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Jean-Pierre Bloc (monteur) Merci d`être venus à la première des

1. ces projections de travail or j ai entendu dire que ce n est plus syst matique Cela m tonne beaucoup qu on ne demande plus au monteur d tre pr sent ces projections J aimerais donc que vous nous redisiez et pas simplement pour nous faire plaisir si pour vous cela est important pour le processus de cr ation Ce serait bien que nous soyons tous d accord sur cette pr sence Il est important de la d fendre pour que ceux qui ont tendance la remettre en cause reviennent sur leur position Le deuxi me petit point sur lequel je veux intervenir concerne le lieu de la projection Je ne suis pas du tout d accord avec Anita Le lieu neutre est sans doute le lieu id al mais c est un r ve parce que comme vous l avez dit l conomie du documentaire est catastrophique Pr voir des lieux de projection neutres en dehors de nos salles respectives est un peu compliqu financi rement Alors choisir je trouve que a aurait du sens si nous avions le choix de faire venir les diffuseurs sur le lieu du montage Ce n est pas un reproche que je fais aux diffuseurs mais tr s souvent c est par manque de temps qu ils nous demandent de venir chez eux Je suis d accord avec Anita lorsqu elle voque le risque d avoir faire du montage en direct puisque sur l ordinateur les manipulations sont faciles et qu apr s une projection il vaut mieux r fl chir Cependant les crans informatiques peuvent tre teints et nous pou
2. En voici un qui a tenu un premier r le et qui en tient maintenant un second Fabrice Puchault Charg des documentaires France 2 Un second r le c est exactement a puisque je suis maintenant diffuseur Ce n est qu un second r le m me si parfois cela peut sembler tre le premier J ai t producteur j ai d ailleurs fait mes classes ici dans cette cole lorsqu elle tait au Palais de Tokyo J ai t producteur de documentaires ce qui vis vis du montage est une exp rience particuli re J ai quitt la production pour entrer France 3 il y a peu pr s trois ans Je suis depuis huit mois responsable des documentaires France 2 ce qui reste donc une exp rience assez courte Qu attend on d un montage part qu il r v le souvent toutes les potentialit s d un film qu on a imagin partir d un dossier C est particuli rement fragile surtout pour le documentaire ou en tout cas particuli rement difficile au stade du dossier de savoir ce que sera le film Il y a toujours une part de risque pour tout le monde C est d ailleurs bien comme cela il faut laisser la place je ne vais pas vous la faire aux surprises du r el N anmoins il est vrai que pour un diffuseur le stade du montage est un peu particulier dans le sens o nous attendons le film dont nous avons besoin Nous attendons un film Tu nous as dis Claude pas de langue de bois j essaie donc de parler
3. amont et les monteurs que je consid re tre les sc naristes de l aval Un sc nario a n existe pas Anita Perez Je voudrais r agir vos propos Il m est arriv de suivre tr s en amont des projets Il y avait bien s r un producteur mais J accompagnais moi aussi le r alisateur dans les phases d criture et de rep rage Ce fut tr s int ressant pour moi de monter ensuite le film Cependant il y a des r alisateurs et des monteurs qui n aiment pas proc der de cette mani re Ils savent qu ils vont travailler ensemble le monteur lit bien s r le projet mais il pr f re garder un il neuf Il est vrai que dans ces deux cas de figure nous monteurs ne sommes pas exactement dans la m me position par rapport aux rushes et la diff rence est importante Si en travaillant en amont la collaboration se joue mieux entre le r alisateur et le monteur c est tr s bien mais c est un choix personnel et il ne peut tre g n ralis J aimerais aborder un autre point Faut il projeter le film chez le diffuseur ou dans la salle de montage Moi je pr f re aller chez le diffuseur Je ne veux pas que nous soyons dans la salle de montage devant l ordinateur M me pour une projection de travail avec le r alisateur il nous arrive souvent de projeter le film en dehors de la salle ainsi nous le voyons diff remment C est aussi pour cette raison que j aime bien pr senter le montage chez le diffuseur pour ce recul l
4. hui doit tre autour de cinq six semaines pour un 52 minutes elle n est pas de douze semaines je parle d un chiffre CNC je ne dis pas chez untel ou chez untel c est parce qu il se trouve que nous sous finan ons les films et alors l c est une opinion tout fait personnelle c est pour cela que vous avez un probl me Il faut arr ter de se la jouer nous sous finan ons les films Non ce n est pas la peine d applaudir mais c est quand m me une des racines du probl me et nous donnons peu pr s tous ici le m me argent aux films Peut tre pas toi Genevi ve pour France 5 mais que ce soit Arte l unit documentaire et les soir es th matiques ou nous France 2 nous donnons peu pr s le m me argent Cela doit se jouer 10 000 Euros pr s pour les 52 minutes nous donnons plus pour les longs formats car nous sommes une cha ne qui a plus de t l spectateurs une cha ne plus riche mais globalement nous donnons peu pr s la m me chose Il y a un probl me conomique de base effectivement dans la dimension du travail Alors n anmoins faut il se poser sans cesse la question des temps de montage infinis Je connais bien maintenant la production en Am rique le montage d un film de 90 minutes dure au moins deux ans ce qui n est pas synonyme de qualit Ce dit Pierrette est vrai il faut travailler sur papier cela est une vidence mais le vrai probl me le probl me de fond reste le sous financement
5. Il y a galement une autre raison Tout le monde conna t ces nouveaux outils que sont les ordinateurs et je nai pas trop envie que vous les diffuseurs vous en approchiez pour me demander de modifier rapidement certaines choses apr s la projection Moi apr s une projection j ai besoin de penser de r fl chir le r alisateur aussi et vous aussi Je n ai pas envie de m y remettre Je trouve que le lieu du diffuseur est int ressant parce qu il est hors du lieu de travail et qu il n y a donc pas de possibilit de se replonger dans le montage de mani re imm diate No mie Loeve assistante monteuse Je suis assistante monteuse Je voudrais savoir si par hasard vous n attendriez pas du monteur une certaine capacit de r sistance aux demandes du diffuseur ou du producteur Le r alisateur a d une part un rapport tr s intime avec son uvre d autre part il d pend plus du producteur et du diffuseur que le monteur Alors n attendriez vous pas par cons quent que ce dernier exerce une part de r sistance d un c t la pression ditoriale et de l autre celle de la production pour faire ressortir de l uvre sa sp cificit N attendriez vous pas du monteur un r le un peu ambigu Je ne sais pas si je me fais bien comprendre Patrick Winocour Je ne sais pas c est une vision tr s parano aque du travail Il y a des tensions parfois violentes et la question est de savoir si elles profitent au film L i
6. arrivons qu la fin Nous avons tendance dire que le boulot du monteur en gros c est de r v ler le film qui est potentiellement l D autre part nous avons eu une ou deux exp riences dont nous parlerons peut tre apr s de montages qui ne se sont pas bien pass s et au cours desquels nous avons du changer de monteurs Nous nous sommes aper us pour aller vite que selon le monteur ce n tait pas le m me film l arriv e Nous ne pouvons donc pas dire aussi simplement que le film est dans les rushes il faut savoir le trouver Claude Guisard ce propos justement est ce que tu visionnes les rushes Est ce que cela t est d j arriv Patrick Winocour Surtout pas Quelquefois il nous est arriv de visionner des rushes en tout d but de tournage pour s assurer lorsque nous ne connaissons pas les r alisateurs Au contraire nous restons le plus loin possible de cette mati re l D ailleurs je trouve qu en fin de montage nous commen ons ne plus tre tr s bon au bout du quatri me ou cinqui me visionnage nous parlons de s quences qui taient dans la version pr c dente c est absolument calamiteux J ai donc une grande admiration pour les gens comme les monteurs qui peuvent voir une s quence un aussi grand nombre de fois Pierrette Ominetti Directrice Adjointe et Administratrice de l Unit Documentaire Arte Je suis directrice adjointe de l unit documentaire d Arte qui
7. monteur qui n est pas un presse bouton Mais de la m me fa on je dirais qui r alisateur qui apporte 150 heures de rushes pour un documentaire disons de 52 minutes est un r alisateur presse cam ra Pierrette Ominetti C est certes rare 400 heures c est un cas extr me Mais par exemple Rithy Panh quand il a tourn S 27 il avait 400 heures de rushes et ce n est pas le seul Bruno Ulmer vient de terminer son film Welcome Europa Il a t en tournage pendant un an et demi dans toute l Europe il savait exactement ce qu il voulait mais il avait besoin de trouver ses personnages il en a film beaucoup Il avait au moins 300 heures de rushes Alors peut tre que cela correspond plus aux Grands Formats et que c est un cas particulier je vous assure que ce n est pas aussi rare Alex Szalat Apr s c est toujours avoir la politique de ses moyens Une monteuse Je monte plut t des films d archives donc j ai peu de rushes Je n ai jamais eu 150 ou 200 heures de rushes j en ai plut t 10 ou 20 Mais je consid re qu il n y a pas assez de temps de montage puisque maintenant 1l faut faire des films en cinq semaines et que nous ayons 150 heures de rushes ou 10 heures le temps de r flexion n est pas suffisant dans tous les cas Pierre Ominetti Nous ne parlons pas des m mes films La m me monteuse Mais le film d archives est aussi un film et nous avons besoin de temps Alex Szalat Je
8. tre parce c est ce que veut le spectateur Fabrice Puchault Je n ai pas dit a Michel Follin Vous l avez dit partir du moment o vous connaissez votre spectateur vous n avez pas besoin de moi auteur Je pense que je ne travaillerai pas chez vous vous n avez pas besoin de moi C est un discours que nous entendons beaucoup quand m me Fabrice Puchault Je ne crois pas avoir dit cela ce n est pas ce que je pense Michel Follin S1 C est int ressant d avoir cette discussion avec vous parce que vous repr sentez un courant qui nous pose un probl me parce qu il installe une relation difficile entre nous et qui vice cette relation pour tout le monde c est donc normal que je r agisse Claude Guisard Je pense que Fabrice Puchault a fait une petite ellipse Il est vident que la question de la strat gie et du besoin du diffuseur est naturelle mais elle doit se poser au moment du choix et des discussions qui ont lieu tout au long de la pr paration du film et il est vrai que c est troublant et m me un peu brutal que ces consid rations n interviennent au moment du montage Michel Follin Merci Claude Fabrice Puchault Puis je tenter de r pondre Michel Follin Je voulais encore intervenir sur deux trois autres points Je voudrais faire une deuxi me petite critique qui s adresse Genevi ve Boyer de France 5 elle disait tout l heure qu elle aimerait rencontrer les mont
9. C est moi qui ai utilis l expression bon monteur Alors pas de langue de bois je produis maintenant cinq six films par an comme Patrick Winocour et j ai dix ans d exp rience j ai toujours constat que le choix du monteur est incontestablement le choix capital sur un film Le choix du directeur de la photo de l ing nieur du son et des autres membres de l quipe de tournage est moins d terminant partir du moment o nous avons bien travaill en amont avec le r alisateur En ce qui me concerne la plupart du temps les personnes qui travaillent sur le film sont propos es par auteur r alisateur y compris le monteur Je dis qu il y a des bons monteurs et heureusement je ne travaille qu avec des bons monteurs pour la majorit des films mais il y a aussi des monteurs presse bouton cela existe Il m est arriv de devoir interrompre des montages parce qu il y a des monteurs qui n apportent rien sur des films et o il n y a pas finalement de valeur ajout e nous le sentons tr s tr s vite Bon monteur c est donc un jugement posteriori Mais c est cette tape pendant le montage du film qu il y a il me semble le plus de difficult s Le monteur doit faire surgir le film qui va surprendre le producteur le r alisateur et tout le petit noyau qui participe cette tape tr s longue qu est le montage d un film Finalement un tournage c est court un montage c est long et c est p
