Jeux de mémoires - école supérieure d`arts & médias de Caen
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1. keep the motion less attitude of the posture of the subject in the photo The subject poses is immobilised while waiting alone and then abandoned in an instant It contradicts the tradition which represents childhood as an ideal as a state of enjoyment and total freedom work the faces the bodies deform them so that they do not look like children anymore Their faces almost become the heads of animals The children are transformed in a disturbing way they are androids from another world capture fragments of reality to make my own interpretation Every portrait carries in it a message from a generation who grew up with the idea of colourful easy happiness and perpetual joy a magic world made of consumption and entertainment But we are conscious nevertheless of the reality of the world Pascal Vochelet is a French artist who has influenced my work What like about his work is the way he presents the family But his vision is wider than that in his paintings he challenges the notion of identity We recogni se his style with the game of flat colours and collage or coloured pencil He transforms reality by conferring on it a shape of mysterious complexity He re injects elements of his own mythology in particular animal ears which recall that the family real or fictitious comes from a primitive herd in which violence is domesticated and where every individual has to find his place In each painting these ears are clearly2. associated with the world of the bul lied child Next year would like to continue my work by making drawings pain tings installations and want to go back to experimenting with video It is very important for me to use different media and to explore them in diverse ways do not want to limit myself to a single technique This year has been really decisive for me have found myself in what have made and have the impression of holding something and wanting to stretch it in as many different ways as possible Bibliographie BERNADAC Marie et MOISDON TREMBLEY St phanie Pr sum s innocents l art contemporain et l enfance CAPC Mus e d art contemporain de Bordeaux 2000 BLISTENE Bernard de Histoire de l art du XXe si cle Beaux Arts magazine 2002 BOLTANSKI Christian BOLTANSKI catalogue de l exposition Centre Pompidou 1984 BONACOSSA llaria Marl ne Dumas Hazan 2007 BROOKE Davis Anderson DARGER Harry N Abrams 2001 BROWN Trisha Danse pr cis de libert Rmn 1998 BRUNIER MESTAS Printemps Un deux quatre 2008 CAROLL Lewis Les aventures d Alice au pays des merveilles Aubier Flammarion 1970 MAISON ROUGE Isabelle de Mythologie personnelles L art contemporain et l intime Scala 2004 DUPONT Yves dir Dictionnaire des risques Armand Colin 2004 EWIG Isabelle et MALDONADO Guitemie Lire art contemporain Larousse 2009 FABRE Val rie Les Restes de la m duse Cr dac 1997 GOMBRICH Ernst H
3. e Si l on regarde plus en d tails les v tements sont parfaite ment repass s les rougeurs des visages minutieusement contr l es Mais quelque chose cloche et nous d range C est dans cette infime perturbation de la r alit que r side la grande qualit des ces photos Le regard des en fants est comme exorbit les couleurs un peu trop pastelles les cieux trop kitsch comme des d cors de th tre Loretta Lux provoque dans ses pho tos un malaise qu on ne parvient pas d finir Le charme qui en mane est quelque peu obsol te il se d gage de ces photos un sentiment trange Les enfants ont le teint bl me Leur regard est ailleurs Ils ne paraissent ni gais ni tristes trop sages peut tre Leurs habits d un autre ge sont comme empes s amidonn s Leur t te ou leurs yeux l g rement agrandis semblent disproportionn s Leurs corps sont litt ralement pos s dans des d cors inhabit s et trop grands pour eux Ces enfants me touchent par leur singularit Comment expliquer ce trouble L inqui tante tranget do mine car l artiste sait nous incommoder nous plonger dans le ravissement l emerveillement le trouble Loretta Lux a une formation de peintre et la revendique Ses subtiles r f rences la peinture en particulier la renaissance en t moignent M me si elle utilise des paysages peints en guise de d cors sa d marche s inscrit pleinement dans une mouvance qui int gre et tire parti des ou
4. modernit qui est un concept socio logique et philosophique Le post modernisme est une critique du moder nisme Il postule l impossibilit des grandes utopies ll accepte la r alit comme tant clat e et l identit personnelle comme une valeur instable fond e par un grand nombre de facteurs culturels Son esth tique est un m lange d influences artistiques qui se caract rise par la r utilisation des formes existantes Nous sommes dans la citation le pastiche la parodie L artiste postmoderne n est pas dans l oubli et l ignorance des traditions artistiques Parfois il rend hommage de mani re ironique et ludique et il est normal de s approprier des uvres ainsi que les images du monde 23 photographies de mises en sc nes tailles variables 2009 moderne Le post modernisme est une hyper conscience car nous sommes dans une histoire connue et on ne peut pas chapper la citation J ai l impression d tre dans une ternelle citation quand il s agit de mon travail plastique D autant plus en d crivant ma d marche car je m aper ois que tout ou presque a d j t fait Mon travail peut tre plus transversal il peut trouver sa l gitimit cr atrice parce qu il est justement mien m me si je suis parfois dans la r criture Je pense qu il faut s abandonner et que le d tournement peut prendre un sens artistique Le simple fait d apporter un regard nouveau sur u
