1 Quand le politique parle du territoire, c`est pour le - ESO
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1. re Si on peut admettre des contours flous d s qu on voque le politique comme c est le cas ici le trait se pose sur la carte on trace la limite on construit un p rim tre Pour le politique la norme est territoriale continue contigu d limit e Les territoires du politique ne souffrent pas d incertitudes et la l gislation r cente le confirme voire le renforce La loi du 12 juillet 1999 cr e des communaut s d agglom rations d un seul tenant et sans enclave cette m me expression est ajout e au chapitre concernant les communaut s de communes cr es par la loi ATR de 1992 Cette continuit est galement obligatoire pour les p rim tres de SCOT depuis la loi SRU du 13 d cembre 2000 et il est stipul que les contrats d agglom ration pr vus par la LOADDT du 25 juin 1999 doivent avoir un p rim tre pertinent autant dire qu ils ne supportent pas la discontinuit On est dans la petite fabrique des territoires voqu e par M Vanier 1995 et on voit l uvre la pr gnance de ce que M Lussault appelle le mod le territorial L vy J Lussault M 2003 Mais quel sens ont ces territoires Sont ils autre chose que des constructions virtuelles au mieux au pire des reconstructions fond es sur l espace v cu d une soci t pass e qui hante les repr sentations nostalgiques de la soci t pr sente Notre soci t que certains disent postmoderne d autres surmoderne voire hypermoderne2. re de ces valeurs partag es est le sentiment d appartenance un ensemble La coh sion est informelle car difficilement palpable et repose autant sur l affectif sur les liens sociaux que sur un patrimoine partag exceptionnel mais si naturel si quotidien qu il tend en tre oubli et une histoire omnipr sente Etre du P rigord Noir signifie que l on est diff rent de ce qui est ext rieur dans des limites g ographiques identifi es Diagnostic territorial du pays du P rigord Noir p 21 L impression qui se d gage de ce passage est trange on dirait que l objectif des acteurs qui r alisent ce diagnostic consiste r v ler aux habitants qu ils appartiennent cet ensemble Or sans conscience l appartenance est vide de sens La r v lation est donc une proph tie dont les leviers si on excepte l instance conomique peu valoris e mais tr s pr sente dans la composition des commissions et tr s repr sent e dans le monde politique sont ceux des instances de la FSS Cette derni re est donc une bonne cl pour aborder le discours territorial m me s il faut aller un peu plus loin pour valuer sa capacit tester la performativit de ce discours travers cet exemple on voit appara tre galement une vertu p dagogique de la FSS C est clairement un outil qui permet un tudiant avanc d aborder la complexit du monde de fa on raisonn e et ordonn e Au moment o on se questionne sur l utilit d
3. matiques du concours des PTT du jeu des mille francs et de l image du savoir g ographique Cette conjonction de discours a peu peu donn une image au d coupage int rieur de la France M Roncayolo 1997 pr cise m me que la connaissance accumul e sur les pays et provinces de France celle qui se veulent historiques et arment aujourd hui les discours sur les Pays a t rendue en partie possible par la structuration des soci t s savantes dans le cadre d partemental Ce patient et minutieux travail s est doubl d un discours de construction plus classique qui reprend ce que l on peut entendre sur la r gion Ce fut d abord partir des ann es 1970 les proc dures pour changer de noms d j dans un souci 5 d image Ainsi les Pyr n es ne sont plus basses mais Atlantiques la C te n est plus du Nord mais d Armor et le Gers attend toujours d tre transform en Gascogne pour retrouver un nom de pays La d centralisation n a fait que renforcer cette tendance L paisseur historique attribue au d partement une l gitimit plus grande aupr s des populations qui connaissent g n ralement assez bien leur d partement et ses limites L instance id ologique accompagne donc l instance politique dans la production d un discours construisant ce territoire L unit g ographique fait souvent d faut du fait d un d coupage parfois un peu arbitraire ce qui n emp che pas le discours d utiliser i
