L`emploi de l`ANI
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1. L accord du 11 janvier 2013 et le projet de loit qui le transpose ne visent pas a priori cr er des emplois il s agit comme son intitul l indique de les s curiser Mais l un et l autre reposent sur une th se implicite depuis longtemps d fendue notamment par le Medef selon laquelle le march du travail fran ais serait trop rigide et que ce sont ses rigidit s qui expliqueraient ses mauvaises performances en termes de cr ations d emploi Cette th se appara t de mani re assez claire dans l tude d impact qui voque d entr e un march du travail qui d truit des emplois On peut penser que les destructions d emplois sont plut t le fait de la r cession et qu elles ont t d ailleurs inf rieures ce qu on aurait pu attendre compte tenu des comportements observ s sur la p riode d avant crise Cette m me th se est r affirm e quand l tude d impact crit que le retour de la croissance ne r soudra pas lui seul les Cette note reprend l intervention faite une table ronde organis e le 27 f vrier 2013 par la Commission des affaires sociales de l Assembl e nationale en pr sence de ean Marc Germain d put et rapporteur du projet de loi Elle est reprise dans le tome Il du rapport Germain Assembl e nationale rapport n 847 27 mars 2013 Avant projet de loi relatif la s curisation de l emploi 11 f vrier 2013 Etude d impact du projet de loi relatif la s curisation de l em2. de l ge du salari ou de la taille de l entreprise Le calibrage pr cis des mesures pr vues par l accord interprofessionnel est donc renvoy un accord entre partenaires sociaux au sein de l Unedic La question du chiffrage et donc de l impact sur l quilibre financier du r gime est en tout tat de cause impr cis Lors des n gociations les partenaires sociaux avaient leur disposition une valuation manant du Medef et chiffrant 155 millions d euros les surcotisations et 110 millions d euros les exon rations laissant ainsi un solde positif de 45 millions d euros pour l Unedic On peut s tonner de l impr cision des valuations manant des pouvoirs publics Elles ont t fournies dans l tude d impact et elles se bornent donner une fourchette assortie de nombreuses r serves qui serait de 150 200 millions d euros dans les deux cas Cette m me tude d impact ne fournit par ailleurs aucune valuation des effets attendus sur les statuts d emploi Elle se borne noncer que les dispositifs permettront de r duire d un c t le nombre de contrats pr caires sur le march du travail et de l autre le ch mage des jeunes de moins de 26 ans Toute la question est de savoir quel sera l effet de telles incitations La modicit des sommes en jeu 0 03 de la masse salariale du secteur priv est une premi re source de scepticisme La possibilit d chapper la surcotisation par un
3. rim apparaissent comme fortement substituables dans l industrie mais aussi dans le tertiaire en d pit d un moindre recours l int rim graphique 3 Graphique 3 CDD et int rim Tertiaire Industrie CDD cart la tendance Int rim chelle droite CDD cart la tendance Int rim chelle droite a z A Pa KESETIAAN EELER ELAJA EEFE kS EISSA A EEC EAR LEITT El 1 4 TTT Ed dl EE EEE F1 PE le EE EAU 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2000 PER 00 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 CDD de moins d un mois Sources Acoss Dares 3 L accord d finit il une politique de l emploi coh rente La n gociation entre partenaires sociaux a t initi e par la conf rence sociale de juillet 2012 qui a d bouch sur une feuille de route puis sur un document d orientation en septembre 2012 qui cadrait de mani re assez pr cise la n gociation Mais dans le m me temps le gouvernement mettait en place une s rie de dispositifs emplois d avenir contrats de g n ration CICE cr dit d imp t comp titivit emploi Or l articulation entre ces mesures et l accord du 11 janvier 2013 n est pas vraiment assur e Le contrat de g n ration en fournit un premier exemple Ce dernier pr voit des exon rations de cotisations pour les embauches en CDI de moins de 26 ans coupl avec le maintien dans l emploi d un
