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1. ton nez s al longe Le secret est galement fondateur de l espace de libert de chacun au sein d un groupe La distinction que les soci t s d mocratiques tablissent entre espace priv et espace public est absolu ment essentielle Tous les gouverne ments totalitaires r vent de l abolir et d tablir un contr le absolu sur tous les aspects de la vie de leurs ressortissants aussi bien priv s que publics Le roman cier Orwell a d crit le caract re effrayant Paris et inhumain d une telle entreprise dans son roman 7984 Les sujets soumis au pouvoir de Big Brother ont si peu de secrets pour lui qu il peut imposer chacun selon son bon vouloir une tor ture qui correspond ce que celui ci redoute le plus au monde l impossibilit du secret engendre la possibilit de la torture absolue Ainsi le secret est il fondateur la fois de la vie psychique personnelle et du lien avec les autres C est pourquoi les secrets ne sont ni bons ni mauvais en eux m mes D s lors quel moment passe t on des secrets structurants et fondateurs pour la vie psychique aux secrets destructeurs La langue fran aise nous guide dans la compr hension de cette distinction On y parle de garder un secret mais aussi d tre mis dans le secret et m me d tre mis au secret L expression garder un secret met l accent sur le caract re actif de celui qui garde le secret En2. Les mots et les hommes Secrets de famille une introduction aux ph nom nes transg n rationnels S Tisseron Bons et mauvais secrets Tous les secrets ne sont pas mauvais loin s en faut Les pens es qui nous viennent l esprit et dont nous ne par lons personne nos fantasmes et nos r veries la vie intime qui unit chacun au x partenaire s qu il se choisit la vie priv e travers laquelle se tissent les liens familiaux les relations proches que nous refusons de porter sur la place publique sont autant de secrets impor tants et structurants La vie psychique individuelle ne se construit m me que sur la possibilit du secret Le moment o un petit enfant commence mentir est essentiel Il y d couvre que ses parents ne lisent pas dans ses pens es et acc de du m me coup la certitude d avoir une vie psychique lui Si cette conviction n est pas mise en place l en fant continue de croire que les adultes devinent ce qui se passe dans son esprit et il peut en r sulter des troubles psy chologiques et relationnels graves On ne peut d ailleurs que regretter la ten dance qu ont certains adultes d entraver ce d veloppement normal en essayant de faire croire le plus longtemps possible leurs enfants qu ils devinent leurs pen s es m me si c est avec des phrases anodines comme Je vois tout de suite quand tu veux me mentir ou D s que tu ne me dis pas la v rit
3. du secret qui peuvent tre aussi bien des mots r p t s des lapsus ou des comporte ments l enfant pressent une souffrance de son parent A la g n ration suivante sa personnalit perturb e trouble son tour ses propres enfants Ceux ci ne peuvent pas imagi ner que les bizarreries de leur parent sont li es un secret et ils en con oi vent une conception du monde d sesp r e sur laquelle peuvent se d velopper des troubles apparemment d nu s de tout sens comme la toxicomanie ou la d linquance Enfin chaque g n ration confront e un secret qu elle ne ma trise pas a tendance construire ses propres secrets en r action Apr s la troisi me g n ration le souvenir du secret initial est effac mais de nouveaux secrets sont apparus Ainsi existe t il de v ritables familles secrets dans lesquelles l origine du secret initial s est perdue mais o la r gle du secret perdure De telles familles engendrent parfois un cr ateur dont la force est de nous faire croire aux histoires qu il raconte et aussi parfois de grands dissimulateurs qui peuvent mettre leur talent au service d une carri re d une cause ou d un parti Prenons un exemple Aussi loin qu il s en souvienne Jean Pierre s tait tou jours heurt une tr s vive hostilit de ses parents toutes les fois qu il coutait du jazz dans sa chambre Cette musique semblait particuli rement d plaire