10. Nathalie Verdier l a dit effectivement c est cette tape l que le film se fait se r v le qu il ait t bien ou mal tourn que nous ayons t d us ou pas par le tournage c est l qu il se r v le de mani re formidable je l esp re Alex Szalat Charg de Programmes Unit Europe Soci t et G opolitique Arte Je suis actuellement charg de programme l unit de Sylvie J z quel qui est l unit de G opolitique Europe et Soci t Arte J ai t producteur pendant presque vingt ans et cela ne fait qu un an et demi que je suis Arte Je suis galement r alisateur de films documentaires Je dirais que tout ce qui a t dit est certainement vrai Le premier moment o le diffuseur met les pieds dans la salle de montage c est en fait la premi re fois qu il est confront la r alit du film en tant qu objet Jusque l il n y avait eu seulement que l id e d un film il n y avait encore pas de film Donc m me aujourd hui en tant que diffuseur j essaie de regarder ce qu on me montre en faisant abstraction le plus possible de la ligne de mon unit de programme Patrick Winocour disait tout l heure il y a une ligne on attend quelque chose d un film Quand je vois un film en montage la premi re fois je me laisse aller regarder ce qu on me montre J attends simplement de voir ce que le r alisateur a fait en accord avec le producteur et avec le mon
11. a t fait C est pour cela que les visionnages ne sont pas faciles pour nous Ce n est pas facile de prendre la parole lorsque le film s arr te et que nous avons l impression d tre tr s loin du film que nous avions imagin C est tr s difficile Parfois les mots sont violents ils sont durs Mais nous le faisons pas volontairement nous ne sommes que des tres humains Les choses sont dites violemment pour qu elles soient entendues Nous n avons pas envie de les dire deux fois parce que c est p nible dire l votre confiance pourrait peut tre nous aider C est pour cela que je pense que la pr sence du monteur est n cessaire d s le d but du projet M me s il n y a pas de rencontre pr alable entre le diffuseur et le monteur le contenu des premi res r unions que nous avons eu entre nous diffuseur producteur et r alisateur devrait au moins tre communiqu au monteur Lors du visionnage il faut qu il y ait une confiance partag e Il faut se dire que nous sommes en train de travailler ensemble et ne pas penser que le diffuseur a tout le pouvoir cela n est pas vrai Il faut essayer de travailler ensemble d aller ensemble vers le meilleur film c est pourquoi nous aussi nous avons besoin de votre confiance Fabrice Puchault Dans ma longue exp rience de producteur je n ai jamais rencontr de diffuseur qui arrive avec des oukases aberrants Pourtant j ai travaill avec toutes les cha nes s
12. bien que le budget n est pas extensible pour ce type de films Charlotte Tour monteuse Je voudrais retourner la question et dire ce que moi j attends des producteurs comme pas mal de monteurs ici c est d abord qu ils nous donnent les moyens pour bien travailler donc du temps videmment Et puis ensuite nous sommes en droit attendre au moins de certains producteurs un regard de spectateur avis Les diffuseurs ce soir nous ont pas mal cir les pompes mais il me semble pourtant qu au cours des projections ils installent plut t un rapport de force Sur le montage proprement dit du film moi je n attends pas grand chose des diffuseurs parce qu en g n ral ils ne voient le film qu une fois avec plus ou moins de concentration et d attention De plus ce sont souvent des personnes de pouvoir et pas forc ment des personnes qui sont capables de regarder d analyser un film et de le faire avancer Je ne vais pas donner d exemple mais je pense que nous avons tous eu des exp riences de visionnage o les interventions des diffuseurs ont t tr s d cevantes J attends aussi qu ils soient un peu plus duqu s cin matographiquement peut tre car souvent ce qu ils demandent c est juste du formatage J attends enfin de leur part un petit peu plus de respect pour l engagement et le travail des r alisateurs Les diffuseurs sont souvent confortablement assis sur des si ges de pouvoir m me si je sais que ces si
13. cha ne Je ne parle pas bien s r de toutes les cha nes je parle de France 2 Je ne me permettrais pas de parler du fonctionnement d Arte ou de France 5 Je parle d une cha ne qui dit ses unit s voil ce que nous voulons faire sur telle ou telle case Nous voudrions que vous arriviez tel ou tel type d audience Je parle d une cha ne qui a un fonctionnement particulier Ce que je vous d cris c est le fonctionnement de cette cha ne Il serait totalement absurde dans le champ du documentaire de consid rer qu il y a une ligne univoque et que c est celle de la cha ne C est un travail dialectique qui se pose Il y a deux fa ons d envisager la t l vision soit comme une rente soit comme une industrie prototype La rente ce sont les h ros r currents les s ries ce qui a march une fois et que nous allons tenter de r p ter de fa on industrielle Le documentaire pour le coup chappe syst matiquement cela Il y a donc une dialectique qui s instaure entre le fonctionnement de la cha ne que je vous ai d crit et le fonctionnement du travail Je n ai pas dit que nous connaissions notre audience j ai dit que nous avions un rapport particulier cette audience Je n ai pas dit que les films devaient tre conformes nos d sirs j ai m me dit le contraire J ai m me dit que ce serait triste mourir En revanche c est vrai J ai dit les films dont nous avons besoin endossant ainsi l
14. de temps de rep rages de pr paration de r flexion et d criture ce qui fait que le montage ne doit pas tre une totale surprise par rapport au projet initial Il va dans le sens du projet il le r v le Si c est une surprise magnifique splendide nous sommes ravis mais en g n ral nous sommes proches de l id e initiale nous pouvons seulement aller plus loin encore voil Il arrive que des jeunes r alisateurs veuillent travailler avec des jeunes monteurs Or pour assurer ma responsabilit j ai besoin d avoir une garantie et d engager quelqu un d exp riment qui a peut tre vingt trente ans d exp rience derri re lui alors que ce n est pas forc ment le choix du r alisateur Fran oise Berger Carnot monteuse Je m adresse surtout aux diffuseurs qui ont d clar ne pas avoir de contact direct avec les monteurs Je monte un certain type de documentaires et je sais que bien souvent tant donn nos emplois du temps la premi re projection a lieu dans vos locaux et les producteurs de ce type de documentaires ne sont pas tr s habitu es ce fonctionnement Nous nous y sommes habitu s car dans le long m trage nous savons que nous pouvons rencontrer le producteur ou le distributeur Ces productions pensent que le monteur doit rester dans la salle de montage et qu il ne fait pas partie du voyage chez le diffuseur Pourtant le monteur dans vos locaux adopterait la position d tre discret de ne pas
15. m me sens celui que nous avons per u comme tant la richesse du film Ce n est pas toujours facile Mais moi je suis contente de cette qualit de dialogue m me peu bavarde Patrick Winocour Je voulais simplement dire que quand nous nous embarquons dans une production de film que nous soyons diffuseur producteur ou r alisateur nous nous engageons ensemble faire ou faire fabriquer le film sur lequel il y a une base commune d id es et de concepts que nous avons parl pr alablement C est partir de l que se fait le choix des personnes le diffuseur choisit le r alisateur et le producteur il a rarement la possibilit de choisir le monteur et je pense que cela ne rel ve pas du tout de son r le de s impliquer dans le choix des techniciens Cela rel ve enti rement du r le du r alisateur qui choisit ses collaborateurs selon ses affinit s en accord avec le producteur videmment La relation personnelle diffuseur monteur n est pas forc ment n cessaire dans l laboration et la fabrication d un film Je pense qu elle existe comme l a dit Pierrette Ominetti parce que le monteur est pr sent et qu il a sa place prendre Et finalement quels que soient les cas de figure le monteur prend la place qu il a prendre la place que nous lui laissons ou la place que nous lui donnons mais c est lui aussi de prendre et faire les choses comme il l entend Quand dans la relation directe ou dans
16. montage videmment cela n est pas toujours possible pour des raisons d ordre conomique mais moi j essaie presque syst matiquement de faire en sorte qu il y ait au moins quinze jours de pause apr s les huit premi res semaines de montage L encore il n y a pas de norme mais ces pauses sont particuli rement b n fiques pour le film Val rie Laval r alisatrice Il y a une notion qui me parait essentielle dont personne n a parl ce soir c est la notion de confiance Lorsqu un r alisateur ou une r alisatrice et un producteur arrivent pour le visionnage dans le bureau du diffuseur c est que ces trois personnes se sont entendues sur un film On esp re effectivement que c est ce film que l on verra Ce fameux visionnage est certes un moment angoissant pour le producteur et le diffuseur mais c est surtout un moment douloureux pour le r alisateur et pour le monteur qui eux ont pass norm ment de temps sur ce film Ils donnent voir un montage auquel ils croient tr s fort qui est leur vision du film Le montage est bien une histoire de point de vue Et si chacun arrive cette projection avec son propre point de vue cela peut tre catastrophique pour le film Je pense que les paroles dites ce moment l devraient tre mesur es r fl chies diplomates et qu un temps de r flexion devrait tre effectivement laiss au r alisateur et au monteur Un montage est un difice qui se fait pierre par pierre c e
17. parler alors que Dieu sait si nous entendons si nous voyons Nous pouvons comprendre qu on nous demande de ne pas intervenir mais quand m me Michel David Mon cas est peut tre exceptionnel dans cette assembl e mais dans notre production jamais un monteur n a t absent lors de ces projections jamais Fran oise Berger Carnot Oui mais je sais qu avec certains diffuseurs cela se passe ainsi Michel David Et m me quelques fois le monteur parle Et il parle m me oralement et pas seulement par des gestes comme le disait Pierrette Ominetti Et c est tr s bien Claude Guisard Je crois que nous touchons l une autre question qui peut para tre un peu secondaire mais qui a quand m me son importance est ce que le meilleur endroit pour visionner le travail est la salle de montage ou n est il pas int ressant de se trouver dans un lieu neutre o le regard est forc ment au moins physiquement diff rent Juliana monteuse J ai entendu des trucs super sympas depuis le d but de la soir e donc cela fait plut t plaisir Je ne sais pas si cela correspond vraiment des r alit s concr tes dans l exercice de notre m tier au quotidien mais dans tous les cas entendre tout ce que nous avons entendu c est plut t tr s sympa Par contre je me pose des petites questions je suis totalement d accord avec vous sur l importance du choix du bon monteur Il est clair d une part que c est tr s diffic
18. part d un projet le producteur et le diffuseur se sont entendus sur un film et que le r alisateur comme le monteur vont dans le m me sens pour faire ce film il serait peut tre judicieux de mesurer la violence des propos et de penser la souffrance qu elle cause Le montage est un travail assez difficile Tout l heure quelqu un a dit qu il fallait faire le deuil Le deuil nous monteurs nous le vivons tous les jours c est une chose difficile faire Lors de ces projections le r alisateur et le monteur montrent leur travail ils s exposent Souvent les paroles du diffuseur ont un c t sanction qui n est pas facile vivre c est peut tre la raison pour laquelle nous restons nous monteurs en retrait Je voulais aussi voquer l volution des rapports entre les diffuseurs et les producteurs Le m tier a chang la pression conomique est devenue norme Nous sommes bien dans une logique de rentabilit o les choses doivent aller tr s vite D ailleurs aujourd hui lorsque je suis contact pour un travail je suis tonn que l on me demande d abord si je connais telle ou telle machine et que l on ne me demande pas ce que j ai mont Nathalie Verdier Sur la question de la sanction j ai l impression en tout cas qu Arte pour moi comme la plupart des gens qui y travaillent nous ne sommes pas dans ce registre l Nous ne venons pas un visionnage unique moi j assiste au moins trois ou
19. pense que nous ne pourrons pas r soudre ici le probl me du temps de montage parce qu videmment si nous devons parler d conomie c est un tout petit peu d caler ou d placer le d bat me semble t il puisque nous parlions plut t de la relation du statut du r le des uns et des autres Il y a tellement de films diff rents dans toutes les cha nes Je pense que Rithy Panh n a pas eu les m mes moyens de tournage et de montage que ceux donn s Patrick Winocour Quark Productions pour le film documentaire Les r volutions mode d emploi C est compliqu de comparer les moyens dont dispose chaque film J ai envie de revenir une chose qui est peut tre le v ritable accompagnement du film par le quatuor que nous avons d fini au d part parce qu il est vrai que tout est dans l accompagnement Moi je ne parlerais pas de bon monteur ou de mauvais monteur ou de moins bon Mais il est vident qu il y a des monteurs qui n accompagnent pas les films de la m me fa on parce qu ils n ont pas forc ment le regard ou la capacit d apporter quelque chose au r alisateur ou au film Nous pouvons tous nous retrouver bloqu s il est difficile de d terminer les raisons exactes qui font qu un moment dans la relation 1l y a quelque chose qui coince cela peut tre d l puisement de la relation entre le r alisateur et le monteur Quelquefois l intimit qui s est cr e depuis des ann es entre un r al
