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De l`euthanasie aux soins palliatifs : la nécessité d`une réponse au

1. Disponible en ligne sur Elsevier Masson France SciVerse ScienceDirect EMlconsulte MEDECINE www sciencedirect com www em consulte com INFORMATION THIQUE ET JURIDIQUE DU PRATICIEN M decine amp Droit 2012 2012 76 92 MASSON Bio thique De l euthanasie aux soins palliatifs la n cessit d une r ponse au del du strict droit positif From euthanasia to palliative care The need for an answer beyond the strict positive law Roxani Fragkou Docteur en droit de l Universit de Strasbourg 17 rue du D me 67000 Strasbourg France R sum Revendiquer la mort comme un droit ne serait ce pas quelque peu cynique quelque peu malsain et morbide Et pourtant il est notoire que des questions comme celle de l euthanasie qui auraient fait autrefois partie des d bats religieux ou moraux sont aujourd hui abord es dans des salles de tribunaux ou de parlements par les juges ou les l gislateurs l aide surtout de conceptions et de m canismes judiciaires Il serait grand temps d arr ter de tout concevoir en termes de droits En tant que construction rationnelle le droit positif est dot d une valeur relative et ne peut pas r gir toute situation li e l existence humaine L euthanasie en tant que question de nature existentielle se situe au del du droit positif et ne peut pas constituer l objet d une r glementation juridique Au lieu de lancer et relancer alors le d bat sur l a
2. L enjeu est ailleurs Le d fi relever consiste renforcer les droits du patient en instaurant une v ritable culture palliative 2 1 L euthanasie un faux palliatif Il est notoire que des questions comme celle de l euthanasie qui auraient fait autrefois partie des d bats religieux ou moraux sont aujourd hui abord es dans des salles de tribunaux ou 13 Loi n 2002 303 du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et la qualit du syst me de la sant J O n 54 du 5 mars 2002 p 4118 texte n 1 NOR MESX0100092L et loi n 2005 370 du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et la fin de vie et modifiant le Code de la sant publique dispositions r glementaires J O n 32 du 7 f vrier 2006 p 1974 NOR SANP0620220D 14 Voir De Broucker Didier D autres alternatives l euthanasie Propos recueillis par Claire Hohweyer Le Phare Dunkerquois du 12 octobre 2011 disponible l adresse http www lepharedunkerquois fr actualite Dunkerque 2011 10 12 d autres alternatives a l euthanasie shtml 15 Prothais Alain Notre droit p nal permet plus qu il n interdit en mati re d euthanasie op cit pp 880 6 notamment p 886 de parlements par les juges ou les l gislateurs l aide sur tout de conceptions et de m canismes judiciaires Socialement dominant dans la majorit des soci t s modernes le l galisme juridique ne laisse pas beaucoup de marge pour une r flexion ontologique Il
3. de suppression de ses douleurs Une demande qui t moigne que la revendication n est pas forc ment de mourir mais de ma triser sa mort de peur qu elle ne soit ma tris e par les m decins et qui se trouve souvent ren forc e par le regard des autres sur le malade un regard non pas d amour et d empathie mais de rejet et de d go t Lorsque les souffrances sont totalement contr l es en revanche la majorit 68 Voir S nat Session ordinaire de 2010 2011 Rapport n 228 fait au nom de la Commission des affaires sociales sur la proposition de loi relative l aide active mourir sur la proposition de loi relative l euthanasie volontaire et sur la proposition de loi relative l aide active mourir dans le respect des consciences et des volont s op cit p 11 6 Constat affirm galement par le professeur Lucien Isra l Cf Isra l Lucien Causes et cons quences sociales de la revendication euthanasique dans Euthanasie et Responsabilit m dicale Essais de philosophie p nale et de cri minologie Institut de Criminologie de Paris 2005 2006 n 5 d ESKA Paris 2006 p 60 70 Pour emprunter une phrase au rapport de la mission sur l information de l accompagnement de la fin de vie Cf Assembl e nationale Rapport n 1708 Tome I op cit p 158 71 Les formules vagues du genre je n en peux plus ou finissons en fluc tuent selon les moments de d couragement et so
4. disposition des opio des Gen ve 1997 pp 50 1 OMS Traitement de la douleur canc reuse et soins palliatifs chez l enfant Gen ve 1999 Consulter ainsi Aumonier Nicolas Contre l euthanasie Regards sur l actualit mars 2004 n 299 pp 80 1 Sur la v ritable signification de la demande de mort voir galement Guinoseau Antoine L euthanasie par la mort donn e en fin d volution d une maladie grave Approche thique d ontologique et juridique Th se pr sent e et soutenue publiquement le 9 f vrier 1996 pour obtenir le grade de Docteur en m decine sous la direction du professeur Claude Chardot universit Henri Poincar Nancy 1 pp 41 3 77 En effet s agissant tant de la douleur physique aussi bien que de la souf france psychique il se trouve qu il est possible de les apaiser dans plus de 90 des cas Plus pr cis ment en dehors de certains cas de patients atteints notamment de maladies neurologiques volutives de scl roses lat rales amyo trophiques ou d autres syndromes dans les autres situations des tudes ont prouv que par une bonne prise en charge et une bonne anticipation des 88 R Fragkou M decine amp Droit 2012 2012 76 92 encore contre la douleur et la souffrance mais cause d une r ti cence injustifi e qui freine le progr s du mouvement des soins palliatifs nous vivons toujours dans l id e qu ils repr sentent une esp ce d abandon du malade ce qui cr e in vitablem
5. employeur de la lettre du salari L id e du cong d accompagnement tant certes excellente il n en reste pas mois que sa r alisation s est heurt e un obstacle important savoir l absence de toute r mun ration pendant la p riode du cong C est afin de rem dier cette carence qu est intervenue la loi n 2010 209 du 2 mars 2010 pour cr er une allocation journali re d accompagnement d une personne en Jin de vie attribuable dans les conditions fix es par le d cret n 2011 50 du 11 janvier 2011 aux b n ficiaires du cong de solidarit familiale aux personnes qui suspendent ou r duisent leur activit professionnelle pour accompagner un proche en fin de vie et aux demandeurs d emploi indemnis s 2 2 2 Ce qui reste encore faire Sil y avait une le on en retenir c est qu aujourd hui la notion de soins palliatifs doit tre revue non seulement dans ses insuffisances mais aussi dans ses potentialit s Pour ce faire 91 Article 11 de la loi n 99 477 du 9 juin 1999 J O du 10 juin 1999 NOR MESX9903552L En ce sens voir Kermarec Jean Soins palliatifs et accompa gnement Donn es g n rales ADSP septembre 1999 n 28 pp 15 20 92 Loi n 2003 775 du 21 ao t 2003 portant reforme des retraites J O du 22 ao t 2003 p 3187 Article L 225 15 al 4 et 5 du Code du travail fran ais Loi n 2010 209 du 2 mars 2010 visant cr er une allocation journali re d acco
6. En revanche ils consistent en un id al voire une philosophie dont les principes et valeurs pour une prise en charge globale des patients en fin de vie et de leurs familles inspirent les efforts courageux des quipes m dicales interdisciplinaires engag es soulager apai ser la souffrance couter soutenir et r conforter Ils assurent en d autres termes un accompagnement jusqu au bout La priorit des soins palliatifs l encontre de la m decine moderne qui aspire prolonger tout prix la vie humaine n est pas de dispenser des soins sophistiqu s mais plut t d optimiser la qua lit de vie du patient qui va bient t mourir Or les priorit s et les objectifs de l quipe soignante lorsque la mort se r v le in luctable doivent changer en vue de mieux accompagner la 58 Tels sont les premiers mots de l ouvrage de Cicely Saunders Mary Baines et Robert Dunlop qui sert de r f rence aux soins palliatifs dans le monde Cf Saunders Cicely Baines Mary Dunlop Robert La vie aidant la mort th rapeu tique antalgiques et soins palliatifs en phase terminale d Arnette Blackwell Paris 1995 5 Or soigner c est soulager toujours et gu rir parfois Voir en ce sens VerspierenPatrick Richard Marie Sylvie Ricot Jacques op cit p 233 60 Voir en ce sens Jusqu au bout de la vie Pratiques en unit de soins palliatifs le 20 septembre 2005 Espace thique AP HP hors s rie 4 livret Paris
7. decine palliative Plus particuli rement ils ont sugg r entre autres la cr ation d un observatoire des pratiques m dicales de la fin de vie la mise en place d un cong d accompagnement r mun r et la d signation d un m decin r f rent en mati re de soins palliatifs dans chaque d partement Cf Assembl e nationale Rapport n 1287 Tome I et Tome IL op cit 100 Dans un contexte aussi douloureux que celui de la fin de vie des d saccords des incompr hensions des ruptures de dialogue entre l quipe m dicale et le patient ou ses proches peuvent survenir 101 Sur le m decin r f rent consulter Assembl e nationale Rapport n 1287 Tome I op cit pp 184 9 Lamoureux Marine Dossier Fin de vie faire connat tre la loi Le rapport Leonetti donne plus de droits aux malades La Croix 3 d cembre 2008 R Fragkou M decine amp Droit 2012 2012 76 92 91 de vie travers des enqu tes anonymes qui nous apprennent les vraies raisons des euthanasies clandestines et peut tre les circonstances et les causes qui les ont provoqu es La mission Leonetti a pr conis cet gard la publication d un rapport annuel par l observatoire et son d p t aupr s du Parlement Elle y a vu un outil important pour mieux faire conna tre la loi du 22 avril 2005 ainsi que pour sortir de l opacit les conditions de la fin de vie 2 Quoiqu il faille avouer qu une attention particuli re
8. droit est une toute petite chose pour parvenir donner un sens une fin de vie Cf Malaurie Philippe Euthanasie et droits de l homme quelle libert pour le malade Defr nois 2002 n 18 p 1134 80 R Fragkou M decine amp Droit 2012 2012 76 92 coup s r la mort n est plus consid r comme un crime Tel est le cas de la France o partir de 1790 le suicide ne fait officiellement plus l objet d une incrimination sp cifique Ainsi lorsque la soi disant euthanasie n est en r alit qu un suicide d guis savoir un acte d lib r mis en uvre par le patient lui m me en vue de mettre fin sa propre vie dans cette hypoth se l euthanasie comme par ailleurs le suicide en tant que situation existentielle ultime est situ e au del du droit positif Ne nous pr cipitons pas pour autant d interpr ter cette absence d incrimination p nale comme une pr rogative positive ou pis encore comme un droit accord l homme par la soci t Le manque de r probation p nale l gard du suicide n quivaut nullement une approbation Ce silence de respect ne renvoie qu la d p nalisation de l acte du suicid lui m me et nullement la reconnaissance d un droit se suicider le l gislateur n ayant jamais voulu reconna tre un quelconque droit au sui cide De m me que la soci t ne pourrait jamais au nom de la libert individuelle ou
9. et assis tance m dicale au suicide cette deuxi me ayant t dans le pass autoris e par deux l gislations savoir le Death with Dignity Act de l tat de l Oregon datant de novembre 1994 ainsi que le Rights of the Terminally Ill Bill adopt par l Assembl e l gislative du Territoire du Nord de l Australie le 16 juin 1995 Dans cette hypoth se le r le du m decin restait born la simple administration des substances mortelles le patient et le patient seul prenant le m dicament lui m me Voir en ce sens Oregon Death with Dignity Act Lois r vis es de l Oregon chapitre 127 127 815 83 01 1 a b consulter sur le site Internet du Gouvernement de l tat de l Oregon l adresse http www oregon gov DHS ph pas ors shtml Rights of the Termi nally Ill Act 1995 Northern Territory of Australia Title n 4 Disponible sur le site Internet du Gouvernement du Territoire du Nord de l Australie l adresse http www nt gov au lant parliament committees rotti rotti95 pdf souffrance 4 Aujourd hui en revanche tout observateur averti de la dynamique du mouvement pro euthanasie constate avec regret que le terme euthanasie rev tu d une ambigu t et d un flou susceptibles d aboutir une confusion s mantique tr s dan gereuse recouvre des r alit s et des pratiques bien diff rentes et controvers es Parmi les diverses d finitions l efflorescence d adjectifs et la pl
10. lorsque les proches ne peuvent pas se permettre de renoncer leur carri re C est la prise de conscience de cette n cessit de r pondre de mani re substantielle et pragmatique aux besoins r els et quotidiens du malade et de ses proches qui a pouss le l gislateur fran ais ins rer dans le Code du travail et plus particuli rement aux articles L 225 15 et suivants une disposi tion novatrice accordant aux proches la possibilit de soigner s ils le souhaitent leur patient en fin de vie domicile dans un environnement familier Un droit nouveau fut ainsi inau gur pour l entourage du malade en permettant tout salari du suivie entre autres par la mise en place d un premier Plan triennal de d veloppement des soins palliatifs 1999 2001 et d une nouvelle loi celle du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et la qualit du syst me de la sant Loi n 2002 303 du 4 mars 2002 J O n 54 du 5 mars 2002 p 4118 texte n 1 NOR MESXO0100092L Voir Assembl e nationale Rapport n 1708 Tome I op cit pp 113 4 208 Mino Jean Christophe Les sp cificit s de la politique de d veloppement des soins pal liatifs en France dans Hirsch Emmanuel op cit p 119 Minist re de la Sant Dossier d information D veloppement de l offre de Soins Palliatifs mars 1999 disponible l adresse http www sante gouv fr htm actu 34_sommaire htm D cret n 99 249 du 31 mars 1999 relat
11. n 10 pp 6 7 86 S nat Session ordinaire 1994 1995 Rapport d information n 138 intitul Prendre en charge la douleur fait au nom de la Commission des Affaires Sociales et d pos par Lucien Neuwirth le 12 d cembre 1994 Disponible sur le site du S nat l adresse http www senat fr rap r94 138 r94 138 html R Fragkou M decine amp Droit 2012 2012 76 92 89 pas tabli jusqu alors ce n est qu avec la loi n 99 477 du 9 juin visant garantir le droit l acc s aux soins palliatifs que le l gis lateur fran ais est venu assurer aux soins palliatifs une assise l gale Une loi qui non seulement a enfin reconnu les soins palliatifs en tant que droit du patient usager du syst me hospi talier mais qui au del a ouvert la voie une s rie de mesures destin es inscrire parmi les droits fondamentaux des patients le droit de tout patient de b n ficier de soins palliatifs L exp rience a montr jusqu pr sent qu une assistance sup pl mentaire en mati re de s lection de donn es et d valuation serait d importance inestimable pour le d veloppement et le meilleur fonctionnement du r seau palliatif C est dans cette perspective que s inscrit la d cision prise en 2006 par le Minis t re fran ais de la Sant au lieu de lancer un nouveau programme national de d veloppement des soins palliatifs de cr er un Comit national de suivi du d veloppement des soins pallia t
