« La fragmentation, ce monstrueux »
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1. Sans doute le genre est il le produit achev diff renci identifiable d un engendrement ou d une g n ration et m me en allemand o la filiation tymologique du mot est toute diff rente Gattung n est pas sans rapport avec l assemblage en g n ral l union voire le mariage Mais le proc s de la g n ration justement ou le proc s de l assemblage suppose c est l vidence interp n tration et confusion C est dire m lange 22 C est l c est exactement l que l oeuvre interdisciplinaire rompt avec l acad misme et le modernisme Il n y a pas de genre interdisciplinaire dans le sens d une production achev e diff renci e et identifiable en ce sens que la pratique l oeuvre ou la pens e interdisciplinaire ne s inscrivent pas dans un processus de continuit ni dans une logique d engendrement comme reproduction du m me L esth tique classique en posant les disciplines en termes de hi rarchie assurait en fait la d finition de chacune selon une place fixe dans la syst matique Comme un biologiste subdivise une famille en genres l art la pens e sur l art pousaient la structure d une arborescence tablie sur de rigoureux principes d ordre normatifs Le r ve moderniste n est pas loin une autonomisation de chaque discipline dans la conformit exclusive aux conditions mat rielles de sa g n ration soit encore cette m me id e de la synchronicit d un monde homog ne L interdisciplinaire n2. tre est bien form par l int grit et l int gralit de l individualit organique 4 Pourtant ce fragment 206 ouvre par un comparatif cette compl tude n est l en somme litt ralement en somme qu en regard de l oeuvre d art Autrement dit si le fragment bien qu il soit une totalit n est pas l oeuvre il demeure pourtant pareil son individualit propre toujours tributaire du rapport d finitoire d avec cette petite oeuvre d art C est cette m me dynamique qui d signe le mouvement l oeuvre dans la notion d interdisciplinarit pour peu que l on s accorde justifier par l tymologie le choix de ce pr fixe inter par exclusion des acceptions plus permissives que l usage commun lui a peu peu substitu en redoublant son sens premier par les d finitions approximatives de termes comme multidisciplinaire ou pluridisciplinaire Termes approchants mais non synonymes comme le rappelle Patrice Loubier Si les pr fixes multi et pluri signifient beaucoup grand nombre plusieurs le pr fixe inter lui d signe tout autant la relation qui unit ces diff rents l ments que l espacement m me qui les s pare S D un c t donc une dimension strictement quantitative mais de l autre un espace m diateur Un espace qui se situe entre les disciplines la fois les reliant et les indexant comme autant d objets partiels un espace au sein duquel la tradition forclose d u
3. e de bas mat rialisme un mat rialisme n impliquant pas d ontologie n impliquant pas que la mati re est en soi Il faudra revenir l dessus d velopper sur la symbolique de l absence de forme telle que la pr sente Douglas sur la sublimation de la mati re chez Freud et bien s r relire la critique du sch me hyl morphique que propose Simondon pour invoquer contre l id e de leur duction le concept d une mergence des formes en relation avec leur milieu associ O situer alors dans l oeuvre de Lynch non plus ce monstre que l on montre monstrare mais celui qui montre monere ce qui indexe cette possibilit de d faire la discipline comme genre id al et permanent et de valider une lecture interdisciplinaire Dans la diff rence de l espace inconscient dans la matrice en ce qu elle r side dit Lytoard dans un espace qui est encore au del de l intelligible 60 I faut penser chez Lynch cet au del de l espace isotrope et structuraliste de la gestalt Si l inter est une sorte de tissu conjonctif de l unit plurielle s il permet de penser des coupes transversales comme autant de liens connexes il pourrait fonctionner comme un bloc ce morceau de papier froiss par lequel Lyotard illustre l espace de l inconscient L inter agirait alors comme par condensation reconfigurant le champ spatial en r unissant certains l ments et leur permettant d tre de nouveau interpr t s Disons plus justement que cette s
4. nous dit Montaigne autant de diff rence de nous nous m mes que de nous autrui 87 C est ce que d montrent avec brio les queer studies notamment Judith Butler via son fameux Trouble dans le genre l identit genr e n est ni stable ni permanente Par essence ind finie et illimit e disaient Lacoue Labarthe et Nancy ce qui est tout fait ad quat dans cette perspective butlerienne selon laquelle l infini des possibles du genre sexu doit se penser non pas dans la solidit d une contre culture tout aussi standardisante mais en d naturalisant la norme de l h t rosexualit obligatoire Hors genre et trans genre ne sont pas pour Butler l inverse du genre comme le elle serait cens fonder l alternative sym trique au il Les identit s genr es hors normes constituent au contraire l alternative subversive aux normes h t ro et andro centr e qui nous assujettissent parce que les sujets sexuels ne r pondent jamais parfaitement des injonctions normatives auxquelles ils elles doivent se conformer et que dans ce jeu de la norme ce jeu d avec la norme pour certains se situe la possibilit de d construire les identit s donn es l encontre du concept de genre se faisant passer pour loi naturelle et immuable Butler propose de penser une identit performative La performativit serait ce processus d identifications r it r es au jour le jour dans chaque acte chaque parole chaque prise de position par lesquel
5. Lacoue Labarthe et Nancy ajoutent cette image frappante d un couronne de fragments dessinant en son centre un vide la fois hors d oeuvre donc mais reprenant aussi tr s exactement les contours de l oeuvre Ils pr cisent L oeuvre en ce sens est absente des oeuvres et la fragmentation est toujours aussi le signe de cette absence 13 C est ainsi pr cis ment dans la relativit de m thodes et de formes qui sous tend l interdisciplinarit qu une perspective critique sera envisageable et qu elle pourra pr tendre d passer les clivages disciplinaires tant pratiques que th oriques sans pour autant pr sager la perte de la sp cificit mat rielle de l oeuvre Si le fragment permet l nonc l oeuvre est Sciences de l H ime P us gt Appareil Revue Appareil n 6 2010 absente des oeuvres c est parce qu il est signe de cette absence Soit justement parce que la configuration fragmentaire la totalit plurielle de la couronne d signe la Physionomie absolue de l oeuvre d art Nancy et Lacoue labarthe disent Au del ou en de de l oeuvre il en propose l op rativit m me 14 Gageons que la multiplication des pratiques interdisciplinaires est signe d un questionnement comparable nourrit du dehors par les pens es poststructuralistes et postcolonialistes par les recherches f ministes les genders et queer studies l art contemporain d construit lui aussi cette d finition de l identit comm
6. ajoute donc l impossible reconnaissance du trans genre entre autres pr ceptes le L vitique ent rine pas de croisement entre deux esp ces de b tail pas de culture m lant deux types de semences en un m me sol pas de tissage non plus r unissant des fils de fabriques diff rentes Le monstre est monstre parce qu il transgresse les carts constitutifs de l un l autre En ce sens il est d j monstrueux de dire que le h risson est pareil il devrait tre ou n tre pas cet autre Le a fois du fragment de l inter c est cette totalit plurielle qui d ment les crit res du genre Ou plut t c est cette m me op ration qui l id e biologique d un genre invariable et occupant une place fixe dans la syst matique substitue celle d un genre logique un concept en englobant d autres unit par union proche de l assemblage du gattung Ainsi la fragmentation l interdisciplinarit constitue v ritablement ce point d incoh rence o s amorce la rupture d un ordre parce qu elle valide une nouvelle structure bas e sur la confusion une structure qui n est plus que marges un syst me op rant dans les rencontres avec tout ce qu il peut y avoir d inconvenant ne plus s parer ce qui doit l tre Deux alternatives alors Puisque l anomal le monstrueux le hors norme induisent la possibilit d une refonte compl te du syst me on peut par exemple choisir de trouver de nouveaux principes de cat gorisation Somme tou