4. ou ultramoderne en tout cas diff rente mobile changeante individualiste impose de nouvelles modalit s de rapports spatiaux que la seule figure du territoire nous permet difficilement de comprendre L importance accord e au sujet ou aux tribus dessine des territorialit s nomades comme le disait X Piolle d s la fin des ann es 1980 Le rapport l espace des individus fonctionne aujourd hui sur une m trique plus topologique que topographique La maille se distend la vie m me quotidienne des individus se concentre dans des n uds qui finissent par dessiner des archipels de lieux reli s par des arcs circulatoires sur lesquels les individus anonymes et impatients enferm s dans leur bulle individuelle ou connect s leur sph re intime par leur t l phone portable attendent d arriver destination Alors le r seau ne devient il pas une figure pertinente pour lire notre rapport l espace Mais en m me temps un des paradoxes de cette soci t ne r side t il pas dans le fait que si nos pieds nos pratiques spatiales dessinent des r seaux nos t tes nos repr sentations sociales se nourrissent avec les racines nostalgiques du territoire La construction territoriale men e par le politique n est elle pas un message destin avant tout aux repr sentations que se font les individus de leur propre territorialit On comprend mieux alors le recours peut tre d mesur l image et aux discours incantatoires re
5. outils Le territoire n a t il pas trop marqu son histoire pour qu elle autorise une lecture encore plus complexe En formatant sa recherche sur la continuit territoriale la g ographie sociale n a t elle pas d une part limit une lecture plus complexe m lant territoire et r seau jouant continuit et discontinuit visible et invisible et d autre part particip l autor alisation des proph ties territoriales en marche De multiples 5 On trouve tout de m me certaines r f rences au tourisme et la gastronomie ainsi qu au pass industriel du terrassonnais approches tentent aujourd hui cette complexit certaines se r clament de la g ographie sociale d autres s en distinguent en pr textant qu il s agit l de La G ographie sans besoin de la qualifier Nous sommes pr ts adh rer cette globalisation plonger dans une g ographie unifi e mais tout le monde accepte t il de franchir ce pas Quels seront les lieux o il faudra se dire g ographe social pour tre compris et par l m me catalogu Quels seront ceux o louverture laissera la place cette g ographie totale que l on appelle de nos v ux Nous voulons prendre le pari que l on va vers une globalisation et dans ce cadre l le projet de la g ographie sociale n est il pas l inscription de ce mouvement dans l histoire de la discipline g ographique afin de montrer comment il participe de son pist mologjie avant de le di
6. Quand le politique parle du territoire c est pour le fabriquer utilit scientifique et vertus p dagogiques de la g ographie sociale pour comprendre la relation du politique l espace Fr d ric Tesson ma tre de conf rences universit de Bordeaux 3 Le tr s stimulant dictionnaire de la g ographie et de l espace des soci t s L vy J Lussault M 2003 qui constitue aujourd hui une r f rence incontournable donne la parole trois auteurs tr s diff rents pour d finir le mot territoire Parmi eux J L vy qui se charge de la d finition vocation la plus large ne donne pas moins de neuf acceptions ou dimensions distinctes ou plus ou moins li es Cette difficult d finir de fa on univoque ce terme confirme en fait son caract re incontournable dans notre science et son usage d brid dans le monde D un autre c t la relation entre le territoire et la g ographie sociale a toujours t troite au point de pousser G Di M o crire un ouvrage entier sur ce lien fusionnel G Di M o 1998 Un territoire conceptualis qui constitue une figure de l espace et donc du rapport soci t espace fond e sur une m trique topographique pour reprendre les termes de J L vy mais auquel il est difficile de ne pas adjoindre pour suivre G Di M o l effet d appropriation sociale l paisseur historique et l effet d alt rit entre un dedans et un dehors de part et d autre d une limite d une fronti
