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Première séance - Archives de l`Assemblée nationale

1. On rencontre Nanterre des tudiants qui par l impr voyance je ne veux porler d accusations trop pr cises du syst me de l Universit en employant ce mot d une facon tr s large se trouvent maintenant dans une voie dont ils ne peuvent plus s chapper cause du r glement Er poursuivant leur tudes sur quoi tl bouchent ils Vous savez hien d ailleurs que pas plus daas les facult s de sciences que dans les facult s de letires Ja facult de droit tant heureusement pour elle un peu pari ces tudiants lorsqu ils arriveront l ge d homme ne trouveront les emplois auxquels ils auront droit L ordre que vous voulez maintenir c est pour eux un ordre injusie un ordre qu ils rejettent et qu ils r prouvent C est la perspective du ch mage au sortir de l Universit c est car tout est li la perspective de ne pas trouver un logement quand ils se marie ront c est la perspective de vivre dans une soci t o l Etat fabrique plus de bombes atomiques qui ne serviront rien car jamais on ne pourra les employer que d instruments d ducation culturelle el d quipements n cessaires la vie social 1618 ASSEMBLEE NATIONALE Alors tonnez vous que ces tudiants soient all s camme je le disais tout l heure de la discussion jusqu la manifestation Aujourd hui avant de les juger demandez vous vous qui en tes responsable si ce syst me dont vous n tes certai
2. de la m me proc dure Un commando d tudiants ayant hiss des drapeaux chinois sur la chapelle de la Sorbonne dans la minute qui a suivi le moment o j appris cette nouvelle j adressai M le recteur le t lex suivant Vous demande faire amener drapeaux trangers hiss s sur la Sorhonne A la suite de quoi le recteur signa quelques minutes plus tard dix huit heures quarante cinq le mandal de r quisition suivant Le recteur d acad mie d livre por la pr sente lettre r quisilion aux aulorit s de police et aux sapeurs pompiers de proc der par toutes les voies d acc s appropri es l enl vement des drapeaux trangers hiss s sur les b timents de la Sorbonne La r quisilion fut suivie d effet vers dix neuf heures Il y avait encore dans la cour une dizaine d tudiants qui onl insulte les intervenants De toute mani re un privil ge si respectable soit il doit il tre trait comme un imp ratif absolu devanl iequel tous les autres doivent c der Supposons que le recteur ail laiss les choses aller qu il ait attendu les bras crois s le choc qui parais sait de plus en plus in vitahle entre l ulira gauche et l extr me droite 11 n est pas difficile de pr voir ce qui se serait produil des sc nes de violences il s en clait d j produit des affrontements sanglants auraient tr s vraisemblablement conclu la rencontre de ces deux bandes Qu auraient dit ceux qui regrettent la d
3. quelques semaines des examens les t dia ts ne bougeraient pas Vous vous tes lourdement tromp Yous avez voulu aggraver les divisions du mouvement tudiant Vous avez recr une solidarit qui vous contraint aujourd hui reculer Je ne suis pas s r qu en haut licu on appr cie de se trouver dans une telle situation et le communiqu du conseil des ministres de ce matin n est pas fait pour nous rassurer sur les intentions du Gouvernement Mais il clair que ce recul s im pose sous peine de nouveaux affrontements dans les heures qui viennent affrontements dont vous porteriez alors l enti re res ponsabhilit Applaudissements sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste et du groupe communiste L objectif nous l avons dit depuis longtemps est d ouvrir enfin le dialogue un vrai dialogue sur les probl mes que pasent la croissance de l Universit et sa n cessaire mutation la partici pation effective des tudiants sa vie et son organisation tous les niveaux l laboration d mocratique c est dire avec la participation de tous les int ress s d une r forme devant tre appliqu e progressivement en raison m me tle J ampleur des changements de structures n cessaires le rejet de toute m thode autoritaire ou hypocrite de s lection la mise en uvre d une orientation efficace et d une information pr cise sur les d hou ch s correspondant aux diff rents dipl mes Toutes cho
4. vingt ou trente ils disparaissent ensuile aban donnant des assislants ou des maitres de recherche d vou s cerles mais forc ment moins comp tents leurs obligations ct leurs responsabilit s qu ils ne peuvent cependant d l guer personne Appleudisiements sur les banes de l union des d mo crates pour la V R publique et des r publicains ind pendants EO AR SEKANCE S MAL HGS me C est d ailleurs sur ce plan je reprends l observation de M Guichard que nous avons marqu quelque tonnement de voir un syndicat de l enscignement sup rieur se joindre des manifestants dont les buts avou s je J ai lu dans la presse sont la destruction de l universit alors aqu eux mG mes disons le franchement se sont toujours oppos s toutes les r formes qu elles soient propos es par le Gouvern ent ou par les pro fesseurs Jamais ils ne veulent de r furn e tant ils tiennent leurs privil ges Monsieur le ministre vous ne pouvez pas tol rer cetie obsiruc tion permanente Applundissements sur les ances de l union des d mocrutes pour la R publique du groupe des r publicains ind pendants et sur plusieurs bancs du groupe Progr s et d mo cratie mederne Que les propositions du Gorvvernement satisfaisantes elles sont discutables Que elles des professeurs par exemple celles des colloques de Caen et d Amiens re soient pas toutes excellentes c est possible
5. clats de violence si ce n est le Gouvernement et vous m me monsieur le ministre En effet depuis de longs mois l agi tation r gnait la facult des lettres de Nanterre Toutes sortes d incidents bouleversaient la vie de la Cit Ceci tait d parait il une minorit d tudiants appartenant de petits groupes depuis les mao stes jusqu aux cheguevaristes Gris par un verbiage r volutionnaire et visant des buts bien diff rents de ceux qui luttent pour la libert Madrid ou de ceux qui rejettent les structures d su tes de l Allemagne ou des Etats Unis ces minorit s de Nanterre b n ficiaient d une complaisance tacite Tout se passait comme si dans les sph res gouvernementales on se r jouissait de ces divisions de ja gauche on se gaussait d une situation qui par ses exc s ne pouvait que l affaiblir Certains journaux r put s d ob dienee gaullisie comme Paris Presse se complaisaient des comptes rendus mettant en vedette le principal animateur des agit s et l on se moquait de l accueil chahut fait un repr sentant d un parti de gauche Le Gouvernement a done laiss se perp tuer une situation d autant plus explosive que face un extr misme de gauche s est constitu un extr misme de droite Il tait permis de pr voir l in vitable affrontement Ce fut sans doute l tincelle et le pouvoir par sa maladresse a fait le reste Monsieur le ministre vous vous tes lourde
6. de l exactitude de mon propes Dans une universit qui comporte 160 000 tudiants dont l crasante majorit sont s ricux et travailleurs et ont pour premier but la r ussite aux examens quelques milliers de jeunes et de moins jeunes n ont aucune envie de passer la moindre preuve universitaire ayant le juste sens de leur propre m dioerite C est vident et vous le savez vous m mes Aussi monsieur le ministre je veus demande inslamment d liminer les centaines de faux tudiants et d tudiants prolong s qui encombrent les eit s universitaires les restaurants et les amphith tres pour b n ficier d un statut social qu ils ne m ritent pas Exclamations sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste Que les grandes vacances soient l occasion d une mise jour s v re des listes d insciption Certes je vois une crasante majo rit d tudiantes et d tudiants s rieux et dignes de toules les aides et de tous les encouragements mais je pourrais citer en sens contraire des abus tr s pr cis qui d passent l imagination muni aaae MLL et qui t moignent de tr s graves faiblesses des fonclionnaires responsables Une s lection s impose de ceux qui b n ficient de l effort financier que consent la nation pour sa jeunesse En tout eas j esp re qu aueun moment le Gouvernement n acceplera de confondre dans les mesures d indulgence les faux et les vrais tudiants qu il sera tr s c
7. Comment n aurait elle pas l impression cetle jeunesse d tre abandonn e Ne devrait on pas s interroger sur l efficacit de l enscigne ment dispens plus parlieuli rement en sciences conomiques en psychologie et en lettres Colloque de Caen avez vous r pondu monsieur le ministre Fort bien mais un colloque un s minaire une commission n ont jamais rien r gl C est par des actes des d cisions ct des cr dits qu il faut aujourd hui fournir une solution au probl me le plus angoissant de notre monde moderne Les v nements de ces jours derniers marqu nt la faillite Q un syst me inadapt p rim et inefficace Ce n est pas avec les grenades lacryraog nes les arrestations les condamnations par des tribunaux si geant un dimanche que la solution sera trouv e Alors maintenant il faut renouer le dialogue et pour cela cr er un climat favorable sans passion et sans d chainement L histoire et l exp rience d montrent que les minorit s vio lentes ne s panouissent que dans les soei t s o les gouver nements n ont pas su r gler les probl mes auxquels ils se trouvaient confront s Ces probl mes aujourd hui int ressent l avenir de notre Universit et de notre jeunesse La d mission de M Laurent secr taire g n ral du minist re de l ducation nationale ant rieure aux manifestations d tudiants d montre son d saccord avec vous monsieur le ministre sur les solu tions app
8. Saint Michel c est la violence inouic avec laquelle les policiers munis de houcliers de matraques lan ant devant eux des gre nades lacrymog nes ont repouss les tudiants provoqu s par l arrestation de leurs camarades et qui r clamaienl leur lib ra tion Refoul avec un groupe vers le m tro Luxembourg j ai vu plusieurs personnes sortant du m tro ou y entrant qui de toule vidence n taient pas des manifestants frapp es au visage et m me deux employ s au moins de Ja R A T P matraqu s de la m me fa on la porte de la gare du Luxem bourg lt Sur la place Paul Claudel des consommaleurs taient tr s pacifiquement attabl s la terrasse d un caf De propos d li b r sans aucune pravocation et d apr s ce que j ai cru com prendre ce momeni par ordre quelques policiers se sont acharn s sur eux faisant voler les verres el les tables matra quant au hasard dans ie tas Et Le Monde de cet apr s midi reproduit le t moignage d un m decin dont je vous pargnerai la citation mais que je vous conseille de lire car il fait galement tat de faits particuli re ment trouhblants Ce journal ajoute lt De nombreux autres t moignages nous sont parvenus sur les brutalit s du service d ordre commises froid sur de simples passants ou badauds qui ne manifestaient pas Vous avez voulu d abord jouer d une minorit contre la masse Vous avez cru qu en cette p riode de l ann e
9. cision rectorale si quelques bless s taient rest s sur le carreau dans la cour de la Sorbonne le vendredi soir On entend tr s bien de cette tribune les tirades sur la passi vit de l administration M Andr Fanton Certes M le ministre de l ducation nationale sur la d mission des autorit s qui laissent sans r agir les tudiants en venir aux mains et d shonorer ainsi les institutions universitaires Le recteur tait parfaitement conscient des graves risques qu impliquait sa d cision Depuis six mois il avait sans cesse renonc faire appel aux ferces de l ordre Sans doute monsieur Estier est il toujours facile apr s coup de r crire l histoire Mais je suis s r que tous ceux qui connais sent la carri re scientifique l int grit la haute conscience de M le recteur Roche ne peuvent pas douter que ee qu il a fait il l a fait en pleine connaissance de cause Applaudissements sur les bancs de l uniou des d mocrates pour la V R publique Je tiens souligner aussi que sa d cision fut prise avec le plein assenliment du doyen de la facull de lettres de Paris M Durry dont la haute conscience la noblesse et le resperit des traditions universitaires sont connus de tous Le recteur a donc fait appel aux agents de la paix municipaux quinze heures el c est seize heures cinquante seulement presque deux heures apr s au cours desquelles la temp rature n a cess de monter l int
10. et je suis tre MEANE DIS 8 MAL tr persuad alors qu un dialogue fructueux s ouvrira entre vous et ceux qui sont dans la rue et attendent votre r ponse Applau dissements sur les bancs de la f d ration de la gauche d mo crate et socialiste et du groupe communiste M le pr sident La parole est M Juquin Applaudissements sur les banes du groupe communiste M Pierre Juquin Mesdames messieurs arr ter d abord Ja violence cesser la r pression et retirer d s ce soir la police des locaux universitaires et du Quartier latin rouvrir les facult s ferm es lib rer les emprisonn s el interrompre toute poursuite assurer partout le d roulement des derniers cours et le passage normal des examens el des concours telles sont les mesures pr alables toute solution telle est la premi re responsabilit du Gouvernement Encore une fois monsieur le ministre r pondez l appel des professeurs de la facult des sciences vitez les violences poli ci res contre la manifestation qui vient de commencer Il est encore temps depuis ect h micycle de faire conna tre une d ci sion de d sescalade aux dirigeants de la manifestation aux professeurs et au doyen Le mal est profond Ce qui est en cause c est la crise de l ducation nationale c est votre r gime politique c est le capi talisme qu il tente de p renniser Il y a quelques semaines nous tions plusieurs milliers manifester au
11. lU N E F les subventions dont il l a priv e pour contribuer son affaiblissement Nous proposons l laboration par voie de discussion entre toutes les parties concern es d un r glement int rieur plus d mocratique dans les lyc es et dans les coles normales d instituteurs Les tudiants ne sont pas les seules victimes de cette soci t Les objectifs de l Universit cr atrice dans une d mocratie vivante et dans le socialisme co neident essentiellement avec les objectifs de la ciasse ouvri re et de tous les travailleurs manuels et intellectuels Vous avez beau faire quelles que soient les r elles diff rences entre g n rations vous ne remplacerez pas nul ne remplacera la lutte des classes sociales par la rivalit des classes d ge La jeunesse n a en effet d avenir que dans le combat mancipateur des masses populaires Nous n avons pas le lui enscigner comme des parents dogmatiques mais simple ment l aider trouver sa voie Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste M le pr sident La paroie cest M Picrre Bas Applaudisse ments sur les banes de l union des d mocrates pour la V R publique et des r publicains ind pendants M Pierre Bas La presse d extr me draite n h site pas crire que l Universit est une p pini re communiste et que tous les professeurs et tous les tudiants sont d exir me g
12. rable que la grande bourgeoisie soit contrainte quoi qu elle en ail de renoncer la guerre civile D s aujourd hui les condilions mat rielles du passage de la France au socialisme existent Nous travaillons en pr parer les conditions subjectives en luttant pour l unit de la classe ouvri re et de toutes les forces de gauche ASSEMHL E NATIONALE De premiers changements importants pourraient s op rer d s avant le socialisme dans une d mocratie Ils cr eraient des institutions d mocratiques garantiraient et tendraient les libert s des citoyens atmosph re nouvelle Ils apporteraient des r formes de structure notamment dans l conomic moyens nouveaux Ils correspondraient une politique de progr s social et culturel orientation nouvelle C est pour cette tape d mocratique que le parti communiste fran ais soumet toutes les forces ct tous les hommes de progr s un projet global de r forme de l ducation nationale qu il a rendu publie il y a plus d un an Une telle r forme doterait notre pays au prix d un effort national de l un des syst mes d enseignement les plus a nces du monde et commencerail r pondre aux pr occupations iegi times des tudiants et des enseignants Telle est la perspective que nous proposons la diff rence de quelques groupes que vous craignez moins il est vrai que le mouvement ouvrier et d mocratique du fait m me de leur absence de pers
13. s rare Et cela pose le probl me de l entr e en facult qui est soumise une loi g n rale de la nature la loi de la r gu lation des fluides on ne peut pas faire entrer en facult plus d tudiants qu il ne pourra en sortir Ces divers probl mes peuvent faire l objet de nouveaux et fruclueux d bats Is doivent tre envisag s sous l angle de la finalit de l enseignement c est dire Ja formation humaine et ducative de comp tition Leur solution implique une action concert e de tous l addition des initiatives Aux responsables de la nation de d finir les objectifs aux tudiants et aux uni versitaires de proposer les voies et les moyens avec l aide de l administralion qui esl l pour les aider et non pour les brimer Au Gouvernement et au Parlement de donner les moyens et de contr ler leur emploi Au double titre d universitaire et d homme politique ce d bat m est personnellement tout la fois douloureux et plein de pro nesses La valeur d une action se juge sans doule ses inlenlions el nous savons que les v tres sont bonnes mais elle se juge aussi ses r sultats Je souhaite que les r sultats soient la mesure de notre esp rance Tous nous devons uvrer pour r tablir la confiance dans cette institution qui fut et reste encore un objet de prestige et de rayonnement national l universit fran aise Applaudissements sur les bancs des r pu blicains ind pendants de l union des d mocra
14. sition la constitution de ces commissions sp ciales Mille Marie Madeleine Dienesch pr sidente de la commussion Mes chers coll gues hier deux reprises l Assembl e s est prononc e pour la cr ation de commissions sp ciales sur des sujets qui sont me semble t il du ressort de la commission des affaires culturelles familiales et sociales Ainsi done aujourd hui je ne pense devoir maintenir mon opposition Applzudissements sur les bancs du groupe Progres et d mocratie moderne et des r publicains ind pendants N anmoins j estime avec plusieurs de mes coll gues pr si dents de commission que cr er trois commissions distinctes et parall les au nombre de quatre aujourd hui l effet d examiner des probl mes analogues ne me parait conforme ni l esprit de la Constitution ni celui du r glement Applardisse ments sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R pu blique et sur divers bancs M le pr sident Madame la pr sidente dois je comprendre que vous retirez les deux oppositions Mille Marie Madeleine Dienesch pr sidente de la commission Oui monsieur le pr sident M le pr sident En cons quence il y a lieu de constituer une commission sp ciale pour l examen de chacune de ces deux propositions de loi La d cision de l Assembl e sera affich e et notifi e aux pr sidents de groupe Aux termes de l article 34 alin a 2 du r glement MM les pr sidents de
15. vous tiez responsable Vous tes responsable devant elle et devant la nation de ce qu elle supporte et de ee qu elle exige en cette heure o elle manifeste En v rit je ne crois pas qu il soit sage eette heure de d velopper d autres th mes qui nous loigneraient du sujet m me qui nous angoisse Je me permettrai de vous dire que bien mal pris est le ehe min qui nous ram nera l unit nationale Je le r p terai si le jeunesse n a pas toujours raison prenez y garde monsieur le ministre la soci t qui la m eonna t et qui la frappe a toujours tort Applaudissements sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste et du groupe communiste M le pr sident M Bernard Marie ayant renonc la parole la parole est M Pierre Cot Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et de la f d ration de la gauche d mo crate et socialiste i M Pierre Cot Mesdames messieurs comme la plupart des orateurs qui m ont pr c d cette tribune j aborderai ce d bat avec beauceup de sravit et un peu d inqui tude Monsieur le ministre nous souhaitens tous que le geste que vous avez fait et que les paroles que vous avez prononc es per mettent d amoreer la d sescalade Pour ma part j aurais souhait que vous alliez plus loin ear je crains que votre geste ne soit pas suffisant J esp re de tout mon ewur et de toutes mes forces qu il suffira mais vous prenez un risq
16. Laudrin Excusez moi monsieur Pierre Cot M Pierre Cot Vous tes tout excus monsieur l abb Vous m avez donn loccasion de rectifier men propos en indiquant les disciplines les plus mal desservies actuellement jee SEANCE DU S MAL 198 M Herv Laudrin Vous avez raison M Pierre Cot Mais si vous aviez assist comme les non breux gt auditeurs qui s y irouvaient hier soir au d hat sur la recherche scientifique vous auriez pu constater par les pr cisions qui y ont t donn es que la politique de l ducation nationale est tellement coh rente que l on arrive ce r sultat nous ne formons pas assez de scientifiques de cher cheurs et malgr cela dans quelques ann es en 1970 on ne pourra pas donner certains chercheurs form s dans des centres aussi valables que celui de Grenoble les d bouch s qui leur assureraient de ne pas connaitre la situation que je viens d voquer Monsieur l abb si tout l heure j ai un peu p ch donnez moi l absolution Sourires mais condannez s v rement les responsables de l tat de choses que je viens de pr senter devant vous et avec voire approbation j en suis s r Applan dissements sur les bancs du groupe communiste et de la f de ration de la gauche d mocrate et socialiste Mais monsieur le ministre la question n est malheureusement pas l Elle est surtout de savoir ce que vous allez et ce que vous pouvez faire Je
17. MM Guichard Fanion Sudreau Estier Baillot Flornoy Pisani suivante Ne rouchet ministre de l int rieur dde Paris le 7 mai 1968 Monsieur le pr siden MM Peyrefitte ministre de l ducation nationate Estier Dupuy De i Defferre J ai AnOATEUs pe vous faire conna tre que dans sa s ance f u 7 mai 1968 le S nat a nomm M Gustave Philippon secr taire MM Delorme Juquin Pierre Bas Mitterrand Triboulet Cot du S nat en remplacement de M Paul Symphor d c d Andr Rey Julia Mie misiiirorde l dueition adlioate Veuillez agr er monsieur ie pr sident l assurance de ma haute censid ration Ci ture du d bat Sign GASTON MONNERVILLE gt 4 Ordre du jour p 1621 Acte est donn de celte communication 38 nt 1592 Re RETRAIT D OPPOSITIONS A LA CONSTITUTION DE COMMISSIONS SPECIALES M le pr sident L ordre du Jour appelle la d cision sur les demandes de constitution d une commission sp ciale pour l exa men des propositions de loi 1 de M d Ornano et plusieurs de ses coll gues tendant cr er une Agence fran aise de publivit t l vis e gt 2 de M Achille Fould et plusieurs de ses coll gues fixant les r gles applicables aux annonceurs en mati re de diffusion de messages publicitaires par l O R T Y La parole est Mile Dicnesch pr sidente de la commission des affaires culturelles familiales et sociales auteur de l oppo
18. Quartier latin contre votre politique Quoi de plus conforme l int r t national que les mots d ordre scand s par les tudiants et les maitres Des amphis pas des bombes Des enscignants pas des policiers L Universit a besoin de moyens Vous en donnez monsieur Peyrefitte il est vrai pouss par la n cessit et les luttes mais vous n en donnez pas assez Quelques d penses de moins en faveur des forces de police auraient suffi d s longtemps construire la facult de Villetaneuse I vaudrait mieux expro prier la Fonci re des Champs Elys es du plateau de Verri res que camper dans la cour de la Sorbonne De toutes facons les moyens ne suffiraient pas en eux m mes On peut donner un enseignement de contenu r trograde dans des tablissements neufs Les moyens n auront d efficacit que par une refonte des structures que par une transformation du contenu et des m thodes de l enseignement sup rieur Vous vous flattez de votre r forme nous la combattons parce qu elle est r actionnaire Les adaptations auxquelles vous pro c dez la suite de M Fouchet quand on vous voit c te c te on ne sait plus lequel gouverne la police et lequel l Universit Applaudissements sur les banes dn groupe commu niste et de la f d ration de la gauehe d mocrate et socialiste ces adaptations visent mettre l ducation nationale au service de la division technocratique du travail et du maintien de la
19. auquel j en suis convaincu et vous aussi mesdames messieurs la nation dans son immense majorit est profond ment attaeh e Je vais vous dire en deux minutes ce qui s est pass depuis vendredi en ce qui ine concerne Vendredi M le recteur de l universit de Paris adresse une r quisition crite au commissaire de police du quartier de la Sorbonne Le devoir de tout commissaire de volice saisi d une r quisition crite du recteur comme d une r quisition du pr sident de n importe quelle assembl e politique o au elle si ge publique ou priv e est de r pondre la r quisition pour r tablir l ordre quand il est troubl ce qu il tait effectivement d ailleurs dans la cour de la Sorbonne mais cela est du ressort de mon coll gue et ami M Peyrefitte Dans la cour de la Sorbonne aucun incident ne s est encore produit mais de nombreux tudiants de tendances oppos es y stationnent et l on peut craindre leur affrontement Certains sont interpell s gt suivant l expression consacr e par la police et comme il est impossible l int rieur de la Sorbonne de relever leur identit en les emm ne au commissariat de police quitte les rel cher imm diatement apr s ce qui a t le cas notamment pour M Cohn Bendit Cela entra ne dans le Quartier latin une flamb e de fureur et de violence D ailleurs si surprenant que cela puisse paraitre certains je crois je n en suis p
20. avee l espoir que nous n y changerions rien que non seulement nous l accepterions mais que nous le consi d rerions comme un don des dieux Quelle diff rence entre nos parents et nous Car au fond mesdames messieurs moins que je ne me trompe nous doutons de nous m mes nous dou tons de cette civilisation admirable que nous somme en train de construire Mouvements divers Nous transmettons nos enfants un monde sans image fami li re un monde sans garanties nous transmettons nos enfants un monde sans signification et nous voudrions que nos enfants nous approuvent Nous voudrions qu ils trouvent cela parfait Quant mai je ne peux pas imaginer que les choses se passent aussi ais ment Au cours de ce d bat on a souvent dit que seule une poign e d agil s lait responsable des manifesta tions qui ont eu lieu Me tournant vers vous monsieur le ministre de l ducation nationale je voudrais vous mettre en garde contre la tentation que vous pourriez avoir de vous fonder sur l existence de ee petit NATIONALE 17 SEANCE DU 8 MAT 1968 1605 nombre d agit s pour ne vous adresser qu eux et pour ne pas prendre en consid ration le probl me des autres Enire ces agit s et la masse de ceux qui manifestent il y a une identit d angoisse ne r elle solidarit Votre t che est de faire en sorte que la masse l essentiel de notre jeunesse ne se sente pas n ces sairement solida
21. de la f d ration de la gauche d mocrate ct socialiste et du groupe communiste M Guy Desson Vous porterez des responsabilil s M Gaston Defferre Si l ordre est r tabli dites vous tout est possible I d pend de vous l heure o nous sommes el les minutes comptent que l ordre soit r tabli dans les meilleures condilions Plusieurs d put s de l union des d mocrates pour la V R pu blique C est du chantage M Gaston Defferre Je vous demande de faire une d claration qui permette que l ordre soit r tabli pour que tout alors devienne possihle Applaudissements sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste et du groupe communiste M Louis Odru D s ce soir M le ministre de l ducation nationale Je crois avoir fait une d claration extr mement claire M Andr Fanton Oui et suffisante M le ministre de l ducation nationale Constatant tout l heure que le temps passait et que les orateurs qui se succ daient la tribune ne me permettraient pas d intervenir en temps utile Protestations sur les bancs du groupe communiste j ai moi m me r dig il y a un peu plus d une heure un texte r sumant ce que je viens de dire Applaudissements sur les banes de l union des d mocrates pour la V R publique et des r publicains ind pendants M Guy Desson Lisez le Cela nous inl resse M le ministre de l ducation nationale Vous le lirez demain