7. appuie lui m me sur les recherches de William Bateson concernant les mutants hom otiques Jean Gayon explique l homeosis consiste en ce qu un organe est remplac par un autre dans un organisme comportant des parties r p t es Bateson avait ainsi d crit des insectes dans lesquelles une paire d antennes se trouvait transform e en une paire de pattes une paire de pattes en une paire d ailes un oeil en antenne 82 S appuyant sur ces donn es Goldschmidt fera ce constat certaines formes t ratologiques paraissent tr s semblables aux standards d une esp ce apparent es Il prend exemple d une mouche la Termitoxenia dont la seconde paire d aile atrophi e rappelle la morphologie des halt res de certains dipt res ayant subit une mutation hom otique Jean Gayon conclue les ressemblances entre anomalies dans une esp ce et forme normale dans une autre sugg rait que l tat normal de telle esp ce avait son origine dans une mutation t ratog ne ayant affect un anc tre 33 Le monstre prometteur est donc cette hypoth se selon laquelle toutes les esp ces pourraient virtuellement prendre origine dans un monstre Doit on encore d ailleurs utiliser ce vocable les monstres t ratog nes restant apr s tout autant de formes normales en puissances Belle na vet qui ne voit au plus loin qu l horizon de la norme Alors que tout au contraire prendre en compte la sp cificit de l tre l du mo
8. de France Paris 2005 p 60 38 Judith Butler Trouble dans le genre pour un f minisme de la subversion La D couverte Paris 2005 p 83 39 Ibid 40 Philippe Lacoue labarthe et Jean Luc Nancy L absolu litt raire th orie de la litt rature du romantisme allemand Seuil Paris 1978 p 420 41 Ibid 42 Cit par Philippe Lacoue labarthe et Jean Luc Nancy in L absolu litt raire th orie de la litt rature du romantisme allemand Seuil Paris 1978 p 421 43 Yve Alain Bois et Rosalind Krauss L informe mode d emploi Centre Georges Pompidou Paris 1996 p 16 Yve Alain Bois pr cise d ailleurs que dans ces d buts Le tactile dont parle l histoire de l art n est que la repr sentation visuelle du tactile la mati re n y existe qu inform e que mise en forme 44 Yve Alain Bois et Rosalind Krauss L informe mode d emploi Centre Georges Pompidou Paris 1996 p 22 45 Ibid 46 Ibid on des DCiences de Homme Paris Nord gt Appareil Revue Appareil n 6 2010 47 lbid 48 Maurice Blanchot parle aussi de discontinuit ceci convoque une autre op ration de l informe le battement voir le catalogue crit par Yve Alain Bois et Rosalind Krauss L informe mode d emploi Centre Georges Pompidou Paris 1996 plus pr cis ment pp 124 159 49 Jean Fran ois Lyotard Discours figure Klincksieck Paris 2002 p 349 50 Yve Alain Bois et Rosalind Krauss L informe mode d empl
9. est pas ce genre dans son acception biologique Ou alors si on l y rapporte faut il l entendre comme ce qui dans la continuit peut tre le dissemblable L inter bouscule les cat gories en vigueur en cela il est monstrueux Le sch me de la reproduction de l esp ce est finalis par la loi de la ressemblance Cela veut dire que c est en vertu de cette id e de ressemblance que seront instaur s les crit res de l esp ce et les principes de classification Deux d veloppements partir de ce point sur la valeur op ratoire des syst mes taxinomiques puis sur la question de l identit genr e Dans les conceptions classiques et modernistes une fois cern es et tablies les propri t s alors permanentes de l oeuvre prenaient valeur de lois C est dire qu elles permettaient une syst matique par diff renciation Le monstre tant alors ce qui se trouve hors sens ou hors limites autant l anomal que ne recouvre aucune cat gorie que ce qui transgresse les espacements constitutifs des crit res sp cifiques Mary Douglas a point la m canique de ces rites de s paration Pour en donner l l mentaire selon elle les notions de souillure de pollution de tabou ne prennent sens que dans le contexte de rituels d finissants des interdits soit des marges des limites des fronti res Autrement dit la notion de pollution est relative elle d pend toujours des interdits rituels qui en difiant la structure de la pens e d une
10. p 25 6 Philippe Lacoue labarthe et Jean Luc Nancy L absolu litt raire th orie de la litt rature du romantisme allemand Seuil Paris 1978 p 64 7 lbid p 64 on des DCiences de Homme Paris Nord gt Appareil Revue Appareil n 6 2010 8 Ibid p 64 9 Ibid p 64 Comme indiqu entre parenth ses la fin de la citation le passage cite lui m me le fragment 82 de l Afh naum publi dans ce m me ouvrage p 107 10 Ibid p 69 11 Patrice Loubier Du moderne au contemporain deux versions de l interdisciplinarit dans Penser l indiscipline sous la direction de Lynn Hughes et Marie Jos e Lafortune Optica Montr al 2001 p 24 12 Philippe Lacoue labarthe et Jean Luc Nancy L absolu litt raire th orie de la litt rature du romantisme allemand Seuil Paris 1978 p 71 13 Ibid p 67 14 Ibid p 68 15 Ibid p 71 16 Ibid note de bas de page p 70 17 Ibid p 70 18 Ibid p 376 19 Cit par Philippe Lacoue labarthe et Jean Luc Nancy in L absolu litt raire th orie de la litt rature du romantisme allemand Seuil Paris 1978 p 377 20 Fragment 116 de l Athenaum reproduit par Lacoue labarthe et Jean Luc Nancy in L absolu litt raire th orie de la litt rature du romantisme allemand Seuil Paris 1978 p 112 21 Ibid 22 Philippe Lacoue labarthe et Jean Luc Nancy L absolu litt raire th orie de la litt rature du romantisme allemand Seuil Paris
11. y r pond des lois du syst me malgr cela cette id e de variation admet a minima qu un genre donn r ponde une pluralit de formes Nancy et Lacoue Labarthe disaient le m lange constitutif du genre pour expliquer que celui ci soit par essence ind fini et illimit La pens e aristot licienne d une production naturelle du monstre bien qu ouvrant le nombre des possibles est encore en de de cette id e d un bouleversement de la taxinomie normative Les op rations de la fragmentation comme de l interdisciplinarit constituent en pratique et en th orie un cart proprement in dit toute pens e ou travail artistique les pr c dant un cart par rapport la notion m me de genre D vidence si l inter remet en question la pratique disciplinaire la d finition de l oeuvre plasticienne et la grille de lecture critique s y rapportant c est en ce qu il se pose comme un espace de pens e l int rieur duquel on ne puisse pas attendre l instauration d un Ordre Pierre Sciences de l H ime P gt Appareil Revue Appareil n 6 2010 Magnaud le rappelle dans son article Au del du sp cisme la le on la plus vive du surgissement du monstrueux dans la nature et dans la soci t c est la remise en cause du f tichisme de l identit 6 Et il cite Montaigne s affranchissant de ce carcan identitaire en faisant d un moi ondoyant et divers le monstre au monde le plus expr s il y a
