui ci est consid r comme un signe action complexe inscrit dans le temps dans l exp rience d interaction et de relation dans les habitudes et les changements d habitudes r sultant des tensions adaptatives engendr es par les changements technologiques culturels et socio conomiques Une telle approche la fois s miotique et syst mique impose de reformuler les
10. ce r ussid retour vers croyance Perturbation resistance choc AM ir edans le doute d s miose Individuelle usagers Sadt cr atif ou rejet Solution Cycles des s mioses en R ception Usage Cycle de Croyance Cycle de changement d habitudes et d habitudes Belkhamsa amp Darras 2009 Figure 5 Carte dynamique de la communication de l objet References Barthes R 1967 Syst me de la Mode Paris Seuil Baudrillard J 1968 Le syst me des objets Paris Gallimard Beaunieux H 2009 Comment se forment nos habitudes La recherche N 432 Belkhamsa S sous presse Research in pragmatic semiotic and design and the difficulties to conceptualise In Chow R Jonas W Joost G Dir Question Hypothesis and Conjecture Berlin DesignResearchNetwork Publication Universe 124 139 Belkhamsa S amp Darras B 2007 Culture mat rielle et construction de l identit culturelle Discours repr sentations et rapports de pouvoir In Bernard Darras Dir Etudes Culturelles amp Cultural Studies Paris L Harmattan MEI 24 25 201 212 Braungart M amp MacDonough W 2002 Cradle to cradle Remaking the way we make things New York North point Press Brissaud D 2009 Le Product Service System 6e colloque Eco design Lyon Darras B 2009 Aesthetic and semiotic of the digital design The case of web international design First INDAF International Conference Inch
11. constitu par la rencontre d un objet et d un utilisateur Umwelt les composantes de l objet destin es design es l usage s affichent sous la forme de points offerts aux contre points de l agent En termes s miotiques pragmatiques et syst miques nous dirons que dans un milieu constitu par un agir sp cifique une exp rience l objet est un porteur de significations qui s actualisent lors d une interaction avec des compl ments incorpor s par l utilisateur de la signification Le plus souvent porteur de signification et utilisateur de la signification ont une longue histoire de co d termination et d naction Selon cette approche coupl e l objet est compos d un ensemble d attracteurs s offrant aux contre points compl mentaires des agents potentiels et plus forte raison l usage d utilisateur pr dispos s agir habitude et aspirant le faire Cette relation est optimale quand le design est particuli rement ergonomique et interpellant L un des avantages de cette approche pragmatique de la signification c est qu elle permet de mettre fin la s paration entretenue en s miotique entre la fonction et la signification Selon la perspective que nous adoptons toute fonction est une activation d un porteur de signification par un agent qui r alise cette signification dans l action Quand la perspective est en r ception les objets porteurs de signification son
12. des et changements d habitude Cette mod lisation dynamique r sulte de nos difficult s initiales mod liser la diversit des actions et exp riences avec un objet Qu elle soit arbitraire typique relative au bon usage ou statistiquement moyenne aucune des solutions ne nous semblait pist mologiquement acceptable Lors de nos diff rentes observations et enqu tes en r ception sur les usages des objets une vidence s est impos e les agents n avaient pas du tout les m mes relations aux objets quand ils les d couvraient quand ils apprenaient s en servir ou quand ils en usaient r guli rement Dans les deux premiers cas ils taient attentifs leurs actions et ils pouvaient les d crire en revanche ils taient en difficult pour en parler d s que leurs relations l objet taient g r es par des automatismes Une autre distinction est apparue tr s t t elle concernait toutes les relations avec les objets en crise La crise apparait notamment quand l usage d un objet n est plus adapt aux besoins Travaillant partir de deux territoires et de deux ambiances culturelles sensiblement diff rentes la France et la Tunisie nous rencontrions des objets import s et export s dont l identit posait des probl mes voir Belkhamsa et Darras 2007 Pour r soudre tous ces probl mes et mod liser la relation syst mique contextualis e et situ e de la communaut des agents du syst me des objets et de l e
