etre doue pour les langues :approches scientifiques et
Contents
1. passe pour une natif disponi bilit intellectuelle facult de produire aisance dans lexpression bon usage du peu qu on conna t selon une approche traditionnelle une langue forme d autant mieux l esprit que sa grammaire est logique Latin Allemand cons quences des tudes acous tiques associ es l utilisation des laboratoires de langues behavio risme prise en compte de l tat d es prit de Vapprenant appro ches holistes humanistes Facteurs qui se remarquent expression et correction 181 M langes CRAPEL n 26 L exp rience scolaire la vulgarisation des th ories scientifiques et le recours des l ments observables par exemple la prise de risques font sans doute que les repr sentations sociales du don des langues rejoignent les th o ries scientifiques Il n est cependant pas exclu non plus que le discours social ait pu influencer la recherche scientifique Notre recherche a mis en vidence la grande complexi t de la notion de don des langues dans les repr senta tions populaires aussi bien d un individu a un autre que pour un m me individu selon qu il part d une vision abs traite du don ou d un exemple concret qu il connait Ces discours dissonants sont cependant coh rents si l on accep te que le concept de don des langues est la fois relatif et subjectif et que sa d finition peut varier selon le point de vue adopt Le don est compo2. rapidit d acquisition facilit d acquisition prise de risque image de soi positive esprit vif autrement dit intelligence bon accent plusieurs langues n cessaires Les traits qui apparaissent moins souvent chez les non enseignants sont adaptabilit curiosit pr disposition 176 Etre dou pour les langues approches scientifiques 2 3 Comparaison entre enseignants dans une optique bottom up top down Nous avons regroup dans la cat gorie bottom up bas haut les caract ristiques qui rel vent d une approche ana lytique s attachant a la langue comme objet d apprentissa ge alors que la cat gorie top down haut bas r unit les caract ristiques associ es une approche globaliste dans laquelle la langue est outil de communication Les ensei gnants n ayant pas tous recu la m me formation il nous a paru int ressant de mettre en parall le leur profil personnel avec leurs tendances Tableau comparatif des enseignants DON GENERAL DON PARTICULIER 07 aucun bottomup FC Ang F 08 topdown topdown PEGC F 09 topdown mixte Licence F 10 topdown topdown FC Al F 30 mixte mixte CAPES H IUFM 33 i bottomup CAPES F IUFM 34 i aucun CAPES F IUFM 35 i bottomup CAPES F IUFM 37 aucun Maitrise F 39 PE Ang F IUFM 40 bottomup mixte PE H IUFM 43 i bottomup CAPES Ang F IUFM
3. 168 Etre dou pour les langues approches scientifiques Ellen WINNER s est attach e a relever les traits carac t ristiques des enfants surdou s tout en critiquant bon nombre d id es re ues sur le sujet WINNER 1996 Nous ne retiendrons que certains l ments utiles 4 notre tude Tout d abord parler de surdou s est une d cision culturelle Les indiens Pueblos du Nouveau Mexique et les confuc ens n ont pas cette notion individualiste et sils appr cient des qualit s utiles la communaut ils ne con oivent pas que des aptitudes particuli res l vent une personne au dessus des autres D autre part l enfant surdou ne devient pas n cessairement un adulte exceptionnel Winner insiste sur ce point plusieurs reprises La personnalit la motivation le milieu familial les oppor tunit s et la chance jouent un r le plus important que le niveau d aptitude en lui m me ibid 24 D un autre c t la plupart des dons ne se d veloppent pas jusqu au bout et la source finit par se tarir chez de nombreux enfants sur dou s ibid 210 Du coup on ne peut pas pr dire la cr a tivit de l adulte ibid 315 Howard Gruber 1981 a fait remarquer que c est le fait de se consacrer avec passion et patience un sujet qui permet de pr dire l accomplissement d une grande oeuvre qualit qui ne peut se mesurer au moyen de tests standardis s d intelligence ou de r ussite ibid 326
