Nucléaire et cancer - L`enquête qui dérange - dissident
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1. L enqu te qui d range 1 DOIT ON AVOIR PEUR DU NUCL AIRE CIVIL LA FRAN CE QUI EST LE PAYS LE PLUS NUCL ARIS DU MON DE POSS DE LA HAGUE L UN DES TROIS CENTRES DE RETRAITEMENT DES D CHETS NUCL AIRES DE LA PLAN TE ON APPREND AUJOURD HUI QUE PROXI MIT DE CETTE USINE MOD LE LE RISQUE DE LEU C MIE POUR LES JEUNES DE MOINS DE 25 ANS SEMBLE MULTIPLI PAR TROIS SCIENCE amp VIE PUBLIE LES R SULTATS D UNE ENQU TE PID MIOLOGIQUE QUI JETTE UN PAV DANS LA MARE DES NUCL OCRATES LE P Mouche PE aiya EN r is d chets radio actifs de l ensemble du pare nucl aire Ban Paan C est galement un centre de stockage de d chets de ai faible et moyenne radioactivit s La Hague d emploi p 92 Science amp Vie n 939 d cembre 1995 DOSSIER Exc s de risques La Hague PAR DIDIER DUBRANA es enfants qui vivent autour du centre de retraitement nucl aire de La Hague cou rent ils plus de risques que les autres d avoir une leuc mie cette question le Pr Jean Fran ois Viel qui dirige l unit de bio stastistique et d pid miologie de la facult de m decine de Besan on r pond aujourd hui par l affirmative Cette conclusion est le fruit d une dizaine d ann es de recherches qui ont d but la fin de ses tudes de m decine Elles aboutissent ce mois ci la publication2. 6 ce qui est acceptable Mais si le hasard n est pas en cause quel est le coupable Une pollu tion Et laquelle Le Pr Viel se garde de conclu re qu il s agit d une pollution nucl aire La troisi me m thode mise au point en 1993 par B Lawson de l universit d Abertay Dun dee en Ecosse est du type spatiale g ographique Elle permet de repr senter par des courbes de niveau comme sur les cartes d tat major les cas de leuc mie et les risques encourus dans le d partement de la Manche Les auteurs ont d abord trac les courbes de niveau donnant les cas de leuc mie attendus s il n existait Dessins D Galland Source John Wiley amp Sons Ltd v dans les deux premi res m thodes le risque y tait 2 8 fois plus lev Les auteurs ont donc tra c une courbe ci dessous permettant d valuer l incer titude statistique ou erreur li e cette m thode car le faible nombre de cas relev s 25 en quinze ans rend les mesures incertaines Cette courbe montre que l incerti tude est forte Comme le pr cise le Pr Viel il ne faut pas prendre au pied de la lettre ce taux de risque de 15 En raison de la nou veaut de la m thode ses r sultats doivent tre gt consid r s A quali i tativement aspect des courbes et non quantitative ment valeurs trouv es En r sum on a recens dans le d partement de la Manche 25 cas de leu c m
3. en contact avec tre retrait s Le retraitement la radioactivit doivent eux aussi produit en bout et du plutonium Uranium plutonium f r cd d b S paration La Hague le circuit des d chets 2 l acide nitrique concentr Extraction par solvant TBP Produits de fission M a v ba S BiT IS du combustible COGEMA Plutonium Oxyde de plutonium TEA ERRE s reer A iratirnr Traitement des liquides Traitement des gaz Stockage pendant cinq ans E g Eo D Maillac AEA Science amp Vie n 939 d cembre 1995 D Ma lac REA 93 BELLES nucl aire et cancer 94 La premi re op ration du retraitement consiste cisailler les crayons de combustible Les morceaux tombent dans une solution d aci de nitrique concentr e qui dissout le combus tible us mais pas les tron ons de gaine en zir conium Ceux ci sont r cup r s enrob s apr s rin age dans une matrice de ciment puis stoc k s dans des conteneurs en inox La solution acide qui contient l ensemble du combustible nucl aire est m lang e un sol vant base de phosphate tributylique TBP Ce proc d dont le principe de base a t mis au point en 1948 baptis Purex permet d ex traire chimiquement l uranium et le plutonium qui se lient au solvant tandis que les produits de fission restent dissous dans l acide nitrique Par une autr
