Écrire, lire, chanter dans l`Europe médiévale
Contents
1. Andrieux Reix Nelly Rythmes de diction Une hypoth se pour interpr ter certaines pauses dans l criture la main du fran ais Faits de langues Revue de Linguistique 13 1999 pp 99 109 Anheim Etienne Une controverse m di vale sur la musique la d cr tale Docta sanctorum de Jean XXII et le d bat sur l A4rs Nova dans les ann es 1320 Revue Mabillon n s t 11 t 72 2000 pp 221 245 Aubert Eduardo Henrik Le son et le sens L Ordo ad consecrandum et coronandum regem vers 1250 Annales HSS mars avril 2007 2 pp 387 411 Banniard Michel Viva voce Communication crite et communication orale du IV au IX si cle en Occident latin Paris tudes Augustiniennes 1902 Beare William Latin Verse and European Song Study in Accent and Rhythm London Methuen 1957 Bell Nicolas La place de la musique parmi les arts lib raux pendant le Moyen ge tardif in Les repr sentations de la musique au Moyen ge Cahiers du Mus e de la Musique 6 2005 pp 31 38 crire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt 133 Bischoff Frank M Le rythme du scribe Analyse s rielle de la densit de l criture dans les vangiles d Henri le Lion Histoire et Mesure 1996 XI 1 2 pp 53 91 Bourgain Pascale La composition et l quilibre de la phrase narrative au onzi me si cle in Michael W Herren C J McDonough and Ross G Arthur eds Latin Cult2. avec un th oricien comme Jean de Murs le nom significatif de musica mensurabilis Le trait d Alb ric inaugure ainsi une p riode de grande cr ativit o po sie et musique sont indissociables Plusieurs trait s importants ponctuent cette p riode c est le cas d s le d but du XII si cle de deux trait s anonymes De rithmico dictamine et Regulae de rithmis suivis au XIII si cle par l uvre de Jean de Garlande v 1195 1272 Autour de 1200 Notre Dame de Paris appara t comme le principal foyer de cr ation de musique liturgique avec L onin puis P rotin que l on conna t travers une rapide mention de l v que Eudes de Sully en 1198 et les louanges plus tardives d un de leurs continuateurs l Anonyme IV vers 1275 Plusieurs collections manuscrites Biblioteca Laurentiana de Florence Wolfenb ttel Montpellier entre autres 55 H DAVIS The De ritmis of Alberic of Monte Cassino A Critical Edition Medieval Studies XXVIII 1966 pp 198 277 56 Margot FASSLER Accent Meter and Rhythm op cit pp 164 190 Craig WRIGHT Music and Ceremony at Notre Dame of Paris 500 1500 Cambridge Cambridge University Press 1989 Jacques VIRET L cole de Notre Dame et ses conduits polyphoniques 1170 1230 tude historique et musicologique dition pratique de textes musicaux Lyon ditions C ur Joie 2001 Olivier CULLIN La musique Notre Dame un manifeste artistique et son paradox
3. taient dict s La confrontation de ces mains dans un m me manuscrit parfois sur une m me page renseigne de la mani re la plus concr te sur les rythmes du travail du scriptorium on voit mat riellement s inscrire sur le parchemin parfois sur le m me folio le travail d quipe et les interventions successives des scribes dont les mains se distinguent clairement par la forme des lettres leur inclinaison le gras du trait la fr quence des abr viations etc On devine sans pouvoir en donner la mesure que la rapidit de l criture devait elle aussi varier de l un l autre 7 Voir la reproduction de quelques grands types d criture usit s du VI au XV si cle dans Le Livre au Moyen ge op cit pp 50 51 8 Aliza COHEN MUSHLIN The Twelfth Century Scriptorium at Frankenthal in 106 BASES AUS L criture est un exercice physique qu on ne peut poursuivre durablement et correctement qu en l accordant avec le rythme de la respiration et m me les battements du c ur le ductus qui trace la lettre g n ralement en deux temps cons cutifs d inspiration et d expiration entre lesquels la main reste un instant suspendue en Pair int gre la physiologie de lacte d crire De nombreux auteurs monastiques signalent la p nibilit de ce labor un mot qui d signe la fois le travail et l preuve et aussi la fatigue et la distraction qui menacent le scribe copi dans le monast re
4. C est au IN si cle que les caract res latins commencent tre utilis s pour crire d autres langues qui acc dent ainsi au statut et la dignit de langues de communication lettr e Cette histoire se poursuit sous nos yeux puisque c est en caract res latins que s crivent des langues aussi diverses et loign es du latin que le hongrois ou le vietnamien Dans la seconde moiti du D si cle le roi anglo saxon Alfred le Grand t 899 a fait traduire dans sa langue mais en caract res latins les Dialogues de Gr goire le Grand l Histoire eccl siastique du peuple anglais de B de le V n rable la Consolation de la philosophie de Bo ce et il a fait crire la Chronique saxonne qui relate son r gne Pour la premi re fois de 2 Parmi les nombreuses tudes consacr es ce th me voir r cemment Mark CHINCA and Christopher YOUNG eds Orality and Literacy in the Middle Ages Essays on a Conjunction and Its Consequences in Honour of D H Green Turnhout Brepols 2005 Utrecht Studies in Medieval Literacy 102 SAS AUS mani re aussi nette on prend conscience que la langue latine et l criture latine sont deux r alit s distinctes C est le constat que fait aussi Nithard dans son Histoire des fils de Louis le Pieux en transcrivant les Serments de Strasbourg 842 en langue romane et en langue tudesque mais dans les m mes caract res latins que le reste de sa chronique latine trois langues diff re
5. F QE Zell S SAltrwtbmet BAZ AP zg 5 XX AR Gaz do ASLEA 10 Saal ds ENE HO HD 1I HS att SUITE elei BRAA BE BAIA MAIA da Hole Sal AA Zoe JAAA IA LA BUS oo ae Ze ach Stop HEPA leit Aake al FAO AIS S i z t A OLA deel HAE dall Zell 2 SRE AA d Sid NAP dictamen SPE Oke 1R BAISE AFAA Ae asi JEA AFAA AAA M AAA EE gd 3 AALE mIRE A G 13A deel Mail EA Add PAA FA 971 EA Sn TAAA HARES TAIE e Le PAE HA 9 A HAS ES SAHT FHH M7 cire H7 lire 1215H chanter A geste corps T H SEO 2013 11 06 HAH 2013 11 13 AAEH 2013 11 24
6. Michel Parisse Paris cole des chartes 1993 pp 123 136 Sur Pierre de la Vigne Beno t GR VIN op cit p 279 20 E J POLAK A Textual Study of Jacques de Dinant s Summa dictaminis Gen ve Droz 1975 pp 70 74 12 FAASIES AUS yeux mais mieux encore elle engage le corps tout entier et en particulier la sonorit de la voix La lecture m di vale est avant tout au Moyen ge une lecture haute voix qui fait chanter la page crite au point que certains auteurs m di vaux parlent des voces paginarum des voix qui r sonnent la lecture d une page Ces voix sont au moins au nombre de trois celle de l auteur du texte celle des autorit s bibliques ou patristiques qu il cite qui parlent ou chantent travers lui celle du lecteur enfin qui marmonne le texte le fredonne ou le proclame voix haute Toutefois la naissance du codex puis la s paration des mots les changements de l criture le d veloppement de la ponctuation ont impliqu de nouvelles attitudes de lecture notamment dans le cas des crits de nature religieuse Dans ce contexte la lecture silencieuse n est pas n cessairement exclue elle peut m me soutenir un v ritable dialogue entre soi et Dieu qui passe par la m diation de la lettre D s la fin du DN si cle saint Augustin dans un passage fameux des Confessions observe que son ma tre Ambroise de Milan lisait chez lui silencieusement tacite r p te t il par deux fois se
7. cursus m di val est fond sur l accent d intensit Le cursus remonte au 1 si cle mais il se transforme profond ment au cours du Moyen ge Paul Zumthor a bien r sum cette volution Initialement fond sur les oppositions de syllabes longues et de syllabes br ves il se transforma peu peu en m me temps que triomphait dans la prononciation l accent d intensit en un art des cadences a S enracinant dans une tradition antique lars dictaminis a diffus le nouveau cursus partir des monast res du XI si cle d abord en Italie du Sud avec Alb ric du Mont Cassin Breviarum de dictamine puis en France 14 Michael CLANCHY From Memory to Written Record England 1066 1307 Cambridge Mass Harvard University Press 1979 ee ed Oxford 1993 pp 29 59 15 William BEARE Latin Verse and European Song A Study in Accent and Rhythm London Methuen 1957 p 218 16 Paul ZUMTHOR La lettre et la voix De la litt rature m di vale Paris ditions du Seuil 1987 p 193 10 RASE AUS Orl ans et en Italie Bologne dans le milieu des juristes o s illustrent Buoncompagno puis Guido Faba qui se montrent particuli rement soucieux de combiner la th orie et la pratique Leur successeur direct est Jacques de Dinant auteur d une Summa dictaminis entre 1282 et 1295 Le cursus caract rise notamment les chancelleries pontificale et imp riale sous Fr d ric ID qui en font un ins
8. de Silos entre 1073 et 1109 l un des manuscrits du Commentaire de l Apocalypse de Beatus de Liebana donne cet avertissement Celui qui ne conna t pas le m tier de copiste pense qu il ne s agit pas d un travail Si toutefois tu d sires le savoir en d tail je te montrerai tout ce que Pacte d crire a de p nible et de pesant Il obscurcit la vue courbe le dos brise les c tes et le ventre et endolorit les reins le d go t envahit le corps en entier Un scribe de l abbaye de Corbie lui fait cho Bien que la plume soit tenue par trois doigts seulement c est tout le corps qui travaille Ainsi l entr e du port n est pas plus agr able au navigateur que D I 5 II la derni re ligne du manuscrit au scriptor fatigu Des tudes statistiques ont mis en vidence les variations infinit simales mais r guli res de la densit de l criture d une m me main et dans un m me Medieval Book Production Assessing the Evidence Proceedings of the Second Conference of The Seminar in the History of the Book to 1500 Oxford July 1988 edited by Linda L Brownrigg Los Altos Hills CA Anderson Lovelace 1990 pp 85 101 9 Jacques STIENNON L criture Turnhout Brepols Typologie des sources du Moyen ge occidental 72 1995 p 76 10 Jean VEZIN La fabrication du manuscrit in Henri Jean MARTIN et Roger CHARTIER dir en collaboration avec Jean Pierre VIVET Histoire de l di
