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Compte rendu, par le Figaro et l`Humanité de la faillite

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1. c est dire suppos principalement pr occup par le politique et peu au fait donc des subtilit s de fonctionnement de l conomie fmanci re Cons quence le discours d information conomique du quotidien communiste est parfois en particulier sur des points techniques pr cis relativement flottant Ja crise financi re affecte toutes les monnaies mais certaines plus que d autres ou en titre de Une c est la sp culation qui est l origine de ce qui secoue toutes les places boursi res gH ce qui est logique dans la mesure o ce n est pas un discours sp cialiste technique qu aspire L Humanit A d autres instants cependant lorsque l information devient d monstration le quotidien comme nous avons pu le constater met par contre en sc ne un travail p dagogique le r le d information est alors d volu un nonciateur r put sp cialiste qui se trouve charg d expliquer dans une d marche de diffusion du savoir les m canismes d organisation des march s sp culatifs ou plus largement de l conomie mondiale Pour le cas du Figaro au contraire l information conomique semble s adresser un lectorat sp cifique elle est rejet e ou plut t distingu e dans un cahier 14 C est nous qui soulignons 108 sp cial dont le volume appara t synonyme de richesse informative Son destinataire type serait ainsi plut t un lecteur technicien directeme
2. de 7 la chute des Salinas 7 pourrait 48 Une 12 atian Ro Ernesto Zedillo LE Fi GARO gt 12 1 Les aubes sont navrantes at celui que ses coll gues de Singapour appelaient Lucky Nick faisait triste mine matin lorsqu i est Sorti de l avion de la compa gnie Royat Brunei en prove de Kota Kinabulu es ort par la police de Francfort qui l avait bord de l appareil en m me que sa femme Lisa relach e dans la soir e Un homme las un voya tre sans sommeil dans son jean et sa chemise grise un aux couleurs fluores ventes accroch au dos un gros livre la main Image d faite pour le goiden boy qui intertoque les financiers et passionne presse bri tannique depuis qu a clat le scandale qui a conduit la mise sous administration ju diciaire de banque Ba tings la banque de la reine fleuron de la City d puis 1762 at qui ne compte pant soid e ce qui permet Que 1 advenir de Ni cholas Wiliam Leason at de femme 7 Ni Scotland Yard ni la police la City n ayant lanc de mandat d arr t le autorit s alle andes elles ont d at endre une bonne partie de la journ e qu arrive de Sin ternationai qui f ur permette be pr senter Nick Pes un juge Et puis d ailleurs de quoi est il coupable
3. structur et manifest par les organisations l gitimes d expression des travailleurs 23 social construit Au del des ouvertures videntes que de telles remarques impliquent in vitablement vers un travail de mise en question de la place de l nonciateur journal ou journaliste dans le proc s de construction de l information on peut constater que se trouve aussi d embl e voqu e la d licate question de la nature des liens entre le discours de l information et la r alit conomique qu il d signe A Respectivement une sph re Politique pour laquelle la conjoncture et les Revendication sociales constituent les th mes attractifs mais o le r le conomique de 1 tat peut tout de m me tre per u travers les autres th mes Education Finances publiques et Am nagement du territoire une sph re Entreprise organis e autour des th mes Emploi Industrie Financement ou encore Revendications sociales et une sph re Conjoncture o se regroupent les th mes Emploi Agriculture Financement et Relations internationales Voir pour compl ment sur ce point pr cis MAAREK G rard L information conomique aujourd hui March et institutions in Revue Economique 1992 a C est nous qui soulignons 23 BUTHEAU Robert CARLUER Claudine et CICILLE Patricia Analyse de l information conomique dans la presse r gionale p 48 et 49 21 LA
4. la mondialisation de l conomie la concurrence occupent la place de l antique moira 118 Greff e sur le savoir la m taphore peut conf rer un th me id ologique l apparence de la v rit absolue ou en d autres termes nous masque le caract re construit et relatif de nos perceptions affirme finalement JEANNERET elle est pourvoyeuse d id ologie rampante et il aurait donc sans doute int r t creuser cette piste en cas de poursuite ventuelle de la d composition du discours du journalisme conomique B UN DISCOURS D INFORMATION SPECIFIQUE B1 Type genre et diff rences d actualisation Pour tenter maintenant de d finitivement pr ciser les caract ristiques sp cifiques de l information conomique celle d celables en tout cas partir de notre travail singulier il nous semble judicieux d organiser notre d marche en trois tapes en reprenant un certain nombre de concepts descriptifs du syst me de l information d finis par Eliseo VERON e Du point de vue le plus g n ral d abord l information conomique se caract riserait comme relevant du type g n ral discours d information d finit comme ayant pour objet l actualit et ne pouvant tre totalement compris si l on d cide de suivre le programme de VERON qu en Jconceptualisant d une part son articulation au r seau technologique des m dias et au syst me de normes qui r gissent la profession de journaliste et d autre par
5. fond sur la re l gitimation des march s financiers consid r s non plus comme les temples de l argent facile mais comme des acteurs du d veloppement 23 tudi s chercher les traces entre les diff rents organes de presse et leurs lecteurs ne B2 Un double rapport de proximit au x pouvoir s Sur un plan diff rent l ouvrage de Serge GUERIN aide aussi mettre en lumi re un second aspect singulier de l information conomique sa dimension souvent particuli rement influente Et il s agit l d une influence que l on pourrait qualifier de suppl mentaire par rapport celle rep rable dans tout type d information telle que d finie par exemple par Ahmed SILEM et Pierre Marie PERRET dans un article de 1985 visant pr senter les premi res bases d une future conomie g n rale de l information toute information crivaient ils en substance constitue de mani re ontologique en vertu de l quation savoir pouvoir avoir un instrument d influenc 27 L information conomique en effet trouve une partie non n gligeable de sa valeur valeur d usage pr cise GUERIN dans son caract re litt ralement utilitaire et parfois m me strat gique elle se distingue ainsi par son rapport particulier qui est un rapport de proximit au x pouvoir s Rapport positif comme par transmission dans un premier temps Ja presse conomique et financi re plus largement toute infor
6. Les citoyens libres des d mocraties modernes se sentent de plus en plus emprisonn s dans une pens e crit par exemple le directeur du Monde Diplomatique qui rappelle aussi avec insistance la mani re dont les m dias dans la plupart des cas au sein de leurs rubriques conomiques en particulier viteraient de remettre en question le principe consistant supposer vidente et vraie la double id e selon laquelle d une part l conomique aurait aujourd hui plus d importance que le politique et d autre part la logique capitaliste serait d essence radicalement n57 naturelle Au nom du r alisme et du pragmatisme l conomie se trouverait ainsi plac e en particulier dans les m dias dont le r le influent est explicitement soulign 93 penser pour une illustration anecdotique mais vigoureuse des possibles analyses de type lexical un ouvrage largement pol mique mais de tradition marxiste somme toute classique du chroniqueur ONCLE BERNARD intitul Parlant pognon mon petit Le ons d conomie politique 1994 Pourquoi appeler sages des individus dont la fonction est de compter des sous pourquoi ne pas dire les comptables les piciers ou les calculateurs crit par exemple l auteur propos de la nomination en 1994 des neufs membres du Conseil Politique de la Banque de France 5 Dans le sillage par exemple du Monde Diplomatique 29 Le
7. autrefois identifi e la capacit surtout technique d obtenir un produit donn un faible co t analys e aujourd hui selon le crit re de la mise en oeuvre efficace d une combinaison complexe de ressources et devenant donc le Jait d une organisation de qualit c est dire d une organisation vivante LORINO Philippe Red finir la notion de performance conomique in Alternatives Economiques 1990 30 Y compris donc pour nous le discours journalistique a AASLAND Dag A short note on the abstraction of economic life in Economies et Soci t s 1988 L auteur distingue trois niveaux d abstraction possibles successivement op rationnel analytique et mythologique 52 SCHMIDT Christian La s mantique conomique en question 1985 32 grands Ne serait ce d ailleurs pourrait on ajouter que par de simples effets de vocabulaire qui contribuent souvent au d veloppement implicite de visions du monde plus id ologiques qu universelles En sus de ces r flexions d inspirations surtout s mantiques ou lexicales une approche critique du contenu des discours d information conomique mieux distingu s cette fois quoiqu encore tr s h tivement en tant que discours de presse peut aussi trouver inspiration du c t des exemples d j existants de mise en question de la place des m dias dans un suppos proc s global d imposition d un nouveau cat chisme conomicocentriste
8. cf le surtitre informatif et factuel couvrant le haut de la page 3 La banque qui tient les 2 En plus de cette distinction g ographique L Humanit se fonde aussi dans son travail d organisation de rubriques sur des d finitions th matiques existent ainsi des rubriques Sport et Culture et par exemple des pages Clignotants Zapping T l vision ou 83 L angle crit Denis RUELLAN dans son travail de r flexion sur la profession de journaliste se d finit comme la d cision et la mani re propres au journalisme d interroger la complexit du r el C est une pr rationnalisation un acte premier par lequel l observateur d cide d isoler dans l tendue et la confusion du r el une gamme d aspects en fonction de crit res d accessibilit soit en terme de compr hension pure soit en termes de contrainte mat rielle et d expressivit choisir un angle c est vouloir rapporter la complexit du nombre l apparente simplicit de l unit RUELLAN Denis Le professionnalisme du flou 1993 151 Nous ne sommes toutefois pas dupes de ce que cette pr sentation rec le de soumission l id ologie traditionnelle de la presse comme outil de reproduction du r el Pour d finition de ces termes nous nous sommes fond s sur le Lexique de la presse crite de Pierre ALBERT un article est une unit r dactionnelle qui quelle que soit sa dimension constitue un tout coh rent et i
9. elle exprime un travail de focalisation sur un r sultat la mise sous r glement judiciaire plut t que sur une action filiale asiatique de Barings perd 4 milliards de francs crivait en surtitre L Humanit constitue t elle alors le premier indice d une possible pr dilection ult rieure pour un travail de pr sentation des seules cons quences de la faillite de Barings La chute de Barings aggrave la crise mon taire Ce titre central de Une confirme l hypoth se pr c dente Le Figaro semble bel et bien vouloir principalement cadrer son discours du c t d une information sur les seules cons quences de la faillite de Barings envisag es plus pr cis ment selon un point de vue d abord technique puisque mon taire L o L Humanit imm diatement installait dans son discours d information une position d analyse analyse g n rale d tach e du temps de l v nement Le Figaro donc au contraire apparemment faire preuve de la plus large objectivit son titre central se pr sente comme de pur constat factuel il s agit l d une disposition qu indique en particulier le choix du verbe aggraver indice d une soumission la dynamique particuli re de l actualit Constatons tout de m me cependant que ce m me verbe dans le m me temps renvoie aussi malgr tout une lecture particuli re de la chute de Barings la relation de cette derni re actualit se trouve en
10. partout o it est pass souvenir d un fellow sympa boute en train at tr s malin Sa photo de jeune homme sage avec son faux air d Albert de Monaco a fait Londres des n gociations serr es Times le n erlendsis ING Benk aurait fait une offre pour l ensemble du groupe meie le g snt BAT industries a aet retir de le course Les noms de Morgen Staniey Lynch BZW eu Kleinsort Benson circulent aussi pour reprise de toutou partie de banque Le contr leur des Ecoutes l accusation Le pr sident du CNCIS confirme P la tour du monde La presse britannique se dispute les d Clarations de son p re de sa s ur de sa belle m re de la cousine de sa femme etc Qu apprend on Qu 18 ans il entre comme commis chez Coutts amp Co et qu apr s un court s jour chez Morgan Stanley il entre en 1989 la Barings C est L qu it ren contre charmante Lisa Sims l pouse en 1992 juste avant d tre envoy Singapour pour s occuper des march s d riv s Le wonder boy m ne grand train gagne plus de 1 5 de francs par en sans compter les primes fa ramineuses estim es 1 milion de dollars en 1994 C est un talent disent ses coll gues mais aussi le cauchemar de la direc tion aime le footbeit le faste et surtout le travail Sa hi rarchie sembie lui avoir fait aveug
11. toutefois qu il ne se trouve pas d un point de vue technique en termes de volume ou de typographie par exemple particuli rement mis en valeur seule sa position sur des colonnes de gauche indique son caract re premier Son organisation g n rale est assez simple et surtout parfaitement boucl e d s la premi re phrase Le Figaro tablit sa d finition de l v nement r f rent d finition singuli rement restrictive puisque le quotidien inaugure son r cit par la phrase suivante A lui seul un golden boy de 28 ans a r ussi le tour de force 77 d envoyer au tapis Baring Securities la maison de titre occidentale la plus respect e en Asie qui constitue le fondement g n ral de l article les interrogations qu on y trouve ne remettent jamais en cause cette position initiale mais cherchent seulement l clairer et implique sa conclusion finale explicitement d finitive pour Nick LEESON l aventure se serait termin e hier par son arrestation en Tha lande crit Le Figaro Cette derni re information conditionnelle s av rera fausse mais elle reste malgr tout pour nous extr mement int ressante elle indique en effet de mani re directe le travail g n ral de circonscription que m ne le quotidien qui r sume la faillite de Barings au seul aventurisme de LEESON pas la peine donc de la discuter beaucoup plus quelques paragraphes dans cet article ainsi que dans celui titr City
12. INDICATIONS BIBLIOGRAPHIQUES ET PREMIERS ELEMENTS GENERAUX SUR LES SINGULARITES DU DISCOURS D INFORMATION ECONOMIQUE Une lecture un peu attentive et suivie de la presse quotidienne le laisse facilement entrevoir l information conomique au sens large c est dire pas n cessairement sp cialis e occupe depuis pour faire vite le d but des ann es 16 BOURDIEU Pierre R ponses Pour une anthropologie r flexive 1992 71 17 1970 une place de plus en plus importante dans la presse g n raliste Au moment de nos recherches bibliographiques nous avons donc t frapp s en premier lieu par le nombre singuli rement r duit de travaux consacr s directement l tude critique de ce discours d information sp cifique les rares r f rences trouv es pour tre int ressantes n taient ainsi souvent que superficielles plus allusives que v ritablement rigoureuses et volontiers pol miques sans qu il n y ait forc ment l pour autant jugement de valeur Lors des rares tentatives de v ritable mise en question de l information conomique travaux dont l objectif principal d sign est explicitement celui d une meilleure connaissance des m canismes de fonctionnement de l information conomique les r flexions se centrent assez rapidement sur son seul versant sp cialis les analystes oublient ainsi de s interroger sur ses possibles sp cificit s pour retrouver plus facilement un certain nombre de
13. Le Wall Street Journal Europe taisait hier tat d un rapport interne de la Barings datant de Juillet dernier et eoulignent geur au bout d une nuit peut Le caime ravient aur les march s d Aaie qus le meison de titres japo naise Daiwa Securities d nou hier le Quesi totaift des vontrets t rme de Ba rings ls Bourse d Osaka Une grande partie des positions initi es sur les mar th s du Japon st de Singapour est mainte progressivement le perte de plus d un mii Herd de 5 15 milliards de france waregiatr e per banque Singapour ministre des Finsnces Richerd Hu confirm mise en piece d un fonde de obligations financi res de Futures filiale produits d riv s de 1 banque Hier de nouvelles r v lations ont t taltes souilgnant le laxiame dont Nick Leeson a t arr t hier Francfort neee Le roman du tricheur qui branle la City Le financier l origine de la faillite de la banque Barings risque d tre extrad vers Singapour une absence de contr le in qui tante de la filiale de Sin gapour rapport demeur lettre morte Quant au Finan cial Times il affirmait que les administrateurs de la Barings avaient vir d importantes sommes en liquide leur im prudent frader Le mandat d arr t manant de Singa Pour accuse Leeson qui Voyageait sous sa v ritable identit d avoir faisifi un document compt
14. Strat gies de la presse et du droit La loi de 1920 et l avortement au proc s de Bobigny Lyon PUL 1979 249 pages GUERIN Serge La presse conomique et financi re Paris Editions du Collection Connaissance des m dias 1991 93 pages GUILLEBAUD Jean Claude Langues de in Le Nouvel Observateur 3 9 Ao t 1995 HIBBS Douglas Performance conomique et fonction de popularit des pr sidents Pompidou et Giscard d Estaing in Revue d Economie Politique n 1 1983 pages 44 61 HOCQ Philippe L information comme construit social in M diaspouvoirs n 35 1994 pages 158 163 JEANNENEY Jean No l L argent cach Milieux d affaire et pouvoirs politiques dans la France du XX me si cle Paris Fayard 1981 364 pages JEANNERET Yves Le choc des mots pens e m taphorique et vulgarisation scientifique in Communication et langages n 93 1992 pages 99 113 Journalistes et linguistes M me langue m me langage Actes de la rencontre du 15 Janvier 1993 la Sorbonne in M Scope n sp cial avril 1994 128 pages 121 La presse l information et le fait conomique Lyon Ecully IRPEACS Groupement d Int r t Scientifique P dagogie de l Economie 1983 78 pages photocopi es non publi es num rot es par nos soins Comprend La presse l information et le fait canomique 10 pages photocopi es BUTHEAU Robert L information conomique et socia
15. rendant compte du m me pisode et partir des m mes l ments de d p che se contente d indiquer sans aucune forme apparente de jugement que banque a financ le r tablissement des liens commerciaux avec les Etats Unis apr s la guerre d ind pendance et les guerres contre Napol on La m me r alit une nouvelle fois se trouve vue dans les deux cas travers les prismes d formants de visions du monde politiques distinctes travers son discours d information en apparence rigoureusement objectif Le Figaro comme L Humanit r active une vision ant rieurement constitu e du monde conomique caract ris e par une vision positive du capitalisme financier que l on devine par exemple en creux dans la l gende des deux photographies Une fin m diocre pour la v n rable institution dirig e par Peter Baring B22 Aux op rateurs de mesurer leurs risques la curieuse reprise d un discours primaire Le Figaro poursuit son travail de pr sentation analyse des cons quences de la faillite de Barings par un article relativement long et express ment technique centr sur les seules modalit s de fonctionnement des diff rents march s financiers Sign par un journaliste sp cialiste habitu des pages Economie du Figaro cet article reprend et d veloppe le point de vue exprim par Muriel MOTTE dans son article de pr sentation selon lequel la faillite de Barings serait lire
16. sur mesure qui consiste pour un sp culateur parier sur la valeur future d un g i F 8 8 Paris sur le MATE arch terme international de France peut gagner ou perdre autant que s il avait plac 500 000 francs en obligations S il perd ii devra rembourser ces 500 000 francs plus les 15 000 francs de mise de d part souvent d j emprunt s sur un autre versant du march sp culatif plus la perte li e au totai de cette somme On estime 200 000 te nombre de contrats de type qui se n gocient chaque jour ka Bourse de Paris Le march march des produits L syst me de paris tous azimuts issu de la d reglementation internatio a d j provoqu plusieurs accidents chaque fois ils ont mis en danger l conomie mondiale d j largement fragili s e par la sp culation chaque fois aussi ce sont les simples ci toyens qui en fin de compte ont pay les d g ts Le 6 d cembre dernier le comt californien d Orange demand la mise en uvre de la loi f d rale sur les faillites apr s avoir perdu plus de 2 milliards de dollars sur les d riv s Le comt avait mis sur une baisse a t pris contre pied lorsque le loyer de l argent est reparti la hausse en d but d ann e der Mercredi dernier encore le Washington Post r v lait que le district de Columbia ce lui de la capitale de
17. Robert CARLUER Claudine et CICILLE Patricia Analyse de l information conomique dans la presse r gionale ou BUTHEAU Robert L information conomique et sociale un produit de consommation courante in La presse l information et le fait conomique 1983 20 grandes sph res de l information conomique les chercheurs de l IR P E A C S r v lent comme en n gatif en tentant d en esquiver la complexit la dimension en partie n buleuse de l information conomique souvent dite d ailleurs conomique et sociale qui regroupe toujours en son sein m me large part d information non conomique juridique sociale technique ou politique par exemple Mal d finie mais largement structur e l information conomique se caract riserait donc par sa dimension construite comme l a montr l T R P E A C S pour le cas de la presse quotidienne r gionale A l issue de longues analyses de nature surtout morphologiques l quipe de Robert BUTHEAU estime en effet pouvoir affirmer que marquant dans le discours du journal une pr sence constante de l conomique dans le quotidien du lecteur et dans l inconscient des r dactions les th mes de l information conomique abord s dans la presse r gionale semblent traduire la fois un enracinement dans les activit s de production locales et surtout une pr dilection pour une approche par un 22 premier lieu comme le reflet de l homme au travail
18. c dents lourds de cons quences renvoie ainsi directement une pr sentation des cons quences de quelques exemples ant rieurs de lourdes pertes sur le march des produits d riv s Plus que le d tail des informations alors livr es c est le premier paragraphe de pr sentation qui nous a int ress dans la mesure o l article est non sign car fond sur la relecture d une d p che d agence on retrouvera les m mes exemples dans Le Figaro c est pr cis ment dans cette introduction que s exprime le discours propre de L Humanit Dans une forme de r sum condens de l article pr c dent le march des produits d riv s se voit ainsi d abord bri vement qualifi sur un ton cette fois directement explicite syst me de paris tous azimuts issu de la d r glementation internationale et les cl s de lecture d un v nement du type faillite de Barings se trouvent ensuite ostensiblement indiqu es fond es une nouvelle fois sur un syst me d opposition duale l conomie mondiale est largement fragilis e par la sp culation et chaque fois ce sont les simples citoyens qui en fin de compte paient les d g ts La boucle est boucl e la lecture du seul titre introductif de la double colonne Rep res aurait t suffisante les produits d riv s est sans doute est ce l en somme pour L Humanit leur unique d finition vraie ne sont pas autre chose que le symbole du gonflement des act
19. constituent simultan ment une introduction ils se terminent syst matiquement par un renvoi explicite aux pages int rieures concern es et une synth se des articles venir un digest pourrait on dire si l on se r f re au surlignage en gras des l ments essentiels consid r s en tout cas comme tels par le quotidien mardi 28 F vrier Le Figaro r sume introduit ainsi l actualit Barings en 6 points qui d une mani re g n rale constituent un d veloppement d taill du cadrage dans le titre voqu les l ments caract ristiques de l aggravation de la crise mon taire sont ainsi successivement voqu s monnaie apr s monnaie le quotidien poursuivant et affirmant ainsi son travail pr alable de circonscription de l v nement la relation de ses seules cons quences techniques L Humanit affirmait la n cessit d interventions politiques Le Figaro se contente d voquer l intervention de Banques centrales Sans surprise le quotidien continue se pr senter comme l nonciateur d un discours de simple r p tition de la 72 r alit les v nements de la veille tant ainsi rapport s au pass compos et la structure de leur d roulement chronologique explicitement soulign e plusieurs reprises chute de Barings a aggrav hier les d sordres mon taires Barings t mise sous administration judiciaire apr s avoir perdu mark consacr comme
20. de 750 dollars singapouriens pour atteinte la pudeur il avait baiss son pantalon devant une discoth que un soir de beu verie ait pu seul s aventurer sans contr le placer plus de 22 milliards de francs sur un march ultrarisqu Quoi qu il en soit des suites des aventures du jeune Nick Barings est en vente et selon les derni res informations les can didats la reprise seraient nom breux Apr s le retrait du g ant BAT conglom rat britannique des tabacs et des assurances une banque hollandaise tait hier sur les rangs avec semble t il de bonne chance de succ s Il faut dire que Barings qui a d j fait plusieurs fois faillite en plus deux si cles d existence dispose d un savoir faire financier inter nationalement reconnu notam ment en mati re d OPA et de privatisation Les quipes qu elle constitu es sont d ail leurs depuis le d but de la se maine d bauch es part la concurrence prix d or L accident singapourien manifestement ne trouble pas sur le fond les strat gies finan ci res des grandes banques mon diales fran aises en t te Seul d tail r ellement g nant la reine aurait perdu dans l affaire 800 000 dollars Mais les perts font remarquer que d une part la fortune royale dispose encore au minimum de 260 mil i lions de dollars et que de plus Barings g rait essentiellement les comptes caritatifs de la fa mille Dommage pour les
21. et sans doute plus largement tout m dia informatif tablit sa strat gie propre de construction de l information si d un point de vue global le r alisme appara t comme le v ritable mode de signification de l information il constitue surtout le mode prioritaire d authentification du sens institu par les m dias B L ARTICULATION COMPLEXE DE PLUSIEURS NIVEAUX DE CONSTRUCTION DE L EVENEMENT Le travail de remise en cause de l id ologie r aliste classique introduit ainsi directement la discussion du rapport entre faire savoir et faire croire l oeuvre au sein du discours d information Comme nous avons pu le constater lors de l tude de notre corpus particulier Le Figaro et L Humanit construisent chacun de leur c t mais peut tre aussi en relation dans une sorte de dialogue distance Nous reviendrons plus loin sur ce point une actualit faillite de Barings qui pour renvoyer toujours au m me v nement r f rent n en reste pas moins dans les deux quotidiens singuli rement diff rente Mais de plus notre grille de lecture nous a aussi permis de confirmer une autre de nos hypoth ses de d part nous savons d sormais avec certitude que le travail de production de sens propre aux m dias informatifs repose sur l articulation complexe de plusieurs l ments discursifs de niveaux diff rents Si le r le des composants de la surface discursive lexique construction des articles tait
22. fini cet article dans ses diff rents paragraphes se trouve pourtant explicitement pr sent comme un discours d information pure c est dire de compte rendu de la r alit vraie D s un petit chapeau introductif par exemple la situation g ographique de l nonciateur Londres c est dire sur le terrain de l actualit rapport e est soulign e comme s il fallait voir l l indice d une position de t moignage et d analyse privil gi e Plus largement l ensemble des verbes de rapport se trouvent conjugu s aux temps du pass pass compos ou imparfait et les indications syntaxiques d une soumission du r cit au temps autonome de l v nement sont nombreuses Exemple La City s est r veill e hier en tat de choc apr s l annonce dans la nuit de dimanche lundi de la mise en 80 liquidation judiciaire de Barings C est d ailleurs cette soumission suppos e la s quentialit r elle des v nements rapport s qui semble autoriser la conclusion g n rale rassurante du Figaro telle qu exprim e en titre Zes analystes s attendaient au pire sur le march de Londres crit Jacques DUPLOUICH De fait l ouverture du Stock Exchange hier matin l indice Footsie des 100 premi res valeurs perdait 1 3 par rapport la cl ture de vendredi La livre quant elle plongeait 2 2993 marks perdant pr s de 3 pfennigs par rapport la devise allemande sur son cours de cl ture de vendred
23. finitif de la phrase titre si on prend le parti de la consid rer isol ment constituerait l expression fond sur un triple travail de reconnaissance dont il nous faudra chercher le principe de d signation des origines ou causes la sp culation et d vocation des cons quences de l v nement nonc es sur un mode d vidence plus dramatique que technique fait trembler le monde C est la sp culation dans laquelle s est lanc e comme d autres la banque d affaires britannique qui est l origine de ce qui secoue toutes les places boursi res En France le pouvoir veut faire payer les d g ts par un surcro t d aust rit Il faut comme le propose le P C F taxer les mouvements financiers afin que l argent aille au travail et la consommation Introduction pour les articles venir il se termine par un renvoi explicite aux pages concern es le sous titre constitue aussi dans le cas de cette Une du 28 F vrier 1995 un l ment de pr cision par rapport l nonc de la partie centrale du titre la banque Barings est ainsi d sormais qualifi e par exemple comme banque d affaires britannique la diff rence du surtitre il n en fonde toutefois pas l actualisation il semble au contraire contribuer plut t un travail d explicitation d taill e du double jugement voqu plus haut L Humanit y r p te en effet sa position sur les causes de la faillite de Barings C e
24. le marche du p trole La perte de 5 milliards de francs que groupe avait affich e a t pon g e par la Deutsche Bank En mars 1994 Askin Capital Ma nagement valant 2 milliards de dollars avait t liquid apr s d normes sp culations sur les hypoth ques Le trust in ternational des lessives Proctor and Gamble annon ait en avril de la m me ann e avoir perdu 102 millions de dollars Le pr sident de la R serve f d rale am ricaine Alan Green span a confirm au d but de cette ann e son opposition toute r glementation des pro duits d riv s estimant que le risque de pertes est le meilleur moyen de renforcer vigi lance septembre dernier le pr sident de la Hans Tietmeyer avait lui affirm que les produits d riv s facilitaient la redistribution du risque au sein de l conomie gt en faveur de ceux qui sont les plus aptes le porter Le franc dans la tourmente La faillite de Barings et la crise financi re ont pour cons quence franc fran ais et en retour une attaque qui risque d tre renforc e contre les salaires et la protection sociale A chute de la banque d affaires Barings dans une op ration minem ment sp culative en Asie du Sud Est a pr cipit la crise mo netaire qui secoue toutes les grandes devises l exception du mark du yen et du franc suisse Le mark poursuivait hier sa mont e
25. ment de mise en sc ne du monopole de v ridiction qui implique que l Autre ne peut pas dire la v rit ou du moins que quand il la dit la nature de cette 2 DARDE Jean No l Le minist re de la v rit 1984 18 13 Pour tre clair le travail d information du Figaro ne nous appara t ni meilleur ni plus mauvais que celui de L Humanit Ses principes id ologiques simplement ne sont pas aussi explicitement affirm s 106 v rit est telle qu elle ne puisse mettre en question le monopole de v ridiction de l organe central Il est toutefois possible de constater malgr tout que L Humanit semble parfois h siter dans sa strat gie de communication Lors du compte rendu de la faillite de Barings qui pr cisons le correspond la p riode de lancement de la campagne pr sidentielle de Robert HUE certains articles ou l ditorial de Jean Paul PIEROT paraissent ainsi s adresser autant aux lecteurs du quotidien allocutaires du texte c est eux que les mots sont destin s qu fonction d organe oblige l ensemble de la classe politique fran aise qui acc de ainsi au statut de destinateur qui s adresse cette fois l acte de langage Jean Paul PIEROT termine ainsi son ditorial en tablissant une relation d quivalence entre le contenu de son analyse et les propositions avanc es par Robert HUE dans le d bat pr sidentiel CHAPITRE II DE QUELQUES CARACTERISTIQUES PROPRES DU
26. rement s duits au d part par un certain nombre d approches sceptiques iconoclastes ou critiques que nous pouvons illustrer ici de mani re tout fait arbitraire mais clairante par quelques phrases tir es d une r cente chronique de Jean Claude GUILLEBAUD dans Le Nouvel Observateur GUILLEBAUD Jean Claude Langues de bois in Le Nouvel Observateur 3 9 ao t 1995 En auditeurs ou lecteurs cons quents nous devrions demeurer infatigablement en veil pour d coder d crypter d masquer c est nous qui soulignons ce qui en douceur nous abuse Nous interroger sur la signification exactes d expressions toutes faites comme communaut internationale Nous demander pourquoi certaines r alit s ont chang de nom le capitalisme devenant conomie de march Pourquoi encore de glissements s mantiques en glissements s mantiques des hypoth ses al atoires nous sont quotidiennement sugg r es qui hier encore eussent fait sursauter un citoyen moyennement vigilant crit par exemple GUILLEBAUD Voil typiquement le genre d interrogations qui nous ont dans un tout premier temps et de mani re encore tr s superficielle guid s dans la d finition de notre projet 9 DE LA HAYE Yves Journalisme mode d emploi 1983 29 30 10 0 3 7 w Enfin il nous paraissait int ressant voire sur les seuls discours de l information crite m thodologiquement indispensable de travailler su
27. rencie d un autre texte et donc en m me temps n cessairement le rend semblable lui En reprenant notre compte cette proposition d Eliseo VERON nous nous efforcerons dans notre travail d analyse des articles retenus de tenter de mettre en vidence des syst mes de production discursive communs aux deux quotidiens analys s nous pourrons alors tablir peut tre quelques hypoth ses sur les modalit s de construction discursive de l information conomique en tant que type singulier d information tout en essayant de rep rer aussi dans un m me mouvement la mani re dont chaque quotidien dans un travail de distinction parvient d velopper une strat gie nonciative propre et nous pourrons alors voquer d ventuelles divergences politiques ou id ologiques D o donc la n cessit de bien circonscrire notre terrain A UN CORPUS VOLONTAIREMENT REDUIT 67 DARDE Jean No l Le minist re de la v rit Histoire d un g nocide dans le journal L Humanit 1984 p 92 VERON liseo Le hibou in Communications 1978 38 Lors de notre premier recensement des diff rents articles consacr s par Le Figaro et L Humanit et l on pourrait en plus ajouter dans ce cas pr cis Le Monde et Lib ration la relation de la faillite de Barings nous avons d abord t frapp s la pr sence de deux pics successifs d information le 28 F vrier jour de r v lation de mise en fail