4. elle manque de mots pour le dire Or si cette personne a un enfant celui ci va se trouver de ce fait confront de grandes difficult s son parent lui manifeste des motions des sensations et des tats du corps en relation avec une exp rience forte mais sans pouvoir confirmer l enfant la 275 S WWOY Se 4 SJOU 59 Les mots et les hommes nature de ce qu il prouve et encore moins lui en expliquer la raison Ses atti tudes et ses gestes peuvent notamment entrer en contradiction avec les mots qu il prononce mais aussi entre eux et tre m me parfois totalement d plac s par rapport la situation Par exemple une m re qui regarde son enfant en sou riant cesse soudain de sourire et s as sombrit ou bien un p re qui tient son enfant sur ses genoux en regardant la t l vision se raidit soudain et carte l enfant de lui De tels changements brusques d attitude de mimique de comportement ou d intonation ont tou jours une cause pr cise Par exemple cette m re a cru soudain voir dans le regard de son enfant ou m me dans la seule forme de son visage quelque chose qui lui a rappel le visage de son propre fr re un moment o elle a eu tr s peur de lui Et ce p re qui regardait tranquillement la t l vision avec son fils a soudain t boulevers parce qu un mot ou une image a r veill un souvenir d sagr able de son histoire pass e Au travers de ces suintements
5. enfant dans le domaine en liaison avec le secret qu on lui cache sont morcel es C est pourquoi certains fragments de ces exp riences vont tre ensuite cliv s et d ni s 276 SOUUWOU So 19 SJOU 50 Les mots et les hommes Le secret de famille ne peut donc pas se d finir seulement en termes de commu nication et de relation Avant d tre une forme de relation il est une forme d or ganisation psychique parfois partielle ment consciente mais d autres fois tota lement inconsciente Cette distinction entre le secret comme ph nom ne rela tionnel et le secret comme ph nom ne psychique est essentielle C est pourquoi il serait utile d crire avec un S majus cule le Secret en tant qu organisation mentale particuli re correspondant au travail d un secret dans le psychisme d un sujet afin de l opposer clairement toutes les formes de secrets relation nels qui appartiennent la vie courante et normale L existence de secrets gard s volontairement dans une famille ne s ac compagne pas forc ment d une organisa tion psychique caract ristique du Secret chez l un de ses membres Ce qui carac t rise le Secret c est le fait que la per sonnalit de son porteur soit coup e en deux autrement dit cliv e et que ce cli vage provoque chez ses proches des exp riences qu ils sont amen s cliver leur tour Signalons encore que les troubles li s un Secret ne d
6. enfants qui grandissent en y tant confront s l important ne r side jamais dans l v nement initial qu il leur est de toute fa on le plus souvent impossible de conna tre mais dans leurs questions leurs doutes son sujet et plus encore dans les choix qui en d coulent L enfant qui pressent chez son parent une souffrance que celui ci semble vou loir lui cacher s engage alors dans trois s ries possibles de questions qui corres pondent trois attitudes psychologiques possibles Tout d abord l enfant peut imaginer qu il est lui m me le responsable et le coupable de la souffrance qu il pressent chez son parent Cette pens e et la s rie de questions qui en d coulent pour lui est plut t caract ristique d une atti tude du tout petit enfant Dans les pre mi res ann es de la vie en effet l enfant se sent volontiers l origine et la cause de ce qu il per oit chez les adultes qui l en tourent L enfant qui imagine tre cou pable de ce qu il ressent chez son parent va donc s engager dans la voie d tre rong par la culpabilit L enfant plus grand peut s imaginer que ses parents sont coupables de quelques actes terribles qu ils voudraient lui cacher Il n est pas alors rong par la culpabilit mais plut t il perd confian ce dans ses parents et les adultes aux quels ceux ci sont cens s d l guer une partie de leurs pouvoirs savoir les enseignants En