22. de pied el corps de manche de pioche avant disait leur communiqu que l Assembl e d lib re d mo cratiquement nous confirmera dans cette id e Monsieur le ministre les waiversitaires aussi sont responsables et je plaiderai pour eux Is sont responsables pour plusieurs raisons Tout d abord nous devons constater la passivit de certains universitaires M Andr Fanton Tr s hien M Claude Guichard qui par peur des r actions des tu diants soit m me de leurs coll gues n ont pas pris des mesures efficaces en temps voulu dans le eadre de leur propre tablissement M Andr Fanton Tr s bien M Claude Guichard Ceux l sont responsables monsieur le ministre dans la mesure o une confusion a t cr e par un syndicat dit de l enseignement sup rieur mais qui ne repr sente qu une minorit des enseignants Applaudissements sur Les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique des r publi cains ind pendants et sur plusieurs bancs du groupe Progr s et d nocratie moderne Ce syndicat a publi une d claration qui risque d accro tre le malaise en laissant croire aux tudiants un accord tacite des professeurs Ils soni responsables par suite de l attitude de certains d entre eux qui parfois d courag s on peut les comprendre d ailleurs par l encombrenient de la carri re onl peut tre inconsciemment r pereut sur les tudiants leur malaise P
23. des campus cette am fioration tant li e la solution de probl mes d animatian et d environnement 1 s agit de cr er un cadre de travail intellec tuel propice la r flexion un cadre v g tatif constilu par des restaurants des cit s et des moycns de transport Mais surtout eette polilique implique un cadre de loisirs l organisation de moments de d tente dans des salles de jeux de cin ma de culture loisirs qui occuperont l tudiant lui enl veronit son sentiment d isolement et de frustration et qui meubleront ses temps libres La r ferme suppose aussi que soient pris en consid ration la responsabilit de l tudiant et son d sir de participer l orga nisation de ce qui le concerne c est dire la gestion mais aussi la conception Les r centes mesures que vous avez prises monsieur le ministre montrent bien que tel est votre souti Oui il faut consid rer l tudiant eomme un adulte mais la libert des uns ne doit pas porter atteinte celle des autres et les incidents qui se sont prod its dans e ertaines eit s universitaires ct sur lesquels je pr f re ne pas insister montrent que la prudence s impose en ce domaine Car pour m riter d tre consid r comme un adulte on doit faire preuve de la maturit qui le caract rise Des r formes enfin doivent tendre r aliser une v ritable orientalion en fonction des d bouch s Les manifestations n ont pu d g n rer que dans un clim
24. hi rarchie sociale dans le capitalisme R former pour conserver voil tout voire programme Les changements introduits dans toute la vie sociale par la r volution scientifique et technique le bouleversement du cadastre de notre plan te depuis 1917 le courant d mancipa tion qui passe travers les soci t s humaines signifient pour Lous les hommes et particuli rement pour les jeunes la fois un appel et des interrogations Car notre si cle est la fois celui du passage vers une soci t sup rieure et celui des angoisses devant le p ril d une guerre thermonucl aire ou devant l ali nation de la personnalit dans une soci l o la culture serait raval e au triple r le d instrument de marchan dise ou de luxe La violence que vaus dites redouler elle est parloul dans le monde o nous vivons La plus grande puissance actuelle d cha ne sa violence imp rialiste depuis des ann es contre le peuple vietnamien Votre r gime lui m me est n d un coup de force et plus profond ment l exploitation et Ja domination capitalistes qu il incarne reposent sur une violence permanente Fort des changements qui se sonl d velopp s l chelle mon diale conscient des possibilit s actuelles ct des traditions propres de notre people le parti communiste fran ais lutle pour abolir le capitalisme et difier le socialisme par une voie originale I s efforce de pr parer un rassemblement de forces populaires si consid
25. indign es Puisse la crise que nous traversons montrer tous que cette grande t che de la planification de l enseignement sup rieur est indispensable in vitable et urgente Je me propose lors du d bal sur l ducation nationale qui aura bient t lieu dans celte enceinte de vous exposer out fait fond mon projet diversification des types d enseignement post secondaires cr ation de voies de d rivation r gulation des flux Nous ne laisserons rien dans l ombre D ores et d j du reste celte uvre a commenc Mon pr d cesseur a entam en 1965 la consiruction des instituts uni versitaires de technologie Le succ s de cette nouvelle formule montre assez l int r t que beaucoup de jeunes y attachent Nous conlinuerons en cr ant tr s prochainement des types nouveaux d enseignement et de formation Le drame est en effet que la brutale expansion que l on eonnait dans le domaine de l ensei gnement sup rieur ne s est pratiquement port e que vers la multiplicalion des facult s traditionnelles Cependant tout en r navant tout en diversifiant il ne faudrait pas pour autant renirr certaines valeurs certaines formes traditionnelles m me ui devront subsisier et dans lesquelles la pr occupation de recherche et d enseignement li e cette recherche devront pouvoir s int grer et tre pr ser v es Des tablissements nouveaux assurant une liaison plus troite avec le monde ext ricur devraient dans un
26. l ai d j dit tout l heure je souhaite que le geste de ce soir suffise teindre l incendie avant qu il n ait tout d vor Mais permettez moi de vous adresser une requ te en terminant il est quelques paroles que vous pourriez prononcer Des tudiants ont t condanin s vous le savez des peines de prison ferme Je n ai pas l habitude de discuter les d cisions des juges mais celles ci ant t rendues sur des r quisitions lesquelles engagent le Gouvernement je suis d ailleurs convaincu qu au fond de vous m me vous regrettez ces d cisions fermes car elles sont tragiques pour ces tudiants Deux mois de prison ferme c est d abord l impossibilit pour eux de sc pr senter a x examens qui voni commencer bient t Deux mois de prison ferme c est un casier judiciaire pendant dix ans uniquement parce que ces jeunes gens se seront laiss s entrainer dans l engrenage terrible de la violence polici re Car vaus savez bien que des violences se sont produites Vous avez expos les faits monsieur le ministre M le ministre de l int rieur les a expos s de son c t Je n y reviendrai pas pour une raison tr s simple vous le savez et vous ne me d mentirez pas il y a dans cette affaire des t moignages au moins contradictoires et le moment n est pas encore venu d crire l histoire impartiale des v nements qui se sont d roul s pendant ces huit jours Je vous demande de donner des instruc
27. la sociologie la psychologie ou l arch ologie me parait particuli rement inquic tant gt Et il concluait par une phrase qui pourrail ire un de nos sujets de r flexion Peut on trouver du travail pour deux mille psychologues chaque ann e dans notre pays A l vidence la r ponse esl n gative C est done eette inqui tude quant leur avenir qui a ineit bon nombre d tudiants manifester Quel avenir en elfet assurer des tudiants qui ont choisi des voies sans d bouch sinon celui de la morosit de l angoisse et peut tre un jour de la r volte Monsieur le ministre un autre motif r side dans les consta tations faites par les tudiants et d ailleurs corrohor es par vous par vos pr d cesseurs ainsi que par des prefesseurs des facultes de lettres En v rit beaucoup de pos facult s singuli rement les facult s de lettres sont inadapit es au monde moderne Les tudiants constatent que la critique faite par l administration ou par les professeurs ne change rien aux OR actuelles Ni les professeurs ni les pouvoirs publics n entreprennent s rieu sement de modifier ces structures d pass es tous entendent conserver leurs habitudes et la plupart tiennent pr server leurs privil ges Chacun constate que des professeurs au pr texte de la recher che n apparaissent que le temps d un cours fait oujourd hui plusieurs centaines d tudiants comme on le faisail il y a trente ans
28. le pr sident La parole est M Esticr auteur de la qua tri me question Applaudissements sur les bancs de la federation de la gauche d mocrate et socialiste M Claude Estier Monsieur le ministre de l ducation natio nale en vous regardant lundi soir la t l vision je me disais que vous tiez en train de vivre l un des plus d sagr ables moments de votre carri re Vous avez l habitude de la t l vision vous y faites preuve g n ralement d une grande aisance mais lundi soir avouez le le c ur n y tait pas Comment auriez vous pu tre l aise en parlant de lib ralisme et de dialogue la minute m me o les grenades lacrymog nes de la police clataient sur le boulevard Saint Germain Comment auriez vous pu tre convaincant en d non ant une lt poign e de trublions gt alors que Jes tudiants depuis le matin taient plus de 10 000 face aux charges des C R S En vous coutant et en vous regardant je cherchais l ancien normalien qui se targuait nagu re d tre un ap tre du lib ra lisme Le hasard a fait que me tombe entre les mains un ouvrage que vous connaissez bien et que vous m aviez fait l honneur il y a quelques ann es de me d dicacer Dans ce recueil de textes j ai trouv ce qui est peut tre une explication dans ces vers que les normaliens du Second Empire avaient compos l intention d un ancien de leur cole qui s tait lui aussi quelque peu loign de ses origin
29. libert un id al pour la jeunesse Trop de manque ments trop de d faillances trop d astuces subalternes ont ot au Gouvernement le droit de s en pr valoir Y a t il libert quand r gnent des forces conomiques d oppres sion quand des structures vieillies contraisnent les travailleurs Y atil libert M Juquin le rappelait tout l heure dans un pays o l on compte 500 000 ch meurs La jeunesse croirait elle la vertu de la loi l action la participation du citoyen la primaut de la conscience civique La mani re dont FEtat traite la loi supr me je veux dire la Constitution marque bien de quelle fa on il donne le mauvais exemple comment il bafoue le droit comment il se substitue aux citoyens Et quelle esp rance exaltera l esprit de Ia jeunesse De quelle mani re fera t elle face anx progr s de ia production aux effets de l automation comment accordcra t elle la n cessaire r duction des heures de travail et d utilisation des loisirs Quand le Front populaire a consid r les loisirs comme une institution c tait d j une grande audace Quelles r ussites quelles conqu tes lui offre t on qui vau dront qu elle y consacre le meilleur d elle m me L ternelle recherehe pour la connaissance de soi pour la connaissance du monde et l approche du destin le sacrifice ou plus simplement l effort pour une juste cause cola aussi commande ce que j appclais la remise en question de not
30. messieurs si le Gouvernement a accept que les questions des honorahles parlementaires concer nant l agitation tudiante soient inscrites aussi rapidement l ordre du jour de l Assembl e c est qu il consid re qu une large information du Parlement et travers le Parlement une large information de l opinion puhlique est souhaitable pour une affaire qui s est d velopp e dans des conditions qui ne sont pas claires tous qui ont des aspects ambigus et qui paraissent m me rec ler quelques malentendus D s le d hut de l ann e universitaire la situation Nanterre tait apparue pr occupante dans les d partements de sociologie de psychologie et de philosophie de la facull des lettres Une premi re s rie de gr ves et d incidents avaient eu licu dans le courant du mois de novembre qui avaient pour point de d part un prohl me d quivalence entrain par le passage de l ancienne la nouvelle licence A cette occasion le doyen de la facult des lettres et le corps professoral de Nanterre ont r agi dans un esprit d extr me lib ralisme lis ont cherch par tous les moyens tablir le contaet avec les tudiants Une commission de liaison comme on l a rappel tout l heure fut institu e au niveau de la facult et dans chacun des d partements une proc dure idenlique fut mise en place Le doyen prit m me l initiative de conc der des salles aux tudiants pour leur permettre de tenir les r unions qu ils
31. monsieur le ministre de ce que vous n avez pas fait J ai ici tous les propos que vous avez tenus depuis des mois Mais j ai galement toutes les questions que je vous ai pos es et auxqueiles vous n avez pas r pondu Ces questions taient pourlant fort simples Voici par exemple celle que je vous adressais le 19 novembre 1967 M Delorme devant les bruits nersisiants concernant la suppression du cenire natioanl des uvres en faveur des tudiants demande M le ministre de l ducation nationale s il peut pr ciser ses intentions concernant la cogestion de ces uvres sa conception sur la condition tudiante et notamment ses projets de cr ation d une instance nationale consuliative qu il a voqu e le 23 octobre dernier lors de la s ance solennelle de rentr e de l universit de Bordeaux J altends encare votre r ponse monsieur le ministre Je pensais d ailleurs que cette question serait jointe aux sept questions inscrites l ordre du jour Vous g ne t elle ie n en sais rien En tout cas j ai eu l honneur le 23 f vrier dernier en t te t te avec vous mais dans le cadre du conseil d adminis tration des uvres universitaires de vous poser la m me ques tion Vous m avez alors r pondu j ai l le proc s verbal de cette r union qu elle ne figurait pas l ordre du jour et que au demeurant elle ne concernait que les r sidents en cit universitaire Vous regrettiez de ne pouvoir
32. monter catte tribune un autre titre dans des circonstances difficiles Pourtant je n ai peut tre jamais eu l occasion d y aborder un probl me aussi fondamental que celui qu il nous est donn d voquer aujourd hui M Christian Fouchet ministre de l int rieur Voulez vous me permettre de vous interrompre monsieur le d put M Edgard Pisani Volontiers monsieur le ministre M le pr sident La parole est M le ministre de l int rieur avec l autorisation de vorateur M le ministre de l int rieur Monsieur le d put je vous remercie de la grande courtoisie avec laquelle vous m autorisez vous interrompre Que l Assembl e se rassure je serai bref je ne parlerai que deux minutes A vrai dire c est plut t M Estier ou M Baillot que j aurais d interrompre Car certains des propos qui ont t aujourd hui tenus cette tribune sont des contrev rit s Le devoir du ministre de l int rieur est de le dire ici avec force Certains membres de l opposition ont t ministres de l int rieur D autres membres de cctte Assembl e le seront peut tre un jour Je suis certain qu en faisant abstraction des passions et des servitudes politiques ces d put s quand ils rentrent en eux m mes savent bien les uns et les autres qu ils auraient fait ou qu ils feront ce que j ai fait moi m me En effet il s agit en dehors de toute esp ce de politique simplement du maintien de l ordre
33. n ralise Monsieur le ministre cet tudiant ne croyail pas si bien dire Jour apr s jour la situation s est d tcriorce Jusqu au moment o ont clat les manifestalions et les violences que vous connais Sez Sans vouloir minimiser celles ci foree est de conslaler que nom breux parmi les manifeslants sort ceux qui n ont rien voir 1596 ASSEMBLEE NATIONALE avee l universit Parmi les personnes interpell es par la ee i plus de la moiti n ont pu justifier d une apparlenanece queleonque au monde tudiant Qu on me permette d ajouter que pour certains de ces tudiants le genre d tudes qu ils poursuivent et l ge qu ils ont manifes tent l vidence qu il s agit d tudiants quasimer professionnels Quant aux manifestants d origine trang re permettez moi de vous dire qu une discrimination s est instaur e qui n est pas acceptable A ee propos je regretie que voire coll gue de l int rieur ne soit pas pr sent Plusieurs d put s de la f d ration de la gauclie d mocrate et socialiste Nous aussi M Alain Peyrefitte ministre de l ducation nationale Il va venir M Andr Fanton Si je regrette son absence ce n est pas que je veuille critiquer son action Je d plore simplement ectte discrimination qui marque le traitement r serv aux trangers selon qu ils sont tudiants ou non En effet certains travailleurs trangers ne pourraient pas se livrer la moiti du
34. ologiques Je remarque que M Mitterrand a certainement t bien inspir de ne pas se rendre Nanterre pour savoir s il r pondait l espoir de la jeunesse fran aise car le seul probl me technique qui se serait pos aurait t de savoir de quel tage il aurait t d fenestr Le probl me n est pas politique et dans votre sagesse vous auriez d avoir le bon sens dans votre intervention de 17 SEANCE DU X MAI TIES tout l heure monsieur Mitterrand de vous rappeler cette phrase de Pascal 11 n est pas convenable de dire trop de mal de ecrtains grands hommes ear cela risque de porter malheur Avant d analyser quelque peu les conditions dans lesquelles les troubles se sent d clench s avant t moi m me professeur assistant de sociologie la Sorbonne je voudrais faire une d cla ration liminaire et m lever contre la profanation qui a cu lieu cette nuit sur la tombe du soldat inconnu l Arc de triomphe Cette profanation ne traduit pas le sentiment de la jeunesse fran aise m me si elle n a pas particip la d fense du sol national pendant les gucrres de 1914 1918 et de 1939 1945 L Internationale a t chant e cet endroit et des drapeaux rouges ont t confectionn s avec les drapeaux bleu blane rouge d chir s Sur une photo on voit un nergum ne se jeter sur la flamme plac e sur la tombe du soldat inconnu pour essayer de l teindre D autes jeunes gens se sont li
35. ont contribu tendre d mesur ment l agilation au cours des derniers jours au del m me du heurt constant permanent des g n rations auquel on assiste dans le monde entier et souvent avee plus de violence eneore que chez nous un s ricux probl me de fond est pos depuis quelques ann es d j 1l eoncerne les principes m mes sur lesquels est fond e notre universil dans son organisation comme dans son fonetionnement re SEANCE DU N MAL TGS 1609 ne rue Devant des tudiants qui contestent l enscignement re u et qui parlois m me refusent de recevoir cet enseignement certains professeurs finissent par douter du sens de leur mission Profes seurs et tudiants se relrouvent d abord dans une sorte d angoisse le mot de M Pisani n est pas trop fort puis dans un refus qui est sans issue Le pays l opinion constatent ce malaise et ne le comprennent pas tr s bien Tels sont les ressorts profonds de la erise Avant lout cette erise esl videmment une crise de croissance Depuis dix ans la France est de tous les pays du monde celui o le taux de croissance des effectifs universitaires du nombre des enseignants des cr dits des quipements est de beaucoup le plus lev Comment notre pays ne conna itrait il pas la erise de croissance que connaissent la plupart des universit s trang res En 1938 1939 il y avait 60 009 tudiants inscrits en 1955 1956 il y en avait 150 00
36. pectives quelles l ches exallantes leur sont propos es Nous leur offrons de travailler pour une soci t de consomma tion dans un hexagone troit et d accumuler des armements dont l utilisation en d finitive signifierait la disparition de tous Curieux programme En France comme ailleurs l Est comme l Ouest les jeunes reprochent aux dirigeants de parler de l avenir en termes du pass La jeunesse sent intuitivement que sont mal pos s les pro bl mes de son destin ceux qu elle aura r soudre et elle ne veut pas p rir dans d affreuses convulsions Est ce trop demander tous les chefs d Etat et tous les responsables de gouvernements d voquer ensemble les grands probl mes de l humanit La France qui a toujours rayonn davantage par son prestige intellectuel que par le fracas de ses ASNSEMBLET NATIONALE oo a a a S a armes aurait pu jouer et pourrait peut tre encore jouer un grand r le Les grands probl mes de demain ne sont pas des probl mes militaires Plus que jamais me parait vrai ce que j ai eu l honneur d affirmer du haut de la tribune de la Sorbonne en 1962 lorsque j tais ministre de l ducation natiunale en pr sence de M Georges Pompidou La v ritable force de frappe c est l ducation nationale gt Applaudissements sur les bancs du groupe Progr s et d mocratie moderne et sur plusieurs bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste M
37. peut tre mesurer les respon sabilit s qu ils prenaient Parce que vous tes responsable com prenez que peut tre votre r le aujourd hui est de prendre en consid ration l attitude de jeunes gens et de jeunes filles qui croiraient d choir qui crairaient se nier eux m mes qui eroi raient abandonner toute fiert s ils se d solidarisaient de leurs camarades sans que le Gouvernement les y ait invit s par un acte positif Monsieur le ministre j ai peur que nous n ayons dans la soir e regretter de n avoir pas su parler la masse de notre jeunesse peut tre ind ment entrain e mais anim e par de r els et tr s profonds sentiments Si nous ne parvenons pas lui dire que des solutions s esquissent que l Universit n est pas faite pour tre gard e mais pour tre libre que les examens ne sont pas faits pour se d rouler sous la surveillance de la police mais pour tre pass s librement et si le processus de d sesealade n est pas engag j ai peur que nous n ayons beaucoup de drames regretter Je voudrais maintenant aborder un probl me qui n est peut tre pas sa place aujourd hui mais qui est plus important encore celui de l volution m me de l Universit Nous avons beaucoup faire et cela met en cause l uvre commune qui est la v tre messieurs iles membres du Gouver nement La r forme que vous avez entreprise p che sur un point 1606 ASSEMBLEE fondamental elle apparait a
38. premier stade lre con us comme des tablissemenis pilotes rompant avec la tradition assurant des enseignements plus coh rents mieux tourn s vers la vie organis s en grands d partements mettant en uvre une p dagogie plus active el jouissant pour ce faire d une autonomie plus large de mani re s adapter tout moment aux besoins nouveaux de l conomie et de la soci t aux besains nouveaux d un monde en transformation per manente C est cette t che emplayons mesdames messieurs que nous nous L heure des d cisions esl venue Si difficiles que puissent tre ces d cisions puisqu elles se heurtent des habitudes et m me je dirai presque des tabous M Gaston Defferre Voulez vous me permettre de vous interrompre monsieur le ministre M le ministre de l ducation nationale Volontiers M le pr sident La parole cst M Defferre avec l autorisation de l orateur _ M Gaston Defferre Monsieur le ministre je vous remercie de m autloriser vaus interrompre Vous venez de dire que l heure des d cisions tait venue J ai tenu couter votre discours au cours de cette s ance Je ne me suis pas rendu imm diatement l appel lanc par des professeurs qui demandaient s entretenir avec un cerlain nombre de nos coll gues x Puis ayant appris ce qui s tait pass jai cru de mon devoir de quitter un instant la s ance pour m enirelenir avec ces professeurs Monsi
39. proclamations dans les crits de ceux qui se veulent les responsables de cette agitation pourquoi ils s agitent Permetlteznous d abord de citer nous savons que cela apparaitra un peu comme un paradoxe le texte d un lract distribu la sortie des lyc es je dis bien la sortie des lyedes parce qu il nous semble sans doute esl ec un effet de notre ge avanc quelque peu surprenant qu un tel texte soit diffus en un tel lieu Ce tract distribu par des l ves de quatorze ou quinze ans a circul par exemple aux abords du lyc c Buffon du lycce Jl l ne Boucher ct d autres encore ll commence par les mots suivants Mobilisation g n rale Universit de classes s lection ghetlos sexuels enseignement cr tinisant cela le r gime r pond par une r nression polici re sans pr c dent La soci t bourgeoise r duil au silence dans le sang ceux qui la contestent dans son essence gt Et plus loin Les journaux bourgeois appellent la cur e contre la jeunesse Voil le genre de tract distribu la sorlie des lyc es On peut sans doute consid rer que ce langage a peu d impor tance dans la mesure o il scrait le fait de jeunes gens de quinze ans encare que la litt raturc que je viens de lire ne semble pas maner d aussi jeunes gar ons moins videmment qu ils ne soient de tr s brillants sujets en litt rature mais il correspond tr s cxactement au lang
40. que profiter certains extr mistes Mais monsieur le ministre l arbre ne doit pas nous cacher la for t Derri re ces mouvements de rues ce d foulement et cet _enchainement de passions c est l avenir de l Universit done d une grande partie de notre jeunesse qui esl en cause Je voudrais ici au nom de mes amis du groupe des r publi cains ind pendants r sumer rapidement ies faits en rechercher les causes pour en mieux estimer les cons quences et envisager les rem des Les faits sont trop bien connus De tout lemps il a exist dans les universit s une agitation end mique non violente elle marque le refus de la jeunesse d accepter comme v rit s acquises l enseignement de ses a n s C est une manifestation louable dans la mesure o elle traduit une curiosit intellectuelle dans la recherche de la vie Qui tant tudiant n a jamais particip un chahut ou un mon me C est l un moyen de d foulement d une tension nerveuse qui est le signe m me et le t moin de l intensit du travail fourni Mais je dois constater l apparition depuis quelque temps d arri re pens es dans certains petits groupes Les premiers incidents se sont produits la r sidence univer sitaire d Antony en 1965 Ils sont devenus beaucoup plus vidents lorsque dans l enceinte m me de la Sorbonne sont apparus des tracts des photos et des drapeaux c est le moins qu on puisse dire qui n taient pas la manifes
41. sont pas ceux qui dans un sursaut se dressent contre l incoripr hension l incomp tence et l abandon v ritable d fi leur angoisse et leur drame Aujourd hui comme dans le pass nous ne sommes pas venus eette tribune d fendre les trublions mais les tu diants victimes d une situation due des raisons techniques et des causes psychologiques 1620 Les possibilit s mat rielles offertes ne sont plus la mesure des cfforts demand s Les tudiants travaillent et vivent dans des conditions difficiles et impossibles supporter lersqu elles durent longtemps ASSEMBLEE NATIONALE Amphith tres surpeupl s escaliers et issues bond s des heures creuses entre deux cours pendant lesquelles faute de place la biblioth que ne peut les accueillir celle ci disposant d ailleurs de manuels en trep peu d exemplaires C est ensuite l attente la perte d un restaurant universitaire Dans ces conditions de travail difficiles c est la hantise de l examen la crainte du milieu familial qui menace en cas d chec Voil le climat d instabilit et d inqui tude de notre jeu nesse estudiantine Ceux qui franchissent le cap des preuves nantis de dipl mes sont ils assur s d une situation qui leur permettra de vivre de fonder un feyer d aller l avenir Pas de travail et c est toute netre jeunesse pas seulement estudiantine qui se trouve dans cette sombre perspective au seuil de la vie
42. syst me universitaire de former dans les quelques ann es venir les techniciens de tous ordres ouvriers qualifi s cadres moyens el sup rieurs chercheurs et professeurs de toutes disci plines C est tout le probl me Il ne peut y avoir de r forme sans cr dits qui permettent de l appliquer et de la r aliser pleinement jre SEANCE DU S MAL IS 1619 lt En dehors de cet imp ralif probl me des cr dits tout n est que verbiage et poudre aux yeux Placer l Universit dans un syst me adminisiratif qui porte atteinte ses libert s refuser les cr dits indispensables continuer r tribuer les professeurs d une fa on insuffisante et ne rien faire pour susciter la vocation d enseignant c est s acheminer vers l effacement et la d cadence Et lors de la discussion budg taire de 1965 je m tonnais de l optimisme de volre pr d cesseur lt Il est admirable disais je de montrer en toute circonstance confiance en l avenir ceci dans l espoir de communiquer ce sentiment ceux qui sont inquiets mais il y a devant l vidence des faits vouloir pers v rer une mauvaise gr ce que je me garderai bien de qualifier Car vous ne pouvez plus ignorer monsieur le ministre les conditions de d sordre dans lesquelles s est effectu e la rentr e dans l enseignement sup rieur Insuffisance des places dans les amphith tres dans les laboratoires et ans les biblioth ques mauvaises c
43. tes rest sourd nos appels de m me qu aux suggestions et propositions des tudiants et des professeurs Vous parlez aujourd hui d engager le dialogue parce que le seandale clate brutalement Mais au fond vous comptez bien poursuivre votre politique conforme aux orientations du V Plan qui constitue la charte du pouvoir gaullis e En refusant de doter la France d un syst me d ducation moderne et d mocratique syst me d ducation qui permettrait aux tudiants et aux professeurs de travailler dans des condi tions norinales le Gouvernement a favoris l aggravation d une situation que nous d non ons une fois encore La volont du Gouvernement est d adapter l Universit aux exigences et aux besoins des monopoles capitalistes et non de la r former d moeratiquement Vous insistez monsieur le ministre sur les n cessaires adaptations au monde moderne de notre enseignement qui doit se r nover pour tenir compte des progr s de la science et de la technique Nous sommes d accord Nan seulement l enseignement mais l ensemhle de notre conomie et de notre soci t doivent se transformer Ce n est pas nous communistes qui luttons pour l instauration du socialisme qui dirons le contraire Mais les transformations que vous proposez vont l encontre des int r ts imm diats et futurs des tudiants et en d finitive de l int r t national L adaptation technocratique que vous envi sagez ne permettra d offrir auc