4. 440 i topdown CAPES H IUFM 51 mte mixte o CAPES F IUFM 52 Degree Ang F s53 Univ Ang H 56 topdown mixte AGREG Ang F IUFM 57 aucun XXXX FC Ang H 58 bottomup XXXX FC Ang F 60 bottomup XXXX CAPES H IUFM FC Formation continue Ang Anglais e F Femme All Allemande H Homme Univ universitaire IUFM Ann e de formation professionnelle en CPR ou en IUFM 177 M langes CRAPEL n 26 Les enseignants interrog s sont coh rents en ce sens qu ils ne passent jamais d une caract ristique pure l autre Soit ils gardent la m me pour les deux types de don soit ils se partagent entre une caract ristique pure et une mixte Pour certains qui n ont pas pris position dans un des dons cette question de coh rence ne se pose pas Si l on fait la somme des caract ristiques il appara t que cing des dix enseignants qui n ont pas effectu d ann e de stage CPR ou IUFM ont une conception top down de l ap prentissage linguistique trois une conception mixte deux une conception bottom up et un ne s est pas pro nonc Inversement sur onze qui ont suivi une ann e de stage dix ont une conception mixte et un seul a une conception bottom up La nationalit ne semble pas ici influencer le choix d une d marche En effet sur 7 Anglais 3 ont une conception mixte 2 top down et 2 bottom up alors que sur 10 Fran ais 4 ont une conception mixte 2 top down 2 bottom up et
5. Les surdou s pr sentent trois caract ristiques atypiques la pr cocit Ils commencent plus t t font des progr s plus rapides parce que l apprentissage n est pas un effort pour eux une insistance se d brouiller seuls les d couvertes qu ils font dans leur domaine sont excitantes et motivantes et chaque tape les conduit naturellement aborder la suivante la rage de ma triser ils font preuve d un int r t inten se et obsessionnel d une facult de concentration extr me ibid 16 169 M langes CRAPEL n 26 Iis sont aussi dot s des qualit s suivantes une conscience m tacognitive Les surdou s sont g n ralement conscients de leurs propres strat gies visant a r soudre les probl mes qu ils rencontrent une m moire prodigieuse un raisonnement logique et abstrait de la curiosit de la persistance et de la concentration ibid 41 42 Les surdou s ne peuvent pas exceller sans travailler BLOOM 1985 ERICSSON 1993 cit s par WINNER 161 Pour eux le travail est cependant associ au plaisir Il semble qu ils soient plus enclins que les enfants ordinaires se montrer motiv s pour des raisons intrins ques et non extrins ques ils travaillent parce qu ils aiment le faire et non parce qu ils y seraient oblig s ibid 234 Le don serait d des facteurs biologiques et sociolo giques Winner le laisse ente
6. 2 sans r ponses L unique ensei gnant allemand est top down Nous faisons donc l hypo th se que la formation des enseignants peut faire voluer leur repr sentations du don des langues 2 4 Comparaison entre Fran ais et Anglais pour le don en particulier Nous remarquons un plus fort pourcentage en faveur de la d marche bottom up chez les Anglais interview s alors que chez les Fran ais le pourcentage le plus lev est pour la d marche mixte C est aussi chez les Fran ais qu il y a le plus diinterview s qui n ont mentionn aucune de ces d marches Ces diff rences m riteraient cependant d tre v rifi es sur de plus larges chantillons car une tude quantitative sur des effectifs aussi faibles que les n tres en particulier pour les anglais est peu significative 178 Etre dou pour les langues approches scientifiques D autres diff rences sont toutefois notables Si nous observons les pourcentages obtenus par chacun des groupes pour certaine des variables individuelles nous remarquons les variations suivantes DON GENERAL DON PARTICULIER Fran ais Anglais Fran ais Anglais enseignement 24 3 05 3 25 7 25 7 29 4 int r t pour la langue 29 7 7 15 15 8 8 28 6 28 6 23 5 accuracy 18 9 0 14 14 3 05 9 fluency 18 9 01 34 3 0 int r tpour la culture 08 0 11 5 05 9 plusieurs langues 16 15 79 40 11 8 facilit 35 1 15 8
