Home

COMPILATION DE TEXTES SITUATIONNISTES

1. La perspective de survie est devenue insupportable Ce que nous subissons c est e poids des choses dans le vide C est cela la r ification chaque tre et chaque chose tombant d une gale vitesse chaque tre et chaque chose portant sa valeur gale comme une tare Le r gne des quivalences a r alis le projet chr tien mais il a r alis en dehors du christianisme comme Pascal le supposait et surtout il l a r alis sur le cadavre de Dieu contrairement aux pr visions pascaliennes Spectacle et vie quotidienne coexistent dans le r gne des quivalences Les tres et les choses sont interchangeables Le monde de la r ification est le monde priv de centre comme les villes nouvelles qui en sont le d cor Le pr sent s efface devant la promesse d un futur perp tuel qui n est que l extension m canique du pass La temporalit elle m me est priv e de centre Dans cet univers concentrationnaire o victimes et 67 tortionnaires portent le m me masque la r alit des tortures est seule authentique Ces tortures aucune id ologie nouvelle ne peut les all ger ni celle de la totalit Logos ni celle du nihilisme qui seront les b quilles de la soci t cybern ticienne Elles condamnent tout pouvoir hi rarchis si dissimul et si organis soit il L antagonisme que l I S va renouveler est le plus ancien qui soit il est antagonisme radical et c est pourquoi il reprend en charge tout ce que les m
2. une soci t unitaire maintenant possible son point de r f rence central Mais ce point ne saurait tre fixe Il repr sente contre la confusion toujours r p t e que la soci t cybern ticienne puise dans le pass de l inhumanit le jeu de tous les hommes l ordre mouvant de l avenir RAOUL VANEIGEM 70 All the King s Men Internationale Situationniste n 8 janvier 1963 Le probl me du langage est au centre de toutes les luttes pour l abolition ou le maintien de l ali nation pr sente ins parable de l ensemble du terrain de ces luttes Nous vivons dans le langage comme dans l air vici Contrairement ce qu estiment les gens d esprit les mots ne jouent pas lls ne font pas l amour comme le croyait Breton sauf en r ve Les mots travaillent pour le compte de l organisation dominante de la vie Et cependant ils ne sont pas robotis s pour le malheur des th oriciens de l information les mots ne sont pas eux m mes informationnistes des forces se manifestent en eux qui peuvent d jouer les calculs Les mots coexistent avec le pouvoir dans un rapport analogue celui que les prol taires au sens classique aussi bien qu au sens moderne du terme peuvent entretenir avec le pouvoir Employ s presque tout le temps utilis s plein temps plein sens et plein non sens ils restent par quelque c t radicalement trangers Le pouvoir donne seulement la fausse carte d identit des mots il
3. 17 besoin de toucher au montage l aide d une bande sonore qui en ferait une puissante d nonciation des horreurs de la guerre imp rialiste et des activit s du Klu Klux Klan qui comme on sait se poursuivent l heure actuelle aux Etats Unis Un tel d tournement bien mod r n est somme toute que l quivalent moral des restaurations des peintures anciennes dans les mus es Mais la plupart des films ne m ritent que d tre d membr s pour composer d autres uvres Evidemment cette reconversion de s quences pr existantes n ira pas sans le concours d autres l ments musicaux ou picturaux aussi bien qu historiques Alors que jusqu pr sent tout truquage de l histoire au cin ma s aligne plus ou moins sur le type de bouffonnerie des reconstitutions de Guitry on peut faire dire Robespierre avant son ex cution Malgr tant d preuves mon exp rience et la grandeur de ma t che me font juger que tout est bien Si la trag die grecque opportun ment rajeunie nous sert en cette occasion exalter Robespierre que l on imagine en retour une s quence du genre n o r aliste devant le zinc par exemple d un bar de routiers un des camionneurs disant s rieusement un autre la morale tait dans les livres des philosophes nous l avons mise dans le gouvernement des nations On voit ce que cette rencontre ajoute en rayonnement la pens e de Maximilien celle d une dictature du prol tariat
4. mat riellement mais on ne voit gu re comment il sera possible d emp cher les Blancs de fuir en masse un quartier d s que des Noirs commencent s y installer Ces derniers continueront de se sentir laiss s eux m mes surtout dans cette cit d mesur e qu est Los Angeles d pourvue de centre sans m me la foule o se fondre o les Blancs n entrevoient leurs semblables qu travers le pare brise de leurs voitures Le pasteur Martin Luther King parlant Watts quelques jours plus tard et appelant ses fr res de couleur se donner la main quelqu un cria dans la foule Pour br ler C est un spectacle r confortant de voir quelque distance de Watts des quartiers dits de classe moyenne o des Noirs de la nouvelle bourgeoisie tondent leur gazon devant des r sidences de grand confort Michel Tatu Le Monde 3 11 65 La r volte de Los Angeles est une r volte contre la marchandise contre le monde de la marchandise et du travailleur consommateur hi rarchiquement soumis aux mesures de la marchandise Les Noirs de Los Angeles comme les bandes de jeunes d linquants de tous les pays avanc s mais plus radicalement parce qu l chelle d une classe globalement sans avenir d une partie du prol tariat qui ne peut croire des chances notables de promotion et d int gration prennent au mot la propagande du capitalisme moderne sa publicit de l abondance Ils veulent fout de suite tous les objets montr
5. nouveau de sa force Mais la donn e de base est que le mouvement de droits civiques ne posait par des moyens l gaux que des probl mes l gaux Il est logique d en appeler l galement la loi Ce qui est irrationnel c est de qu mander l galement devant l ill galit patente comme si elle tait un non sens qui se dissoudra en tant montr du doigt Il est manifeste que lill galit superficielle outrageusement visible encore appliqu e aux Noirs dans beaucoup d tats am ricains a ses racines dans une contradiction conomico sociale qui n est pas du ressort des lois existantes et qu aucune loi juridique future ne peut m me d faire contre les lois plus fondamentales de la soci t o les Noirs am ricains finalement osent demander de vivre Les Noirs am ricains en v rit veulent la subversion totale de cette soci t ou rien Et le probl me de la subversion n cessaire appara t de lui m me d s que les Noirs en 81 viennent aux moyens subversifs or le passage de tels moyens surgit dans leur vie quotidienne comme ce qui y est la fois le plus accidentel et le plus objectivement justifi Ce n est plus la crise du statut des Noirs en Am rique c est la crise du statut de l Am rique pos d abord parmi les Noirs Il n y a pas eu ici de conflit racial les Noirs n ont pas attaqu les Blancs qui taient sur leur chemin mais seulement les policiers blancs et de m me la communaut noire n
6. c est dire la construction libre de la vie quotidienne Tout ce qui touche la pens e touche au spectacle La plupart des hommes vivent dans la terreur savamment entretenue par le pouvoir d un r veil eux m mes Le conditionnement qui est la po sie sp ciale du pouvoir pousse si loin son emprise tout l quipement mat riel est l qui lui appartient presse TV st r otype magie tradition conomie technique ce que nous appelons le langage s questr qu il parvient presque dissoudre ce que Marx appelait secteur non domin pour le remplacer par un autre voir plus loin le portrait robot du survivant Mais le v cu ne se laisse pas r duire si facilement une succession de figurations vides La r sistance l organisation ext rieure de la vie c est dire l organisation de la vie comme survie contient plus de po sie que ce qui s est jamais publi de vers ou de prose et le po te au sens litt raire du terme est celui qui a au moins compris ou ressenti cela Mais pareille po sie est sous le coup d une lourde menace Certes dans l acception situationniste cette po sie est irr ductible et non r cup rable par le pouvoir d s qu un geste est r cup r il devient st r otype conditionnement langage du pouvoir II n emp che qu elle se trouve encercl e par le pouvoir C est par l isolement que le pouvoir encercle et tient l irr ductible et cependant l isolement est inviab
7. et au d but du XX si cle comme des pr textes valables Une fois connu que l abondance de biens de consommation n tait que l autre face de l ali nation dans la production le lumpenprol tariat acquiert une dimension nouvelle il lib re son m pris du travail organis qui prend peu peu l ge du Welfare State le poids d une revendication que seuls les dirigeants refusent encore d admettre Malgr les tentatives de r cup ration dont l accable le pouvoir toute exp rience effectu e sur la vie quotidienne c est dire pour la construire d marche ill gale depuis la destruction du pouvoir f odal o elle s tait trouv e limit e et r serv e quelques uns se concr tise actuellement par la critique du travail ali nant et le refus de se soumettre au travail forc Si bien que le prol tariat nouveau tend se d finir n gativement comme un Front contre le travail forc dans lequel se trouvent r unis tous ceux qui r sistent la r cup ration par le pouvoir C est l ce qui d finit notre champ d action le lieu o nous jouons la ruse de l histoire contre la ruse du pouvoir le ring o nous misons sur le travailleur m tallo ou artiste qui conscient ou non refuse le travail et la vie organis s et contre celui qui conscient ou non accepte de travailler aux ordres du pouvoir Dans cette perspective il n est pas 59 arbitraire de pr voir une p riode transitoire o l
8. g n r en tirait m me si la th orie gt de la coexistence pacifique intervient point pour acc l rer une telle prise de conscience et pousse le scrupule jusqu r v ler qui aurait pu ne pas comprendre qu entre exploiteurs l entente est possible en d pit des divergences spectaculaires 2 Tout acte crit Mirc a liade est apte devenir un acte religieux L existence humaine se r alise simultan ment sur deux plans parall les celui du temporel du devenir de l illusion et celui de l ternit de la substance de la r alit gt Au xix si cle la preuve est faite par le divorce brutal des deux plans qu il e t t pr f rable pour le pouvoir de maintenir la r alit dans un bain de transcendance divine Encore faut il 29 rendre au r formisme cette justice o Bonaparte choue lui parvient noyer le devenir dans l ternit et le r el dans l illusion l union ne vaut pas les sacrements du mariage religieux mais elle dure c est le maximum que puissent exiger d elle les managers de la coexistence et de la paix sociale C est aussi ce qui nous engage nous d finir dans la perspective illusoire de la dur e laquelle nul n chappe comme la fin de la temporalit abstraite la fin du temps r ifi de nos actes Faut il traduire nous d finir dans le p le positif de l ali nation comme fin de l ali nation sociale comme fin du stage de l humanit dans l ali nation soci
9. il est l constitu en barbare pr cis ment par sa participation oblig e la m me consommation hi rarchis e L humanisme qui couvre cela est le contraire de l homme la n gation de son activit et de son d sir c est l humanisme de la marchandise la bienveillance de la marchandise pour l homme qu elle parasite Pour ceux qui r duisent les hommes aux objets les objets paraissent avoir toutes les qualit s humaines et les manifestations humaines r elles se changent en inconscience animale Ils se sont mis se comporter comme une bande de singes dans un zoo peut dire William Parker chef de l humanisme de Los Angeles Quand l tat d insurrection a t proclam par les autorit s de Californie les compagnies d assurances ont rappel qu elles ne couvrent pas les risques ce niveau au del de la survie Les Noirs am ricains globalement ne sont pas menac s dans leur survie du moins s ils se tiennent tranquilles et le capitalisme est devenu assez concentr et imbriqu dans l tat pour distribuer des secours aux plus pauvres Mais du seul fait qu ils sont en arri re dans l augmentation de la survie socialement organis e les Noirs posent les probl mes de la vie c est la vie qu ils revendiquent Les Noirs n ont rien assurer qui soit eux ils ont d truire toutes les formes de s curit et d assurances priv es connues jusqu ici Ils apparaissent comme ce qu ils sont en eff
10. jusqu pr sent le devenir historique n a cess de se d finir et de nous d finir en fonction du mouvement d appropriation privative de la prise en charge par une classe un groupe une caste ou un individu d un pouvoir g n ral de survie conomico sociale dont la forme reste complexe de la propri t d une terre d un territoire d une usine de capitaux l exercice pur du pouvoir sur les hommes hi rarchie Au del de la lutte contre les r gimes qui placent leur paradis dans un welfare state cybern tique appara t la n cessit d largir le combat contre un tat de choses fondamental et initialement naturel dans le mouvement duquel le capitalisme ne joue qu un r le pisodique et qui ne dispara tra pas sans que disparaissent les derni res traces du pouvoir hi rarchis ou les marcassins de l humanit bien entendu 31 5 tre propri taire c est s arroger un bien de la jouissance duquel on exclut les autres c est du m me coup reconna tre chacun un droit abstrait de possession En excluant du droit r el de propri t le poss dant tend sa propri t sur les exclus absolument sur les non poss dants relativement sur les autres poss dants sans lesquels il n est rien De leur c t les non poss dants n ont pas le choix Il s en approprie et les ali ne en tant que producteurs de sa propre puissance tandis que la n cessit d assurer leur existence physique les contrain
11. longtemps tenus l cart ou s estimant de moins en moins libres revendiquent soudain les premiers r les Cliniquement parlant le fascisme est l hyst rie du monde spectaculaire pouss e au paroxysme C est dans ce paroxysme que le spectacle assure momentan ment son unit tout en d voilant par la m me occasion son inhumanit radicale travers le fascisme et le stalinisme qui constituent ses crises romantiques le spectacle r v le sa vraie nature il est une maladie Nous sommes intoxiqu s par le spectacle Or tous les l ments conduisant une cure de d sintoxication traduisez construire nous m mes notre vie quotidienne sont aux mains des sp cialistes Ceux ci nous int ressent donc tous au plus haut point des titres diff rents toutefois Ainsi il y a des cas d sesp r s nous n essaierons pas de montrer aux sp cialistes du pouvoir aux dirigeants l tendue de leur d lire Par contre nous sommes pr ts tenir compte de la ranc ur des sp cialistes prisonniers d un r le troit ridicule ou inf mant On admettra n anmoins que notre indulgence ne soit pas sans limite Si malgr nos efforts ils s obstinent en fabriquant le conditionnement qui colonise leur propre vie quotidienne mettre leur mauvaise conscience et leur amertume au service du pouvoir s ils pr f rent la r alisation vraie une repr sentation illusoire dans la hi rarchie s ils brandissent avec ostentation leur
12. ole est rest e 10 Le sacrifice du poss dant et du non poss dant fonde le concept de sort commun en d autres termes la notion de condition humaine se d finit sur la base d une image id ale et douloureuse o tente de se r soudre l opposition irr ductible entre le sacrifice mythique des uns et la vie sacrifi e des autres Au mythe appartient la fonction d unifier et d terniser en une succession d instants statiques la dialectique du Vouloir vivre et de son contraire Une telle unit factice et partout dominante atteint dans la communication et en particulier dans le langage sa repr sentation la plus tangible la plus concr te ce niveau l ambigu t est plus manifeste elle s ouvre sur l absence de communication r elle elle livre l analyste des fant mes d risoires des mots instants ternels et changeants qui diff rent de contenu selon celui qui les prononce comme diff re la notion de sacrifice Mis l preuve le langage cesse de dissimuler le malentendu fondamental et d bouche sur la crise de participation Dans le langage d une poque on peut suivre la trace la r volution totale inaccomplie et toujours imminente Ce sont des signes exaltants et effrayants par les bouleversements qu ils augurent mais qui les prendrait au s rieux Le discr dit qui frappe le langage est aussi profond et aussi instinctif que la 39 m fiance dont on entoure les mythes auxquels on reste pa
13. ont pas t aussi vains que semble le prouver la parcellarisation du Logos aux XIX et XX si cles Dans le mouvement g n ral d atomisation le Logos s est effrit en techniques sp cialis es physique biologie sociologie papyrologie j en passe mais le retour la totalit s impose simultan ment avec plus de force Qu on ne l oublie pas il suffirait d un pouvoir technocratiquement tout puissant pour que soit mise en uvre la planification de la totalit pour que le Logos succ de au mythe en tant que mainmise du pouvoir unitaire futur cybern tique sur la totalit Dans une telle perspective le r ve des Encyclop distes progr s ind fini troitement rationalis n aurait connu qu un atermoiement de deux si cles avant de se r aliser C est dans ce sens que les stalino cybern ticiens pr parent l avenir C est dans cette perspective qu il faut comprendre que la coexistence 49 pacifique amorce une unit totalitaire Il est temps que chacun prenne conscience qu il y r siste d j 15 Le champ de bataille est connu Il s agit de pr parer le combat avant que ne soit d ment b ni le co t politique du pataphysicien nanti de sa totalit sans technique et du cybern ticien avec sa technique sans totalit Du pont de vue du pouvoir hi rarchis d sacraliser le mythe n tait admissible que si l on resacralisait le Logos ou tout au moins ses l ments d sacralisants S attaquer au sacr c tait
14. s et abstraitement disponibles parce qu ils veulent en faire usage De ce fait ils en r cusent la valeur d change la r alit marchande qui en est le moule la motivation et la fin derni re et qui a tout s lectionn Par le vol et le cadeau ils retrouvent un usage qui aussit t d ment la rationalit oppressive de la marchandise qui fait appara tre ses relations et sa fabrication m me comme arbitraires et non n cessaires Le pillage du quartier de Watts manifestait la r alisation la plus sommaire du principe b tard chacun selon ses faux besoins les besoins d termin s et produits par le syst me conomique que le pillage pr cis ment rejette Mais du fait que cette abondance est prise au mot rejointe dans 83 l imm diat et non plus ind finiment poursuivie dans la course du travail ali n et de l augmentation des besoins sociaux diff r s les vrais d sirs s expriment d j dans la f te dans l affirmation ludique dans le potlatch de destruction L homme qui d truit les marchandises montre sa sup riorit humaine sur les marchandises Il ne restera pas prisonnier des formes arbitraires qu a rev tues l image de son besoin Le passage de la consommation la consummation s est r alis dans les flammes de Watts Les grands frigidaires vol s par des gens qui n avaient pas l lectricit ou chez qui le courant tait coup est la meilleure image du mensonge de l abondance devenu v rit en jeu
15. tait la plus br lante presque la seule parmi tous les effrayants probl mes qu une soci t ne surmontera pas Le ghetto du nouvel apartheid spectaculaire pas la version locale folklorique d Afrique du Sud il est d j l dans la France actuelle l immense majorit de la population y est enferm e et abrutie et tout se serait pass de m me s il n y avait pas eu un seul immigr Qui a d cid de construire Sarcelles et les Minguettes de d truire Paris ou Lyon On ne peut certes pas dire qu aucun immigr n a particip cet inf me travail Mais ils n ont fait qu ex cuter strictement les ordres qu on leur donnait c est le malheur habituel du salariat Combien y a t il d trangers de fait en France Et pas seulement par le statut juridique la couleur le faci s II est vident qu il y en a tellement qu il faudrait plut t se demander combien reste t il de Fran ais et o sont ils Et qu est ce qui caract rise maintenant un Fran ais Comment resterait il bient t de Fran ais On sait que la natalit baisse N est ce pas normal Les Fran ais ne peuvent plus supporter leurs enfants lls les envoient l cole d s trois ans et au moins jusqu seize pour apprendre l analphab tisme Et avant qu ils aient trois ans de plus en plus nombreux sont ceux qui les trouvent insupportables et les frappent plus ou moins violemment Les enfants sont encore aim s en Espagne en ltalie en Alg rie chez le
16. une organisation de gauche Leur sacrifice aura d j fait gagner cinq jours qui peuvent tre pr cieux pour le soul vement du 24 avril Dans la basse ville on dresse des barrages de bidons d huile assez d risoires qui voudraient tre des barricades ou l on s embusque derri re des camions de livraison renvers s Les armes sont disparates Les costumes aussi On voit des civils en casque rond et bas et des militaires en calot Les revolvers gonflent les poches des blue jeans des employ s et des tudiants Toutes les femmes d cid es combattre sont en pantalon Des 91 gar ons de seize ans serrent farouchement leur fusil contre leur poitrine comme s ils avaient attendu ce cadeau depuis le d but du monde Sans cesse Radio Santo Domingo lance des appels au peuple On lui demande de se porter en masse vers tel ou tel point de la ville o l on redoute une attaque de Wessin C est l au d bouch du pont Duarte et au carrefour de l avenue du Lieutenant Amado Garcia que la foule se masse cocktails Molotov en main Elle vient de la basse ville et aussi des quartiers nord Elle para t la fois insouciante et d termin e Quand les chasseurs de Wessin apparaissent en rase mottes dans l axe du pont des milliers de poings se l vent avec fureur vers les appareils Apr s le cr pitement des rafales des dizaines de corps restent recroquevill s sur le sol et la foule reflue vers les maisons Mais elle revient et chaqu
17. La lumi re du d tournement se propage en ligne droite Dans la mesure o la nouvelle architecture semble devoir commencer par un stade exp rimental baroque le complexe architectural que nous concevons comme la construction d un milieu ambiant dynamique en liaison avec des styles de comportement utilisera vraisemblablement le d tournement des formes architecturales connues et en tout cas tirera parti plastiquement et motionnellement de toutes sortes d objets d tourn s des grues ou des chafaudages m talliques savamment dispos s prenant avantageusement la rel ve d une tradition sculpturale d funte Ceci n est choquant que pour les pires fanatiques du jardin la 18 fran aise On se souvient que sur ses vieux jours d Annunzio cette pourriture fascisante poss dait dans son parc la proue d un torpilleur Ses motifs patriotiques ignor s ce monument ne peut qu appara tre plaisant En tendant le d tournement jusqu aux r alisations de l urbanisme il ne serait sans doute indiff rent personne que l on reconstitu t minutieusement dans une ville tout un cartier d une autre L existence qui ne sera jamais trop d routante s en verrait r ellement embellie Les titres m mes comme on l a d j vu sont un l ment radical du d tournement Ce fait d coule de deux constatations g n rales qui sont d une part que tous les titres sont interchangeables et d autre part qu ils ont une importance d terminant
18. La production marchande d s qu elle cesse d tre achet e devient critiquable et modifiable dans toutes ses mises en forme particuli res C est seulement quand elle est pay e par l argent en tant que signe d un grade dans la survie qu elle est respect e comme un f tiche admirable La soci t de l abondance trouve sa r ponse naturelle dans le pillage mais elle n tait aucunement abondance naturelle et humaine elle tait abondance de marchandises Et le pillage qui fait instantan ment s effondrer la marchandise en tant que telle montre aussi l ultima ratio de la marchandise la force la police et les autres d tachements sp cialis s qui poss dent dans l tat le monopole de la violence arm e Qu est ce qu un policier C est le serviteur actif de la marchandise c est l homme totalement soumis la marchandise par l action duquel tel produit du travail humain reste une marchandise dont la volont magique est d tre pay e et non vulgairement un frigidaire ou un fusil chose aveugle passive insensible qui est soumise au premier venu qui en fera usage Derri re l indignit qu il y a d pendre du policier les Noirs rejettent lindignit qu il y a d pendre des marchandises La jeunesse sans avenir marchand de Watts a choisi une autre qualit du pr sent et la v rit de ce pr sent fut irr cusable au point d entra ner toute la population les femmes les enfants et jusqu aux sociologues pr
19. automation et la volont du nouveau prol tariat abandonneront le travail aux seuls sp cialistes r duisant managers et bureaucrates au rang d esclaves momentan s Dans une automation g n ralis e les ouvriers au lieu de surveiller les machines pourraient entourer de leur sollicitude les sp cialistes cybern ticiens r duits au simple r le d accro tre une production qui aura cess d tre le secteur prioritaire pour ob ir par un renversement de force et de perspective la primaut de la vie sur la survie 22 Le pouvoir unitaire s effor ait de dissoudre l existence individuelle dans une conscience collective en sorte que chaque unit sociale se d finit subjectivement comme une particule de poids bien d termin en suspens dans un liquide huileux Il fallait que chacun se sentit plong dans cette vidence que seule la main de Dieu secouant le r cipient usait du tout pour ses desseins qui d passant naturellement la compr hension de chaque tre humain particulier s imposaient comme manations d une volont supr me et donnaient son sens au moindre changement Tout remous n tait d ailleurs qu une voie ascendante et descendante vers l harmonie les Quatre R gnes la Roue de la Fortune les preuves envoy es par les dieux On peut parler d une conscience collective en ce sens qu elle est la fois pour chaque individu et pour tous conscience du mythe et conscience de l existence particuli re da