4. Entre ces deux dates mais on pourrait remonter jusqu en 1978 les mauvaises ann es de conjoncture effacent les cr ations d emploi 2 1997 2002 passage aux 35 heures L emploi marchand franchit une marche d escalier de pr s de deux millions d emplois 12012 21006 rattrapage des 35 heures Les employeurs engrangent des gains de productivit z ro emploi cr Mais les emplois cr s lors du passage aux 35 heures r sistent 4 2006 2008 reprise de l emploi Les mesures prises lors de la phase pr c dente pour rattraper les 35 heures ne peuvent tre prolong es 500 000 emplois sont cr s 5 2008 2009 r cession Elle annule peu de choses pr s les cr ations d emploi de la phase pr c dente 6 2010 2011 mini reprise L emploi repart la hausse 250000 emplois cr s 1 2012 r cession bis L emploi repart la baisse et revient la case d part avec 16 1 millions d emplois au 2 me trimestre 2012 contre 15 9 millions au 2 me trimestre 2002 7 L emploi marchand en baisse au deuxi me trimestre 2012 Informations Rapides n 220 Insee 11 septembre 2012
5. a a A SA a a N N N aa a a a a aa a a Na N a a aa a a a a a a aa a a a a a 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 Source Insee calculs propres En France selon les estimations de l OFCE le d lai moyen d ajustement de l emploi une variation de l activit tait en 2009 de 3 1 trimestres soit un d lai quivalent celui du Royaume Uni 3 trimestres et nettement inf rieur celui de l Allemagne 5 1 ou de l Italie 5 9 Par ailleurs l OFCE value le taux de ch mage conjoncturel 4 6 points en 2012 ce qui veut dire que l on pourrait baisser d autant le taux de ch mage observ avant de buter sur des contraintes d ordre structurel La fluidit du march du travail peut enfin se mesurer par le taux de rotation de la main d oeuvre la demi somme des entr es et des sorties sur le march du travail On observe une forte corr lation entre cet indicateur et le volume de valeur ajout e graphique 2 Autrement dit la rotation de la main d oeuvre augmente quand l activit augmente et stagne ou diminue dans le cas contraire La flexibilit du march du travail ainsi mesur e est donc une grandeur essentiellement conjoncturelle Cependant le secteur tertiaire qui regroupe la majorit des salari s fait apparaitre une forte acc l ration du taux de rotation partir du d but de la crise La d b cle de l aust rit Perspectives 2012 2013 Revue
6. contrat de travail l g rement sup rieur 3 mois en est une deuxi me Mais ce ne sont pas les seules Les contrats d usage ne devraient supporter qu une faible surcotisation 0 5 point alors qu ils repr sentent la majorit des CDD de moins d un mois 17 de ces embauches se font par exemple dans le secteur de l h tellerie et de la restauration A l int rieur de ce m me secteur 70 des embauches se font en CDD de moins d un mois Les secteurs concern s par les CDD d usage sont les suivants exploitations foresti res r paration navale d m nagement h tellerie et restauration centres de loisirs et de vacances sport professionnel spectacles action culturelle audiovisuel production cin matographique dition phonographique enseignement information activit s d enqu te et de sondage entreposage et stockage de la viande b timent et travaux publics pour les chantiers l tranger activit s de coop ration d assistance technique d ing nierie et de recherche l tranger activit s d insertion par l activit conomique recherche scientifique r alis e dans le cadre d une convention internationale arrangement administratif international pris en application d une telle convention chercheurs trangers r sidant temporairement en France activit s foraines Il existe enfin un risque de substitution avec l int rim qui n est pas couvert par le dispositif Or le recours au CDD de moins d un mois et l int
7. sans qu aucune r gle ne soit fix e dans l affectation du cr dit d imp t En conclusion il faut videmment noter l originalit du processus qui conduit d un accord sign entre partenaires sociaux sa transcription dans la loi et le code du travail Mais en contrepartie cette d marche fait appara tre un certain d sengagement de l Etat qui aurait pu par exemple choisir de r ellement taxer le recours aux formes d emploi pr caires au lieu de renvoyer une nouvelle n gociation des partenaires sociaux au sein de l Unedic Cet assemblage fait obstacle l affirmation d une politique publique de l emploi coh rente Annexe 1 RTT et cr ations d emplois une approche empirique L effet des 35 heures sur l emploi a donn lieu une abondante litt rature Sans proposer ici une valuation mod lis e on se borne ici mettre en perspective la p riode des 35 heures pour montrer quel point elle est exceptionnelle du point de vue de la cr ation d emplois Le graphique ci dessus montre que l emploi dans le secteur priv a alors franchi une marche d escalier de pr s de 2 millions d emplois et que ces emplois sont p rennes graphique 5 Graphique 5 L emploi dans le secteur priv 1990 2012 emploi uuu tendance Source Dares Les donn es de l Insee pour le deuxi me trimestre 2012 permettent de retracer une p riodisation en sept temps d in gale dur e 1 1990 1997 stagnation de l emploi
