Régime intermittents P.Henry
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1. la centralit de diff rentes formes de relation de service dont la coordination seule permet la r alisation des projets doivent tre reconnues comme des dimensions fondatrices et in vacuables de leur efficacit tant artistique que sociale C Il y a donc une n cessit de concevoir ce tiers secteur comme un v ritable monde de l art particulier o un p rim tre largi de comp tences doit pouvoir tre pr serv tout comme une porosit d acc s la professionnalit dans la mesure o les vrais savoir faire se constituent surtout par accumulation progressive et successive d exp riences D Le mod le en structure de loterie des march s de la r putation des march s de type le gagnant ramasse tout et pour le moins o une infime diff rence subjective de comp tences conduit des carts faramineux de r mun ration entretient l illusion de mondes accessibles chacun alors qu il d bouchent sur un impressionnant turn over des gagnants et une invraisemblable structure in galitaire aux plans simultan ment artistique social et conomique Si ce mod le s duit un tr s grand nombre et se trouve d ailleurs repris par les tenants d un capitalisme le moins r gul possible il doit pourtant tre imp rativement combattu non seulement cause des drames et co ts individuels et sociaux qu il entra ne mais encore parce qu il d truit les conditions m mes d une v ritable d mocratie culturelle qui ne soit2. ni au d veloppement et la gestion d quipements relevant surtout des Collectivit s publiques propri taires de l essentiel des quipements de spectacle vivant dans notre pays m me si leur direction est pour partie confi e des personnes de droit priv 2 Dans les conditions qu on vient de d crire l existence la survie et le d veloppement de ce tiers secteur du spectacle vivant impliquent que plusieurs principes soient bien mieux valoris s et reconnus tant par les instances sociales et publiques dont ce secteur d pend que plus globalement par la soci t civile toute enti re A Ce tiers secteur assume de fait et depuis bien longtemps d j une part essentielle de la vitalit et du d veloppement artistiques du spectacle vivant dans notre pays A c t d une participation l effort de d mocratisation de la culture qui reste l enjeu central des quipements artistiques relevant des Collectivit s publiques ce tiers secteur d veloppe fondamentalement une action irrempla able de d mocratie culturelle tant sa pr sence active et ramifi e dans les territoires et au contact des populations lui permet d inventer avec ceux ci une approche bien plus interactive de l art plus largement des pratiques artistiques o peuvent s impliquer un plus grand nombre B Par l la multi activit de ces compagnies et groupes de spectacle vivant la n cessit de disposer de comp tences plurielles et toutes indispensables
3. un des l ments indispensables pour atteindre un nouveau compromis social global 4 En attendant le syst me d indemnisation ch mage des intermittents du spectacle vivant pourrait pour une part participer l mergence de cette nouvelle et n cessaire quilibration sociale ou encore fonctionner comme prototype social provisoire et partiel pour un tel horizon En guise d illustration on reprendra les 9 grandes orientations pr n es par le rapport Roigt Klein de novembre 2002 quant aux am nagements apporter au fonctionnement des annexes 8 et 10 du r gime d assurance ch mage on pourrait tout autant partir du rapport r cent de la Cour des Comptes ce sujet pour en proposer une nouvelle approche la lecture de ce qui pr c de et en s en tenant essentiellement ici au secteur du spectacle vivant 1 Professionnaliser l acc s au r gime des intermittents du spectacle vivant L efficacit artistique et sociale du tiers secteur du spectacle vivant repose sur la mise en uvre coordonn e d une pluralit de relations de service caract ris es par le fait qu elles s inventent chacune au fil de l interaction r elle entre les partenaires de ce type de relation Cette r alit devrait tre au centre de la repr cision des qualifications permettant l acc s au r gime sp cifique des intermittents Trop r duire le p rim tre de ces qualifications serait n avoir qu une vision fausse de ce qu est aujourd hui l a