7. prendre On peut dire que la musique de jazz tait dans cette famille la fois ce qui cachait le secret et ce qui le r v lait Un secret familial peut ainsi tre enfoui dans une image un tableau un r cit une plaisanterie une recette de cuisine ou une m me un morceau de musique Et parfois un secret peut emprunter suc cessivement plusieurs de ces masques pour porter son ombre sur les m thodes ducatives ou les loisirs d un groupe familial de telle fa on que la perception du monde que les enfants construisent s en trouve influenc e leur insu cette situation provoquant autant de rico chets d un secret sur plusieurs g n ra tions Suintements feintise et secret Le propre d un secret n est pas seule ment de ne pas tre dit avec des mots Il est tout autant dit selon d autres canaux de communication gestuel tonal mimique Ces autres formes d expression du secret sont en fait d autres formes de symbolisation Que ces diverses formes de symbolisation ne soient pas congruentes constitue les suin tements du clivage Lorsqu un v nement est gard secret il divise en effet toujours le psychisme de celui qui le garde Cette division s cr te des conduites et des paroles contradic toires ou paradoxales pour l enfant Toujours un secret suinte Au travers de ces suintements du secret qui peu vent tre aussi bien des mots r p t s des lapsus ou
8. revanche tre mis dans un secret est souvent angoissant Cela peut obliger partager des choses que l on aurait pr f r igno rer et dont on se trouve fort embarrass Enfin quelqu un peut tre mis au secret c est dire gard secr tement de telle fa on que personne ne sache o il est enferm ni s il est enferm De fa on g n rale le secret devient une g ne et un handicap partir du moment o nous cessons de le garder pour tre gard par lui autrement dit au moment o nous avons l impression de devenir son prisonnier Nous ne sommes pas loin alors de commencer nous sentir tortur par lui Et tout se complique encore par le fait que certains secrets nous travaillent notre insu et engen drent des souffrances physiques ou psy chologiques sans que nous nous ren dions compte de leur origine Enfin il peut galement arriver que le secret qui nous travaille ne soit pas le n tre Par exemple sentir qu un proche nous cache quelque chose peut nous pr occuper gravement Nous pouvons Act M d Int Psychiatrie 19 n 10 d cembre 2002 n secret de famille n est pas seulement quelque chose que l on ne dit pas C est la fois quelque chose qu on ne dit pas qu il est interdit de conna tre et qui est douloureux pour le parent concern Dans un secret la souffrance de son porteur qu elle soit ou non reconnue par lui est en effet un l ment essentiel des rico
9. ses parents sans que pour autant ceux ci semblent pouvoir le justifier de mani re raisonnable Les danses et les musiques des ann es 1970 et 1980 ne leur fai saient pas du tout le m me effet et Jean Pierre avait longtemps pens que cette tol rance pour les musiques de leur ado lescence tait li e au souvenir du plaisir qu ils y avaient pris Mais il d couvrit plus tard alors qu il tait jeune adulte un secret familial qui lui fit voir les choses bien diff remment La grand m re paternelle de Jean Pierre avait eu la lib ration une aventure amoureuse avec un militaire am ricain qui lemme nait couter des orchestres de jazz tel point que la question avait m me plu sieurs fois pr occup le grand p re de Jean Pierre et son propre p re de savoir si l enfant dont elle avait t alors enceinte n aurait pas t le fruit de ces amours illicites avec ce militaire L angoisse que le p re de Jean Pierre avait tiss autour de cette ventualit l avait m me conduit carter tout ce qui pouvait la rappeler La musique de jazz en faisait videmment partie en voquant pour lui les sorties nocturnes de sa m re et du beau militaire am ricain inconnu C est pourquoi il l avait bannie de son environnement sonore Mais du m me coup ce p re avait impos son fils son propre choix sans bien s r lui en expliquer les raisons et celui ci avait ob i cette r gle absurde sans la com