4. aires fran ais mais aussi des r acteurs d une vingtaine de compagnies d lectri cit europ ennes et Japonaises Le combustible des centrales nucl aires eau l g re toutes les centrales fran aises sont de ce type est de l oxyde d uranium enrichi I se pr sente sous la forme de pastilles de 8 mm de diam tre empi l es dans des gaines de zirconium formant de longs crayons assembl s en faisceaux C est la fission c est dire l clatement des noyaux d uranium qui produit l nergie nucl aire La chaleur d gag e par ces r actions est transmise l eau de refroidissement et in fine transfor m e en lectricit par des turbines D Aubert Sygma STOCK S EN PISCINE Chaque ann e on remplace le tiers des as semblages combustibles par des l ments neufs le combustible br le donc ou plus exactement est irradi durant trois ans A l issue de cette p riode il contient encore 95 ou Science amp Vie n 939 d cembre 1995 risque rigoureusement contr l es Et pourtant 96 d uranium non consomm mais aussi 3 ou 4 de produits de fission qui sont les morceaux des noyaux d uranium bris s Le 1 restant est du plutonium Une fois retir s ces assemblages irradi s sont d abord stock s en piscine sur le lieu m me de la centrale pen dant cinq ou six mois pour laisser d cro tre la radioactivit des produits de fissio
5. g n tique Mais POPRI fixe aussi 20 millisieverts la dose maxi male annuelle que les travailleurs du nucl aire peuvent recevoir sans danger Pour le reste de la population cette norme est divis e par dix En 1993 le Pr Viel avait mis en vidence une corr lation entre l exposition aux faibles doses provenant du radon un gaz radioactif naturel manant du sol et l apparition de leuc mies my lo des aigu s Or cette tude montre que m me dans les r gions comme la Creuse ou la Corr ze o les habitants ne sont soumis qu 2 millisieverts par an soit la norme de POPRI le radon semble tre la cause de l apparition des leuc mies Pour le Pr Viel il faudrait r aliser des enqu tes pid miologiques pour surveiller les nouveaux cas de leuc mie autour de toutes les centrales nu cl aires fran aises Vaste programme E 1 Il a publi d j deux autres articles sur le sujet British Medical Journal 1990 n 300 pp 580 581 et Cancer Causes amp Control 1993 n pp 341 343 2 Sept d partements pionniers ont mis en place un tel re gistre r guli rement utilis par les pid miologistes Bas Rhin Calvados C te d Or Doubs H rault Is re Tarn LA PREUVE PAR TROIS M THODES Pour viter les erreurs d interpr tation les r sultats de l enqu te du Pr Viel ont t recoup s par trois m thodes statistiques Toutes confirment un risque de leuc mie dans le
6. ncide exactement avec l emplacement de lusine Le taux maximal de risque est de 15 ce qui signifie qu un jeune ha bitant au voisinage imm diat de l usine court un risque quinze fois plus lev de contracter une leuc mie Chiffre bien sup rieur au r sultat trou l usine de retraitement Il peut indiquer l origine d une pollution et ou tre partiellement d au changement de profil socio conomique niveau de vie ge alimentation qu aurait entra n l implantation de l usine Le Pr Viel est entrain de r aliser d autres tests statistiques 3 Science amp Vie n 939 d cembre 1995 Source John Wiley amp Sons Lid 91 nucl aire et cancer DOSSIER LA HAGUE MODE D EMPLOI E L usine retraite les d chets radioactifs des 54 r acteurs nucl aires fran ais et de ceux d une vingtaine de compagnies d lectricit europ ennes et japonaises Une s rie d op rations haut 92 PAR H L NE GUILLEMOT industrie lectronucl aire qui fournit les trois quarts de l lectricit consomm e en France produit des d chets comme toute industrie Mais des d chets tr s sp ciaux ils sont fortement radioactifs et certains le reste ront pendant des centaines de milliers d ann es L usine de La Hague dans le Cotentin Manche est consacr e au retraitement des d chets ou plut t du combustible us comme on dit pudi quement provenant des 54 r acteurs nu cl