7. 20 23 5 rapidit 35 1 31 6 28 6 05 9 envie d apprendre 18 9 05 26 05 26 22 9 22 9 esprit vif 05 4 05 3 k 08 6 adaptabilit 21 6 17 m moire 27 14 3 17 6 expertise 08 05 7 17 6 prise risques 02 7 i 05 7 17 6 bon accent 02 7 A 08 6 05 9 bon acteur 08 15 8 17 6 image de soit positive 02 7 15 8 17 6 Les diff rences tr s marqu es sont indiqu es en caract res gras Les caract ristiques du don qui appartiennent plus sp cifiquement aux repr sentations des Fran ais sont accura cy et fluency autrement dit la correction de la langue et Vaisance int r t pour la culture envie d apprendre adaptabilit et int r t pour la langue En contrepartie les caract ristiques plus sp cifiques aux repr sentations des Anglais sont une image de soi positive tre un bon acteur et prise de risques Les autres caract ristiques varient selon qu il s agisse du don en g n ral ou du don en particulier pour lequel on doit donner un exemple concret Ainsi enseignement tra vail est plus fortement cit par les Anglais pour le don en particulier n cessit de parler plusieurs langues est tr s marqu e chez les Fran ais d crivant le don en particulier 179 M langes CRAPEL n 26 rapidit est moins cit e surtout par les Anglais pour le don en par
8. 21 ensei gnants et 39 non enseignants parmi lesquels 20 anglais et 38 fran ais pour un allemand et un luxembourgeois Les 60 personnes dont nous avons analys les entretiens ont eu d crire le don des langues tout d abord dans l absolu de mani re tr s g n rale puis en faisant r f rence des gens dans leur entourage Nous avons ainsi obtenu deux cat go ries distinctes l une regroupant les caract ristiques du don des langues en g n ral l autre les caract ristiques du don des langues tel qu il se manifeste chez un individu particu lier Lorsque nous ferons r f rence ces deux cat gories nous aurons d sormais le plus souvent recours aux expres sions don en g n ral et don en particulier Or il appa rait que les caract ristiques ne sont pas les m mes selon qu il s agit du don en g n ral ou bien du don en particulier 172 Etre dou pour les langues approches scientifiques EN GENERAL EN PARTICULIER Rapidit d acquisition 30 18 33 Facilit d acquisition 28 3 20 environnement 20 35 int r t 26 6 21 6 envie 15 13 3 adaptabilit 15 m moire 25 attitude positive et travail 10 aptitude s exprimer 8 3 plusieurs langues 18 3 Les diff rences les plus marqu es apparaissent en caract res gras En ce qui concerne notre panel les caract ristiques apparaissent comme permanent
9. M langes CRAPEL n 26 ETRE DOUE POUR LES LANGUES APPROCHES SCIENTIFIQUES ET REPRESENTATIONS SOCIALES Myriam PEREIRO Abstract When people argue that they are not gifted for lan guages what do they really mean This paper attempts to sum up what scientific research has to say on the subject and to compare it to the representations of the gift for lan guages as they were expressed in sixty interviews It seems that there is no simple definition as the gift for languages is the product of social discourse 167 M langes CRAPEL n 26 La sagesse populaire reconna t l existence d un don en langue Il semblerait qu on y fasse d ailleurs allusion sur tout quand il fait d faut Tout enseignant de langue a sans doute entendu un parent d l ve ou un coll gue avouer ne pas tre dou pour les langues Ce don objet mais aussi construction du discours que recouvre t il au juste Notre propos n est pas l acquisition de la L1 pour laquelle les tenants d une linguistique chomskienne nous reconnaissent tous comme dou s mais l acquisition de langues secondes ou trang res pour laquelle les diff rences individuelles sont flagrantes Dans notre investiga tion du don des langues nous nous sommes tout d abord tourn e vers la recherche 1 Approches scientifiques du don des langues La connaissance du cerveau humain volue certes mais il nous para t important de pr ciser que nous ne sommes to
