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Ergothérapies et schizophrénies : La mise en acte
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1. e par du culturel du spirituel du social du politique Ceci nous emp che alors de poser comme v rit absolue l existence de schizophr nes Nous parlons nous agissons et avec un sujet envisag et per u comme sujet qui agit et parle avec raison et souffrance dans une relation qui ne doit pas tre a priori non partageable socialement Cette incapacit mais pour lequel des deux protagonistes pouvoir tre et faire dans une relation qui est inscrite dans des normes et des codes est bien le n ud de cette relation unique et singuli re Il ne s agit pas de comprendre ce que fait le sujet mais de nous faire comprendre de lui Ce renversement ne peut tre universel et infaillible car il rel ve de l thique du th rapeute Hernandez 2000 qui pose que la prise en ROCARD M La d mocratie inventive in ENRIQUEZ E Le go t de l ALT RIT Descl e de Brower Paris 1999 pp 167 182 pp 179 180 charge ergoth rapique a une chance de permettre une transformation du sujet dans ses actes et donc dans son tre L ergotherapie s int resse aux actes des hommes et ce qui les pr suppose et les anime les actions Ce regard sp cifique s accomplit dans des moments des lieux particuliers qui offrent un espace s curis non pour que le sujet puisse fabriquer mobiliser ses capacit s mais pour qu il mette en uvre son tre afin d prouver ces fronti res entre les diff rents tres L ergoth rapie volue d
2. du vr congr s europ en d ergotherapie Association Nationale Fran aise des Ergoth rapeutes Paris 2000 MENDEL G L acte est une aventure Edition La d couverte Coll Textes l appui Paris 1998 ROUSTANG F La fin de la plainte ditions Odile Jacob Paris 2000
3. nous sur l ergoth rapie et ses propositions th rapeutiques qui s inscrivent dans le registre de l ergon c est dire de l activit et donc de l action et non dans celui du travail de la ponia Cette confusion propos de l ergon th rapie entre travail et activit tient l histoire qui a vu les infirmiers passer de ge liers soignants pendant que les ergoth rapeutes n ont pas su pu proposer imposer cette dimension de la th rapie de et par l activit humaine propre l ergoth rapie Homo activus Homo creatum Homo laborans C est dans la perspective de la prise en compte de l homme comme animal cr ateur comme activit de cr ation que l ergoth rapie met en place un cadre rep r dans le temps et dans l espace pour permettre au sujet de cr er La cr ation veut dire s vader du d terminisme historique de son destin inexorable o justement la cr ation de nouveau ne peut plus pas tre La cr ation c est juste faire merger quelque chose qui n existait pas avant qui vient de nulle part et cette chose peut tre certes un objet mais aussi une relation un autre monde au del un autre niveau de relation de rapport soi aux autres au monde L homme est n avec une psych qui est exclusivement orient e vers elle m me vers sa satisfaction et qui volue dans l hallucination Toute notre vie notre histoire ce qui se passe en nous contre nous c est un proce
4. Titre Ergotherapies et schizophr nies La mise en acte du sujet R sum La schizophr nie ou les schizophr nies interroge nt nos pratiques cliniques quant a leurs validit s Mais elle s interroge nt aussi les concepts qui sous tendent ces pratiques Ainsi pourquoi l ergoth rapie a t elle sa place dans le processus th rapeutique relatif au x schizophr nie s et en quoi l acte et l action sont ils des donn es fondamentales dans cette perspective La place donn e a la parole est pr pond rante alors que le lieu et le lien de rencontre du sujet est l acte en tant que porteur de signification et de rencontre partageables socialement Cette th rapie de l acte ne serait elle pas l ergon th rapie Mots cl s Schizophr nie ergoth rapie acte ergon sens autonomie Tir s part Jean Philippe Guihard ergoth rapeute cadre de sant Centre Hospitalier F 22110 Plouguern vel Ergoth rapies et schizophrenies L homme est un auteur et un acteur Laissons de c t le premier car c est par le second qu il se demontrera G Mac Fierg Avant toute chose ce propos s inscrit dans une perspective largie relative aux schizophr nies et non la schizophr nie Nous n en donnerons pas de d finition puisque la litt rature nous montre une absence de consensus sur cette question De m me ce propos refl te une vision de l ergoth rapie et n engage que son auteur Ceci tant dit concentrons