20. aux USA qu est le centre de la fabrication du mode de vie actuel le c ur du spectacle qui tend ses pulsations jusqu Moscou ou P kin et qui en tout cas ne peut laisser aucune ind pendance ses sous traitants locaux la compr hension de ceci montre malheureusement un assujettissement beaucoup moins superficiel que celui que voudraient d truire ou mod rer les critiques habituels de l imp rialisme gt lci nous ne sommes plus rien des colonis s qui n ont pas su se r volter les b ni oui oui de l ali nation spectaculaire Quelle pr tention envisageant la prolif rante pr sence des immigr s de toutes couleurs retrouvons nous tout coup en France comme si l on nous volait quelque chose qui serait encore nous Et quoi donc Que croyons nous ou plut t que faisons nous encore semblant de croire C est une fiert pour leurs rares jours de f te quand les purs esclaves s indignent que des m t ques menacent leur ind pendance Le risque d apartheid II est bien r el Il est plus qu un risque il est une fatalit d j l avec sa logique des ghettos des affrontements raciaux et un jour des bains de sang Une soci t qui se d compose enti rement est videmment moins apte accueillir sans trop de heurts une grande quantit d immigr s que pouvait l tre une soci t coh rente et relativement heureuse On a d j fait observer en 1973 cette frappante ad quation entre l volution de la techni
21. condamne le pouvoir bourgeois le plus modernis c est le r sultat insupportable de tant de richesse effectivement empoisonn e La gestion dite d mocratique du capitalisme dans quelque pays que ce soit n offre que ses lections d missions qui on l a toujours vu ne changeaient jamais rien dans 99 l ensemble et m me fort peu dans le d tail une soci t de classes qui s imaginait qu elle pourrait durer ind finiment Elles n y changent rien de plus au moment o cette gestion elle m me s affole et feint de souhaiter pour trancher certains probl mes secondaires mais urgents quelques vagues directives de l lectorat ali n et cr tinis U S A Italie Angleterre France Tous les observateurs sp cialis s avaient toujours relev sans trop s embarrasser l expliquer ce fait que l lecteur ne change presque jamais d opinion c est justement parce qu il est l lecteur celui qui assume pour un bref instant le r le abstrait qui est pr cis ment destin l emp cher d tre par lui m me et de changer le m canisme a t d mont cent fois tant par l analyse politique d mystifi e que par les explications de la psychanalyse r volutionnaire L lecteur ne change pas davantage quand le monde change toujours plus pr cipitamment autour de lui et en tant qu lecteur il ne changerait m me pas la veille de la fin du monde Tout syst me repr sentatif est essentiellement conservateur a
22. de silence surgit comme force de contestation qu elle vient de trouver sa guerre d Espagne dans la r volte noire Il faut que cette fois ses bataillons Lincoln comprennent tout le sens de la lutte o ils s engagent et la soutiennent compl tement dans ce qu elle a d universel Les exc s de Los Angeles ne sont pas plus 92 une erreur politique des Noirs que la r sistance arm e du P O U M Barcelone en mai 1937 n a t une trahison de la guerre antifranquiste Une r volte contre le spectacle se situe au niveau de la totalit parce que quand bien m me elle ne se produirait que dans le seul district de Watts elle est une protestation de l homme contre la vie inhumaine parce qu elle commence au niveau du seul individu r el et parce que la communaut dont l individu r volt est s par est la vraie nature sociale de l homme la nature humaine le d passement positif du spectacle 93 94 La plan te malade Guy Debord 1971 La pollution est aujourd hui la mode exactement de la m me mani re que la r volution elle s empare de toute la vie de la soci t et elle est repr sent e illusoirement dans le spectacle Elle est bavardage assommant dans une pl thore d crits et de discours erron s et mystificateurs et elle prend tout le monde la gorge dans les faits Elle s expose partout en tant qu id ologie et elle gagne du terrain en tant que processus r el Ces deux mouv
23. devant les grilles du mus e de Cluny une heure environ apr s le coucher du soleil en novembre Depuis bien s r nous savons qu un travail situationniste analytique ne peut progresser scientifiquement par de telles voies Les moyens cependant restent bons pour des buts moins ambitieux C est videmment dans le cadre cin matographique que le d tournement peut atteindre sa plus grande efficacit et sans doute pour ceux que la chose pr occupe sa plus grande beaut Les pouvoirs du cin ma sont si tendus et l absence de coordination de ces pouvoirs si flagrante que presque tous les films qui d passent la mis rable moyenne peuvent alimenter des pol miques infinies entre divers spectateurs ou critiques professionnels Ajoutons que seul le conformisme de ces gens les emp che de trouver des charmes aussi prenants et des d fauts aussi criants dans les films de derni re cat gorie Pour dissiper un peu cette risible confusion des valeurs disons que Naissance d une Nation de Griffith est un des films les plus importants de l histoire du cin ma par la masse des apports nouveaux qu il repr sente D autre part c est un film raciste il ne m rite donc absolument pas d tre projet sous sa forme actuelle Mais son interdiction pure et simple pourrait passer pour regrettable dans le domaine secondaire mais susceptible d un meilleur usage du cin ma Il vaut bien mieux le d tourner dans son ensemble sans m me qu il soit
24. doit chapper toute acception nouvelle d un mot aussi bien que ses ambivalences dialectiques pass es Ainsi en m me temps la vie du langage qui se relie chaque avance de la compr hension th orique Les id es s am liorent le sens des mots y participe se trouve expuls e du champ machiniste de l information officielle mais aussi la pens e libre peut s organiser en vue d une clandestinit qui sera incontr lable par les 76 techniques de police informationniste La recherche de signaux indiscutables et de classification binaire instantan e va si clairement dans le sens du pouvoir existant qu elle rel vera de la m me critique Jusque dans leurs formulations d lirantes les penseurs informationnistes se comportent en lourds pr curseurs brevets des lendemains qu ils ont choisis et qui sont justement ceux que mod lent les forces dominantes de la soci t actuelle le renforcement de l tat cybern ticien Ils sont les hommes liges de tous les suzerains de la f odalit technique qui s affermit actuellement Il n y a pas d innocence dans leur bouffonnerie ils sont les fous du roi Beaut de la sociologie Ceci est le portrait robot de la femme id ale tabli dans France Soir du 31 ao t 1962 partir de dix d tails consid r s comme les plus beaux du monde pris sur dix femmes c l bres Cette vedette de synth se fournit un exemple loquent de ce que peut donner la dictature totalitaire du f
25. du m me coup chanson connue lib rer la totalit donc d truire le pouvoir Or le pouvoir de la bourgeoisie miett pauvre contest sans cesse garde un quilibre relatif en s appuyant sur cette ambigu t la technique qui d sacralise objectivement appara t subjectivement comme un instrument de lib ration Non pas une lib ration r elle comme seule le permettrait la d sacralisation c est dire la fin du spectacle mais une caricature un ersatz une hallucination provoqu e Ce que la vision unitaire du monde rejetait dans l au del l image de l l vation le pouvoir parcellaire l inscrit dans un mieux tre futur l image du projet des lendemains qui chantent sur le fumier du pr sent et qui ne sont que le pr sent multipli par le nombre de gadgets produire Du slogan vivez en Dieu on est pass la formule humaniste survivez mieux qui se dit vivez jeune vivez longtemps Le mythe d sacralis et parcellaris perd sa superbe et sa spiritualit Il devient une forme pauvre conservant ses caract ristiques anciennes mais les r v lant de fa on concr te brutale tangible Dieu a cess d tre metteur en sc ne et en attendant que le Logos lui succ de avec les armes de la technique et de la science les fant mes de l ali nation se mat rialisent partout et s ment le d sordre Qu on y prenne garde ce sont l les prodromes d un ordre futur D s maintenant c est no
26. est gratuit 1 Fais le tourner sans piti 1 KEN KNABB _ LA JOIE DE LA REVOLUTION ET LES DOCUMENTS ASSOCI S DONT DE LA MIS RE EN MILIEU TUDIANT SUIVI DE LS LE COMMENCEMENT D UNE POQUE ed F COMPILATION MAI 68 ENRAG S ET SITUATIONNISTES DANS FLE MOUVEMENT DES OCCUPATION i DEUX TEXTES D ANDR GORZ RICHESSE SANS VALEUR VALEUR SANS RICHESSE WS a CRISE MONDIALE DECROISSANCE ET SORTIE DU CAPITALISME A Ce ivret est gratuit Fais le toumer y sara ph Le DROIT A LA PARESSE z PAUL LAFARGUE 3 Ce ivret est gratuit Fais le toumer sans pit GUY DEBORD LA SOCI T DU SPECTACLE SUIVIE DE COMMENTAIRES SUR LA SOCI T DU SPECTACLE Caire est granit Fars le toumer sars pal HAKIM BEY ZONE AUTONOME TEMPORAIRE HAKIM BEY Ce Ivre est gratuit Fais le toumer sans pa A Les autres livres et livrets de l infokiosque sont pr sent s dans ce catalogue t l chargeable cette adresse http www fichier pdf fr 2014 11 03 catalogue23 catalogue23 pdf
27. et conscience du r le particulier dans le spectacle j ai signal plus haut les liens de toute ontologie avec un pouvoir unitaire on pourrait rappeler ici que la crise de l ontologie appara t avec la tendance parcellaire Ou pour l exprimer en d autres termes encore dans la relation espace temps o se situent tout tre et toute chose le temps est devenu l imaginaire le champ des identifications l espace nous d finit bien que nous nous d finissions dans l imaginaire et bien que l imaginaire nous d finisse en tant que subjectivit Notre libert est celle d une temporalit abstraite o nous sommes nomm s dans le langage du pouvoir ces noms ce sont les r les qui nous sont assign s avec un choix qui nous est laiss de nous trouver des synonymes officiellement reconnus comme tels Par contre l espace de notre r alisation authentique l espace de notre vie quotidienne est sous l empire du silence Il ny a pas de nom pour nommer l espace du v cu sinon dans la po sie dans le langage qui se lib re de la domination du pouvoir 23 En d sacralisant et en parcellarisant le mythe la bourgeoisie a mis au premier chef de ses revendications l ind pendance de la conscience cf les revendications de libert de pens e libert de presse libert de recherche le refus des dogmes La conscience cesse donc d tre plus 61 ou moins conscience reflet du mythe Elle devient conscience des r les successifs
28. faire l histoire et d couvrent aussi leur action comme exp rience directe et comme f te Elles entreprennent alors une construction consciente et collective de la vie quotidienne qui un jour ne sera plus arr t e par rien Le 20 juillet 1960 P Canjuers G E Debord 28 Banalit s de base Raoul Vaneigem Internationale situationniste num ro 7 avril 1962 r LE CAPITALISME BUREAUCRATIQUE a trouv en Marx sa justification l gitime Il ne s agit pas ici d accorder au marxisme orthodoxe le m rite douteux d avoir renforc les structures n o capitalistes dont la r organisation actuelle porte en soi l loge du totalitarisme sovi tique mais bien de souligner combien les analyses les plus profondes de Marx sur l ali nation se sont vulgaris es dans les faits d une extr me banalit qui d pouill s de leur carapace magique et mat rialis s en chaque geste forment eux seuls et jour apr s jour la vie d un nombre croissant de gens En somme le capitalisme bureaucratique contient la v rit vidente de ali nation il a mise la port e de tous mieux que Marx ne pouvait l esp rer il a banalis e mesure que la mis re s att nuant la m diocrit de l existence faisait tache d huile Le paup risme regagne en profondeur sur le mode de vie ce qu il perd en tendue sur la stricte survie voil du moins un sentiment unanimement partag qui lave Marx de toutes les interpr tations qu un bolchevisme d
29. forme la plus nette de l rotisme d grad en simple spectacle 8 L volution et la conservation de l art ont t command es par ces lignes de force A un p le il est purement et simplement r cup r par le capitalisme comme moyen de conditionnement de la population A l autre p le il a b n fici de l octroi par le capitalisme d une concession perp tuelle privil gi e celle de l activit cr atrice pure alibi l ali nation 25 de toutes les autres activit s ce qui en fait la plus ch re des parures sociales Mais en m me temps la sph re r serv e activit cr atrice libre est la seule o sont pos es pratiquement et dans toute leur ampleur la question de l emploi profond de la vie la question de la communication Ici sont fond s dans l art les antagonismes entre partisans et adversaires des raisons de vivre officiellement dict es Au non sens et la s paration tablis correspond la crise g n rale des moyens artistiques traditionnels crise qui est li e l exp rience ou la revendication d exp rimenter d autres usages de la vie Les artistes r volutionnaires sont ceux qui appellent l intervention et qui sont intervenus eux m mes dans le spectacle pour le troubler et le d truire Il La politique r volutionnaire de la culture 1 Le mouvement r volutionnaire ne peut tre rien de moins que la lutte du prol tariat pour la domination effective et la t
30. id e de scandale La n gation de la conception bourgeoise du g nie et de l art ayant largement fait son temps les moustaches de la Joconde ne pr sentent aucun caract re plus int ressant que la premi re version de cette peinture Il faut maintenant 11 suivre ce processus jusqu la n gation de la n gation Bertold Brecht r v lant dans une interview accord e r cemment l hebdomadaire France Observateur qu il op rait des coupures dans les classiques du th tre pour en rendre la repr sentation plus heureusement ducative est bien plus proche que Duchamp de la cons quence r volutionnaire que nous r clamons Encore faut il noter que dans le cas de Brecht ces utiles interventions sont tenues dans d troites limites par un respect malvenu de la culture telle que la d finit la classe dominante Ce m me respect enseign dans les coles primaires de la bourgeoisie et dans les journaux des partis ouvriers qui conduit les municipalit s les plus rouges de la banlieue parisienne r clamer toujours le Cid aux tourn es du T N P de pr f rence M re Courage A vrai dire il faut en finir avec toute notion de propri t personnelle en cette mati re Le surgissement d autres n cessit s rend caduques les r alisations g niales pr c dentes Elles deviennent des obstacles de redoutables habitudes La question n est pas de savoir si nous sommes ou non port s les aimer Nous devons passer outre To
31. il a le c ur un peu dur vivre si bien pendant que d autres pays perdus l engraissent avec les cadavres de leurs enfants stricto sensu Ce qui est tout de m me agr able l lecteur dans ce discours c est qu on lui dise qu il vit richement Il aime le croire Non seulement le m dicament mais la nourriture comme tant d autres choses sont devenus des secrets de l tat On se souvient qu une des plus fortes objections contre la d mocratie au temps o les classes propri taires en formulaient encore parce qu elles redoutaient encore non sans raison ce qu une d mocratie effective signifierait pour eux c tait l vocation de l ignorance de la majorit des gens obstacle effectivement r dhibitoire pour qu ils connaissent et conduisent eux m mes leurs affaires Aujourd hui elles se croient donc bien rassur es par les vaccins r cemment d couverts contre la d mocratie ou plut t cette petite dose r siduelle que l on pr tend nous garantir car les gens ignorent aussi bien ce qu il y a dans leurs assiettes que les myst res de l conomie les performances escompt es des armes strat giques les subtils choix de soci t propos s afin que l on reprenne la m me et que l on recommence ou l emploi secret des services sp ciaux l emploi sp cial des services secrets Quand le secret s paissit jusque dans votre assiette il ne faut pas croire que tout le monde ignore tout Mais les experts dans le s
32. l annonce de son retour sous des formes inattendues et op rantes Notre poque n a plus crire des consignes po tiques mais les ex cuter 78 Le D clin et la Chute de l conomie Spectaculaire Marchande R dig par Guy Debord initialement paru en anglais sous le titre The D cline and the Fall of the spectacular commodity economy Paris d cembre 1965 avant d tre repris en fran ais dans le num ro 10 de la revue Internationale situationniste en mars 1966 Entre le 13 et le 16 ao t 1965 la population noire de Los Angeles s est soulev e Un incident opposant policiers de la circulation et passants s est d velopp en deux journ es d meutes spontan es Les renforts croissants des forces de l ordre n ont pas t capables de reprendre le contr le de la rue Vers le troisi me jour les Noirs ont pris les armes pillant les armureries accessibles de sorte qu ils ont pu tirer m me sur les h licopt res de la police Des milliers de soldats et de policiers le poids militaire d une division d infanterie appuy e par des tanks ont d tre jet s dans la lutte pour cerner la r volte dans le quartier de Watts ensuite pour le reconqu rir au prix de nombreux combats de rue durant plusieurs jours Les insurg s ont proc d au pillage g n ralis des magasins et ils y ont mis le feu Selon les chiffres officiels il y aurait eu 32 morts dont 27 Noirs plus de 800 bless s 3000 emprisonn s
33. la perspective du projet nietzsch en Nous allons en effet constituer un petit groupe exp rimental quasi alchimique o s amorce la r alisation de l homme total Pareille entreprise n est con ue par Nietzsche que dans le cadre du principe hi rarchique Or c est dans ce cadre que nous nous trouverons de fait II importera donc au plus haut point que nous nous pr sentions sans la moindre ambigu t au niveau du groupe la purification du noyau et l limination des r sidus semble maintenant accomplie Nous n acceptons le cadre hi rarchique dans lequel nous nous trouvons plac s que dans l impatience d exterminer ceux que nous dominons et que nous ne pouvons que dominer sur la base de nos crit res de reconnaissance 69 c Sur le plan tactique notre communication doit tre un rayonnement au d part d un centre plus ou moins occulte Nous tablirons des r seaux non mat rialis s rapports directs pisodiques contacts non contraignants d veloppement de rapports vagues de sympathie et de compr hension la mani re des agitateurs rouges avant l arriv e des arm es r volutionnaires Nous revendiquons comme n tres en les analysant les gestes radicaux actions crits attitudes politiques uvres et nous consid rons nos gestes ou nos analyses comme revendiqu s par le plus grand nombre De m me que Dieu constituait le point de r f rence de la soci t unitaire pass e de m me nous nous pr parons fournir
34. la vie quotidienne qui est le champ de bataille o se livre le combat entre la totalit et le pouvoir qui engage toute son nergie pour la contr ler 52 Ce que nous revendiquons en exigeant le pouvoir de la vie quotidienne contre le pouvoir hi rarchis c est tout Nous nous situons dans le conflit g n ralis qui va de la querelle domestique la guerre r volutionnaire et nous avons mis sur la volont de vivre Cela signifie que nous devons survivre comme anti survivants Nous nous int ressons fondamentalement aux moments de jaillissement de la vie travers la glaciation de la survie que ces moments soient inconscients ou th oris s historiques comme la r volution ou personnels Mais il faut se rendre l vidence nous sommes aussi emp ch s de suivre librement le cours de tels moments except le moment de la r volution m me aussi bien que par la r pression g n rale du pouvoir par les n cessit s de notre lutte de notre tactique etc Il importe galement de trouver le moyen de compenser ce pourcentage d erreur suppl mentaire dans l largissement de ces moments et dans la mise en vidence de leur port e qualitative Ce qui emp che ce que nous disons sur la construction de la vie quotidienne d tre r cup r par la culture et la sous culture Arguments les penseurs questionnants avec cong s pay s c est pr cis ment que chacune des id es situationnistes est le prolongement fid le
35. longtemps ll y a eu de l histoire mais il n y en a plus Marx Elle dit maintenant il y a eu du go t mais il n y en a plus Tel est le dernier look de la soci t du spectacle et tout look individuel si branch qu il se veuille ne peut tre branch que sur elle car c est elle qui tient tout le r seau Avait on voulu en venir l Autrefois personne Depuis les physiocrates le projet bourgeois a t explicitement d am liorer quantitativement et qualitativement les produits de la terre que l on savait relativement plus immuables que les produits de l industrie Ceci a t effectivement r alis pendant tout le XIXe si cle et au del Les critiques du capitalisme se sont parfois pr occup s davantage de qualit plus grande Fourier particuli rement tr s favorable aux plaisirs et aux passions et grand amateur de poires attendait du r gne de l harmonie pour bient t un progr s des vari t s gustatives de ce fruit Sur ce point il s est tromp Les nuisances de l abat faim ne se bornent pas tout ce qu il supprime mais s tendent tout ce qu il apporte avec lui par le fait m me qu il existe ce sch ma s applique chaque production nouvelle du vieux monde La nourriture qui a perdu son go t se donne en tout cas pour parfaitement hygi nique di t tique saine par rapport aux aventures risqu es dans les formes pr scientifiques d alimentation Mais elle ment cyniquement
36. oblig e de la force de travail le christianisme recommandera la cession volontaire l esclavage cesse d s que l esclave offre de bon c ur sa force de travail recherche des conditions optima de survie et identification mystique Issue d une volont de survivre commune tous la lutte se livre cependant au niveau de l apparence o elle met en jeu l identification aux volont s du ma tre et d clenche donc une certaine rivalit individuelle qui refl te la rivalit des ma tres entre eux La comp tition se d veloppera sur ce plan tant que les rapports d exploitation resteront dissimul s dans l opacit mystique et tant que subsisteront les conditions d une telle opacit ou encore tant que le degr d esclavage d terminera dans la conscience de l esclave le degr de r alit v cue Nous en sommes toujours 39 appeler conscience objective ce qui est conscience d tre objet De son c t le poss dant se trouve li la reconnaissance d un droit dont il est le seul ne pas tre exclu mais qui est ressenti sur le plan de l apparence comme un droit valable pour chaque exclu pris individuellement Son privil ge d pend d une telle croyance sur elle repose aussi la force indispensable pour faire face et tenir t te aux autres poss dantis elle est sa force qu son tour il renonce apparemment l appropriation exclusive de toute chose et de tous qu il se pose moins en ma tre qu en serviteur du bie
37. peut reconna tre une tude de l expression contemporaine sont pour la plupart inconscientes ou occasionnelles et plus que dans la production esth tique finissante c est dans l industrie publicitaire qu il faudra en chercher les plus beaux exemples 13 On peut d abord d finir deux cat gories principales pour tous les l ments d tourn s et sans discerner si leur mise en pr sence s accompagne ou non de corrections introduites dans les originaux Ce sont les d tournements mineurs et les d tournements abusifs Le d tournement mineur est le d tournement d un l ment qui n a pas d importance propre et qui tire donc tout son sens de la mise en pr sence qu on lui fait subir Ainsi des coupures de presse une phrase neutre la photographie d un sujet quelconque Le d tournement abusif dit aussi d tournement de proposition pr monitoire est au contraire celui dont un l ment significatif en soi fait l objet l ment qui tirera du nouveau rapprochement une port e diff rente Un slogan de Saint Just une s quence d Eisenstein par exemple Les uvres d tourn es d une certaine envergure se trouveront donc le plus souvent constitu es par une ou plusieurs s ries de d tournements abusifs mineurs Plusieurs lois sur l emploi du d tournement se peuvent d s pr sent tablir C est l l ment d tourn le plus lointain qui concourt le plus vivement l impression d ensemble et non les l ments qui d termin
38. pluie La r volution fait le beau temps Guy Debord 1971 102 Abat Faim Guy Debord 1985 On sait que ce terme a d sign une pi ce de r sistance qu on sert d abord pour apaiser abattre la premi re faim des convives Larousse Hatzfeld et Darmesteter dans leur renomm dictionnaire le qualifient de vieilli Mais l histoire est ma tresse infaillible des dictionnaires Avec les r cents progr s de la technique la totalit de la nourriture que consomme la soci t moderne en est venue tre constitu e uniquement d abat faim D gradation extr me de la nourriture D abord le go t Produit de la chimie s imposant massivement dans l agriculture et l levage secondairement de certains emplois rentables des nouvelles pratiques de conservation cong lation et passage rapide la d cong lation ou simplement possibilit de stockage dans n importe quelles conditions bi res Logique de la marchandise poursuite quantitative de toute conomie de temps et des frais dans la main d uvre ou le mat riau lesquels facteurs diminuent d autant le profit Le qualitatif ne compte pas ici comme ailleurs On y substitue diverses r clames id ologiques des lois tatiques impos es soi disant au nom de l hygi ne ou simplement de l apparence garantie fruits calibr s pour favoriser videmment la concentration de la production laquelle v hiculera au mieux le poids normatif du nouveau produit inf
39. pouvoir mis nu d couvert soudain dans sa force brutale et sa faiblesse un g ant o l on fait mouche tous coups mais dont chaque plaie conf re l agresseur la renomm e maudite d Erostrate le pouvoir survivant chacun y trouve son compte Praxis de destruction moment sublime o la complexit du monde devient tangible cristalline port e de tous r voltes inexpiables comme celles des esclaves des Jacques des iconoclastes des Enrag s des F d r s de Cronstadt des Asturies et promesses pour le futur des blousons noirs de Stockholm et des gr ves sauvages voil ce que seule la destruction de tout pouvoir hi rarchis saura nous faire oublier nous comptons bien nous y employer L usure des structures mythiques et leur retard se renouveler qui rendent possible la prise de conscience et la profondeur critique du soul vement sont aussi cause de ce que pass s les exc s r volutionnaires la lutte contre l ali nation est saisie sur un plan th orique comme prolongement de la d mystification pr paratoire la r volte C est l heure o la r volte dans son aspect le plus vrai le plus authentiquement compris se trouve r examin e et jet e par dessus bord par le nous n avons pas voulu cela des th oriciens charg s d expliquer le sens d une insurrection ceux qui lont faite ceux qui entendent d mystifier par les faits non seulement par les mots Tous les faits qui contestent