12. op cit p 128 Voir en ce sens aussi Chardot Claude La mort donn e pour soulager S mantique et analyse critique de l euthanasie D p nalisation dans quelques pays et alternative des soins palliatifs Annales m dicales de Nancy et de l Est 1996 Vol 35 n 2 pp 139 48 En effet sont rares les cas de patients qui per sisteraient dans une demande d euthanasie au del d un bon accompagnement et d une prise en charge globale et ad quate des sympt mes douloureux aussi bien somatiques que psychiques Pour preuve d apr s le g riatre Ren Girerd il n y avait pas une seule demande d euthanasie sur 2200 d c s r pertori s dans l institution alors que l exp rience du Dr Marie Sylvie Richard chef de ser vice la maison m dicale Jeanne Garnier d montre que deux exceptions pr s toutes les demandes de mort manifest es l entr e dans le service se sont r sorb es d elles m mes d s lors que le malade avait t convenablement pris en charge Dans le m me esprit le Dr Maurice Abiven avoue qu en unit de soins palliatifs trois demandes seulement ont t maintenues sur 400 malades d c d s Il devient vident partant que cette demande d euthanasie masque en r alit l angoisse d tre accueilli d tre accompagn d tre cout et soign et qu une r ponse appropri e de soins palliatifs et d un accompagnement adapt serait susceptible d y rem dier Voir ainsi Abiven
13. thore de locutions techniques la pr cision de la pens e et surtout la v rit ont du mal merger Un 4 Voir ainsi Le Littr Dictionnaire de la langue fran aise XIX si cle 5 Le mot euthanasie lorsqu employ par les adversaires de sa l galisation fait horreur car il recouvre la d cision de faire mourir un tre vivant pratique assimil e un meurtre d autant plus inadmissible qu elle serait mise en uvre par un m decin En revanche quant aux partisans de l euthanasie ou quant ceux qui la revendiquent pour eux m mes le terme n est jamais voqu en tant que tel Pour eux il s agit d un acte de compassion d une mort douce conforme son origine grecque laquelle ils aspirent Par ailleurs pour certains le terme euthanasie d signe l art d all ger la souffrance de celui qui meurt alors que pour d autres il correspond la d cision d arr ter des traitements devenus inutiles et d risoires Il semble par cons quent que chacun ait int r t choisir la d finition qui sert ses positions tout en associant cet effet diverses notions souvent tr s contradictoires et en assimilant l euthanasie soit l arr t de traitement ou l interdiction de l acharnement th rapeutique soit pis encore aux soins palliatifs 6 Cette confusion s mantique souvent due la d bauche de d finitions rela tives l euthanasie est galement issue d une inflation d
14. M decine amp Droit 2012 2012 76 92 Ainsi de plus en plus de personnes r sidant l tranger et sou haitant mourir se rendent en Suisse pour accomplir ce qui est strictement interdit dans leur pays ces derniers ne connaissant souvent point de telles exemptions de peine en cas d aide m me d sint ress e comme c est le cas en Suisse au suicide La question qui se pose par cons quent n est pas de savoir sous quels termes ou forme l euthanasie pourrait tre finalement autoris e mais plut t sur la base de quel fondement Autrement dit notre soci t pourrait elle reconna tre un droit la mort tout individu y compris ceux qui se trouvent dans l incapacit physique et seraient de ce fait oblig s d exercer ce droit l aide voire travers une tierce personne 1 2 L euthanasie fond e sur le droit la mort Aucun projet de loi d origine gouvernementale n tant en effet jamais venu poser la question de l euthanasie aux parlemen taires fran ais les rares propositions manant de parlementaires n ont jamais connu de suite Nonobstant cette r ticence voire hostilit du Parlement fran ais l gard de l autorisation de l euthanasie au sens strict au d but d ann e 2011 un texte de synth se issu de propositions de trois partis politiques 36 En ce sens voir la Motion Baumann Conseil national Interdire le tourisme du suicide en Suisse Motion n 0
15. Rapport n 999 Commission des lois Session 1987 1988 p 8 S nat Proposition de loi n 339 de M Etienne Dailly et plusieurs de ses coll gues tendant r primer l incitation et l aide au suicide le 24 mai 1983 disponible en ligne l adresse http www senat fr dossier legislatif s82830339 html S nat Session ordinaire 1982 1983 Rapport n 359 de M Etienne Dailly fait au nom de la Commission des lois d pos le 2 juin 1983 disponible l adresse http extranet senat fr rap 182 359 182 359 html Loi n 87 1133 du 31 d cembre 1987 tendant supprimer la provocation au suicide J O du ler janvier 1988 p 13 NOR JUSX8700191L 24 Robert Badinter Garde des sceaux avait pr cis ment en 1983 attir l attention du l gislateur sur la difficult de distinguer les deux notions en insis tant sur le param tre du lien de causalit Ce lien de causalit c est dire le rapport entre lacte commis et le fait qui a pu le d clencher demeure on le sait l l ment le plus difficile je dirai m me le plus souvent impossible cerner lorsqu il s agit de suicide Cf Assembl e nationale XIII L gislature Rapport n 1287 fait au nom de la mission d valuation de la loi n 2005 370 du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et la fin de vie Rapporteur M Leonetti Jean Tome I le 28 novembre 2008 p 168 R Fragkou M decine amp Droit 2012 2012 76 92 81 Le terme suicide m di
16. a tel point domin notre langue et notre men talit que dans son effort de trouver un quilibre entre les diverses notions et significations il pi ge syst matiquement tous discours m me ceux qui rel vent de l existence humaine et qui devraient par nature se situer au del du droit positif La preuve en est justement que si nous devions construire un dis cours humanitaire en faveur de l euthanasie nous serions dans l incapacit de le faire sans employer aucun des termes droit devoir responsabilit principes moraux Le droit posi tif pourrait il cependant avec sa valeur relative r soudre tous les probl mes de l tre humain Serait il en r alit en position de fournir de solutions l gard de toute situation relevant de l existence humaine Autrement dit le droit positif constitue t il une panac e Revendiquer la mort comme un droit ne serait ce pas quelque peu cynique quelque peu ambigu quelque peu malsain et morbide Il est important d arr ter de tout concevoir en termes de droits Il est temps d accepter que le droit ne peut pas tout r gir et que plus fondamentalement l euthanasie ne peut pas constituer l objet d une r glementa tion du droit positif L autorisation juridique de l euthanasie ne pourrait gu re tre fond e ni sur la revendication d un droit au suicide ou son assistance m dicale 1 1 ni sur la revendication d un droit la mort 1 2 1
17. a t accord e l augmentation des fonds destin s aux soins pallia tifs au cours des dix derni res ann es la diversit des sources financi res affect es la m decine palliative s impose comme une entrave consid rable l int gration de cette derni re dans le continuum de soins et services Plus concr tement la majeure partie des soins palliatifs est financ e selon le syst me de la tarification hospitali re l activit T2A qui r mun re forfai tairement les tablissements de sant en fonction du nombre de s jours effectu s Le tarif dont b n ficient les tablisse ments de sant est donc consid rablement plus lev lorsque la prise en charge du patient s effectue dans une structure sp cialis e en soins palliatifs ce qui est justifi par la complexit de l tat et des besoins des patients pris en charge par des uni t s de soins palliatifs USP La T2A ne s applique toutefois qu aux activit s de court s jour et l hospitalisation domicile HAD Dans les autres secteurs le mode de financement est toujours celui de la dotation g n rale de fonctionnement Ainsi titre indicatif les tablissements qui pratiquent des soins de suite ou de longue dur e et les tablissements m dicosociaux re oivent une dotation globale et fongible dont une partie peut servir au financement des soins palliatifs les quipes mobiles de soins palliatifs EMSP b n ficient des cr dits d
18. am liorer la qualit de vie des patients et de leur famille face aux cons quen ces d une maladie potentiellement mortelle par la pr vention et le soulagement de la souffrance identifi e pr cocement et valu e avec pr cision ainsi que le traitement de la douleur et des autres probl mes physiques psychologiques et spirituels qui lui sont li s La d finition retenue par le groupe de tra vail de l Agence nationale d accr ditation et d valuation en sant Anaes est grosso modo similaire quoique ce dernier ait plut t mis l accent sur le caract re actif continu volutif et coordonn des soins palliatifs pratiqu s par une quipe pluriprofessionnelle et dont la priorit consiste entre autres 61 Sur l optimisation de qualit de vie du patient en fin de vie voir Castra Michel Bien mourir Sociologie des soins palliatifs PUF Paris 2003 pp 160 et suiv 62 En effet le verbe pallier vient du latin palliare qui signifie recouvrir d un manteau alors que palliatif vient du latin pallium lequel signifie manteau couverture Les soins palliatifs consisteraient donc recouvrir le mourant du manteau de la compassion En vertu du dictionnaire Larousse pallier c est rem dier d une mani re incompl te et provisoire 6 En sens voir O Brien Tony Que sont les soins palliatifs dans Conseil de l Europe L euthanasie Aspects thiques et humains Vol I ditions du Conseil de
19. cette fin nous sommes parvenus retenir une d finition unique ayant pour autant incontestablement re u l influence d un cer tain nombre de d finitions L euthanasie ainsi d apr s 1 Voir ainsi Mathieu Bertrand De la difficult de choisir entre la libert et la vie R flexions sur la jurisprudence administrative relative la transfusion des t moins de J hovah Rev g n dr m d 2003 n 9 p 102 Ricot Jacques Fin de vie rep res thiques et philosophiques Laennec 2004 n 1 p 6 24 Conf rence donn e par J Ricot au Congr s de Nice de la Soci t fran aise d accompagnement et de soins palliatifs SFAP en juin 2003 Verspieren Patrick Richard Marie Sylvie Ricot Jacques La tentation de l euthanasie Rep res thiques et exp riences soignantes d Descl e de Brouwer Paris 2004 pp 215 6 8 Pinsart Marie Genevi ve Conclusion et mises en perspectives dans L euthanasie ou la mort assist e textes r unis par Susanne Charles De Boeck Universit Bruxelles 1991 p 101 La d finition fournie par la loi belge du 28 mai 2002 sur l euthanasie son article 2 l acte pratiqu par un tiers qui met intentionnellement fin la vie d une personne la demande de celle ci en englobant trois notions qu notre avis doivent tre bien distingu es le suicide assist l euthanasie au sens strict et l abstention th rapeutique nous para t trop vaste et g n rale En reva
20. de faire telle action de prendre telle d ci sion et un droit telle situation tel objet Le probl me n est pas le m me selon que serait consacr un droit de choisir sa mort au sens o il faudrait pr venir les atteintes port es la libert de choisir telle mort plut t que telle autre ou un droit choisir sa mort qui obligerait rendre possible facili ter une capacit qu aurait chacun mourir comme il l entend Il existe un probl me de cr ance qu il semble difficile de consacrer au m me titre que celle du droit la sant ou au logement puisqu elle reviendrait rendre des tiers ou l tat d biteur de la mort de la personne qui le souhaiterait avec une obligation l gale de r pondre ses exigences sur la nature de sa mort La question qui se pose par cons quent m engage pas uniquement la personne qui choisirait sa mort D s lors qu on d passe la sph re de la libert individuelle une tierce personne se trouve in vitablement impliqu e Or la ques tion ainsi formul e a t on le droit de choisir de mourir qui correspond en r alit la question peut on d l guer le droit de mourir un tiers la r ponse pourrait tre affirmative la seule condition qu un tiers ne soit pas impliqu dans la r alisa tion de ce choix D s lors que la question pos e en revanche consiste savoir si on a le droit choisir sa mort la r
21. entra nent la diminution des revenus des h pitaux dans le sens o d s que la prestation des services palliatifs est men e de mani re ad quate et adapt e les patients en fin de vie peuvent rentrer chez eux et passer leurs derniers jours domicile entou r s par leurs proches Ils vitent de cette fa on les d penses parfois excessives d une hospitalisation souvent inutile en ta blissement m dical o les patients subissent des interventions m dicales th rapeutiques sophistiqu es et agressives Les r ad missions r it r es l h pital en vue de contr ler la douleur ou les autres sympt mes pr sent s en phase avanc e d une affec tion sont en revanche l avantage financier des h pitaux Notre syst me de sant attach une culture de l acte qui ne favorise pas le retrait th rapeutique a volu de telle fa on que le trai tement de la douleur et des autres sympt mes des patients en phase terminale soit financi rement d courag au motif que la dispensation de bons soins palliatifs n est pas au profit de Ph pital L instauration d une v ritable culture palliative cependant qui est l un des objectifs principaux non seulement du l gisla teur fran ais mais aussi de la communaut m dicale mondiale implique que les soins palliatifs b n ficient d un financement 107 Vu qu elle privil gie les hospitalisations br ves ce qui entre en conflit direct avec le princi
22. entre euthanasie ex cut e sur demande du malade ou avec son consentement et euthanasie perp tr e l insu et sans le consentement de l int ress soit parce que le patient est inconscient soit parce qu il n a pas t consult Sur la classification voqu e voir Maret Michel L euthanasie Alternative sociale et enjeux pour l thique chr tienne d Saint Augustin 2000 pp 18 21 ainsi que le tableau de Beau champ Tom Intending Death The ethics of Assisted Suicide and Euthanasia Editions Prentice Hall 1996 texte traduit en grec d L Archipel Ath nes 2007 p 19 Tout en tant d avis que l euthanasie au sens strict l acte d li b r par lequel un tiers entra ne directement la mort d une personne malade ne peut avoir qu un caract re direct et actif en disposant de ce fait d une connota tion in vitablement agressive et p jorative nous regrettons l emploi de tous ces qualificatifs destin s accorder au terme euthanasie une autre signification distincte chaque fois En ce sens voir Prothais Alain Notre droit p nal per met plus qu il n interdit en mati re d euthanasie JCP G 2011 n 18 p 881 Fragkou Roxani L euthanasie et le droit au refus de traitement la lumi re de l volution du droit europ en compar France Gr ce Suisse Pays Bas Bel gique Espagne et Royaume Uni Th se pour l obtention du titre de Doctorat soutenue publiquement le 13 novemb
23. nomologias 1998 pp 678 80 4 En ce sens voir Singer Peter Justifying Voluntary Euthanasia dans Weir F Robert Ethical Issues in death and Dying Columbia University Press New York 1986 pp 268 74 84 R Fragkou M decine amp Droit 2012 2012 76 92 Selon la premi re doctrine parall lement au principe de la dignit humaine universelle cet irr ductible humain qui mane de la propre existence de l homme et l accompagne de sa naissance sa mort et cela de mani re inconditionnelle il a fallu que les philosophes et thiciens d veloppent une autre version de la dignit humaine en vue de parvenir tayer leur argumentation en faveur de l euthanasie cette fin ils ont invent un concept de dignit sacrifiable et consommable Une dignit pouvant tre perdue et susceptible de rendre une vie indigne d tre v cue Une dignit munie de toutes les excuses permettant de justifier m me un geste euthanasique mettant un terme cette indignation Une dignit humaine enfin clairement attach e aux apparences et dot e d une valeur subjective et relative sur les fondements de laquelle fut tablie l approche du mouvement pro euthanasie Or aux termes de cette conception le plus important plus important encore que la vie en soi c est de pr server la dignit jusqu au bout La mort devient moins grave que la destruction de cette fa ade qui 50 Inscr