5. ans ce risque partag o la vie est en uvre et non en fabrication Et ce risque est grand car l cart qui s pare le th rapeute du sujet schizophr ne est immense car vide Nous ne rencontrons jamais de sosie psychique bien que nous voluions en m me temps dans l universel de la socialisation de notre psych Il est alors impossible si nous souhaitons tenir ensemble le singulier et l universel de l homme en tant qu homme qui plus est s il est envisag schizophr ne de d finir les conditions de cette rencontre en acte en ergon autrement que suffisamment Comment pourrions nous sp cifier des conditions qui ne sont pas sp cifiables de par cette dialogie de l tre singuli rement universel Et c est parce que nous le posons comme sujet comme auteur de ses actions que nous ne l envisageons plus comme discours de l autre comme volont de se faire comprendre par le th rapeute Le sujet schizophr ne ne vient pas vierge de son histoire qu elle qu en puisse tre l interpr tation et son v cu de celle ci Mais il ne s en per oit pas comme membre part enti re car manifestement ses actes d passent ses pens es sans qu il y ait pour autant passage l acte physique dans la pens e hallucin e penser c est faire Il nous faut alors au travers d une activit d une mise en actes action permettre le participable de la relation de la repr sentation actuelle et non factuelle Il s agit d une histoi
6. ction que l homme en tant qu auteur se r v le Dire n est pas faire et n en rester qu au niveau du discours c est rester dans l hallucination et non dans la construction du monde Par del la simple intention la volont doit passer par l preuve de l acte effectu libre d montrant 6 l acteur qu il est avant tout auteur Les schizophr nies ne sont elles pas teurs de cette libert Bibliographie ARENDT H Condition de l homme moderne Calmann L vy Coll Pocket Agora Paris 1994 CASTORIADIS C L institution imaginaire de la soci t ditions du Seuil Coll Esprit Paris 1975 CASTORIADIS C Les carrefours du labyrinthe I Editions du Seuil Coll Essais Paris 1978 CASTORIADIS C Fait et faire les carrefours du labyrinthe Tome V ditions du Seuil Paris 1997 ENRIQUEZ E Le go t de l ALT RIT Descl et Brower Paris 1999 GUIHARD J P L interprofessionnalit au risque du C H S m moire r alis dans le cadre de la validation pour l obtention du dipl me de cadre de sant et de la licence en sciences de l ducation Paris Aix Marseille 1999 disponible http www perso wanadoo fr jp guihard GUIHARD J P L valuation au risque de l ergoth rapie en psychiatrie in Journal d Ergotherapie Masson Paris 2000 22 3 111 118 HERNANDEZ H L thique au service de la qualit en ergoth rapie in Ergotherapie m moire et devenir Actes
7. de l ergon de la cr ation Cette distinction s mantique peut para tre anecdotique mais elle est visc ralement fondatrice de ce que l homme est un homme Hannah Arendt dans la condition de l homme moderne pr cise cette distinction fondatrice que l on retrouve dans les langues indo europ ennes entre les couples labor opus ponia ergon arbeiten werken labour work entre la souffrance et le plaisir Nous sommes bien nous ergoth rapeutes des ergon et non des ponia nous sommes dans le r cit la cr ation le sensible la temporalit et non le chronos Dans l activit il y a un cadre des r gles mais il est r gul discut actualis car comme pr cis pr c demment c est la vie qui est en uvre et non en fabrication L activite l agir place le sujet face son futur pass face son objet qu il est libre de produire comme de le d truire et qui n est pas dans le syst me marchand de consommation Le temps libre de la s ance est une histoire un mode d tre ensemble car les contraintes aff rentes le cadre est une fen tre ouverte sur le temps libre qui passe et sur non le chronos rationnel Or ce temps libre fait peur car il est vide a priori il exprime la crainte profonde au sein de chacun de nous de ce qu on fera de tout ce temps libre puisque l id e d en avoir un usage cr ateur non marchand a t presque assassin e La soci t de consommation nous renvoie un psychisme de l avo
