Les clauses de tacite reconduction et le juge du référé
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1. Le Courrier Juridique des Finances et de l Industrie n 65 troisi me trimestre 20112. La jurisprudence Commune de Paita fait souvent l objet d une application aveugle par les juridictions du fond y compris lorsque les reconductions sont pr vues et limit es Or ce que sanctionne le Conseil d tat n est pas tant la possibilit de reconduire tacitement un march public que l absence de mise en concurrence induite par la mise en uvre d une telle clause sans limitation de dur e D s lors que le contrat initial pr voit un nombre limit de reconductions et que la mise en concurrence initiale a tenu compte de la dur e totale du march p riodes de reconduction comprises rien ne s oppose qu il puisse tre reconduit de fa on tacite C est ce que semble confirmer la d cision Association pour la transparence et la moralit des march s publics du 23 f vrier 2005 Dans ses conclusions sur cette affaire le commissaire du gouvernement Didier Casas analyse les reconductions du march d s lors qu elles sont pr vues et limit es non pas comme des nouveaux contrats mais comme une non interruption du march il ny a pas pluralit de march s comme dans Commune de Paita avec comme cons quence n cessaire lirr gularit des march s reconduits mais un seul march pr voyant lui m me la possibilit d tre interrompu Or en l esp ce le march d une dur e initiale de dix ans stipulait qu il pouvait tre reconduit tacitement par p riode de cinq ans mais sans pr
3. me trimestre 2011 llest vrai que ult rieurement l arr t attaqu du 27 mai 2010 le Conseil d tat avait apport l claircissement attendu quant la port e exacte de l adverbe notamment qui accompagne la seconde hypoth se d annulation mentionn e par la d cision Commune de B ziers et qui constitue la seule divergence entre la d cision et les conclusions du rapporteur public Pour Emmanuel Glaser il s agit d un notamment de pr caution justifi aux yeux de l assembl e du contentieux par le fait que l on ne sait jamais on ne peut en effet totalement exclure que se pr sentent des circonstances par exemple des man uvres ou des fraudes diverses qui justifient une annulation sans entrer strictement dans le second cas cit par la d cision Ce n est toutefois pas exactement cette interpr tation qu a retenu la jurisprudence ult rieure Compl tant le consid rant de principe de Commune de B ziers la d cision Manoukian du 12 janvier 2011 est venu pr ciser que lorsque le juge est saisi d un litige relatif l ex cution d un contrat les parties ce contrat ne peuvent invoquer un manquement aux r gles de passation ni le juge le relever d office aux fins d carter le contrat pour le r glement du litige que par exception il en va autrement lorsque eu gard d une part la gravit de l ill galit et d autre part aux circonstances dans lesquelles elle
4. a t commise le litige ne peut tre r gl sur le fondement de ce contrat Ainsi le Conseil d tat pose une r gle g n rale et une exception en principe les irr gularit s susceptibles de vicier la proc dure ne sont pas de nature imposer au juge d annuler ou d carter le contrat Il s agit l d une traduction juridictionnelle directe de l exigence de loyaut des relations contractuelles qui n est pas sans rappeler l adage selon lequel nul ne peut invoquer sa propre turpitude et que le juge administratif a d j eu l occasion d appliquer Mais comme tout principe 12 E Glaser Les habits neufs du juge du contrat AJDA 2011 p 310 13 CE 12 janvier 2011 Manoukian n 338551 AJDA 2011 p 71 AJCT 2011 p 129 obs A Burel CE 19 janvier 2011 Syndicat mixte pour le traitement des r sidus urbains n 332330 AJDA 2011 p 135 AJCT 2011 p 129 obs A Burel 14 CE 29 d cembre 1920 May Bing c Ministre de la guerre Lebon p 1159 CE 1 avril 1932 Sieur celui ci n est pas absolu Il c de lorsque la gravit de l ill galit et les circonstances dans lesquelles elle a t commise font obstacle l application du contrat En d autres termes uneill galit affectant les conditions de passation peut conduire le juge carter le contrat C est pourquoi mettant en pratique la m thodologie issue de sa d cision Manoukian le Conseil d tat casse