24. possible et une autonomie maximale Les soins palliatifs tendent garantir et optimaliser la qualit de vie pour le patient et pour sa famille durant le temps qu il lui reste vivre 67 Voir S nat Commission des affaires sociales Proposition de loi relative l assistance m dicalis e pour mourir n 229 18 janvier 2011 art 2 al 3 S nat Session ordinaire de 2010 2011 Proposition de loi relative l euthanasie volontaire n 31 pr sent e par M Guy Fisher et consorts le 13 octobre 2010 art 4 al 4 S nat Session extraordinaire de 2009 2010 Proposition de loi relative l aide active mourir n 659 pr sent e par M Jean Pierre Godefroy et consorts le 12 juillet 2010 art 2 al 2 S nat Session ordinaire de 2008 2009 Proposition de loi relative l aide active mourir dans le respect des consciences et des volont s n 65 pr sent e par M Alain Fouch et consorts le 29 octobre 2008 art 4 al 2 R Fragkou M decine amp Droit 2012 2012 76 92 87 sp cifique qui lui est compl mentaire Mais cette compl mentarit peut elle en effet exister entre les soins palliatifs et la possibilit de fixer le terme d une vie Les soins palliatifs ont t con us comme une r ponse per tinente la demande d euthanasie gr ce leur avantage majeur consistant consid rer la personne comme un tre vivant et la mort comme un processus naturel et leur qua l
25. que ce dernier soul ve et tenter de r pondre des questions qui suscitent des pol miques Des ques tions qui rel vent de la nature et du sens m me de l tre humain tels qu ils sont r gis par les principes les plus fondamentaux qui ont servi de base notre soci t Apparu il y a 2500 ans le mot euthanasie qui vient ty mologiquement du grec eu v caract re de ce qui est bon et thanatos 0 v T o la mort a t synonyme jusqu au d but du XX si cle de la bonne mort mort douce et sans 1 Un d bat qui quoiqu il ne soit pas si r cent car il est n dans le contexte d une r volution th rapeutique due aux progr s scientifiques et m dicaux galopants marqu s dans les ann es 1970 conserve sa place la une de l actualit travers surtout des cas tr s m diatis s ayant secou l opinion publique pas seulement du Vieux continent mais aussi du monde entier titre d exemple nous faisons allusion l affaire de Terri Schiavo celle de l espagnol Ramon Sampedro ou encore celle de la britannique Diane Pretty ou du fran ais Vincent Humbert En France ce sont trois propositions de loi qui furent abord es au d but de l ann e 2011 par le S nat Voir S nat Session ordinaire de 2008 2009 Proposition de loi relative l aide active mourir dans le respect des consciences et des volont s n 65 pr sent e par M Alain Fouch et consorts le 29 octo
26. terminale Ce rapport publi le 26 ao t 1986 avec une circulaire minist rielle appel e Circulaire Laroque demeure jusqu aujourd hui m me un texte de r f rence et est consid r comme le v ritable acte de naissance des soins palliatifs en France Au cours des ann es qui ont suivi de la loi hospi tali re du 31 juillet 1991 qui a apport un v ritable cadre l gal aux soins palliatifs aux rapports du docteur Delbecque sur l tat d avancement des soins palliatifs en janvier 199385 et du s nateur Lucien Neuwirth datant du 12 d cembre 1994 qui allait plus loin en cherchant tablir les raisons des carences et des lacunes le d veloppement du mouvement des soins palliatifs fut incontestablement laborieux alors que l absence d une v ri table politique coh rente et structur e de planification sanitaire a abouti des disparit s g ographiques la moiti des lits se trou vant en le de France Un cadre normatif pr cis n tant toujours 83 Or c est cette circulaire que les Fran ais doivent l instauration d une forme de l gitimit politique quant la cons cration voir l officialisation des soins palliatifs dans la prise en charge des malades en fin de vie Son objec tif principal consistant pr ciser le concept et la notion de soins palliatifs et d accompagnement la Circulaire Laroque a offert les premi res d finitions en la mati re et a fixant les modalit s essentielles de leur organisati
27. 1 L euthanasie d guis e en suicide En vue d viter la confusion s mantique de l euthanasie au sens strict avec ses notions voisines mais distinctes ph nom ne tr s fr quent qui a tendance fausser le d bat sur la mort volon taire il serait essentiel de bien cerner la diff rence entre les divers concepts en distinguant l euthanasie du suicide ou de la tentative au suicide d une part ces derniers n tant pas r pri m s par le droit p nal fran ais 1 1 1 ainsi que de la provocation ou de l assistance m dicale au suicide de l autre 1 1 2 1 1 1 Le suicide et la tentative de suicide Souvent nous constatons un d placement du d bat sur l euthanasie du registre juridique de la question de l euthanasie au registre plut t moral de la question du suicide Dans la plupart des pays n anmoins le suicide savoir l action de causer volontairement sa propre mort ou de la tenter pour chap per une situation psychologique intol rable lorsque cet acte dans l esprit de la personne qui le commet doit entra ner 16 Voir ainsi Yannaras Christos L euthanasie probl me du sens de la dou leur et de la mort dans Ka afa Gmbandim Kounougeri Manoledakis E Symenoidou Kastanidou E Euthanasie Publications du droit M dical et de la Bio thique d Sakkoulas Ath nes Thessalonique 2007 p 52 17 Voir en ce sens l avis du professeur Philippe Malaurie d apr s le quel le
28. 2 3623 d pos e par Alexander J Bau mann le 4 octobre 2002 Disponible sur le site Internet du Parlement suisse www parlament ch C est ainsi que le d put d crit dans sa motion datant de 2002 la situation Jls s installent dans un h tel ou une maison sp ciale appartenant une organisation d aide au suicide qui sont de plus en plus nombreuses en Suisse l organisation leur procure le poison mortel et le lendemain ces m mes organisations se chargent de rapatrier la d pouille dans le pays de domicile 37 Pourtant il convient sur ce point de pr senter certaines de ces rares proposi tions qui n ont pas t retenues Une premi re tentative a t faite en f vrier 1997 par Pierre Biarn s s nateur repr sentant les Fran ais de l tranger et membre de l ADMD Voir S nat Session ordinaire de 1996 1997 Proposition de loi n 215 relative au droit de mourir dans la dignit enregistr e la Pr sidence du S nat le 13 f vrier 1997 et pr sent e par Pierre Biarn s et consorts disponible en ligne l adresse http www senat fr leg ppl96 215 html Dore Christophe RevolL Anne Marie MarechalL Elie Euthanasie une br che dans la doctrine ordinale Le Figaro 21 septembre 1998 p 9 Quelques ann es plus tard en 2001 une autre proposition de loi d pos e par les d put s Jean Pierre Michel et Jacques Dessalangre aspirait aussi d p naliser l acte d aide mourir en intervenant sur le
29. 2005 86 R Fragkou M decine amp Droit 2012 2012 76 92 personne malade lors des derniers instants de sa vief Apr s un bref aper u de certaines des d finitions juridiques ou m di co thiques propos es l gard des soins palliatifs 2 1 1 nous devrons tre pr ts examiner en profondeur la notion de m de cine palliative ce qui nous permettra de v rifier si elle constitue in fine une r ponse pertinente face l euthanasie 2 1 2 2 1 1 La tentative de d limitation de la notion de soins palliatifs S agissant d un domaine m dical dynamique en pleine vo lution il n existe aucune d finition enti rement satisfaisante susceptible de nous clairer sur tous les aspects des soins palliatifs Si autrefois les soins palliatifs taient assimil s aux soins r serv s aux patients en phase terminale de leur vie ou mourants une telle d finition s av re aujourd hui in vitable ment trop restrictive car non seulement elle suppose que les soins curatifs ne peuvent jamais avoir d effets palliatifs mais surtout elle porte une coloration forcement n gative cause de cette liaison troite entre soins et fin de vie Pr cisons ce propos que les soins de fin de vie ne sauraient suffire d finir la m decine palliative soins palliatifs et soins de fin de vie formant un continuum L Organisation mondiale de sant OMS d finit alors les soins palliatifs comme les soins qui cherchent
30. 3 l ouverture de la deuxi me conf rence mon diale sur les droits de l homme Voir Discours du Secr taire G n ral de l Organisation des Nations Unies l ouverture de la Conf rence mondiale sur les droits de l homme 14 25 juin 1993 Vienne Autriche disponible l adresse www unhchr ch french menu5 wchr_fr htm est le fond de la personne tant donn que la vie biologique ne dispose plus de la m me valeur sans cette dignit humaine Selon la deuxi me doctrine celle de la qualit de vie 3 la vie ne consiste pas en une fin en soi mais en un instrument Elle ne dispose pas d une valeur absolue et inviolable mais plut t d une valeur instrumentale Il se peut par cons quent d apr s le raisonnement de ce courant qu il existe des vies qui en raison d une affection incurable ou d un handicap grave ne sont pas dignes d tre v cues car elles tombent en dessous du seuil de qualit acceptable ou impos e par la soci t Aux termes de cette argumentation les militants de la doctrine de la qualit de vie finissent par justifier l euthanasie dite volontaire dans toutes ses formes savoir par acte ou par omission Ils d clarent avec fermet que dans l hypoth se o la limite de la soi disant qualit de vie sans n anmoins avoir d termin avec rigidit cette limite est d pass e les vies concern es ne valent plus la peine d tre v cues et par co
31. 5 370 du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et la fin de vie J O n 95 du 23 avril 2005 p 7089 NOR SANX0407815L de la Circulaire du 2 mars 2006 relative aux droits des personnes hospitalis es Voir Circulaire n DHOS E1 DGS SD1B SD1C SD4A 2006 90 du 2 mars 2006 relative aux droits des personnes hospitalis es et comportant une charte de la personne hospitalis e NOR SANH06301 11C La pr sente circulaire constitue une r actualisation de la charte du patient hospitalis telle qu elle r sultait de la Circulaire DGS DH 95 n 22 du 6 mai 1995 relative aux droits des patients hospitalis s et comportant une charte du patient hospitalis NOR SANH9510 126C ainsi que d un nouveau Plan quadriennal d am lioration de la prise en charge de la douleur 2006 2010 Voir Minist re de la Sant et des Solidari t s Plan d am lioration de la prise en charge de la douleur 2006 2010 le 3 mars 2006 disponible l adresse http www sante gouv fr htm dossiers prog douleur doc_pdf plan_douleur06_2010 pdf 89 Article 2 de l arr t du 6 juin 2006 relatif la d signation des membres du Comit national de suivi du d veloppement des soins palliatifs et de l accompagnement de la fin de vie J O n 151 du 1 juillet 2006 p 9895 NOR SANHO0622614A1 90 Article 1 de l arr t du 9 f vrier 2006 relatif la cr ation et la compo sition du Comit national de suivi du d veloppement des soins pal
32. Code p nal et en modifiant cette fois ci les articles 221 1 et 221 5 du Code p nal relatifs aux atteintes volontaires la vie le meurtre et l empoisonnement Voir Assembl e nationale XI L gislature Proposition de loi n 3499 instituant le droit de mourir dans la dignit enregistr e la Pr si dence de l Assembl e Nationale le 19 d cembre 2001 et d pos e par les d put s Jean Pierre Michel et Jacques Dessalangre disponible en ligne l adresse http www assemblee nationale fr 1 1 pdf propositions pion3499 pdf Enfin en 2003 une troisi me proposition de loi pr sent e par 81 d put s n a eu aucune suite non plus Les auteurs de cette d marche se sont r v l s inspir s par la l gislation de plusieurs pays qui avaient d j tent d apporter une r ponse la question de l euthanasie et ils rappelaient le cas des tats Unis du Territoire du Nord de l Australie des Pays Bas de la Belgique de la Suisse du Danemark ou encore de quelques provinces canadiennes qui taient dot s de l gisla tions relatives l euthanasie le suicide m dicalement assist ou le testament de vie en proposant galement la modification du Code p nal Voir Assem bl e nationale XII L gislature Proposition de loi n 788 relative au droit de finir sa vie dans la libert enregistr e la Pr sidence de l Assembl e Natio nale le 10 avril 2003 et pr sent e par 81 d put s parmi lesquels Jean Louis Bia
33. Maurice Chardot Claude FrescoRobert Euthanasie Alternatives et controverses Presses de la Renais sance Paris 2000 pp 226 et 233 et suiv De Hennezel Marie Sens et valeur du temps qui pr c de la mort dans Forum Diderot La fin de la vie qui en d cide PUF Paris 1996 p 27 16 Le probl me de l insuffisance du traitement de la douleur en g n ral est rest majeur jusqu la fin des ann es 1980 et il ne se trouve encore pas pleinement r solu ce jour L OMS dans son rapport relatif au Traitement de la douleur canc reuse affirmait depuis 1990 qu une analyse de douze enqu tes couvrant pr s de 2600 malades dans des pays d velopp s laisse penser que plus de 50 des malades souffrent d une douleur non trait e Sept ans plus tard lors de la parution de la deuxi me dition de ce m me rapport rien ne semblait avoir chang L OMS continuait signaler que les obstacles au soulagement de la douleur n taient pas encore surmont s cause d une s rie de facteurs tels que titre d exemple l absence de politiques nationales le manque de ressources financi res le manque de personnel m dical ou encore les restrictions l gales relatives l utilisation et la prescription d analg siques opio des Voir OMS Traitement de la douleur canc reuse Gen ve 1990 p 21 OMS Traitement de la douleur canc reuse Deuxi me dition compl t e par une analyse des probl mes li s la mise
34. ant que dans toute soci t la coexistence des personnes constitue beaucoup plus qu une simple existence parall le de plusieurs individus un tel droit la mort ne serait gu re concevable Il ne pourrait jamais tre autoris en droit car il viendrait contrarier tant la philosophie enti re et la logique de la science juridique dans son ensemble que la d finition elle m me du droit en tant que pouvoir fourni l individu par l ordre juridique en vue de la r alisation d un int r t biotique 41 Consulter ainsi Rameix Suzanne Le droit de mourir G rontologie et Soci t mars 2004 n 108 p 98 42 D apr s l analyse juridique r alis e en la mati re par Ioannis Manoledakis minent professeur grec de droit p nal et membre correspondant de l Acad mie d Ath nes Voir ainsi Manoledakis Ioannis Est ce qu il y a un droit la mort Annales P nales Vol 54 2004 pp 577 85 4 L int r t consiste en tout ce qui est d un profit qui peut tre utile ou qui procure un avantage l individu L int r t biotique d signe ce qui est d un pro fit aux tres vivants et qui procure un avantage pour la promotion de la vie L int r t juridique enfin consiste en tout int r t conforme la loi et reconnu par celle ci 44 D apr s le Professeur Manoledakis l objectif de l individu en tant qu tre social n est pas d tre seul parmi les autres La personne est attach e aux a