20. quatre visionnages Il y a quelque chose qui se construit Il y a le premier visionnage o les impressions peuvent tre un peu g n rales nous voyons le film en train de na tre nous discutons de la forme qu il prend et de sa direction peu peu les argumentaires se resserrent Il y a parfois des oppositions lors du second visionnage puis ces oppositions disparaissent au troisi me Je ne vis pas du tout cette relation comme unilat rale Je ne me pose pas en juge Comme le disait Alex nous sommes embarqu s sur un film et nous travaillons ensemble J coute nous coutons les arguments nous y r pondons c est souvent tr s dialectique Nous ne disons pas je veux a Je ne connais pas beaucoup de diffuseurs qui fonctionnent de cette fa on Nous sugg rons mais si la suggestion n est pas prise en compte nous proposons autre chose cela peut provoquer une autre id e une autre solution Nous sommes plut t ouverts Genevi ve Boyer Je pense que nous aussi avons besoin de votre confiance Dans les cha nes de t l vision il y a des gens au dessus de nous qui d cident Nous ne sommes pas forc ment ma tres de la d cision nous avons un travail faire nous travaillons avec vous et en g n ral nous aimons ce que nous faisons Il est donc tr s important pour nous aussi d avoir votre confiance Quand vous venez et que vous nous montrez votre film votre documentaire nous sommes tout fait conscients du travail qui
21. se fait mais qui finalement s labore en tous petits cercles m me si le r alisateur prend de multiples avis autres que celui du producteur videmment Quand au tournage en ce qui me concerne je ne suis jamais pr sent car je n aime pas a Et surtout je pense qu un producteur n y a pas sa place Un tournage de documentaire c est toujours une petite quipe Or je ne suis ni chef op rateur ni ing nieur du son ni technicien je ne suis d ailleurs pas non plus monteur et pas non plus r gisseur enfin je ne suis pas l homme tout faire qui pourrait r parer les d g ts ventuels qui se produiraient parce que le film n aurait pas t bien pr par En revanche au moment du montage l ma pr sence devient plus vidente Il faut avoir choisi un bon monteur c est difficile compliqu il faudra peut tre en parler Il faut choisir un bon monteur qui s entende bien avec le r alisateur Non seulement il faut qu il soit un bon monteur en tant que technicien mais qu en plus r alisateur et monteur aient des atomes crochus Parce que une salle de montage c est tout petit et l on y reste six huit dix semaines Ensuite d s le d rushage termin d s qu on a entam la p riode s rieuse du montage je viens assez r guli rement Je ne dis pas que je viens voir le film syst matiquement tous les vendredis soirs mais si un montage dure tr s longtemps je suis tr s pr sent Parce que comme
22. C est pour cela que j aime bien y aller et c est vrai que c est dangereux J aime bien y aller aussi parce que je vois les notes au mur je m impr gne du travail et je per ois un peu plus la fa on dont le travail se fait C est vrai que c est assez dangereux il vaudrait mieux que je ne sois pas l Voil c est un partage et je crois qu il faut partager ce temps l parce qu il n existe pas de lieu neutre Vous savez il est tr s difficile de s offrir une salle de projection Par ailleurs il serait dangereux qu en tant que diffuseur je voie le montage sur un grand cran parce que cause de la compression en AVR3 ou en AVR4 certains plans me donneraient une mauvaise impression du film De plus ce qui est galement probl matique c est que je ne verrais pas le montage sur un cran de t l vision alors que justement dans cette phase de travail 1l faut avoir ce regard un peu distant que procure le petit cran cela ne veut pas dire que je n aime pas voir les films sur grand cran Il n y a donc pas de r gle il vaut mieux m me ne pas en avoir Anita Perez Le lieu neutre n est pas forc ment une salle qui se trouve en dehors du studio de montage Dans ces studios il y a toujours des salons avec des t l viseurs et l on peut projeter les sorties Avid nous sommes alors nous comme vous en dehors de la salle de montage Ce n est ni le bureau du diffuseur ni la salle de montage C est assez conomique co
23. Jean Pierre Bloc monteur Merci d tre venus la premi re des trois soir es du montage Avant de commencer je rappelle bri vement la suite du programme demain aura lieu une rencontre avec Andr S Labarthe apr s la projection de quelques uns des films r alis s pour la s rie Cin astes la table Enfin apr s demain une grande soir e festive cl turera ces trois jours Nous d marrons donc par un d bat sur la question que nous posons aux producteurs et aux diffuseurs Qu attendez vous du montage Je vais passer la parole Anita Perez qui va introduire ce d bat Anita Perez monteuse Si nous avons eu envie de poser la question des producteurs et des diffuseurs c est qu en tant que monteurs nous avons certes l habitude de les rencontrer dans nos salles de montage l occasion des projections de travail mais si certaines se passent tr s bien toutes sont attendues avec stress et tension et v cues difficilement par le r alisateur comme par le monteur C est pourquoi nous avons eu besoin ce soir de prendre un peu de recul pour mieux comprendre la place des diffuseurs et des producteurs Comment jouent ils leur r le cette tape qui est la derni re criture du film alors qu ils sont intervenus en g n ral largement dans les premi res phases L auteur r alisateur personne essentielle sans qui le film fiction ou documentaire n existe pas propose son projet un producteur qui
24. a question de la lisibilit Claude Guisard Question d optique Pierre Choukroun monteur Comment d cide t on qu un documentaire va faire 52 minutes et qu il y aura cinq semaines de montage quel que soit le sujet Est ce qu on formate les sc narii pour que les films puissent se monter en cinq semaines Pourquoi y a t il les m mes temps de montage pour des films documentaires qui sont pourtant diff rents les uns des autres Patrick Winocour Je ne sais pas vraiment comment r pondre cette question nous ne donnons pas forc ment les m mes temps de montage Qu est ce qui fait que le film fait 52 minutes C est parce que la t l fonctionne avec des cases En gros comme le disait Fabrice tout l heure nous sommes dans une conomie de prototype Mais quand on fabrique un prototype on raisonne partir d un standard d habitude un film qui ressemble a se fabrique de cette fa on l La question est de mesurer le caract re contraignant de ce qu on a d cid Est ce le bon choix ou faut il s adapter au film soit parce qu il y a plus de rushes que pr vu soit parce que le film n est pas trouv mais qu on pense qu il est l soit on s arr te parce que a ne sert rien de passer trois semaines de plus parce que de toute fa on il n y a pas le jus et qu il faut baisser les bras Il n y a pas de r gle c est une mati re vivante ce sont des d cisions de production C e
25. aient une part tr s active dans les changes ce soir Anita Perez et ses camarades ont r uni une brochette tout fait formidable Brochette c est parce qu on va les mettre sur le grill Il y a l un talage tout fait cons quent et formidable de producteurs et de diffuseurs diffuseurs qui ont t quelquefois eux m mes producteurs Il est donc n cessaire qu il y ait un d bat v ritable de vrais changes Je demanderai donc nos amis qu ils soient le plus concret possible qu ils parlent de leurs exp riences qu ils nous disent comment ils vivent cette phase tr s importante qu est le montage Je leur demanderai d viter la langue de bois et de ne pas ne contenter de se faire simplement des politesses tout en essayant de rester absolument corrects N anmoins il y aura mon avis une question laquelle les monteurs n chapperont pas Il faudra qu ils nous disent eux ce qu ils attendent des producteurs et des diffuseurs voire des r alisateurs Pour commencer le plus simple serait que nos invit s se situent qu ils se pr sentent les uns apr s les autres et plut t qu une pr sentation s che qu ils nous mettent d j sur la voie Sans faire un grand pan gyrique ou un grand expos de leur relation avec les monteurs et le montage qu ils nous disent ce qui dans leur exp rience leur semble important quel moment interviennent ils et comment Fabrice Puchault c est toi
26. assez clairement Nous travaillons pour une cha ne pour une antenne Nous travaillons pour allez osons le dire une audience Une audience cela ne veut pas dire m diam trie cela veut dire des t l spectateurs et un public M me si nous ne sommes pas directement en contact avec eux c est eux que nous nous adressons De ce fait nous b tissons en amont des strat gies de diffusion qui sont des strat gies priori Lorsque nous nous engageons sur un film nous le faisons en fonction de ces strat gies priori Ce que nous attendons d un film effectivement c est qu au stade du montage il se r v le comme n tant pas forc ment conforme nos d sirs parce que ce serait d une tristesse absolue mais en tout cas comme int ressant et valide comme valable et utile la cha ne Claude Guisard Passons peut tre la parole Genevi ve Boyer Genevi ve Boyer Charg e de Programmes Unit Documentaire France 5 Je travaille France 5 o je suis conseill re de programme particuli rement pour tout ce qui traite de l conomie du monde du travail et de g opolitique Je suis assez d accord avec ce qui vient d tre dit mais moi je n ai qu une seule exp rience en t l vision je travaille pour France 5 Cette cha ne a longtemps t un peu confidentielle nous avons pu travailler de mani re fort agr able nous avons fait beaucoup de choses C est un peu en train de changer je l admets Ce qu
27. auf TF1 Cela ne m est jamais arriv J ai produit peu pr s cinquante films et je n ai jamais eu affaire des gens qui parlent de haut sans rien conna tre du montage ils connaissent au contraire la difficult et la subtilit de ce que peut tre votre travail Dans notre unit de programme aucun film n est vu qu une fois C est effectivement un travail progressif il se fait d abord avec une mati re relativement large qui peu peu trouve sa forme d finitive Il est vrai qu il y a une tension au moment des visionnages mais les clats de voix sont rares Les gens arrivent ils nous montrent sur le t l viseur quelque chose de vraiment important pour eux parce que c est le r sultat de leur travail C est un moment dur et difficile vivre Mais notre int r t notre grand int r t notre seul int r t c est d tre embarqu s dans le m me bateau et donc d essayer de respecter ce travail Il n y a pas de guillotine Anita Perez Tout l heure Gabriel Chabannier a dit qu partir du moment o un film a t largement travaill en amont le montage finit par le r v ler Nous savons d j le type de film qu on va avoir en tout cas le type d criture qu il aura En revanche Nathalie Verdier a dit qu il pouvait y avoir des moments o vous ne retrouviez pas au montage le film sur lequel vous vous tiez engag s Mais je voudrais aborder la notion de lisibilit dont nous entendons souv
28. d cide de l accompagner L criture du film se poursuit gr ce au travail fait en collaboration avec le producteur le diffuseur se joint cette aventure apr s un temps plus ou moins long et s investit galement dans le projet tel qu il se pr sente Mais c est au tournage que le r alisateur trouve la v ritable direction du film avec le chef op rateur et l ing nieur du son qui deviennent ses interlocuteurs privil gi s C est ensuite notre tour monteurs d intervenir dans ce processus de fabrication du film Nous nous retrouvons avec le r alisateur en train de travailler partir de la mati re film e les rushes pour que le film se construise C est ce moment l que le plus souvent les producteurs et les diffuseurs qui en documentaire ne sont pas pr sents sur le tournage et ne visionnent pas les rushes reprennent contact avec le film Chacun s est imagin le film le producteur comme le diffuseur chacun se l est appropri Ils retrouvent alors un r le actif parce que le montage est justement la derni re tape la derni re criture du film C est donc au cours de ces s ances de travail dans une salle de montage que les r les et les pr rogatives de chacun se confrontent et peuvent s affronter car il y a un enjeu le film En tant que monteurs nous vivons ces projections osons le dire avec peur le r alisateur les appr hende lui aussi Ce sont tr s souvent des moments de crise et de pass