5. voir un nombre maximal 17 Cf L Richer Sur la tacite reconduction des march s publics AJDA 2001 p 219 18 CAA Paris 27 f vrier 2007 St La P riph rique et Commune de Maisons Alfort n 03PA04141 Contrats et march s publics mai 2007 comm 142 note J P Pietri 19 CE 23 f vrier 2005 Association pour la transparence et la moralit des march s publics n 264712 Lebon p 71 AJDA 2005 p 668 note J D Dreyfus Contrats et march s publics 2005 comm 107 note G Eckert Dr adm comm 62 note A M n m nis JCP A 2005 1151 note F Linditch 2 Conclusions D Casas BJCP 2005 p 187 RFDA 2005 p 483 Le Courrier Juridique des Finances et de l Industrie n 65 troisi me trimestre 2011 de reconductions En application de la jurisprudence Commune de Pa ta les reconductions constituaient bien des nouveaux contrats ill galement conclus sans mise en concurrence Pour autant en application de la jurisprudence Commune de B ziers et dans le souci de pr server la loyaut des relations contractuelles Bertrand Dacosta invitait le Conseil d tat juger qu un tel manquement aux r gles de passation ne pouvait pas tre invoqu par l une des parties dans le seul but de se soustraire ses engagements Il n a toutefois pas t suivi sur ce point par la formation de jugement qui a consid r que la conclusion d un contrat en application d une clause de tacite reconductio
6. Commande publique Les clauses de tacite reconduction et le juge du r f r provision Par Guillaume Delaloy CE 20avril 2011 Commune de Baie Mahault n 342850 La th orie de la nullit du contrat s efface derri re l exigence de loyaut des relations contractuelles Une application de la jurisprudence Commune de B ziers 1 30 La conclusion d un contrat public en application d une clause de tacite reconduction constitue une irr gularit qui eu gard sa gravit ne permet pas au juge du r f r provision de regarder l obligation qui d coulerait de ce contrat comme non s rieusement contestable sans qu il ait examiner les circonstances dans lesquelles cette irr gularit a t commise La clause de tacite reconduction agite une nouvelle fois le contentieux des contrats publics La difficult ne r side pas ici dans la question de savoir si une telle clause peut tre ins r e dans un march mais dans les cons quences de la conclusion d un contrat en application d une telle clause au regard du principe de loyaut des relations contractuelles Dans son arr t du 20 avril 2011 Commune de Baie Mahault le Conseil d tat fait en effet application de sa r cente jurisprudence Commune de B ziers dite B ziers 1 en cartant cette fois le contrat en cause En l esp ce la commune avait pass en 1991 un march de mobilier urbain pour la location de journaux lectronique
7. action indemnitaire 4 H Savoie concl sur CE sect 20 octobre 2000 Soci t Cit c ble Est n 196553 RFDA 2001 p 359 5 Par ex CE 1 juillet 2009 Compagnie des transports de La Roche sur Yon n 306756 AJDA 2009 p 1951 note J D Dreyfus 6 CE Ass 16 juillet 2007 St Tropic Travaux Signalisation Lebon p 360 concl Casas AJDA 2007 p 1577 chron F Lenica et J Boucher D 2007 p 2500 note D Capitant RDI 2007 p 429 obs J D Dreyfus RFDA 2007 p 696 concl D Casas CJEP 2007 p 327 note P Delvolv 7 CE 10 d cembre 2003 Institut de recherche pour le d veloppement Lebon p 501 AJDA 2004 p 394 note J D Dreyfus BJCP 2004 p 136 concl D Piveteau Le Courrier Juridique des Finances et de l Industrie n 65 troisi me trimestre 2011 31 Commande publique Dans le premier cas le juge dispose d une vaste tendue de pouvoirs Il peut soit d cider que la poursuite de l ex cution du contrat est possible sous r serve d une ventuelle r gularisation soit en prononcer la r siliation le cas ch ant avec effet diff r notamment pour pr server la continuit du service public soit enfin en dernier ressort en prononcer l annulation en raison seulement d une irr gularit invoqu e par une partie ou relev e d office par lui tenant au caract re illicite du contenu du contrat ou un vice d une particuli re gravit relatif notamment aux c