35. bre 2008 S nat Session extraordinaire de 2009 2010 Proposition de loi relative l aide active mourir n 659 pr sent e par M Jean Pierre Godefroy et consorts le 12 juillet 2010 S nat Session ordinaire de 2010 2011 Proposition de loi relative l euthanasie volontaire n 31 pr sent e par M Guy Fisher et consorts le 13 octobre 2010 S nat Commission des affaires sociales Proposition de loi relative l assistance m dicalis e pour mourir n 229 18 janvier 2011 2 L affaire Nicolas Bonnemaison du nom du m decin urgentiste mis en exa men le 12 ao t 2011 pour empoisonnement sur personnes particuli rement vuln rables Pour plus d informations consulter Euthanasies Bayonne mortelle pr cipitation Le Figaro 20 21 ao t 2011 Affaire Bonnemaison l euthanasie en question G n tique n 141 septembre 2011 Hasendahl St phanie Le Docteur Bonnemaison suspect de trois autres cas d euthanasie Le quotidien du m decin 6 septembre 2011 Leclair Agn s Euthanasie le docteur Bonnemaison laiss en libert Le Figaro 12 septembre 2011 Euthanasie une famille se constitue partie civile contre le Docteur Bonnemaison Le Monde 19 octobre 2011 Un 8 cas d euthanasie reproch au Docteur Bonnemaison Lib ration 20 octobre 2011 Le Docteur Bonnemaison suspendu par le ministre de la Sant Le Monde 18 novembre 2011 3 Attention ne pas confondre euthanasie volontaire dite active
36. calement assist est d fini par la Soci t fran aise d accompagnement et de soins palliatifs SFAP en tant que l acte d un m decin qui apporte une assis tance et des m dicaments un patient qui a l intention de les utiliser pour se donner la mort la demande de ce patient Telle est la particularit de cet acte le malade agit de lui m me tandis que le m decin en tant qu agent du geste de l assistance au suicide se limite fournir les substances mortelles Pourtant le concept n est absolument pas si innocent On s aper oit rapidement que la notion du suicide m dicalement assist est en effet la notion la plus proche de l euthanasie tout en d signant la m me action ou plut t en termes juridiques pr cis la m me intention que celle de l euthanasie sauf qu en P occurrence c est le patient lui m me qui s administre le m di cament l tal N anmoins une fois de plus il ne faut pas se tromper L intention en tant qu l ment int rieur et subjec tif s av re tr s difficile prouver et de ce fait l assistance au suicide se r v le son tour rarement punie En effet la pratique du suicide m dicalement assist est tr s r pandue de nos jours du moins beaucoup plus que toute autre notion voisine de l euthanasie en raison notamment du trait distinctif d termi nant entre les deux concepts et plus concr tement en raison du fait q
37. d Dying Englewood Cliffs Prentice Hall 1978 p 88 19 En ce sens voir aussi Andr Christophe Euthanasie et droit p nal la loi peut elle d finir l exception RSC janvier mars 2004 n 1 pp 52 3 20 En ce sens voir Singer Peter Justifying Voluntary Euthanasia in Weir F Robert Ethical Issues in death and Dying Columbia University Press New York 1986 pp 268 74 Consulter galement Fragkou Roxani L euthanasie et le droit au refus de traitement la lumi re de l volution du droit europ en compar France Gr ce Suisse Pays Bas Belgique Espagne et Royaume Uni op cit pp 108 et suiv 21 C est ce paradoxe qui est d nonc par le professeur Bernard Beignier travers un exemple simple mais significatif Le droit fran ais bien qu il ne r prime pas la prostitution en tant que telle c est dire en tant que commerce du corps il sanctionne le prox n tisme ou le racolage sur la voie publique Cela ne signifie nullement qu il existe un droit se prostituer Il en va de m me pour le suicide dont l incrimination en droit fran ais fut abolie sans que cela entra ne la cons cration d un droit subjectif la mort Voir ainsi Aumonier Nicolas Beignier Bernard Letellier Philippe L euthanasie PUF Que sais je Paris 2001 pp 97 100 ne sanctionne que la provocation au suicide c est dire le comportement de celui qui inciterait ou pousserait un tiers se suicider en le lui
38. de l autonomie reconna tre un droit choisir une attitude qui d grade l humanit de mani re ana logue elle ne pourrait point autoriser le suicide Au contraire si elle tait amen e reconna tre l individu un droit au sui cide elle aurait l obligation de r parer le pr judice commis l encontre d une personne ayant tent mais pas consomm un suicide du fait de l avoir oblig e continuer de vivre contre son gr Or cette conclusion non seulement para t absurde mais au del de cela elle contredit le Code p nal fran ais qui r prime aux articles 223 5 223 7 1 la non assistance personne en p ril 1 1 2 La provocation et l assistance m dicale au suicide Lorsqu une tierce personne toutefois est impliqu e dans le suicide l hypoth se change encore et il convient parler soit de provocation au suicide si l initiative du suicide n appartient pas son auteur soit d assistance m dicale au suicide Le Code p nal 18 Selon la d finition fournie par Le Nouveau Petit Robert Nouvelle dition du Petit Robert de Paul Robert Dictionnaires Le Robert Paris 2001 Tom Beau champ et Seymour Perlin en revanche rel vent que les d finitions du suicide varient selon les cultures Aucun acte ni aucune omission ne sont consid r s comme des suicides si ce n est par rapport une tradition particuli re En ce sens voir Beauchamp Tom et Perlin Seymour Ethical Issues in Death an
39. de vie Une voie qui pour une partie de la doctrine fran aise constitue d j un mod le part le mod le fran ais dont l originalit en mati re d euthanasie permet finalement en r alit beaucoup plus qu il n interdit de fa on r pondre autant que de besoin aux situations de fin de vie probl matiques sans prendre n anmoins le risque de renverser un principe essentiel pour notre civilisation L arsenal l gislatif fran ais d s lors aspire carter ce qui serait un faux dilemme un pseudo choix entre euthanasie et pri vation de tout droit l autod termination La question n est pas d tre pour ou contre l euthanasie Pourquoi faudrait il choisir un camp euthanasie ou souffrances atroces La r alit est beau coup moins manich enne La sauvegarde de la dignit humaine et de l autonomie du patient ne se limite pas au seul respect d une demande d euthanasie mais s tend galement au respect du droit au refus de consentement une intervention m dicale ainsi qu la dispensation de soins palliatifs ad quats et de qua lit La m decine palliative est l pour proposer un contr le de la fin de vie diff rent fondamentalement humain susceptible d offrir un autre choix quant la mani re d envisager la vie et la mort Ne restons par cons quent pas sur le pseudo dilemme entre interdiction ou autorisation de la mort assist e entre l gi f rer ou pas 1
40. e Rapport n 1287 Tome I op cit p 84 104 Qui servent au financement des activit s MCO tablissements de sant de m decine chirurgie et obst trique 105 Le Fonds d action la qualit des soins de ville FAQSV et la Dotation nationale de d veloppement des r seaux de sant DNDR ont t remplac s par le Fonds d intervention pour la qualit et la coordination des soins FICQS 106 En 2006 pr s de 1 350 000 euros ont t vers s 181 associations pour la formation des b n voles toujours incompatible avec la d marche des soins palliatifs 07 rend imp rative l uniformisation de leur mode de financement travers la g n ralisation de la tarification l activit afin de r quilibrer l offre de soins entre secteurs d activit s 08 L ensemble des soins hospitaliers publics ou priv s conver geant actuellement vers un financement l activit c est avec regret en outre que nous constatons que l acharnement th rapeutique est mieux financ que l accompagnement de qua lit 1 Un activisme qui est d en r alit la n cessit pour les h pitaux de prescrire beaucoup d actes en peu de temps afin de b n ficier de cr dits 10 Pourquoi Parce que plus un m de cin ou un h pital parvient soulager les souffrances des patients en phase terminale plus ces derniers disposent de la possibilit de mourir chez eux Or les soins palliatifs proprement dis pens s
41. e qualificatifs adjoints au terme euthanasie cens s le pr ciser En effet la classification des divers types ou formes li s euthanasie a eu lieu essentiellement d s le d part du lancement de ce fameux d bat ce qui a rendu cette typologie aujourd hui un demi si cle plus tard in vitablement d pass e selon certains absurde et form e sur la base des crit res secondaires selon d autres Consulter ce propos Kim sma Gerrit Van Leeuwen Evert Dutch euthanasia background practice and present justifications Cambridge Quarterly of Healthcare Ethics 1993 Vol 2 pp 19 35 Kuhse Helga The case for active voluntary euthanasia Law Medi cine amp Health Care 1986 Vol 14 n 3 4 pp 145 8 Plus pr cis ment il s agit de qualifier l euthanasie d active ou de directe pour designer l action d administrer des substances essentiellement l tales dans l intention d lib r e de h ter ou de provoquer la mort afin de mettre un terme aux souf frances d un patient de passive pour indiquer le renoncement des moyens th rapeutiques maintenant en vie un patient ou susceptibles de prolonger sa vie d indirecte pour signaler l administration de m dicaments dans le but de soulager la souffrance mais qui a pour effet secondaire de provoquer la mort sans pour autant que l intention d abr ger la vie ne soit pr sente de volontaire ou de non volontaire pour distinguer
42. e traitement Mais sa l galisation est elle la bonne r ponse Si un d ca lage si important entre les r gles affirm es et la r alit v cue existe en effet doit il se r sorber en faveur de la r alit Or en cette derni re hypoth se il s agirait de supprimer les r gles tablies et les grands principes affirm s Si le v ritable objec tif est de r duire le d calage entre r alit clandestine et r gles 56 Voir Maret Michel L euthanasie Alternative sociale et enjeux pour l thique chr tienne d Saint Augustin 2000 p 144 57 Panagopoulos Emmanuel Euthanasie d finition volution historique principes de l thique m dicale et serment d Hippocrate dans Diaconat Apos tolique Le probl me de l euthanasie Actes du colloque scientifique au sujet de l Euthanasie Comit Synodique Sp ciale de la Synode Sacr e de l glise de la Gr ce 17 18 mai 2002 Thessalonique pp 37 52 pos es pourquoi ne pas tenter de modifier la r alit v cue Il serait pour le moins incompr hensible et paradoxal de r gler ce probl me de non application de la loi par la modification voire l abrogation de celle ci Il se peut que les m urs soient en avance sur la loi et qu il faille changer la loi N anmoins il se peut aussi que la loi souvent transgress e et pourtant protectrice des valeurs fondamentales ait besoin d tre clairement rappe l e pour qu elle continue d emp cher une d rive des m urs Si l
43. e v ritable objectif est de faire face aux demandes d ses p r es des malades souffrants en fin de vie pourquoi ne pas chercher d gager une meilleure r ponse destin e offrir un contr le de fin de vie efficace et humain Pourquoi au lieu d autoriser l euthanasie en euthanasiant les soins palliatifs ne pas s efforcer de faire avancer les soins palliatifs En effet ilne faut ni de millions ni de la magie pour prendre en charge la douleur Il faut surtout et avant tout une r elle volont de soigner et le d sir de prendre soin des patients Les traitements de la douleur reposent sur des m thodes et des moyens r els et existants mais qui supposent la volont et la d termination de mettre en uvre l aspect humain du savoir faire m dical En r alit l essentiel est de pouvoir rester humain Quand on ne peut plus rien contre la maladie on peut encore beaucoup pour le malade La promotion de la philosophie des soins palliatifs et la sensibilisation en la mati re est d une importance capi tale 2 1 pour qu une v ritable culture palliative puisse tre instaur e au niveau national 2 2 2 1 Ce qu il reste faire quand il n y a plus rien faire La promotion de la philosophie des soins palliatifs Les soins palliatifs ne constituent point un ensemble st rile de m thodes et techniques m dicales destin es tre mises en uvre par un seul m decin traitant ou soignant
44. en Suisse Le Monde 22 septembre 2007 Karanikas Charis Six patients grecs souffrant d une maladie incurable ont d j le feu vert pour un suicide assist en Suisse TA Nea Journal quotidien grec 19 mai 2007 AFP Suicide m dicalement assist pour quatre nouveaux Britanniques en Suisse Londres 17 septembre 2006 De Tricornot Adrien La justice allemande enqu te sur un suicide assist en Suisse Le Monde 18 novembre 2005 34 Dignitas avait suscit une pol mique sur le tourisme de la mort en assis tant 88 personnes domicili es en dehors des fronti res suisses en 2004 et 91 en 2003 tandis qu en 2000 elle n en d nombrait que 3 Fin octobre 2007 la m me association suisse avait aid deux jours d intervalle deux Allemands de 50 et 65 ans mourir l un dans un camping car et l autre dans une camionnette sur un terre plein en bord de route sur la commune de Maur nord est de la Suisse en soulevant une vague d indignation en Allemagne Or mourir dans un apparte ment lou cet effet voire dans un camping car ou une camionnette n a rien de digne Voir ainsi AFP Vague d indignation apr s le suicide assist de deux Allemands en Suisse Berlin 8 novembre 2007 35 Des risques concernant notamment la capacit de discernement de certains candidats au suicide la situation financi re des organisations ou encore l expression de la volont de mourir par les int ress s 82 R Fragkou
45. ens le Code p nal suisse du 21 d cembre 1937 Livre 2 Dispositions sp ciales Titre 1 Infractions contre la vie et l int grit corporelle articles 114 Meurtre sur la demande de la vic time et 115 Incitation et assistance au suicide Koorits Ursula From Estonia Palliative Medecine 2003 n 17 p 127 Loi n erlandaise sur le contr le de l interruption de la vie sur demande et de l aide au suicide du 12 avril 2001 Loi luxembourgeoise du 16 mars 2009 sur l euthanasie et l assistance au suicide Loi belge relative l euthanasie du 28 mai 2002 Crown Prosecution Service CPS Director of Public Prosecutions DPP Policy for Prosecutors in respect of Cases of Encouraging or Assisting Suicide February 2010 consulter sur le site Internet du CPS l adresse http www cps gov uk 30 Propositions de loi Fouch n 65 Godefroy n 659 Fischer n 31 Voir supra note de bas de page n 1 31 Les deux premi res propositions de loi font tat d une aide active mou rir tandis que la troisi me va encore plus loin en r clamant l autorisation de l euthanasie volontaire 32 Voieen ce sens Vialla Fran ois Vers un acte m dico l tal JCP G 2011 n 5 p 199 33 Conseil national Halte au tourisme de la mort dans notre pays Initiative par lementaire n 07 480 d pos e par Ruedi Aeschaber le 5 octobre 2007 ce sujet voir aussi Duparc Agathe Nouveau suicide assist d une Fran aise