28. site pas tenter d expliquer le comportement le conditionnel devenant alors indice d une presque certitude n est certainement pas innocent mais n aurait fait que tenter de regonfler artificiellement les b n fices 68 Ce 3 Mars en fait L Humanit ne semble plus d j accorder importance capitale l affaire Barings elle ne fait plus v nement l arrestation de LEESON constitue pour le quotidien comme l pilogue de l accident singapourien et la routine de l information conomique semble avoir repris le dessus Cf l ensemble du cinqui me paragraphe qui consiste en un travail de pr sentation des possibilit s de reprise de la banque britannique et dans lequel on retrouve un r gime discursif plus traditionnel une expression comme savoir faire financier internationalement reconnu apparaissant ainsi comme un exemple de discours fig D s lors L Humanit semble retourner une position plus distanci e hors des possibilit s de d velopper un discours jugement sur le syst me conomique l actualit financi re ne semble plus gu re int resser un quotidien qui s affirme chaque jour dans tous ses l ments comme politique et communiste La chronique des march s financiers l information conomique simplement utilitaire ne l int resse pas comme s il y avait l seulement source d int r t pour les riches qui ne sauraient faire partie de son lectorat privil gi Voil
29. 1 et IV malie d ce vena l esp cains _ LES JOUR Pour QUE MA 044 DE M TAO PAS DE TRAIN RAMNQUE DE GRANDS loups Jovi 56 J aj Pa DE COURRIER 8 DE 805 et PAG D AVION JE ME DE MANTEAU SUR LA TETE soir COMPLETE FIGARO 28 2 de Une ORGANISATION G N RALE DE LA PAGE IV DU 28 FEVRIER Voir les fac simil s pages suivantes LA VIE ECONOMIQUE La chute de la banque Barings et ses r percussion La machine infernale La City a vit de c der des produits d riv s la panique Aux op rateurs de mesurer leurs risques Les march s sous le choc NB nous n avons pas respect les proportions r elles de la mise en page initiale Ce sch ma n est qu indicatif des produits d riv s _ Comment la plus respectable des banques britanniques pu se laisser pi ger par un jeune aventurier de la finance moderne taient frauduleuses Mais comment imaginer qu un op rateur apparemment devenu fou ait pu prendre seul et en toute impunit des positions aussi normes Nick Leeson tait bien connu sur les places asiatiques depuis le mois de septembre l op rateur de la banque aurait massivement vendu des tions ce qui lui vitait d em prunter des fonds sa maison m re En effet chaque vente d option g n re une prime Ces primes
30. Apr s avoir secou les places asiatiques pendant la la d b cle de Barings a fait chuter les march s financiers europ ens hier mais moins que ne le laissaient pr sager les cours d ouverture Cette mani re extr mement singuli re de consid rer l actualit nous confirme une nouvelle fois que dans l information conomique les l ments apparemment les plus objectifs la livraison d volutions quantitatives par exemple ne reposent en r alit que sur des interpr tations particuli res fond es sur le choix rarement innocent puisque renvoyant l existence de strat gies discursives globales d l ments de r f renciation singuliers C LE FIGARO ET L ARRESTATION DE NICK LEESON UN COUPABLE IDEAL POUR UNE LE ON DE MORALE POLITIQUE C1 Le titre de Une un cadrage de fait divers Au lendemain de l arrestation de Nick LEESON Le Figaro consacre cet v nement une place importante la diff rence de L Humanit la nouvelle est ainsi annonc e en premi re page colonnes de droite cette information n est donc pas distingu e comme le titre principal du jour accompagn e d une grande photographie un portrait am ricain de LEESON son arriv e Francfort Comme son habitude pour les titres non principaux Le Figaro organise son titre en deux temps seulement le titre central cadre v nement ici celui est sui N S Lane 0 pr sent sur un ton d finitif Le
31. DISCOURS D INFORMATION ECONOMIQUE Jusqu pr sent nous avons surtout livr des conclusions renvoyant une analyse du discours d information conomique comme partie du discours journalistique global Nous souhaitons maintenant dans cet ultime chapitre voquer quelques pistes de r flexion pour la mise en vidence d ventuelles caract ristiques plus singuli res de celle ci A UNE SINGULIERE RELATION DE COMMUNICATION JOURNAL LECTEUR A1 La construction de destinataires singuliers 107 Au fil de notre travail de lecture du compte rendu de la faillite de Barings il nous est apparu que de mani re transversale c est dire au del des diff rences rep rables entre les discours respectifs de chacun des deux quotidiens tudi s la construction d une relation de communication singuli re entre le journaliste ou plus largement le journal et le lecteur constitue un point fondamental dans la structuration du discours d information conomique Pour tre plus pr cis il nous semble ainsi que dans le syst me discursif de l information conomique la construction d un destinataire singulier fait litt ralement partie des conditions de production du discours Dans L Humanit les articles d information conomique s organisent ainsi en fonction de la d finition pr alable bien videmment implicite mais le travail de d composition du discours que nous avons men permet de reconstituer ce proc s d un
32. M diaspouvoirs 18 LES ENSEIGNEMENTS DES TRAVAUX DE L I R P E A C S Nous avons d abord consid r avec int r t les diff rentes recherches men es au d but des ann es 80 par l Institut lyonnais de Recherche en P dagogie de l Economie et en Audiovisuel pour la Communication I R P E A C S autour du th me de la circulation de l information conomique et sociale Un rapport du Groupement d Int r t Scientifique P dagogie de l information conomique dat de 1983 dont il nous a t aimablement fourni un exemplaire 8 a plus particuli rement attir notre attention au long de quatre tudes distinctes s y trouvent en effet voqu es de premi res pistes pour une v ritable travail sur l information conomique comprise dans sa dimension singuli re 1 Une information conomique mal d finie A nos yeux les chercheurs de l I R P E A C S ont d abord le m rite d avoir t les premiers tenter d instruire un r flexion d envergure syst matique et th orique autour du th me de l information conomique pas n cessairement envisag e toutefois sous son seul angle de produit journalistique Constatant au tournant des ann es 80 que apr s la p riode de boom conomique o l information conomique tait produite et recherch e alors que les agents auraient pu se laisser porter par la vague sans s inqui ter de l avenir un mouvement de d senchantement et de repli semblait accompagner
33. Paris Didier Erudition 1988 pages 11 25 VERON Eliseo Les m dias en r ception Les enjeux de la complexit in M diaspouvoirs n 21 1991 pages 166 172 124 ANNEXES gt BR VE CHRONOLOGIE RECONSTITU E DE L AFFAIRE BARINGS gt FAC SIMIL S DES ARTICLES DE L HUMANIT ET DU FIGARO RETENUS Annexe 1 CHRONOLOGIE DE L AFFAIRE BARINGS 44 ne s agit ici que d une pr sentation des faits cl s de cette affaire reconstitu s croisement des informations contenus dans les quatre grands quotidiens que nous avons tudi s et pr sent s avec aussi peu de commentaires que possible Jeudi 23 F vrier la suite d une mission Singapour d une quipe de Barings Londres la hi rarchie de Barings Brothers prend officiellement connaissance du trou financier creus par son unit Barings Futures install e au Singaporean International Monetary Exchange SIMEX Le m me jour Nick LEESON chef du bureau des produits d riv s de Barings Futures faxe sa d mission au pr sident de Barings et dispara t Vendredi 24 F vrier Un avis de recherche est lanc l encontre de NIck LEESON A Londres le pr sident h ritier de Barings et les dirigeants de la Banque d Angleterre tentent de mettre sur pied un plan de sauvetage qui permette la banque de survivre encore quelque jour avant de trouver un ou des repreneurs Les discussions secr tes se poursuivent jusqu au dimanche Dimanche 26 f
34. au mar Sur un plan parall le l apparente soumission du Figaro la v rit de la s quence r elle de l actualit donne aussi l occasion au journaliste de signaler dans une d marche toujours de d dramatisation le caract re logique de l organisation l article Le franc dans la tourmente 81 des march s financiers et la rationalit de ses acteurs les vocations somme toute inqui tantes dans l article pr c dent d une machine infernale des produits d riv s et de l aventurisme des golden boys se trouvent ainsi contrebalanc es De la m me fa on la circonscription originelle se trouve de nouveau actualis e le journaliste relativise en effet largement l impact de la faillite de la faillite de Barings quittant alors discr tement le domaine du compte rendu pour celui de l analyse hypoth tique Pour un peu elle aurait pu pas avoir d autre impact qu motionnel qu il replace explicitement en accord avec le mod le global dans le cadre s quentiel plus large de la vie conomique et financi re Les op rateurs avaient en t te une autre crise potentielle Le vote mercredi soir de la Chambre des communes sur la politique europ enne du gouvernement D autres manifestations discursives de la strat gie g n rale du Figaro sont aussi rep rables ainsi par exemple si la question du degr de responsabilit de LEESON se trouve de nouveau voqu e le journaliste se conte
35. capacit du premier d terminer l importance d un v nement puis le d crire et l expliquer Du cot plus pr cis ment du discours d information cette id ologie de la reproduction fonde le principe ind montr impens m me mais qui poss de une certaine force d vidence d une dichotomie radicale entre v nement et information Si les nonc s du journal provoquent normalement un effet de r el crit Jean Fran ois TETU c est que le journal ne se d signe pas lui m me comme l nonciateur d une parole mais pose un r el qui parait exister per se le journal est spontan ment r aliste la v rit est videmment le pr suppos du r alisme et la reproduction mim tique du r el l alibi de la v rit l information sous peine de para tre mensong re de para tre pas tre information doit donner l impression qu elle reproduit la r alit ou que d une certaine fa on elle l imite 45 41 VERON Construire l v nement 1981 Voir des titres comme Les Echos en France ou les nombreux Mirror des pays anglo saxons qui illustrent bien l id e d un journalisme de pur compte rendu du monde sans intervention des r dacteurs 43 VERON Eliseo op cit 169 t MOUILLAUD Maurice et TETU Jean Fran ois op cit p 153 7 C est nous qui soulignons 30 Pour ce qui concerne pr cis ment la mise en place de notre a
36. ce que r v le en pointill la conclusion de cet article d sesp r ment d finitive Dommage pour les pauvres Id ce sont toujours les m mes qui trinquent L Humanit a choisi un camp et s y tient CHAPITRE LE COMPTE RENDU DANS LE FIGARO DE LA FAILLITE DE BARINGS UN DISCOURS D AMORTISSEMENT DE L EVENEMENT RAPPORTE Pour l analyse maintenant du traitement de la faillite de Barings dans Le Figaro nous nous proposons de continuer de mettre en application la m me grille de lecture du discours de presse Nous avons toutefois pris le 69 parti de ne pas faire totalement abstraction dans ce second chapitre des diverses mini conclusions des paragraphes pr c dents ainsi nous chapperons nous parfois de la sp cificit de l analyse du discours du Figaro pour pr senter quelques premiers l ments de comparaison g n rale des modalit s respectives d criture de l information conomique dans les deux quotidiens que nous avons choisi de retenir A CHUTE DE BARINGS AGGRAVE LA CRISE MONETAIRE LE TITRE DE UNE DU 28 FEVRIER Al La mise en sc ne d une information neutre et objective Le mardi 28 F vrier Le Figaro annonce en information principale de Une chute de Barings le titre concernant cet v nement occupe 4 colonnes sur les 8 que compte le journal dans la partie topographique la plus distinctive de la page dans l angle sup rieur gauche sous la manchette Une ra
37. certes dans ce cas tout fait classique il nous a tout de m me frapp s dans la mesure surtout o il semble se trouver li un travail assez vident de g n ralisation Au discours rapport de l v nement L Humanit parait en effet imm diatement substituer un discours prise de Le Nous nous inspirons largement ici et dans le paragraphe suivant de l vocation par Maurice MOUILLAUD dans le Journal quotidien page 119 et suivantes d une possible distinction entre titres de r f rences et titres informationnels 7 Le passage de l nonc de l article au titre informationnel ne consiste pas seulement en contraction du texte des transformations qualitatives peuvent tre identifi es transformation des pass s en pr sent disparition des marques historiques effacement des conditions spatiales et temporelles volution des verbes d claratifs vers des factitifs crit par exemple Maurice MOUILLAUD Le journal quotidien p 125 47 position largement a temporel nous voquons l une temporalit que l on pourrait dire en lien avec le temps r el suppos de l v nement en fonction duquel l v nement tend perdre une partie de sa dynamique et donc de sa singularit propre pour devenir le pr texte une nonciation de type diff rent Au discours d information s adjoindrait ainsi un discours d analyse et m me de jugement sur l v nement dont le caract re pour le moins d
38. certes que rapidement la question la diff rence est ici claire avec le quotidien communiste mais l illustration photographique d signe tout aussi explicitement le coupable De la m me mani re il est int ressant de d tailler la mani re dont Le Figaro rend compte des cons quences de la faillite de Barings sur le cours du franc L Humanit comme nous l avons montr insistait longuement sur les cons quences n fastes de l v nement r f rent pour la monnaie fran aise Le Figaro d veloppe au contraire en utilisant des termes presque identiques mais renvoyant 92 Dans les deux cas ici une signification diff rente une analyse plus optimiste l information porte bien sur le m me v nement mais celui ci se trouve chaque fois litt ralement construit selon des principes diff rents et pourtant chaque fois tout aussi rigoureux L Humanit simplement fonde son analyse sur le constat pr cis ment d taill d un rapprochement du franc de son record historique de baisse du 16 Ao t 1993 3 5490 Marks pour un franc alors que Le Figaro pour sa part se 2 franc dans la tourmente titre en page 4 L Humanit alors que Le Figaro explique que le franc r siste bien la tourmente Le choix d une vision plus ou moins sombre est bien ici l indice d une prise de position particuli re dont les principes de toute vidence sont ext rieurs et extensifs au travail de compte rendu
39. comme le r sultat de la conjonction de l aventurisme d un op rateur condition n cessaire et des risques inh rents au syst me de l conomie financi re La similitude de vue va ici jusqu le reprise du m me sch ma d organisation pour le journaliste les dangers latents du syst me financier reposent ainsi d abord sur les ventuels dangereux agissements sp culatifs de certains golden boys Le terme distingu en italique appara t ici comme charg d accusation d aventurisme il permet aussi implicitement d tablir une distinction entre les directions des banques et leurs op rateurs sur les 83 march s la d nonciation des pratiques des golden boys ne rel ve pas d une attaque g n rale contre l ensemble du syst me financier De fait la r flexion analytique du Figaro ne d passera pas le simple niveau technique de discussion des modalit s possibles de contr le ou d auto contr le des march s financiers Le contenu de cet article la dimension en partie p dagogique exemple le premier paragraphe qui imm diatement installe le lecteur dans un univers particulier suppos mal connu o il ne lui reste donc qu se laisser conduire correspond tout entier au travail de r tr cissement des interrogations plus haut voqu Apr s avoir rapidement voqu un exemple de perte sur les march s financiers le journaliste entame en effet son travail d analyse en affirmant que l alternativ
40. d velopper des travaux d analyse g n rale du discours de presse 12 Sur un plan pratique pour tenter de mener bien ce travail nous avons choisi dans ce m moire final de proc der selon trois grandes tapes Dans une premi re partie de large mise au point m thodologique nous commencerons par pr ciser la fa on dont un certain nombre de lectures ont influ sur notre mani re de consid rer notre sujet sans qu il ait eu pour autant remise en cause de nos objectifs initiaux Nous exposerons surtout la m thode d analyse de corpus que nous avons choisi de suivre m thode qui une nouvelle fois comme nous esp rons parvenir le montrer ne trouve son v ritable sens qu en lien direct avec notre projet g n ral Nous passerons ensuite notre partie analytique proprement dite les articles que chacun des deux quotidiens a consacr l affaire Barings il s agira en fait d une s lection d articles selon des crit res explicitement indiqu s seront successivement envisag s selon des principes simultan ment descriptifs et critiques en fonction d une grille de lecture dans la premi re partie d finie Dans une troisi me partie conclusive enfin nous essayerons de synth tiser les multiples enseignements concrets de nos analyses pour tenter d en savoir plus travers l tude de notre corpus particulier centr sur un v nement r f rent particulier sur les m canismes g n raux d criture de
41. dans le cadre g n ral d une information sur l affaire Barings une focalisation sur le personnage de Nick LEESON confirm e d ailleurs par l illustration photographique et le contenu r el du discours s il commence certes son papier par la relation de l arrestation de LEESON le journaliste en profite surtout pour s interroger longuement sur les raisons v ritables de la faillite de Barings avant de conclure sur ses issues possibles Depuis le 28 F vrier L Humanit ne croit pas la th se d un LEESON seul responsable il s agit bien seulement d une th se et non d une v rit le quotidien le montrait par exemple le 28 F vrier en l gendant sur le mode sceptique un portrait de LEESON par la phrase LEESON le prodigue ou plut t le porteur de chapeau et Okba LAMRANI le rappelle le 3 Mars d s l introduction de son article en le pr sentant comme golden boy cens avoir seul coul la plus prestigieuse des banques d affaires de la City sa lecture de l v nement nous l avons vu est bien plus large et ambitieuse D o donc finalement au lendemain de son arrestation la manifestation discr te d une certaine sympathie amus e pour l employ de Barings d s le deuxi me paragraphe le journaliste ne le d signe plus que par son pr nom et il devient en fin d article le jeune Nick propos de sa fuite vers un palace de Born o voque semaine de repos bien dont L Humanit n h
42. de l administrateur judiciaire Les march s sous le choc Le Rep res Les produits d riv s La banque qui tient les comptes de Sa La faillite de Barings d stabilise les Des pr c dents lourds de Gracieuse Majest plac e sous march s financiers cons quences administration judiciaire La crise financi re affecte toutes les P C F frapper la sp culation N e avec l empire de Sa Majest monnaies mais certaines plus que d autres la source L HUMANITE La faillite de Barings et la crise financi re ont pour cons quence une pression contre le franc fran ais gt gt gt gt gt gt gt gt gt gt gt gt gt gt gt gt gt gt gt gt gt gt gt gt gt et en retour une attaque qui risque d tre renforc e contre les salaires et la protection sociale comptes de Sa Gracieuse Majest plac e sous administration judiciaire ainsi que l article non sign de pr sentation r trospective de l histoire de Barings titr N e avec l empire de Sa Majest article sans doute largement repris d une d p che d agence on en retrouve en effet un certain nombre d l ments dans Le Figaro tandis que parall lement se placent aussi quatre articles consacr s une approche plus large de la m me actualit en termes de r flexion pas n cessairement cantonn e au domaine technique sur ses cons quences Si l on r sume finalement de fa on analytique les diff rents axes de s mantisation d
43. de la 8 C est nous qui soulignons 55 d monstration est pr cis ment de montrer que de seules tentatives de r gulation des march s sp culatifs sont insuffisantes pour mettre fin au profits financiers Le franc dans la tourmente Le dispositif rh torique pr c demment voqu se retrouve en partie l oeuvre dans le second article sign par Okba LAMINA et consistant le titre est explicite une description analyse d taill e des cons quences techniques de la faillite de Barings sur les march s mon taires ce double mouvement de constat et de prospective est explicitement indiqu dans le sous titre qui annonce l organisation de l article en voquant cons quence de la faillite de une pression contre le franc fran ais puis ensuite comme une possibilit d action retour attaque qui risque d tre renforc e contre les salaires et la protection sociale Si dans une premi re partie les volutions de la valeur de chacune des grandes monnaies le lundi 27 F vrier sont d abord pr cis es avec force chiffres et sur un mode num ratif deux caract ristiques qui d un point de vue discursif renvoient l expression d une comp tence sp cifique de l nonciateur c est encore une fois dans la partie conclusive de l article que se manifestent les singularit s du discours de L Humanit Au sein de ce discours centr sur un domaine suppos technique il
44. de mener des tudes d taill es dont la diversit de statut et de position par rapport au temps de l v nement est pour nous synonyme de repr sentativit nous esp rons ainsi parvenir une connaissance assez g n rale de quelques unes des modalit s possibles de construction de l actualit conomique UNE DEMARCHE D ANALYSE EN TROIS ETAPES 39 Pour tenter d aborder dans l tude de ce corpus l ensemble des pistes de r flexion pr c demment voqu es nous nous sommes efforc s d tablir une grille de lecture coeur de notre d marche m thodologique aussi compl te et rigoureuse que possible permettant de fournir un cadre global pour l analyse de chacun de nos articles s lectionn s la suite en particulier de la lecture de diff rents travaux d Eliseo VERON nous avons d cid de consid rer il s agit l d un principe fondamental la mise en discours de l actualit conomique par les diff rents organes de presse comme l expression du travail d une machine discursive doublement caract ris e par un rythme de production particulier En l occurrence pour ce qui concerne les deux journaux de notre corpus quotidien ce qui implique une premi re r gle implicite Pour des m dias qui ont un rythme journalier de production ne r p te jamais au del de la p riode journ e ce qu on a d j note VERON et une pluralit de moyens de s mantisation En fonction de cette
45. du Monde Diplomatique voquant par exemple sur un ton pol mique la r p tition constante dans la plupart des m dias d un cat chisme conomicocentriste Celui ci au sein du champ du journalisme se trouve certes sans doute dans une position particuli rement d pendante I est clair crit BOURDIEU que les diff rents pouvoirs et en particulier les instances gouvernementales agissent non seulement par les contraintes conomiques qu ils sont en mesure d exercer mais aussi par toutes les pressions qu autorise le monopole de l information l gitime des sources officielles notamment qui donne d abord aux autorit s des armes dans la lutte qui les oppose aux journalistes sans oublier non plus le pouvoir symbolique exceptionnel que conf re aux grandes autorit s la capacit de d finir l ordre du jour et la hi rarchie des v nements qui s imposent aux journaux mais sur un mode cette fois g n ral on peut constater aussi que la concurrence paradoxalement incite une forme de surveillance permanente et que donc fmalement loin d tre automatiquement g n ratrice d originalit et de diversit elle tend souvent au contraire favoriser une uniformisation au moins formelle de 1 offre 19 107 BOURDIEU Pierre L emprise du journalisme in Actes de la Recherche en Sciences Sociales 1994 18 Le m canisme de concurrence tr s puissant a ainsi pour effet d im
46. effet imm diatement incluse dans une s quence plus longue d information sur crise mon taire dont les tenants et aboutissants sont d ailleurs suppos s connus du lecteur Cf l article d fini 71 Le mark dop contre toutes les Le franc r siste bien la tourmente Ce sous titre qui consiste en une pr cision du titre central appara t lui aussi comme explicitement factuel sa dimension syntaxiquement brute donne l impression d un pur constat sans nonciateur particulier Pourtant nous sommes bien l toujours dans le cadre du discours singulier du Figaro sur la faillite de la banque Barings discours dont le qualificatif bien le franc r siste bien la tourmente constitue un indice discret et nos conclusions pr c dentes ne se trouvent pas contredites en choisissant un tel sous titre le quotidien confirme largement son choix de cadrer principalement son discours d information du c t d une pr sentation des seules cons quences techniques de l v nement r f rent on ne retrouve pas par exemple pour l instant le ton analytique observ dans L Humanit D une mani re qui lui est tout fait singuli re Le Figaro prend aussi quotidiennement le parti d accompagner ses titres principaux de Une et eux seuls il s agit l entre autre d un l ment de distinction hi rarchique de brefs articles synth tiques chaque paragraphe succinct est marqu par un point qui
47. est par exemple frappant de constater que au del d une rapide et peu comment e pr sentation des cons quences internationales de la faillite de Barings le journaliste insiste surtout comme le montre le titre de l article centr sur le franc sur ses effets pour l conomi fran aise effets qui peuvent tre parfois hypoth tiques au fil de l article on quitte ainsi les verbes au pass pass compos ou imparfait pour trouver le pr sent ou m me une forme de futur conditionnel s appuyer D o finalement la logique et rapide r activation de pol miques franco francaises ant rieures qui constituent le fond de 56 commerce du journal cf l avant dernier paragraphe Le gouvernement fran ais va s appuyer sur la pression des march s sp culatifs internationaux renforc e par la faillite de Barings pour justifier une remise plat de la protection sociale Il s agit de satisfaire d abord aux crit res de Maastricht avec l illusion que la pression des march s serait moins grande si diminuait la protection sociale et les d penses D autre part nous avons t marqu s aussi par le ton souvent dramatique de l article encore une fois son titre ou simplement la premi re phrase de l article voquant le d veloppement en cours a pr cipit d une crise mon taire secouant toutes les grandes devises Tout fonctionne comme si le journaliste cherchait mettre en
48. flexions pist mologiques et m thodologiques portant sur les modalit s de production d un discours conomique pr tention scientifique ont par exemple soulign le caract re construit historique et non universel des diff rents concepts scientifiques aussi vidents que ces derniers puissent para tre Pour reprendre les conclusions synth tiques de Dag AASLAND nous n oublierons ainsi jamais que discours d inspiration conomique n est jamais directement discours sur le r el mais toujours glose sur une projection de la r alit 51 De m me nous retiendrons que d un point de vue s mantique l ensemble des productions discursives autour de la r alit conomique se caract risent souvent par de larges flottements comme le note Christian SCHMIDT qui rappelle par exemple l existence d un cart croissant entre le raffinement des formalisations de certains r sultats th oriques et le caract re rudimentaire des mod les d interpr tation qui leur 5 492 n sont le plus souvent associ s les risques de manipulations int ress es sont donc ae Nous renvoyons ici encore pour plus de d tails notre note bibliographique 49 Voir par exemple GALBRAITH John Kenneth L conomie en perspective 1989 Toute th orie conomique n est jamais une v rit ternelle mais une production culturelle ou les travaux de Philippe LORINO autour de la notion de performance conomique
49. formes proprement journalistiques d expression de ce recul par rapport aux sources De m me pour tenter de saisir le sens total du discours d information conomique il ne faut sans doute pas en n gliger les possibles capacit s d influence indirecte dans le domaine du politique particuli rement Pour illustration nous rappellerons ici sur le plan du simple constat anecdotique les r sultats des nombreuses enqu tes sociologiques souvent concluant l importance du r le de la variable connaissance de l actualit conomique dans les proc s de constitution des opinions politiques Plus profond ment il est possible de revenir aussi sur l vocation par GUERIN qui se contente toutefois de reprendre sur ce point une th se assez largement r pandue d un ph nom ne de revanche de l conomie propre paradoxalement aux ann es post rieures la victoire socialiste de Mai 1981 et caract ris en particulier par nouvelle forme de p dagogie du Pouvoir en mati re conomique particuli rement vidente apr s 1983 et le virage de la rigueur p riode partir de laquelle le discours politique se centre sur l importance de la variable conomique D finitivement donc toute tentative de r flexion sur un exemple de discours relevant du type g n ral information conomique dans son sens le plus large ne saurait faire impasse sur un d tour par l interrogation id ologique possibles
50. id e d aventure avec tous les risques qu elle implique et de modernit 79 sauraient en effet tre autres que techniques c est dire financi res Ainsi lorsque Le Figaro comme L Humanit reprend pour information les l ments d une d p che d agence rappelant des exemples ant rieurs de pertes sur les march s des produits financiers son discours reste exclusivement quantitatif e montant des ardoises et ne franchit pas le pas qualitatif du quotidien communiste qui voyait dans les chiffres l indice d une fragilisation de l conomie mondiale par la sp culation City a vit de c der la panique Bien que renvoyant la pr sentation d une seule des cons quences de la faillite de Barings cet article illustr et volumineux 5 colonnes de largeur constitue le second point fort d information du Figaro De mani re tr s g n rale l v nement r f rent ne constitue plus ici le centre du discours parfaite illustration de la strat gie discursive du Figaro d j plus haut rep r e cet article consiste au contraire en une pr sentation de ses cons quences techniques sur le seul march financier et boursier londonien sur un ton largement d dramatisant puisque le quotidien estime pouvoir constater que pire t vit Nous sommes loin ici du titre de L Humanit sur la d stabilisation des march s financiers Expression singuli re d un cadrage g n ral bien d
51. informatif 74 contente de prendre pour r f rence dans son analyse la s ance boursi re du vendredi pr c dent et ce choix est explicitement expliqu dans un souci sans doute de d monstration de rigueur Il ne s agit pas ici de montrer que l un des deux quotidiens se trompe ou ment nous ne savons d ailleurs pas sur quels l ments de r f rence une telle d marche pourrait se fonder nous constatons seulement que l objectivit et l apparente scientificit Cf les citations de chiffres les pr cisions de sources de l information conomique reposent sur des principes bien l gers LES ARTICLES DU 28 FEVRIER UNE APPROCHE TECHNIQUE ET CIRCONSCRITE DE LA FAILLITE DE BARINGS B1 Un traitement sur le mode de la chronique conomique A la diff rence de L Humanit qui ne distingue pas dans son organisation de rubrique conomique Le Figaro consacre quatre jours par semaine un cahier de pas moins de 16 pages en moyenne la pr sentation de l actualit conomique L information conomique dans le quotidien de la rue du Louvres se trouve ainsi doublement distingu e par l importance qui lui est accord e d abord cette premi re remarque renvoie la d finition du Figaro comme un quotidien pour d cideurs les informations institutionnelles sur les march s occupent par exemple une part importante de ces pages saumon et l on peut voir l une manifestation de cette information conomique pour so
52. informatif et parait renvoyer directement l v nement r f rent Pourtant c est un nonc d pendant en Une de L Humanit ce mardi 28 F vrier il ne prend en effet tout son sens que rapport c est dire lu en liaison avec la partie centrale du titre sp culation financi re fait trembler le monde avec laquelle il entre notre sens dans un proc s d actualisation Le titre tr s g n ral ne renvoie en effet que l chement l v nement faillite de c est le surtitre qui contribue son actualisation en le particularisant expression d un lien avec une actualit particuli re en lui fournissant donc finalement son sens total sans l v nement faillite de Barings le titre central n a plus gu re de raison d tre dans un quotidien tout au moins 78 La sp culation financi re fait trembler le monde Si en premi re instance la partie centrale du titre de Une semble relever d un mode de discours informationnel ou anaphorique c est dire selon Maurice MOUILLAUD renvoyant l histoire ce que laisse par exemple supposer la pr sence dans le surtitre et le titre du m me article d fini La faillite de Barings La sp culation financi re une analyse plus fine incite plus de nuance Nous nous sommes ainsi interrog s sur le temps de conjugaison du verbe de la phrase titre en l occurrence le pr sent fait trembler si le choix du pr sent est
53. la sph re conomique et la sph re politique En ce sens se trouve alors pos e la question des modes d existence de liens dialectiques entre registre discursif particulier et la r alit que tout d crivant il contribue cr er 2 Si l information conomique poss de une dimension performative contribuant par exemple en tant que moment de production de sens et d expression d une vision du monde modifier la r alit celle ci fonctionne pour l essentiel selon des r gles relevant du syst me m diatique global ce qui ne manque pas de laisser perplexe compte tenu des enjeux plus haut voqu s Si l on regarde sur le long terme les modalit s g n rales du traitement de la faillite de Barings et de ses r percussions nous ne pouvons qu tre frapp s par leur mani re l information ne semble qu une affaire de mots et dispara t au bout d un temps plus ou moins long comme spontan ment le cas de L Humanit est sur ce point plus particulier nous ne sommes pas certains que l opposition ici voqu e soit aussi tranch e elle nous semble seulement voquer un paradigme explicatif important 122 UGARTE BLANCO Juana Economia en Espagne au XVIII me si cle in Mots 1987 Pour illustration de cette question on peut citer les travaux de Pierre BOURDIEU et Abdelmalek SAY AD autour du discours conomique sur la question de l immigration La mani re habituelle de traiter les p