44. toujours el pour tout le monde Vous ne pouvez pas satisfaire les associations de parents les tudiants les lyc ens les professeurs de tous les ordres d enseignement les instituteurs et en m me temps r former l universit J ai dit il y a plusicurs ann es cette tribune qu il existait dans votre minist re des f odalit s Cela a pas t appr ci Il existe dans l universit clle m me des f edalit s que tout le monde sr plait d noncer mais que personne ne s applique d truire Croil on que l on puisse longtemps continuer g rer diriger animer l universit t ses 600 000 ludiants sans rechercher un meilleur emploi des locaux el des maitres Crait or qu il est l gitime que l ann e universitaire continue comme jadis tenir si peu de place dans le calendrier et qu elle soit maill e en permanence d interruplions plus ou moins longues qui ne favorisent pas une bonne utilisation des loeaux ni des maitres Croit on gu il est possible ceux qui acecptent aujourd hui de dispenser leur savoir dans len scignement sup rieur de ne pas accepter 6 galement de modifier leur hahitudes les habitudes des anciens de eerx qui les ont pr c d s et aupr s desquels ils ont puis leur savoir Nous ne sommes plus au xix si cle L universit n est plus celle du xix si cie Il faut que les professeurs acceptent des modifications de leur statut de leurs habitudes et de leur fa on d tr
45. vis e se soit content de se d cerner un brevet d autosatisfaction et de proc der un violent r quisitoire plut t que d annoncer des mesures d apaisement susceptihles de cr er un nouvel tat d esprit au sein de l universit Elle affirme que le minist re s est toujours refus engager un v ritable dialogue avee les repr sentants tudiants La f d ration nationale des tudiants de France remarque notamment qu elle n a jamais t consult e sur les diff rentes r formes entreprises suppression du centre national des uvres instauration d un examen d entr e dans l enseignement sup rieur r formes dont sue a pris connaissance soit par la presse soit par des bruits de couloir Prolongement de la F N E F dans les grandes coles Poly technique et Centrale la f d ration nationale des associations des l ves en grandes coles F N A G E d clarait hier soir qu elle tait c ur e par la sauvagerie de la r pression polici re et qu elle demandait aux l ves des grandes coles de ne plus assister aux cours tant que durera l occupation du quartier Latin par les forces de police Ce ne sont plus les tudiants en Sorbonne ce sont les tudiants des grandes coles eeux qui sont le plus proches de vous monsieur le ministre qui d elarent cela aujourd hui Applaudissements sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste et du groupe communiste Devant ce
46. voulaient fussent elles des r unions politiques M Pierre Charles Krieg Il a eu tort M te ministre de l ducation nationale Cette volont d ins taurer un dialogue permanent tous les niveaux n a pas t reconnaissez le monsieur Estier couronn e de suec s NATIONALE 18 SEANCE ME E MAL TS M Andr e Fanton C est vident M le ministre de l ducation nationale Progressivement le ton cst monte Apr s une s rie d pisodes dont je vous ferai gr ce mais parmi lesquels on peut citer diverses tentatives de prendre d assaut le pavilon administratif et d envahir la salle du conseil la mise sac de salles et d amphithc tres le bris du mat riel le badigeonnage des murs par des slogans et par des insultes oux professeurs il devint de plus en plus clair que le fonction nement r gulier de la facult ne pouvait plus tre assur en d pit du s rieux et du calme dont centinuaient faire preuve l immense majorit des tudiants de lettres et la totalit je me h te de le dire des tudiants en droit Ce d sordre c tait le r sultat que recherchait l action m thodique du groupe des enrag s gt comme ils s appellent cux Mm IMmces L id ologie de ce groupe qui joue le r le central dans eette affaire est confuse anarchisme castrisme mao sme tout s y m le mais cee qui surnage c est le nihilisme Ni doctrine coh rente ni foi ni Joi voil ce qui caract ri
47. vous tes mesdames messieurs les repr sentants la nation qui consent des sacrifices si lourds pour le d veloppement de l ducatian nationale et de l universit fran aises ct qui devra les consentir longtemps encore Applaudis sements sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique et des r publicains ind pendants M le pr sident La parole est M Delorme premier oraleur inscrit Applaudissements sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste et du groupe communiste re 1611 SEANCE DE OS MAL IR M Ciaude Delorme Monsicur le ministre je me barnerai traiter du probl me pos par les rapporis des tudiants avec leur ministre J examinerai ainsi o en est le dialogue si souvent voqu cel apr s midi et je montrerai qui incombe la responsabiiit de l chec je le dis nettement de ce fameux dialogue chec qui explique les v nements ult rieurs que nous d plorons Monsieur le ministre il n esi plus question pr sent de consi d rer comme une p rip tie imputable quelques groupuscules ce mouvement qausi insurrectionnel des tudiants Qu ils soient ou non dans le vrai nos jeunes amis aceeptent d exposer leur vie pour leurs id es C est parce au its sont angoiss s par leur avenir qu ils agissent ainsi Les v nements d plorables qui sont l origine de ce d b t ne soni que la cans quence ct je p se mes mots
48. vous d voilez leurs yeux les finalit s ali nantes du capitalisme Quand vous morcelez le savoir d s le premier cycle sup rieur quand vous cr ez des voies in gales d s l issue du baccalaur at quand vous enfermez de futurs techniciens dans une formation troite ou de futurs enseignants dans un bref cycle de pr pa ration superficielle et praticienne quand vous refusez la mise en place rapide d un syst me coh rent d authentique enseigne ment professionnel sup rieur et livrez aux monopoles des jeunes qui ont amp ieint un niveau de culture sans recevoir la formation pratique apte valoriser leurs connaissances vous tournez le dos aux n cessit s objectives du progr s La France manque d enseignants mais cette ann e plus de 2 000 maitres auxiliaires des lyc es presque tous licenci s ont t priv s d emploi dans la seule acad mie de Paris La France manque d ing nieurs mais des cadres sont en ch mage La France manque de scientifiques mais le nombre des l ves de math matiques l mentaires pour la seule acad mie de Paris est pass de 9 100 il y a trois ans 8 900 puis 8 100 dans les ann es suivantes pour tomber cette ann e 6 010 Si notre pays ne change pas de cap pour la planification conomique et pour l orientation des tudiants il produira des milliers de ch meurs dipl m s tout en manquant de milliers de cadres dans des branches d cisives Seul le r gime nouveau de d mocra
49. 0 en 1962 1963 280 000 el en 1967 1968 nous d nombrons 605 000 tudiants dont 514000 en facult s et 91 000 en instituts universitaires de technolagie dans les grandes coles dans les classes pr paratoires aux grandes coles et gale ment aux coles un peu moins grandes Les effectifs ant doubl en quinze ans puis en huit ans puis en cinq ans C est vraiment une explosion que les facult s ont support e presque seules puisque entre 1938 ct 1967 le nombre d l ves se pr parant entrer dans les grandes coles ou y tant n a t multipli que par deux On a donc tendu unec masse qui en grande partie cherche un m tier un enscignement de culture con u sur le type du XIX si cle et destin une minorit Bien s r les disciplines se sont dans une certaine mesure diversifi es les lettres se sont ouvertes aux seienecs humaines le droit s est ouvert aux Sciences conomiques les sciences se sont ouvertes l informatique Mais l enseignement lui m me est rest de type universitaire est dire un enseignement de haute cullure d sint ress e dans un monde d impitoyable effi cacit un enscisgnement eompartiment alors que la direction des affaires que l industrie n cessitent une coop ration de loutes les disciplines confondues int gr es dans un m me savoir un enscignement individualiste l poque du travail par quipe un enseignement magistral sur le ton du monologue quel
50. Le Num ro 0 50 F Jeudi 9 Mai 1968 ms JOURNAL OFFICIEL DE LA R PUBLIQUE FRAN AISE D BATS PARLEMENTAIRES ASSEMBL E NATIONALE COMPTE RENDU INTEGRAL DES SEANCES Ann e 1968 N 26 A N l Edition des DEBATS DE L ASSEMBLEE NATIONALE FRANCE ET OUTRE MER 22 F ETRANGER 40 F Compte ch que postal 9063 13 Paris DIRECTION REDACTION ET ADMINISTRATION POUR LES CHANGEMENTS D ADRESSE 25 RUE DESAIX PARIS 15 AJOUTER 0 29 F Abonnet tents PRI RE DE JOINDRE LA DERNI RE BANDE aux renouvellements et r clamations CONSTITUTION DU 4 OCTOBRE 1958 3 L gislature r SECONDE SESSION ORDINAIRE DE 1967 1968 COMPTE RENDU INTEGRAL 1 SEANCE ji S ance du Mercredi 8 Mai 1968 SOMMAIRE PRESIDENCE DE M JECQUES CHABAN DELMAS 1 Communication de M le pr sident du S nal p 1591 La s ance est ouverte quinze heures 2 Retrait d oppositions ta constitution de commissions sp ciales M le pr sident La s ance est ouverte ip 1592 Mile Dieneseh pr sidente de la commission des affaires eultu reltes familiales et sociates M le pr sident y i 3 Questions orales avec d bat tp 1592 COMMUNICATION DE M LE PRESIDENT DU SENAT Manifeslalions d tudiants queslions jointes de MM Guichard 4 e 5 M le pr sident J ai re u de M le pr sident du S nat la lettre Fanion Fr d ric Dupont Eslier Bailtot Flornoy el Pisani
51. M Lamou reux mon pr d cesseur de l poque le 2 mars 1936 et publi e au Journal officiel de la Chambre des d put s du 20 mars 1956 ASSEMBLEE NATIONALE tre SEANCE DU S amp S MAIL T968 1607 Le recteur responsable de l ordre int rieur des enceintes M Lamoureux demande M le ministre de l ducation nationale si la police a t quelquefois appel e concourir au r tablissement de l ordre l int rieu des tablissements univer sitaires et d une fa on g n rale quels principes suit l universit de Paris pour recourir la foree publique Voici la r ponse de mon pr d cesseur M Guy Desson Qui tait ce M le ministre de l ducation nationale 1 n est pas d sign dans l extrait du Journal officiel que j ai sous les veux Mais vous devriez savoir que le nom des ministres n est jamais mentionn dans les r ponses aux questions erites M Pierre Charles Krieg Rassurez vous monsieur Desson ce devait tre un de vos amis M le ministre de l ducation nationale Je dois dire qu il y en a eu tellement pendant ees quelques mois que je suis incapable de r pondre une telle question Voici donc la r ponse de mon pr d cesseur 1 A plusieurs reprises au cours des derni res ann es et notamment en mars 1921 en mars 1925 en d cembre 1931 la veilie de P ques 1933 en novembre 1933 en mai 1934 et en janvier 1936 la police a t appelce par les doyens
52. Mais ils s opposent toat et m me la s lection propos e par certains d entre eux Ainsi apr s le collgque de aen qui avait r uni l lite des professeurs et auquel vous assistiez monsieur le ministre en qualit de ministre de la recherche auquel assistaient galement M Fouchet en tant que ministre de l ducation nationale et le directeur de l enseignement sup rieur de l poque on a pu lire cetle canciusion du syndical national de l enseignement sup rieur Le syndicat fait toute reserve sur l utilisation ventuclle des r solutions pour exalter la r forme gouvernementale en cours et sur les interpr tations ult rieures des r dactions d tail l es Il se r serve si libcri d action ei de jugement sur les mesures partielles d application qui pourraient s en inspirer Alors monsieur le ministre je ne crois pas qu il soit raison nable de continuer ne rien faire Rires et exclanation sur les banes de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste Il faut que vous ahordiez courageusement la r forme de luni versile ne soient pas loujours Rassurez vous mes chers coll gues je vais dire un eertain nombre de choses qui vous fcront moins plaisir Il n est pas possible aujourd hui pour un ministre de l duca lion nationale cela a t vrai de votre pr d cesseur cela doit tre vrui pour vous el le sera forc ment pour votre successeur ventuel d tre populaire partout
53. R publique comme sous la I la IN Ja IN et la IV le devoir l mentaire du ministre de l int rieur est de faire respecter l ordre r publicain Applaudissements sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique et des r publicains ind pendants Exclamations sur les bancs du groupe communiste Je vous remercie monsieur Pisani de m avoir permis de vous excuser M Edgar Pisani Monsieur le m avait demand de lui conc der votre gard ne pas mesurer celle sorte Sourires pr sident M le ministre deux minutes Je m engage mon temps en minutes de ASSEMBLEE Revenant mon propos du d but je dirai que mon intention n est point du tout cette tribune de mettre en cause les acteurs du drame les tudiants et les gardiens de l ordre Les tudiants parce que quelques exceptions pr s ils taient mus par l angoisse et par un sentiment de solidarit les gardiens de la paix parce qu ils remplissaient une fonction qu ils n avaient pas le loisir de ne pas remplir Applaudis sements sur plusieurs banes de linion des d niucrates pour la V R publique des r publicains ind pendants et du gronpe Progr s et d mocratie moderne J ai t au cours de ma carri re responsable de l urdre publie J en connais toute la rigueur et parfois toutes les tristesses Ce n est point parce que je n appartiens pas aujour d hui au Gouvernement que je puis me permettre et nul
54. a Sorbonne o il essaiera de p n trer Devant ertte menace ceux des manifestants qui sont encore dans la cour et qui m taient pas encore arm s se pr cipitent dans divers locaux de la Sorbonne et se mettent casser des tables et des chaises pour en transformer les pieds en gourdins universitaires se trouve plac devant un dilemme doit il laisser faire et laisser casser ou doit il emp cher que le d sordre ne d gen re De part et d autre il n y a nul doute qu on tait arm je ne dirai pas jusqu aux dents mais s rement jusqu aux pioches et jusqu aux barres de fer Naturellement chaque groupe reje tait sur l autre la responsabilit d une attaque ventuelle Mais qui peut assurer que les armes accumul es l int rieur de la cour de la Sorbonne par cees groupuscuies d ultra gauche ne l taient que pour le cas de l gitime d fense Et comment mesdames messieurs les d put s ne pas ressentir une grande inqui tude devant les propos tant de fois tenus par les tudiants du groupe Occident d clarant qu ils avaient lintention de rougir le pav du sang de leurs adversaires C est dans cette conjoncture que le recteur a t amen la d cision de faire vacuer la cour par les agents de la paix municipaux Je sais que cette d cision a t ressentie par beaucoup comme une atteinte intol rable aux privil ges uni versitaires Jamais a t on dit et en aucun cas la police n
55. a facult des lettres de Nanterre pourrait intervenir d s que le recteur et les doyens eoncern s le jugeront possible e est dire je l esp re que eette reprise pourrail commencer d s demain apr s midi Je n ai pas attendu qu une proposition me soil faite par M Dupuy pour lancer d j un message dans ce sens Applau dissements sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique et des r publicains ind pendants Parlons maintenant s vous le voulez bien des probl mes plus long terme puisque eomme disait excellemment M Guiebard l arbre ne doit pas nous cacher la for t Ces revendications d tudiants sont elles fand es Mesdames messieurs il est d autant plus difficile de r pondre que l on ne sait pas au juste de quelles revendications il s agit Que cherchent les manifestants dans la mesure o ils le savent cux m mes et o ils ne sont pas seulement victimes de l engrenage de la violence Penchons nous done avee sang froid avec sympalhie sur l inqui tude des tudiants N ludons pas le vrai probl me que par exemple M Pisani et M Flornoy ont trait tout l heure Nous comprenons l anxi t des jeunes devant lc monde contemporain Les jeunes ont le droit de s mouvoir ils ont le droit de contester ils ont m me le droit de se tromper Mais il est clair qu au del des difficult s eontingentes que rencontre l universit de Paris au del des facteurs passionnels qui
56. act ext rieur tout change avec une soci t qui attend tellement de son enscignement sup rieur significrait pour lui une subordination Les durs les tristes Cv nemenis que nous sommes en train de vivre font clater la v rit aux yeux de tous C est dans la mesure o la croissance de l universit n est plus suffisam ment accord e aux exigences de la croissance nationale que notre enseignement connait une crise o il risquerait de sombrer si nous n y portions rem de Il nous faut donner l universit le go t ei les moyens de d couvrir avec le concours des forces vives de la soci t les grandes perspectives qui s ouvrent devant notre d veloppement national qu elle puisse former les cadres les chercheurs les enseignants les ing nieurs les formateurs de toute nalure qu appelle ce d veloppement Oui il est frappant que l universit depuis 1808 se soit fig e dans ses cinq ordres immuables et qu il ait fallu attendre 1965 pour voir appara tre une branche nouvelle de l enseigne ment sup rleur avec les instituts universitaires de technologie Comment admeitre que l explosion par exemple des activit s terliaires c est dire des services et des changes sur le plan national comme sur le plan international doive s accommoder d un armistice bien peu satisfaisant et bien fragile entre les facult s de droit et les facult s de lettres l poque o la statistique l information la gestion des entrepris
57. age de leurs ain s En effet dans un aulre document qui est en quelque sorte la charte de ce que l on appelle le lt Mouvement du 22 mars gt car partir du moment o l on brise des portes et des vitres o lon s installe dans la salle des professeurs pour empecher les cours o l on fait des proclamations on porte un titre glorieux en l esp ce e Mouvement du 22 mars voici ce que l on peut lirc Nous nous battons parce que nous refusons de devenir gt suit une enumeration e Des professcurs au service de la s lection dans l ensei gnement des sociologues fabricants de slogans pour les cam pagnes lectorales gouvernementales des psychologues charg s de faire fonctionner les quipes de travailleurs selon les meillcurs int r ts des patrons des scientifiques dont le travail de recherche sera utilis selon les int r is de l conomie de profit gt Et en conclusion lt Nous refusons cet avenir de chiens de garde nous refusons lcs cours qui nous apprennent le devenir nous refusons les examens et les titres qui r compensent ceux qui ont accept d entrer dans le syst me nous rcfusons d tre recrut s par ces maffias gt nous refusons d am liorer l universil bourgeoise Alors quand on a fait cette lecture on se demande de quel dialogue il peut bien s agir de quoi on peut parler avee des sens qui au d part vous disent nous refusons tout ce
58. ai dans un instant celie de lundi Apr s avoir re u des soins ce manifcstant est d ailleurs reparti Les journaux crivent qu il y a plusieurs dizaines de bless s certes l gers chez les manifestants Ils le supposent et ils ont certainement raison mais pratiquement aucun bless sauf un ne s est fait connaitre Apr s ce choe brutal le recteur de l acad mie de Paris d cide de fermer la Sorbonne Il a deux raisons de la d cider La premi re est que se d roulaient avant hier la Sorbonne les concours d agr gation La deuxi me est que se r unissait dans la matin e la commission d instruction charg e de pr parer le rapport communiquer au conseil de l Universit appel se prononcer sur le cas de plusieurs tudiants de Nanterre Il faut donc que la Sorbonne soit calme que le concours de l agr gation ne soit pas compromis et que la commission puisse se r unir en toute s r nit Pendant la manifestation d cid e par les associations d tu dignts la brutalit r gne de neuf heures du matin jusqu une heure du matin le lendemain Certes on a d j vu Paris des manifestations tr s violentes mais il est rare qu elles aient dur aussi longtemps Le bilan des bless s est lourd de part et d autre Le journaux l ont dress avec une relative exa g ration et une relative erreur A quelques dizaines pr s les chiffres sont les suivants envi ron 400 lless s du cot des manifestants et d
59. aire pour viter qu il ne se renouvelle ce soir el ee dans l int r l de notre jeunesse et de notre pays D autre part je vous demande monsieur le minisire de bien vouloir du haut de cette tribune et au nom du Gouverne ment d clarer d ores et d j vous le pouvez ct je suis canvaincu qu en volre me et conscience vous en sentez la n cessit que vous tes partisan de l amnislie en faveur des tudiants qui ont t condamn s Applaudissements sur les bones de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste ct du groupe communiste Exclamations sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique M le ministre de l ducation nationale Je le r p te avant que M Dupuy appel t mon attention sur ce point donc avant que M Defferre l atlir t son tour dans des termes semblahles je m tais souci de ce probl me de la d sescalade et j ai pris toutes dispositions pour que la r ouverture de la Sorbonne et de la facult de Nanterre ait lieu d s que les doyens estimeront que les conditions normales de cetle r ouverture sont r unies c est dire j esp re demain apr s midi Je ne peux pas vous en dire plus si ce n est ceei si l ordre est r tabli tout est possible si l ordre n est pas r tabli rien n est possible Applaudissciments sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique et des r publicains indcpen dants Exclamations sur les bancs
60. ait m me pas sur un terrain de rugby Comment pourrait an le faire au c ur d une meute Excla mations sur les bancs da groupe communiste M Laurent Bilbeau L argument est piteux M le ministre de l int rieur Il est tout fait possible que parfois les bagarres aient t fortes mais je vous demande mesdames et messieurs les d put s d admettre avec moi ccrtes on ne peut le faire quand politiquement on veut utiliser les v nements contre le Gouvernement Protestations sur les interrompre et vaus prie de m en m mes bancs que la police si elle l avait voulu aurait pu agir heaueoup plus brutalement Exclamations sur les bancs des groupes communiste et de la f d ration de la gauche demo crate et socialiste M Roger Roucaute Il aurait fallu tuer des manifr nants M le ministre de l int rieur Elle a r agi dans certains cas parce qu elle avait affaire des hommes qui n h sitaient pas employer contre elle une arme redoutable En effet un pav lanc en direction du service d ordre qui reste sur place sans charger suffit tuer un homme s il le touche la tempe au lieu de le frapper au corps M Roger Roucaute Et les coups de matraque des policiers M le ministre de l int tieur Je vous demande donc de bien vous rem morer comment les choses se sont pass es vant de vous lancer dans des interventions qui ne sont pas raisonnables Exclamations sur les bancs du groupe communis
61. ans la destruction de l Universit actuelle doit passer coutez moi bien lt par la d sertion des cours dans des sections comme les lettres les sciences et les beaux arts o la nullit de l enseignement est telle que nous devons d j envisager concr tement un renversement critique lt Cr sr la possibilit de facult s libres suppose donc parall lement le d veloppement d une stral gie r volutionnaire totale gt Pour ne pas abuser de la palience de l Assembl e je lirai le dernier paragraphe que voici e Nous devons d s maintenant organiser la lutte par les contacts avec les foyers des jeunes travailleurs les centres d apprenlissage et m me et surtout avec les jeunes ch meurs et ceux qui sont d sign s par le terme de d linquants Notre intenlion g n rale de paralysie de l Universit dans le fonctionnement g n ral de l conomie et de l Etat est impensable sans un d veloppement parall le des possibilit s de radicalisation r valutionnaire dans la classe ouvri re et l int rieur du milieu paysan Ce tract est sign de l U N E F Mesdames messieurs je dois ajouter que le principal ani mateur de ceux que lon a appel s les enrag s de Nanterre a distribu un tract s il ne l a pas r dig sur la fabrication de cocktails Molotov Il a bien voulu confier la presse qui a d j reproduit ses affirmations ct aux micros de plusieurs postes car aujour d
62. anterre n apporta point le r pit qui aurait permis la reprise en main souhaitable et le r tablissement du calme si n cessaire la veille des examens Au contraire l agitation se transporta aussit t la Sorbonne o d ores et d j la situation tait pr occupante sans tre aussi d t ricr e Plusieurs fois dans le courant du wintemps des incidents avaient clat qui avaient entrain l interruption d enseignements et l irruption l int rieur des amphith tres et m me dans la salle o si geait l assembl e de la facult d tudiants et d l ments trangers la facult provoquant deux d buts d incendie et des actes de violence Mais les choses prennent un tour dramatique dans la journ e du vendredi 3 mai Des groupes que je n appellerai point d extr me gauche mais d ultra gauche ont d l gu leurs plus ardents manifestants les principaux lt t nors des enrag s de Nanterre que la fermeture de leur facult des lettres rend disponibles pour aller exercer ailleurs leurs talents Ces extr mistes r unissent dans la cour de la Sorbonne partir de quatorze heures 300 400 tudiants dont une partie sont arm s de gourdins de matraques de manches de pioches et m me de pioches Un groupe d tudiants d extr me droite appartenant au mou vement dit Occident est r uni rue d Assas Un commando avec casques boueliers et gourdins s en d tache se dirigeant vers l
63. antiques prononc es par le chef de l Etat propos du Plan Qu en est il aujourd hui La r gion Un folklore un mensonge Le Plan Un inventaire plut t qu un moteur Le service de la patric Il peut et magnifiquement ctre assum par l expansion de nos id es de nos techniques de nos produits par a pr sence de nos hommes dans la communaut o la France est appel e vivre Mais o sont les communaut s nouvelles dont ensemble nous avons r v O est l Europe Pourquoi voulez vous que la jeunesse esp re dans ce que vous avez d truit Exclamations sur les bancs de l union des d mo crates pour la V Republique bi Je pense aussi la scienee la technologie l atome l espace et l informatique Sur ce point monsieur le ministre nagu re vous avez ici prononc des discours dont personnelle ment j ai aim l cho Je voudrais seulement que la r alit soil aujourd hui plus conforme aux objectifs que vous dessiniez Mais comment peul on dire la jeunesse que la science sera pour elie une projection sur l avenir quand les deux tiers des cr dits affect s la domination de l atome ont une destination militaire ire SEANCE DO XS MAL 1968 Comment la jeunesse sera tcile mobilis e passionn e par l amour de la libert alors qu il n existe m me pas une authen tique libcit d expression l O R T F La r cente discussion sur la motion de censure l a amplement d muntr La
64. ants qui ne savent plus alors vers quoi se diriger Pas seule mais plus que d autres peut tre en raison du nombre d tudiants en sciences humaines qui s y trouvent rassembl s la facult de Nanterre est aussi un d fi pour ceux m mes qui ach vent leurs tudes mais qui l conomie fran aise n est pas en tat d assurer les d bouch s que leur diplome semble Jeur promettre Telle est tr s rapidement r sum e Ja situation A quoi s ajoute le fait que l on refuse aux tudiants toute r elle par ticipation la gestion de la facult et l organisation de l eli seisnement Car vous parlez volontiers de dialogue mais vous oubliez de pr ciser que les commissions paritaires cr es apr s la gr ve de la fin de l an dernier laquelle ont particip 10 000 tudiants n ont abouti qu des r sultats d risoires dan nant le sentiment qu il n y avait pas grand chose esp rer du dialogue tel que vous le concevez Faut il s tonner alors qu une r volte ait clat C est affir mez vous le fait d une infime minorit Mais est ce vraiment un argument et toutes les r voltes ne sont elles pas au d part le fait d une minorit On peut avoir telle ou telle opinion sur le comportement et sur les th ses de tel ou tel groupe et je dirai M Fanton qui ironi sait tout l heure sur le nom du Mouvement du 22 mars que t us les groupes ne peuvent s appeler Mouvement du 13 mai Applaudisseme