13. e conscience des bouleversements cologiques en cours tend vers un design de service syst miquement auto co organis Nous sommes progressivement pass s d un design centr sur l objet un design centr sur la fonction puis sur l usager un design syst mique centr sur le syst me int gral La culture mat rielle les flux de signification et les niveaux s miotiques L une des th ses centrales de nos recherches Darras amp Belkhamsa 2009a repose sur l affirmation que les produits de la culture mat rielle ne sont pas des objets passifs mais des relais d exp rience et des m diateurs de croyances de repr sentations d habitudes et d agences Ils sont articul s en vastes syst mes de signes et de fonctions qui contribuent l organisation des rapports entre les humains Dans ce cadre ces signes deviennent les lieux d action de signification et de rapports de pouvoir ce sont des agences int gr es et mat rialis es capables d tre activ es et d activer des humains dont elles modulent les croyances les habitudes et les identit s Darras amp Belkhamsa 2009b Le design comme processus de conception de produits et de services constitue donc un ensemble de puissants outils d adaptation et de transformation du monde des objets et c est ce titre un acteur majeur dans le modelage des relations sociales et culturelles Belkhamsa amp Darras 2007 ce titre le design les usages et la culture mat rielle sont mutue
14. e nombreux points communs avec la th orie de l acteur r seau Action Network Theory ANT Selon cette perspective les relations entre objets et objets constituent l cologie des objets Ces relations peuvent tre de d pendance directe ensemble d objets fonctionnant en co pr sence un service de table une table et ses chaises etc ou indirecte ensemble d objets fonctionnant entre eux distance un t l viseur et sa t l commande etc Ces objets peuvent tre reli s entre eux plus ou moins grande distance par divers op rateurs parall les de point contre point m caniques la clef et la serrure ou chimique un d tecteur de fum e et une chaudi re ou thermique un thermostat et un radiateur ou par ondes deux t l phones cellulaires via un r seau Uexk ll 1956 1965 Selon le type d exp rience engag e l op rateur s lectionne et active certaines relations entre un objet et son environnement et constitue ainsi un syst me des objets r pondant ses intentions et finalit d action En cons quence chaque exp rience d finit un syst me des objets unique et sp cifique chaque op rateur Communaut interpr tative Des Usagers Ob PRE O y chris Objets reli s O oF o Objets reli s a Objets reli s Syst me des Objets Belkhamsa amp Darras2009 Figure 3 Mod lisation simplifi e des syst mes des objets Description du mod le Pr sentation du cycle des habitu
15. eon Korea proceedings Darras B amp Belkhamsa S 2009a L objet oubli des Sciences de l information et de la communication et des Cultural Studies In Nicolas Pelissier amp Fran oise Albertini Dir Les Sciences de l Information et de la Communication la rencontre des cultural studies Paris L Harmattan 155 174 Darras B amp Belkhamsa S 2009b Technology and post human imaginary Semiotic approach of adolescent s system of belief regarding mobile digital technology Journal for Transdisciplinary Knowledge Design Vol 2 Seoul Yonsei University Press 13 30 Darras B amp Belkhamsa S 2008 Faire corps avec le monde tude compar e des concepts d affordance d enaction et d habitude d action Recherche en communication N 29 125 145 Darras B et Belkhamsa S Dir 2009c Objets et communication MEI 30 31 Paris L Harmattan Deni M 2005 Les objets factitifs In J Fontannille et A Zinna Les objets au quotidien Limoges Pulim Florida R 2002 The Rise of the Creative Class And How It s Transforming Work Leisure and Everyday Life New York Basic Books Forlizzi J 2007 The product ecology Understanding social product use and supporting design culture International Journal of Design 2 1 11 20 Gay P Hall S et al 1997 Doing cultural studies The story of the Sony walkman London Sage Gibson J J 1950 The perception of the visual world Boston Hou
16. ghton Mifflin Greimas A J 19883 Du sens II Essais s miotiques Paris Seuil Greimas A J amp Courtes J 1979 S miotique Dictionnaire raisonn de la th orie du langage Paris Hachette Hubert V et al 2007 The dynamic network subserving the three phases of cognitive procedural learning Human brain mapping 28 1415 Klein N 2000 No logo Taking aim at the brand bullies New York Picador Krippendortff K 2005 The Semantic Turn A New Foundation for Design CRC Taylor amp Francis 349 Marty R 1994 S miotique de l obsolescence des formes DESIGN RECHERCHE n 6 Compi gne Universit Technologique de Compi gne 31 45 Peirce C S 1931 1935 Collected papers Cambridge Harvard University Press Suchman L 1987 et 2007 Human Machine Reconfigurations Plans and Situated Actions 2nd Edition Cambridge Cambridge Univerity Press Uexk ll J 1940 1956 Bedeutenlehre Hamburg Rowohlt Verlag 1965 Th orie de la signification In Mondes animaux et mondes humains Paris Deno l Visetti Y M et Rosenthal V 2006 Les contingences sensorimotrices de l enaction ntellectica n 43 107 Zinna A 2005 L objet et ses interfaces In J Fontanille et A Zinna dir Les objets au quotidien NAS Limoges PULIM 161 192 Author Biography Sarah Belkhamsa Sarah Belkhamsa est chercheuse au Centre de Recherche Images Cultures et Cognitions EA LETA CRICC de l Universit