8. ation des clauses du contrat Cette solution confirme la m fiance de principe que t moigne depuis longtemps la jurisprudence administrative l gard des clauses de tacite reconduction Dans sa c l bre d cision Commune de Pa ta du 29 novembre 2000 la Haute juridiction pose en ces termes le principe de la nullit de ces clauses une clause de tacite reconduction d un contrat qui en raison de sa nature et de son montant ne peut tre pass qu apr s que les obligations de publicit et de mise en concurrence pr vues par la r glementation applicable ont t respect es a pour objet de permettre la passation d un nouveau contrat sans que soit respect es de telles obligations qu une telle clause ne peut tre que nulle de sorte qu un contrat pass en application de cette clause qui a t conclu selon une proc dure irr guli re est galement nul 16 CE 29 novembre 2000 Commune de Paita n 205143 Lebon p 573 Contrats et march s publics 2001 comm 37 obs F Llorens AJDA 2001 p 101 BJCP 2001 n 15 p 164 Dr adm 2001 comm 7 CJEG 2001 p 148 note P Subra de Bieusses Il en r sulte assez clairement que si une clause de tacite reconduction dans l hypoth se o elle est proscrite constitue uneillic it affectant le contenu du contrat le ou les contrats successifs conclus en application d une telle clause sont ill gaux en raison des conditions de leur passation
9. carter les dispositions du march en cause et de r gler le litige sur le fondement de l enrichissement sans cause Il semble toutefois que cette solution qui ne manque pas de surprendre au regard de la tendance r cente du juge privil gier le maintien du contrat malgr son irr gularit au nom de Le Courrier Juridique des Finances et de l Industrie n 65 troisi me trimestre 2011 Commande publique La disparition du contrat doit tre la sanction ultime Le juge du contrat ne peut annuler ou carter le contrat que dans deux hypoth ses l exigence de loyaut des relations contractuelles 1 ne se justifie qu en tant qu elle a t rendue dans le cadre d un r f r provision 2 1 Le principe de loyaut des relations contractuelles La d cision Commune de Baie Mahault reprend le consid rant de principe de l arr t Commune de B ziers par laquelle l assembl e du contentieux du Conseil d tat a profond ment renouvel l office du juge du contrat S attachant d sormais promouvoir un meilleur quilibre entre le respect du principe de l galit de l action administrative et la n cessaire loyaut qui doit pr sider aux relations contractuelles le juge s est lib r du joug de la nullit constat e du contrat pour se muer en gardien de la validit des engagements contractuels 1 1 De l action en nullit du contrat au recours en contestation de validit du contrat V ritabl
10. d e comme un vice d une gravit telle que le juge devait carter le contrat et que le litige qui opposait les parties ne devait pas tre r gl sur le terrain contractuel Par cette d cision le juge limite la jurisprudence Commune de Baie Mahault aux proc dures de r f r Alors que le juge du r f r provision confront un manquement aux r gles de passation ne doit examiner compte tenu de son office que le degr de gravit de l ill galit le Conseil d tat rappelle que le juge du contrat confront la m meill galit doit galement tenir compte des circonstances dans lesquelles celle ci a t commise Ces deux d cisions illustrent le processus de sophistication croissante qui anime le contentieux des contrats publics depuis quelques ann es L attitude diff rente un mois d intervalle du juge du r f r provision puis du juge du contrat face la mise en uvre d une clause de tacite reconduction montre quel point l exercice d quilibre entre la s curit juridique des relations contractuelles et le souci d assurer la l galit du contrat est devenu un art subtil Guillaume Delaloy Direction des affaires juridiques 2 CE Sect 23 mai 2011 D partement de la Guyane n 314715 JCP A 2011 act 440 27 F Llorens et P Soler Couteaux Le contentieux des contrats publics en mouvement Contrats et march s publics mars 2011 rep re 3 36