10. es dans les repr sentations du don qu elles s appliquent la notion abstraite ou qu elles se r f rent des exemples pr cis Il en va autre ment de certaines autres caract ristiques qui bien que sou vent cit es ne se retrouvent que dans une des deux cat gories Ainsi les caract ristiques appartenant plus sp cifiquement au don en g n ral sont dispositions don talent aptitude pour les langues peut s acqu rir refus de la notion de don Il semble normal que ces traits apparaissent ici dans la mesure o les enqu t s peuvent se poser la question de l existence d un don Pour le don en particulier cette d marche a d j t effectu e et existence du don est le plus souvent implicite Les autres caract ristiques les plus souvent cit es pour le don en g n ral sont oreille musicale r ceptivit cerveau gauche bon imitateur image de soi positive rapidit de compr hension 173 M langes CRAPEL n 26 Nous dirons que le don en g n ral est surtout expliqu par des configurations biologiques Le don en particulier a plus particuli rement les carac t ristiques suivantes extraverti acquisition en milieu naturel esprit vif int r t pour pays expertise prise de risques L acquisition en milieu naturel est souvent cit e Cela ne surprend pas a propos de personnes qui doivent leur multilin guisme a des raisons li es a l environnement Le fait de d
11. evoir vivre dans un milieu o la langue trang re est n cessaire explique le recours a la prise de risques La motivation appa rait ici sous la forme de l int r t pour un pays ou une culture et la personnalit par le trait extraverti Il est int ressant de noter l apparition de l intelligence sous l tiquette esprit vif Certains enqu t s nous ont donn des pr cisions sup pl mentaires sur ce qu ils appelaient le don des langues Ainsi le dou peut tre un sp cialiste ce qui sous entend que les enseignants de langue sont dou s alors que pour d autres le dou doit tre diff rent du sp cialiste Pour ces derniers les gens qui ont fait d une langue l objet de leurs tudes ne sont pas dou s Pour que l on parle de don il faut la fois que l apprentissage et l acquisition porte sur plu sieurs langues et qu ils soient rapides Certains posent l existence de diff rents types de don d une part on distingue les surdou s qu on ne rencontre pas fr quemment des dou s qui ont tout simplement des facilit s D autre part on reconna t deux sortes de dou s les sp cia listes qui s attardent sur une seule langue afin d atteindre un haut niveau de perfectionnement et les g n ralistes int ress s par des comp tences moindres mais dans plusieurs langues Inversement plusieurs enqu t s ont rejet la notion de don Ils expliquent souvent des diff rences individuelles par l envir
12. ment est sous entendu car vident du fait de leur fonction par contre la dimension tra vail aurait pu apparaitre Son absence nous permet de faire Vhypoth se que pour les enseignants dans notre panel le don n est li ni apprentissage ni une d marche analy tique Pourtant les qualit s logico analytiques p sent plus lourdement chez les enseignants que chez les non ensei gnants A cela ajoutons que savoir apprendre est plus faible chez les enseignants Nous supposons alors que les enseignants valorisent des qualit s n cessaires a4 l appren tissage mais ne concoivent pas que le don puisse aller avec travail ou qu il soit associ l expertise en apprentissage 175 M langes CRAPEL n 26 cest a dire que l on sache apprendre ou que l on ait su apprendre Parmi les autres variables il semble que les caract ris tiques suivantes apparaissent moins souvent chez les enseignants rapidit d acquisition facilit d acquisition m moire oreille musicale plusieurs langues Les caract ristiques suivantes apparaissent moins sou vent chez les non enseignants peut s acqu rir refus de la notion de don image de soi positive prise de risques bon accent instinct expertise 2 2 Comparaison entre enseignants et non ensei gnants pour le don en particulier Les caract ristiques qui apparaissent moins souvent chez les enseignants sont les suivantes
