EXPOSITION ANGEL ALONSO
Contents
1. es lors de sa transformation en march couvert dans les ann es 60 L ensemble revisit et am nag par l architecte Jean Michel Poisson offre d sormais une surface d exposition 700 m2 de grande qualit du fait m me de la diversit et de la modularit de ses volumes constitutifs LES RENSEIGNEMENTS PRATIQUES L Ar T Jsenal Centre d Art Contemporain Place M sirard 28100 DREUX T l 02 37 38 87 51 Ouvert du mardi au dimanche de 14h30 18h30 Ferm le lundi Entr e gratuite 151 ly Eure Aoir larfflsenal ES e de Dreux WWW EURELIEN FR CONTACTS PRESSE XAVIER CH TELAIN Conseil g n ral d Eure et Loir T l 02 37 20 12 o0 Port 06 71 28 94 25 M l xavier chatelain Ocg28 fr CATHERINE EGASSE Conseil g n ral d Eure et Loir T l 02 37 84 15 07 M l catherine egasse cg28 fr2. trois et quelques autres amis nullement entrav par le poids de l objectivit et gr ce auquel Maria nous conduisait en nous m mes vers nos inqui tudes mal d finies Le pouvoir du verbe de Maria Zambrano incita Cioran explorer l Utopie avec une curiosit fr n tique qui peu peu devait s pui ser ou plut t se transformer en exasp ration durant les deux ou trois ann es qui suivirent leur premi re conversation en 1960 Cioran publie Histoire et Utopie fruit de ces ann es de travail et d criture De la parole de Maria Zambrano Cio ran soulignait la capacit conduire chacun dans la conversa tion vers soi m me vers ses inqui tudes mal d finies ses perplexit s virtuelles pour qu elle nous r v le et nous explique nous m mes pour qu elle nous accorde dans un cer tain sens une absolution sp culative et nous r concilie autant avec nos impuret s qu avec nos ind cisions et nos stupeurs Cioran me dit Si vous voulez comprendre ce qu a t la vie de Maria Paris vous devez faire la connaissance d An gel Alonso Jignorais pourquoi pendant les trois ou quatre ann es au cours desquelles j avais fr quent Marta Zambrano elle ne m avait jamais parl d Alonso Depuis longtemps ils ne savaient plus rien de l autre et Maria Zambrano me confessa plus tard qu elle n esp rait plus avoir de ses nouvelles Maria parlait de cette retrouvaille
3. apr s une p riode de clandesti nit gagne en 1947 la fronti re fran aise Il quitte alors d fi nitivement l Espagne pour rejoindre Paris Ces ann es de pri son seront l un des fondements de son amiti ind fectible avec Maria Zambrano elle m me r fugi e politique qu il conna tra d s le d but des ann es 1950 Une s rie de rencontres heureuses et d amiti s orient rent la premi re tape de son travail Vieira da Silva rp d Szenes et surtout Pierre Tal Coat et Nicolas de Sta l Guy Dumur dans Nicolas de Sta l le combat avec lange voque Il de Sta l se lie avec des gens connus Georges Braque en premier qu il voit r guli rement Andr Lanskoy d j nomm un jeune peintre espagnol Angel Alonso En 1950 il se voit menac d extradition vers l Espagne fran quiste par les autorit s fran aises Un comit de soutien s or ganise constitu entre autres par Michel Leiris Francis Ponge Henri Calet ou encore Pierre Descargues Il n obtiendra la nationalit fran aise qu en 1971 gr ce au soutien de son beau p re Roger Rigaud ancien vice pr sident du Conseil de Paris En 1952 Alonso pr f re renoncer l exposition de ses toiles la prestigieuse Galerie Jeanne Bucher En 1955 il expose la Galerie Andr Scho ller qui cette poque repr sente Rebeyrolle Fautrier Messagier Duvillier Gnoli Arroyo etc partir de cette exposition ses mat riaux dev
4. jour Aix en Provence peu avant de recevoir l invitation de Jeanne Bucher pr dominait d j le sens lyrique de la couleur et du mat riau auquel son esth tique tend ouvertement depuis lors son arriv e Paris Alonso avait occup un petit atelier rue Bernard Palissy qu il abandonna bient t pour celui de la rue Vercing torix tout pr s de l atelier de la rue Br zin ou Tal Coat s tait tabli en 1945 et qu Alonso occupa partir de 1982 jusqu sa mort Rue Vercing torix Alonso travaille et exp ri mente de nouvelles techniques et perfectionne des formules de pigmentation la recherche de son propre moyen d expres sion Il y re oit ses amis peintres et crivains qu il fr quente le plus Francis Ponge Ren Char Cioran Eug ne Ionesco Roger Caillois Jeannine Worms Pierre Jean Jouve Jules Supervielle Yves de Bayser Yves Bonnefoy L hiver 1954 Vercing to rix peu avant No l Alonso re oit la visite de Sta l install Antibes depuis septembre et qui avait travaill intens ment peignant la mer le port des natures mortes et des nus De pas sage Paris il d sirait voir le travail d Alonso des cercles noirs qu il peignait sur le ciment du sol Alonso aimait beaucoup pratiquer ce genre de peinture Sta l accepta le d fi et se mit dessiner des pommes Quelle diff rence y a t il entre mes pommes et tes cercles lui demanda Sta l Tes pommes ne peuvent qu imite
5. ses bras sa main le souffle qui lui manque Jean Jacques et Thierry si proches et St phanie sa fille la prunelle de ses yeux e Dire encore et toujours ce noir venu peut tre de l Espagne sombre et des grands d Espagne Goya Vel zquez et Le Cara vage et qui ont fait du noir l origine et la fin de tout Dire le refus de toute th orisation sur sa peinture avec toujours cette peur du cadre qui enferme des mots qui empri sonnent des critiques qui s aveuglent et aveuglent des pos sibles qui s expliquent et des absolus qui se commentent e Dire les femmes qui ont travers chavir et accompagn sa vie Femmes fid les encore une uvre gard e port e d il e Dire enfin ses derni res pi ces petits embaumements fra giles linceuls Tout blanc Et les fl ches noires d une signal tique essentielle qui m nent tout droit vers le ciel simplicit digne des signes premiers quand vient la fin Cendres sur la plaine Jean Marc Providence DOSSIER DE PRESSE e EXPOSITION ANGEL ALONSO se DU 18 OCTOBRE 2013 AU 16 AVRIL 2014 UN GRAND SOLITAIRE Esprit g n reux et orgueil extr me Ce que j ai toujours aim chez Alonso c est cette coexistence rare cette incompatibilit f conde n un autre si cle il aurait t un moine h r tique d bi tant des pri res subversives qui auraient scandalis ses sup rieurs et fascin des croyants amateurs de paradoxes Cyniq
6. d finitivement au d but des ann es quatre vingt dix Un an plus tard il expose la galerie Cahiers d Art Dans ces travaux la couleur constitue le paysage m me Avec une mat trise exceptionnelle des mat riaux il n h site pas inventer ses rouges verts jaunes oranges qui jaillissent de la surface poreuse de ses tableaux N Entre 1986 et 1989 la Galerie Barbier l expose plusieurs reprises En 1987 Juan Carlos Marset intellectuel et universitaire espa gnol proche de Maria Zambrano rencontre Angel Alonso l oc casion de ses recherches sur la philosophe et prend la mesure de l importance capitale du travail dAlonso Une grande r tros pective est alors mise en uvre en Espagne o l int gralit de l atelier dAlonso est transport pour l organiser La s rie D sastres expos e en 1992 la Galerie Sapone de Nice constitue l aboutissement de sa derni re recherche La mort brutale d Angel Alonso Paris le 20 d cembre 1994 transforme cette r trospective en hommage sous la forme d une exposition Elle aura lieu en France l Institut Cervant s Paris 1996 et en Espagne la Fundaci n Marcelino Botin Santan der ao t septembre 1996 Circulo de Bellas Artes Madrid janvier 1997 En 2009 le mus e Reina Sofia Madrid ach te un nombre important de ses uvres tandis que l tat espagnol re oit ses archives crits correspondances documents avec en perspec tive