5. moiti du XXe si cle c est l explosion de la culture de masse relay e par une industrie des m dias toujours plus puissante Cette culture m diatique touche toutes les classes sociales et devient l un des fondements de l imagination collective Dans les ann es soixante dix des artistes du groupe fran ais Support Sur faces revendiquent des savoirs faire artisanaux tels ceux des ma ons des charpentiers ou introduisent des techniques ancestrales telles que le tis sage le tressage le nouage Ils posent la question des origines de l art Il y a de nos jours un d veloppement de la culture populaire ainsi que de la nostalgie car nous n avons plus vraiment d histoires religieuses aux quelles se r f rer et l agnostique que je suis pense que les r cits bibliques contiennent des all gories qui ne sont pas v rit s mais enseignements Nous sommes mal arm s devant la morale et l thique de notre culture t l visuelle provenant de notre jeunesse dulcor e 31 Christian Boltanski Re iquaire installation 1990 L enfance comme tat fantasm Le rapport du monde adulte l enfance Si l art est en partie li l enfance ce n est pas seulement pour des raisons historiques et sociologiques mais aussi parce qu il est intrinseque ment li dans son processus m me au jeu aux souvenirs aux pulsions primaires au refoulement l imaginaire qui caract risent le domaine de l enfance Cet art se pratiq
6. Jeux de m moires Sophie Pouchain DNSEP 2010 option art Dans l ordre Introduction Le souvenir La m moire L image La r miniscence L enfance comme tat fantasm Le rapport du monde adulte l enfance Le paradis de l enfance Le devenir dans la rupture Conclusion Annexes English summary Bibliographie Filmographie Sites internet Remerciements p 5 p 7 p 19 p 23 p 33 p 40 P 47 p 51 Entre la naissance et la mort il ny a que la vie ce r ceptacle de tous les go smes de toutes les vanit s de toutes les humiliations J rg Hermle Introduction C est l que je suis dans ce r ceptacle je pars la d rive de ma propre vie C est une v ritable exploration dans le temps l espace social et le quotidien Je ne trouve pas mes fondements dans le miracle de mon g nie cr ateur mais dans un contexte qui m est propre J extrais de mon environnement ce qui s apparente la com die humaine et ses travers Il en d coule un travail plastique habit par la peur de l avenir l enfance le changement les frustrations l inadaptation Mon processus n est pas une activit autonome s par e de l Histoire de la r alit sociale et politique du monde et de la diversit de ses repr sentations Je suis l un des sujets de ce monde et j observe sa prog niture les th mes qui me touchent sont les miens au del de leurs caract re plastique N anmoins ce
7. ants Parmi ces peintures La Chambre ovale met en sc ne dans une architec ture la limite de l abstraction un personnage esseul assis par terre et comme p trifi dans l impossibilit d agir comme le sugg re l absence de ses bras Prisonnier auquel on identifie son malheur intern ou simple en fant puni dans un espace imaginaire ce personnage r duit une silhouette sombre comme une ombre procure cette sc ne son myst re Mais bien que cette peinture voque probablement un v nement personnel que l on ne peut comprendre parce qu on en ignore tout elle appara t trangement famili re en rappelant tous le sentiment de l isolement L uvre picturale des d buts de Christian Boltanski traite d j des th mes qui portent son travail Toutes les exp rimentations qui suivent ne seront que l approfon dissement de ces premi res tentatives comme le remarque le critique d art Serge Lemoine Son travail se pr sente comme la continuation de la peinture par d autres moyens Une peinture au reste figurative et qui ra conte l enfance la famille les souvenirs la vie des gens Tous les objets qu il convoque dans ses dossiers ses livres ses collections au del d apparences modestes confinant parfois la d rision sont les d positaires d un souvenir qui leur procure un fort pouvoir motion nel Qu il pr sente ces objets sous forme de vitrines d archives de r serves ou simplement d exposi
8. comme l uvre d art est un objet mat riel qui sert de vecteur entre le monde r el et l imaginaire Je pense que je suis en train d voluer vers une autre tape qu il me reste d finir 51 Annexes English Summary p Il Bibliographie p IV Filmographie p V Sites Internet p VI Remerciements p VII English summary In the past began research on the question of identity Identity ex plored through my own family history and personal identity My relationship with my work is both close and distant make drawings illustrations from family photos my own and others have a big archive of images when a photo attracts me choose it A photo is not a simple representation of reality it is not only a portrait but it is also a story My drawings focus on a figure a face a posture in order to investigate the subject through the lines and marks This year worked exclusively on portraits of children choose festive scenes scenes of disguise a world of childhood hide the world of adults At first made a series of children s portraits using mixed media use several materials such as paint pastel plaster try to create a stran ge atmosphere want the drawings to speak about disillusionment think that at first the viewer sees an attractive drawing which is overtaken by a cold melancholic atmosphere The background is sober cut the heads of the adults because they are not a part of this world
9. e de l enfance une m taphore indissociable de la cr a tion Avec la crise des civilisations les bouleversements politiques et les al as de l Histoire l artiste du d but du XXe si cle se tourne vers l art primi tif l art des malades mentaux et tout particuli rement les dessins d enfants Les artistes sont attentifs l esth tique propre au dessin d enfant avec son style h sitant et cru sa verve spontan ment inventive sa vari t expres sive l infini Les artistes russes et allemands du primitivisme et du Blaue Reiter ont d couvert utilis et collectionn des dessins d enfants tant pour leur spontan it que pour leur libert de figuration ou leur tendance la sch matisation abstraite Esth tique du non savoir qui s appuyait en fait sur un savoir Il m a fallu toute une vie pour apprendre dessiner comme un enfant disait Pablo Picasso Dans les ann es soixante les artistes pr nent l esth tique de la culture populaire et de la soci t de consommation Les jouets les bandes dessin es les mythes et h ros de l imaginaire en fantin sont inspirent le monde de l art Dans les ann es soixante dix c est le recours aux mythologies personnelles Aujourd hui on voit surgir un regain d int r t pour le domaine de l enfance l enfance est une cible pour les m dias on parle aussi du glissement du monde de l enfance l adoles cence Double page suivante Sans titres technique m