46. ent un climat soit de n gation soit de suspicion l gard des acteurs des soins palliatifs Pr ner ainsi une soi disant compl mentarit entre soins pal liatifs et euthanasie aboutit un oxymore in vitable dans le sens o il devient clair que les deux notions ne se recouvrent nullement La philosophie qui sous tend les soins palliatifs inclut un refus de ma trise de la mort aussi bien dans le sens de l euthanasie que dans celui de l acharnement th rapeutique Les soins palliatifs affirment la vie et consid rent la mort comme un processus normal Et ceci sans h ter ni retarder la mort Ils doivent par cons quent tre d velopp s pour eux m mes et pour le bien des malades auxquels ils sont destin s 2 2 L instauration d une v ritable culture des soins palliatifs Le but n tant plus de gu rir la mort la m decine pallia tive a comme objectif d assister la personne malade l accepter comme une tape naturelle de la vie telle que la naissance L quipe soignante a le devoir de l aider traverser les diff rentes tapes de sa maladie en s appuyant sur le r confort et accompagnement des soignants et de ses proches La pr sence d un partenaire avec lequel le malade peut dialoguer dans la v rit et s exprimer l gard de ses inqui tudes ses peurs son existence ou m me sa mort est fondamentale pour que le patient puisse faire face toutes les
47. er la mort en d cidant du jour et de l heure Voir Pelluchon Corine L autonomie bris e Bio thique et philosophie PUF Paris 2009 p 54 8l En ce sens voir Lienhart Andr Fins de vie euthanasie l ments de r ponse du groupe de r flexion thique de la Soci t fran aise d anesth sie et de r ani mation Sfar dans Hirsch Emmanuel op cit pp 205 12 82 Pascal Blaise Pens es Librairie de Firmin Didot Fr res Fils et Cie Impri meurs de l Institut de France Paris 1858 p 238 l accomplissement de l objectif de faire conna tre et comprendre les m rites des soins palliatifs 2 2 1 Le but n tant toutefois aucunement atteint 1l lui reste toujours tablir et pr server cette v ritable culture palliative 2 2 2 2 2 1 L mergence timide du mouvement des soins palliatifs et ses avanc es l encontre du Royaume Uni qui fut le berceau du mou vement mondial de l hospice en France le d veloppement de la m decine palliative a manifest un s rieux retard En effet le d but de la r flexion sur les soins palliatifs fut lent et diffi cile surtout si l on prend en consid ration qu il a fallu attendre une quinzaine d ann es entre les premi res initiatives dispers es dans le domaine de la lutte contre la douleur canc reuse situ es dans les ann es 1970 et le premier rapport officiel traitant de l organisation des soins et de l accompagnement des malades en phase
48. es enve loppes missions d int r t g n ral et aide la contractualisation MIGAC les r seaux de soins palliatifs sont financ s par des fonds nationaux alors que les b n voles d accompagnement peuvent recevoir des cr dits du Fonds national d action sanitaire et sociale FNASS 6 Cette diversit des modes de financement des soins palliatifs en combinaison avec le constat que la T2A est 102 Pour plus d informations sur l observatoire des pratiques m dicales de la fin de vie voir Assembl e nationale Rapport n 1287 Tome I op cit pp 189 237 Prieur C cile Fin de vie la mission Leonetti exclut l instauration d une exception d euthanasie Le Monde 3 d cembre 2008 Lamoureux Marine Dos sier Fin de vie faire conna tre la loi Le rapport Leonetti donne plus de droits aux malades op cit Lamoureux Marine La mission Leonetti carte toute l galisation de l euthanasie La Croix ler d cembre 2008 103 En 2007 une enveloppe suppl mentaire de 1 8 millions d euros a t accor d e au domaine de la m decine palliative en vue de d velopper les lits identifi s en soins palliatifs LISP en secteur des soins de suite et de r adaptation SSR sur la base de 13 000 euros par lit soit 140 lits financ s Le programme de d ve loppement des soins palliatifs pr voit le d ploiement de 16 millions d euros suppl mentaires sur trois ans dans l objectif de cr er 1 200 lits Voir Assembl e national
49. finition disponible galement sur le site Internet du CCNE l adresse http www ccne ethique fr docs fr avis063 pdf Une autre d finition voqu e par une grande partie de la doctrine fran aise est celle pro pos e par Patrick Verspieren ce dernier ayant inclus dans sa notion du fait un acte aussi bien qu une omission Plus pr cis ment d apr s l auteur l euthanasie consiste dans le fait de donner sciemment et volontairement la mort est euthanasie le geste ou l omission qui provoque d lib r ment la mort la d finition fournie par le Dr Jean Marie Gomas lors de son audition du 6 janvier 2004 devant la mission d information sur l accompagnement de la fin de vie est un acte d lib r par lequel un tiers entra ne directement la mort d une personne malade Elle implique par cons quent la r union de trois l ments distincts e d un acte c est dire d une activit par opposition toute abstention omission non intervention refus etc qui comprend un auteur et un d funt l auteur de l euthanasie pouvant tre toute personne m decin soignant membre de la famille ou proche e du caract re intentionnel de l acte ce denier devant d s lors tre d lib r pour pouvoir fonder la responsabilit de son auteur quoique le mobile toutefois ne puisse tre que de mettre fin aux souffrances du patient e d une relation directe de cause effet e
50. if aux substances v n neuses et l organisation de l valuation de la pharmacod pendance modifiant le Code de la sant publique deuxi me partie D crets en Conseil d tat J O n 77 du ler avril 1999 p 4847 NOR MESP9921061D Lothon Demerliac C cile Laurent Beq Anne Marec Pauline valuation du plan triennal de lutte contre la douleur Soci t fran aise de sant publique r alis e la demande de la Direc tion G n rale de la Sant Minist re d l gu la Sant Minist re de l Emploi et de la Solidarit octobre 2001 disponible l adresse http fulltext bdsp ehesp fr Sfsp Rapports evaluation2001 pdf 6396M 84G1M W8M6X D1JIK KG4X8 d une Circulaire Voir Circulaire DHOS 02 DGS SD5D 2002 n 2002 98 du 19 f vrier 2002 relative l organisation des soins palliatifs et de l accompagnement en application de la loi n 99 477 du 9 juin 1999 visant garantir le droit l acc s aux soins palliatifs J O n 132 du 10 juin 1999 p 8487 NOR MESX9903552L d un deuxi me Programme national de d veloppement des soins palliatifs 2002 2005 Voir Minist re de l Emploi et de la Solidarit Communiqu sur le Programme national de d veloppement des soins palliatifs 2002 2005 22 f vrier 2002 disponible l adresse http www sante gouv fr htm actu 31_020222 htm de la Loi Leonetti du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et la fin de vie Voir Loi n 200
51. ifs et de l accompagnement de la fin de vie Le Comit pr sid par le docteur R gis Aubry a eu pour mission d valuer l application des textes l gislatifs et r glementaires concernant les soins palliatifs et l accompagnement de la fin de vie 9 et en fonction de ses appr ciations de proposer des mesures sus ceptibles de contribuer au d veloppement des soins palliatifs en surveillant en m me temps leur mise en uvre Apr s avoir esquiss dans le cadre de son rapport de fin d exercice le tableau des besoins et des enjeux d une politique de d veloppement des soins palliatifs le Comit a ainsi proc d un certain nombre de propositions toutes t moignant de son intention d int grer les soins palliatifs dans la pratique soignante Il a pr conis tout d abord le renforcement de l interdisciplinarit des soins palliatifs et le d veloppement des soins dispens s domicile alors que dans un deuxi me temps il a mis en relief la forma tion des acteurs de sant en sugg rant qu il faudrait encourager les orientations de recherche universitaire dans le domaine de la m decine palliative et de l thique pour qu une v ritable comp tence universitaire se d veloppe terme Le Comit ne s est pas abstenu en outre d inciter l instauration d une v ritable culture des soins palliatifs travers notamment une s rie de mesures telles que le soutien des associations b n voles
52. ion disponible pour les juges dans leur travail de jurisdictio mais l a galement rig e en principe appartenant au bloc de constitutionnalit fran ais c est dire en une norme essentielle du droit fran ais Voir C C 94 343 344 DC du 27 juillet 1994 Loi relative au respect du corps humain et loi relative au don et l utilisation des l ments et produits du corps humain l assistance m dicale la procr ation et au diagnostic pr natal Pour de plus amples informations en la mati re voir Mathieu Bertrand Bio thique un juge constitutionnel r serv face aux d fis de la science propos de la d cision n 94 343 344 DC du 27 juillet 1994 RFDA 1994 pp 1019 et suiv Luchaire Fran ois Le Conseil constitutionnel est l assistance m dicale la procr ation RDP 1994 n 6 pp 1647 59 Beignier Bernard L ordre public et les personnes Audijuris 1995 n 53 p 1 Hennette Vauchez St phanie dir Girard Charlotte Jeannin Laure Loiselle Marc Roman Dian Voyage au bout de la dignit Recherche g n alogique sur le principe juridique de dignit de la personne humaine Universit Paris I Panth on Sorbonne CERAP Paris avril 2004 pp 15 6 Mathieu Bertrand Pour la reconnaissance des principes matri ciels en mati re de protection constitutionnelle des droits de l homme D 1995 p 211 51 Ainsi que l a affirm Boutros Boutros Ghali ancien secr taire g n ral des Nations Unies en 199
53. ique ou limite extr me l exercice du pouvoir dans Manoledakis Ioannis Colloque Scientifique en droit P nal d Sakkoulas Ath nes Thessalonique 1997 pp 9 19 R Fragkou M decine amp Droit 2012 2012 76 92 85 dirigerait directement vers des normes id ologiques de r gimes inhumains o la protection contre une soi disant vie indigne serait abolie Il est essentiel de ne pas oublier que cette dignit subjective et relative suppose la dignit principielle absolue laquelle reste toujours inali nable Si l on dit d une personne qu elle s est comport e de mani re indigne il ne faut jamais oublier que sa dignit essentielle demeure intacte et que celle ci est toujours respecter Un tre humain de par sa nature ne peut jamais perdre toute dignit Il n y a pas d ge ni d tat de sant particulier pour la dignit Tant l enfant qui vient de na tre et qui n a aucune capacit pour subvenir ses besoins que la per sonne malade ou g e affaiblie au point de ne plus avoir aucune autonomie m ritent le respect de leur dignit au m me titre Un respect d tout tre humain S agissant d autre part de la doc trine de la qualit de vie ce concept a un sens large variable et relatif Comme il appartient chacun de donner une appr ciation empirique de son tat cette conception est subjective et reste li e la personnalit de chacun Il ne serait donc aucune me
54. it d offrir une alternative parfaitement d fendable et cr dible l euthanasie Si l euthanasie devient une question marginale ainsi c est qu ventuellement les soins palliatifs sont bien admi nistr s parall lement un accompagnement appropri Si par contre elle est revendiqu e par les patients en fin de vie c est qu elle est consid r e comme l ultime r ponse humaine des maux inhumains lors d une fin de vie in luctable et proche dont les d t riorations et les douleurs chappent tout contr le m di cal Personne n est partisan de l euthanasie pour l euthanasie En effet face l euthanasie il ne faut pas s y tromper Derri re l apparence d une demande de mourir se cache un cri insistant de la volont non pas de mourir mais d arr ter de vivre ainsi Il appartient au m decin et l quipe soignante interpell s en premi re ligne de consacrer leur disponibilit pour d coder cette demande d en finir et comprendre qu il s agit en r alit d un appel l aide et la relation Si nous essayions de chan ger les circonstances en l esp ce en traitant en particulier les douleurs et les souffrances de toute nature du patient qui lui pro voquent l envie de mourir l exp rience montre que le malade changerait de discours Lorsque la douleur n est pas calm e la personne souffrante insiste sur sa demande de mort d guis e une demande en r alit
55. it p 17 12 Voir Assembl e nationale XT L gislature Rapport n 1708 fait au nom de la mission d information sur l accompagnement de la fin de vie Pr sident et Rapporteur M Leonetti Jean Tome II Audition du Dr Jean Marie Gomas m decin g n raliste co fondateur de la SFAP proc s verbal de la s ance du 6 janvier 2004 pp 4134 R Fragkou M decine amp Droit 2012 2012 76 92 79 strict que du suicide m dicalement assist en adoptant une posi tion fid le au primat de l intangibilit de la vie d autrui En estimant que l att nuation de l interdiction de l homicide affai blirait la r ticence l gard du meurtre perp tr dans d autres circonstances que celles d j d finies dans la loi il s est abs tenu d assouplir les interdits moraux et les rep res thiques qui r gissent la vie humaine pour viter une ventuelle massifica tion des demandes d euthanasie La France ainsi l aide des lois du 4 mars 2002 relative aux droits des malades et la qualit du syst me de la sant dite aussi loi Kouchner et du 22 avril 2005 relative aux droits des malades et la fin de vie et modi fiant le Code de la sant publique dite aussi loi Leonetti qui affirment l interdiction de l obstination d raisonnable et le droit au refus de traitement a ouvert une voie qui doit tre consid r e comme un exemple sur ce qui doit tre fait et ne doit pas tre fait en mati re de fin
56. ite dans le pr ambule et l article premier de la D claration universelle des droits de l Homme de 1948 la dignit est tout le contraire d une conve nance personnelle elle est l affirmation que l homme est reconnu comme ayant une valeur absolue Voir en ce sens Ricot Jacques Philosophie et Fin de vie d de l cole nationale de la sant publique Rennes 2003 p 27 Certains auteurs n h sitent m me pas la qualifier de principe matriciel de la bio thique Voir Lenoir No lle Mathieu Bertrand Les Normes internationales de la bio thique PUF Paris 1998 p 16 La D claration de l Unesco sur le g nome humain et les droits de l homme de 1997 emploie au total quinze fois la notion de dignit humaine son tour la Convention europ enne sur les droits de l homme et la biom decine fait pr valoir d s son article 1 que son objectif est celui de prot ger l tre humain dans sa dignit et son identit En outre en vertu de l article II 1 de la Charte des droits fondamentaux de l Union europ enne la dignit humaine est inviolable Elle doit tre respect e et prot g e car elle n est pas seulement un droit en soi mais elle constitue la base m me des droits fondamentaux Quant l ordre juridique fran ais la cons cration de la notion de dignit en tant que principe valeur constitutionnelle issue d une d cision du 27 juillet 1994 non seulement a r ussi rendre cette not
57. l Europe Col Regard thique Strasbourg 2003 pp 77 88 Verspieren Patrick Richard Marie Sylvie Ricot Jacques op cit p 234 64 Sur les diverses d finitions des soins palliatifs voir le site Internet de la Soci t fran aise d accompagnement et de soins palliatifs SFAP l adresse http www sfap org pdf I A3 pdf pdf D finition des soins palliatifs Institut Centre r gional de lutte contre le cancer Paolil Calmettes Centre r gional de lutte contre le cancer Provence Alpes C te d Azur I P C dition 2004 p 2 disponible l adresse http www institutpaolicalmettes fr pro intranet strategies soins_palliatifs_2004 definition pdf Bruera Eduardo Castro Monica Une nouvelle d finition des soins palliatifs M d amp Hyg INFOKara 2003 Vol 18 n 1 p 3 disponible en ligne l adresse http www cairn info article php ID_REVUE INKA amp ID NUMPUBLIE INKA _031 amp ID_ARTICLE INKA 031 0001 viter les investigations et les traitements d raisonnables et se refuser provoquer intentionnellement la mort C est l ensemble de tous ces l ments d s lors qui a contribu la mise en place de la premi re d finition juridique fran aise des soins palliatifs en vertu de laquelle les soins palliatifs sont des soins actifs et continus pratiqu s par une quipe interdis ciplinaire en institution ou domicile Ils visent soulager la douleur apaiser la souffrance psychiq