17. gnon bien relais Communaut gN N l Communaut interpr tative gt interpr tative de coricepition et de production Ci 24 03 Sa SN Feed back f SET a Th ori d l esprit Mindre ding Belkhamsa amp Darras2009 01 Flux de conception production 02 Flux de r ception et usage 03 Flux entre concepteurs vers l objet de l objet producteurs et usagers Figure 2 Mod lisation simplifi e des flux de s mioses activ es par l objet 1A l exception des sujets tr s autistes Conform ment la d finition syst mique ce qui fait un syst me c est le r seau plus ou moins dense des interactions agences et interd pendances que les composantes du syst me entretiennent entre elles dans l action La communaut de conception et de production des biens des produits et des relais de service comprend le commanditaire les ing nieurs des diff rents bureaux d tude les responsables du marketing de la direction artistique du service financier et bien videmment les designers dont la position et le r le varient selon l organisation de l entreprise les productions et les produits Plus ou moins directement et explicitement tout ce monde contribue la d finition du cahier des charges ainsi qu aux diff rentes op rations de conseils de s lections de tests de validation de fabrication qu organise le projet Finalement que ce soit revendiqu ou non toute conception et production
18. ie de l esprit et le mindreading Nos nombreuses observations de personnes en train d utiliser des objets dans des circonstances diverses nous ont convaincus que les usagers pr tent aux concepteurs et producteurs une intention de communication de signification et d interpellation au travers des objets et de leurs interfaces Cette communication indirecte avec le concepteur survient chaque fois que l on cherche une logique au fonctionnement ou dysfonctionnement de l objet Quelques d clarations relev es lors de nos observations en sont de bons t moignages c est pas mal pens ce truc est mal fichu mais comment ont ils imagin a etc Bien videmment de son c t la communaut des concepteurs producteurs ne cesse elle aussi d imaginer les comportements des futurs usagers Elle le fait en extrapolant ces comportements partir de tests divers mais aussi le plus souvent en s auto projetant dans les usages venir un titre ou un autre en sa pr sence ou en son absence nous avons tous t confront s ce processus de repr sentation de la pens e de l autre Pour ce faire nous activons une capacit mentale que l on appelle la th orie de la Th orie de l esprit Nous sollicitons une Th orie de l esprit ou une s quence de mindreading chaque fois que nous attribuons l objet lui m me une Th orie de l esprit Ce processus de personnalisation est en fait une extension de p
19. iens mais d s la conception et la diffusion le recyclage de fin de vie est programm Ils r clament donc des s mioses cologiques et responsables adapt es Economie des objets et produits de service conomie circulaire Dans l conomie d usage et de service les produits sont avant tout con us et produits pour tre des relais d usage et de service et c est ainsi qu ils sont consomm s Ceux que l on appelle les smart products des trois classes du Product Services System PSS Brissaud 2009 mais aussi les Sustainable Service Systems 3S ou les produits non mat rialis s PNM font d sormais partie des strat gies de r duction de l empreinte plan taire des entreprises et des politiques de d veloppement Cette troisi me forme d conomie co durable veille ce que ses produits relais puissent tre r guli rement mis jour compatibles avec des utilisateurs divers multiples simultan s et ou successifs et qu une fois puis s par ce service commun ils soient recycl s Ils entrent le plus souvent dans une conomie de biens publics ou collectifs en libre service Ces produits relais sont encore tr s souvent trait s avec des s mioses issues de la logique de propri t des biens ce qui provoque divers probl mes tels que les d gradations et les vols En ce d but du XXIe si cle l conomie l industrie le design les s mioses et les croyances dominantes sont encore r ductionnistes mais la prise d