4. Tiers secteur du spectacle vivant et r gime des intermittents El ments pour un argumentaire Philippe HENRY Ma tre de conf rences en Etudes th trales l Universit Paris 8 Saint Denis Membre associ du collectif Autre s pARTSs 1 Acteur collectif essentiel du monde des arts de la sc ne beaucoup de compagnies et groupes de spectacle vivant rel vent pour le moins d une triple sp cificit A Leurs projets artistiques combinent simultan ment une pluralit de modes d activit production et diffusion de spectacles ou d v nements action culturelle et territoriale en relation directe avec des populations particuli res formation amateur et transmission professionnalisante de savoirs et savoir faire mise en d bat par l artistique de questions culturelles soci tales et politiques B Leur conomie constamment pr caire repose sur une mixit entre initiative et mode de gestion priv es attachement l ind pendance des projets et gestion dont associative relevant du droit priv tr s forte d pendance l conomie redistributive administr e aides directes des Collectivit s publiques aides li es la solidarit nationale et interprofessionnelle voire exemption partielle de certaines charges fiscales ou sociales mobilisation d l ments de l conomie de r ciprocit dont implication b n vole ou change de services non mon taires Leur but essentiellement culturel et social se conjugue a
5. ctivit artistique li e au spectacle vivant Sym triquement ce p rim tre devrait se garder d int grer des qualifications techniques et administratives essentiellement ex cutives ou des prestations limit es des changes de biens ou services d j largement d termin s pr ts de mat riel gestion comptable traitements de donn es informatiques vente de produits d riv s Le caract re fortement artisanal peu industrialisable du spectacle vivant tout autant que la centralit de la co g n ration des prestations dans l interactivit des relations de service plaident pour le maintien d une annexe du r gime des intermittents sp cifique ce secteur Au sein du spectacle vivant les deux caract res pr c dents ont d ailleurs la plus grande extensivit pour les compagnies et groupes de son tiers secteur une extensivit en particulier li e au travail direct avec des populations situ es pouvant d j tre moindre dans certains quipements relevant des Collectivit s publiques et encore moindre pour les entreprises priv es relevant d abord de l conomie de march Le b n fice du r gime sp cifique au spectacle vivant pourrait ainsi tre ouvert aux personnes concern es ayant une activit tablie dans les secteurs du spectacle vivant ou non Le seuil des 2 3 de temps de travail effectif dans ces secteurs sur 12 ou 18 mois pourrait servir de r f rence En compl ment des qualifications fortement cen
6. g s comme la possibilit pour un salari d un Contrat unifi employeurs partiels et multiples 9 Am liorer la connaissance de l emploi et du fonctionnement des annexes du RAC R gime d allocation ch mage Tout ce qui va vers une meilleure connaissance de la situation globale et particuli re des intermittents et de leur dispositif sp cifique d allocation ch mage ne peut tre qu encourag Encore faut il tenir compte du fait que la r alit perceptible est largement d pendante des outils utilis s ce qui est d autant plus v rifiable dans les syst mes complexes comme ceux qui rel vent comme ici d une gestion socialis e Un 10 me point est n cessairement voquer dans l optique d une non r duction de principe du p rim tre de qualifications et d activit s pris en compte par le r gime sp cifique du spectacle vivant 10 Elargir le financement du r gime sp cifique d allocation ch mage des intermittents M me s il est largement utopique dans le contexte actuel le principe en coh rence avec l approche qu on vient de d velopper est celui d une participation financi re accrue des diff rents b n ficiaires internes et externes de l innovation et de la flexibilit de l emploi du spectacle vivant ou non son r gime collectif de s curisation sociale et professionnelle Parmi ces b n ficiaires on peut citer les entreprises et organisations du spectacle employant directement des intermittents le