58. la ligne de t l phonie sociale Accompagner la fin de vie ou encore la r mun ration du cong d accompagnement de la fin de vie Si accompagner un patient en fin de vie constitue un geste humain essentiel accompagner un proche en fin de vie constitue le dernier geste d amour et d humanit qu on puisse faire pour un tre humain cher N anmoins cet accompagnement tout aussi primordial qu il puisse s av rer exige tr s souvent de s investir 87 Loi n 99 477 du 9 juin 1999 visant garantir le droit l acc s aux soins palliatifs J O n 132 du 10 juin 1999 p 8487 NOR MESX9903552L Article abrog par l ordonnance n 2000 548 du 15 juin 2000 relative la partie L gis lative du Code de la sant publique J O n 143 du 22 juin 2000 p 9340 NOR MESXO0000036R figurant aujourd hui dans l article L 1110 10 de la loi n 2002 303 du 4 mars 2002 Pour plus d informations sur la loi du 9 juin 1999 sur les soins palliatifs et ses apports voir Legros Bereng re L euthanasie et le droit tat des lieux sur un sujet m diatis op cit pp 56 68 En ce sens consulter galement Zairi Zouheir La dignit du mourant M moire de Master droit des personnes et de la famille sous la direction le Dupuis G rard Universit de Lille 2004 2005 p 47 88 T serait pertinent de faire valoir sur ce point que la loi du 9 juin 1999 fut et de s engager fond ce qui n est pas toujours facile surtout
59. liatifs et de l accompagnement de la fin de vie J O n 42 du 18 f vrier 2006 p 2514 NOR SANCO0620608A 90 R Fragkou M decine amp Droit 2012 2012 76 92 secteur public ou priv dont un ascendant descendant ou une personne partageant son domicile fait l objet de soins palliatifs de b n ficier soit d un cong d accompagnement non r mu n r d une dur e maximale de trois mois renouvelable une fois soit d une r duction d activit Ce cong d accompagnement d une personne en fin de vie reconnu par la loi de 1999 a t remplac quatre ans plus tard par le cong de solidarit familiale mis en place par la loi du 21 ao t 200372 Plus concr tement le d part en cong se fait sans autorisation pr alable La proc dure mise en place pr voit que le salari doit informer l employeur de sa d cision de b n ficier d un cong de solidarit familiale soit par lettre recommand e avec avis de r ception soit en lui remettant en main propre une lettre contre d charge au moins quinze jours avant le d but de ce cong en y joignant un certificat m dical attestant que la personne accompagn e fait effectivement l objet de soins palliatifs En cas d urgence absolue constat e par crit par le m decin qui tablit le certificat m dical le salari n est pas oblig d attendre l expiration du d lai de quinze jours le cong d butant sans d lai la date de r ception par l
60. mpagnement d une personne en fin de vie J O n 52 du 3 mars 2010 p 4310 texte n 9 NOR SASX0904030L 95 D cret n 2011 50 du 11 janvier 2011 relatif au service de l allocation journali re d accompagnement d une personne en fin de vie et au cong de solidarit familiale J O n 11 du 14 janvier 2011 p 792 texte n 35 NOR ETSS1027803D 96 Pour pouvoir b n ficier de l allocation la personne en fin de vie doit tre accompagn e domicile et non pas dans un tablissement m dical L allocation est vers e au salari partir de la date de r ception de la demande par la caisse pri maire d assurance maladie moyennant que les conditions requises soient r unies cette date dans la limite maximale de 21 jours ou 42 jours en cas de r duction de travail temps partiel alors que le montant de l allocation est fix 53 17 euros par jour ou 26 58 euros si le salari a transform son cong de solidarit familiale en activit temps partiel Voir d cret n 2011 50 du 11 janvier 2011 relatif au service de l allocation journali re d accompagnement d une personne en fin de vie et au cong de solidarit familiale c est vrai qu il faudra d abord identifier et ensuite palier ses carences C est dans cette direction que se mobilisent en effet tant la CNCDH avec son avis portant sur la fin de vie que le Comit national de suivi du d veloppement des soins palliatifs et de l acco
61. mpagnement de la fin de vie dont l action volue vers la cons cration d une v ritable culture des soins palliatifs reposant n cessairement et enti rement d apr s son point de vue sur la formation des acteurs de sant et notamment des acteurs de soins palliatifs Sur la m me longueur d onde le rapport d information de la mission d valuation de la loi fran aise de 2005 relative aux droits des malades et la fin de vie a recommand dans un souci de d samorcer des situations difficiles 00 la mise en place dans chaque d partement d un m decin r f rent issu de la pratique des soins palliatifs pouvant tre saisi par la famille le malade lui m me ou le m decin Celui ci la fois expert et m diateur serait charg de renouer le dialogue ou de proposer des solutions concr tes de prise en charge apr s avoir dress un tableau objectif de la situation Il pourrait en outre intervenir dans les cas litigieux ou les plus complexes afin d viter la cris tallisation m diatique autour d affaires symboliques comme furent titre d exemple celles de Vincent Humbert ou de Chantal S bire La mission d valuation a en outre sugg r l instauration d un observatoire des pratiques de la fin de vie susceptible de servir de base de donn es objective et d offrir une valuation de l application de la l gislation en vigueur L objectif princi pal dudit observatoire consis
62. nche la loi luxembourgeoise du 16 mars 2009 sur l euthanasie et l assistance au suicide prend soin de bien distinguer son premier article l euthanasie de l assistance au suicide en disposant que par euthanasie on entend l acte pratiqu par un m decin qui met intentionnellement fin la vie d une personne la demande expresse et volontaire de celle ci alors que par assistance au suicide on entend le fait qu un m decin aide intentionnellement une autre personne se suicider ou procure une autre personne les moyens cet effet ceci la demande expresse et volontaire de celle ci 10 Aux Pays Bas le terme euthanasie n est gu re utilis les N erlandais se contentant de parler d interruption de vie 11 Que pour des raisons d conomie de temps nous ne pouvons pas nous per mettre de pr senter ici de mani re exhaustive Faisons tout de m me allusion aux plus significatives Le Comit consultatif national d thique pour les sciences de la vie et de la sant CCNE dans son avis n 63 datant du 27 janvier 2000 sur la Fin de vie arr t de vie et euthanasie a d fini l euthanasie en tant que l acte d un tiers qui met d lib r ment fin la vie d une personne dans l intention de mettre un terme une situation jug e insupportable Cf CCNE Avis n 63 sur la Fin de vie Arr t de vie Euthanasie le 27 janvier 2000 Les Cahiers du CCNE 2000 n 23 D
63. nco Michel Delebarre et Tony Dreyfus disponible en ligne l adresse http www assembleenationale fr 12 pdf propositions pion0788 pdf diff rents est parvenu venir en discussion devant la Chambre haute du Parlement fran ais Trois propositions de loi en outre qui en d pit des notables diff rences tant sur la terminologie employ e que sur le fond s inscrivaient toutes dans une m me perspective en r clamant la reconnaissance d un seul droit le droit la mort Les deux premi res r clamaient en effet la reconnaissance d un droit l aide active mourir alors que la troisi me celle d un droit l euthanasie volontaire Sur ce point n anmoins peu importe la forme sous laquelle peut s effectuer une telle transformation au sein de l ordre juridique fran ais L essentiel est d examiner la solidit de ses pr tendus fondements En d autres termes un tel droit la mort peut il tre juridiquement fond 1 2 1 L impensable droit la mort Quelle que soit la terminologie employ e c est de la recon naissance d un droit la mort dont il est question ici et c est pour cette raison qu il nous a paru judicieux d approfondir ce dernier concept Reprenons cette fin un extrait du rapport de la Soci t fran aise d anesth sie et de r animation Sfar datant de 2004 en vertu duquel une distinction m rite en effet d tre tablie entre un droit
64. ns quent la mort intentionnelle condition bien entendu que le patient lui m me y consente est autoris e Aux termes de la th orie du conflit d int r ts ainsi la dignit humaine ou la qualit de vie constituent des biens juridiques sup rieurs celui de la vie humaine Une telle acceptation toutefois non seulement s av re dangereuse mais aboutirait avec certitude un absurdum logique et juridique S agissant tout d abord de l argumentation relevant de la dignit humaine nous ne pourrions jamais soutenir s rieusement que la dignit humaine constitue un bien juridique sup rieur la vie humaine tout simplement car la premi re pr suppose en effet l existence de la deuxi me Une reconnaissance ven tuelle de la supr matie de la dignit humaine face la vie nous 52 Consulter Caillavet Henri Pour la d p nalisation de l euthanasie dans Regards sur l actualit n 299 mars 2004 p 74 En ce sens voir galement De Closets Fran ois La derni re libert d Fayard Paris 2001 pp 213 5 Macklin Ruth Dignity is a useless concept BMJ 2003 n 327 p 1419 Pohier Jacques La Mort Opportune d du Seuil Paris 1998 pp 154 et 168 Hocquard Anita L euthanasie volontaire PUF Paris 1999 p 149 53 D terminer en termes juridiques pr cis une notion aussi subjective et relative rel ve d une t che tr s difficile voire impossible Cependant force e
65. nt et de 45 000 euros d amende lorsque la provocation a t suivie du suicide ou d une tentative de suicide Les peines sont port es cinq ans d emprisonnement et 75000 euros d amende lorsque la victime de l infraction d finie l alin a pr c dent est un mineur de quinze ans 23 Voir ainsi Antonowicz Gilles Euthanasie l alternative judiciaire d L Harmattan Paris 2004 pp 89 et suiv Le texte de la disposition sanction nant la provocation au suicide vot en 1987 l initiative du s nateur M Etienne Dailly sous la pression de l motion n e des drames li s la publication en 1982 du livre Suicide mode d emploi d Alain Moreau Paris 1982 fut l occasion de discussions parlementaires serr es permettant d en appr hender l esprit et d en mesurer sans risque d erreur la port e restrictive Dans son rap port n 999 fait au nom de la commission des lois de l Assembl e Nationale et d pos le 28 octobre 1987 le d put M Albert Mamy admet qu en votant ce texte le l gislateur n entendait pas r primer le suicide qui est une affaire d ordre personnel mais seulement sanctionner le fait qu un tiers affecterait l autonomie personnelle de la personne vis e en transformant par son action ses pressions son influence une personne libre en victime Cette incrimina tion ne saurait donc nullement concerner l incitation et l aide au suicide Voir Assembl e nationale Mamy Albert
66. nt possible de mesurer la qualit de vie d une personne de mani re objective pr cise et fiable et par extension il ne serait gu re possible non plus d employer ce param tre instable qui manque d objectivit et d impartialit en tant que crit re d cisif au service de la bio thique Ni la Constitution ni l ordre juridique en g n ral d s lors ne sauraient reconna tre un droit au renoncement la vie ou pire un droit la mort L int r t recherch travers l accomplissement d un geste euthanasique n tant ni biotique ni juridique un tel droit ne pourrait gu re se fonder sur une base juridique Qu il puisse revendiquer une base thique ou morale peu importe ici dans la mesure o ce qui nous int resse est de savoir si l homme peut trouver une r ponse pertinente la demande d euthanasie diff rente de la mort volontaire 2 Les soins palliatifs la vraie r ponse C est vrai que le geste d euthanasie demeure demand et pra tiqu et que presque la plupart des m decins avouent avoir d j eu une telle exp rience L euthanasie semble tre pratiqu e le plus souvent en secret et dans la clandestinit en v hiculant le plus fort potentiel d abus et d arbitraire car le corps m dical dans la crainte des repr sailles judiciaires n inscrit rien dans le dossier m dical du patient en question n avertit pas les familles ou dissimule ses actes d arr t ou de limitation d
67. nt souvent mal interpr t es par les soignants tant donn qu en r alit la personne qui s exprime ainsi demande surtout ne pas vivre dans ces conditions actuelles d existence 72 LA Marne Paula Vers une mort solidaire op cit pp 148 9 73 Voir en ce sens Assembl e nationale Rapport n 1708 Audition de Mme Jacqueline Lagr e le 12 novembre 2003 op cit p 78 74 Legros Bereng re L euthanasie et le droit tat des lieux sur un sujet m dia tis Essentiel d Les tudes Hospitali res 2004 p 133 des demandes d euthanasie disparaissent Elles disparaissent en fait car dans la majorit des cas il ne s agit que d une demande de mort portant une accusation contre une strat gie antalgique insuffisante ou inadapt e ou bien contre une mauvaise politique de sant publique 6 Si les soins palliatifs taient organis s avec l ampleur que nous pouvons leur souhaiter et avec une syst ma ticit souple ils pourraient effectivement constituer la meilleure r ponse dans 90 des cas traitables Il y a beaucoup faire 75 Le canc rologue Ren Schaerer constate cet gard que la demande ponc tuelle d euthanasie formul e par le patient dispara t le plus souvent quand le th rapeute s engage en jamais le laisser souffrir Voir ainsi Schaerer Ren Que faire en cas de demande d euthanasie La Revue du praticien novembre 1997 Vol 11 n 398 pp 16 9 Extrait repris dans HocquardAnita
68. ntre cet acte et la survenue de la mort savoir un acte ayant pour unique objet d entra ner la mort cette derni re survenant en cons quence directe du geste euthanasique et non pas comme sa cons quence secondaire et ult rieure Au regard de cette d finition le l gislateur fran ais demeure fermement oppos l autorisation tant de l euthanasie au sens du patient dans le but de mettre fin ses souffrances Voir Verspieren Patrick Face celui qui meurt Euthanasie Acharnement Th rapeutique Accompagne ment d Descl e de Brouwer Paris 1984 p 143 Dans la ligne droite de ce raisonnement le professeur John Keown a galement relev qu pr sent le mot euthanasie peut tre d fini de trois mani res diff rentes en englobant ainsi trois pratiques distinctes l euthanasie en tant qu interruption active et inten tionnelle de la vie dans le sens le plus strict du terme l euthanasie en tant qu interruption intentionnelle de la vie par omission dans le sens moins strict et enfin l euthanasie en tant qu interruption de la vie pas intentionnelle ni recherch e ou poursuivie mais pr vue et accept e dans le sens le plus large du terme Voir Keown John Euthanasia Ethics and Public Policy An argu ment Against L galisation Cambridge University Press Cambridge UK 2002 pp 9 17 SATZ Nugent Janna Walking into the sea of legal fiction an exa mination of the European Cou
