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La foi au péril de la raison

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1. 1J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 113 114 2 q 28 a 2 31 q 29 a 4 4 J RATZINGER Ma Vie souvenirs 1927 1977 p 52 5 J RATZINGER Le Sel de la terre p 60 61 21 les difficult s qui surgissent et ne pas se d clarer trop t t satisfait C est un spectacle mouvant que de voir cette grande pens e se faire jour et s exprimer comme en t tonnant au prix d efforts immenses Mais l glise en d clarant saint Thomas son Docteur commun invite ses fils n en pas rester aux t tonnements mais aller la synth se quelque effort qu il doive leur en co ter Voil l effort auquel semble avoir renonc Joseph Rat zinger dont la foi comme la th ologie est caract ris e comme celle des novateurs non par la stabilit de l assentiment mais par la mobilit de la recherche perp tuelle Il semble avoir souffert de la maladie de tous ces philosophes qui haus sant le devenir au dessus de l tre le doute sans cesse renaissant au dessus de la certitude la recherche au dessus de la possession trouvent leur paradigme en Gotthold Lessing 1729 1781 po te et philosophe sceptique allemand adepte des Lumi res dont voici un passage c l bre Ce n est pas la v rit dont il est ou croit tre poss d mais l effort sinc re qu il a fait pour l atteindre qui fait la valeur d un homme Car ce n est pas par la possession mais par la recherche de la v rit qu il d veloppe ces ner gies qui
2. Que devient avec ces n gations la nature propitiatoire du sacrifice de la messe L adoration dans le christianisme consiste d abord dans l accueil reconnaissant de l action salvifique de Dieu Que devient la messe renouvellement sacramentel de l action salvifique du Calvaire Dans ce culte ce ne sont pas des actions humaines qui sont offertes Dieu il consiste plut t en ce que l homme se laisse combler Nous ne glorifions pas Dieu en lui apportant soi disant du n tre comme si tout ne lui appartenait pas d j mais en acceptant ses dons Le sacrifice chr tien ne consiste pas donner Dieu une chose qu il ne poss derait pas sans nous Il s est offert lui m me Il a enlev aux hommes leurs offrandes pour y substituer sa propre personne offerte en sacrifice son propre moi Si le texte affirme malgr tout que J sus a accompli la r conciliation par son sang He 9 12 celui ci n est pas 1 Voir IIl q 1 a 2 ad 2 q 48 a 2 et 4 2 Saint L ON LE GRAND Premier et deuxi me sermons pour No l Paris Cerf Sources Chr tiennes n 22 bis 1964 p 69 et p 81 82 Du latin condono donner lib ralement sans rien r clamer en retour Voir Ill q 46 a 1 ad 3 5 Voir l Il q 113 a 1 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 197 7 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 197 8 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 198
3. J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 199 10 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 201 24 comprendre comme un don mat riel comme un moyen d expiation mesur quantitativement L essence du culte chr tien ne consiste pas en l offrande de choses Le culte chr tien consiste en une nouvelle forme de substitution incluse dans cet amour savoir que le Christ a aim pour nous et que nous nous laissons saisir par lui Ce culte signifie donc que nous mettons de c t nos propres tentatives de justification Il y a dans ces n gations r p t es de Joseph Ratzinger une r p tition de l h r sie protestante J sus a tout fait l homme n a rien faire ni offrir pour sa r demption D s lors le sacrifice de la messe est rendu superflu attentatoire l uvre de la croix il est seulement une adoration Comment serait il un sacrifice propitiatoire Or cette h r sie s ajoute une autre la n gation de la vertu expiatoire et satisfactoire du sacrifice de la croix lui m me Cette n gation est une h r sie pire que celle de Luther Au moins Luther croyait il en l expiation du Calvaire Voi ci sa profession de foi Je crois que J sus Christ est non seulement vrai Dieu engendr du P re de toute ternit mais aussi vrai homme n de la Vierge Marie qu il est mon seigneur et qu il m a rachet et d livr de tous mes p ch s de la mort et de l esclavage
4. est sujet de droits que son tre lui m me porte en soi des valeurs et des normes qu il s agit de d couvrir et non d inventer p 25 Mon lecteur s indignera j esp re de cette esp ce homme sans nature connaissable qui sert de fondement non des droits ce qui est droit parce que cela convient la nature humaine et ses fins mais de fondement un sujet de droits qui dit seulement j ai droit sans savoir d abord quoi il a droit ni de qui il tient ce j ai droit Il s indignera aussi de ces valeurs qui sans tre l ordre d la fin convenable la nature sont quand m me des valeurs tenant par elles m mes issues de l essence de l humain et donc inviolables par tous ceux qui poss dent cette essence p 21 Il s indignera enfin de ces normes qui n ont apparemment pas d auteur m me pas ce Dieu qui est pourtant la Raison cr atrice de l univers Il s indignera enfin de ce que ces valeurs et normes doivent tre selon Joseph Ratzinger com pl t es limit es par une liste des devoirs de l homme Est ce le d calogue Au lieu que les normes du droit naturel d coulent naturellement des commandements de Dieu on aurait des devoirs de l homme antagonistes et r gulateurs de 1 DC n 2373 4 f vrier 2007 p 108 J RATZINGER Pourquoi la foi est en crise entretien avec Vittorio Messori Jesus novembre 1984 p 72 3 Y CONGAR Vraie et fausse r forme dans l glise Paris Ce
5. et principe unique d passent le niveau du sens commun et d notent une philosophie une philosophie labor e mais une philosophie qui n est pas une philoso phie qu on puisse appeler particuli re Bien plus tard l glise par la voix de Pie IX condamnera en 1857 l explication de la Trinit par Anton G nther 1783 1863 La personne dit ce dernier tant la conscience du moi il faut r interpr ter les deux processions divines du verbe et de l amour comme tant trois processions intellectuelles conscience de soi pensant conscience de soi pens et conscience de la corr lation entre les deux C est du Husserl avant la lettre Pie IX d clare cette explication aberrante de la foi catholique et de l explication sinc re de l unit de la substance divine Dz 1655 L acte de Pie IX contient une approbation implicite de la d finition de la personne par Bo ce 470 525 la personne est la substance individuelle d une nature rationnelle une d finition qui d passe le sens commun et qui est coh rente avec la philosophie de l tre par opposition la philosophie personnaliste qui confond personnalit m taphysique et personnalit psychologique Je conclurai ainsi avec le p re R ginald Garrigou Lagrange Les formules dogmatiques labor es par l glise contiennent des concepts qui d passent le sens commun Ces formules et concepts appartiennent la philosophie de l tre qui tient que l intelligence conna
6. ternit universelle entre tous les hommes Cependant le p ch originel et plus tard le p ch de Babel ont d sagr g la famille humaine en un amas de fami li gentium peccati vulnere disgregat familles de nations d sagr g es par la blessure du p ch comme le dit l orai son de la f te du Christ Roi Si bien que pour rendre r elle la fraternit universelle entre tous les hommes il faut un principe r parateur qui puisse embrasser toute l humanit Or de tel principe il n y en a qu un le Christ Personne ne peut poser d autre principe que celui qui a d j t pos savoir le Christ J sus 1 Co 3 11 La belle oraison collecte du jeudi de P ques met bien en valeur le contraste naturel et la synth se surnaturelle entre l universalit des nations et l unit de la foi Dieu qui avez r uni la diversit des nations dans la confession de votre nom donnez ceux qui sont ren s par la fontaine du bapt me d avoir l unit de la foi dans leurs esprits et de la pi t dans leurs actions par Notre Seigneur J sus Christ Il n est d autre soci t universelle possible que l glise ou peut tre la chr tient La belle invocation Veni Sancte Spi ritus le proclame Venez Esprit Saint remplissez les c urs de vos fid les et allumez en eux le feu de votre amour vous qui 1J RATZINGER Les Principes de la th ologie p 279 J RATZINGER Les Principes de la th ologie p 279 3
7. un appauvrissement qui est une h r sie Cette tentative avait d j t stigmatis e par Pie IX en 1846 en ces termes Sur les hommes qui d lirent si mis rablement tombe avec beaucoup de justesse le reproche que Tertullien aux philo sophes qui ont pr sent un christianisme sto cien platonicien dialectique Nihil novi sub sole rien de nouveau sous le soleil Eccl 1 10 Mais ce nouveau christianisme repose en derni re analyse sur une m connaissance de la justice divine et sur une r duction existentialiste du p ch C est ce qu il nous faut examiner pour aller au fond des choses LE P CH EXISTENTIALISTE Un n ochristianisme sto cien ou platonicien c est un christianisme expurg du p ch Symptomatique est le langage de Joseph Ratzinger le Christ n a pas r concili le p cheur mais il a r concili l homme Du reste dans sa Foi chr tienne presque jamais l auteur ne prononce le mot de p ch sauf dans l article du Credo Je crois en la r mission des p ch s peine mentionn et comment en une demi page p 240 Seule mention s rieuse du p ch lorsque Jo seph Ratzinger expose la doctrine de saint Anselme sur la satisfaction vicaire du Christ Par le p ch de l homme qui est dirig contre Dieu l ordre de la justice a t l s d une mani re infinie Il y a derri re cette affirmation commente Ratzinger l id e que l offense est la mesure de celui qui est offens l of fe
8. 9 Dz 2076 19 UNE HERM NEUTIQUE HISTORISTE Mais l ex g se devient surtout gr ce l histoire une herm neutique historiste Toute parole de poids crit le Pontife ex g te rec le beaucoup plus que n en a conscience l auteur elle d passe l instant o elle est prononc e et elle va m rir dans le processus de l histoire de la foi Est ce possible Les hauts principes de sagesse d un saint Paul lui taient connus dans toute leur l vation et aussi dans toute leur puissance in potentia d application Ils n avaient pas besoin de m rir mais simplement d tre pr ch s et m dit s pour tre appliqu s aux circonstances vari es que l Ap tre n avait pas en vue in actu Un auteur poursuit l ex g te ne parle pas seulement de lui m me mais il parle en puissance dans une histoire commune qui le porte et dans laquelle sont secr tement pr sentes les possibilit s de son avenir Le processus de relec ture et d amplification des paroles n aurait pas t possible si n taient pas d j pr sentes dans les paroles elles m mes de telles ouvertures intrins ques gt S il s agissait d un progr s en distinction et en pr cision comme l admet saint Vincent de L rins ce serait juste Mais les mots de relecture et d amplifications des paroles sont r v lateurs il s agit pour Joseph Ratzinger d un progr s ef fectu par le jeu des r actions vitales des croyants des poques successives selon le princip
9. C est pourquoi l tant est l objet propre de l intelligence il est donc l intelligible premier comme le son est le premier objet de l ou e Et sur cette appr hension de l tre se fonde la connaissance naturelle des premiers principes l tre n est pas le non tre tout ce qui advient a une cause tout agent agit dans un but toute nature est faite pour quelque chose etc Au contraire les cons quences de l inconnaissance ou agnosticisme kantien sont catastrophiques l tre en tant qu tre est inconnaissable l analogie de l tre est ind chiffrable le principe de causalit n a aucune valeur m taphy sique donc on ne peut prouver l existence de Dieu partir des choses du monde et une quelconque analogie entre la cr ature et le Cr ateur est inconnaissable voire blasph matoire L AGNOSTICISME KANTIEN P RE DU MODERNISME Par cons quent la raison ne peut conna tre ni l existence ni les perfections de Dieu Cet agnosticisme encourt pour tant ce reproche de la Sagesse Insens s par nature tous les hommes en qui ne se trouve pas la connaissance de Dieu et qui partir des biens visibles n ont pas su intelliger Celui qui est ni par la consid ration de ses uvres reconna tre par analogie Celui qui en est le cr ateur Sg 13 1 5 De m me puisque l analogie avec Dieu est impossible les analogies r v l es qui nous d voilent ses myst res surna turels sont des m taphores par cons quent toute parole de Di
10. Le moment transformant de cette rencontre chappe au chronom trage terrestre C est le temps du c ur le temps du passage la communion avec Dieu dans le corps du Christ Spe salvi n 47 Donc c est confirm le purgatoire est un moment un passage Plus n est question qu on reste au purgatoire jusqu la fin du monde comme l avait os dire Notre Dame Lucie de Fatima le 13 mai 1917 d une certaine Am lia D ci d ment cette religion nouvelle est plus rassurante UN JUGEMENT PARTICULIER HUMANISTE Le jugement de Dieu est esp rance affirme Beno t XVI aussi bien parce qu il est justice que parce qu il est gr ce S il tait seulement gr ce qui rend insignifiant tout ce qui est terrestre Dieu resterait pour nous un d biteur 1 Mox post mortem et purgationem in illis qui purgatione hujusmodi indigehant sunt et erunt in c lo coelorum re gno et paradiso c lesti cum Christo sanctorum angelorum consortio aggregat DS 1000 Emmanuel KANT La Victoire du principe bon sur le mauvais et la fondation d un royaume de Dieu sur terre 1792 dans uvres philosophiques Gallimard La Pl iade t 3 2003 p 140 3 Emmanuel KANT Das Ende aller Dinge La fin de toutes choses 1795 dans uvres philosophiques Gallimard La Pl iade t 3 2003 p 324 325 4 Voir Lucie raconte Fatima DDB R siac 1981 p 159 40 de la r ponse la question concernant la justice S il tait pure justice il pourrait
11. Mainz 1965 p 145 BENO T XVI R CLAME LA PURIFICATION DU PASS DE L GLISE Quelque incertaine et provisoire qu elle soit cette purification du pass est bien ce que r clame Beno t XVI pour l glise et c est m me une constante de sa vie Il le dit lui m me Mon impulsion fondamentale pr cis ment au Concile a toujours t de d gager le c ur m me de la foi de dessous les couches scl ros es et de donner ce c ur force et dynamisme Cette impulsion est la constante de ma vie J RATZINGER Le Sel de la terre p 78 79 Dans son discours du 22 d cembre 2005 Beno t XVI num re les purifications du pass op r es par Vatican Il et il les justifie du reproche de discontinuit en invoquant l historisme 5 Tout d abord il fallait d finir de fa on nouvelle la relation entre foi et sciences modernes En second lieu il fallait d finir de fa on nouvelle le rapport entre l Eglise et l tat moderne qui accordait une place aux citoyens de diverses religions et id ologies Cela tait li en troisi me lieu au probl me de la tol rance religieuse une question qui exigeait une nouvelle d finition du rapport entre la foi chr tienne et les religions du monde Il est clair conc de Beno t XVI que dans tous ces secteurs dont l ensemble forme une unique question pou vait ressortir une certaine forme de discontinuit dans laquelle pourtant une fois tablies les diverses distinctions entre les ci
12. aussi exige une cause efficiente humaine de l acquisition de cette fin l glise est donc n cessairement hi rarchique C est ce qui fait une de ses diff rences avec l glise du ciel L glise des bienheureux parvenue d j la fin ultime de l homme poss dant Dieu inamissiblement n a plus besoin de hi rarchie Elle n a que la hi rarchie des saints des grands et des petits saints sous la sainte Vierge Marie et sous le Christ seul chef qui les soumet et les unit tous Dieu son P re L id e conciliaire de l glise comme peuple de Dieu tend aussi falsifier ce qui reste de la hi rarchie laquelle est vue seulement comme une diversit de minist res dans le peuple de Dieu constitu d j essentiellement par la com munion de charit entre les membres et non pas comme une distinction d institution divine constitutive de la constitution m me de l glise Les fid les du Christ dit le code nouveau de Droit canon sont ceux qui en tant qu incorpor s au Christ par le bap t me sont constitu s en peuple de Dieu et qui pour cette raison faits participants leur mani re de la fonction sa cerdotale proph tique et royale du Christ sont appel s exercer chacun selon sa condition propre la mission que Dieu a confi e l Eglise pour qu elle l accomplisse dans le monde Le personnalisme est la racine de cette d mocratie religieuse qu est l glise communion Le nouveau code de Droit canonique que je vi
13. de fuir devant la douleur qui gu rit l homme mais la capacit d ac cepter les tribulations et de m rir par elles d y trouver un sens par l union au Christ qui a souffert avec un amour infini Spe salvi n 37 Mais quel est ce sens Pourquoi le Christ a t il souffert Beno t XVI le tait J sus Christ a souffert pour expier nos p ch s voil ce que la nouvelle religion rejette elle exclut absolument le tr sor des m rites et des satisfactions su rabondantes du Christ Au fond Beno t XVI ne marque aucune repentance il ne parvient toujours pas accepter le myst re de la r demp tion le myst re du rachat par la souffrance Les exigences de la justice divine lui font toujours peur il est victime de l motivit de son temps Et cette motivit passe pour un progr s qui doit conduire la doctrine de la foi de nouvelles synth ses comme disait le Concile Le genre humain passe d une notion plut t statique de l ordre des choses une conception plus dynamique et volutive de l na t immense une probl matique nouvelle qui provoque de nouvelles analyses et de nou velles synth ses Gaudium et spes n 5 3 Par l l glise s ouvrait officiellement au marxisme C est fid les cet esprit du Concile que les th ologiens de pointe embrassaient l volutionnisme de Teilhard de Chardin et relisaient existentiellement le myst re de la r demption Ainsi l v que de Metz Paul Schmitt ava
14. et c est pourquoi je pr f re ne pas m ap puyer sur lui dans ce d bat L id e du droit naturel pr supposait un concept de la nature o nature et raison s interp n trent o la nature elle m me est rationnelle Cette vision de la nature s est effondr e lorsque la th orie de l volution a triomph La nature en tant que telle ne serait pas rationnelle m me s il y a en elle des comportements rationnels Voil le dia gnostic qui nous est adress partir de ce moment l et qu il semble aujourd hui impossible de contredire p 25 Mais la nature humaine n est elle pas rationnelle pour Dieu qui l a con ue et lui a fix ses fins N est t elle pas ration nelle pour l homme qui par sa raison naturelle appr hende ses inclinations naturelles comme bonnes et donc comme des fins atteindre par son action Il faut croire que Joseph Ratzinger est inapte tenir une telle argumentation non pas tant qu il adopte l antith se vo lutionniste qu il pose mais parce qu il refuse l id e de finalit et la notion de cause finale Cependant il consent admettre comme un fond de droit naturel que seraient les Droits de l homme Comme l ment ultime du droit naturel qui voudrait tre au plus profond un droit raisonnable en tout cas dans les temps modernes sont rest s en place les Droits de l homme Ils sont incompr hensibles sans le pr suppos que l homme en tant qu homme de par sa simple appartenance l esp ce homme
15. ia traditionnelle est trop simpliste elle a d duit trop abruptement les limbes de l assertion que seul le bapt me efface le p ch originel Il faut lui pr f rer l herm neutique dans laquelle la r action du sujet croyant du 21 si cle la parole de Dieu sa nouvelle r flexion et son nouveau rapport vital avec elle aboutissent une syn th se de fid lit et de dynamisme qui sera la juste interpr tation voir le discours du 22 d cembre 2005 Ainsi l herm neutique purifie l h m n ia de sa na vet primaire et l enrichit des valeurs de ses r actions motives dont elle s efforce de trouver un cho dans la Bible en en citant des textes tir s hors de leur contexte une honte C est pourquoi le statut de la raison n est pas du tout le m me dans la lecture thomiste de la R v lation et dans sa relec ture herm neutique Dans la premi re la raison purifi e de toute subjectivit est un pur instrument de l explicitation de la foi dans la seconde la raison impr gn e de subjectivit se pose en partenaire de la foi et lui impose ses lubies A la place de verres grossissants l herm neutique pr conise des verres teint s et d formants Or la forme de ces verres leur teinte la lubie de cette raison sont fatalement la forme la teinte la lubie dominantes l poque Cette lubie contemporaine n est ni la science ni le scientisme c est le sentimentalisme O th ologiens qui tordez les textes esp
16. la terre 39 hiver 2001 2002 p 74 et sq notamment p 93 5 EPS PIN n 131 132 EPS PIN n 154 Dz 1873 7 LEON XIII encyclique Libertas 20 juin 1888 Dz 1932 32 Notre Seigneur J sus Christ Le droit conciliaire de la personne la libert religieuse est donc un manque de foi En sou tenant ce droit Beno t XVI manque de foi CHAPITRE 9 LA FOI PERSONNALISTE DE BENO T XVI Comment expliquer ce manque de foi Voil un th ologien un cardinal un pape qui se d sint resse de la r alit de l incarnation qui pratique l poch sur la mat rialit de la r demption et qui d nie la royaut Notre Seigneur J sus Christ Cest qu il a une foi personnaliste Je vais tenter de le d montrer LA FOI RENCONTRE PR SENCE ET AMOUR Jamais vous ne trouvez lorsque Joseph Ratzinger parle de la foi de mention ni de l objet de la foi les v rit s r v l es ni du motif de la foi l autorit de Dieu souverainement v race Cela n est pas ni mais ce n est jamais voqu Au lieu de cela vous trouvez le choc initial la rencontre la relation interpersonnelle avec J sus et le sens que cette ren contre donne la vie Rien de cela n est faux mais ce n est pas la foi c est une vue personnaliste de la foi Le th ologien de T bingen commente ainsi je crois en J sus Christ La foi chr tienne est une rencontre avec l homme J sus et elle d couvre dans une telle rencontre que le sens du monde e
17. pris es par nos contemporains et apr s les avoir purifi es les relier leur source divine Gaudium et spes n 11 c est dire les introduire en christianisme avec leur philosophie Mais pour ce faire l Eglise doit de son c t comme l a fait le Concile revisiter ou galement corriger certaines d cisions historiques Beno t XVI discours du 22 d cembre 2005 Tel est le programme de l herm neutique que doivent s imposer mutuellement la raison et la foi Je ne tenterai ni une analyse ni une synth se de la pens e d inspiration assez clectique et mobile de Beno t XVI Le professeur Jacob Schmutz en douze s ances de l universit inter ges de la Sorbonne en 2007 2008 en a d taill les composantes la s cularisation le christianisme comme vera philosophia la personnalit de l homme irr ductible la nature les Lumi res Aufkl rung qui ont besoin de Dieu pour limiter leur fureur d ind pendance les contingences histo riques qui emp chent la conscience de voir etc Dans cette pens e tr s riche je me contenterai de dessiner un parcours philosophique et th ologique r duit l ex tr me l usage des non initi s guid par le fil d Ariane de l id e d herm neutique Dans mon cheminement c est Beno t XVI que je laisse parler non sans le commenter parfois de mani re pol mique car tel est le genre que j ai choisi dans un souci de bri vet pour ce pamphlet sans pr tention Lorsque
18. sa tendance tre au lieu d une force de salut une force archa que et dangereuse qui difie de faux universalismes le r gne du Christ ou le jihad et fomente ainsi l intol rance et le terrorisme p 22 ent rinerait les Droits de lhomme d ment purifi s et limit s comme la traduction des convictions cod es de la foi chr tienne dans le langage du monde s cularis selon l expression de J rgen Habermas dans le m me dialogue R G N RATION MUTUELLE ET CORR LATION POLYPHONIQUE En r sum Joseph Ratzinger d clare Je me sens en large accord avec l expos de J rgen Habermas sur une so ci t posts culi re sur la volont d apprentissage mutuel et sur l autolimitation de la part de chacun il s explique Il y a des pathologies extr mement dangereuses dans les religions elles rendent n cessaire de consid rer la lumi re divine de la raison sic comme une sorte d organe de contr le que la religion doit accepter comme un or gane permanent de purification et de r gulation Mais il existe aussi des pathologies de la raison une hubris fureur de la raison qui n est pas moins dan gereuse la bombe atomique l homme comme produit C est pourquoi en sens inverse la raison aussi doit tre rappel e ses limites et apprendre une capacit d coute l gard des grandes traditions religieuses de l humani t Kurt Hubner a r cemment formul une exigence similaire et d cl
19. 291 Le Concile reprendra cette id e Le caract re social de l homme fait appara tre qu il y a interd pendance entre l essor de la personne et le d ve loppement de la soci t elle m me En effet la personne humaine incise thomiste est et doit tre le principe le sujet et la fin de toutes les institutions La vie sociale n est donc pas pour l homme quelque chose de surajout aussi c est par l change avec autrui par la r ciprocit des services par le dialogue avec ses fr res que l homme grandit selon toutes ses capacit s et peut r pondre sa vocation Gaudium et spes n 25 1 Nous verrons plus loin l application de ce principe l glise et la soci t politique si la personne constitue par elle m me la soci t il s ensuit qu on peut faire l conomie de la cause finale de la soci t moins qu on fasse de la per sonne la fin de la soci t LE DIALOGUE JE TU SELON MARTIN BUBER Joseph Ratzinger a racont comment par le biais de la lecture de Steinb chel il fit la connaissance du grand pen seur juif Martin Buber Ma Vie souvenirs 1927 1977 p 52 La d couverte du personnalisme r alis e avec une force de conviction nouvelle chez Buber fut pour Ratzinger une exp rience spirituelle marquante ibid L ouvrage central de Martin Buber 1878 1965 Je et Tu Ich und Du 1923 place la relation au commencement de l existence humaine 1 Si in Luce ambulamus dit
20. Dieu lui m me la vision faciale de Dieu de Dieu vu face face facie ad faciem 1 Co 13 12 c est dire sans interm diaire cr C est saint Jean l Ap tre de l amour qui enseigne Nous savons que lorsqu il appara tra nous lui serons semblables parce que nous le verrons comme il est 1 Jn 3 2 Saint Paul explique qu la foi connaissance en nigme comme dans un miroir 1 Co 13 12 succ dera la vision imm diate de Dieu C est cette vue qui b atifiera l me des lus Mais peut tre cette vue est elle trop pr cise pour l esprit de Beno t XVI r calcitrant toute d finition En tout cas le pontife pr cise une condition pr alable de la vie bienheureuse c est de ne pas vivre isol ment des autres comme l a montr Henri de Lubac dit il A partir des P res Lubac aurait prouv que le salut a toujours t consid r comme une r alit communautaire Spe salvi n 14 La vie bienheureuse pr suppose donc l exode de la prison de son propre moi parce que c est seulement dans l ou verture de ce sujet universel les autres que s ouvre aussi le regard sur la source de la joie sur l amour lui m me sur Dieu Spe salvi n 14 LE SALUT COLLECTIF SELON HENRI DE LUBAC Le th ologien fran ais mis l honneur par Spe salvi a en effet r interpr t le dogme hors de l Eglise point de salut en invoquant un salut collectif point de salut pour l individu sans une communaut de salut Cela
21. JEAN PAUL II Discours aux cardinaux de la curie 22 octobre 1986 DC n 1933 ann e 1987 p 133 134 Voir PIE XII encyclique Summi pontificatus 20 octobre 1939 dans UTZ GRONER SAVIGNAT Relations humaines et soci t contemporaine Fribourg d Saint Paul t 1 p 17 19 n 26 35 5 Fundamentum enim aliud nemo potest ponere pr ter id quod positum est quod est Christus Jesus Deus qui diversitatem gentium in confessione tui nominis adunasti da ut renatis fonte baptismatis una sit fides men tium et pietas actionum per Dominum nostrum Jesum Christum 27 par del la diversit des langues avez r uni les nations dans l unit de la foi C est le Saint Esprit lien de charit du P re et du Fils qui est aussi le moteur de l unit de tous les peuples divers en les rassemblant dans l unit de la foi Sur cette unit de foi se fonde la fraternit surnaturelle des chr tiens dont J sus a dit Vous tes tous fr res car votre P re c leste est unique Mt 27 8 9 Mais la pure communion de charit en quoi consisterait l glise selon les personnalistes ne se limite pas lider la foi elle estompe aussi la hi rarchie Pourtant si l glise est combattante et p lerine ici bas c est qu elle n est pas encore en tat de fin elle a toujours une finalit sur la terre le salut ternel C est cette fin qui donne sa forme la multitude des croyants et en fait une multitude organis e c est cette fin qui
22. LA FOI AUX RISQUES DE LA PHILOSOPHIE Lorsque saint Jean et le Saint Esprit qui l inspire choisissent le mot Verbe en grec Logos pour d signer la personne du Fils dans la Sainte Trinit le mot est jusqu alors quivoque au possible II d signe commun ment le discours formul H raclite six cents ans avant Jean parle d un logos mesurant toute chose mais il s agit du feu qui r chauffe et consume tout Les sto ciens utilisent ce terme pour signifier l intelligence des choses leur raison s minale logos spermatikos qui se confond avec le principe immanent d organisation de l univers Enfin Philon 13 av J C 54 ap J C juif pratiquant et hell niste d Alexandrie voit dans le ogos le supr me intelligible ordonnant l univers mais tr s inf rieur au Dieu incon naissable celui d Abraham et de Mo se Jean s empare du mot grec Il l arrache si l on peut dire ceux qui l ont utilis par ignorance ou par m garde D s les premiers mots du prologue de son Evangile il lui donne il lui rend plut t son sens absolu C est le Fils ternel de Dieu qui est sa parole son Logos son Verbe Et ce Verbe s est incarn Ainsi la R v lation faite aux Juifs s effor a t elle d s ses d buts de s exprimer dans le langage de la philosophie grecque sans lui faire nulle concession Andr CL MENT La Sagesse de Thomas d Aquin NEL 1983 p 33 34 Ainsi la foi s exprime en concepts humains c est l criture inspir e elle s ex
23. Un si cle plus tard on n affirme plus la provenance immanente de tous les mys t res divins On les met simplement entre parenth ses pour en chercher seulement une signification vitale existentialiste ou personnaliste On ne nie pas les dogmes ni les d cisions du magist re pass mais on les revisite pour en avoir une compr hen sion consciente qui a manqu aux papes et aux docteurs pass s une compr hension Verstehen purificatrice du pr tendu circonstanciel pass et assimilatrice du circonstanciel pr sent On ne devient pas franchement ath e ou h r tique non simplement gr ce l outil de la philosophie moderne on repense la Trinit r elle on d sincarne l incarnation r elle on sublime la r demption r elle on relativise le Christ Roi r el ne va t on pas remplacer le Dieu r el UN ANTI PROGRAMME INAUGURAL Emmanuel Kant imbu de son agnosticisme crivait en 1793 un ouvrage intitul La religion dans les limites de la simple raison dans lequel il consid rait d j les dogmes comme de purs symboles d id es morales Cent ans apr s la suite des protestants lib raux Friedrich Schleiermacher 1768 1834 et Adolf Harnack 1851 1930 c tait un pr tre catholique mais bient t excommuni Alfred Loisy 1857 1940 qui tenait les m mes th ories d nonc es par saint Pie X en 1907 dans Pascendi Et puis cent ans apr s Pascendi en 2007 ce sont des th ologiens catholiques dont l un est devenu pape q