8. et dans cette soci t Ces deux p les ne peuvent exister l un sans l autre et ne sont pas r ductibles l un l autre ce qui pose la question de l ind passable de cette dialectique Le r le de la soci t en tant qu imaginaire social historique institu et instituant Castoriadis 1975 est de ramener le sujet psychique un niveau de r alit qui puisse tre partageable C est la relation qui permet la cr ation car le conna tre et l agir sont indiscutablement psychique et social Tout ce que nous trouvons de social dans l homme est socialement cr par la relation Lorsque des hommes sont r unis il se passe quelque chose faisant merger autre chose qu un rassemblement d animaux Mais pour que naisse ce niveau proprement humain de relation il faut que le processus de socialisation de la psych ne soit pas trop douloureux Or la maladie mentale est exc s de souffrance et les circonstances de rencontre entre le th rapeute et le sujet s expriment dans une cl ture insupportable L homme cherche le sens et pour satisfaire cette qu te du sens il cr e le sens mais trop souvent dans la cl ture cr ant par la m me la cl ture du sens Le r le de l ergoth rapeute est de rompre cette cl ture du sens pour engendrer mettre en question les significations imaginaires de l activit La mise en situation d action de choix de changement nous permet d accompagner la personne dans ces situations risque relati
9. ir n gateur de l autre et donc violent L objet observable de l ergoth rapie est l acte l action et la difficult tient ce que cet objet est partout dissout dans la banalit du quotidien Mais cet objet est bic phale il est le sujet absorb par son activit tout en tant pr sence dans un monde d j l r ifi car ind pendant de ce qui nous constitue Il s agit alors pour l ergoth rapie de penser l activit et de la faire penser par l autre dans une dimension qui tienne ces deux faces ensembles libert et d termination afin de permettre au sujet de pouvoir se lire Il s agit de renvoyer au sujet l interpr tation de l ergoth rapeute partir de l imaginaire collectif de ce qui est en production agit la validit qu il en donne pour que le sujet devienne le lecteur de ce qu il produit et qu il se comprenne dans les retours que l ergoth rapeute lui soumet de son activit GUIHARD 2000 Mais alors comment pouvoir exposer ici une m thode des solutions autres que ces myst rieuses conditions suffisamment bonnes qui rel vent de la relation du transfert et non du discours scientifique voire scientiste Nous ne le ferons pas car cette question n a pas de sens ni de valeur dans ce propos En effet chercher dans cette direction c est envisager des causes des effets des explications alors que nous sommes dans le sens dans les limites impures de toute relation qui est parasit
10. n humaine reflet de cette rupture de la cl ture ouvrant ainsi la voie au changement l alt rit Mais en ergoth rapie il nous importe de mettre en actes un sujet pour permettre une laboration conjointe des actions qui sous tendent l acte En effet au del du visible de l acte il importe de comprendre au sens tymologique de prendre ensemble les intentions le trajet entre le d but de la mise en acte et sa finalit afin de replacer l action dans une dimension active et non factuelle La schizophr nie telle que nous l avons d crite pointe ce d licat probl me de la mise en action du sujet qui quand il agit n expose pas d intention visible compr hensible Mais de la m me fa on le repli sur soi cette cl ture est une mise en non acte d une action exprimant cette incapacit pouvoir partager des relations v cues comme porteuses de codes sociaux et politiques par trop fig s et rigides Ergon Therapie L ergoth rapie vise ce qui pourrait tre autrement et dont la fin est un ergon uvre r sultat existant ind pendamment de l activit qui l a fait tre et qui vaut plus qu elle Longtemps l ergoth rapie fut enferm e avec notre libre soumission dans un seul des deux sens de la po isis celui du fabriqu du travail du labeur de la ponia Mais l ergoth rapie est en fait CASTORIADIS C 1978 p 293 parce que la relation est un gouffre inconscient dans le registre
11. re se faisant et non faire L ergoth rapie n est pas oralit th orie mais mouvement acte action en un mot activit elle est la poi sis en uvre L ergoth rapie ne r sout pas elle ne cherche pas de solution pour par et en l autre en tant que parole unique proc dure protocole objectif et rationnel Nous voluons dans la r alit de l acte pour chercher la v rit de l action qui est par l m me in puisable L ergotherapie n est pas paradogme parce qu elle est avant tout actes co d termin s et non d termin s tout aussi bien pour la schizophr nie que pour le th rapeute Conclusion Dans le propos qui nous concerne poser cette diff rence entre ergon ponia activit travail est fondamentale car elle seule nous permet d envisager que l agir du sujet schizophr ne mais ceci est valable pour tous les agirs est un possible de changement car il peut tre cr atif ex nihilo L ergoth rapie ne s int resse pas au maniement la fabrication l outil elle ne se focalise pas sur ce qui est produit ni sur le pour quoi parce que notre regard est vers le cr ateur et non vers le cr L ergoth rapeute dit au sujet schizophr ne qu il y a du possible et que ses mondes ne sont pas clos fig s et nous lui proposons d prouver ce possible et non de le prouver Il ne s agit pas d activer un d j l mais d inventer en actes un possible socialement partageable C est par l a