10. as responsable Et pour cela la r alit qui a jusque l t cach e l enfant ne doit pas tre vo qu e comme un secret mais comme une chose dont il a t difficile de lui parler et autour de laquelle le parent reste sa disposition pour lui apporter les informations qu il pourrait souhaiter Dans tous les cas il est essentiel d ap prendre traiter des secrets de famille comme il peut en tre des questions de la sexualit Il ne s agit pas de donner en une seule fois l enfant toutes les infor mations dont l adulte dispose mais sim plement de signifier l enfant la libert o il est de questionner et de com prendre Un enfant qui est dans une telle situation avec ses parents peut alors entendre les choses les plus difficiles car ces choses ne lui seront confirm es qu au fur et mesure qu il aura la possi bilit de s en donner ses propres repr sentations au rythme de sa propre matu ration Mais il est bien vident que pour adopter une telle attitude un parent aura d abord d faire un important travail sur lui m me Il lui aura fallu se familiariser avec l v nement terrible qu il a v cu et galement apprendre trouver les mots pour en parler simplement Autrement dit un tel parent aura d faire ce qu on appelle dans notre culture un travail psychoth rapique Mais une autre question se pose sou vent que faire quand on se sent victime d u
11. change et la confiance sur le silence Le Dr Tisseron est l auteur de Secrets de famille histoire et mode d emploi Paris ditions Ramsay 1996 Conclusion Un secret n est pas forc ment quelque chose qui est cach volontairement Il peut s agir aussi d un v nement qu une personne a v cu mais dont elle ne veut pas se souvenir et qu elle essaye de fuir par tous les moyens parce qu il est trop douloureux pour elle de s en souvenir Dans tous les cas ce qui est d terminant pour un enfant est de grandir avec l im pression d tre tenu l cart de quelque chose d important pour son parent ou pour lui m me et d tre condamn essayer de le deviner en devant faire en plus comme s il n avait rien vu Et c est l o commence le probl me En effet comprenant qu on lui cache quelque chose mais incapable de deviner quoi il est pouss lancer son imagina tion dans des constructions qui loin de calmer son angoisse la majorent au contraire bien souvent Enfin la grande majorit des secrets ne sont pas organis s autour d v nements coupables ou honteux Les fameuses fautes de nos anc tres dont on parle parfois ne sont qu une source tr s minime des secrets de famille La plupart de ces secrets ne sont pas dus des actes hon teux ou coupables mais des trauma tismes v cus par une g n ration et incompl tement labor s par elle Il peut s agir de
12. chets qu il peut faire entre plusieurs g n rations m me tre tortur par un tel secret comme s il nous tait personnel en souffrant de nous en sentir exclu alors que nous d sirerions au contraire que celui qui nous l oppose le partage avec nous la limite de la m me fa on que nous pouvons tre travaill s par un secret personnel notre insu nous pou vons l tre inconsciemment par le secret d un autre C est ce ph nom ne qui explique les ricochets des secrets entre les g n rations l origine des secrets de famille Dans les cas les moins graves le parent qui a v cu un v nement douloureux traumatisant peut en parler quelques proches et s en parler lui m me Mais dans les cas les plus graves il ne peut m me pas s en parler lui m me Ces parents qui cachent quelque chose d im portant leur enfant qu ils puissent ou non s en parler eux m mes ne pr sen tent en g n ral pas de troubles psy chiques Ils arrivent faire comme si ce qui les d range n existait pas Mais la personne qui a v cu une exp rience importante et p nible et qu on peut qualifier pour cela de trauma tique s en est toujours donn cer taines repr sentations le plus souvent motives et mimogestuelles preuve en est que cette personne s meut quand elle y pense pleure ou se met en col re Mais par ailleurs elle est incapable de raconter cet v nement