24. ap para t ce qui se manifeste authentiquement Or l exigence de ce proc d conduit Husserl professer provisoire ment le contraire de ce qu il en attend ce n est plus la chose ext rieure l esprit qui est le r el absolu mais c est le donn c est dire le v cu de mon acte de viser mon objet mental dans lequel je me saisis comme pensant quelque chose Pour la conscience dit Husserl le donn est une chose essentiellement la m me que l objet repr sent existe ou qu il soit imagin voire m me peut tre absurde Recherches logiques Il 2 partie trad H H lie PUF 1970 p 151 Il est clair de toute fa on que tout ce qui dans le monde des choses est l n est par principe pour moi qu une r alit pr sum e Au contraire moi m me si l on veut l actualit de mon v cu est une r alit absolue La conscience consid r e dans sa puret doit tre tenue pour un syst me d tre clos sur lui m me pour un syst me d tre absolu d es directives trad Ric ur Gallimard 1950 p 164 Curieusement on retrouve la m me poque dans le modernisme le m me d sint ressement pour la r alit appli qu la religion peu importe la r alit des myst res de foi l important est qu ils expriment les probl mes et les besoins religieux du croyant et l aident les r soudre ou le combler C est Alfred Loisy 1857 1940 l exact contemporain de Husserl qui a soutenu cette poc
25. assainissement de moulage un pouvoir unitif est de l essence d un d veloppement f cond et en est la troisi me marque distinctive Et Newman de donner un exemple un unique exemple d une telle f conde assimilation l assimilation par la th ologie catholique du principe philosophique de causalit instrumentale Cette assimilation dit il r sulte d une affinit ant c dente entre telle v rit r v l e et tel principe de la r alit naturelle Qu une id e devienne plus volontiers coalescente avec celles ci qu avec celles l cela n indique pas qu elle ait t ind ment influenc e c est dire corrompue par elles mais qu il y a une affinit ant c dente entre elles A tout le moins on doit ici admettre que lorsque l vangile parle d une vertu sortant de Notre Seigneur Lc 6 19 ou de la gu rison qu il op ra avec de la boue que ses l vres avaient humect e Jn 9 6 ces faits offrent des exemples non de perversion du christianisme mais de son affinit avec des notions qui lui sont ext rieures Ce joli texte laisse voquer la f condit de l assimilation par la doctrine chr tienne du principe de causalit instrumen tale que l on songe l efficience de gr ce de l humanit sainte de J sus instrument de sa divinit d abord dans sa pas sion puis la messe et dans les sacrements comme l enseigne saint Thomas et comme l utilise le concile de Trente pour d finir l action ex opere operato des sacrements Que l
26. chastet La tendance faire abstraction de la cause finale et de la nature des choses est la constante du personnalisme et des philosophies issues de Kant L itin raire intellectuel de Joseph Ratzinger est marqu par cet agnosticisme La v rit la voici Dieu auteur et r dempteur de la nature humaine est le l gislateur de la soci t conjugale C est lui qui a voulu le mariage f cond pour la propagation du genre humain croissez et multipliez vous a t il command au premier couple humain Gn 1 28 La morale du mariage est domin e par cette fin la procr ation Le code de Droit ca non traditionnel statue que la fin primaire du mariage est la procr ation et l ducation des enfants et que la fin secon daire est l aide mutuelle et le rem de la concupiscence canon 1013 La contraception et la st rilisation sont immo rales parce qu elles d tournent l acte conjugal de sa fin de m me que la continence p riodique sans raison grave qui d tourne l tat conjugal de sa fin Or le personnalisme vient corrompre de subjectivisme ces principes objectifs Selon le Concile la procr ation ou le refus de procr er doit tre d termin par des crit res objectifs tr s bien tir s de la nature de la personne et de ses actes crit res qui respectent dans un contexte d amour v ritable la signification totale d une donation r ciproque et d une procr ation la mesure de l homme chose impossible si la chast
27. de l tre dans le d veloppement du dogme un r le si bien pr cis par les trois auteurs que je viens de citer comme appara t d fectueuse et relativiste l id e que Beno t XVI se fait de la rencontre entre la foi et la philosophie Lorsqu au 13 si cle dit il par l interm diaire des philosophes juifs et arabes la pens e aristot licienne entra en contact avec le christianisme m di val et que la foi et la raison risqu rent d entrer dans une opposition irr con ciliable ce fut surtout saint Thomas d Aquin qui joua le r le de m diateur dans la nouvelle rencontre entre la foi et la philosophie avec la philosophie aristot licienne pla ant ainsi la foi dans une relation positive avec la forme de raison dominante son poque Selon Beno t XVI la t che fix e au concile Vatican Il selon le programme esquiss par Jean XXIII fut pr cis ment de placer aujourd hui la foi dans une relation positive avec la philosophie id aliste moderne pour supprimer l antagonisme d plorable entre foi et raison moderne et faire op rer la doctrine sacr e un nouveau bond en avant Eh bien voyons maintenant comment Joseph Ratzinger lui m me suivant ce programme qui tait aussi le sien a us de ces philoso phies dominantes des ann es 1950 pour relire quelques articles du Credo et pour exposer les trois grands myst res de foi Voyons d abord l ex g te commenter trois articles du Credo dont deux sont des faits vang l
28. demande au nom de la prudence politique des mesures civiles de tol rance voire de parit juridique entre divers cultes la libert religieuse comme droit naturel de la personne au nom de la justice ne saurait tre invoqu e Elle demeure une erreur condamn e La doctrine de la foi est immuable m me si son application int grale est emp ch e par la malice des temps Et le jour o les circonstances rede viendraient normales celles d une chr tient les m mes applications pratiques de r pression des faux cultes devraient tre faites comme au temps du Syllabus Retenons que les circonstances qui changent l application circonstances con s quentes n affectent pas la teneur de la doctrine Il faut dire la m me chose des circonstances qui poussent le magist re intervenir circonstances ant c dentes Que la libert religieuse ait eu en 1965 un contexte personnaliste fort diff rent du contexte d agressivit qu elle avait cent ans auparavant en 1864 au temps du Syllabus cela ne change pas sa malice intrins que Les circonstances de 1864 d ter min rent certes Pie IX agir mais elles n affect rent pas la teneur de la condamnation qu il porta de la libert religieuse Que surgisse en 2017 un nouveau Luther sans qu il affiche comme en 1517 ses 95 th ses sur la porte de la coll giale de Wittenberg il sera condamn dans les m mes termes que 500 ans auparavant voir abb Fran ois KNITTEL Beno t XVI entretien sur Vatica
29. demeure intact VIGILIUS DE THAPSUS Contre Eutyches 5 2 Puis un Maxime le Confesseur d clare que les P res de Constantinople ont seulement confirm la foi de Nic e contre ceux qui cherchaient la changer dans leur sens eux pour Maxime le Christ subsistant en deux natures n est pas une autre profession de foi allon pist s symbolon mais seulement une vue per ante trano ntes sur Nic e laquelle par des interpr tations et des fa onnements ult rieurs p x gournenoi kai p xergazom noi devra tre encore d fendue contre des interpr tations d formantes MAXIME LE CONFESSEUR opusc 4 PG 91 260 FIEDROWICZ Theologie der Kirchenv ter p 356 357 Ainsi quant sa fin et quant sa forme est pr cis e l herm neutique h rm n ia que les P res pratiquent du magis t re ant rieur Quant la fin il ne s agit pas de s adapter une mentalit moderne mais de combattre cette mentalit moderne et de neutraliser l empreinte des philosophies modernes sur la foi c est en effet le propre des h r tiques de ramener la foi des sp culations philosophiques modernes qui la corrompent Il ne s agit pas non plus d innocenter les h r tiques an 3 ciens au nom d une meilleure compr hension des formules catholiques qui les ont condamn s Quant la forme il ne s agit pas de proposer les principes modernes au nom de la foi mais de les condamner au nom de cette m me foi inchang e En somme l
30. des id es et des documents pr cieux Je remercie de m me le p re Jean Dominique Favre de son secours en philosophie allemande et l abb Fran ois Knittel de ses tra vaux d thique que j ai pill s sans vergogne l abb Renaud de Sainte Marie de sa th se de ma trise de philosophie sur le R le du bien sensible dans la repr sentation et l obtention du bien moral chez saint Thomas d Aquin et Kant Institut universitaire Saint Pie X juin 2006 l abb Alain Lorans pour son Analyse du discours du 22 d cembre 2006 dans DICI n 148 13 janvier 2007 p 11 12 que jai copi e l abb Dominique Bourmaud pour son ouvrage Cent ans de mo dernisme G n alogie du Concile Vatican ll Clovis 2003 et son article Karl Rahner fils du modernisme dans Fideliter n 179 septembre octobre 2007 p 29 l abb Christian Thouvenot pour son article La foi selon Joseph Ratzinger paru 1 Voir J RATZINGER discours du 22 d cembre 2006 DC 2373 p 107 43 dans le m me num ro de Fideliter p 32 l abb Xavier Beauvais pour son article sur la foi moderniste contemporaine paru dans Le Chardonnet n 236 mars 2008 d apr s Marcel De Corte l abb Gr goire Celier pour ses conseils m tho dologiques et le p re Pierre Marie de Kergorlay pour les importantes corrections qu il m a sugg r es Gr ce ce que j ai appris d eux tous l cole de saint Thomas d Aquin je puis oser dire avec le sage roi Salomon La sagesse que j ai appr
31. des si cles malgr les t tonnements de recherche d laboration p nible d anticipations partielles de justes inventions naturelles et de solutions encore imparfaites gt p 172 Ces pierres vivantes de l chafaudage de l dification du corps du Christ ne seront pas rejet es une fois l difice achev p 172 Providentiellement indispensables l dification du Corps du Christ les infid les doivent b n ficier leur mani re des changes vitaux de ce Corps Par une extension du dogme de la communion des saints il semble donc juste de penser que bien qu ils ne soient pas eux m mes plac s dans les conditions normales du salut ils pourront n anmoins obtenir ce salut en vertu des liens myst rieux qui les unissent aux fid les Bref ils pourront tre sauv s parce qu ils font partie int grante de l humanit qui sera sauv e 1 Hom lie sur la mort de son fr re Saturus 47 CSEL 73 274 cit par Beno t XVI Spe salvi n 10 H de LUBAC Catholicisme les aspects sociaux du dogme Cerf 1938 p 164 165 3 H de LUBAC Catholicisme p 173 39 Ce n est plus du platonisme c est de la th ologie fiction l imaginaire pr paration vang lique dans le paganisme on attribue une vertu m ritoire de la gr ce en faveur des obscurs artisans de cette pr paration Mais la r compense d une laboration imaginaire peut elle tre autre chose qu une gr ce imaginaire Le souci sentimental d largir la p
32. du d mon moi qui tais perdu et damn et qu il m a v ritablement acquis et gagn non avec de l argent et de l or mais avec son pr cieux sang et par ses souffrances et sa mort innocente afin que je sois enti rement lui et que vivant sous son empire je le serve dans une justice une innocence et une libert perp tuelles comme lui qui est ressuscit des morts vit et r gne aux si cles des si cles C est ce que je crois fermement Lequel des deux est chr tien Celui qui affirme avec un souffle puissant l efficacit des souffrances et du sang du Christ pour nous racheter ou celui qui la nie Qui est le chr tien Celui qui confesse avec saint Thomas l expiation la satisfaction le m rite et l efficience de la passion du Christ ou celui qui inspir par l existentialisme nie ces choses Il est vrai que Joseph Ratzinger reconna t en J sus sur la croix le don de sa propre personne et l amour compensa teur mais pourquoi refuse t il d admettre les v rit s compl mentaires Pourquoi professe t il des v rit s diminu es Parce que la justice divine ne pla t pas l homme moderne Au fond Gadamer a raison tout comme l historien qui veut r crire l histoire le th ologien qui veut repenser sa foi est toujours complice de ses pr jug s L ambition de l herm neutique d enrichir la v rit religieuse et d engendrer son progr s par sa relecture philosophique est donc un chec fracassant Elle aboutit bien plut t
33. e entre temps apr s Drey et avant Loisy par le magist re romain la R v lation n est pas n importe quelle intervention divine mais seulement une locution de Dieu ocutio Dei non pas toute l Eglise mais aux saints hommes de Dieu 1 P 1 21 les proph tes et les Ap tres elle a un contenu de v rit s qui est complet avec les Ap tres elle n est pas perfectible mais est un un d p t divin confi au magist re de l glise pour qu il le garde saintement et l expose fid lement La R v lation transmise par les Ap tres ou d p t de la foi conna t toutefois un progr s non certes dans son con tenu dont les Ap tres ont eu la pl nitude ainsi que la pl nitude de son intelligence mais dans son explicitation par une interpr tation plus ample ou une meilleure distinction c est dire un passage de l implicite l explicite du m me m me d p t de la foi clos la mort du dernier des Ap tres Certes Dieu va continuer intervenir dans l histoire humaine la conversion de l empereur Constantin l vang lisa tion de l Am rique le pontificat du pape saint Pie X sont des pierres milliaires parmi tant dautres de l action providentielle de Dieu mais elles n ont pas valeur de R v lation divine C est l qu il faut bien faire une distinction importante la R v lation progressive de Dieu est ind niable dans l ancien Testament et m me dans le nouveau jusqu la mort
34. herm neutique r visionniste de Joseph Ratzinger est trang re la pens e des P res Il y a donc lieu de la r viser radicalement LE PROGR S HOMOG NE DES DOGMES A saint Vincent de L rins revient d avoir enseign en l ann e 434 le d veloppement homog ne du dogme tout en explicitation et non en mutation Il appartient au progr s que chaque chose soit amplifi e en soi m me au changement il appartient en re vanche que quelque chose soit transform en autre chose Lorsque quelque partie de la semence primordiale aura pouss au cours du temps qu on s en r jouisse et qu on la cultive avec soin mais qu on ne change rien de la nature du germe qu on y ajoute certes l aspect la forme la distinction mais que demeure identique la nature de chaque genre Saint VINCENT DE L RINS Commonitorium RJ 2173 2174 Dans le m me sens Pie IX en 1854 citant le m me Vincent de L rins dans la bulle de d finition de l Immacul e Conception et parlant des dogmes d pos s aupr s de l glise d clare que celle ci s applique les polir de telle ma ni re que ces dogmes de la doctrine c leste re oivent l vidence la lumi re la distinction mais retiennent la pl nitude l int grit la propri t et qu ils croissent seulement dans leur genre c est dire dans le m me dogme le m me sens et la m me sentence DS 2802 Sous ce progr s en distinction les dogmes ne progressent pas en profondeur une profo
35. hors s rie an 2005 p 121 29 Donc la d finition de la personne comme tissu de relations en abandonnant la d finition de Bo ce conduit la n ga tion de la cause finale de la soci t politique On retrouve dans la politique conciliaire la m me lacune de la cause finale que l on trouve en thique individuelle chez Kant et toute la philosophie des Lumi res LE PERSONNALISME APPLIQU AU MARIAGE ET LA CHASTET Une derni re application du personnalisme sera faite par le Concile au mariage et la chastet Consid rons d abord la sexualit et la vertu de chastet Le nouveau cat chisme de l glise catholique patronn par le cardinal Ratzinger fait de la chastet l int gration r ussie de la sexualit dans la personne cest dire dans la rela tion de personne personne dans le don mutuel entier de l homme et de la femme sans r f rence la fin propre et premi re de la sexualit qui est la procr ation ni r f rence au p ch et la concupiscence La disparition de la fin entra ne l ignorance de la nature des choses Ainsi est pass e sous silence la nature du d sir charnel appetitus venereus dont saint Thomas dit qu il nous est sp cialement connaturel puisqu il est ordonn la conservation de la nature et donc si on le nourrit il va cro tre au plus haut point et donc il aura au plus haut point besoin d tre r fr n gt castigatus ch ti d o le nom de
36. influence spirituelle mais la soci t civile elle m me dans l ordre temporel qui est le sien doit tre soumise son gouvernement Certes le Christ n exerce pas lui 1 Cat chisme de l glise catholique Mame Plon 1992 n 2337 II I q 151 a 2 ad 2 3 Gaudium et spes n 51 3 JEAN PAUL Il Familiaris consortio n 32 4 Voir saint Pie X lettre Notre charge apostolique n 25 5 P re Marie Dominique Philippe Au c ur de l amour Jubil 1998 p 115 Pie XII Allocution aux sages femmes 29 octobre 1951 Utz Groner Savignat n 1160 EPS Mariage n 646 7 R Frydman Dieu la m decine et l embryon d Odile Jacob 2003 30 m me directement ce gouvernement temporel il le laisse ses d tenteurs qui l exercent en son nom Pie XI encyclique Quas primas 11 d cembre 1925 IMPLICATIONS POLITIQUES DE LA FIN ULTIME DE L HOMME Or toutes les choses humaines spirituelles comme temporelles sont ordonn es une seule et unique fin ultime la b atitude ternelle encore appel e cause du p ch le salut ternel Et le Christ s est pr cis ment incarn et a souffert sa passion pour mener les hommes cette fin ultime Il d coule de l unicit de la fin ultime que la soci t civile ou cit est voulue par Dieu non seulement pour assurer aux hommes d ici bas la vie bonne selon la vertu Aristote mais pour que par cette vie vertueuse ils parviennent la jouissance de Dieu Il s ensu
37. je cite ses crits ant rieurs son souverain pontificat je les attribue en toute r v rence et v rit Joseph Ratzinger Son ouvrage Foi chr tienne hier et aujourd hui reproduisant les cours du jeune professeur de T bingen et paru en fran ais en 1969 a t r dit en 2005 avec une pr face de l auteur qui confirme fondamentalement son crit L orientation fondamentale crit il tait juste c est pourquoi j ose remettre aujourd hui encore ce livre entre les mains du lecteur Quelques textes ouvriront l app tit herm neutique de mon lecteur lls sont un petit compendium des d veloppements qui suivent 1 Concernant la revisite correction de la Tradition Mon impulsion fondamentale pr cis ment au Concile a toujours t de d gager le c ur m me de la foi de dessous les couches scl ros es et de donner ce c ur force et dynamisme J RATZINGER Le Sel de la terre Flammarion Ceri 1997 p 78 79 Le concile Vatican Il avec la nouvelle d finition de la relation entre la foi de l glise et certains l ments essen tiels de la pens e moderne a revisit ou galement corrig certaines d cisions historiques mais dans cette appa rente discontinuit il a en revanche maintenu et approfondi sa nature intime et sa v ritable identit BENO T XVI discours du 22 d cembre 2005 2 Concernant la purification assimilation de la philosophie moderne Assimiler au christianisme les id es modernes
38. la confusion entre la substance et la quantit a pu tournebouler les pseudo philosophes des ann es cinquante et m me les pseudo th ologiens Steinb chel qui avait commenc par tudier Hegel et le socialisme symbolisait dans l ouvrage cit l closion du personnalisme essentiellement due Ferdinand Ebner et qui fut aussi pour lui m me un tournant dans son che minement intellectuel La d couverte du personnalisme que nous trouv mes r alis e avec une force de conviction nouvelle chez le grand penseur juif Martin Buber fut pour moi une exp rience intellectuelle marquante ce person nalisme se rattachant mes yeux par lui m me la pens e de saint Augustin que je d couvris dans les Confes sions avec toute sa passion et sa profondeur humaines Ma Vie souvenirs 1927 1977 p 52 RECHUTE DANS L ID ALISME HUSSERL Le tournant de la pens e moderne commence par la ph nom nologie Edmund Husserl 1859 1938 professeur en diverses universit s allemandes veut r agir contre l id alisme kantien et aller aux choses elles m mes Tr s bien Mais pour atteindre les v rit s indubitables il pratique une sorte de doute m thodique l poch qui en grec signifie la suspension du jugement et il frappe de nullit tout ce qui n est pas authentique Il ne nie pas l existence des choses ext rieures mais il la met entre parenth ses ainsi l exp rience se trouve r duite ce qui est donn ce qui
39. la synth se Notons bien qu ici comme dans la dialectique de G W Fr Hegel 1770 1831 l antith se et la th se bien que contra dictoires font toutes deux partie de la v rit L antith se n est pas une simple objection que l on r sout par son limination ou en en retenant la part de v rit non elle est une v rit contradictoire que l on r sout par son int gration Sil en est ainsi la v rit et la v rit de foi galement est sujette une volution continuelle et ind finie chaque synth se l es prit humain trouvera toujours de nouvelles antith ses opposer pour op rer de nouvelles synth ses Gaudium et spes n 5 3 Le r sultat pour la r demption est que le sacrifice chr tien n est autre chose que l exode du pour con sistant sortir de soi accompli fond dans l homme qui est tout entier exode d passement de soi par amour Il a donc fallu faire une relecture du nouveau Testament Beno t XVI premi re allocution 20 avril 2005 conform ment la sensibilit moderne et au mode d investigation et de formulation existentialiste comme l exigeaient une nouvelle r flexion sur la v rit et un nouveau rapport vital avec elle Beno t XVI 22 d cembre 2005 Au terme de ce processus de relecture et d amplification des paroles la passion de J sus Christ n op re plus notre salut par mode de m rite ni par mode de satisfaction ni par mode de sacrifice ni par mode d eff
40. mission doctrinale expliqua que Subsistit in est employ au lieu de est afin que l expression concorde mieux avec laf firmation d l ments eccl siaux qui se trouvent ailleurs Cest inacceptable protesta Mgr Luigi Carli dans l aula conci liaire car on pourrait croire que l glise du Christ et l glise catholique sont deux r alit s distinctes la premi re demeu rant dans celle l comme dans un sujet D sormais l enseignement conciliaire reconna trait aux glises et communaut s eccl siales s par es une nature eccl siale et la constitution Lumen gentium sur l glise adopterait le Subsistit in tandis que la d claration Unitatis redin tegratio sur l cum nisme reconna trait contre toute la Tradition que ces Eglises et communaut s s par es ne sont nul lement d pourvues de signification dans le myst re du salut l Esprit du Christ en effet ne refusant pas de se servir d elles comme de moyens de salut UR n 3 Chose impossible expliquait Mgr Marcel Lefebvre Vatican Il en quelques lignes lumineuses d pos es au secr tariat du Concile en novembre 1963 Une communaut en tant que communaut s par e ne peut jouir de l assistance du Saint Esprit puisque sa s paration est une r sistance au Saint Esprit Celui ci ne peut qu agir directement sur les mes ou user de moyens qui de soi ne portent aucun signe de s paration Le cardinal Ratzinger a lui m me expliqu le subsistit in l g
41. n es dans un autre monde souvent hostile et encore charg es d un autre esprit supposait un travail en profondeur par lequel les principes permanents du christianisme prissent un d veloppement nouveau en assimilant apr s les avoir d cant s et au besoin purifi s les apports valables de ce monde moderne Y CONGAR Vraie et fausse r forme dans l glise Paris Cerf 1950 p 345 346 Certes la philosophie de l tre m taphysique naturelle de l esprit humain sert d instrument la foi pour expliciter ce qu elle contient d implicite Voir Pie XII Humani generis Dz 2314 en revanche aucune philosophie ne saurait se poser en partenaire de la foi pour perfectionner par l esprit des hommes la doctrine de la foi comme une invention philoso phique VATICAN I constitution Dei Filius ch 4 De fide et ratione DS 3020 CHAPITRE 1 HERM NEUTIQUE DE CONTINUIT FOI CHR TIENNE HIER ET AUJOURD HUI LE POURQUOI DE L HERM NEUTIQUE Qu est ce qui est constitutif de la foi aujourd hui Telle est la question que se posait Joseph Ratzinger en 1973 au sein d un groupe de discussion cum nique et qu il pose comme premi re question de son livre Les Principes de la th ologie catholique Les Principes de la th ologie catholique T qui 1982 p 13 La question est mal pos e corrige t il il serait plus correct de se demander ce qui dans l effondrement du pass demeure encore aujourd hui un l ment constitutif L effondr
42. par la d mocratie et la la cit Tel est le r sultat de l herm neutique de Beno t XVI Un si cle auparavant dans son encyclique inaugurale E supremi apostolatus son pr d cesseur saint Pie X d crivait la maladie profonde qui travaille le genre humain c est disait il l gard de Dieu l abandon et l apostasie Mais lherm neutique du Concile et de Beno t XVI comme je l appelle par commodit m ne quelque chose de bien plus grave que la simple perte de la foi elle conduit l tablissement d une autre religion faite d une foi chancelante en Dieu et d une foi rassurante en l homme et en sa dignit inamissible et inviolable L homme prend la place de Dieu 2 Th 3 3 17 dans le sanctuaire et hors du sanctuaire Le myst re d iniquit se d veloppe au grand jour Dieu veut que nous nous opposions cette d sorientation diabolique Armons nous Contre les r visions de l herm neutique et les doutes de l agnosticisme munissons nous du grand rem de pr ventif Pour garder la foi stable et surnaturelle assentiment ferme de l intelligence la v rit divine re ue du dehors sur l autorit m me de cette divine v rit le grand rem de protecteur c est saint Thomas d Aquin de qui vient cette belle d finition de la foi En effet c est parce que cette foi objective catholique concorde parfaitement avec la philosophie de l tre mise au point par saint Thomas d Aquin que le pape saint Pie X a prescrit au
43. qu un garant des valeurs et des normes puis es aux Lumi res que sont les Droits de l homme un Dieu nominalement consid r comme la Raison cr atrice de l univers et conventionnellement appel le dispensateur des Droits de l homme Ce Dieu hypoth tique est il diff rent du Dieu id el postul selon Emmanuel Kant par l thique Un Dieu comme l avoue le m me Kant dont on ne saurait affirmer qu il existe en dehors de la pens e rationnelle de l homme Cest ce Dieu provisionnel des Droits de l homme que l glise devrait pr cher aux musulmans selon le souhait mis 1 Mgr LEFEBVRE hom lie Juran on J RATZINGER Les Principes de la th ologie catholique T qui 1982 p 426 3 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui Cerf 2005 p 11 12 4 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 11 Emmanuel KANT Opus postumum Convolutum VII 35 par Beno t XVI de retour de Turquie pour leur faire op rer l aggiornamento de l Islam gr ce aux Lumi res au lieu de les convertir la vraie Lumi re qui claire tout homme Sur ce v u je renvoie mon lecteur ma postface Au fond cest la religion des Lumi res qui conviendrait le mieux l humanit d aujourd hui Au temps des Lumi res on a cherch tablir des lois universelles valables m me si Dieu n existait pas aujourd hui conseille Joseph Ratzinger il faudrait inverser ce mot d ordre et dire M me qui ne r ussit pas tro
44. resterait assez tradi tionnel Mais il n y a pas que cela Point ne sera besoin que chacun des infid les entre un beau jour dans le sein de l glise il suffit que tous et chacun d eux fassent partie de l humanit qui est en voie d unit gr ce au christianisme Comment donc y aurait il un salut pour les membres si par impossible le corps n tait pas lui m me sauv Mais le salut pour ce corps pour l humanit consiste recevoir la forme du Christ et cela ne se fait que par le moyen de l Eglise catholique N est ce pas elle enfin qui a charge de r aliser pour autant qu ils s y pr tent l unification spirituelle de tous les hommes Ainsi cette Eglise qui en tant que corps invisible du Christ s identifie au salut final en tant qu institution visible et historique est le moyen providentiel de ce salut En elle seule se refait et se recr e le genre humain S Augustin ep 118 n 33 PL 33 448 Saint Augustin ne parle pourtant pas d unit du genre humain mais de sa recr ation c est plus qu une nuance Est ce que le p re de Lubac estime plus facile d imprimer la forme du Christ dans la collectivit de l humanit que de l imprimer par le bapt me dans chacune des milliards d mes sauver Ce serait une brillante solution platonique Une autre solution plus l gante est propos e par le j suite sulfureux chacun des milliards d tres humains a eu et a encore son r le dans la pr paration vang lique
45. se trouve confirm e la v rit des faits de l criture la v rit du dogme c est leur puissance d vocation des probl mes existentiels de l poque pr sente Tel est le mouvement d introversion du dogme effectu par le modernisme nouveau genre L EX G SE EXISTENTIALISTE ART DIVINATOIRE Il s agit dun libre mouvement de cr ation vitale de nouveaux sens de l Ecriture L ex g se devient un art divinatoire elle devine ce que Dieu n a jamais entendu signifier le sens historique tant ni ou frapp d ostracisme le sens devin ne repose sur rien Or tout sens second de l criture explique saint Thomas est fond sur le sens premier et suppose celui ci Ainsi pour reprendre l Evangile comment par Joseph Ratzinger l vasion de l homme hors de la zone de d r liction dans le lieu g om trique de la pr sence de Dieu suppose pour tre un sens de l criture l ascension physique de J sus en leur pr sence il fut lev et un nuage le d roba leurs yeux comme son fondement Par cons quent la n gation ou le passage sous silence du sens litt ral est la ruine de toute ex g se Tel fut le tort d Orig ne persuad de ce que le sens moral ou spirituel de l criture est le principal il n gligea dexpli quer le sens litt ral et sombra dans une interpr tation all gorique arbitraire Saint J r me s l ve avec force contre cette cette d viation et supplie un correspondant Eloigne toi d