7. pas polaris e par la seule hyperconcurrence des talents tout au long d une chelle hi rarchis e o le succ s n est gu re qu un point de passage vite d truit par un autre 3 En fait le tiers secteur du spectacle vivant exp rimente douloureusement et sa fa on le fait que notre soci t toute enti re n a pas encore trouv un nouveau compromis social permettant d articuler au moins de fa on relative et temporaire mais aussi pour le plus grand nombre trois n cessit s in vacuables de notre poque A La possibilit et la capacit pour chacun de mieux participer aux dynamiques d innovation et de cr ativit dans lesquelles nous sommes qu on le veuille ou non collectivement entr s m me si ces dynamiques impliquent un d veloppement conjoint de formes intensives et diverses de flexibilit B La n cessit compl mentaire absolue que chacun puisse disposer d une s curit individuelle et professionnelle minimale socialement garantie tout au long du parcours de vie sans laquelle l injonction d innovation ne peut tourner pour le plus grand nombre qu au d sastre d une d stabilisation et d une d structuration constamment subies C Pour atteindre un quilibre des deux points pr c dents les richesses et les diverses valeurs ajout es produites par la soci t d innovation flexibilit doivent imp rativement tre plus socialis es une r partition bien moins in galitaire de ces richesses entre tous tant
8. r peu qu elle tienne compte de la sp cificit des intermittents et m me si certains am nagements leur seraient moins favorables qu l heure actuelle 5 Accro tre le r le du guichet unique pour les spectacles occasionnels ou d velopper le ch que emploi service Tout ce qui peut am liorer l int gration des spectacles occasionnels au mode de gestion socialis de l emploi intermittent du spectacle vivant doit tre entrepris Poursuite de la mont e en puissance du GUSO et ou mise en place d un ch que emploi service particulier sont deux modes explorer dans le sens d une meilleure efficacit 6 Renforcer les dispositifs de contr le interne Dans un syst me de gestion socialis e le recoupement des fichiers de cotisations et d allocataires est un l ment normal de suivi et d valuation Le transfert de la preuve des p riodes travaill es vers l employeur va dans le sens d une responsabilisation de ceux ci mais serait un principe nouveau ayant int r t suivre les volutions en cours du r gime g n ral de fa on ne pas g n rer de nouveaux carts sensibles avec la r gle commune 7 D velopper les contr les externes Comme pour les contr les internes un croisement des fichiers de l UNEDIC de la Caisse des cong s spectacles et du GRISS constituerait un l ment ordinaire de suivi et d valuation d un syst me de gestion socialis e De m me que la mise en place de conventions de partenariat avec les
9. s entreprises exploitant les productions et services d riv s du spectacle sans elles m mes engager des intermittents les spectateurs priv s finaux r alisant la valeur d usage de ces services et productions La solution qui semble terme la plus praticable est l extension et l application diff rentielle d une taxe parafiscale l ensemble de ces b n ficiaires sur le principe de dispositifs partiels d j existants mais pour d autres objectifs dans les secteurs du spectacle Pour contrer les d sastreuses in galit s engendr es par les march s contemporains de la r putation une progressivit de taux serait envisager par exemple selon le chiffre d affaires et les b n fices marchands obtenus pour les entreprises ce qui aboutirait de fait une taxation diff rentielle du secteur marchand du secteur public non marchand et du tiers secteur Sym triquement d ailleurs du c t du r gime d allocation ch mage une d gressivit d allocation selon le montant horaire moyen des cachets devrait tre clairement tablie Enfin et au titre des politiques locales et nationales de d veloppement artistique sur l ensemble du territoire comme au titre de leurs responsabilit s de r gulation sociale globale les Collectivit s publiques sont n cessairement appel es s investir davantage dans la r solution de ce probl me structurel et de financement Mars 2003
10. soci t s de perception et de r partition des droits d auteur et voisins Ou bien encore la cr ation d quipes sp cialis es au sein des services d concentr s du Minist re en charge du travail et dans les r gions o se concentre l essentiel de l activit artistique Par contre soumettre une p riode probatoire l attribution de la licence d entrepreneur de spectacles est plus contestable y compris au plan de l efficacit De m me pr ner l instauration d un dispositif de contr le renforc concernant la recherche d emploi par les intermittents du spectacle c est au minimum m conna tre le fonctionnement qualitatif r el de ces march s de l emploi toujours plus organis s sur des appariements de qualification et de notori t au sein de r seaux relationnels et de proximit et non d une classique recherche d emploi 8 Inciter la cr ation d emplois permanents Si la transformation d emplois pr caires en emplois plus durables est favoriser quand c est possible l volution de notre soci t rend vain de croire que l intermittence est appel e se limiter ou se restreindre Si des formes comme le Contrat dur e ind termin e d intermittent CDII ou le Contrat dur e d termin e de longue dur e CDD LD sont mieux explorer et d velopper elles risquent d tre d cevantes par rapport la situation r elle du tiers secteur du spectacle vivant D autres l ments pourraient d ailleurs tre envisa