29. d e que tout d un coup il faudrait qu il y ait une sorte d endroit o le refoul du film serait prot g un endroit inatteignable qui ne se travaille pas me semble tre une vision tr s noire de la r alit Il mest d ailleurs arriv de travailler avec un monteur qui tait comme a Nous avions le sentiment qu il veillait je ne sais quelle int grit du film En fait il tait compl tement en dehors du d bat en dehors du travail qui se faisait autour du film et c tait dommage Pierrette Ominetti Je suis d accord Il y a une expression que nous employons tr s souvent entre nous aider le r alisateur faire le deuil C est vrai c est ce que nous attendons du monteur Il est difficile pour un r alisateur qui a tourn souvent longtemps qui a rencontr des personnages avec qui il a tiss quelque chose de faire ce deuil parce qu il est engag dans un processus documentaire qui est un engagement de vie finalement Le r alisateur a envie de documenter un sujet qui compte pour lui en tout cas je parle des films que nous suivons nous Nous attendons donc du monteur non pas un acte coercitif mais un acte d accompagnement du processus de cr ation Nous attendons de lui qu il aide le r alisateur casser le sch ma de r tention pour qu il arrive faire le deuil afin d aboutir au cin ma quelque chose de cr atif Le travail du montage jusqu l accomplissement du film r v lera enco
30. de m moire n est pas un travail faire sur le banc de montage c est un travail de dialogue d change de p dagogie de psychologie et de papier crayon Je pense que cela passe d abord par l Tr s souvent le r alisateur est tent r actions dans la salle Claude Guisard Attendez s 1l vous pla t Pierrette Ominetti Je ne parle que de mon exp rience Pascale Chavance monteuse Je suis tout fait d accord avec le travail papier et nous avions beaucoup plus faire ce genre de travail quand nous travaillions sur une table de montage en pellicule Et effectivement quand quelqu un ram ne maintenant 400 heures de rushes r actions dans la salle non non je voudrais terminer ou 150 heures ce qui est d j colossal il est vrai que nous monteurs nous avons du mal nous dire je ne regarderai pas les cassettes 12 et 13 mais je vais directement regarder la cassette 14 C est impossible de se dire cela nous regardons tout Je pense qu un r alisateur qui apporte150 heures de rushes n est pas du tout du tout dans l tat d esprit de travailler papier Il veut tout voir Il veut tout essayer parce qu il a une approche du travail qui de toute fa on est totalement boulimique et obsessionnelle Donc cela veut dire qu il faut tout essayer et cela veut dire que l nous ne sommes plus dans ce qu on appelle proprement parler du montage Monsieur d finissait le bon monteur comme un
31. de proposition Pour moi dans un film le montage c est vraiment le r cit c est l histoire c est la fiction c est ce qui vient et qui construit un film Effectivement tr s souvent ce n est pas le film que nous avions imagin c est un autre film celui qui s est invent dans la salle de montage Michel David Producteur Zeugma Films Je suis producteur Zeugma Films Je voudrais faire part de mon exp rience ant rieure J ai commenc par produire des longs m trages de cin ma il y a longtemps en 1989 1990 Et j ai toujours trouv que l exp rience du long m trage de fiction et celle du documentaire n tait pas la m me dans le rapport au montage Sur le documentaire puisque je ne produis que des documentaires depuis dix ans que Zeugma Films existe le montage est vraiment l l ment d terminant et d ailleurs objectivement l l ment jouissif du film Sur la fiction ce n est pas tout fait la m me chose Les quipes de tournage sont tr s lourdes tr s imposantes Il est quasiment indispensable que le producteur vienne voir les rushes avec le r alisateur qu il vienne voir ce qui s est fait dans la journ e de tournage le jeu des com diens etc il ne vient pas forc ment tous les jours mais il y a en tout cas une n cessaire pr sence du producteur Pour le documentaire au moment de la pr paration je parle de ma propre pratique de producteur il y a un vrai travail en commun qui
32. du service public des programmes eux m mes et particuli rement des programmes documentaires C est pourquoi je rends hommage aux producteurs pr sents ici enfin ce type de producteurs parce qu ils permettent aujourd hui certains films d exister en leur accordant le temps de se faire Je nai pas travaill avec Michel David ni avec Gabriel Chabannier Gabriel et moi avons t producteurs ensemble nos d buts J ai travaill avec Patrick Winocour je sais l nergie qu il met dans ce travail et je sais qu il est difficile d arriver g rer une soci t de production en gardant un tel engagement de cela aussi il faut parler Patrick Winocour Je ne voudrais pas continuer sur le d bat conomique parce que ce n est peut tre pas effectivement l essentiel mais je voudrais revenir ma propre pratique J ai toujours constat que le c ur du film c est le montage M me dans le cadre d un film fauch et nous avons tous fait en tant que producteur des films fauch s avec les cha nes c bl es l il n y a pas d argent rien du tout Personnellement je m acharne donner au montage le maximum de temps raisonnable et n cessaire et je fais m me en sorte que le salaire du monteur soit conforme au minimum syndical Cela me para t quelque chose qui est un plus norme et valorisant pour le film quitte rogner sur la pr paration ou m me sur le tournage puisque de toute fa on nous savons tr s
33. e discours de la cha ne Toute cha ne a ses besoins ne pas le dire serait tenir un discours l nifiant Malgr tout moi aussi lorsque je vois un film pour la premi re fois j essaie de me laisser guider par le film Ce n est qu apr s que le travail commence Mais j essaie d abord de voir de sentir quelle est la direction de sa structure de sentir quels sont les personnages comment ils existent qu est ce qui fonctionne ou pas quels sont les manques Mais cela tout le monde le fait partir du moment o l on fait correctement son travail c est un peu la base N anmoins il est vrai que j ai une autre charge qui est malgr tout celle pour laquelle je suis mandat c est d essayer d obtenir des programmes qui conviennent la cha ne Le mot est brutal et vous avez tout fait raison il est en contradiction avec la d finition que vous avez de l auteur et que je partagerais volontiers Mais c est dans cette contradiction l que nous travaillons Je ne me posais pas comme une esp ce de char d assaut je d crivais un fonctionnement dans lequel videmment le travail de l auteur avec le monteur est essentiel dans la plupart des cas Je partage avec Alex Szalat la notion de r v lateur o le monteur a un r le absolument fondamental Voil ce que j ai essay de d crire Peut tre me suis je exprim un peu trop violemment mais c est sur cette base que nous travaillons et c est cette base qui nous
34. e j attends du montage J en attends beaucoup Je trouve que c est un cap essentiel sur un documentaire M me si je partage avec Fabrice Puchault l id e que je travaille pour une cha ne qui a une image d velopper et consolider je pense tout de m me que nous sommes assez libres par rapport aux films qui nous sont propos s Nous pourrions citer des films il y a une palette suffisamment large pour que nous ne puissions pas dire qu il y a formatage Par contre je pense que la place du monteur n est pas assez valoris e J aimerais beaucoup qu il soit davantage pr sent dans l laboration du film En temps que diffuseur j aimerais pour ma part avoir plus de contacts avec les monteurs et ne pas les rencontrer qu la fin Ils sont essentiels dans ce travail l et je pense qu ils doivent tre pr sents d s le d part de ce processus de production de r alisation Patrick Winocour Producteur Quark Productions Je suis l un des deux producteurs d une petite maison qui s appelle Quark qui produit six ou sept films par an et au risque de faire de la d magogie nous aimons beaucoup les monteurs Le montage nous semble tre une vraie tape tr s importante En bref je suis bien en peine pour r pondre la question qu attendez vous du montage J ai l impression que c est un endroit extr mement myst rieux Je ne sais pas tr s bien ce qui s y passe Nous n y mettons pas trop les pieds nous n
35. e montage Avant cette tape nous n avons du film que des pr mices ou juste une id e c est pourquoi je partage ce que Patrick Winocour dit il y a des films qui ont besoin d une criture aboutie et d autres pas cela d pend du type de film Ceci dit une criture aboutie ne fait pas obligatoirement un bon film Claude Guisard J abonde tout fait dans ce sens Il se trouve que j ai beaucoup lu de sc narios ces derniers mois ces derni res ann es et je dois dire que l criture de sc nario m a l air de devenir un sport national Je ne sais pas si les auteurs et les r alisateurs crivent tout seuls ou s ils se font aider mais ils crivent de mieux en mieux Aujourd hui tout le processus de s lection des projets est bas sur l criture cela fait partie de notre monde Nous avons besoin maintenant de plus en plus d assurances et de garanties dans tous les domaines Mais l il s agit quand m me du documentaire et donc d un travail sur le r el Je crois que l criture le s rieux dans l criture c est une chose mais l criture ne peut pas tout pr voir Dieu soit lou Pierrette Ominetti Excusez moi je me suis mal exprim e Je ne parlais pas de sc nario parce que pour moi a n existe pas Je parlais d une pr paration papier cahier crayon en amont du tournage portant sur les vraies questions qu il faut se poser sans cesse Il y a peut tre un pont faire entre les sc naristes de l
36. e programme Arte depuis 1991 depuis le d but des soir es th matiques J ai v cu plusieurs r gnes diff rentes directions et je travaille aujourd hui avec H l ne Coldefi dans une unit qui s appelle D couverte et Connaissance Comme dans chacune des unit s o J ai travaill nous travaillons sur diff rents types de documentaires Je suis tr s contente que vous ayez pris l initiative de nous rencontrer vous monteurs groupe de monteurs parce que je trouve que nous avons rarement l occasion en particulier nous les diffuseurs d avoir avec vous des relations directes En tout cas moi je n ai pas de relation directe avec le monteur Il y a toujours entre nous le r alisateur qui est quand m me la personne avec laquelle je travaille en amont sur le projet sur le sc nario et que je vois beaucoup bien avant le montage du film Et lorsque je retrouve le r alisateur plusieurs semaines ou plusieurs mois apr s il est accompagn du monteur ou de la monteuse et le plus souvent la relation avec le monteur est indirecte mais tr s pr cieuse Il m est arriv d avoir une immense gratitude envers le monteur ou la monteuse parce qu en effet 1l ou elle permettait soit de d nouer rationnellement la situation nous savons que dans la salle de montage il peut y avoir des moments o l on s oppose o il y a des blocages soit de proposer justement une solution Ce que j attends donc des monteurs c est une force
37. eau du diffuseur avec un film dont il n aurait jamais entendu parler et qui tout d un coup devrait trouver sa place par rapport sa ligne ditoriale ou son public Pour moi il y a deux choses distinguer dans ce que nous venons d entendre La premi re c est la discussion que nous pouvons avoir avec un diffuseur sur sa ligne ditoriale quel type de public vise t il Quelle id e se fait il de son public La seconde qui ne me semble pas contestable aujourd hui c est l id e qu un diffuseur ait une ligne ditoriale avec pour chacune de ses cases l envie d un certain type d criture d un certain type de sujet Le boulot d un producteur entre autres est d viter toute ambigu t Le travail doit se faire en amont pour qu il n y ait pas de malentendu Il a pu nous arriver de produire des films enti rement seuls en tant que producteurs sans m me les proposer aux diffuseurs parce que nous avions la sensation que le projet n tait pas vendable dans sa forme moi je ne suis pas du tout partisan d une esp ce de duplicit dans le travail L id e qu il y aurait le film que l on vend et le film que l on fait cela ne me semble pas raisonnable par rapport une certaine qualit de relation qui peut tout de m me exister De plus les vrais m chants ne sont pas l autour de cette table Fabrice Puchault J ai essay de brosser un tableau le plus honn te possible du fonctionnement de la