20. ions ne sont ni seulement des propri t s de l environnement ni seulement des dispositions du sujet ce sont des propri t s syst miques cologiques mergentes qui sont la fois compl mentaires et relationnelles Le concept d enaction a t d velopp par Francisco Varella dans un contexte pist mologique post darwinien o la relation organisme environnement se d finit par l volution de leur co d termination La th se de l naction r side dans le concept de couplage structurel Ainsi que le notent Visetti et Rosenthal 2006 l approche nactiviste se distingue par sa capacit consid rer que l int rieur et ext rieur se co constituent travers l action et ses m diations Selon Greimas 1983 74 la factitivit est un faire cognitif qui cherche provoquer le faire somatique L acte factitif qui en r sulte a deux modalit s contractuelles engageant deux instances de l nonciation dot es d un faire persuasif et d un faire interpr tatif Greimas Courtes 1979 144 Michela Deni 2005 82 distingue quatre niveaux de la factitivit de l objet le niveau o l objet agit comme un manipulateur s miotique de l utilisateur celui o les objets structurent les processus d action de l utilisateur le niveau o les objets cr ent le contexte de relation interobjective finalement le niveau o les objets modifient les relations entre les sujets R introduits dans
21. ites et explicit es tape apr s tape et phase apr s phase dans cet article Pour bien fonctionner ce diagramme doit tre pens dynamiquement et compl t par diff rents zooms sur les parties complexes de chaque phase et de chaque flux Selon nous toute tude d une exp rience avec un objet doit tre con ue comme l tude d un signe action complexe Elle r clame non seulement le r glage des quatre phases engag es dans l interaction mais aussi l tude approfondie des diff rentes interactions qui s y d roulent ainsi que l tude des flux qui relient chaque p le activ Non seulement cette mod lisation permet de traiter de la signification d une exp rience lorsqu elle s actualise dans une habitude d action pr visible parce que r currente relativement stable et partag e par une communaut mais elle permet aussi de traiter de la dynamique du changement des s mioses des crises comme des phases d apprentissage Ceci tant en conception production qu en r ception usage mais aussi lors de leur articulation Darras amp Belkhamsa 2009c FLUX DE PRODUCTION Inhibition de l action Action et exp rience r ussie retour vers croyance Saut cr atif de s miose Individuelle concepteur Feed Back et Th orie de l esprit ou rejet Projet d action Cycles des s mioses en Conception Production Champ de l exp rience Action exp rience FLUX DE RECEPTION Ex cution Action et exp rien
22. la ph nom nologie et la s miotique pragmatique par Charles S Peirce pour d signer le sentiment de roug it d un rouge de stridence d un son etc les qualia constituent les toutes premi res informations qualitatives de l exp rience consciente d un objet Ce sont des blocs de sensation qui ne sont pas r ductibles leurs composantes l mentaires Ils fonctionnent comme des synth ses et des gestalt de relations Tout l art de l assemblage des formes et des couleurs du designer vise constituer des gestalt capables de s imposer au destinataire qui les traitera comme des entit s globales Si le contexte les dispositions et les attentes du destinataire sont compatibles avec les intentions du designer les assemblages produiront les qualia esp r s mais ce ne sera pas toujours le cas voir Darras 2009 Flux de conception production vers l objet Telle que nous l avons mod lis e la communaut des concepteurs producteurs a pour mission d int grer de la signification et de la culture dans des mat riaux des formes et des volumes etc En tant qu interm diaires culturels les Designers have to embody culture in the things they design They play an active role in promoting consumption through attaching to product and services particular meanings and lyfestyles with which consumers will identify Put simply they can be defined as involved in the provision of symbolic goods and services du Gay et al 1997
23. le cadre de l conomie des biens la communaut des concepteurs et producteurs r alise des produits qui sont des biens de consommation pour des usagers qui en sont souvent les propri taires uniques Une fois que les fonctions de ces biens sont puis es ils sont massivement jet s C est la m taphore du berceau la tombe propos e par Michael Braungart et William MacDonough 2002 qui convient le mieux pour imager cette conomie irresponsable Les produits biens sont g r s comme toutes les propri t s personnelles et priv es ils sont r solument con us pour tre appropri s individuellement et servir aux fonctions sociales de projection et d ostentation identitaire En cons quence ce sont les s mioses de propri t priv e de cumul des biens de capitalisation de distinction mais aussi de gestion non cologique qui dominent l utilisation de ces objets biens Economie des objets recyclables conomie circulaire Dans le cadre de l conomie boucl e les produits sont con us par la communaut des concepteurs et producteurs pour tre d montables r utilisables et recyclables La philosophie cradle to cradle et sa certification C2C en sont la manifestation Cette approche r clame un d centrement de la logique de produit fini pour tendre vers une logique de seconde vie des composants Les produits recyclables sont encore des propri t s priv es qui peuvent b n ficier des m me s mioses que les b