7. comme pris en tenaille entre les pays consid r s comme plus authentiques et les r gions chelle plus moderne de la vie conomique et sociale M Roncayolo 1997 p 2961 Et M Roncayolo de poursuivre en voquant le r le jou par P Vidal de La Blache en personne Il explique comment dans les projets de lois contemporains de la premi re guerre il est litt ralement appel la rescousse comme d fenseur des arrondissements plus proches des pays contre l organisation d partementale M Roncayolo 1997 p 2962 Sans cesse attaqu par la suite et jusqu aujourd hui clairement vis par la politique des pays ou du moins par la lecture faite par certains acteurs locaux le d partement existe encore et peut tre plus que jamais Le fait m me que P Nora ait confi M Roncayolo 1997 la r daction d un chapitre des lieux de m moire sur cette entit atteste de sa solide implantation dans les esprits On peut voir dans cette existence envers et contre tous la marque d un patient travail de construction de la part des conseillers g n raux dans leur canton Fond sur les notables locaux comme l a bien d montr P Gr mion 1976 le d partement s est peu peu construit en l gitimit Appris l cole les num ros de plaque min ralogique ont agr ment les voyages travers la France de tous les enfants les pr fectures et sous pr fectures sont longtemps rest es embl
8. e l association entre le conseil r gional et la gestion des affaires du d partement Dans ce m me sondage on voyait un d faut d image du pr sident de la r gion qui il est vrai n a pas une dimension nationale On peut r torquer que ce type d interview n a pas de pertinence scientifique mais il est tout de m me symptomatique que ce reportage ait inaugur le premier d bat t l vis de la campagne entre les candidats D autant que pour m moire Alain Rousset pr sident sortant affrontait Fran ois Bayrou et Xavier Darcos qui figurent tous les deux sur la sc ne nationale De fait l aquitaine n a pas de r alit au regard des pratiques de l espace de ses habitants ce n est d ailleurs pas tr s grave pour les missions qui sont assign es la R gion Mais le discours politique ne cesse de marteler qu il faut que les aquitains se sentent aquitains et pratiquent l Aquitaine Pour parvenir cet objectif des campagnes de publicit s intelligemment construites sur la diversit des paysages et la vari t des cultures que peuvent elles pr senter d autres ont fleuri partout sur les murs Qu on les retrouve Paris dans une logique de promotion classique d un territoire sur le lieu du march touristique potentiel peut sembler normal mais qu elles fleurissent partout en aquitaine t moigne selon nous d une volont de marketing interne peut tre plus crucial aujourd hui dans la logique de la construction territ
9. e la g ographie et plus pr cis ment ici sur l utilit de la g ographie sociale trouver un outil qui permette de comprendre le monde dans sa complexit en m nageant la nuance n est pas le moindre des avantages Si un tudiant issu d un cursus universitaire de g ographie a compris et s est appropri cet outil il portera un regard sur le monde qui lui permettra on peut l esp rer d tre un citoyen responsable d faut de donner aux tudiants un m tier puisque tel est souvent le d bat cet objectif assign la g ographie en g n ral et la g ographie sociale en particulier est la fois humble et ambitieux et nous semble tre un projet respectable Pour conclure La g ographie sociale permet elle de penser l espace sans le territoire A l image des acteurs politiques pour lesquels le mod le territorial est pr gnant la g ographie sociale semble en revanche montrer quelques limites pour penser le lien entre espace et soci t travers d autres figures que le territoire Pourtant l enjeu n est il pas aussi d aider un agir spatial alternatif la construction territoriale plus proche des pratiques spatiales plus circulatoires des individus socialis s Dans cet esprit l la g ographie sociale dont la vocation est galement de provoquer l mancipation de d construire les cat gories qui permettent de penser l espace et la soci t ne se trouve t elle pas pris au pi ge de ses propres