40. qui est celle du spectacle consolide par sa dissociation m me l absolu spatial de la vie priv e son isolement son troitesse Le m canisme du spectacle ali nant d ploie une force telle que la vie priv e en arrive tre d finie comme ce qui est priv de spectacle le fait d chapper aux cat gories spectaculaires et aux r les tant ressenti comme une privation suppl mentaire comme un malaise dont le pouvoir tire pr texte pour r duire la vie quotidienne des gestes sans importance s asseoir se laver ouvrir une porte 26 Le spectacle qui impose ses normes au v cu prend sa source dans le v cu Le temps du spectacle v cu sous forme de r les successifs fait de l espace du v cu authentique le lieu de l impuissance objective alors que simultan ment l impuissance objective celle qui tient au conditionnement de l appropriation privative fait du spectacle l absolu de la libert virtuelle Les l ments n s dans le v cu ne sont reconnus qu au niveau du spectacle o ils s expriment sous forme de st r otypes cependant que pareille expression est chaque instant contest e et d mentie dans le v cu et par le v cu authentique Le portrait robot des survivants que 63 Nietzsche appelait les petits ou les derniers hommes ne peut se concevoir que dans la dialectique du possible impossible comprise comme suit a le possible au niveau du spectacle la vari t des r les abstraits re
41. r elle tous les penseurs et les responsables de la gauche mondiale de son n ant ont d plor lirresponsabilit et le d sordre le pillage et surtout le fait que son premier moment ait t le pillage des magasins contenant l alcool et les armes et les 2000 foyers d incendie d nombr s par lesquels les p troleurs de Watts ont clair leur bataille et leur f te Qui donc a pris la d fense des insurg s de Los Angeles dans les termes qu ils m ritent Nous allons le faire Laissons les conomistes pleurer sur les 27 millions de dollars perdus et les urbanistes sur un de leur plus beaux supermarkets parti en fum e et Mclntyre sur son sh rif adjoint abattu laissons les sociologues se lamenter sur l absurdit et l ivresse dans cette r volte C est le r le d une publication r volutionnaire non seulement de donner raison aux insurg s de Los Angeles mais de contribuer leur donner leurs raisons d expliquer th oriquement la v rit dont l action pratique exprime ici la recherche Dans l Adresse publi e Alger en juillet 1965 apr s le coup d tat de Boumedienne les situationnistes qui exposaient aux Alg riens et aux r volutionnaires du monde les conditions en Alg rie et dans le reste du monde comme un tout montraient parmi leurs exemples le mouvement des Noirs am ricains qui s il peut s affirmer avec cons quence d voilera les contradictions du capitalisme le plus avanc Cinq semaines plu
42. sents sur ce terrain Une jeune sociologue noire de ce quartier Bobbi Hollon 84 d clarait en octobre au Herald Tribune Les gens avaient honte avant de dire qu ils venaient de Watts Ils le marmonnaient Maintenant ils le disent avec orgueil Des gar ons qui portaient toujours leurs chemises ouvertes jusqu la taille et vous auraient d coup en rondelles en une demi seconde ont rappliqu ici chaque matin sept heures lis organisaient la distribution de la nourriture Bien s r il ne faut pas se faire d illusion ils avaient pill e Tout ce bla bla chr tien a t utilis contre les Noirs pendant trop longtemps Ces gens pourraient piller pendant dix ans et ne pas r cup rer la moiti de l argent qu on leur a vol dans ces magasins pendant toutes ces ann es Moi je suis seulement une petite fille noire Bobbi Hollon qui a d cid de ne jamais laver le sang qui a tach ses espadtrilles pendant les meutes dit que maintenant le monde entier regarde le quartier de Watts Comment les hommes font ils l histoire partir des conditions pr tablies pour les dissuader d y intervenir Les Noirs de Los Angeles sont mieux pay s que partout ailleurs aux tats Unis mais ils sont l encore plus s par s qu ailleurs de la richesse maximum qui s tale pr cis ment en Californie Hollywood le p le du spectacle mondial est dans leur voisinage imm diat On leur promet qu ils acc deront avec de
43. sp cialit leur peinture leurs romans leurs quations leur sociom trie leur psychanalyse leurs connaissances en balistique enfin si sachant bien et sous peu ils seront cens s ne plus l ignorer que la sp cialisation qui est leur seuls l I S et le pouvoir en poss dent le mode d emploi ils choisissent tout de m me de servir le pouvoir parce que le pouvoir fort de leur inertie les a jusqu pr sent choisis pour le servir alors qu ils cr vent On ne saurait se montrer plus g n reux Puissent ils le comprendre et puissent ils comprendre par dessus tout 58 que d sormais la r volte des acteurs non dirigeants est li e la r volte contre le spectacle voir l1 S et le pouvoir 21 L anath me g n ralis jet sur le lumpenprol tariat tient l usage qu en faisait la bourgeoisie qui il fournissait en plus d un r gulateur pour le pouvoir les forces douteuses de l ordre flics mouchards hommes de mains artistes Cependant la critique de la soci t du travail y est latente un degr de radicalisme remarquable Le m pris qu on y professe pour les larbins et les patrons contient une critique valable du travail comme ali nation critique qui n a pas t prise en consid ration jusqu pr sent parce que le lumpenprol tariat tait le lieu des ambiguit s mais aussi parce que la lutte contre l ali nation naturelle et la production du bien tre apparaissent encore au XIX
44. tournement parce que la compr hension de la po sie ancienne a chang par perte aussi bien que par acquisition de connaissances et parce que dans chaque moment o la po sie ancienne peut tre effectivement retrouv e sa mise en pr sence avec des v nements particuliers lui conf re un sens largement nouveau Mais surtout une situation o la po sie est possible ne saurait restaurer aucun chec po tique du pass cet chec tant ce qui reste invers dans l histoire de la po sie comme succ s et monument po tique Elle va naturellement vers la communication et les chances de souverainet de sa propre po sie troitement contemporains de l arch ologie po tique qui restitue des s lections de po sie ancienne r cit es sur microsillons par des sp cialistes pour le public du nouvel analphab tisme constitu par le spectacle moderne les informationnistes ont entrepris de combattre toutes les redondances de la libert pour transmettre simplement des ordres Les penseurs de l automatisation visent explicitement une pens e th orique automatique par fixation et limination des variables dans la vie comme dans le langage Ils n ont pas fini de trouver des os dans leur fromage Les machines traduire par exemple qui commencent assurer l uniformisation plan taire de l information en m me temps que la r vision informationniste de l ancienne culture sont soumises leurs programmes pr tablis auxquels
45. vengeance il se drape d interdit et sy consume Mod le de dieux et de h ros le ma tre le poss dant est le vrai visage de Prom th e du Christ de tous les sacrifi s spectaculaires qui ont permis que ne cessent de se sacrifier aux ma tres l extr me minorit la tr s grande majorit des hommes il conviendrait d ailleurs de nuancer l analyse du sacrifice du propri taire dans le cas du Christ ne faudrait il pas admettre qu il s agit plus pr cis ment du fils du propri taire Or si le propri taire ne peut jamais se sacrifier que dans l apparence on assiste bel et bien l immolation 38 effective quand la conjoncture l exige imp rieusement du fils du propri taire en tant qu il n est v ritablement qu un propri taire tr s inachev une bauche une simple esp rance de propri t future C est dans cette dimension mythique qu il faut comprendre la fameuse phrase de Barr s journaliste au moment o la guerre de 1914 tait enfin venue combler ses v ux Notre jeunesse comme il convenait est all e verser flots notre sang Ce jeu passablement d go tant a d ailleurs connu avant de rejoindre les rites et le folklore une poque h ro que o rois et chefs de tribu taient rituellement mis mort selon leur Volont gt On en vint rapidement assurent les historiens remplacer les augustes martyrs par des prisonniers des esclaves ou des criminels Le supplice disparu laur
46. z ro de l criture 72 La mainmise du pouvoir sur le langage est assimilable sa mainmise sur la totalit Seul le langage qui a perdu toute r f rence imm diate la totalit peut fonder l information L information c est la po sie du pouvoir la contre po sie du maintien de l ordre c est le truquage m diatis de ce qui est A l inverse la po sie doit tre comprise en tant que communication imm diate dans le r el et modification r elle de ce r el Elle n est autre que le langage lib r le langage qui regagne sa richesse et brisant ses signes recouvre la fois les mots la musique les cris les gestes la peinture les math matiques les faits La po sie d pend donc du niveau de la plus grande richesse o dans un stade donn de la formation conomique sociale la vie peut tre v cue et chang e Il est alors inutile de pr ciser que ce rapport de la po sie sa base mat rielle dans la soci t n est pas une subordination unilat rale mais une interaction Retrouver la po sie peut se confondre avec r inventer la r volution comme le prouvent l vidence certaines phases des r volutions mexicaine cubaine ou congolaise Entre les p riodes r volutionnaires o les masses acc dent la po sie en agissant on peut penser que les cercles de l aventure po tique restent les seuls lieux o subsiste la totalit de la r volution comme virtualit inaccomplie mais proche ombre d un personnage a
47. 104 Elle contient une invraisemblable dose de poisons la c l bre Union Carbide usine ses puissants produits pour l agriculture mais en surplus elle favorise toutes sortes de carences par la suppression d oligo l ments etc dont on mesure les r sultats apr s la f te dans la sant publique Le licite dans le traitement de lalimentation quoique pouvantable s accompagne en prime d une part d illicite tol r et du franchement illicite qui existe quand m me doses d hormones d pass es dans le veau etc On sait que le principal cancer r pandu aux tats Unis n est pas celui qui fait ses d lices des poumons du fumeur de tabac pollu ou de l habitant des villes plus pollu es encore mais celui qui ronge les tripes du pr sident Reagan et des soupeurs de son esp ce Cette grande pratique de l abat faim est galement responsable de la famine chez les peuples p riph riques plus absolument soumis si l on ose dire au syst me capitaliste mondial La technique en est simple les cultures vivri res sont limin es par le march mondial et les paysans des pays dits sous d velopp s sont magiquement transform s en ch meurs dans les bidonvilles en expansion galopante d Afrique ou d Am rique latine On n ignore pas que le poisson que p chaient et mangeaient en quantit les P ruviens est maintenant accapar par les propri taires des conomies avanc es pour en nourrir les volailles qu ils r pandent l sur
48. COMPILATION DE TEXTES SITUATIONNISTES Ce livre est gratuit Fais le tourner sans piti Ce livre est gratuit Fais le tourner sans piti Tu peux l imprimer et le multiplier toi m me en t l chargeant ce fichier http www fichier pdf fr 2014 11 03 compilsitu compilsitu pdf Ce document a t r alis pour une impression en mode livre Les conseils pour imprimer et relier les livres et les livrets sont donn s ici http www fichier pdf fr 2014 11 03 imprimeretrelier5 imprimeretreliers pdf Les autres livres et livrets de l infokiosque sont pr sent s dans le catalogue t l chargeable cette adresse http www fichier pdf fr 201 4 11 03 catalogue23 catalogue23 pdf La prochaine version du catalogue mis jour sera disponible cette adresse compter du 3 d cembre 2014 http www fichier pdf fr 2014 12 03 catalogue24 catalogue24 pdf Les livres et les livrets de l infokiosque peuvent galement tre lus sur le site Esprit68 cette adresse http www esprit68 org biblio html Tu y trouveras d autres liens vers les diffuseurs du savoir non marchand Sommaire A propos de cette compilation Mode d emploi du d tournement Pr liminaires pour une d finition de l unit du programme r volutionnaire 21 l Le capitalisme soci t sans culture sssssssssseeseseeesersrrrrrrrrreneee 21 Il La politique r volutionnaire de la culture 26 Banalit s d base ls nent ent e AREE AE
49. Les r actions de tous c t s ont rev tu cette clart que l v nement r volutionnaire du fait qu il est lui m me une clarification en actes des probl mes existants a toujours le privil ge de conf rer aux diverses nuances de pens e de ses adversaires Le chef de la police William Parker a refus toute m diation propos e par les grandes organisations noires affirmant justement que ces meutiers n ont pas de chefs Et certes puisque les Noirs n avaient plus de chefs c tait le moment de la v rit dans chaque camp Qu attendait d ailleurs au m me moment un de ces chefs en ch mage Roy Wilkins secr taire g n ral de la National Association for the Advancement of Colored People Il d clarait que les 79 meutes devaient tre r prim es en faisant usage de toute la force n cessaire Et le cardinal de Los Angeles Mcintyre qui protestait hautement ne protestait pas contre la violence de la r pression comme on pourrait croire habile de le faire l heure de l aggiornamento de l influence romaine il protestait au plus urgent devant une r volte pr m dit e contre les droits du voisin contre le respect de la loi et le maintien de l ordre il appelait les catholiques s opposer au pillage ces violences sans justification apparente Et tous ceux qui allaient jusqu voir les justifications apparentes de la col re des Noirs de Los Angeles mais non certes la justification
50. Michel Buchelet sol modernes de l objet consom dat du contingent 4 ans de pri a son Harry Ford l gionnaire al Mable quivalent pour une an et Domino un an avec sur Masse passive de consom sis Ces deux derniers taient des mateurs isol s La po sie n est l gionnaires italiens rien quand elle est cit e elle ne peut tre que d tourn e remise France Soir 1 10 62 en jeu La connaissance de la po sie ancienne n est autrement qu exercice universitaire relevant des fonctions d ensemble de la pens e universitaire L histoire de la po sie n est alors qu une fuite devant la po sie de l histoire si nous entendons par ce terme non l histoire spectaculaire des dirigeants mais bien celle de la vie quotidienne de son largissement possible l histoire de chaque vie individuelle de sa r alisation Proposition pour une pitaphe de la gauche fran aise Il ne faut pas ici laisser d quivoque sur les r le des conservateurs de la po sie ancienne de ceux qui en augmentent la diffusion mesure 75 que pour des raisons tout autres l Etat fait dispara tre l analphab tisme Ces gens ne repr sentent qu un cas particulier des conservateurs de tout l art des mus es Une masse de po sie est normalement conserv e dans le monde Mais il n y a nulle part les endroits les moments les gens pour la revivre se la communiquer en faire usage tant admis que ceci ne peut jamais tre que sur le mode du d
51. RET 29 Banalit s d base ss nt ne a nettement leretenlens 45 Alle King s MeN annnak ANa statue at 71 Le D clin et la Chute de l conomie Spectaculaire Marchande 79 La plan te Malade nue rl nent titane iesteeestans 95 Abat FAIM nn en ta ee CN een 103 Notes sur la question des immigr s 109 A propos de cette compilation Cette compilation a t r alis e afin de pr senter au lecteur non sp cialiste quelques facettes remarquables de la production situationniste Son caract re strictement situationniste pourrait d ailleurs tre contest puisque le premier des textes pr sent s Mode d emploi du d tournement a t crit avant la fondation de l Internationale Situationniste en 1957 et que les deux derniers Abat faim et Notes sur la question des immigr s ont t r dig s apr s sa dissolution en 1972 Pour autant ces trois textes de Guy Debord anticipent clairement et prolongent la th orie r volutionnaire situationniste Cette s lection n aborde cependant pas le point de vue des situationnistes sur la crise de mai 1968 qui fait l objet d un autre livret intitul Compilation mai 68 disponible sur cet infokiosque et qui reprend notamment De la mis re en milieu tudiant Enrag s et situationnistes dans le mouvement des occupations et Le commencement d une poque Un troisi me livret rassemble enfin le classique de Guy Debord La soci t d
52. a plus de retard la mystification appara t En fait aux tats Unis les Blancs sont aujourd hui les esclaves de la marchandise et les Noirs ses n gateurs Les Noirs veulent plus que les Blancs voil le c ur d un probl me insoluble ou soluble seulement avec la dissolution de cette soci t blanche Aussi les Blancs qui veulent sortir de leur propre esclavage doivent rallier d abord la r volte noire non comme affirmation de couleur videmment mais comme refus universel de la marchandise et finalement de l tat Le d calage conomique et psychologique des Noirs par rapport aux Blancs leur permet de voir ce qu est le consommateur blanc et le juste m pris qu ils ont du blanc devient m pris de tout consommateur passif Les Blancs qui eux aussi rejettent ce r le n ont de chance qu en unifiant toujours plus leur lutte celle des Noirs en en trouvant eux m mes et en en soutenant jusqu au bout les raisons coh rentes Si leur confluence se s parait devant la radicalisation de la lutte un nationalisme noir se d velopperait qui condamnerait chaque c t l affrontement selon les plus vieux mod les de la soci t dominante Une s rie d exterminations r ciproques est l autre terme de l alternative pr sente quand la r signation ne peut plus durer L INT GRATION QUOI 88 Les essais de nationalisme noir s paratiste ou pro africain sont des r ves qui ne peuvent r pondre l oppression r elle L
53. able comme l a montr Marx l apparition de la valeur d change et sa substitution symbolique par la monnaie ouvrent une crise latente et profonde au sein du monde unitaire La marchandise introduit dans les relations humaines un caract re universel un billet de 1 000 francs repr sente tout ce que je peux acqu rir pour cette somme et un caract re galitaire il y a change de choses gales Cette universalit galitaire chappe en partie l exploitant comme l exploit mais l un et l autre s y reconnaissent Ils se retrouvent face face confront s non plus dans le myst re de la naissance et de l ascendance divine comme c tait le cas pour la noblesse mais dans une transcendance intelligible qui est le Logos un ensemble de lois compr hensibles pour tous m me si pareille compr hension reste englob e par le myst re Un myst re qui a ses initi s les pr tres d abord s effor ant de maintenir le Logos dans les limbes de la mystique divine pour c der bient t aux philosophes aux techniciens ensuite la place tout autant que la dignit de leur mission sacr e De la R publique platonicienne l tat cybern ticien Ainsi sous la pression de la valeur d change et de la technique que l on pourrait appeler la m diation port e de la main le mythe se la cise lentement Cependant deux faits sont noter a Le Logos se d gageant de l unit mystique s affirme la fois
54. ablement leur p trole en mer tant qu ils ne seront pas sous l autorit de r els soviets de marins Pour d cider et ex cuter tout cela il faut que les producteurs deviennent adultes il faut qu ils s emparent tous du pouvoir L optimisme scientifique du XIX si cle s est croul sur trois points essentiels Premi rement la pr tention de garantir la r volution comme r solution heureuse des conflits existants c tait l illusion h g lo gauchiste et marxiste la moins ressentie dans l intelligentsia bourgeoise mais la plus riche et finalement la moins illusoire Deuxi mement la vision coh rente de l univers et m me simplement de la mati re Troisi mement le sentiment euphorique et lin aire du d veloppement des forces productives Si nous dominons le premier point nous aurons r solu le troisi me et nous saurons bien plus tard faire du second notre affaire et notre jeu Il ne faut pas soigner les sympt mes mais la maladie m me Aujourd hui la peur est partout on n en sortira qu en se confiant nos propres forces notre capacit de d truire toute ali nation existante et toute image du pouvoir qui nous a chapp En remettant tout except nous m mes au seul pouvoir des Conseils des Travailleurs poss dant et reconstruisant tout instant la totalit du monde c est dire la rationalit vraie une l gitimit nouvelle En mati re d environnement naturel et construit de natalit de
55. ait autre que la r alit le d nonce comme imposteur 14 EN ATTAQUANT de front l organisation mythique de l apparence les r volutions bourgeoises s en prenaient bien malgr elles au point n vralgique non seulement du pouvoir unitaire mais surtout du pouvoir hi rarchis sous quelque forme que ce soit Cette erreur in vitable expliquerait elle le complexe de culpabilit qui est un des traits dominants de l esprit bourgeois Ce qui est hors de doute c est qu il s agit bien d une erreur in vitable Erreur d abord parce qu une fois bris e l opacit mensong re dissimulant l appropriation privative le mythe clate et laisse un vide que seule une libert d lirante et la grande po sie viennent combler Certes la po sie orgiaque n a pas jusqu ce jour abattu le pouvoir Elle ny a pas r ussi pour des raisons ais ment explicables et ses signes ambigus d noncent 47 les coups port s en m me temps qu ils cicatrisent les plaies Et pourtant laissons leurs collections les historiens et les esth tes il suffit de gratter la cro te du souvenir pour que les cris les mots les gestes anciens fassent nouveau saigner le pouvoir sur toute son tendue Toute l organisation de la survie des souvenirs n emp chera pas l oubli de les effacer mesure que devenus vivants ils commenceront se dissoudre au m me titre que notre survie dans la construction de notre vie quotidienne Processus in vit
56. ale 3 La socialisation des groupes humains primitifs d montre une volont de lutter plus efficacement contre les forces myst rieuses et terrifiantes de la nature Mais lutter dans le milieu naturel la fois contre lui et avec lui se soumettre ses lois les plus inhumaines afin d en arracher une chance de survie suppl mentaire cela ne pouvait que donner naissance une forme plus volu e de d fense agressive une attitude plus complexe et moins primitive pr sentant sur un plan sup rieur les contradictions que ne cessaient de lui imposer les forces incontr l es et cependant influen ables de la nature En se socialisant la lutte contre la domination aveugle de la nature impose ses victoires dans la mesure o elle assimile peu peu mais sous une autre forme l ali nation primitive l ali nation naturelle L ali nation est devenue sociale dans le combat contre l ali nation naturelle Est ce un hasard une civilisation technicienne s est d velopp e un point tel que l ali nation sociale s y est r v l e en se heurtant aux derniers points de r sistance naturelle que la puissance technique ne parvenait pas r duire et pour cause Les technocrates nous proposent aujourd hui de mener sa fin l ali nation primitive dans un bel lan humanitaire ils incitent d velopper davantage les moyens techniques qui permettraient en soi de combattre efficacement la mort la souffrance le malaise la fa
57. ations sans tre capable d en fournir de nouvelles Le monde devient illisible comme unit seuls des sp cialistes d tiennent quelques fragments de rationalit mais ils s avouent incapables de se les transmettre 4 Cet tat de fait engendre un certain nombre de conflits Il existe un conflit entre d une part la technique la logique propre du d veloppement des proc d s mat riels et m me largement la logique propre du d veloppement des sciences et d autre part la technologie qui en est une application rigoureusement s lectionn e par les n cessit s de l exploitation des travailleurs et pour d jouer leurs r sistances Il existe un conflit entre les imp ratifs capitalistes et les besoins l mentaires des hommes Ainsi la contradiction entre les actuelles pratiques nucl aires et un go t de vivre encore assez g n ralement r pandu trouve t elle un cho jusque dans les protestations moralisantes de certains physiciens Les modifications que l homme peut d sormais exercer sur sa propre nature allant de la chirurgie esth tique aux mutations g n tiques dirig es exigent aussi une soci t contr l e par elle m me l abolition de tous les dirigeants sp cialis s Partout l normit des possibilit s nouvelles pose l alternative pressante solution r volutionnaire ou barbarie de science fiction Le compromis repr sent par la soci t actuelle ne peut vivre que d un statu quo qui lui chappe de toute
58. aux entreprises de pointe Le secteur le plus moderne de l industrie se lance sur les diff rents palliatifs de la pollution comme sur un nouveau d bouch d autant plus rentable qu une bonne part du capital monopolis par l tat y est employer et manoeuvrer Mais si ce nouveau r formisme a d avance la garantie de son chec exactement pour les m mes raisons que les r formismes pass s il 97 entretient vis vis d eux cette radicale diff rence qu il n a plus le temps devant lui Le d veloppement de la production s est enti rement v rifi jusqu ici en tant qu accomplissement de l conomie politique d veloppement de la mis re qui a envahi et ab m le milieu m me de la vie La soci t o les producteurs se tuent au travail et n ont qu en contempler le r sultat leur donne franchement voir et respirer le r sultat g n ral du travail ali n en tant que r sultat de mort Dans la soci t de l conomie surd velopp e tout est entr dans la sph re des biens conomiques m me l eau des sources et l air des villes c est dire que tout est devenu le mal conomique reniement achev de l homme qui atteint maintenant sa parfaite conclusion mat rielle Le conflit des forces productives modernes et des rapports de production bourgeois ou bureaucratiques de la soci t capitaliste est entr dans sa phase ultime La production de la non vie a poursuivi de plus en plus vite son processus lin a