12. 1978 p 276 23 Mary Douglas De la souillure essai sur les notions de pollution et de tabou La D couverte Paris 2005 p 61 24 Ibid pp 61 62 25 Ibid p 70 26 Ibid p 73 27 lbid p 73 28 Mary Douglas De la souillure essai sur les notions de pollution et de tabou La H on des Dciences de H ime a a gt Appareil Revue Appareil n 6 2010 D couverte Paris 2005 p 72 29 Ibid 30 Jean Gayon Les monstres prometteurs volution et t ratologie in Qu est ce qu un monstre ouvrage collectif coordonn par Annie Ibrahim Presses Universitaires de France Paris 2005 p121 31 Ibid p 121 32 Ibid p 119 33 Ibid pp 119 120 34 Cit par Annick Jaulin dans l article Aristote et la pathologie politique in Qu est ce qu un monstre ouvrage collectif coordonn par Annie Ibrahim Presses Universitaires de France Paris 2005 p33 35 Annick Jaulin Aristote et la pathologie politique in Qu est ce qu un monstre ouvrage collectif coordonn par Annie Ibrahim Presses Universitaires de France Paris 2005 p35 36 Pierre Magnaud Au del du sp cisme in Qu est ce qu un monstre ouvrage collectif coordonn par Annie Ibrahim Presses Universitaires de France Paris 2005 p 60 37 Cit par Pierre Magnaud dans son article Au del du sp cisme in Qu est ce qu un monstre ouvrage collectif coordonn par Annie Ibrahim Presses Universitaires
13. Sciences de l H ime Pa N gt Appareil Revue Appareil n 6 2010 IG Revue Appareil n 6 2010 La fragmentation ce monstrueux Marion Delage de Luget Que le kit pr suppose l ventualit d un montage comme le dit Michel Chion 1 signifie que le fragment la 0g r it re en continu l indexation d une totalit le plan lui m me dit il comme fragment interm diaire reliant deux autres plans est fragment d un continuum auquel il renvoie Soit ici propos de la pratique cin matographique de Lynch il ne peut tre question de coupure sans qu il soit aussi et aussit t question d encha nement Pas seulement en ce que le cut par section appelle ou suppose l adjonction mais plut t comme le proposent Philippe Lacoue Labarthe et Jean Luc Nancy en ce sens que tout fragment est projet le fragment projet ne vaut pas comme programme ou prospective mais comme projection imm diate de ce que pourtant il inach ve C est ce que le fameux fragment 206 de l Athenaum nonce Pareil une petite oeuvre d art un fragment doit tre totalement d tach du monde environnant et clos sur lui m me comme un h risson 9 Nancy et Lacoue Labarthe pinglent dans ce fragment le la fois qui articule ce qu ils nomment la logique du h risson D abord le fragment est compris comme d tach isol et d signant ou recouvrant une totalit Son devoir tre sinon son
14. a que tant fond e directement sur on des DCiences de H ime Pa Noni gt Appareil Revue Appareil n 6 2010 l id e de s paration Le rituel scinde donc le monde entre observance et d sob issance les permissions dictant l id al et les interdictions promettant maints dangers pour l insoumis En art pareillement l inter est cet indisciplin il est l abominable qui d roge la logique du concept cette pr sence que la classification veut rejeter hors propos parce qu elle invalide l exclusif de la structure disciplinaire Mais la notion de saintet implique encore davantage pour Douglas S il est admis que la racine de ce mot signifie tat de s paration la notion de saintet comprend aussi celle de totalit de pl nitude 25 Et de rappeler que les allusions la perfection physique abondent dans le L vitique Point de r gle arbitraire donc ni d all gorie c est l id e de compl tude qui guide toute taxinomie Etre saint nous dit mary Douglas c est distinguer soigneusement les diff rentes cat gories de la cr ation c est laborer des d finitions justes c est tre capable de discrimination et d ordre 6 Les rites exigent une diff renciation puis l assurent par ob dience D une fa on tr s similaire tout classement distinguant l art en disciplines vise avant tout pr server un ordre sur lequel est fond la symbolique culturelle du groupe autrement dit la norme dans son arbi
15. culture vont dans le m me mouvement donner pour cette m me culture une d finition de la souillure par la n gative La souillure n est jamais un ph nom ne isol dit Mary Douglas Elle n existe que par rapport l ordonnance syst matique des id es 3 L aussi il faut donc s attacher comprendre le syst me Douglas illustre sa th se en proposant une relecture des extraits du L vitique et du Deut ronome d signant les abominations et les prescriptions alimentaires Il est dit dans le Deut ronome 8 Tu ne mangeras rien d abominable 6 toute b te qui a le pied ongl l ongle fendu en deux et qui fait partie des ruminants vous en mangerez 7 Mais vous ne mangerez pas le chameau le li vre le daman car ils ruminent mais ils n ont pas l ongle fendu ils seront impurs pour vous 8 Nile porc car il a bien l ongle fendu mais il ne rumine pas il sera impur pour vous Vous ne mangerez pas de leur chair et vous ne toucherez pas leur cadavre 24 Les interpr tations historiques de ce texte appuient g n ralement l id e d une r gle disciplinaire pour en expliquer l arbitraire ou pr tendent l all gorie des vertus et des vices L un comme l autre c est se fourvoyer selon Douglas pour qui la clef de lecture r side dans une approche critique de la notion de saintet Une notion qui rappelle t elle v hicule un sens restrictif la racine latine du terme sacer tout comme sa racine h br
16. d accommoder exactement la vision de l id e 41 L unit obligatoire n est l apanage de rien que de la cat gorie Que Lacoue Labarthe et Nancy fassent ici allusion au rapport signifiant signifi ils posent le probl me d un soi disant id al de concordance de l un l autre Dans les arts plastiques la gestalt a difi cette illusion que la vision synchrone du fond et de la forme r v lait le sens de l oeuvre sens lui m me r soluble unifiable univoque un sens et m me plus un sens imm diat Si la po sie romantique g n re ce flou si la forme fragmentaire ne permet pas d accommoder exactement la vision de l id e c est parce que note Maurice Blanchot en Commen ant de se rendre manifeste elle m me gr ce la d claration romantique la litt rature va d sormais porter en elle cette question la discontinuit ou la diff rence comme forme 42 C est l exacte hypoth se rapport e cette fois aux arts plastiques qu Yve Alain Bois et Rosalind Krauss vont approfondir dans L informe mode d emploi Partant du constat d un modernisme relevant avant tout d une entreprise ontologique Yve Alain Bois en note les postulats dans une d monstration en quatre temps 45 1 En tout premier l art particuli rement la peinture s adresse un sens et un seul la vision Un postulat que l on retrouve aux origines de mouvements artistiques citons l impressionnisme comme peinture r tinienne mais aussi dans les pr
17. dissembler de quelque chose en particulier ni ressembler quelque chose qui se trouverait tre rien 55 Et tout cela chez Lynch Ces r flexions sur le statut quivoque de l oeuvre fragmentaire et du d passement du genre disciplinaire pourraient tre illustr es avec ce manque d inter pour ne pas dire d esprit que d voile trop souvent l adjonction redondante donc inepte d un visuel un textuel dont on pr suppose par l le sens pr pond rant l un et l autre toujours consid r s par cet cart et seulement celui ci de leurs formes respectives Cela serait ais et si d plac de d velopper le propos sur la th matique du monstre dans les diff rentes productions de Lynch r i Maison des Sciences de Homme Paris Nord gt Appareil Revue Appareil n 6 2010 Et des monstres il y en a Pl thore Mais rien d utile se laisser aller au pi ge de la ressemblance Canguilhem le d montre dans Le normal et le pathologique il faut soigneusement viter tout rapprochement erron entre anomalie et anomal au risque d abaisser toute solution de d classement une irr gularit de fait et de produire encore une autre th orie normative des d viations En faisant oeuvre fragmentaire le Romantisme a soumit sa critique le canon du genre et celui de la perfection esth tique Le postulat de cette tude tant que l interdisciplinarit propose pareille alternative quant aux pratiques et lectures essentialis