7. une r gion qui compte 500 000 habitants et si la m me NORD COTENTIN 10 km Premi re m thode premier soup on En tra ant trois arcs de cercle autour de La Hague le Pr Viel a d limit trois zones d tude 10 20 et 35 km de l usine Cette m thode r v le que les jeunes de moins de 25 ans ont trois fois plus de risques de d velopper une leuc mie l int rieur de la zone des 10 km tude rel ve seulement deux cas dans une r gion B ayant le m me nombre d habitants peut on conclure que la r gion pr sente un risque plus lev de leuc mie que la r gion B Non car les pyramides des ges des deux r gions sont peut tre diff rentes En effet si dans la r gion on a 20 de jeunes et s ils ne sont que 5 dans la r gion B malgr les apparences la r gion B pr sentera un risque double 0 008 en B et 0 004 en A Le calcul des cas attendus permet d viter une telle erreur d appr ciation A cet effet on prend en consid ration une r gion dont la population dans sa composition socio conomique res semble celle de la r gion tudi e mais o il n y a pas d implantation nucl aire En l occurrence le Pr Viel a tudi le d partement du Calvados Ensuite on trace la pyramide des ges et on calcule le taux de leuc mie chez les jeunes Puis on transpose ces donn es au d partement de la Manche en tenant compte de sa propre pyra m m m Science
8. amp Vie n 939 d cembre 1995 89 D Galland Source John Wiley amp Sons Lid BReRRRER A nucl aire et cancer m m m mide des ges pour en d duire le taux de leuc mie qu on devrait trouver s il n y avait pas d usine nu cl aire C est par r f rence ces donn es cas atten dus qu on pourra savoir si l usine de La Hague a une incidence sur les leuc mies en proc dant un simple ratio entre le nombre de cas observ s autour de lusine et le nombre de cas attendus s il n y avait pas d usine Dans la premi re m thode statistique l tude est bas e sur la distribu tion de Poisson qui d crit la probabilit d apparition d un v nement tr s rare ce qui est le cas de la leu c mie en France Les au teurs ont arbitrairement trac trois arcs de cercle centr s sur l usine de La Hague et dont les rayons respectifs sont de 10 20 et 35 km voir la carte page pr c dente Ils ont ensuite calcul le nombre de cas attendus si lusine de retraite ment de La Hague n existait pas et Pont com par au nombre de cas observ s l int rieur d un rayon de 35 km le nombre de cas atten dus tait de 22 8 et celui de cas observ s de 25 une tr s faible diff rence peu significative En revanche l int rieur d un rayon de 10 km autour de La Hague on a relev 4 cas de leuc mie alors qu on aurait d statistiquement en trouver 1 4 Quelq
9. d emb ches dans un pays comme la France qui tire 75 de son lec tricit de l nergie nucl aire En gros ex plique t 1l pour savoir si la sant des Normands est en danger 1l faut pouvoir comparer le nombre de cancers dans la r gion la moyenne nationale Premier cueil la France ne poss Le diagramme qui accuse Ce diagramme en trois dimensions fait appara tre l exc s de risques de contracter une leuc mie selon le lieu de r sidence des jeunes de moins de 25 ans Le pic du diagramme risque maximal se superpose exactement au site g ographique de l usine de retraitement de de pas de registre national des cancers contrai rement d autres pays tels que la Grande Bre tagne la Su de ou le Danemark Pourquoi Tout simplement cause du choix politique de sant publique dans notre pays o Pon ne voit pas l utilit d une telle organisation Je me suis tout d abord adress la commis sion d information de La Hague qui d pendait l poque du Premier ministre tout en tant fi nanc e partiellement par la Compagnie g n rale des mati res nucl aires pour savoir s il existait des chiffres du cancer dans la r gion explique Viel Cette structure cr e en 1981 sous la pres sion de nombreuses manifestations antinu cl aires me r pondit que l affaire n tait pas de son ressort mais de celui du Comit r gional de canc rologie Celui ci me fit savoir