59. avaient videmment pas les m mes caract ristiques g ographiques et culturelles dans l alimentation Pour s en tenir l Europe la France avait de la mauvaise bi re sauf en Alsace du tr s mauvais caf etc Mais l Allemagne buvait de la bonne bi re l Espagne buvait du bon chocolat et du bon vin l Italie du bon caf et du bon vin La France avait du bon pain de bons vins beaucoup de volailles et de b uf Tout doit se r duire dans le cadre du March commun une galit de la marchandise pollu e Le tourisme a jou un certain r le le touriste venant s habituer sur place la mis re des marchandises que l on avait justement pollu es pour lui Le touriste est celui qui est trait partout aussi mal que chez lui c est l lecteur en d placement Dans la p riode qui pr c da imm diatement la r volution de 1789 on se souvient combien d meutes populaires ont t d cha n es par suite de tentatives alors mod r es de falsification du pain et combien de hardis exp rimentateurs ont t tra n s tout de suite la lanterne avant d avoir pu expliquer leurs raisons s rement tr s fortes Autre temps autres m urs ou pour mieux le dire les b n fices que la soci t de classes 107 tire de son lourd quipement spectaculaire en appareils techniques et en personnel paient largement les frais in vitables C est ainsi que lorsqu on a vu il y a d j presque dix ans le pain dispara tre en Fran
60. biologie de production de folie etc il n y aura pas choisir entre la f te et le malheur mais consciemment et chaque carrefour entre mille possibilit s heureuses ou d sastreuses relativement corrigibles et d autre part le n ant Les choix terribles du futur proche laissent cette seule alternative d mocratie totale ou bureaucratie totale Ceux qui 101 doutent de la d mocratie totale doivent faire des efforts pour se la prouver eux m mes en lui donnant l occasion de se prouver en marchant ou bien il ne leur reste qu acheter leur tombe temp rament car l autorit on l a vue l uvre et ses uvres la condamnent Joseph D jacque La r volution ou la mort ce slogan n est plus l expression lyrique de la conscience r volt e c est e dernier mot de la pens e scientifique de notre si cle Ceci s applique aux p rils de l esp ce comme l impossibilit d adh sion pour les individus Dans cette soci t o le suicide progresse comme on sait les sp cialistes ont d reconna tre avec un certain d pit qu il tait retomb presque rien en mai 1968 Ce printemps obtint aussi sans pr cis ment y monter l assaut un beau ciel parce que quelques voitures avaient br l et que toutes les autres manquaient d essence pour polluer Quand il pleut quand il y a de faux nuages sur Paris n oubliez jamais que c est la faute du gouvernement La production industrielle ali n e fait la
61. bourgeoise et les d mocraties pr tendument populaires mais tr s t t encore travailler pour un ma tre s ali ner avec la bonne conscience de l acquiescement est devenu le prix honorable et peine contestable de la survie La satisfaction des besoins l mentaires reste la meilleure sauvegarde de l ali nation celle qui la dissimule le mieux en la justifiant sur la base d une exigence inattaquable L ali nation rend les besoins innombrables parce qu elle n en satisfait aucun aujourd hui l insatisfaction se mesure au nombre d autos frigos TV les objets ali nants n ont plus la ruse ni le myst re d une transcendance ils sont l dans leur pauvret concr te Le riche est aujourd hui celui qui poss de le plus grand nombre d objets pauvres Survivre nous a jusqu pr sent emp ch s de vivre C est pourquoi il faut attendre beaucoup de l impossibilit de survie qui s annonce d sormais avec une vidence d autant moins contestable que le confort et la surabondance dans les l ments de la survie nous acculent au suicide ou la r volution 33 7 Le sacr pr side m me la lutte contre l ali nation D s que r v lant sa trame la couverture mystique cesse d envelopper les rapports d exploitation et la violence qui est l expression de leur mouvement la lutte contre l ali nation se d voile et se d finit l espace d un clair l espace d une rupture comme un corps corps impitoyable avec le
62. bsent De sorte que ce qui est appel ici aventure po tique est difficile dangereux et en tout cas jamais garanti en fait il s agit de la somme des conduites presque impossibles dans une poque On peut seulement tre s rs de ce qui n est plus l aventure po tique d une poque sa fausse po sie reconnue et permise Ainsi alors que le surr alisme au temps de son assaut contre l ordre oppressif de la culture et du quotidien pouvait justement d finir son armement dans une po sie au besoin sans po mes il s agit aujourd hui pour l I S d une po sie n cessairement sans po mes Et tout ce que nous disons de la po sie ne concerne en rien les attard s r actionnaires d une n o versification m me align e sur les moins anciens des modernismes formels Le programme de la po sie r alis e n est rien de moins que cr er la fois des v nements et leur langage ins parablement 73 Tous les langages ferm s ceux des groupements informels de la jeunesse ceux que les avant gardes actuelles au moment o elles se cherchent et se d finissent laborent pour leur usage interne ceux qui autrefois transmis en production po tique objective pour l ext rieur ont pu s appeler trobar clus ou dolce stil nuovo tous ont pour but et r sultat effectif la transparence imm diate d une certaine communication de la reconnaissance r ciproque de l accord Mais pareilles tentatives sont le fait de bandes res
63. ce presque partout remplac par un pseudo pain farines non panifiables levures chimiques fours lectriques non seulement cet v nement traumatisant na pas d clench quelque mouvement de protestation et de d fense comme il s en est r cemment prononc en faveur de l cole dite libre mais litt ralement personne n en a parl Il y a des poques ou mentir est presque sans danger parce que la v rit n a plus d amis reste une simple hypoth se et peu s rieuse semble t il qu on ne peut ni ne veut v rifier Presque plus personne ne cohabite avec la v rit Et avec le plaisir L architecture moderne l a en tout cas supprim dans sa vaste sph re d action Si le plaisir tait fait de jouissances spectaculaires on pourrait dire les consommateurs heureux tant qu ils trouvent des images brouter La dangereuse dialectique revient alors par ailleurs Car on voit bien que tout se d compose des dominations de ce monde Alors que la critique pargne toute leur gestion tous les r sultats les tuent C est le syndrome de la maladie fatale de la fin du XXe si cle la soci t de classes et sp cialisations par un effort constant et omnipr sent acquiert une immunisation contre tous les plaisirs Elle mourra du S I D A 108 Notes sur la question des immigr s Guy Debord 1985 Tout est faux dans la question des immigr s exactement comme dans toute question ouvertement pos e dans la soci t actuel
64. ce march pour effacer le go t du poisson sans videmment restaurer quelque autre go t que ce soit on a besoin d acrol ine produit chimique fort dangereux que les habitants de Lyon au milieu desquels on le fabrique ne connaissent pas tant comme consommateurs que comme voisins du producteur mais qu ils ne manqueront pas de conna tre un de ces jours sous une catastrophique lumi re Les sp cialistes de la faim dans le monde il y en a beaucoup et ils travaillent main dans la main avec d autres sp cialistes qui s emploient faire croire qu ici r gnent les d lices abondantes d on ne sait vraiment quelle grande bouffe id e dont se gobergent quelque peu les cadres moyens et tous ceux qui veulent croire leur bonheur promotionnel nous communiquent les r sultats de leurs calculs la 105 plan te produirait encore bien assez de c r ales pour que personne n y souffre de la faim mais ce qui trouble l idylle c est que les pays riches consomment abusivement la moiti de ces c r ales pour l alimentation de leur b tail Mais quand on conna t le go t d sastreux de la viande de boucherie qui a t ainsi engraiss e vite aux c r ales peut on parler de pays riches S rement non Ce n est pas pour nous faire vivre dans le sybaritisme qu une partie de la plan te doit mourir de la famine c est pour nous faire vivre dans la boue mais l lecteur aime qu on le flatte en lui rappelant qu
65. ci non pas quantitativement comme beaucoup avaient cru le comprendre mais qualitativement Cependant pour la pens e bourgeoise m thodologiquement seul le quantitatif est le s rieux le mesurable l effectif et le qualitatif n est que l incertaine d coration subjective ou artistique du vrai r el estim son vrai poids Pour la pens e dialectique au contraire donc pour l histoire et pour le prol tariat le qualitatif est la dimension la plus d cisive du d veloppement r el Voil bien ce que le capitalisme et nous nous aurons fini par d montrer Les ma tres de la soci t sont oblig s maintenant de parler de la pollution et pour la combattre car ils vivent apr s tout sur la m me plan te que nous voil le seul sens auquel on peut admettre que le d veloppement du capitalisme a r alis effectivement une certaine fusion des classes et pour la dissimuler car la simple v rit des nuisances et des risques pr sents suffit pour constituer un immense facteur de r volte une exigence mat rialiste des exploit s tout aussi vitale que l a t la lutte des prol taires du XIX si cle pour la possibilit de manger Apr s l chec fondamental des tous les r formismes du pass qui tous aspiraient la solution d finitive du probl me des classes un nouveau r formisme se dessine qui ob it aux m mes n cessit s que les pr c dents huiler la machine et ouvrir de nouvelles occasions de profit
66. des gestes bauch s chaque instant et par des milliers de gens pour viter qu un jour ne soit vingt quatre heures de vie g ch e Sommes nous une avant garde Si oui tre d avant garde c est marcher au pas de la r alit 17 Nous ne pr tendons pas avoir le monopole de l intelligence mais bien celui de son emploi Notre position est strat gique nous sommes au centre de tout conflit quel qu il soit Le qualitatif est notre force de frappe Si quelqu un jette cette revue l gout parce qu elle l horripile il fait un geste beaucoup plus riche que s il la lit la comprend moiti et nous demande un m moire ampliatif gr ce auquel il puisse se prouver lui m me qu il est un homme intelligent et cultiv c est dire un imb cile Il faudra bien que l on comprenne t t ou tard que les mots et les phrases que nous employons retardent encore sur la r alit en d autres termes que la distorsion et la maladresse dans notre fa on de nous exprimer ce 53 qu un homme de go t appelle non sans v rit un terrorisme herm tique assez aga ant tient ce que l aussi nous sommes au centre la fronti re confuse o se livre le combat infiniment complexe du langage s questr par le pouvoir conditionnement et du langage lib r po sie celui qui nous suit avec un pas de retard nous pr f rons celui qui nous rejette par impatience parce que notre langage n est pas encore l authentique po sie
67. dre l immigration des gens de couleur les pays industriellement avanc s d Europe redeviennent racistes en important leur sous prol tariat de la zone m diterran enne en exploitant leurs colonis s l int rieur Et la Russie ne cesse pas d tre antis mite parce qu elle na pas cess d tre une soci t hi rarchique o le travail doit tre vendu comme une marchandise Avec la marchandise la hi rarchie se recompose toujours sous des formes nouvelles et s tend que ce soit entre le dirigeant du mouvement ouvrier et les travailleurs ou bien entre possesseurs de deux mod les de voitures artificiellement distingu s C est la tare originelle de la rationalit marchande la maladie de la raison bourgeoise maladie h r ditaire dans la bureaucratie Mais l absurdit 89 r voltante de certaines hi rarchies et le fait que toute la force du monde de la marchandise se porte aveugl ment et automatiquement leur d fense conduit voir d s que commence la pratique n gative l absurdit de toute hi rarchie Le monde rationnel produit par la r volution industrielle a affranchi rationnellement les individus de leurs limites locales et nationales les a li s l chelle mondiale mais sa d raison est de les s parer de nouveau selon une logique cach e qui s exprime en id es folles en valorisations absurdes L tranger entoure partout l homme devenu tranger son monde Le barbare n est plus au bout de la Terre
68. e la survie de ses privil ges et elle passe par la survie physique du non poss dant une fa on de rester vivant dans l exploitation et l impossibilit d tre homme L accaparement et la domination des fins priv es sont ainsi impos es et ressenties primitivement comme un droit positif mais sur le mode 32 d une universalit n gative Valable pour tous justifi aux yeux de tous par raison divine ou naturelle le droit d appropriation privative s objective dans une illusion g n rale dans une transcendance universelle dans une loi essentielle o chacun titre individuel trouve assez d aise pour supporter les limites plus ou moins troites assign es son droit de vivre et aux conditions de vie en g n ral 6 Il faut comprendre la fonction de l ali nation comme condition de survie dans ce contexte social Le travail des non poss dants ob it aux m mes contradictions que le droit d appropriation particuli re Il les transforme en poss d s en fabricants d appropriation et en auteurs de leur propre exclusion mais il repr sente la seule chance de survie pour les esclaves les serfs les travailleurs si bien que l activit qui fait durer l existence en lui tant tout contenu finit par prendre un sens positif par un renversement d optique explicable et sinistre Non seulement le travail a t valoris sous sa forme de sacrifice dans l ancien r gime sous son aspect abrutissant dans l id ologie
69. e et pervertie c est le mythe et ce terme a t employ pour d signer l organisation de l apparence dans les soci t s unitaires c est dire dans les soci t s o le pouvoir esclavagiste tribal ou f odal est officiellement coiff par une autorit divine et o le sacr permet la mainmise du pouvoir sur la totalit 46 Or l harmonie fond e initialement sur le DON de soi englobe une forme de rapport qui va se d velopper devenir autonome et la d truire Ce rapport s appuie sur CHANGE parcellaire marchandise argent produit force de travail l change d une parcelle de soi qui fonde la notion de libert bourgeoise Il na t mesure que le commerce et la technique deviennent pr pond rants l int rieur des conomies de type agraire Avec la prise du pouvoir par la bourgeoisie unit du pouvoir dispara t L appropriation privative sacr e se la cise dans les m canismes capitalistes Lib r e de la mainmise du pouvoir la totalit est redevenue concr te imm diate L re parcellaire n est qu une suite d efforts pour reconqu rir une unit inaccessible ressusciter un ersatz de sacr pour y abriter le pouvoir Un moment r volutionnaire c est quand tout ce que la r alit pr sente trouve sa REPR SENTATION imm diate Tout le reste du temps le pouvoir hi rarchis de plus en plus loign de son apparat magique et mystique s emploie faire oublier que la totalit qui n t
70. e dans plusieurs disciplines Tous les romans policiers de la s rie noire se ressemblent intens ment et le seul effort de renouvellement portant sur le titre suffit leur conserver un public consid rable Dans la musique un titre exerce toujours une grande influence et rien ne justifie vraiment son choix Il ne serait donc pas mauvais d apporter une ultime correction au titre de la Symphonie h ro que en en faisant par exemple une Symphonie L nine Le titre contribue fortement d tourner l uvre mais une r action de l uvre sur le titre est in vitable De sorte que l on peut faire un usage tendu de titres pr cis emprunt s des publications scientifiques Biologie littorale des mers temp r es ou militaires Combats de nuit des petites unit s d infanterie et m me de beaucoup de phrases relev es dans les illustr s enfantins De merveilleux paysages s offrent la vue des navigateurs Pour finir il nous faut citer bri vement quelques aspects de ce que nous nommerons l ultrad tournement c est dire les tendances du d tournement s appliquer dans la vie sociale quotidienne Les gestes et les mots peuvent tre charg s d autres sens et l ont t constamment travers l histoire pour des raisons pratiques Les soci t s secr tes de l ancienne Chine disposaient d un grand raffinement de signes de 19 reconnaissance englobant la plupart des attitudes mondaines mani re de disposer des tas
71. e de terreur de n cessit et de renoncement s offre aux esclaves aux serviteurs tous ceux qui aspirent changer de peau et de condition elle est le reflet illusoire de leur participation la propri t illusion naturelle puisqu ils y participent effectivement par le sacrifice quotidien de leurs nergies ce que les anciens nommaient peine ou supplice et que nous appelons labeur ou travail puisque cette propri t ils la fabriquent dans le sens o elle les exclut Le ma tre lui n a d autre choix que de se cramponner la notion de sacrifice travail comme le Christ sa croix et ses clous 42 lui d authentifier le sacrifice sa fa on de renoncer apparemment son droit de jouissance exclusive et de cesser d exproprier en usant d une violence purement humaine c est dire sans m diation Le sublime du geste estompe la violence initiale la noblesse du sacrifice absout l homme des troupes sp ciales la brutalit du conqu rant s irradie dans une transcendance dont le r gne est immanent les dieux sont les d positaires intransigeants des droits les bergers irascibles d un troupeau pacifique et paisible d tre et de Vouloir tre Propri taire Le pari sur la transcendance et le sacrifice qu il implique sont la plus belle conqu te du ma tre sa plus belle soumission la n cessit de conqu rir Qui brigue quelque pouvoir et refuse la purification du renoncement brigand ou tyranneau se
72. e passage des appareils suscite la m me explosion de col re impuissante et de d fi insens et laisse une nouvelle tra n e de cadavres Mais il semble d cid ment qu il faudrait tuer toute cette ville pour lui faire quitter le pont Duarte Le lundi 26 avril au matin l ambassadeur Tapley Bennet Jr est rentr de Floride Le soir le navire d assaut SS Boxer avec quinze cents marines bord arrive devant Saint Domingue Marcel Niedergang dans Le Monde du 21 5 65 et du 5 6 65 Certains des extr mistes du nationalisme noir pour d montrer qu ils ne peuvent accepter moins qu un tat s par ont avanc l argument que la soci t am ricaine m me leur reconnaissant un jour toute l galit civique et conomique n arriverait jamais au niveau de Flindividu jusqu admettre le mariage interracial faut donc que ce soit cette soci t am ricaine qui disparaisse en Am rique et partout dans le monde La fin de tout pr jug racial comme la fin de tant d autres pr jug s li s aux inhibitions en mati re de libert sexuelle sera videmment au del du mariage lui m me au del de la famille bourgeoise fortement branl e chez les Noirs am ricains qui r gne aussi bien en Russie qu aux tats Unis comme mod le de rapport hi rarchique et de stabilit d un pouvoir h rit argent ou grade socio tatique On dit couramment depuis quelque temps de la jeunesse am ricaine qui apr s trente ans
73. e s est pas tendue aux propri taires noirs de magasins ni m me aux automobilistes noirs Luther King lui m me a d admettre que les limites de sa sp cialit taient franchies en d clarant Paris en octobre que ce n taient pas des meutes de race mais de classe CRITIQUE DE L URBANISME Supermarket Los Angeles ao t 1965 L Am rique s est aussit t pench e sur cette nouvelle plaie Depuis plusieurs mois sociologues politiciens psychologues conomistes experts en tous genres en ont sond la profondeur Ce n est pas un quartier au sens propre du terme mais une plaine d sesp r ment tendue et monotone l Am rique un tage toute en largeur ce qu un paysage am ricain peut avoir de plus morne avec ses maisons toit plat ses boutiques qui vendent toutes la m me chose ses d bitants de hamburgers ses stations service le tout d grad par la pauvret et la crasse La circulation automobile y est moins dense qu ailleurs mais celle des pi tons l est 82 peine plus tant les habitations semblent dispers es et les distances d courageantes Le passage des Blancs attire tous les regards des regards dans lesquels on lit sinon la haine du moins le sarcasme Encore des enqu teurs et autres sociologues qui viennent chercher des explications au lieu de nous fournir du travail s entend on dire souvent Quant au logement il peut sans doute tre am lior
74. ect la fin du processus le monopole sur le march vise ne laisser de choix qu entre l abat faim et la faim elle m me L utilit essentielle de la marchandise moderne est d tre achet e c est ainsi que par un de ces miracles dont elle a le secret et par la m diation du capital elle peut cr er des emplois 1 Et non plus dor navant d tre consomm e dig r e La saveur l odeur le tact m me sont abolis au profit des leurres qui garent en permanence la vue et les oreilles D o le recul g n ral de la sensualit qui va de pair avec le recul extravagant de la lucidit intellectuelle qui commence la racine avec la 103 perte de la lecture et de la plus grande partie du vocabulaire Pour l lecteur qui conduit lui m me sa voiture et regarde la t l vision aucune sorte de go t n a plus aucune sorte d importance c est pourquoi on peut lui faire manger Findus voter Fabius ou lire Bernard Henri L vy Le ph nom ne qui est mondial qui affecte d abord tous les pays conomiquement avanc s et qui r agit aussit t sur les pays soumis l arri ration du m me processus peut tre dat avec pr cision Quoique annonc par des modifications graduelles le tournant se manifeste tr s brusquement en deux ou trois ann es Il s est produit en France par exemple autour de 1970 environ dix ans plus t t dans l Europe du Nord dix ans plus tard dans l Europe du Sud La bourgeoisie avait dit
75. elle la vie libre serait vide de contenu Elle est ins parable de la n cessit de dissoudre la pr sente id ologie de la vie quotidienne donc les liens de l oppression 27 quotidienne pour que la classe r volutionnaire d couvre d un regard d sabus les usages existants et les libert s possibles La pratique de l utopie ne peut cependant avoir de sens que si elle est reli e troitement la pratique de la lutte r volutionnaire Celle ci son tour ne peut se passer d une telle utopie sous peine de st rilit Les chercheurs d une culture exp rimentale ne peuvent esp rer la r aliser sans le triomphe du mouvement r volutionnaire qui ne pourra lui m me instaurer des conditions r volutionnaires authentiques sans reprendre les efforts de l avant garde culturelle pour la critique de la vie quotidienne et sa reconstruction libre 4 La politique r volutionnaire a donc pour contenu la totalit des probl mes de la soci t Elle a pour forme une pratique exp rimentale de la vie libre travers la lutte organis e contre l ordre capitaliste Le mouvement r volutionnaire doit ainsi devenir lui m me un mouvement exp rimental D s pr sent l o il existe il doit d velopper et r soudre aussi profond ment que possible les probl mes d une micro soci t r volutionnaire Cette politique compl te culmine dans le moment de l action r volutionnaire quand les masses interviennent brusquement pour
76. ement qui ainsi cherche tre pouss jusqu au bout et ce bout est naturellement l activit pratique En octobre des dizaines de milliers de manifestants paraissent dans la rue New York et Berkeley contre la guerre au Vietnam et ils rejoignent les cris des meutiers de Watts Sortez de notre quartier et du Vietnam Chez les Blancs qui se radicalisent la fameuse fronti re de 86 la l galit est franchie on donne des cours pour apprendre frauder aux Conseils de R vision Le Monde 19 octobre 1965 on br le devant la T V des papiers militaires Dans la soci t de l abondance s exprime le d go t de cette abondance et de son prix Le spectacle est clabouss par l activit autonome d une couche avanc e qui nie ses valeurs Le prol tariat classique dans la REGISTER provisoirement l int grer au syst me capitaliste n avait pas int gr les Noirs plusieurs syndicats de Los Angeles refus rent les Noirs jusqu en 1959 et maintenant les Noirs sont le p le d unification pour tout ce qui refuse la logique de cette int gration au capitalisme nec plus ultra de toute int gration promise Et le confort ne sera jamais assez confortable pour satisfaire ceux qui cherchent ce qui n est pas sur le march ce que le march pr cis ment limine Le niveau atteint par la technologie des plus privil gi s devient une offense plus facile exprimer que l offense essentielle de la
77. ement radical des conditions de vie conditions qui sous toutes leurs formes sont celles de lappropriation privative un projet positif n a pas la moindre occasion d chapper une prise en charge par la n gativit qui r gne sur l expression des rapports sociaux il est r cup r comme l image dans le miroir en sens inverse Dans la perspective totalisante o il conditionne toute la vie de tous et o ne se distinguent plus son pouvoir r el et son pouvoir mythique tous deux r els et tous deux mythiques le mouvement d appropriation privative ne laisse au v cu d autre voie d expression que la voie n gative La vie tout enti re baigne dans une n gativit qui la corrode et la d finit formellement Parler de vie sonne aujourd hui comme parler de corde dans la maison d un pendu Perdue la cl du vouloir vivre toutes les portes s ouvrent sur des tombes Or le dialogue du coup de d et du hasard ne suffit plus pour justifier notre lassitude ceux qui acceptent encore de vivre en garni dans leur propre fatigue se font plus ais ment d eux m mes une image indolente qu ils n observent en chacun de leurs gestes quotidiens un d menti vivant de leur d sespoir un d menti qui devrait plut t les inciter ne d sesp rer que de leur pauvret d imagination De ces images qui sont comme un 41 oubli de vivre l ventail du choix s ouvre entre deux extr mes la brute conqu rante et la brute esclave d une part de l aut
78. ements antagonistes le stade supr me de la production marchande et le projet de sa n gation totale galement riches de contradictions en eux m mes grandissent ensemble lls sont les deux c t s par lesquels se manifeste un m me moment historique longtemps attendu et souvent pr vu sous des figures partielles inad quates l impossibilit de la continuation du fonctionnement du capitalisme L poque qui a tous les moyens techniques d alt rer absolument les conditions de vie sur toute la Terre est galement l poque qui par le m me d veloppement technique et scientifique s par dispose de tous les moyens de contr le et de pr vision math matiquement indubitable pour mesurer exactement par avance o m ne et vers quelle date la croissance automatique des forces productives ali n es de la soci t de classes c est dire pour mesurer la d gradation rapide des conditions m mes de la survie au sens le plus g n ral et le plus trivial du terme Tandis que des imb ciles pass istes dissertent encore sur et contre une critique esth tique de tout cela et croient se montrer lucides et modernes en affectant d pouser leur si cle en proclamant que l autoroute ou Sarcelles ont leur beaut que l on devrait pr f rer l inconfort des pittoresques quartiers anciens ou en faisant gravement remarquer que l ensemble de la population mange mieux en d pit des nostalgiques de la bonne cuisine d j le probl