11. du recours ill gal la proc dure n goci e ou les irr gularit s tenant la dur e excessive du contrat et l existence d une clause de tacite reconduction au motif que de tels manquements qui se rattachent la proc dure de choix du cocontractant de l administration ne concernent ni le contenu du contrat ni les conditions dans lesquelles les parties ont donn leur consentement L exigence de loyaut des relations contractuelles faisait donc obstacle la mise l cart du contrat et justifiait d s lors un r glement du litige sur le terrain contractuel et l octroi d une provision car la cr ance de la soci t requ rante n tait alors pas s rieusement contestable ni dans son principe ni dans son montant Le juge de cassation reproche toutefois la cour d avoir commis une erreur de droit en jugeant que par principe une irr gularit entachant la proc dure de choix du cocontractant de l administration ne permet jamais d carter l application du contrat 11 CAA Bordeaux 27 mai 2010 Cne de Baie Mahault n 09BX01771 Le Courrier Juridique des Finances et de l Industrie n 65 troisi me trimestre 2011 Commande publique Le juge pr cise le mode d emploi de la jurisprudence B ziers 1 Tout manquement aux r gles de passation ne saurait par principe tre sans effet sur la solution du litige Le Courrier Juridique des Finances et de l Industrie n 65 troisi
12. e bouleversement jurisprudentiel la d cision Commune de B ziers consacre l abandon de l id e de nullit du contrat administratif au profit du pouvoir d annulation de ce contrat par le juge Selon la conception traditionnelle la nullit tait un tat du contrat pr existant l intervention du juge que ce dernier ne faisait que constater Dans cette logique le juge du contrat n avait aucune marge de man uvre la nullit s imposait lui chaque fois qu une irr gularit entachait le contrat ou les conditions dans lesquelles il avait t conclu Il tait d s lors tentant pour les parties de tirer profit de cette conception de l office du juge en invoquant par voie d action ou d exception l irr gularit entachant leur contrat afin d chapper leurs obligations contractuelles Le contrat irr gulier tait cart et s il avait donn lieu un commencement d ex cution la responsa bilit de l administration tait engag e soit pour enrichissement sans cause soit sur le plan quasi d lictuel 3 A Lallet et X Domino chron AJDA 2011 p 665 En outre la nullit du contrat tant d ordre public les cas n taient pas rares dans lesquels alors que les parties venaient devant le juge pour r gler un litige ponctuel relatif l ex cution de leur contrat dont elles n entendaient pas remettre en cause l existence ou la l galit d ensemble elles ressortaient du pr toire sans cont
13. e la clause de tacite reconduction contenue dans un contrat de d l gation de service public conclu ant rieurement la loi Sapin ne peut plus tre r guli rement mise en uvre post rieurement Le contrat r sultant de l application d une telle clause pr sente alors le caract re d un nouveau contrat dont la passation doit tre pr c d e d une proc dure de publicit et de mise en concurrence Mais s agissant des 2 C Bergeal et F Lenica Le contentieux des march s publics Le Moniteur 2 dition 2010 p 253 ets 23 CE 22 octobre 2008 Commune de Plestin les Gr ves n 309956 24 F Brenet Jurisprudence Commune de B ziers et r f r provision Dr adm juin 2001 comm 57 25 CE Sect 10 novembre 2010 Commune de Palavas les Flots et et Commune de Lattes n 314449 AJDA 2010 p 2416 chron D Botteghi et A Lallet Le Courrier Juridique des Finances et de l Industrie n 65 troisi me trimestre 2011 35 Commande publique cons quences en tirer au regard des principes de la jurisprudence Manoukian le juge pr cise que si ces reconductions constituent de nouvelles conventions qui ont t conclues en m connaissance de l obligation de mise en concurrence pr alable impos e par les dispositions de l article L 1411 1 du code g n ral des collectivit s territoriales il ne ressort d aucune pi ce du dossier que cette irr gularit puisse tre regar