9. et commentaires Paris Cerf 2001 Janson Tore Prose Rhythm in Medieval Latin from the Ninth to the Thirteenth Century Stockholm Almqvist och Wiksell international 1975 Studia Latina Stockholmensia 20 Jousse Marcel L Anthropologie du geste 1 L Anthropologie du geste 2 La Manducation de la parole 3 Le Parlant la parole et le souffle Paris Gallimard 1974 1978 3 vol Kelly Douglas The Arts of Poetry and Prose Turnhout Brepols 1991 Typologie des sources du Moyen ge occidental Fasc 59 La misura Measuring Micrologus XIX Firenze Edizioni del Galluzzo 2011 Lavrantiev Alexei dir Syst mes graphiques des manuscrits m di vaux et incunables fran ais ponctuation segmentation graphies Actes de la journ e d tude de Lyon ENS LHS 6 juin 2005 Chamb ry Universit de Savoie 2007 Le Goff Jacques Au Moyen ge Temps de l glise et temps du marchand Annales ES C 1960 pp 417 433 Le Goff Jacques Pour un autre Moyen ge Paris Gallimard 1977 136 PHARES ANS Martin Henri Jean et Roger Chartier dir en collaboration avec Jean Pierre Vivet Histoire de l dition fran aise Tome I Le livre conqu rant Du Moyen ge au milieu du XVII si cle Paris Promodis 1982 Murray Alexander Reason and Society in the Middle Ages Oxford Clarendon Press 1978 Norberg Dag Manuel pratique de latin m di val Paris Picard 1968 Panofsky Erwin Architecture gothique et pen
10. in Medieval Treatises De ritmis The Journal of Musicology 5 2 Spring 1987 pp 164 190 Fichtenau Heinrich Bemerkungen zur rezitativischen Prosa des Hochmittelalters in Anton Haidacher und Eberhard Mayer hg Festschrift Karl Pivec Innsbruck Sprachwissenschaftliches Institut der Leopold Franzens Universit t 1966 pp 21 32 Fichtenau Heinrich Arenga Sp tantike und Mittelalter im Spiegel von Urkundenformeln Graz H B hlaus Nacht 1957 Mitteilungen des Instituts f r sterreichische Geschichtsforschung 18 crire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt 135 Gavrilov A K Techniques of Reading in Classical Antiquity The Classical Quaterly New Series 47 1 1997 pp 56 73 Gl nisson Jean dir Le Livre au Moyen ge Paris Presses du CNRS 1988 Goody Jack La raison graphique La domestication de la pens e sauvage 1977 Trad fr Paris Minuit 1970 Gr vin Beno t Les myst res rh toriques de l tat m di val L criture du pouvoir en Europe occidentale XI XV si cle Annales Histoire Sciences sociales mars avril 2008 2 pp 271 300 Illich Ivan Du lisible au visible la naissance du texte Paris Le Cerf 1991 Ingold Tim Lines Brief History 2007 traduction fran aise Une br ve histoire des lignes Bruxelles Zones sensibles 2011 Iversen Gunilla Chanter avec les anges Po sie dans la messe m di vale Interpr tations
11. istius o crux ipso sole nitidior cunctis creatis pretiosior penso solvendam rosam videlicet auream crire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt 121 montr pour un ordo du sacre et du couronnement du roi de France au milieu du XI si cle Il semble que tous ces verbes dont on peut dresser une liste bien plus longue encore voquent des formes vari es de modulation vocale depuis la psalmodie jusqu au chant voix haute destin un large auditoire L expression cantus lectionis employ e par le moine Otfried de Wissembourg au IX si cle propos de son adaptation des vangiles en lingua teotisca versifi e ne fait pas seulement r f rence au degr sonore de la lectio liturgique mais une mani re de chanter les vangiles dans l glise distincte des chants profanes des la cs qu il ne manque pas de d noncer ce chant sacr est attest dans certains manuscrits de son Liber evangeliorum par la pr sence de signes musicaux et plus pr cis ment de neumes Dans le r fectoire des moines les lectures font l objet d une autre forme de chant qui concerne m me les titres et la table des mati res Toutes ces m lodies pr sentent une forte accentuation chaque accent est d j un signe musical et il arrive qu il soit marqu par un signe pal ographique lequel ne se distingue pas du neume appel virga Les formules sacramentelles les exorcismes les se
12. monastiques du haut Moyen ge mais qui devint un imp ratif conomique majeur pour les ateliers urbains de scribes professionnels stafionarii du XII si cle press s de recopier la pecia originelle qui tait lou e pour un temps limit et dont les cahiers taient distribu s entre les copistes professionnels travaillant dans le m me atelier N oublions pas enfin que toutes ces volutions de la forme et des usages de l crit accompagnent une augmentation quantitative exponentielle de la production crite qu il s agisse des livres codices destin s au culte la pri re au chant d glise la pr dication l tude th ologique juridique ou scientifique sans oublier la litt rature historique lyrique ou romanesque en latin ou en langue vernaculaire et aussi les actes de la pratique en premier lieu les chartes enregistrant ventes donations contrats ou d cisions de justice Pour la seule Angleterre ont t conserv s environ 2 000 actes de ce genre ant rieurs la conqu te normande de 1066 Mais des dizaines de milliers ont t conserv s pour le seul XIII si cle En m me temps que la production et le recours plus syst matique l crit s affirment le souci de le conserver dans des archives la confiance mise en cas de litige dans l autorit de la chose crite le nombre et la comp tence des clercs qui ne sont plus n cessairement les seuls litterati vers s dans les tudes latines
13. parole et de son rythme crit une sp cialiste du livre m di val Le codex a encourag cette dissociation Mais au Moyen Age elle n est pas r alis e encore Dans l Antiquit et dans les premiers si cles de l re chr tienne pr vaut la scripta continua Paul Saenger a montr comment la s paration des mots et l introduction entre eux de toute une gamme de signes de ponctuation et de liaison furent une innovation des scribes celtiques des les britanniques des VII et VIII si cles qui s est ensuite progressivement diffus e sur le continent du Nord Ouest vers le Sud Cependant d autres ph nom nes interf rent avec la s paration des mots Dans les textes fran ais de la fin du Moyen ge la s paration des mots est fr quemment contrecarr e par des regroupements 4 Colette SIRAT a Du rouleau au codex in Le Livre au Moyen ge op cit p 21 5 Paul SAENGER Space between Words The Origins of Silent Reading Standford Stanford University Press 1997 pp 244 245 104 FARES AS graphiques ou s quenciations de deux ou plusieurs mots dans chaque phrase ou dans chaque vers s il s agit d un po me en ancien fran ais on trouvera crit par exemple mamere pour ma m re ou a bienluisiet pour bien lui sied on pourrait invoquer un principe d conomie ou la pr cipitation dans l criture mais les sp cialistes y voient plut t une trace de la prononciation tant
14. ANAE TEF Sala del LEE d n E A7 26 BAS HAE d s EAS AA Re QUE d ASE Zielt EFAA A Sal Sal bell EAFA o cet Me ell ASIE ZAA Sall zelt EX gl BE Sei Z BAT A FAAA AAA A deal ES AASA d MANAH dell Saz AAA AE dal dai QU SANTE dest Size REA AE A EESAN E AA SAA d S ll S d ci ANE 1 MAIS EAIA RES A dei le He SN d JE es HA HAS S EX sit TFAA EAL dall HAT elei AS 7 le BE Ajolo let Ao AAH 26 4 crire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt 139 ET Sdt PIE UDA asp BEA TE 51 Ho SAANANE 2 7l legere SF T dicere SS A5 cantare Abol Qt Sol Est ST ol AE 2 FA 527 71 EE s AE E Se ou FA ze 7 7t ANSE FEAE AFAN FARE EX AF Lex Sa RLH AIYA ASF Saak Le Soll gc SO 27 HA FAA lo oO HE 7Hvirga 2 4S HD viele TWE ESA 044 Asa AALE oo zua A7 ail Sai d St ER PIP FAAL Ex Best ant Abol EA ER Te DE AE gAn QUE ARE Sal 20 Al 2719 9719 3E SANTE dao cht Aaa BU FA FANES 94 7 ol fl Por TE AdE ge ATE AH ESP ARARA 7 A2 alt Fax Zo ex ol eh FR F4 9209 ed ASH Sal uo AS HSE ag ko AEA dat aka oe a se lol FAY 1 Sexy ge 1 24 okt a AE HAT AAA AAA LAS AE zA JAUNE SAAJA 292 ES Za Te JNA A94 Ah AE 9 7 AE SA oke LL A3 lala TTA 09A HAEA FARE rubriques 3 o n Xl marginalia Salat EPA A Gol HAA oF a Ja TE gas 22h ALAA HAE et et ET o Se HCH ost SAS 7a YAAN etc 1241 1754 Alat Sot Ha
15. Augustine the Reader Meditation Self Knowledge and the Ethics of Interpretation Cambridge MA Harvard University Press 1996 Stock Brian Biblioth ques int rieures Grenoble J r me Million 2005 Treitler Leo With Voice and Pen Coming to Know Medieval Song and How it was Made Oxford Oxford University Press 2003 Viret Jacques L cole de Notre Dame et ses conduits polyphoniques 1170 1230 tude historique et musicologique dition pratique de textes musicaux Lyon ditions C ur Joie 2001 Vollaerts J W A Rhythmic Proportions in Early Medieval Ecclesiastical Chant Leiden E J Brill 1958 Wagner Robert L on d Textes d tude Ancien et Moyen Fran ais renouvel e par Olivier Collet Pr face de Bernard Cerquiligni Gen ve Droz 1995 Textes litt raires fran ais 6 Wright Craig Music and Ceremony at Notre Dame of Paris 500 1500 Cambridge Cambridge University Press 1989 Zumthor Paul La lettre et la voix De la litt rature m di vale Paris ditions du Seuil 1987 138 PHASES AUS FA aal 971 271 LASP Y St UE LAS ERES ATA el EL AAA Walz SA EAN FAX dai ES A AO Ee QI AT eh Ho dall Sal PAIE EX dal S ANA Zu QUE LEE ISA HAE zi QE ai ciel QA leie PARE Salz FA HAE 28 ZAY glat LS dat HA AAC Eat dae d ojoje AAA Hat HA ziell g e AS Eh AAAH Sit E AN D AU HA BE zl Het JA 71 Mol zl BAE AAA EE Lo eil A E d A LAY JA glad RE ell ELEA ASE AAA 1 FAA SAS