8. senior qui peuvent aller jusqu 4000 euros par an pendant trois ans Comment combiner ce dispositif avec l exon ration de cotisation pour les embauches en CDI de jeunes de moins de 26 ans Mais l exemple le plus frappant concerne les accords de maintien dans l emploi Le projet de loi voque de mani re assez floue la question de la contribution des actionnaires et des dirigeants l effort demand aux salari s en change d un maintien de l emploi pendant deux ans Mais ils soul vent aussi un autre probl me quelle sera la contribution du cr dit d imp t qui comme l indique son intitul vise non seulement la comp titivit mais aussi l emploi Sur le premier point le projet de loi est assez vasif Son article 12 pr cise que l accord de maintien dans l emploi pr voit les conditions dans lesquelles les dirigeants salari s exer ant des responsabilit s dans le p rim tre de l accord Feuille de route de la grande conf rence sociale juillet 2012 Pour une meilleure s curisation de l emploi document d orientation n gociation nationale interprofessionnelle 7 septembre 2012 participent aux efforts demand s aux salari s notamment en termes de r mun ration au sens de l article L 3221 3 pr voit galement des dispositions quivalentes pour la r mun ration des mandataires sociaux et le versement des dividendes aux actionnaires Or cette disposition ne tient pas compte de la progression expon
9. L emploi de l ANI note hussonet n 59 9 mars 2013 L accord national interprofessionnel du 11 janvier 2013 pour un nouveau mod le conomique et social au service de la comp titivit des entreprises et de la s curisation de l emploi et des parcours professionnels des salari s va tre transpos sous forme d une loi qui devrait en respecter les principales orientations Cette contribution cherche proposer un clairage sur les effets que l on peut en attendre sur l emploi L auteur de ces lignes est conomiste l Institut de Recherches Economiques et Sociales Ires un organisme au service des organisations syndicales repr sentatives des travailleurs ce qui implique que ce texte est centr sur la dimension conomique et qu il ne repr sente pas une position de l Ires compte tenu des fortes divergences d appr ciation entre organisations syndicales signataires et non signataires de l accord Ce rapide examen n abordera que trois des principales mesures savoir du c t de la s curisation l augmentation de cotisation sur les CDD du c t de la flexibilit la surcotisation sur les emplois pr caires du c t de la comp titivit les accords de maintien dans l emploi II sera centr sur trois questions quels effets sur l emploi quels effets sur les statuts d emploi quelle articulation avec les politiques publiques de l emploi 1 L accord peut il cr er des emplois
10. de l OFCE n 125 octobre 2012 Graphique 2 Taux de rotation de la main d oeuvre et valeur ajout e A Tertiaire B Industrie ml Taux de rotation Valeur ajout e chelle droite Taux de rotation Valeur ajout e chelle droite y 3 4 r rr D D A 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 Source Dares La crise actuelle est beaucoup plus qu une forte fluctuation cyclique Elle est le sympt me de ruptures plus profondes que l on ne peut traiter en agissant seulement sur le profil conjoncturel des volutions de l emploi La p riode qui s ouvre moyen terme risque d tre caract ris e par une configuration in dite associant une croissance m diocre un rattrapage des gains de productivit et le maintien d une croissance soutenue de la population active Une telle configuration porteuse d un ch mage structurel durable n est pas prise en compte par les dispositifs du projet de loi Enfin mais en annexe seulement il n est pas inutile de rappeler que 70 des 2 4 millions d emplois cr s au cours des trente derni res ann es l ont t lors du passage aux 35 heures entre 1997 et 2002 Le th me de la r duction de la dur e du travail n est abord e par l accord que sous la forme d voy e de l activit partielle L accord peut il faire reculer la pr carit L observation de la structure des d clarations d embauches depuis une d cennie tableau 1 co