7. e et utilis e par Alonso dans sa peinture passera par le rouge le vert le jaune le bleu l orange le mar ron et surtout le blanc et le noir Alonso est absorb par son travail Paris quelques peintres qui n ont plus de ses nouvelles pensent qu il est mort En 1967 entre octobre et novembre Alonso doit prendre une d cision d licate et demande Maria Zambrano dans quels termes il doit le faire renoncer la nationalit espagnole Le sentiment profond que Maria a pour l Espagne h rit de son p re et de ses ma tres qu elle a cultiv elle m me et qu elle a scell par son compromis intellectuel et politique avec la R publique jusqu la fin de la guerre la porte essayer de le convaincre de revenir sur sa d cision Maria Zambrano lui envoie sa Lettre sur lexil publi e en 1961 dans la revue Cuadernos del Congreso para la Libertad de la Cultura qui tait dit e par les cercles d exil s espagnols Paris Le destinataire de la lettre tait l Espagnol de la nouvelle g n ration qui n avait pas l exp rience de l exil ni de PEspagne abolie par les vainqueurs de la guerre Alonso appartenait cette g n ration mais lui qui n tait pas enclin aux r signations tait plus proscrit que Maria elle m me Ce qui l origine est un appel direct pour qu il rectifie son attitude et prenne sur ses paules la croix d tre espagnol nous qui sommes sur la croix nous ne pouvons
8. le repr sentant de la galerie lui r pond qu il le comprend et qu il accepte sa d cision et lui propose de rester cependant en contact sans prendre de position men tale abrupte Nous avons l un et l autre envie et besoin de travailler avec rigueur et avec enthousiasme Il convient de ne perdre ni l un ni l autre au milieu travers les avatars d une existence actuellement tourment e Alonso aimait sa libert et son amour auquel il savait se sou mettre en esclave par dessus tout Sa g n rosit contrastait comme Cioran l a soulign dans l article qu il lui consacra avec son orgueil et on ne comprend pas sa personnalit si ce n est 171 DOSSIER DE PRESSE e EXPOSITION e ANGEL ALONSO e DU 18 OCTOBRE 2013 AU 16 AVRIL 2014 dans cette impossible harmonie de contradictions qui coexis taient en lui avec bonheur Qui a pu converser avec Alonso quelques minutes se rend compte de l norme simplicit avec laquelle il pouvait s imposer et faire taire l adversaire tout en s exposant enti rement dans une attitude compatissante Com plice et d nonciateur dans la conversation tous les principes de la loi et du langage taient temporairement en suspens en tat de si ge Il aimait l esprit de p rennit qui habite les clochers et les campagnes d peupl es ins parables de son ciel Ses amis pouvaient compter sur lui dans les situations les plus difficiles Un jour Sta l vit un dessin d Alonso e
9. plus pr cieux dans le sou venir malgr tout le mal qu il avait caus chacun Alonso aida m me ArpAd Szenes tous les deux tr s soucieux du bien tre de Vieira da Silva monter une cole de peinture pour tous les touristes surtout nord am ricains qui passaient quelques mois Paris en qu te d une tape artistique dans leur vie Szenes enseignait dessiner le nu et Alonso servait de mod le corri geant aussi les dessins des l ves Vieira da Silva tait extr me ment fragile et d licate Elle adorait la musique de Monteverdi et Alonso ne supportait pas de la voir souffrir ArpAd avait des probl mes de sant si bien qu un jour ils demand rent Angel qui vivait tout c t de venir leur pr parer un d ner en l honneur d un ami Vieira avala de travers un morceau de steak qu elle avait rarement l occasion de manger et ils durent l emmener l h pital sous une pluie fine mais persistante Le destin fut trop arbitraire avec eux tous et dans certains cas comme celui de Nicolas de Sta l implacable et cruel l indiff rence que suscitaient ses tableaux et leur m vente provoqu rent le d sespoir qui le conduisit au suicide Antibes en mars 1955 Pour Alonso ce fut un choc d cisif Depuis quelques ann es Alonso avait d cid de ne pas faire le jeu du march de l art et de ceux qu il consid rait comme prox n tes de la peinture les galeries les marchands et les mus es
10. sauf quelques rares exceptions qui confirmaient la r gle Le m pris ou Alonso prouvait pour ces forces commerciales d passait m me celui qu il ressentait pour les forces de l ordre ou les dictateurs des m urs Ceux l au moins n exer aient pas leur brutalit aux d pens de l art et de la vie des artistes En 1952 Alonso renon ait une exposition dans la prestigieuse galerie Jeanne Bucher ce qui aurait probablement valu la recon naissance de son nom qui aurait officiellement grossi les listes de l cole de Paris En f vrier 1944 Jeanne Bucher avait pr sent l exposition Peintures et gouaches de Kandinsky trois tableaux objets de Domela peintures et dessins de Nicolas de Sta l mont e par Domela Quand la galerie propose Alonso sa meilleure salle en exclusivit pour exposer partir du 10 octobre 1952 trois grands tableaux cinq ou six petits et quelques dessins Sta l et Tal Coat pensent qu il a norm ment de chance et regrettent qu vingt neuf ans l ge qu avait alors Alonso aucune galerie de la cat gorie de Jeanne Bucher ne leur ait propos quelque chose de semblable vingt neuf ans l ge qu avait alors Alonso En partie cause de l opinion de ses amis ou par instinct de fuite Alonso s excuse aupr s de la galerie au 53 de la rue de Seine pr textant qu il se sent excessivement harcel et qu il ne peut pas accepter cette invitation Sen siblement contrari
11. EXPOSITION ANGEL ALONSO PAr T senal de Dreux du 18 octobre 2013 au 16 avril 2014 Pr sent e par le Conseil g n ral d Eure et Loir la Ville de Dreux et l association Les Chatelliers des arts DOSSIER DE PRESSE l arfrlsenal s Centre d Art contemporain EUre 4oir Place M sirard 28100 DREUX Ville de Dreux CONSEIL G N RAL VVVVVV EURELIEN FR DOSSIER DE PRESSE e EXPOSITION e ANGEL ALONSO e DU 18 OCTOBRE 2013 AU 16 AVRIL 2014 SOMMAIRE COMMUNIQU DE PRESSE DE LEXPOSITION ANGEL ALONSO NE PAS S ECARTER DES ASTRES AU RISQUE DU D SASTRE Jean Marc Providence UN GRAND SOLITAIRE Emil Michel Cioran PORTRAIT DANGEL ALONSO Juan Carlos Marset LE PARCOURS DE l EXPOSITION REGARDS BIOGRAPHIE LARITISENAL P3 P4 D GER p 12 P 13 P 14 EA DOSSIER DE PRESSE e EXPOSITION ANGEL ALONSO se DU 18 OCTOBRE 2013 AU 16 AVRIL 2014 COMMUNIQUE DE PRESSE DE LEXPOSITION ANGEL ALONSO L Ar T senal pr sente Dreux du 18 octobre 2013 au 16 avril 2014 une nouvelle exposition consacr e l artiste ANGEL ALONSO Angel Alonso peintre fran ais d origine espagnole mort en 1994 a travaill pendant plus de trente ans dans son atelier de Genainvilliers en Eure et Loir ombreuses de ses toiles sont retourn es en Espagne d autres sont rest es en France Certaines ont rejoint les cimaises des plus grands mus es Reina Sofia Madrid ou les collections les
12. an faisait allusion Alonso qui reconnaissait le caract re difficile de Maria aussi difficile que le sien tait conscient de ce qu il lui devait J tais alors presqu un enfant et elle m a appris exister tre tol rant r fl chi m affirmer Ce presqu un enfant qu Alonso n a jamais cess d tre avait d j r ussi s duire Paris quand il avait entre vingt cinq et trente ans depuis son arriv e en 1947 jusqu l poque dont nous parlons un groupe s lect de peintres crivains critiques et galeristes avec qui il avait des relations de tout genre et de diverse importance La relation la plus troite et tout point de vue vitale il P tablit tr s t t avec les peintres Nicolas de Sta l n en Russie en 1914 et Pierre Tal Coat France 1905 jusqu leur mort Avec eux il part la recherche dans la peinture de l essentiel de la couleur et de la texture partir du magist re de Matisse Alonso se lie d amiti avec d autres peintres informels tels que Maria Helena Vieira da Silva Lisbonne 1908 pour qui la conception de la couleur tait marqu e par le toucher et son mari ArpAd Szenes n en Hongrie On disait d eux qu ils recevaient leurs amis chez eux comme des Franciscains heu reux telles devaient tre la pauvret et la simplicit dans les quelles ils vivaient La pauvret tait entre autres le bien que ces artistes partageaient le mieux le