16. Christopher Young eds Orality and Literacy in the Middle Ages Essays on a Conjunction and Its Consequences in Honour of D H Green 134 299 AUS Turnhout Brepols 2005 Utrecht Studies in Medieval Literacy Clanchy Michael From Memory to Written Record England 1066 1307 Cambridge MA Harvard University Press 1979 E ed Oxford 1993 Cohen Mushlin Aliza The Twelfth Century Scriptorium at Frankenthal in Medieval Book Production Assessing the Evidence Proceedings of the Second Conference of The Seminar in the History of the Book to 1500 Oxford July 1988 edited by Linda L Brownrigg Los Altos Hills CA Anderson Lovelace 1990 pp 85 101 Colette Marie No lle Marielle Popin et Philippe Vendrix Histoire de la notation du Moyen ge la Renaissance Tours Minerve 2003 Cullin Olivier La musique Notre Dame un manifeste artistique et son paradoxe in Notre Dame de Paris Un manifeste chr tien 1160 1230 Colloque organis l Institut de France 12 d cembre 2003 Actes dit s par Michel Lemoine Turnhout Brepols 2004 Cullin Olivier L image musique Paris Fayard 2006 Davis H The De ritmis of Alberic of Monte Cassino A Critical Edition Medieval Studies XXVII 1966 pp 198 277 Delaurenti B atrice La puissance des mots Vertus verborum D bats doctrinaux sur le pouvoir des incantations au Moyen ge Paris Cerf 2007 Fassler Margot Accent Meter and Rhythm
17. Ecrire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt EHESS Je souhaite dans cet article opposer notre rapport moderne l criture et celui des litterati de l Europe m di vale aux XI XII si cles Cette opposition est d abord sociale et d mographique la petite minorit des clercs m di vaux crivant et parlant le latin langue qui pendant longtemps fut la seule digne d acc der l criture s oppose videmment de nos jours la diffusion dans toutes les couches de la soci t d une criture vernaculaire scolaire et pour ainsi dire d mocratique Mais ce n est pas tant ce niveau sociologique que je me situerai qu celui des pratiques lettr es Celles ci au Moyen ge taient caract ris es la fois par leur physicalit leur contenu mat riel et leur nature d activit corporelle et par la continuit entre tous leurs traits la forme de l criture et de la lecture la sonorit de la voix comme relai n cessaire de la lettre le lien indissociable entre le sens des mots et les sons qui leur correspondent tout l oppos de ce qu on constate aujourd hui l abstraction de l criture par rapport au corps de celui qui crit ou lit et la discontinuit entre la forme et le sens des critures modernes 100 FEAE dg Mais en m me temps je montrerai que les caract res modernes de l criture et de la lecture commencent d appara tre d s le Moyen ge l
18. Et ces pratiques de l crit se diffusent du haut en bas de la soci t la que encore r serv es au roi au XII si cle elles concernent les barons vers 1200 les simples chevaliers vers 1250 13 Jean VEZIN La fabrication du manuscrit op cit pp 25 48 crire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt 109 les lites paysannes et urbaines aux alentours de 1300 crire est rest pendant longtemps une activit extr mement savante r serv e une toute petite lite de lettr s Ceux ci prennent soin de la forme non seulement de l criture mais du contenu de l crit lui m me qu il s agisse d un po me rythm et rim un rhythmus ou de prose L aussi l inverse de la situation que nous connaissons aujourd hui c est la continuit qui pr vaut entre la po sie le chant et la prose Il arrive que cette derni re emprunte la versification certains de ses proc d s la prose rim e se pr te l exorde ou arenga qui a donn le fran ais harangue qui ouvre les proclamations solennelles la forme du texte destin une performance orale et publique souligne la solennit de l occasion tout en illustrant la virtuosit rh torique du scribe Les papes ou les empereurs font r diger leurs dipl mes suivant des formulaires prouv s formulae On parle dans ce cas de prose d art caract ris e par son cursus Comme le rhythmus po tique et chant le
19. N L image musique op cit 67 Nicolas BELL La place de la musique parmi les arts lib raux pendant le Moyen ge tardif in Les repr sentations de la musique au Moyen ge Cahiers du Mus e de la Musique 6 2005 pp 31 38 Etienne ANHEIM Une controverse m di vale sur la musique la d cr tale Docta sanctorum de Jean XXII et le d bat sur l Ars Nova dans crire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt 131 L histoire que je viens de retracer grands traits entre le XI et le XIV si cle est celle du passage entre deux tats bien diff rents de la literacy dans l Europe m di vale La premi re se caract rise par l int gration dans la culture cl ricale et latine des litterati des activit s corporelles de l criture de la lecture et du chant pr valent ici le geste du scribe et la lecture voix haute qui souvent s apparente au chant Au SINT si cle dans le monde des coles urbaines et des cours princi res les choses ont bien chang le monopole du latin comme langue de culture est mis mal par les langues vernaculaires la minuscule caroline a c d la place l criture gothique solennelle ou cursive suivant les usages qu on lui r serve Coup e de la r f rence au latin et de ses seules sonorit s l criture est devenue le m dium polyvalent de la diversit des langues Simultan ment lessor et la diversification de la culture lettr e dans la ville les
20. a faveur d une volution longue et progressive qui s est acc l r e ensuite avec l invention de l imprimerie pour se poursuivre l ge des ordinateurs Pendant longtemps le geste du scribe antique ou m di val se prolongeait dans la forme de la lettre qu il tra ait Cette continuit entre le geste et la lettre s est perdue avec l invention de l imprimerie et plus encore aujourd hui quand nous frappons sur un clavier ce n est pas le mouvement du doigt qui forme la lettre mais l impulsion lectrique que le doigt d clenche en frappant une touche De plus pour un lecteur m di val le son des lettres et des mots lus haute voix tait ins parable de leur sens alors que pour nous le sens du texte n est pas contenu dans le son des mots il s affiche dans la forme muette des caract res que nous d chiffrons sur la page Nous opposons l crit et l oral alors qu au Moyen ge l oral habitait l crit et l animait Enfin nous tablissons et cela jusque dans la performance de la lecture une nette distinction entre dire et chanter alors qu au Moyen ge existaient toutes sortes de marmottement de psalmodie de cantillation et autres cantilenae interm diaires qui appartenaient l une comme l autre 1 Ecrire crire et lire sont au Moyen Age des gestes qui s apparentent tymologiquement aux gestes du travail des laboureurs et des moissonneurs le calame ou le stylet se nomme vome
21. aque vang liste un num ro se trouve plac c t de chaque t te de chapitre sous chaque num ro se trouve un espace en rouge qui indique dans quel canon se trouve plac le num ro qui est au dessus de l espace Par exemple si c est le premier espace il se trouve dans le premier canon si c est le second dans le second si c est le troisi me et ainsi de suite jusqu au dixi me Donc si on a envie de savoir en ouvrant n importe quel vangile quel est celui des autres qui a dit des choses semblables on prend le num ro qui est en t te de chapitre et on cherche ce num ro dans le canon qu il indique et l on trouve qui a dit quoi Finalement on constatera dans le corps m me du texte que les passages recherch s qui sont indiqu s par les num ros ont vangile par vangile trait du m me sujet 35 Les canons leurs colonnes leur num ros color s figurent depuis longtemps dans les Bibles et les vang liaires auxquels ils conf rent une forte pr sence ornementale Ce qui est nouveau ici c est que Hugues en donne explicitement le mode d emploi en insistant sur les commodit s qu ils offrent au lecteur d sirant trouver invenire des parall les entre les textes sacr s Il fait part concr tement de son exp rience de lecteur compulsant avidement ses livres en 33 Ibid p 174 IV 8 HUGONIS DE SANCTO VICTORE op cit p 78 34 Ibid pp 185 186 IV 16 HUGONIS DE SANCTO VICTORE o
22. aris Le Cerf 1991 Sur l auteur et son uvre ex g tique mais sans attention aux pratiques culturelles du th ologien voir Dominique POIREL Hugues de Saint Victor Paris Cerf 1998 30 HUGUES DE SAINT VICTOR Didascalicon L art de lire op cit p 139 HI 7 HUGONIS DE SANCTO VICTORE Didascalicon op cit pp 57 58 Trimodum est lectionis genus docentis discentis vel per se inspicientis Dicimus enim lego librum illi et lego librum ab illo et lego librum 31 Ibid p 231 VI 12 HUGONIS DE SANCTO VICTORE op cit p 129 Modus legendi in dividendo constat Divisio fit et partitione et investigatione 32 Ibid p 142 II 10 HUGONIS DE SANCTO VICTORE op cit pp 59 60 waren enim maxime est meditatio que animam a terrenorum actuum strepitu segregat et in hac vita etiam aeternae quietis dulcedinem quodammodo praegustare facit Ip AAIE due me Hugues est galement sensible la r alit mat rielle du livre et de l criture il conna t le nombre 22 des lettres h bra ques il se pr occupe de l tymologie des mots se rapportant la lecture codex volumen liber scheda et schedula charta pergamentum etc et explique la disposition sur la page du manuscrit des canons des vangiles avec la num rotation des versets qui se correspondent d un vangile l autre et l usage qu on doit en faire Voici comment les canons se pr sentent Pour ch
23. cilement et rapidement possible citius une auctoritas biblique ou patristique ou un exemplum moralis On est tr s loin alors non seulement de l usage des rouleaux mais m me de la lectio liturgique qui privil gie la continuit de la performance sonore en excluant les allers retours que commandent la consultation du livre et la curiosit du lecteur Cette nouvelle mani re de lire se fonde sur des rythmes in dits depuis ceux de la lecture de la m ditation et de la contemplation qu elle suscite jusqu ceux d une nouvelle parole nourrie par cette lecture m me Il y a un lien direct entre le trait sur la lecture de Hugues de Saint Victor et au si cle suivant la Summa dictaminis de Jacques de Dinant 1282 et 1295 Celui ci se pr occupe la fois de l art pistolaire et de l loquence publique des r gles de grammaire de la ponctuation du style du langage appliqu au dictamen Il est le premier sugg rer aussi concr tement les relations entre la ponctuation et le mouvement de la phrase la prononciation le degr d intensit de la voix l intonation les mouvements des l vres et de la langue Il y a selon lui cinq 38 R H and M H ROUSE La naissance des index in Henri Jean MARTIN et Roger CHARTIER dir Histoire de l dition fran aise tome 1 op cit pp 95 108 39 Jack GOODY La raison graphique La domestication de la pens e sauvage 1977 Trad fr Paris Minui