13. ndre mais pour elle ces facteurs biologiques accompagnent cependant des facteurs sociolo giques On ne conna t apparemment pas de cas de r ussite exceptionnelle sans qu au moins l un des parents ou quel qu un qui s y substitue donne l exemple d un travail acharn et pousse l enfant travailler beaucoup lui m me ibid 209 Les surdou s sont rarement dou s pour tout ils r us sissent rarement dans toutes les mati res et d laissent celles qui ne font pas partie de leur domaine de pr dilec tion Ils ne poss dent pas non plus un Q I exceptionnel les chercheurs commencent voir que le don et le Q I sont des choses distinctes et qu une personne peut tre tr s dou e dans un domaine sans pr senter pour autant un Q I g n ral lev ibid 46 Par ailleurs les surdou s ne seront pas mieux int gr s plus populaires ni plus heureux que l enfant ordinaire Ils sont souvent plus introvertis et plus solitaires que les enfants ordinaires la fois parce qu ils ont tr s peu en commun avec les autres et parce qu ils d sirent cette soli tude dont ils ont besoin pour d velopper leurs aptitudes ibid 233 170 Etre dou pour les langues approches scientifiques Bien qu il soit rarement fait mention de surdou s en langue nous pouvons nous interroger sur les comp tences linguistiques d velopp es solitairement Il nous semble que c est l aspect formel du syst me linguistique qui sera pri
14. nsky Bruckner ou Darwin Les ouvrages consacr s au don et plus particuli re ment au don des langues sont bien moins courants que les Ouvrages qui traitent du bon apprenant en langue Toutefois les observations de Smith et Tsimpli 1995 concernant Christopher handicap mental et moteur qui ne peut vivre de mani re autonome qui a du mal a s expri mer en soci t mais qui est fascin par les langues au point 171 M langes CRAPEL n 26 den apprendre plusieurs nous semblent jouer un r le important dans notre recherche Elles mettent en vidence le fait que l intelligence qu on opposera ici l idiotie de Vidiot savant n est nullement n cessaire a l apprentissage d une langue trang re Le don des langues n est donc pas tributaire du quo tient intellectuel Il n est pas non plus selon Winner une notion universelle dans la mesure o la reconnaissance d un don appartient aux soci t s occidentales Nous met tons donc l hypoth se qu il puisse tre une construction du discours occidental et c est dans le but de rechercher sa signification que nous nous sommes tourn e vers l analyse de 60 entretiens portant sur le don des langues 2 Repr sentations sociales Nous avons interview 60 personnes s lectionn es de fa on al atoire Nous avons cependant cherch rencontrer des enseignants et des non enseignants ainsi que des fran ais et des anglais Nous avons pu rencontrer
15. onnement socioculturel Parfois cependant il est 174 Etre dou pour les langues approches scientifiques question d oreille plus fine ou plus musicale et d instinct ou d intuition Un des enqu t s ne fait pas de diff rence entre les langues et les autres mati res Selon lui il n y a pas de don des langues on est bon en tout et de fait on est bon en langue ou bien on n est pas un bon apprenant que ce soit en langue ou ailleurs Ces quelques caract ristiques du don des langues telles qu elles apparaissent dans les entretiens met en vidence leur nombre mais aussi pour certaines leurs qualit s contradictoires On attend aussi bien la perfection que l im perfection et on con oit qu il puisse s agir dune aptitude inn e mais aussi d une facilit provoqu e par les conditions socioculturelles Nous avons tent de comparer les r ponses donn es par certains des groupes constituant notre panel afin de mettre en vidence la possible influence de la nationalit ou de la formation professionnelle sur les repr sentations 2 1 Comparaison entre les enseignants et les non enseignants a propos du don en g n ral Bien que les enseignants du panel soient moins nom breux que les non enseignants il nous a sembl int ressant de faire cette comparaison Ainsi nous pouvons nous interroger sur l absence de la variable enseignement travail chez les enseignants Nous pouvons supposer que l enseigne