38. ent entendu parler m me si ce n a pas t le cas ce soir J aimerais donc comprendre r ellement concr tement ce que recouvre cette notion de lisibilit d un film Genevi ve Boyer Vous tre s re qu il ne s agit pas plut t de la notion d accessibilit rires J ai beaucoup entendu parler d accessibilit au sein de ma propre cha ne Claude Guisard Je crois que c est peu pr s la m me chose non Pierrette Ominetti Je pense que c est le bon mot lisibilit c est un des bons mots il y en a s rement plusieurs Je consid re en effet que les monteurs sont des grammairiens L audiovisuel est un langage qui d ailleurs n est pas le m me que celui du cin ma il est un peu diff rent Le r alisateur ram ne des mots il ram ne des sujets des compl ments des adverbes des adjectifs ainsi que de nombreuses pr positions un moment donn il faut structurer ce langage Il s agit de savoir si jJ cris un roman une nouvelle un essai ou un po me Et ce choix participe du dialogue entre le r alisateur et le monteur ce dialogue en amont auquel je tiens beaucoup qui doit tenter de d finir quelle sera la voix du film La voix du film c est la voix de l quipe et la voix du r alisateur A partir de l c est audible ou ce n est pas audible on comprend ou on ne comprend pas on suit ou on ne suit pas Ce sont ces moments o on ne suit pas o on ne comprend pas qui posent l
39. es pas pay s plus cher Je pr f re tre pr cise et dire cette r alit parce que le travail d auteur n est pas pay au r alisateur qui est la fois auteur et r alisateur et que donc tout un temps de son travail n est pas pay Je veux juste que l on ne nous oppose pas r alisateur et monteur parce que j ai d j entendu des producteurs dire des r alisateurs avec lesquels je travaillais elle est pay e plus que toi Et cela n est pas une attitude correcte C est vrai c est le montage qui co te le plus cher parce qu il dure plus longtemps que le tournage et donc de fait le salaire du monteur repr sente la part la plus importante de la masse salariale Mais l expression plus cher Patrick Winocour Ce n est pas ill gitime de dire cela Anita Perez Je pense que ce qui est ill gitime c est qu un r alisateur gagne moins que moi a c est ill gitime Patrick Winocour Je suis absolument d accord l dessus j apportais juste une r ponse pr cise la question pos e Claude Guisard Et est ce qu un producteur gagne moins que les deux r alisateur et monteur r unis Rires dans la salle Nous pourrions faire passer des s biles diverses Lise Beaulieu monteuse On a en a pr vu une la sortie Patrick Winocour Nous sommes dans des m caniques diff rentes ce sont des histoires de risques C est un autre style Pierrette Ominetti Il y a autant d conomie
40. est clair que les temps de montage ne serait ce que le temps de digitalisation et de d rushage de 150 300 ou 400 heures de rushes n est pas absorbable dans l conomie de la production quelle qu elle soit m me en laissant beaucoup de temps et de marge au montage Donc moi tr s souvent je dis au r alisateur et l quipe de montage il faut aussi passer par une phase de montage papier Je pense que le travail du monteur passe aujourd hui plus qu auparavant par une longue phase de dialogue avec le r alisateur qui est l avec ces masses d heures de rushes mis en bo te Le r alisateur est content parce que tout est en bo te et puis juste apr s le moment o il est content parce que tout est en bo te il a une phase d angoisse parce que la mati re est tellement polymorphe et nombreuse qu il a une phase d angoisse Je pense que le montage devrait commencer d s lors que le r alisateur sait ce qu il veut pourquoi il le veut et comment il le veut C est un travail de dialogue c est une ma eutique le monteur doit faire accoucher le r alisateur de son film partir de la mati re film e Le monteur doit aider le r alisateur faire un travail de m moire de re visitation qu est ce qu il a tourn qu est ce qu il a gard en m moire qu est ce qui l a mu qu est ce qui a t fort quels sont ses principaux personnages quelles sont les sc nes o le sujet s est bien exprim Et ce travail
41. est l une des quatre unit s de programme qui produisent du documentaire au sein d Arte France Avant de r pondre la question qu est ce que j attends du montage je me suis pos e la question suivante qu est ce monter veut dire J ai donc fait comme l cole j ai regard dans mon dictionnaire et j ai retenu les termes ou les concepts qui me semblaient les plus appropri s Voici ce que j ai not c est bien s r assembler diff rentes parties organiser combiner Mais j ai not aussi que c tait lever progresser enfourcher un cheval ou une moto aller l assaut de quelque chose gagner en hauteur dans tous les sens du terme C est dire donc avoir une vue cavali re qui permet de distinguer et d identifier tous les l ments d un tout Je crois que dans la terminologie m me du mot monter on trouve peu pr s tout ce que j attends moi du montage ou des monteuses et monteurs Ce sont des architectes des grammairiens ce sont des artistes et aussi des techniciens J ai envie de dire que ce que j attends d eux maintenant pour le dire tr s tr s vite en une seule phrase c est qu ils accomplissent le travail de r alisation dans le vrai sens du terme du mot accomplir Claude Guisard Vous avez pas mal charg la barque Arte France est tr s repr sent e Nathalie Verdier Nathalie Verdier Charg e de Programmes Unit D couverte et Connaissance Arte Je suis charg e d
42. eurs avant le montage et c est tr s g n reux de sa part Mais moi cela me pose un probl me de savoir que les techniciens qui sont mes collaborateurs intimes auraient ainsi doubles ou triples relations en tous cas des relations parall les avec vous diffuseurs et producteurs Je ne vois pas comment un monteur peut tre cartel entre un diffuseur d une part un producteur d autre part et un auteur r alisateur La relation principale celle que je privil gie bien entendu c est celle de auteur r alisateur avec le monteur Genevi ve Boyer Je respecte parfaitement votre intimit avec le monteur ou la monteuse mais ce que je regrette c est d avoir devant moi trois personnes au moment o je visionne le film Il y en a deux qui parlent beaucoup et une autre la troisi me le monteur ou la monteuse qui souvent se tait Or c est elle aussi que je m adresse ce moment l parce que je sais que c est d elle que viendra la solution Je dis simplement qu il serait int ressant que cette personne le monteur ou la monteuse soit convi e au moment o l on s embarque dans l aventure d un documentaire puisqu en g n ral vous travaillez toujours avec la m me quipe pour que nous puissions discuter de tout a voil c est tout Michel Follin Je trouve ce que vous dites tr s important Pour moi r alisateur le regard du diffuseur la fin du montage est videmment capital Il m int resse norm me
43. eux la d marche suivre tait de trouver un bon monteur Nous nous consid rons tous ici comme de tr s bons monteurs Alors je voulais savoir ce que voulait dire cette notion de bon monteur Nathalie Verdier Les choses pour moi ne se pr sentent pas du tout comme cela Pour rebondir sur ce que Pierrette Ominetti et Alex Szalat viennent de dire ce qui compte c est la bonne relation entre le r alisateur et le monteur Ce n est pas tant le bon monteur que la bonne relation Effectivement dans cette relation entre le monteur et le r alisateur le diffuseur ne peut pas intervenir sauf videmment quand cette relation se passe mal et qu il y a une crise norme Dans ces cas l ou dans des cas tr s particuliers nous pouvons intervenir en collaboration avec le producteur et le r alisateur sur le choix du monteur J ai eu une exp rience o une tr s jeune r alisatrice tait compl tement domin e par la monteuse et c tait catastrophique parce que cette situation ne faisait pas du tout avancer le film Quand des d s quilibres sont vidents nous pouvons bien s r intervenir Mais je donne tr s rarement des noms de monteurs sauf ventuellement lorsqu on m en demande C est un choix sur lequel je n interviens pas parce qu il n est pas de mon ressort Claude Guisard Je crois que ce sont les producteurs qui ont parl de choix du monteur ce qui me semble faire partie de leur responsabilit Michel David
44. faisons un film avec des th mes etc Ce travail de pr paration permet au moment de partir en tournage de savoir exactement ce que nous voulons tourner et au moment d arriver au montage de savoir exactement vers o nous allons en association avec le monteur Donc le travail est tr s diff rent Cela ne se pratique pas chez nous mais en tout cas c est int ressant comme piste Patrick Winocour Ce sont les producteurs qui font cela Pierrette Ominetti Oui ce sont les producteurs qui font cela Alex Szalat Le diffuseur a rarement la possibilit de financer le d veloppement d un projet de documentaire C est donc le producteur qui accompagne d une fa on totalement b n vole le travail de l auteur ou du r alisateur Il donne m me de son propre temps pour suivre une criture de sc nario Arr tons nous sur cette notion d criture Dans mon unit de programme nous faisons de la g opolitique et dans ce domaine il nous est difficile d avoir une criture de film d j aboutie sur le papier Nous faisons rarement un d veloppement et par cons quent il nous est difficile de faire un v ritable casting de personnages Quand ce sont des hommes politiques que nous connaissons ou des lieux que nous avons rep r s c est peut tre plus facile mais tout cela se fait toujours dans des conditions qui ne sont pas id ales Donc la seule possibilit de voir ce que va tre le film c est quand nous arrivons dans la salle d
45. fait rentrer dans un rapport dialectique avec l auteur et le r alisateur avec le montage et avec le film lui m me Cela ne veut pas dire que tout d un coup nous allons nous livrer du formatage Regardez les cases de France 2 il y a une v ritable diversit dans la case Infrarouge et de v ritables auteurs peuvent y travailler Nous avons une ligne c est vrai et nous privil gions certaines critures c est vrai aussi Ce choix comme l a dit Patrick Winocour est peut tre contestable mais nous ne pouvons pas offrir tous les styles de documentaires Claude Guisard Je crois qu il y a diff rentes logiques et c est normal Il y a des logiques qui sont apparentes et d autres qui le sont moins qui sont un peu plus souterraines mais qui existent Et puis il y a une logique qui me semble essentielle et dont il faut qu on parle aujourd hui car elle est centrale c est la logique du film Il est tout fait important de d finir le contexte mais ce dont il est question c est la logique du film et comment les intervenants justement prennent leur place pour mieux servir cette logique qui peut et qui devrait ressembler au projet initial mais qui peut tre diff rente parce que la vie d un film c est aussi celle l Pierrette Ominetti Je voulais justement intervenir sur ce point en r agissant ce que disait Genevi ve Boyer Pour le dire un peu caricaturalement je dirais que le monteur est le quatri
46. ges l sont jectables aussi alors qu ils ont face eux des r alisateurs qui ont beaucoup gal r pour faire leur film Des r alisateurs qui se sont tr s investis dans leur travail et envers lesquels les diffuseurs manquent souvent d gards Michel David Je ne vais pas r pondre la place des diffuseurs parce que je n ai pas de raison de les d fendre C est souvent beaucoup plus contradictoire et plus complexe que ce que vous dites Effectivement nous avons tous v cu producteurs et r alisateurs des moments de blocage extr mement violents J ai produit il y a quelques ann es un film avec Arte ce n tait pas avec quelqu un qui est autour de cette table et cela s est termin au premier visionnage quasiment par une engueulade entre le r alisateur la personne d Arte en question et moi m me Et puis quelques jours apr s cette engueulade et cette critique ont fini par produire des effets sur nous quand je dis nous c est le r alisateur le monteur et moi m me Trois semaines plus tard nous sommes retourn s voir le m me diffuseur et le film avait volu Voil un exemple d un processus tr s compliqu qui a profit au film malgr une phase extr mement d testable Je ne dis pas que cela se passe tout le temps comme a Il arrive assez fr quemment aussi que cela se passe bien heureusement mais c est quand m me tr s tr s compliqu Il y a beaucoup de cas de figure Du point de vue du producteu
47. ile d terminer parce que cela se passe entre le r alisateur et le monteur et que d autre part il faut que le monteur corresponde au film Il y a de tr s bons monteurs qui ne sont pas forc ment adapt s pour tous les types de film ce choix doit se faire en amont Mais la question que je me pose est la suivante quel est le rapport entre bon monteur et bon montage quand on conna t les conditions de travail qui malheureusement se d gradent quand m me de plus en plus Quand j ai entendu vos trois r gles videmment j tais folle de joie Je me suis dit mais cela existe encore des gens qui pensent que le temps de montage les pauses en cours de montage c est important Des gens qui pensent que le temps de montage donn n est pas forc ment le m me pour tous les documentaires Des gens qui peuvent accorder des pauses c est dire permettre de s arr ter un moment donn du montage pour prendre un peu de recul Tous ceux qui ont de l exp rience savent que cela est un atout un plus norme pour le film La r alit aujourd hui dans la grande majorit des cas veut que nous n ayons jamais cette pause cette respiration Nous n avons jamais les moyens de nous arr ter puisque ce n est pas nous qui d terminons les temps de montage Moi c est ce que j aimerai faire dans ma pratique professionnelle mais j en ai rarement eu le choix Et la troisi me r gle c est le choix du bon monteur Donc pour reven