11. tr es sur la relation de service les prestations temporaires et plus essentiellement ex cutives en particulier dans les domaines technique et administratif correspondraient plut t au r gime de l int rim Quoi qu il en soit la conservation d une d finition non restrictive du p rim tre du r gime conduit n cessairement envisager un mode de financement largi de celui ci voir l in vitable 10 me point ajouter 2 Inciter la sinc rit des d clarations Pour le tiers secteur du spectacle vivant l int gration dans le calcul pour l ouverture des droits au r gime de 1 3 d activit s de type relations de service autres que de production diffusion de spectacles enseignement formation action culturelle est une proposition minimale m me si elle est d j bienvenue au vu des conditions plus restrictives actuelles Encore faudrait il tenir compte du fait que 1 heure de pr sence active aupr s de publics exige un temps compl mentaire incontournable de pr paration n gociation suivi Dans ces conditions assimiler 1 heure d activit pr sentielle 1 6 de cachet voir point 3 suivant et remonter le plafond de ces prestations 1 2 de l activit r mun r e totale seraient plus en coh rence avec les situations r currentes de ce tiers secteur En tout cas une meilleure prise en compte de la r alit des activit s et des r mun rations associ es faciliterait sans doute la lutte contre les effets pervers d
12. u r gime actuel la modulation de la dur e d indemnisation en fonction de la dur e d activit r mun r e pouvant tre un autre l ment de cette lutte 3 R former le r gime des cachets L uniformisation de la valeur des cachets 1 cachet 12 heures 1 5 jour de travail l assimilation de 1 heure de r p tition 1 12 de cachet celle de 1 heure d activit autre de type relation de service au contact avec des publics 1 6 de cachet voir le point 2 pr c dent le traitement diff renci des cachets obtenus aupr s de particuliers de ceux d livr s par les entreprises de spectacles la prise en compte des seuls cachets correspondant des spectacles occasionnels d ment d clar s au GUSO Guichet Unique Spectacle Occasionnel autant de points tudier avec soin mais qui peuvent aller dans le sens d une meilleure lisibilit et harmonisation du mode de d claration des activit s r mun r es entrant en compte pour l acc s au r gime 4 Harmoniser un certain nombre de r gles avec celles du r gime g n ral Les intermittents du spectacle ne sont pas une sorte d exception qualitative plus ou moins cantonner mais bien un mode d emploi et de vie particulier en coh rence avec notre soci t d innovation et de flexibilit Raison de plus pour que leur r gime sp cifique fasse int gralement partie du r gime g n ral des salari s En ce sens l harmonisation avec les r gles communes est souhaitable pou
13. vec le refus d un but lucratif au profit de quelques uns seulement la forme associative tant l indice de cette non lucrativit financi re ce qui n exclut pas la constitution aujourd hui indispensable de fonds propres mais socialis s C Leur d veloppement s op re dans un environnement global d innovation et de flexibilit exacerb es auquel les milieux artistiques participent D ailleurs ces milieux fournissent pour une part un mod le de fonctionnement dont d autres secteurs d activit plus capitalistique s inspirent largement Mais ce que beaucoup de compagnies et groupes de spectacle vivant rejettent c est l extension exponentielle et non r gul e des in galit s de ces march s contemporains de la r putation o partir de diff rences peu flagrantes de comp tence et de qualit un petit nombre cumule une part toujours plus grande des valeurs dont mon taires et de notori t disponibles Cette triple singularit peut encore tre renforc e par la place d terminante que certains groupes et compagnies de spectacle vivant accordent l invention de projets artistiques au contact direct et avec des populations situ es sociologiquement ou et territorialement L ensemble de ces caract ristiques d crivent alors assez bien un tiers secteur sp cifique du spectacle vivant ne pouvant tre r duit ni une simple dynamique d entreprises artistiques d initiative priv e et relevant avant tout d une conomie de march
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