54. le retournement de l activit les responsables de l article La presse l information et le fait conomique noncent ce qui est pr sent comme une hypoth se de travail tout se passe crivent ils comme si l information conomique tait un bon produit marchand tant qu elle est associ e l expansion en flattant implicitement le lecteur mais elle deviendrait non marchande lorsque au lieu des victoires conomiques elle pr sente des r sultats ou annoncent des v nements moins positifs Dat e l hypoth se ici voqu e est certes pour le moins discutable il suffit de constater le sens des volutions ult rieures sur lesquelles nous le La presse l information et le fait conomique 78 pages dactylographi es et photocopi es num rot es par nos soins 1983 19 reviendrons plus loin mais induit une remarque notre sens fort int ressante boutade c l bre du train qui arrive l heure n int resse pas les journalistes semblerait ne pas s appliquer totalement l information conomique crivent les auteurs de l article qui poursuivent en affirmant que la presse semble avoir tendance changer de rubriques entre deux v nements conomiques de sens contraire ce qui est par exemple de l information conomique dans les p riodes fastes cr ations d entreprises par exemple peut tr s bien en p riode de crise se transformer en information sociale fermetures d entreprises ou m me sans do
55. lui apporter selon l angle et la tonalit du contenu un courant d affaires et de nouveaux investisseurs ou l inverse entra ner des difficult s pour la firme rupture de contrats ou arr ts de n gociation explique GUERIN qui termine avec des points de suspension lourds de sous entendus L on comprendra ais ment d s ces remarques pour l instant encore tr s g n rales que nous ne pourrons pas ne pas voquer dans notre travail ult rieur un certain nombre d interrogations id ologiques ou politiques relatives au contenu m me des discours analys s Pr cisons toutefois que nous accorderons au terme id ologie sa d finition la moins pol mique nous ne l entendrons pas dans sa dimension traditionnelle orient e autour de l id e de vrai et de faux et donc de tromperie voir par exemple l analogie de la Camera Obscura pr sent e par MARX dans L id ologie allemande mais de mani re volontairement moins pol mique comme simple synonyme de vision du monde Une information strat gique 2e En d pit du d veloppement de diff rentes formes parall les de services d information services conomiques des grandes agences de presse agences sp cialis es la plus c l bre tant DOW JONES ou Banques de Donn es sp cialis es ef malgr les satellites il existe encore beaucoup d acteurs du monde conomique qui ne disposent pas d autres informations que celles de la presse crite affirme GUE
56. naufrageur de la Barings arr t Le quotidien semble 86 ne plus faire cas des interrogations sur le degr de responsabilit de LEESON et le sous titre le pr cise dans un proc s directement informatif et factuel d explication Nick LEESON a t cueilli son arriv e Francfort De mani re g n rale on constate que Le Figaro cadre ici son compte rendu du c t du fait divers comme l indique le vocabulaire utilis arr t cueilli deux termes qui rel vent clairement du lexique policier ou le contenu de la photographie illustrative LEESON indique la l gende a t arr t alors qu il arrivait Francfort comme un simple touriste mais on devine derri re lui la casquette et l uniforme d un agent de police Le quotidien situe ainsi son compte rendu d une des suites de la faillite de Barings dans un cadre discursif particulier avec toujours cependant une certaine logique apparente puisque LEESON est d sign comme le naufrageur le coupable il appara t logique qu il soit arr t et Le Figaro peut sans risque d accusation de sensationnalisme centrer son discours d information sur son seul personnage d autant plus d ailleurs que ce travail de personnalisation poursuit aussi sur un mode plus radical et moins nuanc la strat gie de construction de v nement tablie le 28 F vrier Comme nous l avons d j indiqu dans un paragraphe pr c dent les titres de Une du Figaro se distinguent
57. ont permis d honorer les appels de marge Mais les op rations de cavalerie co lui seul un golden boy de 13 ans r ussi le tour de force d envoyer au tapis Barings Se Curities la maison de titres oc cidentale la plus respect e en Asie Nick Leeson sp culait de quelques mois sur hausse de l indice phare du march des actions japonais le f Nikkei 225 Au dernier chif tent tr s cher car la vente d op date laquelle il a massivement ses op rations malheu tions a augment la sensibilit vendu des options TI est de euses co teraient son de la banque aux variations de qui peuvent faire bouger les march s chaque jour nous ob servions qu il faisait com mentait hier un courtier japo ployeur quelque 5 5 milliards indice Nikkei Er nais Mais ces D p t Lee agissements n ont alert per dale financier notamment garantie doubl sonne connaissance que pouvaient 1e tremblement de terre de avoir la banque et les autorit s Kob et la chute do la Bone iste ris financi res locales des agisse qui a suivi a rendu cet chafau La liste r sque ments de cet op rateur Seule certitude pr textant qu il op rait pour le compte de clients Nick Leeson a ut
58. par leur compl ment textuel Pour le cas pr sent l actualit voqu e se trouve ainsi pr sent e r sum e en trois grands points abordant successivement la question des accusations dont LEESON fait l objet Le Figaro fait alors preuve de distance en rapportant ces accusations sur le mode explicite de la citation Cette strat gie de rigueur ne se retrouve cependant pas dans le titre de la personnalit du coupable d sign cette dimension se trouve justifi e et m me directement impliqu e par le choix d un cadrage de type fait divers et de ses v ritables responsabilit s dans une sorte de bref appendice final le quotidien voque ainsi un possible des dirigeants de la banque face aux imprudences de LEESON Mais on sent bien cependant que ce n est pas cet aspect l de la question qui va tre privil gi e Pour finir le lecteur se trouve enfin renvoy un article en page int rieure rubrique La vie internationale la question des responsabilit s de la faillite de Barings a quitt le champ de l conomique pour entrer d finitivement dans celui du fait divers 87 C2 Le roman d un tricheur ou l difiante histoire d une illusoire r ussite En page int rieure Le Figaro pr sente l arrestation de LEESON sur un mode encore plus videmment fait divers dont le titre de l article constitue l indice vident Le roman du tricheur qui branle la City le point de vue conomique n est alor
59. particulier d pend tout la fois du degr de concentration de la presse de la position de son journal c est dire plus ou moins pr s du p le intellectuel ou du p le commercial puis de sa position dans son journal et enfin de 15 BONNAFOUS Simone L immigration prise aux mots 1991 127 118 sa capacit de production autonome de l information certains journalistes comme les journalistes conomiques tant particuli rement d pendants conclut le sociologue mais aussi sur les modes m mes de traitement de l information Ja temporalit de la pratique journalistique en obligeant vivre et penser au jour le jour et valoriser une information en fonction de son actualit favorise une sorte d amn sie permanente qui est l envers n gatif de l exaltation de la nouveaut crit il par exemple En citant cet exemple d approche extensive la seule analyse de discours nous ne renions pas nos choix ant rieurs nous restons par exemple persuad s qu une analyse critique du journalisme ne peut pas se passer d un travail de r flexion approfondie sur les caract ristiques sp cifiques de l criture journalistique L information conomique en pleine croissance occupe chaque ann e un volume toujours plus important de pages pour tenter de la comprendre il serait tout simplement dommage de ne pas user de toutes les armes critiques disposition 16 BOURDIE
60. pillage des mati res premi res laine bois cuivre et diamant notam ment Banque de la famille royale elle demeure la favorite de la reine Elisabeth Elle fut aussi celle de la famille imp riale russe et m me Jules Verne l ho sa mani re en en faisant la banque de Phileas Fogg En 1803 nous pr cise notre corres pondant particulier Londres Peter Avis elle a simultan L HUMANIT 28 2 page 3 Les locaux de Barings Hongkong La banque qui tient les comptes de Sa Gracieuse Majest plac e sous administration judiciaire La faillite de Barings d stabilise les march s financiers b n fici d un ou plusieurs r seaux de d tournement de fonds est galement probable surtout sur les marches mergents d Asie du Sud Est o les organisations mafieuses suivent de pr s les volutions du Kabuto Cho la Bourse de Tokyo Mais il reste qu au del des op rations plus ou moins frauduleuses c est bien les march s dits d riv s qui affichent ne progression vertigineuse De 5 000 milliards de dollars en 1993 ils sont pas s s 15 000 milliards de dollars l ann e derni re soit plus que les march s des actions et obli gations Les produits d riv s des march s terme contrats qui se d nouent dans un temps plus ou moins long taient cens s lors de leur apparition dans le mi lieux des ann es quatre vingt li ment fivanc les Am ricains
61. position originelle notre analyse s organisera donc selon trois grandes tapes 1 Sur le mod le de Construire l v nement nous commencerons par r fl chir pour chaque journal tudi puis ensuite d une mani re plus g n rale au dispositif de base de mise en discours de l affaire Barings en nous int ressant en premier lieu un des outils essentiels tant pas sa position dans le dispositif du journal que par son r le que l on pourrait dire introductif du travail de cadrage discursif propre chaque quotidien le titre de page de Une Tout en r fl chissant aux modalit s techniques de construction et d organisation de ces titres propres peut tre chaque journal nous essayerons de voir comment aussi toujours our chaque quotidien s y construit sans doute d j une lecture une y J 69 Construire l v nement Le Hibou Presse crite et production des discours sociaux Les m dias en r ception Voir la bibliographie r capitulative en fin de volume 70 VERON Eliseo Construire v nement 49 40 s mantisation particuli re de l v nement r f rent Nous nous inspirerons particuli rement pour cette tape des travaux d Eliseo VERON qui dans son travail d analyse du discours m diatique sur l accident nucl aire de Three Mile Island distinguait quatre grands types de discours de base semblant tout fait classiques et dont le mod le est donc sans doute reproduc
62. pour lui m me qui int resse le quotidien communiste que plut t l v nement en tant que pr texte possible la mise en place d un discours de v rit sur le monde conomique cette d marche expliquant la position de rupture par rapport au mode classique de gestion temporelle d un v nement telle que plus haut voqu e L v nement r f rent imm diatement et tous les niveaux du discours organisation en rubriques choix des titres ou des illustrations d cisions syntaxiques ou lexicales se trouve ainsi construit par une lecture singuli re que seule en d finitive la r put e comp tence sp cialiste du journaliste semble autoriser et justifier Pour L Humanit cette lecture de l v nement se caract rise ainsi par sa dimension g n raliste et surtout plus volontiers politique que fait divers le quotidien communiste d s le 28 F vrier refuse de voir en Nick LEESON ce coupable que l on c est dire pour L Humanit l Autre d signe et pr f re d velopper une pr sentation critique totale des rouages des dangers et des parti pris id ologiques du syst me conomique lib ral et des march s financiers Organe politique L Humanit tient un langage politique le discours d information devient discours de v rit c est dire discours dual instituant un vrai contre un faux 104 Comme nous l avions not pour L Humanit ce n est pas l son fond de commerce 15
63. principe de la concurrence des id es ch re l id ologie lib rale de l information et vise d abord convaincre ou tout au moins renforcer les gt rsa 16 121 croyances d une audience d j acquise aux id es formul es 10 Jhid 121 Nous reprenons l une distinction tablie par Jean PADIOLEAU Syst mes d interaction et rh toriques journalistiques in Sociologie du travail 1976 Il nous faut cependant pr ciser que d un point de vue g n ral nous n avons gu re t convaincus par sa volont exprim e dans cet article de consid rer la rh torique journalistique comme le seul produit de pratiques inscrites dans des contextes d interaction sp cifiques dont les caract ristiques influencent l occurrence et l opportunit des dites rh toriques 1 s agit 1 d une approche relevant clairement et PADIOLEAU ne s en cache pas de la th orie dite de l action sociale Et sur un plan 113 B2 Un discours aux enjeux fondamentaux En d finitive donc si le discours d information conomique se trouve toujours travers par une part de didactisme p dagogique Cf pour illustration la plus vidente la pr sence r currente de diagrammes ou graphiques explicatifs ou la multiplication des pr cisions documentaires quantitatives chiffr es c est parce que s y joue d abord dans le proc s de mise en r cit de l actualit la constitution d un rapport particulier et fondamentalement id ologique entre
64. questions classiques et largement d battues relevant des seuls particularismes d organisation de structure de fonctionnement de la presse sp cialis e D laissant ce qui devrait constituer leur originalit les r flexions sur l information conomique se r orientent rapidement pour retrouver finalement le cadre de d bats beaucoup plus g n raux et largement d actualit sur l thique journalistique ie Des modalit s sp cifiques de constitution et d criture de l information conomique nous ne savons donc encore que peu de choses Au sein de l ensemble des r f rences recens es nous ont toutefois particuli rement int ress s et donc d une certaine mani re orient s dans la mise en oeuvre de notre propre recherche quelques grandes conclusions qui trouvent leur origine dans des travaux de natures diff rentes Voir par exemple pour illustration de ce travail de glissement les articles de Thierry NAUDIN Situation morale de la presse conomique fran aise ou Jean Fran ois ROUGE Le journaliste au risque de l argent dans le num ro sp cial de D cembre 1990 de la revue Esprit intitul l interrogation est d ailleurs r v latrice d un tat d esprit tout fait particulier va le journalisme ou encore les articles Journalistes sous influence de Philippe THUREAU DANGIN et Publi reportages le journalisme en trompe l oeil d Estelle LE ROY et Amaury DE CHAMBORD dans le num ro 13 de
65. quotidien Lyon PUL 1989 204 pages NAUDIN Thierry Situation morale de la presse conomique fran aise in Esprit d cembre 1990 pages 47 59 NEVEU Erik Pages politique in Mots n 37 d cembre 1993 pages 6 28 ONCLE BERNARD Parlant pognon mon petit Le ons d conomie politique Paris Syros 1994 199 pages 122 ORLEAN Contagion des opinions et fonctionnement des march s financiers in Revue Economique vol 43 n 4 juillet 1992 pages 685 697 PADIOLEAU Jean Syst mes d interaction et rh toriques journalistiques in Sociologie du travail n 3 1976 pages 256 282 PERRET Pierre Marie et SILEM Ahmed Prol gom nes l conomie de l information in Brises n 2 mars 1983 pages 7 22 POTTE BONNEVILLE Mathieu Champignons magiques et soci t s de contr le in Cahier de r sistances 1993 Presse financi re Les budgets du silence in La presse en revue n 10 des Dossiers du Canard mars avril 1984 page 62 RAMONET Ignacio La pens e unique in Le Monde Diplomatique n 490 janvier 1995 page 1 RIEFFEL R my L lite des journalistes Paris P U F 1984 220 pages RIEFFEL R my Les journalistes fran ais image et pr sentation de soi in M diascope n 1 mars 1992 pages 64 73 ROSA Jean Jacques et AMSON D Conditions conomiques et lections in Revue Fran aise de Sciences Politiques 1976 ROUGE Jean Fran ois Le jour
66. sans doute le plus vident car d j connu et assez facile rep rer nous est aussi apparu avec force l influence essentielle d op rateurs de sens plus profonds op rateurs de construction temporelle et outils de cadrage g n raux principalement MOUILLAUD Maurice et TETU Jean Fran ois Le journal quotidien 1989 159 95 1 L institution d un rythme propre de traitement Le Figaro et L Humanit sont deux quotidiens du matin si l on ne tient pas compte ici de la possible existence d ditions diff rentes ils s organisent donc selon un m me rythme de r daction et de diffusion et se trouvent situ s dans une position quivalente par rapport au temps singulier de l v nement r f rent quelle que soit d ailleurs la nature ce dernier Comme le montre pourtant un simple recensement comptable des articles publi s par les deux quotidiens sur la faillite de Barings ou ses suites imm diates entre le 27 F vrier et le 9 Mars c est sur un rythme diff rent que chacun d eux choisit de construire l affaire Barings voir le tableau 1 page 51615 Le Figaro par exemple appara t mener son traitement sur un rythme continu pendant les 10 jours qui ont retenu notre attention le journal consacre quotidiennement un article ou pour le dernier jour une br ve la faillite de Barings Seuls de relatifs pics d information sont discernables le mardi 28 F vrier l information sur Barings ce jour l m
67. sur la d signation parfois certes nuanc e mais en d finitive toujours bien r elle L ensemble des discours du Figaro repose sur la condition n cessaire d un LEESON coupable d un personnage responsable Cette d marche appara t de pure information Le Figaro par exemple cite des sources elle repose pourtant sur un choix original le quotidien de la rue de Louvres d cide en effet de ne pas insister sur les interrogations toujours seulement 102 BONNAFOUS Simone Paroles de crise in Etudes de Communication 1994 Le concept est repris Andreas FREUND 18 FREUND Andreas Journalisme et m sinformation 1991 99 rapidement voqu es comme par acquis de conscience relatives aux responsabilit s exactes de LEESON qui sont pourtant particuli rement pr gnantes le 28 F vrier C est que tout simplement cette pol mique possible ne l int resse gu re en fonction des principes politiques qui pr sident sa vision du monde Le Figaro n a pas vocation tre critique par rapport ce type pr cis d v nement d actualit Le discours d information conomique de L Humanit se caract rise par contre en surface par la pr sence singuli rement affirm e d un nonciateur critique modalisant presque syst matiquement son rapport des discours primaires qui inclut explicitement le compte rendu informatif dans un discours d envergure plus large D une certaine fa on ce n est ainsi pas tant l v nement
68. taux d i co t du cr dit est 2 points sup rieur celui l Allemagne En d autres ter ins y Fe ob di t rance finanament ses DRE de 2 plus chers que de l Allemagne C est un handicap consid rable au des chiffres id r s stables et romanin Goma F tes_ proposent Lie je ne doivent tre 1 centre T nouvel et r el international _ ka 4 L HUMANITE MARDI 28 FEVRIER 1995 HUMANITE 202 23 a Nick Leeson arr t son arriv e l a roport de Francfort Affaire Barings Le retour du golden boy prodigue ICK LEESON le jeune golden boy de vingt huit ans cens avoir seul ou avec l aide de sa femme vingt et un ans employ e de la m me banque coule la plus presti gieuse des banques d affaires de la City londonienne qui g rait avant sa faillite y compris les comptes de la reine a t arr t hier matin l a roport de Fran cfort en compagnie de sa femme Lisa Simms Nick qui l on attribue une perte de 1 milliard de dollars sur les march s d riv s de Sin gapour voir l Humanit du 28 f vrier 1995 avait pass une semaine de repos bien m rit dans un palace de Born o avant de reprendre l avion pour Francfort dans l intention de se rendre Londres l heure o ces lignes taient crites un repr sentant du
69. terme fera est d finit RAMONET comme tentative de traduction en termes id ologiques pr tention universelle c est nous qui soulignons des int r ts d un ensemble de forces conomiques celles en particulier du capital international 36 RAMONET Ignacio La pens e unique in Le Monde Diplomatique Janvier 1995 al Mythe naturaliste que RAMONET illustre en citant Alain MINC Le capitalisme ne peut s effondrer c est l tat naturel de la soci t La d mocratie n est pas l tat naturel de la soci t Le march oui 33 poste de commandement la r p tition constante dans tous les m dias de ce cat chisme lui conf rant une telle force d intimidation qu elle touffe toute tentative de r flexion libre et rend fort difficile la r sistance contre ce nouvel obscurantisme Appara t ainsi une nouvelle fois avec vidence la n cessit de ne pas faire fi dans nos analyses ult rieures des interrogations sur les modalit s de r percussions dans le discours de presse que nous ne saurions cependant consid rer comme de simple de ces discours primaires Plus g n ralement enfin comme nous l avons d j voqu notre approche critique se fondera sur un travail d analyse des m dias comme lieu o les soci t s industrielles produisent notre r el D o donc de nombreux efforts pour pas n gliger contenu et discours au profit des s
70. valeur refuge depuis la crise mexicaine la lire s est effondr e hier les banques centrales italiennes et espagnoles ont du intervenir plusieurs reprises dans la journ e d hier le franc a termin la s ance en l g re hausse par rapport vendredi Seule trace apparente de commentaire sur l actualit rapport e l vocation dans un point conclusif d une possible r flexion mener sur d ventuels contr les ou r glementations des march s des produits d riv s mais Le Figaro reste sur point particuli rement circonspect l emploi d un conditionnel en est la preuve A2 une s mantisation particuli re de l v nement r f rent En Une L Humanit informait sur sa mani re politique de saisir l v nement Le Figaro au contraire s efforce de mettre en sc ne son objectivit en fonction de moyens simultan ment syntaxiques lexicaux et topographiques Son discours en surface rec le ainsi toutes les qualit s d un discours d information pure il n est pas par exemple travers d intentions perlocutoires lorsque d ventuelles r glementations des march s sp culatifs sont voqu es la tournure employ e est passive des contr les ou r glementations pourraient tre impos es ces march s c est dire fort diff rente du MI faut de L Humanit et son caract re synth tique semble l indice d un effacement de l nonciateur Si pourtant l on s int r
71. vidence une dimension suppos e extra ordinaire de l v nement r f rent l origine de chutes de monnaies spectaculaires de records de baisse historiques lorsqu on parle de crise mon taire celle ci est ainsi r put e secouer toutes les grandes devises l exception du mark du yen et du franc suisse dont lui seul finalement parce que sp cialiste saurait nous livrer la vraie lecture Le discours d information se mue ainsi partir du cinqui me paragraphe en un discours plus a temporel de nature directement p dagogique organis non plus selon le mode de l num ration mais reposant sur un sch ma techniqne analytique et m caniste du type SITUATION ECONOMIQUE REELLE gt gt IMPLIQUE gt gt CONSEQUENCE S NECESSAIRE S Un tel principe d organisation discursive qui renvoie d une certaine fa on la scientificit du savoir sur les rouages de l conomie permet la pr sentation sur un mode en apparence toujours r guli rement rigoureux des th se les plus simples du type la hausse du mark entra ne des tensions au sein du syst me mon taire europ en comme les plus complexes la relation finale tant dans ce dernier cas p dagogiquement clat e en une s quence de sous relations Une lecture 37 ne faut pas voir dans cette expression une quelconque prise de position de notre part sur l int r t du discours de L Humanit Simplement nous constatons que le journal parvient r
72. Barings Lundi la suite des pertes de pr s d un milliard de dollars de Barings sur des produits d riv s asiatiques la Bourse de Tokyo en chutant de pr s de 4 ainsi donn le d part d une grosse secousse sur les bourses mondiales A faillite de Barings la banque d affaires depuis plus de deux si cles de l Empire et de Sa Gracieuse Ma jest l un des joyaux de la City londonienne continuait hier de secouer les march s financiers et mon taires mondiaux La Banque d Angleterre an non ait que Barings tait d sor mais sous sa tutelle et qu elle recherchait activement des re preneurs aupr s de la commu naut financi re britannique et internationale Plusieurs ban ques dont les trois grandes an glaises Natvest Barclays Mi et de nombreuses soci t s financi res taient contact es par l institut d mission britan nique La Banque d Angleterre n envisageait pas cependant l heure o ces lignes taient crites de racheter purement et simplement Barings en comblant ses pertes sur les mar ch s financiers La chute de la maison Ba rings aurait t provoqu e un courtier ind licat Nick Leeson aujourd hui activement recherch sur toute la surface du globe Si l on en croit les pre mi res informations et commen taires le jeune prodige financier de vingt huit ans aurait malen contreusement perdu 500 mil lions de livres sterlin
73. Elle la consolide en tout cas en accentuant la dimension in galitaire inh rente tout type de relation journaliste lecteur 100 LA DIMENSION RADICALEMENT IDEOLOGIQUE DE L INFORMATION ECONOMIQUE A l issue donc de nos analyses particuli res nous pouvons affirmer avec force que l int rieur du discours d information le proc s de construction de sens et m me d imposition de sens nous avons vu en effet que toujours le lecteur se trouve entra n sur une voie particuli re sans r el libre arbitre la relation de communication journal lecteur est une relation in galitaire repose sur un syst me complexe d articulation en cascade d expressions de natures diff rentes mais qui entrent toujours entre elles dans une relation de coh rence d une m me unique strat gie discursive de relation de l v nement Ceci constat il appara t alors l gitime et logique de s interroger sur la gen se et les assises de la strat gie g n rale propre chaque journal ci dessus voqu e quels sont en effet les principes videmment rarement explicit s qui la fondent et lui donnent sens C1 Champ de concurrence et strat gies de distinction Selon un point de vue relevant plus du constat que de l analyse critique il semble d abord que les strat gies discursives propres chaque quotidien trouvent une partie de leur raison d tre en relation avec un proc s global de d finition distinctive au sein du sy
74. Exclu du pret M 1996 DEA 02 12492 UNIVERSITE LUMIERE LYON D E A SCIENCES DE L INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION OPTION LANGAGES ET SYMBOLIQUES DE LA COMMUNICATION ET DES MEDIAS MEMOIRE DE D E A FRANCK VEYRON LE COMPTE RENDU PAR LE FIGARO ET L HUMANITE DE LA FAILLITE DE LA BANQUE BARINGS ELEMENTS DE REFLEXION SUR LES MODALITES DE CONSTRUCTION ET D ECRITURE DE L INFORMATION ECONOMIQUE DANS LA PRESSE QUOTIDIENNE NATIONALE DIRECTEUR DE MEMOIRE JEAN FRAN OIS LYON SEPTEMBRE 1995 UNIVERSITE LUMIERE ECOLE NATIONALE SUPERIEURE DES SCIENCES UNIVERSITE JEAN MOULIN LYON II DE L INFORMATION ET DES BIBLIOTHEQUES LYON II UNIVERSITE LUMIERE LYON II D E A SCIENCES DE L INFORMATION ET DE LA COMMUNICATION OPTION LANGAGES ET SYMBOLIQUES DE LA COMMUNICATION ET DES MEDIAS MEMOIRE DE D E A FRANCK VEYRON LE COMPTE RENDU PAR LE FIGARO ET L HUMANITE DE LA FAILLITE DE LA BANQUE BARINGS ELEMENTS DE REFLEXION SUR LES MODALITES DE CONSTRUCTION ET D ECRITURE DE L INFORMATION ECONOMIQUE DANS LA PRESSE QUOTIDIENNE NATIONALE DIRECTEUR DE MEMOIRE JEAN FRAN OIS LYON SEPTEMBRE 1995 UNIVERSITE LUMIERE ECOLE NATIONALE SUPERIEURE DES SCIENCES UNIVERSITE JEAN MOULIN LYON II DE L INFORMATION ET DES BIBLIOTHEQUES LYON LE COMPTE RENDU PAR LE FIGARO ET L HUMANITE DE LA FAILLITE DE LA BANQUE BARINGS ELEMENTS DE REFLEXION SUR LES MODALITES DE CONSTRUCTION ET D ECRITURE DE L INFO
75. Figaro propose ce 3 Mars ses lecteurs Le discours informatif se transforme en une d fense conservatrice de l ordre social dont la morale pourrait tre la suivante le monde est juste tel qu il est et il est irr aliste pour quiconque de vouloir aller contre le poids de son organisation malgr son apparente r ussite LEESON avait gard de son enfance banlieusarde l accent des faubourgs et une trivialit bon enfant Sa fausse r ussite de joueur cf le dernier paragraphe n tait en r alit que le vrai chec d un tricheur cf le titre Les d sirs d ascension des fils de pl trier ne sont que de mauvais r ves et les aubes sont 91 TROISIEME PARTIE QUELQUES PISTES POUR UNE REFLEXION GENERALE SUR LES MODALITES D ECRITURE DE L INFORMATION ECONOMIQUE 92 Cette troisi me partie de conclusion consiste en premier lieu en un travail de r capitulation dans un premier grand chapitre nous commencerons ainsi par rappeler les principales conclusions de nos analyses pr c dentes en nous effor ant cependant d sormais de prendre une forme de hauteur par rapport aux objets de notre tude Autant que faire se peut nous essayerons partir des enseignements particuliers de notre travail singulier de mener un essai de r flexion plus large sur les principes g n raux d criture de l information conomique les paragraphes qui terminent cette partie plus programmatique
76. Foreign Office indjquait qu il n y avait pas de mandat d arr t l encontre du cour tier Seul un mandat d arr t national a t d livr par les autorit s de Singapour qui re proche Nick Leeson sa partici pation la falsification de do cuments comptables portants N sur une somme de 72 millions f de dollars Le jeune golden boy risquerait en l occurrence en cas d extradition vers la ville Etat une forte amende et une peine de prison de plusieurs mois Mais en l absence d un mandat d arr t international d livr par Interpol les autori t s judiciaires allemandes fai saient savoir hier qu il n tait possible d extrader Nick Lee son En fait tout semble indiquer que le retour du golden boy prodigue g ne le milieux finan ciers britanniques En effet se lon les journaux et la cha ne de t l vision priv e Cha nel Four la v n rable Barings 6 tait en difficult depuis de longs mois Des l t dernier un audit command l agence Coopers and Lybrand montrait que la banque connaissait des difficult s bien avant sa banque route Bref Nick Leeson qui n est certainement pas innocent n aurait fait que tenter de re gonfler artificiellement les b n fices en jouant gros jeu sur les march s asiatiques Les experts financiers internationaux imagi nent mal en effet qu un jeune homme dont les seuls faits d arme connus sont une amende
77. RIN op cit p 73 et 74 a NAUDIN Thierry Situation morale de la presse conomique fran aise 1990 25 La mati re premi re pour le journaliste est moins le r el qu un discours premier sur ce r el La source n est pas autre chose qu un premier tri dans la mesure o le plus g n ralement la seule source utilisable se confond avec l institution il n est ni tonnant ni anormal que cette source et sa suite les moyens d information refl tent les choix l mentaires de ceux qui dans une soci t ont droit la parole c est dire les couches dirigeantes l Ala suite de la lecture de ces quelques phrases que nous faisons n tres et pour compl ter aussi la synth se de GUERIN sur ce point plut t vasive il nous a sembl utile de constater avec l conomiste G rard MAAREK que l information conomique est pour une large part de source institutionnelle et qu elle court donc le risque de certaines perversions ou manipulations sa qualit n tant pas assur e spontan ment Dans notre travail d analyse d articles relatifs l affaire Barings nous prendrons donc garde au ph nom ne de transcription des discours primaires discours des sources au sens large dans le discours d information Si l on consid re les conditions de production des rubriques conomiques telles que donn es par exemple lire dans la presse quotidienne quelques remarques du Journal quotidien trouvent
78. RMATION ECONOMIQUE DANS LA PRESSE QUOTIDIENNE NATIONALE FRANCK VEYRON Sous la direction de Jean Fran ois TETU LYON LYON ENSSIB RESUME Etude du compte rendu dans deux quotidiens nationaux fran ais Le Figaro et L Humanit de la faillite de la banque Barings F vrier 1995 mise en vidence de deux strat gies diff rentes de construction journalistique du m me v nement A partir de l tude de ces deux discours singuliers vocation de possibles pistes de r flexion pour une caract risation plus large des modalit s singuli res d criture de l information conomique dans la presse quotidienne DESCRIPTEURS Discours de presse Analyse de discours Information conomique L Humanit Le Figaro Barings ABSTRACT The report of the Barings Bank s bankruptcy February 1995 in two French national newspapers L Humanit and Le Figaro two different journalistic strategies for building the same event Based on these studies a short presentaion of some potential tracks for a general comprehension of the way economic information is written in french diary papers KEYWORDS Press discourse Discourse analysis Economic information L Humanit Le Figaro Barings Bank SOMMAIRE INTRODUCTION 6 L affaire Barings 7 Pr cisions pr liminaires sur notre projet g n ral p 9 Les tapes de notre travail p 11 PREMIERE PARTIE MISE AU POINT METHODOLOGIQUE p 15 En guise
79. SYNTHESE DE SERGE GUERIN SUR L INFORMATION ECONOMIQUE ET FINANCIERE Une histoire r cente dynamique mais heurt e De nature fondamentalement diff rente l ouvrage tr s synth tique que Serge GUERIN dans la collection Connaissance des m dias dit e par le C F P J a consacr la presse conomique et financi re aussi retenu notre attention dans la mesure surtout o il permet de bien rep rer les principaux traits contemporains d volution de l information conomique envisag e souvent malheureusement dans cet ouvrage sous son angle seulement sp cialis Celle ci se distinguerait ainsi d abord par son tonnant dynamisme simultan ment conomique a presse conomique est au premier rang pour le nombre de titre cr s au cours des derni res ann es mais aussi pour la progression des ressources publicitaires et la croissance de l audience crit GUERIN et r dactionnel depuis une vingtaine d ann es l information conomique aurait b n fici de diff rentes mutations en termes surtout d offre de diversit du contenu et de qualit de la forme tel point que GUERIN estime d sormais utile l esquisse d une typologie de la presse sp cialis e L histoire r cente de l information conomique ajoute t il reste cependant marqu e par son caract re heurt sans qu il y ait paradoxe avec ce qui a t dit plus haut cette histoire est ainsi aussi celle d une succession de lancements et
80. U Pierre L emprise du journalisme in Actes de la Recherche en Sciences Sociales Mars 1994 119 BIBLIOGRAPHIE AASLAND A short note the abstraction of economic life in Economies et Soci t s n 9 1988 pages 21 27 ALBERT Pierre Dir Lexique de la presse crite Paris Dalloz 1989207 pages BARTHES Roland Structure du fait divers in Essais critiques Paris Points Seuil 1984 pages 188 197 BAUTIER Roger De la rh torique la communication Grenoble P U G Coll Communication m dias et soci t s 1994 317 pages BONNAFOUS Simone Parole m diatique en temps de crise Etude de cas in Etudes de Communication n 15 1994 pages 113 130 BONNAFOUS Simone L immigration prise aux mots Les immigr s dans la presse au tournant des ann es 80 Paris Kim 1991 302 pages BOURDIEU Pierre avec WACQUANT Loic J D R ponses Pour anthropologie r flexive Paris Le Seuil 1992 268 pages BOURDIEU Pierre L emprise du journalisme in Actes de la Recherche en Sciences Sociales n 101 102 mars 1994 pages 3 9 BOURDIEU Pierre Le pouvoir des mots Entretien avec Didier ERIBON in Lib ration 19 octobre 1982 BOYER Henri rigueur pour moderniser la France dans la solidarit Contribution socio pragmatique l tude des mots slogans du septennat 1981 1988 in Mots 1988 BROCHIER Hubert Fondements id ologiques et vis es