16. s de plusieurs facettes cha cune desquelles correspond un discours diff rent CONCLUSION Le don est essentiellement jug en fonction de ce qui se remarque ce qui n a rien de surprenant d autant plus que nous avons nous m me demand aux enqu t s de le d cri re Cependant cela nous am ne penser que parce qu il parle peu avec un long temps de r flexion tel apprenant peut para tre dou alors que s il avait produire des non c s plus fr quents et plus abondants son aisance ou sa correction pourraient se d grader A l inverse quelqu un d un naturel r serv peut tre tr s comp tent sans que cela se remarque Par ailleurs les comp tences moins visibles par exemple la compr hension qui ne peuvent pas vrai ment tre valu es par l observateur ALLWRIGHT 1988 sont probablement prises en compte lorsqu il s agit de qua lifier quelqu un de dou Les repr sentations du don des langues que nous avons mises en vidence participent d un discours social occiden tal Il serait int ressant de rechercher les ventuelles repr sentations du don des langues dans d autres cultures Bien que par d finition ces repr sentations soient inconscientes et incontr lables nous mettons l hypoth se 182 Etre dou pour les langues approches scientifiques qu elles peuvent voluer En effet nous avons pu remarquer des diff rences entre les enseignants et les non ensei gnants M me
17. si les premiers sont influenc s par leur propre r ussite en langue selon nous il est possible que leur formation professionnelle ait pu les influencer Nous proposons alors que la formation didactique des ensei gnants prenne en compte les repr sentations multiples du don des langues afin que soient pr serv s le droit la dif f rence des apprenants ne serait ce que pour rappeler que la rapidit n est pas forc ment une garantie d apprentissa ge r ussi En outre dans la mesure o le don des langues ne se suffit pas d une d finition simple il nous semble qu il serait n faste de vouloir effectuer une s lection a partir d une ventuelle aptitude en langue Trop de facteurs entrent en jeu pour qu une seule une aptitude mesurable puisse d terminer a elle seule la r ussite ventuelle d un apprentissage BIBLIOGRAPHIE ALLWRIGHT D 1988 Observations in the language class room Longman Londres BLOOM B 1985 ed Developing Talent in Young People Ballantine Books New York BOURDIEU P 1979 La distinction Ed de Minuit Paris ERICSSON K A KRAMPE R T amp TESCH ROMER C 1993 The role of deliberate practice in the acquisition of expert performance Psychological Review n 100 3 GRUBER H 1981 Darwin on Man University of Chicago Press Chicago HECKAUSEN 1982 The development of achieved motiva tion in HARTUP W W ed Review of Child Development Research Vol 6 Universit
18. ticulier alors que facilit leur vient plus souvent l esprit Toujours pour le don en particulier les Anglais font intervenir bien plus souvent esprit vif c est dire Vintelligence alors que le fait d avoir un bon accent est pour eux une caract ristique du don en g n ral Ils font aussi de expertise une caract ristique importante du don en particulier Quant la m moire elle est un peu moins importante pour tout le monde pour qualifier le don en par ticulier mais son importance varie d une nationalit a Vautre Les repr sentations sociales que nous avons cherch a mettre a jour a partir de nos entretiens ne sont pas totale ment diff rentes de ce que la recherche scientifique avance soit a propos du don des langues soit propos du bon apprenant Les tableaux suivants mettent en parall le les caract ristiques cit es par les enqu t s et le courant th o rique auquel elles nous semblent appartenir Bien que l tu de des surdou s ne soit sans doute pas un courant th o rique clairement d fini il nous a paru utile de rappeler les caract ristiques cit es par Winner 1996 Dans le deuxi me tableau nous avons rassembl les caract ristiques qui rel vent des approches traditionnelles behavioriste et humaniste ainsi que celles qui appartiennent plut t une approche na ve ou empirique fond e sur le directement observable Caract ristiques cit es dans les en
