FRANSSEN V4
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1. la responsabilit de l accompagnement est source de tensions En l tat actuel dans son parcours le jeune se trouve confront diff rents interlocuteurs qui peuvent chacun pr tendre de mani re l gitime tre le r f rent principal Entre le contrat de recherche active d emploi tabli v rifi et sanctionn par le facilitateur de l Onem avec le jeune la Construction de Projet professionnel tablie avec un conseiller d Actiris ou avec le r f rent d un op rateur comme les Missions Locales auquel cette facult a t accord e et le contrat de formation tabli pour le prestataire de formation la responsabilit de la mise l emploi que les services publics d emploi revendiquent comme une pr rogative mais qui est inh rente des dispositifs tels que les Ateliers de Formation par le Travail ou la Formation professionnelle individuelle en entreprise Deux conceptions sont en tension celle o l on a affaire une s rie de micro dispositifs int gr s charg s chacun d une mission globale tout en un d accompagnement de formation et de mise l emploi celle o l int gration est assur e dans le cadre d un parcours d insertion dont les prestations sont effectu es de mani re modulaire par une diversit d op rateurs chacun tant strictement appel ne pas d border de sa mission et dont la coh rence d ensemble est assur e tant du point de vue de la programmation2. relatif consensus appara t pour affirmer la n cessit de prendre en charge le jeune imm diatement sa premi re inscription l analyse des constats peut inviter un peu plus de nuances surtout si c t de l efficacit recherch e par l accompagnement une aspiration l efficience est aussi pr sente Plus de 10 000 jeunes conna tront au moins un jour l emploi dans les 90 jours calendrier de leur premi re inscription les accompagner d s le d but m rite un calcul du retour sur investissement 36 Voir notamment Orianne J F Moulaert T Maroy C Vandenberghe V Waltenberg F Mise en uvre locale des formules d activation des politiques de l emploi Gent academia 2004 ainsi que les travaux pionniers de Serge Paugam Paugam S La disqualification sociale Paris PUF 1991 37 R f rence Un autre regard sur les jeunes enlis s dans le ch mage recommandations et facteurs de r ussite pour l insertion des jeunes peu qualifi s Publication de la Fondation Roi Baudouin Co auteurs Darquenne Rapha l Van Hemel Line Franssen Abraham Struyven Ludo Vanderborgt Yannick 2009 19 7 Se donner les moyens de l valuation et du pilotage La septi me balise porte sur la n cessit d un pilotage r flexif et informationnel des transitions Sur le plan de la gouvernance l espace transitionnel bruxellois dans ses composantes comme dans ses articulations externes et internes est de facto un mod le polyc
3. d une incapacit temporaire ou d finitive d obtenir un revenu par le travail 14 Esping Andersen Gosta Les trois mondes de l Etat providence Essai sur le capitalisme moderne coll Le lien social d PUF 1999 1 Soulignons que les transitions ne concernent pas que les jeunes dans leur parcours entre entre leur formation initiale et l emploi tous les publics Dans une R gion comme Bruxelles caract ris e par de nombreux flux migratoires la pauvret et la pr carisation de l emploi bien d autres publics sont concern s par cet espace transitionnel entre leur formation initiale pas toujours reconnue ou tr s faible et l emploi De m me dans le cadre de la formation tout au long de la vie les allers retours ou la copr sence formation emploi sont appel s dans le cadre d une id ologie de la mobilit permanente se multiplier tout ge 16 Si cet espace transitionnel se constitue aussi comme un secteur propre qui se dote de ses propres acteurs et institutions il ne se laisse pas appr hender dans une logique classique de d coupage sectoriel et institutionnel Sur le plan de la r partition des comp tences on peut d ailleurs dire que l espace transitionnel de l insertion ne rel ve pas d un Minist re particulier mais s tablit aux intersections entre plusieurs comp tences et politiques de formation d emploi d int gration sociale Il en r sulte aussi que cet espace ne rel ve pas d une seule valeur de r f rence soli
4. du travail doit tre appr hend dans ses caract ristiques degr de r gulation des diff rents march s de l emploi types d emploi et formes contractuelles r partition des emplois par m tiers fonctions et qualifications identification des p nuries par secteur et fonctions etc Les entreprises participent la structuration du processus d insertion socioprofessionnelle par les interventions sur l offre de formation via divers organismes de liaison entre l entreprise et les syst mes d ducation et de formation et par les pratiques de mobilisation professionnelle via les modes de recrutement d embauche et de gestion de la main d uvre et les investissements de formation continue Ces deux pratiques d intervention sur l offre de formation et de mobilisation professionnelle constituent aujourd hui un fort agent r gulateur du processus d insertion sur le march du travail e Il importe d identifier la nature de la r gulation du march du travail contraintes l gales flexibilit et droit du travail Sur ce plan les travaux de Garonna amp Ryan 1989 ont permis d isoler trois modes d int gration des jeunes en fonction du type d organisation des march s du travail l int gration r glement e la formation initiale est acquise en alternance le plus souvent en apprentissage Son contenu comme le nombre de places offertes fait l objet de n gociations entre partenaires sociaux l exclusion s lective lors de leu
5. e de l insertion mesur es 6 mois apr s leur premi re inscription une tude du FOREM met en vidence que pr s de la moiti des jeunes 10 244 ne sont pas ins r s dans l emploi dans les 6 mois tandis que tous les autres ont connu au moins une premi re p riode d emploi voire une insertion durable dans l emploi C est donc un segment de la jeunesse qui cumule la fois les facteurs d favorables et les effets de rel gation s lection et cr mage tant sur le march de l emploi que parfois au sein m me de l espace transitionnel Dans un contexte de raret relative des ressources d accompagnement de formation de stages et surtout d emplois aid s ou non cette diff renciation progressive des publics tend s op rer de mani re syst mique et cumulative En cela apr s la premi re fonction de s lection hi rarchisation et de triage op r par le syst me scolaire l espace de l insertion op rerait comme un second bac de d cantation Au sein m me des diff rents groupes cibles ce sont les jeunes pr sentant le meilleur profil avec une importance forte des caract ristiques individuelles telles que la personnalit la sociabilit la motivation qui auront acc s aux dispositifs les plus gratifiants stage de qualit formation qualifiante et sauront le mieux en tirer parti Ces exp riences positives de transition agiront leur tour comme signal positif pour la suite de leur insertion professionn
6. e s au cours d une p riode de temps nous pr f rons le concept d espace transitionnel dans un sens inspir par les travaux des conomistes de la r gulation et des march s transitionnels du travail Nous nous rapprochons ainsi de la d finition de la transition retenue par l IWEPS et qui am ne prendre en compte la fois la structure ducative et celle du march de l emploi qui sont susceptibles d influer sur une p riode de transition entendue comme un processus qui peut tre plus ou moins long et plus ou moins agit Pour analyser ce processus il faut tenir compte de structures ou de processus au niveau macro mais aussi de variables individuelles associ es une transition plus ou moins ais e Enfin la dimension comparative peut permettre de situer un pays ou une r gion par rapport d autres entit s et partant de mieux en comprendre les sp cificit s et les enjeux Les travaux de Dupray et Gasquet 2003 confirment l int r t dans une perspective r gionale de l tude du contexte local en termes de structures du syst me ducatif du march du travail et de l environnement socio d mographique Il s agit donc de co penser l espace transitionnel dans ses articulations et aux diff rents niveaux Afin de clarifier l enchev trement des facteurs et des jeux d acteurs qui interviennent dans la transition des jeunes entre l enseignement et le march de l emploi nous proposons de p
7. rateurs hors service public d emploi cette volont de structuration croissante est en effet ressentie de mani re ambivalente entre reconnaissance de leur r le et sentiment de perte d autonomie et de sp cificit entre tablissement de liens de partenariat paritaires et liens de subordination fonctionnelle auxquels renvoient les notions d op rateurs de prestataires gt ou de missions d l gu es voire de sous traitants Il y a l une tension entre une conception plus tatiste de l action publique donnant la primaut aux pouvoirs publics dans la d finition du bien commun et l imposition de normes et une conception davantage n goci e avec les acteurs de la soci t civile La structuration de l espace transitionnel par l articulation des champs de la formation et de l insertion reste de plus inachev e la formation des Classes moyennes EFPME SFPME n est par exemple pas reprise dans les partenariats avec l op rateur public de formation Cette structuration n int gre pas plus ou si peu les acteurs de l enseignement qui participent de l espace transitionnel l Education pour adultes dispens e par l Enseignement de promotion sociale qui assure de fait une part importante de formation professionnelle Bruxelles mais galement l enseignement en alternance dispens par les CEFA voire les stages de l enseignement qualifiant de plein exercice En l tat actuel cette stru