46. seules constituent sa perfection toujours croissante La possession rend l esprit stagnant indolent orgueil leux Si Dieu dans sa main droite tenait enferm e toute v rit et dans sa main gauche l lan toujours en mouve ment vers la v rit d t il m en co ter d errer ternellement s il me disait choisis je m inclinerais humblement devant sa main gauche et je dirais P re donne La v rit pure n est que pour toi seul Lessing S mtliche Schriften X 206 cit par Will et Ariel Durant The Story of Civilization X Rousseau and R volution Simon and Schuster New York 1967 p 512 Au lieu d humilit quel orgueil raffin Le sujet se pr f re l objet On est en plein subjectivisme et cela est inconci liable avec la religion qui veut la soumission de la cr ature au Cr ateur N y a t il pas quelque chose de cet orgueil dans l engouement de Joseph Ratzinger pour le personnalisme et son interpellation et dans le d go t qu il a pour la philoso phie thomiste et ses simples adh sions LE DOGME DE L INCARNATION R VIS PAR L EXISTENTIALISME DE HEIDEGGER La r fraction du divin travers l humain est ensuite cherch e par Joseph Ratzinger dans le dogme de l incarnation r vis la lumi re de lexistentialisme On va se servir de la philosophie existentialiste on va emprunter le proc d d im manence et on va pratiquer la m thode de l historisme Le principe de l immanence dit que l objet de la f
47. te il faut croire en la divinit de J sus Christ mais c est logiquement impliqu il n y a plus besoin de le consid rer comme le Dieu fait homme Non il faut consid rer que en tendant infiniment au del de lui m me J sus s est totalement d pass et par l s est vraiment trouv Il est un avec l infini J sus Christ Donc c est l homme qui se d passe qui s auto accomplit et qui devient divin Voil le mys t re de l incarnation r interpr t la lumi re de l existentialisme et en m me temps de l historisme Une cons quence logique de cette relecture de l incarnation pourrait tre que la sainte Vierge n est plus la M re de Dieu fait homme mais qu elle est seulement la m re d un homme qui devient divin On risque de tomber dans l h r sie de Nestorius condamn en 425 par le concile d Eph se en ces termes Si quelqu un ne confesse pas que l Emmanuel est Dieu en v rit et que pour cette raison la sainte Vierge est M re de Dieu car elle a engendr charnellement le Verbe de Dieu fait chair qu il soit anath me DS 2521 On dit que Bo ce est d pass et qu il faut pr f rer Heidegger parce que l exp rience de Bo ce est d pass e l exp rience de Martin Heidegger est un nouveau rapport vital avec la personne elle correspond nos probl mes actuels nos probl mes psychologiques actuels comment vaincre l go sme On le vainc par l autod passement J sus Christ a vaincu l go sme r
48. tre comme l homme de la parole de Dieu de la pr dication de l Evangile un point c est tout Ainsi donc continue Joseph Ratzinger La totalit du probl me du sacerdoce se ram ne en derni re analyse la question du pouvoir d enseignement dans l glise de fa on g n rale Donc il ram ne tout le sacerdoce au pouvoir d enseignement dans l glise Il ne va pas nier le sacrifice simplement il dit Tout se ram ne au pouvoir d enseignement dans l glise Logiquement m me l offrande de la messe par le pr tre l autel doit tre relue dans une perspective d enseignement de la parole de Dieu Il faut revisiter le sacerdoce m me le sacrifice m me la cons cration ce n est rien que la c l bration des hauts faits du Christ son incarnation sa passion sa r surrection son ascension v cus en commun sous la pr sidence du pr tre comme le pr tend dom Casel On a r vis le sacerdoce Le pr tre est devenu l animateur de la c l bration et du v cu communautaire de la foi Ce n est qu une parenth se pour montrer comment les id es existentialistes et personnalistes de Joseph Ratzinger de 1967 sur la r demption et sur le pr tre c est dire sur le Christ pr tre ont t effectivement appliqu es en 1969 dans la nouvelle messe Mais ce nouveau christianisme va n cessairement rev tir une forme sociale dune part dans la soci t spirituelle l glise d autre part dans la cit temporelle Qu en sera t il de l e
49. 801 1890 qui le premier a fait r sider un moteur du d veloppement doctrinal dans l as 1 Jesum Christum Filium Dei natum ex Patre unigenitum hoc est de substantia Patris genitum non factum consubs tantialem Patri Dz 54 Unam deitatem in tribus subsistentiis sine personis adorandam Dz 213 3 In relativis vero personarurn nominibus Pater ad Filium Filius ad Patrem Sanctus Spiritus ab utroque refertur qu cum relative tres person dicantur una tamen natura vel substantia creditur Dz 278 Ubi non obviat relationis oppositio Dz 703 5 Henri BERGSON L volution cr atrice p 352 cit par GARRIGOU LAGRANGE Le sens commun Paris 1922 7 d p 92 16 similation d l ments trangers la R v lation c est dire de principes philosophiques par la doctrine catholique Mais id aliste il voit dans cette assimilation une marque g n rale d un progr s correct des id es Des faits et des opinions qui jusque l avaient t consid r s sous d autres rapports et taient group s autour d autres centres sont d sormais graduellement attir s par une nouvelle influence et soumis un nouveau souve rain Ils sont modifi s repens s mis de c t selon les cas Un l ment nouveau d ordre et de composition est ve nu parmi eux et sa vie se prouve par une capacit d expansion sans introduire ni d sordre ni dissolution Le processus de pr l vement de conservation d assimilation d
50. 9 15 Loin donc de rev tir un aspect inqui tant le souci de Dieu pour notre rachat par nous m mes en vertu des m rites et satisfactions de J sus Christ est la preuve d un respect d licat de Dieu pour sa cr ature et la d monstration d une mis ricorde sup rieure Voil un myst re que Joseph Ratzinger h las ne semble pas avoir assimil Pourquoi donc On est contraint de se demander s il n a pas perdu le sens du p ch perdu le sens de Dieu du Dieu d infinie majest Oublie t il le dimitte no bis debita nostra du Pater noster Mt 6 12 N admet il pas la dette infinie contract e envers Dieu par un seul p ch mortel Ne comprend il donc pas le souci de Dieu qu une r paration infinie lui soit offerte de la part des p cheurs L en fer d ailleurs n est pas pour lui une punition inflig e par Dieu c est seulement l aboutissement de l amour refus une solitude o ne pn tre plus la parole de l amour La religion de Joseph Ratzinger est raccourcie Le p ch n est plus une dette il est un manque C est le p ch existentialiste Or d clare Joseph Ratzinger de la r volution dans l id e d expiation le culte chr tien re oit une nouvelle orienta tion LE SACERDOCE R DUIT AU POUVOIR D ENSEIGNEMENT Ce nouveau culte ce sera la nouvelle messe La messe devient selon la requ te de dom Odo Casel moine b n dictin de Maria Laach la c l bration commune de la foi Ce n est plus une chose of
51. ALISME POLITIQUE ET SOCIAL Si de l glise nous passons la cit nous allons voir la d sagr gation que cause le personnalisme dans la soci t politique d abord et dans la vie sociale ensuite PERSONNALISME ET SOCI T POLITIQUE Selon la th orie qui consid re la personne comme un tissu de relations comme la soci t elle m me est relation il sensuit que la personne serait sa propre fin elle m me dans la soci t elle serait la fin de la soci t le bien de la per sonne communion sidentifierait au bien de la cit politique Selon la philosophie d Aristote et de saint Thomas en revanche le bien de la personne ne constitue pas le bien com mun de la cit ce bien commun est un bien surajout qui vient faire atteindre la personne une perfection surajout e A ce bien commun la personne doit s ordonner comme sa fin temporelle comme la puissance est ordonn e l acte Cette conception classique permet de justifier que la personne doive parfois sacrifier ses biens et m me sa vie au bien commun de la cit En bref la personne trouve sa perfection temporelle en s ordonnant la fin de la communaut politique La conception personnaliste prive la soci t politique d une finalit propre qui transcende le bien de ses membres que sont les personnes Tout le magist re postconciliaire ou ce qui en tient lieu fera du bien commun la collection des droits de la personne des droits dont on n a pas encore le
52. LA FOI AU P RIL DE LA RAISON HERM NEUTIQUE DE BENO T XVI PAR MGR BERNARD TISSIER DE MALLERAIS SEL DE LA TERRE n 69 T 2009 Avant propos Introduction Herm neutique de continuit Itin raire philosophique de Joseph Ratzinger Itin raire th ologique de Joseph Ratzinger Une ex g se existentialiste de l vangile Herm neutique des trois grands dogmes chr tiens Personnalisme et eccl siologie Le personnalisme politique et social Le Christ Roi revu par le personnalisme La foi personnaliste de Beno t XVI Un supermodernisme sceptique pilogue Herm neutique des fins derni res Postface Christianisme et Lumi res AVANT PROPOS L HERM NEUTIQUE de Beno t XVI c est d abord l herm neutique qu un pape propose du concile Vatican Il pour obtenir quarante ans apr s sa conclu sion sa r ception dans l glise c est ensuite l herm neutique que le Concile et avec lui les th ologiens proposent de la foi de l glise tout comme de la raison moderne affront es depuis le si cle des Lumi res en une mutuelle exclusion afin de r duire leur opposi tion c est enfin l herm neutique de la pens e d un pape et d un th ologien qui tente de rendre raison de sa foi une rai son dress e la refuser Le triple probl me que selon Beno t XVI l herm neutique devait r soudre au Concile et qu elle doit encore r soudre aujourd hui est le suivant La science moderne avec la bombe atom
53. Max Scheler 1874 1928 la personne est l unit concr te de l tre en ses actes et elle atteint sa valeur supr me dans l amour d autres personnes c est dire dans le partage du v cu de l autre cette in tersubjectivit aide en effet la personne parvenir l objectivit sur elle m me Karol Wojtyla disciple de Scheler voit le propre de la personne dans le tissu de relations de communion Teilhabe qui la relate aux autres et la perfection de la personne dans les actes de communion du v cu De m me pour Martin Buber la v rit ultime de l humain se trouve dans la relation Je Tu gt Synth se la vue immobiliste et ontologiste de la personne n est pas conforme l exp rience moderne ni ses modes d investigation qui voient la personne non comme l tre distinct mais comme l tre vers Reconna tre Dieu comme personne c est donc n cessairement le reconna tre comme exigence de relations comme communication comme f condit Un tre absolument un qui ne serait ni origine ni terme de rela tion ne saurait tre une personne La personne au singulier absolu n existe pas Cela ressort d j des mots qui ont donn naissance au concept de personne Le mot grec pros pon signifie litt ralement regard vers le pr fixe pros dirig vers implique la relation comme l ment constitutif De m me pour le mot latin persona r sonner travers nouveau le pr fixe per travers vers exprime la
54. a ne l homme sortir de soi vaincre l go sme se redresser Sa justice est gr ce elle est justice active qui r ajuste l homme courb qui le redresse le rend droit p 198 Il est exact que la justice du Christ redresse le p cheur corrige le d sordre du p ch lib re la charit dans l amour de Dieu et du prochain Dieu infusez dans nos c urs le sentiment de votre amour afin que vous aimant en tout et par dessus tout Ie Mais est ce cela que veut dire Joseph Ratzinger Quoiqu il en soit il tait cette v rit capitale le p ch est d abord formellement une insoumission de l homme la loi de Dieu une rupture de l ordination de l homme Dieu Cette premi re ordination r alis e par la gr ce sanctifiante tait la source de la soumission des puissances inf rieures de l me la raison et cette double ordination ext rieure et int rieure constituait la justice originelle laquelle fut perdue par le p ch originel Celui ci fit perdre l homme la gr ce sanc tifiante et infligea sa nature la quadruple blessure de l ignorance de la malice de la faiblesse et de la concupiscence blessure qui demeure m me apr s le bapt me Or comme toute la nature humaine commune tous les hommes tait ainsi d pouill e du don gratuit de la gr ce et bless e dans ses facult s naturelles il fallait que le R dempteur pos t un acte qui non content de toucher chaque homme dans la suite des ge
55. a r alit des souffrances du Christ et leur r le dans la r demption Isa e ne d crit il pas pourtant le Christ comme l homme de douleurs frapp par Dieu bless cause de nos iniquit s cras cause de nos crimes ajoutant que le ch timent qui nous rend la paix est sur lui et par sa blessure nous avons t gu ris ls 53 3 5 Dans le p ch explique saint Thomas il y a un l ment formel l aversio a Deo le fait de se d tourner de Dieu et un l ment mat riel la conversio ad creaturam le fait de se tourner vers la cr ature et d adh rer elle de fa on d sordon n e La charit et l ob issance avec lesquelles J sus offre ses souffrances compensent par une satisfaction surabon dante l aversio a Deo de toute l humanit mais quant l adh sion la cr ature son d sordre ne peut tre r par que par une peine volontairement subie c est la satisfaction p nale de J sus offerte Dieu son P re notre place et de la quelle tiennent leur valeur toutes nos satisfactions Donc loin d avoir supprim toute offrande de satisfaction Dieu par l homme le R dempteur a t dit saint Thomas notre satisfacteur dont nous offrons le sacrifice dans l eucharistie L homme est ainsi rendu capable de se racheter lui m me Dans cette uvre dit saint L on le Grand Dieu fait justice et mis ricorde la fois Dieu n arrache pas l homme l esclavage du d mon par un acte d
56. a toujours contenu implicitement le 1J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 36 37 J RATZINGER Le Sel de la terre 2 d Flammarion 2005 p 19 3 J RATZINGER Le Sel de la terre 2 d Flammarion 2005 p 21 Alfred LAPPLE T moignage dans 30 Jours 24 ann e 2006 n 1 2 p 60 33 d p t r v l Ceci acquis il faut dire que la foi qui veut exp rimenter sur Dieu en concepts de la philosophie soit existentialiste soit personnaliste n a rien voir avec la mystique ni avec la th ologie mystique Car une chose est la profondeur du mys t re devant laquelle s arr te admirativement le mystique autre chose est l intensit d motion laquelle s arr te l id aliste dans sa relation interpersonnelle avec le Christ Saint Pie X dans Pascendi avait pourtant soulign combien l motion et l exp rience sont plus propres troubler la foi qu la fonder Revenons en effet un moment crit il aux v ques cette doctrine pernicieuse de l agnosticisme Toute issue tant ferm e sur Dieu du c t de l intelligence les modernistes se font forts d en ouvrir une autre du c t du senti ment et de l action Tentative vaine Ce que dit le sens commun c est que l motion et tout ce qui captive l me loin de favoriser la d couverte de la v rit l entravent Quant l exp rience qu y ajoute t elle Absolument rien sinon une certaine intensit qui entra ne u
57. adicalement en se d passant infiniment lui m me en s unissant l infini Il me semble quand m me que l incarnation est surtout l abaissement du Fils de Dieu si j en crois saint Paul Lui de condition divine il n a pas retenu jalousement le rang qui l galait Dieu mais il s est an anti lui m me en prenant la condition d esclave r duit la ressemblance aux hommes et trouv tel qu un homme par son aspect Ph 2 6 7 Evi demment l autod passement est au regard des modernes plus valorisant que l an antissement Pourtant la vraie valo risation de l homme par l incarnation est pr cis e par les P res Dieu s est fait homme afin que l homme soit fait Dieu c est dire soit divinis par la gr ce sanctifiante Henri de Lubac vingt ans avant Joseph Ratzinger avait d j tent une r interpr tation personnaliste et humaniste de l incarnation mais avec la personne comme conscience de soi 1 H I MARROU Saint Augustin et l augustinisme Seuil 1955 p 62 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 159 22 Par le Christ la personne est adulte l homme merge d finitivement de l univers il prend pleine conscience de soi D sormais avant m me le cri triomphal Agnosce o christiane dignitatem tuam connais chr tien ta dignit saint L on il sera possible de c l brer la dignit de l homme dignitatem conditionis human la dignit de la condition humaine Le pr cepte d
58. ait davantage moi m me en Lui que lorsque j essaye d tre sim plement moi m me p 215 Remarquons le platonisme je serais plus r el en Dieu qu en moi m me Donc en se pr sentant r ellement du dehors aux disciples tr s bien J sus s est montr assez puissant pour leur prouver qu en lui la puissance de l amour s tait av r e plus forte que la puissance de la mort p 220 Conclusion que l on doit logiquement tirer la r animation du corps du Christ au matin de P ques n est pas n ces saire suffit la survie du Christ par la force de son amour et cette survie est garante de la n tre par l amour Cela ne me rassure pas sur la r alit de ma r surrection future EST MONT AUX CIEUX Parler d ascension au ciel ou de descente aux enfers refl te aux yeux de notre g n ration veill e par la critique de Bultmann cette image du monde trois tages que nous appelons mythique et que nous consid rons comme d finiti vement p rim e p 221 La terre est ronde il n y a ni haut ni bas Cette conception p rim e a certainement fourni des images par lesquelles la foi s est repr sent ces myst res mais il est aussi certain qu elle cette conception ne constituait pas l essentiel de la r alit affirm e p 221 La r alit est qu il y a deux p les Donc conclut logiquement le lecteur l ascension du Christ n est pas dans les dimensions du cosmos mais dans les dime
59. ant le programme de Vatican Il dans son discours d ouverture A partir de l adh sion renouvel e sereine et tranquille tout l enseignement de l Eglise dans son int grit et sa pr cision l esprit chr tien catholique et apostolique du monde entier attend un bond en avant vers une p n tration doctrinale et une formation des consciences en correspondance plus parfaite de fid lit l authentique doc trine mais aussi celle ci tudi e et expos e travers les formes de l investigation et de la formulation litt raire de la pens e moderne Autre en effet est la substance de la doctrine antique du depositum fidei autre la formulation de son rev tement et c est de celui ci qu on doit avec patience s il est besoin tenir grand compte en mesurant tout dans les formes et les proportions d un magist re de caract re surtout pastoral Telle fut bien la t che du Concile dit Beno t XVI la reformulation moderne de la foi selon une m thode moderne et suivant des principes modernes donc selon une m thode nouvelle et d apr s des principes nouveaux Car il y a toujours la m thode d une part et les principes d autre part Appliquer cette m thode et adopter ces principes ce serait encore la 1 Jean XXIII Gaudet Mater Ecclesi discours d ouverture du Concile du 11 octobre 1962 traduction d apr s le texte ita lien paru dans Osservatore Romano 12 octobre 1962 p 3 Voir ce sujet Paolo PASQUALLUCI Vatican Il e
60. ar qu avec une telle th se il n tait pas ques tion d un retour la foi mais d une lib ration par rapport un aveuglement historique qui consid re que la foi n a plus rien dire l homme moderne du fait qu elle s opposerait son id e humaniste de la raison de l Aufkl rung et de la libert Je parlerais donc volontiers d une forme n cessaire de corr lation entre raison et foi raison et religion appel es une purification et une r g n ration mutuelles Quant aux autres composantes culturelles ou religieuses il est important de les int grer dans une tentative de corr lation polyphonique o elles s ouvriront elles m mes la compl mentarit essentielle entre raison et foi Ain si pourra na tre un processus universel de purification o en fin de compte les valeurs et les normes connues ou intuitionn es d une mani re ou d une autre par tous les hommes sic gagneront une nouvelle force de rayonne ment Ce qui maintient ensemble le monde retrouvera de la sorte une vigueur nouvelle p 27 28 Ainsi lherm neutique de Beno t XVI va beaucoup plus loin que ce que jen avais discern au d part plus qu une re lecture elle est une r g n ration et elle d borde les seuls rapports de la religion catholique avec la rationalit occiden tale Elle consiste d abord en une purification mutuelle de la foi et de la raison qui corrigerait la d rive intol rante de la premi re et l autonomie ave
61. ar Louis BOUYER Du Protestantisme l glise d Paris Le Cerf collection Unam Sanctam n 27 1959 p 27 4 H r sie tymologiquement en grec hair sis signifie retrait choix soustraction pr f rence diminution 5 PIE IX encyclique Qui pluribus du 9 novembre 1846 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 157 7 Voir IIl q 1 a 2 ad 2 Saint Thomas d Aquin a mis au point la doctrine que saint Anselme propose dans son Cur Deus homo pourquoi Dieu s est il fait homme Les critiques de J Ratzinger l encontre de saint Anselme sont en fait diri g es contre saint Thomas d Aquin lui m me 25 courageusement cesse de s accrocher lui m me pour risquer le saut dans l infini qui seul permet de se trouver soi m me I ne saurait tre question d une uvre s par e de lui que le Christ devrait accomplir ni d une prestation que Dieu exigerait de son Fils incarn non J sus de Nazareth est simplement l homme exemplaire qui par son exemple aide l homme se d passer et par l se trouver p 158 159 Dans cette th orie que devient le p ch C est l incapacit d aimer c est l go sme le repliement sur soi m me Le coupable c est l homme recourb sur soi p 198 dans l attitude satisfaite consistant se laisser simplement vivre p 240 celui qui s abandonne simplement sa pesanteur naturelle p 241 La r demption consiste en ce que J sus entr
62. catalogue complet et qui paraissent parfois contradictoires avoue Joseph Ratzinger Le philosophe thomiste puis personnaliste Jacques Maritain 1882 1973 est venu au secours de cette th orie en dis tinguant deux choses dans lhomme D une part il y aurait l individu ordonn la communaut politique comme sa fin comme la partie est pour le tout Et d autre part il y a la personne qui transcende la cit et qui n est pas pure partie de ce tout En r alit cette distinction est sp cieuse elle n est vraie que dans l ordre surnaturel o la personne est sur lev e par la gr ce sanctifiante au dessus de la nature mais elle est fausse dans l ordre naturel o la personne n est que l indi vidu d une nature raisonnable faisant partie d un tout de natures raisonnables et par cons quent ordonn ce tout comme la partie son tout C est pourtant bien simple il s agit simplement d appliquer le principe de totalit la partie est pour le tout On module bien s r ce principe du fait que la cit n est pas un tout substantiel mais un tout d ordre entre des substances mais cette modulation ne supprime pas la n cessaire et naturelle ordination de la personne la cit dans l ordre temporel comme sa fin 1J RATZINGER Conf rence sur l eccl siologie DC 2223 2000 p 311 J RATZINGER Conf rence sur l eccl siologie DC 2223 2000 p 305 3 J RATZINGER Conf rence Subiaco 1 avril 2005 DC
63. ccl siologie et que va devenir le Christ Roi CHAPITRE 6 PERSONNALISME ET ECCL SIOLOGIE Il vaut la peine de se pencher un peu sur la mani re dont le personnalisme a p n tr l eccl siologie cest dire la th ologie de I Eglise L GLISE COMMUNION DANS LA CHARIT Appliqu la soci t spirituelle l glise le personnalisme de Scheler de Buber et de Wojtyla que j ai analys au chapitre Il fait voir en l glise une simple communion dans la charit en estompant la communion fondamentale dans la vraie foi De l provient lo cum nisme m me largi toutes les religions comme dans la r union bigarr e d Assise du 27 octobre 1986 qui a r uni les repr sentants des religions mondiales sinon pour prier ensemble du moins pour tre ensemble pour prier L unit cr aturelle de la famille humaine assurait Jean Paul Il est plus grande que les diff rences de foi qui pro viennent d un fait humain Les diff rences sont un l ment moins important par rapport l unit qui au contraire est radicale fondamentale et dominante Certes les hommes sont tous issus d Adam en qui ils reconnaissent leur commun p re et ils forment en lui une fa mille En outre du fait que l homme est cr l image de Dieu c est dire dou d intelligence il est capable la diff rence des autres animaux de nouer des liens d amiti avec tout semblable Il existe donc en puissance une certaine fra
64. ce jugement l glise use d une autre source de la foi la Tradition c est dire les v rit s de foi et de m urs re ues par les Ap tres de la bouche m me du Christ ou du Saint Esprit et qui ont t transmises depuis eux jusqu nous sans alt ration comme de main en main Les t moins de la Tradition sont les saints P res la liturgie le magist re dispers et unanime des v ques et le magist re des conciles et des papes Toutes ces voix se succ dent mais la Tradition en son essence est immuable Cest parce qu elle est immuable qu elle peut tre une r gle de la foi car les r gles en caoutchouc ne sont pas des r gles C est donc en tant qu immuable que la Tradition est une r gle d interpr tation de la Bible elle n est pas une lec ture actuelle de la Bible diff rente de celle d hier qui ferait subir l Ecriture un processus de relecture et d amplification comme le pr tend Beno t XVI Immuable en elle m me la Tradition progresse en explicitation Voil une v rit que le concile Vatican Il dans sa constitution Dei verbum sur la R v lation divine a occult e en all guant un progr s historique de la Tradition dans la perception et dans l intelligence des choses r v l es par Dieu et une tension incessante de l Eglise vers la pl ni tude de la divine v rit choses absolument impossibles comme je l ai montr Je cite Cette Tradition qui vient des Ap tres progresse dans l glise sous
65. d id es Un a n et ami de Beno t XVI a fourni ce t moignage tr s r aliste sur l anti conceptualisme de Joseph Ratzinger Ratzinger a toujours t f ch contre cette impulsion qui pousse consid rer la v rit comme un objet qu on poss de et qu il faut d fendre Il ne se sentait pas son aise avec les d finitions n o scolastiques qui lui appa raissaient comme des barri res ce qui est contenu dans la d finition serait la v rit et ce qui est en dehors ne se rait qu erreur La v rit est un Toi qui aime le premier Selon lui on ne conna t pas Dieu parce qu il est un summum bonum que l on r ussit saisir et d montrer par des formules exactes mais parce qu il est un Toi qui vient la rencontre et qui se fait reconna tre Cette foi sans v rit s de foi sans dogmes ou du moins qui les d pr cie est la r duction personnaliste de ce qu a t la foi d enfant de Joseph Ratzinger Sa foi est devenue la mani re de Max Scheler et de Martin Buber la rencontre avec le Tu du Christ Sa foi est aussi une d cision fondamentale de percevoir Dieu et de l accueillir comme chez Gabriel Marcel pour qui la foi est un v nement strictement personnel et en ce sens incommunicable La foi catholique est ainsi mise de c t La foi adh sion ferme de l intelligence des v rit s r v l es est pass e sous silence L autorit de Dieu qui r v le est fatalement remplac e par l exp rience religieu
66. de notre temporalit que comme une sanction de notre malice La religion en est rendue plus acceptable par notre g n ration fragile Mais pour quoi nous cacher que J sus par la croix a fait de la mort un rem de un vrai l expiation du p ch LA VIE TERNELLE IMMERSION DANS L AMOUR La vie ternelle enseigne Beno t XVI n est pas une vie interminable id e qui fait peur elle est comme dit saint Augustin la vie bienheureuse En quoi consiste t elle Il s agirait explique Beno t XVI du moment de l immersion dans l oc an de l amour infini dans lequel le temps l avant et l apr s n existe plus une immersion toujours nouvelle dans l immensit de l tre tandis que nous sommes simplement combl s de joie Spe salvi n 12 Pourquoi ce conditionnel il s agirait Qu est ce que cet oc an de l amour infini Qu est ce que cette immensit de l tre On n est pas tr s rassur par ces images ni par leurs dimensions C est seulement la page suivante que nous apprenons que le ciel c est vivre avec Dieu pour toujours Il est vrai que la vie ternelle commenc e sur terre par la gr ce sanctifiante est une vie avec Dieu mais qu y a t il de chang au ciel Est ce seulement le pour toujours Beno t XVI ne se sent m me pas capable sinon de donner une d finition du ciel du moins d en donner une descrip tion exacte Pourquoi nous tait il que la vie du ciel c est la vision de
67. de Denys sur l amour extatique de l me pour Dieu et une nouvelle interpr tation de l amour r dempteur du Christ comme sortie de soi mais en r action contre le pessimisme de Heidegger pour qui la sortie de soi est la solution l angoisse de l existence vou e la mort Le Christ enseignera Joseph Ratzinger T bingen est pleinement anthropocentrique pleinement ordonn l homme parce qu il a t radicalement th ocentrique en livrant le moi et de ce fait l tre de l homme Dieu Or dans la mesure o cet exode de l amour est l Ek Stase gt de l homme hors de lui m me une extase o il se trouve tendu en avant infiniment hors de lui m me et comme cartel attir bien au del de ses apparentes possibilit s de d veloppement dans cette mesure l l adoration le sacrifice est en m me temps croix souffrance et d chire ment mort du grain de bl qui ne peut porter de fruit qu en passant par la mort La Foi chr tienne hier et aujour d hui p 203 204 N est ce pas op rer une r interpr tation personnaliste ou existentialiste de la r demption La croix ne serait pas l cart lement de J sus sur le bois de la croix sans doute n est elle pas comme chez Heidegger l extension dans le fu tur pour chapper au pr sent mais elle est l extension hors de soi par l amour qui brise ouvre crucifie et d chire La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 204 Dans cette perspective fatalement naturali
68. de saint Jean Alors la R v lation publique est close Ni Dieu ni personne ne pourront y ajouter quoi que ce soit comme le dit saint Jean dans l Apocalypse Je d clare aussi quiconque entend les paroles de la proph tie de ce livre que si quelqu un y ajoute Dieu le frappera des fl aux d crits dans ce livre et que si quelqu un retranche des paroles de ce livre proph tique Dieu lui retranchera sa part de l arbre de vie et de la cit sainte qui sont d crits dans ce livre Ap 22 18 191 Sans doute comme le dit saint Thomas chaque poque il ne manque jamais l glise d hommes remplis de l es prit de proph tie non certes pour puiser une nouvelle doctrine de la foi mais pour la direction des actes humains Ce sont les sujets et les instruments des r v lations priv es Si donc on pense que la R v lation publique se continue dans l Eglise par le charisme proph tique de ses membres ou de la hi rarchie on tombe dans l erreur L comme ailleurs saint Thomas est un guide s r Parlant de l ancien Testament il enseigne qu il y a eu effectivement une croissance des articles de foi non quant la substance mais quant l explicitation Quant la substance des articles de foi il n y a pas eu de croissance de ces articles selon la succession des temps parce que tout ce que les post rieurs ont cru tait d j contenu dans la foi des P res pr c dents bien qu implicitement Mais quant l explication le nombre d