18. duction du hors norme du hors genre du hors taxinomie Comme la fragmentation ou l interdisciplinarit l informe op re sur les produits d carts ces d placements irr guliers dont Lyotard dit qu ils peuvent suffirent transformer le singulier en pluriel ou l ici en ailleurs L informe n est pas seulement un effacement de la forme pas seulement non plus cette chute de la forme et du sens dans la d cadence la d cr pitude l entropie et l oubli Pour Didi Hubermann pourtant l informe peut tre th oris comme une condition rythmique de la forme Il l expose dans un ouvrage La ressemblance informe dont le titre m me tourn en un oxymoron contraint l informe la d finition simpliste d une d formation Retour au monstre Selon lui L informe qualifierait donc un certain pouvoir qu on les formes elles m mes de se d former toujours de passer subitement du semblable au dissemblable Autant revenir au syst me d opposition binaire de la grille structuraliste passage subit de l un l autre mais plus cet a fois de l espace de l inconscient En rabattant ainsi la question de la mauvaise forme un axe unique la seule alternative de l alternance du positif au n gatif Didi Hubermann revient en de de toute d construction Pour Rosalind Krauss Voil le risque que l on prend vouloir tout prix mesurer l informe la ressemblance ou la dissemblance au lieu de s aviser que ressembler rien n est ni
19. e englobante homog ne et unifi e L identit n est plus cette entit coh rente et permanente autosuffisante et reconnaissable Ce qui ne revient pas dire que l identit est port e absente bien au contraire elle se diversifie et se complexifie Pour le dire autrement et revenir au fragment l art contemporain a peut tre ceci de sp cifique dans la mise en oeuvre de pratiques interdisciplinaires qu il y trouve le lieu et signe de son op rativit m me L histoire de l art et des techniques montre nombre d exemples ant rieurs de rencontres disciplinaires au sein d un m me Oeuvre Mais cette interdisciplinarit post moderne qui trouve source dans la distraction et la tabula rasa de l internationale dada ste dans l effrangement des espaces et des techniques des collages cubistes dans ce geste expressionniste ou toujours sur la technique l intention prime dans cette attention aux formes artistiques extra europ ennes dans le ready made dans l investissement de peintres de sculpteurs de po tes d architectes pour l mergence des arts graphiques et appliqu s dans tous ces actes par lesquels les avant gardes d construiront la vis e acad mique et l aune d un regard ethnocentr cette interdisciplinarit l introduit des possibles par diff rence ou contradiction interne qui permettent de repenser enti rement l identit de l oeuvre c est dire aussi les limites de chaque discipline et les attendus et pr suppos s de l
20. e ce concept de fragmentation serve l exemple critique appelle encore une pr cision ajoutons que comme le fragment cette critique n cessairement manque l oeuvre La pens e critique interdisciplinaire comme la fragmentation est signe de l absence de l oeuvre puisque si elle fait cho son op rativit tout comme elle elle se borne alors en souligner les contours la b ance Tr s simplement parler de l oeuvre comme on parle du h risson et savoir Maison des Dciences de Homme Paris Nord gt Appareil Revue Appareil n 6 2010 d j qu tre en toucher les bords c est y tre ext rieur c est accepter de la perdre Il n y a que la po sie qui puisse critiquer la po sie disent les romantiques parce que la pure pens e n inclut plus ce manque essentiel la g n ration parce qu elle est au contraire tentative de ma trise de la perte ou sa simple obstruction c est de m me Alors que justement tout prend place dans cet cart par lequel la fragmentation peut op rer Tout se joue en ce que le fragment est du genre de la g n ration Le genre pour les romantiques est plus qu un genre 20 c est un individu Un H risson un organisme Un Tout qui comme l organique s engendre du fragment et par le fragment Et c est aussi en cela qu aucune th orie de peut l puiser 1 parce que rappellent Lacoue Labarthe et Nancy il est probable que le genre soit par essence ind fini et illimit
21. e de l unheimliche qui produit un double inqui tant on la retrouve aussi dans le principe de r p tition de cette sc ne dans Mulholland Drive cette premi re dispute amoureuse entre Rita et Betty feinte puisqu il s agit de r p ter un script qui sera de nouveau jou e par Betty quelques minutes plus tard dans un tout autre registre et avec un homme cette fois un acteur face au staff pr sent pour l audition Ce redoublement provoquant une perte totale de rep res chaque interpr tation invalidant la justesse de l autre toutes deux d non ant le d j vu ces ressorts de chaque genre cin matographique C est d abord un principe de d familiarisation Le retour signifie avec violence la fiction comme plus tard dans le m me film cette sc ne au Silencio pendant laquelle une chanteuse sur sc ne s croule alors que la bande son continue et que Monsieur Loyal r p te it s all recorded tout est enregistr L ab me de la r p tition on rejoue le bout d essai on fait de nouveau semblant de faire semblant fragmente le point de vue du spectateur et bloque dans la convulsion toute coh rence de sens Le continuum du film l encha nement ne se donne plus comme flux ni unit Et la pure vision ne peut momentan ment plus rassembler le corps du sujet percevant C est en cons quence un chec de la temporalit d finitoire du m dium comme tout unifi ce hoquet provoque la d sublimation du processus cin matographique e
22. e de la couronne de fragments cette id e qu il faut encore une forme une figure qui se d tache sur un fond pour que quelque chose soit visible et que ce quelque chose fasse sens Encore qu avec le flou romantique le dessin puisse en tre plus riche que ce que l image mentale suppose Il y a ces jeux optiques des cartes d Epinal o l on lit le profil d une vieille dame sous son ch le et parce qu on se concentre sur un pli du bonnet soudain c est le portrait d une demoiselle en habit qui s impose Que l on essaie de retrouver la vieille femme la demoiselle redevient aussit t insaisissable Que l on tente de voir les deux simultan ment du coin de l oeil et tout se brouille dans les premiers lancements d une bonne migraine Cette diff rence comme forme que note Blanchot 48 montre pareille faille pour le fragment La couronne totalit plurielle qui fonde l oeuvre fragmentaire en unit n est jamais aussi que la forme n gative hors d oeuvre de la somme des totalit s singuli res Comment r soudre cet cart entre les unit s et le pluriel Est il seulement encore possible d y consid rer une limite un ordre amor ant d but ou fin dans l infini circulaire Si comme le dit Blanchot c est la discontinuit la diff rence qui font forme il faut alors penser en cons quence l alt ration de la structure taxinomique et de la grille de lecture Et entendre de nouveau cette question pos e par Lyotard Comment en g n ral ce qu
23. e des images fixe sous nos yeux l id al du genre homog n ifi mais c est une op ration de ce m me genre de la g n ration propre au fragment en cela qu elle g n re aussi ses propres discordances La moyenne id ale est une synth se de l h t roclite elle n est que l illusion homog ne d une proposition composite et n est mod le que dans ce sens de sp cimen le type partir duquel chaque tre chaque chose ne peut tre que variation C est l Id e norme chez Kant allgemeinen Richtmass sorte d talon universel qui d finit l esp ce comparaison duquel chaque individu sera une r alisation variable et plus ou moins d viante Jacques Darriulat r sume les implications de cette notion la proportion de l Id al ou la norme de la beaut r alis e de fa on ind passable dans la statuaire de la Gr ce ancienne n est que le degr z ro de la repr sentation un sch me simplifi qui limine les aberrations individuelles une normalisation imaginaire des formes vivantes 57 Pour Bataille pareillement chaque forme individuelle chappe cette commune mesure et quelque degr est un monstre un cart dont la nature est incontestablement responsable C est pourquoi il ne faut pas parler des monstres chez Lynch mais bien du monstrueux Pour lire et comprendre comment op re la d construction l oeuvre dans la discipline m me dans cet id al moderniste d un corps int gre auquel rien ne manque d u