13. ane et probablement depuis les ann es de la R publique Madrid Angel jouissait d j Paris d un certain prestige et d une certaine reconnaissance chez les artistes de la dite tout court ou seconde ou jeune ou nouvelle selon les d nominations cole de Paris o peu peu on le reconnaissait comme une valeur s re Maria et Ara celi habitaient Piazza del Popolo et presque tous les jours elles retrouvaient Angel qu elles adopt rent et h berg rent comme un fr re Avec une totale insouciance ils s adonnaient sans pen ser aux promenades et aux jeux comme l a racont Maria Zam brano dans son portrait d Alonso Une anecdote peut donner la mesure de cette atmosph re de libert dans laquelle ils vivaient Rome En 1953 les ditions Plon de Paris demandent Alonso d organiser l arriv e et le s jour Rome du po te Jean Cocteau pr vus pour la Semaine sainte de 1953 pour qu il puisse ainsi gagner quelque argent Cocteau tait c l bre en Italie surtout depuis l t 1953 o on lui avait d cern le prix de la critique du Festival de Venise pour son film Orph e Alonso en parla Maria et peu avant Par riv e de l artiste fran ais elle demanda Angel Ton ami Cocteau ne devait il pas venir maintenant 2 Alonso avait com pl tement oubli si bien que en toute h te et aid des amis de Maria il partit la recherche d un h tel confortable pour Coc teau et surtout p
14. ce gr ce au critique Patrick Waldberg fondateur en 1937 avec Georges Bataille Georges Ambrosino et Pierre Klossowski d une soci t secr te issue de la dissolution de Contre Attaque form e par Breton et Bataille repr sent e publiquement par le Coll ge de sociolo gie Un autre ami d Alonso faisait partie de ce groupe le socio logue Roger Caillois qui invitera Maria Zambrano participer au colloque de Royaumont en 1963 sur Les r ves et les soci t s humaines o l on r compensa le travail qu elle avait pr sent Les r ves et la cr ation litt raire Waldberg introduisit aussi Alonso dans le cercle de son ami Breton et des surr alistes milieu qui ne l int ressa pas sp cia lement Dans le cas des cubistes et de la peinture de Picasso en particulier Alonso manifesta un rejet frontal Il ne sympathi sait pas non plus avec le petit cercle d exil s espagnols vivant Paris qui il reprochait d avoir abandonn Maria Zambrano Elle le r primandait de faire ces commentaires et le for ait croire davantage dans PEspagne et les Espagnols dire nos quand il disait leurs Maria a toujours cru dans l Espagne d clarait Alonso contrairement moi ces Espagnols amis de Maria qui vivaient et publiaient gr ce leur prestige d exil qui ne faisaient rien pour elle Mais Alonso prouva une grande sympathie pour un personnage qu il rencontra un soir ap
15. cond rent l initiative de Ponge en d fense d Alonso se trouvait Michel Leiris personne extraordinaire membre lui aussi et promoteur du Coll ge de sociologie tr s proche de Bataille la rencontre de Bataille et Lacan eut lieu chez lui Leiris avait particip presque tous les mouvements artistiques de Paris du surr a lisme l existentialisme Ethnologue de profession son int r t pour le multiculturalisme le conduisit au poste qu il occupait en 1950 au mus e de l Homme Un autre auteur qui manifesta son estime pour Alonso fut Pierre Descargues critique d art du journal Arts Descargues avait introduit Alonso au Salon des jeunes peintres organis par la galerie Arts en f vrier 1949 ce qui fit que son uvre commen a susciter int r t de critiques et des artistes notoires La menace d expulsion qui pesait sur Alonso tait due sa condition de r fugi espagnol en France Alonso ne parlait jamais de sa vie avant 1947 C tait comme si cette date repr sentait pour lui une coupure radicale qu il ne laissa jamais cicatriser Bien que conscient d tre espagnol et du Nord Alonso ne d sirait pas se r concilier avec ses origines parce qu en r alit il n en avait pas besoin Il tait toujours dans ses origines et ses origines taient en lui il s initiait DOSSIER DE PRESSE e EXPOSITION ANGEL ALONSO se DU 18 OCTOBRE 2013 AU 16 AVRIL 2014 il s instruisait 4 tout moment comme son cher Mati
16. e qui peut durer plusieurs ann es e Dire la rigueur qui accompagne son travail fait de recommen cements plus que de r p titions et qui consiste pousser tou jours plus loin l exigence Dire la culture de ce peintre qui cherche de ce lecteur qui lit les po tes qui manie les mots mieux que personne et qui aime les id es qui d rangent et les gens qui les portent Dire la fid lit de cet ami qui reconna t l autre sa capacit l aider penser et aimer mieux telle la philosophe Maria Zambrano qu il retrouvera toujours avec le m me bonheur e Dire une recherche permanente qui l am ne essayer toutes les mati res la terre la paille la cendre la poussi re de charbon le marbre broy le bois le m got cras la pince linge les papiers d chir s les chiffons blancs ou macul s sans changer la mani re Et tenter de sortir du cadre qui contraint qui emp che que a d borde e Dire enfin une uvre qui dit la radicalit d un temps o les 41 remises en cause ne semblaient pas vaines o les modes ne disaient pas la futilit et la versatilit du para tre mais des choix d tre Un temps o le cynisme tait une fa on de se prot ger contre les pr jug s et les id es toutes faites ou sur faites o le nihilisme tait une r ponse la douleur du vivre Dire la force de ses noirs cendreux venus des terres et des pailles br l es l automne devant la fe
17. elle contemplant les m mes aubes la m me aurore ou Alonso Ils essayent tous les deux d exprimer le sentiment originel que leur r v le le contact avec la nature l tat pur cette p riode leurs vies sont plus que parall les Maria marchera finalement sur les pas d An gel mais par un autre chemin En septembre 1964 elle quitte Rome d o les voisins forc rent les deux s urs partir avec leurs chats pour les bois du Jura fran ais La Pi ce comme Alonso Tavait fait de Paris au hameau Genainvilliers Apr s cette nouvelle s paration la nostalgie intensifiera au maximum la d pendance qui existe entre eux En novembre 1966 Maria Zambrano depuis longtemps sans nouvelles d Alonso apr s avoir essay en vain de le joindre par t l phone la ferme de la Chapelle lui crit Nous avons besoin d avoir de vos nou velles c est une joie qui nous manque et de temps autre l an goisse est in vitable Les ermites sonnent la cloche pour annon cer qu ils sont vivants veill s et qu ils prient pour les autres Aujourd hui je me sentais tr s abattue je me suis souvenue de ta confiance en moi et j ai repris go t la vie Je tiens ce que 191 DOSSIER DE PRESSE e EXPOSITION e ANGEL ALONSO e DU 18 OCTOBRE 2013 AU 16 AVRIL 2014 tu le saches Alonso travaillait sans r pit c est pourquoi il ne s tait pas rendu La Pi ce et il ne s y rendra jamais malgr l invitatio
18. gonisme profond Dans le noir et dans SH le blanc l obscurit irradie cette clart t nue qui d pend uniquement de l obscurit di Alonso ne voulut pas revenir en Espagne bien qu il fut tent de le faire d ctil semble que sans ses probl mes de sant il aurait fini par y venir Oui j irais bien en Espagne voir Maria dit il en une occasion Il aurait bien aim retrouver cette Espagne dont Maria Zambrano tait le porte drapeau et le repr sentant et qu elle lui avait fait partager par moments Lors de l t 1976 Maria Zambrano me dicta un texte tr s bref qui avait pour titre Angel Alonso un Espagnol qui nous manque Dans celui ci elle formulait invitation laquelle Alonso paraissait pouvoir r pondre Il tait ainsi un de ceux qui nous manquera toujours je ne peux rien te repro cher Quelques Espagnols r sidents ou de passage Paris lui rendirent visite et l amen rent faire conna tre son uvre en Espagne Francisco Jarauta fut l un de ceux l et son obsti nation pour faire venir en Espagne et ensuite de la pr senter en France une s lection de tableaux de son poque de matu rit partir des ann es soixante ne cessa jusqu son abou tissement Alonso donna son accord et pr ta sa propre collec tion Alonso se r jouit galement beaucoup de la visite de deux autres Espagnols po tes qui avaient eu une amiti fraternelle avec Maria Zambrano Jos M