8. ses formation information confiance en soi 7 causales et socialisation comportements et strat gies representations d hypoth ses ressources situation des diff rents d intervention Quelles sont les dimensions des autres acteurs sur acteurs et quels sontes lesquelles agit le dispositif par exemple repr sentations des employeurs modalit s d accueil du jeune en entreprise b n fiques pervers quantitatifs qualitatifs objectifs subjectifs COMMENT Il s agit de la question centrale Il s agit ici de EVALUATION en caract riser et de d crire finement le modus fonction des crit res operandi proc dures et processus outils concrets et de pratiques relationnelles d animation _effectivit PAR QUI efficacit Qui sont les intervenants profil formation Aeaee comp tences quipe pertinence d coh rence quit QUAND A quels moments de la trajectoires du jeune Avec quelle fr quence Dur e S quences OU Localisations des actions intra muros extra muros milieu de vie entreprise 13 effets voulus impr vus AVEC QUI Partenariats mode d changes entre acteurs structuration du r seau CARACTERISTIQUES INSTITUTIONNELLES ET ORGANISATIONNELLES PERTINENTES POINTS FORTS POINTS FAIBLES LEARNING EFFECTS interesting practices outils pratiques strat gies diff
9. d tudes d enqu tes d analyses d valuations de recherches d avis de donn es portant sur tel ou tel aspect ou telle ou telle composante et men es l initiative de tel ou tel acteur De m me les diff rentes institutions disposent de leurs propres bases de donn es et tudes sans que celles ci ne soient n cessairement accessibles ou compatibles entre elles pluralit des nomenclatures absence d identifiant unique permettant un croisement des donn es r tention d information par souci de protection institutionnelle Ce qui fait notamment d faut c est la capitalisation l organisation et la mise disposition de ces ressources informationnelles et cognitives morcel es ce qui entra ne une sous utilisation des usages partiels ou instrumentaux de l information et la r p tition de d marches de connaissance et d tat des lieux qui repartent chaque fois z ro Compte tenu notamment de la n cessit d une actualisation permanente quand un Wikip dia de l espace transitionnel A quand un laboratoire participatif des transitions qui par exemple en r gion bruxelloise permettrait aux diff rents acteurs concern s aux diff rents niveaux de responsabilit de co construire de mani re r flexive l action publique en mati re de transition des jeunes entre l enseignement et l emploi R f rences Bajoit G et Fransse A Les jeunes dans la comp tition culturelle Paris PUF 1995 Barbier J C Analyse co
10. de ces diff rentes prestations que du suivi transversal des parcours individuels par le Service Public R gional d Emploi C est en Wallonie la conception qui pr vaut en principe dans le cadre du DIISP Dispositif Int gr d Insertion SocioProfessionnelle Quoi qu il en soit des agencements institutionnels et organisationnels internes l espace transitionnel l enjeu central est d assurer les connections externes la fois en amont avec les syst mes d enseignement et de formation et en aval avec l emploi A d faut le risque est celui de la constitution d un espace social et institutionnel secondaire et semi autonome dans un enchev trement r ticulaire de dispositifs dans lequel se perdent les usagers les op rateurs et les gestionnaires eux m mes Le travail en r seau peut si l on n y prend garde favoriser des dynamiques de transfert et de circulation des individus passant d une prise en charge une autre au fil de trajectoires g r es dans les couloirs d un r seau interconnect de services et d institutions dans un espace social de compensation en marge de la soci t Une cons quence de la confusion li e au jeu crois des interventions peut d s lors tre l enlisement des situations prises dans l engrenage sans fin d une lt machine gestionnaire Mis en place pour favoriser et acc l rer la transition des jeunes vers l emploi l espace transitionnel court alors le risque de constituer un labyrinthe p
11. emploi La th orie de la segmentation distingue en g n ral du point de vue des employeurs le march interne et le march externe Le march interne n cessaire pour stabiliser une partie de la main d oeuvre r pondre la part constante de la demande et diminuer les co ts de gestion formation etc est de mani re id al typique caract ris par des contrats dur e ind termin e une r mun ration lev e une organisation syndicale forte une formation de qualit et des perspectives de carri re Le march externe n cessaire pour tre en capacit de faire varier le niveau de personnel afin d ajuster au mieux les capacit s de production la demande se caract rise par des emplois dur e d termin e temps partiel int rimaires etc 11 Vultur Mircea La structuration de l insertion professionnelle des jeunes par les modes de recrutement des entreprises in Les jeunes et le travail Sylvain Bourdon et Mircea Vultur dir 2007 Presses universitaires de Laval PP 129 153 12 Baye Hindryckx G Libon C Jaspar S 2005 Mesurer la transition entre l cole et la vie active en Wallonie cadre conceptuel et canevas d indicateurs internationaux Discussion Papers n 0505 IWEPS d cembre 2005 Les syst mes de protection sociale sont ici entendus classiquement comme l ensemble des m canismes redistributifs par la s curit sociale ou par l assistance sociale destin s aux populations s
12. intentions bienveillantes que le probl me de l exclusion ne concerne que les outsiders sans mettre leur situation en relation avec celle des insiders Cela reviendrait par analogie aborder les probl mes de l chec scolaire sans prendre en compte la distribution et la r partition des places op r es par l institution scolaire A terme cette premi re lecture des difficult s d insertion des jeunes peut conduire les intervenants privil gier une approche clinique de leurs publics en terme de diagnostic psychosocial de troubles de l employabilit de motivation et de personnalit La construction de cette lecture clinique est notamment mise en vidence par les recherches de Denis Castra propos des agents d insertion socioprofessionnelle 5 M me si comme le rel vent Baye A Hindryckx G Libon C et Jaspar S 2005 le concept n est pas si ais ment op rationnalisable I faut en effet s accorder sur ce que l on consid re comme le moment de sortie du syst me ducatif est ce la premi re sortie du syst me d ducation formel la sortie d finitive de ce syst me doit on seulement prendre en compte le syst me d ducation formel ou galement les formations non reconnues par un pouvoir central ou non sanctionn es par un dipl me Il faut galement d finir l entr e sur le march du travail est ce la premi re entr e dans l activit emploi ou ch mage la premi re entr e dans l emplo
13. l autre moiti de jeunes plusieurs trajectoires typiques doivent encore tre distingu es celle d un acc s diff r l emploi 13 celle ou c est la pr carit et le ch mage qui domine 22 celle de l exclusion et du retrait du march de travail 8 celle de la reprise d tudes 7 qui peut tre interpr t e comme une r action aux difficult s et aux insatisfactions li es l entr e dans la vie professionnelle On observe des diff rences sensibles en mati re d insertion dans l emploi en fonction du sexe du niveau d ducation de la nationalit et de la r gion de r sidence la participation des femmes l emploi est au d part semblable celle des hommes mais 18 elle diminue au fil du temps le taux d emploi des ressortissants non europ ens est faible et tend diminuer alors que celui des Belges augmente avec le temps avec le niveau de qualification c est la r gion de r sidence qui a le plus d influence sur les transitions de et vers l emploi En Belgique la combinaison scolarit emploi est rare L alternance ch mage emploi semble dominer la phase d insertion pour pr s d un jeune sur quatre plus d un sur dix conna t une p riode prolong e de ch mage avant d acc der l emploi Dans le m me sens sur base de la population des 22 000 jeunes de 18 25 ans qui se sont inscrits au FOREM r gion wallonne en juin octobre 2009 et en combinant le crit re de la vitesse et celui de la dur
14. sous l angle de la trajectoire individuelle et des plus ou moins grandes difficult s manque de comp tences obstacles handicaps qui s parent le jeune de l emploi De plus l action se d roule dans un espace d socialis un sous bois mettant en prise directe le jeune charg d attraper mains nues le l porid et l emploi bondissant On s en tient l la d finition classique de la transition comme le passage d un tat un autre d un point de d part signifi par la sortie du syst me d ducation formel avec ou sans certification et l entr e dans l emploi Produit par l organisme public charg de la formation et de l accompagnement des demandeurs d emploi en Wallonie pour promouvoir le plan Job Tonic qui vise transformer le stage d attente en tremplin pour l emploi ce message sugg re galement que l hypoth se d intervention se situe au niveau de l employabilit des jeunes qui doivent tre renforc s dans leurs comp tences aptitudes et strat gies l gard de l emploi Au del de cette illustration singuli re il s agit bien l de la r ponse dominante aujourd hui apport e par l action publique mise en oeuvre dans le cadre des politiques d accompagnement et d activation des demandeurs d emploi Ces politiques se focalisent sur les causes les plus imm diates et apparentes du manque d insertion socioprofessionnelle des jeunes leur manque de qualification de comp tences et de mo