81. VENEMENT p 44 La faillite de Barings dans L Humanit sp culation financi re fait trembler le monde p 46 A Le titre de Une du 28 F vrier p 46 AL Une organisation technique complexe p 46 A2 et d j une premi re d marche de s mantisation de l v nement originel p 47 B Les articles du 28 F vrier un mini dossier volontiers dramatisant p 50 Une mise en rubrique distinctive et d apparence exhaustive p 50 B2 A partir de la relation d un v nement singulier le retour vers une position de v rit g n rale p 53 B21 Les deux articles principaux un discours politique et la mise en vidence d oppositions suppos es fondatrices du syst me conomique p 53 B22 Trois articles de compl ment pour de nouvelles expressions du m me discours p 60 B23 Un article exemplaire de la singularit de L Humanit comme organe politique 64 L Humanit et l arrestation de LEESON un compte rendu sans passion 66 C1 En titre l expression d une certaine distance p 66 C2 Un rejet implicite de la chronique financi re p 68 Le compte rendu du Figaro un discours d amortissement de l v nement rapport p 69 A La faillite de Barings aggrave la crise mon taire le titre de Une du 28 F vrier p 70 1 La mise en sc ne d une information neutre et objective p 70 A2 mais pourtant une s mantisation particuli re de l v nement
82. a vit de c der la panique suffiront et pr f re pr senter plus longuement les r percussions de cet acte initial dont on est encore loin de conna tre toutes les retomb es mais que l on peut tout de m me r sumer par la constatation suivante Pour la banque le cauchemar ne fait que commencer conclut Le Figaro Ce sch ma global se trouve l g rement nuanc dans les paragraphes centraux de cet article la journaliste qui est une r dactrice habituelle des pages vie conomique ne peut en effet pas ne pas voquer de possibles interrogations sur l exacte responsabilit de LEESON d o un des rares exemples dans cet article de trace explicite d une prise de position de l nonciateur journaliste qui modalise son rapport de d clarations de la Banque d Angleterre Aux dires de la Banque avant d exprimer son doute Comment imaginer qu un op rateur ait pu prendre seul et en toute impunit des positions aussi la diff rence toutefois de ce que l on pouvait lire dans L Humanit cet aspect singulier de l v nement r f rent d un point de vue global ne se trouve indiqu que de mani re superficielle plus allusive que directe Beaucoup d ombres entoure encore cet norme scandale financier notamment la connaissance que pouvaient avoir la banque et les autorit s financi res locales des agissements de 1 op rateur LEESON se contente d crire Muriel MOTTE le di
83. able d une valeur de 7 milliards de yen 370 millions de francs Boute en train De lavish prodigue rogue escroc la presse de Grande Bretagne balance pour qualifisr ce h ros notre temps qui a f t ses 28 ans samedi dernier peut tre en Tha lande d o il au rait envoy un fax ses col l gues D sol de ne pas tre avec vous pour arroser Calme apr s la temp te ont fait preuve see dirigeants Entre fin Janvier et la semaine derni re m re aurait pr t enviren 850 millione de Nick Leeson pour r elieer ies op rations d arbitrage du groupe En fait cette somme aurait en grande partie per mie au goidan boy de mesquer des exietantes d ext riortesr pertes d j le a x mon anniversaire x ucky Nick sa l gende ot it tait dans l avion pour Franc fort que certains tabloids asauraient qu H fuyait sur son yacht Une chose est s re avait quitt son appartemont lou 42 000 francs par mois d un quartier hupp de Sin gapour le 23 f vrier avait semble t H retrouv sa en Malaisie On les vus sur la plage de Kota Ki nabalu au nord de Bom o ont pass quelques nuits dans un palace la Shangri La avant de s envoler pour Fils d un pi trier de banlieue de 1 l ve m diocre et en maths Nicky a laiss
84. aintenant que cet engagement se trouve dans le quotidien communiste singuli rement mise en vidence Cf par exemple ses manifestations perlocutoires ou la multiplication des modalisations du discours de l Autre par l emploi de verbes de rapport particuliers il parait possible d aller plus loin encore dans la d finition des caract ristiques du discours de ce journal Reprenant une notion mise en place par Michel FOUCAULT Jean No l DARDE estime ainsi que L Humanit ne pr tend pas seulement comme tout un chacun dire la v rit mais affirme plut t tre dans une position particuli re qui lui donne le privil ge de l nonciation de la v rit le monopole de v ridiction 12 cette hypoth se permettrait par exemple d expliquer les positions souvent duales du quotidien communiste Certes comme le constate DARDE l id ologie communiste n est pas la seule loin s en faut pr tendre ce privil ge il semble bien au contraire que ce soit un d sir largement partag mais le Parti Communiste se distingue par sa volont explicite de l tendre par l interm diaire de son organe au champ de l information De fait le discours de L Humanit appara t moins soumis que celui du Figaro aux imp ratifs r put s caract ristiques du discours d information m me s il ne s agit peut tre l seulement que d une apparence de soumission et se distingue ainsi par son travail r current de d nonciation du discours de l Autre l
85. al de compte rendu d un v nement exprime toujours une position qui lui est propre en choisissant par exemple 101 Nous reprenons l des remarques d Eliseo VERON qui dans Construire l v nement met en vidence l existence d un rythme ordinaire de gestion de l actualit dans les quotidiens rythme ternaire qui aborde successivement la mont e l acm puis la chute de l v nement d sign 97 de privil gier un axe de s mantisation particulier l information totale s organisant selon un maximum de quatre axes primaires Nous avons ainsi constat que Le Figaro dans son discours d information sur la faillite de Barings d laisse totalement la possibilit d un cadrage non technique de l v nement c est dire relevant d un discours extensif au seul domaine de l conomie pour mettre en forme son rapport autour essentiellement de la question des cons quences techniques de celui ci D o donc une forme de circonscription de l v nement r f rent un domaine particuli rement d fini expression au niveau d organisation quotidienne du discours du proc s d amortissement plus haut voqu Le 28 F vrier le discours g n ral du Figaro est tout fait clair Pour ce quotidien la faillite de Barings est certes lire comme un v nement d importance annonc en Une mais ne relevant que du domaine de l actualit conomique et financi re elle est ainsi voqu e au sein de la seule ru
86. ance financi re Versus d veloppement au service de l homme mais que l on peut consid rer comme renvoyant plus largement l opposition structurante fondamentale express ment politique Ordre conomique mondial actuel Versus Nouvel ordre conomique mondial esp r Il faut pr ciser cependant que cette ultime opposition ne reste qu en arri re plan aucun de ses deux termes antagonistes n tant par exemple clairement d finis Les caract ristiques du premier se devinent tout de m me facilement comme en n gatif par rapport aux propositions du P C F voquant une possible organisation nouvelle du syst me conomique fond e par exemple c est ici moins un projet global que des points particuliers successifs qui se trouvent voqu s sur la production de biens et de services r pondant aux besoins r el des gens l augmentation des salaires et des prestations sociales l insertion des jeunes dans la vie active la cr ation d emploi et le cod veloppement international L HUMANITE ET L ARRESTATION DE LEESON UN COMPTE RENDU SANS PASSION C1 En titre l expression d une certaine distance Au lendemain de l arrestation Francfort de Nick LEESON le quotidien communiste ne rend compte que de mani re relativement discr te de ce premier pilogue de l affaire Barings la nouvelle n est ainsi m me pas annonc e en premi re page mais seulement voqu e en pages Monde sur deux colonnes dans un a
87. ante dans les salles de march toutes les conversations t l phoniques des op rateurs avec leurs clients sont enregistr es Ces coutes t l phoniques sont archiv es de fa on servir de pi ce conviction quand une op ration tourne mal Ainsi les directions de banques peuvent elles tre inform es au moins posteriori des sements de leurs golden boys Ces syst mes d informations cens s apporter une transpa rence parfaite ne suffisent Pourtant pas liminer les ba vures Ni chez les interm diaires financiers ni chez les en treprises clientes Ainsi la Seita a t elle at tendu l audit de sa privatisa tion pour reconna tre que sa tr sorerie avait t g r e de fa on sp culative Ses op rations sur les produits d riv s ne cor respondaient nullement la simple couverture de risques inh rents aux activit s indus trielles commerciales et finan Les banques centrales reconnaissent qu il exis Mais elles voudraient viter une r glementation ci res d un fabricant de tabac Avant d tre introduite Bourse la Sita provisionn pour 283 6 millions de francs pour des pertes venir sur les produits financiers op rations sur taux d int r t et sur de vises Depuis lors son direc teur de la tr sorerie t re merci R glementation ou responsabilisation L alternative est simple Ou les op rateurs mesurent en pleine consui
88. apidement recentrer son discours sur un terrain qui lui est habituel Comme si d une certaine fa on l v nement r f rent n tait que pr texte 8 C est nous qui soulignons 57 d taill e de la partie analytique de l article d Okba LAMRANI permet ainsi d tablir le sch ma suivant Effondrement du march financier et mon taire mexicain gt gt IMPLIQUE gt gt Difficult s des Etats Unis cr er leur zone d int gration en Am rique du nord D Accumulation des endettements publics et priv s dans les ds pays d velopp s P P grands gt gt IMPLIQUE gt gt Pressions la hausse sur les taux d int r t 2 1 02 gt gt IMPLIQUE gt gt Mont e puissance des risques de crise financi re grave 3 i 3 gt gt IMPLIQUE gt gt Les fonds sp culatifs choisissent de se placer sur les valeurs r put es sures comme le mark 4 4 gt gt IMPLIQUE gt gt Hausse du mark 5 5 Soup ons des march s financiers sur les capacit s des pays d Europe du sud et de la France ma triser leurs d ficits publics et sociaux Attitude de la Bundesbank qui maintient une politique mon taire restrictive gt gt IMPLIQUE gt gt Tensions au sein du syst me mon taire europ en 6 6 aggrav par la faillite de Barings gt gt IMPLIQUE gt gt contre le franc fran ais 7 7 Volont du gouvernement fran a
89. ardi 28 F vrier Ouverture Singapour d une enqu te financi re pour fraude Nick LEESON est recherch dans toute l Asie l Soit plus de 4 milliards de francs Mercredi 1 Mars Le Parlement singapourien vote le renforcement du contr le du march terme SIMEX par la Monetary Authority of Singapore Jeudi 2 Mars Nick LEESON est interpell l a roport de Francfort son arriv e en provenance de Malaisie Le tribunal de Francfort retient contre lui la charge de falsification de documents conform ment aux informations transmises par les autorit s de Singapour qui ont demand Interpol de lancer un mandat d arr t international pour garantir son maintien en d tention Vendredi 3 Mars ING International Nederlanden Group le plus grand tablissement financier des Pays Bas obtient de l administrateur judiciaire de Barings le droit exclusif de faire une offre pour la reprise de la banque en faillite Ouverture d une seconde enqu te par le Bureau des fraudes britannique et la police de la City de Londres sur des all gations de fraude chez Barings Samedi 4 Mars Les autorit s financi res de Singapour affirment que Barings tait avertie depuis trois ans du pouvoir excessif laiss Nick LEESON Dimanche 5 Mars ING reprend pour 1 livre sterling symbolique pratiquement toutes les activit s avoirs et dettes de Barings et s engage ainsi ponger 660 millions de livres plus de 5 milliards de franc
90. arisation dans un souci tout la fois de didactisme m taphore contribue faire comprendre et de bonne argumentation Si l on consid re par contre le sens qu elles indiquent il semble alors appara tre une tendance g n rale de la presse une naturalisation de l conomie exprim e par exemple dans des expressions comme franc dans la tourmente L Humanit le franc r siste bien tourmente Le Figaro la lire s est effondr e Le Figaro la chute de Barings continue de secouer les march s financiers etc etc Et l on peut que constater les risques potentiels d un tel choix discursif le choix d un champ m taphorique n est jamais neutre le rapprochement de deux r alit s ne va pas sans postuler secr tement une ressemblance ontologique crit JEANNERET De mani re plus pr cise la vulgarisation l oeuvre dans le discours d information conomique finit ainsi par provoquer le sentiment d une sorte de fatum conomique y compris paradoxalement quoique de mani re peut tre moins vidente dans L Humanit en quelque sorte victime sur ce point du discours Jes termes d signant des processus sommet chuter hausse les verbes pronominaux s effondrer ou intransitifs s vir aggraver dessinant un univers sans 15 JEANNERET Yves Le choc des mots Pens e m taphorique et vulgarisation scientifique in Communication et langages 1992 110 v ritable responsabilit
91. as le discours seulement niveau des propositions mais aussi des objets qui commande leur choix leurs qualit s leur distribution dans le temps et l espace et la fa on dont ils s articulent entre eux et qui 5 informe 3 Nous avons ainsi pu tablir une chronologie sommaire de l affaire Barings qui figure en annexe en fin de volume 4 C est nous qui soulignons Cette citation est tir e de l ouvrage de Eliseo VERON Construire l v nement p 8 Les r f rences compl tes de tous les titres indiqu s se trouvent dans la bibliographie finale 3 MOUILLAUD Maurice Rh toriques et strat gies in Strat gies de la presse et du droit 1979 p 183 En fonction de ces principes fondateurs ce n est pas par hasard que nous avons d cid de nous int resser un exemple d information sur l actualit conomique Si en effet l information conomique semble avoir b n fici depuis une vingtaine d ann es d un certain dynamisme d o donc un premier int r t de notre r flexion centr e sur un domaine de plus en plus important mais comme nous le verrons encore peu tudi il nous a sembl surtout que s y plus singuli rement qu ailleurs un certain nombre de visions du monde dont il nous a plu de comprendre les m canismes de mise en place et de certification Parall lement pour des raisons simultan ment triviales n cessit s mat rielles et temporelles li es l or
92. asse forc ment le cadre des seules r flexions sur les modalit s singuli res du travail journalistique CHAPITRE II UNE VOLONTE D INSCRIPTION DANS UN CHAMP DE RECHERCHE DEJA LARGEMENT DEFRICHE En fonction des r sultats parfois frustrants car souvent partiels de nos premi res recherches bibliographiques et compte tenu aussi de nos premi res lectures d articles consacr es la relation de la faillite de Barings lectures superficielles certes mais susceptibles tout de m me de contribuer un travail de d finition d objectifs une mise au point m thodologique nous est vite apparue comme indispensable Dans ce chapitre nous ne reviendrons pas sur l ensemble de notre d marche m thodologique nous souhaitons seulement rappeler que loin d avoir pris 37 Nul hasard donc si dans les ann es 80 commencent aussi appara tre un certain nombre d interrogations autour de la vision du monde conomique colport e par les m dias 3 BOYER Henri La rigueur pour moderniser la France dans la solidarit Contribution socio pragmatique l tude des mots slogans du septennat 1981 1988 in Mots 1988 z Plus longuement d finie de fait dans notre note m thodologique Premiers l ments pour une lecture du compte rendu par la presse de l affaire Barings Juin 1995 28 consistance selon quelques principes isol s notre travail ne trouve au contraire tout son sens
93. bles cons quences nationales surcro t d aust rit Surtout imm diatement L Humanit informe sur sa mani re politiquement orient e de saisir l v nement r f rent La lecture de l v nement faillite de Barings que le journal souhaite d velopper semble ainsi s organiser en r f rence un jugement qualitatif global sur la nature de l conomie financi re on peut en effet imaginer que le terme sp culation n a pas t choisi au hasard mais bien plut t parce qu il se trouve charg pour les r dacteurs de L Humanit comme pour ses lecteurs peut tre d un certain poids s mantique renvoyant par exemple un discours de d nonciation fonction de cat gories d analyse dont l existence serait extensive par rapport l v nement singulier trait On peut voir ainsi dans l utilisation de l article d fini dans la sp culation l indice d un renvoi une cat gorie ant rieurement d finie dans le discours de L Humanit le compte rendu de la faillite de Barings se trouvant donc finalement fondu dans un discours largement plus vaste comme si plus g n ralement pour L Humanit le temps de traitement de l actualit 49 quotidienne s inscrivait dans la p riode plus large d un discours d inspiration politique sur les v nements du monde Par son cadrage de Une L Humanit semble donc finalement d une certaine fa on mettre en sc ne et affirmer sa capacit transcender l v n
94. brique La vie conomique et en guise de cons quences Le Figaro ne pr sente dans son discours d analyse a posteriori que les diff rents effets de cette banqueroute sur l volution des march s mon taires et financiers De mani re radicalement diff rente L Humanit persiste dans son travail de distinction pr c demment rep r le quotidien communiste pr sente la faillite de Barings comme un v nement extra ordinaire faisant enseignement et use donc pour cela d une fa on diff rente des instruments de cadrage discursif communs l ensemble des quotidiens Au fil des diff rents titres d articles L Humanit exprime son d sir de pr sentation totale de cette actualit singuli re en reprenant successivement son compte chacun des quatre axes possibles de s mantisation de l v nement strictement oppos au travail d amortissement du Figaro on pourrait ainsi voquer pour L Humanit une volont affich e d puisement de l v nement le quotidien s efforce de dire toute la v rit sa v rit sur la faillite de Barings en essayant d en aborder tous les aspects en particulier non techniques Peu nous sied de savoir laquelle des deux approches est la meilleure nous constatons simplement que les outils de cadrage discursif titres et illustrations constituent dans leur ensemble au del de leurs actualisations singuli res parfois tr s diff rentes un l ment cl du travail de 98 constructio
95. c leur propre syst me comme JP Morgan avec Risk Me trics Le souhait de la BRI est d agr er ces mod les de contr le interne plut t que d imposer un outil standard Jean Pierre ROBIN national fran ais 15 719 DITION DE 5 HEURES PRIX 6 00 FRANCS H6 bis Avenue des Champs Elys es air 75008 Le naufrageur de la Barings arr t a t cueilli son arriv e Francfort Le jeune financier britan nique Nick Lees n accus d tre responsabl de d route retentissants de la banque t inter s deux an ladur pell hier Francfort en appel aux compagnie son pouse l Nick Leeson est sous le la coup d un mandat d arr t in c est non ternational la c les au torit s de Singapour qui l accusent d avoir faisifi un document comptable d une valeur de 7 milliards flions de on en tire s Qu on messes d penses 25 d ficits culbute ipost sur en affir me d Etat ormations es articles 3 ann es un ane FULD 5 et tr s bien de 18 PAILLARD Barings qui l avait nomm jes 6 et 88 Singapour coll gues gt Nick Leeson son arriv e Franck Afrique du Sud Mexique
96. chaque quotidien de gestion du temps et de l espace de l information comme la premi re tape d un proc s global de mise en ordre de l actualit premier l ment des strat gies nonciatives caract ristiques de chaque m dia informatif D s le niveau d organisation le plus g n ral Le Figaro se distingue ainsi dans son rapport de la faillite de Barings par une tendance l amortissement cette remarque trouve sa justification dans le travail de comparaison que nous avons men il s agit d un jugement relatif diff rentiel lire comme par rapport L Humanit en insistant particuli rement en longueur sur la troisi me phase du cycle classique de gestion d un v nement normal qui est globalement respect le tableau 1 page S1bis L Humanit au contraire se situe clairement dans une position de rupture par rapport au mod le canonique pas d information le 27 et le 29 F vrier 6 articles le 28 pr sentant ainsi clairement la faillite de Barings comme B2 Des choix de cadrage toujours strat giques Comme nous avons pu le constater en d tail le travail de construction de l information se fonde aussi dans la presse quotidienne sur un certain nombre de proc d s de cadrage du discours exprim par exemple dans les titres d articles Sans revenir ici sur l ensemble de nos analyses nous rappellerons seulement que chaque quotidien d s le moment initi
97. ciation l explication qui sont les principaux op rateurs sur les march s des d riv s semble cependant servir en partie de pr texte pour une conclusion finale sur le danger des investissements sur les march s financiers expliqu comme li particuli rement aux risques structurels de d multiplication d ventuels effets n gatifs Lorsque nous parlons de pr texte nous ne voulons pas signifier que la conclusion finale de L Humanit rel ve d une quelconque aberration il nous semble seulement que parmi l ensemble des points possibles de pol mique autour des march s financiers celui qui se trouve ici voqu semble b n ficier d une attention particuli re et singuli rement constante de la part du journal Au fil des deux pages Ev nement L Humanit cherche en effet de mani re assez syst matique explicitement souligner les risques de d b cles en cha ne en germe selon elle dans les structures m mes d organisation des march s financiers c est bien ce risque pr cis que r v lent des titres comme La faillite de Barings d stabilise les march s financiers ou Le franc dans la tourmente au prix parfois comme dans cet article pr cis de v ritables contorsions s mantiques un lien de sens se trouve ainsi tabli entre l effet technique de d multiplication voqu et la m taphore classique plus p dagogique voire vulgarisatrice de s isme qui ne renvoie pourtant qu au seul conc
98. conomique social ou de fait divers Le 28 F vrier la faillite de Barings a toutefois l honneur d un traitement sur deux pages en rubrique Ev nement Cette derni re permet chaque jour L Humanit de distinguer dans l ensemble de l actualit un fait essentiel en fonction de crit res qu on peut lui supposer propres mais non sans lien cependant aussi certainement avec la hi rarchie g n rale de l information commune l ensemble du syst me des m dias cet v nement extra ordinaire b n ficie alors d un traitement sous forme de v ritable petit dossier regroupant plusieurs articles abordant chacun sous un angle diff rent le m me v nement r f rent comme dans l espoir de parvenir en puiser tout le sens Le 28 F vrier pas moins de 6 articles ainsi qu un ditorial sont donc consacr s par L Humanit la pr sentation de la faillite de Barings sous le titre g n ral qui est en r alit le titre de l article central de ces pages Ev nement celui qui rend compte pr cis ment des circonstances de faillite mais qu en raison de sa taille distinctive on peut consid rer comme couvrant les pages 3 et 4 La faillite de Barings d stabilise les march s financiers D un point de vue g n ral en continuation de ce qu indiquait d j le titre de premi re page L Humanit cadre son discours selon deux grands axes l accent est d un c t mis sur l explication de l v nement r f rent
99. cursive des traces renvoyant leurs conditions de production ces traces tant le support d op rations qui prennent la forme de r gles d engendrement des discours que le chercheur se doit de 6 reconstituer 3 L AFFAIRE BARINGS DANS LE FIGARO L HUMANITE LES RAISONS DE NOTRE CHOIX On a pu comprendre dans les paragraphes pr c dents les raisons de notre int r t pour le discours de l information conomique ainsi que nos objectifs de recherche Dans ce second paragraphe nous nous contenterons donc d expliquer les raisons de notre choix d un travail sur le compte rendu de la faillite de la banque Barings puis de d tailler ensuite la m thode d analyse de discours que nous avons cru la mieux adapt e notre projet B1 Un exemple de discours d information conomique sur une actualit v nement plut t technique L affaire Barings nous a d abord int ress s en tant pr cis ment qu affaire il s agit en effet d un pisode de la vie conomique qui litt ralement fait v nement distinct donc d une forme de traitement plus routini re de l actualit conomique commentaires sur les politiques conomiques informations sur l volution des march s pr sentations de bilans de grands groupes vocations d l ments de prospective etc Comme nous l avons plus haut signal le discours informatif de mani re g n rale se distingue par son caract re second par rapport au
100. d abandons que GUERIN num re avec d tails et des soup ons de partialit GUERIN Serge La presse conomique et financi re 1991 Cette typologie nous sera peut tre plus tard utile constatons donc qu il distingue une presse conomique sp cialis e g n raliste type L Expansion avec des sous ensembles haut de gamme type Dynasteurs qui s efforce de traiter l conomie jusque dans ses dimensions thiques politique l exemple de Valeurs Actuelles d fendant des positions ultra lib rales ou p dagogiques Science et Vie Economie d une presse plus directement encore sp cialis e en mati re par exemple d entreprises de finance ou de conseil en patrimoine 22 r currents Sp cialis e ou non l information conomique est l objet d une suspicion g n rale affirme abruptement GUERIN qui voque la lourde h r dit d une information longtemps plac e et d s ses d buts sous le r gne de l affairisme voire de la corruption Si l on suit ses analyses les raisons de l vident boum de l information conomique depuis une vingtaine d ann es seraient ainsi en d finitive d origine surtout apr s avoir rapidement voqu comme pour la forme un bien vague renforcement de la qualit des travaux des journalistes sp cialis s dans les rubriques conomiques cette volution des pratiques lui semblant d ailleurs analyser en partie sinon esse
101. d introduction p 16 Indications bibliographiques et premiers l ments g n raux sur les singularit s du discours d information conomique p 17 A Les enseignements des travaux de l IR P E A C S p 19 A1 Une information conomique mal d finie p 19 A2 mais toujours construite p 20 B La synth se de Serge GUERIN sur l information conomique et financi re p 22 Une histoire r cente dynamique mais heurt e p 22 B2 Un double rapport de proximit au x pouvoir s p 24 B3 Une information strat gique p 25 Une volont d inscription dans un champ de recherche d j largement d frich p 28 A Le souhait de mener un travail critique p 29 1 Contre l id ologie spontan e d une information reproduction p 29 A2 L espoir d une mise en question du contenus m mes des discours analys s p 31 L affaire Barings dans Le Figaro et L Humanit les raisons de notre choix p 35 Un exemple de discours d information conomique sur une actualit v nement plut t technique p 35 B2 La notion d invariant r f rentiel p 37 Questions de m thode l tablissement d une grille de lecture sp cifique 38 C1 Un corpus volontairement r duit p 38 C2 Une d marche d analyse en trois tapes p 39 DEUXIEME PARTIE LA RELATION DE LA FAILLITE DE BARINGS DANS LE FIGARO ET L HUMANITE DEUX MODALITES DIFFERENTES DE CONSTRUCTION DU M ME E
102. de D E A au fil de nos travaux successifs de recherche bibliographique puis de mise au point m thodologique nous nous sommes toujours efforc s d orienter nos r flexions en fonction d un objectif unique parvenir l tablissement des bases n cessaires pour une tentative d analyse r fl chie simultan ment descriptive et critique du discours d information conomique dans la presse crite quotidienne g n raliste partir de l exemple singulier du compte rendu de l affaire Barings Dans un premier chapitre de cette premi re partie nous commencerons par rappeler les principaux enseignements de notre travail bibliographique initial dans le cadre de ce m moire final nous ne livrerons pas un compte rendu exhaustif et d taill des diff rentes r f rences mises alors en vidence mais rappellerons seulement la mani re dont ces premi res lectures ont largement contribu selon des modalit s parfois diff rentes au modelage de notre travail final de recherche en termes d abord d orientation de nos analyses mais aussi en cons quence d organisation m thodologique De m me comme nous esp rons parvenir le montrer dans un second Nous renvoyons directement pour cela notre note de synth se bibliographique El ments pour une lecture de l information conomique Note de synth se bibliographique Janvier 1995 28 p C est ainsi parfois l inexistence de travaux consacr s des points nous semblan
103. de concentrer nos analyses sur les seuls discours relatifs la faillite de Barings de deux grands quotidiens nationaux parmi les plus id ologiquement marqu s L Humanit et Le Figaro Si le premier se pr sente en effet explicitement quotidiennement en manchette comme 10 Les premiers enseignements de nos recherches bibliographiques nous ont ensuite incit s ne travailler que sur la seule presse quotidienne nationale la presse magazine ou r gionale semblant en effet s organiser selon des modalit s singuli res largement diff rentes serait toutefois int ressant de consid rer en comparaison leurs modes de traitement d un m me v nement r f rent 11 journal du parti Communiste fran ais le second fait preuve pour sa part d un engagement plus discret mais non moins r el on peut ainsi sans grand risque supposer antagonistes ou tout au moins fortement diff renci es les visions du monde fondant et organisant le sch ma de perception de l actualit conomique propre chacun de ces deux quotidiens pour confirmation de cette proposition il suffit de constater que les journalistes de L Humanit eux m mes n h sitent pas de temps autres souligner la distance id ologique qui les s pare de leurs confr res du Figaro pr sent alors comme journal ch ri de la banque de la Bourse du capital et des empereurs de l immobilier que la bonne apporte tous les matins aux occ
104. ds de ts sp culati qui vi vent litt ralement sur le dos de la dette des Etats ont donc choisi de se placer sur les va leurs r put es s res comme le La hausse du mark entrame m caniquement des tensions au sein du syst me mon taire euro p en En effet les autres devises sont soup onn es par les mar ch s financiers d tre dans Tin capacit de maitriser leurs d fi cits publics et sociaux notamment dans les pays d Eu rope du Sud et en France Cette situation est encore aggrav e par l attitude la Bundesbank qui maintenant une politi PCF app la la source L y a eu en France an cours amie 1994 1 270 mil provenant du travail des salari s 6 000 milliards de francs de dits ont t distribu s L argent essentiellement les d p ts a i r mm rations et des salari s est all tout la sp culation et des LEM ur oi tat en outre Po 250 miliards fre lon etrean cadeaux finan les costribuabies et ol he pad Taai cr ation d emplois au cod ve loppement international que mon taire restrictive le cr dit reste cheret rare contraint ses voisins d Europe faire de m me tout ew ajoutant une prime dite de risque sur les taux allemands aimi qu en terme r els hi taux moins le
105. e Procter a pee a amp Gamble et Gibson Gree tings qui ont perdu respective qui sont ment 2 et dol lars sur march s se retournent aujourd hui contre leur banquier Bankers Trust Et la liste risque encore de s al longer Pour Nick Leeson l aven ture se serait termin e hier par arrestation en Tha lande Mais pour la banque le cau chemar ne fait que commencer Muriel MOTTE pensation oblige l acheteur payer un appel de marge Celui ci correspond la diff ence entre le prix d achat d un ontrat et le cours constat haque jour ce qui rend tr s co teuses les positions per dantes Mais et c est l que le sys t me devient tr s pervers pou financer ces appels de marge E FGARO 28 2 page IT Nikkei Si ce syst me permet de prot ger la place contre un risque syst mique il chera jamais une banque de se ruiner en appels de marge ce qui soul ve le probl me du contr le de ces activit s Aux dires de Banque d Angleterre ces op rations La r veill e hier en tat de choc apr s l an dans la nuit de di manche lundi de la mise en liquidation judiciaire de la banque d affaires Barings La _ plus ancienne des institutions priv es de la City n a pu tre sauv e de la banqueroute Dimanche le gouverneur de la Banque d Angleter
106. e contrat nonciatif p 103 C21 Le Figaro un contrat de information p 103 C22 L Humanit un discours de v rit p 105 De quelques caract ristiques propres du discours d information conomique 107 Une singuli re relation de communication journal lecteur p 107 Al La constitution de destinataires singuliers 107 A2 Les risques de la vulgarisation p 109 B Un discours d information sp cifique p 110 Type genre et diff rences d actualisation p 110 B2 Un discours aux enjeux fondamentaux p 114 CONCLUSION p 116 BIBLIOGRAPHIE p 120 ANNEXES p 125 Annexe 1 Br ve chronologie reconstitu e de l affaire Barings Annexe 2 Fac simil s des articles de L Humanit et du Figaro retenus INTRODUCTION L AFFAIRE Le dimanche 26 F vrier 1995 en d but de soir e est annonc Londres le placement sous administration judiciaire de la banque anglaise Barings Brothers la suite d normes pertes de plus de 4 milliards de francs il ne s agit l que de la premi re estimation communiqu e les chiffres seront ensuite revus la hausse dues principalement en croire les premi res informations des investissements hasardeux effectu s la filiale asiatique de Barings sur le march financier des produits d riv s Si le lundi la nouvelle ne provoque gu re de remous dans la presse fran aise en raison sans doute de l horai
107. e entre r glementation et responsabilisation est simple se trouvent ainsi imm diatement limin es les possibilit s d interrogations plus radicales mais tout aussi l gitimes sur le sens m me de l existence d une conomie financi re de sp culation telles qu exprim es par exemple dans L Humanit L ensemble du discours critique se trouve circonscrit au seul domaine technique l ensemble des 7 derniers paragraphes sur 9 consiste en une discussion de l alternative initiale le journaliste finissant par pencher avec son lecteur pour une r ponse double niveau meilleure connaissance des flux r alis s sur ces march s et la mise en place de r gles de conduites transparentes permettant une plus grande responsabilisation des tablissements financiers Au fil de l article nous quittons ainsi le ton de l information t moignage dans les deux premiers paragraphes puis dans les trois suivants activit de citation expliquait Andrew CROCKETT rappelait Alan GREENSPAN pour nous trouver face un v ritable article de d fense implicite de l conomie financi re au sein duquel un certain nombre de discours primaires ne se trouvent plus rapport s ou discut s mais au contraire endoss s et assimil s Cf par exemple la fin du paragraphe 6 Les travaux de la Banque des r glements Internationaux ont d montr l utilit des produits d riv s Leur fonction es