19. tretiens Expertise environnement socioculturel favorable niveau social aisance en langue maternelle type d enseignement adapt peut s acqu rir temps chance image de soi positive Courant th orique curiosit Sociolinguistique adaptabilit extraverti acquisition changement d identit connaissance de la culture contacts avec la langue trang re tol rance des fautes prise de risques parle couramment 180 Etre dou pour les langues approches scientifiques Inn instinct intuition cerveau gauche oreille musicale pas de lien avec l intelligence apprentissage pr coce connaissance de la grammaire Caract ristiques cit es dans les entretiens Courant th orique Th orie modulaire et maturationnelle du cerveau Grammaire g n rative aptitude qualit s logico math matiques intelligence cerveau plus d velopp r ceptivit apprend seul pas besoin dimmersion rapidit facilit r ussite pas de travail Motivation pers v rance apprend seul r ussite m moire curiosit travail travail plaisir Caract ristiques cit es dans les entretiens instruit bon en tout savoir apprendre Th orie des dons Etude des surdou s Courant th orique langue maternelle difficile spectre sonore de la langue maternelle favorable
20. ujours pas en mesure d apporter une explication biolo gique aux caract ristiques des surdou s Winner 1997 Il faut en effet reconna tre que la notion de don est un sujet d licat dans la mesure o certains y voient la preuve d une sup riorit raciale ou sociale Ainsi Meirieu r fute l id e que des qualit s inn es expliquent les diff rences scolaires alors que la distribution des dons ne fait que recouvrir celle de l argent et des responsabilit s sociales MEIRIEU 1985 60 Il essaye aussi de r habiliter la notion d effort qui lui para t tre tr s d valu e dans le milieu scolaire BOUR DIEU 1979 222 La connotation n gative du travail et de l effort n est ni nouvelle ni particuli re la France En Angleterre aussi on observe le m me ph nom ne OPIE et OPIE 1959 178 179 Nous admirons la facilit alors que l l ve b cheur travailleur ou s rieux n a pas grande popu larit dans la classe Il est d ailleurs fr quent que les l ves n avouent pas qu ils ont pass beaucoup de temps tra vailler ainsi s ils r ussissent ils m ritent le terme de g nie sils chouent ils auront toujours une excuse En fait il semble que ce soit vers l ge de 11 ans que l enfant prenne conscience d une correspondance entre effort et aptitude Jusqu alors l enfant n est int ress que par l accomplisse ment d une t che sans se soucier du temps que cela a pu prendre HECKAUSEN 1982 WOOD 1986
21. vi l gi aux d pens de l aisance en communication Ceci est corrobor par l exemple suivant donn par Winner David s est int ress au langage en tant que syst me d s l ge de cing ans Il demandait 4 sa m re de lui rapporter des livres de fran ais d espagnol et de langage par signes Il se mit tudier avec avidit et parvint ma triser une partie des mots et des signes ibid 27 28 D ailleurs Winner pr cise que plus un domaine est for mel et r gi par des r gles plus il est susceptible de produi re des surdou s ibid 17 L enfant ordinaire n est pas une cause perdue Winner reconnait que certains enfants qui ne sont pas des sur dou s mais qui sont tr s motiv s et tr s suivis parviennent des niveaux d excellence De plus l efficacit ne d pend pas de facteurs biologiques elle est ainsi une fonction de l apprentissage plut t qu une propri t inn e du cerveau puisque ce test a montr que l efficacit augmentait avec l entra nement ibid 174 Pour terminer la conscience m tacognitive dont b n fi cient les surdou s peut tre d velopp e chez les enfants ordinaires au fur et mesure qu ils apprennent apprendre Par cons quent il semble tout aussi rentable pour une soci t de laisser le temps aux enfants ordinaires de se d velopper leur rythme Winner cite ainsi certains grands musiciens ou scientifiques qui n taient pas des enfants surdou s comme Stravi
22. y of Chicago Press Chicago MEIRIEU P 1985 L cole mode d emploi Collection P dagogies ES Paris 183 M langes CRAPEL n 26 OPIE I amp OPIE P 1959 The Lore and language of School children Oxford University Press London SMITH N amp TSIMPLI I M 1995 The Mind of a Savant Blackwell Publishers Oxford WINNER E 1996 Gifted Children Myths and reality Aubier 1997 pour la traduction francaise WOOD D 1986 How children think and learn Basil Blackwell Oxford
Download Pdf Manuals
Related Search