14. l erreur de droit commise par la cour administrative d appel de Bordeaux qui a cart par principe l hypoth se au motif qu une irr gularit de proc dure quelle que soit sa gravit ne se rapporte ni au contenu du contrat ni aux conditions dans lesquelles les parties ont donn leur consentement La censure prononc e par la Haute juridiction n est ici que la cons quence du caract re r troactif de la jurisprudence qui commandait de v rifier si la gravit de cette irr gularit et les circonstances dans lesquelles elle a t commise n imposait pas d carter le contrat pour le r glement du litige Toutefois s il appartient au juge d appr cier les cons quences tirer d une irr gularit de proc dure les cas dans lesquels une telle irr gularit sera regard e comme de nature justifier que le contrat soit cart ou annul devraient tre exceptionnels Le Conseil d tat a par exemple jug que l inapplication par la personne publique des dispositions nationales et communautaires relatives aux march s publics et la m connaissance des principes g n raux relatifs la pr sentation des candidatures l attribution du march et au principe d galit entre les candidats au cours de la consultation ne sauraient tre regard s comme d une gravit telle que le juge doive carter le contrat Bagnolet Lebon p 432 CE 10 juillet 1946 Sieur Pommier Lebon 199 15 CE 12 jan
15. n constitue une irr gularit qui eu gard sa gravit et sans m me que le juge du r f r provision compte tenu de son office ait examiner les circonstances dans lesquelles elle a t commise justifie la mise l cart du contrat et ne permet donc pas de regarder l obligation qui en d coule comme tant non s rieusement contestable La provision finalement octroy e la soci t requ rante d un montant moiti moindre celle d cid e par les juges du fond a donc t accord e non pas sur le terrain contractuel mais sur celui de l enrichissement sans cause 2 2 Une solution qui semble justifi e par l office du juge du r f r provision Cette solution qui suscite la perplexit de certains commentateurs en ce qu elle parait contraire l importance accord e par la d cision Commune de B ziers la loyaut des relations contractuelles semble trouver sa justification dans l office du juge du r f r provision Aux termes de l article R 541 1 du code de justice administrative le juge des r f r s peut m me en l absence d une demande au fond accorder une provision au cr ancier qui l a saisi lorsque l existence de l obligation n est pas s rieusement contestable Le caract re s rieusement contestable ou non de la cr ance r sulte 21 Cf par ex E G Jurisprudence Commune de B ziers et reconduction tacite d un contrat Revue Lamy Collectivit
16. onditions dans lesquelles les parties ont donn leur consentement Dans le second cas c est dire lorsque le juge est saisi d un litige n de l ex cution du contrat il doit en principe rester dans le cadre contractuel Il ne peut s en carter pour r gler le litige sur les terrains de la responsabilit quasi contractuelle ou quasi d lictuelle que dans les deux hypoth ses qui justifient l annulation du contrat Celles ci ne sont pas sans rappeler les conditions de validit des contrats telles qu elles sont pos es l article 1108 du code civil et mises en uvre par le juge administratif Encore faut il hors le cas des irr gularit s touchant au caract reillicite du contrat que le vice en question soit d une particuli re gravit Ainsi dans sa d cision Commune de B ziers le juge a consid r que l absence de transmission de la d lib ration autorisant le maire signer un contrat avant la date laquelle le maire proc de sa signature qui constitue un vice affectant les conditions dans lesquelles les parties ont donn leur consentement n est pas elle seule d une gravit telle qu elle entra ne l annulation du contrat Retenir la nullit d un march sans s interroger sur la gravit du vice qui la sous tend constitue m me une erreur de droit 8 Article 1108 du code civil Quatre conditions sont essentielles pour la validit d une convention le consentemen