24. llement engag s dans des boucles de co d termination Flux de signes actions S mio cognitif Flux sensorimoteur Flux de signes S mio usages Flux d actions Usagers Flux Entrant CHAMP DE L EXPERIENCE Flux Sortant Consommateur Distributeurs ent nn bn gt Style de vie Flux de s mioses Flux de s mioses collectives Socio s miotique individuelles Culture mat rielle Belkhamsa amp Darras2009 Figure 1 Les niveaux s miotiques Ce diagramme repr sente les trois niveaux de profondeur auxquels notre mod lisation donne acc s L exp rience est le moment o s actualisent tous les flux directs concrets et situ s de la relation l objet comme repr sentant d une culture mat rielle Cette exp rience actualise les flux de s mioses individuelles et collectives qui constituent la mati re premi re de l tude socio s miotique Tel que nous le concevons ce niveau concerne les enjeux identitaires de classe sociale de genre et tous les rapports de pouvoir Le niveau des s mio usages articule les signes l action et aux usages Il interroge la fa on dont un signe produit de l action et la fa on dont un usage produit un signe Belkhamsa sous presse Le troisi me niveau traite du fonctionnement cognitif des processus d interpr tation et d action et il interroge les processus de fixation et de changement des habitudes Ces diff rents niveaux sollicit s par l exp rience avec l objet en font un artefact charg
25. nissons ces programmes pragmatique et ex cutif sont conformes aux avanc es des th ories de la l action et de la cognition situ e Situated cognition de la connaissance distribu e et des recherches en HMI Human Machine Interaction telles quelles ont t d velopp es partir des travaux de Lucy Suchman 1987 et 2007 La crise En l absence de solution viable le sujet et sa communaut entrent dans une phase de crise domin e par le trouble l h sitation l chec la souffrance l inhibition de l action les cercles vicieux et toutes les formes du blocage En attendant qu un saut cr atif et adaptatif ne survienne et ne soit adopt on tente souvent de faire du neuf avec du vieux La recherche La recherche de solution peut emprunter diff rentes voies qui vont de limitation emprunt ou copie de solutions existantes la recherche m thodique et scientifique de solutions in dites fond es sur diff rentes proc dures logiques dont l abduction l induction et la d duction Entre ces deux extr mes l imagination et la cr ativit offrent une grande vari t de dispositifs de r solution de probl mes qui vont du surgissement intuitif de solutions aux diff rents recyclages de blocs de pens es Comme le disait Albert Einstein Les probl mes auxquels nous sommes confront s ne peuvent tre r solus au niveau et avec la fa on de penser qui les a engendr s L mergence d une solution peut se faire dans un temp
26. nvironnement nous avons eu recours aux concepts d habitude et de changement d habitude d velopp s par C S Peirce Nous les avons ensuite affin s et organis s en un cycle du changement Ce cycle et ses diff rentes phases sont repr sent s dans le diagramme suivant ET aD D D Boucle de croyances Action et exp rience j retour vers croyance Boucle de changement et d habitudes Perturbation d habitudes resistance choc entr e dans le doute Inhibition de l action Ex cution Action exp rience tests Saut cr atif Viabilit en Contexte Projet d action Solution Adoption ou rejet Belkhamsa amp Darras 2009 Figure 4 Cycle du Signe Action d riv de la th orie de C S Peirce Auto eco organis Tel que nous le pr sentons ici la gauche de ce cercle est occup e par les phases en quilibre c est le domaine des croyances en phase de stabilit des habitudes et des habitudes d action qui en d coulent et qui se renforcent et renforcent les croyances quand l action est concluante fl che descendante Cet quilibre est l tat dans lequel se trouve la pens e qui fonctionne dans un environnement pr visible Nous avons distingu les phases d lib ratives des phases ex cutives Dans les premiers cas les habitudes sont des pr dispositions agir dans le second cas les habitudes s actualisent dans l action o elles se confrontent aux facilitations et r sistances concr tes de l