79. en elle et contre elle Aux structures comportementales magiques et analogiques se sur impressionnent des structures comporte mentales rationnelles et logiques qui les nient et les conservent 48 math matique po tique conomie esth tique psychologie etc b Chaque fois que le Logos ou organisation de l apparence intelligible gagne en autonomie il tend se couper du sacr et se parcellariser De telle sorte qu il pr sente un double danger pour le pouvoir unitaire On sait d j que le sacr exprime la mainmise du pouvoir sur la totalit et que quiconque veut acc der la totalit doit passer par l interm diaire du pouvoir l interdit qui frappe les mystiques les alchimistes les gnostiques le prouve suffisamment Ceci explique aussi pourquoi le pouvoir actuel prot ge les sp cialistes en qui il reconna t confus ment les missionnaires d un Logos resacralis sans leur accorder pleine confiance Des signes existent historiquement qui attestent des efforts accomplis pour fonder dans le pouvoir unitaire mystique un pouvoir rival revendiquant son unit du Logos tels apparaissent le syncr tisme chr tien qui rend Dieu explicable psychologiquement le mouvement de la Renaissance la R forme et l Aufkl rung En s effor ant de maintenir l unit du Logos tous les ma tres avaient pleine conscience de ce que l unit seule fait le pouvoir stable Si l on y regarde de plus pr s leurs efforts n
80. ent directement la nature de cette impression Ainsi dans une m tagraphie relative la guerre d Espagne la phrase au sens le plus nettement r volutionnaire est cette r clame incompl te d une marque de rouge l vres les jolies l vres ont du rouge Dans une autre m tagraphie Mort de J H cent vingt cinq petites annonces sur la vente de d bits de boissons traduisent un suicide plus visiblement que les articles de journaux qui le relatent Les d formations introduites dans les l ments d tourn s doivent tendre se simplifier l extr me la principale force d un d tournement tant fonction directe de sa reconnaissance consciente ou trouble par la m moire C est bien connu Notons seulement qui si cette utilisation de 14 la m moire implique un choix du public pr alable l usage du d tournement ceci n est qu un cas particulier d une loi g n rale qui r git aussi bien le d tournement que tout autre mode d action sur le monde L id e d expression dans l absolu est morte et il ne survit momentan ment qu une singerie de cette pratique tant que nos autres ennemis survivent Le d tournement est d autant moins op rant qu il s approche d une r plique rationnelle C est le cas d un assez grand nombre de maximes retouch es par Lautr amont Plus le caract re rationnel de la r plique est apparent plus elle se confond avec le banal esprit de r partie pour lequel il s agit galement de faire servir les parol
81. es sans plus Au niveau du spectacle leur pouvoir est incontestable le candidat au Quitte ou double et l employ aux P et T d taillant longueur de journ e les raffinements m caniques de sa 2 CV s identifient l un et l autre au sp cialiste et l on sait le parti que les chefs de production tirent de pareilles identifications pour domestiquer les O S La v ritable mission des technocrates consisterait surtout unifier le Logos si par une des contradictions du pouvoir parcellaire ils ne restaient cantonn s dans un isolement d risoire Ali n s qu ils sont par leurs mutuelles interf rences ils connaissent le tout d une parcelle et toute r alisation leur chappe Quel contr le r el le technicien atomiste le strat ge le sp cialiste politique etc peuvent ils exercer sur une arme nucl aire Quel contr le absolu le pouvoir peut il esp rer imposer tous les gestes qui s bauchent contre lui Les acteurs sont si nombreux para tre sur sc ne que seul le chaos r gne en ma tre L ordre r gne et ne gouverne pas Notes ditoriales d S 6 57 Dans la mesure o le sp cialiste participe l laboration des instruments qui conditionnent et transforment le monde il amorce la r volte des privil gi s Jusqu pr sent pareille r volte s est appel e fascisme C est essentiellement une r volte d op ra Nietzsche n avait il pas vu en Wagner un pr curseur o les acteurs
82. es Noirs am ricains n ont pas de patrie Ils sont en Am rique chez eux et ali n s comme les autres Am ricains mais eux savent qu ils le sont Ainsi ils ne sont pas le secteur arri r de la soci t am ricaine mais son secteur le plus avanc Ils sont le n gatif en uvre le mauvais c t qui produit le mouvement qui fait l histoire en constituant la lutte Mis re de la philosophie Il n y a pas d Afrique pour cela Les Noirs am ricains sont le produit de l industrie moderne au m me titre que l lectronique la publicit et le cyclotron lls en portent les contradictions Ils sont les hommes que le paradis spectaculaire doit la fois int grer et repousser de sorte que l antagonisme du spectacle et de l activit des hommes s avoue leur propos compl tement Le spectacle est universel comme la marchandise Mais le monde de la marchandise tant fond sur une opposition de classes la marchandise est elle m me hi rarchique L obligation pour la marchandise et donc le spectacle qui informe le monde de la marchandise d tre la fois universelle et hi rarchique aboutit une hi rarchisation universelle Mais du fait que cette hi rarchisation doit rester inavou e elle se traduit en valorisations hi rarchiques inavouables parce qu irrationnelles dans un monde de la rationalisation sans raison C est cette hi rarchisation qui cr e partout les racismes l Angleterre travailliste en vient restrein
83. es de l adversaire contre lui Ceci n est naturellement pas limit au langage parl C est dans cet ordre d id es que nous e mes d battre le projet de quelques uns de nos camarades visant d tourner une affiche antisovi tique de l organisation fasciste Paix et Libert qui proclamait avec vues de drapeaux occidentaux emm l s l union fait la force en y ajoutant la phrase et les coalitions font la guerre Le d tournement par simple retournement est toujours le plus imm diat et le moins efficace Ce qui ne signifie pas qu il ne puisse avoir un aspect progressif Par exemple cette appellation pour une statue et un homme le Tigre dit Clemenceau De m me la messe noire oppose la construction d une ambiance qui se fonde sur une m taphysique donn e une construction d ambiance dans le m me cadre en renversant les valeurs conserv es de cette m taphysique Des quatre lois qui viennent d tre nonc es la premi re est essentielle et s applique universellement Les trois autres ne valent pratiquement que pour des l ments abusifs d tourn s Les premi res cons quences apparentes d une g n ration du d tournement outre les pouvoirs intrins ques de propagande qu il d tient seront la r appropriation d une foule de mauvais livres la participation massive d crivains ignor s la diff renciation toujours plus pouss e des phrases ou des uvres plastiques qui se trouveront tre la mode et surtout u
84. est donc pas seulement en modifier la distribution c est en red finir toutes les orientations superficielles et profondes C est le premier pas d une lutte immense d une port e infinie Les Noirs ne sont pas isol s dans leur lutte parce qu une nouvelle conscience prol tarienne la conscience de n tre en rien le ma tre de son activit de sa vie commence en Am rique dans des couches qui refusent le capitalisme moderne et de ce fait leur ressemblent La premi re phase de la lutte des Noirs justement a t le signal d une contestation qui s tend En d cembre 1964 les tudiants de Berkeley brim s dans leur participation au mouvement des droits civiques en sont venus faire une gr ve qui mettait en cause le fonctionnement de cette multiversit de Californie et travers ceci toute l organisation de la soci t am ricaine le r le passif qu on leur y destine Aussit t on d couvre dans la jeunesse tudiante les orgies de boisson ou de drogue et la dissolution de la morale sexuelle que l on reprochait aux Noirs Cette g n ration d tudiants a depuis invent une premi re forme de lutte contre le spectacle dominant le teach in et cette forme a t reprise le 20 octobre en Grande Bretagne l universit d dimbourg propos de la crise de Rhod sie Cette forme videmment primitive et impure c est e moment de la discussion des probl mes qui refuse de se limiter dans le temps acad miqu
85. est oublier qu ils sont le lest gr ce auquel le pouvoir s l ve et se met hors d atteinte Et supposer 43 qu un r gime jugeant que le sacrifice mythique des ma tres n a pas se vulgariser dans des formes aussi universelles s acharne les d truire et les pourchasser on est en droit de s inqui ter de ce que la gauche ne trouve pour le combattre qu une logomachie b lante o chaque mot rappelant le sacrifice dun ma tre ancien appelle le sacrifice non moins mythique d un ma tre nouveau un ma tre de gauche un pouvoir qui fusillera les travailleurs au nom du prol tariat Li la notion de sacrifice ce qui d finit humanisme appartient la peur des ma tres et la peur des esclaves il n est que solidarit dans une humanit foireuse Mais n importe quel mot prend la valeur d une arme d s qu il sert scander l action de quiconque refuse tout pouvoir hi rarchis Lautr amont et les anarchistes ill galistes l avaient d j compris les dada stes aussi L appropriateur devient donc poss dant d s l instant qu il remet la propri t des tres et des choses entre les mains de Dieu ou d une transcendance universelle dont la toute puissance rejaillit sur lui comme une gr ce sanctifiant ses moindres gestes contester le propri taire ainsi consacr c est s en prendre Dieu la nature la patrie au peuple S exclure en somme du monde physique et spirituel Pour qui assortit de
86. et les ennemis irr conciliables non certes de la grande majorit des 90 Am ricains mais du mode de vie ali n de toute la soci t moderne le pays le plus avanc industriellement ne fait que nous montrer le chemin qui sera suivi partout si le syst me n est pas renvers ALL THIS WORLD IS LIKE THIS VALLEY CALLED JARAMA CHANSON DU BATAILLON LINCOLN Les milices populaires ont craqu devant les chars et les mitrailleuses dans les quartiers nord de Saint Domingue Apr s quatre jours et quatre nuits de violents et sanglants combats les troupes du g n ral Imbert ont finalement r ussi pousser leur avance jusqu aux approches de l avenue Duarte et du march de Villa Consuelo 6 heures du matin mercredi l immeuble de Radio Santo Domingo tait pris d assaut Ce b timent qui abrite aussi la t l vision se trouve 200 m tres au nord de l avenue Francia et du corridor tenu par les marines Il avait t bombard jeudi dernier par les chasseurs du g n ral Wessin Des combats sporadiques se sont poursuivis toute la journ e de mercredi dans le nord est de la ville mais la r sistance populaire vient de subir sa premi re d faite Les civils se sont battus pratiquement tout seuls car peu de militaires ayant ralli le mouvement du colonel Camano se trouvaient au nord du corridor Les milices dans ce secteur sont surtout encadr es par des ouvriers appartenant au Mouvement Populaire Dominicain
87. i m me comme exploiteur comme tre purement n gatif Une telle conscience est peu probable et dangereuse En augmentant son autorit et son pouvoir sur le plus grand nombre possible de sujets ne leur permet il pas de se maintenir en vie ne leur accorde t il pas une chance unique de salut Sans les patrons qui 36 daignent les employer que deviendraient les ouvriers aimaient r p ter les bons esprits du xix si cle En fait le poss dant s exclut officiellement de la pr tention d appropriation privative Au sacrifice du non poss dant qui par son travail change sa vie r elle contre une vie apparente la seule qui l emp che de choisir d lib r ment la mort et qui permet au ma tre de la choisir pour lui le poss dant r pond en sacrifiant apparemment sa nature de poss dant et d exploiteur il s exclut mythiquement se met au service de tous et du mythe au service de Dieu et de son peuple par exemple Par un geste de surplus par une gratuit qui l enveloppe d une aura merveilleuse il donne au renoncement sa pure forme de r alit mythique en renon ant la vie commune il est le pauvre parmi la richesse illusoire celui qui se sacrifie pour tous au lieu que les autres ne se sacrifient que pour eux m mes pour leur survie Ce faisant il transmue la n cessit o il se trouve en prestige Son sacrifice est tout la mesure de sa puissance Il devient le point de r f rence vivant de toute la vie illusoi
88. idence sous le pouvoir des dieux transparaissait le pouvoir des hommes Au r le alors mythique jou par chacun sous les sunlights divins r pond aujourd hui une multitude de r les dont les masques pour tre des visages humains n en continuent pas moins d exiger de l acteur comme du figurant qu il nie sa vie r elle selon la dialectique du sacrifice mythique et du sacrifice r el Le spectacle n est que le mythe d sacralis et parcellaris II constitue la carapace dun pouvoir qu on pourrait appeler aussi m diation essentielle qui devient vuln rable tous coups d s qu il ne r ussit plus dissimuler dans la cacophonie o tous les cris s touffent et s harmonisent sa nature d appropriation privative Et le malheur qu elle distribue tous plus ou moins forte dose Dans le cadre d un pouvoir parcellaire rong par la d sacralisation les r les s appauvrissent comme le spectacle marque un appauvrissement 51 par rapport au mythe Ils trahissent le m canique et l artifice avec tant de lourdeur que le pouvoir pour parer la d nonciation populaire du spectacle na d autre ressource que de prendre l initiative de cette d nonciation avec plus de lourdeur encore en changeant d acteurs comme de minist res ou en organisant des pogromes de metteurs en sc ne putatifs ou pr fabriqu s agents de Moscou de Wall Street de la jud ocratie des deux cents familles Cela signifie aussi que chaque acteur ou f
89. iff rence pour un original vid de sens et oubli s emploierait rendre un certain sublime On sait que Lautr amont s est avanc si loin dans cette voie qu il se trouve encore partiellement incompris par ses admirateurs les plus affich s Malgr l vidence du proc d appliqu dans Po sies particuli rement sur la base de la morale de Pascal et Vauvenargues au langage th orique dans lequel Lautr amont veut faire aboutir les raisonnements par concentrations successives la seule maxime on s est tonn des r v lations d un nomm Viroux voici trois ou quatre ans qui emp chaient d sormais les plus born s de ne pas reconna tre dans les Chants de Maldoror un vaste d tournement de Buffon et d ouvrages d histoire naturelle entre autres Que les prosateurs du Figaro comme ce Viroux lui m me aient pu y voir une occasion de diminuer Lautr amont et que d autres aient cru devoir le d fendre en faisant l loge de son insolence voil qui ne t moigne que de la d bilit intellectuelle de vieillards des deux camps en lutte courtoise Un mot d ordre comme le Plagiat est n cessaire le progr s l implique est encore aussi mal compris et pour les m mes raisons que la phrase fameuse sur la po sie qui doit tre faite par tous L uvre de Lautr amont que son apparition extr mement pr matur e fait encore chapper en grande partie une critique exacte mis part les tendances au d tournement que
90. igurant de la vie a fait place malgr lui au cabotin que le style s est effac devant la mani re Le mythe en tant que totalit immobile englobait le mouvement exemple du p lerinage qui est accomplissement et aventure dans limmobilit D une part le spectacle ne saisit la totalit qu en la r duisant un fragment et une suite de fragments les Weltanschauung psychologique sociologique biologique philologique mythologique de l autre il se situe au confluent du mouvement de d sacralisation et des tentatives de resacralisation Ainsi ne r ussit il imposer l immobilit qu l int rieur du mouvement r el du mouvement qui le change malgr sa r sistance Dans l re parcellaire l organisation de l apparence fait du mouvement une succession lin aire d instants immobiles cette progression en cr maill re se trouve parfaitement illustr e par la diamat stalinienne Dans le cadre de ce que nous avons appel la colonisation de la vie quotidienne il n y a d autres changements que des changements de r les fragmentaires On est successivement et selon des convenances plus ou moins imp ratives citoyen p re de famille partenaire amoureux politicien sp cialiste homme de m tier producteur consommateur Et cependant quel gouvernant ne se sent gouvern tous s applique l adage baiseur parfois bais toujours L poque parcellaire naura du moins permis aucun doute sur ce point c est
91. ire et cumulatif venant de franchir un dernier seuil dans son progr s elle produit maintenant directement la mort La fonction derni re avou e essentielle de l conomie d velopp e aujourd hui dans le monde entier o r gne le travail marchandise qui assure tout le pouvoir ses patrons c est a production des emplois On est donc bien loin des id es progressistes du si cle pr c dent sur la diminution possible du travail humain par la multiplication scientifique et technique de la productivit qui tait cens e assurer toujours plus ais ment la satisfaction des besoins ant rieurement reconnus par tous comme r els et sans alt ration fondamentale de la qualit m me des biens qui se trouveraient disponibles C est pr sent pour produire des emplois jusque dans les campagnes vid es de paysans c est dire pour utiliser du travail humain en tant que travail ali n en tant que salariat que l on fait tout le reste et donc que l on menace stupidement les bases actuellement plus fragiles encore que la pens e d un Kennedy ou d un Brejnev de la vie de l esp ce 98 Le vieil oc an est en lui m me indiff rent la pollution mais l histoire ne l est pas Elle ne peut tre sauv e que par l abolition du travail marchandise Et jamais la conscience historique n a eu autant besoin de dominer de toute urgence son monde car l ennemi qui est sa porte n est plus l illusion mais sa mort Quand les
92. la patience la prosp rit am ricaine mais ils voient que cette prosp rit n est pas une sph re stable mais une chelle sans fin Plus ils montent plus ils s loignent du sommet parce qu ils sont d favoris s au d part parce qu ils sont moins qualifi s donc plus nombreux parmi les ch meurs et finalement parce que la hi rarchie qui les crase n est pas seulement celle du pouvoir d achat comme fait conomique pur elle est une inf riorit essentielle que leur imposent dans tous les aspects de la vie quotidienne les m urs et les pr jug s d une soci t o tout pouvoir humain est align sur le pouvoir d achat De m me que la richesse humaine des Noirs am ricains est ha ssable et consid r e comme criminelle la richesse en argent ne peut pas les rendre compl tement acceptables dans l ali nation am ricaine la richesse individuelle ne fera qu un riche n gre parce que les Noirs dans leur ensemble doivent 85 repr senter la pauvret d une soci t de richesse hi rarchis e Tous les observateurs ont entendu ce cri qui en appelait la reconnaissance universelle du sens du soul vement C est la r volution des Noirs et nous voulons que le monde le sache Freedom now est le mot de passe de toutes les r volutions de l histoire mais pour la premi re fois ce n est pas la mis re c est au contraire l abondance mat rielle qu il s agit de dominer selon de nouvelles lois Dominer l abondance n
93. ladies mentales y compris les craintes n vrotiques et les hallucinations qui ne sauraient manquer de se multiplier bient t sur le th me de la pollution elle m me dont on affiche partout l image alarmante et du suicide dont les taux d expansion recoupent d j exactement celui de l dification d un tel environnement pour ne rien dire des effets de la guerre atomique ou bact riologique dont les moyens sont en place comme l p e de Damocl s mais restent videmment vitables Bref si l ampleur et la r alit m me des terreurs de l An Mil sont encore un sujet controvers parmi les historiens la terreur de l An Deux Mille est aussi patente que bien fond e elle est d s pr sent certitude scientifique Cependant ce qui se passe n est rien de fonci rement nouveau c est seulement la fin forc e du processus ancien Une soci t toujours plus malade mais toujours plus puissante a recr partout concr tement le monde comme environnement et d cor de sa maladie 96 en tant que plan te malade Une soci t qui n est pas encore devenue homog ne et qui n est pas d termin e par elle m me mais toujours plus par une partie d elle m me qui se place au dessus d elle qui lui est ext rieure a d velopp un mouvement de domination de la nature qui ne s est pas domin lui m me Le capitalisme a enfin apport la preuve par son propre mouvement qu il ne peut plus d velopper les forces productives et ce
94. laquelle chacun de nos gestes proteste en y ob issant 9 Le mythe l absolu unitaire o les contradictions du monde se retrouvent illusoirement r solues la vision chaque instant harmonieuse et harmonis e o l ordre se contemple et se renforce voil le lieu du sacr la zone extra humaine d o est soigneusement bannie parmi tant de r v lations la r v lation du mouvement d appropriation privative Nietzsche l a bien vu qui crit Tout devenir est une mancipation coupable l gard de l tre ternel qu il faut payer de mort Lorsqu l tre pur de la f odalit la bourgeoisie pr tendra substituer le Devenir elle se bornera en fait d sacraliser l tre et resacraliser pour son plus grand profit le Devenir son devenir ainsi lev l tre non plus de la propri t absolue mais bien de l appropriation relative un petit devenir d mocratique et m canique avec sa notion de progr s de m rite et de succession causale Ce que le poss dant vit le dissimule lui m me li au mythe par un pacte de vie ou de mort il lui est interdit de se saisir dans sa jouissance positive et exclusive d un bien si ce n est travers l apparence v cue de sa propre exclusion et n est ce pas travers cette exclusion mythique que les non poss dants saisiront la r alit de leur exclusion Il porte la responsabilit d un groupe il assume le poids d un dieu Soumis sa b n diction comme sa
95. le et pour les m mes motifs l conomie c est dire l illusion pseudo conomique l a apport e et le spectacle l a trait e On ne discute que de sottises Faut il garder ou liminer les immigr s Naturellement le v ritable immigr n est pas l habitant permanent d origine trang re mais celui qui est per u et se per oit comme diff rent et destin le rester Beaucoup d immigr s ou leurs enfants ont la nationalit fran aise beaucoup de Polonais ou d Espagnols se sont finalement perdus dans la masse d une population fran aise qui tait autre Comme les d chets de l industrie atomique ou le p trole dans l Oc an et l on d finit moins vite et moins scientifiquement les seuils d intol rance les immigr s produits de la m me gestion du capitalisme moderne resteront pour des si cles des mill naires toujours lls resteront parce qu il tait beaucoup plus facile d liminer les Juifs d Allemagne au temps d Hitler que les maghr bins et autres d ici pr sent car il n existe en France ni un parti nazi ni le mythe d une race autochtone Faut il donc les assimiler ou respecter les diversit s culturelles Inepte faux choix Nous ne pouvons plus assimiler personne ni la jeunesse ni les travailleurs fran ais ni m me les provinciaux ou vieilles minorit s ethniques Corses Bretons etc car Paris ville d truite a perdu son r le historique qui tait de faire des Fran ai
96. le Les deux becs de la tenaille sont d une part la menace de d sint gration folie maladie clochardisation suicide de l autre les th rapeutiques t l command es celles l qui permettent la mort celles ci qui permettent la survie sans plus communication vide coh sion familiale ou amicale psychanalyse au service de l ali nation soins m dicaux ergoth rapie L I S devra se d finir t t ou tard comme th rapeutique 54 nous sommes pr ts prot ger la po sie faite par tous contre la fausse po sie agenc e par le pouvoir seul conditionnement Il importe que m decins et psychanalystes le comprennent aussi sous peine de subir un jour avec les architectes et les autres ap tres de la survie les cons quences de leurs actes 18 Tous les antagonismes non r solus non d pass s s affaiblissent Ces antagonismes ne peuvent voluer qu en restant prisonniers des formes anciennes non d pass es par exemple l art anti culturel dans le spectacle culturel Toute opposition radicale non victorieuse ou partiellement victorieuse ce qui est la m me chose s tiole peu peu en opposition r formiste Les oppositions parcellaires sont comme les dents des roues dent es elles s pousent et font tourner la machine du spectacle du pouvoir Le mythe maintenait tous les antagonismes dans l arch type du manich isme O trouver l arch type du manich isme dans une soci t parcellaire En v
97. le pouvoir exigent aujourd hui une analyse et un d veloppement tactique Il faut attendre beaucoup a du nouveau prol tariat qui d couvre son d nuement dans l abondance consommable voir le d veloppement des luttes 34 ouvri res qui commencent actuellement en Angleterre aussi bien que l attitude de la jeunesse rebelle dans tous les pays modernes b des pays qui insatisfaits de leurs r volutions parcellaires et truqu es rel guent au mus e leurs th oriciens pass s et pr sents voir le r le de intelligentsia dans les pays de l Est c du tiers monde dont la m fiance l gard des mythes technicistes a t entretenue par les flics et les mercenaires du colonat derniers militants trop z l s d une transcendance dont ils sont les meilleurs vaccins pr ventifs d de la force de lI S nos id es sont dans toutes les t tes capable d emp cher les r voltes t l command es les nuits de cristal et les r voltes acquies antes 8 L appropriation privative est li e la dialectique du particulier et du g n ral Dans la mystique o se fondent les contradictions des syst mes esclavagiste et f odal le non poss dant exclu en particulier du droit de possession s efforce par son travail d assurer sa survie il y r ussit d autant mieux qu il s efforce de s identifier aux int r ts du ma tre Il ne conna t les autres non poss dants qu travers leurs efforts pareils aux siens cession