10. elle tre d finie comme le sentiment qui intervient dans l histoire personnelle d un individu lorsque celui ci prend conscience du d calage qui existe entre la r alit et sa repr sentation id alis e de la r a lit C est un sentiment d tat pr sent que je ressens aussi bien dans ma vie de femme que dans ma vie artistique C est un changement d tat qui provoque une prise de conscience en tant qu tre humain et une prise de position artistique en tant qu tre cr ateur Au d but de cet crit jjexposais ce qu est le souvenir j ai recherch dans le pass la construction d une identit par le souvenir une v ritable qu te de soi qui est aussi une qu te d un moi multiple Mais il faut sortir de la maison de la m moire sortir en claquant la porte et en emportant juste l in dispensable Il n y a de l enfance que chez les enfants Pas chez les adultes qui se font une id e de ce qu tait leur enfance fantasmes omissions Il n y a pas d innocence L enfance permet de penser d tre libre L enfance n est pas le lieu de l irresponsabilit ni de l inconscience L enfant est un individu non conformiste Parmi les diverses motivations qui m ont conduite aujourd hui m int resser au domaine de l enfance je ne peux m emp cher de citer le nombre croissant d artistes qui portent un regard particulier sur l enfance qu il soit r el ou symbolique Je prends en exemple des artistes qui me p
11. eprenne le dessin que je l attaque que je l prouve pour y voir un peu plus clair et qu il soit mien Trisha Brown qui est une artiste chor graphe am ricaine a su transcrire le sentiment que j eprouve en dessinant M me si l intention est toujours l je me suis lib r e de mon carcan pour pouvoir dessiner et ensuite voir 19 C est dans la t te que ca se passe En somme des images visuelles et auditives se cr ent dans mon esprit qui tente de se repr senter quelque chose ou bien quelqu un Ce ph nom ne physique me fascine car on peut aussi bien essayer de se repr senter un l ment de l ordre du souvenir une image vocatrice ou bien recr er partir d une sensation v cue Le ressenti g n re de l image Ces repr sentations sont fragiles car elles sont de l ordre de la vision Elles peuvent tre trompeuses ou r v latrices elles font jaillir nos obsessions nos hantises lorsque qu elles s imposent sans cesse L image est le vecteur de ma d marche je ne pourrais m en passer Ind niablement elle est l Ces repr sentations d images sont des facult s d imagination soit elles voquent des images soit elles les combinent Re voir par l imagination une personne ou un moment v cu une chose C est une imagination reproductive on veut se rem morer revivre le pass Il se peut qu une image s impose sans cesse mon esprit pour se transformer en obsession J en recherche alors la symbo
12. es se situent la marge loin des conven tions du genre Cette artiste ose prendre contre pied une tradition qui repr sente l enfance id alement comme un tat de joie d epanouissement et d insouciance perp tuelle et totale Le monde dans lequel elle a v cu son paysage mental sa connaissance des ma tres anciens mais aussi de l esthetique du r alisme socialiste qu elle a fr quent e doivent contribuer l mergence de formes proches d un enchantement d senchant Tout a commenc lorsque j ai collect des photos de famille Je s lectionnais des clich s avec un encadrement des positions formelles pour que la composition rappelle l aspect traditionnel des repr sentations fami liales Ma m moire passait par ma propre histoire et j avais besoin d images concr tes pour Pillustrer Je le vois comme une comm moration La famille peut tre un facteur de notre identit un rep re ou l origine d un rejet C est ce qui nous construit nous socialise Pour pouvoir conserver et me sou venir il m a fallu fouiller dans les preuves photographiques de ma famille nucl aire qui se limite la r union d un couple et de ses enfants Je ne voulais pas seulement me rappeler mais essentiellement mettre en avant la construction d une identit unique en rapport avec celle issue de la rela tion qu elle entretient avec le noyau familial C est un rapport tr s familier avec moi m me mais j exercais une
13. hives photographiques personnelles et autres que j ai collect es Je s lectionne une photo suivant l intention que je veux donner jen garde le sujet mais en le traitant ma mani re Le dessin est mon m dium de pr dilection il est un outil de cr ation qui m ouvre la voie vers d autres m diums tels que l estampe lithographie gravure s rigraphie modelage la vid o l installation la mise en scene Lorsqu on me demande quelle est ma sp cialisation je ne sais ni r pondre ni me situer car je me sens comme une cr atrice multi m dium et je ne peux et ne veux pas m enfermer dans un seul mode de cr ation Pour les portraits d enfants j utilise une technique mixte qui consiste m langer plusieurs outils et mat riaux sur un m me support Je ne cherche pas avoir un dessin propre et lisse C est une vision int rioris e et brute du monde de l enfance Le sujet pose il est immobilis dans l attente abandonn un instant livr lui m me C est vo lontairement que l adulte toujours hors champ n appartient pas ce monde bleu et rose Je capture des fragments de r alit pour en faire ma propre 41 Ci dessus Coline Rosoux Le Banquet installation c ramique 2m 4 5m 2008 Double page pr c dente Henry Darger sans tiitre crayon et aquarelle sur papier interpr tation Je voudrais l id alement qu ils ne ressemblent plus du tout des enfants Que les sujets de chaque por
14. istoire de l art Phaidon 2001 GROSENICK Uta ART NOW Taschen 2005 HILL Pati et LA FALAISE Alain de Diane Arbus Nathan 1990 JOHNSTON Daniel Cahiers de dessins contemporains 1 Daniel Johnston Arts Factory 2007 MESSAGER Annette Annette Messager collectionneuse Mus e d art moderne de la Ville de Paris 1974 WERNER Spies Max Ernst Une semaine de bont DuMont Buchverlag 2008 Filmographie KIAROSTAMI Abbas Le Passager Agence 3c Les Films Du Paradoxe 1974 OZU Yasujir Bonjour Arte France D veloppement 2004 VARDA Agn s Les plages a Agnes Les films du losange 2008 WENDERS Wim Paris Texas Arte Vid o 2001 CLARK Larry LACHMAN Edward Xen Park Pan Europ enne Edition 2003 Sites internet Ba Catherine www blanche neige fr Kooi Ellen www ellenkoi nl Loup Mireille www mireilleloup com Lux Loretta www lorettalux de P trovitch Francoise www francoisepetrovitch com Polixeni Papapetrou www polixenipapapetrou net Vochelet Pascal www vochelet net Weber Marnie www marnieweber com Remerciements Merci mes relecteurs et correcteurs Merci partenaire Merci tous les courageux et t m raires techniciens de l esam Caen x Merci mon tuteur Merci mes camarades des Beaux Arts Merci mes chers biblioth caires Merci a tous ceux que j ai oubli s VII