24. coles les cours a favoris de nouveaux modes de production et d usages des textes manuscrits commencer par la lecture silencieuse individuelle La litt rature prend peu peu ses distances par rapport la musique Par exemple si la lyrique d un Guillaume de Machaut est encore indissociable du chant ce n est plus le cas chez son successeur le po te Eustache Deschamps Et inversement les th oriciens de lars nova revendiquent leur titre de musici de sp cialistes virtuoses du chant polyphonique et d une notation musicale toujours plus complexe et qui est d j la n tre Par certains traits l criture au sens large la fin du Moyen ge est tr s loin encore de nos conceptions et de nos usages de l criture Mais par d autres d s avant l invention de l imprimerie elle appartient d j notre modernit les ann es 1320 Revue Mabillon n s t 11 t 72 2000 pp 221 245 132 FAAEE AUS BIBLIOGRAPHIE Sources primaires Augustin Confessionum libri XII d par L Verheijen CCSL 27 Turnhout Brepols 1981 Beno t de Nursie Regula Migne PL 66 Paris 1815 1875 Hugonis de Sancto Victore Didascalicon De studio legendi A Critical Text ed Charles Henry Buttimer Studies in Medieval and Renaissance Latin X Washington 1939 Hugues de Saint Victor Didascalicon L art de lire Introduction traduction et notes par Michel Lemoine Paris Cerf 1969 r ed 1991 tudes
25. de deux paroxytons le cursus tardus constitu d un paroxyton et d un proparoxyton le cursus velox constitu d un proparoxyton et d un paroxyton A Une formule mn motechnique rappelle le principe de ces combinaisons Tres sibi similem vult tetra sibi dissimilem vult trois appellent le semblable quatre le dissemblable ce qui veut dire qu une combinaison de deux fois trois syllabes impose un accent semblable le cursus planus consiste en effet en deux paroxytons trisyllabiques pareillement accentu s sur la syllabe centrale mais que l introduction d un t trasyllabe c t d un trisyllabe entraine deux accents diff rents le cursus tardus et le cursus velox comprennent dans un ordre inverse un paroxyton et un proparoxyton dont l accentuation est diff rente crire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt 111 du genre litt raire concern s identifier un usage stable du cursus Par exemple les crits de Pierre de la Vigne 1190 1249 chancelier de l empereur Fr d ric Il se caract risent par une large pr pond rance du cursus velox 68 9 loin devant le cursus planus 24 9 et le cursus tardus 2 5 Jacques de Dinant dit sa pr f rence pour le cursus velox mais en recourant la rh torique cic ronienne Tulius il voque aussi la possibilit d introduire des l ments de scansion m trique per bre
26. e in Notre Dame de Paris Un manifeste chr tien 1160 1230 Colloque organis l Institut de France 12 d cembre 2003 Actes dit s par Michel Lemoine Turnhout Brepols 2004 57 Pour une analyse pr cise de certains de ces manuscrits Linda L BROWNRIGG and Elisabeth C TEVIOTDALE eds Manuscripts with Music Production and Use The Seminar in the History of the Books to 1500 Oxford 12 14 July 1996 Los Altos crire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt 127 dont aucune n est ant rieure 1235 font conna tre les principes de cette nouvelle musique liturgique et de sa notation L organum de L onin comprend d j deux voix c est pourquoi on parle dans son cas d organum duplum ou purum une voix de base monodique et chorale fenor dans la tradition du plain chant une note par syllabe et une deuxi me voix caract ris e par ses variations m lismatiques plusieurs notes par syllabe Cette premi re apparition de la polyphonie impose un rythme m trique qui chez L onin reste encore limit l usage du troch e une longue une br ve Apr s lui P rotin cr e des organa trois ou quatre voix et l ve six le nombre des modes m triques Mode n a plus ici le sens des huit modes ou chelles m lodiques qu il avait chez Bo ce Il s agit de six formes m triques suivant une mesure quantitative de la dur e des sons Les modes m triques sont fond s sur l as
27. er une volution n cessaire de l une l autre Il reste que bien des t moignages concernant le haut Moyen ge sugg rent que la lecture individuelle n tait pas totalement silencieuse La R gle de Saint Beno t met en garde le moine contre le risque de g ner ses voisins par une lecture sonore Apr s l heure de sexte en sortant de table ils se reposeront sur leurs lits dans un silence complet ou si quelqu un veut lire pour son compte il lira de fa on ne d ranger personne Ce Ajoutons que toute lecture y compris voix haute a sa part d int riorit consistant en des r miniscences et des images veill es par la lecture et d ext riorit marqu e par l attitude physique du lecteur le mouvement des yeux et le murmure des l vres Des voix int rieures se m lent la voix du lecteur quitte ne r sonner qu en son c ur Dans la lecture d Augustin lui m me suivant le fin commentaire qu en donne Brian Stock deux paroles se rencontrent dans le partage de la m me prose rythmique par une sorte d anamn se suscit e par la lecture Augustin retrouve en lui les paroles divines qui se m lent au cri de sa pri re Que tu es grand Seigneur La r forme carolingienne a affect en profondeur les pratiques lettr es et la 23 A K GAVRILOV Techniques of Reading in Classical Antiquity The Classical Quaterly New Series 47 1 1997 pp 56 73 Je remercie Lucas Giuliani de m av
28. es de pi t Table des mati res et index alphab tique font galement leur apparition et aident retrouver imm diatement statim invenire le renseignement d sir tandis que se multiplient l usage des pr dicateurs les listes alphab tiques d exempla et de distinctiones tous t moignent d une transformation radicale 36 Sur l volution des initiales du IV au XVIII si cle des manuscrits la gravure et l imprimerie voir le catalogue de l exposition Michael ROTH hg Schrift als Bild unter Mitarbeit von Nadine Rottau mit weiteren Beitr gen von Beate Braun Niehr und J rgen Geiss Kupferstichkabinett Staatliche Museen zu Berlin Petersberg Michael Imhoff Verlag 2010 37 Mary CARRUTHERS Le livre de la m moire Une tude de la m moire dans la culture m di vale 1990 Paris Macula 2002 et EAD Machina memorialis M ditation rh torique et fabrication des images au Moyen ge 1998 Paris Gallimard Biblioth que des histoires 2002 18 Sigg AUS de ce que l anthropologue Jack Goody a appel la raison graphique en faisant cho aux justifications donn es par les ma tres universitaires et les pr dicateurs des Ordres Mendiants eux m mes qui insistent sur leur rapport utilitaire au livre Celui ci doit servir faire face dans l instant statim aux sollicitations pressantes du d bat universitaire r pondre du tac au tac aux quaestiones ou de la chaire trouver le plus fa
29. eutscher Verlag f r Musik Leipzig 1975 et Olivier CULLIN L image musique Paris Fayard 2006 53 Leo TREITLER With Voice and Pen Coming to Know Medieval Song and How it was Made Oxford Oxford University Press 2003 crire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt 125 rythmique dont la mesure pr cise nous chappe mais dont on peut au moins tenter de reconstituer les composantes essentielles Les divers l ments qui viennent d tre rappel s ne se peuvent s parer la po sie rythmique rhythmus le plain chant monodique cantus planus la notation neumatique neumae forment un tout jusqu la fin du SIT si cle quand apparaissent la polyphonie organum les modes rythmiques alternance de notes br ves et longues et la notation carr e et noire sur port e qui n limine pas imm diatement ni totalement l criture neumatique Ces transformations fondamentales vont aller en s amplifiant au cours du XIII et du SINT si cle gr ce des th oriciens de la musique comme Jean de Garlande ou surtout Francon de Cologne l av nement la musica mensurabilis par l effet d une rationalisation syst matique des dur es temporelles br ves semi br ves minimes et une pr cision sans pr c dent de la notation notes noires blanches rouges carr es ou losang es avec ou sans hampe isol es ou li es Ces volutions participent de changements plus g n raux encore qui affectent tout ce q
30. evue de Linguistique 13 1999 pp 99 109 crire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt 105 en fonction des types d crits comme de la main souvent bien individualis e des scribes Donnons en un seul exemple celui des manuscrits produits par le scriptorium de l abbaye des chanoines r guliers de Saint Augustin de Frankenthal tout pr s de Worms entre 1145 et 1200 26 manuscrits ont surv cu aujourd hui dispers s entre Rome Londres Paris etc dont la somptueuse Bible de Worms en deux volumes British Library ms Harley 2803 2804 Aliza Cohen Mushlin a identifi dans ce manuscrit le travail de quatre personnes dont deux scribes principaux A et son l ve B qui crivirent le texte le rubriqu rent et le d cor rent un autre scribe D fut charg de corriger le texte un dernier C y fit d ultimes retouches Sept coloristes leur pr t rent main forte La main de ces scribes et d autres encore en particulier le scribe K se retrouvent dans les autres manuscrits conserv s pas moins de 64 personnes actives dans ce scriptorium durant ce demi si cle ont pu tre identifi es Aucun scribe n a r alis seul l int gralit d un manuscrit On assiste aussi la formation des jeunes scribes on constate leurs progr s la s ret croissante de leur main leur capacit recopier sans erreur lexemplar qu ils avaient sous les yeux et aussi d peler correctement les mots qui leur