15. thodologiquement c est souvent vu d en bas gt que s claire le mieux le fonctionnement pratique des institutions et des dispositifs l exp rience d un jeune en d crochage nous en dit autant sur le fonctionnement du syst me scolaire que les propos avis s d un p dagogue Il y a l mati re et ressource une autre analyse de l espace transitionnel la fois compl mentaire et en contrepoint aux savoirs et cadres cognitifs de l action publique Comment les jeunes s approprient ils les dispositifs qui leur sont destin s et les discours en particulier celui de l activation dont ils sont l objet et les destinataires Se conforment ils l image du jeune cherchant attraper Lucky Bunny le lapin virtuel qui dans le clip du FOREM symbolise l emploi convoit Il est important d tre conscient de la diversit des trajectoires de transitions des jeunes Comme le disait Bourdieu la jeunesse n est qu un mot tant ce vocable recouvre une h t rog n it de situations et de trajectoires Ainsi selon les donn es Eurostat en 2007 qui pr sentent des donn es agglom r es au niveau national pour pr s de la moiti des jeunes la transition entre enseignement et emploi n est pas probl matique la fin des tudes d bouchant sur un acc s rapide l emploi Sans surprise le niveau de dipl me obtenu reste le meilleur pr dicteur d une insertion rapide dans l emploi quoique diff r e par les ann es d tudes Parmi
16. 03 2007 Publication du SPF Int gration sociale cellule Politique des grandes villes Co auteurs CHAMPETIER Brice VAN HEMEL Line FRANSSEN Abraham STRUYVEN Ludo VANDERBORGT Yannick 2008 Cadre d analyse et d valuation de l action publique en r gion de Bruxelles Capitale en mati re de transition des jeunes entre l enseignement et l emploi Publication de la CCFEE 2009 FRANSSEN Abraham dir avec la collaboration de la CCFEE et de l Agence Alter Disponible sur www ccfee be Rapport 2009 sur l insertion des jeunes sur le march du travail Conseil Sup rieur de l Emploi Belgique Forem Analyse du march de l emploi et de la formation Rapport d tude juin 2009 L insertion au travail des jeunes demandeurs d emploi wallons sortis de l enseignement en 2008 21
17. STANNE gt S UNIVERSITAIRES ce F E E Commission Consultative Formation Emploi Enseignement De l insertion des jeunes loign s de l emploi la r gulation des transitions 7 balises pour appr hender les enjeux des transitions des jeunes entre enseignement et emploi Abraham Franssen R sum Dans un contexte de ch mage structurel des jeunes peu qualifi s la tendance de l action publique est de se focaliser sur les causes les plus imm diates et apparentes du manque d insertion socioprofessionnelle des demandeurs d emploi Elle vise pour l essentiel par la formation l accompagnement le contr le ou la cr ation directe d emplois aid s rapprocher les ch meurs de l emploi Ce faisant elle tend envisager la transition sous l angle des trajectoires individuelles plut t que dans la perspective d une nouvelle r gulation des rapports sociaux entre les diff rents acteurs de la formation de l insertion et de l emploi En s inspirant de l approche des march s transitionnels du travail on cherchera ici proposer sept balises pour appr hender cognitivement et politiquement les enjeux des transitions dans le contexte de la R gion bruxelloise L intuition g n rale qui sous tend le propos est qu il s agit de passer d une action publique centr e sur l insertion des jeunes une approche qui appr hende plus collectivement a r gulation des transitions Introduction La probl matique de la transition des j
18. amp d exp rience dont il est n cessaire de d gager les enseignements Cette investigation des pratiques est d autant plus indispensable que l espace transitionnel est un espace relativement neuf et h t rog ne en construction et en remaniement constant Il n y a pas un mode d emploi unique pour mener l emploi les jeunes qui en sont le plus loign s ni m me de livre de recettes consacr es Il faut donc aller dans les cuisines identifier les ingr dients soulever les couvercles des casseroles dans lesquelles se mijote de l employabilit et surtout observer et s entretenir avec les op rateurs qui s affairent pour recueillir leurs know how et les contextualiser Le tableau qui suit reprend sous forme de questions op rationnelles les principales dimensions de la description et de l analyse des dispositifs de transition Figure 4 Cadre d analyse des dispositifs de l espace transitionnel d di s aux publics jeunes POUR QUI Quels sont les jeunes touch s par le dispositif Quels sont les jeunes exclus qui d crochent Quels sont les jeunes non touch s gt degr de sp cialisation du groupe cible et prise en compte des effets de s lection AND SO WHAT Quels sont les impacts changement de comportements de SUR QUOI FOURQUOT Quelles sont les dimensions de l exp rience du Quelles sont les jeune sur lequel agit le dispositif par exemple hypoth
19. ans emploi ou hors de la population active Pour caract riser dans une approche comparative les diff rents syst mes de protection sociale Esping Andersen distingue trois mod les d Etat providence conservateur ou corporatiste social d mocrate et lib ral en fonction de leur degr de d marchandisation Au centre du sch ma se situe l espace transitionnel de l insertion Comme d j voqu pr c demment on peut entendre par l le sous syst me constitu par l ensemble des mesures des dispositifs et des instruments d lib r ment mis en place afin de favoriser les diff rentes transitions vers au sein et hors du march de l emploi et dans le cas qui nous occupe plus particuli rement les transitions des jeunes vers l emploi Par rapport aux autres composantes que sont le syst me scolaire le march de l emploi et le syst me de protection sociale il s agit d une composante secondaire de construction plus r cente et pr cis ment d velopp e en vue de r pondre aux insuffisances du fonctionnement et de l ajustement spontan des autres composantes C est en particulier pour r pondre au constat de la non insertion de jeunes entre l cole et le march de l emploi et celui des limites des syst mes de protection sociale que s est d velopp depuis une trentaine d ann es un champ de pratiques et d exp riences puis des dispositifs et des politiques visant favoriser leur transition et leur insertion f Cet espac
20. artir d un sch ma d ensemble et de distinguer diff rents niveaux d analyse 8 Bernard GAZIER S curiser les transitions in Vivianne Ch tel d Les temps des politiques sociales Academic Press Fribourg Res Socialis vol 34 2008 pp 95 115 Cit par Baye A Hindryckx G Libon C Jaspar S 2005 Mesurer la transition entre l cole et la vie active en Wallonie cadre conceptuel et canevas d indicateurs internationaux Discussion Papers n 0505 IWEPS d cembre 2005 Figure 1 Repr sentation sch matique de l espace de l action publique Enseignement Protection sociale Transition Emploi 1 2 March de l emploi secteurs qualifications type de r gulation types de contrats CDI CDT Int rim 3 Syst me de protection sociale assurance et assistance 1 Syst me 5 Jeunes scolaire slisati fili res et attentes niveaux strat gies 2 seaux Tendances transition d un mod le l autre I C1 Sch matiquement la question des transitions des jeunes entre l enseignement et le march de l emploi peut tre abord e partir de ses cinq principales composantes que sont 1 e syst me d enseignement 2 le march de l emploi 3 les syst mes de protection sociale 4 l espace transitionnel proprement dit constitu de l agencement des dispositifs formation insertion sp cifiquement destin s favoriser la tra
21. ation communication au colloque de l Universit populaire de Wallonie L insertion socioprofessionnelle du d sir au devoir de travailler Huy 5 novembre 2008 Niemeyer B De l cole l emploi Les dilemmes de la recherche comparative sur la transition en Europe Revue europ enne de formation professionnelle n 14 2007 Orianne J F Moulaert T Maroy C Vandenberghe V Waltenberg F Mise en uvre locale des formules d activation des politiques de l emploi Gent academia 2004 Orianne J F Politiques actives d emploi et professionnels de l employabilit critique et clinique Travail Emploi Formation n 6 2006 p 53 92 Paugam S La disqualification sociale Paris PUF 1991 Vultur Mircea La structuration de l insertion professionnelle des jeunes par les modes de recrutement des entreprises In Les jeunes et le travail Sylvain Bourdon et Mircea Vultur dir 2007 Presses universitaires de Laval PP 129 153 Rapports de recherche Un autre regard sur les jeunes enlis s dans le ch mage recommandations et facteurs de r ussite pour l insertion des jeunes peu qualifi s Publication de la Fondation Roi Baudouin Co auteurs DARQUENNe Rapha l Van HEMEL Line FRANSSEN Abraham STRUYVEN Ludo VANDERBORGT Yannick 2009 Bruxelles ISBN 13 978 2 87212 588 3 Disponible sur le site de la Fondation Roi Baudouin http www kbs frb be Evaluation des premiers emploi de la politique des grandes villes 20
22. colaires qui sont par ailleurs fortement ethnicis es 2 Pour 3 7 en Flandre et 5 2 en Wallonie 218 de la population active de la RBC a immigr r cemment 10 compris avec les employeurs et les institutions dont les jeunes sont la fois subjectivement les victimes et structurellement les acteurs domin s La prise en compte du jeu d ensemble implique galement de distinguer diff rents niveaux analytiques sans les hi rarchiser par un lien de d pendance causale mais en reconnaissant l autonomie relative entre un niveau d analyse macro sociologique portant sur les mod les nationaux et les tendances transnationales Etat partenaires sociaux acteurs conomiques et politiques transnationaux un niveau m so sociologique qui porte sur les relations entre acteurs collectifs et institutions de l enseignement de la formation de la protection sociale de l emploi au sein de l espace national ou r gional un niveau micro sociologique qui est celui de la saisie du modus operandi des dispositifs particuliers de transition l valuation des effets et de l impact d une mesure voire un niveau nano sociologique qui serait celui dont l individu est l unit d analyse individu au centre d une exp rience ou d une gestion identitaire et relationnelle dont il doit articuler diff rentes logiques d action potentiellement contradictoires tout au long de sa trajectoire biographique Ces diff rents niveaux d analyse constitu