10. dans la revue britannique Statistics in Medicine d un article intitul Incidence of leukaemia in youg people around the La Hague nuclear was te reprocessing plant a sensitivity analysis qui prouve que les jeunes de moins de 25 ans vi vant dans un rayon de 10 km autour de lusine encourent trois fois plus de risques d avoir une leuc mie voir la carte p 89 Originaire de Normandie le Pr Viel a tou jours t sensibilis l influence de la radio activit sur la sant En effet le Cotentin h berge l un des trois centres mondiaux de retraitement des d chets nucl aires La Hague traite non seulement les combustibles usa nucl aire et cancer DES LEUC MIES EN TROP M Une enqu te pid miologique sans pr c dent r v le une augmentation du nombre des cancers autour de l usine de retraitement de d chets nucl aires de La Hague Son auteur le Pr Jean Fran ois Viel livre en exclusivit pour Science amp Vie les r sultats de dix ann es de recherches g s de nos centrales nucl aires mais aussi ceux de nombreux pays europ ens et du Japon voir le troisi me article de ce dossier C est gale ment sur le site de La Hague qu a t implan t en 1969 le premier centre de stockage en surface de d chets de faible et moyenne radio activit 525 000 m Cette enfance berc e par l atome a tout na turellement conduit le Pr Viel vers une enqu te pid miologique sem e
11. e succession d extractions chimiques l uranium est ensuite s par du plutonium et tous deux ainsi recycl s peuvent servir nouveau de combustible L uranium sous forme de ni trate est exp di x aux usines qui le transformeront en hexafluorure Quant au pluto nium apr s puri fication il est stock sous forme d oxyde pour ser vir de combus tible soit dans les surg n rateurs mais le seul sur g n rateur fran ais Superph nix ne marche Une r gion sous surveillance dans des puits ventil s Le stockage d finitif des produits vitrifi s qui doit tre pr c d d tudes approfondies n interviendra pas avant plusieurs d cennies Actuellement une tonne de combustible us produit en bout de cha ne un volume de 130 litres de verre RETOUR L ENVOYEUR Mais les d chets ne se pr sentent pas tous sous forme solide Diff rents produits de fission radio actifs en particulier l iode et le tritium sont des gaz volatils On cherche donc les pi ger sur des colonnes de lavage afin de les mettre sous forme liquide Mais ces effluents liquides comme d autres qui sont produits au cours de diff rentes phases du retraitement tant contamin s par la radioactivit il faut aussi les traiter Jusque r cemment on utilisait des techniques de pr cipita tion qui produisaient des boues qu on enrobait dans du bitume Mais le d marrage d UP 3 et la modernisa
12. ies chez les jeunes de moins de 25 ans entre 1978 et 1992 dont 22 8 s inscrivent dans une moyenne normale Les 2 2 cas restant sont en exc s premi re m thode Ce nombre ne serait pas significatif si ce surplus tait r parti de fa on homog ne sur tout le d partement Mais la se conde m thode d voile qu il est circonscrit au canton de La Hague ce qui multiplie par trois le risque de contracter une leuc mie dans cette zone Le maximum de risque pic est centr sur Exc s de leuc mies Cette carte met en lumi re l exc s de cas de leuc mie dans la r gion tudi e Elle montre le rapport entre le nombre de cas observ s et le nombre de cas qu on devrait naturellement y trouver Ce surplus est nettement visible autour de l usine de retraitement de La Hague pas d usine de retraitement La Hague carte de gauche Le plus grand nombre de cas appara t autour de Cherbourg ce qui s explique par la concentration de jeunes plus forte dans la ville que dans le reste du d partement Le deuxi me graphique illustre le rapport entre les cas observ s et les cas attendus carte de droite Il r v le un exc s de leuc mies autour de La Hague par rap port au r sultat qu on devrait trouver sans usine Cet exc s augmente mesure qu on se rapproche de l usine Le troisi me graphique ci dessus montre le taux de risque en fonction de la position spatiale Le pic de risque co