31. exorablement celle ci s affaiblit de nouveau mod r ment d abord cahiers 19 21 folios 138 165 puis brutalement la fin du cahier 22 On voit ainsi comment l art consomm du copiste a permis celui ci de corriger p riodiquement les variations cycliques de son criture variations dont il devait A r 12 avoir conscience m me si elles chappent l observation directe Un autre aspect du rythme de l criture tient aux abr viations Elles varient suivant les genres de texte un trait de th ologie n est pas abr g comme un dipl me de chancellerie ou la notula d un notaire les lieux et les poques On y a vu un moyen de gagner de la place et d conomiser du parchemin Elles 12 Frank M BISCHOFF Le rythme du scribe Analyse s rielle de la densit de l criture dans les vangiles d Hen le Lion Histoire et Mesure 1996 XI 1 2 pp 53 91 Sp cialement le graphique 3 p 68 Il faut pr ciser que l cart extr me ne d passe pas 0 4 mm l chelle d une page les variations chappent au regard 108 2919 AUS constituent surtout un code pour initi s une technique partag e d criture et de lecture qui renforce l identit collective des sp cialistes qui les ma trisent Elles leur permettent en tout cas d crire plus vite donc de produire en m me temps plus de livres ce qui n tait pas encore la pr occupation des moine calligraphes des scriptoria
32. ge Pr face de Louis Holtz Paris Presses du CNRS 1988 pp 134 135 Robert L on WAGNER d Textes d tude Ancien et Moyen Fran ais renouvel e par Olivier Collet Pr face de Bernard Cerquiligni Gen ve Droz 1995 Textes litt raires fran ais 6 pp 5 11 crire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt 103 lPadministration royale anglaise ou les rouleaux d Exultet utilis s dans la liturgie b n ventine Par sa structure m me le codex impose celui qui le consulte le contemple et au besoin le d chiffre le rythme particulier des feuillets qui se tournent l un apr s l autre Il n est pas besoin de le d rouler et de l enrouler tout entier chaque fois comme le volumen on peut sauter des pages aller droit au but refermer le livre et le rouvrir ais ment au gr de sa lecture et d une consultation discontinue autant de potentialit s du livre qui vont conna tre un exceptionnel essor partir des XI XII si cles L importance de l introduction du codex dans la culture occidentale n est pas moindre que celle de l invention de l imprimerie la fin du Moyen ge et de l criture num rique de nos jours Il faudra vingt si cles pour qu on se rende compte que l importance primordiale du codex pour notre civilisation a t de permettre la lecture s lective et non pas continue contribuant ainsi l laboration de structures mentales o le texte crit est dissoci de la
33. i est l indice que le pape et les moines se sign rent tout au long de la r citation de Pacte Souvent la voix qu il nous semble entendre dans le texte est plut t celle d un chant Qu on ne s en tonne pas sous des formes vari es le chant impr gne au Moyen ge bien plus de formes d locution qu aujourd hui Heinrich Fichtenau l a d montr propos de la g n ralisation de la prose r citative au Moyen ge non seulement les mots legere et recitare sont synonymes mais ils ne signifient pas exactement ce que nous entendons habituellement par lire et r citer de m me trouve t on chez B de l quivalence de legere et de canere m me si dicere se distingue de cantare tous deux d signent des formes de chant liturgique comme cela a t finement 43 Voir le cas des crits autographes du chroniqueur Adh mar de Chabannes au d but du XI si cle Pascale BOURGAIN a La composition et l quilibre de la phrase narrative op cit p 90 et suiv 44 Heinrich FICHTENAU Arenga Sp tantike und Mittelalter im Spiegel von Urkundenformeln Graz H B hlaus Nacht 1957 Mitteilungen des Instituts f r sterreichische Geschichtsforschung 18 pp 103 104 sp cialement le n 198 O sancta et admirabilis crux in qua Iesus Christus dominus noster perpendit Devictus amore immo constrictus debito ecclesiam patris mei nostrae apostolice sedi substituo Pro donatione igitur libertatis
34. inant Il se pr occupe aussi des abr viations notamment pour les nombres un ou deux crits respectivement Z ou JL L int r t d un tel texte est de montrer la perm abilit de l art de l criture et de l art de l loquence La musique n est jamais loin de la lettre et certains signes de ponctuation telle la virga se s r 42 confondent avec ceux de la notation musicale 3 Chanter Par del les textes crits et lus le rythme de la langue tient la 42 Alexei LAVRANTIEV dir Syst mes graphiques des manuscrits m di vaux et incunables fran ais ponctuation segmentation graphies Actes de la journ e d tude de Lyon ENS LHS 6 juin 2005 Chamb ry Universit de Savoie 2007 120 FARES AUS prononciation et l accentuation au balancement des phrases aux c sures qui retiennent le flux des sons au d bit qui ralentit ou s acc l re aux assonances ou aux rimes Comment l historien peut il entendre les voix du pass et restituer leur rythme Il arrive qu il les per oive dans les tournures et le rythme de l criture comme dans le cas du pape voyageur Reisepapst r formateur L on IX 1002 1054 qui a dict lui m me maints privil ges au moment o il les octroyait des monast res au cours d une visite Le parchemin de l un de ces privil ges destin l abbaye Sainte Croix de Woffenheim 1049 est ponctu de croix trac es apr s chaque mention du mot crux ce qu
35. l oralit affleure toujours la surface de la lettre les rythmes de la diction et de la lecture rappellent leur pr sence jusque dans la mani re e 6 d crire L attention aux formes graphiques concerne en premier lieu les lettres elles m mes qui voluent fortement tout au long du Moyen ge Une tape d cisive est marqu e la fin du VIII si cle par l apparition de la minuscule caroline Non seulement la r forme carolingienne redonne id alement l criture une r gularit et une sorte de perfection visuelle depuis longtemps perdues mais elle met la lettre graphique en accord avec la r forme de la langue latine entreprise simultan ment par Alcuin La r forme de l criture influe sur la prononciation moins que le processus ne soit inverse ainsi les diphtongues du type aecclesia sont elles bannies au profit de formes condens es comme ecclesia qui a donn glise Le lien entre l volution des formes graphiques et les rythmes du corps et de la voix est d autant plus vident qu la m me poque appara t aussi une premi re forme d criture musicale celle des neumes Pas plus que la notation musicale les critures communes ne sont rest es fig es Elles n ont eu de cesse de se transformer de se briser et de s abr ger 6 Nelly ANDRIEUX REIX Rythmes de diction Une hypoth se pour interpr ter certaines pauses dans l criture la mam du fran ais Faits de langues R
36. la voix s pour sursum l pour levate a pour altius etc mais sans pr cision quant aux intervalles soit sur le rythme que le chantre doit garder t pour tenere retenir x pour expectare mod rer m pour mediocriter acc l rer c pour cito ou celeriter ou ralentir t pour tarde Mais au total le chantre disposait de peu d indications il y a loin des neumes aux notes et aux partitions modernes les neumes ne donnent ni la mesure des sons avec noires blanches croches etc ni le tempo de la performance musicale ni la hauteur absolue des notes fondamentalement les neumes ne sont pas prescriptifs mais indiciels Leur hauteur est d autant plus relative qu il n y a pas au d but du moins de lignes de port e Les neumes sont adiast matiques c est dire qu ils ne d terminent pas la hauteur des sons Ils sont une sorte d aide m moire et de soutien visuel pour des chantres qui connaissent par c ur le r pertoire liturgique on ne saurait y voir une partition musicale d chiffrer Ils sont plut t l expression d une performance EJ Brill 1958 p 146 et suiv avec un tableau des diverses notations neumatiques Wilhelm SEIDEL Rhythmus Eine Begriffsbestimmung Darmstadt Wissenschaftliche Buchgesellschaft 1976 Ertr ge der Forschung 46 p 29 Nombreuses reproductions photographiques dans Bruno ST BLEIN Musikgeschichte in Bildern Bd III Musik des Mittelalters und der Renaissance Leipzig VEB D
37. m D bats doctrinaux sur le pouvoir des incantations au Moyen Age Paris Cerf 2007 50 Cette expression consacr e repose sur l attribution erron e de l invention du plain chant au pape Gr goire TT 590 604 crire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt 123 s quences et d autres formes liturgiques et paraliturgiques a profond ment chang le paysage sonore des IDN AU si cles L autre innovation importante est le d veloppement d une forme d criture musicale les neumes Le mot para t d river du grec pneuma qui d signe de mani re ambivalente l esprit et le souffle M me si des formes d criture musicale ont exist ant rieurement en Orient et en Occident c est un syst me nouveau qui se met en place dans les communaut s monastiques et canoniales des VU IDN si cles par exemple Saint Gall Einsiedeln Nonantola ou Metz Les neumes ne transcrivent pas les sons ils en expriment le mouvement et les oscillations la mesure de la complexit croissante du r pertoire des s quences et des tropes et de leur large diffusion travers l Empire et la chr tient latine les neumes ont d avoir aussi un r le mn motechnique et p dagogique Il n y a pas un syst me unique de neumes mais d assez fortes diff renciations r gionales sur la base de principes et de termes communs Les neumes sont inscrits au dessus des syllabes dont ils expriment le son ou bien en marge d