23. cturation en un dispositif global et int gr d insertion socioprofessionnelle laisse donc pour le moins subsister un certain nombre de marges 28 Le dernier Etat des lieux de la formation professionnelle produit par la CCFEE estimait environ 43 000 le nombre d individus en formation dans l Enseignement de promotion sociale Bruxelles dont un peu plus de 30 de moins de 25 ans Voir tat des lieux de la formation professionnelle Bruxelles 2005 2006 CCFEE Bruxelles d cembre 2007 2 Notamment pour des publics qui ne sont plus sous obligation scolaire Ils constituent 38 de la population des CEFA en 2010 Voir La Formation en Alternance Bruxelles Rapport de synth se Isabelle Allinckx CCFEE f vrier 2011 p 10 15 de man uvre que l on pourrait selon les points de vue aussi qualifier de zones grises d incoh rences ou de points de tensions potentiels gt dans les relations entre les diff rents partenaires En effet les portes d entr e peuvent tre multiples m me si l inscription en tant que demandeur d emploi aupr s des services publics r gionaux est en principe devenue une condition d acc s nombre de dispositifs les philosophies et les modalit s d accompagnement propos s par les diff rents op rateurs peuvent tre sensiblement divergentes notamment dans le rapport plus ou moins assum la contrainte et dans la prise en compte ou non des dimensions hors travail
24. darit efficacit droit devoir d une seule logique d action et de crit res univoques rentabilit quit d valuation Il s agit donc d un espace la fois hybride et oxymore La mani re dont se caract risent et se combinent les diff rentes composantes va d finir les diff rents mod les nationaux de transition Concernant la situation des jeunes sur le march de l emploi dans les diff rents pays europ ens B atrix Niemeyer souligne l idiosyncrasie de chaque contexte national Des facteurs structurels et culturels comme la structure du syst me de formation professionnelle la responsabilit de l insertion professionnelle attribu e tant t aux pouvoirs publics tant t aux partenaires sociaux tant t aux familles la notion culturelle de la jeunesse comme p riode d autonomie et d panouissement comme pr paration la vie active ou encore l appr ciation sociale du ch mage des jeunes influencent de mani re d terminante la position relative et les dispositions subjectives des jeunes par rapport au march de l emploi Sur le plan des param tres de base qui d terminent la situation des jeunes dans l espace transitionnel entre l enseignement la protection sociale et l emploi le mod le belge se caract rise par un syst me scolaire qui pr tend au quasi monopole de la formation et de la qualification des jeunes en autonomie et en d calage par rapport au march de l emploi et ce malgr les mult
25. e transitionnel est constitu de dispositifs sp cifiques par exemple les OISP les missions locales etc au centre desquels se trouvent les services publics d emploi Enfin il est important de faire figurer dans le sch ma d analyse les premiers concern s savoir les jeunes en transition dans la mesure o ils sont bien videmment une composante essentielle de l espace transitionnel De leurs ressources et de leurs strat gies de leurs repr sentations et de leurs int r ts d pendent en partie les effets concrets des dispositifs qui leur sont destin s et parfois impos s Au del de l analyse de chacune des composantes et de leurs effets propres c est surtout leur agencement et donc leurs articulations qu il importe de prendre en compte Ces articulations peuvent tre distingu es aux diff rents niveaux entre les l ments constitutifs de chaque composante par exemple les articulations entre les les Services publics d emploi et les autres dispositifs sp cifiques constitutifs de l espace transitionnel ou entre les tablissements les options les fili res constitutifs du quasi march scolaire et entre les composantes prises de mani re bilat rale par exemple les articulations entre enseignement et march de l emploi o entre protection sociale et march de l emploi multilat rale ou globale 13 La protection sociale est d finie au sens du BIT comme arrangement collectif qui permet d amortir les effets
26. elle et leur stabilisation dans l emploi cercle vertueux A l inverse la fraction la plus pr caire de la jeunesse risque bien d tre dans l engrenage d un cercle vicieux d o l importance galement de pr voir des dispositifs effectivement destin s aux jeunes les plus d croch s tels qu ils sont Sur le plan qualitatif les tudes empiriques qui prennent la peine de comprendre les comportements de recherche d emploi constatent la pluralit des aspirations repr sentations et strat gies n goci es conformistes anomiques des jeunes l gard du travail tout en veillant une nouvelle fois ne pas r ifier ces cat gories mais bien en saisir la construction dynamique Ainsi par exemple la manque de motivation gt d une partie de leur public dont font tat de nombreux op rateurs de l insertion peut largement tre compris comme une adaptation secondaire aux premi res exp riences n gatives parfois anticip es de la recherche d emploi 33 Source Donn es Eurostat 2007 pour la Belgique cit e par le rapport 2009 sur l insertion des jeunes sur le march du travail Conseil Sup rieur de l Emploi Belgique 34 Forem Analyse du march de l emploi et de la formation Rapport d tude juin 2009 L insertion au travail des jeunes demandeurs d emploi wallons sortis de l enseignement en 2008 35 Sur base de ces donn es le rapport du FOREM conclut par l interpellation suivante une poque o un
27. ent par le profiling exhaustif et le matching int gral La limite de cette id ologie mobilitaire est qu elle tend accentuer la comp tition entre les individus ainsi chelonn s et cela au d triment des moins employables La course l employabilit ne fait qu accentuer la comp tition entre individus Le d classement des uns est toujours relatif au classement des autres Sur la vague de la comp tition et dans le passage de la lutte des classes la lutte des places il y a bien des surfeurs et des gal riens Je suis comme vous je ne sais pas de quoi demain sera fait dira na vement o cyniquement un jeune dirigeant d entreprise invit d battre avec un groupe de jeunes ch meurs peu qualifi s A l inverse de cette d r gulation des interm diations en faveur d un capitalisme liquide cherchant r aliser selon l expression vocatrice de Deleuze et Guattari une int grale des flux d cod s une approche positive des transitions plaide au contraire pour la construction de r gulations sp cifiques encastr es dans le tissu social et conomique local reposant sur l engagement conventionnel et contractuel des institutions des entreprises et des collectifs Dans cette perspective Bernard Gazier nonce 4 principes pour d finir ce que doivent tre des transitions positives x Elles doivent accro tre le pouvoir des personnes et des groupes qui les effectuent sur leur pr
28. ent galement autant de niveaux d action et de responsabilit diff rents Figure 3 les niveaux d action et de responsabilit dans les transitions La structure du L action publique et Les Les individus Syst me social et institutionnelle dispositifs pris un conomique un Niveau MACRO Niveau MESO Niveau MICRO Niveau NANO de la Les mod les et les Les strat gies Les dispositifs concrets trajectoire et de tendances Les instruments d exp rience Les articulations individuelle Responsabilit Responsabilit Responsabilit Responsabilit syst mique et politique organisationnelle individuelle collective et institutionnelle et interactionnelle Etat acteurs Les acteurs Op rateurs concrets Individus collectifs choix politiques centraux dimension l chelle internationale et interm diaires autorit s r gionales institutions instances de concertation organisations et agents des services publics d emploi et du secteur de l insertion Caract ristiques Repr sentations Strat gies nationale 3 R guler et s curiser les transitions La troisi me balise consiste ever l ambigu t v hicul e par la promotion d une approche en terme de transition En effet tout comme le discours et les dispositifs de l activation l approche par les transitions est ambivalente d une part elle peut tre guid e par la volont de supprimer toutes les interm diations et r
29. entr et multi niveaux marqu par la pluralit des instances de pilotage de concertation d avis Prise une une chacune de ses instances sa l gitimit et sa fonctionnalit propre Cette pluralit est en partie inh rente aux soci t s complexes et auto r flexives gt contemporaines Plus prosa quement elle renvoie surtout aux caract ristiques de la gouvernance europ enne du mod le politico institutionnel belge et aux sp cificit s bruxelloises Sans plaider pour un pilotage monopolistique qui serait contradictoire avec la nature m me de l espace transitionnel on peut tout le moins souhaiter une clarification du sch ma de gouvernance de l espace transitionnel en RBC Les articulations souhait es tant internes qu externes l espace transitionnels entre les mondes de l cole et de la formation ainsi que de l emploi dans une logique de r gulation des transitions n cessitent en R gion bruxelloise d imaginer un dispositif plus large permettant la concertation et l engagement r ciproque de l ensemble des acteurs afin d assurer un pilotage global et coh rent de ces diff rents secteurs en ce compris de l op rationnalisation de leurs actions La capacit de pilotage est galement tributaire de la qualit de l appui informationnel analytique et valuatif Sur ce plan galement une s rie d outils ont t mis en place ces derni res ann es dont l Observatoire de l Emploi Il existe une profusion