48. ion J esp re que le d bat ce soir qui se tient en dehors de la salle de montage nous permettra de mieux r fl chir et de mieux cerner vos types d interventions par rapport au montage sans pour autant que ce d bat soit exempt de passion Claude Guisard mod rateur Je crois qu Anita Perez a d j dit beaucoup de choses Je trouve qu il est vraiment exemplaire qu une profession se penche ainsi sur sa pratique son r le et son utilit dans le processus de production je dirais m me dans le processus de cr ation Je pense en effet que les monteurs sont les premiers auxiliaires de cr ation Cela me semble tr s important de le dire Qu est ce que le montage Vous le savez tous C est la mise en musique d criture ou de re criture d j faite ou bien c est une nouvelle re criture quelque chose de tout fait authentique On dit et on entend parfois le film se fera au montage a s arrangera au montage Alors la question qui est pos e est une question tr s directe et tr s vaste qu attendez vous du montage qu attendez vous des monteurs Il est naturel que cette question soit pos e aux partenaires les plus directs des monteurs mis part les r alisateurs c est dire les producteurs et les diffuseurs Si les r alisateurs ne sont pas pr sents cette tribune c est que dans le couple qu ils forment avec leur monteur ces discussions ont lieu quotidiennement Nous attendons donc qu ils
49. ion de spectateur et de premier t l spectateur c est cela qui est important Je pr f rerais cette option plut t que celle des visionnages en salle de montage Le probl me du visionnage en salle de montage c est qu il y en a toujours un qui apr s la projection part en disant je vais faire le repiquage ou je te fais une sortie Avid ou encore je vais travailler mes sons et finalement tout le monde se disperse Il n y a plus personne ou pire encore on me propose de me montrer une ixi me version du montage et l je r ponds surtout pas Fabrice Puchault Je pense malheureusement qu il n y a pas de lieu neutre Si on pouvait s offrir des salles de projection ce serait mieux parce que mon bureau n est pas franchement un lieu neutre r actions dans la salle Mon bureau est effectivement le bureau du type qui file le fric et qui va dire j accepte ou je n accepte pas c est un peu violent M me si on dit des blagues si on sort du coca si on essaie de le faire gentil cela reste violent C est vrai c est dur Nous dans notre unit de programme nous faisons un truc tout b te c est 50 50 Tu viens je viens tu viens je viens et cela jusqu la fin du montage Nous adoptons ce principe parce que j aime bien tre dans la salle de montage pour une simple raison et elle est dangereuse cette raison c est qu il y a des compteurs partout et moi je sais me servir d un Avid
50. ir ma question le bon monteur oui c est un vrai d bat Mais une fois que nous avons trouv le bon monteur a t il toujours les conditions n cessaires pour faire un bon montage Et ce ne sont pas des reproches que je fais vous seuls car beaucoup de gens sont quand m me responsables collectivement de la d gradation des conditions d exercice de nos m tiers mais vous et l je m adresse aux diffuseurs vous avez peut tre aussi quelque chose dire Je ne sais pas si vous pouvez intervenir sur ce point mais cela me para t in vitable comme question sinon nous restons dans la th orie pure et les d clarations d amour c est super agr able entendre Mais concr tement lorsque nous sommes amen s travailler sur un film comment faire de bons montages quand par moments les conditions ne sont pas l Pierrette Ominetti J ai envie de r pondre ce que vous dites en vous soumettant cette r flexion qui touche l volution du m tier de monteur qui r sulte de l volution du m tier de r alisateur notamment pour le documentaire Il fut un temps o un documentaire se faisait avec vingt ou trente heures de rushes parce que la pr paration du film tait extr mement d taill e le mat riel co tait tr s cher surtout si on tournait en pellicule Aujourd hui il n est pas rare pour nous l unit documentaire de voir un r alisateur arriver avec 150 heures 300 heures 400 heures de rushes Donc il
51. isateur et un monteur qui travaillent ensemble peut aussi se retourner contre leur capacit d inventer ou de g n rer des choses qui permettent au film de progresser Donc je dirais qu il n y a pas r ellement de loi Et je pense que chacun dans ce quatuor doit avoir la capacit de se remettre aussi un tout peu en question au cours de ces projections de travail Fabrice Puchault J ai t producteur longtemps Je sais ce que fait Gabriel Chabannier il respecte les trois r gles je sais que cela est vrai et rarissime Vous avez ici trois producteurs qui le font qui travaillent sur ce rythme l qui offrent aux r alisateurs et aux monteurs ce temps l qui instaurent des pauses des respirations durant le montage qui portent une attention particuli re la relation qui s tablit C est une extr me minorit Pour avoir t producteur moi m me pendant douze ans et pour avoir produit un certain nombre de films que je trouve assez honorables je me demande comment ils vivent eux Ils vivent difficilement Je suis d accord avec Pierrette sur le fait que souvent dans la salle de montage arrivent des films dont les rushes sont nombreux J ai connu aussi 150 heures de rushes alors nous nous demandons pourquoi tant d heures il y a une panique Parfois une telle quantit de rushes est n cessaire mais c est rare Mais enfin le vrai probl me c est que si vous avez des temps de montage assez courts la moyenne aujourd
52. l papier Plus les r alisateurs disposent de temps pour l laborer moins ils risquent de se retrouver avec des rushes poubelle qu ils mettent sur la table des monteurs en leur disant d brouillez vous Personnellement j ai l impression que si je pr pare mon film correctement j ai plus de chance de ne pas arriver au montage compl tement d sinvolte Comme j ai une formation de sc nariste je pense naturellement qu il faut pr parer les choses en amont Et je trouve que m me les sc naristes devraient avoir des contacts avec les monteurs ce serait tr s int ressant que ce soit en documentaire ou en fiction mais cela n existe pas du tout du tout Et je ne crois pas que ce soit une bonne chose D autre part pourquoi le r alisateur est il moins pay que tout le monde hormis le producteur Le producteur lui peut produire plusieurs films en m me temps alors que le r alisateur quand il est sur un film il l est totalement Il passe des heures et des heures pr parer crire r crire avant la signature d un quelconque contrat avant le versement de la moindre somme d argent parce qu il est ne l oublions pas dans la position de sc nariste Ensuite le r alisateur peut choisir de passer des heures d rusher pour pr parer lui m me le travail de montage ce qui serait normal donc il accumule un nombre d heures non comptabilis es qui est norme alors nous sommes bien oblig s de parler d con
53. la monteuse et le r alisateur il y a du fluide Je suis d accord avec vous nous n avons pas toujours besoin de nous parler mais l je trouve qu on utilise de grands mots alors que c est souvent beaucoup plus simple Claude Guisard Oui peut tre Il n y a pas de r gles dans tout a Jules C sar Muracciole Je voudrais juste dire aux gens qui moulinent beaucoup et qui se retrouvent avec des heures et des heures de rushes que ce n est pas mon cas J ai tourn huit heures de rushes pour un film d une heure et j ai trouv que j en avais encore trop Nous r alisateurs nous avons un vrai probl me Nous pourrions arriver au montage dans de meilleures conditions si nous avions du temps surtout de l argent et si le travail d criture nous tait pay or ce travail ne nous est jamais pay ou tr s rarement Il en va de m me du dialogue avec le monteur ou la monteuse qui a cependant toujours lieu avant le montage Pour nous tout ce travail de pr paration est fondamental Vous parliez tout l heure du travail de documentary doctor mais qui le paye Bien s r que nous r fl chissons avant mais nous avons un vrai probl me conomique c est vident Juliana Deux petits d tails me paraissent avoir du sens propos des projections dont nous parlions tout l heure J ai l impression que pour vous diffuseurs enfin pour ceux qui sont pr sents ici il est vident que le monteur est pr sent
54. la relation frontale les choses ne se passent pas forc ment bien entre le diffuseur et le r alisateur il y a toujours le troisi me larron le producteur qui sert de tampon et quand c est entre le producteur et le r alisateur que les choses ne se passent pas bien c est le diffuseur qui peut alors avoir ce r le En revanche je m ai jamais vu un monteur s opposer fondamentalement au r alisateur dans une salle de montage parce que comme le disait justement Michel Follin 1l y a une relation de l ordre de l intime entre le monteur et le r alisateur qui va bien au del de ce que le monteur peut avoir comme relation avec un producteur C est parce que la nature du travail qui se fait entre le r alisateur et le monteur n a rien voir avec la nature du travail qui s est effectu e en amont par le r alisateur avec le producteur et le diffuseur Il faut bien tre conscient de cela Pierrette Ominetti l a tr s bien dit chacun doit prendre la place qui lui est assign e m me si finalement des glissements se produisent Cela d pend du type de film et de la complexit du travail La fabrication du film commence toujours sur de bons principes mais ne se termine pas forc ment dans leuphorie Mais quelquefois heureusement les choses se passent tr s bien du d but jusqu la fin Christiane Lack monteuse Je voulais poser une question ces messieurs dames producteurs et distributeurs qui ont presque tous signal que pour
55. les uns aux autres m me si le statut de chacun fait que nous n avons pas exactement le m me pouvoir Nous les diffuseurs nous en avons plus mais tout le monde a du pouvoir le monteur aussi en a Je pense qu en tant que diffuseur je ne me suis jamais retrouv dans une salle de montage sans avoir conscience ou sans me rendre compte du travail effectu par le monteur et que jamais je wai dit allez vous allez me faire a je reviens dans 2 heures Je n ai jamais eu l impression que le diffuseur ne tenait pas compte du travail r ellement effectu par le r alisateur le producteur et par tous ceux qui participent un film Il ne faut pas transformer le r le et la position des uns et des autres en un rapport de force syst matique qui serait comme celui qui existe entre le patron et l ouvrier ce n est pas ainsi que les choses se passent Le diffuseur n est pas le patron et le r alisateur le producteur et le monteur ne sont pas les ouvriers Nous ne sommes pas forc ment dans un rapport de forces et de lutte de classes Je ne suis pas d accord avec a Patrice Bazerque monteur En tout cas lors de ces projections la discussion est souvent assez violente Le diffuseur au nom du t l spectateur pointe du doigt certains aspects du film qu il consid re tre des d fauts de construction alors que le t l spectateur aurait s rement une autre perception du film Puisque c est une histoire de confiance et qu au d
56. me larron tr s discret d un couple trois Je dis bien trois parce qu un moment donn sur le devant de la sc ne ce qui se joue c est un couple trois compos du producteur du r alisateur et du diffuseur Or ce monteur tr s discret accompagne ce couple trois je trouve qu il est donc tr s important que chacun soit sa place que chacun tienne son r le et cela se v rifie chaque premier visionnage Je ne suis donc pas frustr e de ne pas avoir de dialogue direct avec le monteur puisque chacun a sa place et son r le En revanche il y a des regards des hochements de t te quantit de signes qui ne sont pas bavards mais qui montrent que nous nous sommes compris que nous disons bien la m me chose et que nous allons dans le m me sens Au premier visionnage tout le monde est p tri d angoisse Le r alisateur est p tri d angoisse le diffuseur est p tri d angoisse est ce le film que j esp rais voir Le monteur est p tri d angoisse parce qu il montre une partie de son travail et le producteur est p tri d angoisse parce qu il se dit j esp re que a ne va pas exploser C est pourquoi il est tr s important que chacun joue son r le et le tienne parce que c est une horlogerie tr s tr s fine Je pense qu il y a quand m me des moyens de se rendre compte entre le diffuseur et le producteur et entre le diffuseur et le monteur que nous nous sommes bien compris que nous allons dans le