98. les d sirs inassouvis dans une mise en spectacle toujours plus perfectionn e qui devient le mode dominants de rapport entre les tres D s lors le mouvement r volutionnaire ne proposera rien d autre ses partisans que la construction par eux m mes de leur propre vie Dans Banalit s de base 1 et 2 publi es dans les num ros 7 et 8 de la revue Internationale Situationniste en avril 1962 puis en janvier 1963 Raoul Vaneigem d masque les mensonges mythologiques qui travers les si cles ont justifi l appropriation privative et la domination des ma tres Mais l organisation mythique de l apparence disqualifi e par les r volutions bourgeoises se substitue d sormais la nouvelle raison technocratique et le spectacle marchand C est dans ce contexte que l Internationale Situationniste pr cise son projet r volutionnaire qui s attaque l a totalit de l ali nation dans un monde o le travail est le chantage la survie et o les besoins sont d termin s par le pouvoir All The king s Men paru en 1963 dans le num ro 8 de la revue Internationale Situationniste rappelle que le langage est un l ment central de la lutte r volutionnaire A l informationnisme des mots confisqu s par le pouvoir s oppose la po sie r volutionnaire la po sie r alis e sans po me qui transforme le r el et la vie Le d clin et la chute de l conomie spectaculaire marchande r dig par G
99. leur impose un laisser passer d termine leur place dans la production o certains font visiblement des heures suppl mentaires leur d livre en quelque sorte leur bulletin de paye Reconnaissons le s rieux du Humpty Dumpty de Lewis Carrol qui estime que toute la question pour d cider de l emploi des mots c est savoir qui sera le ma tre un point c est tout Et lui patron social en la mati re affirme qu il paie double ceux qu il emploie beaucoup Comprenons aussi le ph nom ne d insoumission des mots leur fuite leur r sistance ouverte qui se manifeste dans toute l criture moderne depuis Baudelaire jusqu aux dada stes et Joyce comme le sympt me de la crise r volutionnaire d ensemble dans la soci t Sous le contr le du pouvoir le langage d signe toujours autre chose que le v cu authentique C est pr cis ment l que r side la possibilit d une contestation compl te La confusion est devenue telle dans 71 l organisation du langage que la communication impos e par le pouvoir se d voile comme une imposture et une duperie C est en vain qu un embryon de pouvoir cybern ticien s efforce de placer le langage sous la d pendance des machines qu il contr le de telle sorte que l information soit d sormais la seule communication possible M me sur ce terrain des r sistances se manifestent et l on est en droit de consid rer la musique lectronique comme un essai videmment ambigu et limit de ren
100. lors que les conditions d existence de la soci t capitaliste n ont jamais pu tre conserv es elles se modifient sans interruption et toujours plus vite mais la d cision qui est toujours finalement d cision de laisser faire le processus m me de la production marchande est enti rement laiss e des sp cialistes publicistes qu ils soient seuls dans la course ou bien en concurrence avec ceux qui vont faire la m me chose et d ailleurs l annoncent hautement Cependant l homme qui vient de voter librement pour les gaullistes ou le P C F tout autant que l homme qui vient de voter contraint et forc pour un Gomulka est capable de montrer ce qu il est vraiment la semaine d apr s en participant une gr ve sauvage ou une insurrection La soi disant lutte contre la pollution par son c t tatique et r glementaire va d abord cr er de nouvelles sp cialisations des services minist riels des jobs de l avancement bureaucratique Et son efficacit sera tout fait la mesure de tels moyens Elle ne peut 100 devenir une volont r elle qu en transformant le syst me productif actuel dans ses racines m mes Et elle ne peut tre appliqu e fermement qu l instant o toutes ses d cisions prises d mocratiquement en pleine connaissance de cause par les producteurs seront tout instant contr l es et ex cut es par les producteurs eux m mes par exemple les navires d verseront immanqu
101. m fait particulier de l accomplissement du capitalisme et de la logique marchande la d gradation des aliments l an antissement de leur go t leur empoisonnement par l industrie chimique et leur rel gation au rang de simple Abat faim Mais la diffusion massive de ces ersatz de nourriture dans les pays dits riches s accompagne encore de l expansion de la famine dans les pays pauvres par la destruction des cultures vivri re r clam e par le march mondial R dig es en 1985 et publi es en 1986 par Mezioud Ouldamer dans Le cauchemar immigr dans la d composition de la France ces Notes sur la question des immigr s permettent Guy Debord de d noncer l inanit de la question immigr e pos e par le Spectacle et de r v ler sa signification v ritable La soci t actuelle n assimile plus rien ni personne mais ne peut qu uniformiser des spectateurs Et dans le monde de la d possession et de l ali nation forg par le capitalisme chacun devient un tranger La question des immigr s ne se pose plus car il n y a plus que des immigr s Esprit68 ao t 2012 10 Mode d emploi du d tournement Paru initialement dans LES L VRES NUES N 8 MAI 1956 Tous les esprits un peu avertis de notre temps s accordent sur cette vidence qu il est devenu impossible l art de se soutenir comme activit sup rieure ou m me comme activit de compensation laquelle on puisse honorablement s ad
102. me de la d gradation de la totalit de l environnement naturel et humain a 95 compl tement cess de se poser sur le plan de la pr tendue qualit ancienne esth tique ou autre pour devenir radicalement le probl me m me de a possibilit mat rielle d existence du monde qui poursuit un tel mouvement L impossibilit est en fait d j parfaitement d montr e par toute la connaissance scientifique s par e qui ne discute plus que de l ch ance et des palliatifs qui pourraient si on les appliquait fermement la reculer l g rement Une telle science ne peut qu accompagner vers la destruction le monde qui l a produite et qui a tient mais elle est forc e de le faire avec les yeux ouverts Elle montre ainsi un degr caricatural l inutilit de la connaissance sans emploi On mesure et on extrapole avec une pr cision excellente l augmentation rapide de la pollution chimique de l atmosph re respirable de l eau des rivi res des lacs et d j des oc ans et l augmentation irr versible de la radioactivit accumul e par le d veloppement pacifique de l nergie nucl aire des effets du bruit de l envahissement de l espace par des produits en mati res plastiques qui peuvent pr tendre une ternit de d potoir universel de la natalit folle de la falsification insens e des aliments de la l pre urbanistique qui s tale toujours plus la place de ce que furent la ville et la campagne ainsi que des ma
103. n public et en garant du salut commun alors le prestige vient couronner la force ses privil ges il ajoute celui de nier au niveau de l apparence qui est le seul niveau de r f rence dans la communication tronqu e la notion m me d appropriation personnelle il d nie ce droit quiconque il nie les autres poss dants Dans la perspective f odale le poss dant ne s int gre pas dans l apparence la fa on des non poss dants esclaves soldats fonctionnaires serviteurs de tout acabit Ceux ci connaissent une vie si sordide que pour la plupart il n est d autre choix que de la vivre comme une caricature du Ma tre le f odal le prince le majordome le garde chiourme le grand pr tre Dieu Satan Cependant le ma tre est contraint de tenir le r le d une telle caricature Il y r ussit sans grand effort tant il est d j caricatural dans sa pr tention de vivre totalement dans l isolement o le tiennent ceux qui ne peuvent que survivre il est d j avec la grandeur de l poque r volue en sus grandeur pass e qui conf rait la tristesse une saveur d sirable et forte de cette esp ce qui est la n tre aujourd hui triste pareil chacun de nous guettant l aventure o il br le de se rejoindre de se retrouver sur le chemin de sa totale perdition Ce que le ma tre saisit des autres dans le moment m me o il les ali ne serait ce leur nature d exclu et de poss d Dans ce cas il se r v lerait lu
104. ne est lui m me subordonn la direction proprement dite qui est seule d tenir th oriquement la compr hension d ensemble puisque c est elle qui impose la production son sens sous forme d objectifs g n raux Cependant cette compr hension et ces objectifs sont eux m mes envahis par l arbitraire puisque coup s de la pratique et m me de toutes les connaissances r alistes que personne n a int r t transmettre L activit sociale globale est ainsi scind e en trois niveaux l atelier le bureau la direction La culture au sens de compr hension active et 21 pratique de la soci t est galement d coup e en ces trois moments L unit n en est reconstitu e en fait que par une transgression permanente des hommes hors de la sph re o les cantonne l organigramme social c est dire d une mani re clandestine et parcellaire 2 Le m canisme de constitution de la culture se ram ne ainsi une r ification des activit s humaines qui assure la fixation du vivant et sa transmission sur le mod le de la transmission des marchandises qui s efforce de garantir une domination du pass sur le futur Un tel fonctionnement culturel entre en contradiction avec l imp ratif constant du capitalisme qui est d obtenir l adh sion des hommes et de solliciter tout instant leur activit cr atrice dans le cadre troit o il les emprisonne En somme l ordre capitaliste ne vit qu condition de projeter sa
105. ne facilit de la 15 production d passant de tr s loin par la quantit la vari t et la qualit l criture automatique d ennuyeuse m moire Non seulement le d tournement conduit la d couverte de nouveaux aspects du talent mais encore se heurtant de front toutes les conventions mondaines et juridiques il ne peut manquer d appara tre un puissant instrument culturel au service d une lutte de classes bien comprise Le bon march de ses produits est la grosse artillerie avec laquelle on bat en br che toutes les murailles de Chine de l intelligence Voici un r el moyen d enseignement artistique prol tarien la premi re bauche d un communisme litt raire Les propositions et les r alisations sur le terrain du d tournement se multiplient volont Limitons nous pour le moment montrer quelques possibilit s concr tes partir des divers secteurs actuels de la communication tant bien entendu que ces divisions n ont de valeur qu en fonction des techniques d aujourd hui et tendent toutes dispara tre au profit de synth ses sup rieures avec les progr s de ces techniques Outre les diverses utilisations imm diates des phrases d tourn es dans les affiches le disque ou l mission radiophonique les deux principales applications de la prose d tourn e sont l criture m tagraphique et dans une moindre mesure le cadre romanesque habilement perverti Le d tournement d une uvre romanesque compl
106. nforce l impossible au niveau du v cu authentique b l impossible c est dire les limites impos es au v cu r el par l appropriation privative d termine le champ des possibles abstraits La survie est deux dimensions Contre une telle r duction quelles sont les forces qui peuvent mettre l accent sur ce qui constitue le probl me quotidien de tous les tres humains la dialectique de la survie et de la vie Ou bien les forces pr cises sur lesquelles lI S a mis rendront possible le d passement de ces contraires et r uniront l espace et le temps dans la construction de la vie quotidienne ou bien vie et survie vont se scl roser dans un antagonisme att nu jusqu l ultime confusion et l ultime pauvret 27 La r alit v cue est parcellaris e et tiquet e spectaculairement en cat gories qu elles soient biologiques sociologiques ou autres qui rel vent du communicable mais ne communiquent jamais que des faits vid s de leur contenu authentiquement v cu C est en quoi le pouvoir hi rarchis qui emprisonne chacun dans le m canisme objectif de l appropriation privative admission exclusion voir paragraphe 3 est aussi dictature sur la subjectivit C est en tant que dictateur sur la subjectivit qu il contraint avec des chances limit es de succ s chaque subjectivit individuelle s objectiver c est dire devenir un objet qu il manipule II y a l une dialectique extr mement int ressante
107. nne La survie devient le stade le plus achev de la vie organis e sur le mode du souvenir reproduit m caniquement 28 Jusqu pr sent l approche de la totalit a t falsifi e Le pouvoir s intercale parasitairement comme une m diation indispensable entre les hommes et la nature Or seule la praxis fonde le rapport entre les hommes et la nature C est elle qui brise sans arr t la couche de mensonge dont le mythe et ses succ dan s tentent d exprimer la coh rence La praxis m me ali n e est ce qui maintient le contact avec la totalit En r v lant son caract re fragmentaire la praxis r v le du m me coup la totalit r elle la r alit elle est la totalit qui se r alise travers son contraire le fragment Dans la perspective de la praxis tout fragment est totalit Dans la perspective du pouvoir qui ali ne la praxis tout fragment est totalitaire Ceci doit suffire pour torpiller les efforts que le pouvoir cybern ticien va 65 d ployer pour englober la praxis dans une mystique encore qu il ne faille pas sous estimer le s rieux de ces efforts Tout ce qui est praxis entre dans notre projet il y entre avec sa part d ali nation avec les impuret s du pouvoir mais nous sommes m me de filtrer Nous mettrons en lumi re la force et la puret des gestes de refus aussi bien que des man uvres d assujettissement non dans une vision manich enne mais en faisant voluer par notre propre stra
108. noncement soi m me il faut que le v cu se d finisse comme sacrifice et r compense Pour prix de son asc se l initi ouvrier promu le sp cialiste le manager nouveaux martyrs canonis s d mocratiquement re oit un abri taill dans l organisation de l apparence il s installe confortablement dans l ali nation Or les abris collectifs ont disparu avec les soci t s unitaires seules subsistent leurs traductions concr tes l usage du commun temples glises palais souvenirs d une protection universelle Restent aujourd hui les abris 40 individuels dont on peut contester l efficacit mais dont on conna t le prix en toute certitude 12 La vie priv e se d finit avant tout dans un contexte formel Certes elle prend naissance dans les rapports sociaux n s de l appropriation privative mais c est l expression de ces rapports qui lui donne sa forme essentielle Universelle incontestable et chaque instant contest e une telle forme fait de l appropriation un droit reconnu tous et dont chacun est exclu un droit auquel on n acc de qu en y renon ant Pour autant qu il ne brise pas le contexte o il se trouve emprisonn rupture qui a nom r volution le v cu le plus authentique n est pris en conscience exprim et communiqu que par un mouvement d inversion de signe o sa contradiction fondamentale se dissimule En d autres termes s il renonce prolonger une praxis de boulevers
109. ns cesse devant lui un nouveau pass Ceci est particuli rement v rifiable dans le secteur proprement culturel dont toute la publicit p riodique est fond e sur le lancement de fausses nouveaut s 3 Le travail tend ainsi tre ramen l ex cution pure donc rendu absurde Au fur et mesure que la technique poursuit son volution elle se dilue le travail se simplifie son absurdit s approfondit Mais cette absurdit s tend aux bureaux et aux laboratoires les d terminations finales de leur activit se trouvent en dehors d eux dans la sph re politique de la direction d ensemble de la soci t D autre part au fur et mesure que l activit des bureaux et des laboratoires est int gr e au fonctionnement d ensemble du capitalisme l imp ratif d une r cup ration de cette activit lui impose d y introduire la division capitaliste du travail c est dire la parcellarisation et la hi rarchisation Le probl me logique de la synth se scientifique est alors t lescop avec le probl me social de la centralisation Le r sultat de ces transformations est contrairement aux apparences une inculture g n ralis e tous les niveaux de la connaissance la synth se 22 scientifique ne s effectue plus la science ne se comprend plus elle m me La science n est plus pour les hommes d aujourd hui une clarification v ritable et en actes de leur rapport avec le monde elle a d truit les anciennes repr sent
110. ns d un pouvoir concentr et d une repr sentation de masse existent dans lI S lorsqu elle rappelle 68 qu elle d tient le qualitatif et que ses id es sont dans la t te de tous Cependant nous refusons la fois la concentration d un pouvoir et le droit de repr senter conscients que nous prenons d s cet instant la seule attitude publique car nous ne pouvons viter de nous faire conna tre jusqu un certain point sur le mode spectaculaire qui puisse donner ceux qui se d couvrent sur nos positions th oriques et pratiques le pouvoir r volutionnaire le pouvoir sans m diation le pouvoir contenant l action directe de tous L image pilote serait la colonne Durutti passant de ville en village liquidant les l ments bourgeois et laissant aux travailleurs le soin de s organiser b L intelligentsia est la galerie des glaces du pouvoir Contestant le pouvoir elle n offre jamais que des identifications cathartiques la passivit de ceux dont chaque geste bauche une contestation r elle Le radicalisme du geste non de la th orie videmment que l on a pu voir dans la d claration des 121 a cependant montr quelques possibilit s diff rentes Nous sommes capables de pr cipiter cette crise mais nous ne pouvons le faire qu en entrant comme pouvoir dans l intelligentsia et contre elle Cette phase qui doit pr c der celle d crite dans le point a et tre englob e par elle va nous placer dans
111. ns le mythe La force de l illusion est telle que la vie authentiquement v cue puise sa signification dans ce qui n est pas elle de l cette condamnation cl ricale de la vie r duite la pure contingence la mat rialit sordide la vaine apparence et l tat le plus bas d une transcendance qui se d grade mesure qu elle chappe l organisation mythique Dieu se portait garant de l espace et du temps dont les coordonn es d finissaient la soci t unitaire Il tait le point de r f rence commun tous les hommes en lui l espace et le temps se r unissaient comme en lui les tres s unissaient leur destin Dans l re parcellaire l homme 60 reste cartel entre un temps et un espace qu aucune transcendance ne vient unifier par la m diation d un pouvoir centralis Nous vivons dans un espace temps dissoci Priv de tout point de r f rence et de toute coordonn e comme si nous ne devions jamais entrer en contact avec nous m mes bien que tout nous y convie Il y a un lieu o l on se fait et un temps o l on se joue L espace de la vie quotidienne o l on se r alise r ellement est encercl par tous les conditionnements L espace troit de notre r alisation effective nous d finit et cependant nous nous d finissons dans le temps du spectacle Ou encore notre conscience n est plus conscience du mythe et de l tre particulier dans le mythe mais bien conscience du spectacle
112. ntend se d finir de fa on autonome donc partielle et ne tient pas compte de ce qu elle est d finie en fait par la n gativit dans laquelle toute chose est en suspens Elle pr tend se poser sur les sables mouvants comme s il s agissait d une piste de b ton Le m pris et la m connaissance du contexte fix par le pouvoir hi rarchis n aboutit qu renforcer ce contexte Par contre les gestes spontan s que nous voyons partout s esquisser contre le pouvoir 56 et son spectacle doivent tre avertis de tous les obstacles et trouver une tactique tenant compte de la force de l adversaire et de ses moyens de r cup ration Cette tactique que nous allons populariser c est le d tournement 20 Le sacrifice ne se con oit pas sans r compense En change de leur sacrifice r el les travailleurs re oivent les instruments de leur lib ration confort gadgets mais c est l une lib ration purement fictive puisque le pouvoir d tient le mode d emploi de tout l quipement mat riel puisque le pouvoir utilise ses propres fins et les instruments et ceux qui en usent Les r volutions chr tienne et bourgeoise ont d mocratis le sacrifice mythique ou sacrifice du ma tre Aujourd hui les initi s sont l gion qui recueillent des miettes de pouvoir en mettant au service de tous la totalit de leur savoir partiel On ne les nomme plus initi s on ne les nomme pas encore pr tres du Logos mais sp cialist
113. onner La cause de ce d p rissement est visiblement l apparition de forces productives qui n cessitent d autres rapports de production et une nouvelle pratique de la vie Dans la phase de guerre civile o nous nous trouvons engag s et en liaison troite avec l orientation que nous d couvrirons pour certaines activit s sup rieures venir nous pouvons consid rer que tous les moyens d expression connus vont confluer dans un mouvement g n ral de propagande qui doit embrasser tous les aspects en perp tuelle interaction de la r alit sociale Sur les formes et la nature m me d une propagande ducative plusieurs opinions s affrontent g n ralement inspir es par les diverses politiques r formistes actuellement en vogue Qu il nous suffise de d clarer que pour nous sur le plan culturel comme sur le plan strictement politique les pr misses de la r volution ne sont pas seulement m res elles ont commenc pourrir Non seulement le retour en arri re mais la poursuite des objectifs culturels actuels parce qu ils d pendent en r alit des formations id ologiques d une soci t pass e qui a prolong son agonie jusqu ce jour ne peuvent avoir d efficacit que r actionnaire L innovation extr miste a seule une justification historique Dans son ensemble l h ritage litt raire et artistique de l humanit doit tre utilis des fins de propagande partisane Il s agit bien entendu de passer au del de toute
114. out est am nag en d sert la cit dortoir l autoroute le parking Le lieu de la consommation est le d sert Cependant la soci t constitu e dans l usine domine sans partage ce d sert Le v ritable usage des biens est simplement de parure sociale tous les signes de prestige et de diff renciation achet s devenant d ailleurs en m me temps obligatoires pour tous comme tendance fatale de la marchandise industrielle L usine se r p te dans les loisirs sur le mode des signes avec toutefois une marge de transposition possible suffisante pour permettre de compenser quelques frustrations Le monde de la consommation est en r alit celui de la mise en spectacle de tous pour tous c est dire de la division de l tranget et de la non participation entre tous La sph re directoriale est le metteur en sc ne s v re de ce spectacle compos automatiquement et pauvrement en fonction d imp ratifs ext rieurs la soci t signifi s en valeurs absurdes et les directeurs eux m mes en tant qu hommes vivants peuvent tre consid r s comme victimes de ce robot metteur en sc ne 24 7 En dehors du travail le spectacle est le mode dominant de mise en rapport des hommes entre eux C est seulement travers le spectacle que les hommes prennent une connaissance falsifi e de certains aspects d ensemble de la vie sociale depuis les exploits scientifiques ou techniques jusqu aux types de conduite r gnant
115. ouvements insurrectionnels ou les grandes individualit s ont abandonn au cours de l histoire 30 Il y aurait beaucoup d autres banalit s reprendre et retourner Les meilleures choses n ont jamais de fin Avant de relire ce qui pr c de et qu un esprit m diocre peut comprendre la troisi me tentative il est bon de consacrer au texte suivant une attention d autant plus soutenue que ces notes fragmentaires comme les autres appellent des discussions et des mises au point Il s agit d une question centrale l I S et le pouvoir r volutionnaire L I S consid rant conjointement la crise des partis de masse et la crise des lites devra se d finir comme d passement du C C bolch vik d passement du parti de masse et du projet nietzsch en d passement de l intelligentsia a Chaque fois qu un pouvoir s est pr sent comme dirigeant d une volont r volutionnaire il a sap a priori le pouvoir de la r volution Le C C bolch vik se d finissait simultan ment comme concentration et repr sentation Concentration dun pouvoir antagoniste au pouvoir bourgeois et repr sentation de la volont des masses Cette double caract ristique le d terminait n tre bient t plus qu un pouvoir vid un pouvoir repr sentation vide et par suite rejoindre dans une forme commune la bureaucratie le pouvoir bourgeois soumis sur sa pression une volution similaire Virtuellement les conditio
116. parlent les analphab tes d aujourd hui ou Fabius Bonjour les d g ts gt ou Fran oise Castro Ca t habite ou a t effleure gt ou B H L vy Ne va t on pas clairement m me s il n y avait aucun immigr vers la perte de tout langage articul et de tout raisonnement Quelles chansons coute la jeunesse pr sente Quelles sectes infiniment plus ridicules que l islam ou le catholicisme ont conquis facilement une emprise sur une certaine fraction des idiots instruits contemporains Moon etc Sans faire mention des autistes ou d biles profonds que de telles sectes ne recrutent pas parce qu il n y a pas d int r t conomique dans l exploitation de ce b tail on le laisse donc en charge aux pouvoirs publics Nous nous sommes faits am ricains Il est normal que nous trouvions ici tous les mis rables probl mes des USA de la drogue la Mafia du fast food la prolif ration des ethnies Par exemple l Italie et l Espagne am ricanis es en surface et m me une assez grande profondeur ne sont pas m lang es ethniquement En ce sens elles restent plus largement europ ennes comme l Alg rie est nord africaine Nous 110 avons ici les ennuis de l Am rique sans en avoir la force Il n est pas s r que le melting pot am ricain fonctionne encore longtemps par exemple avec les Chicanos qui ont une autre langue Mais il est tout fait s r qu il ne peut pas un moment fonctionner ici Parce que c est
