Georges Perec - Departamento de Frances IES "Leonardo da Vinci"
Contents
1. inachev Le voyage d hiver Recueils de po sies 1976 1980 Alphabets La Cl ture et autres po mes Pi ces de th tre 1981 L Augmentation 1981 La poche Parmentier Essais 1974 Esp ces d espaces Autobiographie 1973 La boutique obscure 1975 W ou le souvenir de l enfance Correspondance 1997 Cher tr s cher admirable et charmant ami gt Autres 1979 Les mots crois s 1986 Les mots crois s II 1991 Cantatrix sopranica L et autres crits scientifiques 1997 Jeux int ressants gt IES Leonardo da Vinci Departamento de Franc s Majadahonda Note Les textes et extraits qui suivent ont t pris de l dition de Bernard Magn Georges Perec Romans et R cits coll Classiques Modernes La Pochoth que Le livre de Poche 2002 Les choses Une histoire des ann es soixante Lorsque Georges Perec obtient le prix Renaudot en 1965 avec Les Choses c est un jeune auteur de 29 ans qui est un vrai inconnu C est son premier roman Mais en r alit cela fait dix ans qu il crit de la fiction Les Choses a t con u au d part comme un roman policier l histoire d un hold up Peu peu cette histoire devient un roman sur la pauvret inextricablement m l e l image de la richesse comme l crit Roland Barthes Il raconte l histoire d un couple non2. regarder les hommes comme s ils taient des pierres Tu apprends rester assis rester couch rester debout Tu apprends mastiquer chaque bouch e trouver le m me go t atone chaque parcelle de nourriture que tu portes ta bouche Tu apprends regarder les tableaux expos s dans les galeries de peinture comme s ils taient des bouts de murs de plafonds et les murs les plafonds comme s ils taient des toiles dont tu suis sans fatigue les dizaines les milliers de chemins toujours recommenc es labyrinthes inexorables texte que nul ne saurait d chiffrer visages en d composition IES Leonardo da Vinci Departamento de Franc s Majadahonda La disparition La Disparition gt 1969 est un roman policier avec tous ses st r otypes nigmes cryptogrammes fausses identit s rebondissements disparitions kidnappings tueurs en s rie enqu teurs faux coupables etc Il y a m me pl thore et profusion le go t avou du scriptor pour l accumulation pour la saturation C est en effet un r cit passablement obscur dont il n est pas s r que le lecteur per oive clairement tous les fils et dont le narrateur lui m me semble avoir quelque difficult ma triser les multiples niveaux Mais La Disparition gt est aussi le premier roman soumis une r gle formelle explicite c est le livre sans la lettre E Ainsi l int r t du roman r side moins dans son intrigue que
3. seulement mi chemin de la vie d tudiant et de la vie professionnelle gt mais aussi dans les ann es soixante Extrait Les Choses Chapitre III J r me avait vingt quatre ans Sylvie en avait vingt deux Ils taient tous deux psychosociologues Ce travail qui n tait pas exactement un m tier ni m me une profession consistait interviewer des gens selon diverses techniques sur des sujets vari s C tait un travail difficile qui exigeait pour le moins une forte concentration nerveuse mais il ne manquait pas d int r t tait relativement bien pay et leur laissait un temps libre appr ciable Comme presque tous leurs coll gues J r me et Sylvie taient devenus psychosociologues par n cessit non par choix Nul ne sait d ailleurs o les aurait men s le libre d veloppement d inclinations tout fait indolentes L histoire l encore avait choisi pour eux Ils auraient aim certes comme tout le monde se consacrer quelque chose sentir en eux un besoin puissant qu ils auraient appel vocation une ambition qui les aurait soulev s une passion qui les aurait combl s H las ils ne s en connaissaient qu une celle du mieux vivre et elle les puisait Etudiants la perspective d une pauvre licence d un poste Nogent sur Seine Ch teau Thierry ou a tampes et d un salaire petit les pouvanta au point qu peine se furent ils rencontr s J r me avait alors vingt et un