10. e th orie et de m thode sociologique Paris Armand Colin dition am ricaine 1953 traduction et adaptation Mendras H 1965 384 p Ortiz Laure 1994 Espace et efficacit de l action le mythe de l optimum dimensionnel in e renouveau de l am nagement du territoire en France et en Europe dir J CI N mery Paris Economica p 183 200 Ozouf Marignier Marie Vic 1992 La formation des d partements la repr sentation du territoire fran ais la fin du XVIII si cle Paris EHESS p Piolle Xavier 1990 91 Proximit g ographique et lien social l Espace g ographique n 4 Roncayolo Marcel 1997 Le d partement in Les lieux de m moire Nora P dir Paris Gallimard Coll Quarto tome 2 p 2937 2974 Soubeyran Olivier 2004 Postface tautologie effet g ographique fabrication des comportements attendus in L effet g ographique construction sociale appr hension cognitive et configuration mat rielle des objets g ographiques 9 Bernard Debarbieux et Marie Christine Fourny dir Grenoble CNRS MSH Alpes p241 246 Staszak Jean Fran ois 2000 Proph ties autor alisatrices et g ographie L Espace g ographique n 2 pp 105 119 Tesson Fr d ric 2000 R seau de villes in a ville et l urbain l tat des savoirs S Body Gendrot M Lussault et Th Paquot dir Paris la D couverte pp 255 264 This Isabelle 1994 La construction d un concept des proph ties aut
11. es mais bien construire partir de rien ou plut t partir d une image restrictive ce qui est peut tre pire Le diagnostic territorial tabli par le conseil de d veloppement pr alablement la signature de la charte ne d roge pas la classique l gitimation historique selon le principe du plus on peut remonter loin dans l histoire plus on a de sens qui donne de l paisseur au territoire et autorise l appropriation et l enracinement dans la sph re id ologique C est ainsi qu on apprend que le P rigord Noir est le plus ancien des Pays qui composent la Dordogne actuelle avec le P rigord Blanc On trouve mention crite de cette appellation en 1702 La r f rence au couvert forestier pour justifier l appellation noir permet de renvoyer la dimension paysag re et non plus strictement g ographique ce qui permettra par la suite d int grer l extension du p rim tre sans trop de difficult Cette r f rence paysag re et les multiples cartes propos es dans le diagnostic mobilisent l instance g ographique Gastilleur Aude 2004 Le pays du P rigord Noir mise en sc ne de la petite fabrique des territoires TER de ma trise universit de Bordeaux 3 Le diagnostic est particuli rement difiant sur la question de l appartenance et du sentiment d appartenance des habitants Il est dit en substance que le sentiment existe m me si les habitants ne s en rendent pas compte La premi
12. ignent de l efficacit de la proph tie nous nous attarderons ici sur le cas du d partement 2 Le d partement la lente construction territoriale d un objet g ographique incongru Le cas du d partement est particuli rement int ressant pour illustrer ce double jeu voqu dans le point pr c dent Il s agit d un d coupage dont l origine se veut totalement administrative dans toute la froideur du terme Cette origine r volutionnaire fond e sur le principe d galit et sur la n gation des identit s infra nationales fait de cet objet une exception remarquable dans le paysage des d coupages fran ais En effet m me si M V Ozouf Marignier 1992 a bien montr que les n gociations ayant abouti au d coupage d partemental ont respect beaucoup plus de donn es culturelles et sociales que la froideur du contexte ne le laissait pr sager le d partement a toujours v hicul cette image technocratique d un d coupage impos par le haut Notre int r t pour le d partement vient aussi du fait qu il subit r guli rement les assauts de ses pourfendeurs Les presses universitaires de Rennes se sont d ailleurs r cemment fait l cho de ce plaidoyer anti d partementaliste en donnant une tribune L Laurent 2002 avec son ouvrage au titre vocateur et provocateur la fin des d partements le recours aux pays Cette cabale ne date d ailleurs pas d hier puisque P Foncin d s 1898 pr sentait le d partement