11. entielle des dividendes nets vers s par les soci t s non financi res ils repr sentent 13 de leur masse salariale en 2013 contre 4 au d but des ann es 1980 Le taux de marge des entreprises est un l ment de leur comp titivit la crise l a fait reculer mais cette baisse est en r alit permanente depuis le d but des ann es 1980 si l on raisonne sur le taux de large disponible hors dividendes graphique 4 Dans l industrie la baisse du taux de marge peut tre observ e depuis plus longtemps mais les donn es disponibles ne permettent pas de savoir dans quelle proportion la mont e des dividendes a contribu cette d gradation Graphique 4 Taux de marge des soci t s non financi res Taux de marge a u P Taux de marge disponible a 0 a na na a a a m b a L an ee Me M Mn Pa M 1950 1955 1960 1965 1970 1975 1980 1985 1990 1995 2000 2005 2010 Source Insee Le second point plus important encore en pratique porte sur l articulation avec le CICE Le projet de loi contient un amendement stipulant que les d l gu s du personnel sont inform s et consult s sur les conditions d utilisation du cr dit d imp t Autrement dit il n existe pas vraiment de mode d emploi du CICE ni de conditionnalit aux aides ainsi accord es Et cette absence est particuli rement frappante dans le cas des accords de maintien de l emploi o des efforts seront demand s aux salari s
12. nduit aux constats suivants e Les embauches en CDI sont de plus en plus minoritaires une embauche sur sept seulement fin 2012 e Les embauches sur CDD de plus d un mois reculent aussi e Les embauches sur CDD de moins d un mois deviennent la nouvelle norme et repr sentent plus des deux tiers 67 6 des embauches fin 2012 contre moins de la moiti 49 en 2000 Tableau 1 Structure des d clarations d embauches d embauches en ler trimestre 2000 4 me trimestre 2012 CDD plus d un mois CDD moins d un mois 49 0 67 6 Source ACOSS L accord du 11 janvier pr voit une surcotisation employeur pour les contrats courts qui devrait s appliquer au ler juillet 2013 Elle serait de 3 points pour les CDD de moins d un mois 1 5 point pour les CDD compris entre 1 et 3 mois et 0 5 point pour les CDD d usage de moins de 3 mois En sens inverse l embauche d un jeune de moins de 26 ans en CDI serait assortie pour l employeur d une exon ration de cotisation pendant une p riode de 3 4 ans L article L 5422 12 du code du travail dit que les taux des contributions et de l allocation sont calcul s de mani re garantir l quilibre financier du r gime Le projet de loi lui ajoute un alin a stipulant que les accords pr vus l article L 5422 20 peuvent majorer ou minorer les taux des contributions en fonction de la nature du contrat de travail de sa dur e du motif de recours ce type de contrat
13. ploi mars 2013 probl mes structurels du march du travail en France la s curisation des parcours professionnels constitue un levier puissant pour s y attaquer Cette premi re section est donc consacr e un examen critique de cette th se sous jacente Elle se heurte en premier lieu un argument semi th orique qui rel ve presque du bon sens on peut admettre que la flexibilit conduit une plus grande r activit de l emploi l activit conomique on embauche plus vite parce qu on sait qu on pourra licencier facilement mais il n y a aucune raison que cela permette de cr er plus d emplois sur moyen terme On peut le v rifier au moyen d un exercice tr s simple qui compare l volution effective de l emploi ce qu elle aurait t en supposant une adaptation instantan e l emploi d sir obtenu en rapportant le Pib instantan la productivit tendancielle Cette comparaison montre que les variations de l emploi ainsi simul es sont de plus grande ampleur la hausse mais aussi la baisse de telle sorte qu en niveau les deux courbes se rejoignent r guli rement la fin de chaque cycle conjoncturel graphique 1 Graphique 1 Emploi observ et emploi simul avec adaptation instantan e A Taux de croissance B Niveaux observ ajustement instantan observ ajustement instantan DS D EE EE SD ES Na a a a a Naa N a a a a a a a aa a a a a a a a a N
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