108. e Fran ais il trouverait difficilement sa place dans n importe quel autre quotidien ou alors sous une forme radicalement diff rente Car dans ces pages Ev nement le discours politique primaire cf le titre de l article qui apparemment semble qualifier les propos de l article comme ceux propres du P C F et de lui seul est rapport dans le discours d information sans aucune forme de prise de distance on ne trouve pas par exemple dans cet article de guillemets il appara t en d finitive difficile d en d finir l nonciateur r el Les dirigeants du P C F ou L Humanit La r ponse est ardue d autant que l article n est pas sign dont le r le appara t pourtant comme tout fait directif faut II est n cessaire etc D une certaine fa on se trouvent donc livr es ici les cl s permettant de comprendre les modalit s de construction de l ensemble du discours de L Humanit sur la banqueroute de Barings on peut y lire les principaux axes de la position politique r f rante en fonction de laquelle L Humanit d veloppe une strat gie discursive originale dans son travail q pp 65 journalistique d information 1 ne faut donc pas s tonner d y retrouver lorsqu est voqu e l analyse du P C F sur l conomie financi re un syst me d opposition simple Sp culation Versus Investissement raisonn exprim par exemple dans le corps de l article par l opposition folie meurtri re de la croiss
109. e bien 4 la tourmente La chute de la banque britannique Barings Brothers a aggrav hier les d sordres mon taires le mark a at teint de nouveaux sommets face la lire la livre et la pe seta Baring Brothers une ins titution deux fois centenaire a t mise sous administra tion judiciaire apr s avoir perdu par la faute d un de ses op rateurs de Singa pour Nick Leeson 28 ans quelque 5 5 milliards de francs sur le march ja ponais des produits d riv s Des repreneurs se seraient fait conna tre aupr s de l ad ministrateur judiciaire Face au mark consacr valeur refuge depuis la crise mexicaine plusieurs mon naies ont nouveau forte ment chut la lire s est litt s Nick Leeson Photo AFP ralement effondr e hier et la peseta est tomb e son plus bas niveau historique Les banques centrales italienne et espagnole ont d intervenir plusieurs re prises dans la journ e d hier Le franc a mieux r sist et a m me termin la s ance en l g re hausse par rapport vendredi La d b cle de Barings galement fait chuter les march s financiers mais da vantage en Asie qu en Eu rope Cette temp te financi re pose nouveau le probl me des produits d riv s et des contr les ou r giementa tions qui pourraient tre im pos s ces march s Les articles de Muriel MOTTE Quioc le FIGARO nomie pages
110. e consacr une mise au point sur la question des produits d riv s tranche d abord pas son caract re videmment synth tique les informations y sont livr es en quatre points successifs explication exemple op rateurs volume Il s agit d un article express ment p dagogique l information s affirme comme enseignement l explication initiale succ de ainsi un exemple puis une focalisation sur un des l ments du syst me pr c demment d crit et enfin une illustration quantitative Dans le premier paragraphe de pure d finition on ne trouve ainsi gu re de traces d une position particuli re de l nonciateur les deux phrases apparaissent au contraire s ches d barrass es de tout ornement qualificatif Seule intervention peut tre la pr sence de guillemets autour de certains termes ou expression qui signifient sans doute ici la reprise d un vocabulaire technique sp cialis Dans le second paragraphe le discours d enseignement commence toutefois perdre de sa froideur un adverbe avec 15000 francs seulement une parenth se qui ne rel ve pas d une n cessit mais augure plut t d un discours venir dans le troisi me paragraphe et de fa on plus vidente encore un point d exclamation laissent entrevoir la position de l nonciateur journal l article n est pas sign par rapport aux r alit s d crites Dans le 62 troisi me paragraphe si on retrouve certes une certaine distan
111. e corpus 6 en esp rant r ussir rep rer au del de diff rences qu on peut imaginer certaines strat gies nonciatives propres chacun des deux quotidiens concern s un certain nombre de points g n raux caract risant l ensemble de l information conomique m canismes communs de construction de l information conomique D un point de vue pratique il nous a sembl pertinent de proc der par tapes nous analyserons donc successivement les productions discursives consacr es dans L Humanit et Le Figaro la relation de la faillite de la banque Barings selon le m me plan chaque fois r p t plan en trois tapes de notre grille d analyse en distinguant comme convenu dans deux chapitres diff rents les articles du 28 F vrier de ceux du 3 Mars plus directement consacr s au r cit de l arrestation de LEESON Dans cette partie nous ne nous fixons pas d objectifs g n raux nous nous contenterons gt 19 L ensemble des fac simil s des articles dans cette partie analys s sont consultables en annexe en fin de volume 45 d accumuler un maximum de mini conclusions que nous nous efforcerons seulement de synth tiser dans notre troisi me partie CHAPITRE I LA FAILLITE DE BARINGS DANS L HUMANITE LA SPECULATION FINANCIERE FAIT TREMBLER LE MONDE LE TITRE DE UNE DU 28 FEVRIER 1995 1 Une organisation technique complexe Le mardi 28 F vrier un titre non ill
112. e europ enne der ri re l Angleterre la France la Russie la Prusse et l Autriche la fin est m diocre Cr e il y a 233 ans Barings avait financ le r tablissement des liens com merciaux avec les tats Unis apr s la guerre d ind pehdance et les guerres contre Napol on Banque de l Establishment elle avait d j connu une grave crise en 1890 par suite de cr ances non recouvrables en Argentine L intervention de la Banque d Angleterre au motif que sa faillite entra nerait une catastrophe pour la City lui avait pargn une fin indigne Mais cette fois Eddie George a au nom de la vieille dame de Threadneedle Street refus d investir les deniers publics dans le sauvetage de la v n rable institution En revanche plusieurs candidates au rachat se seraient montr s int ress s par diff rentes activit s de la banque affirm hier Nigel Hamilton responsable du Ca binet Ernst and Young ad nistrateur judiciaire de banque d Aux op rateurs de mesurer leurs risques es march s sous le choc Apr s avoir secou les pei 3 Singapour d o ont FT 100 r duisait ses pertes et places asiatiques pendant la t pass s les ordres qui ont cl turait en baisse de 0 4 la d b cle de Barings a amen Barings la faillite re Paris le CA 40 a abandonn ait chuter les march s finan de plus de 4 l ouver 0 2 dan
113. e l v nement lui m me La machine infernale des produits d riv s mais selon un point de vue g n ral qui reste tr s technique conomicocentriste Au niveau du cadrage discursif le caract re singulier accidentel il s agit bien d une actualit faisant v nement de la faillite de Barings que Le Figaro ne peut pas ne pas constater est certes indiqu dans chacun des titres mais de mani re sobre et discr te en fonction surtout d outils lexicaux la machine infernale des produits d riv s les march s sous le choc la City a vit de c der la panique aux op rateurs de mesurer leurs risques Plus g n ralement l inverse de L Humanit le quotidien construit son discours sur un ton neutralisant et pacifiant plut t par exemple que l article de relation des conditions de la faillite de Barings c est ainsi le texte consacr d montrer la r action raisonnable de la Bourse londonienne qui constitue le noyau central de cette page il occupe 5 colonnes contre 3 son titre est typographiquement le plus imposant et il est le seul tre accompagn de photographies au ton tr s institutionnel une reproduction des armoiries de Barings et un portrait pos en pied d un Peter Baring tr s digne dont le s rieux tranche avec le sourire insouciant irresponsable semble en tout cas tre l indice d une possible culpabilit de Nick LEESON en premi re page On peut ainsi c
114. e la faillite de Barings dans ces pages Ev nement voir le tableau 2 page 51 le cadrage discursif de L Humanit se caract rise par son caract re en apparence total dans la mesure o les quatre axes possibles de s mantisation de l v nement trouvent dans un article au moins leur expression Nul surprise toutefois cela ce constat est en parfait accord avec les choix de traitement vus plus haut qu implique la mise en place d une rubrique Ev nement Comme nous l avions voqu dans la partie pr c dente ces quatre axes de s mantisation pour tre bien pr sents ne contribuent pas n cessairement d une mani re directe et m canique l organisation propre du discours d information ils n en constituent en quelque sorte que la toile de fond implicite Dans le cas de L Humanit du 28 F vrier on trouve ainsi plut t un premier indice de cette derni re dans le choix des illustrations photographiques accompagnant le dossier Ev nement n est videmment pas simple de repr senter une faillite ou un accident boursier le choix des trois illustrations retenues une photographie du hall des locaux de Barings Hongkong avec en premier plan le logo de la soci t sans lequel d ailleurs cette photo n aurait plus aucun sens le portrait en plan am ricain d un Nick LEESON souriant la repr sentation confuse le cadrage volontairement serr n tant pas pour rien dans cette impression de cinq jeunes
115. e traditionnelle d une presse consid r e et se pr sentant comme un simple instrument de pr sentation du r el ag Au sens par exemple o BOURDIEU parle de sens commun On peut penser aussi la d nonciation par DURKHEIM dans ses R gles de la m thode sociologique des id es toutes faites et fausses vidences qui chappent la r flexion critique et que dans le cadre de la recherche sociologique le chercheur doit carter pour parvenir une connaissance scientifique des faits sociaux 29 la suite de Construire l v nement ouvrage d Eliseo VERON que nous avons estim d un int r t th orique et m thodologique capital puisque fondateur d un nouveau mode de lecture analytique des discours d information en cons quence aussi de la lecture du Journal quotidien d j cit nous avons pris garde de ne pas succomber aux tentantes facilit s de l adh sion cette id ologie spontan e exprim e parfois de mani re directe dans le choix de certains titres de presse42 et fond e sur un certain nombre de pr suppos s implicites mais bien r els quoique videmment nullement d montr s Pour illustration sur le plan pr cis des modalit s de construction de la relation de communication entre nonciateur journal ou journaliste et destinataire lecteur on peut voquer le ph nom ne d adh sion toujours imm diate ou allant de soi la croyance en triple
116. ement singulier faillite de Barings pour en d gager imm diatement comme en temps r el par rapport au temps du simple compte rendu factuel exprim dans le surtitre les implications essentielles tenants et aboutissants D o finalement l explication de la m canique de proposition de solution quelque peu surprenante dans un discours d information la prise de hauteur la compr hension de l unique v rit de l v nement ne peuvent qu induire l action politique et c est ainsi en toute logique l affirmation il faut taxer les mouvements financiers qui cl t le titre g n ral de Une Dans cette derni re phrase le discours propre du P C F appara t comme un mod le mais la construction syntaxique ne laisse planer aucun doute le il faut ne renvoie pas seulement un travail de citation mais mane bien aussi du quotidien lui m me LES ARTICLES DU 28 FEVRIER UN MINI DOSSIER VOLONTIERS DRAMATISANT Une mise en rubrique distinctive et d apparence exhaustive Parmi les quotidiens fran ais L Humanit se distingue par son absence de rubrique Economie au fil des ditions les informations conomiques se trouvent ainsi distribu es au cas par cas dans les pages France ou Monde qui regroupent ainsi simultan ment sans cependant n cessairement que des relations les unissant soient voqu s des informations de type la fois politique C est nous qui soulignons 50
117. en guerre contre les Fran ais et le corps exp ditionnair de Napo l on contre les Am ricains Tissue du conflit Barings Bro thers eut sa r compense en or ganisant la vente de la Loui siane la Restauration apr s avoir financ 1 guerre des royaumes coalis s contre l Em pire la banque accord un pr t de 315 millions de francs Paris ce qui lui valut les louan ges du premier ministre de Louis le duc Riche lieu son apog e l institution devint au cours de XIX si cle P un des plus propri tai res terriens britanniques Seule ombre au tableau vite effac e l poque ia Banque d Angie risque bien r el pour les en _ une filiale en France o elle est devenue l une des principales miter le risque financier li aux formidables variations tr es sur les taux d int r t les taux de change mon taire les montages financiers autour des mati res premi res etc En fai sant du sur mesure financier gles prudentielles il s agirait si l on croit premiers ses de retraites mondiales sent de juteuses wanina E ne prennent pas de risque dernier tant r serv au client desdits produits C est du moins ce que l on affirmait dans les spheres dirigeantes banques Tr sor public Mais la multiplication des pertes vertigineuses ces derniers mois a mo
118. en effet tout leur sens m thodologique chaque institution chaque informateur et de fa on g n rale chaque source voit dans l information le moyen de pr server ou de diffuser son propre point de vue ce qui implique deux cons quences notables le discours primaire d une part comporte fr quemment des ambigu t s volontaires dont nous pourrions par exemple chercher retrouver les modalit s d inscription dans le discours d information final le journaliste d autre part devient l occasion complice de son informateur 30 C est nous qui soulignons 31 MOUILLAUD Maurice et TETU Jean Fran ois Le journal quotidien 1989 p 39 G rard L information conomique aujourd hui March s et institutions in Revue Economique 1992 L information conomique crit il est souvent produite par une ou des agences statistiques gouvernementales sp cialis es dans la production et la diffusion de ce genre d informations 6 ou trouvent autrement leur source dans une quantit de textes comptes rendus rapports bilans statistiques produits et mis en circulation par les agents principaux de l conomie entreprises ou grands groupes financiers par exemple pour qui l absence de communication n est pas concevable 26 m me si cela ne signifie absolument pas que la presse soit condamn e tenir le langage de l institution il sera alors judicieux de nous interroger sur les
119. en renvoie l existence pour chaque m dia d un contrat nonciatif singulier et distinctif jouant pour l essentiel non pas sur le plan du contenu mais sur celui des modalit s possibles du dire 10 quoique trouvant toujours sa source toujours pour le cas au moins de l information conomique dans des principes de nature id ologique C21 Le Figaro un contrat de information La position originelle et structurante dissimul e du Figaro est une position lib rale instaurant une dichotomie entre le domaine de 19 Nous empruntons cette notion Eliseo VERON 10 VERON Eliseo Les m dias en r ception Les enjeux de la complexit in M diaspouvoirs 1991 103 l conomique et l univers du politique elle se manifeste un travail de distinction dans le mode m me de constitution de l criture journalistique de l information conomique explicitement plac e dans un cahier autonome et litt ralement clat e Ja position du Figaro est en effet exclusivement technique en une addition de rubriques et sous rubriques indiff remment fond es sur des th mes Collectif budg taire Conjoncture Commerce ext rieur etc ou indice encore plus vident du refus d une position discursive d ensemble des divisions sectorielles de l espace conomique Automobile Agriculture Restauration La position lib rale se caract rise aussi par son affirmation de sa dimension natu
120. ence les risques qu ils veulent prendre ou les autorit s de tutelle les banques centrales pr teuses en dernier ressort comme l est en moment la Banque d Angle terre vis vis de la Barings devront le faire leur place par des r glements J ai toujours pens qu un renforcement de la r glementation n tait pas la so lution mais on y viendra qu on le veuille ou non si la responsa bilit des dirigeants dans 1 pe pr ciation des risques n est reconnue expliquait le mois dernier au forum de Davos Andrew Crockett le directeur de la Banque des r glements internationaux La BRI coor donne depuis trois ans les consultations entre banques centrales pour traiter le pro bl me des produits d riv s Paradoxalement les ban quiers centraux rechignent imposer des r gles autoritaires Les pertes importantes subies par certains op rateurs ne sont pas inqui tantes rap pelait en d cembre dernier Alan Greenspan le pr sident de la Fed alors que le comt d Orange venait d annoncer une perte de 2 milliards de dol lars Dans un march terme il a in vitablement des per dants et des gagnants C est en fait un jeu somme nulle Ces propos visent rassu rer un Congr s am ricain avide au contraire d une r glementation plus draco La classe politique de qui serait rite Washington veut faire l cono mie d u
121. ept de propagation 29 Quant au quatri me paragraphe de ce bref article marqu par une pr sence discr te de l nonciateur dans le discours de nouveau un point d exclamation il constitue une forme d excroissance p dagogique concr te des paragraphes pr c dents il montre cependant que L Humanit ne peut se passer de la comparaison centr e sur la national c est dire le proche cent fois le budget annuel de la France pour tenter de vraiment faire comprendre l importance et donc pour le quotidien les risques potentiels du march des produits d riv s Les enseignements de cet article explicatif sont donc doubles le lecteur d une part se voit offrir un certain nombre d informations relevant de d finitions ou de faits chiffr s par exemple est vrai toutefois que cette m taphore colle bien avec le ton g n ral volontiers dramatisant des deux pages Ev nement 63 susceptible de contribuer l augmentation de son capital de connaissance conomiques mais il se trouve aussi conduit simultan ment une nouvelle fois partager un jugement sur la r alit d crite Il lui faut comprendre que non seulement le march des produits d riv s est un march juteux et d envergure mais aussi que c est un march risqu lourd de risques potentiels En ce sens se constitue donc une sorte de continuum entre les deux articles de 1 double colonne Rep res le second article Des pr
122. ersale des deux quotidiens pour un discours de vulgarisation Quel que soit ainsi le contenu pr cis des articles de chaque journal le discours d information conomique appara t travers l exemple singulier de la relation de la faillite de Barings comme un discours de reformulation en langage vulgaire except lorsque le journaliste cherche mettre en sc ne sa comp tence de discours primaires sp cialis s d origine principalement institutionnelle grandes banques 109 organismes mon taires internationaux etc ou science conomique la d monstration que l on peut lire dans L Humanit sous la plume du journaliste sp cialis en conomie dans l article Le franc dans la tourmente constitue ainsi pour faire vite une forme de traduction de la position n o keyn sienne consistant distinguer la demande plut t que l offre comme moteur de l conomie Et de la m me fa on le rejet par Le Figaro d une possible r glementation directive des march s financiers proc de d une traduction concr te des principes fondateurs de la position lib rale exprim s par exemple dans la m taphore inaugur e Adam SMITH d une main invisible La pr sence dans les deux journaux tudi s de m taphores explicatives en position de plus privil gi es en titre par exemple constitue un parfait indice de ce proc s cette figure de style constitue en effet un recours pr cieux pour l ensemble des discours de vulg
123. esse de plus pr s son contenu on constate malgr tout que le discours du Figaro n est pas aussi neutre qu il s en donne l air Ainsi par exemple de son choix singulier de cadrage tout fait radical la o l v nement comme nous l avons plus haut expliqu aurait pu tre abord selon quatre grands axes le quotidien prend le parti de n en utiliser qu un seul comme si finalement le reste 43 n existait pas dans le journal seul ce qui est dit est la diff rence donc de L Humanit qui d s sa page de Une diluait son rapport de l v nement r f rent dans un discours port e plus universelle Le Figaro fait le choix de la circonscription la faillite de Barings tant pr sent e comme relevant de la seule chronique financi re l inscription de cet v nement singulier dans le temps s quence plus long d une crise mon taire D une mani re g n rale lorsqu il s agit d voquer dans le discours d information conomique une actualit pr cise l interpr tation semble ainsi toujours selon des modalisations diff rentes prendre le pas sur le simple compte rendu Consid rons par exemple l vocation du r le de LEESON d s sa page de Une sans manifester la circonspection de L Humanit Le Figaro le d signe comme responsable unique de la faillite de Barings puisque c est par sa faute que Barings a t plac e sous administration judiciaire Le Figaro dans son texte de synth se n voque
124. essus de nous de fantastiques parties de monopoly bataille dont les enjeux consistent en des sommes faramineuses qui et il s agit l du fin mot de l histoire sont en v rit notre argent L ensemble du discours de L Humanit repose sur la volont de r tablir la v rit vraie r tablir et non pas tablir on voit l une diff rence avec Le Figaro L Humanit clairement est un journal d opposition par rapport au point de vue majoritaire l v nement faillite de Barings est ainsi rapport moins pour lui m me que en tant que support pour un discours plus g n ral La banqueroute de banque de Sa Gracieuse 11 Si comme nous l avons pr c demment not la relation de communication entre les journalistes de L Humanit et leurs lecteurs appara t parfois lorsque p dagogique in galitaire la faute se trouve dans cet ditorial expliqu e et r par e le lecteur peut faire confiance son journal puisque lecteurs et r dacteurs partagent la m me communaut d int r ts 105 Majest pour le quotidien communiste doit servir de le on et ouvrir les yeux des abus s monde et l humanit doivent avoir un autre destin que celui d un casino conclut non sans une certaine emphase dramatique Jean Paul PIEROT D un point de vue plus g n ral la position id ologique fondatrice de L Humanit se trouve ainsi exprim e dans un contrat nonciatif de v rit Si l on consid re m
125. eulement pour faire vite d assurer les possibilit s de comportement rationnel des acteurs en fixant des r gles de transparence permettant le fonctionnement naturel des march s dont on trouve par exemple trace dans le rappel sans commentaire d une remarque du pr sident de la F E D apr s la perte par le Comt am ricain d Orange de 2 milliards de dollars sur le march des d riv s dans un march terme il y in vitablement des gagnants et des perdants mais c est en fait un jeu somme nulle B23 Les march s sous le choc Cet article plus bref il n est sign que par des initiales on peut penser qu il s agit seulement d une remise en ordre de d p ches d agence est le seul se pr senter explicitement comme un article de compl ment illustrant avec d tails sur un mode informatif affirm pass compos nombreuses 85 indications chiffr es les cons quences de l annonce de la faillite de Barings sur les march s mon taires internationaux Si son cadrage g n ral renvoie explicitement au constat de r percussions d importance Les march s sous le choc le signataire de l article l unisson de ses confr res s efforce cependant dans le corps du texte de relativiser cette interpr tation par une sorte de pirouette puisqu il se contente en effet de constate comme le correspondant londonien du Figaro que les cons quences n ont pas t aussi graves qu on aurait pu l imaginer
126. eules techniques de mise en sc ne nous consid rerons au contraire pour reprendre les termes exacts de Roger BAUTIER que le point de vue critique ne peut pas ne pas s int resser au poids politique de la communication dans le syst me des rapports sociaux et ne saurait de m me concevoir l analyse d un type pr cis de communication hors du contexte du pouvoir Nous ne souhaitons donc pas r aliser un simple travail de description mais tudier au contraire les discours des diff rents journaux composant notre corpus la fois pour eux m mes et tant aussi qu ils participent du politique et que le politique passe par Avec toutefois une pr cision d importance cette volont d analyse id ologique ne se fondera toujours que sur un seul travail de lecture de textes et d analyse de discours Nos donn es de base ne seront que des articles de presse accessibles n importe lequel des lecteurs auxquels ils taient destin s au sein 58 C est nous qui soulignons 59 VERON liseo Construire l v nement 8 60 BONNAFOUS Simone Parole m diatique en temps de crise in Etudes de communication 1994 D un point de vue m thodologique les recherches pr sent es dans cet article nous ont beaucoup inspir s 61 BAUTIER Roger De la rh torique la communication 1994 133 BONNAFOUS Simone cit 34 desquels nous tenterons de rep rer en surface dis
127. face toutes les mon naies et singuli rement face aux devises europ ennes En matin e la livre sterling tombait son plus bas niveau historique face au mark 2 2950 contre 2 3361 vendredi soir Londres Son pr c dent record historique remontait au 25 f vrier 1993 quand elle avait atteint 2 3130 cing mois apr s son viction du syst me mon taire europ en SME Les chutes les plus spectacu laires sont celles des monnaies r put es faibles comme la lire et la peseta qui ont toutes deux battu des records historique de baisse face la devise alle mande De son c te le franc fran ais que se pla t pr senter dans les milieux de la Banque de France comme la troisi me Are mai la aires de Fafiolement monnaie du monde derri re le mark et le dollar se rapprochait aussi de son record historique de baisse du 16 ao t 1993 3 5490 en tombant 3 5327 pour un mark Les difficult s des Etats Unis cr er leur zone d int gration en Am rique du Nord avec no tamment l effondrement du march financier et mon taire mexicain la pression la hausse sur les taux d int r t du fait de l accumulation des endettements publics et priv s dans les grands pays capitalistes d velopp s ont entrain une mont e en puis sance des risques de crise finan ci re grave Les capitaux g r s par les grands organismes de re to assurances les fon
128. fait divers lorsque les discours se focalisent sur les responsabilit s de LEESON relation de cette faillite va se poursuivre pendant une dizaine de jours cons cutifs L ensemble des articles dans les diff rents quotidiens abordent ainsi tour tour ou parfois simultan ment les questions des causes de cet v nement causes structurelles li es l organisation g n rale des march s financiers ou malversation s ou de ses cons quences envisag es autant d un point de vue technique r percussions par exemple sur les march s mon taires que plus g n ral se trouve ainsi parfois pos e la question des ventuels moyens de contr le des march s financiers Au jour d aujourd hui si la faillite de Barings ne rel ve certes plus d une quelconque actualit force nous est toutefois de constater que ce dossier est encore loin d tre clos des questions par exemple sont toujours en suspens autour des responsabilit s v ritables de Nick LEESON en d pit m me de la publication r cente du rapport officiel d enqu te de la Banque d Angleterre sur un plan diff rent la pol mique autour du r gime d organisation des march s financiers faut il ou non introduire des l ments r gulateurs n est elle non plus toujours pas close D s premier paragraphe d introduction il nous faut donc pr ciser que si nous avons pour tablir cette br ve pr sentation crois l ensemble des informations conte
129. g plus de 4 milliards de francs sur des contrats terme pris par la fi liale de Singapour de Barings sur la Bourse de Tokyo Nick aurait sur son seul feeling et peut tre celui de quelques amis achet en tre 15 000 et 40 000 contrats de 1 5 million de francs chacun sur des options de hausse de l un des indices de la Bourse de Tokyo rassemblant 225 valeurs nippoanes Le jeune prodige au donc l insu de sa hi rar chie et pour le compte de l une des plus prestigieuses institu tions de la finance mondiale jou entre 22 milliards et 60 milliards de francs en quel ques mois On conna t la suite la place financi re de Tokyo a perdu 15 et le tremblement de terre de Kobe n a pas ar rang les valeurs financi res les assurances notamment de Pin dice Barings ayant perdu plus que ses foi le capital propre de la ue la faillite devenait donc in vitable semble acquis sinon clair que les pertes de Barings ne peuvent en aucun cas d pendre d un seul homme aussi dou f t il pour le sur les marches financiers les plus sophistiqu s du monde Que le courtier ait N e avec de Sa Majest banque d affaires bri tannique Barings Bro thers a t fond e en 1762 par deux fr res dont les descen dants en sont aujourd hui en core les propri taires Cette ins titution grandi l ombre de l empire colonial de la Cou ronne tn finan ant le
130. ganisation d une ann e de D E A et raisonn es en d pit de la concurrence accrue des m dias audiovisuels nous restons persuad s avec Yves DE LA HAYE que la presse constitue toujours un l ments structurant du champ informatif et demeure le creuset du mod le de communication jus sociale valant ou prou pour l ensemble des m dias nous souhaitions travailler Lorsque nous parlons d information conomique nous entendons cette expression dans son sens le plus large non sp cialis c est l information conomique ou m me conomique et sociale de rubrique celle que l on trouve dans la presse g n raliste que nous nous sommes le plus particuli rement int ress s 7 Qu une attention un peu soutenue aux diff rents m dias laisse facilement deviner On peut penser ici pour illustration dans le cas de la presse quotidienne l apparition dans les ann es 80 des pages saumon du Figaro l existence de 1987 1989 la rubrique tant alors incluse dans la section g n rale Economie en raison de l volution de l organisation du quotidien d un cahier Monde Affaires ou encore l vident recentrage du contenu r dactionnel et de l image de Lib ration dans les ann es 80 avec un accroissement pendant cette p riode des pages Economie et Bourse voir GUERIN Serge La presse conomique et financi re 1991 43 Il faut conc der que nous tions particuli
131. git l que d un premier travail de rep rage qui peut videmment selon chaque cas pr cis se poursuivre selon des principes plus fins mais alors n cessairement plus conjoncturels Organis e autour de principes conjointement topographiques talement fragmentation mise en relation des espaces note VERON dans Construire l v nement mais on peut citer aussi les travaux de Jacques BERTIN in S miologie graphique autour des variables visuelles de mise en page faille valeur couleur grain orientation qui fonctionnent comme la troisi me dimension du plan la page et taxinomiques rubriques sections sous sections qui en premier lieu transforment les 41 Ce choix de travail se justifie dans la mesure o nous consid rons avec parmi d autres Eliseo VERON que le cadrage discursif constitue un l ment fondamental du proc s de s mantisation de l v nement propre chaque m dia par son interm diaire chaque quotidien fonde son discours original en construisant par exemple sa position singuli re par rapport au temps suppos avoir une r alit propre de l v nement r f rent en donnant un premier sens son travail non affirm mais bien r el de mise en r cit 3 Ce n est donc que dans un troisi me temps seulement que nous en viendrons consid rer le contenu v ritable des articles consacr s dans L Humanit et Le Figaro au compte rendu de la mise en fa
132. hommes on pense des cadres ils sont cravat s des japonais cadre allure asiatique japonais affair s devant ce qu on imagine tre une calculatrice et un ordinateur ne saurait donc tre le fruit d un quelconque hasard Au contraire il est selon nous possible d y deviner d j les trois points principaux de 52 85 l ensemble du focalisation autour desquels va s organiser dans L Humanit discours d information sur la faillite de Barings le r le de la banque Barings en tant qu institution les responsabilit s propres de Nick LEESON la l gende de la photo qui lui est consacr e Nick LEESON le prodigue ou plut t le porteur de chapeau r v le d j la position dubitative de L Humanit sur ce sujet et les cons quences de cette banqueroute la troisi me photo est l gend e Lundi matin la Bourse de Tokyo l affolement Le travail d illustration photographique entre ainsi dans un jeu de correspondance avec les modalit s de cadrage d ordre discursif c est d une certaine fa on sa capacit et sa comp tence tenir un discours global sur l v nement et sur le monde en g n ral que L Humanit met aussi en sc ne B2 partir de relation d un v nement singulier le retour vers une position g n rale de v rit Comme convenu nous allons maintenant nous int resser au contenu des diff rents articles de ce mini dossier Ev nement il faut pr ciser toutefois que n
133. i Le gouverneur de la Banque d Angleterre a multipli les appels au calme De fait l indice Footsie repassait en milieu de journ e la barre des 3000 points 3009 4 La livre remontait la pente 2 3049 un niveau toutefois historiquement bas La d b cle de Barings n a donc pas provoqu la panique redout e la City Au del d une apparente rigueur logique donc on constate ici que comme pr c demment dans le discours de L Humanit le rapport objectif de la r alit n est en v rit que bien relatif puisque largement soumis des n cessit s d inscription dans un cadre g n ral d information ant rieurement d fini selon des principes sans rapports directs avec l v nement consid r Le Figaro nous l avons vu cherche r duire la port e de l v nement r f rent en le contenant dans certaines limites techniques ce programme se manifeste ici dans le choix de privil gier l volution sur la conclusion m me si le niveau de la livre en fin de journ e reste et le quotidien ne peut que le constater historiquement bas contrario le discours dramatisant de L Humanit se fondait lui en toute logique sur l effacement des volutions du lundi derri re la simple d signation d l ments cl s avec par exemple et il s agit bien l de la relation de la m me r alit le seul constat de a chute son plus bas niveau historique en matin e de la livre sterling par rapport