27. ochain doute qui engagera une nouvelle recherche L articulation entre les croyances et habitudes individuelles et collectives Cette tude des phases et tensions du cycle des habitudes et changement d habitude est applicable aussi bien en conception production qu en r ception usage et consommation Elle l est aussi tant au niveau singulier du designer que de sa communaut de production elle est aussi applicable du c t de l exp rience individuelle et du contexte culturel des communaut s interpr tatives et agissantes dans lesquelles l usage se d roule Toute tude d une exp rience consiste donc en un r glage de ces cycles embo t s en fonction des phases activ es En g n ral ce sont les habitudes qui dominent la vie quotidienne des humains Dans les environnements con us pour tre stables et pr visibles il n est donc pas difficile de contr ler tr s vite les micros changements et de chasser le doute pour retrouver les bonnes vieilles habitudes Sur ce plan tous les individus n ont pas les m mes comportements ainsi les individus cr atifs sont plus attir s par les tensions provoqu es par le doute que par la stabilit Ils aiment les professions et les activit s plus risqu es o les habitudes sont souvent d stabilis es Ils appr cient de voir leurs certitudes mises en doute ils adorent avoir des probl mes r soudre et relever des d fis qui stimulent leur imagination leur cr ativit et leur esprit d in
28. ois automatiques et cognitivement inconscients La conduite automobile ou l utilisation experte d un clavier sont des combinaisons d automatismes et de bricolages ex cutifs Le fait de conna tre une action par corps dispense de la m diation d une repr sentation Celle ci devient m me g nante quand elle resurgit au milieu d une action automatis e Il faut en quelque sorte apprendre agir sans y penser Ce qui ne veut pas dire que l agent ne pense plus sa pens e n est plus repr sentationnelle mais psychomotrice Dans tous les cas passer l action c est savoir fonctionner selon l un de ces trois modes Le doute L entr e dans le doute est une situation normale du cycle de la pens e qui tend la fois vers l habitude et le confort de la croyance mais aussi vers l action qui peut conduire l chec et linvalidation de l habitude et de la croyance Since belief is a rule for action the application of which involves further doubt and further thought at the same time that it is a stopping place it is also a new starting place for thought Le plus souvent le doute n est pas une phase satisfaisante Doubt is not a habit but the privation of a habit Sa r sorption inaugure une phase de recherche qui peut s enliser dans la crise ou se lib rer dans un saut cr atif Dans les cas graves la tension se transforme en tat de choc qui bloque le processus de la pens e Tels que nous les d fi
29. oncepts des prototypes ou des produits innovants ou quand ils sont des produits de masse ou g n riques us s ou des survivants de la banalisation rig s en s miophores destin s aux collectionneurs C est parce qu il est pris dans le r seau de toutes les combinatoires entre les diff rents syst mes conomiques les diff rents niveaux s miotiques la variabilit des syst mes des objets constitu s l occasion d exp rience sp cifiques les diff rentes combinaisons possibles entre les s mioses individuelles et leurs interactions avec l environnement etc que l objet est un signe complexe difficile interpr ter Les composantes de cette complexit tant identifi s il s agit maintenant de les mettre en relation par une approche syst mique des flux qui les relient Etude des trois flux de communication entre les p les Cette derni re partie est consacr e l tude des flux de communication qui circulent entre les p les dynamiques en constituant le circuit de la communication de l objet Pour faciliter la compr hension de cette partie de notre mod lisation nous devons pr alablement expliciter certains paradigmes que nous utiliserons r guli rement Darras Belkhamsa 2008 Propos es par James Gibson 1950 les affordances sont des propri t s de l environnement associ es par un animal ou un humain des actions sp cifiques dans un syst me donn Ces opportunit s cologiques d interact