57. mme d ailleurs pas un seul monteur qui lui voit toujours des choses refaire modifier Et je suis persuad que si apr s deux trois mois ou m me un an nous mettions nouveau un r alisateur et un monteur face film achev ils feraient autre chose Gabriel Chabannier Producteur Le Miroir Je travaille dans une soci t de production de films documentaires que nous avons cr e avec plusieurs camarades il y a six ans Je produis quant moi des films documentaires depuis la fin des ann es 80 Cela fait donc d j presque vingt ans Qu est ce que j attends du montage Je ne sais pas trop quoi r pondre Ce que je sais c est que c est une phase compl tement indispensable et que nous essayons de l anticiper longtemps avant Et il me semble qu il y a quelques r gles importantes qui permettent justement la mise en valeur du film la r v lation du film Parmi ces r gles il y a le temps de montage qui est parfois un param tre difficile dans le contexte financier de production Presque quasiment syst matiquement sur les films que nous produisons qu ils soient d une heure ou de 52 minutes il me semble impossible de les faire monter en moins de douze semaines Ce n est pas le cas de toutes les productions mais cela a des cons quences sur la production du film C est vraiment tr s important et parfois m me nous allons bien au del de cette dur e de montage Il y a une deuxi me r gle c est la respi
58. mme possibilit Mathieu Blanc monteur Je veux revenir sur la question des modifications rapides Nous entendons souvent apr s une projection qu elle ait eu lieu dans la salle de montage ou ailleurs suivant les plaisirs de chacun que le film est parfait mais qu il y a juste une petite id e qu il faudrait faire venir comme ci ou comme a Ces modifications vous paraissent tr s simples mais en fait c est beaucoup plus compliqu que ce que vous imaginez Nous sommes le vendredi matin et vous producteurs et diffuseurs nous proposez de voir le nouveau montage d s le lundi matin Et bien il faut que vous sachiez que pour faire ce travail quelqu un en l occurrence le monteur est venu bosser tout le week end C est bien plus que quelques heures qui sont n cessaires pour faire ces modifications C est vraiment un long travail Cela demande un temps de r flexion un temps de fabrication sans compter le temps qu il faut pour remettre en cause le montage que nous avions fait Il faut du temps pour arriver pr senter un nouveau montage proche du consensus g n ral Quand vous demandez des rectifications le vendredi matin et que vous les avez le lundi matin c est qu il y a des personnes qui ont travaill tout le week end sachez le Michel David Cela me fait penser un point qui a t abord tout l heure par Gabriel Chabannier Je trouve en effet tr s int ressant qu il y ait un arr t pendant le
59. ne pensait donc que c tait incompr hensible On ne comprend pas c est trop long Nous avons aussi quelquefois des attentes non satisfaites En tant que chef monteuse j ai parfois pr sent des films qui me semblaient non aboutis et ils taient malgr tout accept s C est aussi une d ception quand il n y a pas un vrai regard critique de la part des diffuseurs Claude Guisard Je vois que nous terminons dans la bonne humeur Merci de votre attention
60. nt la discussion est fructueuse toujours Il y a des choses qui se passent Mais je pense qu il est important que le diffuseur n intervienne qu ce moment l Car son intervention aupr s des collaborateurs du r alisateur est pour moi un danger personnellement cela me fragilise J ai d ailleurs appr ci l intervention de Patrick Winocour parce que justement le recul qu il adopte en tant que producteur est une autre fa on d envisager sa relation au couple r alisateur monteur J attends du producteur qu il ne soit pas un passe plat entre le r alisateur et le diffuseur J attends du producteur qu il joue son r le comme le monteur parce que lui aussi doit aider r v ler son film au r alisateur Il y a donc des moments o il peut y avoir contradiction entre le d sir du diffuseur et celui du producteur Quand nous r alisateur et monteur sommes bloqu s le nez dans le guidon le producteur doit tre l de temps en temps pour nous aider Il m arrive d ailleurs tr s souvent d appeler des producteurs parce que je sais que leur intervention va nous faire avancer Et a je le fais en accord avec le monteur Nous sommes l en famille chacun dans son r le Ce n est pas ce discours que j ai entendu tout l heure C est pour cela que je suis tout de suite intervenu pour r agir ces propos qui m insupportent Patrick Winocour Les choses ne passent pas ainsi Nous ne d barquons pas dans le bur
61. oi m me ne sommes pay s pour cela J en ai toujours tir un grand profit et ce n est pas une histoire de sc nario c est une histoire de montage et de rythme J ai toujours tir beaucoup de profit de ce dialogue l qu il s effectue sur papier ou non Pierrette Ominetti Anna ce que tu dis rejoint ce qu a dit tout l heure la sc nariste En ce qui concerne le temps et l conomie Jj ai le sentiment mais peut tre que je me trompe que le travail du montage devrait voluer pour int grer la r alit la fois des conomies des modes de fonctionnement et du travail du r alisateur Il se trouve qu il y a quelques mois j ai particip un colloque de travail aux tats unis et j ai rencontr une dame qui est documentary doctor je ne savais pas que cela existait je ne connaissais que les scripts doctors Donc j ai discut tr s longuement avec elle c est une jeune femme qui a pr sent un ouvrage qui est publi dont je peux vous donner les r f rences Son travail consiste approfondir avec le r alisateur toute la phase d criture et de construction du documentaire avant le tournage donc sans toucher aucun mat riel aucune image aucun son C est un travail qui se fait sans d penser beaucoup d argent et qui permet d approfondir vraiment vraiment le sujet On peut ainsi se poser toutes les questions est ce que nous faisons plut t un film de personnages est ce que nous
62. omie ou de sous ma tre Catherine Tissier r alisatrice et monteuse Je ne sais pas si je me trompe mais j ai ou dire qu il n tait pas tout fait l gal qu un producteur pr sente un projet un film un diffuseur sans en avoir acquis les droits Et de ce que j en sais c est une pratique extr mement courante aujourd hui Donc il faudrait que les diffuseurs s assurent de l acquisition des droits par les producteurs pour que les auteurs r alisateurs soient effectivement pay s au moins en partie pour leur travail d criture Patrick Winocour Je pense que cela n a pas de rapport avec la l galit Il faut juste s tre mis d accord avec le r alisateur au moment o nous proposons le projet un diffuseur Apr s tout d pend de la situation de fortune du producteur si il est en fonds il prend des options si il est moins en fonds il ne prend pas d options Cela ne change pas vraiment la qualit des films l arriv e Anna Celia Kendall r alisatrice J ai mont mes propres films mais je n accepte plus de monter toute seule Les producteurs ne savent plus que j ai su le faire Mais ce n est pas l dessus que je voulais intervenir mais plut t sur la phase du sc nario Je n ai pas fait un seul film sans pr senter le sc nario qu il soit tr s crit ou peine d velopp une ou un monteur C est quelque chose que j ai toujours fait alors qu videmment ni le monteur ni m
63. on l apport du montage est ce qu on comprend est ce qu on est tenu par le fil Toutes ces questions sur le film sur le montage se formulent souvent par ce on Il y a forc ment un rapport d opposition parce qu un r alisateur exprime un je R cemment j ai pr sent un film sur Pierre Boulez un compositeur contemporain vous voyez peut tre peu pr s qui c est La personne de la cha ne avec qui nous tions en relation nous a fait le coup de sa grand m re du Berry de la m nag re de 50 ans alors qu elle avait command et donc pr achet un documentaire classique sur pierre Boulez avec des entretiens des archives des s ances de r p titions D s que les extraits musicaux exc daient une minute trente ou deux minutes elle nous demandait de couper parce que c tait trop long Je ne dis pas que tous les diffuseurs sont comme cela mais parfois cela devient quand m me tr s difficile de se comprendre Dans ce film il y a notamment une s quence o Pierre Boulez r p te avec son orchestre une pi ce de Schoenberg Il dirige les musiciens il les arr te et leur dit que cela ne va pas il faut penser la croche il faut penser la noire Apr s le visionnage nous avons re u un fax de la personne en question nous parlant de la s quence o Boulez parle de l accroche Parce que videmment un diffuseur pense l accroche Il faut accrocher le spectateur rires Cette person
64. ourquoi cela met en jeu des ego des personnalit s qu il faut mettre en relation ce qui est quelquefois tr s difficile Gabriel Chabanier Le terme de bon monteur n est pas pour moi le terme qui convient je dirais plut t c est le bon monteur du film Ce n est pas bon ou mauvais mais c est la personne la plus en ad quation avec l exp rience originale du film qu on est entrain de faire Souvent des r alisateurs avertis ont l habitude de travailler avec un monteur mais pour certains films ce n est pas forc ment ce monteur attitr qui est la bonne personne Aussi il m est d j arriv dans certains cas de provoquer un autre choix parce que le film le n cessitait Mais dans d autres cas cette relation duelle est essentielle Le bon monteur c est le bon choix de la bonne personne qui va accompagner terminer le film le r v ler comme nous l avons dit et c est extr mement important Donc la notion de bon monteur est une question de choix qui se fait simplement par rapport au film lui m me Je voulais juste ajouter une chose par rapport des exp riences de premier film J aime bien travailler sur des premiers films parce que tout est nouveau les relations le choix des collaborateurs et les essais Ce sont des relations qui n existent pas donc elles se cr ent Nous travaillons souvent sur des projets tr s crits tr s d velopp s sur des dossiers tr s pens s qui n cessitent beaucoup
65. r nous ne pouvons pas dire que les diffuseurs soient uniquement des gens de pouvoir m me s ils le sont effectivement et qu ils ont le pouvoir aussi sur nous bien s r Nathalie Verdier Il y a parfois un moment o effectivement les positions se tendent Mais c est aussi de ces tensions que na t le film enfin le film pour lequel une t l vision s est engag e Il ne faut quand m me pas oublier que vous parlez des diffuseurs de t l vision qui se sont engag s sur un projet Ils ont leurs propres contraintes l int rieur desquelles ils souhaitent qu un film puisse clore Ces contraintes existent mais ce ne sont pas pour autant des volont s de pouvoir Le r alisateur a aussi du pouvoir tout le monde en a il n y a pas que le diffuseur qui ait du pouvoir Le r alisateur a le pouvoir de faire son film il a aussi le pouvoir d imposer les choses qu il veut et c est dans cette esp ce de rapport de forces que nous arrivons parfois faire merger le film Effectivement si ce n tait qu une question de pouvoir ce ne serait pas int ressant mais 1l ne faut pas nier que c est dans cette circulation l que peut na tre un film entendons nous un film pour la t l vision Il est vrai qu il peut y avoir de grandes diff rences non pas par rapport ce qui tait pr vu au d part par le r alisateur mais par rapport ce qu attend la cha ne Les contraintes de la cha ne sont connues de tous la t l vi
66. ration C est dire pouvoir trouver des temps o nous nous faisons des pauses au cours du montage Le r alisateur le monteur et le producteur vont avoir d autres activit s ou d autres occupations ce qui va leur permettre la reprise du montage de porter un nouveau regard sur ce que le travail d j accompli Cela va permettre d arriver une bauche du film relativement aboutie que nous allons pouvoir montrer Enfin la troisi me r gle c est le choix du bon monteur qui est aussi une d cision tr s importante qui doit tre anticip e le plus t t possible Nous l anticipons quasiment d s la mise en production du film Cela doit tre pens r fl chi car tr s souvent un mauvais choix peut casser compl tement des films et impliquer de lourdes cons quences Claude Guisard Y a t il d j des r actions dans la salle apr s ce premier tour de table Nous avons entendu l une sorte d ode aux monteurs C est assez formidable J ai entendu deux de nos amis diffuseurs regretter de ne pas avoir de relation plus troite et plus directe avec les monteurs Je voudrais savoir ce qu en pensent les monteurs et ce qu en pensent les r alisateurs ventuellement Michel Follin R alisateur J interviens rarement dans les d bats mais l j avoue que je suis assez int ress par celui l vu ma propre exp rience de monteur puis de r alisateur Tout l heure Claude Guisard a utilis le terme de la b