69. on Les soins et l accompagnement comprennent un ensemble de techniques de pr vention et de lutte contre la douleur de prise en charge psychologique du malade et de sa famille de prise en consid ration de leurs probl mes individuels sociaux et spi rituels L accompagnement des mourants suppose donc une attitude d coute de disponibilit une mission men e en commun par toute l quipe intervenant aupr s du malade Il s agit d apaiser les douleurs et l angoisse d apporter le plus possible de confort et de r confort celui qui va mourir d accueil et d entourer sa famille pendant cette p riode difficile et m me plus tard dans son deuil La mission des soignants est de mettre en uvre tous les moyens existants pour soigner et accompagner leurs malades jusqu la fin de leur vie la participation des b n voles et des ministres des cultes vient compl ter l action men e par l quipe Cf Circulaire DGS 3 D du 26 ao t 1986 relative l organisation des soins et l accompagnement des malades en phase termi nale dite Circulaire Laroque NOR MESH0230092C disponible l adresse http www sante sports gouv fr fichiers bo 2002 02 12 a0121073 htm 84 Loi n 91 748 du 31 juillet 1991 portant r forme hospitali re J O n 179 du 2 ao t 1991 p 10255 NOR SPSX9000155L 85 Rapport Delbecque janvier 1993 Pr sentation br ve des principales conclu sions Revue de l aide soignant 1993
70. or the physician assisted suicide therefore we should focus on the better integration of palliative care in the health system The palliative care that has a more prudent and solid proposition to make adapted to the needs created by the arrival of the phenomenon of euthanasia The palliative care that can provide the guarantee of the protection of the autonomy and the human dignity without relativizing the value of human life nor questioning the fundamental principles of law 2012 Elsevier Masson SAS All rights reserved Keywords Voluntary euthanasia Assisted suicide Palliative care End of life Adresse e mail roxannefragou hotmail com 1246 7391 see front matter 2012 Elsevier Masson SAS Tous droits r serv s doi 10 1016 j meddro 2012 02 001 R Fragkou M decine amp Droit 2012 2012 76 92 77 l heure o le d bat autour de la cons cration d un droit la mort relanc il y a peine un an au S nat s intensifie l occasion d une nouvelle affaire tr s m diatis e port e devant la Cour d appel de Pau aux Pays Bas ou en Bel gique qui ont t les premiers pays au monde autoriser l euthanasie dite active 3 nous devenons les t moins d un processus d volution inverse La gravit de ce constat ainsi que l importance capitale accord e au d bat sur la fin de vie nous obligent nous y arr ter pour faire face aux dilemmes vrais ou faux cela reste d couvrir
71. ositions de loi synth tis es par le s nateur Godefroy et pr sent es aupr s du S nat le 18 janvier 2011 aspirant autoriser la mort volontaire Or malgr l incertitude li e la terminologie et le glissement s man tique tr s significatif de la conception qui pr vaut de nos jours vers la reconnaissance de l euthanasie la Commission des affaires sociales du S nat n aurait certainement aucun int r t suivre l exemple suisse r put aujourd hui pour l augmentation mena ante du tourisme du suicide par crainte que la France ne devienne son tour le mouroir de toute l Europe Or n oublions pas que ce fut cette approche lib rale helv tique qui a favoris l closion d organisations d aide au suicide telles que Exit ou Dignitas C est en raison de l accroissement du nombre de cas de suicide m dicalement assist que des risques d abus li s l activit de ces organisations ont vu le jour pas officiellement ni explicitement d p nalis l assistance m dicale au suicide force est d admettre qu officieusement il n autorise pas seulement l euthanasie mais galement le suicide m dicalement assist Quant au Royaume Uni enfin les directives du DPP britannique ont r glement l aide au suicide fournie par un tiers Sans pour autant abroger la loi interdisant l assistance au suicide datant d j depuis 1961 Suicide Act 1961 Consulter en ce s
72. pe m me de l accompagnement titre d exemple si le s jour dure moins de deux jours le forfait vers l tablissement est faible Si le s jour dure entre deux et trente cinq jours ce qui est le cas le plus fr quent le forfait standard est vers l tablissement Un s jour de quinze jours ainsi rapporte trois fois moins que trois s jours de cinq jours Si le s jour exc de le 35 jour enfin un forfait journalier suppl mentaire est vers en plus du forfait de base Celui ci est n anmoins inf rieur au co t journalier que repr sente le malade pour l tablissement de sant Voir De Hennezel Marie La France palliative Mission diffusion de la culture palliative Minist re de la Sant de la Famille et des Solidarit s janvier 2005 pp 13 4 et 18 Assembl e nationale Rapport n 1287 Tome I op cit p 83 108 Une g n ralisation qui est de toute fa on pr vue au sein des secteurs de long et moyen s jours pour 2011 Voir Assembl e nationale Rapport n 1287 Tome TI op cit Audition de Mme Roselyne Bachelot ministre de la Sant de la Jeu nesse des Sports et de la Vie associative proc s verbal de la s ance du 14 octobre 2008 p 695 Voir galement proposition n 20 de la Mission d valuation de la loi n 2005 370 du 22 avril 2005 Assembl e nationale Rapport n 1287 Tome IL op cit p 240 19 Voir Assembl e nationale Rapport n 1287 Tome IL op cit p 210 110 En ce sens voir As
73. phases de sa maladie C est dans ce processus que se concr tise le vrai sens de ce qu on appelle culture palliative et dont l laboration et la diffusion pr oc cupent autant le l gislateur fran ais Notre soci t cependant a manifest autant d int r t et de consid ration pour la technique et la science qu elle a n glig le facteur humain Serait t il possible maintenant de r tablir ses liens avec l homme Serait t il facile partir de l d instaurer une v ritable culture des soins pal liatifs L homme a certes parcouru une partie du chemin de sympt mes 90 des demandes seront au fur et mesure abandonn es Voir Assembl e nationale Rapport n 1708 Audition du Dr Jean Philippe Wag ner le 20 janvier 2004 op cit p 488 Audition du Dr Henri Delbecque le 16 d cembre 2003 p 362 Audition de Mme Hedwige Marchand le 27 janvier 2004 p 594 T8 En ce sens voir galement Assembl e nationale Rapport n 1708 Audition du professeur Philippe Letellier le 9 d cembre 2003 op cit p 478 7 Ainsi que l exprime de mani re tr s loquente Michel Maret Cf Maret Michel op cit p 218 80 Toutes les deux postures relevant de la toute puissance euthanasie et achar nement th rapeutique sont rejet es car elles illustrent ainsi que le sugg re le professeur Corine Pelluchon les illusions d un m decin prom th en qui a le pouvoir de prolonger ind finiment la vie ou d administr
74. ponse ne peut qu tre n gative puisqu une telle formulation implique un devoir impos un tiers de provoquer la mort de la personne 38 Tel qu il fut mis en relief par le rapporteur Godefroy Voir S nat Ses sion ordinaire de 2010 2011 Rapport n 228 fait au nom de la Commission des affaires sociales sur la proposition de loi relative l aide active mourir sur la proposition de loi relative l euthanasie volontaire et sur la proposi tion de loi relative l aide active mourir dans le respect des consciences et des volont s Rapporteur M Jean Pierre Godefroy p 5 disponible l adresse http www senat fr rap 110 228 110 2281 pdf 3 Voir SFAR Fins de vie euthanasie l ments de r ponse du groupe de r flexion thique de la Sfar mis en ligne le 17 mars 2004 et modifi le 6 octobre 2011 disponible l adresse http www sfar org article 116 fins de vie euthanasie elements de reponse du groupe de reflexion ethique de la sfar 40 Au moins Or il est fort probable qu une quipe enti re soit impliqu e R Fragkou M decine amp Droit 2012 2012 76 92 83 ayant fait ce choix au moment et de la fa on choisis par cette per sonne ce stade du raisonnement le rapport conclut que toute personne a le droit de choisir de mourir mais que la r alisation de sa volont lui incombe exclusivement L existence d une diff rence d terminante entre droit la mort et droit de la mo
75. pr supposent l existence d une personne vivante et en aucun cas autod truite Les notions de d veloppement et de destruction tant diam tralement oppos es elles ne pourraient jamais coexister au sein du m me ordre juridique De m me que nous ne pourrions jamais reconna tre un droit choisir une attitude immorale et illicite savoir un droit choisir titre d exemple la cruaut envers les ani maux ou la prostitution de mani re analogue nos soci t s sous pr texte de mener des politiques de sant publique fond es non seulement sur la r pression mais aussi sur la tol rance et l accompagnement ne pourraient nullement l gitimer le dopage la toxicomanie le suicide la vente d organes la location d ut rus etc Bref elles ne pourraient jamais confirmer tout ce qui d grade l humanit de quiconque revendique ces mani res de disposer de soi Par hypoth se analogue le droit ne pour rait pas au nom de la libert individuelle ou de l autonomie autoriser la mort volontaire et fragiliser la valeur fondatrice de l interdit du meurtre car il s agit d une restriction de la libert paternaliste peut tre mais justifi e et impos e par l int r t de l tre humain et son panouissement 1 2 2 L infond conflit d int r ts ou de biens En cartant le fondement du fameux droit la mort nous nous retrouvons face un autre argument mobilis par les fer vents d fense
76. que peut nous offrir un terrain f cond pour une discussion exceptionnellement int ressante Au lieu de lancer et relancer le d bat sur l autorisation de l euthanasie volontaire ou de l aide active mourir il vaudrait mieux se concentrer sur la meilleure int gration de la culture palliative dans le syst me de sant ce qui pourrait en outre lui transmettre une nouvelle impulsion La mort volontaire ne constitue pas la seule mani re elle ne constitue gu re une option conforme la grandeur de l homme notre avis de mourir dans la dignit La m decine palliative au contraire pr conise une voie plus prudente adapt e aux besoins cr s par la naissance du ph nom ne euthanasique fournissant la garan tie de la protection de l autonomie et de la dignit de l homme sans relativiser pour autant la valeur de la vie humaine et sans remettre en cause les principes g n raux fondamentaux du droit 112 Pour de plus amples informations voir Manoledakis Ioannis Euthanasie situation existentielle au del des limites du droit positif dans Euthanasie Publications du droit M dical et de la Bio thique op cit p 167 Manoledakis loannis Est ce qu il y a un droit la mort op cit p 584
77. r toute situation li e l existence humaine et le devrait il d ailleurs L euthanasie en tant que question de nature existentielle se situe au del du droit positif Le m decin dans une relation profond ment humaine avec le patient en fin de vie est appel trancher seul face sa conscience sans pour autant pouvoir solliciter l autorisation du droit Le droit ne peut pas et ne doit pas offrir un tel alibi l auteur du geste euthana sique Une m taphore bien r ussie sur ce point est celle tent e par le professeur de droit Ioannis Manoledakis en vertu de laquelle l euthanasie ressemble la r volution autre situation existen tielle marginale sociale cependant et pas individuelle comme l euthanasie La r volution est d cid e par le peuple opprim quand ce dernier ne supporte plus l oppression du pouvoir qui l am ne la mis re sans pour autant qu il sollicite l autorisation des autorit s tatiques avant de se r volter contre ses oppres seurs Comme aucune l gislation dans le monde entier ne pose les conditions n cessaires requises pour autoriser une r volution en pareille hypoth se nous ne pourrions jamais exiger du l gis lateur qu il nous fournisse l autorisation de tuer De m me que la discussion sur la r volution se borne au niveau politique la discussion autour de l euthanasie doit se limiter au niveau moral et thique La philosophie morale ou politi
78. re 2010 sous la direction du Professeur Eric Maulin Universit de Strasbourg pp 5 25 Somerville Margaret Death Talk The Case against Euthanasia and Physician Assisted Suicide McGill Queen s University Press Montreal and Kingston London Ithaca 2002 pp 119 26 78 R Fragkou M decine amp Droit 2012 2012 76 92 nettoyage lexical par cons quent s av re imp ratif afin de contribuer se d barrasser de cette regrettable et ambigu poly s mie qui fait obstacle un d bat fertile et nourrissant sur la mort volontaire et qui obscurcit l analyse juridique L enjeu n anmoins n est pas seulement th orique Cette inflation lan gagi re 3 qui a galement ses origines dans les difficult s du corps m dical entretenir une v ritable relation de confiance et de sympathie avec les patients renvoie in vitablement la d faillance de la soci t occidentale prot ger de mani re suf fisante et satisfaisante ses patients en fin de vie Tout en pr cisant que l euthanasie l exception de la Belgique et du Luxembourg n est ce jour juridiquement d fi nie ni en France ni dans la plupart des pays europ ens ni m me aux Pays Bas o le d bat sur l euthanasie est pourtant ancien nous allons tenter de tracer avec pr cision les contours du concept de l euthanasie dans un souci de bien d limiter les fronti res entre les divers actes m dicaux qui lui sont li s
79. rt ayant t mise en avant il reste d finir le concept lui m me de droit afin de savoir s il y a lieu de parler d un droit s agissant de la mort volontaire Un tel droit pourrait il savoir un droit dans son acception pure ment juridique tel qu il est d fini en droit exister Tentons d y r pondre Le droit d apr s la d finition juridique dominante consiste en le pouvoir fourni l individu par l ordre juridique en vue de la r alisation d un int r t biotique ou selon une for mulation l g rement divergente en vue de la satisfaction de ses int r ts juridiques Le droit subjectif par cons quent implique quatre l ments constitutifs la source du droit qui consiste en l ordre juridique a la personne b n ficiaire au profit de laquelle le droit est constitu b le pouvoir fourni par l ordre juridique la personne b n ficiaire de ce droit c et l existence d un int r t biotique ou juridique d Les mots cl s en d autres termes sont l ordre juridique source du droit la personne b n ficiaire du droit le pouvoir expression dynamique du droit et l int r t biotique ou juri dique contenu du droit En partant de la conviction que la vie humaine n est pas seulement valu e en tant que ph nom ne biologique mais aussi en tant qu entit sociale dot e d une valeur fondamen tale et en reconnaiss
80. rt of Human Rights Pretty v United Kingdom and the universal right to die Journal of Transnational Law and Policy fall 2003 Vol 13 n 1 pp 183 212 Conscient tant de la difficult consid rable que de la n cessit urgente de tracer les fronti res entre les diverses pratiques m dicales Tom Beauchamp affirme qu une mort sera consid r e comme une euthanasie quel qu en soit le type si et seulement si les conditions suivantes sont satisfaites a cette mort est vis e intended par au moins une autre per sonne laquelle contribue par son action la causer b la personne qui meurt est soit afflig e des souffrances intenses soit plong e dans un coma irr versible ou le sera bient t et cette condition elle seule constitue la raison premi re qui fait que la mort soit vis e et c les proc dures choisies pour provoquer la mort doivent tre aussi peu douloureuses que possible ou bien alors il faut qu il existe une raison moralement justifi e de choisir une m thode plus doulou reuse Le nouvel l ment contenu dans cette derni re d finition qui comprend d ailleurs les param tres traditionnels tels que l acte et l intention consiste en la m thode choisie pour mettre fin aux jours du patient concern une m thode devant selon le principe de la proportionnalit avant tout tre la moins doulou reuse possible Voir BeauchampP Tom Intending Death The ethics of Assisted Suicide and Euthanasia op c