69. devenir porteurs de la nouvelle consistance de la foi chr tienne C est en mettant dans la lumi re de la R v lation les notions labor es par la philosophie pa enne que l glise est demeur e fid le l vangile et a fait progresser la formulation de la foi Et elle a r sist ajouterais je aux at taques de cette philosophie encore mal labor e Loin de s inf oder ces concepts l glise se sert d eux elle les utilise comme dans tous les ordres le sup rieur utilise l inf rieur au sens philosophique du mot c est dire l ordonne sa fin La surnature utilise la nature Avant de se servir de ces concepts et de ces termes le Christ par l Eglise les a jug s et approuv s dans une lumi re toute divine qui n a pas pour mesure le temps mais l immuable ternit Ces concepts videmment inad quats pourront toujours tre pr cis s ils ne seront jamais p rim s Le dogme ainsi d fini ne peut se laisser assimiler par une pens e humaine en perp tuelle volution cette as similation ne serait qu une corruption c est lui au contraire qui veut s assimiler cette pens e humaine qui ne change sans cesse que parce qu elle meurt tous les jours il veut se l assimiler pour lui communiquer d s ici bas quelque chose de la vie immuable de Dieu Le grand croyant est celui dont l intelligence est plus fonci rement pas sive l gard de Dieu qui le vivifie A la lumi re de notre analyse du r le de la philosophie
70. e Vatican Il Le Christ Roi va tre purifi lui aussi dans une vision historiste et personnaliste Ce n est plus l existentialisme c est le personnalisme fran ais avec Emmanuel Mounier 1905 1950 et Jacques Maritain 1882 1973 tous deux catholiques LA LIBERT RELIGIEUSE PURIFI E L AIDE D MMANUEL MOUNIER Une premi re r vision postul e par le progr s philosophique affecte la personne humaine puis une seconde postu l e par le sens de l histoire va affecter l Etat dans les rapports que la personne et l Etat ont avec la religion Consid rons d abord la personne Th se F licit de Lamennais 1782 1864 fut condamn en 1832 par l encyclique Mirari vos de Gr goire XVI pour avoir soutenu qu il fallait reconna tre chacun la libert de conscience et d opinions pour l avantage de la religion et quil fallait s parer l Eglise de l Etat Dz 1613 1615 Dans cette libert de conscience tait incluse la libert du culte dun chacun Antith se a manqu Lamennais l outil n cessaire pour introduire la libert des cultes en christianisme gt Gr goire XVI attribuant une source putride d indiff rentisme gt cette libert n a pas su voir la racine chr tienne de cette m me libert Cet outil qui va purifier la libert religieuse de tout relent d indiff rentisme est procur par Emmanuel Mou nier 1905 1950 cest la dignit de la personne humaine La libert des cultes dira Vatican Il
71. e de 1962 celle du d but du concile Vatican Il semblait le terme d une poque moderne on pouvait donc alors et l on devait revisiter r viser tous les faits historiques les jugements du pass sp cialement sur la religion pour en d gager les faits significatifs et les principes permanents non sans les colorer nouveau des pr oc cupations et des motions du pr sent En ce sens Hans Georg Gadamer n en 1900 estime que la vraie conscience historique ne consiste pas pour l in terpr te vouloir se d faire de ses pr jug s ce serait le pire des pr jug s mais prendre conscience de ceux ci et en trouver de meilleurs Ce n est pas un cercle vicieux disent les herm neutes c est un sain r alisme qu on appelle le cercle herm neutique Appliqu e la foi cette r trospective purifie n cessairement le pass de ce qui s tait ajout de fa on adventice au noyau de la foi et cette r vision cette r trospective agr ge n cessairement la v rit le coloris des pr occupations du pr sent Il y a donc un double processus d une part la relecture du pass qui est la purification du pass un d gage ment de ses v g tations parasites une mise en vidence de ses pr suppos s implicites une prise de conscience de ses circonstances passag res une prise en compte des r actions motives du pass ou des philosophies du pass et d autre pari il doit y avoir un enrichissement des faits et des id
72. e et difficile recherche avoue le pontife qui explique Il s agit de l attitude que la communaut des fid les doit adopter face aux convictions et aux exigences qui s af firment dans la philosophie des Lumi res D une part nous devons nous opposer la dictature de la raison positiviste qui exclut Dieu de la vie de la communaut et de l organisation publique privant ainsi l homme de ses crit res sp cifiques de mesure D autre part il est n cessaire d accueillir les v ritables conqu tes de la philosophie des Lumi res les Droits de l homme et en particulier la libert de la foi et de son exercice en y reconnaissant les l ments essentiels gale ment pour l authenticit de la religion Laissant au lecteur le soin d appr cier la justesse du libre exercice des fois l avantage de l authenticit de l Islam et le degr de r alisme de l ouverture de l Islam aux Lumi res plut t que la conversion des musulmans la vraie Lumi re qui claire tout homme Jn 1 9 je consid rerai la nature de l accueil par l Eglise de Vatican Il de la quintessence des Lumi res les Droits de l homme Cet accueil Joseph Ratzinger le d crivait nagu re comme une acquisition et un quilibre Le probl me des ann es soixante tait d acqu rir les meilleures valeurs exprim es de deux si cles de culture lib rale Ce sont en fait des valeurs qui m me si elles sont n es en dehors de l Eglise peuvent trouver leur
73. e id aliste et historiste C est le r ve de la Tradition vivante volutive contraire l immutabilit essentielle de la Tradition Pie XII dans son encyclique Humani generis du 12 ao t 1950 avait condamn la p n tration dans le dogme du sys t me de l volution et des philosophies de l existentialisme et de l historisme Il faut croire que dix sept ans s tant cou l s et que Vatican Il tant pass par dessus tout cela Joseph Ratzinger ne se sentait pas du tout li par ce nouveau Syl labus qui statuait entre autres choses La fiction de cette volution faisant rejeter tout ce qui est absolu constant et immuable a ouvert la voie une philosophie nouvelle aberrante qui d passant l id alisme l immanentisme et le pragmatisme s est nomm e exis tentialisme parce que n gligeant les essences immuables des choses elle n a souci que de l existence de chacun A cela s ajoute un faux historicisme qui ne s attachant qu aux v nements de la vie humaine renverse les fonde ments de toute v rit et de toute loi absolue dans le domaine de la philosophie et plus encore dans celui des dogmes chr tiens Ainsi se trouvaient condamn es non seulement la Tradition vivante volutive mais encore la relecture existentialiste du dogme et la m thode m me du r visionnisme historiste de la doctrine de la foi Tout le futur Joseph Ratzinger tait par avance analys et condamn On comprend que les audaces ex g tiques du pro
74. e l esprit du Christ La foi du th ologien transfigure le naturalisme du philosophe Dans son Apologetik 1838 Drey explique comment l volution est n cessaire au christianisme en tant que celui ci est un ph nom ne historique et en tant qu il est R v lation Voici comment Geiselmann r sume Drey La R v lation chr tienne est vie originellement vie divine une vie qui sans interruption partir de son noyau originel cro t jusqu sa pl nitude dans l Eglise universelle Vie divine ininterrompue la R v lation n est pas un don achev d pos pour ainsi dire dans le berceau de l Eglise et transmis par des mains humaines C est elle m me la R v lation qui comme toute vie se meut et se continue elle m me Son mouvement est auto mouvement gr ce au moment de force spirituel qui l habite d s l origine savoir la propre force et l action m me de Dieu laquelle sans faillir continue agir et m ne son uvre l ach vement R V LATION TRADITION VIVANTE ET VOLUTION DU DOGME Cette id e de la R v lation qui n apparaissait plus simplement comme la transmission des v rit s s adressant l in tellect mais comme l action historique de Dieu dans laquelle la V rit se d voilait peu peu allait tre la th se sur saint Bonaventure pr sent e pour l habilitation l enseignement universitaire d tat par Joseph Ratzinger en 1956 L au teur pr tendait que le Docteur s raphique avait vu dans la R
75. e l h r sie d Orig ne Et le cardinal Billot qui cite ce texte montre comment Alfred Loisy commentant saint Jean veut que la multiplication des pains soit seulement un symbole de lEucharistie le fait historique du miracle n tant qu une fiction Joseph Ratzinger c est patent d apr s ce que nous en avons lu tombe dans le travers d Orig ne une h r sie selon saint J r me et il risque de choir dans l h r sie caract ris e de Loisy L ex g se peut devenir en retour un pur art de d saffabulation dans le myst re qui nous occupe l ascension n est plus qu une all gorie po tique purement verbale sous l apparence de faits et gestes du Christ elle exprime directement le fait moral du retour de l me Dieu L ex g se devient somme toute un art de cr ation libre selon la voie d immanence d nonc e par saint Pie X la transfiguration par l crivain sacr de ses sentiments religieux en faits fabuleux et en retour la d mythologisation des faits vang liques par l ex g te Cinqui me recherche logique in HUSSERL Recherches logiques t Il 2 Paris PUF 1961 q 1 a 10 3 Videntibus illis elevatus est et nubes suscepit eum ab oculis eorum Ac 1 9 Voir TIXERONT Pr cis de patrologie Paris Victor Lecoffre 1918 p 120 121 5 Saint J R ME Lettre contra Joannem Hierosolymitanum Louis BILLOT De Ecclesia t Il Rome Universit Gr gorienne 1929 p 96 7 Voir Pascendi n
76. e myst re de Dieu n est pas 1J RATZINGER Ma Vie souvenirs 1927 1977 p 88 2 J RATZINGER Ma Vie souvenirs 1927 1977 p 88 3 PIE IX ann e 1846 Dz 1637 Saint PIE X d cret Lamentabili ann e 1907 Dz 2021 S PIE IX Dz 1636 Vatican 1 Dz 1800 VATICAN I Dz 1836 7 Dz 1836 8 Saint THOMAS II II q 1 a 7 4 obj et ad 4 Interpretatione latiori Lettre des v ques apr s le concile de Chalc doine ann e 458 in Acta conciliorum cu menicorum publi par W de Gruyter 1936 2 5 47 Cit dans Michael FIEDROWICZ Theologie der Kirchenv ter Her der 2007 p 355 note 97 1 Saint VINCENT DE L RINS Commonitorium ann e 434 RJ 2174 1 Saint THOMAS D AQUIN q 36 a 2 ad 2 12 ILII cl 174 a 6 ad 3 Iq 1 a 7 14 Avant le Christ les articles de la foi ont cr car ils ont t r v l s de plus en plus explicitement par Dieu apr s le Christ et les Ap tres les articles de la foi ont cr car ils ont t transmis de plus en plus explicitement par l glise 13 un objet c est une personne c est un Je qui parle un Tu Le Je qui parle n est per u que par un Tu qui coute Cette re lation est inscrite dans la notion de Tradition La Tradition par cons quent n est autre que la lecture vivante de l criture Il ne peut y avoir de pure sola scriptura par l criture seule A l criture appartient le sujet qui la comprend l criture avec laquelle nous est d j d
77. e n entrerai pas dans l arcane de cette distinction Ce qu il faut comprendre cest que la v rit de raison ne devient pas incluse dans la foi mais qu elle est assimil e par elle seulement comme un outil d investigation et de pr cision Mais ce qui importe pour nous c est la raison ultime de cette harmonie pr tablie entre dogme et philosophie C est qu travers nos concepts selon la philosophie de l tre l intellect atteint l tre des choses et par analogie peut conna tre quelque chose de l tre premier Dieu Et nous constatons avec admiration que ce que la philosophie de l tre dit des per fections de l tre premier concorde parfaitement avec ce que nous en d voile la R v lation D autre part ce qui en Dieu d passe la capacit de tout intellect cr et nous est r v l surnaturellement est exprim en langage humain et peut tre d velopp en concepts de la philosophie de l tre L aptitude de cette philosophie dire et faire progresser le dogme est un indice de sa v rit En revanche l inaptitude des philosophies id alistes le faire est l indice de leur fausset LOIN DE S INF ODER NOS CONCEPTS LA R V LATION LES JUGE ET LES UTILISE Si la philosophie de l tre a pu exprimer et d velopper le dogme c est aussi et il faut le souligner parce que le dogme ou la R v lation en ont jug et purifi les concepts les extrayant des philosophies particuli res dont ils pou vaient tre devenus les e
78. e sa seule puissance mais par une uvre d galit c est dire de compensation Il y a dit saint Thomas de la part de Dieu une plus grande mis ricorde offrir l homme la possibilit de se racheter que de le racheter par la simple condonation de la peine sans exiger aucune compensation Cela concourt la dignit de lhomme de pouvoir se racheter Non certes que l homme se rach te de lui m me mais il re oit de Dieu pour le lui rendre Ce que nous donnons Dieu c est toujours de tuis donis et datis des choses que vous nous avez donn es Canon romain Et m me si notre don ne procure rien Dieu qui n a pas besoin de nos biens Ps 15 2 pour tre infi niment heureux il est quand m me d Dieu en stricte justice et non pas seulement en justice m taphorique la quelle est le bon ordre int rieur de nos facult s comme notre contribution la r paration de l ordre l s par le p ch Il y a dans ces v rit s une m taphysique sublime refus e par Joseph Ratzinger qui ne voit dans la croix que lamour Nous devons rejeter au nom de la foi cette d mat rialisation de la croix UNE N GATION PIRE QUE CELLE DE LUTHER L erreur des n o modernistes ne consiste pas affirmer le primat de la charit dans la r demption saint Thomas l a fait avant eux mais elle est cette h r sie qui consiste nier que la r demption soit un acte de justice Voyez les n ga tions de Joseph Ratzinger P
79. e tentative de r conciliation officielle de l Eglise avec le monde tel quil tait devenu depuis 1789 gt alors il est vrai que le discours du 22 d cembre 2005 qui fait la th orie de la r conciliation et de la mutuelle f condation de la foi r v l e avec la raison agnos tique est l anti programme de la quasi encyclique inaugurale du pape Beno t XVI Ce faisant les avocats d un tel anti programme d sincarnent d crucifient et d couronnent J sus Christ avec plus de brio que Kant et que Loisy Mais leur foi subjective est aux prises avec les flots du doute dont parle Joseph Ratzinger dans son ouvrage Foi chr tienne UN SCEPTICISME R SIGN ET D MORALISANT Cette foi croit rencontrer Dieu au lieu de croire simplement en lui Cette foi croit entrer en interaction avec Dieu au lieu d adh rer simplement son myst re Cette foi se livre son exp rience sur Dieu au lieu de se fier l autorit de Dieu qui r v le Cette foi est fragilis e par ses raisons humaines Elle est aux prises avec le doute car Joseph Ratzinger dit que le croyant comme l incroyant est toujours menac par le doute sur sa position Le croyant sera toujours menac par l incroyance et l incroyant sera toujours menac par la foi A un monde sans Dieu en p ril de se perdre un tel croyant peut il encore proposer un salut ternel et comme source de salut le Dieu de Notre Seigneur J sus Christ H las non Il ne peut plus proposer
80. ement est scientifique politique moral religieux m me Faut il admettre une philosophie de l histoire qui re oit comme pertinentes les ruptures de la pens e chaque th se poss dant un sens comme un moment d un tout Ainsi pour paraphraser Ratzinger l interpr tation thomiste du fait chr tien aussi bien que la kantienne auraient chacune 2 sa v rit leur poque historique mais ne resteraient vraies que si on les abandonne quand elles ont fini leur heure pour les inclure dans un tout qui se construit dans la nouveaut Joseph Ratzinger semble carter cette m thode dialectique parce qu elle aboutit pr cis ment une nouvelle v rit II ne faut pas synth tiser les inconciliables mais chercher quelle continuit existe entre eux Cherchons donc quelle est la permanence de la foi chr tienne dans les fluctuations des philosophies qui ont voulu l exprimer Tel est le th me de l ou vrage du professeur de T bingen Foi chr tienne hier et aujourd hui J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujour d hui Cerf 2005 r dition sans changement de la 1 dition de 1969 Puisque la raison semble voluer selon les diverses philosophies et que la foi s est accommod e par le pass d une telle volution les rapports entre la foi et la raison devraient tre r vis s p riodiquement afin de pouvoir toujours expri mer la foi constante dans les concepts de l homme contemporain Cette r vision est le fruit de l herm neutique
81. en raison du p ch originel dont elles n ont pas t purifi es priv es de la vision b atifique de Dieu mais qu elles sont en raison de leur absence de tout p ch personnel exemptes du feu de l enfer dans un tat ou lieu appel limbes Or voici le point de d part du raisonnement herm neutique Les parents d enfants morts sans bapt me ont beaucoup de chagrin et on trouve de plus en plus difficile d accepter que Dieu est juste et mis ricordieux s il exclut du bonheur ternel les enfants qui n ont pas de p ch s personnels qu ils soient chr tiens ou non chr tiens sic La pr misse sentimentale s amplifie en une assertion th ologique qui cherche sa justification dans un texte scriptu raire cit hors de son contexte L o le p ch a abond la gr ce a surabond Rm 5 20 C est l l enseignement absolu sic de l criture mais la doctrine des limbes semble restreindre cette surabondance n 91 Mais qu en est il des autres textes scripturaires qui affirment ad rem l universalit du p ch originel et la n cessit du bapt me pour le salut La Tradition et les documents du magist re qui ont r affirm cette n cessit doivent tre interpr t s n 7 Une r flexion herm neutique est n cessaire sur la fa on dont les t moins de la Tradition biblique sic les P res de l glise le magist re les th ologiens ont lu et utilis les textes bibliques n 10 Autrement dit l h rm n
82. ens de citer consacre cette r volution Jean Paul Il ne s en est pas cach en le promulguant le 25 janvier 1983 Il d crit ainsi ce qu il appelle lui m me la nouvelle eccl siologie Parmi les l ments qui expriment la vraie et propre image de l glise crit il dans sa constitution apostolique voici ceux qu il faut surtout compter la doctrine de l Eglise comme peuple de Dieu cf Lumen gentium n 2 celle de l autorit hi rarchique comme service la doctrine de l Eglise comme communion et qui tablit par cons quent les relations qui doivent exister entre glise particuli re et universelle et entre coll gialit et primat L GLISE DU CHRIST SUBSISTE DANS L GLISE CATHOLIQUE A cette communion mal d finie des membres de l glise s adjoint l id e d une communion plus ou moins pleine avec les non catholiques du fait des l ments eccl siaux que ceux ci gardent malgr leur s paration C est pendant le Con cile que le Pasteur Wilhelm Schmidt sugg ra Joseph Ratzinger d en finir avec l affirmation de l identit entre l glise du Christ et l glise catholique identit r affirm e par Pie XII dans Mystici corporis n 13 et Divini Redemptoris DS 2319 La formule propos e par le pasteur et que Joseph Ratzinger transmit aux v ques allemands au lieu de dire l glise du Christ est l glise catholique disait l glise du Christ subsiste dans l glise catholique Le rapporteur de la com
83. erne a repris nouveau le patrimoine plus profond de l glise discours du 22 d cembre 2005 O L HERM NEUTIQUE DEVIENT UNE TORSION DE L HISTOIRE Que Beno t XVI me permette de protester contre cette torsion de l histoire Les papes du 19 si cle ont condamn la libert religieuse non seulement cause de l indiff rentisme de ses promoteurs mais en elle m me parce qu elle n est pas un droit naturel de l homme elle n est pas un proprium cuiuscumque hominis jus dit Pie IX Un droit propre de chaque homme PIE IX encyclique Quanta cura Dz 1690 et elle n est pas un des jura qu homini natura dederit dit L on XIII Droits que la nature a donn s l homme encyclique Libertas Dz 1932 et parce qu elle d coule d une id e tout fait fausse de l tat PIE IX encyclique Quanta cura Dz 1690 l id e d un Etat qui n aurait pas le devoir de prot ger la vraie religion contre l expansion de l erreur religieuse Ces deux motifs de condamnation sont absolument g n raux ils d coulent de la v rit du Christ et de son glise du devoir que l tat a de la reconna tre et du devoir indirect qu il a de favoriser le salut ternel des citoyens non pas certes en les contraignant croire malgr eux mais en les prot geant contre l influence de l erreur profess e socialement toutes choses enseign es par Pie IX et L on XIII Si aujourd hui les circonstances ayant chang la pluralit religieuse
84. es analo gies pour les rendre propres Le consubstantiel de Nic e et la transsubstantiation de Trente sont de telles r ductions r ussies Fatalement la r duction dogmatique s carte de la profondeur scripturaire le consubstantiel n aura jamais la profon deur d une parole de J sus telle que celle ci Qui me voit voit le P re Jn 14 9 Dans cette parole quelle ouverture un ab me insondable Quelle source de questions interminables Quel espace pour la contemplation Et pourtant quel progr s en pr cision dans le consubstantiel Quelle fontaine de d ductions th ologiques Voil me semble t il tout le probl me gnos ologique de Joseph Ratzinger cartel entre des dogmes qu il doit tenir avec une stabilit absolue et la recherche curieuse de son esprit mobile Joseph Ratzinger ne parvient pas concilier les deux p les de sa foi Ma Vie souvenirs 1927 1977 Paris Fayard 1998 p 43 44 Quand l affirmation du moi s effacera t elle devant le Lui NOUVELLE R FLEXION PAR NOUVEAU RAPPORT VITAL C est cet effacement du sujet croyant que refuse nergiquement Beno t XVI Pour lui l volution de la formulation de la foi n est pas la recherche de la pr cision meilleure mais la n cessit de proposer une formule nouvelle et adapt e C est la nouveaut pour la nouveaut Et l adaptation est une adaptation au croyant non l adaptation au myst re Tout cela tient dans le syllogisme de Jean XXIII pr sent
85. es articles a cr parce que certains d entre eux ont t connus explicitement par les post rieurs qui n taient pas connus explicitement par les premiers Ainsi le Sei gneur dit il Mo se dans l Exode Je suis le Dieu d Abraham le Dieu d Isaac le Dieu de Jacob et mon nom d Adona je ne leur ai pas indiqu Et l Ap tre dit Aux autres g n rations n a pas t connu le myst re du Christ comme il est maintenant r v l par ses saints Ap tres et proph tes Ep 3 5 I n y a pas parit mais seulement analogie entre le temps de la R v lation et le temps de l glise entre la R v lation progressive d une part et le d veloppement progressif du dogme chr tien d autre part Ainsi faut il interpr ter saint Bo naventure Jusqu au Christ et aux Ap tres c est la R v lation elle m me qui s est d velopp e en passant de l implicite l explicite apr s les Ap tres la R v lation tant termin e c est son intelligence son application et sa proposition par l glise qui se sont d velopp es en passant de l implicite l explicite On pourrait r sumer ceci en latin Ante Christum creverunt articula fidei quia magis ac magis explicite a Deo revelata sunt post Christum vero et apostolos creverunt quidem articula fidei quia magis ac magis explicite tradita sunt ab Eccle sia LA TRADITION LECTURE VIVANTE DE LA BIBLE L historisme du concept de Tradition chez Joseph Ratzinger suppose son subjectivisme L
86. es historiques par la r action vitale actuelle qui d pend des circonstances nouvelles de l poque actuelle ainsi que de la mentalit et donc de la philosophie actuelle C est bien cette herm neutique que l expert au Concile Joseph Ratzinger invitait l assembl e dans la r daction du sch ma XII qui allait devenir Gaudium et spes en un article crit avant la quatri me session du Concile Ce qu il y di sait des principes de la morale vaut aussi bien pour le dogme Les formulations de l thique chr tienne qui doivent pouvoir atteindre l homme r el celui qui vit en son temps rev tent n cessairement la coloration de son temps Le probl me g n ral savoir que la v rit n est formulable qu historiquement se pose en thique avec une acuit particuli re O s arr te le conditionnement temporel et o commence le permanent afin de pouvoir comme il se doit d couper et d tacher le premier pour m nager son es pace vital au second Voil une question qu on ne peut jamais trancher l avance sans quivoque nulle poque ne peut en effet distinguer ce qui demeure si ce n est de son propre point de vue passager Pour le reconna tre et le pratiquer il faudra donc encore mener toujours une nouvelle lutte Face toutes ces difficult s il ne faut pas trop attendre du texte conciliaire en cette mati re J RATZINGER Der Christ und die Welt von heute dans J B METZ Weltverst ndnis im Glauben Matthias Gr newald Verlag
87. es pose en ordre cristallin et a r ponse cristalline tout Joseph Ratzinger pr f rait en rester aux questions et chercher sans cesse d autres r ponses moins cristallines L QUIVOQUE DE LA RECHERCHE PERP TUELLE DE LA V RIT Joseph Ratzinger a expliqu son amour de saint Augustin n de ses lectures de s minariste J ai t d s le d but dit il Peter Seewald tr s vivement int ress par saint Augustin en contrepoids pour ainsi dire Thomas d Aquin Ce qui m mouvait c tait la fra cheur et la vivacit de sa pens e La scolas tique a sa grandeur mais tout y est tr s impersonnel On a besoin d un certain temps pour y entrer et en d couvrir la tension int rieure Avec Augustin au contraire l homme passionn souffrant questionnant est directement l et l on peut s identifier lui Si saint Thomas est le g nie de la synth se son ma tre aim saint Augustin est le g nie de l analyse Une synth se est toujours plus aride qu une analyse et la recherche plus attrayante par l app t de l inconnu et de la d couverte es compt e Henri lr n e Marrou un autre fervent de saint Augustin d crit bien le mouvement tr s vivant de la pens e du grand docteur Plus encore que sa m moire aux tr sors innombrables il faut c l brer la puissance de son g nie sp culatif qui sait d celer qu il y a ici ou l un probl me le poser puis s y accrocher le pousser fond affronter une une
88. est nous l avons vu l art d interpr ter les faits ou les documents L historisme lui veut consid rer le r le de l histoire dans la v rit Pour Dilthey comme pour Schelling et Hegel qui taient des id alistes la v rit ne se comprend que dans son histoire Mais tandis que pour Schelling et Hegel la v rit se d veloppe par elle m me en un processus dialectique bien connu en revanche pour Dilthey il faut faire une distinc tion Dans les sciences physiques le d veloppement consiste expliquer Erkl ren ce qui est une fonction purement ra tionnelle Mais dans les sciences humaines la v rit progresse par compr hension Verstehen ce qui inclut les puissances app titives de l me Ainsi la v rit se d veloppe par le processus de r action vitale du sujet l objet selon le rapport de r action vitale entre l historien qui se penche sur des faits historiques et le choc de l histoire Ainsi la richesse motive de l historien va enrichir l objet tudi Le sujet entre dans l objet il fait partie de l objet L his toire se charge de l nergie d motion des lecteurs et ainsi les jugements du pass sont sans cesse color s par les r ac tions vitales de l historien ou du lecteur Or c est au terme de chaque poque qu appara t pleinement le sens de cette poque souligne Dilthey et c est tr s vrai d s lors chaque terme l il faut proc der une nouvelle r vision Appliquons cela la dat
89. est l homme prenant la place de Dieu La vertu kantienne c est d agir pour maintenir en sa personne l humanit dans sa dignit Critique de la raison pra tique 1788 Paris PUF 1965 p 92 93 Et comme une telle vertu quasi sto cienne ne co ncide pas ici bas avec le bonheur elle postule l existence d un Dieu r mun rateur dans l au del un Deus ex machina provisionnel et hypoth tique dont on ne saurait affirmer qu il existe en dehors de la pens e rationnelle de l homme Opus postumum Convo lutum VII R CONCILIER LES LUMI RES ET LE CHRISTIANISME M me s il semble r prouver une telle religion dans les limites de la simple raison Joseph Ratzinger admire Kant le philosophe par excellence des Lumi res Il salue l effort norme de celui qui a su d gager la cat gorie du bien c est un comble Il proclame l actualit des Lumi res dans son discours Subiaco le 1 avril 2005 un mois avant de deve nir pape Il analyse la culture actuelle des Lumi res comme tant celle des droits de la libert dont il num re les princi paux en ajoutant Ce canon de la culture des Lumi res bien que loin d tre complet comporte des valeurs importantes dont en tant que chr tiens nous ne pouvons pas et nous ne devons pas nous d solidariser Indubitablement on est arriv d im portantes acquisitions qui peuvent pr tendre une valeur g n rale le point acquis que la religion ne peut tre
90. est une des valeurs les plus pris es par nos contemporains proc dant du g nie humain qui est un don de Dieu elle est fort bonne Il n est que de la relier sa source divine mais atteinte par la corruption du genre humain elle a t d tourn e de l ordre requis elle a donc besoin d tre corrig e Gaudium et spes n 11 2 Joseph Ratzinger reprend cette synth se vingt ans plus tard la libert religieuse est une des valeurs les mieux prouv es de deux si cles de culture lib rale elle peut tre aujourd hui pur e et corrig e Congar et Ratzinger si si au lieu de la faire reposer sur le sable mouvant de la libert de conscience fond e sur l indiff rence religieuse on la fait se fonder sur le roc solide de la nature de la personne Jean Paul Il Veritatis splendor 6 ao t 1993 n 50 Selon Mounier la personne se constitue par son agir libre et responsable en vertu de ses propres options Selon Maritain la dignit de la personne exige sa libert d exultation ses risques et p rils Synth se Le r sultat de cette correction est la libert religieuse proclam e par Vatican II d claration Dignitatis hu man n 2 La personne qui en mati re religieuse agit selon la conscience de son devoir ou qui dans l exercice de son culte religieux est cens e tre en recherche de la v rit m me si elle n y est pas de fait est digne de respect et elle a par con
91. et conjugale n est pas pratiqu e d un c ur loyal A premi re vue ce texte fl trit le subjectivisme et en appelle l objectivit En r alit cest le contraire La nature de la personne barbarisme n est elle pas l intellectualit de la nature humaine capable de proportionner ses actes la raison de bien Ou est ce l individualit de la personne qui lui est commune aux b tes et qui fonderait son autonomie morale E Kant Marc Sangnier et le Sillon Ou bien est ce la relation intersubjective du dialogue Je Tu Martin Bu ber ou la relation interpersonnelle amoureuse laquelle est l lan d sint ress vers une personne comme telle Max Scheler Selon cette philosophie des valeurs l amour poss de en lui m me sa propre finalit L ordre objectif des tres et des fins selon l expression de Pie XII n est pas pris en compte Si la nature dit Pie XII avait eu en vue exclusivement ou du moins en premier lieu un don et une possession r ciproques des poux dans la joie et dans l amour et si elle avait r gl cet acte uniquement pour rendre la plus heureuse possible leur exp rience personnelle et non dans le but de les stimuler au service de la vie le Cr ateur aurait adopt un autre plan dans la formation et la constitution de l acte naturel Or cet acte est au contraire tout subordonn et ordonn cette grande loi de la g n ration et de l ducation de l enfant generatio et educatio pro l