4. IES Leonardo da Vinci Departamento de Franc s Majadahonda Bibliographie Les choses Quel petit v lo Un homme qui dort La disparition Les Revenentes La Vie mode d emploi Georges Perec Notes Biographiques D but des ann es 1920 Cyrla Szulewicz juive polonaise migre en France avec ses parents Fin des ann es 1920 Icek Judko Perec juif polonais migre en France 30 ao t 1934 la mairie du XXe arrondissement de Paris Icek Judko Perec pouse Cyrla Szulewicz Ils r sident 24 rue Vilin XXe arrondissement 7 mars 1936 Naissance de Georges Perec Paris dans une maternit de la rue de l Atlas XIXe arrondissement 16 juin 1940 Icek Judko Perec engag volontaire est bless au ventre 11 meurt Nogent sur Seine Printemps 1942 Georges Perec est confi par sa m re a un convoi interzone de la Croix Rouge destination de Villard de Lans o son oncle et sa tante paternelle David et Esther Bienenfeld se sont r fugi s 17 janvier 1943 Arrestation Paris de Cyrla Perec 23 janvier 1943 Cyrla Perec est intern e au camp de Drancy 11 f vrier 1943 Cyrla Perec est d port e en direction d Auschwitz dans le convoi no 47 1945 Retour de Georges Perec Paris 18 rue de l Assomption chez Esther et David Bienenfeld 1946 1954 Scolarit Paris puis Etampes 1948 1952 Psychoth rapie avec Fran oise Dolto Octobr
5. Leonardo da Vinci Departamento de Franc s Majadahonda Extrait de Quel Petit v lo guidon chrom au fond de la cour Permettez moi de vous rappeler les grandes lignes de ce que votre cervelle de lecteur a pu ou aurait pu ou aurait d emmagasiner Premi rement qu il existe un individu du nom peut tre approximatif de Karachose qui refuse d aller sur la mer M ditterrann e je ne suis pas tr s s r de cette orthographe tant que les conditions climatiques seront ce qu elles sont Point que d ailleurs on pr cise assez peu attentifs que nous sommes acquimiler les pitits myst res autour de notre modeste r cit deuxi mement qu il existe une bande de braves gens dont auquel j en suis courageux comme Marignan forts comme Pathos subtils comme Art mis fiers comme Artaban troisi mement qu il existe une tierce personne nomm e Pollak et pr nomm e Henri de son tat mar chal des logis qui semble passer son temps aller de l un aux autres et des autres l un et vice versa au moyen d un p taradant petit v lomoteur quatri mement que ce petit v lomoteur a un guidon chrom cinqui mement que des individus que l on peut et doit qualifier de comparses circulent entre les interstices de la chose principale et mettent l icelle en valeur selon les meilleurs pr ceptes que les bons auteurs m ont appris quand j tais petit sixi mement que les choses en tant l o on les a laiss es on est p
6. Q est ce qe c est C est l Excellence C est l Excellence l v qge Z tes d mente c est des vedettes b le h b t e qelqe m m re dent e Let s bet three pence C est Mel Ferrer pr tend qelqe ben t expert en westerns Mes fesses C est Peter Sellers d mentent ensemble sept z bres fervents de t l Mel Ferrer Peter Sellers Never jette je exc d c est B reng re de Br men Br vent B reng re de Br men Br vent r p tent les gens qe cette ex g se rend perplexes Certes reprends je B reng re B reng re The Qeen B reng re The Legs celle qe Dresde et qe Leeds r v rent celle qe v n rent et le Rex et le S lect et Pleyel B reng re d esse th r e des sc nes vedette d entre les vedettes f e des kermesses et des f tes Sept cent trente sept pr tres l encensent d s q elle entre en sc ne et entreprend d enlever ses v tements cent mecs se p tent le cervelet Et q est elle cens e chercher chez l v ge Ces messes ne me semblent de m me esp ce met qelqe p te sec en b r t et en spencer Ne te m prends d mens je qe B reng re se rende chez l v de c est de r gle en effet l v qe est le fr re d Herbert Merelbeke le p p de Th r se Merelbeke et Th r se Merelbeke est l l ve pr f r e de B reng re Perplexe le p te sec enl ve et remet les verres cercl s d b ne de ses serre nez Ce fr re ce p p cett
7. ans Sylvie dix neuf ils abandonn rent sans presque avoir besoin de se concerter des tudes qu ils n avaient jamais vraiment commenc es Le d sir de savoir ne les d vorait pas beaucoup plus humblement et sans se dissimuler qu ils avaient sans doute tort et que t t ou tard viendrait le jour o ils le regretteraient ils ressentaient le besoin d une chambre un peu plus grande d eau courante d une douche de repas plus vari s ou simplement plus copieux que ceux des restaurants universitaires d une voiture peut tre de disques de vacances de v tements T Quel Petit v lo guidon chrom au fond de la cour R dig juste apr s Les Choses et publi en1966 aux ditions Deno l ce r cit pique en prose ouvertement parodique c est un divertissement o le romancier oublie l laboration tr s contr l e de son premier livre en laissant courir son criture Quel petit v lo gt ne ressemble gu re aux autres romans de Perec Calembours contrepets pastiches emprunts d tourn s revus et corrig s sous entendus connivences allusions etc sont constamment pr sents dans le livre Livre incontestablement dr le Quel petit v lo guidon chrom au fond de la cour long titre de onze mots est aussi non moins incontestablement un dr le de livre qui s ach ve sur un quai de gare la recherche d un passager invisible partant pour une destination peut tre mortelle IES