30. questions de recherche Les objets communiquent t ils dans l action et comment Comment les traiter comme des signes complexes sans les s parer de leurs environnements de conception et d usage et sans r duire la dynamique des usages aux seuls bons usages d cr t s par l analyste Comment penser la relation avec l objet en action l exp rience la fois de l int rieur approches internalistes et de l ext rieur approches externalistes Comment penser l objet complexe comme un syst me de relations et d intelligences distribu es dans des repr sentations individuelles et collectives mais aussi int gr dans des m moires externes Comment distinguer les diff rentes phases de d couverte d apprentissage d automatisation des usages et de leurs changements qui constituent la vie des humains avec les objets Enfin comment mod liser cette complexit et tester les hypoth ses interpr tatives produites par la recherche Mots clefs Cod termination communication design mod lisation objet s miotique syst mique Abstract Semiotic and systemic approaches to product design are both scarce and uncoordinated as shown by the current state of research in this area The few semiotic studies available also tend to isolate the object from its uses its users and the complexity of the system of objects that constitutes its immediate environment or of the patterns and lifestyles that make up its universes As a result
31. ropri t s mentales de l humain aux artefacts non humains L objet s y pr te d autant mieux qu il est effectivement un lieu d intelligence d l gu e distribu e et mat rialis e Dans notre mod lisation le flux des Th ories de l esprit et les op rations de mindreading sont donc double sens ils sont imagin s et test s en conception production et projet s ou activ s lors de l usage ou de l analyse Notons ce sujet que la plupart des analystes se contentent de travailler sur les th ories de l esprit qu ils attribuent aux designers et c est pr cis ment ce biais que nous tentons d viter avec notre mod lisation tripolaire Pour nous ces processus sont un des hauts lieux d activation des flux de communication entre les humains et le monde non humain humanis des objets Feed back Autant les projections de Th orie de l esprit se d roulent sans cons quence directe sur la transformation de l objet autant les feed back sont destin s le stabiliser ou le modifier Nous consid rons donc comme appartenant au feed back tous les tests d utilisation et toutes les enqu tes de satisfaction qui sont en g n ral conduits par le service marketing mais aussi lors de toutes les op rations de co design qui se r alisent dans le cadre du design participatif Conclusion La conclusion de cette tude est mat rialis e dans le sch ma global suivant Il rassemble et articule toutes les composantes d cr
32. s tr s court ou tr s long et cette solution peut tre plus ou moins viable L apprentissage de nouvelles habitudes Beaunieux montre que l apprentissage d une proc dure se d roule en trois tapes distinctes une tape cognitive une tape associative et une tape qualifi e d autonome Lors de la premi re tape le sujet d couvre ce qu il doit apprendre il t tonne et commet de nombreuses erreurs Puis il passe l tape associative phase transitoire au cours de laquelle il commence contr ler la t che effectuer sans pour autant lavoir automatis e Enfin pendant la troisi me tape les gestes sont automatiques et atteignent un niveau d efficacit maximale Beaunieux 2009 52 Cette dynamique correspond trois zones c r brales distinctes Hubert et al 2007 Ce basculement vers la m moire proc durale expliquerait pourquoi nos automatismes sont si difficiles verbaliser Beaunieux 2009 53 Cette conomie proc durale permet au sujet de d dier une plus grande part de son activit d autres choses Si dans la comp tition entre les habitudes disponibles la nouvelle habitude apprise parvient s imposer et tre valid e puis tre adopt e par la communaut interpr tative du sujet elle devient une habitude partag e consensus et ventuellement un habitus Elle est alors incorpor e individuellement et socialement jusqu la prochaine h sitation ind cision et jusqu au pr
33. t is to produce habits of action CP 5 400 V 13 L habitude d action pr side l accomplissement de la signification qu est l action elle m me CP 5 400 Lors de nos observations nous avons constat que les habitudes d action s actualisent selon trois process distincts qui peuvent tre successifs Les programmes pragmatiques sont des repr sentations internes ou externes de plan d action Une table de multiplication m moris e ou un syst me mn motechnique sont des programmes pragmatiques internes le mode d emploi la recette une carte routi re un plan de montage etc sont des programmes pragmatiques externes Les bricolages ex cutifs sont activ s lors du passage l action directe et concr te Ce sont des actions partiellement improvis es lors de l exp rience directe et situ e Les agents bricolent avec les informations et connaissances distribu es dans leur environnement sous forme de m moires externes ou excorpor es et des habitudes mat rialis es et r ifi es que sont les artefacts Le chemin se construit en marchant disait A Machado Le programme pragmatique constitue une sorte d lan initial d intention alors que le bricolage ex cutif est opportuniste inventif et adaptatif Les programmes ex cutifs sont des bricolages ex cutifs optimis s et r p t s un grand nombre de fois avant d tre enregistr s dans la m moire proc durale Ils deviennent alors la f