15. ixte 65cm 50cm 2009 37 Le paradis de l enfance Je me suis int ress e l exposition Pr sum s innocents l art contemporain et l enfance qui a t pr sent e au Mus e d art contempo rain de Bordeaux en l an 2000 Marie Laure Bernadac en tait la commis saire d exposition et Henry Claude Cousseau le commissaire g n ral Je n y fais pas r f rence pour les raisons obscures qui l ont pouss e tre boycott e mais bien pour l exposition elle m me Ce n est pas une expo sition th matique sur l enfance mais comme le dit Marie Laure Bernadac une forme d interrogation sur le devenir de l art ses retours aux sources ses anticipations qui regroupait soixante dix artistes du monde entier Je n ai pas vu cette exposition mais je consid re son catalogue comme un livre de r f rences qui a su rendre mes id es plus sensibles et plus clair voyantes Les crits du catalogue provenant de diff rents auteurs furent une vraie r v lation pour moi ils me portent dans ma d marche artistique C est un concentr d informations essentielles une criture riche qui a su questionner et faire voluer ma pens e ainsi que mon investissement artis tique face ce que j ai pu produire et ce que je veux faire pr sent La part essentielle de ce que j ai pu explorer dans mon travail et qui me questionne encore est l id e de paradis perdu ainsi que celle de d senchantement Je pa
16. lique comme dans les r ves Il y a une image r currente de loup qui appra t dans mes songes dont j ignore l origine L h roine de Kiki Smith n est pas sans voquer ce loup J en ai fait des dessins de chim res Les choses se d roulent tr s simple ment je mat rialise mes images mentales croquis chim rique pastel 21cm 29cm 2010 21 installation 1 taille variable 2009 La r miniscence C est un souvenir imparfait une bribe de souvenir personnel d ordre affectif C est une conception qui se pr sente notre m moire sans que nous n en reconnaissions pr cis ment l origine J ai souvent le sentiment d avoir d j vu a quelque part ou d avoir d j eu ce sentiment Pour Pla ton les id es taient con ues par l esprit et taient l objet d une existence ant rieure que nous aurions d j connue Cette existence c est notre ex p rience notre pass Ce retour la conscience est un sentiment d sta bilisant Il n est pas simple de se referer une source lorsqu on vit une poque o l on est en perte de rep res et de cultes Il y a une tendance au retour dans le pass on s en inspire on le cite c est parfois m me un mode de vie de pens e d tre r trograde On est contamin par la nostalgie Nous sommes dans un rapport aux souvenirs car dans un h ritage du post modernisme C est un mouvement artistique des ann es soixante dix ne pas confondre avec la post
17. mener bien un cheminement une pens e Mon univers tend vers une coh rence croquis 10cm 15cm 2009 Le Souvenir La m moire Pourquoi les tres humains sont ils dot s de la facult de m moire Nous sommes l esp ce du r gne animal la plus complexe et la seule en avoir conscience Bien que la nature nous ait dot s d un cerveau et bien heureusement d un syst me pileux moins d velopp que nos proches cou sins nous nous en distinguons par nos capacit s multiples le langage les relations sociales les facult s de cr ation Car notre esprit a de grandes fonctions de perception de m moire de raisonnement de d cision d ima gination d abstraction et de mouvement Je pourrais m me m aventurer en disant que ce sont tous ces m canismes que devrait poss der un artiste la capacit de cr er en pouvant appr hender le monde qui l entoure tout en ayant conscience de lui m me La m moire est un ensemble complexe qui nous permet de conserver et de restituer les choses de notre pass Le pass se repr sente sous forme mentale La m moire est fascinante car elle peut aussi bien faire le tri en effa ant des souvenirs que les stocker pour une dur e ind termin e Elle est en quelque sorte responsable de notre apprentissage et de notre histoire Mireille Loup photographe vid aste et crivain qui travaille Arles s inspire de la psychanalyse et des sciences cognitives L ensemble de toutes les di
18. n ration Boltanski Le Gac Messager Raynaud l mergence de l enfance comme souvenir et comme m thode Christian Boltanski travaille sur le souvenir du souvenir d enfance au souvenir des d funts de l histoire personnelle la grande Histoire Il m lange sa vie et son uvre dans le sens o l uvre est l invention d une biographie fauss e et pr sent e comme telle Boltanski reconstruit des pi sodes d une vie qu il n a jamais v cue en utilisant des objets qui ne lui ont pas appartenu ou des photographies qu il aura retravaill es Son uvre appartient au registre contemporain de expression plas tique par la multitude des mat riaux employ s la p te modeler le car ton ondul la photographie ou des objets trouv s C est un glaneur tout comme Annette Messager Ils ont une approche intime des objets de la vie quotidienne Je pense qu il faut d couvrir ce qui se cache derri re des ob jets premi re vue anodins Ils nous ram nent une subjectivit multiple qui nous parle et sait on jamais aux destins de nos moi successifs Il serait peut tre bon aussi de revendiquer la filiation de Boltanski avec la peinture traditionnelle qu il a pratiqu e ses d buts Les peintures que Christian Boltanski r alisa entre 1958 et 1967 repr sentent des images semblant resurgir d une m moire enfantine d un pass jusqu alors enfoui C est sans doute parce qu elles voquent des v nements prouv