92. eu ne peut tre qu all gorique et tout discours humain sur Dieu inversement ne peut tre que mythologique C est le principe m me du modernisme condamn par saint Pie X un si cle plus tard les faits vang liques r sultent d affabulations et les dogmes d une transfiguration de la r alit par le besoin religieux Les dogmes ont un sens pratique et moral qui r pond nos besoins religieux leur sens intellectuel est d riv et subordonn Leur principe g n rateur est int rieur l homme c est le principe d immanence saint PIE X ency clique Pascendi dominici gregis n 9 et 13 Dz 2076 et 2079 Par exemple pour Kant d j la Trinit symbolise l union en un seul tre des trois qualit s de bont de saintet et de justice le Fils de Dieu incarn n est pas un tre surnaturel c est un id al moral celui d un homme h ro que La Religion dans les limites de la simple raison ann e 1793 D s lors les dogmes ne sont plus que des symboles d tats d me L AUTONOMIE DE LA RAISON PRATIQUE M RE DES DROITS DE L HOMME SANS DIEU D autre part en morale selon le sens commun la nature humaine et ses op rations naturelles sont d finies par leurs fins tout comme la nature et le mode d emploi de la lessiveuse le sont par son but Or Kant r cuse le principe de finalit lui m me et par l la connaissance de notre nature Il ignore que cette nature est faite pour le bonheur et que le vrai bonheur consiste voir Dieu q
93. ferte Dieu ce n est plus une action s par e de celle du peuple c est une action de communion interpersonnelle C est une exp rience commune de la foi la c l bration des hauts faits de J sus Il s agit seulement de faire m moire dit le Missel fleurs des fid les francophones en 1972 De son c t parall lement selon Joseph Ratzinger le sacerdoce a d pass le niveau de la pol mique qui au con cile de Trente avait r tr ci la vision du sacerdoce en voyant dans le pr tre seulement un pur sacrificateur session XXIII 1J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 158 BENO T XVI encyclique Spe salvi du 30 novembre 2007 n 44 3 Deus infunde cordibus nostris tui amoris affectum ut te in omnibus et super omnia diligentes gt Oraison du 5 dimanche apr s la Pentec te Voir III q 85 a 3 5 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 212 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 199 26 d cret sur le sacrement de l ordre Le concile de Trente avait r tr ci la vision globale du sacerdoce Vatican Il a largi les perspectives Joseph Ratzinger nous le dit Vatican Il a par chance d pass le niveau de la pol mique et a trac un tableau positif complet de la position de l glise sur le sacerdoce o l on a accueilli galement les requ tes de la R forme Vous lisez bien les requ tes de la R forme protestante qui voyait le pr
94. fesseur Joseph Ratzinger m me avant sa Foi chr tienne hier et aujourd hui 1968 aient effray tr s t t les th ologiens romains si l on en croit du reste le cardinal Cottier Celui ci confie son biographe agr ment s d un bref commentaire les propos r cents d un t moin qu il ne nomme pas mais qui n a pas invent le fait On m a rapport r cemment le mot d un professeur minent de Rome qui avait r dig certains textes pr para toires au Concile et avait dit ensuite ses l ves en parlant de Ratzinger ce jeune th ologien fera beaucoup de mal l glise C est merveilleux non Merveilleux ou tragique Le jeune th ologien de jadis a t il fait acte de repentance CHAPITRE 5 HERM NEUTIQUE DES TROIS GRANDS DOGMES CHR TIENS Nous quittons ici le domaine de l ex g se pour entrer dans le domaine plus vaste de la th ologie et de l explication th ologique du dogme Selon saint Anselme 1033 1109 la th ologie est la foi en qu te d intelligence fides qu rens in tellectum Pourrait elle donner nos modernes une intelligence moderne des dogmes Oui r pond Joseph Ratzinger et la r ponse ne refl tera pas seulement Dieu mais aussi notre propre question moderne elle nous apprendra quelque chose sur Dieu par la r fraction travers notre propre tre moderne Voici d abord l essai moderne de r fraction du divin travers l humain que tente le th ologien de T bingen sur les dogmes de la Tr
95. h gt sur les dogmes Ces id es taient dans l air Avec Husserl et sa crise extr me d id alisme le tournant de la pens e voqu par Joseph Ratzinger tait encore probl matique L EXISTENTIALISME DE HEIDEGGER On comprend le bol d air pur que pouvait apporter l existentialisme tel celui de Heidegger professeur Fribourg en Brisgau Martin Heidegger 1889 1976 veut viter la rechute de Husserl dans l id alisme il se consacre aux tants dont l existence nous interpelle le fait qu ils sont jet s dans l existence Enfin direz vous nous voici sortis de l id el et replon g s dans le r el Las L tant c est surtout la personne et les conditions g n rales de son affirmation Pour l existentia lisme en g n ral exister c est se faire sortir soi m me de ce qu on n tait pas par le libre choix d une destin e en ce sens l existence pr c de l essence le devenir pr c de l tre D finir la nature des choses c est du fixisme L agnos ticisme kantien est vivace La diff rence est que l tre se d finit par son action comme chez Maurice Blondel 1861 1949 Pour Heidegger le sujet n est pas constitu statiquement par sa nature mais par son dynamisme par ses rapports avec autrui Jet dans l existence et expos l impression abrupte de me trouver l et au sentiment de d r liction je me d livre de mes angoisses en me projetant en avant en acceptant courageusement mon destin et en pre
96. icience mais par l exemplarit du don de soi absolu id e platonicienne et par l attrait de l amour offert un mode de causalit que J G Fichte voulait spirituel irr ductible lefficience et la finalit partir de cette r volution dans l id e d expiation et donc dans l axe m me de la r alit religieuse le culte chr tien et toute l existence chr tienne re oivent eux aussi une nouvelle orientation Ceci a t profess en 1967 imprim en 1968 et ensuite r alis en 1969 par la nouvelle messe le nouveau sacer doce le nouveau christianisme sans ennemis sans combat sans r paration sans renoncement sans sacrifice sans propitiation LA SATISFACTION D LICATESSE DE LA MIS RICORDE DIVINE Il est pourtant vrai que la charit est l me de la passion r demptrice de J sus Mais Joseph Ratzinger p che par an 1 H DE LUBAC Catholicisme Paris Cerf 1954 p 264 265 Voir F J THONNARD Pr cis d histoire de la philosophie Descl e 1966 p 1081 1082 3 Voir J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 197 199 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 199 5 Voir F J THONNARD Pr cis d histoire de la philosophie p 676 677 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 203 7 Voir saint THOMAS III q 48 8 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 199 23 g lisme en mettant entre parenth ses par une poch digne de Husserl l
97. ie et embrum e la distinction entre le naturel et le surnaturel est trop grosse et trop claire son il L OPTION FONDAMENTALE CONOMIE DU P CH MORTEL Selon la doctrine traditionnelle de la foi en effet par un seul p ch mortel l me perd la gr ce sanctifiante DS 1544 et m rite l enfer ternel tandis que le p ch v niel ne m rite qu une peine temporelle et peut tre expi par toute bonne oeuvre Cette distinction toutefois n est pas conforme au sentiment de nos contemporains A qui la faute Au clerg conci liaire Ils estiment que mis part les criminels de guerre et les auteurs de g nocides chez qui tout est mensonge et qui ont v cu pour la haine et mis part les saints qui se sont laiss s totalement p n trer par Dieu et ont t tota lement ouverts au prochain il y a la normalit celle de la plupart des hommes en qui le bien et le mal sont pr sents la fois et parfois le mal plus que le bien Mais malgr cela Au plus profond de leur tre demeure une ultime ouverture int rieure la v rit l amour Dieu Cependant dans les choix concrets de vie elle est recouverte de compromis avec le mal Beaucoup de salet recouvre la puret dont cependant la soif demeure et qui malgr cela merge toujours de nouveau de toute la bassesse et demeure pr sente dans l me Spe salvi n 46 Dans cette th orie il n y a plus d homme juste ni d homme inj
98. iers dit il d une forme n cessaire de corr lation entre raison et foi appel es une puri fication et r g n ration mutuelle Demandant pardon mon lecteur d avoir peut tre anticip sur ma conclusion j entre maintenant avec lui dans mon sujet par la petite porte INTRODUCTION Le discours du pape Beno t XVI la curie romaine du 22 d cembre 2005 est apparu comme le discours programme du nouveau pontife lu pape le 19 avril pr c dent Il fait presque figure d encyclique inaugurale Je vais tenter d en d gager les id es force puis de les analyser librement Je propose donc mon lecteur un itin raire de d couverte dans le jardin de la th ologie conciliaire Trois avenues s y d gagent d embl e Quarante ans apr s la cl ture du Concile Beno t XVI reconna t que la r ception du Concile s est d roul e de fa on plut t difficile Pourquoi se demande t il Eh bien tout d pend de la juste interpr tation du Concile ou comme nous le dirions aujourd hui de sa juste herm neutique A c t d une herm neutique de discontinuit et de rupture de la part des traditionalistes et des progressistes il y a l herm neutique de r forme de renouveau dans la continuit Cette 1 L herm neutique est l art d interpr ter les faits ou les documents J RATZINGER Droit d mocratie et religion d bat avec J rgen Habermas Acad mie catholique de Bavi re Mu nich 19 janvier 2004 Esprit ju
99. illet 2004 p 28 1 continuit est la continuit de l unique sujet glise C est un sujet qui grandit avec le temps et qui se d veloppe res tant toujours le m me l unique sujet qu est le peuple de Dieu en marche Telle fut l intention du Concile garder le d p t de la foi mais le pr senter d une fa on qui corresponde aux exi gences de notre temps Jean XXIII discours d ouverture du Concile Beno t XVI explique Cet engagement en vue d exprimer de fa on nouvelle une v rit d termin e exige une nouvelle r flexion sur celle ci et un nouveau rapport vital avec elle La nouvelle parole ne peut m rir que si elle na t d une compr hension consciente de la v rit exprim e et d autre part la r flexion sur la foi exige galement que l on vive cette foi Ainsi pr senter une foi vivante fruit d une exp rience vitale nouvelle tel tait le programme propos par le pape Jean XXIII extr mement exigeant comme l est pr cis ment la synth se de fid lit et de dynamisme L herm neutique du Concile tient donc en trois principes qui s encha nent Le sujet de la foi avec sa raison fait partie de l objet de la foi Donc il faut chercher un nouveau rapport vital de la raison avec la foi Ainsi on op re une synth se de fid lit et de dynamisme De quelle synth se s agit il Le Concile l explique recueillir les requ tes de notre temps et les valeurs les plus
100. implement que le feu de l amour est plus valorisant pour consumer la salet de l me qu un feu inflig par le souverain juge Le purgatoire en devient assez sympathique puisque le m me feu de l amour y consume comme sur terre les souillures de l me Pourtant les saints ne sont pas de cet avis ils ont la foi et ils soutiennent comme sainte Th r se de Lisieux que le feu de l amour est plus sanctifiant que le feu du purgatoire ce n est donc pas le m me feu Certes l avantage de la th orie patronn e par le pontife est que cette purification instantan e par le regard du Christ raccourcit norm ment le purgatoire au regard de notre g n ration press e Voil un christianisme commode Voil une religion plus facile comme la concevait un r formateur anglais Voil le r gne de Dieu dirait Kant l o la foi d Eglise est d pass e et remplac e par la foi religieuse savoir par la simple foi rationnelle Du reste ajoute Kant si le christianisme devait cesser d tre aimable on verrait n cessairement laversion et la r volte soulever contre lui le c ur de la majorit des hommes Textes cit s par Spe salvi n 19 sans que le pontife remarque que Kant la justifie et ce faisant le condamne Beno t XVI pr cise cependant quelque chose sur cet instant du purgatoire La dur e de cette br lure qui transforme nous ne pouvons la calculer avec les mesures chronom triques de ce monde
101. impos e par l tat mais ne peut tre accueillie que dans la libert le respect des droits fondamentaux de l homme qui sont les m mes pour tous la s paration des pouvoirs et le contr le du pouvoir Mais objecte n anmoins Joseph Ratzinger cette culture des Lumi res est une culture la que sans Dieu anti m taphysique parce que positiviste et bas e sur une auto limitation de la raison pratique o l homme n admet aucune instance morale ind pendante de ses calculs En cons quence il existe des Droits de l homme contradictoires comme par exemple l opposition entre la volont de libert de la femme et le droit la vie de l embryon Une id ologie con fuse de la libert conduit un dogmatisme toujours plus hostile la libert Discours Subiaco Documentation catho lique ann e 2005 hors s rie p 121 122 Par son absolu cette culture radicale des Lumi res s oppose la culture chr tienne ibid Comment surmonter cette opposition Voici la synth se D une part il faut que le christianisme religion du logos selon la raison retrouve ses racines dans la premi re philo sophie des Lumi res qui fut son berceau et qui quittant les mythes chercha la v rit le bien et le Dieu unique Moyen nant quoi ce christianisme naissant refusa l tat le droit de consid rer la religion comme faisant partie de l ordre ta tique postulant ainsi la libert de la foi ibid p 124 D aut
102. init de l incarnation et de la r demption LE DOGME DE LA TRINIT REVU PAR LE PERSONNALISME Pour une intelligence positive du myst re voil le titre et la th se s nonce ainsi Le paradoxe une essence trois personnes est fonction du concept de la personne Nous sommes donc avertis que nous allons avoir une explication du dogme tributaire d une philosophie particuli re et non pas le dogme ma trisant et utilisant la philosophie de l tre Et l auteur poursuit Le paradoxe doit tre compris comme une implication interne du concept de personne Et voici le raisonnement Selon le philosophe chr tien de la fin de l antiquit Bo ce 470 525 la personne est la substance individuelle d une nature intellective D s lors confesser Dieu comme tre personnel et comme trois personnes c est confesser un subsis BENO T XVI avant propos J sus de Nazareth Flammarion 2007 p 15 BENO T XVI avant propos J sus de Nazareth Flammarion 2007 p 15 3 PIE XII Humani generis 12 ao t 1950 Dz 2306 DS 3878 Patrice FAVRE Georges Cottier itin raire d un croyant Tours CLD 2007 p 73 5J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 111 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 113 20 tant en trois subsistances Antith se mais cette affirmation immobiliste et substantialiste de la personne engendre par son absolu m me n cessairement son contraire Selon
103. ique et l homme consid r comme un produit viole les interdits de la mo rale Science sans conscience n est que ruine de l me disait un philosophe Comment rendre la science une cons cience L glise s est autrefois d consid r e au regard de la science par la condamnation de Galil e quelles condi tions peut elle esp rer proposer la raison positiviste des valeurs et des normes thiques Confront e une soci t la cis e et id ologiquement plurielle comment l glise peut elle jouer son r le de ferment d unit Non certes en voulant imposer le r gne du Christ ni restaurer un faux universalisme et son intol rance mais en faisant admettre la raison positiviste en une concurrence loyale le d fi des valeurs chr tiennes d ment purifi es et rendues assimilables par le monde issu de 1789 c est dire les Droits de l homme Face aux religions mondiales mieux connues et plus r pandues l glise peut elle encore revendiquer l exclusivit des valeurs de salut et une situation privil gi e devant l tat Non certes Mais elle veut seulement collaborer avec les autres religions la paix mondiale en proposant de concert avec elles en une corr lation polyphonique les valeurs des grandes traditions religieuses Ces trois probl mes n en font qu un une nouvelle poque de l histoire doit correspondre une relation nouvelle entre foi et raison estime Joseph Ratzinger Je parlerai donc volont
104. iques CHAPITRE 4 UNE EX G SE EXISTENTIALISTE DE L VANGILE Nomm en l t 1966 professeur de th ologie dogmatique l illustre facult de th ologie catholique de l universit de T bingen Joseph Ratzinger se trouve confront l introduction en th ologie de l existentialisme de Heidegger par le pro testant Rudolph Bultmann Dans ses cours de l hiver 1966 1967 il tente de lutter contre la r duction existentialiste de la doctrine sur Dieu et sur le Christ Mon lecteur va juger si ce combat fut victorieux son contenu figure dans l ouvrage paru en 1968 sous le titre Einf hrung in das Christentum Foi chr tienne hier et aujourd hui L auteur y commente entre entre autres trois articles du Symbole des Ap tres dont deux sont des faits narr s par l vangile EST DESCENDU AUX ENFERS Aucun article de foi n est aussi tranger notre conscience moderne Mais non N liminons pas cet article il repr sente l exp rience de notre si cle celle de la d r liction th me de Heidegger la d r liction par l absence de Dieu pr cise Ratzinger dont J sus fit l exp rience sur la croix Mon Dieu pourquoi m avez vous abandonn Mt 27 46 Donc cet article de foi exprime que J sus a franchi la porte de notre ultime solitude qu il est entr travers sa Passion dans l ab me de notre d r liction Les limbes des saints de l ancien Testament visit s par J sus ces limbe
105. is c est dire l accomplissement de la fin premi re du mariage origine et source de la vie Or reniant Pie XII et l ordre naturel le nouveau code de Droit canon place le bien des poux avant la procr ation et l ducation des enfants canon 1055 Cette interversion des fins du mariage est la porte ouverte l union libre et au pacs la contraception et l avortement Imbu du personnalisme relationnel sous jacent un professeur Ren Frydman envisage l embryon humain comme un tre en devenir qui prend un statut de personne lorsqu il entre dans un projet de couple Si donc la m re ne se sent pas une relation avec l enfant qu elle porte en elle celui ci nest pas une personne et et peut tre limin Joseph Ratzinger n a t il pas enseign pour sa part certes sans nulle vis e abortive mais le principe est pos l qu un tre qui ne serait ni origine ni terme de relation ne saurait tre une personne Voir ci dessus p 58 La pr tendue civilisation de l amour est une civilisation de mort Le Christ Roi l gislateur de la nature tant rejet la chr tient court l extinction physique Voil l ultime aboutissement du personnalisme CHAPITRE 8 LE CHRIST ROI REVU PAR LE PERSONNALISME La royaut politique de J sus est la cons quence de sa divinit Si cet homme J sus Christ est Dieu alors il est roi Non seulement l glise lui est soumise comme son chef dont elle re oit toute l
106. isa le dogme contre les ariens non pas seulement sous forme n gative par un ana 1J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 111 2 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 110 3 Voir Pascendi n 16 Dz 2082 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 111 5 Voir KANT Critique de la raison pure pr face de la deuxi me dition 111 10 14 Dz 48 DS 112 15 th me mais de fa on positive en agrandissant le symbole apostolique par le d veloppement de l id e de filiation et de g n ration J sus Christ Fils de Dieu n unique du P re c est dire de la substance du P re engendr et non pas cr consubstantiel au P re Appara t ici la notion de substance qui reste du domaine du sens commun mais aussi le jugement de consubstantiel homoousios qui d passe d j l expression que le sens commun peut donner de la commune divinit du P re et du Fils Plus tard le premier concile de Constantinople 381 pr cise la divinit du Saint Esprit Ensuite le deuxi me concile de Constantinople 553 pr cise son tour qu il faut adorer une d it une en trois subsistances ou personnes C est un anath me mais il d termine positivement ce qu il faut croire Outre les termes abstraits de nature et de substance mian physin toi ousian une seule nature ou substance la formule utilise les termes concrets de subsistance et de personne en trisin hyp
107. ise sans feinte je la communique sans envie et je ne cache pas ses tr sors Sg 7 13 44
108. it il os d clarer Saint Avold en septembre 1967 La mutation de la civilisation que nous vivons entra ne des changements non seulement dans notre comporte ment mais encore dans la conception que nous nous faisons tant de la cr ation que du salut apport par J sus Christ Et c est en lecteur et disciple de Joseph Ratzinger dans sa Foi chr tienne que l v que d Arras G rard Huyghe dans la cat ch se collective intitul e Des v ques disent la foi de l glise osait crire en 1978 Il ne faut pas se tromper de porte pour entrer dans le myst re de la souffrance de J sus On pr sente quelque fois ce myst re comme une simple et affreuse d marche juridique Dieu le P re ayant subi par le p ch de l homme une offense infinie pourquoi n aurait accept de pardonner l homme qu apr s une satisfaction quel mot horrible infinie Suit une citation de Foi chr tienne Dieu pouvait il exiger la mort de son propre Fils Dieu ne veut la mort de personne ni comme ch timent ni comme moyen de rachat Que la mort soit entr e dans le monde par le p ch ce n est pas le fait de Dieu I n y a qu une seule porte pour l ouvrir une seule clef l amour Ainsi pouvons nous carter toute explication de la passion o le Christ ne serait pas profond ment solidaire de la condition humaine avec la condition de l homme mal heureux Cet amour rejoint l homme tout homme quel qu il soit f t il bourreau e
109. it que le bien commun temporel fin propre de l Etat doit tre ordonn la fin ultime de l homme la b atitude ternelle Cette ordination est seulement indirecte parce que les moyens temporels ne sont pas proportionn s obtenir un effet surnaturel De cette ordination d coule le devoir de l tat de procurer dans son ordre temporel la vie bonne de la multitude selon qu il le faut pour lui faire obtenir la b atitude c leste c est dire qu il doit prescrire ce qui y conduit et dans la mesure du possible interdire ce qui y est contraire En cela consiste la fonction minist rielle de l Etat envers l Eglise puisque la b atitude c leste ou salut des mes est la fin propre de l Eglise M me si l application de ces principes d pend des conditions historiques des soci t s soit unanimement chr tiennes soit religieusement plurielles soit la cis es soit non chr tiennes les principes demeurent Ils sont en particulier le fon dement de deux sentences de Pie IX La premi re dans son encyclique Quanta cura attribue l Etat bien constitu l of fice de r primer les violateurs de la religion catholique La seconde dans le Syllabus ne reconna t pas aux immigr s en pays chr tien le droit d exercer librement leur culte dissident DS 2978 Ces sentences supposent un tat de chr tien t elles sont conditionn es par cet tat mais les principes qui les fondent sont intemporels et demeurent Que va faire le concil
110. l assistance du Saint Esprit en effet la perception des choses aussi bien que des paroles transmises s accro t soit par la contemplation et l tude des croyants qui les m ditent en leur c ur voir Le 2 19 et 51 soit par la profonde intelligence qu ils prouvent des choses spirituelles soit par la pr dication de ceux l qui avec la succession piscopale re urent un charisme cer tain de v rit Ainsi l Eglise tandis que les si cles s coulent tend constamment vers la pl nitude de la divine v ri t jusqu ce que soient accomplies en elle les paroles de Dieu Dei verbum n 8 J ai d j laiss entendre comment le progr s doctrinal en explicitation est inversement proportionnel au progr s en in telligence profonde lequel n existe absolument pas puisque comme le dit saint Thomas Les Ap tres furent tr s pleinement instruits des myst res de m me qu ils re urent avant les autres dans le temps ainsi re urent ils plus abondamment que tous les autres Telle est l interpr tation de la Glose sur ce pas sage de l p tre aux Romains 8 23 C est nous qui avons les pr mices de l Esprit Ceux qui ont t plus proches du Christ soit avant lui comme Jean Baptiste soit apr s lui comme les Ap tres ont connu plus pleine ment les myst res de la foi Qui pourra dans l glise d passer les Ap tres en intelligence de la foi Il est fatal que cette intelligence en profondeur ait d cru chez leurs succe
111. le d expli quer cette exp rience en en garantissant la valeur II s ensuit que le Christ par le don de sa vie pour les hommes est l embl me de ce don de soi r v lateur de Dieu La structure dialectique du raisonnement est celle de Joseph Ratzinger dans son ouvrage Foi chr tienne hier et au jourd hui Je r sume le proc d de la pens e du th ologien de T bingen c est encore le sch ma th se antith se syn th se Depuis saint Anselme 1033 1109 la pi t chr tienne voit dans la croix un sacrifice expiatoire Mais c est une pi t doloriste Du reste le nouveau Testament ne dit pas que l homme se r concilie Dieu mais que c est Dieu qui r concilie l homme 2 Co 5 18 Col 1 22 en lui offrant son amour Que Dieu exige de son Fils un sacrifice humain c est une cruaut qui n est pas conforme au message d amour du nouveau Testament Mais cette n gation par son absolu engendre sa contradictoire antith se toute une s rie de textes n o testamentaires 1 P 2 24 Col 1 13 14 1 Jn 1 7 1 Jn 2 2 affirme une satisfaction et une substitution p nale offertes par J sus notre place Dieu son P re de sorte que nous voyons ressurgir tout ce que nous venons d carter Donc synth se sur la croix J sus s est bien substitu nous non pour acquitter une dette ni souffrir une peine mais pour aimer pour nous p 202 Ainsi la th se se reconquiert enrichie de l antith se dans
112. les Puisque le p ch est une contradiction on ne peut pas en derni re analyse pleinement r soudre d un point de vue logique cette diff rence entre subsistit et est Dans le pa radoxe de la diff rence entre singularit et concr tisation de l glise d une part et existence d une r alit eccl siale en dehors de l unique sujet d autre part se refl te le caract re contradictoire du p ch humain la contradic tion de la division Cette division est quelque chose de totalement diff rent de la dialectique relativiste dans la quelle la division des chr tiens perd son aspect douloureux et en r alit n est pas une fracture mais seulement la manifestation des multiples variations sur un th me unique dans lesquelles les variations ont raison d une cer taine mani re et n ont pas raison En r alit le p ch introduit la contradiction dans la volont seulement laquelle se r volte contre les principes ici le principe d unit Tu es Pierre et sur cette pierre je b tirai mon Eglise Mt 16 18 Mais le principe demeure intouch sans nulle contradiction interne Cest le n gateur imp nitent du principe de non contradiction qui introduit la contradiction dans l intelligence et dans les principes le p ch n y est pour rien sinon le p ch contre l intelligence des premiers prin cipes La v rit est que les glises et communaut s s par es n ont aucune nature eccl siale puisquil leur manque
113. lier leur source divine Car ces valeurs dans la mesure o elles proc dent du g nie hu main sont fort bonnes Gaudium et spes n 11 2 L glise ne saurait tre la seule promotrice des valeurs dans la soci t civile La participation eccl siale la vie du pays dans un dialogue ouvert avec toutes les autres forces garantit la soci t italienne une irrempla able contribution de grande inspiration morale et civile JEAN PAUL II au pr sident Bettino Craxi lors de la ratification du nouveau concordat italien le 3 juin 1985 La Croix 5 juin 1985 Ce serait absurde de vouloir revenir en arri re un syst me de chr tient politique Nous ne souhaitons pas imposer le catholicisme l Occident Mais nous voulons que les valeurs fondamentales du christianisme et les valeurs lib rales dominantes dans le monde d aujourd hui puissent se rencontrer et se f conder mutuellement in terview au quotidien Le Monde 17 novembre 1992 C est supprimer la cause finale et la cause efficiente de l homme et de la soci t et construire la politique sur le pur formalisme kantien PERSONNALISME ET COMMUNION DES PERSONNES Scheler est l auteur d un existentialisme ou personnalisme chr tien Sur la base de la m me confusion entre tre et agir que chez Blondel et Heidegger Scheler affirme que le moi r sulte de la synth se de tous mes ph nom nes vitaux de connaissance instinct sentiment passion surtout amour une s
114. lise du Christ subsiste dans l glise catholique elle n est pas dite subsister ailleurs Par le mot subsistit le Concile a voulu exprimer la singularit et la non multiplicit de l glise catholique l glise existe comme sujet dans la r alit historique Ainsi le subsistit signifierait que la permanence de l glise du Christ est l Eglise catholique Cette explication ne refl te pas l intention r elle du changement Du reste Joseph Ratzinger dans le m me texte pr cise 1 Veni Sancte Spiritus reple tuorum corda fidelium et tui amoris in eis ignem accende qui per diversitatem linguarum cunctarum gentes in unitate fidei congregasti Antienne de l office de la Pentec te Voir Jean CARMIGNAC A l coute du Notre P re d de Paris 1971 p 17 3 Code de Droit canon de 1983 canon 204 1 4 JEAN PAUL II constitution apostolique Sacr disciplin leges 25 janvier 1983 promulguant le nouveau code de Droit canon 5 J accuse le Concile Martigny d Saint Gabriel 1976 p 34 J RATZINGER Conf rence sur l eccl siologie de Lumen gentium au congr s d tudes sur Vatican II des 25 27 f vrier 2000 DC 2223 2000 p 311 28 La diff rence entre subsistit et est renferme cependant le drame de la division eccl siale Bien que l glise soit seulement une et subsiste en un seul sujet des r alit s eccl siales existent en dehors de ce sujet de v ritables glise locales et diverses communaut s eccl sia
115. lus la belle d finition que saint Paul donne de la foi Fides est substantia sperandarum rerum argumentum non apparentium la foi est la substance des choses qu on esp re la preuve des choses qui n apparaissent pas He 11 1 Quelle est donc cette preuve des choses invisibles sinon l autorit de Dieu qui r v le ces choses Et n est ce pas sur cette divine autorit seule que repose la certitude du croyant Nous adh rons dit le concile Vatican la divine v rit propter auctoritatem Dei revelantis cause de l autorit de Dieu qui r v le Dz 1789 et 1811 Or il faut bien le cons tater tout cela chappe Beno t XVI Il est une tentation dans les encycliques actuelles comme dans la pr dication moderne de pr senter le message vang lique comme un t moignage personnel du pr dicateur assorti de ses r actions personnelles C est une confusion Seuls les Ap tres ont t des t moins seuls ils ont t moign de ce quils avaient touch vu et entendu Ecoutez par exemple le t moignage de l Ap tre saint Jean Ce qui tait d s le commencement ce que nous avons entendu ce que nous avons vu de nos yeux ce que nous avons contempl et ce que nos mains ont touch du Verbe de vie car la vie a t manifest e et nous l avons vue et nous lui rendons t moignage et nous vous annon ons la Vie ternelle qui tait dans le sein du P re et qui nous a t manifest e ce que nous avons vu et entendu nou