13. les acteurs conomiques locaux repr sentatifs dans la construction du territoire semble tre une garantie d adh sion de l instance conomique au projet de territoire Associer les associatifs la d marche permet galement d enclencher le processus d appropriation du projet par les citoyens les plus engag s De fait cette association m me si l instance politique politicienne reste dans ce cas l en retrait entra ne la construction d un discours tr s riche en sens sur le territoire Ce discours est d autant plus int ressant tudier que le p rim tre d tude du Pays n est pas un donn g ographique vident mais constitue bien un espace construire et que cette construction fait r f rence toutes les instances de FSS La confusion entre territoire d j en marche et territoire en construction commence d s le nom Le P rigord Noir est en effet d j une appellation usit e d une part par le Pays touristique autour de Sarlat d autre part dans le langage courant pour d signer le P rigord truffier et forestier Or le Pays du P rigord Noir dans son p rim tre d tude d passe assez largement ces limites pour inclure en son sein des espaces aussi diff rents que le canton de Hautefort tout au Nord les cantons industriels de Thenon et de Terrasson le long de la RN89 et de la future autoroute A89 et celui de Villefranche de P rigord tr s agricole et en d prise au Sud du Pays Ces limites ne sont donc pas donn
14. lus des vertus p dagogiques ind niables pour former les tudiants avanc s se mettre au d fi de la complexit du monde Cette contribution fait essentiellement tat de chantiers de recherche pour la plupart encore l tat d hypoth ses c est pourquoi on a choisi de construire ce texte autour de trois grandes hypoth ses et de terminer par une question Notre seule ambition est de soulever quelques questions relativement la capacit de renouvellement de la g ographie sociale 1 Il est vain de chercher une ad quation entre territoire politique construit et pratique de l espace par les individus Cette premi re hypoth se semblait pourtant avoir t r solue notamment par L Ortiz 1994 qui avait d montr le caract re mythique de la qu te d un optimum dimensionnel qui enfermerait les pratiques des habitants dans toutes les fonctions et toutes les poques de leur vie ainsi que les pratiques des entreprises le tout b ni par l histoire Mais dix ans ont pass et force est de constater que le discours ambiant continue faire miroiter la pertinence de cette qu te Ce discours s entend surtout dans le cadre institutionnel tous les tages du pouvoir pour donner aux territoires qui se construisent une l gitimit relativement aux 1 On renverra J F Staszak 2000 pour la pr sentation du concept et I This 1994 pour sa critique Ces deux auteurs nous poussent adopter comme eux l expression pr
15. m Bayonne Biarritz Gu tarry Pau Saint Jean de Luz pour le d partement Dax Hossegor Arcachon pour l Aquitaine baln aire Bordeaux Toulouse les capitales locales deux Paris La Rochelle N mes en r f rence la tauromachie Montpellier autre capitale du Sud territoires il entre g n ralement dans sa recherche avec cet outil On s appuiera ici sur une recherche r cente qui a mis en sc ne cet outil non pas pour valuer la pertinence d un territoire mais pour tester le discours qui vise le construire Cet usage quelque peu d tourn de la FSS se r v le d une remarquable efficacit tant les leviers sur lesquels s appuie le discours politique pousent les instances de la FSS Sans aller au fond de la d monstration on peut mettre en sc ne ce travail pour illustrer ce propos Le travail de recherche r alis sur le Pays du P rigord Noir montre de fa on remarquable le travail de construction territoriale Cette proph tie cr atrice en marche est servie par les outils mis la disposition du pays notamment le conseil de d veloppement Ce dernier compos d acteurs du monde associatif et conomique est en charge du diagnostic territorial La m thode d accompagnement choisie par le bureau d tude est particuli rement int ressante pour notre propos puisqu il s agit d organiser la rencontre et d encourager l appropriation du territoire et des enjeux du pays par les membres des commissions Investir