81. sembl e nationale Rapport n 1287 Tome II Audition du Dr douard Ferrand Proc s verbal de la s ance du 25 juin 2008 op cit p 224 111 Cundiff David op cit pp 154 8 92 R Fragkou M decine amp Droit 2012 2012 76 92 ad quat proportionn et adapt Les autorit s sanitaires natio nales devraient se rendre compte des vrais besoins des patients en fin de vie afin de pouvoir ventuellement valuer le mon tant exact des fonds n cessit s pour la dispensation de soins palliatifs ad quats et de qualit Une augmentation budg taire fondamentale mais toujours proportionn e la taille des besoins existants se serait probablement impos e cela pr s il serait crucial de faire voluer la mentalit r gissant en g n ral la plu part des syst mes de sant nationaux Il serait en effet grand temps de changer le statu quo en vigueur qui veut que les h pi taux ou les autres tablissements m dicaux soient r compens s uniquement s ils demeurent tout prix actifs proposant des th rapeutiques curatives sophistiqu es m me aux patients en phase terminale qui n en ont plus besoin en franchissant souvent le seuil de l obstination d raisonnable 3 En guise de conclusion La conclusion nous para t irr futable le droit n est pas omni potent et ne devrait l tre En tant que construction rationnelle de l homme le droit positif est dot d une valeur relative et ne peut pas r gi
82. st de faire valoir qu une partie de la doctrine est parvenue lui attribuer une d finition objective Ainsi une vie de qualit peut tre d finie par l existence d une conscience de soi d absence de souffrance physique et mentale ou du moins de la possibilit de leur soulagement mais galement par l autonomie et la capacit d interaction avec autrui En ce sens voir Adam Ferreira B atrice La qualit de la vie en tant que justification de d cisions de fin de vie en droit compar France Angleterre tats Unis Th se de Doctorat de droit Public sous la direction du professeur Olivier Cayla Universit Paris X Nanterre d cembre 2006 p 329 54 Consulter en ce sens Fagot Largeault Anne R flexions sur la notion de qua lit de la vie Archives de Philosophie du Droit Vol Droit et Science 1991 36 pp 138 9 Launois Robert La qualit de la vie panorama et mise en pers pective dans Launois Robert Regnier Fran ois dir D cision th rapeutique et qualit de vie d John Libbey Eurotext 1992 p 5 Mathieu Bertrand La vie en droit constitutionnel compar l ments de r flexions sur un droit incertain op cit p 1046 Adam Ferreira B atrice op cit p 71 86 Dworkin Ronald Life s dominion An argument about abortion and euthanasia Harper Collins Publishers London 1993 pp 201 2 55 propos de la dignit humaine voir Manoledakis Ioannis La dignit humaine bien jurid
83. sugg rant avec une telle force et en exer ant de telles pressions qu il finirait par le conduire se donner la mort sans lavoir jamais ni profond ment ni sinc rement souhait Il ne fait en revanche aucune r f rence l assistance m di cale au suicide L aide au suicide est tout de m me sanctionn e en droit fran ais en vertu des articles 223 5 223 7 1 et 223 15 2 223 15 4 du Code p nal incriminant l entrave aux mesures d assistance et l omission de porter secours ainsi que l abus frauduleux de l tat d ignorance ou de faiblesse respectivement L article 223 14 du Code p nal condamne en outre la propa gande ou la publicit en faveur de produits objets ou m thodes pr conis s comme moyens de se donner la mort La ligne de partage toutefois entre assistance et provocation au suicide est tr s souvent difficile discerner et consiste surtout dans la cause de la mort Or si cette cause est rattach e l action d un tiers il est question de provocation au suicide En revanche lorsque le tiers ne fait que fournir une personne qui a la volont de se suicider les moyens de le faire il n a pas t la cause d termi nante de l acte de la survenue de la mort et de ce fait son acte n est pas incrimin par la loi 22 Code p nal fran ais Section 6 De la provocation au suicide Article 223 13 Le fait de provoquer au suicide d autrui est puni de trois ans d emprisonneme
84. t que nous rendre r ticents par rapport l efficacit des moyens et des substances employ s d autant plus qu il n existe pas de mod le moralement et m dicalement acceptable par tous Pour de plus amples informations voir De Wachter Maurice Euthanasie et suicide assist d cisions m dicales en fin de vie cit par Mantz Jean Marie Grandmottet Pierre Queneau Patrice thique et Th rapeutique t moignages europ ens Association p dagogique nationale pour l enseignement de la th rapeutique APNET R seau europ en des enseignants de th rapeutique REET Presses Universitaires de Strasbourg 1998 pp 469 77 Keown John Euthanasia Ethics and Public Policy An argu ment Against L galisation Cambridge University Press Cambridge UK 2002 pp 31 6 La Marne Paula thiques de la fin de vie Acharnement th rapeu tique Euthanasie Soins palliatifs d Ellipses Col La Bio thique en questions Paris 1998 pp 37 44 2 Dans la plupart des pays europ ens l exception de la Suisse l Estonie les Pays Bas et le Luxembourg o l assistance qu elle soit m dicale ou pas au suicide fut explicitement autoris e par la loi le suicide m dicalement assist demeure incrimin par la loi Pour ce qui est du l gislateur belge bien qu il n ait C est la raison pour laquelle nous ne pourrions gu re ima giner que c est bien une telle hypoth se qui fut envisag e par les auteurs des trois prop
85. terait r pondre en tant qu organe d tude et non pas de conseil toutes les questions en la mati re Il d voilerait au grand public la face cach e de la fin 97 CNCDH Avis relatif la fin de vie Euthanasie le 30 avril 2004 disponible l adresse http www cncdh fr article php37id_article 170 8 Comit national de suivi du D veloppement des Soins Palliatifs et de l Accompagnement Rapport de fin d exercice incluant les annexes finalis le 12 janvier 2008 p 6 disponible l adresse http www sfap org pdf III B5b pdf pdf Pour de plus amples informations sur la formation m dicale en mati re de soins palliatifs cf Schamps Genevi ve Rapport de synth se dans Bellivier Florence Noiville Christine dir Nouvelles fronti res de la sant nouveaux r les et responsabilit s du m decin op cit pp 232 4 La mission d valuation de la loi fran aise de 2005 mise en place en mars 2008 apr s le d c s de Chantal S bire a entendu 74 personnes au cours de 59 auditions et s est rendue dans quatre pays europ ens dont trois o l euthanasie est l galis e Son pr sident le d put et m decin Jean Leonetti a remis le 2 d cembre 2008 au Premier ministre un rapport sur les droits des malades et la fin de vie dont les grandes lignes consistaient au rappel du refus de la l galisation de l euthanasie ainsi qu l adoption d une s rie de mesures visant au renforcement de la m
86. tion pdf txt soins palliatifs recommandations finales mise_en_ligne pdf 66 Article L1B loi n 99 477 du 9 juin 1999 visant garantir le droit l acc s aux soins palliatifs J O n 132 du 10 juin 1999 p 8487 NOR MESX9903552L Article abrog par l ordonnance n 2000 548 du 15 juin 2000 relative la partie L gislative du Code de la sant publique J O n 143 du 22 juin 2000 p 9340 NOR MESX0000036R figurant aujourd hui dans l article L 1110 10 de la loi n 2002 303 du 4 mars 2002 Rappelons sur ce point toutefois que c est le l gislateur belge qui a sans doute r ussi fournir la d finition la plus compl te et m re en la mati re dans la mesure o il est parvenu int grer dans un texte de loi les param tres les plus fondamentaux des soins palliatifs l essence m me de la m decine palliative Pour preuve en vertu du deuxi me article de la loi belge relative aux soins palliatifs du 14 juin 2002 par soins palliatifs il y a lieu d entendre l ensemble des soins apport s au patient atteint d une maladie susceptible d entra ner la mort une fois que cette maladie ne r agit plus aux th rapies curatives Un ensemble multidisciplinaire de soins rev t une importance capitale pour assurer l accompagnement de ces patients en fin de vie et ce sur les plans physique psychique social et moral Le but premier des soins palliatifs est d offrir au malade et ses proches la meilleure qualit de vie
87. ue sauvegarder la dignit de la personne malade et soutenir son entourage 2 1 2 Les soins palliatifs une alternative incompatible avec l euthanasie Les trois propositions de loi d pos es au cours de ces der ni res ann es au S nat r clamant un droit la mort assist e pour les personnes parvenues ce qu elles consid rent tre la fin de leur vie pr naient une compl mentarit entre soins pallia tifs et euthanasie Elles font toutes les trois valoir que la mort assist e ne doit pas tre consid r e comme un refus ou une remise en cause des soins palliatifs mais bien comme une issue Le groupe de travail de l Anaes a d fini cette fin les principes en fonc tion desquels la prise en charge des personnes atteintes de maladies graves et volutives doit tre effectu comme titre d exemple le respect du confort des patients le respect de leur libre arbitre et leur dignit la prise en compte de la souffrance globale l valuation et le suivi de leur tat psychique la qualit de l accompagnement et de l abord relationnel l information et la communication la coordination et la continuit des soins la prise en charge de la phase terminale et de l agonie ou enfin la pr paration au deuil Voir Anaes Modalit s de prise en charge de l adulte n cessitant des soins palliatifs d cembre 2002 pp 7 11 disponible l adresse http www has sante fr portail upload docs applica
88. ue l agent de l acte provoquant directement la mort reste le patient lui m me et non pas une tierce personne Ainsi l acte est qualifi de suicide et formellement n entre pas dans le registre de l euthanasie qui veut que l agent du geste euthanasique soit n cessairement une personne distincte du patient N anmoins cela n implique aucunement qu un tel acte chappe la loi 25 SFAP Face une demande d euthanasie Groupe de Travail sur l Euthanasie P le thique et Recherche SFAP octobre 2004 p 22 disponible l adresse http www sfap org pdf VI C2b pdf pdf 26 C est pour cette raison par ailleurs que dans bien des propos les deux types d action sont confondus 27 C est bien cet gard que L on Schwartzenberg a sugg r que les morts de l euthanasie sont les suicid s des autres ou bien l inverse ainsi que l a signal Dominique Janicaud l euthanasie n est qu une forme m me assist e du suicide Voir Schwartzenberg L on Mourir dans Schwartzenberg L on Viansson Pont Pierre Changer la mort d Albin Michel Paris 1977 p 231 Janicaud Dominique Du droit de mourir un regard philosophique sur une question controvers e droits 1991 n 13 p 67 En ce sens voir galement Cayla Olivier Biologie personne et droit Ouverture Bio thique ou Biodroit droits 1991 n 13 p 8 28 En revanche la mani re clandestine dont il se d roule tr s souvent ne peu
89. urs du courant pro euthanasie destin justifier moralement et consolider leur mouvement savoir le conflit d int r ts ou autrement dit le conflit de biens Un argument fond essentiellement sur deux doctrines celle de la dignit humaine en tant que libert individuelle et celle de la qualit de vie dans un sens o cette derni re n est dot e que d une valeur purement instrumentale 45 La Nation assure l individu et la famille les conditions n cessaires leur d veloppement al 10 du Pr ambule de la Constitution du 27 octobre 1946 46 Voir l ensemble des principes politiques conomiques et sociaux procla m s comme particuli rement n cessaires notre temps dans le Pr ambule de la Constitution du 27 octobre 1946 et dot s de valeur constitutionnelle al 2 du Pr ambule de la Constitution du 27 octobre 1946 47 Elle la Nation garantit tous notamment l enfant la m re et aux vieux travailleurs la protection de la sant la s curit mat rielle le repos et les loisirs Tout tre humain qui en raison de son ge de son tat physique ou mental de la situation conomique se trouve dans l incapacit de travailler a le droit d obtenir de la collectivit des moyens convenables d existence al 11 du Pr ambule de la Constitution du 27 octobre 1946 48 Voir galement Frantzeskakis Ioannis Euthanasie et le droit la Vie et la Mort Archives de Jurisprudence Archio
90. utorisation de l euthanasie volontaire ou l aide active mourir il vaudrait mieux se concentrer sur la meilleure int gration de la m decine palliative dans le syst me de sant Une m decine qui a une voie plus prudente proposer adapt e aux besoins cr s par la naissance du ph nom ne euthanasique Une m decine qui peut fournir la garantie de la protection de l autonomie et de la dignit de l homme sans relativiser pour autant la valeur de la vie humaine et sans remettre en cause les principes g n raux fondamentaux du droit 2012 Elsevier Masson SAS Tous droits r serv s Mots cl s Euthanasie volontaire Suicide assistance Soins palliatifs Fin de vie Abstract Claiming death as a right seems kind of cynical and morbid And yet it is known that issues such as euthanasia that would have once been part of religious or moral debate are now addressed in courtrooms or parliaments by judges or legislators using mainly judicial concepts and mechanisms Isn t it about time we stopped conceiving everything in terms of rights As a rational construction positive law has a relative value and cannot nor should it moreover define any situation related to human existence Euthanasia as a matter of existential nature lies beyond the strict positive law and for that reason should not be subject to legal regulation Instead of launching and relaunching the debate on the authorization of voluntary euthanasia
91. utres elle vit avec les autres et en rapport avec eux Il s agit en r alit de la personne p re la personne m re la personne fr re la personne instituteur ou encore la personne compagnon Or cette personne disposant d un r le mul tidimensionnel dans la soci t est le b n ficiaire du droit la vie fourni par l ordre juridique Vu d s lors que l individu n est pas consid r comme un tre solitaire mais plut t comme un tre social qui forme avec les autres la soci t organis e c est cette derni re qui en tant qu ordre juridique reconna t et accorde aux individus le droit la vie il s ensuit que pour l ordre juridique la protection objective de la vie humaine ne constitue pas seulement la protection d un bien subjectif attribu la personne mais sa propre autoprotection Voir Manoledakis Ioannis Est ce qu il y a un droit la mort op cit pp 581 3 Or s il est incontestable que la mort en tant qu an antissement de la vie ne constitue pas un int r t biotique la construction d un droit la mort aboutit sans aucun doute une figure juri diquement d raisonnable D autant plus que le Pr ambule de la Constitution de 1946 affirme que la Nation assure les conditions n cessaires au d veloppement de l individu et la participa tion la vie sociale conomique et politique du pays et garantit la protection de la sant des engagements qui

De l`euthanasie aux soins palliatifs : la nécessité d`une réponse au

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