13. n Puis ils sont transport s par la route par bateau ou par train jusqu l usine de La Hague dans des conteneurs appel s ch teaux Ces ch teaux de 30 tonnes de plomb et d acier sont con us pour contenir la radioactivit et r sister toute agres sion ext rieure D charg s La Hague f T annas sont nouveau entrepos s dans l une des quatre piscines de refroidis sement du site ca pables de stocker en Citt 10 000 tonnes de combustible irradi Ce second s jour en pisci ne dure au moins deux ans Alors seulement commence le retraitement Il consiste s parer les trois principaux consti tuants des combustibles us s l uranium et le plutonium en principe r utilisables et les produits de fission qui constituent les d chets proprement dits Ces op rations sont r alis es dans les deux usines du site qui ont chacune une capacit th orique de 800 tonnes par an UP 2 modernis e lan dernier retraite les produits des r acteurs fran ais et UP 3 mise en service en 1990 le combustible en pro venance de pays trangers ce jour les installations de La Hague ont retrait environ 7000 tonnes de combustible dont 1 300 tonnes pour la seule ann e 1994 D CN Pr 2 T des d chets nucl aires d cha ne de l uranium r utilisables et des produits de fission Les diff rentes op rations engendrent des effluents liquides et gazeux qui ayant t
14. nucl aire est bien la cause des cancers Une enqu te cas t moin devrait se terminer la fin de l ann e prochaine Elle prendra en compte la biographie des enfants leuc miques Ont ils des parents qui travaillent dans le nucl aire Sont ils expos s d autres pollutions comme les champs lectromagn tiques ou les pesticides qui pourraient elles aussi induire des leuc mies Chaque cas sera compar dix enfants t moins du m me ge du m me sexe et vivant au m me endroit mais non leuc miques Ces recherches jettent un pav dans la mare des nucl ocrates D autant plus qu un r cent rapport de l Acad mie des sciences intitul les Installations nucl aires quel danger pour les po pulations disculpe le nucl aire de tout effet nocif sur la sant On y lit par exemple Au jourd hui tout le monde est d accord pour reje ter l hypoth se que l exposition externe due aux rejets radioactifs ait pu induire l exc s de leuc mies Cette affirmation ne manquera pas de relancer le d bat sur le probl me des faibles doses peut on d terminer un seuil sous lequel la radioactivit n est pas pr judiciable la san t Certains chercheurs affirment qu aucune dose radioactive n est inoffensive en 1990 POf fice de protection des rayonnements ionisants OPRI reconnaissait que il n existe pas de seuil de dose de rayonnement sous lequel il n y a aucun effet canc rig ne et
15. qu il y avait trop peu de cas de cancers et que ces chiffres ne me serviralent rien pour l enqu te Le Pr Viel ne recevra aucunes donn es d taill es de cette administration Loin de se d courager le m decin d cide de faire du porte porte pour recenser tous les cas de leuc mie enregistr s dans la r gion chez les jeunes de moins de 25 ans J ai contact les p diatres les m decins biologistes le centre anticanc reux de Caen et les h pitaux de Ia r gion de Cherbourg Cette fois la collecte des chiffres sera fruc tueuse Le Pr Viel rencontre en effet de nom breux coll gues d universit qui r pondent vo lontiers ses questions Finalement l enqu te portera sur 60 000 jeunes de moins de 25 ans vi vant dans un rayon de 35 km autour de lusine Elle recense 25 cas de leuc mie sur une p riode de quinze ans Dans un souci d objectivit Pin terpr tation des donn es a t pass e au crible de trois m thodes statistiques voir le deuxi me article de ce dossier Toutes les trois font appara tre une augmentation des leuc mies au tour du site de La Hague plus on se rapproche de l usine plus le nombre de leuc mies aug mente voir le diagramme ci contre Cette premi re fran aise confirme les travaux britanniques effectu s autour des deux usines de retraitement de d chets nucl aires de Sellafield Angleterre et de Dounreay Ecosse D s 1984 le pl