134. i directement utilitaire voqu s par certains chercheurs en science conomique par la place part qui lui est r serv e ensuite Le Figaro construit ainsi son discours d information en introduisant d s son premier travail de structuration en rubriques une distinction entre l information g n rale sociale ou politique par exemple et l information conomique qui devient donc affaire 93 Voir par exemple sur ce point PERRET Pierre Marie et SILEM Ahmed Prol gom nes l conomie de l information 1983 p 16 75 de sp cialistes et semble renvoyer l id e d une actualit conomique ind pendante c est dire sans liens affirm s avec les autres dimensions de l actualit quotidienne Le 28 F vrier le travail initial de circonscription du Figaro marqu par le choix d un seul axe de s mantisation alorg que quatre sont potentiellement possibles se poursuit donc par un renvoi du traitement de la faillite de Barings en pages sp cialis es sous la plume de journalistes sp cialis s et sous le titre g n ral suivant s agit d un surtitre quatre articles chute de la Banque Barings et ses r percussions En d pit de ce titre la position de d part le choix d une analyse privil gi e des seules cons quences se trouve en ces pages int rieures quelque peu am nag e un article en effet Le Figaro pouvait il faire moins est consacr e la relation d
135. ilis des pro duits fort effet de levier no tamment des options et des Contrats terme sur dage financier totalement btan totales de s allonger lant Vendredi dernier le recul Cette affaire dont on est encore loin de conna tre toutes les retomb es allonge encore la liste des pertes enregistr es sur Nikkei Bloomberg chiffre 3 5 mil Th oriquement ces pro liards de dollars hors affaire duits permettent de prot ger un Barings le montant des doises essuy es lors des huit plus gros scandales connus des derniers mois Le dernier en date a t un record le comt d Orange dans l tat de Californie a de mand en d cembre la protec tion de la loi sur les faillites apr s avoir perdu 1 7 milliard de dollars 8 7 milliards de francs sur les produits d riv s Avant lui le groupe alle actif contre une volution non souhait e des cours Mais ils peuvent aussi tre utilis s dans un but purement sp culatif En achetant un indice un horizon de trois ou six mois le sp cula teur esp re qu cette ch ance les cours auront mont ce qui lui permettra de revendre l in dice un prix sup rieur son prix d achat Le syst me mand Metallgesellchaft a perdu 1 57 milliard de dollars devient pervers en sp culant sur l volution du no di prix du p trol
136. illite de la banque Barings Sans entrer ici dans une trop longue num ration l on peut tout de m me signaler que nous essayerons par exemple de rep rer avec pr cision la mani re dont s crit dans un discours ce sont bien toujours des textes qui constituent l unique mat riau de notre travail dans ces deux quotidiens un exemple d information sur l actualit conomique en nous effor ant donc de consid rer l ensemble des th mes plus haut voqu s De m me parall lement au del de constatations sans doute assez videntes de r elles divergences entre deux modalit s diff rentes de relation de la faillite de Barings nous essayerons aussi plus pr cis ment de distinguer et d finir les principes selon lesquels dans ce type particulier de discours d information qu est l information conomique se construit la relation de communication entre l nonciateur journal ou journaliste et son destinataire lecteur contenus du journal en une r alit crivent MOUILLAUD et Jean Fran ois TETU dans Le journal quotidien 73 MOUILLAUD Maurice et TETU Jean Fran ois Le journal quotidien 67 74 Voir surtout Construire l v nement 1981 ou Le hibou in Communications 1978 42 Ainsi construite cette grille de lecture des diff rents l ments de notre corpus nous semble tre le reflet m thodologique de notre double ambition de d part En la mettant en application nous esp rons parvenir e
137. instruments du politique les questions de communication de commentaire et de mise en MOUILLAUD Maurice et Jean Fran ois cit 39 et 40 Parmi les premiers travaux de ce type portant sur la situation fran aise on peut citer ROSA Jacques et AMSON D Conditions conomiques et lections in Revue Fran aise de Sciences Politiques 1976 ou HIBBS Douglas Performance conomique et fonction de popularit des pr sidents Pompidou et Giscard d Estaing in Revue d conomie Politique 1983 35 nues Le de 2 On peut se souvenir ici des diff rents discours sur le respect des quilibres budg taires ou la n cessaire prise de conscience de l internationalisation des conomies GUERIN Serge cit 25 27 perspective des r sultats de l conomie plus largement l ensemble des points de vue sur le monde conomique ont acc d aujourd hui au rang d informations strat giques partir de l instant o par exemple un certain nombre d unit s lexicales tir es du r pertoire conomique et social contribuent de fa on importante et de plus en plus marqu e la m diatisation du politique du fait de la dimension perlocutoire dont elles se trouvent investies leur circulation massive visant faire penser faire croire faire faire 38 l interrogation sur les mani res de dire l actualit la v rit conomique d p
138. ire Le Figaro de mani re naturelle c est qu il a pas qu il ne peut pas y avoir d id ologie dans son discours forc ment vrai 104 C22 L Humanit un discours de v rit De mani re radicalement diff rente L Humanit organe du Parti Communiste Fran ais construit explicitement son criture journalistique comme politique L apparente contradiction loin d tre dissimul e se trouve au contraire argument e et d nonc e Le quotidien communiste fonde en effet l ensemble de son discours sur un contrat de v rit dual Cf les diff rentes relations d oppositions que nous avons mises en vidence opposant syst matiquement la v rit au mensonge De mani re plus vidente que dans Le Figaro on trouve ainsi dans L Humanit les traces d une relation de connivence liant le journal ses lecteurs indice de la n cessaire complicit de ceux minoritaires qui savent la v rit vraie Se joue ainsi lors du mouvement de relation de la faillite de Barings une bataille autour bien sur de la question de la vraie d finition accorder l v nement rapport entre nous et les autres entre si l on reprend les termes exacts de l ditorial de Jean Paul PIEROT pas encore cit les citoyens ceux qui comme vous et disposent que de leur salaire de leur pension ou de leur pargne et de l autre c t gens qui se livrent tout pr s de nous mais au d
139. is de satisfaire aux crit res de Maastricht gt gt IMPLIQUE gt gt Pression plus grande contre l emploi de qualit et les salaires 8 Lorsque directement technique le discours d information conomique dans L Humanit fonctionne donc selon une organisation relevant du r gime de la d composition p dagogique et les changements structurels s accompagnent alors en surface discursive d une volution lexicale on peut constater par exemple l emploi r current dans les derniers paragraphes de l article de termes organisateurs du discours notamment litt ralement donc m caniquement encore etc ou sur un autre plan la r p tition de diff rents types de d tours explicatifs nous pensons ici aux parenth ses de d finition lorsqu est 58 voqu e la notion technique de politique mon taire restrictive le journaliste pr cise imm diatement entre parenth ses une de ses significations concr tes cr dit reste rare et cher de m me il nous est pr cis que l id e de taux d int r t r el correspond au calcul de la diff rence en le taux affich et le taux d inflation ainsi qu l existence de d veloppement m taphoriques induisant une forme d explication exemple fonds de placement sp culatifs vivent sur le dos de la dette des Etats D un point de vue critique il semble ainsi n cessaire de s interroger au del de son ap
140. ivit s financi res au d triment des salaires et de l emploi B23 P C F frapper la sp culation la source Un article exemplaire de la singularit de L Humanit comme organe politique Ce court texte est extr mement int ressant dans la mesure d abord o bien que plac dans le cadre des pages Ev nement consacr la relation de la faillite de Barings il n y renvoie que de fa on bien vasive Comme son titre l indique il s agit au contraire d un rapport relativement d taill de la position du Parti Communiste Fran ais quant au probl me g n ral de l allocation des richesses conomiques Le lecteur se voit ainsi inform sur une position v rit politique concernant d un point de vue g n ral l ensemble du monde conomique Seul le travail est cr ateur de richesse Cette loi fondamentale de l conomie doit tre remise au go t du jour mais contribuant en toute logique pratique la fondation d un certain nombre de souhaits politiques concrets Exemple L argent doit aller des productions et des services r pondant aux besoins r els on voit bien l l indice d une position de v rit des gens Pour cela il est n cessaire indice d un raisonnement logique d instaurer de nouvelles r gles de cr dit il faut dissuader l affairisme financier etc Cet article renvoie ainsi directement au statut particulier de L Humanit organe du Parti Communist
141. journal contribue d signer comme un sp cialiste l illustration graphique accompagnant l article il s agit d une Infographie reprise de illustrant l volution des indices des quatre grandes Bourses mondiales depuis le d but de l ann e 1995 nous a ainsi par exemple sembl surtout lire comme un gage de s rieux et de scientificit pour le reste des pages Ev nement elle n apporte gu re d information directe en effet sur la faillite de Barings de m me l on peut constater que le journaliste n h site pas non plus mettre en sc ne ses qualit s en utilisant par exemple un vocabulaire suppos d initi tout terme d ordre technique tant ainsi pour le profane expliqu entre parenth ses la d marche est certes p dagogique mais on peut se demander si elle n a pas aussi pour but de bien rappeler le sens de la relation de communication entre le journaliste et ses lecteurs Implicitement le lecteur se trouve donc plac en position d inf riorit le journaliste peut lui faire la le on l analyse devient d monstration d o une formulation du type Rappelons que partir du compte rendu de la faillite de Barings le lecteur se voit ainsi finalement oblig de conclure il s agit litt ralement d une obligation le parcours de l article n autorise pas d autre issue avec Okba LAMINA et L Humanit la n cessit d une intervention politique radicale et non pas simplement technique l objet
142. l ment confiance dit ce qui s tait pes i c tait on r le de ne LS cs 98 9 Lucky Nick gt ait ler lui if y cing mois cours d une soir es bien arro s e dans une bo te de Singa Pour il avait toute simpli cit son pantalon sa lune Ce qui lui valut une amende pour attentat ia pu deur son enfence baniieu sarde Nick Leeson a gard Faccent des faubourgs et une trivialit bon enfant Sa r us site blouissait Singepour tait contrairement l usage la fois tasponsabie transactions et de leur administratit r giement Et c est lui m me qui r di lea rapports pour le si ge de la Barings Londres construisant man d un jousur dont ii n a ma tris l pilogue coutes ill gal s ont Le rapport gnait la gravit des vnw Apr s les d c caches d armes sienne une op poing mens gique a perm belge de d ma ogistique de i ique aig r objet Elles sc tion de d arme et rec Q t t r gi suc mai Her pa Tr
143. l actualit concern e l v nement global faillite de se trouve alors pr cis dans une s quence de sous v nements tels que mise sous tutelle ou recherche de repreneurs qui en permettent une saisie plus pr cise en succ dent en effet sept autres renvoyant plus directement un travail de r flexion sur cette m me actualit Si le contenu des diff rents paragraphes est ainsi mouvant il est parall lement int ressant de constater que leurs modalit s d organisation discursive verbales ou syntaxiques par exemple voluent elles aussi Pour les deux premiers paragraphes voqu s on pourrait ainsi presque parler d information pure le discours se pr sentant comme un compte rendu objectif du r el les verbes utilis s conjugu s l imparfait temps de la relation sont des verbes de citation qui n indiquent pas de prises de position particuli res du journaliste par rapport au contenu des discours rapport s dont les sources sont d ailleurs explicitement indiqu es Et si se trouve un instant voqu e la pr sence d un r dacteur particulier on aurait presque pu croire sinon un exemple de discours sans nonciateur ce n est simplement semble t il que par souci de rigueur dans le rapport l heure o ces lignes taient crites Pour ce qui concerne par contre la suite de cet article les choses sont bien diff rentes au fil des lignes la p
144. l information conomique dans la presse quotidienne nationale sans jamais chercher cependant tablir une quelconque v rit sur la faillite de Barings l aune de laquelle pourrait par exemple se mesurer le degr de parler vrai de chaque journal Ainsi esp rons nous satisfaire une double ambition parvenir d une part une meilleure connaissance des modes sp cifiques d criture de l information conomique mais il s agira d tre prudent en prenant garde aux conclusions trop h tives notre travail ne concerne en effet qu un exemple tr s particulier d actualit conomique contribuer ensuite partir toujours de notre exemple singulier une meilleure 13 d finition du poids politique de l information dans le syst me g n ral de constitution de repr sentations du monde Toute en rappelant pour finir que notre objectif v ritable n est pas de mener une tude de presse pour elle m me mais de nous servir de la presse pour r pondre un questionnement de type socio politique Notre objet d tude n est pas tant la presse en soi que plut t la fa on dont la presse traite sujet 13 Nous reprenons l les termes exacts utilis s par Simone BONNAFOUS pour introduire son ouvrage L immigration prise aux mots Les immigr s dans la presse au tournant des ann es 80 p 15 et 47 14 PREMIERE PARTIE MISE AU POINT METHODOLOGIQUE EN GUISE D INTRODUCTION Pendant cette ann e
145. langagi re et l on peut donc ici insister sur la dimension singuli rement vulgarisatrice de l information conomique ainsi en corollaire que sur la pr disposition de ses r dacteurs mettre en sc ne leur comp tence Si ainsi dans L Humanit et Le Figaro les discours ne semblent pas exactement s adresser au m me lecteur les deux productions discursives rel vent cependant en derni re instance de la m me r alit le discours de l information conomique appara t ainsi en tant que genre comme le lieu de rencontre entre les sciences conomiques d une part dont le rapport l exp rience c est dire l actualit est d abord fait de ruptures Cf par exemple le recours des d marches de mod lisation La science conomique suppose le d coupage d un objet conomique et sa progressive autonomisation ce mouvement se fonde sur la cr ation d un langage conomique avec son vocabulaire propre ou fond sur la 119 red finition de mots d usage courant et les repr sentations sociales de 119 VERGES Pierre Les repr sentations sociales de l conomie Une forme de connaissance in JODELET Denise Les repr sentations sociales 1989 112 l conomie d autre part qui se trouvent ontologiquement inscrites dans la r alit 120 sociale et articulent donc des l ments des deux domaines e Le troisi me niveau enfin d analyse de l informati
146. le un produit de consommation courante Mai 1983 10 pages photocopi es BUTHEAU Robert CARLUER Claudine et CICILLE Patricia Analyse de l information conomique dans les quotidiens r gionaux 44 pages photocopi es BUTHEAU Robert CARLUER Claudine et CICILLE Patricia L information conomique et sociale dans la presse quotidienne r gionale Le r le de l Agence France Presse 14 pages photocopi es Les tailleurs de l information in Langages et soci t s n 64 juin 1993 LATOUR Bruno La science en action Introduction la sociologie des sciences Paris Gallimard Coll Folio Essais 1995 663 pages LE ROY Estelle et DE CHAMBORD Amaury Publi reportages le journalisme trompe l oeil in M diaspouvoirs n 13 1989 pages 79 88 LORINO Philippe Red finir la notion de performance conomique in Alternatives conomiques n 75 mars 1990 pages 33 35 MAAREK G rard L information conomique aujourd hui March et institution in Revue Economique n 4 juillet 1992 pages 603 614 MAMOU Yves C est la faute aux m dias Essai sur la fabrication de l information Paris Payot 1991 243 pages MATHIEN Michel Les journalistes et le syst me m diatique Paris Hachette 1992 367 pages MOUILLAUD Maurice L information ou la part d ombre in Etudes de Communication n 15 1994 pages 13 22 MOUILLAUD Maurice et Jean Fran ois Le journal
147. lite de la banque jour aussi des premi res vocations de la responsabilit du courtier Nick LEESON puis le 3 Mars au lendemain de l arrestation en Allemagne de LEESON Lors de ces deux moments d intense traitement plusieurs articles pour chaque journal renvoient l v nement qui nous int resse ce dernier acc dant ainsi au rang de titre principal du jour L ensemble des articles consacr s ces deux journ es dans Le Figaro et L Humanit la faillite de Barings permettent de constituer un de 13 textes de longueur de statuts et d int r t certes fort divers mais tout fait suffisants a notre sens en nombre comme en densit de contenu pour construire notre travail Nous nous contenterons donc d analyser les articles ainsi s lectionn s en constatant d s maintenant d un point de vue tr s g n ral que les articles du 28 F vrier et ceux du 3 Mars correspondent de toute vidence deux modalit s diff rentes de traitement journalistique du m me v nement Les premiers renvoient en effet une saisie de la faillite de Barings en terme essentiellement d actualit les seconds qui se fondent certes toujours sur la relation d une actualit l arrestation de LEESON apparaissent en comparaison comme l occasion d une forme de retour analyse sur banqueroute initiale travers l tude de ces quelques articles la dimension un peu restreinte du corpus nous permettra
148. lus fondamentalement il nous a sembl possible d y rep rer lorsque le discours de L Humanit prend le pas sur le discours d agence dans le choix m me des points historiques consid r s une certaine forme de positionnement de l nonciateur anonyme Ainsi par exemple il s agit l pr cis ment de pr cisions du correspondant londonien que L Humanit choisi de conserver et diffuser c est donc qu elle les consid re comme dignes d int r t un accent particulier est mis sur la duplicit amorale et apatride purement cupide seule tait vis e une r compense en l occurrence l organisation de la vente de Louisiane des anciens dirigeants de la Barings qui 1803 a simultan ment financ les am ricains en guerre contre les fran ais et le corps exp ditionnaire de Napol on contre les Am ricains ou la Restauration apr s avoir financ la guerre des royaumes coalis s contre l Empire a accord un pr t de 315 millions de francs Paris ce qui lui valut les louanges duc de Richelieu faut il voir dans cette ultime remarque une vocation d tourn e de la possibles complicit entre le monde de la finance et celui du pouvoir Dans le m me registre est aussi voqu propos de l empire colonial de la Couronne le pillage des mati res premi res des pays colonis s Dans cet article en apparence anodin que l on aurait pu supposer de information r tros
149. mation conomique caract re un tant soit peu sp cialis est une presse d influence puisqu elle s adresse principalement aux acteurs conomiques aux d cideurs politiques bref ceux qui d tiennent le pouvoir crit par exemple GUERIN qui ajoute plus loin que son pouvoir est ainsi directement li la position sociale et a PERRET Pierre Marie et SILEM Ahmed Prol gom nes l conomie de l information in Brises 1985 Il s agit d un article d inspiration clairement conomiste l information voqu e n y est ainsi pas d finie comme un quelconque produit journalistique mais de fa on tout la fois plus abstraite et universelle comme transmission de connaissances structur es et l ment central et essentiel de toute th orie conomique 24 professionnelle de son lectorat ainsi qu sa place privil gi e dans la cha ne des sources d information Mais aussi dans le m me temps rapport plus n gatif par contamination si une large part des soup ons de partialit dont l information conomique fait l objet rel vent de critiques communes l ensemble de l information sp cialis e certains tout de m me ne sont sans doute pas sans liens avec la nature particuli re du mat riau trait Ainsi est pr t e l information conomique de 29 sa sp cificit autorit particuli re reportage sur une entreprise peut par exemple
150. mise en question du contenu m me des discours analys s 28 BOURDIEU Pierre R ponses Pour une anthropologie r flexive 1992 212 Pour illustration on peut penser ici un terme aussi classique que celui d angle employ par les journalistes eux m mes qui renvoie directement l ambigu t de la notion de point de vue on peut y voir certes l vocation des possibles prises de position des nonciateurs dans le discours d information mais le concept ne renvoie t il pas d abord quoique implicitement l id e d un journalisme de pur t moignage celui qui peut choisir un angle c est en effet celui qui voit quelque chose se passer devant lui sans lui c est dire sans aucune influence sur la construction d une actualit dont l existence serait donc autonome 7 CHAMPAGNE Patrick L illusion m diatique in BOURDIEU Pierre Dir La mis re du monde 1993 p 65 31 Sur un mode moins th orique nos intentions critiques se manifesteront donc par rapport au contenu propre des discours analys s Bien que non consacr es directement aux singularit s du discours d information nous ont ainsi int ress s titre surtout de possibles mod les de travail quelques analyses rep r es lors de nos recherches bibliographiques du discours conomique primaire celui par exemple des conomistes ou des principaux agents conomiques Certains conomistes critiques dans le cadre de r
151. n a donc pas provoqu la panique redout e la City Pour un peu elle aurait pu ne pas avoir d autre impact qu motionnel Mais les op rateurs avaient en t te une autre crise potentielle Le vote mercredi soir de la Chambre des communes sur la politique europ enne du gou vernement Le Parti conserva teur est profond ment divis et le scrutin incertain Et le mar ch Londres comme ailleurs n aime rien moins que l incerti tude Une question pourtant re venait comme un leitmotiv Comment Nick Leeson 28 ans l op rateur incrimin a t il pu lui seul provoquer la chute de Barings et menacer ses 4 000 employ s sans que l alerte soit donn e Selon la Banque d Ahgleterre le gol den boy pr sent par ses col l gues un profession nel brillant gt s est fourvoy en pariant lorskies trois derni res Une fin m diocre pour v n rable institution dirig e par Peter Baring Photos Grant AP et AFP semaines sur la hausse du march de Tokyo Pourquoi les syst mes d alarme en place n ont pas fonctionn Pour Eddie George expression de la tutelle des banques Nick Lee son uvr l insu de ses su p rieurs et a b n fici de la complicit d une partie du per sonnel de la Banque Singa pour pour dissimuler ses erre ments Pour Barings dont 16 duc de Richelieu affirmait au si cle dernier qu elle constituait la puissanc
152. n savoir plus sur les principes g n raux c est dire ici communs aux deux quotidiens analys s d criture de l information conomique dans la presse quotidienne nationale Mais il nous pla t aussi de croire qu elle nous permettra dans le m me temps de rep rer au sein des discours propres des deux quotidiens un certain nombre de diff rences tant au niveau des diff rents organisations discursives des principes communs peuvent avoir des modes d actualisation diff rents que pour ce qui concerne plus pr cis ment le contenu des articles susceptibles de fournir des l ments de contribution pour une r flexion sur la question de la d licate alchimie dans le discours de l information conomique et d une mani re plus g n rale dans tout type de discours d information entre faire savoir et faire croire 1 Mais on retrouvera peut tre l aussi des l ments plus largement caract ristiques de l ensemble des productions d information crite 43 DEUXIEME PARTIE LA RELATION DE LA FAILLITE DE LA BANQUE BARINGS DANS L HUMANITE ET LE FIGARO DEUX MODALITES DIFFERENTES DE CONSTRUCTION DU MEME EVENEMENT 44 Dans cette seconde partie nous passons la mise en oeuvre pratique de la grille de lecture pr c demment expos e Comme nous l avons d j plus haut indiqu nous nous attacherons mener une analyse simultan ment descriptive et critique des diff rents articles composant notr
153. n de sens nous voquons l sens qui n est pas le sens original de l v nement rapport qui le conna t v ritablement mais bien au contraire un sens ajout impos par le quotidien dans le discours d information B3 Les effets de sens en surface discursive Le troisi me niveau enfin de construction du sens dans le discours d information conomique le plus ais ment rep rable en v rit correspond aux structures de surface lexique ou organisation des articles par exemple Pour illustration on peut constater par exemple que dans Le Figaro le journaliste r dacteur de l article la machine infernale des produits d riv s se contente d exprimer sa critique discr te de quelques d rives contemporaines des march s financiers en qualifiant LEESON de golden boy le terme est distingu en italique d s la premi re phrase de l article il semble que nous ayons l affaire un parfait exemple 102 81 puisque de ces mots pi g s qu voque dans un article r cent Simone BONNAFOU le terme videmment d pr ciateur il trouve une large part de son poids s mantique en r f rence une m moire cin matographique par une logique perverse nous guide 103 i 2 De mani re plus vers une destination que nous n avons plus loisir de changer constante Le Figaro appuie aussi largement son travail original de s mantisation sur un proc s de personnalisation de la faillite de Barings fond
154. nal de construction de strat gies originales de relation d un m me v nement r f rent nous avions par exemple esp r pouvoir nous int resser pr cis ment la mani re dont chaque quotidien parvient construire son discours propre partir de textes de d p ches communs ce proc d tait pour le compte rendu de l v nement qui nous int resse vident aucun journal fran ais n ayant au 28 F vrier d envoy sp cial ou de correspondant Singapour nous avons l un bel exemple de ce journalisme de l aval dont parle Denis RUELLAN faute de temps et de moyens il nous fallu sur ce point renoncer 1A RUELLAN Denis Le professionnalisme du flou 1993 117 Plus largement nous avons fait initialement le pari d un travail d analyse critique du discours de presse fond sur la seule tude de textes Ce choix s est fond comme nous l avons indiqu sur un principe pist mologique en r f rences un certain nombre de travaux d j existant et nous semble avoir port ses fruits A notre sens notre travail d vocation et de rep rage de strat gies nonciatives montre par exemple bien que cette d cision originelle ne consistait pas en une r duction de l analyse la seule recherche de quelconques figures d criture puisque nous avons au contraire constamment cherch rep rer dans le discours des traces renvoyant ses conditions singuli res de production A l issue de cette tude nous av
155. naliste au risque de l argent in Esprit n 127 d cembre 1990 pages 35 46 RUELLAN Denis Le professionnalisme du flou Identit s et savoir faire des journalistes fran ais Grenoble PUG 1993 268 pages SAYAD Abdelmalek Co ts et profits de l immigration Les pr suppos s politiques d un d bat conomique in Actes de la Recherche en Sciences Sociales n 61 1986 pages 79 82 SCHMIDT Christian La s mantique conomique en question Paris Calmann L vy 1985 257 pages SCHUDSON Michael Rh torique de la forme narrative in Quaderni n 8 1989 pages 28 35 THUREAU DANGIN Philippe Journalistes sous influence in M diaspouvoirs n 13 1989 pages 64 70 UGARTE BLANCO Juana Economia Espagne au XVIII me si cle Fonctionnements discursifs et sociaux in Mots n 15 1987 pages 93 109 123 VERGES Pierre Les repr sentations sociales de l conomie Une forme de connaissance in JODELET Denise Les repr sentations sociales Paris P U F 1989 pages 387 405 VERON Eliseo Le Hibou in Communications n 28 1978 pages 69 126 VERON Eliseo Construire l v nement Les m dias et l accident de Three Mile Island Paris Editions de minuit 1981 176 pages VERON Eliseo Presse crite et production des discours sociaux production r ception r gulation in CHABROL Claude et CHARAUDEAU Patrick La presse Produit production r ception
156. nalyse de corpus nous commencerons donc par tre m fiants d s le moment du choix d outils de travail en nous gardant par exemple de ne pas user trop facilement de concepts communs aussi classiques que charg s de sens immenses d p ts de pr constructions naturalis es donc ignor es en tant que telles fonctionnant comme des instruments inconscients de construction pour reprendre une d finition de Pierre BOURDIEU De m me nous conserverons en m moire lors de notre travail d tude de corpus directement centr sur l analyse du compte rendu par la presse d un pisode de la vie conomique ayant litt ralement fait v nement une r flexion fondamentale de Patrick CHAMPAGNE pour laquelle tous les mots font sens et que l on peut consid rer comme un parfait r sum de l ensemble des propositions de Construire l v nement que nous reprenons notre compte ce que l on appelle un v nement n est jamais en d finitive que le r sultat de la mobilisation spontan e ou provoqu e des m dias autour de quelque chose qu ils s accordent pour un temps consid rer comme tel Cons quence directe et pratique de l ensemble de ces premi res pr cisions m thodologiques elles nous rappellent qu il nous faudra n cessairement un moment ou un autre aborder la question des rapports entretenus au sein du discours d information entre faire savoir et faire croire A2 L espoir d une
157. nci re ou celles plus complexes encore du march des produits d riv s Comment dans l information conomique s organise la relation de communication entre le journal et son lecteur Comment plus pr cis ment se trouvent par exemple inscrites dans le discours les marques de comp tence de l nonciateur N y aurait il pas par et travers le discours une forme de travail de construction d un lecteur singulier Peut tre verrons nous l oeuvre sur un mode plus vident qu l accoutum e un travail de didactisme caract ristique de l information conomique qu une lecture suivie de la presse quotidienne laisse en partie imaginer Une premi re lecture de la presse du moment donne ainsi penser la faillite de Barings comme tout fait surprenante et impr vue impr visible m me Un certain nombre d informations publi es ult rieurement jusqu ce jour inciteraient cependant plus de nuance 53 Nous nous sommes sur ce point inspir s d un bref travail de Philippe THUREAU DANGIN voquant la piste d une possible distinction au sein des productions journalistiques entre les situations li es ce que l auteur nomme le mode de communication normal enti rement programm et t l guid par les communiquants et celles li es aux communications de crise lorsque l actualit oblige les acteurs improviser et qu alors les barri res sautent des liens de silence entre le
158. ne seconde op ration de sauvetage alors que le ren flouement des caisses d pargne commenc au d but des ann es 90 co tera d j 500 milliards de dollars aux contribuables am ricains R gles transparentes Les banquiers centraux es timent quant eux qu il serait vain d interdire tel ou tel pro duit les march s se chargeant tr s vite de contourner les in terdictions Les travaux de la BRI men s notamment au sein du groupe des Dix ont d montr l utilit des produits d riv s Leur fonction est de prot ger les investisseurs contre les incertitudes La r ponse se situe un double niveau Tout d abord viter les risques syst miques les d faillances en cha ne c est pr occupa tion majeure sinon la raison fourn e d tre des banques centrales Cela passe par une meilleure Connaissance des flux r alis s sur ces march s la BRI an nonc hier qu elle r aliserait au printemps un recensement des participants aux march s dans 26 pays Second type de rem de in citer banques et pur se fixer des r gles de conduite transparentes d autant plis n cessaires que les op rations sont techniquement hyper so phistiqu es Les principes en sont connus approche int gr e de tous les types de risque centralisation sur un seul livre comptable rapport quotidien la direction g n rale Certaines banques d af faires ont d j lan
159. nitiale d un v nement originel il nous faut cependant pr ciser qu il ne s agit l que d une d marche intuitive pr alable toute forme d analyse D un point de vue m thodologique la faillite de Barings ses raisons et ses cons quences restent et resteront pour nous des inconnues nous ne souhaitons rien en conna tre d autre que les discours de presse qui en font tat De m me pour ce qui concerne les discours respectifs de L Humanit et du Figaro nous reprenons ici directement les termes de Jean No l DARDE introduisant son travail sur l histoire de la relation dans L Humanit du g nocide cambodgien notre type d approche m thodologique exclut que Ies textes d un journal quel qu il soit puissent tre consid r s comme r f rents ou r f rant mieux que d autres au r el Nous comparerons des textes entre eux et leur ad quation respective au r el r el auquel nous aurons en fait acc s sinon 66 Voir le tableau 1 page 8 57 5 5 37 tr s indirectement par l interm diaire de textes dont on peut seulement dire qu ils nous ont plus ou moins convaincus 6 CHAPITRE QUESTIONS DE METHODE L ETABLISSEMENT D UNE GRILLE DE LECTURE SPECIFIQUE A l int rieur du r seau discursif de la production sociale du sens un type de discours ne d finit sa place que comme d calage par rapport d autres types de discours Ce qu on peut d crire d un texte c est ce qui le diff
160. ns choisi de distinguer l article de la page 3 il nous a sembl plus riche d enseignement que les deux articles Rep res qui leur titre l indique rel vent plus directement d un simple suppl ment p dagogique e N e avec l empire de Sa Majest Cet article de pr sentation de l histoire de la banque Barings rel ve premi re vue d une forme de journalisme p dagogique y sont livr es des informations suppos es contribuer m me ici de mani re loign e une meilleure compr hension de l actualit la plus chaude Ce court texte est non sign on peut supposer qu il s agit au moins en partie de la reprise d une d p che d agence nous en avons retrouv certains fragments dans les articles du Figaro compl t e L Humanit l indique par des pr cisions du correspondant particulier londonien du journal Son titre a sans doute t choisi par le quotidien on y retrouve en effet une allusion aux liens 60 de Barings avec la Couronne d Angleterre que l organe communiste souligne de fa on tout fait particuli re plusieurs reprises y compris dans des titres Construit selon un plan chronologique on part de la fondation de Barings en 1762 pour arriver la situation de 1994 et donc en suspens la banqueroute de la veille cet article historique n h site pas manier l anecdote m me Jules VERNE honora Barings sa mani re en en faisant la banque de Phileas FOGG P