19. n texte ou une uvre pictu rale am ne en faire une uvre nouvelle Mais je n irai pas jusqu dire comme les post modernistes que je m approprie les uvres des autres artistes en les pla ant dans un nouveau contexte pour qu elles interrogent l originalit de l uvre d art les notions de cr ation et de paternit artistique Je per ois l ironie comme une facult r currente chez les post modernistes et me rends compte que faire revivre les codes traditionnels les plus s rieux peut tre appliqu sans se prendre au s rieux et sans d consid rer l uvre originale J ai fait l exp rience de la citation l ann e derni re J avais initiale ment dans l id e de me r approprier l image d un conte populaire et son in fluence sur l imaginaire R interpr ter les images d autrefois ou en inventer de nouvelles pour les tirer les renverser les d molir C tait une composi tion int grant une Blanche Neige arch typale celle aux cheveux noirs de jais n ud rouge manches courtes bouffantes et jupe longue La Blanche Neige manufactur e qui sort tout droit de l usine pour aller agr menter nos pelouses Elle est rigide sans vie c est un pur produit de consommation Je voulais la re contextualiser dans une mise en sc ne qui devenait toute autre Blanche Neige est fig e dans l espace et dans le temps elle ne peut s emanciper des repr sentations qui lui sont attach es Elle est le pers
20. nt plus g Cet autre semble l at tendre le prot ger ou l entra ner Il se tient souvent en retrait dans l image dans l ombre de dos ou avec une capuche sur la t te Parfois il est absent de l image laissant seul le plus jeune Il y a ici quelque chose qui m est familier dans la symbolique et l es th tique Mireille Loup nous parle de nous de notre enfance oubli e On y retrouve nos craintes nos aspirations notre fascination ou appr hension de l eau nos frayeurs m l es d excitation du monde nocturne nos certitu des quant l existence de grottes enchant es de tapis volants de for ts habit es de tr sors enfouis L artiste nous fait croire que les mondes imagi naires existent bel et bien Elle a la capacit de faire resurgir nos souvenirs d enfance Je retrouve de nouveau cette inqui tante tranget dans le travail de Loretta Lux une artiste allemande Ses images sont s duisantes il s en Loretta Lux 7he Rose Garden format inconnu 2001 d gage une sorte de m lancolie froide qui bouscule toute attente Quand j ai vu ses portraits pour la premi re fois ils semblaient d un classicisme prouv Ses photographies me rappellent les visages de poupons du peintre romantique allemand Otto Runge Lorsque nous parcourons l en semble de ses photographies nous sommes confront s tour tour un fond sobre un mur d cr pi un ciel moutonneux Un enfant pose dans une attitude fig
21. ntes il y a de tout et surtout un peu de nous Souvenir et d sir d enfance consum 27 TOMATO PRODUCTS BCANNED VEGETABLES risme vulgarisation st r otype Mais aussi l emprunt le d tournement le r emploi la citation et l hommage J ai vu le travail de Catherine Bay et ai t s duite par ses Blanche Neige v tues de latex qui font du v lo enqu tent sur leur voisine fu ment et boivent Lanc en novembre 2002 le projet Blanche Neige vo lue travers une s rie d interventions Sous forme de performances ces Blanche Neige prolif rent travers le monde et se multiplient l image de la culture de masse Blanche Neige personnage venu d ailleurs se propage la mani re d un virus elle investit un lieu se l approprie puis s en carte aussi vite J ai par la suite eu l id e de sortir de l image de cette Blanche Neige g n rique cf premi re installation et de fabriquer ma propre Blanche Neige en terre pour refaire des installations dans diff rents lieux Les poses lascives des Blanche Neige de Catherine Ba m ont inspir e Les images se ressemblent mais les histoires diff rent Peut tre parce que je suis porteuse de ma propre histoire je d tourne et camoufle de mani re rendre la d contextualisation lisible de nouveau avec mes propres codes la suite de cette exp rience j ai su que je recherchais dans ce m lange d influences esth tiques le co
22. ntraste entre les diff rentes interpr ta tions et l effet de distanciation qui en r sulte L art post moderne qui s est permis de citer g n reusement les uvres et les styles d autres artistes me donne dans son clectisme la possibilit aujourd hui d tre pleinement dans la r interpr tation ou simplement dans l inspiration des autres formes artistiques qui me touchent et cela sans aucune g ne 1 site internet de Catherine Bay Catherine Bay 7he Snow White Project photographie 2009 La notion de p ch originel toujours puissamment ancr e dans la foi et la pens e catholiques semble avoir perdu son emprise sur l imagination de la majorit des gens Avec la culture populaire comme nouvelle glise du monde il nous est possible d utiliser les images et les codes de repr sentation profanes de la t l vision du cin ma et de l internet pour combattre nos d mons moraux L les questions de moralit d thique d innocence de culpabilit de p ch et de droiture d filent au rythme pr cipit d un jeu vid o ou d une s rie t l Joshua Decter I catalogue de l exposition Pr sum s innocents p 105 La culture populaire est pr sente dans l art Cette ouverture est ren due possible partir du moment o les cultures populaire et litiste ne sont plus dans un rapport hi rarchique L uvre repose sur un imaginaire po pulaire Ce qui m a le plus marqu dans cette seconde
23. on nage d une histoire fabuleuse et monstrueuse Avec les fr res Grimm les personnages parlent de bien et de mal de la beaut et de la laideur ou de la g n rosit et de la cruaut Les personnages instruisent La justice la g n rosit et la ruse triomphent souvent Au XXIe si cle Walt Disney ra conte les m mes histoires avec une dose de puritanisme de mythes et de fables aseptis es pour plaire et viter le tragique et le scabreux Blanche Neige est une ic ne de la soci t de consommation otage de sa propre ef figie Dans l esprit g n ral de l installation l image de Blanche Neige reste lisse et je tente de la r introduire contre pied loin du blanc virginal C est une vision en deux temps On est d abord charm puis interloqu C est de cette mani re que je tente de proc der dans mon travail Le premier filtre est assez s duisant mais le questionnement r v le quelque chose de beaucoup plus trouble Blanche Neige est un personnage repris par beaucoup d artistes C est une ic ne assez d licate manipuler et je m en rends bien compte C est de plus sans compter qu au XXIe si cle une cohorte d artistes se penchent sur le genre du conte populaire Il y a un d sir de renouvellement d appropriation de l attraction que suscitent ces histoires universelles Des artistes ont repris et reprennent ces contes leur compte Annette Messa ger Paul Mc Carthy Andhy Warhol Pierre Huygue Dans les co