19. iennent plus denses 141 En 1956 il s installe La Laurencie dans le Limousin jusqu en 1961 C est l qu Alonso commence approfondir le travail sur la mati re et le paysage En 1962 il d couvre les paysages de Genainvilliers o il d cide imm diatement de vivre et de travailler y trouvant une in puisable source d inspiration et de renouvellement Il y fait construire son atelier partir de 1960 il d veloppe ses plus importantes recherches sur ce qui pourrait constituer un triptyque de la terre du char bon et de la paille auxquels il m le parfois la brique pil e et la pierre Il commence la s rie des grands tableaux noirs compos s partir de poudre de charbon de v g taux br l s de paille de feuillage de terres En 1972 il fait para tre sous pseudonyme A Genainvilliers un long texte po tique Qui a tant intrigu les terrestres dans la revue La D lirante no 4 5 Avec Beaut Cadavre et L me noire et la Peinture Lalaurencie diteur dition posthume 1996 il s agit de l une de ses tr s rares publications alors qu il n a cess d crire pouss par la m me n cessit et avec autant de rigueur et d invention que dans son travail pictural partir de 1982 Alonso s installe au 7 de la rue Br zin atelier de son ami Pierre Tal Coat que ce dernier met sa disposition Il alternera longtemps les s jours Genainvilliers et rue Br zin avant de s y installer
20. iguel Ullan et Jos Angel Valente Ullan d dia Alonso la seule n crologie parue en Espagne dans laquelle il retra ait les traits essentiels de la figure du peintre dans son atelier Assis dans un fauteuil s amusant avec ses silences Alonso fragile et ironique les yeux bleus et les che veux blancs laissait appara tre une me souffrante et l humeur d un d sesp r Alonso demandait ce que les uns et les autres faisaient en Espagne Il tait inquiet de penser que certaines voix qu il avait admir es comme celle de son contemporain et compatriote Jos Hierro avaient cess se faire entendre alors qu il les consid rait si indispensables Pour celui qui une fois a exprim quelque chose se taire est toujours une erreur et sur tout c est impossible disait Alonso M me quand il n y a plus rien dire il faut exprimer ce rien Ces voix qui se taisent pendant des ann es et des ann es je ne peux pas y croire Je me dis oui nous ne les entendons plus mais elles continuent Juan Carlos Marset 11 DOSSIER DE PRESSE e EXPOSITION ANGEL ALONSO se DU 18 OCTOBRE 2013 AU 16 AVRIL 2014 LE PARCOURS DE LEXPOSITION Le noir amortit la lumi re Ren Descartes Plus je vais plus j aime le noir Auguste Renoir Le noir est une couleur de lumi re Henri Matisse Le noir ouvre la contemplation Aur lie de Nemours Le noir c est vrai c est dur c est san
21. il iti n rant que Maria Zambrano avait v cu apr s l Am rique Rome Paris Gen ve et finalement Madrid o elle connut Pexil d finitif Je suis arriv Paris comme biographe de Maria Zambrano et jen suis sorti subjugu par l me l art et la vie de cet tre prodigieux gou Angel Alonso partagea avec elle et quelques amis qui il tait fraternellement attach C est cet tre cette fraternit d art de vie et de pens e dans laquelle v cut et mourut Angel Alonso que j essaie de r v ler dans ce texte pour la r daction duquel je remercie de leur collabora tion Jean Jacques l un des fils d Angel Alonso et Gilbert Feruch C est le philosophe Cioran il fut le premier Paris me parler du peintre qui avait pr sent Angel Alonso Maria Zambrano vers le milieu des ann es cinquante au caf de Flore Plus de vingt ans apr s Cioran fait allusion cette rencontre dans un crit qu il envoya lui m me Alonso en d cembre 1979 traduit en espagnol par Jos Angel Valente Il lui fut impossible de retrouver le texte en fran ais dans la mansarde pr s de l Od on o vivait Cioran garer un papier tait chose ais e mais la traduction de Valente crit Cioran Alonso me para t excellente et elle pourra te donner une id e du sentiment profond que je ressens pour Maria Ce sentiment se d gageait de ce style de conversation qu ils avaient tous les 161
22. ique qu il sentait approche de la mort pr occup aussi par les siens sa famille les amis qui disparaissaient peu peu et attach de fa on obsessionnelle au souvenir de Maria qui le r confortait beaucoup et le consolait Concentr sur la vie qu il avait partag e et celle qu il n avait pas pu partager avec Maria et sa s ur Araceli Zambrano avec laquelle il avait t plus uni dans l affection quotidienne les jeux et les aventures des premi res ann es de leur relation Alonso connut les s urs Zambrano Rome lors d un d ner chez la princesse Caetani c l bre m c ne et fondatrice de l ex traordinaire revue internationale Botteghe Oscure au d but des ann es cinquante Dans Botteghe Oscure Maria Zambrano avait publi un article sur le peintre Luis FernAndez avec qui DOSSIER DE PRESSE e EXPOSITION ANGEL ALONSO se DU 18 OCTOBRE 2013 AU 16 AVRIL 2014 aussi bien elle qu Alonso avaient entretenu des relations ami cales qui semble t il se refroidirent au fil des ans pour tous les deux Rome Angel et Marta v curent une p riode dor e intense de cr ativit f conde et de bonheur malgr les innom brables difficult s financi res et les ternels ennuis de leurs permis de s jour Maria parachevait cette poque Rome un des livres et une des principales tapes de sa cr ation El hombre y lo divino 1955 qu elle m rissait et crivait en d pit des adversit s depuis la Hav
23. ire comme un tapis il n avait jamais rien vu d aussi beau de sa vie Quelle insi gnifiance la peinture pense t il et il commence parcourir les champs noircis et entasser de l herbe br l e et du char bon Il prend des sacs et y met des cendres sans y toucher Les formes le squelette v g tal restaient intacts le feu a d truit les corps sans d composer leur silhouette C est ainsi que tout a commenc pour Alonso C est la p riode initiale vers 1963 des grands charbons et des grands espaces de boue ou de terres br l es o toutes les possibilit s de la couleur noire brillent vibrent du sec l humide du plus lumineux l obscurit la plus dense Alonso vit ces ann es l merveill par le travail de la terre Ses premiers enfants naissent Il participe la f condit naturelle qu il transpose dans ses tableaux Maria Zambrano est pr sente dans cette renaissance artistique et personnelle de son ami Elle lui crit souvent la fin de 1961 invit es par Alonso Maria et Araceli viennent passer quelque temps avec lui et sa famille la ferme de la Chapelle Angel travaille en solitaire et vit dans sa pauvret essentielle tout comme Maria Pour tous les deux c est nouveau la culmination et l ouverture d une clatante tape cr ative Maria crit dans la gr ce de ce bonheur partag une grande partie de son livre El sueno creador 1965 dans le refuge de la ferme de la Chap
24. j de tendresse de gr ce de violence de solennit de majest d l gance de sensualit c est comprendre que l il peut tre le plus court chemin d un homme un autre Ce communiqu fait r f rence deux textes celui de la Galerie Guislain tats d art pr sentant la derni re expo sition d Angel Alonso en France 2003 et au texte introductif de Paul Veyne dans son Mus e imaginaire 2010 Se e Wa Sans titre le petit jaune 1992 38 x 26 cm Technique mixte sur toile Collection particuli re France 31 DOSSIER DE PRESSE e EXPOSITION e ANGEL ALONSO e DU 18 OCTOBRE 2013 AU 16 AVRIL 2014 NE PAS S CARTER DES ASTRES AU RISQUE DU DESASTRE L id e de b tir une exposition autour du travail dAngel Alonso dont Vatelier a t install pendant vingt ans Genainvilliers pr s de Courville sur Eure en Eure et Loir n est sans doute pas tout fait trang re celle de r parer une injustice omment ce peintre dont Cioran disait en 1987 qu il tait le dernier peintre fran ais a t il pu sombrer dans un oubli quasi g n ral rompu seulement par quelques amis fid les et quelques universitaires et intellectuels essentiel lement espagnols le reconnaissant parmi les plus grands Nous sommes en pr sence d un artiste qui fut lami tr s proche de deux illustres contemporains Nicolas de Sta l et Pierre Tal Coalt qui fut un peintre aus