67. re plus ce que le r alisateur voulait y mettre sans garder tout ce qu il voulait y laisser Il y a l un travail que nous attendons du monteur On se dit que parfois ce travail n a pas t fait et c est dommage parce qu on serait all s beaucoup plus loin Lise Beaulieu Moi je voudrais vous demander si on ne va pas arriver des corps morts force de faire des deuils Jules C sar Muracciole r alisateur Je suis r alisateur Je ne comprends pas trop cette id e de deuil on entend beaucoup parler de a aux actualit s rires dans salle Je ne comprends pas nous r alisateurs nous n avons aucune envie de retenir quelque chose et de se dire que nous gardons tout ce que nous avons tourn Pour nous le montage c est pr cis ment d enlever et de supprimer ce n est pas du tout d en rajouter c est l inverse Je crois justement que la complicit que nous avons avec le monteur ou la monteuse ne peut exister que si nous sommes suffisamment s v res par rapport ce que nous avons tourn Il me semble que c est comme a nous devons faire C est pour cette raison que je n aimerais pas que la monteuse ou le monteur vienne au tournage S il vient au tournage il ne fait pas le montage Pour moi la salle de montage est un lieu tr s tr s intime C est le lieu de l intime mais ce n est pas le lieu o l on fait un deuil excusez moi Il y a des choses de l inconscient qui se passent entre le monteur ou
68. rochette pour d signer la tribune officielle je ne voudrais pas allumer le barbecue mais j ai quand m me envie de mettre les pieds dans le plat sur un ou deux points Je voudrais d abord m adresser Fabrice Puchault vous avez dit nous attendons le film dont nous avons besoin Je pense qu il faut imm diatement d battre de cette question nous devons l vacuer comme cela ce sera fait nous n en parlerons Vous avez parl de strat gie et vous avez aussi parl d un film conforme nos d sirs vous parlez en tant que diffuseur j imagine Fabrice Puchault Oui attendez J ai dit non pas conforme nos d sirs je rectifie tout de suite pour liminer ce malentendu Michel Follin Vous avez aussi dit dont la cha ne a besoin utile la cha ne Fabrice Puchault Oui j ai dit ces mots Michel Follin Alors dans ce cas il faut absolument que vous vous passiez des auteurs et des r alisateurs Il faut travailler directement avec les techniciens et faire vos propres films r actions vives dans la salle C est mon opinion Nous avons un d bat sur la relation tr s importante entre les diffuseurs les producteurs les auteurs r alisateurs et les monteurs qui forment une cha ne une sorte de famille essentielle pour la fabrication des films documentaires Mais partir du moment o vous diffuseur dites que vous avez besoin d un film dont vous savez l avance ce qu il doit
69. s que de films et autant de devis que de types d critures donc il faudrait entrer dans le d tail de chacun des cas Mais il y a une chose qui est s re c est qu il n y a pas assez d argent dans l conomie du documentaire c est un constat Les cha nes ne mettent pas assez d argent et je parle en tant que diffuseur avec une pointe de mauvaise conscience car malgr tout nous avons quand m me le pouvoir et une part de responsabilit Fabrice Puchault l a dit les cha nes n ont pas assez d argent nous mettons peu pr s 40 du financement d un film mais au final il manque toujours peu pr s 20 de ce financement En plus Arte nous accompagnons longtemps le montage comme le font je pense toutes les unit s documentaires des autres cha nes Nous sommes assez exigeants et souvent le montage se prolonge au del de la dur e pr vue Nous sommes m me tr s exigeants et pour autant nous ne rajoutons pas d argent Donc cela veut dire que la plupart du temps c est le producteur qui prend ce surco t sur son dos sauf si un moment donn on se dit nous allons quand m me l aider nous allons partager le risque avec lui Voil ce sont des conomies extr mement fragiles et nous essayons malgr tout de faire exister de bons films ce n est pas facile Val rie de Thilbourg sc nariste et r alisatrice Nous parlons du montage donc de la fin de la cha ne mais en amont il y a le fameux travai
70. sion a des exigences de compr hension de rythme et de r cit Ces contraintes personne ne les ignore nous ne les d couvrons pas au dernier moment et nous arrivons pourtant des situations de blocage On peut y aussi refuser ces contraintes dans ces cas l chacun a ses responsabilit s Claude Guisard Nous travaillons une mati re qui est difficilement saisissable ce n est pas une science exacte donc abordons la question de la lisibilit il faut peut tre qu on en parle puisque l nous sommes dans un v ritable change et il faut profiter Thomas Gesson assistant monteur Cela ne fait pas longtemps que je suis assistant monteur Je voudrais vous poser une question qui a un rapport l conomie Qu est ce qui co te le plus cher dans la production d un film documentaire Quelle est dans le budget la part assur e par le diffuseur et celle assur e par le producteur Dans quelle mesure tait il rentable de faire des documentaires Qu est ce qui co te le plus cher est ce la post production ou le tournage Je voulais avoir un ordre d id e puisque je suis nouveau dans le m tier Patrick Winocour Ce qui co te le plus cher c est videmment le montage Sur la moiti des films que nous produisons l arriv e le monteur est pay plus cher que le r alisateur Anita Perez Vous dites que le monteur est pay plus cher mais cela est d au fait que le r alisateur n est pas toujours pay donc nous ne somm
71. st cela qui fait que c est un joli m tier Alex Szalat Je voulais juste dire quelque chose par rapport au format Nous demandons nous attendons un film de 52 minutes mais il peut arriver qu en cours de travail nous d cidions de modifier la dur e du film On se rend compte qu il peut devenir un 75 ou un 90 minutes car la mati re ramen e le sujet ou le film tel qu il appara t le permettent ce moment l c est au diffuseur et au producteur de se dire on est capable de remettre des sous pour arriver une dur e qui convienne au film pour qu il soit totalement abouti C est un choix possible Une case th matique comme la n tre qui est de 2 heures est en g n ral con ue pour deux programmes de 52 minutes Mais elle peut aussi tre compos e de deux 26 minutes un 52 minutes et un d bat ou encore de trois fois 40 minutes Il n y a pas vraiment de r gle Nous avons beaucoup de mal demander au d part des projets qui s inscrivent dans une dur e longue Cela changera peut tre d ailleurs Peut tre d ciderons nous d aller imm diatement sur des demandes de projets de 75 80 ou 90 minutes Mais actuellement nous sommes tout fait ouverts la possibilit de changer compl tement notre fusil d paule en regardant en visionnant les rushes qu on nous ram ne nous de nous adapter de trouver le compl ment de programme pour remplir la case r actions dans la salle videmment le diffuseur as
72. st un long processus On a parfois crit des choses sur le papier et c est bien de le faire je suis compl tement d accord avec cela et c est m me indispensable Alors lorsque que le diffuseur ou le producteur arrive en salle de montage et dit l je pense qu il faudrait changer tel et tel truc cela peut tre parfois une catastrophe souvent non mesur e par la personne qui le dit C est pourquoi je pense qu il faut parler de la notion de confiance La confiance existe d s le d part pour moi c est primordial et pourtant personne n en a parl Claude Guisard La question de la confiance est une notion ambigu Elle doit concerner tout le monde enfin tous les partenaires d un m me film Je pense qu un producteur ou un diffuseur devrait tirer aller dans le m me sens que le r alisateur et le monteur c est dire dans le meilleur sens pour le film Ce que nous pouvons dire sur la question de la confiance c est que chacun ici visiblement craint d en manquer Alex Szalat Il me semble que sommes quand m me tous embarqu s dans la m me histoire au moment o nous faisons un film C est une histoire qui se passe entre nous tout au long du processus de cr ation du film Donc la confiance est forc ment l Elle peut se perdre parce que nous pouvons douter les uns comme les autres Que nous soyons diffuseur r alisateur ou monteur nous ne sommes pas dans des positions antagonistes Nous ne sommes pas oppos s
73. sume en partie le suppl ment de financement il ne s agit pas de demander au producteur de faire l effort tout seul Claude Guisard Est ce qu Arte n a pas une position un peu singuli re dans le paysage audiovisuel Pierrette Ominetti Nous sommes ici trois repr sentants d Arte et il faut le dire nous b n ficions encore de conditions de travail absolument confortables Nous pouvons voir jusqu six fois un film en montage et accompagner tout le mouvement du film En revanche dans de nombreuses cha nes les charg s de programmes sont limit s un seul visionnage parce qu ils ont des heures et des heures de programmes fournir l antenne C est donc un privil ge que nous avons Fabrice Puchault Je ne crois pas que les charg s de programmes chez nous France 2 ou ceux de Canal de France 3 ou de France 5 n aient le temps de voir le film qu une seule fois Claude Guisard Encore une question et puis nous allons mettre un terme au d bat Car l nous avons fait un bon long m trage et je ne sais pas quelle cha ne va pouvoir le diffuser Odile Bonis monteuse Vous parliez tout l heure de lisibilit Est ce que l on comprend Est ce que l on suit Est ce qu il y a une densit Je suis d avis de dire que c est l gitimement l sur cette lisibilit que doit intervenir la cha ne cela fait partie de sa fonction Le probl me c est que l on ne peut r duire la collaborati
74. teur Et c est ce dernier qui a sans doute t la main qui a permis de faire aboutir le r cit Les r actions ce visionnage sont quelquefois violentes parce qu en fait nous nous rendons compte que dans la concertation entre le producteur le monteur et le r alisateur il y a eu quelque chose qui n est pas pass Et cela peut se produire m me au cours des visionnages suivants Mais il me semble que la premi re fois que le diffuseur doit venir au montage ne rel ve pas forc ment de l accompagnement du film le diffuseur ne doit voir le montage que lorsque le film commence d j se r v ler Dans le r v lateur nous le savons lorsque nous faisons de la photo nous pouvons quelquefois aller jusqu au noir total jusqu au gris blanc ou bien jusqu au noir et blanc tr s contrast C est dans toutes ces diff rentes phases que le film va se r v ler La premi re fois il me semble qu il doit d j y avoir une mati re qui nous fait sentir que le film est l Il n est pas encore trouv pas de mani re d finitive parce que je consid re que nous ne sommes jamais dans le d finitif et que nous on travaillons sur une mati re tellement mall able qu il est impossible d arriver la perfection Nous tendons la perfection mais les films ne sont pas parfaits ils sont toujours perfectibles La preuve en est pas un seul r alisateur n est pr t arr ter le jour o nous lui disons qu il faut arr ter co
75. vons regarder le film uniquement sur le moniteur Cela me parait avoir du sens que le diffuseur vienne dans le lieu de cr ation du montage Ce n est pas un petit d tail malheureusement je sais que cela ne peut pas toujours se faire Je le regrette et j aimerais avoir votre position Genevi ve Boyer J ai envie de r pondre j aime norm ment l ambiance des salles de montage puisque j ai fait du montage dans une autre vie mais je pr f re que l quipe vienne dans mon bureau et que nous regardions ensemble C est une question de regard J ai l impression que je d couvre mieux le travail sur l cran de t l vision parce que je pense que j ai l une position de premier t l spectateur et que cette position J arrive difficilement l avoir et je men excuse en tant dans la salle de montage o il y a des tas de choses p riph riques et des motions qui interf rent et qui ne me permettent pas d avoir ce regard l Claude Guisard Je ne pense pas qu il n y ait pas des lieux de pouvoir et d autres qui le seraient moins Pierrette Ominetti Je suis d accord avec Anita ce qui est important un moment donn c est de sortir de la salle de montage que toute l quipe sorte de la salle de montage et qu il y ait un espace neutre C est vrai que par facilit les projections se font souvent chez le diffuseur alors qu il faudrait qu il y ait un espace neutre o chacun finalement se met en configurat

Jean-Pierre Bloc (monteur) Merci d`être venus à la première des

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