13. des comportements l enfant pressent une souffrance de son parent L expression qui d signe le mieux la situation d un tel enfant confront aux suintements d un clivage est peut tre l ancien mot de feintise Ce terme du XIIe si cle tomb en d su tude aujour d hui tait notamment employ dans les romans de la Table Ronde pour d signer la ruse par laquelle une personne prend la place d une autre afin de se faire pas ser pour elle Le propre de la feintise est de cr er un statut d ambigu t de la croyance Le r cepteur du message est coup en deux il re oit des indices contradictoires qu il ne peut pas rappor ter un syst me de croyance unique Tel est bien le probl me d un enfant confront un secret il ne sait pas quel statut attribuer ce qu il per oit Cette fa on de consid rer le secret permet de comprendre qu un parent puisse trom per un enfant et le perturber gravement sans le vouloir ni m me parfois s en rendre compte Il suffit pour cela qu il soit le porteur d un secret qui divise son propre psychisme Il importe donc peu de faire la distinction entre ce qui est dis simul volontairement un enfant ce qu on n a pas encore eu l occasion de lui dire mais qu on compte bien lui dire plus tard et ce qui coupe le parent en deux son insu Dans tous les cas il r sulte de cette situation que les exp riences faites par l
14. fin il est possible que l enfant perde confiance en ses propres capacit s C est notamment le cas lorsqu il est confront des parents qui lui disent que les choses ne sont pas telles qu il les a vues ou entendues L enfant a alors l im pression de ne plus pouvoir avoir confiance en ses possibilit s c est dire dans ce qu il voit et ce qu il entend mais aussi dans sa capacit com prendre le monde Un tel enfant perd alors confiance en lui et la limite il peut finir par douter de la r alit de ce qu il voit et de ce qu il entend voire de l ensemble de ses capacit s psychiques Act M d Int Psychiatrie 19 n 10 d cembre 2002 Sous l effet du secret qu il pressent l enfant est amen couper en deux sa personnalit D un c t il est oblig d apprendre rep rer l existence du secret douloureux de multiples indices de mani re ne pas courir le risque de confronter trop brutalement son parent cette zone douloureuse de sa personnalit Mais d un autre c t il est oblig de faire comme si ce secret n existait pas Un tel partage de sa personnalit a des effets imm diats Il apprend cacher ses sentiments ses pens es et se replie sou vent sur lui m me Parfois ce repli favo rise ses activit s intellectuelles mais d autres fois il lui fait perdre toute confiance en lui m me ou dans les adultes qui l entourent et pr sente des troubles sc
15. isparaissent pas forc ment avec la divulgation de celui ci Les cli vages et les d nis pr coces que l enfant a mis en place au cours d exp riences rela tionnelles avec des parents eux m mes cliv s sous l effet d un Secret subsistent apr s la r v lation de celui ci la divul gation du Secret l enfant continue de fonctionner de fa on cliv e Une partie de sa personnalit peut en tenir compte mais celle qui a t cliv e sous l effet des distorsions des communications fami liales continue de fonctionner comme si elle ne le savait pas Les mots de suintements du secret de feintise et de Secret renvoient donc la m me chose mais de trois points de vue diff rents Les suintements du Secret sont ce qu un observateur peut voir du clivage et des symbolisations partielles C est le point de vue objectif La feintise est ce que l enfant prouve leur contact C est le point de vue ph nom nologique Le Secret enfin est le clivage du parent responsable de ces suintements et galement le clivage dif f rent que l enfant installe en lui sous l effet de ce qu il prouve face aux suin tements du Secret C est le point de vue m tapsychologique Le drame de l enfant qui pressent un secret Consid r s d un point de vue ext rieur les secrets de famille consistent en v nements gard s cach s sur plusieurs g n rations En revanche pour les
16. n secret La r ponse est qu il faut partager ses forces en trois Tout d abord il est parfois utile de chercher conna tre le secret Mais comme il est toujours impossible de savoir si ceux qui nous ont cach quelque chose n taient pas eux m mes les victimes d un autre secret ou du m me il ne faut accu ser personne et se contenter de dire Il me semble que quelqu un un jour dans notre famille a cach quelque chose Il vaut mieux aussi renoncer conna tre la v rit car on n est jamais certain d y parvenir Ensuite il est utile de chercher des informations sur l poque ou la r gion o nous pensons qu il a pu y avoir un secret Beaucoup de secrets dans les familles sont en effet communs une poque une zone g o graphique ou une cat gorie sociale ou professionnelle Enfin et surtout il faut questionner notre m moire pour y retrouver les moments o nous avons eu l impression qu on nous cachait quelque chose d faut de conna tre le secret quoique parfois cela nous aide le d couvrir cette recherche nous informe sur la fa on dont nous avons tordu notre personnalit sous son influence et peut donc nous viter de perturber nos enfants avec nos propres troubles Et puis d faut de pouvoir d couvrir et raconter le secret qui a pes sur nous il est essentiel de leur faire part de nos questions c est une autre fa on de pri vil gier l