65. apr s les propos de M Fanton nous comprenons bien la r alit du malaise qui r gne l ducation nationale Les manifestations qui se sont d roul es lundi et mardi et qui risquent de se renouveler ce soir si des mesures imm diates de d tente ne sont pas prises sont certes li es des causes imm diates qu il convient d analyser en priorit mais elles tradiusent en fin de compte une angoisse r clle qui touche l orientation de la mission de notre enseignement sup ricur Les causes imm diates C est Nanterre que lout com menc Nanterre dont le Gouvernement voulait faire une universit pilote est devenue malheureusement une machine infernale Nanterre construite au milicu des bidonvilles est en quelque sorte cartel e entre la banlieuc du xix si cle et la cit du xxi Qu est ce en effet qu une facult qui fonctionne sans biblioth que Qu est ce en effet qu une r sidence universitaire qui n est accompagn e d aucun quipement culturel On ne peut faire une faculi moderne dans un environnement d labr Transform e dans son architecture Nanterre ne l a pas t suffisamment dans ses structures par rapport la Sorbonne On n a pas profit d une installation nouvelle pour en faire une institution nouvelle La seule diff rence essentielle avec la Serbonrie est que les tudiants sont tenus d tre Nanterre sans avoir la possibilit pratique d en sortir On a pu dire qu Nanter
66. as s r que l affrontement brutal de vendredi n tait attendu ni par les tudiants ni par la police 1604 ASSEMBLEE NATIONALE tre SEANCE DE MAI 1468 H a a IIIa II I I o U U e a I aaa o uaua auala Je crois qu il s est produit un ph nom ne assez normal Beaucoup d entre nous ont t tudiants notamment la Sorbonne et ils ont alors particip des manifestations d tudiants J ai particip moi m me des manifestations d tu diants tr s dures et je eomprends tr s bien que la solidarit qui unit les jeunes ait brusquement fait oublier certaines pr ventions politiques Mais je constate que l affrontement est brutal Et je vous demande mesdames messieurs de croire que mes prapos car respondent la photographie exacte de ce qui s est pass d ailleurs si je ne disais pas la v rit il serait trop facile de me le d montrer tout l heure Le r sultat est le suivant dans la soir e Le service d ordre compte soixante bless s dont vingt sont forc s de cesser leur activit et quatre sont hospitalis s L un d eux frapp la t te par un pav reste dans le coma paralys pendant trois jours Il n est pas mort Du c t des manifestants la connaissance du pr fet de police qui a fait faire une enqu te dans tous les h pitaux de Paris comme il est d usage en pareil cas un seul bless s est fait soigner Je parle de la journ e de vendredi J vo quer
67. at d inqui tude g n rale l inqui tude de la jeunesse devant la situation de l emploi L universit a pour r le de fournir tous les voies et les moyens de l ulilisation rationnelle de leurs capacit s par une adapation consciente aux exigences de l volulion du monde moderne Le probl me primordial r side donc dans l orientation des jeunes en fonction des n cessit s qui d coulent de la poli tique conomique Monsieur le ministre mon propos n est pas ici de meltre en cause cette polilique conomique Je ne dirai pas comme cerlains que la politique du Gouvernement conduit la rue car ce n est pas avec de tels slogans que l on r soudra les probl mes Applaudissements sur les bancs des r publicains ind pendants et de l union des d mocrates pour la V R publique Exclama tions sur les banes de la f d ration de la gouche d mocrate et socialiste M Arthur Notebart On ne les r soudra s rement pas nou plus avec les C R S M Claude Guichard Mais je dois constater une inadaptation grave entre les besoins de la civilisation conomique et le gaspil lage de nombreuses ann es d tudes et d efforts l absenee totale d une recherche prospective couvrant l ensemble des divers sec LA I SEANCE DIS S MAI tas teurs conomiques pour les cinq dix ou vingt ann es venir d o je conclus l insuffisance d une orientation qui est empi rique et en tout cas peu convaineante Q
68. auche sauf toutefois le recteur pauvre homme malheureux et totalement isol Exag ration sans doute mais il est vrai que les communistes contr lent les principales publications tudiantes et que leurs petites feuilles essaient de fomenter des luttes d organiser des r unions de masse des gr ves et des manifestations Il est vrai aussi que des associations d tudiants fascistes se sont constitu es et attaquent les autres notamment en bondis sant sur les tuyaux d incendie et en arrosant les orateurs com munistes lorsque ceux ci prennent la parole dans les amphi th tres Les seuls b n ficiaires r els de cette agitatioi et de ces inci dents sni les journaux du soir qui les racontent en d tail la plus grande joie des tudiants cux m mes Vous avez tous reconnu mesdames messieurs d s les premiers mots de mon propos la description de la situation de la respec table universit de Columbia New York en 1935 telle que la d crit l crivain am ricain Thomas Merton dans Th seven storey mountain traduit en fran ais sous le titre La nuit priv e d toiles Je vous ai rappel ces souvenirs d un crivain c l bre pour ramener leurs justes proportions les angoisses vraies ou fausses de ceux qui croient ou qui disent que nous vivons des heures sans pr c dent et que notre civilisation ou tout le moins notre r gime va s effondrer sous les coups de boutoir des enrag s J ai voulu aussi temp re
69. avez pas le droit d admetire que les examens n alent pas lieu Les jeunes ont un droit absolu un aboutissement normai de leurs peines de leurs tudes Ils ont le droit de passer dans le calme et dans l ordre l examen qui pour tous conditionne leur avenir Des centaines de milliers de familles en Franee attendent de vous que vous preniez toutes mesures pour que la sanetien normale d une ann e d tudes soit donn e leurs enfants Pour revenir aux minorit s qui s vissent la facult des lettres de Nanterre le professeur Capitant remarquait juste titre il y a quelques jours que la facult des lettres est celle o les r formes ont t introduites en dernier et galement celle o l inqui tude de lavenir est la plus grande Qu il y ait eu des erreurs des autorit s c est certain et M Fanton l a justement soulign Que l on mail pas r agi contre l oceupalion des amphith tres la distribution quotidienne de tracts les prises de parole r p t es les pressions physiques les piquets de gr ve en un mot l agitation incessante e est un fait Ces erreurs mon sens ont enlra n la d moralisation de certains l ments valables du monde tudiant et des mesures devraient tre prises pour viter leur r p tition i ASSEMBLEE NATIONALE tre SEANCE DPU 8 amp 8 MAL us 1615 1 faut aussi d plorer l attitude d solante de quelques univer sitaires qui apr s avoir t des conservateurs acha
70. bles du lundi 6 mai M Flornoy exprime M le ministre de l ducation nationale la vive inqui tude que lui inspirent d une part l clatement d une violence voulue par des meneurs fanatiques et d autre part les incitations au d sordre qui sous pr texte de solidarit risquent de troubler profond ment la conscience des tudiants fl lui demande quelle actio entend mener le Gouvernement pour que soient assur s pleinement le droit aux tudes et les aspirations l gilimes de l ensemble des jeunes Fran ais M Edgard Pisani demande M le ministre de l ducation nationale de bien vouloir lui indiquer les voies que le Gouverne ment entend suivre pour r pondre l angoisse des tudiants de France qui s est hier exprim e en violence La parole est M Claude Guichard auteur de la premi re question Applaudissements sur les bancs des r publicains ind pendunts de l union des d mocrates pour la V R publique et sur divers autres bancs NATIONALE ASSENBLEE M Claude Guichard Monsieur le pr sident monsieur le niinistre mes chers coll gues au moment o s ouvre ce d bat provoqu par les manifestations violentes qui se d roulent dans les facult s mais aussi dans les rues et auxquelles participent les tudiants il ne faul certes pas sous estimer la gravit imm diate de la situation ni le besoin de r tablir au plus t t l ordre pour mettre fin une confusion totale qui ne pourrait
71. capitalisies les plus volues ni les Etats capitalistes en cours d volution n ont t pargn s par jle mouvement Tout se passe comme si la jeunesse de tous les pays en partieulier la jeunesse estudiantine qui a des moyens d apprendre que l ensemble de la jeunesse h las n a pas tout se passe comme si cette jeunesse dis je r cusait en bloc tout ce que nous tentons de lui transmettre en consid rant comme artificiel le d bat qui se d roule travers le monde entre socialisme et capitalisme entre r gime eommuniste et r gime lib ral Tout se passe enfin comme si cette jeunesse osons le dire mesdames messieurs semblait consid rer que nous sommes au fond des complices devant elle jouant chacun notre r le dans une com die humaine laquelle elle n entend rien et ne veut rien entendre Ne croyez pas que j aie le go t par dela cetie Assembl e de plaire tel ou tel J ai au contraire vous me connaissez pour le savoir l habitude d agresser de dire les choses les plus d sagr ables Mais honn tement quand je me trouve devant mon fils ou devant ses camarades il me faut ou me taire parfois ou mentir parce que je ne trouve pas toujours de r ponse aux questions qu ils me posent Quelle diff rence entre la situation qui est pr sentement la n tre et celle de nos parents qui S appuyant sur une belle et bonne certitude avaient le sentiment qu ils devaient nous trans mettre leur h ritage
72. cendre dans ia rue pour ouvrir le dialogue Cette question se pose aujourd hui non seulement pour les tudiants mais pour les Bretons Quel succ s le Gouvernement semble t il donner ces quel ques agitateurs isol s que stigmatisaient il y a encore vingt quatre heures toutes les autorit s et qui en effet n taient pas repr sentatifs des tvdiants Que dis je Ce n est plus un succ s c est un triompar En quelques heures les tudiants ont oblenu que le chef de l Etat lui m me recnnnaisse que l universit doit se transformer se moderniser et que des emplois doivent correspondre aux dipl mes Le Gouvernement modifie son ordre du jour pour ouvrir des dossiers cui risquaient peut tre d attendre encore longtemps et le Parlement pour la premi re fois depuls dix ans se voit reconnaitre le droit de se pencher sur un grand probl me NATIONALE le SEANCE DU 8 MM 1968 1597 d actualit Applaudissements sur les bancs du groupe Progr s et d mocratie moderne et de la f d ration de la gauche d mo crate et socialiste Voil o m nent le refus dn dialogue l absence de concer tation sur les grands probl mes qui engagent notre avenir Les graves ineidents de ces jours derniers ont brusquement r v l la profondeur du melaise dont souffre au secin de la nation tout enti re l universit fran aise Ceux qui avaient en temps utile lanc des avertissements attendent encore les d cisions et
73. certain dans votre r forme notre Inqui tude pour cette jeunesse de France enthousiaste passionn e et avide de savoir juste titre ambi ticuse parce qu elle est l ternelle jeunesse et dont vous avez monsieur le ministre la redoutable mission de pr parer l avenir et d assurer le destin Passons sur ves rappels et ces mises en garde pour affirmer cependant que c est la m connaissance totale de nos probl mes universitaires de la part du Gouvernement et des ministres depuis dix ans et plus particuli rement au cours des six derni res ann es qui a cr l atmosph re d angoisse et d inqui tude favorable l explosion de cette semaine Anplanudissements sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste et du groupe conmLniuniste Car il y a eu la lev e en masse des tudiants parisiens de tous les horizons de toutes ob diences et non de quelques excit s La solidarit a jou celle des professeurs et eelle de tous les tudiants et des lyc ens non seulement Paris mais aussi en province ct parmi les professeurs les plus hautes som mit s fran aises ont protest contre la r pressinn des mou vemenis la fermeture de la Sorbonne et non la suspension des cours demandant l annulation des sanctions correction nelles d j prises la lib ration des tudiants encere d lenus Pourquoi cela si ce n est parce que nous estimons avec eux que les v ritables responsables ne
74. cette tribune Voici cette lettre qui est symptomatique e Avant une s ance de travaux dirig s une jeune fille prend pendant dix minutes la parole pour inviter ses condisciples aller une repr sentation th trale au profit de deux d serteurs am ricains n ayant pas les moyens financiers de passer en Suisse Toute de suite apr s pendant vingt minutes une repr sentante de l U N E F explique les d cisions d un congr s fant me inci tant les tudiants s associer ces d cisions Tout cela sous l il bienveillant de l assistant Au total unc demi heure de perdue sur une heure L tudiant s adresse alors vous e M lc ministre de l ducation nalionalc se plait d noncer leg tudiants qui encombreni les facult s sans y travailler Il a par faitement raison Mais il faudrait peut tre qu il fasse respecter lc r glement afin de permettre aux tudiants qui veulent lravail ler de le faire sans voir lcurs s ances de travaux dirig s d vor es par les interventions intempestives de repr sentants politiques Applaudissements sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique du groupe des r publicains ind pendants et sur plusieurs bancs du groupe Progr s et d mocratie moderne Et cet ludiant conelut Si le cas que je vous cile tait isol il n aurait qu un int r t relatif mais h las apr s enqu te aupr s de mes condiseiples il s av re que cette situation se g
75. crate et socialiste et du groupe cominuniste Monsieur le ministre dans votre allocution de lundi soir vous avez eu je le reconnais la loyaut de couvrir ce qui a t fait avec votre accord Ayez alors le courage en faisant tout de suite les gestes qui s imposent de reconnailre votre erreur Apploudissements sur les bancs de la f d ration de la gauche democrote et socialiste et du groupe communiste M le pr sident La parole est M Baillot auleur de la cinqui me queslion Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste M Louis Baillot Mesdames messieurs depuis vendredi der nier le Quartier latin est le lieu de manifestations estudiantines importantes contre lesquelles s est d chain e la r pression poli ci re Protestotions sur plusieurs bancs de l union des d mo crates pour ia V Republique Applaudissements sur les buncs du groupe communiste et de la f d ration de la gauche d mo crate et socialiste M Jacques Philippe Vendroux C est incroyable M Louis Baillot La d cision de fermer la facult des lettres de Nanterre puis celle de fermer la Sorbnnne y compris le cenlre Censier ne pouvaient pas manquer de cr er chez les tudiants et leurs professeurs une profonde indignation d autant qu au moment m me o la derni re d cision lait prise la cour de la Sorbonne lait envahie par des forces de police au m pris le pl
76. d SEANCE WEO K MAL tos ee c M 1601 e r ae M re ee ee qe e o onn examens pour lesquels il conviendra de tenir compte des diffi cult s cprouve es par les tudiants dans leur pr paration du faii des v nements Mais pour mettre l Universit fran aise en mesure de r pondre aux besoins les plus pressants notre groupe a propos maintes reprises la r alisation d un plan d urgence Nous vous l avons expos derni rement encore lors de la discussion budg taire Ce plan d urgence comprend la construction de nouvelles facult s dans la r gion parisienne et notamment Villctanruse Cr teil et Verricres On nous aunonce qu elles vont se faire mais annoncer leur construction ne suffit pas il faut les r aliser rapidement Nous proposons l construction de centres hospitaliers univer sitaires Beaucoup de projets existent mais ils trainent en longucur Nous proposons galement que de nombreux instituts universilaires de technologic soient construits et correspondent aux n cessit s de notre conomie en offrant des d bouch s des dizaines de milliers de jeunes gens et de jeunes filles Nous r clamons la cr ation de postes budg taires nous l avons dit et la nomination d enseignants et de personnels administratifs Compte tenu des difficult s mat rielles rencontr es par un nombre sans cesse croissant d tudiants dont pr s de la moiti je le disais tout l heu
77. dans la presse M Guy Desson Merci ASSEMBLEE NATIONALE M le ministre de l ducation nationale Au del de ces pro bl mes du moment qui ont leur iraportance mais qui ne soni pas l essentiel nous devons nous tourner vers les t ches d avenir et prendre comme M Fanton m y invitait mais semble t il avec le soup on que je ne le ferais pas de grandes a cisions Je tiens vous dire que le Gouvernement ne faillira pas sa mission qui est l comme ailieurs de se prononcer sur les grandes options nationales Il le fera en aidant l universit ouvrir les yeux sur le monde en d nouant chacune des eniraves qui ont trein retard une volution qui tait pourtant confus ment d sir c par de pembreux professeurs et par de nombreux tudiants ct en laborant avec cette universil les structures de l avenir Et d abord la mission de l universit dans la nation ne peut pas cire d finie seulement par r f rence la recherche et l enscignement en tant qu objectifs abstraits I n y a plus s il y a jamais eu d aularcie des Etats il ne peul pas y avoir d autarcie de l universit par rapport la nation Applandissements sur les bancs de l union des d mo crates pour la V R publique et des r publicains ind pendants Que l on ne dise pas que l isolement de l universil pr serve la culture la science fondamentale la libert de la pens e et de l expression et que toul cont
78. des facult s de lettres de sciences et de droit r tablir l ordre dans ces tablissements lt 2 C est au cours d une s ance du 25 mai 1908 que le conseil de l universit de Paris a d termin les principes suivre pour recourir la force publique M Ernest Lavisse ayant exprim l avis que MM les doyens ne devaient se faire aucune sorte de serupule de recourir la force publique lorsque l int r t des tudes et le bon renom de l universit l exigent le conseil a adopt les r gles suivantes En cas de d sordres graves les doyens peuvent recourir la force publique pour r tablir et maintenir l ordre dans les cours vestibules galeries lls doivent la requ rir dans le eas o des actes d lictueux seraient commis soit dans les services ext rieurs soit dans les services int rieurs Est ce que c est elair messieurs Sudreau Estier et Baillot Applaudissements sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique Dans les vingt ann es qui suivirent ia r ponse cette question crite de 1936 nombreuses furent les interventions de la police dans les facult s M Claude Estier Puis je vous interrompre monsieur le ministre M le ministre de l ducation nationale Volontiers M le pr sident La parole est M Estier avee l autorisalion de l orateur M Cleude Estier Monsieur le ministre je ne crois pas avoir affirm tout l heure que c
79. des sanctionn s une part lait des badauds et des jeunes amus s par le ehahut Ce sont ces deux eat gories h las qui paient souvent les frais de leur spontan it Mais il ait visible qu une partie encore et la plus active la plus agit e notam ment celle qui attaquait cette nuit avec une v ritable science de la guerre des rues n avait rien voir avec l Universit Sur 434 manifestants arr t s hier 195 seulement ciaient tu diants dont 45 tudiants trangers Il faut poursuivre fermement l action pr conis e depuis des ann es par les lus parisiens l assainissement du quartier latin Interruptions sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste En juillet 1966 avec un de mes coll gues M Fran ois Collet conseiller de Paris je signalais par question crite au pr fel de police la prolif ration au Quartier latin de jeunes gens en majo rit trangers sans aucune ressource De ces paves 2 762 ont t arr l s en cinq mois dont 488 trangers majeurs et 375 trangers mineurs Il faut avoir ces chiffres publi s le 18 ao t 1966 au Bulletin municipal officiel de la ville de Paris pr sents l esprit lorsqu on s indigne de trouver quelques centaines de techniciens de la are des rues doubl s de pillards se battant dans les rues de aris ll y a six mois en r ponse une nouvelle question des m mes lus le pr fet de police faisait remarquer que les services de
80. e doit franchir le seuil d une enceinte universitaire et tout parti culi rement de la plus glorieuse de nos institutions universitaires Cette fa on de sentir jai pu prouver quel point elle est r pandue chez les tudiants et chez les professeurs Elle a vraiment tous les caract res d un tabou et vous savez tous mesdames messieurs que la conscience collective fr mit quand un tabou est viol Mais je note que 1 tabou en la circonstance a t viol d abord quand des groupes arm s ont occup la cour de la Sorbonne Sous pr texte de ne jamais laisser entrer la force publique dans les enceintes universitaires doit on les livrer aux milices arm es de toutes les factions Applaudisse ments sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R pu blique et du groupe des r publicains ind pendants D ailleurs la r ponse de la tradition universitaire cette question est formelle L entr e de la police la Sorbonne n est pas comme l ont dit MM Estier et Sudreau une d cision sans pr c dent Elle provoqu des r actions motionnelles dont lins piration est respectable mais dont les bases je l indique plus particuli rement l intention de M Estier et de M Sudreau sont fausses II existe plusieurs pr c dents La police est entr e la Sorbonne pour assurer l ordre sous toutes les R publiques Pour ne pas remonter au d luge laissez moi donner lecture d une question crite pos e par
81. e sans quot aucune r forme de l enseignement n interviendra ainsi gue le disait forl bien notre coll gue M Guichard Applandissementis sur les banes de l union des d mocrates pour la V Republique et des r publicuins ind pendants J ai souvent dit mensicur le ministre qu une sorte de d magogie semblait avoir saisi l apinion publique et pourquoi ne pas le dire votre admini stration c est le seul point sur lequel vous ayez t saisi par la d magogie en ee qui concerne la difficult suppos e des ludes Cette atlitude a cnira n pelit petit la Suppression de ous les barrages l examen d entr e en sixi me parce que les dict es laient trop difficiles le hacealaur al paree qu il lait trop coinpliqu organiser Aujourd hui que voit on On voit affluer dans les universit s un nombre consid rable de gar ons et de filles ID faut s en f liciter quant aux prin ASSEMBLEE cipes mais il faut se demander si tous et toutes sont intel lectuellement je dis bien intellectuellement capables de pour suivre des tudes sup rieures M Andr Labarr re Il faut s en apercevoir avant M Andr Fanton Monsieur Labarr re je partage votre sentiment soyez content Monsieur le ministre prenez votre courage deux mains et dites aujourd hui sans plus attendre qu la rentr e pro chaine nul ne pourra tre admis l universit sans s lection pr alable Il faut faire en sort
82. e 300 350 du c t du service d ordre Si vous voulez bien admettre mesdames messieurs le chiffre r el de cinq six mille manifestants ce qui est facile croyez moi prouver et je ne prends pas les chiffres donn s par les associations d tudiants et par les jour naux qui parlent parfois de 15 000 manifestants car mon raison nement serait encore plus fort alors que le service d ordre comptait au maximum 2 000 2 500 hommes peu pr s le m me nombre de bless s de part et d autre prouve que le service d ordre en a eu relativement deux fois plus que les tudiants Es clamations sur les bancs des groupcs communiste et de la f d ration de a gauche d mocrate et socialiste Mme Claire Vergnaud Ils n avaient qu ne pas taper si fort M le ministre de l int rieur Je nec comprends pas madarae que vous puissiez contester ce simple calcul car point m est besoin d tre tudiant Nanterre pour tre capahle de le faire Applaudissements sur les bancs de l union des d mocrates our la V R publique Protestations sur les bancs des gre ipes communiste et de la f d ration de la gauche d mccrate et socialiste J ajoute que la manifeslation d hier qui s est d roul e dans des coudilions diff rentes au d part a suppos de a part de la police une grande maitrise de soi Dans le feu d une hagarre violente comment chacun peut il mesurer toujours exactement ses gestes On ne le f
83. e de eonseienee l tait d j grave que l on ait decid le jeudi 2 mai de sus pendre les cours et les travaux pratiques de la facult de Nan terre Il est presque incroyable que l on ait pris la d cision le vendredi 3 dix sept heures de faire entrer en force la police la Sorbonne Tous les t moignages sont formels le mecting qui rassemblait ce moment dans la cour quelques centaines d tu diants encadr s par leur propre service d ordre se d roulait calmement Il tait presque termin lorsque la demande expresse du recteur une colonne de policiers qui se tenaient depuis longtemps pr ts l appel casqu s munis de boueliers et de matraques ont fait irruption d clenehant ainsi eux m mes l engrenage de la violence en embarquant indistinctement dans une fourgonnette amen e jusque dans la cour ceux qui leur tom baient sous la main Je dis que tous les t moignages sont farmels J en ai recueilli personnellement plusieurs mais en voici deux qui font autorit C est M Girod de l Ain qui crivait hier dans Le Monde Une telle vague de col re ne sc serait pas produite si les autorit s avaient fait preuve de plus de sang froid vendredi dernier Pour justifier les d cisions prises et eomme il l a d elar lt couvrir le recteur le ministre a pr sent une image singuli rement d form e des v nements r cents Pour expliquer ce qu il eontinue d appeler la suspension des cours la So
84. e la gauche d mocrate et socialiste et du groupe communiste la justice je dis bien de quelque fa on qu elle s applique Exclamations sur les m mes bancs Mais la justice est honorable de quelque fa on qu elle s applique M Andr Labarr re M me coups de matraque M Bertrand Flornoy Mais s il convient de ne pas c der aux agitateurs je suis s r qu une fois revenu le calme et l arrogance des meneurs apais e il faudra r tablir un dialogue qui s est interrompu depuis longtemps Un d put de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste Il n y en a jamais eu M Bertrand Fiornoy Je reprends ce mot de dialogue puisqu il est dans tous les journaux et sur toutes les l vres et qu il est en effet la chance Certes cette interruption n est pas le fait du ministre de l ducation nationale Mmembre du conseil d administration du centre national des uvres universitaires et scolaires je sais que depuis 1966 lU N E F n y participe plus pour des raisons de repr sentativit des autres mouvements d tudiants Je pourrais parler en pr sence d un des membres de ce centre national des uvres universitaires inscrit au parti socialiste mais je ne le vois pas sur ces bancs Il aurait pu confirmer mon propos M Claude Delorme Je suis l M Bertrand Flornoy J en suis ravi SEANCE DES MM TGS 1603 L U N E F est loin de rassembler la majorit du monde tudiant et ce n es
85. e ministre de l ducation nationale Je vais t chcr de r pondre eet appel pour ce qu il comporte d imm diat et je traiterai tout l heure de tous les aspects du probl me qui sont plus long terme La suspension des cours la facult des letlres de Nanterre et dans ecrtaines parties de la facult des lettres de Paris a t duc la d gradation progressive des conditions du travail universitaire L objectif annonc par les aulorit s universitaires comp tentes et par le minist re de l ducation nationale confirm ce matin par le Gouvernement a toujours t la reprise rapide des cours Mais il est clair que ce qu il s agit de reprendre ce sont des cours ce ne sont pas des manifestations de violence dans les amphith tres Il est clair que l on se trouverait dans une situation insoluble s l agitation qui a amen la suspension des enseignements devait recommencer avee la reprise des eours Par cons quenl une telle mesure ne peut pas tre prise dans un elimat de d sordre ct de violence D autre part cette mesure ne peut reposer que sur la confiance faite au corps enseignant faite aux tudiants aussi en ce qui concerne le maintien de l ordre vis vis d ventuels agitateurs ou provocateurs le maintien du calme indispensable au travail de l universit et au fonctionnement de ses insti tutions Si ces conditions paraissent r unies la reprise des cours la facult des lettres de Paris Sorbonne et l