117. pauvres ma tres de la soci t dont nous voyons le d plorable aboutissement bien pire que toutes les condamnations que purent fulminer autrefois les plus radicaux des utopistes doivent pr sentement avouer que notre environnement est devenu social que la gestion de tout est devenue une affaire directement politique jusqu l herbe des champs et la possibilit de boire jusqu la possibilit de dormir sans trop de somnif res ou de se laver sans souffrir d allergies dans un tel moment on voit bien aussi que la vieille politique sp cialis e doit avouer qu elle est compl tement finie Elle est finie dans la forme supr me de son volontarisme le pouvoir bureaucratique totalitaire des r gimes dits socialistes parce que les bureaucrates au pouvoir ne se sont m me pas montr s capables de g rer le stade ant rieur de l conomie capitaliste S ils polluent beaucoup moins les tats Unis eux seuls produisent 50 de la pollution mondiale c est parce qu ils sont beaucoup plus pauvres Ils ne peuvent comme par exemple la Chine en y bloquant une part disproportionn e de son budget de mis re que se payer la part de pollution de prestige des puissances pauvres quelques red couvertes et perfectionnements dans les techniques de la guerre thermonucl aire ou plus exactement de son spectacle mena ant Tant de pauvret mat rielle et mentale soutenue par tant de terrorisme condamne les bureaucraties au pouvoir Et ce qui
118. pectacle ne doivent pas r pandre des v rit s aussi dangereuses Ils les taisent Tous y trouvent leur int r t Et l individu r el isol qui ne se fie pas son propre go t et ses propres exp riences ne peut se fier qu la tromperie socialement organis e Un syndicat pourrait il le dire Il ne 106 peut dire ce qui serait irresponsable et r volutionnaire Le syndicat d fend en principe les int r ts des salari s dans le cadre du salariat Il d fendait par exemple leur bifteck Mais c tait un bifteck abstrait aujourd hui cest quelque chose d encore plus abstrait leur travail qu il d fend ou plut t qu il ne d fend pas Quand le bifteck r el a presque disparu ces sp cialistes ne l ont pas vu dispara tre du moins officiellement Car le bifteck qui existe encore clandestinement celui fait d une viande lev e sans chimie son prix est videmment plus lev et r v ler sa simple existence branlerait fort les colonnes du temple de la politique contractuelle La consommation abstraite de marchandises abstraites s est donn visiblement ses lois quoiqu elles ne fonctionnent pas trop bien dans les r glements de ce qui se fait appeler March commun C est m me la principale r alit effective de cette institution Toute tradition historique doit dispara tre et l abstraction devra r gner dans l absence g n rale de la qualit voir l article Abstraction Tous les pays n
119. qu il conviendrait d analyser de plus pr s cf la r alisation objective dans la subjectivit qui est celle du pouvoir et la r alisation objective dans objectivit qui entre dans la praxis de construction de la vie quotidienne et de destruction du pouvoir 64 Or les faits sont priv s de contenu au nom du communicable au nom d une universalit abstraite au nom d une harmonie pervertie o chacun se r alise en sens inverse Dans une telle perspective l I S se situe dans la ligne de contestation qui passe par Sade Fourier Lewis Caroll Lautr amont le surr alisme le lettrisme du moins dans ses courants les moins connus qui furent les plus extr mes Dans un fragment rig en totalit chaque parcelle est elle m me totalitaire L individualisme a trait la sensibilit le d sir la volont l intelligence le bon go t le subconscient et toutes les cat gories du moi comme des absolus La sociologie vient enrichir aujourd hui les cat gories psychologiques mais la vari t introduite dans les r les ne fait qu accentuer davantage encore la monotonie du r flexe d identification La libert du survivant sera d assumer le constituant abstrait auquel il aura choisi de se r duire Une fois cart e toute r alisation r elle il ne reste qu une dramaturgie psychosociologique o l int riorit sert de trop plein pour vacuer les d pouilles dont on s est rev tu dans l exhibition quotidie
120. que et l volution des mentalit s L environnement qui est reconstruit toujours plus h tivement pour le contr le r pressif et le profit en m me temps devient plus fragile et incite davantage au vandalisme Le capitalisme son stade spectaculaire reb tit tout en toc et produit des incendiaires Ainsi son d cor devient partout inflammable comme un coll ge de France Avec la pr sence des immigr s qui a d j servi certains syndicalistes susceptibles de d noncer comme guerres de religions certaines gr ves ouvri res qu ils n avaient pu contr ler on peut tre assur s que 111 les pouvoirs existants vont favoriser le d veloppement en grandeur r elle des petites exp riences d affrontements que nous avons vu mises en sc ne travers des terroristes r els ou faux ou des supporters d quipes de football rivales pas seulement des supporters anglais Mais on comprend bien pourquoi tous les responsables politiques y compris les leaders du Front national s emploient minimiser la gravit du probl me immigr Tout ce qu ils veulent tous conserver leur interdit de regarder un seul probl me en face et dans son v ritable contexte Les uns feignent de croire que ce n est qu une affaire de bonne volont anti raciste imposer et les autres qu il s agit de faire reconna tre les droits mod r s d une juste x nophobie Et tous collaborent pour consid rer cette question comme si elle
121. r ification La r volte de Los Angeles est la premi re de l histoire qui ait pu souvent se justifier elle m me en arguant du manque d air conditionn pendant une vague de chaleur Les Noirs ont en Am rique leur propre spectacle leur presse leurs revues et leurs vedettes de couleur et ainsi ils le reconnaissent et le vomissent comme spectacle fallacieux comme expression de leur indignit parce qu ils le voient minoritaire simple appendice d un spectacle g n ral Ils reconnaissent que ce spectacle de leur consommation souhaitable est une colonie de celui des Blancs et ils voient donc plus vite le mensonge de tout le spectacle conomico culturel Ils demandent en voulant effectivement et tout de suite participer l abondance qui est la valeur officielle de tout Am ricain la r alisation galitaire du spectacle de la vie quotidienne en Am rique la 87 mise l preuve des valeurs mi c lestes mi terrestres de ce spectacle Mais il est dans l essence du spectacle de n tre pas r alisable imm diatement ni galitairement m me pour les Blancs les Noirs font justement fonction de caution spectaculaire parfaite de cette in galit stimulante dans la course l abondance Quand les Noirs exigent de prendre la lettre le spectacle capitaliste ils rejettent d j le spectacle m me Le spectacle est une drogue pour esclave Il n entend pas tre pris au mot mais suivi un infime degr de retard s il ny
122. r ailleurs fermement attach s Comment cerner les mots cl s avec d autres mots Comment montrer l aide de phrases quels signes d noncent l organisation phras ologique de l apparence Les meilleurs textes attendent leur justification Quand un po me de Mallarm appara tra comme seule explication d un acte de r volte alors il sera permis de parler sans ambigu t de po sie et de r volution Attendre et pr parer ce moment c est manipuler l information non comme la derni re onde de choc dont tout le monde ignore l importance mais bien comme la premi re r percussion d un acte venir 11 N dans la volont des hommes de survivre aux forces incontr lables de la nature le mythe est une politique de salut public qui s est maintenue au del de sa n cessit et s est confirm e dans sa force tyrannique en r duisant la vie l unique dimension de la survie en la niant comme mouvement et totalit Contest le mythe unifie ses contestations il les englobe et les dig re t t ou tard Rien ne lui r siste de ce qui image ou concept tente de d truire les structures spirituelles et dominantes r gne sur l expression des faits et du v cu laquelle il impose sa structure interpr tative dramatisation La conscience du v cu qui trouve son expression au niveau de l apparence organis e d finit la conscience priv e Le sacrifice compens nourrit le mythe Puisque toute vie individuelle implique un re
123. ra t donc comme n cessaire Nous remettons plus tard le d veloppement de ces th ses GUY ERNEST DEBORD et GIL J WOLMAN Mai 1956 20 Pr liminaires pour une d finition de l unit du programme r volutionnaire I Le capitalisme soci t sans culture 1 On peut d finir la culture comme l ensemble des instruments par lesquels une soci t se pense et se montre elle m me et donc choisit tous les aspects de l emploi de sa plus value disponible c est dire l organisation de tout ce qui d passe les n cessit s imm diates de sa reproduction Toutes les formes de soci t capitaliste aujourd hui apparaissent en derni re analyse fond es sur la division stable l chelle des masses et g n ralis e entre les dirigeants et les ex cutants Transpos e sur le plan de la culture cette caract risation signifie la s paration entre le comprendre et le faire l incapacit d organiser sur la base de l exploitation permanente quelque fin que ce soit le mouvement toujours acc l r de la domination de la nature En effet dominer la production pour la classe capitaliste c est obligatoirement monopoliser la compr hension de l activit productrice du travail Pour y parvenir le travail est d un c t parcellaris de plus en plus c est dire rendu incompr hensible celui qui le fait de l autre c t reconstitu comme unit par un organe sp cialis Mais cet orga
124. ragment oppos e ici au jeu dialectique du visage Ce visage de r ve cybern tique est model par les techniques de l information moderne qui sont r ellement efficaces en tant que r pression contr le classification et maintien de l ordre le portrait robot a fait ses preuves dans la recherche polici re C est videmment l oppos des moyens et des buts de cette information qu existent la connaissance la po sie notre appropriation possible du monde La socilogie de la beaut vaut la sociologie industrielle ou la sociologie de la vie urbaine pour les m mes raisons c est un relev mystifi et mystificateur du partiel qui cache les ensembles et leur mouvement Mais aussi l exact moralisme scientifique de la sociologie ins r sans m me vouloir y penser dans la soci t du spectacle indique chacun en m me temps que la beaut son usage Sa nouvelle traduction du Hic Rhodus hic salta peut se lire lci est la beaut ici tu consommes L alternative entre l informationnisme et la po sie ne concerne plus la po sie du pass de m me qu aucune variante de ce qu est devenu le 77 mouvement r volutionnaire classique ne peut plus nulle part tre compt e dans une alternative r elle face l organisation dominante de la vie C est d un m me jugement que nous tirons la d nonciation d une disparition totale de la po sie dans les anciennes formes o elle a pu tre produite et consomm e et
125. ransformation d lib r e de tous les aspects de la vie sociale et d abord pour la gestion de la production et la direction du travail par les travailleurs d cidant directement de tout Un tel changement implique imm diatement la transformation radicale de la nature du travail et la constitution d une technologie nouvelle tendant assurer la domination des ouvriers sur les machines Il s agit d un v ritable renversement de signe du travail qui entra nera nombre de cons quences dont la principale est sans doute le d placement du centre d int r t de la vie depuis les loisirs passifs jusqu l activit productive du type nouveau Ceci ne signifie pas que du jour au lendemain toutes les activit s productives deviendront en elles m mes passionnantes Mais travailler les rendre passionnantes par une reconversion g n rale et permanente des buts aussi bien que des moyens du travail industriel sera en tout cas la passion minimum d une soci t libre 26 Toutes les activit s tendront fondre en un cours unique mais infiniment diversifi l existence jusqu alors s par e entre les loisirs et le travail La production et la consommation s annuleront dans l usage cr atif des biens de la soci t 2 Un tel programme ne propose aux hommes aucune autre raison de vivre que la construction par eux m mes de leur propre vie Cela suppose non seulement que les hommes soient objectivement lib r s des besoin
126. re la plus haute chelle tangible des valeurs mythiques loign volontairement du commun des mortels c est vers le monde des dieux qu il tend et c est sa participation plus ou moins av r e la divinit qui au niveau de l apparence le seul niveau de r f rence commun ment admis consacre sa place dans la hi rarchie des autres poss dants Dans l organisation de la transcendance le f odal et par osmose les propri taires d un pouvoir ou de biens de production des degr s divers est amen jouer le r le principal le r le qu il joue effectivement dans l organisation conomique de la survie du groupe De sorte que l existence du groupe se trouve li e sur tous les plans l existence des poss dants en tant que tels ceux qui propri taires de toute chose par la propri t de tout tre arrachent galement le renoncement de tous par leur renoncement unique absolu divin Du dieu Prom th e puni par les dieux au dieu Christ puni par les hommes le sacrifice du Propri taire se vulgarise perd en sacr s humanise Le mythe unit donc poss dant et non poss dant il les enrobe dans une forme o la n cessit de survivre comme tre physique ou comme tre privil gi contraint de 37 vivre sur le mode de l apparence et sous le signe invers de la vie r elle qui est celle de la praxis quotidienne Nous en sommes toujours l attendant de vivre au del ou en de d une mystique contre
127. re le saint et le h ros pur II y a beau temps qu en ce lieu d aisance l air est devenu irrespirable Le monde et l homme comme repr sentation puent la charogne et nul dieu n est pr sent d sormais pour changer les charniers en parterre de muguet Depuis le temps que les hommes meurent il serait assez logique que l on se pose la question de savoir apr s avoir sans changements appr ciables accept la r ponse venue des dieux de la Nature et des lois biologiques si cela ne tient pas ce qu une grande part de mort entre pour des raisons tr s pr cises dans chaque instant de notre vie 13 L appropriation privative peut notamment se d finir comme appropriation des choses par l appropriation des tres Elle est la source et l eau trouble o tous les reflets se confondent en images indistinctes Son champ d action et d influence qui recouvre toute l histoire semble s tre caract ris jusqu pr sent par une double d termination comportementale de base une ontologie fond e sur la n gation de soi et le sacrifice ses aspects respectivement objectif et subjectif et une dualit fondamentale une division entre particulier et g n ral individuel et collectif priv et public th orique et pratique spirituel et mat riel intellectuel et manuel etc La contradiction entre appropriation universelle et expropriation universelle postule une mise en vidence et un esseulement du ma tre Cette image mythiqu
128. res comme l alcool prot ge le f tus en emp chant de pourrir ou de cro tre Il faut encore pr ciser que le pouvoir hi rarchis repr sente le stade le plus lev de l appropriation privative et historiquement son alpha et son om ga Quant l appropriation privative on peut la d finir comme l appropriation des choses par l appropriation des tres la lutte contre l ali nation naturelle donnant naissance l ali nation sociale L appropriation privative implique une ORGANISATION DE L APPARENCE o soient dissimul es les contradictions radicales il faut que les serviteurs se reconnaissent comme des reflets d grad s du ma tre renfor ant ainsi au del du miroir d une illusoire libert ce qui accro t leur soumission et leur passivit il faut que le ma tre s identifie au serviteur mythique et parfait d un dieu ou d une transcendance qui n est autre que la repr sentation sacr e et abstraite de la TOTALIT des tres et des choses sur lesquels il exerce un pouvoir d autant plus r el et d autant moins contest que Ss accr dite universellement la vertu de son renoncement Au sacrifice r el de l ex cutant r pond le sacrifice mythique du dirigeant l un se nie dans l autre l trange devient familier et vice versa chacun se r alise en sens inverse De l ali nation commune na t l harmonie une harmonie n gative dont la notion de sacrifice est l unit fondamentale Ce qui maintient l harmonie objectiv
129. rit le souvenir des antagonismes anciens saisis sous leur forme videmment d valoris e et non agressive appara t aujourd hui comme le dernier effort de coh rence dans l organisation de l apparence tant le spectacle est devenu spectacle de la confusion et des quivalences Nous sommes pr ts effacer toute trace de ces souvenirs en ramassant dans une lutte radicale proche toute l nergie contenue dans les antagonismes anciens De toutes les sources mur es par le pouvoir peut jaillir un fleuve qui va modifier le relief du monde Caricature des antagonismes le pouvoir presse chacun d tre pour ou contre B B le nouveau roman la 4 chevaux Citro n les spaghetti le mescal les jupes courtes l O N U les humanit s anciennes la nationalisation la guerre thermonucl aire et l auto stop On demande tous leur avis sur tous les d tails pour mieux leur interdire d en avoir un sur la totalit La man uvre si lourde qu elle soit r ussirait si les commis voyageurs qui sont charg s de la pr senter de porte porte ne s avisaient eux aussi de leur ali nation la passivit impos e aux 55 masses d poss d es s ajoute la passivit croissante des dirigeants et des acteurs soumis aux lois abstraites du march et du spectacle et jouissant d un pouvoir de moins en moins effectif sur le monde D j les signes d une r volte se manifestent chez les acteurs vedettes qui essaient d chapper la publicit o
130. s Qu est ce qu un centralisme sans capitale Le camp de concentration n a cr aucun Allemand parmi les Europ ens d port s La diffusion du spectacle concentr ne peut uniformiser que des spectateurs On se gargarise en langage simplement publicitaire de la riche expression de diversit s culturelles Quelles cultures Il n y en a plus Ni chr tienne ni musulmane ni socialiste ni scientiste Ne parlez pas des absents Il n y 109 a plus regarder un seul instant la v rit et l vidence que la d gradation spectaculaire mondiale am ricaine de toute culture Ce n est surtout pas en votant que l on s assimile D monstration historique que le vote n est rien m me pour les Fran ais qui sont lecteurs et ne sont plus rien 1 parti 1 autre parti un engagement lectoral son contraire et plus r cemment un programme dont tous savent bien qu il ne sera pas tenu a d ailleurs enfin cess d tre d cevant depuis qu il n envisage jamais plus aucun probl me important Qui a vot sur la disparition du pain On avouait r cemment ce chiffre r v lateur et sans doute manipul en baisse 25 des citoyens de la tranche d ge 18 25 ans ne sont pas inscrits sur les listes lectorales par simple d go t Les abstentionnistes sont d autres qui s y ajoutent Certains mettent en avant le crit re de parler fran ais Risible Les Fran ais actuels le parlent ils Est ce du fran ais que
131. s en passant par les rencontres des Grands Le rapport entre auteurs et spectateurs n est qu une transposition du rapport fondamental entre dirigeants et ex cutants Il r pond parfaitement aux besoins d une culture r ifi e et ali n e le rapport qui est tabli l occasion du spectacle est par lui m me le porteur irr ductible de l ordre capitaliste L ambigu t de tout art r volutionnaire est ainsi que le caract re r volutionnaire d un spectacle est envelopp toujours par ce qu il y a de r actionnaire dans tout spectacle C est pourquoi le perfectionnement de la soci t capitaliste signifie pour une bonne part le perfectionnement du m canisme de mise en spectacle M canisme complexe videmment car s il doit tre au premier chef le diffuseur de l ordre capitaliste il doit aussi ne pas appara tre au public comme le d lire du capitalisme il doit concerner le public en s int grant des l ments de repr sentation qui correspondent par fragments la rationalit sociale Il doit d tourner les d sirs dont l ordre dominant interdit la satisfaction Par exemple le tourisme moderne de masse fait voir des villes ou des paysages non pour satisfaire le d sir authentique de vivre dans tel milieu humain et g ographique mais en les donnant comme pur spectacle rapide de surface et finalement pour permettre de faire tat du souvenir de ces spectacles comme valorisation sociale Le striptease est la
132. s Gitans Pas souvent en 112 France pr sent Ni le logement ni la ville ne sont plus faits pour les enfants d o la cynique publicit des urbanistes gouvernementaux sur le th me ouvrir la ville aux enfants gt D autre part la contraception est r pandue l avortement est libre Presque tous les enfants aujourd hui en France ont t voulus Mais non librement L lecteur consommateur ne sait pas ce qu il veut Il choisit quelque chose qu il n aime pas Sa structure mentale n a plus cette coh rence de se souvenir qu il a voulu quelque chose quand il se retrouve d u par l exp rience de cette chose m me Dans le spectacle une soci t de classes a voulu tr s syst mati quement liminer l histoire Et maintenant on pr tend regretter ce seul r sultat particulier de la pr sence de tant d immigr s parce que la France dispara t ainsi Comique Elle dispara t pour bien d autres causes et plus ou moins rapidement sur presque tous les terrains Les immigr s ont le plus beau droit pour vivre en France Ils sont les repr sentants de la d possession et la d possession est chez elle en France tant elle y est majoritaire et presque universelle Les immigr s ont perdu leur culture et leurs pays tr s notoirement sans pouvoir en trouver d autres Et les Fran ais sont dans le m me cas et peine plus secr tement Avec l galisation de toute la plan te dans la mis re d un environnement nou
133. s parts incessamment 5 L ensemble de la culture actuelle peut tre qualifi e d ali n e en ce sens que toute activit tout instant de la vie toute id e tout comportement n a de sens qu en dehors de soi dans un ailleurs qui pour n tre plus le ciel n en est que plus affolant localiser une utopie au sens propre du mot domine en fait la vie du monde moderne 23 6 Le capitalisme ayant de l atelier au laboratoire vid l activit productrice de toute signification pour elle m me s est efforc de placer le sens de la vie dans les loisirs et de r orienter partir de l l activit productrice Pour la morale qui pr vaut la production tant l enfer la vraie vie serait la consommation l usage des biens Mais ces biens pour la plupart ne sont d aucun usage sinon pour satisfaire quelques besoins priv s hypertrophi s afin de r pondre aux exigences du march La consommation capitaliste impose un mouvement de r duction des d sirs par la r gularit de la satisfaction de besoins artificiels qui restent besoins sans avoir jamais t d sirs les d sirs authentiques tant contraints de rester au stade de leur non r alisation ou compens s sous forme de spectacles Moralement et psychologiquement le consommateur est en r alit consomm par le march Ensuite et surtout ces biens n ont pas d usage social parce que l horizon social est enti rement bouch par l usine hors l usine t
134. s r els faim etc mais surtout qu ils commencent projeter devant eux des d sirs au lieu des compensations actuelles qu ils refusent toutes les conduites dict es par d autres pour r inventer toujours leur accomplissement unique qu ils ne consid rent plus que la vie est le maintien d un certain quilibre mais qu ils pr tendent un enrichissement sans limite de leurs actes 3 La base de telles revendications aujourd hui n est pas une utopie quelconque C est d abord la lutte du prol tariat tous les niveaux et toutes les formes de refus explicite ou d indiff rence profonde que doit combattre en permanence par tous les moyens l instable soci t dominante C est aussi la le on de l chec essentiel de toutes les tentatives de changements moins radicaux C est enfin l exigence qui se fait jour dans certains comportements extr mes de la jeunesse dont le dressage s av re moins efficace et de quelques milieux d artistes maintenant Mais cette base contient aussi l utopie comme invention et exp rimentation de solutions aux probl mes actuels sans qu on se pr occupe de savoir si les conditions de leur r alisation sont imm diatement donn es il faut noter que la science moderne fait d ores et d j un usage central de cette exp rimentation utopique Cette utopie momentan e historique est l gitime et elle est n cessaire car c est en elle que s amorce la projection de d sirs sans laqu
135. s tard cette cons quence s est manifest e dans la rue 80 La critique th orique de la soci t moderne dans ce qu elle a de plus nouveau et la critique en actes de la m me soci t existent d j l une et l autre encore s par es mais aussi avanc es jusqu aux m mes r alit s parlant de la m me chose Ces deux critiques s expliquent l une par l autre et chacune est sans l autre inexplicable La th orie de la survie et du spectacle est clair e et v rifi e par ces actes qui sont incompr hensibles la fausse conscience am ricaine Elle clairera en retour ces actes quelque jour Jusqu ici les manifestations des Noirs pour les droits civiques avaient t maintenues par leurs chefs dans une l galit qui tol rait les pires violences des forces de l ordre et des racistes comme au mois de mars pr c dent en Alabama lors de la marche sur Montgomery et m me apr s ce scandale une entente discr te du gouvernement f d ral du gouverneur Wallace et du pasteur King avait conduit la marche de Selma le 10 mars reculer devant la premi re sommation dans la dignit et la pri re L affrontement attendu alors par la foule des manifestants n avait t que le spectacle d un affrontement possible En m me temps la non violence avait atteint la limite ridicule de son courage s exposer aux coups de l ennemi et pousser ensuite la grandeur morale jusqu lui pargner la n cessit d user
136. ses de boire citations de po mes arr t es des moments convenus Le besoin d une langue secr te de mots de passe est ins parable d une tendance au jeu L id e limite est que n importe quel signe n importe quel vocable est susceptible d tre converti en autre chose voire en son contraire Les insurg s royalistes de la Vend e parce qu affubl s de limmonde effigie du c ur de J sus s appelaient l Arm e Rouge Dans le domaine pourtant limit de la politique cette expression a t compl tement d tourn e en un si cle Outre le langage il est possible de d tourner par la m me m thode le v tement avec toute l importance affective qu il rec le L aussi nous trouvons la notion de d guisement en liaison troite avec le jeu Enfin quand on en arrive construire des situations but final de toute notre activit il sera loisible tout un chacun de d tourner des situations enti res en en changeant d lib r ment telle ou telle condition d terminante Les proc d s que nous avons sommairement trait s ici ne sont pas pr sent s comme une intention qui nous serait propre mais au contraire comme une pratique assez commun ment r pandue que nous nous proposons de syst matiser La th orie du d tournement par elle m me ne nous int resse gu re Mais nous la trouvons li e presque tous les aspects constructifs de la p riode de transition pr situationniste Son enrichissement par la pratique appa