25. l Angel Alonso cherche dans la mati re m me ce v hicule qui hissera l motion au niveau de la toile Gilbert Feruch C tait des cailloux mais moi j appelle a des pierres Samuel Beckett La peinture s ancre dans la mati re o elle trouve son refuge Anne Malherbe Sans titre ann es 70 80 132 5 X 90 cm Technique mixte sur bois Collection particuli re France 12 DOSSIER DE PRESSE e EXPOSITION ANGEL ALONSO se DU 18 OCTOBRE 2013 AU 16 AVRIL 2014 REGARDE Angel Alonso titre rarement ses uvres Certaines s ries portent un intitul commun RAPACES ENFANCE D SASTRES SOVVETO et parfois un num ro d autres sont li es un v nement AUBE NUIT PARTAGE et peuvent tre d dicac es au dos d autres rappellent la composition et ou le mat riau constitutif de l uvre TRACES 3 CHARBONS TERRE ET REPERES TERRE ET PAILLE NOIR TRACES BOIS PINCES Pour Angel Alonso titrer et dater ses toiles n a gu re d impor tance une convention de plus Comme s il craignait que les mots si volatiles et les chiffres si d finitifs ne d forment ne trahissent ou n emp chent de regarder Comment en tre surpris quand on d couvre sur ce car ton noirci cette inscription la craie blanche trac e de sa main P rennit fait gaffe ou quand il met ce propos Il n y a pas de bon ou de mauvais peintre il n y a que des nuls ou des imb ciles p
26. l v cut difficilement gr ce au soutien de collectionneurs choi sis par lui et seuls jug s aptes comprendre et aimer son travail tout la fois amis fid les et m c nes Seul comptait pour Alonso l accomplissement de son uvre au prix d un corps corps acharn avec la couleur et la mati re triturant une p te obtenue apr s de longues recherches dans les trait s anciens comme un paysan laboure ses champs La source unique de son inspiration fut la nature Pour lui la terre tait le plus beau des paysages Aussi en arrivera t il tra vailler la terre elle m me cho de ces surfaces de terre la cou leur est une tendue la couleur un paysage Les paysages de la Beauce qui entouraient son atelier la stri dence d un silex le cri aigu d un N blanc qui clate la mouillure de Phumidit le sillon imprim dans la s cheresse rugueuse de la terre la noirceur laiss e par les champs brul s sont la mati re de ses toiles Il utilisait un nombre restreint de tons orange cadnium jaune de t plomb vert V ron se bleu et sur i tout le blanc et le noir ces deux der ni res couleurs irradiant les uvres de la fin s opposant dans un antago nisme apparent 1 Aujourd hui l uvre d Alonso peut i enfin appara tre dans toute sa force ei et sa radicalit Aujourd hui pr s de 20 ans apr s la mort d Angel Alonso d couvrir d cette uvre picturale p trie d affect
27. la cr ation d une fondation Santander DOSSIER DE PRESSE e EXPOSITION ANGEL ALONSO se DU 18 OCTOBRE 2013 AU 16 AVRIL 2014 LARITISENAL L Ar T senal nouveau Centre d art a t inaugur le 20 septembre 2012 Dreux Centre d art exemplaire pour sa collaboration entre le Conseil g n ral d Eure et Loir et la ville de Dreux mais soutenu aussi par la R gion et la Direction r gionale des affaires culturelles l Ar T senal accueille toute l ann e des expositions et aide faire conna tre les arts sous toutes leurs formes PAr T senal pr sente du 18 octobre 2013 au 16 avril 2014 une nouvelle exposition consacr e l artiste ANGEL ALONSO P ar tiste drouais Michel Talata est le premier avoir investi les lieux avec l exposition Harki Ikrah 20 septembre 2012 6 janvier 2013 suivie des expositions Marc Garanger chemin faisant 23 f vrier 14 avril 2013 et Estampe dans la ville 4 mai 25 ao t 2013 Situ dans le centre historique de Dreux dans l ancien Arsenal des pompiers r habilit par le Conseil g n ral il s inscrit dans une d marche volontaire du D partement d amener la culture au plus pr s des habitants et d aider une ducation artistique ouverte et diverse difi e entre 1902 et 1903 la partie centrale de ce b timent servait son origine de remise pour le mat riel des pompiers Elle a t class e monument historique Les deux ailes lat rales ont t cr
28. mbre 1949 dans la revue Temps modernes partir du noir mais sans jamais Pabandon ner Alonso reprend sa recherche de la couleur pure Il y a long temps qu il savait que le plus grand ennemi de la couleur ce sont les couleurs que l on produit industriellement Face au vert que produit le frottement d une pomme d une feuille ou d un citron la peinture ne peut pas entrer en comp tition La pein ture conventionnelle ne peut que reproduire la couleur qu il y a sur le march ou ses fondus L intensit et la texture du vert ci tron ne pourraient se trouver dans aucun magasin de peintures Alonso progressait dans l expression de l tre de la couleur son corps et sa force libres de tons simulacres Il commence par rejeter la couleur comme effet visuel pour rechercher sa v rit La couleur est un pays un paysage comme celui de Genainvil liers aux nuances infinies Quand Alonso travaillait le jaune il regardait le citron la poire la vie de la couleur dans ces peaux naturelles C est l que se trouvait la couleur absolue Prenez une poire lisez la touchez la nettoyez la et un clat en ressort qui est inimitable c est cela la couleur La couleur est obs c ne Elle veut tre touch e enlac e La contemplation la pr sence et la figure ne suffit pas Alonso infligeait ses tableaux des preuves difficiles II progressait gr ce l erreur Il sortait de son atelier avec les noirs les exposai
29. n de Maria l t de 1965 La terre la paille le min ral les v g taux calcin s sur des surfaces de bois de carton et de papier voil les mat riaux qu il utilise le plus Apr s d intermi nables exp rimentations il perfectionne le moyen de donner ses couleurs les textures qu il recherche et il met au point la technique de manipulation et fixation du mat riau dans chaque cas impos par l invention esth tique du tableau La couleur noire lui permet de revoir pour la premi re fois la r a lit et la peinture Il dessine sur du carton des cieux noirs avec un point de r f rence noir galement Sous les ciels il ne des sine rien Alonso cr e sur le n ant et le vide La peinture devient m re mat rielle D m ter la m re repr sent e dans le monde romain et le monde islamique comme tant la pierre noire comme ces pierres noires qui habitent les ciels noirs d Alonso vestiges et pronostic d une r v lation maternelle mat rielle du divin Pierres noires qui ouvrent des traces noires dans le vide et dessinent le vol des hirondelles la vie des cieux Alonso partage ses exp riences de la peinture presqu exclusive ment avec Tal Coat Ils voyagent tous deux surtout dans le sud de la France et passent ensemble de longs s jours Quelques fois ils changent des id es sur leur travail en compagnie de l crivain Henri Maldiney auteur d une tude importante sur la peinture de Tal coat publi e en d ce
30. ncs les branches obs d par les aspects mul tiples des sensations v g tales Il parle beaucoup avec Tal Coat qui lui aussi exp rimente constamment Ce rapprochement de la nature le pousse s installer dans une petite propri t de Genainvilliers la ferme de la Chapelle pr s de Chartres o il donne son uvre une orientation d finitive apr s une grande r v lation la couleur noire partir de 1960 pendant plus de vingt ans Alonso se tient pratiquement l cart du march Il se consacre la peinture comme une exigence spirituelle en contact permanent avec la terre et la nature Il cherche dans les grands espaces des terres cultiv es dans les lignes du pay sage dans les grands ciels et vastes champs de la Beauce qui lui rappellent et Marfa Zambrano tait du m me avis ceux de Castille II ne savait pas exactement ce qu il y avait dans ce monde naturel o la lumi re la pl nitude et le vide mat riel les sensations corporelles la lassitude et le repos se fondaient en une harmonie plastique qui s imposait dans sa peinture Un matin tr s t t presque au point du jour Alonso fut r veill par Podeur de la fum e des champs br l s Il va jusqu la grille de la ferme de la Chapelle et voit que le feu avance vers la maison Au d but il prend peur puis r alisant que ce ne sont que des travaux des champs il reste jouir du spectacle Quand le feu s teint c est la vision absolue la terre no