86. e que ne s accroisse plus le nombre des tudiants qui choisissent des voies sans issue il faut faire en sorte que soient d velopp s au contraire les secteurs de notre universit qui peuvent procurer des d bouch s nps tudiants Je sais qu il est de bon ton dans certains milieux politiques de d nenecr ec qu on appelle la soumission de l universit aux besoins de l conomie ce qui n est mon sens que la n cessaire adaptation de l universit de jadis au mande moderne Permettez moi de dire que c est pure sp culation intellectuelle que de pr tendre qu il est sans importance de savoir ce que fera l tudiant sa sortie de l universit La culture pure sans aucun d bouch est un privil ge de riche La d mocra tisation de l enseignement laquelle nous nous sommes a tach s depuis tant d ann es n cessite que les sacrific s des parents les efforts de l Etat le travail des tudiants soient r compens s par des situations mat rielles disons lc mot am licr es Vous trouverez monsieur le ministre aupr s de volre majorit un appui fervent voire enthousiaste pour poursuivre l effort de r forme entrepris par votre pr d cesseur Mais agissez Ne vous laissez pas arr ter M contentez s il le faut telle ou telle cat gorie Supprimez les privil ges faites disparaitre les structures d pass es Vous aurez alors le soutien non sculement du Parlement mais de l immense maiarit des tu diants oui dema
87. e universitaire traite constamment l tudiant en objet Oui l tudiant ohjet voil trop souvent la marque de l ducation nationale sous votre autorit Vous avez r cemment d clar que vous recherchiez le dia logue que vous ne vouliez pas le violence Puis vous avez refus le dialogue et vous avez obtenu la violence Est ce que cela ne juge pas votre politique Applaudissuments sur les bancs de la f deration de la gauche d mocrate et socialiste Je vous ai cout tr s attentivement lundi soir la t l vision el ici m me cet apr s midi Je dois dire que j aurais pr f r entendre d autres th mes que j attendais d autres appels que j esp rais un autre ton z La mise en cause de l Universit Assur ment Un parle mentaire a le devoir de n luder aucune question Mais cette mise en cause par ie ministre d un r gime en place depuis dix ans Tandis que tout l heure vous faisiez des projets d avenir comme si vous aviez tant d avenir et sur un ton intem porel j avais le sentiment d une sorte de rengaine c est le mot qui ne r pondait aucune des interrogations aucun des espoirs qui remucnt la jeunesse en col re J aurais pr f r entendre autre chose que cette curieuse comparaison lt C est moins grave Paris qu Varsovie ou ce maladroit euph misme On n a pas ferm les facult s on a suspendu provisoirement les cours Au demeurant d sireriez vous d s
88. ent injuri s On peut lire sur les murs des appr ciations que jc ne puis r p ter cette tribunc car il est difficile de les rapporter mais elles semblent en tout cas c est un euph misme d sagr ables pour eux Les cxamens sont sabol s des provocations organis es chaque jour On distribue m me le mode d emploi des cocktails Molo tov et la facon de les fabriquer Mais M Cohn Bendit est toujours tudiant la facult de Nanterre Plusieurs d put s H faul l expuiser M Andr Fanton La violence se d cha ne conire tous Un de nos coll gues peu habitu ce genre de traitement Sourires voulant exposer les sentiments de ses amis s est fait expulser par ces agit s M Laurent Schwartz dont personne n a jamais dit qu il tait un homme de droite a t accueilli par des appr ciations plut t aimables de ce genre Nous t eherons en diseutant de l enfon cer politiquement Si ce moment l nous estimons que c est un salaud nous lui dirons Monsieur Laurent Sehwartz vous tes un salaud A la facult de Paris la m me situation s instaure Je vais vous lire monsicur le ministre une lettre et j en ai beaucoup d autres votre disposition que j ai re ue d un tudiant de ma circonscription lettre qui a d ailleurs motiv en quelque sorte ma question crite du 22 f vrier que vous vous tes obstin laisser sans r ponse ce qui me vaut aujourd hui le privil ge d tre
89. erverai que c tait un piph nom ne incontestable du malaise qui occupe au del de la jeunesse tudiante la jeunesse toute enti re Et puisque nous traitons aujourd hui du plan politique devrai je paraphraser Jaur s et d clarer Quand on veut pouvoir dire que des manifestations ne sont pas justifi es on ne leur donne pas alors toutes les raisons de l tre Applaudissements sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste En v rit monsieur le ministre et vous l avez vous m me admis il y a dans ce malaise une mise en question de votre politique sociale Et comment imaginer que la jeunesse tudiante obtiendra les d bouch s qu elle r clame tant que durera la r cession la stagnation conomique 1616 ASSEMBLEA NATIONALI II y a aussi mise en question de votre politique univer sitaire un baccalaur at tant de fois boulevers depuis dix ans des d bouch s incertains des jeunes gens qui ne sont pas dirig s selon les hesoins de la nation une jeunesse qu on limine plut t que de la promouvoir l incoh rence et l instabilit instabilit de l esprit instabilit de la volant sept ministres de ducation nationale depuis 1958 Encore avons nous gard cinq ans l un d entre eux qui s oceupe sa mani re ce soir des tudiants Apolaudissements sur les bancs de la f d ration de la ganche d mocrate et socialiste et du gruupe communiste Votre politiqu
90. es H tas on change sur ta terre trop souvent de religion e Jadis j eus celle de Vaottaire et de ta R volution Que mon me tait aveugl e je te reconnais pr sent La seule qui soit r v l e est cetle du Gouvernement Applandissements et rires sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste et sur divers bancs Je ne suis pas certain pourtant que les v nements des derniers jours contribuent servir votre avenir au sein de ee Gouvernement Soyez s r que je ne dis pas cela pour le plaisir de ia pol mique Le sujet est grave et nous l abordons aujourd hui aya gravit mais il est des traces qui ne s effaeent pas faci ement Vous vous tes f licit et nous avec vous que ce mois de mai 1968 voie Paris aecueillir les premiers pourparlers d o pourrait sortir la paix au Vietnam Vous n emp cherez pas h las que ce mois de mai qui marque aussi le dixi me anni versaire de l installation de votre r gime demeure galement celui o pour ia premi re fois dans l histoire de l Universit la Sorbonne a t ferm e Applaudissements sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste Comment a ton pu en arriver l Comme l a rappel M Sudreau _chronologiquement tout a commenc Nanterre et je ne crois pas que ce soit par hasard Parmi les r alisations universitaires dont vous vous flattez et dont vous avez lundi soir r sum le bilan vou
91. es les sciences de l urbanisme les transports les relations publiques toutes ces sciences nouvelles se d veloppent toute vitesse et exigenli un cffori nouveau Oui mesdames messieurs ce sera ma conclusion nous devons organiser la mutation permanente de l universil cet de la soci t non pas c t des tablissements universitaires mais dans leur sein m me pour que les divers conseils univer sitaires ceux qui d lib renit sur l organisation des enseigne ments comme ceux qui g rent les lahlissements refl tent la natien au sein m me de l universit Bien s r les difficult s les d saccords m me appara ltront plus fr quents el plus nombreux que dans l isolement trompeur o s est trouv e longtemps l universit Mais connaitre ces diffi cult s d battre dans ia difficult c est d j d passer la crise pr venir la crise c est d j contribuer l carter Le Gouvernement estime que son devoir cst de prendre les initiatives propres assurer cette coop ration fructueuse entre l universit ct la soci t entre l universil et les farces vives du pays Il souhaite cr er au plus vite les conditions qui per mettraient par des exp riences de plus en plus tendues mises sous les yeux de tous de faire surgir une universit nouvelle H souhaite faire retrouver l espoir done le go t et le sens de l effort commun la fois au corps enseignant aux tudiants et la nation dont
92. et des drapeaux vend des revues ou organise des collectes dont l objet est exclusivement politique Cet tat de chose porte pr judice l ensemble des tudiants entache le renom et le rayonnement international de cette facult et s il devail se ASSEMBLEE NATIONALE tre SEANCE DE N MAM 1SK8 poursuivre risquerait de se d velopper dans d autres tablis sements et compromettre par l m me l esprit et le fonctionne ment de l Universit fran aise Il lui demande en eons quence 1 si cette situation est compatible avec les r glements univer sitaires 2 dans la n gative quelles mesures il compte prendre pour y rem dier M Fanton expose M le ministre de l ducation nationale que depuis quelques semaines l agitation politique semble prendre des proportions importantes dans un grand nombre d tablisse ments universitaires Si la distribution de tracts ou l organisation de manifestations l ext rieur de la facult sont parfaitement conformes la liberl d expression ct aux r glements des diverses facult s il est en revanche inadmissible que des cours ou des travaux dirig s soient troubl s par des manifestations de carac t re politique organis s par des groupuseules irresponsables qui emp chent ainsi la majorit des tudiants de travailler comme ils le souhaitent I lui demande en cons quence s il peut lui faire savoir si les textes r glementaires concernant l interdiction dans l enceinte de
93. et savent que les manifestations qui se sont pro duites au cours de ees derniers jours qui se renouvelleront peut tre ce soir ou demain ou plus tard ne sont pas un ph nem ne de g n ration spontan e En effet elles sont l aboutisse ment d un long proeccssus qui a men ces tudiants d abord du malaise l inqui tude puis de l inqui tude la contestation de la contestation la protestation et enfin mais alors seule ment la manifestation qui fut pour eux ce que l on pourrait appeler en voquant une phrase qui tait grav e jadis sur lcs canons de beaucoup d arm es l ultima ratio juventutis NATIONALE jre SEAME DU 8 MAI tS 1617 lls sont venus la manifestation parce qu ils taient d ses p r s et parce qu ils n avaient pas trouv la r ponse aux gues tions que la politique qui fut suivie par votre Gouvernement pendant de longues ann es avait engendr es Je voud ais qu avant de condamner ces tudiants comme certains l ont fait nous essayions tous ensemble de comprendre dans quelle situation ils se sont trouv s Vous avez fait allusion monsieur le ministre et vous avez eu raison ce ph nom ne de croissance j allais dire de gigan tisme auquel il a fallu faire face au eours des derni res ann es Pour cela on a cr de grands ensembles univer sitaires qui n ont plus aucune mesure avec les facult s que nous avons connues jadis lls n ont pas t impla
94. eur le ministre en ce momenl m me et de cette trihune compte tenu du r le que veus jouez la t te du ministere de l ducation nationale vous pouvez si vous le voulez viter que la manifestation qui doit se d rouler tout l heure ne prenne le caract re de celle d hier Exclamations sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique et des r publi cains ind pendants Applaudissements sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste et du groupe communiste M Andr Fanton M Dupuy l a d j dit ASSEMNHLEL NATIONALE I SEANCE DU 8 MAI 1968 M Gaston Defferre Je m adresse M le ministre de l duca tion nationale en termes parfaitement courtois et je vous prie monsieur Fanton de me laisser poursuivre Je vous demande monsieur le ministre deux choses Vous avez annonc que les doyens seraient autoris s rouvrir demain les facult s de Nanterre et de la Sorbonne Je vous demande de bien vouloir d s maintenant annoncer que cette mesure envisag e pour demain prend effet imm dia tement en ce sens que les forces de police qui sont mass es autour de ces facult s se retirent imm diatement Murmures sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique Si elles daivent se retirer demain elles peuvent se relirer d s ce soir L affrontement des ludiants aux forces de police n a pas apport hier de r sultat satisfaisant 11 faut out f
95. eur le ministre que des tudiants qui se trouvaient dans la cour de la Sorbonne laient parfois arm s que certains d molissaient des chaises et des tables pour en utiliser les pieds comme gourdins Mais tout en condamnant cette m thode inadmissible je vous rappelle que dans d autres cas par exemple la facult de droit il y a deux ans des matraques avaient t confisqu es gr ce l autorit du doyen et non par l interventior de la police Applaudissements sur les m mes bancs N est ce pas une erreur aussi que la h te avec laquelle ont l appel s si ger un dimanche des tribunaux charg s de juger certains mauifestants Certes il n est pas tol rable que des exc s soient commis que des pav s soient lanc s ou des voitures renvers es ou br l es Mais il faut noler que les d cisions prises ont davantage eu un effet de provocation que d intimidation dans la mesure m me o le Gouvernement s est imagin pouvoir par une proc dure pr cipil e et je le dis inadmissible exiger un ch timent exemplaire La r action professionnelle du service d ordre comme il est malheureusement presque toujours fatal a eu pour effet de susciter un lan pr visible et naturel de solidarit chez tous les tudiants N aurait il pas t pr f rable d amorcer le dialogue autrement que sous la pression de la rue Si vous ne l entamez pas aujourd hui m me monsieur le ministre je dis bien aujourd hui craignez ce
96. eurs si les d sordres sont n s et se sant d velopp s la lacult des lettres de Nanterre dans les d partements de psychologie et de sociologie dont les d bouch s sont pour le moins inceriains En v rit ce que demandent plus ou moins confus ment les tudiants c est qu on largisse la fonction sociale dans l univer sit Celte fonelion sociale implique d une parl que l on adapte les enscignements leurs finalit s teurs m thodes qu on y intro duse le snuci professionnel Elle implique d autre part qu on tablisse un minimum de coh rence et un minimum de r parli tion entre les divers types d enseignement sup rieur et les d bouch s pr visibles we 1610 MM Guichard Fanton et Sudreau ont justement insist sur cet aspect des choses II n est malheureusement pas possible de laisser s engager l aveuglette 600 000 tudiants dans n importe quel lype d tudes ct d assurer simultan ment chacun une certitude quant aux d bouch s de son choix Ce n est pas possible Le probl me qui se pose ainsi nous la nation tout entiere d passe done tr s largeinent le cadre d s simples mesures arbi traires de s lection qu a voqu es M Estier Il s agit d introduire dans l universit un syst me de planificalion souple qui mette l universit en harmonie avec la soci t Cetle motion mesdames messieurs soulevait encore nagu re quand nous la proclamions des protestations
97. festent dans les neuf d partements de Ja Bretagne et des pays de la Loire C est la preuve que c est toute une politique celle du pouvoir gaulliste qui est ainsi remise en cause dans notre pays Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et de la f d ration de la gauche democrate et socialiste Les tudiants ont done des int r ts communs avee l ensemble des travailleurs manuels et intelleetuels de France Les mono poles eapitalisics en ont pleinement conscience C est pourquai tous les moyens leur sont bons pour tenter de les dresser les uns contre les autres Il y va done des ini r ts des tudiants comme de ceux des ouvriers ct de la nation tout enti re qu ensemble ils luttent pour une c mocratie nouvelle qui assurera des transformalions profondes notamment celle de l Universit et de l enseignement Applaudissements sur les bancs du gronpe communiste et de la f d ration de la gauche d mocrate et sacialiste M le pr sident ja parole est M Flornoy auleur de ja sixi me question Applaudisesments sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique et des r publicains ind pendants M Bertrand Flornoy Monsieur le pr sident messicurs les ministres mes chers coll gues en quittant l Assembl e hier soir je suis pass boulevard Raspail et rue de Rennes et j ai vu le visage de ceux tudiants ou pr tendus tels qui se pr paraient de toute vidence l attaque du se
98. groupe voudront bien faire connaitre la pr sidence avant demain jeudi 9 mai 18 heures les noms des candidats qu ils proposent pour ces deux commissions En application de l article 4 de l instruction g n rale du bureau MM les d put s n appartenant aucun groupe doivent faire parvenir leur candidature dans ce m me d lai ne QUESTIONS ORALES AVEC DEBAT MANIFESTATIONS D TUDIANTS M le pr sident L ordre du jour appelle sept questions orales avec d bat sui les manifestations d tudiants de MM Claude Guichard Fanion Fr dric Dupont Estier Baillot Flornoy et Pisani qui ont t jointes par d cision de la conf rence des pr sidents En application de l article 135 du r glernent j ai altribu chacun des auteurs de questions un temps de parole de vingt minules Naturellement il s agit l d un maximunmi et je demande chacun de le respecter afin de maintenir si possible le d bat dans les limites de l apr s midi ce qui ne pourra que lui donner davantage de force puisqu il sera plus concis Je donne lecture de ces questions M Claude Guichard expose M le ministre de l ducation nationale que le fonctionnement de la facult des lettres de Paris est constamment perturh par des gr ves et des manifes tations caract re politique Ainsi presque quotidiennement une minorit organis e de jeunes gens s installe l int rieur ce la Sorbonne distribue des tracts expose des photos
99. hui qui ne fait une conf rence de presse qu il s agissait d un canular Ce canular nous rappelle malheureusement une poque o les cocktails Molotov taient utilis s par l O A S Si donc ASSEMBLER NATIONALE M Cohn Bendit voulait exp rimenter ses m thodes hitl riennes nous ne serions pas oppos s ce qu il le fasse dans son pays d origine o des organisations utiliseraicnt certainement ses talents Applaudissements sur les bancs de l union des demo crotes pour la V R publique Nombreuses interruptions sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste et du groupe communiste M Michel Dreyfus chmidt Il appartient l office franco allemand de la jeunessr M Bertrand Flornoy En tout cas M Cohn Bendit ne fait pas honneur cet office franco allemand Interruptions sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste M le pr sident M Flornoy a seul la parole M Bernard Flornoy Admettons il faut le reconna tre que ce stade est d pass Il est vrai que dans la rue d abord dans les colonnes des journaux ensuite et dans les journaux les plus s rieux nous trouvons des motions des protestations des appels une libert que rien en fait ne menace aujourd hui sinon l annonce de manifestations de rues et de gr ves On voudrait substituer des revendications l gitimes d tu diants un climat insurrectionne
100. iers Au fond d elle m me cette masse subit sans les approuver les d sordres que nous connaissons Il y a des associations d tudiants o l on passe son temps en petit comit scruter la pens e de Mae disserter sur l action de Castro ou de Guevara Il y en a d autres o l on r fl chit sur l avenir o l on s efforee de proposer des solutions constructives aux probl mes graves auxquels le pays et les tu diants sont confront s Avec ces tudiants l monsieur le ministre comme avec eeux qui ne se reconnaissent dans aueune des organisations politis es de leur facult on ne dialoguera jamais assez Voil quelques jours avant les d sordres je reccvais la visite du secr taire g n ral d une grande association d tudiants et j appr ciais le s rieux et la valeur de ses r flexions ainsi que des tudes qu il me remettait sous la forme d un document polycopi que je vous ai transmis Avec des organisations de ce genre nous ne perdrons jamais notre temps vous ne perdrez jamais le v tre Ouvrez donc largement les portes de votre minist re ces jeunes leurs organisations et aidez les autres s organiser en dehors des vieilles rubriques Encouragez vos services et vos ma tres multiplier les contacts Je crois que sur ce point nous sommes ious d accord C est une n cessit absolue Et pour ees tudiants c est dire en fait pour les vrais tudiants monsieur le ministre vous n
101. ignement sup rieur alors qu ils n y entraient jusqu alors qu doses hom o pathiques Cela aucun r gime avant la V R publique ne l avait fait et il faut continuer car nous n avons pas le droit de perdre la moindre parcelle de mati re grise Ja seule richesse d un peuple aujourd hui Mais que l cume monsieur le ministre ne vous eache pas l existence de la mer et sa r alit Il reste r aliser une insertion plus totale de notre enseignement dans la vie de la nation et tout sp cialement de notre enseignement des lettres Je suis persuad que le Gouvernement pourra et voudra par la giver sifieation et la modernisation de cet enseignement par la pros pection syst matique des d bouch s possibles ouvrir des hori zons la jeuncsse s rieuse qui au prix d immenses efforts efforts des tudiants eux m mes efforts des familles et de la nation poursuit ses tudes Je vous fais toute confiance monsieur le ministre apr s l expos que vous venez de faire pour joindre l audace la lucidit et le courage l esprit cr ateur Applaudissements sur les banes de l union des d mocrates pour la V R publique et du groupe des r publicains ind pendants M le pr sident La parole est M Mitterrand Applaudisse ments sur les banes de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste et du groupe communiste M Fran ois Mitterrand Croyez moi monsieur le ministre dans un d bat d une telle gravi
102. ir C est sans doute parce qu ont t sous eslim es les raisons pro fond es de l agilation que lt quelques trublions selon votre propre expression ont pu l attiser m thodiquement et qu on en est arriv des combals de rue L administration est responsable d avoir pr n le dialogue mais ne l ayant pas obtenu de l avoir trop attendu plut t que de le provoquer De plus c est trop timidement qu ont t entreprises dans l Universit des r formes de structure pourtant urgentes La d mncratisation de l enseignement sup rieur est r elle mais elle pose un probl me de masse en 1949 il y avait 130 000 ludiants en 1968 il y n a plus de 500 000 Le probl me ne peut plus trouver de solution dans les structures rigides de l universit actuelle L ducation ce n est plus l amoncellement et l abondance du savoir C est une formation intellectuelle et professionnelle ce qui oblige revoir le contenu ct le cadre des tudes tous les niveaux depuis l enseignement l mentaire sur lequel il y aurait beaucoup dire jusqu l enseignement sup ricur et la formation permanente Il faut revoir le sysl me des examens les m thodes p dagogiques et le programme d enseignement le statut du personnel enseignant m nager l ouverture des car ri res parfaire l effort d quipement certes m ritoire mais encore insuffisant Il faut am liorer les eonditions de vie des tudiants soit dans les campus soit hors
103. ire du petit nombre de ceux que vous stiginatisez ou que vous stigmatiserez tout l heure Au risque de para tre tr s en dehors du sujet je voudrais poursuivre mon onalyse et dire que dans ce d bat l homme politique a une responsabilit qu il n a jamais eue Jadis l Universit tait en quelque sorte notre mauvaise conscience Je veux dire que g n ration apr s g n ration elle posait notre d mocratie les questions que dictait le progr s Il se trouve que par un blocage assez difficilement explicable depuis quelques ann es ici comme ailleurs l Universit n est plus la mauvaise eonscience des soci t s je parle du corps professoral mais qu elle est frapp e des m mes sel roses des m mes difficuli s des m mes h sitations que l ensemble du eors social L homme politique se trouve alors plac devant son int grale responsabilit Le temps n est plus o l individu se tournait vers la collectivit seulement pour obtenir d elle quelques garanties Aujourd hui l individu se tourne vers la collectivit pour qu elle d finisse pour lui les signes symboliques la signification globale de Ja civilisation Et puisque l Universit ne cr e pas les images que nous attendons d elle il faul bien que nous acceptiuns d tre les respunsables de eette d finition En fait le r le de l homme politique a beaucoup volu au cours des ann es r centes et aucun de nous n est capable d accomplir la total
104. it de sa mission s il ne sait pas la fois d fendre l homme eontre les empi tements d une soci t lechna logique faire accepter par l homme certaines servitudes du progr s mais aussi communiquer l homme une certaine vision de la soci t et de son volution C est d sormais notre r le et je voudrais m adressant vous tous mesdames et messieurs les d put s demander chacun d entre vous s il a conscience je me pose moi m me la question et j y r ponds n gativement de remplir ee role totalement Mais je voudrais abandonnant ees consid rations g n rales entrer dans le probl me plus imm diat dont nous d battons aujourd hui la fois dans son aspeel court terme et dans son aspect long terme Monsieur le ministre dans quelques instants une manifestation va avoir lieu qui peut d g n rer Je erains qu effectivement elte ne d g n re et cette image m obs de depuis tout l heure Me tournant vers vous je vor demande si apr s tout vous n tes pas sensible et comment pourriez vous ne pas l tre l angoisse de cette jeunesse qui par del les acharn s exprime un vrai probl me et si vous ne pouvez pas r pondre de lelle sorte qu elle ait une bonne raison de revenir au cours normal des choses Ne vous ent tez pas de telle mani re que tout enti re pro gressivement notre jeunesse se sente solidaire de ceux qui ont d clench une manifestation sans
105. l Universit de toute manifestation caract re poli tique sont toujours en vigueur et dans l affirmative quelles mesures il compte prendre pour faire respecter un r glement qui est d ailleurs conforme la traditionnelle liberl de pens e et d expression de l Universit M Fr d ris Dupont demande M le ministre de l ducation nationale quelles mesures il compte prendre pour que les tu diarts de Nanterre puissent normalement suivre leurs cours et passer leurs examens sans tre menac s et parfois bless s par une minorit d agitateurs M Claude Estier demande M le ministre de l ducation nationale s il estime v ritablement qne les menaces conicnues dans le communiqu qu il a fait publier le 5 mai son de nature comme il l affirme ramener la facult des lettres de Paris et celle de Nanterre le climat propice au bon d roule ment des examens Il souligne la contradiction qui existe enire l annonce que les r formes n cessaires seront poursuivies et la d cision de fermer la Sorbonne apr s y avoir fait p n trer sans r elle justification des forces de police qui se sont livr es une r pression particuli rement brutale Il lui demande si de tels agissements ne marquent pas de la part du Gouvernement une volont de jeter le discr dit sur le monde tudiant afin d luder sa responsabilil dans la situation actuelle de l Univer sit et de faciliter la mise en uvre auloritaire d une r f
106. l qu on ne s y prendrait pas autre ment oubliant que le devoir absolu des pouvoirs publies est de prendre les mesures n cessaires pour assurer tous la libert de se pr senter aux examens et aux concours qui sanctionnent une ann e ou plusieurs ann es de travail On dirait vraiment qu une partie de l Universit est aujourd hui obnubil e par des probl mes qui l emp chent de prendre conscience de l ampleur de sa vocation Et pourtant ceux qui recherchent ou ceux qui approuvent une preuve de force doivent savoir que ce n est pas un minist re ou un gouvernement qui en p tirait mais bien les int r ts essentiels des tudiants et des jeunes Fran ais dont ils ont la charge Ce ne serait donc pas sans surprise que nous noterions la caution apport e aux manifestants par certains enseignants si nous ne savions que ceux l m me n ont jamais r ussi pr voir ou faire aboutir une r forme universitaire qui leur convienne Mais ce qu il importe de retenir cette heure ce n est pas seulement mon sens le probl me d une r forme de l enseigne ment sup rieur qui imposera certainement d autres d bats c est de conna ite l action que vous allez engager monsieur le ministre pour sauver les tudiants et les jeunes de la mauvaise aventure o l on veut les entrainer Vous n oublierez certainement pas que l immense majorit des tudiants sera sensible la justice Interruptions sur les bancs de la f d ration d
107. l union des d mocrates pour la V R publique et des r publicains ind pendants M Jacques Philippe Vendroux C est du chantage M Fernand Dupuy Ces professeurs M Kastler et M Monod sont pr ts servir d interm diaire entre les ludiants et le Gouvernement et ils assurent qu ils maintiendront l ordre dans le quartier Latin IH tait de mon devoir de vous donner cette informatinn Si vous ne r pondez pas cet appel vous risquez monsieur le ministre de prendre la responsabilit de d sordres exlr menent graves Applaudissements sur les banes du groupe communiste et de la f d ration de la ganche d mocrote ct socialiste Exclamations sur les bancs de l union des d nocrales pour la V R publique ASSEMBLEE NATIONALE M Pierre Charles Krieg C est de la provocation C est scan daleux M le ministre de l ducation nationale Monsieur Dupuy je n ai pas attendu que vous receviez des d l gations pour en recevoir moi aussi Un d put de la f d ration de la gauche d mocrate t socia liste Pas les m mes M le ministre de l ducation nationale El puisque la vio lence a eonnu une escalade rien n est plus urgent que de favo riser une d sesealade et de d passionner le d bat M Pisant m a lanc un appel cet gard D innombrables universitaires m ont lanc un appel dans la JOUER exactement dans le m nie sens M Jacques Duhamel Et quatre prix Nobel M l