24. emiers crits d Hildebrand de Fiedler qui influeront sur ceux de W lfflin c est dire dans les fondements scientifiques de l histoire de l art comme discipline 2 Cette id e d une pure vision implique une exclusion qui remonte au Laocoon de Lessing cette position d valoris e dans la hi rarchie qu il propose des arts du temps et des arts de l espace il y aurait une temporalit propre au visuel qui est de l ordre de l imm diatet pour Yve Alain Bois alors le tableau se donne en un instant et ne s adresse qu l oeil du P _ Nodi gt Appareil Revue Appareil n 6 2010 spectateur 44 3 Bois qui s appuie ensuite sur deux textes de Freud Trois essais sur la th orie de la sexualit et Malaise dans la civilisation pour d montrer comment cet art de la pure vision implique un face face fondamental avec l oeuvre et maintient de ce fait le corps du sujet percevant dans sa position rig e loin de celle horizontale propre l animal Et cela signifiant selon Bois que M me s il ne se veut plus une fen tre ouverte sur le monde le tableau est une coupe verticale qui postule du spectateur l oubli qu il a les pieds dans la poussi re 45 Contre le tr s pertinent ni haut ni bas pos par Denis Hollier en pr face Documents ici toujours cette m me construction antith tique r duisant aux deux extr mes sacr et souillure 4 Pour cons quence nous dit Bois
25. eur lecture crois e On pourrait croire ce projet ambivalent Parce que d un c t il ne s agit pas d hypostasier les sp cificit s mat rielles des pratiques artistiques on sait les limites de l essentialisme greenbergien mais il ne s agit pas non plus de les nier puisque ce sont ces caract ristiques intrins ques comme limites d finitoires de la fragmentation de l art en pratiques qui produisent l inter Penser cette propri t quivoque du fragment comme dialectique de l ach vement et de l inach vement pose en fait la question du point de vue critique Si l on suit Nancy et Lacoue Labarthe ce caract re ambigu du fragment pourrait tre saisi de telle fa on qu il reviendrait concentrer ou pr cipiter sur un point le processus par lequel le discours philosophique chez Hegel peut d signer son propre inach vement le ma triser et le faire passer dans l l ment de la pure pens e qui est son ach vement 15 Un mouvement qui suppose donc une solution hors champ le fragment la fragmentation trouveraient leur ach vement hors d eux et hors de l oeuvre dans la pure pens e Et cons quemment cela reviendrait pr senter le h risson non plus comme un individu organique comme unit et int gralit mais comme une collection de membres pars ce morcellement de l unheimlich propre la perte de l individualit Pourtant insistent les auteurs la fragmentation n est pas une diss mination au
26. i est forme peut il aussi tre transgression Comment ce qui est d viation d rogation d construction peut il tre en m me temps forme 49 Dans ce fait m me d interroger y a t il une bonne forme de la transgression Lyotard parodie le syst me d opposition binaire qu il propose de d passer Il s agit apr s tude du si c l bre cas d un fantasme analys par Freud connu sous cette formule un enfant est battu de comprendre quel r le joue la forme dans le travail de l inconscient Pour ce faire Lyotard marque la diff rence d avec la grille structuraliste sur laquelle repose la gestalt a contrario la logique spatiale de l inconscient ne r pond ni de r gles d opposition ni de cette exigence de toujours sp cifier les diff rents objets par ressemblance ou diff renciation Freud notait que les stades distincts du fantasme tudi ne correspondaient pas une succession chacun suppl ant l autre et encore moins une volution comprise comme progr s du sens l inverse de la grille structuraliste l inconscient joue la simultan it Au contraire comme le note Krauss les significations de tous les stades y demeurent suspendues sous la forme d un mais aussi 50 Oeuvre mais aussi hors d oeuvre En ajoutant encore dans le cas particulier de l on des Dciences de Homme Paris Nord gt Appareil Revue Appareil n 6 2010 inter l infini de la combinatoire celui de chaque disc
27. ipline La r ponse alors cette bonne forme de la transgression repose sur l viction du principe structuraliste de non contradiction sur cette id e que plusieurs choses antinomiques puissent tre simultan ment Krauss r sume cela L inconscient ne se contente pas de solliciter la transformation de toute chose en son contraire il maintient l une et l autre ensemble 51 Lors si l inconscient ne respecte pas les carts entre les objets s il ne maintient pas de rapports constants comme les intervalles du langage discursif entre ses diff rentes parties c est d vidence que la transgression ne peut relever d une forme telle que l entend la gestalt La forme de la transgression est n cessairement rupture d une rythmique dit Lyotard donc une mauvaise forme En d autres termes la forme laquelle nous avons affaire avec le fantasme n est pas une bonne forme Elle est certes une forme dans laquelle le d sir reste pris la forme prise par la transgression mais elle est aussi la transgression au moins potentielle de la forme 52 Une mauvaise forme que cet espace inconscient la matrice qui transgresse les silences constitutifs du discours et les distances constitutives de la repr sentation C est dans cette propri t du figural de parvenir comme l crit Lyotard bloquer ensemble ce qui n est pas compossible que peuvent tre d pass es la pure vision synth tisante de la gestalt et les discipline
28. l art est une activit sublimatoire qui rassemble tout en le s parant de son corps le sujet percevant Il postule une activit synth tisante l artiste est cens concevoir l oeuvre comme totalit ferm e et la jouissance esth tique est index e cette pl nitude formelle 45 Voici r sum s les mythes fondateurs du modernisme et de sa grille de lecture gestalt fond e sur le rapport figure fond autant d efforts associ s qui finalement s ils accommodent la vision ne peuvent qu emp cher que le genre ne se forme et ne se d finisse par sa propre dynamique I n y a pas loin de la pure vision la pure pens e Pour penser le genre comme lieu possible de contradiction de la norme pour penser une multiplication infinie des cat gories qui viendrait bout du concept m me il faut suivre Butler et revenir ce fondamental foucaldien toujours le fait de se donner pour fin absolue l unit revient la consid rer comme condition pr alable Et exclure tout le reste dans l ind termin ce qui n a plus d identit donc ne peut plus nuire la salet qui jonche le sol nos pieds Loin En bas Hors du c ne de vision moderniste C est la conclusion imp rative d Yve Alain Bois pour le modernisme un seul mot d ordre Exclusion de tout ce qui se d lite l oeuvre doit avoir un d but et une fin tout d sordre apparent se r sorbant dans le fait qu elle est limit e 47 C est peut tre aussi la limit