8. arfaitement en droit de se demander Mon Dieu mon Dieu comment tout cela va t il finir T Un homme qui dort Georges Perec pr sente Un homme qui dort 1967 comme l inverse de son premier roman l envers de ce que j ai crit un antidote Apr s le roman du d sir le roman de l indiff rence Si l un et l autre sont des romans urbains ils offrent de la ville des images radicalement diff rentes Au Paris s ducteur que J r me et Sylvie ne se lassent pas de d couvrir au fil de leurs promenades merveill es s oppose un Paris froid hostile aussi anonyme que le personnage qui le parcourt Dans ce lieu d errances solitaires et le plus souvent nocturnes m me les bars et les cin mas ne sont plus que de sinistres et illusoires refuges d o semble d finitivement bannie toute trace de convivialit Un autre paradoxe dans ce roman est la forme inusit e du r cit son unique personnage n est ni locuteur celui parle ni d locuteur celui dont on parle il est interlocuteur celui qui l on parle Mais le h ros d Un homme qui dort est interlocuteur muet ce tu qui ne dit jamais je bien diff rent pourtant du vous de Butor dans La Modification Extrait d Un homme qui dort Tu es seul Tu apprends marcher comme un homme seul fl ner tra ner voir sans regarder regarder sans voir Tu apprends la transparence l immobilit l inexistence Tu apprends tre une ombre et
9. dans le lexique que son auteur doir modifier inventer chaque instant cause de cette contrainte qu il s est impos ou comme Perec lui m me a reconnu choisir un lipogramme pour raconter une histoire c est s imposer une contrainte haut rendement it Extrait de La disparition I Anton Voyl Anton Voyl n arrivait pas dormir Il alluma Son Jaz marquait minuit vingt Il poussa un profond soupir s assit dans lit s appuyant sur son polochon Il prit un roman il l ouvrit il lut mais il n y saisissait qu un imbroglio confus il butait t instant sur un mot dont il ignorait la signification Il abandonna son roman sur son lit Il alla son lavabo il mouilla un gant qu il passa sur son front sur son cou Son pouls battait trop fort Il avait chaud Il ouvrit son vasistas scruta la nuit Il faisait doux Un bruit indistinct montait faubourg Un carillon plus lourd qu un glas plus sourd qu un tocsin plus profond qu un bourdon non loin sonna trois coups Du canal Saint Martin un clapotis plaintif signalait chaland qui passait Sur l abattant du vasistas un animal au thorax indigo l aiguillon safran ni un cafard ni un charan on mais plut t un artison s avan ait tra nant un brin d alfa Il s approcha voulant aplatir d un coup vif mais l animal prit son vol disparaissant dans la nuit avant qu il ait pu l assaillir Il tapota d un doigt un air martial sur l oblong ch ssis du vasistas Il ouvrit so
10. e l ve et cette pr f rence me semblent extr mement enchev tr s Je sens qe l nervement me p n tre je rejette cette qerelle d Helv te et pr f re me d mettre Les gens cessent de m encercler P destrement je me rends chez H l ne Pr s de qelqe sente d serte et ent n br e j entends ces sentences qe le vent semble rep cher L v ch est en effervescence Elle s est tr s endett e r cemment Elle vend ses gemmes B zef Et le recel Elle se sert de l entregent de l v ge h h Le vent d est se l ve Le reste se perd IES Leonardo da Vinci Departamento de Franc s Majadahonda La Vie mode d emploi ig La Vie mode d emploi 1978 Prix M dicis est sans aucun doute le chef d uvre de Georges Perec Avec ce roman l auteur r alise son r ve de renouer avec la grande tradition romanesque Il produit ainsi non seulement son chef d uvre mais un chef d uvre Autour d un immeuble parisien va se d rouler un trange projet voir extrait ci dessous et toute une s rie d incroyables histoires qui pourraient elles seules faire partie d autant de romans s entrem lent dans le r cit principal Le sous titre de la Vie mode d emploi est romans Car ce n est pas un roman parmi d autres mais sans aucun doute possible LE roman La dur e de son laboration est exceptionnelle par rapport d autres uvres de l auteur la seule r daction du manuscri