38. n dans la cr ation du d chant lui vaudra la fin du si cle le titre de meilleur cr ateur de d chant optimus discantor d cern par l Anonyme IV partir du d chant appara t une nouvelle forme de chant polyphonique le conduit conductus caract ris par l homog n it de son texte Puis l organum dispara t et le motet acquiert une immense fortune l inverse du conduit il associe des mots diff rents d o son nom parfois m me des textes religieux et profanes dont certains s inspirent de la lyrique amoureuse et des langues h t rog nes latine et vernaculaire Plus que jamais s impose une stricte mesure du rythme musical seule capable de ma triser harmonieusement une telle diversit dans la dur e de sa performance Le XU si cle se caract rise la fois par l introduction et la multiplication des modes rythmiques et par le premier essai dans l histoire musicale occidentale de notation d un rythme m trique Les deux ph nom nes sont li s et rev tent ensemble une importance historique consid rable Dans l organum la notation nouvelle syst matise l usage de port es quatre ou cinq lignes La port e inf rieure est celle de la voix de base tenor la port e sup rieure duplum accueille la deuxi me voix m lismatique Elle peut tre son tour surmont e d une troisi me ou d une quatri me voix comme c est notamment le cas dans le motet ou d autre f
39. ntendant dire son texte comme si d j il le d clamait la fin du X si cle l abb Eadmer de Saint Albans disait qu il lui semblait en crivant entendre sa propre voix dicter lui m me vi Depuis ces voix int rieures jusqu la d clamation publique il y avait place pour toutes sortes de marmottements de chuchotements de murmures et de psalmodies sourdes peine audibles mais rendus visibles par le mouvement des l vres et le balancement probable de la t te ou du buste autant de formes et de degr s de manducation de la parole dont bien des cultures traditionnelles donnent aujourd hui encore l exemple vivant L un des premiers a manuels de lecture est le Didascalicon sive de studio 26 Michel BANNIARD Viva voce Communication crite et communication orale du IV au IX si cle en Occident latin Paris tudes Augustiniennes 1992 p 366 27 Michael CLANCHY From Memory to Written Record op cit pp 88 115 28 Marcel JOUSSE L Anthropologie du geste 1 L Anthropologie du geste 2 La Manducation de la parole 3 Le Parlant la parole et le souffle Paris Gallimard 1974 1978 3 vol crire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt 115 legendi de Hugues de Saint Victor avant 1137 Avec lui se cl t l ge du livre monastique et s ouvre celui du livre scolastique L attention principale de Hugues ne se porte plus sur le son de la voix mais sur la lettre in
40. ntes se trouvent ainsi apparent es par la vertu d une criture unique Une telle volution a eu des cons quences importantes pour la conception de l criture latine aux m mes signes graphiques ne correspondaient plus les m mes sonorit s ni surtout les m mes significations Le sens et la lettre ont commenc se disjoindre le caract re abstrait de l criture s en est trouv renforc Les formes de l criture manuelle m di vale sont innombrables et elles concernent de tr s nombreux supports les inscriptions fun raires les tituli des peintures murales les tablettes de cire les formules propitiatoires grav es sur toutes sorte d objets de bois ou d os ou m me fondues dans le bronze des cloches et surtout les parchemins de peau de porc de mouton de veau aux multiples formes et usages codices monastiques ou peciae universitaires rouleaux comptables dipl mes royaux chartes ou cartulaires seigneuriaux Le plus prestigieux de ces supports est le livre codex qui est l une des plus grandes inventions de la fin de l Antiquit et qui a marqu de son empreinte toute la civilisation m di vale et occidentale jusqu aujourd hui Il a succ d au rouleau volumen caract ristique de l Antiquit classique et qui ne subsiste au Moyen ge que dans des cas exceptionnels tels les rolls de 3 Christine RUBY Les premiers t moins du fran ais in Jean GL NISSON dir Le Livre au Moyen
41. oir indiqu cette tude 24 BENO T DE NURSIE R gle cap 48 5 Post sextam autem surgentes a mensa pausent in lecta sua cum omni silentio aut forte qui voluerit legere sibi sic legat ut alium non inquietet Voir Brian STOCK Biblioth ques int rieures op cit pp 98 99 25 AUGUSTIN Confessions 1 1 Brian STOCK Biblioth ques int rieures op cit p 179 14 FINIE du lectio en relation avec la liturgie et la c l bration du culte divin Le chapitre 70 de l Admonitio generalis 789 ordonne aux pr tres de psalmodier comme il convient en respectant la division en versets Et ut psalmi digne secundum divisiones versuum modulentur Le capitulaire de Thionville de 805 prescrit d s son premier chapitre que les lectures soient lues l glise en respectant la ponctuation Ut lectiones in ecclesia distincte legantur Pour Michel Banniard il faut verser ce t moignage au dossier des intonations du rythme du souffle et des pauses lors de la lecture haute voix Pas plus que l criture la lecture n est une activit totalement silencieuse et il est probable que les scriptoria b n dictins bruissaient de voix m me supposer que le scribe ne vocalisait pas dans tous les cas ce qu il tait en train d crire il crivait g n ralement sous la dict e d un autre Quant Ta auteur du texte une notion qui pour cette poque doit tre mani e avec pr caution il crit en s e
42. ormes lyriques comme les rondeaux d Adam de la Halle 1240 1250 1288 en langue vernaculaire Les lignes des port es parfois rouges contrastant avec les notes noires 59 Jacques VIRET L cole de Notre Dame op cit p 108 60 Ibid p 107 crire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt 129 permettent de donner aux notes une hauteur stricte et imm diatement intelligible La forme des notes l inverse des anciens neumes indique la dur e des sons qui est l l ment fondamental du mode rythmique les dur es repr sent es entretiennent entre elles un rapport arithm tique strict un carr noir signifie une brevis unit l mentaire du temps musical divis e par deux la brevis donne la semi brevis repr sent e par un losange noir son tour celle ci peut se diviser par deux pour donner la minima repr sent e par un losange surmont d une hampe Au SIN si cle les compositeurs rivalisent de virtuosit dans une course la bri vet qui s exprime par le fractionnement toujours plus pouss des dur es fractio modi Mais ils peuvent aussi fondre deux br ves dans une dur e plus longue extensio modi suivant le m me principe d une mesure stricte du temps soit par division soit par multiplication de la m me unit de temps Prise dans le long terme cette volution permet de replacer la question du rythme musical dans l volution g n rale de la soci t et de la cul
43. p cit p 93 35 Ibid p 176 IV 10 HUGONIS DE SANCTO VICTORE op cit pp 83 85 crire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt 117 tous sens et appr ciant en cons quence le soin apport la composition mat rielle des livres En ce sens Hugues de Saint Victor est bien le porte parole d une poque o le scribe a le devoir de soigner l criture et la ponctuation notae afin de faciliter la lecture et la compr hension du lecteur Les textes doivent afficher visiblement leurs articulations avec des initiales des rubriques et d autres touches de couleur comme celles des fins de ligne au dessin g om trique v g tal ou animal qui hi rarchisent les divisions internes du texte et structurent par avance l effort de rem moration du lecteur Il convient de distinguer les grandes initiales orn es ou souvent histori es qui ouvrent parfois le volume et les livres qui le composent du foisonnement des petites initiales de tailles et de couleurs diverses or rouge bleu qui marquent les articulations logiques et s mantiques secondaires du texte rythment au plus pr s la lecture et soutiennent l attention et la m moire Dans la marge il arrive que de petites mains l index point vers tel passage important ou pr tant discussion attire l attention du lecteur Tel est aussi le r le de certains marginalia figures hybrides et ludiques qui pars ment sans contradiction apparente les ouvrag
44. r ce qui signifie aussi le soc de la charrue couvrir une page d criture c est en quelque sorte tracer des sillons dans un 1 Tim INGOLD Lines A brief history 2007 traduction fran aise Une br ve histoire des lignes Bruxelles Zones sensibles 2011 crire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt 101 champ o le sens va clore travers les mots l instar de la maturation des bl s Lire legere c est cueillir les lettres et les lier ensemble comme une gerbe On ne peut r duire les lettres les mots les textes leur seul contenu s mantique ils sont le produit d activit s dont il faut restituer la dimension corporelle Importent tout autant la mat rialit de la lettre et du support de parchemin ou de papier le trac de la main du scribe le mouvement des yeux du lecteur et de ses l vres l intensit des sons qui sortent de sa bouche La lettre trac e sur le parchemin a une existence propre un ductus qui lui donne forme une mani re de se lier aux autres lettres dans des mots et des phrases une sonorit qui la fait na tre dans une langue donn e Songeons que pendant des si cles les caract res latins taient intrins quement li s la seule langue latine sans que se puisse m me concevoir leur capacit transcrire les langues barbares puisque ce mot seul qui voque un balbutiement insignifiant d niait l id e de culture lettr e de literacy