24. on per oit que les signes de ce que l enfant para t receler au fond de lui m me de ce que ses jeux et ses comportements li vrent de r ves de fantasmes comme de part d ombre Depuis vingt ans environ les artistes cette fois ci de la fin du si cle ont petit petit nouveau annex en une attitude curieusement sym trique de celle qu avait connue le si cle son commencement le monde de l enfance Mais c est symptomatiquement au moment o celui ci perd son innocence et vient cruellement tourmenter le c ur de notre soci t D originelle d in n e Pinnocence se voit raval e au rang de la simple pr somption Mais cette pr somption est bient t son tour la condition de son existence Car contrai rement ce qu on pourrait croire ce n est pas tant de la fin de l innocence comme utopie dont parlent les cr ateurs r unis ici que de son in puisable capacit de son intarissable d sir se montrer n cessaire par tous les moyens litt ralement tout prix quitte s en moquer Henry Claude Cousseau catalogue de l exposition Pr sum s innocents Pr face p 8 Le devenir dans la rupture J estime qu il y a une perte du paradis de l enfance dans la rupture qu est le desenchantement du monde Et dans mon propre d senchan tement comme j en parlais pr c demment Ce d senchantement est un ph nom ne g n ral fait social qui engendrerait chez moi une d sillusion pouvant quant
25. ortent tels que Louise Bourgeois Lewis Caroll Henry Darger Mar l ne Dumas Abbas Kiarostami Ellen Kooi Fran oise P trovitch Polixeni Papapetrou James Rielly Kiki Smith Marnie Weber L ensemble de leur d marche artistique est fond d une mani re ou d une autre sur la relation l enfance 47 Larry Clark et Edward Lachman image du film Ken Park 2002 Aujourd hui que l innocence n est plus de mise j occulte le roman tisme primaire Je m int resse au glissement du monde de l enfance celui adulte qui est l adolescence J ai envie de privil gier une d marche pic turale qui traduirait mon besoin de crier de d noncer l absurdit du genre humain Il y a quelque chose d irr ductible aux mots dans la pratique des arts plastiques c est une question de dur e de temps de parcours C est l exploration d un espace inconnu Mon paysage artistique se constitue au fur et mesure de mon parcours 49 Conclusion Je ne recherche pas aujourd hui une esth tique ou une plastique diff rentes Je sens cependant une volution dans mon travail Je suis plus libre les choix qui s imposent moi sont beaucoup plus vidents Mon uni vers commence devenir de plus en plus homog ne Ecrire sur ma d marche sur ce qui m meut etla mani re dont j int gre mon travail dans la cr ation contemporaine fut un exercice tr s prouvant mais aussi un claircissement Il n est pas simple de m ap
26. proprier un vocabulaire qui me soit propre J avais peur du path tique du formatage et du pr tentieux Il n est pas simple de vouloir l tre Je craignais galement de me scl roser dans mon th me Je ne suis pas en reste vis vis de ces attitudes ambivalentes du monde de l enfance Je l ai toujours consid r comme un monde part C est aussi bien un tat de r gression qui permet de r activer des moments d motion de frayeur et de plaisir sources de libert et de cr ativit qu un tat de d nonciation mettant en sc ne l enfance de mani re caricaturale et outran ci re Je travaille actuellement sur un projet de photographies d enfants Gr ce une vitesse courte j arrive capter du mouvement et cr er une d for mation du visage Je cherche une d formation que je n arrive pas trouver dans les portraits malmen s de mes travaux pr c dents Dans les dessins c est une d formation lente tandis qu ici les choses se font en un seul jet une seule prise Elles sortent naturellement de fa on tr s fluide Je n aban donne pas pour autant le dessin qui a pour moi un caract re tr s intime Le dessin est mon moteur Je ne me consid re pas non plus comme une photographe Je me permets de jouer comme une enfant avec mes jouets d artiste Le jeu est une activit commune l art et l enfant D o cette comparaison entre artistes et enfants Je revendique et assume ma part d enfance Le jouet
27. que j entrepris de faire tait p rilleux parce qu on assiste aujourd hui dans l art contemporain une v ritable invasion de b b s poup es peluches jouets et visages d enfants Le mythe de len fance revient de fa on r currente comme si chaque poque prouvait un moment de son d veloppement un besoin de retour aux sources J ai commenc par croquer des visages d enfants de mani re hasardeuse sans savoir pourquoi Je ne savais pas si je cherchais quelque chose de symbo lique de myst rieux ou bien de monstrueux dans ces visages de ch rubins J ai continu en glanant des photos de famille Ce que je recherche dans le portrait a un rapport la m moire et la capacit d un individu de se sou venir de lui m me Nous raisonnons tous dans une histoire Ce n est pas un travail sur l enfance mais une forme d interrogation sur le d senchante ment de la pens e commun ment accept e par les adultes de ce qu est l enfant Et le desenchantement de la pens e de l enfant commun ment accept e par les adultes l encore de ce qu est le monde Qui parle de l enfance parle de sa propre enfance mais aussi de l enfance de l art qui sont des choses l mentaires Les pi ces que je donne voir peuvent avoir une esth tique naive et sont volontairement dans une non perfection parce que je les voulais authentiques et percutantes Je t tonne depuis mon arriv e aux Beaux Arts et l criture me permet de
28. r volue J utilise toujours la photographie d origine personnelle ou autres comme une source d inspiration Je transforme l image photographique en dessin en sculpture en estampes lithographie et gravure je ne me limite pas un seul m dium Ces cinq ann es l Ecole des Beaux Arts de Caen ont t un v ritable bouillon de culture techniquement et artistiquement Notamment par l apprentissage de nouvelles techniques dont certaines comme la gravure et la lithographie sont d origine lointaine La lithographie date du XVllle si cle C est une technique d impression plat qui permet de cr er et de reproduire de multiples exemplaires un trac ex cut l encre ou au crayon sur une pierre calcaire L id e du multiple est assez s duisante lorsqu on sait qu un tirage sera identique un autre et qu il peut se retrouver en d finitive dans un espace diff rent Au lieu d un original unique le multiple permet de quitter l art et les galeries et d tre accessible un plus grand nombre Une propagation plus grande permet d en conser ver la trace plus facilement ce n est plus un objet unique fragilis par sa probable non p rennit J eprouve un r el plaisir m approprier ces techniques qui furent po pulaires une poque et peuvent para tre aujourd hui d pass es quand on g n re une r alit virtuelle par ordinateur La lithographie est un processus qu on prouve la pierre est p