29. les le moi se reconna t comme moi Par lesquelles donc tout un chacun peut subvertir la norme en r inventant sans cesse de nouvelles formations du sujet Pour Butler Le genre est un ph nom ne complexe qui en tant que totalit est constamment diff r un id al impossible r aliser quel que soit le moment consid r 88 Alors plut t que d instaurer des identit s sur une base contingente c est dire en vue d un objectif pr d termin elle propose rebours que le genre compris simultan ment dans le sens politique de coalition soit un assemblage ouvert permettant de multiples convergences et divergences sans qu il soit n cessaire d ob ir une finalit normative qui cl t les d finitions 39 Un genre pourrait exister en tant que tel sans donner l avance la forme id ale que devrait en adopter la structure Nancy et Lacoue Labarthe ne d mentent pas ce trait dans leurs propos sur le romantisme On aura cependant remarqu disent ils qu un pareil Witz ne cesse pas d errer sinon d op rer dans ce dispositif entre syst me et chaos entre les deux p les de l organon 40 Et d insister sur cette h sitation caract ristique du flou romantique qu ils qualifient comme jeu d un cart l id alisme et la m taphysique qui s y parach ve et qui finalement pourrait bien aussi parfois signifier que le romantisme d tient par constitution une certaine impossibilit
30. n de la biologie de la sociologie et du marxisme Des apports m thodologiques qui conduiront ce que les ann es 70 ent rineront sous le nom de new art history une nouvelle approche critique de l art encore r vis e dans les ann es 1980 par cette id e l poque juste mergente avec les cultural studies d un n cessaire dialogue transversal entre les diverses branches de savoir Le processus moderne proposait une segmentation de la connaissance en disciplines toujours plus sp cialis es L interdisciplinarit op ration post moderne d jouera cette dynamique de parcellisation du savoir Parce qu elle permet nous dit Patrice Loubier la mise en perspective critique des m thodes et pr suppos s d une branche par une autre en d autres termes la mise au jour de la relativit inh rente tout discipline 11 C est d ailleurs pourquoi Nancy et Lacoue Labarthe notent la parfaite justesse avec laquelle les romantiques allemands ont mis en oeuvre cette forme fragmentaire pour red finir le genre litt raire parce que Schlegel et les autres savaient le caract re relatif du fragment cette dialectique de l ach vement et de l inach vement qui lui est propre tant dans sa forme singuli re que comme totalit plurielle C tait d j entendu dans leur d finition Le fragment sur le fragment h risson est tel un h risson dans sa proposition m me par laquelle il nonce que le h risson n est pas l 12 quoi
31. n m dium donn r pondra la relation de ce m dium d autres L interdisciplinarit dans l analyse du travail de Lynch c est ce concept par lequel l oeuvre trouve sens quant aux relations complexes qui existent entre sp cialisation fragmentation et g n ralisation principe d unit Pour le dire autrement et soutenir la parent avec l id e de fragment projet c est peu de chose pr s ce que Nancy et Lacoue Labarthe r sument par cette formule L individualit fragmentaire est avant tout celle de la multiplicit qui est inh rente au genre 6 crire en fragment disent ils encore juste apr s c est crire en fragments Mais ce pluriel est le mode sp cifique par lequel le fragment vise indique et d une certaine fa on pose le singulier de la totalit 7 Aussi proposer une analyse interdisciplinaire de l oeuvre de David Lynch ce ne sera pas seulement mettre en rapport des m tiers ou supposer une somme Si l on con oit chaque Sciences de l H ime P us gt Appareil Revue Appareil n 6 2010 pratique disciplinaire comme un fragment du corpus interdisciplinaire ce corps ou grand oeuvre ne sera pas pour autant la totalit fragmentaire puisque cette totalit singuli re est en quelque sorte atopique elle est simultan ment dans le tout et dans chaque partie 8 disent Lacoue Labarthe et Nancy De la m me fa on que l inter compris comme tissu conjonctif entre les prati
32. n tant que flux c est dire l exaltation de la coupe et du montage Mais cette sc ne n est pas son seul simulacre Elle redouble aussi toutes les autres sc nes de genre de ce genre qui s inscrit dans la pulsation de l ros mais tout autant en cho au d sir de cet autre li au thanatos et l in luctabilit de la revenance En gardant au montage les deux prises Lynch vince la forme id ale dans la compulsion de mort Sciences de l H ime P un gt Appareil Revue Appareil n 6 2010 Dans l incongru de cette r p tition la parodie touche 62 pour appuyer qu il ne s agit jamais que de cela jouer pr tendre difier de toute pi ce quelque chose qu il suffirait comme le disait Duchamp de r p ter suffisamment pour que cela devienne un go t et fasse genre lci l ambivalence d une interpr tation l autre montrant bien dans le battement du rire aux larmes que ce go t oscille toujours dangereusement entre ros et thanatos quand l enfant est battu tout prend place dans ce sens trouble du contact r p t sur le corps en ce qu il peut avoir d rotisant ou bien tenir de la maltraitance La force de l oeuvre interdisciplinaire de Lynch est de r p ter les clich s par des cha nes m tonymiques au travers de plusieurs disciplines ces transpositions et r p titions en chargeant d autant le sens et le d construisant Dans cet inexorable retour au m me le contenu c de in vitablement l entropie au
33. n tout unifi pour saisir dit Krauss La production in vitable du monstrueux ou de l h t rog ne par le proc s m me qui est destin exclure le non g n ralisable telle est la force qui cr e la diff rence non logique partir des cat gories qui ont pour fin d administrer logiquement la diff rence 58 Le monstrueux chez Lynch ne prend pas corps dans l homme l phant le manchot le nain les collections de mouches mortes l oreille coup e encore sanguinolente Certains pol miquent encore sur l utilisation d une t te d agneau corch e pour la fabrication du b b de Eraserhead ce qui revient peu ou prou en soumettre la pertinence cette ressemblance de l homme la b te qui conduit la physiognomonie de Lavater Dans ce cas pr cis le monstrueux ne r side pas dans l utilisation d une mati re pour une autre le d placement des chairs vif d un animal la peau rose lisse et tendre d un b b n est rien de plus qu abject c est dire un retour l asservissement au th me normatif de ce qui est laid Ce qui importe ce qui est monstrueux dans la mise en forme de ce corps de nourrisson c est que justement il ne ressemble rien et H Sciences de l H ime a N gt Appareil Revue Appareil n 6 2010 rx surtout pas ce qu il devrait tre 59 C est toute la diff rence entre sacr et souillure anomalie et anomal entre l informel et l informe dont Bataille voit l issue dans l id
34. nstre demande de penser la pluralit hors de ce retour au m me Mary douglas insiste sur ce fait que la souillure est toujours avant tout quelque chose qui n est pas sa place Lui en attribuer une c est la r sorber dans le sacr C est pourquoi cette vieille id e d une loi al atoire de la nature que la t ratologie se propose de d passer est en fait bien plus f conde partir d une d finition relativement stricte le monstre est ce dissemblable d avec ses g niteurs Aristote va d crire la production des monstres comme un ph nom ne faisant partie des lois de la nature Ce qui a conduit la nature produire des monstres est le fait de ne pas engendrer des tres semblables aux g niteurs par inach vement 34 Le monstre est donc ici aussi conforme la nature mais cette fois ci en ce qu elle comporte pour Aristote d al atoire et d ind termin Annick Jaulin d veloppe sur ce probl me dans son analyse de la pathologie politique chez cet auteur on sait qu avec la philosophie pratique on entre pour Aristote dans le domaine des choses qui peuvent toujours tre autrement qu elles ne sont c est dire dans un domaine o l al atoire est la r gle de sorte que la dissemblance ne peut m me plus tre d crite comme monstruosit mais seulement comme variation 85 Pour Aristote la nature parce qu al atoire n exclut pas les anomalies C est bien s r un point de vue normatif puisque le monstre