45. rments se pr tent tout particuli rement une forme d expression chant e qui tend r duire les diff rences entre la prose et les 45 Eduardo Henrik AUBERT Le son et le sens L Ordo ad consecrandum et coronandum regem vers 1250 Annales HSS mars avril 2007 2 pp 387 411 46 Gunilla IVERSEN Chanter avec les anges Po sie dans la messe m di vale Interpr tations et commentaires Paris Cerf 2001 pp 291 295 propose deux listes de plus de vingt verbes avec leurs d riv s et d une quinzaine de noms correspondant ce que nous nommons de fa on r ductrice chanter et a chant 47 Michael RICHTER The Formation of the Medieval West Studies in the Oral Culture of the Barbarians Dublin Four Courts Press 1994 pp 149 150 48 Heinrich FICHTENAU Bemerkungen zur rezitativischen Prosa des Hochmittelalters in Anton HAIDACHER und Eberhard MAYER hg Festschrift Karl Pivec Innsbruck Sprachwissenschaftliches Institut der Leopold Franzens Universit t 1966 pp 21 32 Je sais gr Eduardo Aubert de m avoir signal cet article fondamental Voir aussi Michael RICHTER The Formation of the Medieval West op cit p 173 122 SAS ANS 49 vers En parlant de l criture aussi bien que de la lecture on se voit donc sans cesse ramen la question du chant et de la musique et aussi de la notation musicale Entre lire legere dire dicere chanter cantare il n y a pas de paroi tanche E
46. runt la th orie de la prose d art du vers ou distinctio mot qui vient de la th orie musicale et surtout de la rime consona consonantia qui acquiert une importance consid rable au XII si cle au point de devenir apr s le nombre des syllabes une caract ristique essentielle de la po sie rythmique En m me temps la musique comme th orie et comme pratique conquiert une identit propre Le motet gagne de bonne heure son autonomie par rapport au chant liturgique et au latin De nouveaux genres musicaux le rondeau le virelai etc apparaissent ainsi que de nouvelles exigences et des performances in gal es dans la notation musicale Socialement s imposent le statut professionnel et le prestige des compositeurs dont on conna t mieux d sormais les noms et les carri res ils ne sont plus exclusivement li s aux cath drales mais appartiennent l Universit comme Francon de Cologne ou bien sont attach s au si cle suivant surtout aux cours royales ou pontificale de Paris Rome Avignon Naples comme Philippe de Vitry ou Guillaume de Machaut un autre Moyen ge Paris Gallimard 1977 pp 46 65 64 B de d signe le vers par le mot versiculus Le mot versus n est pas utilis 65 Comme le montre en d tail Margot FASSLER Accent Meter and Rhythm op cit pp 175 179 propos du trait anonyme De rithmico dictamine 66 Voir certains des exemples reproduits dans Olivier CULLI
47. s e scolastique pr c d de L Abb Suger de Saint Denis Paris ditions de Minuit 1967 P r s Marcel dir La rationalisation du temps au XH si cle Musique et mentalit s Pr face de Jacques Le Goff Textes dit s par Catherine Homo Lechner Actes du colloque de Royaumont 1991 Gr ne Fondation Royaumont CREAPHIS 1991 Poirel Dominique Hugues de Saint Victor Paris Cerf 1998 Polak E J Textual Study of Jacques de Dinant s Summa dictaminis Gen ve Droz 1975 Richter Michael The Formation of the Medieval West Studies in the Oral Culture of the Barbarians Dublin Four Courts Press 1994 Roth Michael hg Schrift als Bild unter Mitarbeit von Nadine Rottau mit weiteren Beitr gen von Beate Braun Niehr und J rgen Geiss Kupferstichkabinett Staatliche Museen zu Berlin Petersberg Michael Imhoff Verlag 2010 Saenger Paul Space between Word The Origins of Silent Reading Stanford Stanford University Press 1997 Seidel Wilhelm Rhythmus Eine Begrifisbestimmung Darmstadt Wissenschaftliche Buchgesellschaft 1976 Ertr ge der Forschung 46 St blein Bruno Musikgeschichte in Bildern Bd IL Musik des Mittelalters und der Renaissance Leipzig VEB Deutscher Verlag f r Musik Leipzig 1975 Stiennon Jacques L criture Turnhout Brepols Typologie des sources du Moyen ge occidental 72 1995 crire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt 137 Stock Brian
48. s yeux courant sur les pages tandis que son c ur recherchait le sens sa voix et sa langue tant au repos On a g n ralement conclu de cette observation que la lecture individuelle et silencieuse tait exceptionnelle l poque d Ambroise et d Augustin et que les Anciens m me quand ils taient seuls lisaient voix haute Sans doute faut il tre plus prudent et mieux tenir compte des circonstances dans lesquelles Augustin fait son observation son but n est pas de commenter les modes de lecture en vigueur son poque en pleine recherche de la v rit il s tonne qu Ambroise ne lui fasse pas partager sa lecture comme le fait habituellement un 21 Brian STOCK Augustine the Reader Meditation Self Knowledge and the Ethics of Interpretation Cambridge Mass Harvard Universtity Press 1996 ID Biblioth ques int rieures Grenoble J r me Million 2005 22 AUGUSTIN Confessions VI 3 crire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt 113 p dagogue Non seulement on peut penser que la lecture silencieuse et la lecture voix haute taient l une et l autre pratiqu es par Ambroise comme par ses contemporains lettr s mais la seconde loin de caract riser une moindre habilet dans la lecture supposait une grande familiarit avec la lecture individuelle et silencieuse Il ne faut donc pas opposer de mani re rigide lecture voix haute et lecture silencieuse ni postul
49. sociation r gl e de longues et de br ves l instar des troch es dactyles spond es etc C est ainsi que Jean de Garlande n h site pas parler de rythme iambique et de rythme sponda que en assimilant respectivement les syllabes atones aux br ves et les syllabes accentu es aux longues Pour lui la configuration des syllabes et des accents d termine la rime ou similitude finale qui commence au niveau de l accent et porte z e f 58 donc au moins sur les deux sinon sur les trois syllabes finales Les modes rythmiques sont intrins quement li s la polyphonie et inversement il n existe pas alors de polyphonie chant e en rythme non Hills CA Anderson Lovelace 1996 58 Margot FASSLER Accent Meter and Rhythm op cit p 184 Voir aussi Pascale BOURGAIN La composition et l quilibre de la phrase narrative op cit p 148 Rhythmus est consonancia dictionum in fine similium sub certo numero sine metricis pedibus ordinata Il parle aussi de vocum consonancia Voir aussi Douglas KELLY The Arts of Poetry and Prose Turnhout Brepols 1991 p 170 Typologie des sources du Moyen ge occidental Fasc 59 128 ASS ANS m trique La superposition de plusieurs voix ayant chacune sa ligne rythmique mais qui toutes suivent la m me scansion mesur e sans quoi la polyphonie tournerait la cacophonie porte le nom de discantus ou d chant La r putation de P roti
50. t 1979 40 Claude BR MOND Jacques LE GOFF et Jean Claude SCHMITT L exemplum Turnhout Brepols Typologie des sources du Moyen Age occidental 40 1982 41 Jacques STIENNON L criture op cit p 83 crire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt 119 signes de ponctuation un point rond cola pour marquer la fin de la phrase distinctio un point virgule coma tourn en haut droite pour signaler l articulation interne de la phrase subdistinctio un point virgule tourn en bas gauche periodus pour marquer la fin de l unit de sens clausula un point surmont d une virgule tourn e soit droite soit gauche pausa pour distinguer une succession de verbes ou d adjectifs enfin le point d interrogation interrogativus Ces points appellent selon les cas un mode de prononciation diff rent avec maturit gravit distinction suivant le mode dit scriptural ou avec plus de l g ret en levant et en abaissant la voix suivant le mode dit vocal ou encore en combinant les deux modes Chaque signe de ponctuation appelle un mouvement sp cifique des l vres et une intonation diff rente de la voix Par exemple pour marquer le point virgule coma la voix doit s lever fortement en soulevant la l vre inf rieure vers la l vre sup rieure de mani re sugg rer la forme du point Une v ritable mimique de la ponctuation est propos e par Jacques de D
51. t rioris e en vue de la m ditation de l enseignement et de la pr dication Pour Hugues il y a trois sortes de lectures celle de l enseignant qui peut dire Je lis un livre cet homme celle de l tudiant qui dit Je vais suivre la lecture de celui ci son professeur celle du lecteur individuel qui affirme Je lis un livre Dans sa plus grande g n ralit ce dernier l individu est un inspiciens quelqu un qui regarde seul les lettres sur la page dispos e devant lui et qui peut dire simplement lego librum je lis un livre Il est solitaire dans sa lecture il ne lit de livre personne d autre et ne d pend de personne pour prendre connaissance de son contenu Il lit pour lui m me c est dire divise s pare et recherche en aiguisant sa m moire et en se plongeant dans la m ditation C est surtout la m ditation qui isole l me du vacarme des activit s terrestres et qui permet d s cette vie d avoir comme un avant go t de la douceur du repos ternel Observant ce lecteur id al et scrutant son 29 HUGONIS DE SANCTO VICTORE Didascalicon De studio legendi A critical Text ed Charles Henry Buttimer Studies in Medieval and Renaissance Latin X Washington 1939 ID Didascalicon L art de lire Introduction traduction et notes par Michel Lemoine Paris Cerf 1969 r ed 1991 Voir le commentaire lumineux de Ivan ILLICH Du lisible au visible la naissance du texte P
52. t de m me les signes graphiques qui ponctuent les lectiones sont en partie les m mes que les neumes qui depuis l poque carolingienne pars ment les pi ces liturgiques du plain chant cantus planus ou chant r 50 gr gorien Au IDN si cle le plain chant a connu deux volutions majeures La premi re tient au d veloppement d embellissements po tiques greff s sur les m lismes qui prolongent le chant de l alleluia voire des autres chants incantatoires ou jubilatoires de la liturgie tels le Kyrie eleison l Agnus Dei le Gloria le triple Sanctus Par exemple sur la finale a de l alleluia tir e en un long m lisme de dix notes ou plus s est greff un nouveau texte po tique faisant suite l hymne originel d o son nom de s quence mais on parle aussi de trope de prose et de s quence prose Le moine Notker de Saint Gall dit Balbulus le B gue vers 840 912 serait l un des initiateurs de l art des s quences La fonction de celles ci est la fois ornementale puisque la s quence accro t la beaut de l office offert Dieu et mn motechnique puisque les paroles aident m moriser un m lisme de plus en plus long et contourn Une telle inflation vocale et verbale d hymnes de tropes de 49 Florence CHAVE MAHIR L exorcisme des poss d s dans l glise d Occident X XIV si cle Turnhout Brepols 2011 B atrice DELAURENTI la puissance des mots Vertus verboru