16. marquablement d construits par M Lussault 1992 et 1998 On se situe donc la fois dans le discours performatif de J L Austin 1991 et dans la proph tie autor alisatrice de R K Merton 1997 1953 On assiste un marketing territorial vocation interne totalement relay par les outils mis en place par le l gislateur Le conseil de d veloppement des agglom rations et des pays n est il pas en effet un remarquable outil pour v hiculer l id e du territoire dans la soci t civile qui le compose L enjeu pour le politique semble moins dans un premier temps de modifier les pratiques des habitants que de leur faire prendre conscience de cette nouvelle virtualit que repr sente ce nouveau territoire De fait peu importe finalement si le territoire construit est en ad quation avec les espaces de vie de ceux qui l habitent il s agit simplement de faire int grer aux gens l existence de ce nouveau territoire virtuel de r f rence de l inscrire petit petit dans leur espace v cu L exercice propos aujourd hui au g ographe peut consister aussi tester la performativit du discours politique en fait sa capacit r aliser la proph tie qu il nonce Dans cette perspective les outils forg s par la g ographie sociale peuvent tre utiles La Formation Socio Spatiale FSS consid r e ici comme un outil de lecture du discours politique semble m me particuli rement pertinente Elle rev t de p
17. nstrumentaliser largement la g ographie dans les images produites Le slogan du conseil g n ral des Pyr n es Atlantiques ici les Pyr n es sont atlantiques illustre bien l usage que le politique peut faire de la g ographie quand bien m me celle ci nourrirait le paradoxe Il reste l instance conomique g n ralement peu productrice de discours sur le territoire et a fortiori sur un territoire institutionnel comme le d partement Pourtant on voit poindre quelques pr misses d une instrumentalisation du d partement des fins conomiques travers des marques de v tements vocation identitaires Une marque de v tement n e en 1997 dans les Pyr n es Atlantiques a choisi un nom en forme de symbole 64 Certes l argumentaire concernant l histoire de cette marque au succ s foudroyant pr sente une approche tr s c te basque mais en fait tout le d partement semble se raccrocher ce logo En plus de porter le T shirt ou la chemise on colle sur les voitures le petit ou le gros autocollant surtout lorsqu elles sont immatricul es dans les Landes pour les p riurbains bayonnais qui habitent du mauvais c t de l Adour ou en Gironde voire en r gion parisienne pour tous les exil s dans les capitales r gionale ou nationale Se sont d ores et d j 15 boutiques en France dans des lieux toujours strat giques qui en disent beaucoup sur l identit construite Et le concept fait cole puisqu on voi
18. ommunication pour r v ler aux habitants eux m mes qu ils pratiquent ce territoire en construction C est cette mise en discours que nous lisons travers le prisme de la proph tie autor alisatrice de R K Merton 1997 1953 Ce concept peut para tre magique la hauteur de l alchimie qui transforme le faux en vrai par le simple fait d un nonc et par l m me il faut tre prudent dans son utilisation comme le rappelle justement J F Staszak 2000 Pourtant il semble bien qu il soit op ratoire ici tant il s agit de cr er quelque chose qui n existe pas dont ceux qui le vivent n ont pas la conscience par l interm diaire d un discours incantatoire et proph tique Certes ce ne sont pas forc ment les comportements les pratiques des habitants qui sont modifi es par la simple vocation de l existence virtuelle de ces nouveaux territoires mais leurs repr sentations qui finissent par cr er la chose dite Le discours est performatif car le politique le pouvoir de d limiter le territoire et d annoncer sa naissance Mais au de l il veut cr er la conscience de ce territoire L association de la performativit et de l autor alisation est int ressante dans la mesure o elle associe le fait de d couper et le fait de donner un sens au d coupage C est pour 4 cela que nous pensons que les proph ties territoriales ont une vocation d autor alisation On peut voquer plusieurs exemples qui t mo