35. oi Centre Georges Pompidou Paris 1996 p 97 51 Ibid 52 Jean Fran ois Lyotard op cit p 350 53 Yve Alain Bois et Rosalind Krauss L informe mode d emploi Centre Georges Pompidou Paris 1996 p 99 54 Ibid p 242 55 Ibid p 74 56 Georges Bataille Les carts de la nature in Oeuvres compl tes tomel La Pl iade Paris 1998 p 229 57 Jacques Darriulat Le monstre et l id al in Qu est ce qu un monstre ouvrage collectif coordonn par Annie Ibrahim Presses Universitaires de France Paris 2005 p 94 58 Yve Alain Bois et Rosalind Krauss L informe mode d emploi Centre Georges Pompidou Paris 1996 p 242 59 Si l on veut revenir l tude que propose Michel Chion du d calage toujours productif entre bande son et image chez Lynch il faudrait rapprocher cette impression que provoque la mise en forme du b b de l cart tout aussi h rissant que produisent les piaillements aigus de gallinac s accompagnant la t t e des chiots lors du d ner en famille toujours dans Eraserhead 60 Jean Fran ois Lyotard Discours figure op cit p 338 61 Yve Alain Bois et Rosalind Krauss L informe mode d emploi Centre Georges Pompidou Paris 1996 p 99 62 Autre oeuvre pour confirmation la s rie des Rabbits par exemple faux semblant grotesque de tout ce que le cin ma ou les s ries t l vis es peuvent v hiculer comme convenances et id es re ues Le d cor est parfait d ineptie Les rire
36. patialisation r pondrait autant de l id e de suspens parce qu il n y a pas de d placements au sens de Freud dans l oeuvre interdisciplinaire ni y trouver un quelconque fantasme d finitoire mais bien tablir une topologie qui entre la condensation et l accrochage permette la fois monimentum et monumentum garde de l esprit et esprit de la garde c est dire de r activer le caract re polys mique de l oeuvre d art ce que Nancy et Lacoue Labarthe notent galement dans l id e d un inach vement critique propre au genre romantique La matrice permet cette mauvaise forme et comme le rappelle Rosalind Krauss cette forme qui est aussi transgression de la forme est donn e pr cis ment par l action de la figure matricielle de Freud c est l action de battre qui est la pulsation du plaisir mais aussi la pulsation de la mort Le battement est donc la forme de la r currence de la r p tition la forme par quoi se d lite la forme par o le temporel s insinue au coeur du figural et l alt re en mauvaise forme en informe 61 Ils sont nombreux ces battements chez Lynch qui minent le travail de la structure Il faudrait d velopper sur la figure ne doit on pas le dire au pluriel les figures de la femme cliv e qu il emprunte Bunuel et sur l inqui tante tranget que Freud accorde l automate ce cas de redoublement d non ant la relation de ressemblance de la copie au mod le Cette structur
37. pire l angoisse provoque alors le d litement dans le double morbide au mieux c est le simulacre qui demeure vide de sens et finit par n tre plus qu un bruit Ce bruit que la th orie de l information d signe comme tout ce qui est probable clich inutile et par l m me nuisible au contenu La r p tition devient alors cette reconnaissance du m me mais du m me comme rien Et l insignifiance r clame de revoir la structure L interdisciplinarit ne fait pas syst me ce n est pas un principe d assimilation totale normatif donc et tout entier au service du sens comme autorit L indexer au bloc c est proposer qu en elle le mouvement transversal de lecture comme un suspens puisse autant tre permutation et proposition Propositions sans cesse r it r es pour la garde de l esprit et en cela il faudra se d tacher de la notion du fragment comme oeuvre in progress que proposent Lacoue Labarthe et Nancy ce progr s annon ant la vis e bien trop restrictive d un tat suppos final aboutit accomplit et rel guant l inachev au rang d tat dans le sens que lui donne les taille douciers Le sens et l tre la vie organique sont instables la suite devra donc tre cherch e dans le principe de m tastabilit chez Simondon par exemple On peut toutefois avancer d j que l interdisciplinarit doit permettre cette relation de la relativit de toute chose destin e r sister tout retranchement vers l illustration o
38. ques se joue simultan ment dans les sp cificit s inh rentes chaque discipline comme cl tures et hors d elles Postuler l interdisciplinarit c est gager que dans cette simultan it le tout et la somme des parties ne se recouvrent jamais vraiment Sinon multi pluri auraient suffit quantifier Nancy et Lacoue Labarthe concluent sur ce point en parlant de co pr sence pour caract riser le mode d tre du fragment des fragments la totalit singuli re Les fragments sont au fragment ses d finitions et c est ce qui installe sa totalit comme pluralit et son ach vement comme inach vement de son infinit 9 Sans doute alors dans cette analyse interdisciplinaire les notions de m dium ou de discipline de partie et de totalit devront elles c der la place une typologie fond e sur les op rations selon lesquelles elles peuvent interagir Parce que l interdisciplinarit suppose un questionnement des fronti res disciplinaires c est dire des m canismes de liaison et d exclusion de diff rence et d identit structurant tant la discipline les disciplines regroup es sous le vocable commun d art que ce qui hors d elle au singulier hors d elles au pluriel peut devenir inter peut s affirmer milieu Ce milieu qui si l on poursuit dans l id e d une discipline comme fragment v hicule pour Nancy et Lacoue Labarthe cette double signification de l exergue c est ce qui s inscrit hors de l oe
39. s ontologiques du modernisme Que Nancy et Lacoue Labarthe notent cette caract ristique du romantisme de ne plus permettre d accommoder exactement la vision de l id e que l inter induise une production artistique et une lecture transversales c est cette m me faillite des carts de productions La matrice dissimule la contradiction et d truit la diff rence par elle figure et fond sont donn s ensemble et occupent simultan ment un m me espace la matrice d truit donc aussi la forme Krauss et Bois nuancent ce terme de destruction pour mieux expliciter la notion d informe L informe n est cependant pas simplement un effacement de la forme c est une op ration qui d fait la forme 53 C est ce processus qui en art g n re la mauvaise forme Outre r f rence incontournable l espace matrice de Lyotard Krauss et Bois reviennent incessamment sur l utilisation premi re de ce terme telle que d finie par Bataille c tait cet autre mot qu il avait choisit pour voquer le processus de d viance informe d signant un d classement dans tous les sens du terme minant la fois la s paration entre l espace et le temps battement les syst mes d arpentages de l espace horizontalisation production du plus bas que bas les qualifications de la mati re bas mat rialisme et l ordre structural des syst mes entropie 54 Un d classement il faut le pr ciser c est entendre comme une pro
40. s pr enregistr s agacent juste ce qu il faut Mais l o la parodie touche c est dans l incongru de la personnification des lapins grandeur nature quand le g n rique donne le nom des acteurs pr sents sous les masques 63 Jean Fran ois Lyotard Discours figure op cit p 338 on des gt ciences de Homme Paris Nord gt Appareil Revue Appareil n 6 2010 Pour citer ce document Marion Delage de Luget La fragmentation ce monstrueux Revue Appareil En ligne Revue Appareil n 6 2010 Mis jour le mai 2008 URL http revues mshparisnord org appareil index php id 420 Cet article est mis disposition sous contrat Creative Commons