116. moi l instauration dans la foi d une relation r ciproque Il est craindre que Joseph Ratzinger n ait fait cette confusion entre foi R v lation et relation r ciproque et qu il n ait fait aussi abstraction du contenu de la foi c est dire des v rit s r v l es C est ce que la suite de mon expos va tenter d lucider d abord par l examen de l itin raire th ologique de Joseph Ratzinger puis par l tude plus pr cise de la notion de foi que le futur Beno t XVI a d velopp e au cours de sa carri re Mais auparavant penchons nous sur un dernier phi losophe qui a int ress l tudiant de Munich LA SORTIE DE SOI SELON KARL JASPERS De l aveu m me de Joseph Ratzinger il est en effet un autre existentialiste et personnaliste Jaspers qui a marqu le jeune philosophe de Freising Karl Jaspers 1883 1969 professeur Heidelberg fait figure d existentialiste et personnaliste chr tien bien qu il n ait pas su r fl chir sur la personnalit de Dieu Il propose une analogie naturelle de la charit envers le prochain la com munion Il est en fait peu original par rapport Scheler et Heidegger Il rel ve l exp rience de la communication amou reuse faite de respect pour la personnalit myst rieuse de l autre qu on veut pourtant toucher et laquelle on veut se donner Cette sortie de soi Ek Stase vers autrui fournira Joseph Ratzinger un substrat philosophique aux consid ra tions de th ologie mystique
117. n tre la fin pour nous tous qu un motif de peur Spe salvi n 47 Je regrette de contredire ces r flexions qui semblent tre de bon sens Non si la justice divine est d sirable c est parce qu elle r compense non pas le terrestre mais nos m rites c est dire nos bonnes uvres accomplies en tat de gr ce Mais pr cis ment Beno t XVI ne croit pas au m rite Le r gne de Dieu est un don et justement pour cela il est grand et beau et il constitue la r ponse l esp rance Et nous ne pouvons pas pour utiliser la terminologie classique m riter le ciel gr ce nos bonnes uvres Il est toujours plus que ce que nous m ritons Cependant avec toute notre conscience de la plus value du ciel il n en reste pas moins toujours vrai que notre agir n est pas indiff rent devant Dieu Spe salvi n 35 Que l on se souvienne de l anath me du concile de Trente Si quelqu un dit que l homme justifi par ses bonnes uvres ne m rite pas vraiment la vie ternelle qu il soit anath me De m me si la justice divine du jugement nous fait peur ce n est pas parce qu elle pourrait tre pure justice mais bien parce qu elle peut nous infliger des peines la peine ternelle ceux qui meurent en tat de p ch mortel et des peines de purgatoire pour les autres Mais toutes ces distinctions d passent Beno t XVI comme on va encore le constater sa th ologie est raccourc
118. n Il dans le Courrier de Rome Si si no no n 290 juin 2006 p 6 Rejetons donc l quivoque entre d cision circonstancielle et d cision prudentielle provisoire faillible r formable corrigible en mati re de doctrine UN NOUVEAU THOMAS D AQUIN Par cons quent la purification du pass de l glise la r vision de certaines d cisions historiques de celle ci telles que les propose Beno t XVI sont fausses et artificieuses Il est craindre qu il en soit de m me de l assimilation par la doctrine de l glise des philosophies du temps laquelle est promue par le m me Beno t XVI dans son discours de 2005 la curie Beno t XVI y loue saint Thomas d Aquin d avoir au 13 si cle concili et alli la foi et la philosophie nouvelle de son poque Nouveau Thomas d Aquin il dit Voil je m en vais vous faire la th orie de l alliance que le Concile a tent e entre la foi et la raison moderne Je r sume Voici les paroles exactes du pape Lorsqu au 13 si cle la pens e aristot licienne entra en contact avec le christianisme m di val form par la tradition platonicienne et que la foi et la raison risqu rent d entrer dans une opposition irr conciliable ce fut saint Thomas d Aquin qui joua le r le de m diateur dans la nouvelle rencontre entre foi et philosophie pla ant ainsi la foi dans une relation positive avec la forme de raison dominante son poque Avec le concile Vatican Il arriva le moment o
119. n de mani re thomiste comme la vertu D s lors faux probl me fausse solution Le Christ crucifi r v le le sens authentique de la libert le don total de soi m me VS 85 Le don de soi dans le service de Dieu et des fr res r alise la pleine r v lation du lien indissociable entre la li bert et la v rit VS 871 C est vrai au niveau surnaturel Mais n est ce pas disproportionn de donner une question philosophique une solu tion th ologique surnaturelle la croix La vraie solution de l antinomie est thomiste la libert est la facult de se mou voir dans le bien et c est le r le de la loi morale d indiquer ce qu est le bien voil tout Cette fausse antinomie r v le l incapacit de la philosophie subjectiviste de poser les v ritables questions Comment appr hender le myst re de Dieu si l intelligence a pour premier objet non pas l tre mais le sujet pensant ou le sujet in terpell Si la notion d tre ne permet pas par analogie de remonter des tres cr s l tre premier On est accul la gen se immanente des dogmes selon la th orie moderniste condamn e par Pascendi Comment appr hender la notion de bien la ratio boni si la pens e ne peut remonter par analogie du bien sensible au bien moral Si l intelligence ne conna t pas la nature humaine et ses fins et la fin ultime On est condamn la morale de la personne la morale du su jet inviolable ou bien celle de la relation
120. nant la d ci sion d assumer ma place dans le monde de me d passer tout en me donnant aux autres qui existent avec moi et en leur donnant d tre authentiquement Joseph Ratzinger appliquera la christologie l id e d autod passement comme accomplissement de soi le Christ se ra l homme qui s est pleinement d pass par l union hypostatique et encore diff remment par la croix LA PHILOSOPHIE DES VALEURS DE MAX SCHELER Autre disciple de Husserl Max Scheler 1874 1928 professeur Francfort est le fondateur de la philosophie des va leurs Selon cette th orie la vie humaine et communautaire est dirig e non par des principes que la raison abstrait de l exp rience des choses et qui sont fond s sur la nature humaine ses finalit s et son Auteur mais par un tat d esprit un sens de la vie et de l existence qui s claire pourtant par des valeurs immuables transcendantales qui s imposent a priori comme dirait Kant libert personne dignit v rit justice concorde solidarit Ce sont des id aux des id es force qui sont vivre dans l action dans l engagement au service des autres et auxquelles tous doivent communier diff remment cependant selon les cultures et les religions Le Concile Jean Paul Il et Beno t XVI sont imbus de cette philosophie des valeurs Le Concile se propose avant tout de juger cette lumi re de la foi les valeurs les plus pris es par nos con 9 temporains et de les re
121. ndeur dont les Ap tres ont d j re u la pl nitude ni en v rit c est dire dans leur ad quation la bribe de son myst re que Dieu a r v l e Le progr s recherch par la th ologie et par le magist re est celui d une expression plus pr cise du myst re divin tel qu il est immuable comme Dieu est immuable Les concepts toujours imparfaits pourront toujours tre pr cis s mais ils ne seront jamais p rim s La formule dogmatique n a donc rien voir ni gagner avec la r action vitale du sujet croyant mais elle aurait tout y perdre C est bien ce sujet qui doit au contraire s effacer et dispara tre devant le contenu objectif du dogme RETOUR SUR L OBJECTIVIT DES P RES ET DES CONCILES Loin de devoir rev tir tour tour les formes temporaires successives de la subjectivit de l homme l effort dogmatique est un travail pers v rant d objectivation de la v rit r v l e sur la base des donn es de l Ecriture et de la Tradition Il s agit d une uvre d puration du subjectif en faveur de l objectivit la plus parfaite possible Ce travail de purification n est pas avant tout une extraction de l h t rog ne pour retrouver l homog ne m me si ce peut tre cela face aux h r sies et aux d viations doctrinales L op ration essentielle du d veloppement dogmatique est un effort de rassemblement du dispers de condensation du diffus d limination des m taphores autant qu il est possible de purification d
122. ne conviction proportionn e de la r alit de l objet Or ces deux choses ne font pas que le sentiment ne soit sentiment elles ne lui tent pas son caract re qui est de tromper si l intelligence ne le guide au contraire ce caract re elles le confirment et l aggravent car plus le sentiment est in tense plus il est sentiment La diff rence entre le vrai croyant mystique ses heures et le faux croyant id aliste multiforme consiste en ceci le mystique s efface devant le myst re et se fait tout adorant l id aliste s affirme comme le je corr latif de Tu comme le sujet qui entre en interaction avec l objet de sa foi Le personnaliste s affirme aussi comme un sujet qui entre en interre lation avec un autre sujet le Tout Autre Au contraire le th ologien contemplatif et la fois pr dicateur ou enseignant comme saint Thomas d Aquin n a pas pour but de faire confidence aux auditeurs des sentiments que suscite en l me du docteur la v rit contempl e mais de livrer cette v rit L AUTORIT DIVINE REMPLAC E PAR L AUTORIT HUMAINE Si avec les philosophies issues de Kant on admet que le sujet fait partie de l objet alors le croyant fait partie de la foi Du m me coup le motif formel de la foi l autorit divine r v lante fait place l exp rience humaine d pourvue d autorit et source d illusion Voyez comme Beno t XVI dans son encyclique Spe salvi du 30 novembre 2007 au n 7 ne com prend p
123. nellement con ue pour en obtenir une r ponse qui confirme l a priori de sa th orie de m me le philo sophe doit questionner les ph nom nes objets d exp rience spontan e en leur appliquant les cat gories a priori de son entendement ils deviennent objets pens s pour v rifier la pertinence de ces derni res Aussi bien toute science du n cessaire serait elle un reflet non seulement des choses telles qu elles nous apparais sent les ph nom nes mais encore de l esprit qui leur impose ses modes de repr sentation lui On peut en effet admettre que la longue et difficile adaptation des concepts au dogme pour dire celui ci ad quatement est une sorte d exp rimentation pratiqu e par l glise Mais ce faisant ce n est pas Dieu ni son myst re qui ont t ainsi mis en question ce sont les concepts humains Ce n est pas la raison antique ou m di vale qui exp rimente sur Dieu c est la foi divine qui exp rimente sur la raison Cela tant acquis demeure le probl me fondamental notre intelligence nous fait elle atteindre oui ou non l tre m me des choses La v rit est elle objective Y a t il une philosophie du r el Les concepts choisis et polis par la foi sont ils les concepts d une philosophie particuli re et historique platonicienne aristot licienne thomiste kantienne per sonnaliste Ou bien sont ils tout simplement les concepts de la philosophie de l tre la plus l mentaire celle du sen
124. nse faite un mendiant entra ne d autres cons quences que celle faite un chef d tat Le poids de l offense d pend de celui qui la subit Dieu tant infini l offense qui lui est faite de la part de l humanit par le p ch a un poids infini Le droit l s doit tre r tabli parce que Dieu est le Dieu de l ordre et de la justice il est la justice m me D o la n cessit si Dieu veut que l humanit coupable r pare elle m me le p ch d un chef offrant au nom de toute l humanit une satisfaction qui vu la dignit de sa vie aura une valeur infinie et sera donc une compensation suffisante seule la vie d un Homme Dieu aura cette vertu Or Joseph Ratzinger tout en reconnaissant que cette th orie sic contient des intuitions d cisives tant du point de vue biblique que du point de vue humain en g n ral et qu elle est digne de consid ration p 157 l accuse de sch matiser et de d former les perspectives et de pr senter Dieu sous un jour inqui tant p 158 Non dit il le Christ n est pas un tel satisfacteur acquittant pour les hommes une dette de p ch il est le don gratuit de son Moi pour les hommes Sa vocation est simplement d tre pour les autres Elle est appel ce pour dans lequel l homme se renie 1J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 202 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 202 et 204 3 Le petit Cat chisme de Luther cit p
125. nsions de l existence humaine De m me que la descente aux enfers repr sente la plong e dans la zone de soli tude de l amour refus p 222 de m me l ascension du Christ voque sic l autre p le de l existence humaine le contact avec tous les autres hommes dans le contact avec l amour divin si bien que l existence humaine peut trouver en quelque sorte son lieu g om trique dans l intimit de Dieu p 222 LA R ALIT DES FAITS VANG LIQUES MISE ENTRE PARENTH SES La r alit physique des myst res n est ni d crite ni comment e elle n est ni affirm e ni ni e sauf celle de l ascen sion qui semble bien ni e tout simplement elle n int resse pas elle est mise entre parenth ses comme le ferait Hus serl parce qu elle n est pas le v cu Pour la conscience disait le ph nom nologue de Freiburg le donn est une chose essentiellement la m me que l objet repr sent existe ou qu il soit imagin et m me peut tre absurde A ce compte l peu importe la r alit historique de l Evangile l important est que les symboles scripturaires de descente r surrection et ascension et les dogmes qui leur correspondent puissent exprimer l exp rience int rieure de l homme du 20 ou du 21 si cle Joseph Ratzinger donne simplement cette exp rience une substance chr tienne puis e quelque part dans l vangile la d r liction de la croix Ainsi christianis e la relecture existentialiste du dogme
126. nt bien au del de Buber fait de la charit amour de Dieu une v ri table amiti Comme il y a une certaine communication de l homme Dieu selon qu il nous communique sa b atitude il faut que sur cette communication se fonde une certaine amiti C est de cette communication qu il est dit dans la pre mi re p tre aux Corinthiens 1 9 Dieu est fid le par qui vous avez t appel s dans la soci t de son Fils Or l amour fond sur cette communication est la charit Il est donc manifeste que la charit est une certaine ami ti de l homme envers Dieu Il Il q 23 a 1 En outre le danger dans le domaine religieux est de confondre cette charit avec la foi et de faire de la foi en Dieu un dialogue du croyant avec Dieu qui l interpelle abstraction faite du contenu conceptuel de la foi c est dire des v ri t s que Dieu a r v l es non pas moi mais aux proph tes et aux Ap tres et que l glise enseigne Voyez comment Buber lui m me confond R v lation exp rience rencontre foi et relation r ciproque La R v lation est l exp rience qui fond sur l homme de mani re inattendue Cette exp rience est celle de la rencontre d un Tu ternel d un Tout Autre qui s adresse moi qui m appelle par mon nom L image de la ren contre traduit avec pertinence l essence de l exp rience religieuse Le Tu comme pr sence agissante et non objectivable vient ma rencontre et attend de
127. o t XVI propose une alternative moderne qui d cid ment lui pla t mieux Certains th ologiens r cents sont d avis que le feu qui br le et en m me temps sauve serait le Christ lui m me le Juge et Sauveur La rencontre avec lui est l acte d cisif du jugement devant son regard s vanouit toute fausse t C est la rencontre avec lui qui nous br lant nous transforme et nous lib re pour nous faire devenir vraiment nous m mes Spe salvi n 47 Point nest question d une dette r manente acquitter ni dune peine temporelle purger on ignore de quelle purifica tion il s agirait serait ce du p ch Quoi qu il en soit c est une lib ration pour redevenir soi m me c est une transforma tion existentialiste Le regard du Christ le battement de son c ur nous gu rissent gr ce une transformation certainement dou loureuse comme par le feu comme dit saint Paul 1 Co 3 12 15 Cependant c est une heureuse souffrance dans laquelle le saint pouvoir de l amour nous p n tre comme une flamme Spe salvi n 47 Je croyais que la souffrance du purgatoire tait d abord une certaine peine du dam le retard l acc s la vision b a tifique et en outre une peine du feu inflig e par Dieu pour purifier l me de ses attaches d sordonn es la cr ature Cette explication qui concorde tellement avec la nature du p ch aversion de Dieu et adh sion la cr ature est elle trop claire pour Beno t XVI C est s
128. oi vient de notre int rieur et la m thode de l historisme dit qu il y a une relecture n cessaire du dogme Voil comment se pr sente le dogme de l incarnation d apr s le th ologien Joseph Ratzinger dans son livre Foi chr tienne de 1968 selon le sch ma th se antith se synth se Th se le philosophe Bo ce la fin de l antiquit a d fini la personne la personne humaine comme la substance individuelle d une nature raisonnable permettant de d velopper le dogme des deux natures de J sus Christ en une seule personne d fini au concile de Chalc doine en 451 Voil la th se c est classique Bo ce philosophe chr tien a clairci la notion de personne et a aid d velopper le dogme de Chalc doine Tr s bien Antith se aujourd hui Bo ce est d pass par Martin Heidegger existentialiste allemand qui voit dans la personne l autod passement gt ce qui est plus conforme l exp rience que le subsistant d une nature intellective Il pr f re l auto d passement Nous r alisons notre personne en nous d passant nous m me voil la d finition de la personne selon Heidegger Synth se l Homme Dieu dont nous professons la divinit dans le Credo logiquement n a plus besoin d tre consi d r comme le Dieu fait homme Il est l homme qui en tendant infiniment au del de lui m me s est totalement d pass et par l s est vraiment trouv il est un avec l infini J sus Christ Je r p
129. on et ce sera la mort Qu il doive y avoir une impli cation l gale de la v rit du Christ et de son Eglise c est l enseignement constant des papes de L on XIII par exemple dans son encyclique Immortale Dei du 1 novembre 1885 Les chefs d tat doivent tenir pour saint le nom de Dieu et mettre au nombre de leurs principaux devoirs celui de favoriser la religion de la prot ger de leur bienveillance de la couvrir de l autorit tut laire les lois et de ne rien statuer ni d cider qui soit contraire son int grit Puis L on XIII pr cise que par religion il entend la vraie religion Enfin il expose la doctrine de la tol rance les fausses religions sont un mal qu on peut tol rer en vue d un bien atteindre ou d un mal emp cher au besoin en accordant un droit civil leur culte mais sans jamais leur reconna tre un droit naturel Car ce serait renier la divinit de 1 Voir J MARITAIN Humanisme int gral Paris Aubier 1936 p 134 135 Voir la relation au Concile de Mgr Emil De Smedt en date du 28 mai 1965 et l entretien du cardinal Ratzinger avec Mgr Marcel Lefebvre en date du 14 juillet 1987 voir Mgr Bernard TISSIER DE MALLERAIS Marcel Lefebvre tampes Clo vis 2002 p 576 3 Voir F J THONNARD Pr cis d histoire de la philosophie Descl e 1966 n 657 p 1091 4 Voir le sch ma du cardinal Ottaviani au concile Vatican Il sur les relations entre l glise et l tat analys dans Le Sel de
130. on songe en revanche la st rilit laquelle sest condamn le protestantisme en refusant cette assimilation le Christ devant soi disant tre la seule cause de la gr ce sans nul instrument ni m diation Le concile Vatican Il gale ment s est st rilis en refusant en 1963 sur le conseil des experts Rahner et Ratzinger de proclamer la sainte Vierge M diatrice de toutes gr ces parce que disaient ils d un tel titre il r sulterait un mal inimaginable au point de vue oe cum nique Au contraire dans le catholicisme le principe de causalit instrumentale a t le r v lateur de multiples facettes du dogme chr tien qui sans lui seraient rest es voil es dans la profondeur du myst re et auraient chapp la connais sance explicite de la foi Sans doute l assimilation par le dogme ou par la th ologie des principes philosophiques n a rien de la croissance des tres vivants par nutrition c est dire par intussusception Le progr s se fait par comparaison d une proposition de foi tel miracle de J sus avec une sentence de raison la causalit instrumentale qui lui pr te son humble lumi re pour en tirer une conclusion th ologique qui aidera pr ciser le dogme Dans le progr s de la science de la foi la pr misse de raison n est quun instrument de la pr misse de foi un auxiliaire de la foi pour d gager ce qui existe en elle l tat virtuel voire m me d j l tat actuel implicite j
131. onn le sens essentiel de la Tradition Ceci demande tre expliqu Pour la pens e id aliste la chose brute est inconnue c est l objet c est dire la chose pens e qui est connu Pour Kant le sujet fait partie de l objet lui imposant ses cat gories a priori son coloris Pour Husserl l objet pens nest que le simple corr lat du sujet pensant ind pendamment de la chose Joseph Ratzinger trou verait une application de cet id alisme dans l criture et la Tradition l criture brute est inintelligible elle doit tre com prise par le sujet glise qui est son corr lat et qui l interpr te sa mani re en ce sens il ne peut y avoir d criture seule au rebours de ce que pr tendait Luther par son sola scriptura En fait Joseph Ratzinger s inspire ici de Martin Buber pour lequel l essence du d calogue est une interpellation l interpellation du Tu humain par le Je divin Tu n auras pas d autre dieu en ma pr sence Ex 20 3 Le lecteur de la Bible revit l exp rience de l interpellation En ce sens il n y a pas de solo scriptura puisqu il y a toujours l interpell au jourd hui l Eglise Ce qu il y a de vrai c est que c est l glise qui donne l interpr tation authentique de la Bible Mais ce n est pas parce qu elle en est le sujet comprenant cest parce qu elle en est le juge ll lui appartient de juger du vrai sens et de l inter pr tation des critures saintes Et pour porter
132. orte du salut parce que l glise se fait petit troupeau fait vagabonder la raison dans l imaginaire Une tentative semblable est faite par Beno t XVI pour raccourcir les peines du purgatoire Voyons UN PURGATOIRE RACCOURCI Beno t XVI accueille l id e v t ro juive d une condition interm diaire entre la mort et la r surrection c est un tat O la sentence manque encore et o les mes subissent d j une punition ou au contraire jouissent d j de formes provisoires de b atitude Spe salvi n 45 C est tout simplement r p ter l erreur du pape Jean XXII condamn e ex cathedra par son successeur Beno t XII d fi nissant que les mes des justes aussit t apr s leur mort et la purification pour celles qui en auraient besoin ont t sont et seront au ciel au Royaume des cieux et au paradis c leste avec le Christ r unis dans la compagnie des saints anges Dans cet tat interm diaire poursuit Beno t XVI sont possibles des purifications et des gu risons qui rendent l me m re pour la communion avec Dieu L glise primitive a repris ces conceptions partir desquelles ensuite dans l Eglise occidentale il veut dire catholique s est d velopp e petit petit la doctrine du purgatoire Spe salvi n 45 A cette h r sie de l tat interm diaire m lange du sh ol v t ro juif et des limbes des patriarches et cette th orie d une origine v t ro juive du purgatoire Ben
133. ostasesin goun pros pois en trois subsistances ou personnes dont le premier subsis tance ou hypostase est d j une notion philosophique labor e puisqu on la distingue pr cis ment de substance ou ousia Par la suite le XI concile particulier de Tol de 675 distingue les divines personnes les unes des autres en ce qu elles sont appel es relativement les unes aux autres Dans les noms relatifs des Personnes le P re se rapporte au Fils le Fils au P re le Saint Esprit provient des deux autres Et quoique selon la relation on affirme trois Personnes on croit cependant en une seule nature ou substance Il est d sormais de foi qu il y a en Dieu trois relations r elles qui ca ract risent et nombrent les personnes Au concile de Lyon 1274 est d finie avec le Filioque la procession du Saint Esprit partir du P re et du Fils Dz 463 En 1441 le concile de Florence en son d cret pour les Jacobites donne la derni re expression du progr s dogma tique sur la Trinit II y a distinction des personnes par leurs relations d origine leur unit est totale l o il n y a pas d opposition de relation le Saint Esprit proc de du P re et du Fils comme dun seul principe et les personnes sont pr sentes les unes dans les autres circuminsession Dz 703 704 Il est vident que les notions d appellation relative d opposition de relation de principe sans principe principe de principe
134. our un grand nombre de chr tiens et surtout pour ceux qui ne connaissent la foi que d assez loin la croix se situerait l int rieur d un m canisme de droit l s et r tabli Ce serait la mani re dont la justice de Dieu infini ment offens e aurait t nouveau r concili e par une satisfaction infinie Aussi la croix para t elle exprimer une attitude de Dieu exigeant une quivalence rigoureuse entre le droit et l avoir et en m me temps on garde le sentiment que cette quivalence et cette compensation reposent malgr tout sur une fiction On Dieu donne d abord en secret de la main gauche ce qu on reprend solennellement de la main droite La satisfaction infinie que Dieu semble exiger prend ainsi un aspect doublement inqui tant Certains textes de d votion semblent sugg rer que la foi chr tienne en la croix se repr sente un Dieu dont la justice inexorable a r clam un sacrifice humain le sacrifice de son propre fils Et l on se d tourne avec horreur d une justice dont la sombre col re enl ve toute cr dibilit au message de l amour Mais la s rie des n gations n est pas close elle se poursuit avec acharnement contre la satisfaction de J sus Christ et contre l offrande que nous en renouvelons la messe Ce n est pas l homme qui s approche de Dieu pour lui apporter une offrande compensatrice La croix n est pas l uvre de r conciliation que l humanit offre au Dieu courrouc
135. place pur es et corrig es dans sa vision du monde C est ce qui a t fait Mais il faut avouer que des espoirs sans doute trop ing nus ont t d us II s agit de trouver un nouvel quilibre Ce texte est une citation implicite du texte d Yves Congar que j ai donn dans mon introduction j y renvoie le lecteur Le p re Congar proposait d s 1938 et dans son ouvrage de 1950 pour une vraie r forme dans l glise l assimilation par le christianisme des apports valables du monde moderne apr s que l Eglise les ait d cant s et au besoin puri fi s C est ce qu a tent le Concile mais en fait de synth se n a t on pas assist un quilibre instable et non encore at teint Qui dit en effet quilibre ne suppose t il pas un rapport de forces entre deux antagonistes Cest ce qui me semble ressortir d une conf rence de Joseph Ratzinger traitant pr cis ment d une mutuelle purifica tion et d une corr lation du christianisme et des Lumi res Je r sume ce texte 1 D une part la religion ferait entendre raison la raison positiviste en lui faisant admettre en science comme en politique le d fi et la chance de la foi en Dieu lequel est en personne la Raison cr atrice de l univers On ne deman derait m me pas la raison positiviste daccepter le droit naturel dont le l gislateur est Dieu auteur de la nature hu maine Cet instrument estime J Ratzinger s est malheureusement mouss
136. plique en concepts humains c est la th ologie science de la foi elle se d finit enfin en concepts humains et c est le dogme Tous ces concepts sont d origine vulgaire ou philosophique mais ils ne sont employ s par la foi qu une fois d cant s et purifi s de tout relent philoso phique originel ind sirable Au prix de quelles h sitations et de quels labeurs les P res et les premiers conciles se sont ils r solus face aux h r sies employer des termes philosophiques et forger de nouvelles formules de foi pour pr ciser le donn r v l L emploi des termes philosophiques d ousia substance hypostase pros pon personne pour dire les myst res de la Sainte Trinit et de l incarnation s est accompagn d un n cessaire processus de purification et de refonte des con cepts que signifiaient ces mots C est seulement une fois extraits de leur syst me philosophique et modifi s par une maturation en profondeur puis parfois d abord condamn s cause de leur teneur encore inad quate monarchie personne consubstantiel puis entendus correctement admis enfin et qualifi s d applicables mais seulement analogiquement que ces con cepts ont pu devenir porteurs de la nouvelle consistance de la foi chr tienne Michael FIEDROWICZ Theologie der Kirchenv ter Grundlagen fr hchristlicher Glaubensreflexion Herder 2007 p 340 Ces faits d montrent que loin de s exprimer dans la philosophie de l poque la foi doit s ab
137. pplique gr ce l id e de cieux historiques du philosophe Jacques Maritain 1882 1973 ap tre d une nouvelle chr tient qui serait l ana logue moderne de la chr tient m di vale La chr tient m di vale tait caract ris e par le maximum de contrainte au service d un ordre social th ocratique par une application univoque des principes aux d pens de la personne une application qui a dur quinze si cles de Constantin Robespierre cet id al historique d pass doit succ der aujourd hui une nouvelle chr tient qui sera analogiquement une chr tient compte tenu des circonstances nouvelles Cette chr tient sera caract ris e par le maximum de libert au service de la personne et de sa libert d exultation C est le seul id al historique concret de notre poque moderne La parent de pens e avec Drey et Dilthey est frappante On suppose en outre que tout comme le philosophe l Etat est devenu agnostique il ne constitue pas une instance capable de reconna tre la divinit de J sus Christ s ensuit que le r gne social du Christ ne peut ne doit plus tre ce qu il a t Il doit tre maintenant une soci t la que d inspiration chr tienne Maritain Ce sera une la cit ouverte voire positive anim e spirituellement par les va leurs thiques des religions Vatican Il Dignitatis human n 4 Beno t XVI 22 d cembre 2005 En un monde reli gieusemen