31. our applaudir Pour Angel Alonso l image n est rien si c est le commentaire qui doit lui donner sens Peut tre faut il avec cette uvre exigeante jusqu l intransi geance suivre le conseil de Georges Perec mis en exergue de La vie mode d emploi Regarde de tous tes yeux regarde Formule pas si loign e de celle qu Angel Alonso adresse son amie la philosophe Maria Zambrano La force nous vient de la limpidit du regard LE E mm EE Eet Que le peu de temps Qui me reste soit art Que ma solitude Soit art Que mon dehors Soit art Que je puisse mourir Art Et si la notori t veut Encore Me contraindre Me d faire Me voler cette forme Par des devoirs Par des biens Par des sentiments Alors Je me tuerai Angel Alonso Sans titre technique mixte charbons Fonds Alonso S ville 131 DOSSIER DE PRESSE e EXPOSITION e ANGEL ALONSO e DU 18 OCTOBRE 2013 AU 16 AVRIL 2014 BIOGRAPHIE ANGEL ALONSO 1923 1994 N Laredo en Cantabrie le 4 mars 1923 e Kn e der KI E j E Ki l Entre 1938 et 1939 Angel Alonso est arr t incarc r et condamn mort apr s la prise de Bilbao Sa famille d pose un recours en gr ce accept Il retourne chez lui mais quelques mois plus tard est de nouveau arr t pour d sertion n ayant pas effectu son service militaire Il est alors d port sur l le de Fuerteventura Il s vade puis
32. our son accompagnatrice madame Weisweil ler qui n prouvait pas une grande sympathie pour Alonso C tait la Semaine sainte Rome et il n y avait plus d h tels rien que des cur s se rappelait Alonso encore plus de cur s que de chats dans les rues Finalement ils d nich rent une petite pension assez modeste pr s de la gare Cocteau prit la chose avec bonne humeur mais sa compagne de voyage ne pardonna pas Alonso ce contretemps Pour Alonso Cocteau d montrait qu il tait encore l tre formidable qu il avait toujours t et Alonso se rappelait ces moments l comme quelque chose de tr s beau Maria allait se promener avec Alonso presque tous les soirs apr s d ner et l apr s midi aussi apr s d jeuner pour pratiquer une des d votions que tous les amis de Maria de cette poque durent partager avec elle et Araceli la recherche de rogatons dans les cuisines des trattorie romaines Ils recueil laient les restes pour nourrir le plus de chats possible Une horde de chats qui surgissaient de partout et qui reconnaissaient les pas de Maria et d Araceli et les suivaient comme les disciples suivent leur ma tre racontait Alonso eux les plus fid les disciples de Maria tous les chats de Rome Ces promenades avec Maria marqu rent Alonso tout jamais promenades au cours desquelles elle le conduisait la connaissance de ses propres pr monitions et perplexit s mal d finies auxquelles Cior
33. pas nous en sortir nous en d faire devient dans une seconde lettre un geste d amoureuse compr hension et d exaltation de l attitude in branlable d Alonso qui ne tient pas compte de la pri re de Maria Je sais qu en renon ant au passeport de notre pays tu lui remets tu lui donnes tout ce que l bas ils te permettent C est un acte de foi pur C est la puret incorruptible qui anime ton me qui par l se manifeste Tu veux t unir la solitude boire jusqu la lie cette solitude dans laquelle nous laisse lEs pagne sans m lange sans palliatif La solitude est amour notre patrie Angel et Mar a ont une exp rience bien diff rente de la guerre civile et de la vie espagnole Sur ce sujet les vingt ans qui les s paraient taient un ab me infranchissable Alonso avait treize ans quand la guerre a clat et il dut passer par une adolescence une ducation et un service militaire qui le rem pliraient de perplexit s et de contradictions absurdes comme celle d tre par sa condition d Espagnol tout ce que l on devait tre dans les ann es quarante en Espagne Il est difficile que Maria qui surmonta en compagnie de sa g n ration la dictature de Primo de Rivera avec presque autant d aisance que si c eut t une comp tition sportive puisse r ellement imaginer cette autre fa on d tre contraint sans perspective et sans horizon par la nationalit C est partir du moment o il
34. plus pres tigieuses Une exposition rassemblant une centaine de ses uvres la premi re de cette importance en France sera pr sent e PArIT Jsenal Dreux pendant quelques mois partir d octobre D couvrir ce peintre hors norme en qu te d absolu qui d cri vait ainsi son travail Interroger la vie le silence l inqui tude Lenregistrer c est aller la rencontre d une uvre intense et m connue Angel Alonso se pr occupa en effet bien peu de sa carri re Par fiert autant que par pudeur il ssemploya m me la contra rier renon ant 29 ans exposer chez Jeanne Bucher comme il d clinera plus tard une exposition personnelle la Fiac se TS pj T p paj E ji d t i m el SC LV Gi Rb A i j d q F E SE z E us DZ ber r D eh wi e ef Ta Ze d r A a Se CR d j 4 W Ta D a SS vg een EES e kg SE HAT i S Se F e va Fa CRT eg GO a ne n d F O d n Et dra ur rai vk e bag Log P E po d T e S CEA CSC et CW ENEE le 5 CR e n D a 7 k L RK PEJA p Ni s EP i E F RUE A F ab A 8 ei s Ki ei ki 2 note an M ES Ta d a v i i e a n lt aaa A Ge tenant l cart des galeries pendant plus de 20 ans apr s ses d buts la Galerie Andr Scho ller ou se brouillant avec ses derniers marchands D daignant toute forme de confrontation au march de l art i
35. r s avoir pris une bi re au caf de Flore Alonso se rendait l Od on lorsqu un monsieur tr s l gant s approcha de lui et sans mot dire Ota son chapeau et se pr senta Tristan Tzara dada ste Alonso s arr ta et aussi c r monieusement lui r pondit Angel Alonso peintre Alonso accompagna Tzara jusqu la nuit tombante dans une promenade dantesque travers Paris En arrivant chez Tzara un vagabond dormait placidement dans l escalier Tzara lui offrit charitablement l hospitalit geste qui le caract risait au dire d Alonso et l indigent anonyme refusa poliment son offre Est ce que je peux faire quelque chose pour toi insista l aimable bien faiteur et l autre de r pondre apr s un instant de r flexion Oui est ce que je peux donner votre adresse mes amis pour qu ils m y crivent 2 Ce qui fut accord En rem morant cette anecdote Alonso s exclamait a c tait Paris c tait l esprit du Paris d alors En 1949 Alonso tait pleinement int gr la dynamique de tra vail de sa g n ration Sta l Tal Coat Szenes Vieira da Silva Ils fr quentaient les m mes milieux et les m mes personnes En novembre 1950 un ami d Alonso le po te Francis Ponge mobilisa un groupe de critiques d art pour obliger l adminis tration fran aise ne pas livrer Alonso aux autorit s franquistes qui l avaient d clar fugitif Parmi les critiques qui se