34. t tout d abord per us par leur utilisateur au niveau des qualia certains de ces qualia sont trait s des niveaux sensori moteurs l mentaires par des relations d affordance D autres affordances plus affin es par l exp rience et les pratiques de la culture mat rielle fonctionnent en boucles d enactions qui font intervenir des habitudes d action et des repr sentations Quand la perspective est du c t des porteurs de significations potentielles que sont les objets ces significations ont t int gr es par des designers lors d op rations de mat rialisation diverses pour que l objet soit un acteur humanis et cultiv Il est alors porteur d agences performatives factitives design es pour interpeler un usager et le faire agir selon le programme d action qu il mat rialise Lors de la relation l objet sollicite et guide les r ponses d j incorpor es par le destinataire qui est en phase d habitude d action et il induit des tentatives de r ponses lorsque le sujet est en phase de changement d habitude Flux entre concepteurs producteurs et usagers Cette partie de la mod lisation caract rise les relations qui sont entretenues dans le circuit de la production et de la consommation entre les concepteur producteurs et les usagers Nos observations et enqu tes nous ont permis de distinguer les op rations de production de Th ories de l esprit de mindreading et les op rations de feed back La th or
35. ts alors que les horloges p riph riques permettent de situer tel ou tel tat de la communaut interpr tative et de la culture mat rielle En cons quence tout agent est la fois ind pendant et d pendant Ce sont les interactions et articulations permanentes entre ces niveaux qui constituent selon nous une des originalit s de ce mod le Ce dispositif en horloges encastr es permet de caract riser soixante quatre combinaisons repr sentant les tats d un individu par rapport aux tats de sa communaut interpr tatives Au centre et au sommet du mod le l objet poss de deux faces principales un c t int gre et mat rialise les composantes s lectionn es par le p le de conception production le produit ou le service l autre c t est trait e par l utilisateur comme un bien une interface d usage ou un relai de service En cons quence la diff rence des sch mas de communication classiques qui ont tendance individualiser ses p les nous consid rons qu tous les niveaux de notre mod lisation ce sont des ensembles d acteurs et d agents qui sont en interaction avec le monde et ceci vaut autant pour la communaut des concepteurs producteurs que pour les communaut s d usager et les communaut s interpr tatives diverses mais aussi pour ce que l on appelle les syst mes d objets C est ce que nous allons tudier plus en d tail Objet s miose fig e Interface m diateur d l gu compa
36. vention Bref ils aiment tre confront s aux changements et ils en sont les principaux acteurs en cons quence ils adoptent vite les nouvelles solutions et les nouveaux produits et services Ils ont donc boulevers le mod le de la pens e stable o dominent les croyances les habitudes et la tradition au profit 4 R f rence exacte inconnue ce propos est g n ralement pr t Albert Einstein d une valorisation positive du doute et de la recherche de solution C est leur fa on de g rer le cycle des habitudes et des changements d habitude mais surtout c est leur attitude constructive face l incertitude ainsi que leur habilet transformer positivement les tensions et le doute en recherche et en solution et non pas en crise ou en rigidit qui en font des individus cr atifs La cr ativit attirant la cr ativit et les cr atifs attirant les cr atifs une classe cr ative se constitue qui dispose du pouvoir essentiel de d finir les styles de vie du pr sent mais aussi ceux du futur et donc d orienter en grande partie l conomie et la production de biens et de services Florida 2002 Cycle de vie de l objet Les objets eux m mes sont soumis a un cycle de vie et de changement r gul par les lois du march des marques et des tendances e g Barthes R 1967 Baudrillard J 1968 Marty R 1994 Klein N 2000 Il est vident que la relation aux objets est diff rente quand ceux ci sont des c
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