29. r elle volont de m en d tacher et de rester trang re cela Je voulais donner une dimension flexible mon travail pour qu il ram ne chacun sa propre identit La photographie me donne une sensation de rappel d un instant pr cis et elle contraint aussi notre m moire retenir cette image du pass alors que notre image mentale c est le souvenir Peut tre que la photogra phie nous force et nous forge un souvenir fauss par l image qu elle nous renvoie Je ne pr tends pas pouvoir r pondre cette question mais mon travail plastique se joue travers ces questionnements J ai d couvert les compositions photographiques de Mireille Loup et de Loretta Lux apr s avoir d but ce travail Et cette approche marque un renouveau dans mon travail Cette esth tique po tique m influence in directement ainsi que ces fragments de r alit qu elles capturent dans leur m moire leur exp rience leur apprentissage leurs influences Elles ont su en faire une v ritable progression artistique Aujourd hui mes recherches tournent essentiellement autour de l image et du portrait mes recherches plastiques sont bas es sur un dis cours du pass et les souvenirs passent par la m moire par les photos 13 Sans titre aquarelle 15cm 10cm 2009 la fabulation et la d formation parfois L image fig e dans le temps reste fid le mais l id e ou le sentiment du moment font partie d une poque
30. r par e on la fait sienne et on la marque en dessinant au crayon directement sur la pierre on grave notre empreinte et on l imprime Ce proc d ancien voque par lui m me une histoire on cultive un savoir faire une m moire et on la transpose dans une cr a tion contemporaine Je retrouve cette jouissance cr atrice en manipulant la terre le pl tre le papier Cette d marche pluridisciplinaire me permet d tre libre et de m approprier mes th mes Je suis plus l aise dans une d marche empirique d atelier J ai toujours t attir e par une esth tique 15 qui se tourne vers des techniques qui sont d j d velopp es L artisanat est une discipline qui requiert une technique sp cifique Je ne pense pas avoir autant de rigueur qu un artisan mais ces techniques m inspirent et je me les r approprie m me si cela peut para tre maladroit Je ne cherche pas une esth tique du beau et du lisse C est une esth tique du mal fait comme disait Robert Filliou je m mancipe de la tradition tout en m en inspirant Sans titre lithographie 50cm 65cm 2009 17 Un dessin Je ne peux savoir d o il vient et ne peux le contr ler C est cela qui est excitant et qui provoque du plaisir Il y a cette simultan it rare entre intention action r sultat o tout le reste se fige c est un moment de silence explosif C est un moment o en solo dans l intimit d un espace qui nous est pe
31. rle du temps qui passe par rapport la construc tion d un individu part enti re Par rapport cette volution chronologique je me pose des questions travers ces deux th mes Une tension un pro bl me de temporalit les r unissent L un se trouve dans le pass c est un lieu mental du souvenir fabriqu d une imagination sans limite l poque d une utopie perdue ce que je d finis comme le paradis perdu Et le d senchantement la rupture s annonce comme un changement d tat c est un tat pr sent car c est un sentiment v cu C est la question de l identit qui se construit ou bien dont je pensais qu elle tait construite par ce para dis avant qu il ne soit perdu Le ph nom ne de d senchantement ponc tuel vient cr er une rupture dans cette identit De l na t une n cessit de reconstruction de l identit et de recherche J en arrive la question qui se pose on est cens tre adulte mais on reste adulescent consciemment ou non toujours la recherche de ce que l on a perdu Au cours de l ann e je me suis attel e trouver un sens ce que je faisais je dessinais des portraits d enfants quelque peu malmen s Je ne savais pas d o cela venait pr cis ment et je ne pouvais le contr ler C est cela qui est excitant et qui procure du plaisir le fait de ne pas pouvoir tout contr ler et ne pas pouvoir tout justifier Ces dessins d enfants proviennent d arc
32. rsonnel vous partez a la d couverte d un territoire inconnu Trisha Brown Danse pr cis de libert 1998 L image L image est multiple par d finition c est un mot qui englobe une plu ralit de repr sentations de mani res de rendre et de reproductions Je voue un culte l image je suis f tichiste Je me repr sente mentalement un tre une chose et l image arrive Puis elle se repr sente graphiquement ou plastiquement pour devenir une reproduction exacte ou analogique de la premi re l image mentale et j en fais un dessin Cependant voquer des images par le souvenir n est pas suffisant j ai parfois des intentions spontan es et j ai besoin de m appuyer sur des images photographiques Je glane des images sur internet dans des magazines ou bien lorsque j ai une id e precise je fais moi m me des photographies Mes dessins sont des reproductions d images pens es ils s inscrivent dans une anticipation et ils suscitent une r flexion pas n cessairement instantan e Si je pense en termes de s ries d images et que je fais les choses avec pr m ditation c est qu il ne faut pas que je m attarde sur une esth tique Le fond de ma d marche consiste dire des choses J ai d abord r sist puis j ai compris qu il ne s agissait pas seulement de s ouvrir un dessin constant l empirisme Il n tait plus la peine que je m auto s duise avec mes petits dessins Il a fallu que j entr