30. es par les buts de syst me quelles articulations entre les diff rents dispositifs et quelles connexions entre ceux ci et les composantes plus structurelles que sont le syst me scolaire d une part et le march de l emploi d autre part quel pilotage de ce r seau d action publique quel r f rentiel partag entre les divers intervenants quels instruments de connaissance quels outils et quelles pratiques d intervention L enjeu pour l action publique ainsi d ploy e est que l espace transitionnel constitue bien un tremplin et non un labyrinthe que le maillage des multiples mesures constitue un filet de protection et non une nasse En s inspirant de l approche des march s transitionnels du travail on cherchera ici proposer sept balises pour appr hender cognitivement et politiquement les enjeux des transitions en particulier dans le contexte de la R gion bruxelloise L intuition g n rale qui sous tend le propos est qu il s agit de passer d une action publique centr e sur l insertion des jeunes une approche qui appr hende plus collectivement a r gulation des transitions Pr cisons que l on se situera ici mi chemin entre le registre descriptif comment cela se passe le registre analytique pourquoi est ce que cela se passe comme cela et le registre prescriptif comment cela pourrait il se passer IWEPS d cembre 2005 1 Construire un diagnostic partag et expliciter les hypoth ses d interve
31. eunes entre l cole et la vie active s est progressivement impos e comme probl me social tout d abord comme objet d action publique ensuite d s lors que cette transition a perdu le caract re vident qu elle pouvait avoir jusque dans les ann es 70 dans le contexte d une croissance r guli re des emplois d une relative correspondance entre fili res d enseignement et d emploi et d une moindre exigence des conditions d acc s l emploi Comme le rel ve Claude Dubar pour que l insertion professionnelle devienne socialement probl matique il aura donc fallu trois coupures historiques celle qui s pare la formation de l activit professionnelle celle qui dissocie la sortie des tudes et l entr e au travail cr ant un espace interm diaire entre cole et entreprise et celle qui instaure la post adolescence qui court de l adolescence l ge adulte ge durant lequel le jeune doit lutter pour s ins rer professionnellement 1 Le pr sent article est pour l essentiel bas sur le rapport de la recherche exploratoire Cadre d analyse et d valuation de l action publique en r gion de Bruxelles Capitale en mati re de transition des jeunes entre l enseignement et l emploi Publication de la CCFEE 2009 FRANSSEN Abraham dir Disponible sur www ccfee be dans sa partie Travaux Transitions 2 Professeur aux Facult s universitaires Saint Louis Bruxelles Centre d tudes sociologiques franssen fusl ac be Ont
32. eux ci soient compatibles avec les objectifs vis s L explicitation de ces hypoth ses au fondement de l action publique est importante pour pouvoir valuer leur pertinence sur base des r sultats observ s Ainsi par exemple les hypoth ses d intervention au fondement d un dispositif comme la Convention Premier Emploi CPE auparavant emploi dit Rosetta pour lequel l employeur b n ficie d une r duction des charges s il engage un jeune peu qualifi sont que la r duction des charges aura un effet incitatif pour l engagement de jeunes peu qualifi s et qu en offrant ceux ci la possibilit d occuper rapidement un premier emploi on augmentera leur employabilit et leur probabilit de s ins rer sur le march de l emploi ordinaire L explicitation des ces hypoth ses et la construction d un diagnostic partag constituent donc un enjeu essentiel pour l action publique De mani re id al typique deux approches des transitions des jeunes vers l emploi peuvent tre distingu es les transitions comme trajectoires individuelles versus les transitions comme interd pendances 1 1 Les transitions comme trajectoires individuelles L image d un jeune tentant en vain d attraper Lucky Bunny illustre de mani re tragi comique les repr sentations dominantes de la situation des jeunes cherchant s ins rer sur la march de l emploi Dans ce clip Attrape Lucky Bunny produit par le FOREM pour faire la promotion du
33. galement contribu de mani re d terminante cette r flexion Donat Carlier et V ronique Degraef du secr tariat de LA CCFEE Sans pouvoir tre tenus pour responsables des limites de ce working paper ils doivent en tre cr dit s et remerci s de la gen se et du d veloppement au fil de version successives enrichies de leur relecture et suggestions 3 Cit par Baye Hindryckx G Libon C Jaspar S 2005 Mesurer la transition entre l cole et la vie active en Wallonie cadre conceptuel et canevas d indicateurs internationaux Discussion Papers n 0505 C est pour une partie significative des jeunes la persistance du ch mage du sous emploi et de mani re g n rale des difficult s s ins rer structurellement dans l emploi qui coupl e aux imp ratifs de ma trise des d penses sociales d augmentation du taux d activit voire de lutte contre la d linquance juv nile a conduit une mise l agenda de la probl matique de l insertion socioprofessionnelle partir du d but des ann es 80 En R gion bruxelloise et plus g n ralement en Belgique comme dans la plupart des soci t s occidentales confront es la persistance d un important taux ch mage en particulier parmi les jeunes peu qualifi s ces 25 derni res ann es ont vu la multiplication de dispositifs Convention Premier Emploi Programme de Transition Professionnelle Plan d accompagnement des demandeurs d emploi Missions locales Ateliers de Fo
34. gulations pour aboutir un march parfait l information transparente o l offre et la demande d emplois se rencontreraient dans un matching automatis d autre part et c est l option qui est ici d fendue l approche par les transitions peut conduire reconstruire des r gulations sp cifiques pour s curiser les transitions En effet travers les r formes et les volutions du march et des politiques de l emploi de la formation et des syst mes de protection sociale et partir de la promotion de notions comme l employabilit la flexibilit ou la flexicurit l harmonisation 2 Bajoit Guy et Franssen Abraham Les jeunes dans la comp tition culturelle Paris PUF 1995 233 Sch ma inspir de Li nard Georges Les dispositifs d accompagnement de suivi et de contr le des ch meurs ou l activation communication au colloque de l Universit populaire de Wallonie L insertion socioprofessionnelle du d sir au devoir de travailler Huy 5 novembre 2008 11 et la transf rabilit des comp tences le lt lifelong learning l activation diff rentes mesures et discours participent de la m me id ologie mobilitaire d un m me r f rentiel de l activation et de la transition g n ralis e Aux cloisonnements institutionnels et aux d coupages temporels et statutaires il s agit de substituer le principe d une mobilit continue des personnes vers et sur le marc
35. h du travail faisant de chaque individu un entrepreneur pluri actif de lui m me veillant son capital employabilit trouvant tout naturel de se r orienter de reprendre une formation Accompagnant les volutions propres au march de l emploi lui m me vers plus de flexbilit et la multiplication des emplois a typiques int rimaires temps partiel temporaires sous statut d ind pendant plut t que de salari cette promotion d un r f rentiel de la transition permanente et g n ralis e s effectue notamment par la syst matisation d instruments de mesure standardis s de l employabilit et de mise en quivalence des profils de comp tences afin de fluidifier les relations entre les syst mes d ducation de formation et le march de l emploi Des mesures telles que la mise en place d un cadre europ en de certification en vue permettre aux employeurs de mieux appr cier le profil le contenu et la pertinence des certifications propos es sur le march de l emploi l encouragement la validation des acquis de l exp rience et la formation continue participent de cet id al mobilitaire A l horizon de ces processus de mise en quivalence de mise en correspondance et de tra abilit et la faveur de l informatisation et de la connexion des bases de donn es des offres et des demandes d emploi pointe le fantasme googlelien gt d un march de l emploi rendu parfait et transpar
36. i ou encore l acc s un emploi stable terme qui suppose lui aussi une d finition en France et de Jean Fran ois Orianne partir d une recherche sur les conseillers en accompagnement professionnel du FOREM Bref on ne peut se limiter consid rer la situation de ceux qui sont l cart des normes sans s interroger sur la mani re dont ces normes sont construites socialement politiquement et souvent m me cautionn es scientifiquement par la production d indicateurs et de typologies de distance l emploi 1 2 Les transitions comme interd pendances La seconde lecture plus complexe des transitions des jeunes vers l emploi est inspir e de l approche des march s transitionnels Elle repose sur l hypoth se causale que les difficult s d insertion d une partie des jeunes sont la cons quence des logiques s gr gatives et comp titives sur les diff rents quasi march s scolaire de l emploi institutionnels et qu elles sont le r sultat des strat gies rationnelles mais non coordonn es des diff rents acteurs en pr sence Il s agit par cons quent d une lecture moins individuelle et plus relationnelle moins positiviste et plus constructiviste moins situationnelle et plus dynamique L insertion ou la non insertion sont ici appr hend es non pas comme le seul r sultat de caract ristiques individuelles des exclus gt mais comme le produit des relations interpersonnelles et des rapports plus