161. nt int ress en fonction de caract ristiques professionnelles par exemple par son contenu Pour L Humanit c est au contraire le sens qui importe Elle se trouve ainsi crite finalement comme une information pour soi selon un point de vue d abord technique et rarement p dagogique en poussant le raisonnement plus loin on pourrait ainsi parler d une information pour initi s l information conomique dans Le Figaro n est certes pas sot rique pour le non sp cialiste mais elle refl te par contre un point de vue professionnel particulier Si l on s int resse aux termes de son rapport des structures de fonctionnement de l conomie financi re on constate que son discours pour tre plus technique c est dire focalisant reste malgr tout moins didactique que celui de L Humanit et surtout moins critique Le Figaro fonde son approche sur l acceptation implicite des modalit s de pr sentation classique du monde conomique et financier contemporain Et agit bien en ce sens comme un journal conservateur d o par exemple la dis qualification de LEESON comme jeune aventurier de la finance moderne A2 Les risques de la vulgarisation Si l on continue toujours de ne plus s int resser aux diff rences entre Le Figaro et L Humanit pour essayer au contraire de rep rer des similitudes de traitement de l actualit conomique dans les deux quotidiens il semble possible de constater une tendance transv
162. nte ce propos de rapporter des interrogation g n rales Une question revenait comme un leitmotiv Comment Nick LEESON a t il pu lui seul provoquer la chute de Barings Pourquoi les syst mes d alarme en place n ont pas fonctionn et sans faire preuve d une grande curiosit semble se contenter des r ponses fournies par la Banque d Angleterre que prudemment cependant il ne reprend tout de m me pas enti rement son compte selon la Banque d Angleterre Pour Eddie GEORGE gouverneur de la Banque d Angleterre sans pour autant non plus en mettre explicitement en cause la v racit on ne retrouve pas l le scepticisme ou l ironie gouailleuse de L Humanit De m me est tout fait int ressante la mani re dont le journaliste voque en un ultime bref paragraphe l histoire de Barings propos du r le jou par la banque la fin du 18 me si cle lors des guerres d ind pendance am ricaine on se souvient que L Humanit avait trouv mati re constater la nature suppos e 7 Le golden boy s est fourvoy en pariant lors des trois derni res semaines sur la hausse du march de Tokyo puis plus loin Nick LEESON a oeuvr l insu de ses sup rieurs et a b n fici de la complicit d une partie du personnel de la Banque Singapour pour dissimuler ses errements 82 ontologiquement duale et amorale du capitalisme financier Le journaliste du Figaro lui
163. ntelligible et un ditorial article engageant l opinion d un journal et sign par un responsable du journal p 11 et 72 51 TABLEAU 1 REPARTITION GENERALE DES ARTICLES CONSACRES PAR LE FIGARO ET L HUMANITE AU COMPTE RENDU DE LA FAILLITE DE BARINGS LE FIGARO 51 6 5 TABLEAU 2 LES DIFFERENTS AXES DE SEMANTISATION DE L AFFAIRE BARINGS LE 28 FEVRIER 1995 DANS LE FIGARO ET L HUMANITE Ce tableau t tabli partir du recensement des seuls titres titres repr sent s en gras surtitres en italique et sous titres typographie normale des articles des pages int rieures des quotidiens cit s CONSEQUENCE S EVENEMENT Point de vue Point de vue Point de vue Point de vue technique non technique technique non technique La machine infernale des produits Aux op rateurs de mesurer leurs d riv s risques Comment la plus respectable des banques Les banques centrales reconnaissent qu il britanniques a pu se laisser pi ger par un existe un risque syst matique de faillites en jeune aventurier de la finance moderne cha ne Mais elles voudraient viter une r glementation administrative qui serait vite LE FIGARO d tourn e La City a vit de c der la panique Alors que les analystes s attendaient au pire pour la Bourse de Londres et pour la livre les march s ont gard hier leur sang froid Des repreneurs de Barings se seraient fait conna tre aupr s
164. ntiellement comme une des cons quences de la nouvelle concurrence entre les titres qui contribue cr er pour le meilleur ou pour le pire une v ritable mulation il insiste ainsi plus longuement sur la mani re dont l information conomique sp cialis e ou non a grandement b n fici dans les ann es 1980 surtout d volutions g n rales conomiques sociales ou m me culturelles favorables L information conomique se serait ainsi vu offrir un public la fois plus large et plus qualifi la d cennie ayant t marqu e explique t il en reprenant son compte une th se largement r pandue par changement g n ral des mentalit s face 1 conomie et par croissance de la population scolaris e et la progression des formations l conomie Des cons quences de cette revanche r cente de l conomie peut tre moins pr gnante aujourd hui mais dont les effets sur le poids et l influence de l information conomique et sociale ainsi que sur ses modes de traitement m me ne doivent tre sous estim s il nous faudra tenir compte lors de nos travaux d analyses de corpus n ont elles par contribu par exemple un processus de modification du sch ma de communication dont nous pourrons dans les textes 26 Caract ris selon lui par r habilitation de l entreprise comme outil du renouveau ainsi que par le d veloppement d un actionnariat populaire
165. ntr qu il existait un dernier ressort savoir les banques centrales et derri re el terre avait t amen e flouer en 1890 les finances de Barings la suite des pertes es suy es en Argentine La banque n est pas cot e la Bourse de Londres Les 4 000 salari s du groupe en sont actionnaires de m me que la Barings Foundation l une des premi res soci t s de bien faisance et de m c nat de Grande Bretagne Ex mptions fiscales obligent La Barings organisatrices de Fasions acquisitions d entreprises De 1989 1994 elle ainsi gt 4 conseill environ 80 transac g 53 tions pour un montant total de Nick Leeson le prodigue o plus de 100 milliards de francs plut t le porteur de chapeau _L HUMANITE MARDI 28 FEVRIER 1995 3 La crise financi re affecte toutes les monnaies mais certaines plus que d autres Les produits d riv s Symbole du gonflement des activit s financi res au d triment des salaires et de l emploi que appelle les produits d riv s sont la source de la chute de la Barings 115 repr sentent aujourd hui un march de plus de 150 000 milliards de francs Cent fois le 8 une pression contre le budget annuel de la France M EXPLICATION Le produit d riv est un contrat financier non r glement fait
166. nues dans les diff rents 3 Voir par exemple sur ces deux points dans Le Monde dat du 14 juillet 1995 l article titr Londres tire avec flegme les cons quences de la faillite de la Barings articles des quotidiens que nous avons consult nous n aurons jamais aucun moment de notre travail pr tention livrer une quelconque v rit sur la r alit de l affaire Barings Notre propos consiste seulement essayer d en savoir plus sur les discours d information consacr s cet v nement notre mat riel de base ne sera jamais le r el mais toujours des textes rendant compte de ce r el PRECISIONS PRELIMINAIRES SUR NOTRE PROJET GENERAL Pendant l ensemble de cette ann e de D E A nous avons d abord envisag l analyse de discours de presse comme un travail de r flexion sur les processus m diatiques de construction et d imposition de repr sentations du monde Apr s d autres auteurs nous avons ainsi choisi de consid rer les divers m dias informatifs et la presse crite en particulier comme lieu o les soci t s industrielles produisent notre r e 4 Comme principe m thodologique de base nous reprendrons donc notre compte une indication de Maurice MOUILLAUD invitant r fl chir sur la rh torique propre du journalisme crit non pas dans sa seule dimension restreinte de recherches de figures mais comme un ensemble de proc dures d institution du r el qui ne dispose p
167. o par exemple la multiplication des descriptions ambigu s permettant une lecture double d tente de la personnalit de LEESON il est pr sent comme r s malin est voqu e une photo de lui en jeune homme sage avec un faux air d Albert de Monaco c est un talent bh nom nal mais qui reste cauchemar de sa direction et qui laissent deviner le vrai du Figaro derri re le vraisemblable Jamais en fait aucun moment si l on en croit ce quotidien l ascension de LEESON n a t vraie c est dire totale et r elle si sa r ussite blouissait elle ne masquait pourtant pas certains troubles de personnalit 90 l anecdote rapport e de sa d culott e publique et l pilogue de ce roman d un joueur tait m me d embl e pr visible l ve m diocre LEESON tait nul en maths pr cise Le Figaro la diff rence de celle de L Humanit la position de v rit du quotidien de la rue du Louvres ne se d veloppe donc que sur un mode implicite aucune conclusion d finitive extensive aux limites du seul v nement rapport n est ainsi explicitement affirm e C le paragraphe terminant l article le lecteur se trouvant seulement incit statuer lui m me partir toutefois d une manifestation propos e voire impos e sur l immanence de la r alit rapport e Bien au del du discours d information c est ainsi une sorte de fable morale et politique que Le
168. on conomique serait celui de la r flexion sur les modalit s d actualisation en strat gies discursives variations attest es l int rieur d un m me type et d un m me genre des principes plus hauts nonc s C est ce niveau seulement que correspondent les diff rences que nous avons rep r es et qu interviennent particuli rement les choix id ologiques L opposition Figaro Humanit renvoie ainsi l opposition entre deux visions politiques g n rales diff rentes sur le r le et la nature de l conomie l conomie comme science ou technique versus l conomie comme outil et produit du politique et induisent en d finitive deux strat gies discursives deux rh toriques particuli res le quotidien de la rue du Louvres d veloppe ainsi de mani re globale un discours relevant en grande partie de l information expertise Si l expression de jugements est pr sente les r dacteurs usent d abord d un autre atout leur r put e comp tence technique ils exposent les l ments d un probl me ins rent des donn es factuelles introduisent des conclusions d tudes ou des d clarations de personnalit s reconnus socialement comme expertes L criture est ainsi instrumentale et document e elle vise persuader alors que son concurrent communiste se place dans la tradition du journalisme d opinion c est dire qu il formule des jugements explicites dict s par une id ologie politique tire sa l gitimit du
169. on peut remarquer que les attributs actifs de ce h ros sont d s l tape g n rale de cadrage plusieurs reprises signal s il est nous l avons vu d abord pr sent comme naufrageur de la Barings mais on affirme aussi plus pr cis ment qu il a r ussi Voir sur ce point BARTHES Roland Structure du fait divers in Essais critiques L axe directeur du trouble causal r side ici bien sur dans l nonc de la disproportion entre les risques pris par un seul employ LEESON et leurs cons quences normes et d sastreuses 88 branler la City et qu il est l origine de la banqueroute initiale Dans le corps du texte Armelle HELIOT n h site pas lui accorder le statut de h ros de notre temps Cette histoire commence par sa conclusion d s la premi re phrase nous apprenons en effet sur un mode tr s litt raire caract ristique l encore de l information de fait divers que les aubes sont parfois navrantes celui que ses coll gues de Singapour appelait Lucky Nick faisait triste mine hier matin lorsqu il est sorti de l avion en provenance de Kota Kinabulu escort par la police de Francfort Un homme las un voyageur au bout d une nuit peut tre sans sommeil dans son jean et sa chemise grise Par ce choix singulier de construction l auteur de l article nous invite fait habilement reconstruire nous m mes la logique propre du parcours de LEESON qui
170. ons pourtant le sentiment que si ce travail devait se poursuivre conomie ne pourrait sans doute plus tre faite d un certain nombre d approches diff rentes parall les A plusieurs reprises par exemple il aurait t utile et int ressant d en savoir plus sur les caract ristiques socioprofessionnelles des journalistes conomiques sur leur possession ou non surtout de formations ou de comp tences sp cifiques D un point de vue plus g n ral il nous semble ainsi en d finitive qu une v ritable r flexion critique d envergure sur la question des formes d criture du journalisme conomique ne saurait se contenter de seules m thodes d analyse de fondement linguistique Si l on souhaite lire les articles d information conomique en tant qu ils participent du politique il est sans doute n cessaire de savoir certains et en tant que le politique passe par eux moments quitter le texte pour mener des r flexions plus transversales sur les m canismes d organisation du champ du journalisme conomique Dans un court article programmatique de 1994 Pierre BOURDIEU estimait ainsi que ceux ci exercent leur emprise et leur influence non seulement sur les conditions de travail urgence concurrence manque de moyens et sur les pratiques des journalistes Za concurrence pour la client le tend prendre la forme d une concurrence pour la priorit crit BOURDIEU qui souligne aussi que le degr d autonomie d un journaliste
171. onstater pour finir que l ensemble des informations sur la faillite de Barings occupent dans les pages saumon la rubrique La vie Economique 76 l donc o L Humanit avait pris la d cision de distinguer un v nement Le Figaro estime au contraire n avoir affaire qu un l ment certes un peu exceptionnel mais en d finitive classique de la chronique quotidienne du monde des affaires B2 Un discours peu critique sur les diverses cons quences de la chute de Barings Nous allons maintenant poursuivre l application pratique des principes de notre grille de lecture en nous int ressant directement au contenu des quatre articles du Figaro Comme pour le cas pr c dent de L Humanit il faut rappeler que nous ne chercherons pas tablir une analyse exhaustive nous esp rons seulement parvenir distinguer les points essentiels du discours singulier du quotidien tudi B21 Les deux articles principaux un traitement se voulant de pure information mais excessivement apaisant La machine infernale des produits d riv s Du point de vue du contenu cet article qui relate la faillite de Barings il s agit d un r cit pr sent explicitement comme tel dans son sous titre Comment la plus respectable des banques britanniques a pu se laisser pi ger par un jeune aventurier de la finance moderne m rite d tre consid r comme l article principal de ce 28 F vrier Mais nous avons d j not
172. onte en Une et 4 articles lui sont en pages int rieures consacr s soit un peu moins du tiers du nombre total des articles recens s et le vendredi 3 Mars seconde mont e en premi re page De mani re toute diff rente L Humanit g re sur un mode singuli rement heurt son rapport au temps de l v nement originel sur les 10 jours concern s la faillite de Barings et ses cons quences ne sont voqu es que dans 5 num ros et deux reprises sous forme de br ves non sign es Spectaculairement le quotidien communiste livre ainsi plus des trois quarts de l ensemble de son discours sur Barings 6 articles sur un total de 8 le premier jour De ce simple recensement il serait certes hasardeux de tirer des conclusions d finitives mais il appert cependant que lors du compte rendu d un v nement r f rent unique et en fonction de moyens initiaux identiques pour la gestion globale de l ensemble des informations disponibles deux 1 Eliseo VERON d finit le rythme comme le nombre de copies que produit chaque m dia dans laps de temps d termin Construire l v nement p 8 96 quotidiens peuvent d cider de prendre des orientations singuli rement diff rentes dans leur premier travail de construction d un rythme de traitement de l actualit Et au su des principales conclusions de notre analyse ant rieure il nous semble m me possible de consid rer ce premier travail initial tr s large propre
173. our du golden boy prodigue renvoie ainsi la pr sentation d un des l ments de l v nement classe au dessus d fini on peut donc d j comprendre que cet article reposera sur des modalit s de saisie de l actualit conomique semblables celles rep r es le 28 F vrier Du fait de son caract re nominal le retour on ne trouve pas trace dans ce titre de son caract re verbal il n appara t pas comme le discours particulier d un nonciateur particulier il s agit pourtant 1 d une relation originale qui appara t comme charg e de sens implicite le terme golden boy charrie par exemple une somme de repr sentations d origine surtout cin matographique sur les acteurs des march s financiers et qu il nous semble surtout lire comme ironique et distanci e Cf la singuli re reprise du th me 1 MOUILLAUD Maurice et Jean Fran ois Le journal quotidien 126 67 classique du retour du fils prodigue Si donc L Humanit en apparence semble persister dans son cadrage initial tel que pr alablement d fini il semblerait aussi un peu confus ment que les suites de v nement cinq jours apr s la faillite originelle ne l int resse en v rit plus gu re C2 Un rejet implicite de la chronique financi re De fait si l on s int resse pr cis ment au contenu de l article on constate une forme de d calage entre le cadrage g n ral plus haut voqu qui semble indiquer
174. ous avons choisi de ne pas mener des analyses syst matiquement exhaustives nous comptons plut t focaliser notre attention sur les seuls points de discours nous ayant sembl essentiels B21 Les deux articles principaux un discours politique et la mise en vidence d oppositions suppos es fondatrices du syst me conomique La faillite de Barings d stabilise les march s financiers s agit l de l article principal des deux pages Ev nement de L Humanit en volume comme en situation puisqu il s agit d un texte Pt s agit l des trois points d organisation propres au compte rendu de la faillite de Barings Ceux ci n entrent donc pas dans une relation d opposition avec les quatre axes possibles de s mantisation axes g n raux communs l ensemble des discours de presse sur un v nement que nous avons pr c demment d finis la construction de l affaire Barings se fonde au contraire sur un travail d entrem lement de ces deux modes d organisation 53 d ouverture de pr sentation g n rale de l v nement concern on peut d ailleurs constater qu il est sign par Okba LAMRANI le journaliste responsable dans ce quotidien des articles d information conomique suppos donc d positaire de comp tences sp cialis es D un point de vue g n ral il est frappant d abord de constater l organisation singuli rement dissym trique de cet article deux brefs paragraphes de pr sentation factuelle de
175. parente rigueur formelle sur le sens g n ral de la d monstration du journaliste de L Humanit il est par exemple surprenant de constater que la saisie de l v nement singulier initial faillite de Barings se trouve enserr e dans un discours bien plus large d analyse de la r alit conomique relevant sans aucun doute encore une fois de principes ant rieurement existants Si l on prend ainsi le parti de r sumer le sch ma s quentiel plus haut voqu le discours induit dans cet article par la relation de la faillite de Barings renvoie au sch ma fondamental suivant qui constitue le sens ultime de l article d Okba LAMRANT Economie lib rale gt gt IMPLIQUE gt gt Pressions contre l emploi de qualit et les salaires En dernier ressort cet article suppos rendre compte dans une d marche journalistique objective des cons quences mon taires de la faillite de Barings rel ve donc d un discours d inspiration politique sur le monde conomique Dans le discours d information conomique qu il laisse supposer faits et commentaires pour reprendre une distinction classique tendent se m ler inextricablement en vertu de principes politiques qui induisent un point de vue explicatif particulier sur les points d actualit rep r s Car toutes les relations IMPLIQUE plus haut voqu es en dehors de leur identit formelle ne reposent pas sur la m me logique m caniste si par exemple la relation 4 gt g
176. pau vres OKBA LAMRANI Nick Leeson arr t son arriv e l a roport de Franctort Affaire Barings e retour du La banque britannique sous r glement judiciaire La chute de Barings laggrave la crise mon taire Somalie Le prix d un d sastre P Pour rembarquer les 2 500 Casques bleus pakistanais restan our quitter la Somalie dans ce malheureux pays il fallu d barquer 1 800 soldats am ricains et 300 italiens eux m mes prot g s par 18 navire charg s de 7 troupe Ce d ploiement extrava gant est la digne conclusion d u intervention o d s son premie jour le 9 d cembre 1992 la tra g die le disputa au comique Quand George Bush dent battu mais toujours en fonc tions d cide d envoyer les mx rines Mogadiscio l objecti semble pourtant clair faut sau ver de la famine une population de sept millions d mes tout en profitant de l occasion pour confirmer le nouvel ordre mon dial que Washington avait cru pouvoir imposer apr s sa victoire contre Saddam Hussein Mais l motion dans le monde est telle qu il semble encore plus urgent de r pondre aux terribles images t l vis es de pauvres gens en train de mourir d inanition par d autres images t l vis es mon 7 PONU doit revenir 000 hommes 4 Le mark dop contre toutes les monnaies Le franc r sist
177. pective se manifeste ainsi malgr tout comme en arri re plan une forme de jugement sur le capitalisme financier pr sent comme ontologiquement duel et amoral sa seul foi c est la recherche du b n fice travers le discours sur une histoire particuli re il y ainsi r activation d un discours de v rit plus ancien sur 8 On peut toutefois supposer qu il s agit l de l expression singuli re d un point de vue g n ral sur l univers de la banque et de la finance 61 la nature de l conomie il est clair en effet que ces jugements n ont pas t subitement inspir s par la seule consid ration de l histoire de Barings auquel le lecteur est pri d adh rer dans une relation parfois complice cf les trois points de suspension lourds de sous entendus qui suivent l vocation du caract re pr tendument m c ne et fbienfaisant de la Barings Foundation les guillemets pr sents dans l article tant de toute vidence lire comme un indice de scepticisme Finalement si ce genre de texte r trospectif trouve certes tout fait sa place dans le cadre d un traitement g n ral de type dossier il appara t presque possible de le lire aussi dans le contexte de ce 28 F vrier comme d ordre v ritablement n crologique comme si imm diatement L Humanit enterrait d j la banque Barings La double colonne Rep res L article qui occupe la place sup rieure de cette double colonne articl
178. pide tude comparative montre qu il s agit l pour Le Figaro d un pr sentation de Une techniquement classique le principal point int ressant tant donc plut t la pr sence d une photographie illustrative portrait serr d un Nick LEESON souriant l image des autres quotidiens fran ais Le Figaro fonde l organisation de ses titres centraux de premi re page nous ne parlons pas ici des titres d appel de la colonne de droite sur une combinaison de plusieurs l ments Une analyse pr cise permet toutefois de constater que le syst me ici mis en place conserve malgr tout une originalit qui lui est propre e Comme vu pour le cas de L Humanit le surtitre du Figaro banque britannique sous r glement judiciaire se caract rise par son caract re li factuel et informatif il ne se comprend totalement que dans une relation de co lecture avec la partie principale du titre l expression la banque britannique renvoie ainsi directement au nom propre Barings qui lui fait suite dans la partie centrale 70 du titre Mais la diff rence de que nous avions observ pour le quotidien communiste il ne rel ve pas directement d une d marche d actualisation ce sont seulement des diff rences typographiques ou lexicales le remplacement de la d signation explicite Barings par une p riphrase qui le constituent en titre de compl ment Sa tournure verbale nous a sembl digne d tre relev e dans la mesure o
179. poser insidieusement l ensemble du champ les choix des instruments de diffusion les plus directement et compl tement soumis aux verdicts du march BOURDIEU Pierre op cit 102 Le jeu distinctif en d finitive repose donc plut t sur un travail de mise sc ne chaque quotidien offrant un contrat de lecture singulier l unissant dans le temps ses lecteurs Nos analyses pr c dentes montrent que ce lien consid r ici du seul point de vue de l information conomique trouve son principe g n tique dans une relation de partage de visions du monde politiques et id ologiques qui fournissent pour chaque journal consid r ind pendamment un cadre d entendement singulier pr alable n cessaire toute relation de l actualit Dans l information conomique la relation de communication journal lecteur devient ainsi en partie une relation de communion ou tout au moins de connivence Le Figaro laisse discr tement filtrer et reconna tre dans son discours sa position lib rale et L Humanit plus explicitement invite ses lecteurs partager son point de vue communiste sur le monde nous avons vu que l organisation syntaxique de ses articles signifie g parfois une relation complice C2 La notion de contrat nonciatif Si l on int resse maintenant plus pr cis ment l organisation discursive des textes d information le constat de strat gies d nonciation propres chaque quotidi
180. qu en r f rence un certain nombre de traditions de recherche d j largement formalis es dont nous estimons d un point de vue global les enseignements fondamentaux pour toute vell it de r flexion sur le discours d information Si ce travail d inscription dans un univers de recherche a jou un r le d abord au moment du choix de notre sujet il n a pas t sans influence non plus sur la mani re dont nous en avons envisag le traitement la suite donc d une br ve pr sentation de la tradition critique dans laquelle nous esp rons parvenir nous inscrire nous nous attacherons d finir avec d tail la m thode de travail que nous avons d cid de suivre LE SOUHAIT DE MENER UN TRAVAIL CRITIQUE Lorsque nous voquons l id e d une inscription dans une tradition critique cette d claration d intention est entendre plusieurs niveaux nous voulons d abord y indiquer une premi re prise de position par rapport un certain nombre de points de vue communs mais il faut aussi y voir notre volont d affirmer explicitement quant aux modalit s ult rieures de travail sur un corpus particulier notre choix d un camp tout fait d fini Al Contre l id ologie spontan e d une reproduction En guise de rupture avec le sens commun nous souhaitons surtout affirmer pour l ensemble de notre travail notre volont de prendre nos distances avec l id ologie dominant
181. r f rent p 73 B Les articles du 28 F vrier une approche circonscrite et technique de la faillite de Barings p 75 Un traitement sur le mode de lq chroniaue economique p 75 B2 Un discours peu critique sur les diverses consequences de la chute de Barings p 77 B21 Les deux articles principaux un traitement se voulant de pure information mais excessivement apaisant p 77 B22 Aux op rateurs de mesurer leurs risques la curieuse reprise d un discours primaire p 83 B23 Les march s sous le choc p 85 C Le Figaro et l arrestation de LEESON un coupable id al pour une le on de morale politique 86 C1 Le titre de Une un cadrage de fait divers 86 C2 roman d un tricheur ou l difiante histoire d une illusoire r ussite 88 TROISIEME PARTIE QUELQUES PISTES POUR UNE REFLEXION GENERALE SUR LES MODALITES D ECRITURE DE L INFORMATION ECONOMIQUE p 92 L La confirmation du caract re construit des discours d information p 93 Une objectivit de pur apparat p 93 B L articulation complexe de plusieurs niveaux de construction de l v nement p 95 L institution d un rythme propre de traitement p 96 B2 Des choix de cadrage toujours strat giques p 97 B3 Les effets de sens en surface discursive p 99 C La dimension radicalement id ologique de l information conomique p 101 C1 Champ de concurrence et strat gies de distinction p 101 C2 La notion d
182. r sence d un nonciateur particulier actif dans travail d criture devient de plus en plus pr gnante au sein de ce qui se pr sente toujours comme du discours d information apparaissent des notes de plus en plus videntes de jugement Lorsque ainsi dans les troisi me et quatri me paragraphes sont rapport es les raisons officielles de la banqueroute de Barings celles nonc es dans les premi res informations et commentaires le conditionnel remplace l imparfait chute de la maison Barings aurait t provoqu e par un courtier ind licat Nick LEESON aurait sur son seul 54 feeling achet etc et l on sent m me parfois poindre dans le travail de citation une pointe d ironie dubitative Si J on en croit les premi res informations et commentaires le jeune prodige financier de 28 ans aurait malencontreusemenf perdu plus de 500 millions de livres sterling partir du cinqui me paragraphe il semble acquis sinon clair le doute laisse d finitivement place au jugement les points de vue apport s sont d sormais explicitement jaug s les produits d riv s taient cens s limiter le risque financier c est du moins que l on affirmait dans les sph res dirigeantes le discours d information devient discours d analyse Cette transformation semble trouver sa justification dans une pr somption de comp tence de l nonciateur journaliste que tout dans le
183. r un ensemble d articles consacr s un m me v nement r f rent si possible pour des raisons de d monstration parfaitement circonscrit dans le temps En cons quence de ces diff rents points le choix d un travail sur le traitement de l affaire Barings nous est donc finalement devenu comme vident d autant plus facilement ensuite que tr s vite il nous est apparu aussi que cet v nement avait laiss dans la presse une large place pour des interpr tations de natures diverses sur les cons quences de la faillite par exemple dont les diff rences ne pouvaient pas manquer de nous int resser Comment comprendre en effet le travail men par chaque organe pour parvenir d velopper partir d l ments de construction discursive que l on peut supposer largement communs l ensemble des quotidiens l ments caract ristiques donc du discours de l information conomique crite dans son ensemble un point de vue singulier sur un v nement dont la r alit est elle aussi partag e Comment mesurer plus largement ce mouvement de production de sens qui constitue nos yeux l l ment essentiel du discours de presse Quelle est finalement la nature des rapports dans les textes m mes d information entre faire savoir et faire croire LES ETAPES DE NOTRE TRAVAIL Pour tenter de fournir quelques bauches de r ponses aux questions ci dessus voqu es nous avons pris la d cision
184. re Ed die George tait pourtant bien pr s d une solution Une dou zaine de grandes banqu s bri tanniques et internationales consentaient la recapitalisa tion de la soci t Mais elles re fusaient de prendre leur compte les obligations de la banque contract es sur le march des d riv s de Sin gapour Tokyo et Osaka Ed die George devait se rendre l vidence Rien ne pouvait plus sauver Barings du d sastre Les analystes s attendaient au pire sur le march de Londres De fait l ouverture du Stock Exchange hier ma tin l indice Footsie des 100 premi res valeurs perdait 1 3 par rapport la cl ture de vendredi La livre quant elle plongeait 2 2993 marks perdant pr s de trois pfennigs par rapport la devise alle mande sur son cours de cl ture de vendredi Eddie George a multipli les appels au calme la radio et la t l vision Le pro 9 bl me sp cifique Ba rings insistait le gouverneur de la banque centrale Un mes sage qui a rassur les op ra teurs boursiers craignant que l affaire ait des ramifica tions dans la City De fait lin dice Footsie repassait en milieu de journ e la barre des 3 000 points 3009 4 La livre remontait un peu la pente 2 3049 marks un niveau tou tefois historiquement bas La banque l Establishment La d b cle de Barings
185. re de l information conomique son travail de mise en rubrique pouvant par exemple d sormais tre consid r comme relevant non pas d un proc s de cloisonnement ou de classification mais d une strat gie de modulation selon laquelle il ne peut pas y avoir d autres points de vue que celui du journal la circulation 123 d un v nement entre les pages des diff rentes rubriques s op rant sans rupture 123 Nous nous sommes pour ces derni res remarques inspir s d un article de Mathieu POTTE BONNEVILLE notre sens tout fait provocant dans le bon sens du terme mais malheureusement d couvert un peu tard POTTE BONNEVILLE Mathieu Champignons magiques et soci t s de contr le in Cahier de r sistances 1993 Il s agit d une publication d l ves de l Ecole Normale Sup rieure de la rue d Ulm 115 CONCLUSION 116 A l issue de ce travail il nous faut d abord affirmer notre satisfaction d avoir pu exp rimenter sur le mode pratique la pertinence d un certain nombre d enseignements de nos lectures pr alables nous esp rons ainsi tre parvenus apporter une infime contribution au d veloppement d un champ de recherche d j largement tendu Mais il faut malgr tout ajouter que nous restons aussi quelque peu frustr s par le nombre de pistes qu il nous fallu au fil cette ann e de D E A d laisser Au moment de notre analyse des modalit s singuli res propres chaque jour
186. re tardif de l annonce officielle elle occupe par contre le mardi 28 F vrier la Une des quatre grands quotidiens nationaux que sont Le Monde Lib ration Le Figaro et L Humanit L accent est alors mis sur le caract re spectaculaire de cette norme banqueroute qui frappe de surcro t une banque ancienne 1 Nous ne nous sommes pas int ress s nfomatin Aujourd hui ou La Croix pour des raisons principalement de temps et de moyens il n est pas facile Lyon de se procurer des ditions anciennes de ces trois quotidiens Il ne s agit donc en aucun cas d un choix volontaire fond par exemple sur une quelconque prise de position quant la qualit des discours de ces trois quotidiens Nous expliquerons plus loin les raisons de notre d cision ult rieure de ne nous pencher que sur les comptes rendus du Figaro et de L Humanit et v n rable comptant m me parmi ses clients pr cise L Humanit Sa Gracieuse Majest la Reine d Angleterre ainsi que sur ses diverses cons quences sur l ensemble des march s financiers Chaque quotidien voque cependant aussi de mani re plus ou moins privil gi e le r le particulier jou par le jeune responsable du bureau des produits d riv s de la filiale singapourienne de Barings Nick LEESON ce dernier tant en fuite depuis le 23 F vrier Selon un mode relevant de l information conomique m tin cependant peut tre d une dose de traitement sous l angle
187. relle Le Figaro dans son travail nonciatif refuse donc en apparence toute id e de construction de l information Ceci explique peut tre l absence dans ce quotidien de pages Evenement le quotidien de la rue du Louvres fait en effet preuve d une organisation classique et rigoureuse qui gage de rigueur et de s rieux s affiche comme d tach e des contingences de l actualit puisque tous les jours de la semaine les v nement s lectionnes se r partissent selon neuf grandes rubriques dans l ordre de lecture Opinions La vie internationale La vie politique La vie Notre vie La vie sportive L art de vivre La vie des spectacles La vie Paris et Derni re page auxquelles s ajoutent ponctuellement de petites sous rubriques sp cialis es Sciences par exemple D un point de vue plus g n ral la position id ologique fondatrice du Figaro trouve ainsi son expression sur le plan du discours d information par une adh sion totale l id ologie d un journal reproducteur de la r alit que la r currence en titres de rubriques de l nonc La vie indique sans d tour Sans aucune d monstration et sans aucune autre l gitimit qu id ologique Le Figaro pose ainsi l existence d une dichotomie radicale entre le monde r el et vrai le monde de la vie et le discours du journal qui ne saurait tre alors autre chose que le compte rendu neutre et objectif du monde comme il va Ce que donne cro