108. la cr ation d une instance nationale consultative au sein de laquelle tous les probl mes relatifs la condition tudiante pourraient tre d battus Eh bien monsieur le minisire aujourd hui vous payez valre lenteur vous payez le fait que vous n avez pas cru devoir suivre les conseils les avertissements les appels les S O S que vous ont pourtant lanc s des hommes camme M Camille Ernst ancien secr taire g n ral du minist re de l ini ricur administrateur des uvres d tudiants ou comme M Gaston Ant by ancien pr sident des uvres de Paris des hommes qui ne peuvent tre suspects sur le plan polilique Vous ne leur avez pas r pondu pas plus eux qu moi m me Aujourd hui vous entendez la r ponse des tudiants Je vous ferai gr ce de la r ponse de l union nationale des tudiants de France vous la connaissez dont vous avez diminu longueur d ann e la repr sentation dans toules les organisations universilaires 1612 ASSEMBLER NATIONALE Mais je vais vous livrer la r ponse publi e ce matin m me de l organisation que vous avez cr e Car vous avez r ussi c2 miracle monsieur le ministre de souder l unit des tudiants Voici ce que d elare le communiqu de l amp f d ration nationale des tudiants de France e La f d ration nationale des tudiants de France regrette profond ment que M le ministre de l ducation nationale dans sa d claration t l
109. les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste et du groupe communiste sinon cet tat d me d anarchiste qui couvre souvent la politique d extr me gauche Durant le mois d avril la situation est devenue plus grave Ce fut l explasion la menace de boycott des examens l appa rition de commandos d extr me droite par r action aux comman dos d extr me gauche Le choc tait fatal Ce fut la descente dans la rue l intervention de la police l escalade du mouve ment et sa g n ralisation J faut bien reconnaitre que pour les extr mistes l op ralion fut conduite et r ussie comme ils l avaient souhait Mais si Ja grande masse des tudiants s est m l e ces manifestations par esprit de corps et si elle participe effray e ce mou vement Protestations sur plusieurs bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste M Andr Labarr re Elle n est pas effray e du tout M Claude Guichard c est parce qu elle vit dans l incer titude de son avenir et des perspectives qui lui sont ouvertes C est en examinant cet aspect du probl me que je voudrais largir le d bat A re 1593 SEANCE DE 5 MM 198 Aujourd hui la situation esl d autant plus grave qu elle est plus confuse Dans une autre question orale d pns e trop tard pour tre inscrite l ordre du jour de la pr sente s ance et soutenu en cela par mon ami M Griotteray auteur d une
110. lescence de l ge adulte et marquaient le passage de l une l autre par quelques barbares c r monies d initiation Nous il est vrai nous avons invent le baccalaur at La solution n est pas seulement dans l universit Il faut admettre que d sormais nous apprendrons tout au long de nolre vie et que la v ritable ducation est permanente 11 est aujourd hui impossible de pr voir ce que sera la situa tion de l emploi dans vingt ans ni de quelles connaissances on aura alors besoin Voil pourquoi notre universit qui a t con ue au temps de Robert de Sorbon et de Ronsard conlinue d tre respectable mais a cess d tre efficace L avenir appartient un syst me neuf et infiniment plus vaste une structure de formation permanente l chelle du pays dont j avais d j cesaquiss les grandes lignes en 1962 D s lors la p riode scolaire de l existence ne servira plus qu former l me et l esprit et les rendre adaptables toute nouveaut On se d livrera ainsi du cauchemar du bachetage el du danger d une orientalion trop pr coce Applaudissements sur les m mes bancs Semblable effort n appartient pas la scule ducation nationale il est vrai car c est le pays tout entier qui doit s y associer Au terme de ces propos nous avons le devoir de nous poser une question fondamentale qui domine toutes les autres qu avons nous offrir sux jeunes g n rations Quelles pers
111. leur r le Enfin nous sommes oblig s de constater aujourd hui que toute la jeunesse tudiante de notre pays dans sa partie la plus saine comme dans les autres mais surtout peut tre ans sa partie la plus saine est dress e contre le syst me actuel M Herv Laudrin II ne faut pas exag rer M Pierre Cot Je n exag re pas monsicur l abb J essaie de rester aussi mesur que possible Si vous aviez l occasion de voir des tudiants et des tudiants qui r fl chissent M Herve Laudrin Imaginez que eela m arrive M Pierre Cot Je n en doute pas Alors vous seriez chanceux si vous en trouviez qui approuvent le syst me actuel qui les condamne la fin de leurs tudes ne pas obtenir d emploi dans la proportion d au moins un sur deux M Herv Laudrin Comment cela M Pierre Cot Oui M Herv Laudrin Dans quelles disciplines M Pierre Cot Eh bien par exemple les disciplines que M le ministre a voqu es tout l heure la sociologie M Andr Fanton Exact M Pierre Cot la psychologie M Andr Fanton Exact 4 M Herv Laudrin Pourquoi se destinent ils ces carri res M Pierre Cot Vous voyez que je re ois ici une approbation qui est simplement un hommage rendu la v rit M Herv Laudrin Peut tre mais cela ne repr sente pas la moiti des tudiants M le pr sident Monsieur Laudrin laissez conclure M Pierre Cot M Herv
112. lle a bien contr l s au d part en arriver au heurt avec la police Elle y est arriv e en effet tant qu il s est agi de cette longue promena ie dans les rues de Paris Mais quand M Sauvageot ainsi qu un professeur du S N E S U P ont demand par tous les moyens leurs adh rents de se disperser certains ont ob i heureusement mais 3 000 ou 4 000 au moins ce qui n est pas n gligeable n ont pas suivi ce mot d or re Alors d lib r ment la bagarre a repris voulue par des l ments irresponsables publiquement d savou s par IU N E F qui a fait savoir dans le feu de l action qu elle se d solidarisait de ceux qui se battaient Comme toujours dans de tels cas ceux qui avaient pris l initiative puis la direction des manifes tations voulaient y mettre un terme Mais l occasion tait trop belle pour ces 3 000 ou 4 000 irrespausables d sireux de pour suivre l action alors que l immense masse des tudiants ne le souhaitait pas Alors un nouvel affrontement un a ffrontement lamentable profond ment regrettable s est produit II n y a pas un parie mentaire quel que soit le parti politique aucuel il appartient et quelle que soit sa position l gard du Gouvernement qui d sire vraiment que le pouvoir passe la rue car nous assiste rions alors au d sordre et l anarchic qui sont le contraire du pouvoir Je suis tent de dire et pourquoi pas que sous la V
113. lut t que d enseigner le savoir ou le savoir faire ils leur ont enseign une attilude permanente de r volte ou de d mission Protestations sur les bancs de la f d ration de la gauche d mo crate et socialiste alors que leur r le tait de les impr gner de la v ritable vocalion de l universit qui est de faire d couvrir chacun les richesses de sa propre intelligence Applaudisse ments sur les bancs des r publicains ind pendants et de l union des d mocrates pour la V R publique Mais monsieur le ministre une grave responsahilit incombe l administration et j oserai dire aussi au Gouvernement Excla mations sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste et du groupe communiste Je remarque tout d abord que les mesures qui ont t prises pour r tablir l ordre ont t trop tardives C est pourquoi elles sont maintenant trop s v res 1594 ASSEMBLEE NATIONALE C est d s le d but qu il fallait agir et qu il fallait tenir Tr s bien tr s bien sur plusieurs banes des r publicains ind pen dants et de l union des d mocrates pour la V Republique C est lorsque l agitalion n lait ie fait que de quelques tu diants et souvent m me trangers Applanudissements sur les bancs des r publicains ind pendants et de l union des d mo crates pour la V R publique qui n avaient aupr s de la masse des tudiants qu une audience tr s limit e qu il fallait ag
114. me la cit dont ils prendront un jour la responsabilit Nous avons beaucoup faire mais peut tre accepterez vous que ma question orale sur l ducation permanente soit bient t inserite l ordre du jour pour que notre soci t plut t que de d l guer une fraction d elle m me l Universit la fonction d enseigner finisse enfin par consid rer qu elle doit tre tout enti re enseignante Monsieur le ministre je voudrais conclure pour vous entendre Mon propos tait insolite 11 avait pour ohjet non point d accu ser ceux qui sur l avant sc ne sont les acteurs du drame mais de voir si le drame n est pas parmi nous Quant moi je ne peux m emp cher de me consid rer comme responsable de cette angoisse de cette nervosit que j ai trou v e chez mon fils et chez ses camarades parce que je le r p te il m est tr s souvent arriv de ne pas savoir r pondre leurs questions Applaudissements sur plusieurs bancs de l union des d mocrates pour la V R publique des r publicains ind pendants et du groupe Progr s et d mocratie moderne M le pr sident La parole est M le ministre de l ducation nationale Applaudissements sur les bancs de l union des d nto crates pour la V R publique Plusieurs d put s de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste D mission D mission M Alain Peyrefitte ministre de l ducation nationale Mon sieur le pr sident mesdames
115. me r pondre mais vous me pronmelliez d tudier dans les semaines venir la condition dee tudiants et tous les probl mes int ressant la cogestion des uvres universitaires J attends toujours Applandissements sur les bancs de la f d ration de la ganche d mocrate cet socialiste et du groupe conimLrunis e Je n avais pas manqu d voquer tout un pass de cagestion mais aussi tout un pass de contacts humains avee presque tous vos pr d cesseurs Or vous avez laiss se d grader la situation Vous nous avez indiqu l poque qu un membre de votre cabinet tait sp cialement charg d une mission de contact avec de nombreuses associations d tudiants dont vous nous proposiez la liste Ce dialogue permanent m a permis disiez vous de recueillir quotidiennement de multiples informations et m a apport pendant les mois qui viennent de s couler des sujets de r flexion el de pr cieux l inenis de d cision Je vous pase ce soir la question quelle d cision avez vous prise pr cis ment quant vas rapports avec les tudiants Le 23 octobre 1967 Talence vous voquiez la cr alion en quelque sorie u un dialogue institutionnalis et vous pr cisiez La participation des tudiants et des professeurs est essentielle la d finition d une politique des campus puisqu ils y vivent et y travaillent Mais aussi dans cet esprit j envisage pour r gler tous les probl mes int ressant les tudiants
116. ment il ne repr sente pas loin de l Ja majorit de l Universit Nous avons Dicu merci nombre de bons d exccllents professeurs soucieux de leur mission soucicux de dialogue et qui en tout eas ont droit assurer leurs cours dans le calme et avee profit pour leurs auditeurs ce que tes autorit s universitaires ont t longues comprendre Dans les facull s des lettres plus qu ailleurs les tudiants connaissent une v ritable angoisse face l avenir 1 est essentiel monsieur le ministre que des mesures rapides et nergiques fassent connaitre clairement les possibilit s qu ont les jeunes de trouver des situations demain dans la cit Les perspectives que vous avez ouvertes dans votre expos nous laissent cet gard quelques esp rances Mais il faut galement mettre un terme l entr e l univer sit de jeunes dont les r sultats ant rieurs prouvent l vidence que jamais ils ne seront capables de terminer leurs tudes C est pourquoi une s lection l entr e de l enseignement sup rieur s impose et je prends acte de vos d clarations sur ce point Nous demandons enfin la multiplication des instituts univer sitaires de technologie dans la r gion parisienne H y a deux ans monsieur le ministre j avais insist en ce sens aupr s de votre pr d cesseur qui m avait promis des er ations dont vous trou verez l num ration au Journal officiel Il est indispensable que de nouveaux progr s
117. ment tromp en pensant que quelques coups de matraque allaient s parer ceux que vous appeliez les trublions des autres tudiants Au contraire la d cision de fermer la Sorbonne la violence de la r pression les ont rassembl s En effet entre les deux clans extr mistes il est une majorit d tudiants qui saisis par les difficult s de leur existence sont dans l angoisse de leur avenir Depuis de longues ann es un pesant malaise r gne sur l Uni versit de France Nous avons eu plusieurs reprises l occasion de le d noncer soit votre pr d cesseur soit vous m me Lors du d bat sur la r forme de l enseignement le 13 novem bre 1964 je disais lt Malaise de l Universit d sarroi des maitres des rec teurs des doyens inqui tude des parents et de notre jeu nesse face son avenir nul ne saurait aujourd hui le contester dans une opinion publique particuli rement sensibilis e sur toutes les questions de l ducation nationale z Comment d ailleurs en serait il autrement Depuis six ans d lai qui n est pas n gligeable il n a pas l possible de d finir un objectif d en tablir solidement les bases d en fixer exacte ment les ch ances Sans doute a t il manqu une volont Depuis 1958 l Universit a connu cinq ministres et trois int ri maires gt Ceci tait particuli rement grave et je concluais en disant Sommes nous capables par une remise en ordre de notre
118. mi les tudiants en lettres un malaise profond que le Gouverne ment a mis trop de temps d celer et plus forte raison pr venir Ce malaise pour aussi difficile qu il soit analyser se justifie par une grave incertitude quant aux d bouch s et l emploi Je vous le demande monsieur le ministre avez vous une seule fois simplement essay de dresser la liste des emplois PP e aaea aa a a OOOO te SEANCE DG 8 MM tin offerts aux dipl m s des facult s de lettres Une voix autoris e puisque c est celle de M 1e Premier ministre parlant Clermont Ferrand une poque o il ne d daignait pas de se rendre dans celte circonscription nous a appris que la missian prin cipale des facult s de lettres tait de former des enseignants Cette affirmation est bien contestable car pour nous l enseigne ment sup rieur a une mission plus g n rale de formation des cadres de la nation N anmoins tenir un instant cette affirmation pour acquise cela signifierait que la question a t ludi e et que par cons quent le ministre de l ducation nationale serait bient t en mesure et pendant de nombreuses ann es de procurer des postes d enseignants tous les tilulaires des dipl mes corres pendants Or malheureusement vous le savez bien monsicur le ministre premi rement vous n aurez pas ces posles deuxi mement cela ne correspond pas la vocation et au d sir d une grande partie des tudiant
119. ndent avant tout l universit de les preparer affronter le monde dr demain dans les meilleures eoni tions Vous aurez aussi ie soutien de J apinior publique le soutien de tous ceux qui savent que lavenir de notre pays se pr pare dans notre universite Ceux qui ne veulent rien changer s opposeront tout Quelle que soit la place qu ils oc upent dans un h micycle se sont des conservateurs La V R publique c est la r forme e est le progr s Aprlaudirsements sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique et sur plusieurs bancs des r publicains ind pendants Rires sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste et du groupe communiste M rthur Notebart I ne faut pas tre press M Andr Fenton Nous vous aiderons si vous n h sitez pas r aliser ces r formes mais nous n h siterons pas vous rap peler cette t che capitale faire de l universit fran ai c l instrument de rayonnement d lt notre eulture de la pros p rit de notre pays et des jeunes Fran ais Vifs applaudisse ments sur les bancs de l union des d mocrates yonr la V R pu blique et du groupe des r publicains ind pendants M le pr sident La parole est M Sudreau suppl ant M Fr d rie Dupont auteur de la troisi me question Applaxlisse ments sur les bancs lu groupe Progr s et d mocratie moderne M Pierre Sudreeu Alors monsiour le ministre faut il des
120. ne peut se le permettre de meltre en cause certaines fatalit s dans la violence que tous ceux qui ont eu des respon sabilit s connaissent bien Applandissements sur les memes bancs Je ne veux pas nun plus poser le probl me en termes d oppo sition et de majorit parce que en d finitive je sens que nous sommes terriblement solidaires les uns des autres Ce qui est en cause en effet c est peut tre le visage que notre soci t opposition et majorit comprises donne la jeunesse de ce pays tApplaudissements sur les bancs du groupe Progr s et d mocratie moderne Ce qui me parait le plus grave cest que nul encore ne se soit pos la question de savoir si les accus s de ce jour ne sont pas tout la fois les professeurs les parents et les politiques parce que les professeurs les parents et les hommes politiques ont t incapables de transmettre la jeunesse une vision susceptible de la satisfaire Applaudissements sur les bancs du groupe Progr s et d mocratie moderne et our emel ques banes des r publicains ind pendonts Je condamne la violence de toutes mes tuices cer jen connais l enchainement mais je voudrais derri re cette vio lence essayer de comprendre quels sont les mobiles quels sont les probl mes quelles sont les angoisses Je voudrais que chacun s interroge sur la similitude qui existe entre les attitudes des tudiants travers le monde Ni le syst me socia liste ni les Etats e
121. nement pas le er ateur mais dont vous tes aujourd hui le repr sentant n est pas beaucoup plus coupable que les tudiants et si laete d accusation que certains de vos amis ont dress cette tribune ne devrait pas plut t tre tabli contre eux m mes Applaudis sements du groupe communiste et de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste Hier au soir j ai dit parait il on me l a rappel tout l heure qu il y avait quelque ehose de pourri dans le royaume de M Peyrefitte Monsieur le ministre j esp re que vous n avez pas pris cette phrase pour vous car je n ai pas dit que le prince du Jutland tait lui m me un homme pourri Je constate que beaucoup de choses dans l Universit sont us es et vieillies vous avez dit vous m mes qu on y trouvait des vestiges du Moyen ge Par cons quent entre ma mauvaise citation d Hamlet et le dossier que vous avez produit la tribune il n y a pas vous le voyez tant de diff rence Ce que nous constatons je ne veux m me pas dire ce que nous vous reprachons c est qu on n a rien fait ou qu on n a pas fait suffisamment pour pallier les inconv nients de cette vie en commun de cet isolement n faste et presque tragi que dont nous voyans aujourd hui les r sultats Ce que nous constatons c est que tout cela est l origine de ces manifestations dans lesquelles bien entendu queiques l ments malsains quelques meneurs ont pu jouer
122. nsables On peut trouver dans les tracts qu ils distribuaient M Fanton a eu raison d y faire allusion beaucoup moins la mani re de se pr parer la vie active que la fa on de pr parer des cocktails Molotov Est il vrai que de v ritables camps de formation qualre exactement aient t constitu s deux en Brelagne par le groupe lt Occident et deux dans la r gion d Avignon par lc groupe dit des enrag s sans que le Gouvernement ait pris les mesures voulues Car c est l que les forces de l ordre auraient pu utilement se manifester D autant plus qu ecs groupes d tudiants sont venus tr s d lib r ment s adjoindre des agita teurs prufessionnels Le mouvement dans les conditions que nous connaissons a alors d bord ic cadre de Nanterre Des erreurs se sont succ d qui ont donn une ampleur que vous ne pr voyicz pas aux manifestations qui se sont d roul es hicr et avant hier Paris On a oubli alors la doctrine universitaire pourtant r cemment voqu e par le doyen Vedel en des termes non quivoques selon laquelle l Universit est une maison qui s administre elle m me une maison o chaeun est chez soi ct o la police ne p n tre pas Applaudissements sur les bancs du groupe Progr s et d macratie moderne et de la f d ritis de la gauche d mocrate et socialiste c OR En ne S TR Re O 1598 ASSEMBLEE NATIONALE Sans doute avez vous relev monsi
123. nt s dans les grandes villes mais l cart en banlieue Ainsi de nombreux hommes se sont trouv s rassembl s dans ees grands eentres et cependant isol s Vous connaissez Nanterre vous savez quelle est la nature de cet isolement et combien il est presque p nible dans un cadre d usines d H L M de voies de chemin de fer qui s entre croisent de terrains vagues et abandonn s se dressent des b timents peine termin s C est l que vivent du matin jus qu au soir 14 000 tudiants C est un ph nom ne nouveau socio logique qu il convient d tudier Les grandes lignes de cette tude oni d ailleurs t dessin es dans les articles du professeur Touraine que vous avez certainement lus et qui ont t publi s dans Le Monde l y a environ trois mois Ils auraient d vous servir d avertissement pour que vous preniez alors les mesures que vous commencez arr ter aujourd hui et que vous serez encore peut tre plus appel envisager demain Dans ce grand ensemble que font ces jeunes gens Leurs conditions de travail c est entendu ne sont pas telles qu ils ne puissent tudier Pour r pondre certains propos qui ont t tenus non pas directement cet apr s midi mais au cours des journ es pr c dentes je dois indiquer l affirmant apr s avoir inlcrrog certains professeurs de Nanterre que quelle que soit la gravit des manifestations ou des petits incidents qui ont pu se produire et qui on
124. nts sur ies bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste et du groupe communiste Mais ouvrir un d bat sur ce point nous am nerait traiter du probl me fondamental de l inadaptation aux structures aetuelles de notre soci t d une jeunesse qui n est pas seulement la jeu nesse tudiante mais qui est aussi et de plus en plus Paris eomme en province et on le voit en ce moment m me en Bretagne la jeunesse ouvri re et paysanne qui l on refuse l emploi auquel elle aspire Applaudissements sur les bancs de la fed ration de la gauche d mocrate et socialiste Nous sommes votre disposition pour ee d bat mais ee n est pas tout fait celui d aujourd hui Si la minorit dont vous parlez a trouv de vendredi apr s midi hier soir une foule sans cesse croissante pour la suivre 60 000 tudiants ont d fil hier Paris et dans quelques autres ville et la gr ve ne cesse de s tendre c est bien que le malaise existe qu il est ressenti m me confusement par des dizaines de milliers d tudiants qui ne sont pas des agitateurs mais qui se sentent direetement concern s ll est vrai que vous m me et votre coll gne M Fouchet qui tout en avant chang de minist re continue s occuper curieuse ment de l ducation nationale Applaudissements sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste et du groupe communiste avez beaucuup fait pour aider leur pris
125. ompr hensif peur ces derniers mais qu il n accordera aucune gr ce ni aucune tol rance ceux qui abusent de l hospitalit de 4 France ct de la largeur d esprit des autorit s Applondiisements sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique Etaicnt ils fran ais les agit s qui cette nuit deux heures du malin ont mis rue Vavin le feu un drapeau tricelore Quelles sanetions seront prises leur gard Et quels services distri buent de l argent pour imprimer des journaux luxueux Plusieurs d put s de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste La Nation La Nation M Pierre Bas en offset tels Action gt que la majorit des lus de cette Assembl e ne pourraient pas se permettre d diter et qui ne sont d ailleurs ni achet s ni m me lus par les tu cons Une enqu te at elle t ouverte sur la provenance des onds Je crois qu il est n cessaire de distinguer entre la masse eonsi d rable des tudiants s rieux et une petite une mince frange d agilateurs auxquels il ne faut c der aucun prix car le d sordre ne peut ne doit pas payer Mais en contrepartie je ne dirai jamais assez les qualit s de ces tudiants travailleurs courageux d sireux de construire leur propre avenir et celui du pays qui constituent la masse immense des tudiants pari siens ct qui n ont rien voir avee ceux que nous avons vus l tivre certaines heures des jours dern
126. on D autre part monsieur le ministre je voulais vous signaler combien le travail des assistants et des ma tres assistants de la Sorhonne est surcharg par des t ches administratives complexes au point que les trois premicrs mois de l ann e scolaire sont consacri l organisation des cours ct leur mise en route sans parler de l tablissement des emplois du temps et que finalement ces assistants ne peuvent se consacrer la pr pa ration de leur th se t che qui leur est en principe assign e Telles sont les deux consid rations techniques sur lesquelles je voulais appeler votre attention Un probl me de fond se pose en ce qui concerne l adaptation de la jeunesse la paix sociale en France et la paix inter nationale en Europe Depuis vingt cinq ans la jeunesse fran aise n est plus appel e au feu et elle ne semble pas trouver d ex eu toire la violence Cette violence n est plus pour elle qu un symbole pour affirmer sa solidaril avee ceux qui souffrent et oo e a a e e a e A e G a a a a a a ASSEMBLEE NATIONALE se battent dans le monde en des lieux fort loign s de notre pays et o les troubles prennent comme vous l avez soulign une couleur d exotisme d anachronisme finissant par susciter une r probation g n rale Mais cette adaptation de la jeunesse la paix passe par la n cessit de trouver un emploi au terme des tudes universi taires L espoir de la jeunesse se porte
127. onditions de travail des tudiants e P nurie des professeurs d assistants et de cadres en raison de traitements m diocres lt Ins curit dans de nombreux locaux _ lt Le plus grave c est le manque de places mises la disposi tion des tudiants auxquels le paiement des inscriptions conf re le droit de recevoir un enseignement normal Plus tard le 8 juin 1966 au cours d une question orale avec d bat sur la r forme de l enseignement je d clarais Nous sommes aujourd hui effray s de voir due dans l imm diat cette r forme menace la mise en valeur de l intelligence fran aise parce que toute r forme n a de sens que si ont t pr alablement r solus des probl mes de formalion des ma tres et de constructions exigeant des moyens indispensables Autrement dit la condition la plus importante pour son application est la queslion des cr dits Il ne peut y avoir de r forme valable et efficaee sans cr dits qui permettent de la r aliser pleir nent C est un imp ratif redoutable et comple tenu de l ampleur du programme les cr dits inscrits dans le V Plan s av rent d j insuffisants Le ministre des finances accordera t il les cr dits n cessaires aux 125 000 places pr vues en 1972 dans les instituts universi taires de technotogie Et plus loin e Vous comprendrez aussi monsieur le ministre notre inqui tude en pr sence de ivut ce qu il y a encore d in
128. ormais engager profond ment le dialogue que vous seriez tenu par vos actes antericurs Ce re sont pas les ministres qui ont mis un terme la cogestron des uvres sociales universitaires qui ont cess d apporter ce qui tait d par la nation sous forme de suhven tions la gestion de la principale organisation d tudiants l Union nationale des tudiants de France ce n est pas ce Gouvernement qui au moment de la crise el du drame peuvent tre erus par ceux auxquels ils s adressent Applandissements sur Les bancs de la f d ration de la gauche d iocrate ct socialiste et du groupe communiste Il y a enfin MM Pisani ct Sudreau avaient raison de le faire observer une mise en question de notre soci t J ai entendu r clamer pour la jeunesse un id al ou d faut de vastes objectifs Encore faudrait il dire lesquels Faites monsieur le ministre l inventaire des esp rances que vous offrez la jeunesse Rien 1958 1968 une soci t de eonsoinimation qui se d vorc clle m me La patrie Oui l amour de la patrie a longtemps ct ooit longtemps encore inspirer la jeunesse Encore faut il donner son sens cette patrie en donnant corps et vie ses r gions en d cen tralisant c est dire en faisant confiance aux citoyens en int ressant les jeunes et les lites locales l quipement des sec teurs et des d partements menac s par le d sert conomique et humain Rappelez vous les paroles rom