37. iale ou de la solidarit citoyenne Dans cette perspective l acc s l emploi doit tre analys comme la r sultante d interactions complexes qui se situent g n ralement deux niveaux au niveau institutionnel macro des politiques et dispositifs ins parables d une conjoncture 31 Orianne J F Moulaert T Maroy C Vandenberghe V Waltenberg F Mise en uvre locale des formules d activation des politiques de l emploi Gent academia 2004 32 Dubar Claude Entre ducation et travail les acteurs de l insertion ducation et Soci t s n 7 2001 1 17 historique d termin e et de points de vue soci taux sur les relations entre ducation et travail au niveau individuel micro des relations strat giques et compr hensives entre les acteurs d un syst me d action localis ou sectoriel Demazi re amp Dubar 1994 Les acteurs sociaux concrets d ploient des strat gies qui renvoient des int r ts mais aussi des valeurs des objectifs conomiques mais aussi des affinit s culturelles des ressources strat giques mais aussi des parcours biographiques Dans cette perspective galement une des missions et fonctions des interm diaires de l insertion et de la transition pourrait tre d identifier mobiliser et construire diff rents mondes de l insertion permettant de coordonner des acteurs de l entreprise des interm diaires de l emploi des partenaires duca
38. ilit critique et clinique Travail Emploi Formation n 6 2006 p 53 92 l emploi entre emploi et ch mage emploi et activit s domestiques emploi et retraite D autres cheminement sont bien s r possible par exemple entre ch mage et formation ou encore entre ch mage et activit s domestiques par exemple dans le cas des ch meurs d courag s ou exclus Sur le plan des hypoth ses d intervention il s agit par cons quent d appr hender ces diff rentes transitions dans leur ensemble plut t que de se focaliser sur une transition ou un groupe cible en particulier et de les mettre en relation Il convient d agir avec les personnes et sur les syst mes relationnels et pas seulement sur les personnes en favorisant des strat gies inclusives et coop ratives diff rents niveaux Au consensus excluant qui fait porter aux plus faibles la responsabilit de leur insertion il s agit de substituer la responsabilisation collective le degr de responsabilit de chacun des acteurs tant proportionnel son pouvoir social dans la r gulation des transitions 2 Appr hender l ensemble du syst me d action et _clarifier les niveaux de responsabilit La seconde balise consiste appr hender l ensemble du syst me d action et clarifier les niveaux de responsabilit Plut t que de se baser sur la notion qui appara t trop strictement biographique de transition gt comme succession de statuts ou de positions occup
39. iples initiatives de rapprochement formation en alternance comp tences centres de r f rences bassins de vie tout en tant fortement in galitaire et en chouant assurer une partie significative des jeunes de classes populaires les comp tences qualifications et certifications n cessaires pour acc der et se stabiliser sur le march de l emploi un march du travail relativement r gul niveau de salaire indexation d finition de l emploi convenable et prot g qui favorisent plut t la stabilit des salari s en place mais le d veloppement croissant des formes d emplois pr caires temporaires et partiels pour les jeunes peu qualifi s un syst me de protection sociale assurance ch mage et assistance sociale qui assurent une fonction de filet de s curit y compris pour les jeunes qui sont proportionnellement les plus nombreux en b n ficier une influence croissante mais encore comparativement relativement mod r e des tendances l uvre au niveau europ en activation formation tout au long de la vie flexibilit Certaines de ces caract ristiques sont exacerb es dans le contexte de la R gion bruxelloise dualisation du syst me scolaire d sindustrialisation et exigences fortes de qualification du march de l emploi Ces donn es sont galement contextualiser dans les dynamiques urbaines s gr gation spatiale logique de quartiers d mographiques et migratoires augmentati
40. lus qu un tremplin Les jeunes eux m mes deviennent parfois de v ritables sp cialistes de l ISP et 102 Le Dispositif s adresse des personnes ayant besoin de plusieurs d marches et actions pour atteindre leur objectif d insertion socioprofessionnelle Cela n cessite la fois un fil conducteur assur par le conseiller r f rent du FOREM et une articulation entre les actions des diff rents intervenants Extrait de la brochure de pr sentation du DIISP Vade Mecum destin aux op rateurs site du FOREM 16 vont de dispositifs en dispositifs sans jamais quitter le monde de l insertion pour rejoindre celui de l emploi stable cet gard il faut interroger les logiques qui consistent faire de la mise en mouvement une fin en soi Comme le soulignent Orianne Moulaert et Maroy dans les conclusions de leur recherche sur la mise en oeuvre des dispositifs d activation la premi re d rive consisterait d connecter totalement les finalit s subjectives du travail des professionnels travailler l employabilit des attentes politiques mettre l emploi autrement dit d connecter le lien entre le travail sur l employabilit et la mise l emploi dans ce cas le travail d insertion se r duirait une pure assistance psychologique d exclus du march du travail et le dispositif int gr d insertion ne serait plus qu un mode d emploi pour l employabilit Il est par cons quent essentiel de renforce
41. mparative de l activation de la protection sociale en France Grande Bretagne Allemagne et Danemark dans le cadre des lignes directrices de la strat gie europ enne pour l emploi Centre d tudes de l emploi 2006 rapport de recherche pour la DARES Baye A Hindryckx G Libon C Jaspar S 2005 Mesurer la transition entre l cole et la vie active en Wallonie cadre conceptuel et canevas d indicateurs internationaux Discussion Papers n 0505 IWEPS d cembre 2005 Bruxelles ISBN 13 978 2 87212 588 3 20 Castra D 2003 L insertion professionnelle des publics pr caires Paris PUF Le Travail humain 2003 Dubar C Entre ducation et travail les acteurs de l insertion ducation et Soci t s n 7 2001 1 Esping Andersen Gosta Les trois mondes de l Etat providence Essai sur le capitalisme moderne coll Le lien social d PUF 1999 Garonna P et Ryan P Le travail des jeunes les relations professionnelles et les relations sociales dans les conomies avanc es Formation Emploi n 25 1989 pp 78 90 Gazier B S curiser les transitions in Vivianne Ch tel d Les temps des politiques sociales Academic Press Fribourg Res Socialis vol 34 2008 pp 95 115 Knoepfel P Larrue C Varone F Analyse et pilotage des politiques publiques Verlag R egger Z rich 2006 p 144 Li nard G Les dispositifs d accompagnement de suivi et de contr le des ch meurs ou l activ
42. nsition des jeunes vers l emploi et 5 les jeunes eux m mes ainsi qu partir des articulations entre ces diff rentes composantes En amont les transitions renvoient directement l organisation et aux performances du syst me scolaire qui peut tre caract ris par son degr de standardisation l tendue et la nature de la diff renciation l int rieur du syst me d ducation et de formation les caract ristiques des trajectoires et r sultats des l ves niveaux de certifications atteints niveaux et types de comp tences acquises taux de r ussite et d chec r partition de la population scolaire entre les diff rentes fili res A l chelle des individus la corr lation entre le niveau d tudes et leur insertion dans la structure socioprofessionnelle est clairement tablie le risque d exposition l exp rience du 10 Ce sch ma ne pr sente qu une version tr s simplifi e chacune des composantes pourrait tre bien davantage d taill e dans sa structure et ses l ments constitutifs Chacune des composantes peut aussi tre abord e partir de l action publique sp cifique dont elle fait l objet ch mage et la pr carit stabilit dans l emploi sont directement fonction du niveau d tudes atteint En aval l insertion des jeunes dans l emploi est fonction des dynamiques et des caract ristiques du march de l emploi Au del des chiffres de l activit de l emploi et du ch mage le march
43. ntion La premi re balise consiste expliciter et clarifier le diagnostic et les hypoth ses qui sont au fondement de l action publique en mati re de transitions des jeunes entre l enseignement et l emploi En effet pour r soudre le probl me collectif identifi dans ce cas ci le sous emploi des jeunes peu qualifi s toute action publique repose implicitement ou explicitement sur une ou plusieurs hypoth ses causales et hypoth ses d intervention L hypoth se causale se traduit par des suppositions quant l encha nement des causes et des effets qui caract risent le probl me social r soudre Autrement dit quelle cause quel facteur ou quel acteur attribue t on de mani re dominante la responsabilit premi re du sous emploi des jeunes Il n est par exemple pas indiff rent d attribuer le sous emploi des jeunes leurs d ficits de comp tences et leurs strat gies erron es de recherche d emploi ou bien de l attribuer aux logiques et crit res de recrutement surqualification l embauche discriminations etc des employeurs Les hypoth ses d intervention tablissent quant elles comment le probl me collectif r soudre peut tre att nu voire r solu par l action publique et par les dispositifs mis en oeuvre Elles d finissent les strat gies mettre en uvre et les instruments appliquer pour influencer les d cisions et les activit s des groupes cibles d sign s de sorte que c
44. on de la population en ge de travailler de 13 7 en RBC entre 1997 et 2008 augmentation importante et pr visible des jeunes g n rations Bruxelles et solde migratoire positif et sociologiques in galit sociales et ethnicisation des rapports sociaux La situation sp cifique des jeunes dans l espace transitionnel Bruxelles doit aussi pour tre pleinement comprise prendre en compte les caract ristiques et les dynamiques socio culturelles et identitaires des jeunes eux m mes entre apathie et rage code de l honneur et consum risme orgueil et auto d valorisation strat gies utilitaristes et jeu perdant victimisation et menace dans leurs diff rents rapports sociaux g n rationnels ethniques de genre de classe La situation des jeunes n est pas que le r sultat d une somme de facteurs objectifs gt niveau de scolarit caract ristiques du march de l emploi elle est aussi le r sultat et l expression des jeux d acteurs y 17 Barbier J C Analyse comparative de l activation de la protection sociale en France Grande Bretagne Allemagne et Danemark dans le cadre des lignes directrices de la strat gie europ enne pour l emploi Centre d tudes de l emploi 2006 rapport de recherche pour la DARES 18 Niemeyer B De l cole l emploi Les dilemmes de la recherche comparative sur la transition en Europe Revue europ enne de formation professionnelle n 14 2007 1 In galit s sociales et s