188. robl mes de la migration en termes compl mentaires ou antith tiques de co ts et avantages n est possible qu condition qu on ne s interroge ni sur la fa on dont est constitu ce qu on convient d appeler respectivement profits et co ts ni sur la signification politique de l op ration elle m me qu on pr sente comme n tant la limite qu une technique comptable Voil l exemple m me du travail politique qui se d guise sous les dehors d une simple op ration d ordre conomique SAYAD Abdelmalek Co ts et profits de l immigration in Actes de la Recherche en Sciences Sociales 1986 114 particuli rement frappant sans que rien pourtant ne se trouve v ritablement chang de la r alit dont il tait question Comme si finalement quelles que soient ses positions id ologiques possibles le discours d information conomique relevait en derni re instance d une sorte de proc s g n ral de masquage du monde Pr cisons l important dans ce discours serait ainsi finalement moins la fa on tronqu e ou biais e dont quelque chose se trouve retranscrit que plut t la mise en place d un m canisme m diatique qui par lui m me et quel que soit l objet trait tendrait imm diatement le mettre hors de port e de toute connaissance ou action r elles Et il serait alors possible de trouver dans cette hypoth se le point de d part pour de nouvelles interrogations radicalement diff rentes sur l critu
189. rticle sign une nouvelle fois par Okba LAMRANI 66 D un point de vue g n ral L Humanit cadre son discours en toute logique sur le personnage LEESON Affaire Barings Le retour du golden boy prodigue annonce le quotidien qui organise donc son titre en deux temps chacun des deux l ments r pondant une fonction bien particuli re Le surtitre d abord entre dans une relation de d pendance avec le titre principal il en constitue le principe d actualisation Mais simultan ment il en fonde aussi le sens Il montre dans sa forme que pour L Humanit l v nement originel faillite de Barings s est depuis le 28 F vrier transform en classe si l on reprend ainsi les termes de Maurice MOUILLAUD la formulation choisie produit une s dimentation du pr sent qui fait dispara tre la dynamique de l ouverture la diff rence du 28 F vrier L Humanit ne renvoie plus d abord un proc s cours cf par exemple le surtitre de la Une du mardi La filiale asiatique de la banque Barings perd 4 milliards de francs mais se referme au contraire sur une classification comme si d j tout tait d finitivement su sur cette actualit La question qu est ce qui est en cours est remplac e par Qu est ce qui est crit MOUILLAUD on voit bien l que le discours d information est singuli rement diff rent du simple discours de compte rendu La partie principale du titre Le ret
190. s de pertes Evalu es dans un premier temps 625 millions de livres environ 5 milliards de francs les pertes totales de Barings sont d sormais estim es 916 millions de livres soit plus de 7 milliards de francs Lundi 6 Mars La Haute Cour de Londres approuve la reprise par ING Annexe 2 FAC SIMILES DES ARTICLES CONSACR S DANS LE FIGARO ET L HUMANIT DES 28 FEVRIER et 3 MARS 1995 L AFFAIRE BARINGS Barings perd 4 milliards de francs sp culation financi re fait trembler le monde i C est sp culation dans laquelle s est lanc e comme d autres d affaires L Humanit 28 2 Une 4 D 7 Editorial par Jean Paul Pi rot pargne Qu est ce d autre en effet que De L argent des autres ces march s d riv s ces contrats Le naufrage de Barings l une des plus prestigieuses banques N t 63 e 6 tE w1 0 La liste des victimes des march s financiers d riv s s est allong e ce week end avec la d b cle de la banque anglaise Barings L Allemand Metall Gesellschaft le chimiste britannique Glaxo le p trolier japonais Showa Shell et le Comt californien d Orange sont les plus spectaculaires pr d cesseurs de
191. s Etats Unis tait devenu insolvable la suite de sp culations perte En juin 1994 l Etat de Floride avait perdu 175 millions de doilars dans des op rations semblables d riv s une banque est Des pr c dents lourds de cons quences des taux d int r t am ricains et des produits d riv s est d sormais plus actif que celui des produits financiers traditionnels M OPERATEURS A c t de Sp culateurs professionneis comme le financier am ricain George Soros les grandes banques qui assurent le r glement des transactions op rent sur les march s d riv s tout comme ceux que appelle les investisseurs institutionnels compagnies d assurances caisses de retraite qui apportent leurs liquidit s en y pla ant des fonds collect s dans leur grande masse aupr s des Salari s En cas de pertes la logique m me des produits li e une foule d entreprises et d autres banques produit un effet d multiplicateur On parie ainsi de s isme propos de la chute de ia Barings E VOLUME Le march des produits d riv s repr sente selon les estimations de 14 000 40 000 milliards de doitars entre 100 000 et 260 000 milliards de francs Soit peu pr s cent fois le budget annuel de France En janvier 1994 le groupe allemand Metallgeselischa t t lui aussi pris la gorge la suite 4 tions d riv es sur
192. s communiquants sont rompus Le journaliste joue alors son r le C est nous qui soulignons THUREAU DANGIN Philippe Journalistes sous influence in M diaspouvoirs 1989 p 69 36 B2 La notion d invariant r f rentiel Pour tre tout fait honn tes il faut ajouter que notre choix s est fond aussi sur des imp ratifs plus triviaux d un point de vue purement pratique un travail sur l affaire Barings nous a permis de constituer un corpus d articles tout la fois suffisamment dense et parfaitement circonscrit dans le temps en recueillant l ensemble des l ments publi s par les deux quotidiens qui nous int ressaient entre le lundi 27 F vrier date de premi re apparition d articles consacr s au naufrage de la Barings dans Le Figaro seul et le jeudi 9 Mars premier jour pour lequel on ne trouve plus dans aucun des deux quotidiens concern s de r f rence cette affaire S est ainsi trouv r uni 66 un ensemble de 23 articles de statuts diff rents nous ne distinguons pas dans cette premi re comptabilit seulement indicative les v ritables articles sign s des simples br ves ou des ditoriaux permettant d tablir une tude comparative fond e sur le crit re de l invariant r f rentiel l ensemble des textes analys s portant en effet sur la traduction journalistique de la m me actualit Si le travail de composition du corpus s est organis tout entier autour de la reconnaissance i
193. s de faibles volumes ciers europ ens hier mais ture mais ne conc dait que et Francfort le a c d moins que ne le laissaient pr 0 96 en fin de s ance 0 92 sager les cours d ouverture Dans toute la r gion les Les march s des changes A Tokyo alors qu au plus autorit s mon taires ont de Ont suivi le mouvement Seul le fort de la crise le Nikkei c dait aux filiales locales de mark prot g par son statut plus de 950 points 5 5 Barings de suspendre leurs ac de monnaie refuge s est ren son recul tait contenu 3 8 tivit s pour calmer le jeu Elles forc face toutes les grandes en cl ture 16 808 7 points ont invit les investisseurs au devises Les autres monnaies Les march s asiatiques ner calme et la pruden Ont battu des records la veux ont plong dans le sillage relativisant l impact de cet in baisse notamment la livre ster de la principale Bourse de la cident selon un responsable ling qui est tomb e louver r gion pour se ressaisir en cl philippin ture de Londres son plus bas ture Manille a perdu 4 Ces secousses ont certes r Miveau historique face au deut S oul 1 97 Hongkong sonn en Europe mais de ma 16181 2 2950 DM D 1 1 Shangha 1 5 et Tai ni re assourdie Londres le B P LE FIGARO 23 2 page IT Jo 4 d Ar 2 ouvous N C est une pratique cour
194. s plus pr sent que dans un appendice non sign qui tr s technique rel ve de la chronique factuelle classique de l actualit financi re Et si un possible laxisme des dirigeants de Barings s y trouve voqu cette information n est en aucun cas pr sent e comme susceptible de remettre en cause le principe de la culpabilit de LEESON L article est sign ce n est pas un hasard par une journaliste habitu e des pages de type Soci t et appara t construit sur le mode classique du r cit explicatif le terme roman dont les fondements ne rel vent plus du tout pour le coup du discours d information conomique ceci explique notre sens la contradiction que l on peut constater entre le titre de l un des articles du 28 F vrier La City a vit de c der la panique et le titre de ce 3 Mars le roman du tricheur qui branle la City le discours de fait divers repose en effet toujours sur la mise en vidence de rapports de causalit s extra ordinaires et la journaliste non sp cialiste d conomie ne s embarrasse pas des nuances de ses confr res Ses objectifs en effet sont diff rents L utilisation en titre du terme roman n est pas innocente l article d Armelle HELIOT fonctionne en effet comme une v ritable construction de fiction C est ainsi une histoire une fable morale en v rit qui nous est racont e centr e sur la relation du parcours particulier d un h ros singulier Nick LEESON
195. s que v ritablement d finitifs tant ainsi lire comme une sorte d introduction pour d ventuelles recherches ult rieures CHAPITRE I LA CONFIRMATION DU CARACTERE CONSTRUIT DES DISCOURS D INFORMATION UNE OBJECTIVITE DE PUR APPARAT En d pit de son caract re limit notre tude nous a d abord confirm dans notre choix initial de prendre une position fermement critique par 93 rapport au discours commun sur les m dias De mani re particuli rement vidente nous avons en effet pu constater et d tailler la mani re dont chaque m dia pour nous chacun des deux quotidiens tudi s dans son travail d information construit l actualit plus qu il ne la rapporte A premi re vue pourtant le discours d information se pr sente comme r aliste et nos analyses l ont montr c est une conjonction complexe d l ments diff rents en interaction qui fonde cette apparence M me si bien sur comme nous l avons vu des traces de sa gen se particuli re restent toujours rep rables dans le corps du texte d information on peut malgr tout constater d un point de vue global que le journaliste tend largement dans son travail de mise en sc ne de l actualit se pr senter comme un nonciateur neutre les articles de presse se donnent ainsi lire non pas comme des r cits construits ou crits mais bien plut t comme de simples rapports r put s soumis au sens de l information rapport e Ce
196. scientifiques en conomie in Economies et Soci t s n 10 1988 pages 169 188 CHAMPAGNE Patrick L illusion m diatique in BOURDIEU Pierre Dir La mis re du monde Paris Seuil 1993 948 pages CHARON Jean Marie Cartes de presse Enqu te sur les journalistes Paris Stock 1993 356 pages CLERC Denis L conomie en perspective in Alternatives conomiques n 64 mars 1989 page 35 120 CONAN Eric va le journalisme in Esprit d cembre 1990 pages 5 12 CORNU Daniel Journalisme et v rit Pour une thique de l information Gen ve Labor et Fid s 1994 510 pages DARDE Jean No l Le minist re de la v rit Histoire d un g nocide dans le journal L Humanit Paris Le Seuil 1984 194 pages DE LA HAYE Yves Journalisme mode d emploi Des mani res d crire l actualit Grenoble P U G La Pens e Sauvage 1983 216 pages DURKHEIM Emile Les r gles de la m thode sociologique Paris P U F Coll Quadrige 1986 r ed 149 pages FREUND Andreas Journalisme et m sinformation Grenoble La pens e sauvage 1991 365 pages FRIDMAN St phane et POUYANNE Patrick La presse conomique fran aise Hors jeu et enjeux M moire de l Ecole des Mines Paris 1989 GALBRAITH John K L conomie en perspective Une histoire critique Paris Le Seuil 1989 381 pages GOUAZE Jean MOUILLAUD Maurice SERVERIN Evelyne et TETU Jean Fran ois
197. scours se centrant plut t sur une pr sentation d taill e des seuls risques techniques du syst me des produits d riv s Le r cit du Figaro ne bascule ainsi pas vers 78 l expression d analyses g n rales mais reste au contraire cantonn aux domaines les plus techniques lorsque des dysfonctionnements sont rep r s ils sont imm diatement qualifi s comme seuls indices de possibles d rives du syst me d organisation des march s financiers dont les principes g n raux d existence et d organisation ne sont ainsi jamais mis en question Le Figaro la diff rence de L Humanit ne d signe pas une classe de responsabilit sp culation mais se contente d voquer des risques purement m canistes cf le titre de l article machine infernale des produits d riv s o l organisation syntaxique des paragraphes centraux qui ne renvoient qu la d signation de causalit s m caniques Le lecteur du Figaro dont pr cisons le les caract ristiques 94 sont sans doute diff rentes de celles du lecteur de L Humanit on construites trouve ainsi dans l article qui nous int resse qu une seule parenth se explicitement p dagogique se voit donc invit adh rer aux implications s mantiques de la strat gie discursive choisie acquiescer par exemple l id e d une claire distinction dans son travail de prise de connaissance de l v nement faillite de en
198. se trouve ainsi consolid e Sur un mode g n ral si l on prend du recul par rapport au d roulement du texte on peut premi re vue consid rer que ce sont en fait deux histoires diff rentes imbriqu es qui se trouvent racont es dans cet article L histoire exceptionnelle d abord de la r ussite d un fils de pl trier de la banlieue de Londres entr 16 ans comme commis dans une banque devenu en l espace d une dizaine d ann es un wonder boy gagnant plus de 1 5 millions de francs par an sans compter des primes faramineuses estim es 1 million de dollars en 1994 propri taire d un yacht et locataire d un appartement loyer 32 000 francs par mois pr cise la journaliste dans un quartier hupp de Singapour Parcours 1 que l on peut r sumer par la trajectoire suivante Pauvret gt gt gt gt gt Richesse L histoire plus tragique ensuite de la chute d un fricheur pass en quelques jours du statut de lavish prodige celui de rogue escroc comme le note Armelle HELIOT r sumant les titres de la presse anglaise Parcours 2 qui exprime la trajectoire inverse R ussite gt gt gt gt gt Echec 89 La caract ristique principale de l article du Figaro r side selon dans le proc s de fusion de ces deux parcours une unique grande histoire que le lecteur est invit reconstituer qui acc de alors au statut de v ritable parabole Une lecture atten
199. st me g n ral de concurrence m diatique Si l on consid re en termes sociologiques l existence d un champ 5 journalistique celui ci se caract rise comme domin par les contraintes et la logique du march et appara t finalement comme lieu d une opposition entre deux logiques et deux principes de l gitimation la reconnaissance par les pairs la reconnaissance par le 1 Nous renvoyons pour une d finition rapide du sens pist mologique que signifie l emploi de ce terme l article de Pierre BOURDIEU Quelques propri t s des champs dans le recueil Questions de sociologie 101 plus grand nombre La contrainte du march exerce son influence par l interm diaire d effets de champ qui impliquent directement la n cessit de strat gies discursives originales dans un syst me de concurrence chaque quotidien soumis en permanence l preuve des verdicts du march travers la sanction directe de la client le 11 ne faut pas oublier en effet que le journal est aussi une entreprise conomique doit ainsi savoir mettre en sc ne son identit singuli re c est dire distinctive Ajoutons toutefois que la mise en vidence de ce m canisme structurel n entre pas n cessairement en contradiction avec le possible constat parall le tel qu voqu dans notre premi re partie d une tendance du journalisme conomique la reprise de discours primaires orient s Ignacio RAMONET directeur
200. st la sp culation qui est l origine ainsi que sur ses cons quences internationales ou nationales dont les aspects techniques ne sont toujours voqu s que de mani re fort vague qui secoue les places boursi res les d g ts et en fonction d une grille de lecture particuli re qui semble tablir une relation d opposition autour du th me de la lace et des fonctions de l argent entre la sp culation financi re et le travail et la 8 5 0 C est nous qui soulignons 48 consommation dont les accointances politiques sont express ment voqu es dans le corps du titre comme le propose le et soulign es de toute mani re en manchette journal du Parti communiste fran ais A2 et d j une premi re d marche de s mantisation de l v nement originel D s son titre de Une L Humanit fait ainsi le choix d un discours non pas de simple information supposer bien sur qu un discours de ce type soit 51 mais relevant aussi d un certain jugement discours de v rit en somme simultan ment g n raliste et d finitif Par son cadrage le quotidien indique d abord son choix d une relation de la faillite de Barings fond e principalement sur un compte rendu analyse de ses cons quences envisag es sous un angle de toute vidence moins technique conomico conomique que politique cf l vocation pol mique de ses possi
201. t IMPLIQUE gt gt 5 ne semble gu re discutable on pourrait par contre gloser longtemps sur la justesse de la relation finale 7 gt gt IMPLIQUE gt gt 8 la seule pourtant pr cis ment qui inclue l v nement faillite de Barings qui ne trouve son sens qu en r f rence une hypoth se sp culative 59 relevant d un jugement pol mique sur la politique conomique et sociale du gouvernement fran ais Le gouvernement fran ais va s appuyer sur la pression des march s financiers internationaux renforc e par la faillite de Barings pour justifier une remise plat de la protection sociale Il s agit d abord de satisfaire aux crit res de Maastricht avec l illusion que la pression des march s serait moins grande si l on diminuait la protection sociale et les d penses publiques B22 Trois articles de compl ment pour de nouvelles expressions du m me discours Les deux articles de la page 4 plac s sous la mini d finition g n rale Rep res ainsi que l article de la page 3 pr sentant une histoire rapide de la banque Barings nous sont apparus comme des articles de compl ment ils viennent ajouter un suppl ment d information par rapport la relation brute de la faillite de Barings information de profondeur suppos e clairer quelques points particuliers de l v nement originel et de ce fait entrent donc eux aussi parfaitement dans le cadre d une organisation sous forme de dossier Nous avo
202. t ses 16 La citation est de Simone BONNAFOUS Paroles de crise in Etudes de communication 1994 mais les exemples illustratifs sont issus de la Une du Figaro du 28 F vrier 17 Alors pr cis ment que l ensemble des concepts descriptifs de l conomie sont des construction singuli res historiques par exemple 18 Voir en particulier Presse crite et th orie des discours sociaux in CHABROL Claude et CHARAUDEAU Patrick Dir La presse Produit production r ception 1988 111 modalit s de construction d un seul destinataire g n rique citoyen habitant Selon VERON la notion de type de discours est associ e d un c t des structures institutionnelles complexes qui en sont les supports organisationnels et de l autre des rapports sociaux cristallis s d offres attentes qui sont le corr l t de ces structures institutionnelles Ce n est certes pas ce niveau qui dans notre travail nous int ressait On peut cependant trouver dans la classification de VERON inspiration pour quelques pistes de recherche ult rieures autour par exemple de l interrogation sur les conditions conomico sociologiques de production de l information conomique Sur un plan secondaire il appara t aussi possible de d finir l information conomique comme un genre particulier au sein du type information La notion renvoie la mise en vidence d un certain arrangement caract ristique de la mati re
203. t de prot ger les investisseurs contre les incertitudes Glissement dont le titre de l article quelque peu surprenant dans sa forme pr ventive Aux op rateurs de mesurer leurs risques 84 constitue un parfait indice Le Figaro dans son discours d information reprend en effet sans indication d un quelconque recul un discours d int r t particulier celui pour tre pr cis de la Banque des r glements Internationaux et de l ensemble des banques centrales qui nous dit le quotidien souhaitent agr er des mod les de contr le interne pour le constituer en v rit universelle De mani re permanente dans chacun de ses articles Le Figaro la diff rence de L Humanit construit l v nement faillite de Barings comme totalement distinct du politique implicitement c est bien pourtant sur un choix politique que repose cette d cision de cadrage Dans le discours du quotidien de la rue du Louvres on retrouve m me l identique le sch ma d monstratif vici rep r lors de l tude de L Humanit si le raisonnement d ensemble semble relever d une logique imparable une analyse d taill e r v le au contraire que la construction g n rale repose sur une assise ind montr e en l occurrence ici l id e d une vacuit des r glementations directives fond e sur l adh sion du quotidien au principe lib ral de l auto r gulation des march s de libre concurrence cons quence pratique il s agit alors s
204. t importants qui a pu faire enseignement 16 chapitre d ordre plus pr cis ment pist mologique l ensemble de nos recherches se sont pas construites sur un terrain m thodologiquement vierge nos choix d analyse de deux exemples de traitement journalistique de la faillite de la Banque Barings trouvent au contraire une partie de leurs fondements et justifications dans un double mouvement de renvoi s et de r f rence s que nous avons cru n cessaire d instaurer avec un ensemble de travaux ant rieurs En d pit donc de son aspect peut tre parfois excessivement g n raliste cette premi re partie explicitement de mise au point constitue pour nous une tape initiale indispensable En usant de techniques de recensement de comparaison et de synth se en fonction directe aussi d une r flexion r currente sur les singularit s de notre objet d tude nous esp rons tre parvenus construire une m thode coh rente dont nous expliciterons dans un ultime paragraphe les principaux traits Avec toujours pour principe fondateur inspir de la lecture de Pierre BOURDIEU l id e centrale selon laquelle les concepts mod les m thodes et autres instruments de construction de la recherche ont avant tout une d finition syst mique en r f rence donc un projet sp cifique toujours d fini et explicitement indiqu et sont con us pour tre mis en oeuvre empiriquement de fa on syst matique 19 CHAPITRE
205. tible Nous reprendrons ainsi l id e d une d composition possible de l ensemble des discours de presse sur un v nement quelconque selon quatre grands paradigmes fond s sur deux oppositions de base v nement versus cons quence s et technique versus non technique E vs C et T vs nT les quatre discours de base sont donc E T E nT C T et Lorsque nous parlons de discours technique nous souhaitons qualifier les discours relevant d un point de vue sp cialis c est dire suppos n cessiter des comp tences et connaissances sp cifiques et distinctives sur l conomie en g n ral ou sur la faillite de Barings en particulier 2 Dans un deuxi me temps et toujours pour chaque journal successivement nous tenterons de rep rer les diff rents axes de construction et d organisation des articles consacr s notre v nement r f rent nous ne focaliserons alors notre attention que sur les seuls l ments de cadrage discursif c est dire sur les divers l ments qui entourent le texte proprement dit titres surtitres sous titres ainsi que les illustrations graphiques ou photographiques Nous nous souviendrons ainsi par exemple que au sein du syst me du journal la mise en page contribue grandement la hi rarchisation et au classement de l v nement en produisant des diff rences dont le seul jeu produit l effet d une mise en valeur 3 faut pr ciser qu il ne s a
206. tive r v le en effet l existence d un jeu complexe de renvois entre ces deux moments du r cit qui d abord pour commencer expriment deux trajectoires diff rentes d un seul unique personnage Nick LEESON il y a de plus identit aussi des seconds r le la femme de LEESON ou la banque Barings par exemple Le contenu lexical de l article plus pr cis ment signifie aussi une relation transversale de chute de 1 vers 2 entre les deux parcours on retrouve la charmante Lisa SIMS du parcours 1 sous les traits plus secs de femme Lisa de LEESON dans le parcours 2 de m me l nonciateur marque ce passage l expression d une prise de distance dans la description de son h ros le Lucky Nick ou Nicky du parcours 1 n est plus alors d sign dans le second parcours que par les expressions Nicholas William LEESON LEESON ou Nick l espi gle Dans l ensemble de l article les deux oppositions s mantiques riche versus pauvre et r ussite versus chec se trouvent donc finalement en partie unifi es et corr l es la premi re devenant pour ainsi dire le signe de la seconde le discours de v rit de la journaliste se fonde alors sur l existence g n rale d un rapport entre l axe de l immanence tre versus non tre et celui de la manifestation para tre versus non para tre Au fil donc des 12 paragraphes l nonciateur s efforce de susciter chez le lecteur une interpr tation particuli re d
207. tre la dimension originelle de cette actualit en d pit des br ves nuances voqu es le discours du Figaro sur ce point est extr mement clair et d finitif un homme seul est responsable de la faillite de Barings la conjugaison au pr sent de la phrase introductive on peut seulement s interroger sur la mani re dont son aventurisme a peut tre t facilit par certaine risques inh rents l organisation de la finance moderne et l analyse plus ouverte de ses r percussions Sur ce dernier point se trouve ainsi renouvel un niveau inf rieur d organisation discursive le travail initial de circonscription de v nement par sa relation comme l ment de la vie conomique dont les cons quences voqu es ne Nous parlons de caract ristiques construites dans la mesure o nous n voquons pas l de r elles l ments socioculturels qui pourraient permettre une forme de d finition du lecteur type du Figaro l ments que seule une enqu te sociologique par exemple saurait indiquer mais seulement la mani re dont Le Figaro se construit dans son discours d information un destinataire singulier dot de comp tences sp cifiques et supposer partager une vision du monde commune Le marche des produits d riv s rel ve explicitement pour Le Figaro de la modernit financi re D o sans doute la qualification imm diate de LEESON comme golden boy le terme renvoyant simultan ment l
208. tte position de retrait de l nonciateur se marque par exemple au niveau des conjugaisons verbales par l emploi r current du pass compos ou du pr sent suppos s constituer les marques d un simple t moignage ou aussi sur le plan cette fois de l expression de la s quence informative par une apparente soumission du discours au temps r el de la r alit rapport e tout dans la mise en sc ne quotidienne incite penser que le journaliste n est qu un t moin constatant une r alit dont le mouvement le sens serait autonome Le 28 F vrier l article consacr dans Le Figaro la pr sentation de la faillite de Barings d bute ainsi par A lui seul un golden boy de 28 ans a r ussi envoyer au tapis Barings Securities pour se terminer par Pour Nick LEESON l aventure se serait termin e hier par son arrestation en Tha lande Mais pour la banque le cauchemar ne fait que commencer Selon le m me principe l article correspondant de L Humanit commence par La faillite de Barings continuait hier de secouer les march s financiers et mon taires mondiaux et se cl t par question n est pas tant de mettre des garde fous aux march s sp culatifs que de s attaquer leur source c est dire aux profits financiers qui guident les choix d investissement de l conomie mondiale 94 Au del des apparences une tude un peu rigoureuse permet cependant de facilement constater que chaque quotidien
209. upants d appartements aussi vastes que le hall d une gare Hy Ce choix ne rel ve pas d une d cision arbitraire il est au contraire comprendre comme un premier exemple d implication m thodologique de notre projet de recherche Comme les pr cisions du paragraphe pr c dent le laissent deviner notre travail se fonde en effet au d part sur une hypoth se tout fait simple il est selon nous possible de rep rer entre les diff rentes manifestations de discours informatif propres chaque quotidien au moins autant sinon plus de points communs au niveau par exemple de l organisation discursive des outils qu elle n cessite ou de la relation de communication qu elle instaure que de diff rences ces derni res puisque de surface et renvoyant par exemple des prises de position d inspiration politique tant cependant certainement les plus videmment visibles 12 D o donc le choix d un travail sur les deux quotidiens les plus directement en apparence antagonistes si dans le cadre d une telle tude des points de ressemblance ou de correspondance restent en d finitive rep rables nous pourrons en effet nous sentir autoris s tablir des conclusions plus g n rales renvoyant aux modalit s g n riques d criture de l information sur l actualit conomique L Humanit 7 Juillet 1995 ditorial de Claude CABANNES ly Ce sont d ailleurs bien ces points communs qui en derni re instance permettent de
210. ustr renvoyant l actualit faillite de barre en largeur 5 des 6 colonnes de L Humanit Les caract ristiques techniques de ce titre largeur et typographie ne sont pas pour L Humanit particuli rement remarquables mais l organe communiste clairement a choisi de distinguer cet v nement comme le point principal de l actualit du jour Plus pr cis ment selon un sch ma qui lui est habituel L Humanit organise la construction de ce titre central de Une autour de trois l ments techniquement distincts avec donc par exemple une police et une taille de caract res diff rents Dans l ordre vertical d apparition dans la page le surtitre le titre nous d signons l la partie centrale du titre global et le sous titre se trouvent ainsi li s par une relation de compl mentarit qui on va le voir est aussi d une certaine fa on hi rarchique qui leur autorise tout de m me cependant une certaine autonomie on pourrait alors parler de suppl mentarit Ia Nous nous fondons pour cette affirmation comme pour d ailleurs quelques autres remarques venir sur les r sultats d une rapide comparaison effectu e avec un certain nombre d autres titres principaux de Une ant rieurs ou ult rieurs du m me quotidien 46 e Le surtitre la filiale asiatique de la banque Barings perd 4 milliards de francs se distingue par sa dimension essentiellement factuelle il semble purement
211. ute politique Se trouve ainsi soulign un premier point possible de distinction de l information conomique sa dimension flottante qui peut sans doute servir de premi re assise pour une tentative de r flexion plus large autour des questions de mise en rubrique notre sens tout fait pertinentes comme nous essayerons de le montrer au fil de notre analyse ult rieure de l actualit conomique A2 mais toujours construite De l ensemble des travaux de lLRPEACS il ressort rapidement m me si cette conclusion n est jamais tout fait explicite dans la mesure tout simplement o ce n est jamais directement cet aspect l de la question qui est vis que au sein du r gime de discours de presse il n existe sans doute gu re d information conomique c est dire relevant d une politique id ale de simple restitution factuelle L information conomique se caract riserait au contraire ar son h t rog n it en estimant pouvoir rep rer sur un mode conceptuel irois gt 19 Et singuli rement de l tude consacr e sous l impulsion de Robert BUTHEAU la place de l information conomique dans la presse r gionale Autant que nous ayons pu le constater les modalit s de construction des discours sont tout fait singuli res dans ce type de presse nous n avons donc pris le parti de ne conserver que les conclusions les plus g n rales Voir par exemple BUTHEAU
212. vrier Le gouverneur de la Banque d Angleterre s entretient toujours avec les grands banquiers londoniens pour tenter sans succ s de trouver un acheteur et de sauver Barings avant l ouverture de la Bourse de Tokyo 21 heures heure de Londres En d but de soir e la Barings Brothers plus vieille et sixi me banque d affaires britannique fond e en 1762 est d clar e plac e sous administration judiciaire par la Banque d Angleterre suite d normes pertes de plus de 500 millions de livres soit davantage que ses fonds propres Lundi 27 F vrier la suite de l annonce de la mise sous administration de Barings de nombreuses secousses parcourent les march s financiers D abord et bien que les autorit s japonaises aient cherch viter tout mouvement de panique la Bourse de Tokyo dans la nuit du 26 au 27 perd 3 8 et se retrouve son plus bas niveau depuis 15 mois Le lundi matin l onde se propage sur le march des changes europ ens la livre sterling tombe son plus bas niveau historique face au mark le franc n est pas pargn et le dollar s inscrit en nette baisse par rapport son cours du vendredi 24 Toute la journ e la Banque d Angleterre s emploie rassurer les milieux financiers Kenneth CLARKE le Chancelier de l chiquier s engage r examiner le syst me de r gulation des circuits financiers et de tutelle des banques et ne pas faire appel aux fonds publics pour renflouer Barings M
213. x discours primaires des sources et le discours de l information conomique souffrirait m me d un suppl ment de d pendance li sa dimension influente et non sans par rapport par exemple avec les strat gies de communication des grands 63 VERON Eliseo Presse crite et th orie des discours sociaux production r ception r gulation in CHABROL Claude et CHARAUDEAU Patrick Dir La presse Produit production r ception 1988 p 17 35 groupes ou institutions En fonction de notre d sir de rep rer les modalit s singuli res de construction d une criture journalistique sur l conomie il nous a ainsi sembl judicieux de travailler sur un exemple d actualit v nement sans doute plus propice la d monstration lors des moments de crise c est dire surtout non pr vus0 on peut en effet supposer que le discours du journal apparaisse comme moins victime de l influence des discours institutionnels id ologiquement marqu s sur lesquels il se fonde Nous faisons donc le pari de voir s exprimer dans les articles consacr s l affaire Barings sur un mode plus vident qu l accoutum e le sel propre du discours d information crite sur l conomie De m me nous avons t attir s par la dimension en partie technique de l actualit concern e comment par exemple le journal va t il organiser son travail de pr sentation des subtilit s de fonctionnement de l conomie fina

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