17. r provision a fait droit partiellement ces deux demandes et l appel form par la commune contre les deux ordonnances de r f r a t rejet par la cour administrative d appel de Bordeaux au motif que l exigence de loyaut des relations contractuelles faisait obstacle la mise l cart du contrat et justifiait d s lors un r glement du litige sur le terrain contractuel Le Conseil d tat saisi du pourvoi devait donc d terminer si la mise en uvre d une clause de tacite reconduction constitue une irr gularit d une gravit suffisante pour que le juge saisi d un litige contractuel carte l application du march Apr s avoir rappel que les parties un contrat ne peuvent en principe invoquer devant le juge du contrat un manquement aux r gles de passation aux fins d carter le contrat pour le r glement du litige la Haute juridiction juge que l irr gularit tenant la conclusion du contrat en application d une clause de tacite reconduction eu gard sa gravit et sans m me que le juge du r f r provision compte tenu de son office ait examiner les circonstances dans lesquelles elle a t commise ne permet pas de regarder l obligation qui d coulerait de ce contrat comme non s rieusement contestable Ainsi pour la premi re fois les juges du Palais Royal identifient un manquement aux r gles de passation des contrats publics suffisamment grave pour imposer au juge d
18. rat Ce coup de tonnerre dans un ciel contractuel serein pouvait galement foudroyer l int gralit d un contrat dont l une des parties ne souhaitait faire constater que la nullit d une clauses Le Conseil d tat suivant les conclusions de son rapporteur public Emmanuel Glaser a entendu mettre fin cette logique au profit d une autre selon laquelle la sanction de l ill galit n est plus n cessairement la disparition du contrat Dans la continuit du recours en contestation de validit ouvert aux concurrents vinc s par la d cision Tropic Tavaux Signalisation elle m me inspir e de la jurisprudence Institut de recherche pour le d veloppement relative aux cons quences tirer de l annulation d un acte d tachable du contrat la Haute juridiction renouvelle l office du juge du contrat En affirmant le principe de loyaut des relations contractuelles et en posant comme objectif leur stabilit elle invite le juge moduler la sanction de l irr gularit constat e en fonction de son importance et de ses cons quences La disparition du contrat doit tre la sanction ultime c est dire celle que prononce le juge face aux irr gularit s les plus graves La d cision distingue l office du juge selon qu il est saisi par l une des parties d une action directe contre le contrat qu il ne faut plus d sormais qualifier d action en nullit mais d action en annulation ou d une
19. s d information Ce march sign pour une dur e de dix ans au terme d une proc dure n goci e sans mise en concurrence avait t reconduit en 2001 puis en 2006 en application d une clause de tacite reconduction alors m me que la commune refusait d honorer les factures depuis 1993 Saisi par la soci t cocontractante d une demande tendant ce que la collectivit soit condamn e lui verser les sommes dues en ex cution du contrat le tribunal administratif de Basse Terre lui a donn satisfaction pour la p riode allant de 1993 2007 Parall lement la soci t a saisi le juge des r f r s de deux demandes successives de versement de provisions correspondant d une part l ex cution de prestations durant le second semestre 2008 et d autre part une facture impay e et 1 CE Ass 28 d cembre 2009 Commune de B ziers n 304802 AJDA 2010 p 142 chron D Botteghi et S J Li ber Contrats et march s publics 2010 comm 123 note P Rees JCP A 2010 2072 note F Linditch RDI 2010 p 265 note R Noguellou RFDA 2010 p 506 concl E Glaser note D Pouyaud RJEP 2010 comm 30 note J Gourdou et P Terneyre 2 Pour la distinguer de la d cision du 21 mars 2011 Commune de B ziers n 304806 dite B ziers 2 galement comment e dans cette revue p 51 la r paration du pr judice caus par la r siliation du contrat finalement intervenue en 2009 Le juge du r f