11. e 1954 juillet 1955 Hypokh gne au lyc e Henri IV Octobre 1955 juillet 1956 Etudes d histoire la Sorbonne 1956 1957 Psychanalyse avec Michel De M Uzan 13 octobre 1958 Un d cret d clare que Cyrla Perec est officiellement d c d e le 11 f vrier 1943 Drancy France 7 janvier 1958 10 d cembre 1959 Service militaire pour l essentiel dans les parachutistes Pau D but 1960 Georges Perec et Paulette P tras s installent 5 rue de Quatrefages dans le Ve arrondissement de Paris 22 octobre 1960 Georges Perec pouse Paulette P tras la mairie du Ve arrondissement Novembre 1960 juillet 1961 S jour Sfax Tunisie Octobre 1961 Georges Perec entre au CNRS comme documentaliste dans le laboratoire de neurophysiologie m dicale Mai 1971 juin 1975 Psychanalyse avec J B Pontalis Septembre 1978 Georges Perec d missionne du CNRS et devient homme de lettres temps plein 3 mars 1982 Georges Perec meurt d un cancer du poumon l h pital d Ivry vers 8 heures du soir IES Leonardo da Vinci Departamento de Franc s Majadahonda Bibliographie piy Romans et r cits 1965 1966 1967 1969 1972 1978 1979 1989 1993 Les Choses Prix Renaudot Quel petit v lo guidon chrom au fond de la cour Un homme qui dort La disparition Les Revenentes La vie mode d emploi Prix M dicis Un cabinet d amateur 53 jours
12. i aurait pendant cinquante ans enti rement mobilis son auteur
13. me s il s agissait d un puzzle impossible le lecteur n est jamais pr s d achever la lecture du roman Mais contrairement aux puzzles de Gaspar Winckler dont les pi ges finissent par conduire Bartlebooth au d sespoir et finalement la c cit le puzzle de La Vie mode d emploi de Georges Perec dans son impossible cl ture aiguise le regard du lecteur renouvelle sa curiosit et lui offre la promesse jubilatoire de d couvertes insoup onn es Jacques Roubaud a signal que la t che de l auteur oulipien et Perec en est peut tre le plus important repr sentant est la fabrication d un chef d uvre et La Vie mode d emploi est la seule uvre oulipienne qui se rapproche de cette id e Georges Perec est sans doute conscient qu en crivant son romans il appartient d sormais au grand puzzle de la biblioth que universelle dont il est une des pi ces majeures IES Leonardo da Vinci Departamento de Franc s Majadahonda Extrait de La Vie mode d emploi CHAPITRE XXVI Bartlebooth 1 Imaginons un homme dont la fortune n aurait d gale que l indiff rence ce que la fortune permet g n ralement et dont le d sir serait beaucoup plus orgueilleusement de saisir de d crire d puiser non la totalit du monde projet que son seul nonc suffit ruiner mais un fragment constitu de celui ci face l inextricable incoh rence du monde il s agira alors d accomplir jusqu au bou
14. n frigo mural il prit du lait froid il but un grand bol Il s apaisait Il s assit sur son cosy il prit un journal qu il parcourut d un air distrait Il alluma un cigarillo qu il fuma jusqu au bout quoiqu il trouv t son parfum irritant Il toussa Il mit la radio un air afro cubain fut suivi d un boston un tango puis un fox trot puis un cotillon mis au go t jour Dutronc chanta du Lanzmann Barbara un madrigal d Aragon Stich Randall un air d A da Il dut s assoupir un instant car il sursauta soudain La radio annon ait Voici nos Informations il n y avait aucun fait important Valparaiso l inauguration d un pont avait fait vingt cinq morts Zurich Norodom Sihanouk faisait savoir qu il n irait pas Washington Matignon Pompidou proposait aux syndicats l organisation d un statu quo social mais faisait chou blanc Au Biafra conflits raciaux Conakry on parlait d un putsch Un typhon s abattait sur Nagasaki tandis qu un ouragan au joli surnom d Amanda s annon ait sur Tristan da Cunha dont on rapatriait la population par avions cargos Roland Garros pour finir dans un match comptant pour la Davis Cup Santana avait battu Darmon six trois un trois six dix huit huit six IES Leonardo da Vinci Departamento de Franc s Majadahonda Les Revenentes Publi es quatre ans 1972 apr s La Disparition Les Revenentes se pr sentent dans leur titre m me comme l indispensable com