16. rants qui sont des rayonnements lec tromagn tiques ana logues aux rayons X mais de plus grande nergie Tous ces rayonnements lorsqu ils p n trent dans les organismes vivants ont des effets destruc teurs Ils cassent les mol LA RADIOACTIVIT B cules en particulier l ADN Si les doses sont trop fortes ou si le temps d exposition est trop long ces l sions finissent par entra ner des cancers et des leuc mies Les tres vivants supportent cepen dant sans trop de dom mages la faible radioacti vit naturelle issue du sol et des rayons cosmiques La radioactivit d un l ment se caract rise par trois param tres le type de rayonnement mis al pha b ta ou gamma l activit c est dire le nombre de noyaux qui se d sint grent par secon de et la p riode radioac tive savoir le temps au bout duquel la moiti des noyaux radioactifs se sont transform s Par exemple la p riode du plutonium 239 est de 24 100 ans cela signifie que dans 24 100 ans la radioactivi t aura diminu de moiti Les p riodes radioactives sont tr s variables selon les noyaux elles vont de la seconde au mil liard d ann es x Un neutron du noyau se transforme en proton en jectant un lectron Proton Electron Meyer exc s est d aux irradiations de La Hague Il faudra maintenant une deuxi me phase de recherche pour tenter de prouver que la pollu tion
17. s re jets liquides et gazeux qui sortent des usines de La Hague sont bien entendu contr l s et les r sultats des mesures r guli rement publi s la radioactivit des rejets est tr s inf rieure aux li mites l galement autoris es elle atteint selon les gaz entre 0 1 et 25 de ces normes Quant aux d chets et au plutonium prove nant de clients trangers ils doivent tre re tourn s leur pays d origine apr s retraite ment Ces r exp ditions ont commenc Le premier convoi de d chets vitrifi s renvoy s au Japon provoqua on s en souvient des ma nifestations en juin dernier E
18. tion des techniques ont ren du les proc d s chimiques plus efficaces ce qui a beaucoup r duit la radioactivit des effluents liquides La technique de retraitement des 4 liquides a pu tre 8 modifi e les 5 effluents sont concentr s dans des vaporateurs et les concentrats en voy s la vitrifica pratiquement prs tion Depuis cette plus soit dans Dans les divers pr l vements air pluie etc ann e les bitumes effectu s r guli rement autour de La Hague HO Ds les centrales fonc la radioactivit reste inf rieure aux limites qui taient tr s tionnant au l gales Pourtant on observe dans cette r gion volumineux sont MOX Ce nou un taux de leuc mies anormalement lev donc enti rement veau combustible nucl aire m lange d oxydes d uranium et de plutonium est pr cis ment destin consom mer le plutonium recycl Restent donc les produits de fission qui ne constituent que 3 du combustible us mais mettent une tr s forte radioactivit Apr s un stockage en cuve d environ cinq ans on proc de la dessiccation de la solution liquide qui les contient R duits l tat de poudre ils sont vi trifi s c est dire fondus 1 200 C et inclus dans une matrice de verre Ces blocs tr s radio actifs leur temp rature s l ve plus de 400 C sont provisoirement stock s sur le site Science amp Vie n 939 d cembre 1995 supprim s Le