45. opre carri re et largir l espace de leur propre choix La solidarit entre les diff rentes composantes de la soci t doit unifier leur gestion collective de mani re viter ce que les plus favoris s des travailleurs ne g rent pour leur compte des mobilit s confortables pendant que d autres en seraient r duits de mauvaises conditions transitionnelles La pratique du co financement doit tre instaur e chaque fois que c est possible afin d associer chaque partie prenante au succ s des transitions ainsi organis es Le management par objectifs doit permettre d affirmer une logique de d centralisation et d appropriation par les acteurs concern s Deleuze G Guattari F Mille Plateaux Capitalisme et schizophr nie 2 Les ditions de Minuit coll Critique Paris 1980 2 Bernard GAZIER S curiser les transitions in Vivianne Ch tel d Les temps des politiques sociales Academic Press Fribourg Res Socialis vol 34 2008 pp 95 115 12 4 Evaluer les dispositifs de transition et partager les enseignements La quatri me balise se situe au niveau de l analyse des dispositifs sp cifiques de l espace transitionnel Que faire et comment faire concr tement pour favoriser une transition positive des jeunes vers l emploi La multiplication des mesures et des dispositifs relevant de diff rentes logiques d intervention destin s des publics sp cifiques constitue un ch
46. ou au contraire son caract re clat et fragment Ces enjeux d articulation et de gouvernance sont d autant plus complexes que les diff rentes politiques strat gies et dispositifs se sont historiquement constitu s de mani re cloisonn e et dispers e en fonction des niveaux de pouvoir des d coupages de comp tences des initiatives des uns et des autres Comment coordonner l action publique en mati re d enseignement emploi formation protection sociale Plus sp cifiquement comment coordonner les diff rents acteurs et dispositifs de l espace transitionnel pour que leurs actions conjointes favorisent effectivement une transition positive des jeunes entre l enseignement et le march de l emploi C est l que se joue la fonction propre de l action politique dans son r le de r gulation et de pouvoir ensemblier charg de donner une coh rence et une continuit des strat gies et des dispositifs qui pris isol ment ont des effets propres limit s voire peuvent se r v ler contre productifs s ils sont mal agenc s A Bruxelles plus qu ailleurs l espace transitionnel est particuli rement dense et h t rog ne s tant constitu partir d une diversit d initiatives associatives ou publiques Il en r sulte un agencement multicouches multi op rateurs gt et multi logiques gt dont d aucuns critiquent le manque de lisibilit et la complexit Il est aujourd hui admis qu une meilleure st
47. plan Job Tonic proposant un accompagnement aux jeunes sans emploi on voit plusieurs dizaines de jeunes qui errent dans des sous bois Zoom sur l un d entre eux cach derri re un tronc d arbre qui guette l arriv e de Lucky Bunny sorte de lapin Duracell dop l rythropo tine lapin porte bonheur bleu huit pattes encore plus improbable qu un canard trois pattes et qui symbolise l emploi convoit Evidemment ce jeune est encore maladroit donc il marche sur une brindille ce qui alerte le lapin qui s chappe Sur l image on voit ce jeune qui s tale tandis que Lucky Bunny d tale Le tout se termine par une invitation si tu veux attraper Lucky Bunny rejoins le FOREM Jobtonic t y aidera L iconographie kitsch du jeune cherchant attraper Lucky Bunny est r v latrice de la premi re lecture la plus spontan e des difficult s rencontr es par les jeunes dans leur transition entre enseignement et emploi L hypoth se causale sous jacente en est que les difficult s d acc s l emploi sont li es aux d ficits d employabilit des jeunes 4 On reprend ici les d finitions propos es par Knoepfel P Larrue C Varone F Analyse et pilotage des politiques publiques Verlag R egger Z rich 2006 p 144 qualification profil motivations attitudes strat gies et leur loignement du march de l emploi Ce que sugg re le clip Lucky Bunny est que la transition peut tre appr hend e
48. r aux diff rents niveaux mais surtout au niveau op rationnel du parcours du jeune les connexions au march de l emploi dans ses diff rents segments emplois priv s marchands aid s ou non emplois publics emplois dans l conomie sociale Pour avoir du sens le parcours d insertion ne peut se contenter de conduire les jeunes au seuil de l emploi gt ou dans une antichambre il doit tre en mesure d assurer une perspective effective C est cette condition que l engagement contractuel des diff rentes parties dont le jeune peut tre fond et que peuvent tre clarifi es les responsabilit s de chacun Une piste f conde consiste bien identifier la pluralit des mondes sociaux de l insertion C est en effet un raccourci et une r duction que de parler du march du travail gt au singulier et de postuler que la rencontre des agents offreurs d emploi et demandeurs d emploi s effectue selon la seule rationalit conomique d ajustement de l offre et de la demande dans un mod le conom trique pur Comme le souligne Claude Dubar les parcours d insertion ne peuvent tre ramen s une logique unique une rationalit purement conomique Mais cela ne signifie pas que l insertion soit soumise au hasard et l clatement des conduites individuelles on peut rep rer des logiques socialement construites travers l exp rience familiale scolaire et relationnelle Ces logiques typiques d pendent certes des conte
49. r recrutement les salari s entrent dans l entreprise la base et progressent ensuite gr ce l anciennet et par promotion interne Dans ce syst me les qualifications ne sont pas transf rables et les salaires sont li s aux postes occup s et non aux caract ristiques des individus qui les occupent Les d butants d pourvus d exp rience par d finition sont en position d favorable pour acc der aux march s internes L acc s ces march s est restreint et s organise selon le mod le de la concurrence pour l emploi Les jeunes en d but de carri re professionnelle en sont le plus souvent exclus d o le terme d exclusion s lective Parmi les d butants ce sont les dipl mes ou les titres ainsi que le d but d exp rience d j accumul ailleurs qui ordonnent la file d attente pour l acc s aux march s internes la r gulation concurrentielle la rentabilit court terme qui est recherch e par les entreprises Dans un contexte de ch mage lev ces derni res font jouer plein r gime la concurrence entre actifs exp riment s ou d butants en exer ant une pression la baisse sur les salaires et en utilisant des formes flexibles de contrats de travail emplois dur e limit e postes temps partiel impos Les entreprises peuvent choisir d embaucher des jeunes moindre salaire plut t que des salari s adultes 1 e Il est galement n cessaire de caract riser la nature des segmentations du march de l
50. rmation par le Travail Contrat d int gration des CPAS visant permettre l insertion dans l emploi des jeunes et en particulier des jeunes peu qualifi s et ce tant l initiative des pouvoirs publics qu l initiative des partenaires sociaux ou d acteurs associatifs voire priv s Force est pourtant de constater qu apr s plus de 25 ans de politiques de lutte contre le ch mage celui ci demeure massif et structurel en particulier si l on consid re la situation sur le march de l emploi des jeunes en R gion bruxelloise Ce constat d sesp rant ne condamne pas n cessairement les actions entreprises on peut toujours se demander ce qu il serait advenu si cette action publique n avait pas t mise en place mais il appelle tout le moins se donner les moyens de l valuation et de la r flexion D autant plus que cette multiplication des dispositifs et leur enchev trement a conduit la constitution d un espace social et institutionnel sp cifique vou l insertion socioprofessionnelle et que l on peut qualifier d espace transitionnel Celui ci peut tre caract ris comme un r seau d action publique gt dans la mesure o il est constitu d une pluralit d acteurs en relation partageant des enjeux en commun tout en poursuivant des int r ts propres Aux questions pos es par la poursuite des buts de missions comment favoriser l insertion professionnelle des jeunes se superposent celles pos
51. ructuration des diff rentes strat gies et dispositifs est porteuse de diff rentes plus values diminution du nombre d intervenants 26 Voir notamment Un autre regard sur les jeunes enlis s dans le ch mage recommandations et facteurs de r ussite pour l insertion des jeunes peu qualifi s Publication de la Fondation Roi Baudouin Co auteurs DARQUENNe Rapha l VAN HEMEL Line FRANSSEN Abraham STRUYVEN Ludo VANDERBORGT Yannick 2009 Bruxelles ISBN 13 978 2 87212 588 3 Disponible sur le site de la Fondation Roi Baudouin http www kbs frb be La gouvernance tant ici entendue comme la capacit de pilotage et de mobilisation d une diversit d acteurs et de ressources publiques para publiques associatives priv es pour la poursuite et l atteinte de finalit s En l occurrence on peut m me faire r f rence la notion de gouvernance niveaux multiples 14 clarification des r les partenariats facilit s compl mentarit des services meilleure visibilit pour les demandeurs d emploi et pour les employeurs En l tat actuel cette structuration du r seau est assur e par diff rents instruments et outils Par le r le de r gisseur ensemblier gt confi Actiris et Bruxelles Formation qui sont respectivement pour l accompagnement et la formation destin s g rer et structurer le syst me de l insertion socioprofessionnelle bruxellois via l tablissement de conventions de partenaria