15. pl ment au roman lipogrammatique en E quelque chose comme le retour de la lettre fant me une sorte de catharsis vocalique les E refoul s du premier r cit venant envahir le second et en bannir toutes les autres voyelles Les Revenentes gt sont indiscutablement un lipogramme en A E Oet U Les Revenentes sont m me un lipogramme tr s classique perecquien puisque l histoire qu elles racontent est comme dans La Disparition une d signation m taphorique mais fort claire de la contrainte du vol de joyaux la soustraction de voyelles il n y a qu un pas Il s agit d une parodie du roman policier deux bandes rivales se disputent les gemmes de B reng re de Br men Br vent celle du roman rotique les enchev trements pervers du pense fesses voquent Sade Andr a de Nerciat ou Apollinaire le clin d il Dumas il s agit tels les Mesdet res de subtiliser des ferrets gt dissimul s quelque part en Engleterre i Extrait des Revenentes D but du r cit Telles des ch vres en d tresse sept Merc d s Benz vertes les fen tres cr p es de reps gr ge descendent lentement West End Street et prennent s nestrement Temple Street vers les vertes venelles sem es de h tres et de fr nes pr s desqelles sedresse svelte et empes en m me temps l v ch d Exeter Pr s de l entr e des thermes des gens s empressent Qels secrets rec lent ces fen tres scell es
16. t d finitif a dur un peu plus de vingt mois du 29 octobre 1976 au 5 avril 1978 Le point de d part a t le mod le bi carr latin octogonal d ordre 10 que Claude Berge avait communiqu l OuLiPo cette ann e l On peut lire La Vie mode d emploi comme le propose l auteur lui m me d affil e gt car il y a l histoire de Bartlebooth qui cour d un bout l autre Mais il y a dans un roman o la fabrique est tellement complexe d autres parcours par exemple partir de l index en lisant l uvre comme un r cit hipertextuel avant la lettre un version num rique du roman apporterait sans aucun doute une nouvelle vision de ce roman exceptionnel Il y aussi le parcours travers les diff rentes histoires il y en a plus de cent cinquante qui constituent autant de romans potentiels Petit petit et malgr l apparente difficult de la structure du roman le lecteur se rend compte que tous les personnages de cet trange immeuble toutes les histoires qui y sont racont es se rapportent d une mani re ou d une autre Bartlebooth et ses puzzles que le personnage lui m me essaie de construire puis de d truire D autre part l index lui m me apporte encore d autres surprises solutions certains nigmes rencontr es dans les chapitres co ncidences chronologiques troublantes etc Ainsi chaque lecture ou relecture du texte apporte son lot de nouvelles trouvailles qu on n avait pas remarqu s avant Ainsi com
17. t un programme restreint sans doute mais entier intact irr ductible Bartlebooth en d autres termes d cida un jour que sa vie tout enti re serait organis e autour d un projet unique dot la n cessit arbitraire n aurait d autre fin qu elle m me Ainsi s organisa concr tement un Programme que l on peut noncer succinctement ainsi Pendant dix ans de 1925 1935 Bartlebooth s initierait l art de l aquarelle Pendant vingt ans de 1935 1955 il Parcourrait le monde peignant raison d une aquarelle tous les quinze jours cinq cents marines de m me format 65 x 50 Ou raisin repr sentant des ports de mer Chaque fois qu une de ces marines serait achev e elle serait envoy e un artisan sp cialis Gaspard Winckler qui la collerait sur une mince plaque de bois et la d couperait en un puzzle de sept cent cinquante pi ces Pendant vingt ans de 1955 1975 Bartlebooth revenu en France reconstituerait dans l ordre les puzzles ainsi pr par s raison de nouveau d un puzzle tous les quinze jours mesure que les puzzles seraient r assembl s les marines seraient retextur es de mani re ce qu on puisse les d coller de leur support transport es l endroit m me o vingt ans auparavant elles avaient t peintes et plong es dans une solution d tersive d o ne ressortirait qu une feuille de papier Whatman intacte et vierge Aucune trace ainsi ne resterait de cette op ration qu
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