19. ue chose a donc multipli par 2 8 les risques de leuc mie SI LE HASARD N EST PAS LA CAUSE QUEL EST LE COUPABLE Dans la seconde m thode dite du maximum de Poisson on recherche une zone de risque maximal plut t que de la d limiter arbitraire ment comme dans la premi re m thode Pour d finir les contours de cette zone on dispose d un test statistique on est l int rieur de la zone de risque maximal lorsque le surplus de cas de leu c mie trouv cas observ s divis s par cas atten dus ne peut tre expliqu par le hasard ou de fa on plus formelle lorsque le surplus de cas de leuc mie a moins de 5 de chances d tre d au hasard C est l imp ratif de toute tude bio statistique Les r sultats obtenus par le Pr Viel Science amp Vie n 939 d cembre 1995 7 _Cherbourg _ 2 ER y L Leuc mies naturelles Cette carte illustre par calcul statistique la r partition des cas de leuc mie qu on devrait trouver dans la r gion s il n y avait pas d usine La Hague Les environs de Cherbourg affichent le taux de leuc mie le plus lev car c est la zone o les jeunes sont les plus nombreux concordent avec ceux que lui a fournis la pre mi re m thode le risque maximal est limit au seul canton incluant lusine Il est 2 8 fois plus le v que le risque normal et la probabilit que ce risque maximal soit d au hasard est inf rieure
20. us c l bre pid miologiste britan nique Martin Gardner a mis en vidence un risque de leuc mie dix fois plus important que la moyenne nationale autour de Sellafield Deux ans plus tard son coll gue M Heasman cal culait un risque de leuc mie trois fois plus im portant autour de Dounreay De plus Martin Gardner m m m DORSA EEE nucl aire et cancer m EE a clairement conclu que les installations nu cl aires donc les fuites radioactives sont la cause des leuc mies En revanche le Pr Viel se garde bien pour l instant d accuser la pol lution nucl aire Je constate simplement que autour de la Hague il y a sans aucun doute un exc s de leuc mies Mais je ne dis pas que cet LA RADIOACTIVIT UN RAYONNEMENT UNE ACTIVIT UNE P RIODE La plupart des atomes qui composent la mati re sont stables et restent im muables pendant des mil liards d ann es Mais une minorit d atomes sont instables car leur noyau contient trop de protons ou de neutrons pour tre quilibr Ces atomes ont spontan ment tendance se transformer en d autres atomes en mettant diff rents types de rayonnements Ils sont dits radioactifs Ces rayonnements sont principalement de trois sortes les rayons alpha qui sont en r alit des noyaux d h lium peu p n trants mais de gran de nergie les rayons b ta voir dessin ci des sous un peu plus p n trants les rayons gamma tr s p n t
21. voisinage de La Hague sup rieur la moyenne nationale PAR ROMAN IKONICOFF L tude du Pr Jean Fran ois Viel sur le nombre de cas de leuc mie recens s chez les moins de 25 ans entre 1978 et 1992 dans le d partement de la Manche voir lar ticle pr c dent bute contre un obstacle ma jeur bien que l incidence de l usine de retrai tement de La Hague sur l apparition de leuc mies soit possible il s agit tout au plus de quelques cas suppl mentaires en quinze ans Or en pid miologie un surplus de cet ordre peut tre r v lateur d un piph nom ne Ce pendant cet exc dent n est pas statistiquement significatif il pourrait tre d au hasard C est l tout le probl me de l interpr tation donc de la validation de l enqu te IL FAUT TENIR COMPTE DE LA PYRAMIDE DES AGES Dans les trois m thodes statistiques utilis es par le Pr Viel le concept central est le rapport entre le nombre de cas observ s et le nombre de cas attendus Les cas observ s sont ceux que enqu te a d pist s Les cas attendus sont ceux qu on devrait recenser sur le site s il n y avait pas d usine La Hague Le calcul des cas attendus pose un probl me car 1l porte sur le seul d partement de la Manche Or un ventuel d s quilibre dans la pyramide des ges peut y alt rer les donn es Par exemple si une tude r v le qu il y a quatre cas de leuc mie chez les jeunes dans
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