20. s territoriales juin 2011 p 39 Commande publique d une appr ciation au cas par cas Le juge doit examiner les motifs de fait et de droit en litige pour d terminer si l obligation est ou non s rieusement contestable 2 Toutefois d s lors que la question de droit pr sente une difficult s rieuse la cr ance ne saurait avoir le caract re d obligation non s rieusement contestable Comme le rappelle Fran ois Brenet si l exercice de ce r f r n est pas conditionn par l urgence le juge des r f r est appel statuer seul au terme d une proc dure all g e et dans les meilleurs d lais Son office ne lui impose donc pas et ne lui permet d ailleurs pas comme l indique le Conseil d tat dans l arr t comment d examiner les conditions dans lesquelles le contrat a t conclu Au contraire le juge du fond est tenu de proc der un tel examen Cela lui permet de mieux prendre en compte les exigences de loyaut des relations contractuelles comme l illustre la d cision de Section D partement de la Guyane rendue juste un mois apr s l arr t Commune de Baie Mahault En l esp ce le d partement de la Guyane avait avant l entr e en vigueur de la loi Sapin conclu une convention de d l gation de service public tacitement reconduite depuis 1994 conform ment aux stipulations du contrat Saisie d un litige concernant son application la Haute juridiction confirme tout d abord qu
21. t de la partie qui s oblige sa capacit contracte un objet certain qui forme la mati re de l engagement une clause licite dans l obligation Sur cette question voir notamment B Plessix L utilisation du droit civil dans l laboration du droit administratif LGDJ 2003 10 CE 31 mai 2010 Ct d agglom ration Vichy Val d Allier n 329483 AJDA 2010 p 1117 Dans ce nouveau sch ma les vices affectant non pas le contenu du contrat ou le consentement des parties mais la proc dure de passation ne sauraient en principe suffire conduire le juge carter le contrat 1 2 Les manquements aux r gles de passation n emp chent pas l ex cution du contrat La d cision Commune de B ziers n avait pas r gl la question du sort r server aux irr gularit s entachant le processus de passation d un contrat administratif Demeurait enti re la question de savoir si un manquement aux r gles de proc dure prescrites par les textes justifierait la mise l cart du contrat pour le r glement du litige se rapportant son ex cution ou au contraire son maintien au nom de l exigence de loyaut des relations contractuelles Dans l affaire comment e le juge d appel avait clairement pris parti en faveur de la seconde solution Reprenant le consid rant de principe de la d cision Commune de B ziers il avait relev tout d abord que la commune ne pouvait pas invoquer le moyen tir
22. vier 2011 Soci t des autoroutes du nord et de l est de la France n 332136 AJDA 2011 p 72 33 Commande publique Un contrat pass en application d une clause de reconduction tacite est conclu selon une proc dure irr guli re Il n appartient pas au juge du r f r provision de statuer sur le caract re s rieusement contestable d une cr ance au regard des circonstances dans lesquelles l ill galit a t commise 34 2 L absence ill gale de mise en concurrence fait chec l appli cation des stipulations contrac tuelles par le juge du r f r provision L int r t de la d cision Commune de Baie Mahault r side justement dans le fait que pour la premi re fois le Conseil d tat fait jouer l exception la jurisprudence Commune de B ziers telle que pr cis e par la d cision Manoukian en jugeant que l absence ill gale de mise en concurrence qui r sulte de la mise en uvre d une clause de tacite reconduction est d une gravit telle que le juge du r f r provision doive consid rer que l obligation financi re d coulant du contrat est s rieusement contestable 2 1 La d fiance du juge l gard des clauses de tacite reconduction Pour le Conseil d tat l irr gularit tenant la conclusion du contrat en application d une clause de tacite reconduction fait obstacle eu gard sa gravit au versement d une provision d termin e en applic
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