19. oph tie autor alisatrice pour traduire self fulfilling prophecy alors que la traduction propos e par H Mendras tait pr diction cr atrice On pourrait discuter du choix car si on peut rapprocher les th ories de R K Merton de celles d velopp es dans le coll ge invisible de Palo Alto les traducteurs de P Watzlawick 1996 1981 parlent de pr dictions qui se v rifient d elles m mes p 109 J F Staszak 2000 dans une note de son article explique que lui aussi adopte cette traduction pour s inscrire dans la continuit des sociologues qui ont repris le concept tout en m nageant les m mes r serves pratiques des habitants qui serait la seule susceptible de conduire une appropriation un sentiment d appartenance 11 Cherchez le territoire et construisez le Une injonction de l Etat C est d abord l Etat par l interm diaire d une l gislation renouvel e depuis 1995 et surtout 1999 qui fait de la qu te du territoire une priorit pour les lus locaux Concernant le pays d abord l article 22 de la LOADDT de 1995 modifi e en 1999 stipule que lorsqu un territoire pr sente une coh sion g ographique culturelle conomique ou sociale l chelle d un bassin de vie ou d emploi les communes ou EPCI qui le composent ont vocation se regrouper en pays Il existerait donc un ordre naturel d terminant des coh rences sur lesquelles tout le monde est pr t s accorder On n
20. or alisatrices de R K Merton au concept g n ral d autor alisation Economies et soci t s n 19 4 1994 p161 199 Vanier Martin 1995 La petite fabrique de territoires en Rh ne Alpes acteurs mythes et pratiques Revue g ographique de Lyon Vol 70 n 2 p 93 114
21. oriale D un autre c t la nouvelle comp tence concernant les trains express r gionaux TER permet l instance r gionale d agir sinon sur la demande de d placement du moins sur l offre Pour finir la d cision maintes fois repouss e de relier enfin Bordeaux et Pau par une autoroute accompagne ce mouvement d accroissement d une pratique potentielle de l espace r gional Il serait vain aujourd hui de chercher une ad quation entre les pratiques de l espace et le territoire r gional tout le monde en convient mais dans une soci t o la potentialit d action a supplant la volont elle m me cette ouverture du champ des possibles dessine peut tre les contours d une conscience r gionale future Le second cas de figure concerne les territoires construire qui cherchent dans les pratiques quotidiennes le terreau de leur r ussite On trouve ici toutes les constructions r centes notamment les EPCI qui pr sentent les pratiques des habitants comme la raison ultime de leur association alors qu il s agit surtout de trouver la capacit de portage politique du projet pour reprendre l expression du classeur agglo mode d emploi mis en ligne sur le site de la DATAR en 2001 De fait alors que l alliance concerne ce qui est acceptable politiquement et ou financi rement par les lus le discours repose sur l ad quation du p rim tre de l EPCI un espace de pratiques quotidiennes S engage alors un travail de c
22. otera que l emploi de la conjonction ou pour coordonner les termes qualifiant la coh sion ouvre un large champ des possibles en termes de p rim tres qui peut s av rer vertigineux Ce n est pas le moindre des paradoxes ce n est pas non plus le seul On note galement que la loi ne pr cise pas si le pays doit constituer un territoire continu Mais sur cette question qui nous semble cruciale du fait du fonctionnement m me de la soci t le guide des pays publi par la DATAR stipule que les pays ne sauraient tre constitu s d ilots de territoires sans liens les uns avec les autres DATAR 2004 p 5 L emploi ici du verbe savoir dans une construction n gative montre bien que si on peut imaginer des pays discontinus on ne sait pas les faire Le lien est uniquement mat riel et fusionnel et on r fute m me au r seau technique la capacit tablir ce lien dans la discontinuit Pour ce qui est des agglom rations le contrat d agglom ration pr vu par la LAODDT dans sa mouture de 1999 repose aussi sur le mythe d un optimum dimensionnel Celui ci est calqu cette fois sur laire urbaine La d finition de cette expression statistique s appuie sur la mobilit li e l emploi 40 de mouvement pendulaires pour les communes p riurbaines qui ne refl te que tr s imparfaitement les mobilit s globales En effet elle n glige en les englobant les mouvements de p riph ries p riph ries qui dessinent