33. sciplines scientifiques qui sont d di es l tude et la compr hension des m canismes de la pens e humaine la m moire le langage la perception ou encore le raisonnement sont en troite corr lation Le plus int ressant chez Mireille Loup est sa mani re de se r appro prier ces recherches scientifiques en travaillant sur le st r otype le contre FR EN vs er N 4 4 oa A S CORI Mireille Loup photographie extraite de la s rie Nocturnes Sans titre 2 80cm 80com et 42cm 42cm 2006 mode d emploi ou au contraire la sublimation Elle repr sente la condition humaine et principalement celle de la femme de l enfant et de ses fragili t s J aborde aussi le th me de l enfance non pas dans la m me optique esth tique mais plus sp cifiquement dans une sorte de portrait tir de cette condition l enfance n est pas qu un tat d enchantement Mireille Loup a produit en 2006 2007 une s rie de photos qui s in titulent Nocturnes ou les garcons perdus Chaque image est comme une sc ne de conte enfantin et la s rie enti re s apprehende comme la lecture d un voyage initiatique de la ville la nature dans une ambiance toujours nocturne Le bleu des images r v le une nuit irr elle voilant de sa lumi re et de sa teinte les paysages pour les transformer en d cors Derri re ce bleu onirique un petit gar on v tu d un pyjama et gardant pr s de lui son doudou est accompagn d un enfa
34. tils num riques Les artifices de montage qui ne sont pas totalement gomm s contribuent cr er une atmosph re particuli re o l irr el prend la place de l objectivit Les images sont retravaill es pour que les personnages ne 11 ressemblent plus des enfants Ils nous charment au premier coup d il puis en les observant nous nous demandons s ils sont vivants ou s ils ne sont que des illusions des images d une poque pass e o ils respiraient la joie de vivre et une inconscience toute spontan e Leur teint de porce laine les couleurs pastel les renvoient dans des univers lointains et fig s irr els et froids Comme si le temps ne pouvait jamais avoir d emprise sur ces visages ing nus En regardant les photos de Loretta Lux je suis comme aspir e par elles car je ressens un imp rieux besoin d y trouver une trace de vie On se laisse emporter dans sa propre r verie dans l exploration de son rap port au monde l enfance la nature On se laisse aller faire surgir en nous un floril ge de souvenirs et d motions Ses photographies ont une propension nous d tacher du r el paradoxalement gr ce des clich s tr s r alistes L artiste cache en effet un norme travail de cr ation lisse et leche mais qui fonctionne selon moi plut t bien car elle sait provoquer ce malaise ind finissable derri re leur charme d suet ses photos se r v lent d une inqui tante tranget Ell
35. tions il les met en sc ne dans l espace mais aussi dans le temps Chaque objet nous replonge sa mani re dans le pass le pass personnel r el ou fictif dramatique ou comique de l artiste le pass d un objet ou le pass de l humanit enti re Ce sont des reliques Toutes les uvres nous isolent du moment pr sent pour nous trans porter dans un espace de m ditation voire de recueillement notamment les pi ces des derni res ann es qui s articulent autour du th me de la mort M me les s ries comiques comportent un caract re grin ant qui voque 35 l id e d un r glement de compte avec des v nements pass s pesant dans la m moire Ces uvres comiques interrogent la m moire individuelle tan dis que les uvres qui traitent de la conservation des documents dans le mus e ou les centres d archives interpellent la m moire collective L enfance comme source d inspiration fut dans les si cles pass s et encore aujourd hui d une grande importance Les sujets li s l enfant et cette id e d enfance retrouv e taient comme un facteur de renouveau dans l art contemporain A l poque romantique on voyait dans l enfance un paradis perdu et dans l enfant un tre libre et pur qui tait capable d avoir un regard neuf et magique la fin du XIXe si cle avec le symbolisme et l av nement des avants gardistes il y avait un imp ratif de nouveaut qui faisait de l innocenc
36. trait portent en eux le message d une g n ration lev e dans l id e d un bonheur color facile et perp tuel un monde magique qui nous a fait croire que la consommation et le divertis sement sont toujours capables de nous procurer des sensations positives quoique factices et qu on se prenne en pleine figure la r alit du monde Le dessein prime sur le dessin C est l implication psychologique qui importe vis vis d un but recherch En somme je veux parler de mon propre d senchantement soit ces deux questions qu ai je perdu Et quelle est ma recherche d identit Dans ce voyage impr vu je me suis cr mon propre microcosme et partir d un moment la pratique se pense On en vient l analyse et la th orisation de son propre travail Les crits sont ils des t moignages v ridiques et fiables ou sont ils destin s cacher ce qu ils semblent r v ler Je naime pas parler de sujet car j ai l impression de cloisonner mon propre travail et en d finitive de m emprisonner moi m me Je consid re ces crits comme une explication une justification une argumentation 45 D s les ann es soixante dix la faveur de l volu tion de la psychanalyse et des sciences d une nou velle vision du monde et de la soci t l attention se porte d finitivement vers une toute autre dimension de l enfance Ce ne sont plus tant les traces balbutiantes mouvantes de son ing nuit qu
37. ue dans le monde des adultes Ces adultes ar tistes se questionnent sur les diff rents processus que je viens d voquer et ce n est pas tonnant si l on assiste aujourd hui une r surgence du monde de l enfance Lorsque j abordais en premier lieu le sujet de la m moire de notre capacit en tant qu individus de se souvenir de faits pass s et de se souvenir de soi m me j exposais les pr mices de ce que je vais aborder ici Il y a un rapport vident entre le monde adulte et celui de len fance car l un engendre l autre et le premier tente de se retrouver dans le second Nous avons tous un enfant mort en nous que nous transportons qui est ce que nous tions et ce que nous ne sommes plus Christian Boltanski 1 idem p 11 33 En 1972 Christian Boltanski participe la Documenta dans la sec tion Mythologies individuelles il y raconte sa vie sous la forme d une fiction dans laquelle chacun se reconna t Ce concept f d rateur fut forg par l organisateur Harald Szeemann Cette manifestation d art contempo rain regroupait de nombreux artistes et les uvres avaient une attitude commune centr e sur le sujet et ses rituels quotidiens Par une appropria tion les images et les signes du quotidien sont recycl s en autant de my thologies personnelles Le recours aux mythologies personnelles dans les ann es soixante dix en France a favoris pour toute une g
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