137. si le manich isme s est il trouv revivifi pour un temps Pourquoi Saint Augustin combat il les manich ens avec tant d pret C est qu il a mesur le danger d un mythe qui n offre qu une solution la victoire du bon sur le mauvais il sait 66 qu une pareille impossibilit risque de provoquer l effondrement des structures mythiques tout enti res et de remettre au premier plan la contradiction entre vie mythique et vie authentique Le christianisme offre la troisi me voie celle de la confusion sacr e Ce que le christianisme a accompli par la force du mythe s accomplit aujourd hui par la force des choses Il n y a plus d antagonisme possible entre les travailleurs sovi tis s et les travailleurs capitalis s il ny a plus d antagonisme possible entre la bombe des bureaucrates staliniens et celle des bureaucrates non staliniens il ny a plus qu une unit dans la confusion des tres r ifi s O sont les responsables les hommes abattre C est un syst me qui nous domine une forme abstraite Les degr s d humanit et de non humanit se mesurent selon des variations purement quantitatives de passivit La qualit est partout la m me nous sommes tous prol taris s ou en passe de l tre Que font les r volutionnaires traditionnels Ils r duisent les paliers ils font en sorte que certains prol taires ne le soient pas plus que d autres Quel parti a mis son programme la fin du prol tariat
138. st congel e l hibernation et d bit e en tranches II n y a de r alisation authentique que dans la r alit objective dans la totalit Tout le reste est caricature La r alisation objective qui s op re dans le m canisme du spectacle n est qu une r ussite d objets manipul s par le pouvoir c est la r alisation objective dans la subjectivit des artistes connus des vedettes des personnages du Who s who Au niveau de l organisation de l apparence tout succ s et de m me tout chec est gonfl jusqu devenir st r otype et vulgaris par l information comme s il s agissait de 62 la seule r ussite ou du seul chec possibles Jusqu pr sent le pouvoir s est trouv seul juge bien que son jugement soit soumis des pressions Ses crit res sont seuls valables pour ceux qui acceptent le spectacle et se contentent d y tenir un r le Sur cette sc ne l il n y a plus d artistes il n y a que des figurants 25 L espace temps de la vie priv e s harmonisait dans l espace temps du mythe cette harmonie pervertie r pond l harmonie universelle de Fourier Des l instant o le mythe cesse d englober l individuel et le partiel dans une totalit domin e par le sacr chaque fragment s rige en totalit En fait le fragment rig en totalit c est le totalitaire Dans l espace temps dissoci qui fait la vie priv e le temps absolutis sur le mode de la libert abstraite
139. t gie ce combat o partout chaque instant les adversaires cherchent le contact et se heurtent sans m thode dans une nuit et une incertitude sans rem de 29 La vie quotidienne a toujours t vid e au profit de la vie apparente mais l apparence dans sa coh sion mythique avait suffisamment de force pour que jamais il ne soit parl de vie quotidienne La pauvret le vide du spectacle qui transpara t travers toutes les vari t s de capitalisme et toutes les vari t s bourgeoises a r v l la fois l existence d une vie quotidienne une vie refuge mais refuge de quoi et contre quoi et la pauvret de la vie quotidienne mesure que se renforcent la r ification et la bureaucratisation le caract re d bile du spectacle et de la vie quotidienne devient la seule vidence Le conflit de l humain et de l inhumain est pass lui aussi sur le plan de l apparence D s l instant o le marxisme devient une id ologie la lutte que Marx poursuit contre l id ologie au nom de la richesse de la vie se transforme en une anti id ologie id ologique un spectacle de l anti spectacle de m me que dans la culture d avant garde le malheur du spectacle anti spectaculaire est de rester entre les seuls acteurs l art anti artistique n tant fait et compris que par des artistes il faut consid rer les rapports de cette anti id ologie id ologique avec la fonction du r volutionnaire professionnel dans le l ninisme Ain
140. t de collaborer malgr eux leur propre exclusion la produire et survivre sur le mode de l impossibilit de vivre Exclus ils participent la possession par l interm diaire du poss dant participation mystique puisque ainsi s organisent l origine tous les rapports claniques et tous les rapports sociaux qui peu peu succ dent au principe de coh sion oblig e selon lequel chaque membre est fonction int grante du groupe interd pendance organique gt Leur garantie de survie d pend de leur activit dans le cadre de l appropriation privative ils renforcent un droit de propri t dont ils sont cart s et par cette ambigu t chacun d eux se saisit comme participant la propri t comme parcelle vivante du droit de poss der cependant qu une telle croyance le d finit mesure qu elle se renforce la fois comme exclu et poss d Terme extr me de cette ali nation esclave fid le le flic le garde du corps le centurion qui par une sorte d union avec sa propre mort donne la mort une puissance gale aux forces de vie identifie dans une nergie destructrice le p le n gatif de ali nation et le p le positif esclave absolument soumis et le ma tre absolu Dans l int r t de l exploiteur il importe que l apparence se maintienne et s affine nul machiav lisme la cl mais un simple instinct de survie L organisation de l apparence est li e la survie du poss dant une survie li
141. te est une entreprise d un assez mince avenir mais qui pourrait se r v ler op rante dans la phase de transition Un tel d tournement gagne s accompagner d illustrations en rapports non explicites avec le texte Malgr les difficult s que nous ne nous dissimulons pas nous croyons qu il est possible de parvenir un instructif d tournement psychog ographique du Consuelo de George Sand qui pourrait tre relanc ainsi maquill sur le march litt raire dissimul sous un titre anodin comme Grande Banlieue ou lui m me d tourn comme La Patrouille Perdue il serait bon de r investir de la sorte beaucoup de titres de films dont on ne peut plus rien tirer d autre faute de s tre empar des vieilles copies avant 16 leur destruction ou de celles qui continuent d abrutir la jeunesse dans les cin math ques L criture m tagraphique aussi arri r que soit par ailleurs le cadre plastique o elle se situe mat riellement pr sente un plus riche d bouch la prose d tourn e comme aux autres objets ou images qui conviennent On peut en juger par le projet datant de 1951 et abandonn faute de moyens financiers suffisants qui envisageait l arrangement d un billard lectrique de telle sorte que les jeux de ses lumi res et le parcours plus ou moins pr visible de ses billes servissent une interpr tation m tagraphique spaciale qui s intitulerait des sensations thermiques et des d sirs des gens qui passent
142. tenus dans le spectacle Ce que la bourgeoisie a exig par dessus tout c est la libert des acteurs et des figurants dans un spectacle organis non plus par Dieu ses flics et ses pr tres mais par les lois naturelles et conomiques lois capricieuses et inexorables au service desquelles nous trouvons encore une fois des flics et des sp cialistes Dieu a t arrach comme un bandage inutile et la plaie est rest e b ante Certes le bandage emp chait la plaie de se cicatriser mais il justifiait la souffrance il lui donnait un sens qui valait bien quelques doses de morphine Maintenant la souffrance ne se justifie plus et la morphine co te cher La s paration est devenue concr te N importe qui peut y mettre le doigt et en fait de rem de tout ce que la soci t cybern ticienne trouve nous proposer c est de devenir spectateurs de la gangr ne et du pourrissement spectateurs de la survie Le drame de la conscience dont parle Hegel est bien davantage la conscience du drame Le Romantisme r sonne comme le cri de l me arrach e au corps une souffrance d autant plus aigu que chacun se retrouve isol pour affronter la chute de la totalit sacr e et de toutes les maisons Usher 24 La totalit cest la r alit objective dans le mouvement de laquelle la subjectivit ne peut s ins rer que sous forme de r alisation Tout ce qui n est pas r alisation de la vie quotidienne rejoint le spectacle o la survie e
143. tigue de vivre Mais le miracle serait moins de supprimer la mort que 30 de supprimer le suicide et l envie de mourir Il y a une fa on d abolir la peine de mort qui fait qu on la regrette Jusqu pr sent l emploi particulier de la technique ou plus largement le contexte conomico social o se d finit l activit humaine a diminu quantitativement les occasions de souffrance et de mort tandis que la mort s installait comme une maladie incurable dans la vie de chacun 4 la p riode pr historique de la cueillette succ de la p riode de chasse au cours de laquelle les clans se forment et s efforcent d augmenter leurs chances de survie Pareille poque voit se constituer et se d limiter des r serves et des terrains de chasse exploit s au profit du groupe et dont les trangers demeurent exclus interdiction d autant plus absolue que sur elle repose le salut de tout le clan De sorte que la libert obtenue gr ce une installation plus confortable dans le milieu naturel et du m me coup par une protection plus efficace contre ses rigueurs cette libert engendre sa n gation en dehors des limites fix es par le clan et contraint le groupe temp rer son activit licite par l organisation de rapports avec les groupes exclus et mena ants D s son apparition la survie conomique socialement constitu e postule l existence de limites de restrictions de droits contradictoires Il faut le rappeler comme on redit l ABC
144. tion est d ailleurs pr t prendre la rel ve il suffit d omettre tr s philosophiquement de d mystifier par les actes Apr s quoi toute d mystification proprement d samorc e devient indolore euthanasique pour tout dire humanitaire N tait le mouvement de d mystification qui finira par d mystifier les d mystificateurs Banalit s de base II Raoul Vaniegem Internationale situationniste num ro 8 janvier 1963 R SUM DES CHAPITRES PR C DENTS Le WELFARE STATE nous impose aujourd hui sous la forme de techniques de confort mixer conserves Sarcelles et Mozart pour tous les l ments d une SURVIE au maintien de laquelle le plus grand nombre des hommes n a cess et ne cesse de consacrer toute son nergie s interdisant du m me coup de VIVRE Or l organisation qui r partit l quipement mat riel de notre vie quotidienne est telle que ce qui en soi devrait permettre de la construire richement nous plonge dans un luxe de pauvret et rend ali nation d autant plus insupportable que chaque l ment de confort nous tombe 45 dessus avec l allure d une lib ration et le poids d une servitude Nous voici condamn s l esclavage du travail lib rateur Pour comprendre ce probl me il importe de le situer dans l clairage du pouvoir hi rarchis qui est l vidence du jour et de la nuit Mais peut tre ne suffit il pas de dire que le pouvoir hi rarchis prot ge l humanit depuis des mill nai
145. treintes divers titres isol es Les v nements qu elles ont pu am nager les f tes qu elles ont pu se donner elles m mes ont d rester dans les plus troites limites Un des probl mes r volutionnaires consiste f d rer ces sortes de soviets de conseils de la communication afin d inaugurer partout une communication directe qui n ait plus recourir au r seau de la communication de l adversaire c est dire au langage du pouvoir et puisse ainsi transformer le monde selon son d sir Il ne s agit pas de mettre la po sie au service de la r volution mais bien de mettre la r volution au service de la po sie C est seulement ainsi que la r volution ne trahit pas son propre projet Nous ne r diterons pas l erreur des surr alistes se pla ant son service quand pr cis ment il n y en avait plus Li au souvenir d une r volution partielle vite abattue le surr alisme est vite devenu un r formisme du spectacle une critique d une certaine forme du spectacle r gnant men e l int rieur de l organisation dominante de ce spectacle Les surr alistes semblent avoir n glig le fait que le pouvoir imposait pour toute am lioration ou modernisation internes du spectacle sa propre lecture un d cryptage dont il tient le code Toute r volution a pris naissance dans la po sie s est faite d abord par la force de la po sie C est un ph nom ne qui a chapp et continue d chapper aux th oriciens de la r vol
146. u dirigeants qui critiquent leur propre pouvoir B B ou Fidel Castro Les instruments du pouvoir s usent il faut compter avec eux dans la mesure o d instruments ils revendiquent leur statut d tre libre 19 l instant o la r volte des esclaves mena ait de bouleverser la structure du pouvoir et de d voiler ce qui unissait les transcendances au m canisme d appropriation privative le christianisme s est trouv l pour d velopper un r formisme de grand style dont la revendication d mocratique centrale consistait faire acc der les esclaves non la r alit d une vie humaine ce qui e t t impossible sans d noncer l appropriation dans son mouvement d exclusion mais bien l irr alit d une existence dont la source du bonheur est mythique limitation de J sus Christ pour prix de l au del Qu y a t il de chang L attente de l au del est devenue lattente des lendemains qui chantent le sacrifice de la vie r elle et imm diate est le prix d achat pay pour la libert illusoire d une vie apparente Le spectacle est le lieu o le travail forc se transforme en sacrifice consenti Rien de plus suspect que la formule chacun selon son travail dans un monde o le travail est le chantage la survie sans parler de la formule chacun selon ses besoins dans un monde o les besoins sont d termin s par le pouvoir Entre dans le projet r formiste toute construction qui e
147. u spectacle suivi des Commentaires sur la soci t du spectacle du m me auteur Avec ces deux autres livrets le lecteur int ress pourra donc acc der un panorama plus complet de la th orie situationniste Si l on reprend dans le d tail les textes de la pr sente compilation dans Mode d emploi du d tournement paru en 1956 Guy Debord et Gil Joseph Wolman diagnostiquent l in vitable d p rissement de l art et pr conisent son d passement par le d tournement des uvres d j existantes dont ils th orisent les lois et la pratique toute enti re tendue vers des fins r volutionnaires Et de fait le d tournement des films des affiches publicitaires des uvres litt raires ou des bandes dessin es sera l un des instruments privil gi s des situationnistes Pr liminaires pour une d finition de l unit du programme r volutionnaire paru en 1960 est issu d une plate forme de discussion entre l Internationale Situationniste et le groupe r volutionnaire Socialisme ou Barbarie plus pr cis ment Pouvoir Ouvrier qui en est issu fond e en 7 1949 par Cornelius Castoriadis et Claude Lefort Pierre Canjuers Daniel Blanchard et Guy Debord y montrent que le capitalisme en confisquant le sens de l activit productrice accouche d une soci t incapable de se comprendre elle m me sans v ritable culture et sans v ritable science produisant des biens sans v ritable usage et compensant
148. us de jouer si nous voulons viter que l avenir soit plac sous le signe de la survie ou m me que la survie devenue impossible disparaisse radicalement l hypoth se d un suicide de l humanit Et avec elle 50 videmment toute l exp rience de construction de la vie quotidienne Les objectifs vitaux d une lutte pour la construction de la vie quotidienne sont les points n vralgiques de tout pouvoir hi rarchis Construire l une c est d truire l autre Pris dans le tourbillon de la d sacralisation et de la resacralisation les l ments contre lesquels nous nous d finissons en priorit restent l organisation de l apparence en spectacle o chacun se nie la s paration qui fonde la vie priv e puisqu elle est le lieu o la s paration objective entre poss dants et d poss d s est v cue et r percut e sur tous les plans et le sacrifice Les trois l ments sont solidaires cela va de soi comme leurs antagonismes d ailleurs participation communication r alisation II en va de m me pour leur contexte non totalit monde d ficitaire ou de totalit sous contr le et totalit 16 Les rapports humains dissous jadis dans la transcendance divine autrement dit la totalit coiff e par le sacr se sont d cant s et solidifi s d s que le sacr a cess d agir comme catalyseur Leur mat rialit s est r v l e et tandis que les lois capricieuses de l conomie succ daient la prov
149. us les l ments pris n importe o peuvent faire l objet de rapprochements nouveaux Les d couvertes de la po sie moderne sur la structure analogique de l image d montrent qu entre deux l ments d origines aussi trang res qu il est possible un rapport s tablit toujours S en tenir au cadre d un arrangement personnel des mots ne rel ve que de la convention L interf rence de deux mondes sentimentaux la mise en pr sence de deux expressions ind pendantes d passent leurs l ments primitifs pour donner une organisation synth tique d une efficacit sup rieure Tout peut servir Il va de soi que l on peut non seulement corriger une uvre ou int grer divers fragments d uvres p rim es dans une nouvelle mais encore changer le sens de ces fragments et truquer de toutes les mani res que l on jugera bonnes ce que les imb ciles s obstinent nommer des citations 12 De tels proc d s parodiques ont t souvent employ s pour obtenir des effets comiques Mais le comique met en sc ne une contradiction un tat donn pos comme existant En la circonstance l tat de choses litt raire nous paraissant presque aussi tranger que l ge du renne la contradiction ne nous fait pas rire Il faut donc concevoir un stade parodique s rieux o l accumulation d l ments d tourn s loin de vouloir susciter l indignation ou le rire en se r f rant la notion d une uvre originale mais marquant au contraire notre ind
150. ution il est vrai qu on ne peut le comprendre si on s accroche encore la vieille conception de la r volution ou de la po sie mais qui a g n ralement t ressenti par les contre r volutionnaires La po sie l o elle existe leur fait peur ils 74 s acharnent s en d barrasser par divers exorcismes de l autodaf la recherche stylistique pure Le moment de la po sie r elle qui a tout le temps devant elle veut chaque fois r orienter selon ses propres fins l ensemble du monde et tout le futur Tant qu il dure ses revendications ne peuvent conna tre de compromis Il remet en jeu les dettes non r gl es de l histoire Fourier et Pancho Villa Lautr amont et les dinamiteros des Asturies dont les successeurs inventent maintenant de nouvelles formes de gr ve les marins de Cronstadt ou de Kiel et tous ceux qui dans le monde avec et sans nous se pr parent lutter pour la longue r volution sont aussi bien les missaires de la nouvelle po sie La po sie est de plus en plus Cinq militaires qui avaient fait partie en 1961 Oran d un r nettement en tant que place s au de soutien au F L N ont vide l anti mati re de la soci t t condamn s hier par le tri bunal des forces arm es de Lyon de consommation parce qu elle au pronones les peines sui n est pas ne matere G rard Marliot soldat du consommable selon les crit res contingent 6 ans de r clusion criminelle
151. uy Debord en 1965 et repris dans le num ro 10 de la revue Internationale Situationniste en 1966 analyse les meutes noires de l t 1965 Los Angeles comme une critique en acte de la soci t capitaliste une contestation radicale du r gne de la marchandise et une expression de la guerre des classes La plan te malade r dig e par Guy Debord en 1971 devait para tre dans le num ro 13 de la revue Internationale Situationniste qui n a jamais 8 vu le jour En s attaquant au probl me de la pollution dont il d nonce l emploi spectaculaire tout en en reconnaissant la terrible r alit ce texte lucide et pr monitoire pointe l impossibilit mat rielle de la continuation du capitalisme qui en vient d truire les conditions m me de la vie Il anticipe la tartuferie du capitalisme vert pour qui la pollution n est qu une source suppl mentaire de d bouch s conomiques Mais ces d bouch s conomiques et les emplois qu ils g n rent ne sont que les sympt mes d une soci t malade qui recr e partout le d cor de sa maladie sur une plan te d vast e Ce n est que lorsque les producteurs d cideront par eux m mes et pour eux m mes des biens produire de la peine et des ressources y consacrer que le probl me de la pollution pourra tre r solu R dig en 1985 par Guy Debord pour la revue de l Encyclop die des nuisances anim e notamment par Jaime Semprun Abat faim d nonce un
152. veau et d une intelligence purement mensong re de tout les Fran ais qui ont accept cela sans beaucoup de r volte sauf en 1968 sont malvenus dire qu ils ne se sentent plus chez eux cause des immigr s Ils ont tout lieu de ne plus se sentir chez eux c est tr s vrai C est parce qu il n y a plus personne d autre dans cet horrible nouveau monde de l ali nation que des immigr s Il vivra des gens sur la surface de la terre et ici m me quand la France aura disparu Le m lange ethnique qui dominera est impr visible comme leurs cultures leurs langues m mes On peut affirmer que la question centrale profond ment qualitative sera celle ci ces peuples futurs auront ils domin par une pratique mancip e la technique 113 pr sente qui est globalement celle du simulacre et de la d possession Ou au contraire seront ils domin s par elle d une mani re encore plus hi rarchique et esclavagiste qu aujourd hui Il faut envisager le pire et combattre pour le meilleur La France est assur ment regrettable Mais les regrets sont vains Guy Debord 1985 114 D autres livres ou livrets t l charger BoLo BOLO AN BOB BLACK _ L ABOLITION DU TRAVAIL LA TRAVAILLER MOI N r JAMAIS Kj Ce livret est gratuit Fais le toumer DEUX TEXTES DE S JOHN HOLLOWAY DOUZE TH SES SUR L ANTI POUVOIR J SUMI DE PEUT ON CHANGER LE MONDE SANS PRENDRE LE x POUVOIR p B Ce lvret
153. verra t t ou tard traquer comme une b te ou pis comme celui qui ne poursuit d autres fins que les siennes et pour qui le travail se con oit sans la moindre concession la s r nit d esprit des autres Troppmann Landru Petiot quilibrant leur budget sans y porter en compte la d fense du monde libre de l Occident chr tien de l tat ou de la valeur humaine partaient vaincus d avance En refusant les r gles du jeu pirates gangsters hors la loi troublent les bonnes consciences les consciences reflets du mythe mais les ma tres en tuant le braconnier ou en le faisant gendarme rendent sa toute puissance la v rit de toujours qui ne paie de sa personne perd jusqu la survie qui s endette pour payer a droit de vie pay Le sacrifice du ma tre est ce qui donne ses contours l humanisme ce qui fait de l humanisme et que ceci soit entendu une fois pour toutes la n gation d risoire de l humain L humanisme c est le ma tre pris au s rieux dans son propre jeu et pl biscit par ceux qui voient dans le sacrifice apparent ce reflet caricatural de leur sacrifice r el une raison d esp rer le salut Justice dignit grandeur libert ces mots qui jappent ou g missent sont ils autre chose que des chiots d appartement dont les ma tres attendent le retour en toute s r nit depuis que d h ro ques larbins ont arrach le droit de les mener en laisse au gr des rues Les employer c
154. verser le rapport de domination en d tournant les machines au profit du langage Mais l opposition est bien plus g n rale bien plus radicale Elle d nonce toute communication unilat rale dans l art ancien comme dans l informationnisme moderne Elle appelle une communication qui ruine tout pouvoir s par L o il y a communication il n y a pas d tat Le pouvoir vit de recel Il ne cr e rien il r cup re S il cr ait le sens des mots il n y aurait pas de po sie mais uniquement de l information utile On ne pourrait jamais s opposer dans le langage et tout refus lui serait ext rieur serait purement lettriste Or qu est ce que la po sie sinon le moment r volutionnaire du langage non s parable en tant que tel des moments r volutionnaires de l histoire et de l histoire de la vie personnelle L Alg rie et l criture L criture est pr cis ment ce compromis entre une libert et un souvenir elle est cette libert souvenante qui n est libert que dans le geste du choix mais d j MERVOTE 7 mt NERO ji plus dans sa dur e Je puis Ouf IFPEUPLE 1E FL N sans doute aujourd hui me maed J irnn Pr SUN choisir telle ou telle criture et dans ce geste affirmer ma libert pr tendre une fra cheur ou une tradition je ne puis d j plus la d velopper dans une dur e sans devenir peu peu prisonnier des mots d autrui et m me de mes propres mots Roland Barthes Le degr
155. violence l humour de Marcel Havrenne crivant si joliment il ne s agit pas de gouverner et encore moins de l tre il ny a ni salut ni damnation pas de place dans la compr hension universelle des choses ni chez Satan le grand r cup rateur de croyants ni dans le mythe quel qu il soit puisqu il en est la vivante inutilit Ceux l sont n s pour une vie qui reste inventer dans la mesure o ils ont v cu c est sur cet espoir qu ils ont fini par se tuer De la singularisation dans la transcendance deux corollaires a si ontologie implique transcendance il est clair que toute ontologie justifie a priori l tre du ma tre et le pouvoir hi rarchis o le ma tre se refl te en images d grad es plus ou moins fid les 44 b la distinction entre travail manuel et travail intellectuel pratique et th orie s ajoute en surimpression la distinction entre le travail sacrifice r el et son organisation sur le mode du sacrifice apparent Il serait assez tentant d expliquer le fascisme entre autres raisons comme un acte de foi l autodaf d une bourgeoisie hant e par le meurtre de Dieu et par la destruction du grand spectacle sacr et qui se voue au diable une mystique invers e une mystique noire avec ses rites et ses holocaustes Mystique et grand capital Rappelons aussi que le pouvoir hi rarchis ne se con oit pas sans transcendances sans id ologies sans mythes Le mythe de la d mystifica

COMPILATION DE TEXTES SITUATIONNISTES

Contents

Download Pdf Manuals

Related Search

Related Contents