17. olaires et des crises d angois se Par ailleurs les enfants qui grandis sent dans une famille secret deviennent souvent leur tour des adultes qui cr ent de nouvelles situations de secrets Comme ils ne peuvent pas ma triser les secrets dont ils sont victimes ils tentent d en cr er d autres qu ils puissent contr ler Mais leurs enfants risquent bien d en tre gravement per turb s leur tour En tout cas un secret de famille anodin ou que tout le monde conna t et fait semblant d ignorer en cache bien souvent un autre qui peut tre tr s grave apparu dans les g n ra tions pr c dentes Heureusement tous les traumatismes n engendrent pas for c ment un secret Il est en effet tou jours possible d laborer et de surmon ter un traumatisme Mais la plupart des secrets sont li s un traumatisme non surmont Il peut s agir d un traumatisme individuel comme un deuil ou une faus se couche mais aussi de situations col lectives les catastrophes naturelles les attentats et les guerres sont des sources importantes de secrets dans lesquelles le silence familial est redoubl par le silen ce social C est pourquoi les parents doivent vo quer avec leur enfant les questions dou loureuses qui les travaillent non pas pour tout lui expliquer mais pour le rassurer sur le fait que ce n est pas sa faute lui s ils souffrent En outre en parlant t t de leurs ques
18. tions les parents se familiarisent peu peu eux m mes avec les mots pour en parler et quand l enfant est assez grand pour tout com prendre les mots viennent facilement sur leurs l vres 277 SOUUWOU So jo SJOU 597 Comment r soudre un secret de famille Il est bien vident que lorsque des parents ont jusque l pr serv un secret et qu ils d cident d en parler leur enfant il n est jamais question de tout dire Mais encore une fois il s agit essentiellement de donner le droit l en fant de pouvoir se questionner et ques tionner ses parents et ses proches en vi tant de cr er chez lui un domaine qui resterait ferm sa compr hension En effet lorsqu un enfant grandit dans une famille secrets on s aper oit de l ex traordinaire capacit qu il a touffer ses questions autour du sujet doulou reux qu il apprend tr s vite rep rer chez ses parents et taire Mais le drame est que cette tendance subsiste lorsqu il est devenu adulte on voit alors des adultes apparemment curieux et cultiv s avoir retranch de leur esprit toutes les questions possibles autour de probl mes sp cifiques comme la naissance la mort ou le suicide en liaison avec un secret qu ils ont tr s t t pressenti dans leur famille Il est donc essentiel que les parents qui voquent une situation du secret doulou reux avec un enfant insistent d abord sur le fait qu il n en est p
19. traumatismes priv s comme un deuil mais aussi collectifs comme une guerre ou une catastrophe naturelle Ces v nements n ont pas re u de mise en forme verbale mais ils ont toujours t partiellement symbolis s sous la forme de gestes et d attitudes et parfois aussi d images montr es ou racont es en famille Ces symbolisations partielles peuvent se traduire par des silences ou des propos nigmatiques des pleurs ou des col res sans motif apparent ou encore par des images ou des r cits apparemment anodins mais qui provo quent chez le parent concern des mo tions incompr hensibles Ce sont elles qui assurent les ricochets des secrets sur plusieurs g n rations E Imprim en France Differdange S A 95110 Sannois D p t l gal parution D cembre 1984 M dica Press International S A Un suppl ment intitul Prescription des m dicaments psychotropes est rout avec ce num ro SOUUWOU So 19 SJOU 597
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