52. syst miques entre les diff rents acteurs qui constituent ensemble l espace transitionnel Les jeunes concern s certes mais galement leurs interlocuteurs imm diats que sont notamment les conseillers emploi des services publics d emploi les contr leurs de l ONEM les formateurs des organismes d insertion socioprofessionnelle et sans doute de mani re plus d cisive encore les enseignants qu ils ont connus lors de leur scolarit et les employeurs par lesquels ils ont du mal se faire reconnaitre Ces interactions imm diates prennent videmment place dans un contexte et un ensemble social plus large sous tendus par des rapports sociaux structurels entre individus et groupes sociaux diff renci s par l ge rapports inter g n rationnels le sexe rapports sociaux de genre l origine rapports ethniques le capital scolaire classement scolaire etc C est dans un contexte donn la position relative occup e par les diff rents groupes dans ces diff rents espaces sociaux concurrentiels qui va d terminer quelles seront les chances de chacun Cette lutte des places et les effets de marginalisation des individus et des groupes disposant du moins de ressources sont exacerb s dans un contexte de d ficit structurel d emploi de raret relative des moyens et de gouvernance chaotique Bref la marginalit n est pas une situation c est un rapport social ou plut t un enchev trement de rapports sociaux se d ployant diff rents ni
53. t avec les diff rents op rateurs Par l int gration formelle des diff rentes actions et interventions autour du concept de parcours d insertion gt cens baliser la fois les diff rents types d action formation g n raliste pr qualifiante qualifiante aide la recherche d emploi et d tapes parcourir par les usagers Par les concertations locales qui sont organis es sur base zonale 6 zones La mise en place de Maisons de l Emploi regroupant un ensemble d op rateurs en vue de simplifier les services aux demandeurs d emploi a pour but de renforcer cette structuration des partenariats cette fois ci au niveau communal 19 communes Par la circulation de l information entre partenaires via le r seau des plates formes pour l emploi RPE destin l am lioration de la gestion des flux des publics via l change d informations entre op rateurs sur les parcours des personnes De mani re g n rale cette structuration croissante marque le passage des projets pilotes au dispositif d ensemble Elle est permise et va de pair avec le renforcement d une logique gestionnaire et de rationalisation syst matisation des proc dures homog n isation des r f rents mise en r seau des donn es et information souci de tra abilit des donn es et des usagers Il faut toutefois souligner les ambigu t s inh rentes aux r f rences au travail en r seau et en partenariat Du point de vue des op
54. tifs et des segments de jeunes socialement identifiables 6 Prendre en compte les mondes v cus des jeunes La sixi me balise consiste prendre en compte dans le cadre d analyse comme dans l action publique les mondes v cus des jeunes en transition En effet pour une part parfois d terminante les trajectoires des personnes chappent aux parcours balis s Non seulement les dispositifs n ont pas toujours l effet escompt ils peuvent m me avoir des effets pervers lorsqu ils sont v cus comme une preuve d motivante stigmatisante ou sans issue mais surtout ils ne repr sentent du point de vue des individus qu une partie parfois minime et p riph rique de leur exp rience sociale C est ailleurs gt que cela se passe souvent dans les rapports familiaux dans les dynamiques souterraines de la sociabilit juv nile dans le rapport de soi soi dans tout ce qui conditionne et influence leurs repr sentations et leurs strat gies l gard des institutions sociales et du march de l emploi Le point de vue des planificateurs et des op rateurs n est jamais celui des usagers Au moment de chercher valuer une action publique en vue de l am liorer il est donc essentiel de ne pas tre prisonnier des cat gories institu es celle de la l galit et des conceptions dominantes de la normalit sociale La conception de la vie bonne dont sont porteuses les institutions n est pas forc ment celle des individus M
55. tivation pour l emploi lui m me mais galement voire prioritairement pour la recherche d emploi Elle vise pour l essentiel par la formation l accompagnement le contr le rapprocher les jeunes de l emploi Il s agit de capaciter motiver former et informer inciter et le cas ch ant contraindre les personnes via l accompagnement et le contr le En R gion bruxelloise la g n ralisation du dispositif de CPP gt Construction de projet professionnel d sormais rendu obligatoire pour tous les jeunes demandeurs d emploi de moins de 25 ans en commen ant par ceux qui sortent de l cole et qui consiste pour l essentiel proposer imposer un accompagnement coaching bilan de comp tence orientation formation aide la recherche d emploi est une autre application de cette premi re lecture de la probl matique de la transition des jeunes vers l emploi On peut d ailleurs remarquer que dans le clip du FOREM seuls les jeunes chercheurs d emploi sont pr sents comme s ils taient les seuls concern s par les enjeux de transition C est participer l du tropisme des institutions qui tendent consid rer que les probl mes d chec de d crochage de d saffiliation sociale sont intrins quement li s aux caract ristiques et aux d ficits de leurs publics sans prendre en compte la dimension collective institutionnelle et relationnelle de ces probl mes A ce titre on en viendrait consid rer souvent avec des
56. user Au del du cadre formel de description et d valuation quelques le ons peuvent d j tre d gag es de l valuation de plusieurs dispositifs Il s agit notamment de privil gier les dispositifs intensifs et les trajets courts vers l emploi Un des paradoxes des parcours d insertion est qu ils tendent s allonger d autant plus que le jeune est moins qualifi Or pr cis ment ce sont ces jeunes qui sont souvent les plus r tifs la reproduction de logiques d apprentissage formel et d insertion diff r e sur le march de l emploi En ce sens la comparaison de diff rents dispositifs d insertion permet de souligner l importance du caract re intensif du dispositif et des possibilit s effectives d insertion dans l emploi qu il propose voire des quasi garanties en la mati re Une fois l insertion amorc e on soulignera tout autant l importance de la poursuite d un accompagnement dans l emploi permettant une triangulation de la relation employeur stagiaire employ 5 Assurer les connexions internes et externes de l espace transitionnel La cinqui me balise porte sur l tablissement des connexions internes et externes l espace transitionnel Au del de chacune des composantes principales enseignement syst me de protection sociale march de l emploi et des dispositifs de transition consid r s un un c est bien la la fa on de les articuler ou non qui d termine la coh rence d ensemble de l action publique
57. veaux Pr cisons pour viter tout malentendu que les jeunes sont galement acteurs de ce jeu relationnel et structurel m me si c est comme acteurs faibles dont les strat gies rel vent parfois de l adaptation secondaire Il ne s agit donc pas de passer d une responsabilisation culpabilisante une victimisation complaisante mais finalement tout aussi m prisantes l une que l autre Cette seconde lecture se fonde galement sur la prise en compte des interd pendances entre les diff rentes transitions Comme l indique Bernard Gazier ma mobilit d pend de la v tre autrement dit les transitions font syst me et agir sur elles suppose de rep rer puis de modifier leur syst me global Cinq champs principaux de transition balisent l espace de circulation transitions entre formation et emploi l int rieur de Communication de Denis CASTRA au colloque du CERISIS 18 octobre 2005 Voir aussi CASTRA D L insertion professionnelle des publics pr caires Paris PUF Le Travail humain 2003 7 Jean Fran ois ORIANNE met notamment en vidence les ritournelles par lesquelles les nouveaux m tiers ici les Conseillers en Accompagnement Professionnel tracent les fronti res de leur r le Le sens de notre travail ce n est pas de trouver des solutions Le sens de notre travail c est pas n cessairement que les gens travaillent Orianne J F Politiques actives d emploi et professionnels de l employab
58. xtes conomiques de l insertion mais elles sont aussi des croyances plus ou moins partag es par des cat gories d acteurs ducatifs professionnels mais aussi interm diaires de l insertion formateurs m diateurs conseillers coordinateurs C est pourquoi les recherches parviennent parfois reconstruire des fili res ou des r seaux au sein desquels tous les acteurs partagent la m me logique ou du moins des logiques compatibles entre lesquelles se construisent des compromis aboutissant telle ou telle forme d emploi et telle ou telle mani re de recruter Le monde de l apprentissage des petites et moyennes entreprises de la formation sur le tas des relations locales de voisinage n est pas le monde de l administration des concours des formations universitaires g n rales et de l emploi bureaucratique vie Ces deux mondes diff rent galement de celui de la grande entreprise comp titive de la concurrence sur les emplois r gul e par des cabinets de recrutement et la logique de la comp tence ou de l expertise Quant au monde des dispositifs publics d insertion des stages d attente et des professionnels de la relation d aide il est souvent le plus loign des segments du march du travail au sein desquels se font les recrutements ordinaires C est la raison pour laquelle il n est fr quemment connect qu des formes diverses d emplois aid s parmi les plus pr caires relevant de l conomie soc
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