129. orme fond e notamment sur des mesures arbitraires de s lection l entr e des facult s M Baillot expose M le ministre de l ducation nationale l aggravation de la situation des tudiants parisiens Apr s la fermeture de la facult des letires de Nanterre la d cision de fermer la Sorbonne partir du vendredi 3 mai a provoqu chez les tudiants une grande inqui tude quelques semaines et m me quelques jours des examens Pour fermer ces deux facult s parisiennes le Gouvernement a pris pr texte de l activit de groupuscules gauchistes et de l organisation fasciste Occident Or en ne d cidant pas les mesures qu exige la situation de l universit de Paris le Gouvernement a provoqu un vif m eontentement dans la masse des tudiants Ce m contente ment a rendu possible l activit des groupuscules gauchistes et l exploitation de cette activit ne saurait masquer la responsa bilit du Gouvernement devant la d gradation de la situation Il lui demande de lui faire savoir quelles mesures il compte prendre 1 pour permettre aux tudiants de pouvoir tudier normalement et pr parer leurs examens dans de bonnes condi tions 2 pour apporter de v ritables solutions aux l gitimes revendications estudiantines logements restaurants universi taires bourses etc 3 pour mettre en uvre un plan d urgence de construction de facult s et d I U T dans la r gion parisienne Au lendemain des trou
130. orter aux probl mes qui assaillent l Universit et notammert propos de la s lections des tudiants l entr e des facult s et surtout sur votre atientisme ludant des d ci sions cependant urgentes est d nonc par les colloques de Caen et d Amiens C est pour ces m mes raisons que M Aigrain directeur de l enseignement sup rieur avait donn r cemment sa d mission C est ce climat d abandon monsieur le ministre que vous avez faire face Puissiez vous reconnaitre les erreurs pass es pour en viter d autres demain et cr er enfin la s r nit indis pensable pour tudier une situation douloureuse et d licate Mais pour cela monsieur le ministre il faudrait que vous ayez eonserv la confiance de l Universit de ses maitres de ses l ves des parents de l opinion publique Nous doutons que cette condition soit remplie Applaudis sements sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste et du groupe communiste M le pr sident La parole est M Julia dernier orateur Inscrit M Ren Cassagne et M Lavielle ayant renonc la parole M Didier Julie Monsieur le pr sident monsieur le ministre mesdames messieurs je n ai pas l intention de m ler des consi d rations politiques mon propos et de participer ce malen tendu qui a pouss certains membres de l Universit et certains coll gues ici porter devant les tudiants des consid rations id
131. ous les tudiants arr t s Applaudissements sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste et du groupe communiste l amnistie pour les infractions p nales commises l occasion des v nements des derniers jours et nous avons d pos une proposition de loi dans ce sens Je retrait d la police de lous les locaux universitaires et Ja r ouverture imm diate des facult s ferm es afin que se d roulent normalement les derniers cours de l ann e ct les prochains examens Applnudis sements sur les bancs de la f d ration de la gnuche d mocrate et socinliste et du groupe communiste A ce sujet monsieur le ministre je tiens vous poser une question pr cise laquelle vu l urgence je vous demande de r pandre le plus vite possible une phrase un peu ambig e de la d claration que vous avez faite ce matin l issue du conseil des ministres significt elle que le Gouvernement esl pr t retirer d s ce soir les forces de police du p rim tre du Quartier latin Quant la d mission du recteur demand e par certaines organisations d tudiants et d enseignanis nous n y verrions quant nous aucun inconv nient si ce n est pert tre qu il paie rait alors pour ccux qui onl pris les responsabilit s les plus lev cs Protestations sur certains bancs de l union des d mo erates pour la V R publique Applaudissements sur les boncs de in f de ratipn de la gouche d mo
132. pective A l poque pr c dente la bourgeoisie fran aise a cr les lyc es et les grandes coles Elle a g n ralis puis compl t l enscignement primaire et organis tr s partiellement la for mation professionnelle Ce syst me est d pass Le r le de l Universit change et doit changer de plus en plus Elle doit faire face aux besoins nouveaux et donner la fois un ensei gnement de haut niveau li la recherche et la technique vivantes et une formation professionnelle sup rieure qui ctait jusqu alors sauf pour le corps enseignant r serv e de grandes coles dont l volution en circuit ferm n a cesse d accroitre l inadaptation Cela suppose une red finition de ses finalit s et une modification fondamentale de ses structures et de son contenu Quand vous vous flattez monsieur Peyrefitte de ce que la proportion des enfants d ouvriers dans l enseignement sup rieur atteint tout juste 10 p 100 quand vous pr tendez fonder cette in galit sur une pseudo th orie r actionnaire de la e viscosit sociologique quand vous faites campagne pour des mesures restrictives l entr e des facult s vous faites toucher des milliers d tudiants les limites de votre r gime Quand vous formez des physiciens pour tenter de mettre leurs connaissances au service d une force dite de dissuasion ou des sociologues et des psychologues pour encadrer l opinion ou les travailleurs des entreprises
133. plusieurs reprises certains organisateurs des manifestations tudiantes se sont aper us avec slupeur ils nous en ont fait la confidence mais trop tard qu ils avaient jou le r le d apprentis sorciers De toute fa on le Gouvernement n admet pas el aucun gou vernement digne de ce rom ne peul admettre que des revendi cations si l gitimes qu elles puissent tre pr tendent s imposer par la violence dans la rue Applaudissements sur les bancs de L union des d mocrates pour la V R publique et des r publi cains ind pendants M Fernand Dupuy Me permetlez vous de vous interrompre monsieur le ministre M le ministre de l ducatoin nationale Volonliers M le pr sident La parole est M Dupuy avee l autorisalion de l orateur M Fernand Dupuy Je vous remercie monsieur le ministre Je viens de recevoir une d l gation de tous les professeurs de la facult des sciences M Marcel Bousseau Communistes M Fernand Dupuy Cette d l gation qui eomprenail les pro fesseurs Kastler et Monod prix Nobel et lait venue avec l assen timent du doyen M Zamansky m a d clar Il est dix huit heures dans une demi heure nous risquons un affrontement tr s grave Elle m a demand avee beaucoup d insistance de vous sou mettre une proposition monsieur le minislre afin qu une r ponse y tant donn e imm diatement ecet affrontement puisse tre vit Erciamations sur les bancs de
134. police taient en pr sence d un ph nom ne social dont les mani festations ne peuvent tre r prim es en tant que telles e Seules des surveillances permanentes disait il peuvent mettre fin aux multiples inconv nients quotidiens r sultant de la pr sence habituelle sur la voie publique dans un secteur d termin de groupes de jeunes d s uvr s gt C est pourquoi je m tonne moins que d autres des exc s que nous avons constat s car ces exc s je les vois venir je les signale l autorit comp tente et je demande qu en les pr vienne depuis plusleurs ann es lis sont pour l essentiel le produit de cette lamentable tourbe qu il faut liminer de la capitale Paris tant une capitale mondiale et non pas une poubelle Mais il reste c l de la foule des tudiants solidaires semi solidaires ou badauds c t des l ments associaux trangers l Universit le ceas de certains des l ves de la facult des lettres de Nanterre venus porter leur agitation au Quartier latin Parmi les meneurs combien sont de faux tudiants ou des tudiants doublant triplant n ayant aucun espoir d aboutir jamais au terme de leurs tudes incapables de passer jamais le moindre examen Ceux l ne veulent des examens aueun prix Protes tations sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste Ils feront tout pour en emp cher le d roulement Je vous le pr dis et je suis persuad
135. publicains ind pendants ECC 1621 mr SEANCE DU N MM M le pr sident La parole est M le ministre de l ducation nationale M le ministre de l ducation nationale Monsieur le pr sident tant donn l heure avanc e je ne crois pas manquer la cour toisie que je dois tous les orateurs en proposant de r pondre aux questions auxquelles je n ai pas r pondu lors du prochain d bat consacr l ducation nationale M Andr Tourn Et les manifestations de ce soir M le pr sident Le d bat est clos La s ance r serv e par priorit aux questions orales est Icrmin e M le pr sident J informe l Assembl e que la conf rence des pr sidents va se r unir l instant m me REX La ORDRE DU JOUR M le pr sident Ce soir vingl deux heures deuxi me s ance publique Fixation de l ordre du jour Suite du d bat sur la d claration du Gouvernement sur sa politique en mati re de recherche scientifique La s ance est lev e La s ance est lev e vingt heures dix minutes Le Directeur du service du compte rendu st enographique de l Assembl e notionale VINCENT DELBECCAI Le compte rendu int gral de la 2 s ance de ce jour sera distribu ult rieurement Paris Imprimerie des Journaux officiels 26 rue Desaix
136. publique alors que le budget lait au pillage alors qu aucune r forme ne pouvait tre entreprise par qui que ce f l dans ce pays o tait alors l espoir de la jeunesse il y a dix ans je vous le demande Applaudissements sur les banes de l union des d mocrates pour la V R publique M Fran ois Mitterrand Je vous r pondrai sculement par ces mots monsieur Triboulet et sans m engager dans une disvus sion inutile cet espoir s il a jamais exist o est il Applanu dissements sur les bancs de 1 f d ration de la gauche d mo crate et socialiste M Raymond Triboulet Aujourd hui il existe cet espoir M Fran ois Mitterrand Je suis certain monsieur Triboulet que vous croyez profond ment ce que vous dites Toutes votre aclion polilique au cours des ann es qui ont pr c d cette ASSEMBLEE poque en t moigne mais si vous parliez comme je le fais en toute conscience pourriez vous dire que ces dix ans ont r pondu vos aspirations Interruptions sur les banes de l union des d mocrates pour la V R publique M Raymond Triboulet En grande partie M Andr Fanton Vous tes oblig de le reconnaitre trop souvent monsieur Mitterrand M Fran ois Mitterrand Cette jeunesse avait huit ou dix ans en 1958 Dix ans plus tard monsieur le ministre vous en tes comptable au nom du Gouvernement Il n y a pas d chappatoire il ny a plus d alibi cette jeunesse s est form e tandis que
137. quart des activit s auxquelles se livrent ces ludiants Applaudissements sur les boncs de l union des d mocrates pour la V R publique du groupe des r publicains ind pendants et sur plusieurs bancs du groupe Progr s et d mo cratie moderne L hospitalit a ses lois mais elle a ses limites Si la loi fran aise si la socl t fran aise si l universit fran aise ne conviennent pas aux int ress s aucun r glement aucune loi aucune contrainte ne les obligent profiter de l hospitalit fran aise Appluudissements sur les memes banes Cela dit revenons en aux tudiants qui onl suivi ces mani festations et praliqu ces violences Moins nombreux qu il n est apparu ils sont tout de m me plus nombreux que vous ne l aviez pens monsieur le ministre Pourquoi J ai lu un tract o il tait question de certaines professions professeurs psychologues sociologues C est probablement l que r side une des causes de ees manifestations Comme je l ai dil ce sont ces disciplines qui ont donn nais sance l agitation premi re Pourquoi l plus qu ailleurs Une autorit plus cemp tente que la mienne a d j r pondu En effet le doven Zamansky dans une conf rence de presse tenue r cemment d clarait propos des facult s de lettres z Beaucoup d tudiants ne savent pas s ils vont trouver une place m me s ils ont achev leurs tudes Le nombre des tudiants inscrits dans des disciplines comme
138. que vous pouvez nous proposcr Je voudrais tout de m me observer que ces gar ons et ces filles refusent de devenir des professeurs au service de la s lection des sociologues des psychologues et des scientifiques Or il se trouve que les trois premi res activit s que je viens de citer sont justement celles dont sont issus ceux qui s agitent tellemeni car c est pr cis ment dans ces d partements de socio logie de psychologie et de philosophie des facult s des lettres qu est n le mouvement dit lt du 22 mars C est de l que viennent toutes celles et tout ceux qui ont t les ferments de l agitation actuelle Je crois qu ce point de mon expose il n est pas inutile de le signaler mais j y reviendrai En tout cas ce texte r sume tr s clairement l action men e depuis plusicurs semaines Nanterre et ailleurs Cette action de destruction de d molition de vandalisme a d abord t support e puis cllc a t tol r e et enfin elle a l encourag e la surprise g n rale je dois Ie dirc par ecrtains censcignants plus soucieux de lcur popularit aupr s des tudiants que de leurs responsabilit s Applaudissements sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique des r publicains ind pen dants et sur plusieurs bancs du groupe Progr s et d mocratie moderne Protestations sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste On a commenc par exemple lai
139. quefois ni me du monologue dogmatique dans un monde de dialogue et de participation Les valeurs traditionnelles de l universit ont t un peu cras es sous le nombre sans r pondre aux aspirations de ce nombre Sous r serve de trop rares exceplions les facult s se pr oe cupent elles de l avenir prochain de leurs l ves Quelle est celle qui l instar des grandes coles poss de une association d anciens l ves pr te s occuper du destin des jeunes Quelle est celle qui traduit dans ses programmes dans ses enseigne ments le souci des tudiants de se pr parer la vie active une situation en rapport avee les grandes orientations de l conomie L est probablement plusieurs d entre vous l ont dit tout l heure une des causes profondes du trouble des tudiants La plupart des tudiants en tat de contestation contestent l Universit elle m me Je ne parle pas sculement des anarchistes ou des r volulion naires lesquels remelient en cause non pas seulement l univer sit mais tout soci t organis e toute organisation saciale quelle qu elle soit je parle des autres qui sont en tal de contesta tion Nombre de ces tudiants remettent en cause le syst me universilaire l ensciguement des facult s ct leurs d bouch s dans la soci t Hs se demandent vers quoi les conduisent les facult s ils se demandent ce qu ils feront dans l avenir Est ce un hasard mesdames messi
140. question crite sur le m me sujet je d clare et je ne crains pas de le dire ici Consid rant que la responsabilit de ces manifestations incombe la fois aux tudiants aux universitaires et l admi nistration Plusieurs d put s de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste Au Gouvernement M Claude Guichard Sur la responsabilit des tudiants il n est pas besoin je crois de revenir apr s l expos des faits En effet les tudiants sont responsables dans la mesure o ils sont l origine de l escalade de la violence Ils sont engag s dans une voie sans issue et ils doivent comprendre que des solutions ne pourront tre recherch es et plus forte raison mise en uvre que lorsque le calme aura t r tabli En ma qualit d universitaire e voudrais leur lancer un appel et leur demander de l entendre Les tudiants sont galement responsables parce qu ils sont priv s de toute repr sentalivit depuis la dislocation de leurs syndicats non politiques en une multitude c petits groupes l audicnee limit e Ils ne peuvent donc plus faire entendre la voix de la majarit exigeante certes mais studieuse et s rieuse La facon dont s est d roul r cemment le dernier congr s de l union nationale des tudiants de France le seul syndicat qui encore fasse beaucoup parler de lui r union au cours de laquelle des d l gu s ont t chass s coups de poing coups
141. qui sc passera lout l heure dans la rue Apploudissements sur les m mes bancs car tout est important de ce qui peut se passer dans une ville qui se veut et qui esp re lre la capitale de la paix Mais au del de ces v nements graves et pr occupant s il faut s interroger sur les causes prof ndes du malaise actuel et j en viens au deuxi me point de mo expos les causes pro fondes de la erise Mesdames messieurs ce n est pas un hasard s il a suffi d une minorit pour d cha ner une emp te dans les facult s des lettres de la r gion parisienne et plus particuli rement dans celle de Nanterre Il y a d abord le probl me du surpeuplement des facult s Les effectifs aussi bien en province que dans la r gion pari sienne mais l surtout ont augment d une mani re beaucoup plus rapide que ne l avail pr vu le V Plan Pourquoi Essen tiellement parce que l orientation des l ves a mal fonctionn au niveau de l enscignement secondaire Une fois de plus c est out le probl me du baccalaur at qui se trouve pos Chacun connait les oscillations profondes de la doctrine du Gouvernement en la mati re presque une r forme par an depuis dix ans Ces r formes successives du baccalaur at M Fanton a eu raison d voquer le probl me tout l heure ont d con cert les familles d courag les enseignants et d sorient les l ves Finalement d faut d autres crit res ces dernie
142. r la joie de ceux qui persuad s que la France s ennuyait ne voient d esp rance de distraction que dans la prise du pouvoir par la gauche le parti communiste tant affubl de ce qualificatif aussi amusant et inexact que les le ons de g ographie lectorale de M Pierre Cot Non messieurs et j en suis d sol pour vous vous ne tenez pas votre divine surprise Je crois avoir hien suivi en t moin les v nements de ces jours derniers qui se sont d roul s dans des quartiers dont je suis l lu au conseil de Paris comme cette Assembl e Et je dois dire que la premi re constatalion faire est que l agitalion 1614 ASSEMBLEE NATIONALE te SEANCE DU X MAM 1968 ne teuche qu une part du mende tudiant malgr la cessation de certain cours ear l universit de Paris compte 160 000 tu diants soit pr s du double de la population de l une de nos circonscriptions la population de la Corse ou deux fois celle de la ville d Amiens La ma nifestation la plus importante celle d hier a r uni moins d une dizaine de milliers d tudiants fl est tout fait inexact de pr tendre que 30 000 tudiants ont manifest hier Paris Vous avez tous pu voir passer ce d fil il comptait quelques milliers de participants et mon cstimalion personnelle moins de 10 0G0 De ceux ci une part tait des tudiants s rieux d sireux simplement d affirmer une certaine solidarit avec leurs cama ra
143. rbonne alors que la facult est ferm e it indiqu r 1600 ASSEMBLEE NATIONALE que le sang y avait coul auparavant A notre connaissance rien de semblable ne s tait produit D autre part tous les t moins de la manifestation de vendredi dans la cour de la Sorbonne sont unanimes Elle s tait d roul e sans incidents gt C est M Raymond Aron qui apr s avoir recucilli de nom breuses informations aupr s des professeurs et des tudiants porte un t moignage dans le m me sens reproduit ce matin par Le Figaro pourtant peu suspect de sympathie pour l action des tudiants Et la police ne s est pas content e de cette irruption insolite dans la cour de la Sorbonne Eile s est d chain e ensuite daus tout le Quartier latin avec une violence que l on n avait pas connue depuis longtemps Vous me direz que ceux qui condui saient la manifestation ne se comportaient pas non plus comme des enfants de ch ur mais cela ne saurait en quoi que ce suit excuser les actes inacmissibles auxquels se sont livr s les policiers r L encore les t moignages abondent et puisqu on a cit des textes vous me permettrez d en citer mon tour un ou deux d une nalure un peu diff rente Voici le t moignage de M Ren Sch rer professeur de lettres sup rieures au Jrc e Louis le Grand lt Ce que j ai vu apr s dix neuf heures alors que habitant rue Monsieur le Prince je retournais chez moi par le boulevard
144. re est contrainte de travailler pour poursuivre ses tudes il convient d atiribuer nne allocation d tudes et de d velopper es uvres sociales et culturelles cog r es par les tudiants Enfin il importe de cr er dans les coles et dans les facult s les conditions v ritables de cette vie d mocratique que r clament les tudiants et qui doivent les aider se pr parer leur r le de citoyen Il est certain que l application de ces mesures que nous pr co nisons qui som coh rentes ct qui forment un tout se heurtent et se heurteront l opposition des monopoles et du pouvoir qui d fend si hien leurs int r ts Si l action des tudiants et des enscignants est indispensable paur faire iriompher lcurs reven dications elle ne pourra aboutir qu avec le soutien de la elasse ouvri re et de notre peuple De nombreux syndicats C G T ont joint lcur condamnation de la r pression polici re et leur solidarit aux tudiants celles exprim es par les syndicats d enseignants et de chercheurs Il est vrai que les probl mes de la r forme d mocratique de l ensei gnement ne peuvent tre isol s de ceux de la planification d mo cratique de ceux des r formes de structure n cessaires notre pays de ceux du progr s progr s social el progr s eulurel El au moment o nous d hattons de la situation dans l Uni versit des centaines de milliers d ouvriers de paysans et d tu diants font la gr ve et mani
145. re publie qui d passent la comp tence du ministre de l ducation nalionale Malheureusement il faut le dire un ph nom ne de contagion passionnelle s est rapidement produit Dis groupes d extr me gauche des groupuscules pseudo r velutionnaires comme dit L Humanit taient pr ts en d coudre avec des groupes d extr me droile ou avee d aulres groupes d extr me gauche Hs se sont tous retaurn s contre la foree publique qui voulait les s parer Rires On a assist alors une escalede de la violence Un d put de la f d rotion de la ganche d mocrate et socia liste Vous avez r ussi M le ministre de l ducation nationale Nombre d tudiants qui ne faisaient partie d aucun groupe organis se sont joints aux premiers Mesdames messieurs nous savons lous que lorsqu un jeune voit un autre jeune aux prises avee la police m me s il ne sait pas de quoi il s agit il prend instinctivement le parti de ce jeune contre le policier Mais j insiste sur le fuit que des l ments trangers trangers a la France ou trangers l universit ont jou un r le impor tant dans eette escalade Comme on l a dil la moiti des mani lestants interpell s r guli rement au cours de toutes les manifes tations n avaient pas la qualit d tudiant Des professionnels du combat de rue vous avez parfaitement raison monsieur Ll lornoy ont organis les manifestations en forme d meutes A
146. re seuls les tudients taient permanents Pendant longtemps les tudiants n ont pas t associ s la vie la gestion de la facult Mais la volont qui s est manifest e de leur part en novembre dernicr et i ouverture d esprit du doyen Grappin qui je me plais rendre hommage ct pour qui l institution universitaire a un sens celui d offrir un lieu o peuvent s changer des id es plut t que des coups ont ARTE de changer les rapporis mais malheureusement pas les aits On s est en effct aper u que les mesures prises dans les diff rents d partements de la facult ne pouvaient pas aboutir des d cisions suffisantes parce qu on ne savait pas o situer le neuvoir de d cision C est en r alit toute l organisation de l enseignement qui se trouve ainsi r v l e par son inadaptalion et qui montre combien le probl me ne peut pas sc r soudre dans le seul cadre d une facult Cela explique ce paradoxe que la crise a d but l o le dialogue avait l tent Pourtant les tudiants dans leur immense majorit avaient accept avec calme les incettitudes qu ils ressentaient sur les conditions de formation et sur les perspectives de d bouch s qui leur taient donn es Ce calme ne justifiait pas de la part du Gouvernement cet attentisme qui a d abord donn une chance aux enrag s de tous bords Il est vrai en effet qu Nanterre se sont manilest s surtout des groupes irrespo
147. re soci t Voil pour quoi nous vous disons monsicur le ministre de l ducation nationale que le d bat de cee soir et beaucoup plus encore les manifestations qui se d roulent cette heure dans Paris ont une signification que vous auriez a comprendre el tenter de d finir avant que nous soyons contraints de le faire nous m mes Quelle cest cette g n ration en r volte C est celle pour beau coup d entre nous de nos fils Elle est n e dans l imm diat apr s guerre Au milieu de quels d sordres les p res tout juste revenus de tant de drames la nation d chir e Elle avait huit dix ans celle g n ration quand vous avez pris It pouvoir Souvenez vous compagnons du 22 mars les compagnons du 13 mai devraient avoir plus de modestie lorsqu ils vous incitent au respect de la loi Applaudissements sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste Vives interruptions sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique M Henry Rey C est une honle M Fran ois Mitterrand Cette jeunesse elle avait huit dix ans en 1958 M Raymond Triboulet Mitterrand Puis je vous interrompre monsieur M Fran ois Mitterrand Je vous en prie M le pr sident La parole est M Triboulet avec J autori sation de l orateur M Raymond Triboulet Il y a dix ans dans cetle m me Assembl e nous discutions l un cet l autre dans la d composition de la IV R
148. rieur ct l ext ricur de Iz Sorbonne que le commissaire de police ayant eu confirmalion erite de la r quisition du recteur car il avait demand une confirma tinn crile a fait entrer ics agents de la paix pour proc der l vacuation de la cour On ne peut pas dire qu il y ail eu pr cipitation Je ne sais pas d o vous tirez vos t moignages monsieur Estier mais je peux affirmer que cette vaeualion s est d roul e sans le moindre incident Les manifestants ont ob i sans aueune difficult la sommalion qui leur a l faite de sortir de la cour en vue des v rifications d identit et aucune des manifes tants de la cour de la Sorbonne je tiens le souligner n a t l objet de poursuiles Il est vraisemblable toutefois qu un malentendu se soit produil ce moment pr cis dans l esprit des manifestants qui taient mass s aux abords de la Sorhonne en voyant devant la perle de la Sorbonne les cars de police dans lesquels montaient certains de leurs camarades pour v rificalion d identit il est possible qu ils aient eru qu on allait les ineulper et que cetle supposition ait d chain leur col re ASSEMBLEE NATIONALE te SEANCE DU OK MAI 1968 ae me M le ministre de l int rieur a d erit les v nements qui se sont succ d depuis lors et les chauffour es de vendredi apr s midi je n y reviendrai pas d autant qu ils posent essentielle ment des probl mes d ord
149. rn s hostiles toute r forme toute innovation fussent cliles sugg r cs par les plus lucides de leurs coll gues Protestations sur les banes de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste et quelle qu en sait l origine monsieur Dreyfus Schmidt se r pandent aujourd hui en d clarations tonnantes C est un secr taire g n ral d un syndicat national de l ensei gnement sup rieur qui crit L Universit dans son ensemble continue d apparaitre aux tudiants les plus conscients comme une institution p rim e Ceux qu elle forme seront pour une part importante des ch meurs s ils obtiennent un dipl me ou des rat s s ils n en obtien nent pas L Universit reste une institution int gr e l ordre social tabli de surerait son fonctionnement a lieu dans les pius mauvaises conditions tant donn les restrictions budg taires pr vues par Ja derni re loi de finances Institution qui diffuse une id ologie li e la classe domi nante et dont les produits dans leur grande majorit s inte grent naturellement l ordre bourgeois l Universit appara t donc dans une large mesure comme un l ment de r pression Quand elle ne parvient plus jouer ce r le le pouvoir lui substitue les gardes mobiles et les mousquetons Voil un fonctionnaire monsieur le ministre qui a lair de croire ce qu il fait Ce texte se suffit lui m me et permet de juger l auteur Heureuse
150. rs livr s eux m mes se sont engag s dans les voies qui leur paraissaient les plus faciles Trop de bacheliers se sont dirig s vers les facult s de lettres cet afflux excessif en g n ral se sont ajout s tout particu li rement dans la r gion parisienne des retards et des difficult s dans les constructions universitaires dont nos coll gues parisiens connaissent bien les causes administratives diverses Dans le m me temps aucune mesure s rieuse n tait prise pour freiner l attraction et la concentration excessive des tudiants Paris alors que beaucoup d entre ceux auraient pu et pourraient encore trouver dans nos provinces un environnement social et intellectuel comparable et souvent plus efficace Permettezmoi de vous dire monsieur le ministre en cet instant ma tristesse de constater que le grand projet que j avais eu l honneur de lancer en 1962 d un campus fran ais Orl ans dans un grand domaine bois de 600 hectares trois quarls d heure de Paris par autorail a t r duit d s que j ai quitt Ja ruc de Grenelle Un style nouveau aurait pu tre cr av c un environnement digne des plus grandes universil s modernes Plus que jamais il serait souhaitable que Paris soit entour d une couronne d universit s modernes d acc s facile el dans un cadre agr able Mais le surpeuplement n explique pas tout Il y a en r alit chez les tudiants en g n ral et plus particuli rement par