138. raire spirituel c ne 1990 36 PILOGUE HERM NEUTIQUE DES FINS DERNI RES Quarante ans s parent Foi chr tienne de Joseph Ratzinger et Spe salvi de Beno t XVI encyclique du 30 novembre 2007 Le pontife th ologien a t il r tract ses opinions pass es A t il chang de m thode R TRACTATIONS Oui Beno t XVI semble avoir chang son opinion sur la r demption et sur la passion du Christ L homme a pour Dieu une valeur si grande que Lui m me s est fait homme pour pouvoir compatir avec l homme de mani re tr s r elle dans la chair et le sang comme cela nous est montr dans le r cit de la passion de J sus Spe salvi n 39 Cette souillure du p ch a d j t consum e dans la passion du Christ Spe salvi n 47 Si l Orient ignore la souffrance purificatrice et expiatrice des mes dans l au del n 48 comme le dit Beno t XVI cela signifierait que pour lui l Occident ne l ignore pas tout fait Mais h las l offrande des peines quotidiennes qu il recommande dans Spe salvi est vue par lui plus comme une compassion que comme une expiation proprement dite laquelle aurait un aspect malsain La pens e de pouvoir offrir les petites peines du quotidien leur attribuant un sens tait une forme de d vo tion peut tre moins pratiqu e aujourd hui mais encore tr s r pandue il n y a pas si longtemps Dans cette d vo tion il y avait certainement des choses exag r es et peut tre a
139. rconstances historiques concr tes et leurs exigences il apparaissait que la continuit des principes n tait pas abandonn e Dans ce processus de nouveaut dans la continuit se justifie Beno t XVI nous devons apprendre com prendre plus concr tement qu auparavant que les d cisions de l Eglise concernant des faits contingents par exemple certaines formes concr tes de lib ralisme devaient n cessairement tre elles m mes contingentes parce qu elles se r f raient une r alit d termin e et en soi changeante Il fallait apprendre reconna tre que dans de telles d cisions seuls les principes expriment l aspect durable en demeurant en arri re plan et en moti vant de l int rieur les d cisions En revanche les formes concr tes ne sont pas aussi permanentes elles d pen dent de la situation historique et peuvent donc tre soumises des changements Beno t XVI illustre son justificatif par l exemple de la libert religieuse Le concile Vatican II dit il avec la nouvelle d finition de la relation entre la foi de l glise et certains l ments essentiels de la pens e moderne a revisit ou galement corrig certaines d cisions historiques mais dans cette apparente discontinuit il a en revanche maintenu et approfondi sa nature intime et sa v ritable identit Le concile Vatican Il reconnaissant et faisant sien travers le d cret sur la libert religieuse un principe essen tiel de l tat mod
140. re part il faut que la culture des Lumi res revienne ses racines chr tiennes Mais oui proclamant la dignit de l homme v rit chr tienne la philosophie des Lumi res est d origine chr tienne et ce n est pas par hasard qu elle est justement n e dans le domaine de la foi chr tienne sic Ce fut du reste souligne le futur Beno t XVI l uvre du Concile son intention fondamentale expos e dans sa d cla ration sur L glise dans le monde de ce temps Gaudium et spes Le Concile a remis en vidence cette correspondance profonde entre le christianisme et les Lumi res es sayant d arriver une v ritable conciliation entre l glise et la modernit qui est le grand patrimoine que doivent sauvegarder chacune des deux parties ibid Pour ce faire Kant malgr son agnosticisme peut tre pris en compte estime le futur pape tous les hommes m me incroyants peuvent postuler l existence de Dieu Kant avait ni que Dieu puisse tre connu dans le cadre de la raison pure mais il avait en m me temps repr sent Dieu la libert et l immortalit comme autant de postulats de la raison pratique sans lesquels disait il en toute coh rence avec lui m me aucun acte moral n est possible La situation contemporaine du monde ne nous fait elle pas penser qu nouveau il pourrait avoir raison ibid p 124 125 A LA RECHERCHE D UNE NOUVELLE PHILOSOPHIE R ALISTE A partir de son premier amour jamais reni po
141. relation mais cette fois comme relation de parole Autrement dit si l Absolu est une personne il ne saurait tre un singulier absolu De la sorte dans le concept de personne est n cessairement impliqu le d passement du singulier Bien s r l auteur souligne que le terme de personne ne s applique Dieu que par une analogie qui respecte la diff rence infinie entre l tre personnel de Dieu et l tre personnel de l homme p 115 Mais je note que par le raisonnement de ce th ologien on d montre la trinit des personnes ou du moins leur pluralit partir de la personnalit de Dieu Or que Dieu soit un tre personnel c est une v rit de la simple raison naturelle Donc on d montre la pluralit des per sonnes divines par la raison naturelle ce qui est impossible et h r tique Ce g chis tait vit par saint Thomas Chez lui les divines personnes comme relations sont le sommet non le point de d part de son trait de la Trinit Dans sa Somme th ologique le saint docteur part de l unit divine et sur les don n es de la foi il tablit qu il y a en Dieu une premi re procession immanente une procession intellectuelle celle du Verbe Puis par analogie avec l me humaine cr e limage de Dieu en laquelle il y a une procession immanente de l amour le saint docteur d duit que tout porte penser que le Saint Esprit proc de du P re et du Verbe selon une pro cession d amour Ensuite il en d duit q
142. rf 1950 p 345 346 J RATZINGER D mocratie droit et religion in Les Fondements pr politiques de l tat d mocratique Dialogue avec J rgen Habermas Munich 19 janvier 2004 traduction de Jean Louis Schlegel dans la revue Esprit juillet 2004 p 5 28 5 Discours du 22 d cembre 2006 la curie DC n 2373 4 f vrier 2007 p 107 Voir 1 11 q 94 a 2 42 ses droits Peut tre faudrait il aujourd hui compl ter la doctrine des Droits de l homme par une doctrine des devoirs de l homme et des limites de l homme et voil qui pourrait malgr tout aider renouveler la question de savoir s il ne pourrait y avoir une raison de la nature et donc un droit raisonnable Pour les chr tiens ils auraient affaire la cr ation et au Cr ateur Dans le monde indien cela correspondrait la notion de dharma la causalit interne de l tre dans la tradition chinoise c est l id e des ordres c lestes p 25 Le Cr ateur n est il plus le l gislateur supr me unique de la nature Est il seulement le gendarme des Droits de l homme Entre la foi chr tienne ou les autres traditions religieuses et les Lumi res et leurs Droits de l homme l assi milation r v e par Yves Congar l acquisition souhait e par Joseph Ratzinger l quilibre appel par Beno t XVI s av re tre un bras de fer 2 Dautre part le christianisme tout comme les religions gu ri de ses pathologies p 27 par la purification de
143. rits faux pleins d astuce motionnels ennemis de la v rit d goulinants de sentiments et secs de foi Vous relisez et revisitez la Tradition de l Eglise avec vos pr jug s d aujourd hui et vous d cla rez hautement que cette r vision red couvre le patrimoine plus profond de l glise Vous devriez au contraire dans la Tradition de l Eglise sa pratique constante et son enseignement invariant trouver ce patrimoine en d gager les hauts principes et par eux condamner vos pr jug s d aujourd hui LA MORT UN REM DE Traditionnellement la mort est la s paration de l me et du corps et la fin de la vie humaine sur terre elle est le plus grand mal temporel celui qui est le plus craindre La mort n est pas contre nature puisque tout tre compos est disso luble et que Dieu n en pr servait nos premiers parents dans le paradis terrestre que par un don gratuit pr ternaturel Mais elle est de fait la peine du p ch De l arbre de la connaissance du bien et du mal avait prescrit Dieu Adam ne mange pas car le jour o tu en mangeras tu mourras de mort Gn 2 17 Cette vision de la mort doit tre r vis e par l existentialisme Un sermon de saint Ambroise son seul sermon existen tialiste tombe pic La mort y dit l v que de Milan n tait pas naturelle mais elle l est devenue car au commencement Dieu n a pas cr la mort il nous l a donn e comme un rem de cause de la transgression la
144. s commun J entends par sens commun l exercice spontan de l intelligence qui atteint l tre des choses de la r alit naturelle pour en trouver quelques causes et quelques principes Par exemple la raison affirme spontan ment que par del le devenir d une r alit il y a dans cette r alit quelque chose qui demeure principe de substance Ou encore tout agent agit pour une fin principe de finalit A la question pos e j ai d j esquiss plus haut la r ponse mais il faut la d montrer SENS COMMUN PHILOSOPHIE DE L TRE ET FORMULES DOGMATIQUES Pour nous limiter au dogme de la Trinit divine le myst re principal est la conciliation de l unit divine avec la distinc tion r elle des trois Personnes divines Examinons les concepts qui ont exprim de mieux en mieux l antinomie myst rieuse La confession de foi dans sa simplicit primitive est Je crois en un Dieu un P re tout puissant et en J sus Christ son Fils unique et en le Saint Esprit Elle exprime le myst re clairement mais encore imparfaitement Les h r sies des trois premiers si cles se sont cart es du vrai sens de cette formule soit en niant la distinction r elle des Trois Sabel lius soit en niant la divinit du Fils Arius ou celle du Saint Esprit Mac donius soit l oppos en professant trois dieux le trith isme Cette derni re erreur fut condamn e d s l an 262 par une lettre du pape Denis Le concile de Nic e 325 pr c
145. s embrass t toute l humanit dun seul coup Cela n tait pas possible par la seule force de l exemple ou de l attrait cela devait tre par la vertu de la satisfaction et du rachat qui sont des uvres de nature juri dique Comme je l ai d j dit selon saint L on et saint Thomas Dieu aurait pu r parer l humanit par la simple condonation de sa dette par une amnistie g n rale mais l homme serait vite retomb dans le p ch et cela n aurait avanc rien Aussi la prudence de Dieu et sa libre volont choisirent un plan plus on reux Dieu et plus honorable et avantageux l homme Ce plan dune sagesse insondable fut que le Fils de Dieu fait homme souffrit la passion et mour t sur la croix offrant ainsi une satisfaction parfaite et surabondante la justice de Dieu et m ritant pour tous les hommes la gr ce du pardon cause de la dignit de sa vie qui tait celle dun Homme Dieu de l immensit de la charit avec laquelle il souffrait et de la g n ralit des souffrances qu il assumait voir IIl q 48 a 2 Et des m rites et satisfactions du Christ d coulerait la valeur m ritoire et satisfactoire des bonnes uvres actes charitables et sacrifices des chr tiens Ainsi en J sus Christ l un des n tres ce serait l humanit qui se rel verait et joignant ses saints labeurs ceux de son chef elle coo p rerait activement son propre rel vement Gr ces soient Dieu pour son don ineffable 2 Co
146. s quent droit la libert de l exercice de son culte Cette synth se est le produit d un double processus purification de la condamnation pass e celle port e par Gr goire XVI et Pie IX et assimilation de la th se philosophique pr sente celle du personnalisme des ann es 1950 Ce proc d double de purification assimilation est la m thode m me de l herm neutique de Dilthey Gadamer Il est pourtant vident qu au crit re objectif de la v rit du Christ le Concile a substitu le crit re subjectif de la v rit de l homme C est Jean Paul Il qui pr cise ce crit re dans Veritatis splendor n 40 Il fait r f rence Gaudium et spes n 41 qui parle de la v rit essentielle de l homme 1 et qui dit que l Evangile respecte scrupuleusement la di gnit de la conscience et son libre choix 2 Finalement le sable mouvant de la conscience demeure le fondement 1 Saint Thomas d Aquin De Regno I 1 ch 14 Saint THOMAS D AQUIN De Regno 1 ch 15 3 Dz 1689 Ce passage a t supprim dans les ditions post rieures du Denzinger Voir Yves CONGAR Vraie et fausse R forme dans l glise Paris Cerf 1950 p 344 5 J RATZINGER Pourquoi la foi est en crise entretien avec Vittorio Messori Jesus novembre 1984 31 LA CIVILISATION LA QUE VITALEMENT CHR TIENNE DE JACQUES MARITAIN Si nous consid rons maintenant l tat dans ses rapports avec la religion le m me processus s a
147. s sont pass s sous silence sont le signe de ce que l o aucune parole ne saurait nous atteindre il y a Lui Ainsi l enfer est surmont ou plus exactement la mort qui auparavant tait l enfer ne l est plus depuis que dans la mort habite l amour EST RESSUSCIT DES MORTS L homme est vou la mort p 214 c est un th me de Heidegger Le Christ peut il faire exception 1 Michael FIEDROWICZ Theologie der Kirchenv ter Herder 2007 p 340 2 Andr CL MENT La Sagesse de Thomas d Aquin NEL 1983 p 42 3 R ginald GARRIGOU LAGRANGE O P Le Sens commun et les formules dogmatiques Nouvelle Librairie Nationale 1922 p 358 359 BENO T XVI Discours la curie du 22 d cembre 2005 ORLF 27 d cembre 2005 5 J RATZINGER Ma Vie souvenirs 1927 1977 ch 11 p 121 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui Cerf 2005 r dition sans changement de la 1 dition de 1969 7 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 207 8 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 207 J RATZINGER La Foi chr tienne hier et aujourd hui p 213 18 En fait cet article correspond au d sir de l amour qui pr tend l ternit p 214 car l amour est plus fort que la mort Ct 8 6 Or l homme ne peut survivre qu en continuant subsister dans un autre p 214 dans cet Autre qui est p 215 lui le Dieu des vivants je suis en f
148. s vous l annon ons afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous et que notre communion soit avec le P re et avec son Fils J sus Christ Et nous vous crivons ces choses afin que votre joie soit parfaite 1 In 1 1 4 Mais les successeurs des Ap tres les v ques et les pr tres qui les secondent dans la sainte pr dication ne sont pas des t moins des faits vang liques comme la r surrection ou l ascension de J sus Christ ils sont de simples mes sagers des transmetteurs d un d p t sacr qu ils ont re u et qu ils doivent livrer tel quel La force de conviction de foi qu ils mettront proclamer le message divin est certes n cessaire pour mouvoir les passions et la volont de leurs audi teurs mais pas plus que leur tat d me dans sa relation intersubjective avec Dieu elle n affectera le contenu de ce divin message Prenons garde disait Mgr Marcel Lefebvre des pr tres d avoir cette tendance ce d faut de consid rer la foi comme une science et de chercher p n trer les grands myst res de la foi par notre intelligence humaine es sayant de comprendre ces myst res comme ceux qui s adonnent la m decine ou d autres sciences humaines Ce serait un grand obstacle au lieu d aider les mes croire Car la foi consiste adh rer ces v rit s cause de l autorit de Dieu qui nous les r v le et non pas cause de la science que nous pouvons en avoir Adh rer aux myst res de Dieu ca
149. saint Jean societatem habemus ad invicem si nous marchons dans la lumi re nous sommes en communion les uns avec les autres 1 Jn 1 7 la soci t est affaire de vertu 10 Cette relation est soit un je a gt comme dans l univers technique soit un je tu Le je a gt dans les relations hu maines chosifie le prochain consid r comme un pur objet ou un simple moyen Au contraire le je tu instaure avec l autre une r ciprocit un dialogue qui me pose et qui en m me temps pose l autre comme sujet Buber est le penseur de l intersubjectivit Si le je a est n cessaire ou utile au fonctionnement du monde seul le je tu d livre la v rit ul time de l homme et ouvre ainsi une v ritable relation entre l homme et Dieu le Tu ternel La relation autrui qui tient la nature sociale de l homme est importante avec l ascendant l autorit l influence l appel l invite la r ponse l ob issance mais le danger est de faire de cette relation le constitutif de la personne alors que ce n est qu une de ses perfections En la mati re Buber na rien d couvert du reste puisque d j Aristote 384 322 av J C faisait de l amiti la vertu qui ach ve la vie intellectuelle et le bonheur Il la d finissait comme un amour mutuel fond sur la communication de quelque bien Mutua amatio qu fundatur super aliqua comrnunicatione Il 11 q 23 a 1 comme le dit saint Thomas 1225 1274 lequel alla
150. sclaves comme dans le n oplatonisme pour en faire des concepts th ologiques les concepts de la philosophie de l tre devenue la philosophie de l Eglise L glise dans son dogme ne s inf ode donc jamais une philosophie particuli re ou ce que Beno t XVI appelle la forme de raison dominante une poque Toute l uvre de saint Thomas d Aquin a t de purifier Aristote de ses mau vais interpr tes arabes de lui adjoindre des l ments de platonisme de le corriger encore la lumi re de la R v lation pour en faire linstrument de choix de la th ologie et du dogme Quelques excellents auteurs pr cisent encore cette con clusion C est seulement une fois extraits de leur syst me philosophique et modifi s par une maturation en profondeur puis parfois d abord condamn s cause de leur teneur encore inad quate monarchie personne consubstantiel 1 John Henri NEWMAN An Essay on the Development of Chistian Doctrine 1878 reprint University of Notre Dame Indi ana 2005 p 185 186 John Henri NEWMAN An Essay p 187 3 Concile de Trente session VII canon 8 Dz 851 Ralph WILTGEN Le Rhin se jette dans le Tibre Paris C dre 1975 p 90 Voir aussi abb Victor Alain BERTO lettre du 30 novembre 1963 l abb B publi e dans Le Sel de la terre 43 hiver 2002 2003 p 29 17 puis entendus correctement reconnus enfin et qualifi s d applicables mais seulement analogiquement que ces concepts ont pu
151. se J objecte que si pour avoir la foi il faut faire une exp rience sur Dieu fort peu de chr tiens ont la foi La foi adh sion de l intelligence au myst re divin c est une chose chose requise au salut mais la vie de la foi ex fide comme dit saint Paul c est chose souhaitable normale mais non pareillement n cessaire et de toute fa on l exp rience de Dieu n y est pas requise Mais surtout si l on d finit la foi comme l exp rience sur Dieu on r p te l h r sie moderniste qui consacre comme vraies toutes les religions puisque toutes pr tendent avoir quelque exp rience authentique du divin Concernant enfin le magist re de l glise Joseph Ratzinger a galement une vision dialectique ou disons dialogante de ses d cisions qui doivent tre selon lui des r ponses aux questions du croyant ou le r sultat de son exp rimentation sur Dieu Les formules dogmatiques elles m mes par exemple une nature en trois Personnes incluent cette r fraction par l humain elles refl tent dans notre cas l homme de la fin de l antiquit qui questionne et exp rimente dans les cat gories philosophiques de la fin de l antiquit ces cat gories d terminent le point de vue partir duquel il pose la question Je dirai d abord un mot du substrat kantien de cette probl matique De m me que le physicien disait Kant avant Claude Bernard s lectionne les ph nom nes et les soumet l exp rience qu il a ration
152. se d un chacun EXP RIMENTATION PHILOSOPHIQUE ET EXP RIENCE MYSTIQUE La foi rencontre du reste est elle l exp rience mystique Dieu existe je l ai rencontr titrait Andr Frossard pour narrer sa conversion la foi chr tienne gr ce ind niablement authentique Mais s appuyer essentiellement sur le senti ment d une rencontre ou sur l impression d une interpellation cela peut conduire l illusion La vraie mystique se passe d motions le myst re de lincarnation s est accompli en la Vierge Marie sans qu elle en ressentit quoi que ce soit tout s est fait dans la foi pure La saveur du Christ que communiquent les dons de sagesse et d intelligence n est pas perceptible aux sens or elle se fonde sur la vraie foi et corrobore la vraie foi Quelles que soient les richesses que les gr ces mystiques donnent la foi il faut bien r affirmer ce qu enseigne le p re Marin Sola L unique source objective de toute connaissance surnaturelle c est la v rit de foi Accedentem ad Deum oportet credere celui qui veut acc der Dieu il faut qu il croie dit saint Paul He 11 6 De l na t la d pen dance essentielle et la subordination de la th ologie sp culative ou de la th ologie mystique l gard du d p t r v l et de l autorit de l glise Par la voie intuitive des dons du Saint Esprit la th ologie mystique peut saisir plus vite ou plus de v rit s mais elle ne peut pas en atteindre davantage que n en
153. soit la communion hi rarchique avec le pontife romain soit la communion dans la foi catholique La notion de communion invo qu e par Joseph Ratzinger est ce regard tout fait inad quate Commentant ce que dit saint Jean sur la communion de charit par le Christ avec le P re 1 Jn 1 8 4 le cardinal dit lci appara t en tout premier plan le point de d part de la communion la rencontre avec le Fils de Dieu J sus Christ qui par l annonce de l Eglise vient parmi les hommes Ainsi na t la communion des hommes entre eux et celle ci son tour se fonde sur la communion au Dieu un et trine On acc de la communion avec Dieu par l in term diaire de cette r alisation de la communion de Dieu avec l homme qui est le Christ en personne la ren contre du Christ cr e une communion avec lui m me et donc avec le P re dans l Esprit Saint La notion nouvelle de communion comme rencontre propos e par Joseph Ratzinger est l vidence tributaire du personnalisme de Martin Buber pour qui la relation intersubjective Je Tu gt livre la v rit ultime sur l humain et ouvre sur la v ritable relation entre l homme et Dieu le Tu ternel Christianis e par Joseph Ratzinger cette communion rencontre est elle la communion de charit On ne le sait Elle n est en tout cas ni la communion de foi ni la communion hi rar chique lesquelles sont pourtant les deux composantes essentielles de l Eglise CHAPITRE 7 LE PERSONN
154. sseurs pourtant docteurs de la foi et pourvus du charisme de v rit mis part les quelques lumi res que furent les docteurs de l Eglise Ce sain r alisme a fait place au Concile l illusion du progr s n cessaire vers une pr tendue pl nitude qui n appartient qu aux Ap tres LA DOCTRINE DE LA FOI EXP RIENCE SUR DIEU Ce n est pas seulement l id e de Tradition mais aussi celle de R v lation que Joseph Ratzinger r vise la lumi re soit de l id alisme soit du personnalisme Concernant donc la R v lation consid r e comme en quelque sorte actuelle Joseph Ratzinger est d avis que le concept de R v lation implique toujours le sujet qui re oit L auteur suppose tort que le sujet r cepteur est le croyant ou l glise et non pas les seuls Ap tres il tombe dans une erreur protestante Concernant la th ologie l objectivit pure n existe pas pas plus en th ologie qu en physique estime Joseph Rat 1J RATZINGER Ma Vie souvenirs 1927 1977 p 88 Voir Martin BUBER Moses Mo se Oxford East and West Library 1946 3 CONCILE DE TRENTE session IV Dz 786 4 CONCILE DE TRENTE session IV Dz 783 5 BENO T XVI J sus de Nazareth Paris Flammarion 2007 avant propos p 15 Apostoli plenissime fuerunt instructi de mysteriis acceperunt enim sicut tempore prius ita et ceteris abundantius ut dicit Glossa super illud Rm 8 23 nos ipsi primitias spiritus habentes Illi qui fuer
155. st une personne J sus est le t moin de Dieu mieux il est la pr sence de l ternel lui m me dans ce monde Dans sa vie et par la donation totale de lui m me pour les hommes le sens de la vie se r v le comme une pr sence sous la forme de l amour qui m aime moi aussi et qui fait que la vie vaut la peine d tre v cue Rencontre pr sence amour ce n est pas la foi et cela occulte l objet de la foi Dans notre Credo crit Joseph Ratzinger la formule centrale ne dit pas je crois quelque chose mais je crois en Toi Laffirmation est vraie nous croyons en J sus Christ personne vivante encore faut il croire en sa divinit mais la n gation je ne crois pas en quelque chose n est elle pas h r tique Car elle nie l objet de la foi les articles de foi les douze articles du symbole des Ap tres Devenu pr fet de la sacr e congr gation pour la Doctrine de la foi Joseph Ratzinger d crit ainsi le catholicisme Il s agit d entrer dans une structure de vie et cela englobe le plan de notre vie dans sa totalit Voil pourquoi je crois on ne peut jamais l exprimer avec des mots Naturellement on peut d signer des point essentiels Et la foi c est croire en un v nement mais gu re un contenu conceptuel L essentiel pour devenir chr tien dit il c est de croire en cet v nement Dieu est entr dans le monde et il a agi c est donc une action une r alit non seulement une configuration
156. ste o est le p ch O est le ra chat Le danger de vouloir par Heidegger ou Jaspers trouver des soubassements naturels et existentiels aux r alit s surna turelles est de succomber une tentation trop naturelle pour un esprit qui cherche concilier la raison moderne avec la foi chr tienne op rer au lieu d une analogie ascendante une r duction descendante des myst res surnaturels Ne fut ce pas le proc d des h r sies gnostiques Jaspers excelle du reste dans le travers de confondre naturel et surnaturel Sa m thode des paradoxes consiste R sum par nos soins de G BENSUSSAN art Buber dans Jean Fran ois MATTEI Encyclop die philosophique universelle Paris PUF 1972 t 2 p 2801 2302 M BUBER Eclipse de Dieu Paris Nouvelle Cit 1987 p 35 cit par Daniel TANGAY Leo Strauss une biographie intellectuelle Paris Livre de poche p 296 11 trouver pour les contradictions apparentes de l ordre naturel des solutions surnaturelles Jean Paul Il semble avoir donn dans ce travers dans son encyclique du 6 ao t 1993 sur la norme de la moralit sa lettre se pr sente comme la solution moderne d une antinomie moderne Comment l ob issance aux normes morales universelles et immuables peut elle respecter le caract re unique et irr p tible de la personne et ne pas attenter sa libert et sa dignit La dignit est pens e de fa on personnaliste comme l inviolabilit et no
157. straire des philosophies fausses et se forger ses propres concepts Mais est ce s abstraire de toute philosophie et en rester au simple sens commun Avec le p re Garrigou Lagrange je r pondrai plus loin cette question en montrant que les dogmes s expri ment dans le langage de la philosophie de l tre qui n est que le moment scientifique du sens commun L HERM NEUTIQUE L COLE DES P RES DE L GLISE C est avec la m me r pugnance que les conciles consentirent ajouter des pr cisions au symbole de foi du concile de Nic e 325 qui semblait suffire exclure toute h r sie Le concile de Chalc doine 451 contre l h r sie monophy site se r solut proc der une d finition horos de la foi une nouveaut Peu apr s 458 les v ques conclurent que Chalc doine avait t une interpr tation plus ample de Nic e Le mot interpr tation h rm n ia est utilis aussi par saint Hilaire Syn 91 parlant des P res qui apr s Nic e ont interpr t religieusement la propri t du consubstantiel I ne s est pas agi d une relecture ni d une r vision du symbole de Nic e mais d une explication plus d taill e Tel est par cons quent le sens de l h rm n ia r alis e par Chalc doine Plus tard un Vigilius de Thapsus affirmera la n cessit face aux h r sies nouvellement parues de porter de nouveaux d crets de sorte pourtant que ce que les pr c dents conciles ont d fini contre les h r tiques
158. subsistante De tous c t s cest l impasse CHAPITRE 3 ITIN RAIRE TH OLOGIQUE DE JOSEPH RATZINGER L itin raire philosophique de Joseph Ratzinger est donc une impasse parce quil quitte la voie de la philosophie de l tre L itin raire th ologique du m me Ratzinger va t il sortir de l impasse Va t il trouver une voie qui m ne l tre premier ses infinies perfections ses myst res surnaturels Pour r pondre cette question il faut d abord situer le professeur de th ologie de T bingen dans le cadre de la th o logie allemande d pendante de la c l bre cole de th ologie de l universit du m me lieu LA TRADITION VIVANTE R V LATION CONTINU E SELON L COLE DE T BINGEN Selon le fondateur de l cole catholique de T bingen Johann Sebastian von Drey 1777 1853 le devenir historique s explique par un principe vital spirituel Ce qui encl t les diverses poques historiques en un tout uni ou ce qui les d croche au contraire les unes des autres c est un certain esprit qui en des temps d termin s cl t le devenir historique en une unit pleine de vie c est le Zeitgeist l esprit d un temps Cet esprit est constructeur agissant en sortant de lui m me il attire tout autour de lui comme du centre d un cercle qui r duit les oppositions et r organise selon lui m me ce qui lui est conforme La parent de cette pens e avec celle de Dilthey est frappante mais pour Drey le Zeitgeist n est autre qu
159. t dire en mode n cessaire des choses que ce que nous y mettons nous m mes affirme Kant Critique de la raison pure pr face la 2 dition III 13 La science physique moderne suivait d j avec fruit cet id alisme en tenant que la nature du monde physique reste opaque la raison et que nous n en pouvons avoir que des repr sentations math matiques et symboliques en des hypo th ses scientifiques uvres de la raison qui forcent la nature compara tre devant son tribunal pour la contraindre par l exp rimentation confirmer l a priori du juge Une fois confirm e l hypoth se est d clar e th orie scientifique mais elle n en demeure pas moins une hypoth se provisoire et toujours perfectible Kant veut appliquer ce rationalisme la connaissance des op rations de l intelligence elle m me sur les donn es de la connaissance sensible C est notre entendement dit il qui applique aux choses ses cat gories a priori I ne voit pas que les tres r els les plus imm diatement per us par l intelligence tels l tre m me ou la substance ou l essence d une chose sont au contraire intelligibles par la simple abstraction qu en op re l intellect partir des donn es de l exp rience sensible En particulier le premier connu par notre intelligence est l tre des choses sensibles Ce qui est con u en premier par l intelligence est l tant car toute chose est susceptible d tre connue selon qu elle est en acte
160. t tre adopt e par l homme uniquement travers le processus de conviction Ibid R ponse certes la foi ne doit pas tre impos e une personne ayant atteint l ge de raison car le bapt me des enfants est une coutume l gitime et louable toutefois il y a une bonne contrainte celle qui prot ge la foi catholique contre la contagion de l erreur et qui pr serve l unit de la cit chr tienne dans la paisible communion en cette foi communion qui est la source de la vraie paix temporelle L tat moderne accorde une place aux citoyens de diverses religions et id ologies se comportant envers ces reli gions de fa on impartiale et assumant simplement la responsabilit d une coexistence ordonn e et tol rante entre les ci toyens et de leur libert d exercer leur religion ibid Ce type d tat moderne offert par la r volution am ricaine et par l inspiration des Lumi res se fonderait sur la s paration des deux pouvoirs spirituel de l glise et temporel de l Etat selon les paroles du Christ Rendez donc C sar ce qui est C sar et Dieu ce qui est Dieu Mt 23 21 R ponse il ne faut pourtant pas oublier ce que C sar doit Dieu La distinction des deux pouvoirs n implique pas logi quement leur s paration mais bien leur subordination ce que C sar doit au Christ et non pas Allah ni Bouddha Si non autant d duire de la distinction de l me et du corps leur s parati