36. r la couleur lui r pondit Alonso Cette nuit l ils sortirent d ner Sta l voulait inviter Alonso dans un grand restaurant Ils partirent dans la fourgonnette Citro n de Sta l charg e comme toujours de toutes sortes de toiles cou leurs et mat riaux de travail vers un endroit o malgr l heure tardive Sta l savait qu ils seraient servis Dans le restaurant tous du portier au ma tre d h tel traitaient Nicolas avec une d f rence qui surprit son ami Angel Ils burent le meilleur vin la fin du d ner Sta l d clara qu il n avait pas d argent pour payer Il r gla le probl me de l addition sa fa on et les deux amis abandonn rent les lieux Ce fut leur derni re rencontre En 1955 Alonso d cide d exposer son uvre la galerie d An dr Scho ller qui repr senta aussi Paris Fautrier Rebeyrolle Messager Duvillier Gnoli et Arroyo entre autres cette poque le mat riau de ses tableaux devient plus dense et plus intense Il d couvre et d veloppe de nouvelles techniques qui lui permettent de se diriger directement vers la tension entre le mat riau et la couleur dans la peinture de ce dont il est de plus en plus conscient Alors appara t le pigment de ses ocres blancs et noirs qui vibrent sur la toile comme des min raux Alonso fait de longs s jours la Laurencie dans le Limousin o il cherche de nouvelles voies En 1958 il travaille avec les feuilles les pommes les tro
37. rme de la Chapelle de ses noirs tourbeux devenus si denses qu ils gardent la trace des couteaux et des spatules de la pi ce de bois qui pand la mati re et simmobilise englu e enlis e de ses noirs de velours o la pierre rep re affleure parfois de ses noirs avec effet de gel ultime s rie noire inspir e par PAfrique qui s veille Soweto Dire le titre immuable de beaucoup de ses toiles noires D sastres mots pour lui de tous les jours mots majeurs mots majors mis toutes les sauces et commandant beau coup de ses jugements sur le monde Dire cette belle s rie qui vient la naissance de Jules son petit fils et qui lui fait pingler des maillots oriflammes un fil linge qui court joyeux de toile en toile e Dire une palette de couleurs longtemps clatantes franches et sans adjuvant qui ajoute au jaune des citrons le jaune des colzas l orange des oranges le vert des pommes et de l herbe bonne presser le bleu profond des eaux profondes et le rouge rare des fruits d j m rs Mais en dehors de ces grands aplats naturels que n alt re aucun naturalisme dominent encore et toujours les noirs qui couvrent et recouvrent les sur faces et les supports avec les blancs qui les r v lent les noirs Dire les deux fils Jean Jacques et Thierry qui travaillent t t avec lui qui vont pour lui chercher et pr parer les mat riaux et les mati res Jean Jacques qui devient la fin
38. rpore la couleur d autres l ments qui s y superposent Entre 1986 et 1989 il expose en trois occasions la galerie Jacques Barbier de Paris et en 1992 la galerie Sapone de Nice pr sente la s rie D sastres Apr s cette s rie Alonso ne travaillera que sur le noir et sur le blanc De graves ennuis de sant obligent Alonso vivre en reclus dans son atelier de la rue Br zin les derni res ann es de sa vie son grand regret il doit renoncer aller Genainvilliers et par contre il doit effectuer des s jours l h pital Laennec o il crira en mai 1989 le po me Beaut Cadavre fond sur des crits ant rieurs Cette situation ne emp che pas de travailler au contraire il se consacre e avec force son uvre Il n arr te pas de travailler sur le sentiment de cette lutte mortelle entre sa sant qui l aban donne et l uvre qui s ouvre lui il en r sulte ces puissantes toiles en vert jaune orange et blanc des derni res ann es ainsi que les deux derni res s ries Pune en noir sur le bois et l autre en noir et blanc qui terminent son uvre La texture s est purifi e au maximum et la couche de couleur est devenue poreuse et subtile Dans les derniers tableaux de petits formats le noir s ouvre comme un p tale vivant pour d voiler le blanc et le blanc sou tient avec la fermet du sol ou de la pierre l apparition du noir Les deux couleurs s identifient dans leur anta
39. s compromis Sean Scully COULEURS Angel Alonso allume la couleur et la travaille dans sa texture Chaque toile dans sa nudit m me sous la mati re tale fait fondre la couleur qui emporte tout Les tonalit s larges et cla tantes puissamment arrim es et architectur es semblent porter en elle leur lumi re Rien n est plus concret plus r el qu une ligne qu une cou leur qu une surface Ren Drouin La peinture est un lieu de couleurs Angel Alonso Les couleurs sont des fruits Les couleurs sont des saveurs Les couleurs sont obstin es elles carquillent l il Angel Alonso La couleur est une n cessit vitale Son action n est pas d cora tive Li e la lumi re elle devient intensit Gilbert Feruch Angel Alonso cherche la couleur telle qu elle est et non telle qu elle nous appara t Une couleur d une telle v rit qu elle s affranchit des strictes limites du cadre Fran oise Magny MATI RES MATERIAUX Il y a les mat riaux venus du sol ou de l atelier indistinctement m l s pos ment travaill s Il y a les griffures les asp rit s de la texture les ruptions et les irruptions provoqu es les bords un peu rong s qui placent la repr sentation derri re l cran de la surface picturale Comme si jamais la peinture tait vou e la mati re Ah cette mati re Ils seraient bien attrap s si je peignais lisse Nicolas de Sta
40. s de la lumi re Marisa est en train d crire Claros del bosque et elle en est aux balbutiements de son livre sur LAurore Alonso est descendu aux enfers pour d livrer son Eurydice la couleur la mort d Araceli Zambrano survenue le 20 f vrier 1972 la relation entre les deux entre dans un v ritable royaume d ombres Avant leurs retrouvailles en 1987 Maria n crit qu une seule fois Angel en novembre 1979 pour lui parler de ces t n bres dans lesquelles ils travaillent et survivent tous les deux Cette obscurit qui irradie une faible clart difficile percevoir cette clart qui d pend uniquement de l obscurit commence appara tre na t de ce que l on ne peut pas effacer Dans les ann es soixante dix et quatre vingt Alonso travaille patiemment son uvre d finitive Il domine la mati re et la technique dont il s est dot lui m me et travers lesquelles il r ussit donner corps aux couleurs qui l obs dent le plus Dans l application de la couleur Alonso joue avec la duret et la texture de la mati re il introduit des l ments qui font r f rence au paysage de Genainvilliers au travail des paysans ou au geste de l artiste fixant la couleur sur la toile De la que parfois il laisse sur la toile la spatule ou le petit morceau de bois qu il a employ pour tendre la couleur Au printemps 1982 Alonso expose la galerie Cahiers d Art Ce sont des tableaux sur lesquels il inco
41. se d tacha de sa mauvaise patrie sa malchance qu Alonso commen a se donner et tre lui seul toute la patrie qu il n avait pas eue Sur ce sujet des patries Angel m avait dit que si un moment donn il fallait s identifier avec un endroit ce serait avec la ferme de la Chapelle o pr cis ment il vivait lorsqu il renon a d pendre administrativement du r gime franquiste Je crois que ce n est pas par hasard que la fin de la lettre dans laquelle Maria fait l loge de la puret incorruptible d Alonso elle ajoute une note dans un encart qui ressemble plus une carte un plan ultra simple de la ferme d Alonso o elle voque son appartenance la m me patrie qu il se donna lui m me et de laquelle Maria obtint la nationalit J cris presque toujours ou toujours la ferme de la Chapelle Peu importe qu on y soit ou pas ou m me qu elle n existe plus elle va bien au del En 1969 vers le milieu de l ann e Maria retourne Paris et la ferme Elle a alors l occasion de conna tre Tal Coat et le travail gu Alonso tait en train de r aliser Angel et Maria sont concen tr s chacun sur sa propre uvre et sa propre vie dans un m me DOSSIER DE PRESSE e EXPOSITION ANGEL ALONSO se DU 18 OCTOBRE 2013 AU 16 AVRIL 2014 Jaune avec traces verte et jaune 1993 120 X 120 cm Technique mixte Fonds Alonso S ville Espagne voyage sans retour vers les source