12. ssus de socialisation de notre psych qui nous permet de vivre ensemble dans un monde subjectif sans pour autant rester dans la caverne La psych est surgissement continu d information de cr ation plus ou moins contr lable car ce n est pas le Je qui pense mais la psych elle m me qui se pense qui pense Les pens es viennent quand elles veulent et non quand je veux ce n est pas le je grammatical qui pense mais le sujet ontologique Pour autant ce n est pas cette psych qui cr e la soci t l universel ce n est pas le gouffre de l inconscient qui cr la loi Elle lui est impos e par la soci t La psych re oit ainsi dans ce processus de socialisation la totalit des significations imaginaires sociales Castoriadis 1975 que la relation porte et rend possible L activit est une cr ation individuelle mais aussi collective et communautaire en tant qu elle porte justement ces significations Un marteau est tel parce que la soci t le pense comme tel L activit est une cr ation du collectif social c est l imaginaire instituant c est l imaginaire social l uvre en institution Castoriadis 1d L objet de l ergoth rapie est de permettre au sujet d investir une activit sociale d utiliser les objets cr s par la soci t institu s et labor s par elle Ceci non pas par imp rialisme th rapeutique mais parce que l homme est la soci t et qu il est homme avec par
13. t une laboration psychique qui adviendrait par le langage est dans un premier temps trop co teuse en termes d conomie psychique Le lieu de rencontre privil gi du sujet dit schizophr ne est donc avant tout le lien de l agir de l acte et non celui de la parole en tant que mots et phrases faisant sens social Comme nous l avons voqu pr c demment rien ne peut entrer dans une psych qu la condition d tre m taphoris labor par elle Il y a cl ture du sens qui est forte dans la schizophr nie dans la mesure o la cod termination singuli re prime sur le particulier et le social Il n y a plus r gulation entre le singulier de la psych et la soci t mettant le sujet c t dans une soci t sans tre pour autant dedans dehors Nous voyons bien en ergoth rapie que cet c t dedans n est pas pour autant un autre monde car le sujet schizophr ne sait parler notre langue sait qu un pinceau est un pinceau qu une scie sert scier Il s agit d une dialectique du mode d emploi et du sens de l objet social qui cr e un mode d emploi propre C est la fa on d tre c t avec les autres les conditions de production de ses actes qui changent Pourquoi est il toujours plus facile de mettre en acte un sujet en tant que relation plut t que par la parole Parce que l acte objective le signifiable d un monde humain cod termin par la v rit brute la nature et la cr atio
14. ves une activit proprement humaine Schizophr nies Nous pla ons ce propos dans le registre de la psychose telle que d crite par le courant psychanalytique sans pour autant nous reconna tre in extenso dans ce dernier ne souhaitant pas inscrire ce texte dans une mono r f rence L h t rog n it des tres au monde nous invite penser la clinique ergoth rapique sous le sceau des paradigmes et non comme le souhaitent certains ergoth rapeutes sous la chape du paradogme La psychose renvoie explicitement au probl me de la compr hension au partage du sens L expression psychotique que ce soit dans le langage ou dans l acte fait sens pour le sujet et est l expression cr atrice de la vie psychique humaine dans sa dimension non fonctionnelle non biologique relative la symbolisation la cr ation d un monde pour soi La difficult clinique tient l impuret de cette rencontre o deux CASTORIADIS 1997 p 102 mondes ne peuvent se parler faute de pouvoir se faire comprendre Il s agit alors de mettre en place les conditions suffisamment bonnes Winnicott 1971 de rencontre m diates qui permettront non pas la re production mais la procr ation en acte d une relation objectale qui serait par la m me parce que socialement partageable une grille de lecture commune de ce qui se dit et se fait Cette procr ation deux passe par l agir par le jeu avant tout car la distanciation permettan
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