53. tion fran aise Tome I Le livre conqu rant Du Moyen ge au milieu du XVIF si cle Paris Promodis 1982 p 32 Voir aussi les tudes r unies dans Le Livre au Moyen ge op cit 11 Monique PEYRAFORT Les ateliers de copie in Le Livre au Moyen ge op cit p 41 crire lire chanter dans l Europe m di vale Jean Claude Schmitt 107 manuscrit au fur et mesure de l avanc e du travail du copiste Ont t mesur s pour cela la taille et l espacement des lettres de chaque ligne qui influent sur le nombre de lettres de chaque page le nombre de lignes fix a priori par la r glure tant stable et au bout du compte sur le nombre de folios de parchemin n cessaires pour la copie d un m me texte Ces variations t moignent de mani re saisissante de l effort que font les scribes pour conserver tout au long de leur travail une criture r guli re en d pit de la menace r currente du rel chement Le moine Herimann a copi vers 1175 le c l bre vang liaire command l abbaye d Helmarshausen par le duc de Brunswick Henri le Lion m me si on ignore quand et combien de fois le scribe a interrompu son travail on constate dans les trois premiers cahiers de l vangile de Luc cahiers 16 18 correspondant aux folios 115 137 une diminution r guli re de la densit de l criture puis la faveur d un changement de cahier le scribe se ressaisit et retrouve la densit forte du d but mais in
54. trument de leur affrontement id ologique Mais il concerne vite tous les autres types d criture impr gn s des r gles de la rh torique les lettres les chroniques les sermons Ces prescriptions rythmiques se retrouvent avec quelques variantes dans toute l Europe o l on observe une faveur croissante du cursus velox notamment au XIII si cle La prose de chaque auteur tend dans les limites des usages de l poque et surtout 17 H DAVIS The De ritmis of Alberic of Monte Cassino A Critical Edition Medieval Studies XXVIII 1966 pp 198 277 18 Beno t GR VIN Les myst res rh toriques de l tat m di val L criture du pouvoir en Europe occidentale OI XV si cle Annales Histoire Sciences sociales mars avril 2008 2 pp 271 300 Le cursus est une marque rythmique fond e sur les types d alternance de syllabes accentu es et atones qui identifient la fin des unit s de sens d un texte Ces types d alternance sont le paroxyton quand l accent d intensit porte sur l avant derni re syllabe et le proparoxyton quand il porte sur la syllabe pr c dente Ces d signations sont ind pendantes du nombre des syllabes du mot il y a des paroxytons trissylabiques t trasyllabiques etc partir de l on distingue principalement trois cursus autrement dit trois mani res de terminer rythmiquement les unit s de sens d un texte le cursus planus constitu
55. ture Au IT si cle on ne saurait d tacher l apparition de l organum Notre Dame de Paris les modes rythmiques et la notation nouvelle du vaste mouvement de promotion du nombre et de la mesure de toutes choses d j voqu e propos du chantier des cath drales commencer par Notre Dame de Paris ou TEN r 63 des divisions des Sommes scolastiques Ce processus ne fut pas continu Une 61 Ibid p 110 62 Alexander MURRAY Reason and Society in the Middle Ages Oxford Clarendon Press 1978 63 Erwin PANOFSKY Architecture gothique et pens e scolastique op cit Voir aussi Marcel P R S dir La rationalisation du temps au XII si cle Musique et mentalit s Pr face de Jacques Le Goff Textes dit s par Catherine Homo Lechner Actes du colloque de Royaumont 1991 Gr ne Fondation Royaumont CREAPHIS 1991 Rappelons l article classique de Jacques LE GOFF Au Moyen ge Temps de l glise et temps du marchand Annales E S C 1960 pp 417 433 repris dans Pour 130 FARES AUS vraie c sure distingue l poque Notre Dame et les compostions musicales de la fin du XII si cle et surtout du XIV si cle La musique comme ars s affranchit de plus en plus de la grammaire et du dictamen auquel tait li l ancien rhythmus Plus exactement elle b n ficie de l affinement de l analyse technique des composantes de la po sie rythmique qu il s agisse de la strophe ou clausula mot emp
56. u texte Ils pointent le son d une syllabe punctum virga ou en relient plusieurs cons cutives par des traits et des points dans un mouvement ascendant quilisma descendant clivis oriscus climacus oscillant porrectus etc Plusieurs proc d s neumatiques permettent en outre de noter le rythme du chant par l allongement des signes un point qui se mue en trait une virga 51 Margot FASSLER Accent Meter and Rhythm in Medieval Treatises De rithmis The Journal of Musicology 5 2 Spring 1987 p 169 Gunilla IVERSEN Chanter avec les anges op cit 52 Marie No lle COLETTE Marielle POPIN et Philippe VENDRIX Histoire de la notation du Moyen ge la Renaissance Tours Minerve 2003 pp 39 43 Voir aussi J W A VOLLAERTS Rhythmic Proportions in Early Medieval Ecclesiastical Chant Leiden 124 BASES AUS qui s agrandit avant tout par la s paration des l ments neumatiques telle que celle rep r e par Marie No lle Colette dans un s quentiaire recueil de s quences provenant de l abbaye de Saint Gall au tournant des IDN A si cles Paris BnF Lat 10587 fol 5 au centre de la page se trouve le texte auquel correspond dans la marge ligne apr s ligne la notation neumatique la s paration et le groupement des neumes se conformant au rythme de la phrase On peut enfin trouver des lettres significatives qui donnent des indications soit sur la m lodie et l l vation de
57. ui dans la soci t et la culture m di vales exigeait une mesure la mesure du temps les poids et mesures de la monnaie et des denr es l astronomie le corps humain les degr s de parent la g om trie l architecture gothique et les Sommes th ologiques du XII si cle habilement rapproch es par Erwin PanofskyS4 Reprenons plus en d tail le fil de ces transformations D s la fin du XI si cle l opuscule De ritmis d Alb ric du Mont Cassin fournit les premiers signes de cet branlement L auteur y parle des deux sortes de rythmes la premi re concerne le rhythmus au sens traditionnel dont le prestige est depuis longtemps acquisSS Il se caract rise par le nombre 54 Erwin PANOFSKY Architecture gothique et pens e scolastique pr c d de L Abb Suger de Saint Denis Paris ditions de Minuit 1967 La misura Measuring Micrologus XIX Firenze Edizioni del Galluzzo 2011 126 PHARES ANS des syllabes sans consid ration de longueur ni de bri vet La seconde sorte de rythme conna t en plus du nombre des syllabes des syllabes de longueur ou de bri vet variables Sous les apparences d une r f rence l ancienne m trique Alb ric introduit une nouveaut un principe de mesure temporelle des sons ou modes rythmiques modi rhythmici celui l m me qui caract risera un si cle plus tard l organum polyphonique Notre Dame de Paris avant de prendre au SINT si cle
58. ure in the Eleventh Century Proceedings of the Third International Conference on medieval Latin Studies Cambridge September 1998 t I Turnhout Brepols 2002 pp 83 108 Bourgain Pascale et Marie Clotilde Hubert Latin et rh torique dans les pr faces de cartulaire in Les Cartulaires Actes de la table ronde organis e par l cole nationale des chartes et le GDR 121 du CNRS Paris 5 7 d cembre 1991 r unis par Olivier Guyotjeannin Laurent Morelle et Michel Parisse Paris cole des chartes 1993 pp 123 136 Br mond Claude Jacques Le Goff et Jean Claude Schmitt L exemplum Turnhout Brepols Typologie des sources du Moyen Age occidental 40 1982 Brownrigg Linda L and Elisabeth C Teviotdale eds Manuscripts with Music Production and Use The Seminar in the History of the Books to 1500 Oxford 12 14 July 1996 Los Altos Hills CA Anderson Lovelace 1996 Camargo Martin Ars dictaminis Ars dictandi Turnhout Brepols 1991 Typologie des sources du Moyen ge occidental Fasc 60 Carruthers Mary Le livre de la m moire Une tude de la m moire dans la culture m di vale 1990 Paris Macula 2002 Carruthers Mary Machina memorialis M ditation rh torique et fabrication des images au Moyen Age 1998 Paris Gallimard Biblioth que des histoires 2002 Chave Mahir Florence L exorcisme des poss d s dans l glise d Occident X XIV si cle Turnhout Brepols 2011 Chinca Mark and
59. ves et longas dans la scansion rythmique En un mot le choix d un rythme est un facteur d individuation limit toutefois par les usages de l poque et du genre 2 Lire Aux rythmes de l criture manuelle s accordent les rythmes non moins physiques de la lecture Celle ci est une activit de l esprit et un exercice des 19 Dag NORBERG Manuel pratique de latin m di val Paris Picard 1968 p 88 Pascale BOURGAIN La composition et l quilibre de la phrase narrative au onzi me si cle in Michael W HERREN C J McDONOUGH and Ross G ARTHUR eds Latin Culture in the Eleventh Century Proceedings of the Third International Conference on medieval Latin Studies Cambridge September 1998 t I Turnhout Brepols 2002 pp 83 108 Martin CAMARGO Ars dictaminis Ars dictandi Turnhout Brepols 1991 Typologie des sources du Moyen ge occidental Fasc 60 Tore JANSON Prose Rhythm in Medieval Latin from the Ninth to the Thirteenth Century Stockholm Almqvist och Wiksell international 1975 Studia Latina Stockholmensia 20 Pour emploi du cursus et m me de la prose rim e dans les pr faces de cartulaires voir Pascale BOURGAIN et Marie Clotilde HUBERT Latin et rh torique dans les pr faces de cartulaire in Les Cartulaires Actes de la table ronde organis e par l cole nationale des chartes et le GDR 121 du CNRS Paris 5 7 d cembre 1991 r unis par Olivier Guyotjeannin Laurent Morelle et
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