23. pourtant des pratiques de l espace tr s sp cifiques peu fond es sur la continuit spatiale et construisant peu de sentiment d appartenance Ces quelques l ments tendent montrer que depuis les instances englobantes et normatives de l Etat le mythe d un territoire local aux dimensions id ales et coh rentes op re articul autour des bassins d emploi ou de vie devenus des Pays et des aires urbaines devenues des agglom ration potentiellement contractantes On peut m me ajouter que si la logique est respect e dans ce sch ma id al les premiers vont englober les secondes mais la loi Urbanisme et Habitat de juillet 2003 a mis fin au doux r ve d une France totalement pav e de Pays 12 La qu te des territoires du quotidien au niveau local Si on descend un peu dans des sph res o les d cideurs sont plus proches du terrain on retrouve ce mythe d une possible ad quation du territoire institutionnel avec les pratiques des habitants Un premier cas de figure se pr sente lorsque le territoire institutionnel existe mais qu il ne suscite pas l enthousiasme des foules habitantes on trouve une volont de faire de ce territoire le berceau des pratiques quotidiennes On peut voquer ici le cas de la r gion dont on a pu mesurer aupr s des lecteurs lors des lections r gionales de 2004 la faible connaissance et reconnaissance Un micro trottoir r alis par une t l vision locale en Aquitaine montrait par exempl
24. ssoudre dans cette g ographie renouvel e et autoriser de nouvelles connexions explorer de nouveaux champs Le chantier est en marche nous ne pr tendons pas avoir trouv toutes les cl s le nombre de questions qui finissent ce texte en t moigne El ments de bibliographie Austin John L 1991 Quand dire c est faire Paris Seuil coll Le point 208 p 1970 pour la premi re traduction 1962 pour la version anglaise Berdoulay Vincent 1981 a formation de l cole fran aise de g ographie 1870 1914 Paris Biblioth que nationale 245p DATAR 2004 Guide des pays Paris DATAR 60p en ligne sur le site de la DATAR http www datar gouv fr Di M o Guy 1998 G ographie sociale et territoire Paris Nathan Universit collection Fac G ographie 320 p Gremion Pierre 1976 Le pouvoir p riph rique Bureaucrates et notables dans le syst me politique fran ais Paris le Seuil Coll Sociologie 478p Laurent Loeiz 2002 La fin des d partements le recours aux pays Rennes PUR Coll Espace et territoire 151p L vy Jacques Lussault Michel dir 2003 Dictionnaire de la g ographie et de l espace des soci t s Paris Belin Lussault Michel 1998 Image de la ville et politique urbaine Revue de g ographie de Lyon vol 73 1 98 pp 45 53 Lussault Michel 1992 Tours images de la ville et politique urbaine Tours maison des sciences de la ville 415 p Merton Robert K 1997 1953 El ments d
25. t appara tre la boutique 65 et maintenant trente trois Pour renforcer cette id e ou peut tre cette tendance on peut galement voquer ce centre commercial nouvelle g n ration de la p riph rie paloise qui a agr ment sa galerie marchande d une frise reprenant dans l ordre alphab tique tous les noms des communes du d partement Cette mode participe de l image territoriale du d partement Ceci est d autant plus paradoxal que les Pyr n es Atlantiques est un d partement soumis des pressions fortes pour un partage entre un d partement basque et un autre b arnais travers ces propos on voit appara tre en filigrane la formation socio spatiale mise au point par G Di M o Mais cet outil utilis essentiellement pour valuer la pertinence d un territoire est ici d tourn de son usage courant pour devenir une grille de lecture du discours territorial qui semble permettre de tester sa performativit 3 La Formation Socio Spatiale est une grille de lecture efficace pour lire le discours politique vertus scientifiques et vertus p dagogiques La FSS est un outil assez largement diffus Bordeaux dans le cursus des tudiants La pr sence de G Di M o n est pas trang re ce ph nom ne mais de nombreux autres enseignants utilisent cet outil pour aborder le territoire Ainsi lorsque l tudiant arrive en ma trise et qu il s int resse la structuration des http www teeshirt64 co
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