161. t change radicalement sa destin e 1 Bulletin officiel de l v ch de Metz 1 octobre 1967 cit par Itin raires n 118 37 Si l on ne prend pas la clef de l amour on heurte le sens juste la sensibilit droite et spontan e comment pourrait on s ouvrir un Dieu qui n est pas un P re qui n aime pas un Moloch qui attend sa ration de sang de souffrances et de vic times Ainsi l herm neutique pratiqu e par Joseph Ratzinger a empoisonn la cat ch se de la r demption Voyez comment un v que allemand Mgr Zollitsch pr che encore en mai 2009 la r demption comme divine solidarit avec l humanit malheureuse et bless e dans une mission t l vis e Une semaine plus tard il en esquisse une r tractation dans son bulletin dioc sain Mais Beno t XVI pour sa part n en a toujours pas fait repentance LES LIMBES R VIS S PAR L HERM NEUTIQUE L interpr tation ou h rm n ia des P res avons nous vu ne fait que pr ter la foi l instrument de la philosophie de l tre sans poser d opinion philosophique ni autre c t de la foi Au contraire lherm neutique moderne argue de sen timents elle pose en antith se de la foi traditionnelle l impression sentimentale de l poque contemporaine et en inf re des synth ses nouvelles Les limbes en sont la victime La doctrine commune de l glise non d finie certes mais admise commun ment en seigne que les mes des enfants morts sans bapt me sont
162. t irr vocable c est ce qu on indique par le mot enfer Spe salvi n 45 Il y a quivoque Il faudrait pr ciser que celui qui est en tat de p ch mortel se trouve d j en tat de damnation mais que cette damnation n est irr vocable qu apr s la mort C est alors l enfer lieu et tat des mes damn es la fois par leur faute et par la sentence du juste Juge Si cette distinction manque on reste dans l quivoque en m langeant l tat de damnation r vocable du p cheur et l tat et lieu de damnation irr vocable de l enfer Et faute de savoir de quoi on parle on met l enfer au conditionnel ce serait l tat d un homme irr m diablement ferm la v rit et repli sur lui m me C est inqui tant pour les go stes que nous sommes tous mais qui est totalement go ste En somme qui peut tre vraiment en enfer De toute fa on l enfer est un tat d me Fruit de son herm neutique la religion de Beno t XVI est une religion qui se pr sente comme plus aimable mais c est une religion au conditionnel POSTFACE CHRISTIANISME ET LUMI RES 1 Concile de Trente session VI chapitre 16 can 32 DS 1582 41 UN QUILIBRE FRAGILE Jai mentionn le souhait mis par Beno t XVI apr s son retour de Turquie le 22 d cembre 2006 devant les membres de la curie romaine de voir l Islam faire son aggiornamento l aide des Lumi res un processus effectu dans l Eglise par Vatican Il au terme dune longu
163. t la pen s e moderne Consid rations partir d un c l bre propos de Jean XXIII La Religion de Vatican II Premier Sympo sium de Paris 4 6 octobre 2002 p 313 314 NDLR 4 t che de l Eglise quarante ans apr s Il est clair que cet engagement en vue d exprimer de fa on nouvelle une v rit d termin e exige une nouvelle r flexion sur celle ci et un nouveau rapport vital avec elle II est galement clair que la nouvelle parole ne peut m rir que si elle na t d une compr hension Verstehen consciente de la v rit exprim e et que d autre part la r flexion sur la foi exige galement que l on vive cette foi BENO T XVI discours du 22 d cembre 2005 Voil toute la r volution du magist re op r e par le Concile La pr occupation du sujet de la foi supplante le souci de l objet de la foi Au lieu de chercher simplement pr ciser et expliciter le dogme le nouveau magjist re cherchera le re formuler et l adapter Au lieu d adapter l homme Dieu il veut adapter Dieu l homme N avons nous pas alors un ma gist re subverti un contre magist re LA M THODE L HERM NEUTIQUE HISTORISTE DE DILTHEY O trouver la m thode de cette relecture adapt e des dogmes Il faut faire intervenir un philosophe allemand qui a in flu sur la th ologie allemande et dont on trouve la marque chez Joseph Ratzinger Wilhelm Dilthey 1833 1911 le p re de l herm neutique et de l historisme L herm neutique c
164. t non pas premi rement son acte mais d abord l tre Ces conceptions sont quand m me accessibles au sens commun en tant qu il est la philosophie de l tre en son tat rudimentaire Cela revient dire que les concepts des formules dogmatiques appartiennent la philosophie de l tre qui est le moment scientifique du sens commun s ensuit et c est v rifi par les faits que les philosophies id alistes qui rejettent la philosophie de l tre s cartent du sens commun et deviennent inaptes exprimer le dogme Enfin la philosophie de l tre apte dire le dogme n est pas une philosophie particuli re ni un syst me mais la philosophie de toujours la philosophia perennis pour citer Gottfried Wilhelm Leibniz 1646 1716 la philosophie h rit e de Platon et d Aristote Voici un beau t moignage rendu cette philosophie de l tre par Henri Bergson 1859 1941 qui sans tre thomiste n en tait pas pour autant ignorant des grands Grecs ni de saint Thomas De l immense difice construit par eux une charpente solide demeure et cette charpente dessine les grandes lignes d une m taphysique qui est croyons nous la m taphysique naturelle de l intelligence humaine La raison ultime de l aptitude de la philosophie de l tre d velopper le dogme c est leur harmonie pr tablie comme l a montr Newman LE POUVOIR D ASSIMILATION MOTEUR DU PROGR S DOCTRINAL SELON NEWMAN Cest John Henry Newman 1
165. t pluriel la dignit de la personne paraissait d j Mounier la seule base adapt e au large rassemblement des bonnes volont s R FUTATIONS SOPHISTIQUES En adoptant ce personnalisme politique l glise conciliaire adopte l id ologie ma onnique et renonce pr cher le Christ roi des nations L homme prend la place de Dieu Mais il vaut la peine dexaminer l argumentation de Beno t XVI La s paration de l glise et de l tat para t Beno t XVI la reprise nouveau du patrimoine plus profond de l glise Discours du 22 d cembre 2005 R ponse le patrimoine le plus profond de l glise est la soumission de l Etat au Christ Roi En priant pour les empereurs mais en refusant de les adorer l glise a rejet clairement la religion d tat bid R ponse elle a rejet la fausse religion d tat Les martyrs de l glise primitive sont morts pour leur foi dans le Dieu qui s est r v l en J sus Christ et pr cis ment ainsi ils sont morts pour la libert de conscience et pour la libert de professer leur foi bid R ponse ils sont morts pour la libert de la vraie foi et contre la libert de conscience Le patrimoine authentique de l glise n est pas la libert mais la v rit de J sus Christ et de l Eglise faut consid rer la libert de religion comme une cons quence intrins que de la v rit qui ne peut tre impos e de l ext rieur mais qui doi
166. thique inexistante sans en corriger la m taphysique de la personne Pour Wojtyla la personne se constitue par sa commu nion ou participation communication Teilhabe avec d autres personnes Personne et acte Freiburg Herder 1981 ch 7 n 9 p 311 et 341 La personne est relation ou tissu de relations N est ce pas un non sens La personne est par excellence une substance et non un accident ou une collection d ac cidents philosophiquement parlant La personne est ce qu il y a de plus parfait dans la nature explique saint Thomas Persona est perfectissimum in natura q 29 a 3 Il est vident que ce plus parfait est de subsister en soi m me et non en un autre Comme est donc pr cieuse la d finition de la personne par Bo ce et maintenue par saint Thomas Hoc nomen persona significat subsistentem in aliqua natura intellectuali le nom de personne signifie le subsistant d une nature intellective l q 39 a 3 obj 4 Or abandonnant ce sain r alisme tout un personnalisme adopte la d finition relationnelle de la personne Et l applica tion de cette d finition la vie sociale semble couler de source la communion dit Wojtyla n est pas quelque chose qui advient la personne de l ext rieur mais elle est l acte m me de la personne qui la dynamise et qui lui r v le dans l uni t avec l autre son int riorit de personne Rocco BUTTIGLIONE La Pens e de Karol Wojtyla Communio Fayard 1984 p
167. u il y a en Dieu des relations r elles subsistantes et distinctes la paternit la fi lation et la spiration et il conclut que ces trois relations constituent les trois personnes divines que la R v lation nous enseigne en effet explique t il le nom de personne signifie la distinction or en Dieu il n y a de distinction que par des relations d origine donc les trois personnes sont ces trois relations subsistantes Cette singuli re d duction se passe tout enti re dans la foi elle part dune v rit de foi les processions pour aboutir clairer cette autre v rit de foi les trois personnes La r ussite de la philosophie de la personne comme substance chez Thomas et l chec chez Beno t de la philosophie de la personne comme relation confirment la v rit de la premi re et la fausset de la seconde Quel dommage que le jeune Ratzinger se soit d tourn de saint Thomas d s ses tudes de s minariste comme il le raconte Ce personnalisme se rattachait mes yeux par lui m me la pens e de saint Augustin que je d couvris dans les Confessions avec toute sa passion et sa profondeur humaines En revanche j avais du mal comprendre saint Thomas d Aquin dont la logique cristalline me paraissait bien trop ferm e sur elle m me trop impersonnelle et trop st r otyp e Le fait est pourtant que saint Thomas pose bien davantage de questions que son ma tre saint Augustin mais qu la diff rence de ce dernier il l
168. u sage connais toi toi m me rev t un sens nouveau Chaque homme en di sant je prononce quelque chose d absolu de d finitif Ainsi l incarnation du Fils de Dieu devient le pi destal de l orgueil humain La personne absolue ind pendamment de ses actes sans consid ration de sa vertu ou de ses vices abstraction faite de sa restauration ou non dans l ordre surna turel verrait sa dignit inamissible magnifi e par le Dieu fait homme Nous avons ici un bel exemple du tournant huma niste ou anthropologique de la th ologie op r par Karl Rahner en Allemagne et par Henri de Lubac en France L anthropologisme th ologique de Joseph Ratzinger en est tr s voisin au lieu de la personne comme conscience de soi il opte pour la personne comme autod passement Mais la compr hension consciente de la v rit exprim e du dogme se poursuit chez cet auteur par une nouvelle compr hension du dogme de la r demption LE DOGME DE LA R DEMPTION REVU PAR L EXISTENTIALISME CHR TIEN Cest Gabriel Marcel 1889 1973 qui est l instrument de cette r vision D apr s ce philosophe fran ais existentialiste chr tien le d sint ressement et la disponibilit sans condition l gard d un autre de l autre fait acqu rir notre moi toute sa densit ontologique En cela Marcel est disciple de Scheler et voisin de Buber Selon Marcel le d vouement par son absolu d voile la personne de l tre absolu qui est Dieu seul capab
169. ugle de la seconde Elle comporterait ensuite une r g n ration mutuelle de la foi et de la rai son qui enrichirait la foi des valeurs lib rales d ment limit es de la raison des Lumi res et qui gagnerait la raison l coute de la foi d ment d cod e et transcrite en langage s cularis Et ce processus s tendrait universellement toutes les fois religieuses et toutes les rationalit s Sans r aliser un unique thos mondial p 27 on donnerait ainsi vigueur aux valeurs qui font tenir le monde Ne semble t il pas mon lecteur que ce qui maintient le monde ce ne sont ni les valeurs de Max Scheler ni l homme sujet de droits des Lumi res mais J sus Christ auteur r formateur et l vateur de lhumaine nature De fondement en effet nul n en peut poser d autre que celui qui est d j pos savoir J sus Christ 1 Co 3 11 Devant cette conviction que donne la foi chr tienne toute la construction quilibriste d un th ologien en chambre salva reveren tia s croule comme un ch teau de cartes comme s croulera le Nouvel Ordre Mondial qu elle veut servir A la raison s cularis e la foi n a qu une seule vraie parole Omnia instaurare in Christo tout ramener au chef le Christ Ep 1 10 REMERCIEMENTS En terminant cette tude je remercie mes confr res les abb s Beno t de Jorna et Jean Michel Gleize de leur intellec tuelle mulation tant m taphysique queccl siologique qui m a fourni
170. ui imbus de la philosophie de Kant et de celle des 19 et 20 si cles de Hegel Dilthey Husserl Heidegger Scheler Jaspers Bu ber Marcel Mounier et Maritain ont eu l ambition de purifier corriger enrichir la doctrine de la foi et d engendrer son progr s par sa relecture philosophique actualis e Au Moyen Age saint Thomas d Aquin avait heureusement r solu ce qui semblait alors une antinomie effectuer la synth se de la foi chr tienne et de la philosophie d Aristote Au 20 si cle il revenait para t il au concile Vatican Il et ses th ologiens de faire la synth se de la foi et de la philosophie nouvelle Sera it on aussi heureux avec la philosophie du Je ou celle du Je Tu que jadis avec la philosophie de l tre La philosophie de l autocoh rence ou celle de l in tersubjectivit seraient elles aussi f condes que celle de l ordre des tres et des fins Ces th ologiens ou plut t ces philosophes ont effectu en partie ce processus de synth se au Concile et comme ce la n a pas t un succ s ils l avouent ils veulent en poursuivre sans repentance l application Beno t XVI en a fait nouveau la th orie et en a proclam encore le programme dans son discours du 22 d cembre 2005 Or s il est vrai comme l a crit Joseph Ratzinger dans ses Principes de la th ologie que Vatican Il par Gaudium et spes a nonc une sorte de contre Syllabus dans la mesure o ce texte conciliaire repr sente un
171. ui est le souverain Bien En outre il nie l analogie entre le bien sensible objet du d sir et le bien honn te fin de la volont selon la philosophie p renne La notion de bien n est pas acquise partir de l exp 1 Primo in conceptione intellectus cadit ens quia secundum hoc unumquodque cognoscibile est in quantum est actu unde ens est proprium objectum intellectus et sic est primum intelligibile sicut sonus est primum audibile l q 5 a 2 7 rience sensible et l existence du souverain Bien est inconnaissable Qu est ce alors que la moralit Pour Kant l acte bon n est pas celui qui a un objet et une fin conformes la nature humaine inconnaissable et qui ordonne de soi l homme une fin ultime mais c est l agir dans l ind pendance de tout objet et de toute fin par pur devoir c est la bonne volont pure Ce qui fait que la bonne volont est telle dit il ce ne sont pas ses uvres ou ses succ s ce n est pas son ap titude atteindre tel ou tel but propos c est seulement le vouloir c est dire que c est en soi m me qu elle est bonne Fondements de la m taphysique des m urs 1785 Vrin traduction Delbos 1982 p 81 C est bien le refus de la cause finale la n gation du bien comme fin de nos actes et l exclusion de Dieu souverain Bien et souverain l gislateur C est la proclamation de l autonomie de la raison pratique C est la th orie allemande des Droits de l homme fran ais de 1789 C
172. ujet du sch ma sur les missions pr sent en octobre 1965 le p re Maurice Qu guiner sup rieur g n ral de la soci t des missions trang res de Paris avait r agi une telle opinion ll importe disait il de repousser d une mani re explicite l opinion de ceux qui condamnent l Eglise ne plus tre qu une petite entit minime dans le monde 146 congr gation g n rale C tait un homme de foi un missionnaire FACE AU SCEPTICISME LE REM DE SE TROUVE DANS SAINT THOMAS D AQUIN Le manque de foi dont souffre au contraire Beno t XVI s explique par son herm neutique Sa relecture mutuelle de la foi par la raison id aliste et de la raison par une foi moderniste n est qu une complicit Sa philosophie n est plus l instrument de la foi en qu te d intelligence mais la partenaire de la foi pour lui imposer ses lubies motionnelles Par son agnosticisme ignorant la nature et ses finalit s elle remplace la nature par la personne et supprime les causes finale et efficiente retournant en pleine barbarie Quant sa foi elle n est qu une relecture symbolique des dogmes selon les postulats de la sensibilit moderne Ainsi le Christ est plus un homme sublim que Dieu incarn Le p ch n offense pas Dieu et le p cheur n a pas se racheter La r demption sans fin ni efficience d finies n op re plus la justice envers Dieu Dieu n tant plus la fin ultime de la cit le Christ Roi est une erreur historique r parer
173. une nouvelle r flexion de ce type tait n cessaire Lisons le et accueillons le guid s par une juste 6 herm neutique Discours du 22 d cembre 2005 En bref saint Thomas n a pas condamn l aristot lisme malgr ses dangers mais il a su l accueillir le purifier et l ta blir dans une relation positive avec la foi C est tr s exact Eh bien Vatican II a fait pareillement il n a pas condam n le personnalisme mais il a su le recevoir et moyennant quelques purifications placer ainsi la foi dans une relation positive avec la forme de raison dominante au 20 si cle int grer le personnalisme la vision de l glise Reste sa voir si cette int gration est possible CHAPITRE 2 ITIN RAIRE PHILOSOPHIQUE DE JOSEPH RATZINGER DE KANT HEIDEGGER ITIN RAIRE INTELLECTUEL D UN S MINARISTE Quelle est donc cette forme de raison dominante qui a s duit le jeune Ratzinger et a d fi sa foi si bien qu il dut s efforcer de les concilier h ro quement Telle qu il l a tudi e dans sa jeunesse cl ricale elle part de l agnosticisme d Emmanuel Kant 1724 1804 Pour le philosophe de Koenigsberg nos id es g n rales ne tiennent pas leur n cessit de la nature des choses qui est inconnaissable mais de la seule raison et de ses cat gories a priori inn es de substance causalit etc La raison seule donne sa structure au r el et son intelligibilit Nous ne connaissons a priori c es
174. unt propinquiores Christo vel ante sicut Joannes vel post sicut Apostoli plenius mysteria fidei cognoverunt III q 1 a 7 obj 4 et ad 4 7 J RATZINGER Ma Vie souvenirs 1927 1977 p 87 14 zinger De m me qu en physique l observateur lui m me fait partie de l exp rience et que dans la r ponse se trouve toujours quelque chose de la question pos e et de la personne m me qui questionne de m me en th ologie celui qui s engage dans lexp rience re oit une r ponse qui ne refl te pas seulement Dieu mais aussi notre propre question elle nous apprend quelque chose sur Dieu par la r fraction travers notre propre tre Concernant la foi elle m me l objectivit pure n est pas davantage possible assure Joseph Ratzinger Quand quelqu un pr tend apporter une r ponse objective pure de toute passion une r ponse enfin qui d passe les pr jug s des gens pieux une information purement scientifique sur Dieu disons qu il se leurre lui m me Ce genre d objectivit est en dehors des possibilit s de l homme Il ne peut questionner et exister comme simple observateur Comme tel il n apprendra jamais rien Pour percevoir la r alit Dieu il faut galement s en gager dans l exp rience sur Dieu exp rience que nous appelons foi C est seulement en s y engageant qu on peut apprendre ce n est qu en participant l exp rience qu il est possible de poser v ritablement une question et de recevoir une r pon
175. ur Kant l itin raire intellectuel du jeune s minariste de Freising a men Joseph Ratzinger la philosophie moderne allemande Il le raconte dans ses m moires Conseill par mon a n Alfred L pple dit il je lus les deux tomes des fondements philosophiques de la th ologie morale de Steinb chel dont la nou velle dition venait de para tre Dans ce livre poursuit il je trouvai avant tout une excellente introduction la pens e de Heidegger et de Jas pers ainsi qu aux philosophies de Nietzsche Klages et Bergson Pour moi l ouvrage de Steinb chel La R volution de la pens e fut presque plus important De m me qu on croyait en physique pouvoir abandonner une conception m caniste et tablir une nouvelle ouverture sur l inconnu et par cons quent sur l Inconnu connu Dieu de m me pouvait on constater en philosophie un nouveau retour la m taphysique devenue inaccessible depuis Kant 8 On sait que le physicien Werner Karl Heisenberg 1901 1976 a labor en 1927 une th orie sur la position statistique des particules atomiques et mol culaires connue sous le nom de principe d incertitude En 1963 notre professeur de sciences physiques Paris Monsieur Buisson raillait l application que certains philosophes malavis s voulaient faire de cette th orie la substance et la nature lesquelles devraient tre d sormais consid r es comme ind termin es et donc instables Il est incroyable de voir comment
176. use des lumi res de ma propre recherche ou de la chaleur de ma relation inter personnelle avec le Christ du lien entre mon je et son Tu c est acqu rir du myst re une opinion au lieu d y adh rer tr s fermement de foi divine Ceux qui s adressent l glise pour demander la foi dit Mgr Lefebvre aux pr tres ont d j cette conviction que la foi que vous devez leur donner vient de Dieu Si donc ils se soumettent d j l autorit de Dieu ils ne deman dent plus qu une chose qu on leur apprenne ce que Dieu a dit Alors il faudra affirmer les v rit s de foi Les fi 1 Marin SOLA O P L volution homog ne du dogme 2 d Fribourg Suisse Lib Saint Paul t 1 1924 p 375 Pascendi n 54 Dz 2106 3 DTC Thomas d Aquin voir le sur l objectivit de son enseignement doctoral Mgr LEFEBVRE hom lie Juran on le 29 juillet 1979 34 d les attendent cela parce que dans cette affirmation de la foi c est toute l autorit de Dieu qui passe travers vous Ce n est pas votre opinion gratuite Ce n est pas votre autorit que vous mettez en avant c est l autorit de Dieu CHAPITRE 10 UN SUPERMODERNISME SCEPTIQUE Pour conclure je dirais que nous avons aujourd hui affaire un modernisme r nov perfectionn Les modernistes consid raient les dogmes comme des productions de l exp rience religieuse et comme de purs symboles servant re nouveler sans cesse cette exp rience
177. ussi malsaines mais il faut se demander si quelque chose d essentiel qui pourrait tre une aide n y tait pas contenu de quelque mani re Que veut dire of frir Ces personnes taient convaincues de pouvoir ins rer dans la grande compassion du Christ leurs petites peines qui entraient ainsi dans le tr sor de compassion dont le genre humain a besoin et de contribuer l conomie du bien de l amour entre les hommes Peut tre pourrions nous nous demander vraiment si une telle chose ne pourrait pas redevenir une perspective judicieuse pour nous aussi Spe salvi n 40 La timidit de ce peut tre et la nostalgie marqu e par ces imparfaits r p t s ne font que renforcer l vidence du changement de religion l offrande des peines n est plus ni r paratrice ni expiatrice car cela tait exag r et malsain elle est seulement un souci de compassion un esprit de solidarit c est dire de partage fraternel des souffrances des hommes dont l humanit a besoin pour sortir de la solitude du manque damour Cest ce titre seul de la solidarit que la nouvelle religion pourrait peut tre r cup rer cette offrande des peines ainsi d ment revue et corrig e par une droite herm neutique Vouloir fuir ou supprimer la souffrance ajoute Beno t XVI c est s enfoncer dans une existence vide o se trouve lt l obscure sensation du manque de sens et de la solitude Ce n est pas le fait d esquiver la souffrance
178. uste th ologiquement plus d tat de gr ce ni d tat de p ch mortel Tout p ch ou tat de p ch laisse place au salut pourvu que soit gard e l option fondamentale pour Dieu par la soif de puret l ouverture int rieure la v rit l amour Dieu Dans ce cas lexp rience chr tienne cons truite sur J sus Christ est un fondement qui ne peut plus tre enlev n 46 Une telle me pourra tre sauv e en passant par le feu qui consume les mauvaises uvres lbid 1 Co 3 12 En fin de compte Beno t XVI r dite l erreur protestante de l homme la fois juste et p cheur Il r dite aussi la th orie pourtant condamn e par son pr d cesseur Jean Paul dans lencyclique Veritatis splendor n 63 68 celle de l option fondamentale bonne qui emp cherait que les choix particuliers peccamineux ne rompissent la relation Dieu Contre cette erreur Jean Paul Il r affirmait la distinction entre p ch mortel et p ch v niel VS 69 70 D cid ment la religion de Beno t XVI est plus commode L ENFER TAT D ME L enfer c est les autres disait Jean Paul Sartre Beno t XVI prend le contre pied de cet go sme diabolique L enfer cest l go sme irr vocable celui de ceux qui ont d truit totalement en eux le d sir de la v rit et la disponibilit l amour Il explique Dans de semblables individus il n y aurait plus rien de rem diable et la destruction du bien serai
179. uver la voie de l acceptation de Dieu devrait chercher vivre et diriger sa vie comme si Dieu existait Voil la solution sociale pour amener l ordre dans le monde L homme devrait chercher vivre et organiser sa vie comme si Dieu existait non pas parce que Dieu existe et que J sus Christ est Dieu non C est l aboutissement ultime du modernisme Le modernisme conduit au scepticisme c est dire des chr tiens qui ne sont plus s rs de ce qu ils croient ils se contentent de conseiller agissez comme si vous croyiez Il me semble que ce scepticisme n est pas tranger au pessimisme que rec le une confidence de Joseph Ratzinger faite Peter Seewald en 1996 et qui s inspire de l id alisme conciliaire de l Eglise con ue comme le peuple messia nique qui garde souvent les apparences d un petit troupeau Lumen gentium n 9 b une glise germe d unit et qui devrait tre comme le sacrement de l unit du genre humain Lumen gentium n 1 et 9 c Peut tre devons nous dire adieu l id e d une glise rassemblant tous les peuples Il est possible que nous soyons au seuil d une nouvelle re constitu e tout autrement de l histoire de l glise o le christianisme existera plut t sous le signe du grain de s nev en petits groupes apparemment sans importance mais qui vivent inten s ment pour lutter contre le mal et implanter le bien dans le monde qui ouvrent la porte Dieu Au Concile au s
180. v lation non un ensemble de v rit s mais un acte ce qui ne s exclut pas et que le concept de R v lation implique toujours le sujet qui re oit l Eglise fait donc partie du concept de R v lation c est dire partie de la R v lation elle m me De m me le candidat l habilitation soutenait qu l Ecriture appartient le sujet qui la comprend l glise l Ecriture avec laquelle nous est d j donn le sens essentiel 1 JEAN PAUL II Veritatis splendor n 85 L ON XIII encyclique Libertas 20 juin 1888 n 8 3 Josef Rupert GEISELMANN Die katholische T binger Schule Freiburg Herder 1964 p 22 Josef Rupert GEISELMANN Die katholische T binger Schule p 36 5 DREY Apologetik p 377 378 Josef Rupert GEISELMANN Die katholische T binger Schule p 36 J RATZINGER Ma Vie souvenirs 1927 1977 p 82 7 J RATZINGER Ma Vie souvenirs 1927 1977 p 87 12 de la Tradition Et Joseph Ratzinger de conter tout bonnement comment son directeur de th se le professeur Michael Schmaus ne vit aucunement dans ces th ses la fid le restitution de la pens e de Bonaventure mais un dangereux modernisme en passe de faire du concept de la R v lation une notion subjective Or cette id e de la R v lation comme intervention divine dans l histoire et qui n est pas close par la mort du dernier des Ap tres mais qui se continue dans l glise qui en est le sujet r cepteur avait t r prouv
181. vie des hommes com men a tre mis rable dans le travail quotidien et dans des pleurs insupportables IlI fallait mettre un terme son 1 Des Ev ques disent la foi de l glise Paris Cerf 1978 p 229 230 Voir le Mitteilungsblatt de la Fraternit Sacerdotale Saint Pie X Stuttgart mai 2009 3 Esp rance de salut pour les enfants morts sans bapt me R flexions de la Commission th ologique internationale pu bli es par autorisation orale de Beno t XVI en avril 2007 n 2 38 malheur afin que la mort lui rend t ce que la vie avait perdu De fait l Eccl siastique le Siracide affirme que mieux vaut la mort qu une vie d amertume et l ternel repos qu une souffrance continuelle Si 30 17 Encore faut il que soit m rit l ternel repos dont l ennemi comme celui de la vie est le p ch Et Beno t XVI de souligner le paradoxe existentialiste de la mort D une part nous ne voudrions pas mourir d autre part nous ne d sirons m me pas cependant continuer exister de mani re illimit e et m me la terre n a pas t cr e dans cette perspective Spe salvi n 111 Je dirais que ce paradoxe n existe pas Pourvu que ce soit sans de trop grandes infirmit s quel homme ne d sire pas continuer vivre Le paradoxe est faux parce quil omet de mentionner que la mort est le salaire du p ch stipendium enim peccati mors Rm 6 23 Sans doute est il plus positif de voir la mort comme le rem
182. x futurs pr tres l tude de la philosophie que nous a l gu e le Docteur Ang lique Saint Pie X motu proprio Doctoris angelici 29 juin 1914 Face l impi t de ceux qui pr tendent par l herm neutique d gager des couches scl ros es du pass le patri moine plus profond de l glise reprenons notre compte le mot d ordre du v n rable Claude Fran ois Poullart des Places dont nous sommes h ritiers par l interm diaire du v n r p re Henri Le Floch et de S Exc Mgr Marcel Lefebvre Un clerc pieux sans science a un z le aveugle un clerc savant sans pi t est expos devenir h r tique et rebelle l Eglise Allions en nous la pi t le respect de la Tradition de l glise la science la th ologie thomiste afin de n tre ni avgles ni rebelles Que nous y aide la Vierge Marie Immacul e dans sa foi Elle est le bouclier de la foi le pilier de l ordre surnaturel Elle n est ni lib rale ni moderniste ni oecum niste Elle est allergique toutes les erreurs et plus forte raison aux h r sies et l apostasie C est aussi une question de go t la fureur sceptique nous pr f rons la ferveur thomiste 1J RATZINGER L Europe dans la crise des cultures conf rence Subiaco du 1 avril 2005 juste avant d tre lu pape Sienne Cantagalli 2005 J RATZINGER Le Sel de la terre Flammarion Cerf 1997 p 16 3 Mgr Marcel LEFEBVRE Conf rence Mortain 1947 Itin
183. ynth se qui transcende chacun de ces ph nom nes par un insaisissable plus En cette valeur sup rieure se d couvre la personne comme l unit concr te de l tre en ses actes La personne existe dans ses actes L amour fait atteindre la personne sa valeur la plus lev e dans l intersubjectivit o l amour partage le v cu de l autre et s en fait solidaire Le Concile s en inspirera pour d clarer L homme seule cr ature sur terre que Dieu a voulue pour elle m me ne peut pleinement se trouver que dans le don d sint ress de lui m me Gaudium et spes n 24 3 Voil une vue ph nom nologique de la charit bien propre Scheler Mais le danger est de r duire la r demption un acte de divine solidarit Joseph Ratzinger tombera dans ce travers Max Scheler va jusqu affirmer que Dieu a be soin de se communiquer d autres sinon la solidarit d sint ress e qui est de l essence de l amour ne serait pas au thentique en Lui Joseph Ratzinger appliquera cet exc s d intersubjectivit aux processions des personnes divines dans la Sainte Trinit Selon Scheler la personne n est pas seulement individuelle et irr p tible mais aussi plurielle et communicante Il est de son essence de faire partie dune communaut qui est un Miterleben un vivre avec une communion d exp rience Karol Wojtyla 1920 2005 le futur pape Jean Paul Il se fait ardent disciple de Scheler dont il veut suppl er l

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