42. si exigeant qu intransigeant connu et reconnu par les plus grands collectionneurs critiques et gale ristes et qui fut sans doute l un des hommes les plus charmeurs et les plus s duisants que l on puisse imaginer un beau et doux parleur qui savait comme personne retenir l attention de son auditoire par la force de son propos la fermet de ses positions et son inimitable tempo Et pourtant aucune exposition d importance en France aucun ouvrage et tr s peu d articles qui lui soient consacr s Rien Le silence injuste et lourd du non dit C est dire de ce qui reste dire e Dire l incroyable coh rence d une uvre qui court sur plus de quarante ans 1950 1994 Il d cidera de recouvrir de son noir charbonneux ses toiles de toutes les couleurs qui avaient rencontr le succ s lors d une exposition tenue dans une gale rie ni oise affirmant que d cidemment la couleur est une pute Il a toujours exclu de peindre avec de la peinture en tube achet e dans le commerce qui n aurait pu l amener qu produire une peinture commerciale Dire l tonnant engagement de cet artiste g n reux l ex tr me mais ombrageux et orgueilleux aussi Il se f che et s carte aussi facilement qu il lie des amiti s neuves Il l vera pendant quelques temps Anne de Sta l apr s le suicide de son p re la ferme de la Chapelle il accueille avec Monique tous ceux qui ont besoin de faire une paus
43. sse dont on ne sait presque rien non plus de sa prime jeunesse Les cica trices brutes qui apparaissent dans le noir des derniers tableaux d Alonso surtout dans D sastres ou entre les masses du blanc et du noir ou dans les traces les plus subtiles entre les masses de couleurs n uniformisent pas la pr sence et la lumi re elles ne la fragmentent pas non plus elles sont l exprimant verba lisant la lumi re avec la force d une m moire pure qui rejette les souvenirs J ai seulement la m moire de la couleur me d cr ta t il un jour o ma maladresse tentait de l obliger pour suivre l artifice des souvenirs Comme l oreille absolue de cer tains musiciens qui reconnaissent les notes sans avoir besoin de les comparer Alonso poss dait une vision absolue capable de reconna tre en approximation infinit simale la puret exacte du ton visuel et aussi verbal et musical de chaque couleur Maria Zambrano mentionnait un projet d Alonso dans une lettre crire une thique musicale partir de Pexp rience de sa peinture Quand Alonso d couvre la couleur noire au d but des ann es soixante il se produit une nouvelle coupure nette et d finitive avec le pass Il recommence s initier chaque ins tant et reprendre ind finiment sans illusion de progression la recherche plastique parfois plus sculpturale que picturale des couleurs absolues Dans la peinture d Alonso de l t 1950 pendant un s
44. t l phonique avec Alonso comme d un acte de r surrection de cette voix de ces mots que comme on peut le constater dans les lettres qu elle lui crivit elle avait tant besoin d entendre Mais pourquoi donc Seigneur tu ne me dis pas un mot C est Cioran qui me donna des nouvelles d Alonso et qui me fit aussi un petit croquis pour arriver de la sortie du m tro au petit atelier au num ro 7 de la rue Br zin o vivait et travaillait son ami espagnol Cioran avec motion me parla d Alonso qu il consid rait comme l un des rares ou des derniers artistes int gres qui restaient encore Paris Pr s de son lit Cioran avait un dessin d Alonso qu il montrait avec plaisir Jai d couvert plus tard une co ncidence magique le tableau que Maria poss dait pr cis ment au dessus de son lit dans sa maison de Madrid et que je m tais tant de fois surpris contempler sans chercher savoir le nom de l auteur tait aussi de son ami Angel Alonso Pour Cioran comme pour Alonso Maria Zambrano avait t pendant plus de quarante ans d amiti une sorte de miroir de la v rit de sa v rit personnelle et artistique o jamais il ne cessa de se regarder m me si parfois il ne s y voyait plus Alonso passa les derniers jours de sa vie consacr s son uvre peu de temps avant de mourir il travaillait avec acharnement faisant un ultime effort afin d loigner disait il l immense pan
45. t au soleil ou l ombre d un arbre pour voir comment une mouche s y promenait se glissait dans ce recoin et reprenait son vol La grande preuve de la couleur ce qui d termine sa v rit est la multiplication infinie Chaque millim tre doit tre diff rent du suivant plus pur et plus intense que l autre Le regard doit sentir l existence de la couleur comme il reconna t l existence du noir dans l in finitude de nuances de la couleur de la mouche Tout contribue cette existence et une ext riorit unique pigments mat riaux texture format et limites de la surface de couleur L tre de la peinture se calcule dans la lumi re la r alit et le mou vement de la couleur dans le tableau Alonso s int resse aux peintres qui tels Turner ou Goya en arrivent cette conviction radicale Il vaut mieux se passer de tout ce qui n est pas essen tiellement couleur omission totale La couleur d passe le tableau d borde les cadres efface ou ne tient pas compte des supports La couleur c est le tout cadre support mati re et figure Et le peintre atteint sa propre r alit dans l invention de la couleur Ce n est que de cette mani re qu il obtient l autorit n cessaire pour l appliquer Le peintre doit travailler avec la 101 conscience d terminante du m dium dans la peinture L instru ment doit tre cr par l artiste tout comme l uvre La gamme de couleurs ainsi cr
46. t demanda en ren contrer l auteur Alonso acc da alors sa demande et ne cessa jamais de r pondre l appel de son ami jusqu au suicide de celui ci apr s lequel Alonso et sa premi re femme recueillirent sa fille Anne de Sta l Il est de notori t publique que pour la plupart des tableaux que Sta l r ussissait vendre son corps faisait partie du lot Un jour alors que Sta l satisfaisait l une des amoureuses de son art Alonso se trouva l pour le prot ger de la fureur de Fran oise son pouse qui arrivait au m me moment Sta l demanda Alonso de prendre sa place ainsi putiil se justifier aupr s d elle pr textant qu il avait pr t le lit Angel pour un rendez vous avec cette acheteuse Alonso et Sta l travaillaient se promenaient buvaient ensemble uniquement des vins excellents parlaient de peinture de leur travail et de Tal Coat Sta l critiquait Tal Coat devant Alonso parce qu il se servait encore de pinceaux Il lui disait que si l on supprimait les masses de couleurs des tableaux de Tal Coat il ne resterait rien Alonso conserva toute sa vie un couteau que Sta l utilisait pour peindre Selon Alonso il y eut une contagion r v l e par le fait que Sta l dans ses derni res uvres reprit les pinceaux et Tal Coat finit par employer les spatules D sastres V 1991 197 x 115 cm Technique mixte Fonds Alonso S ville Espagne ER Alonso et Sta l firent connaissan
47. ue dans ses propos et en m me temps pr t faire n im porte quel sacrifice pour le premier venu ce genre de contra diction est fr quent chez l Espagnol et chez le Russe D router avec charme tel est le secret d Alonso Ses r actions sont impr visibles d concertantes Il aime troubler et il y arrive sans effort ni aigreur Ses propos un d ner par exemple pourraient tre pris pour de la provocation alors qu ils manent d un besoin d animer une conversation de sauver une soir e le scandale par peur de l ennui cette terreur si fr quente au milieu d un salon Alonso est un temp rament Non il est mieux c est l tre le moins serein le moins neutre qui existe et qui se tuerait tout de suite s il tait exil au paradis Emil Michel Cioran Enfance 1990 technique mixte sur toile Fonds Alonso S ville 51 DOSSIER DE PRESSE e EXPOSITION e ANGEL ALONSO se DU 18 OCTOBRE 2013 AU 16 AVRIL 2014 PORTRAIT D ANGEL ALONSO J ai rencontr Angel Alonso les premiers jours de 1987 et j ai assist l incin ration de son cadavre sept ans plus tard pendant ces m mes jours d hiver rigoureux de Paris o il tait arriv en 1947 ai d couvert sa trace alors que je voyageais travers l Eu rope sur d autres pas que je devinais bient t provenir du m me tre unis parts gales par une amiti qui est all e au del de la mort les autres pas taient ceux de l ex
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