41. sens pr cis qu en donne Derrida ce n est pas cette dispersion st rile de la semence et du s mique en g n ral c est dire du signe et du sens 18 qui ne reprendrait corps qu en une pens e qui lui serait ext rieure Tout au contraire c est le syst me m me de cette fragmentation qui est lieu de production et qui produit Nancy et Lacoue Labarthe parlent alors de production originelle pour appuyer encore que cette dispersion est de celle qui convient l ensemencement et aux futures moissons Le genre du fragment est le genre de la g n ration 1 Ainsi le genre du fragment g n re oeuvre et hors d oeuvre signe et sens mais aussi une critique esth tique toute particuli re dans la fragmentation selon Nancy et Lacoue Labarthe La th orie est consubstantielle et coextensive l op ration 18 Cette ouverture du fragment 117 du Lyc e le rappelle La po sie ne peut tre critiqu e que par la po sie 19 Et dans un premier temps tr s simplement y voir la n cessit d ouvrir l oeuvre interdisciplinaire une analyse recr ant elle aussi un tissu conjonctif donc comme annonc une pens e puisant dans des champs th oriques s miotiques et m thodologiques plus larges parce qu il faut d une certaine mani re que l organon l instrument de la pens e redouble le motif de la couronne pour que la critique ne manque pas son objet et son propos interdisciplinaires Qu
42. te il suffit d tiqueter la d rogation pour qu elle cesse de l tre C est ce que tente la t ratologie cette science des monstres apparue au XIXe si cle avec Etienne et Isidore Geoffroy Saint Hilaire qui trouvera ensuite cho dans la t ratogen se exp rimentale puis jusqu aujourd hui dans la biologie du d veloppement Une pens e propos de laquelle Jean Gayon souligne qu Elle n a cess de ronger le concept de monstre en lui conf rant une banalit biologique 30 Effectivement la t ratologie a proc d une classification des formes monstrueuses Jean Gayon commente Maison des Dcences de Homme Paris Nord gt Appareil Revue Appareil n 6 2010 Etienne Geoffroy Saint Hilaire en faisait des formes d organisation achev es qu il regroupait en des taxons aussi distincts entre eux que le sont les esp ces les genres les familles d organismes commun ment construites par les naturalistes Par ce premier pas la t ratologie dissolvait la vieille id e de jeu ou de caprice de la nature les monstres devenaient des formes r gl es dont les propri t s constantes avaient valeur de lois de la nature 31 Le monstre est ainsi normalis Jusque dans ce paradigme de la t ratologie que Goldschmidt a d velopp par la rh torique du monstre prometteur La formule d signe ces cas ou la formation d une esp ce nouvelle r sulte d une unique mutation monstrueuse Pour fonder son propos Goldschmidt s
43. tes qui tendent r duire l art aux disciplines et celles ci en normes esth tiques Pour ce faire redisons le la question d une pr tendue norme de beaut un id al auquel serait oppos le monstre comme mauvaise forme doit imp rativement tre d pass e Kant d j dans la Critique de la facult de juger invalidait le canon antique L id e d un crit re de perfection formelle rel ve en fait selon lui d un objet imaginaire un trac contingent d termin par la moyenne qui se d gage de la superposition d un grand nombre d image Bataille pense de la m me fa on une beaut statistique contre l id al d une perfection de la forme Son essai Les carts de la nature exemplifie le travail photographique de Francis Galton la fin du XIXe si cle celui ci superpose des s ries de clich s de visages ou bien de profils frapp s sur des pi ces de monnaies romaines le r sultat de ce travail composite montrant pour moyenne une forme unique qui selon Bataille n aurait rien envier la beaut des sculptures antiques il cite l Herm s de Praxit le Bataille g n ralise le concept Si l on photographie un nombre consid rable de cailloux de dimensions semblables mais de formes diff rentes il est possible d obtenir autre chose qu une sph re c est dire une figure g om trique Il suffit de constater qu une commune mesure approche n cessairement de la r gularit des figures g om triques 56 Ainsi la moyenn
44. traire Quant aux abominations alimentaires auxquelles il tait tout d abord fait allusion la solution discernant sacr et souillure est donc donn e Etre saint dit encore Douglas c est tre entier tre un la saintet c est l unit l int grit la perfection de l individu et de ses semblables Les prescriptions alimentaires se contentent de d velopper la m taphore dans le m me sens 27 Face au concept de discipline face aux classifications diverses c est effectivement l id e de conformation aux distinctions premi res quelles qu elles soient qui importe Conformation et conformit il ne saurait y avoir doute ni dans la filiation ni entre les diff rents objets Le syst me taxinomiste maintient les s parations d finitoires et ainsi non seulement garantit l int grit de chacun mais par l assure sa p rennit dans la production it rative du m me Douglas revient aussi sur cette subtilit de traduction du terme perversion dans le L vitique le texte nonce Et aucune b te tu ne donneras ton panchement pour en devenir impur et une femme ne se donnera pas une b te pour s accoupler avec elle c est l une perversion 28 Selon elle ce mot perversion est une erreur significative du traducteur L original en h breu est thebel qui signifie m lange ou confusion 29 l imp ratif de la loi de la ressemblance a perfection de l individu et de ses semblables s
45. u dans la th matique par l interdisciplinarit l art doit tre ce concept qui s informe Sans espace de l un l autre Tout comme Lyotard d crit que s informe le corps rotique dans l espace de l inconscient le corps rotique qui n est pas le corps v cu rotiquement mais la surface o s inscrivent les localisations du d sir est le contraire d un monde au moins chez l enfant le pervers l hyst rique puzzle de r gions o la charge d charge de la jouissance trouve ses lieux d lection mais puzzle que personne ni rien ne tient sous son oeil pour en faire l unit d un tableau et o chaque zone peut elle m me accepter plusieurs significations simultan es quant au plaisir 63 1 Michel Chion David Lynch Editions de l Etoile Cahier du cin ma Paris 2001 P 193 2 Philippe Lacoue labarthe et Jean Luc Nancy L absolu litt raire th orie de la litt rature du romantisme allemand Seuil Paris 1978 p 63 3 Edit dans L absolu litt raire th orie de la litt rature du romantisme allemand Philippe Lacoue labarthe et Jean Luc Nancy Seuil Paris 1978 p 126 4 Philippe Lacoue labarthe et Jean Luc Nancy L absolu litt raire th orie de la litt rature du romantisme allemand Seuil Paris 1978 p 63 5 Patrice Loubier Du moderne au contemporain deux versions de l interdisciplinarit dans Penser l indiscipline sous la direction de Lynn Hughes et Marie Jos e Lafortune Optica Montr al 2001
46. uvre et c est ce qui l accomplit Le fragment figure nous disent ils mais figurer bilden et gestalten c est ici oeuvrer et pr senter darstellen le hors d oeuvre essentiel l oeuvre plus essentiel l oeuvre que l oeuvre elle m me 0 D une certaine fa on donc l oeuvre pour eux est absente des oeuvres c est ce que la fragmentation indexe Ce qu ils qualifient d oeuvre v ritable l oeuvre absolue est bien plus cette vie de l esprit en qui vivent tous les individus Et puisque le fragment reprend la configuration d un individu organique c est donc dans la forme de la fragmentation par cette op ration les donnant comme totalit plurielle que l oeuvre s accomplit L inter comme hors d oeuvre prend galement forme entre tous ces champs connexes qui le d terminent du dehors La pens e esth tique classique tout comme l histoire de l art jusqu il y a peu astreignaient les pratiques artistiques un d coupage par m dium Distinguer ainsi par mat riaux et m thodes sectoriser la production d oeuvres en savoir faire voil pour socle du modernisme de Greenberg la dynamique d autonomisation de l art qu il envisage n tant rien moins qu une division par sp cialisation Un morcellement donc pas une fragmentation Pourtant d s le XIXe si cle et au d but du XXe l histoire de l art s est enrichie de sources arch ologiques philosophiques philologiques de la psychologie de la perceptio
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