151. rvice d ordre Prote tations sur les banes de la f d ration de la gauche demo crate ct socialiste et du groupe communiste M Andr Labarr re J y lais C est faux absolument faux M le pr sident Monsieur Laharr re je vous en prie M Michel Dreytus Schmidt J y tais aussi 4602 ASSEMBLEE NATIONALE M le president Monsieur Dreyfus Schmidt veuillez ne pas vous distinguer de cette mani re Ce n est pas le moment M Bertrand Flcrnoy Nous n y tions probablement pas la m me heure Il est certain monsicur le ministre que la question orale que je vous ai pas e ne concerne pas ces provocateurs dont Deau coup qui veulent aujourd hui commie ils le disent se taper un flic Erclumations sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste seront trop heureux de compter sur la police pour prot ger plus tard peut tre leurs privi l ges d hommes d affaires de technocrates ou qui sait de professeurs Applaudissements sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique et des r publicains ind pen dants Ce ne sont done pas la fureur ou les illusions de quelques centaincs d individus qui se prennent pour Che Guevara qui nous pr occupent Ce qui nous pr occupe c est le droit aux tudes et aux examens de 600 000 jeunes Fran ais Applau dissements sur les bones de l uuion des d mocrates pour la V R publique Ce qui nous pr occupe c est le fonctionnemen
152. s troisi mement l conomie du pays en particulier le secteur tertiaire besoin d un grand nombre de jeunes eger veaux Encore faudrait il que leur formation ail un rapport suffisant avec les r alil s conomiques modernes Tout cela n a t ni pr vu ni nens ni organis Applaudis sements sur les bancs du gronpe Progres et d mocratic moderne Au point que ce sont des initiatives priv es qui ont d entre prendre le recyclage de certains dipl m s litt raires au lende main m me de leur sortie de la facult car c tait le seul moyen de leur assurer un emploi Or bien des probl mes de ce genre sont solubles l re des ordinateurs 600 000 tudiants cela pose videmment des pro bl mes mais ceux ci ne sont pas insurmontables l est vrai que les ordinateurs ne peuvent pas r pondre des questions qui ne leur sont pas pos es Pour terminer permettez moi d largir le d bat Il n y a pas de probl me de l enseignement sup rieur isol parmi d autres probl mes c esi toute la mission de l ducation nationale qu il faut repenser Vouloir donner un jeune en quelques ann es toutes les connaissances n cessaires sa vie d homme est devenu une utopie On ad mettait jadis qu une premi re partie de l exislence devait se consacrer arqu rir des connaissances et que la deuxi me partie beaucoup plus longue s employait les utiliser Les soci t s d antan distinguaient ainsi l ado
153. s n y envayez pas les C R S M le pr sident Je vous en prie monsieur Labarr re Vous n avez pas la parole Je vous le rappelle une fois pour toutes Ire SEANCE DEUE S MAI 1968 M M Bertrand Flornoy A ce mythe d testable que les manifes tants de ces jours ci et leurs cautions universitaires vont peut tre inconsciemment aider d truire s ajoutent chacun le sait des conditions de vie et de logement dues aujourd hui l exis tence de nombreuses cit s universitaires Faut il enfin voquer la contradiction permanente entre le mat rialisme de la civilisation des aduites et les aspirations des jeunes Aujourd hui n est pas le t ti de l analyse mais nous pou vons constater que c est cette conviction de l isolement que savent exploiter les promoteurs de la violence et essentiellement ceux qui sont l origine des d sordres je veux dire les groupes pseudo r volutionnaires de Nanterre J ai ici le texte d un dossier d information diffus Nanterre en f vricr dernier Je vous dirai quels en sont les signataires mais je vous en cite pr sent quelques extraits D abord les motifs de l action La lutte dans les cit s universitaires de France devient maintenant d nonciation totale et radicale de ee que devient l Universit dans son ensemble vis vis du syst me social et conomique qui la produit et de l Etat qui la d fend Plus loin L objet de cet
154. s avez coutume de pr senter la facult de Nanterre comme l un des plus heaux fleurons Mais monsieur le ministre tes vous souvent all Nanterre Savez vous vraiment eomment on y vit comment on y travaille Vous parlez d tablissement pilote alors que Nanterre est le symbole m me des profondes contradictions qui sccouen i univer sit fran aise Construction moderne au milieu d un bidonville mi chemin comme l crivait hier un journaliste du Monde dans une enqu te que je vous conseille de m diter entre la banlieue de Zola et le Paris du xxr si ele la facult de Nanterre est d j par l environnement un d fi la jeunesse qu elle est cens e aceueillir Elle l est aussi par les eonditions de travail offertes si l on peut dire aux tudiants amphith tres d j trop exigus travaux pratiques surcharg s ahsence totale de eontaets entre lcs tudiants et les professeurs qui viennent faire leurs cours NEANCE BU X MAI Taux 1599 et s en vont biblioth que inaccessible r sidence sans le moindre quipement culturel transports inadapt s Vafflux nouveau des usagers Elle est encore un d fi par la s lection hypocrite qui sop re non pas l entr e non pas par unc orientation rationnelle mais par le mayen d examens d mesur s qui rejettent la fin de la premi re ann e jusqu 80 p 100 c est arriv l an dernier par exemple pour les linguistes des tudi
155. s sur les bancs de la f d ration de La gauche d mocrate et socialiste Je me souviens de cette vieille Sorbonne o il aurait t bien difficile de faire p n trer des policiers pour cette simple raison qu il tait fort long et fort p nible d y trouver place l poque o elle tait la fois facult d 3 lettres et facult des sciences et o les tudiants suivaient les cours assis par terre el jusque dans les couloirs Depuis dix ans nous avons construit au quai Saint Bernard une nouvelle facult des sciences qui a des d fauts mais qui a le m rite d exister rue d Assas une nouvelle et belle facult de droit un nouveau L timent de la facult de pharmacie les b ti ments de la faeult des lettres rue Censier une maison des sciences de l homme est en cours boulevard Raspail et je parle que de ce qui t r alis dans ma circonseription muni cipale A ces facult s congestionn es que nous avons trouv es cette Sorbonne apoplectique les gouvernement de la V R publique se sont efforc s de donner de l air lls y ont r ussi Un norme effort de construction a t consenti nous le savons tous Cet effort immense sur les plans du financement de la conception et de la r alisatiun n a aucun quivalent dans notre histoire m me pas le merveilleux essor qui mzrqua les premi res d cennies de la tI R publique Il a abouti accueilir en nombre les jeunes des classes populaires dans l ense
156. s toutes les villes universitaires C est bien la preuve comme le d cla rait la nuit derni re du haut de cette tribune dans le d bat sur la recherche scientifique notre ami M Pierre Cot qw il y a qeulque chose de pourri dans le royaume de M Peyrefitte Depuis dix ann es le pouvoir gaulliste maintient et aggrave un syst me d enseignement inadapt notre poque la fois dans ses m thodes et dans son fonctionnement Lundi soir la t l vision vous avez soulign monsieur le ministre en pr sentant ce fait comme une prouesse qu on comptait 10 p 100 de fils d ouvriers parn ii les tudiants Mais les conditions mat rielles qui leur sont faites les contraignent fr quemment ne pas terminer leurs tudes D apr s les statistiques offi cielles trois jeunes sur quatre sont oblig s de s arr ter en cours d tudes ce qui montre que outre les lils d ouvriers ce sont les enfants des familles les plus modestes qui prouvent les plus grandes difficult s du fait m me que pour la plupart ils doivent travailler pour couvrir les frais de leurs tudes A maintes reprises le groupe communiste a attir l attention du Gouvernement sur la gravit de cette situation Ce fut le cas notamment au cours du d bat de mai 1967 sur l enseignement et lors de la diseussion du projet de budget pour 1968 des propositions concr tes furent faites pour rem dier aux insuffi sances constat es Mais monsieur le ministre vous
157. se ces enrag s essentiellement acharn s tirer parti de toutes les circonstances pour d truire Beaucoup d entre vous ont parl de dialogue Ces enrag s se refusent ce dialogue et toute proposition constructive Ce sont ces tudiants ou soi disant tels qui ont rendu in vitable la semaine derni re l interruption de l enscignement la facult des lettres de Nanterre et non la facult de droit o je tiens le pr ciser les cours continuent d tre assur s dans d exutentes conditions Et voil que ces tudiants s installent ensuite dans la eour de la Sorbonne o ils prennent la reponsabilit de cr er une situat on analogue celle de Nanterre Quels taient donc les agissements quotidiens de ces enrag s de Nanterre M Fanten les a d crils tout l heure Sous le nom d universit critique gt les lucubrations les plus saugre nues recevaient droit de cit dans des amphith tres baplis s pour les besoins de la cause Fidel Castro Che Guevara Alao Ts Toung L on Trostky Exrclamations sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique M Andre Fanton Parce qu on le ieur avait conseill M le ministre de l ducation nationale La cons quence appa rut peu peu certaine les enseignements sans cesse perturh s devenaient pratiquement impossibles des examens partiels furent sabot s le L avril ce qui scmblait une farce de ma
158. ses qui parall lement aux probl mes de la cr ation de nouveaux locaux et la formation de nouveaux maitres supposent que soit affec t e l ducation nationale une part sensiblement plus impor tante du revenu national Notons d ailleurs que la descente des tudiants dans la rue n a pas seulement permis ce d bat ce dont d j nous devons leur savoir gr elle a permis d apprendre alors que les repr sentants syndicaux depuis plus d un an ne parvenaient pas obtenir la moindre assurance que le Premier minislre venait de donner son accord la construclion acc l r e des quatre tre SEANCE DE OS MAI I ensembles universitaires pr vus autour de Paris Saclay Ver riercs Cr teil ct Villetaneuse et la cr ation pour la prochaine rentr e de nouveaux locaux universitaires et de sections techno logiques Je retiens en outre qu au conseil des ministres de ce matin le chef de l Etat aurait insist sur la n cessit d une planili calion de l enseignement ce qui en somme revient reconnaitre qu au cours des derni res ann es la politique de l ducation nationale a t conduite de facon ineoh rente Mais pour que s ouvre sur le fond ce dialogue constructif que nous souhaitons il faut d abord en er er le climat ee qui suppose eu gard aux v nements de ces derniers jours cer tains gestes qu il appartient au Gouvernement d accomplir le plus rapidement possible la Jib ration de t
159. soient enregistr s Je connais vos diffi cult s elles sont consid rables non pas tant de cr dits mais de terrains et de proc dure Elles sont rudes en banlieue plus encore Paris Mais c est une raison de plus pour agir courageu sement et rapidement ce propos je ne manquerai pas de f lieiter l orateur communiste d avoir lui aussi r clam la multi plication des 1 U T Comme je vous l ai dit monsieur Baillot l h tel de ville lors du d bat sur le sch ma directeur votre langage vous trahit car les 1 U T ont t con us nomm s et cr s par la V R publique et chaque fois que vous en r clamez d autres vous nous rendez hommage et je vous en remercie Applaudissements sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique H y a des ann es que la majorit dialogue avec le Gouverne ment sur ces probl mes et ce dialogue je l esp re bien continucra et sera de plus en plus fructueux M Pierre Gaudin La dialogue de sourds M Pierre Bas Questce qu une facult qui fonctionne sans biblioth que demandait M Sudrean Sans doute est ce pr occu pant Mais plus grave encore est l absence totale de bihiioth que et de facult Or c est la situation que nous avons trouv e en 1958 l h ritage que les amis de M Estier nous ont laiss Appla lissements sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique et des r publicains ind pendants Protesta tion
160. sser se constituer dans les d partements des facult s des lettres ce qu on appelle des commissions paritaires dont lcs membres ont l d sign s main lev e par une minorit ridicule d tudianis et en pr sence de professeurs qui semblaient consid rer qu il s agissait ia d un exemple frappant de d mocratie universitaire Ensuite s est produit un v nement dont monsieur le ministre je m excuse de dire que je ne le consid re pas comme tout fait l honneur de ce Gouvernement Lors de l inauguration d une piscine Nanlerre le minislre comp tent a t injuri publiquement par un tudiant allemand peu cunnu alors mais qui depuis s est fail un nom M Cohn Bendit Le doyen de la facult de Nanterre et le eonseil de la facult ont demand l exclusion de cet tudiant On dit que le ministre injuri l a recu et qu il a ensuite comment son cnlre tien par des appr ciations aimables qui prennent aujourd hui toute leur valeur ce qui a permis l int ress de conserver sa place dans l universit ct de poursuivre sun s jour dans notre pays M Edouard Charret Il faul l expulser M Andr Fanton La facull de Nanterre est mise en coupe r gl c les portes bris cs les vitres cassces les murs d grad s ne sont rien en regard des violences et de la terreur que quelques fanatiques encourag s par la mansu tude et la passivit g n rale y font r gner Les professeurs sont quotidiennem
161. sur la construction de l Europe que le Gouvernement francais parmi tous les gouver nements europ ens poursuit aujourd hui avec la plus grande nergie M Michel Habib Deloncle Tr s bien M Didier Julia L espoir de la jeunesse fran aise se porte vers ceux qui font l Europe et non vers ceux qui la r vent Comme le disait M Mitterrand nous avons r v l Europe mais cette Europe ne se fait pas car il s agissait d une Europe utopique qui ne pouvait se r aliser A cet gard les v ritables ferments de l espoir de la France se trouvent au sein du gaullisme et non ailleurs Applaudis scutents sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique Monsieur le ministre sachez que toute notre confiance se porte sur vous Nous sommes persuad s qu travers les soubre sauts aci21s vous saurez maintenir la tradition lib rale de l Universit fran aise et la faveur m me de ces soubresauts acc l rer les r formes n cessaires Il est certain que Jes r formes doivent venir du ministre de l ducation nationale pour s effectuer dans l ordre et le progr s afin que les tudiants ne soient pas pousses cr er des d sordres dans la rue M Andr Tourn Mais il y a des r formes faire M Didier Julia L ordre doit tre li au progr s condition que le ministre en prenne lui m me l initiative Applaudisse monts sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R pu blique et des r
162. t personne ne cherche ici triompher de quiconque Cette confrontation l opposition en tout cas s y essaie doit faciliter la t che de ceux qui APR TEn hors de cette enccinte s appliquent apaiser e conflit Mais comment ne pas poser toutes les questions la fois S agit il seulement de la jeunesse tudiante D autres d bats nous ont appris qu l heure actuelle la jeunesse ouvri re munie de dipl mes techniques et professionnels est condamn e au ch mage Dans une r gion que je connais bien la Bourgogne le pourcentage des filles et des gar ons g s de moins de vingt cinq ans et sans emploi atteint 25 30 p 100 ct 52 p 100 pour mon propre d partement Ia Ni vre S agit il de la jeunesse agricole D autres d bats nous ont appris qu elle lutte pour s accrocher la terre Mais comment y parvenir sans capitaux ct sans d bouch s Quant la jeunesse tudiante vous m me avez cit des chiffres la t l vision amp p 10 disions nous 10 p 100 affirmez vous des enfants des familles ouvri res acc dent l Universit Et les autres L agitation dans la rue cette discussion au Parlement montrent qu il est grand temps de s occuper d eux En v rit de l agitation de Nanterre pr sent e par cerlains il y a seulement une semaine comme une manifestation d isol s je ne tirerai pas de conclusions excessives Ni pour en diminuer l importance ni pour en enfler les cons quences Mais j obs
163. t construit pour les lettres 1 faut y songer Le C E L S A notamment s efforee de permettre ceux qui chouent aux examens d tre r orient s et r adapt s Il est impossible et c est l un des motifs de l angoisse qui treint actuellement les tudiants d organiser une s leetion l issue des tudes litl raires si ne sont pas r adapt s eeux qui chouent aux examens Or vous n ignorez pas monsieur le ministre que dans les projets du minist re de l ducation nationale figurait l organi sation d tudes inter facult s destin e permettre ventuelle ment aux tudiants en lettres de se r orienter vers l adminis tration par exemple C est ainsi que le C E L S A a d j envisag de placer aupr s des Charbonnages de France de l E D F ou d autres soci t s des jeunes gens dont la formation litt raire serait compl t e par des connaissances linguistiques et une formation juridique Ainsi seraient terme assur s les d bouch s d un enseignement sup rieur court dans les lettres Jusqu pr sent cette r orientation a t laiss e l initiative des professeurs auxquels vous avez demand de se r unir et de phosphorer ensemble pour d gager quelques id es Une telle initiative ne peut venir que du Gouvernement Elle ne peu pas venir des universitaires eux m mes dont les discussions s ternisent perte de vue ct ne peuvent tre suivies d aucune d cisi
164. t en 1958 Protestations sur les m mes bancs Applaudissements sur les bancs de l union des d mo erates pour la V R publique et des r publicains ind pendants Nous connaissons quelques unes des raisons de l inqui tude de certains tudiants elles ont t voqu es eette tribune en particulier de ceux de ces tudiants qui ont choisi des disciplines litt raires Mais vouloir les pr senter comme les raisons essenti nes des r centes et actuelles manifestations est une simple sp culation inlellectuelle Ce qui est vrai et ce qui est peut tre plus grave encore c esl que les tudiants et d une fa on g n rale tous les jeunes qui s appr tent entrer dans la vie active n ont pas toujours dison me qu ils ont rarement la conviction d tre associ s une grande uvre nationale M Pierre Gaudin A qui la faute M Bertrand Fiornoy Ils ignorent ou sous estiment l effort financier qui est accompli par l Etat et la charge que cet effort repr sente pour la g n ration qui les pr c de M Michel Dreyfus Schmidt Pour la force de frappe M Bertrand Flornoy L universit conserve encore comme si c tait J une forme de distinction le go t d un certain isolement d un quant soi comme si les facult s comme si la Sorbonne ou la rue d Ulm ne devaient pas tre le lieu et l esp rance de tous les jeunes Fran ais le lieu et l esp rance de toute la nation M Andr Labarr re Alor
165. t t r gl s imm diatemeiit toujours les cours et les s ances de travaux pratiques ont pu se d rouler Par cons quent le travail se faisait vaille que vaille Chaeun y mettait du sien mais il se faisait dans les eonditior s suivantes il ny avait pas il n y a toujours pas de biblioth que univer sitaire Nanterre Ce sont des conditions de travail telles que les jeunes gens qui se trouvent l se posent un rertain nombre de questions propos de ce que vous leur apportez et de ce que a politique d enseignement et d ducation nationale du Gouvernement leur donne Evoquons d abord le probl me de leur orientation On a parl du baccalaur at Nous avons tout le monde le recon nait besoin de plus de scientifiques que de litt raires Mais le baccalaur at de math matiques qu il s agisse des math matiques l mentaires ou des math matiques techniques est organis de fa on telle que sa difficult est plus grande que celle des autres s ries C est pourquoi l ann e derni re la proportion des eandi dats re us ce haccalaur at a t si je ne me trompe de 24 8 ou de 24 9 p 100 Il y a eu davantage de candidats re us dans scene des lettres et dans ia section des sciences exp rimen tales Qu avezvous fait pour rem dier cet tat de ehoses pour diviser davantage l orientation en amenant l Universit modi fier ses m thodes d enseignement des math matiques en all geant certains programmes
166. t normal d une Universit que la d mocratisation de l enseignement rend chaque ann e plus accessible aux coliers fran ais Ce qui nous pr occupe enfin c est que notre pays je dis bien notre pays et pas seulement les pouvoirs publics prenne conscience d un devair national celui d int grer pleinement les jeunes notre soci t M Robert Morlevat Vous y avez mis Je temps M Bertrand Flornoy Or il est vident que cet objectif fondamental mon sens est menac par l explosion d une violence qui a t voulue pr par e organis e par certains et qui maintenant est exploit e par d autres l int rieur et l ext rieur de l Universit pour des raisons non pas seulement de solidarit mais aussi parfois pour des raisons partisanes politiques et lectorales Explosion de violence exploitation de la violence Oui mais aussi exploitation des incertitudes et des inqui tudes que peuvent ressentir normalcment des jeunes plac s dans un monde univer sitaire en compl te transformation Nous n oublions pas que depuis dix ans une uvre consi d rable d adaptation une uvre par certains c t s r volution naire Rires sur les bancs de la f d ration de la gauche d mo crate et socialiste et du groupe communiste une uvre par certains c t s r volutionnaire je le r p te s efforce de lutter contre l inertie le conservatisme et le r gne des privil gi s que repr sentait l Universi
167. t pas d avoir organis le u fil d hier soir travers Paris avec chant de l Internationale devant le tombeau du Soldat inconnu qui nous convainera des qualit s de bon administrateur de P U N E F Protestations sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste Toutefois monsieur le ministre le centre national des uvres universitaires et scolaires ou tout autre organisme qui serait cr puisque le mandat des administrateurs est venu expiration le 5 mai dernier pourrait servir de lieu de recontre de lieu de discussion et pas seulement sur des probl mes de gestion et d aide sociale entre l administration et les tudiants il ne s agit l bien s r que d une suggestion Ce qui compte c est 1 volont d aboutir dans l uvre nationale que vous entre prenez et nous sommes tous convaincus que vous m nerez cette entreprise comme vous l avez dit ce matin en sortant du conseil des ministres avec nergie et pers v rance Et vous pouvez compter sur notre accord notre soutien amical et permanent Applaudissements sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique et des r publicains ind pendants M le pr sident La parole est M Pisani auteur de la septi me et derni re question Applaudissements sur les bancs de l union des d mocraties pour la V R publique ct des r pu blicains ind pendants M Edgard Pisani Mesdames messieurs il mest arriv de
168. tait la premi re fois que la police entrait dans la Sorbonne J ai dit que c tait la premi re fois que la Sorbonne tait ferm e C est sur ee point que j aimerais avoir votre r ponse M le ministre de l ducation nationale Je suis pr t faire la m me d monstration La Sorbonne a t ferm e de nombreuses reprises et les cours ont t suspendus plus souvent encore Plusieurs d put s de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste Quand M le ministre de l ducation nationale Je n ai pas sous lea yeux la liste des fermetures de la Sorbonne et des suspensions de cours Je ne puis la citer de m moire mais je la tiens votre disposition si vous le d sirez En tout cas j affirme avec la plus grande certitude qu il y a eu de nombreux pr c dents sous toutes les R publiques Applau dissements sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique Passons sur ees vingt ann es de 1936 1956 qui furent troubl es 1608 mes tee mets ET m e Depuis 1956 plusieurs reprises des affronlements entre groupes d extr mistes ont conduil nolamment le recteur Sarrailh et le doyen Renouvin deux fois dans les premiers mois de 1958 provoquer Yintervention de la police Des chauffour es s rieu ses s laient alors produites l int rieur de la Sorbonne ce qui n a t nullement le cas cette fois Moi m me le 21 f vrier dernier monsieur Fanton j ai us
169. tation d un esprit national Protestations sur les bancs de la f d ration de iu gauche d mocrate et socialiste Applaudissements sur les bancs du groupe des r publicuins ind pendants et de l union des d mocrates pour la V R publique Et puis on a vendu des revues on a organis des collectes au profit de certains partis politiques des commandos de choc ont t form s on a vu l intrusion de jeunes gens non tudiants qui ont impos la loi de la jungle de fa on metire au pas sinon en condition la grande masse estudiantine exigeante mais s rieuse D s le mois de d cembre 1967 monsieur le ministre j avais appel votre attention par une question orale dans laquelle je vous demandais si la situation que je vous avais expos e tait compatible avec les r glements universitaires et dans la n ga tive quelles mesures vous comptiez prendre pour y rem dier Apr s les vacances du nouvel an on a assist un d pla cement des manifestations vers Nanterre et surtout une d gra dation de la situation laquelle a pris une nouvelle dimension Au d but elle tait le fait d une minorit organis e et d cid e d une jeunesse en tat de s cession morale avee tous les confor mismes de la civilisation dont elle est issue et qui couvrait son d sarroi derri re les noms de Marx Guevara Mao Ces noms il faut bien le dire ne signifient pas grand chose pour cette jeunesse Protestations sur
170. te M Roger Roucaute Arr tez donc plut t la r pression M le ministre de l int rieur Ilier enfin le pr fet de police et cet gard je ne pense pas qu on puisse m interrompre car l unanimit s est faite sur ce paint sauf le grand article des Isvcstia condamnant avec force les gauchistes qui d cha nent le d sordre Paris mais les Isvestia ne m int ressent pas quand il s agit de l ordre Paris Pro stotions sur les m mes bancs Un d put communiste Pourquoi en parler alors M le ministre de l int rieur Hier donc le pr fet de police soucieux d viter un affrontement avec les tudiants bien qu il ait interdit tr s l gitimement le Quartier latin apr s les bagarres tr s s rieuses dont il a t le si ge et quel est le pr fet de police et quel est le ministre de l int rieur vraiment qui ne le feraient pas accepte le lendemain m me de ces bagarres qu le cort se se d place dans les rues de Paris et je le pr cise il l accepte jusqu l extr me limite du possible Mais je n insiste pas Certes et je demande tous ceux qui ont une part de responsabilit soit par leur parole soit par leur plume soit par leurs fonctious de bien r fl chir ce que je dis l U N E F dont les membres ne d sirent pas le drame j en suis persuad Pourquoi Je d sireraient ils Ils seraient fous a essay jusqu la fir d emp cher les tudiants qu e
171. te lutte long terme doit tre la paralysie de rusine universitaire L eusine universitaire On appr ciera et mieux encore la lecture du texte suivant Accepter le bon fonctionnement de l Universit c est accep ter la survie d un syst me r pressif la mesure des besoins actuels de la classe dominante L Universit devient donc le lieu de production des petits et moyens cadres comme chose en soi cadres dont la claire fonction en tant qu orientateurs scolaires psycho sociologues id ologues ete est d assurer l exercice d une r pression syst matique au titre de flics et de cur s qu ils sont ces deux derniers mots tant crits en lettres majuscules Sou rires Telle est la diaiectique de Nanterre Je voudrais seulement ajouter si M le ministre de l ducation le permet que M Grap pin n a pas lieu d tre fier du fran ais que parlent et crivent ses tudiants en lettres Et malrtenant mesdames messieurs la m thode Nous savons que toute contestation totale et coh rente ne peut se r aliser que par la violence On cite entre parenth ses les exemples suivants la Commune de 1871 actobre 1917 Espagne 1936 blousons noirs Noirs am ricains etc Interruptions sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste M Pierre Charles Krieg Ils ont oubli Budapest M Bertrand Flornoy lt Toute ruplure partielle si elle doit prendre un prolongement r el d
172. tes pour la V R pu blique et sur plusieurs bancs du groupe Progr s et d mocratie moderne M le pr sident La parole est M Fanton auteur de la deu xi me question Applaudissements sur les banes de l union des d mocrates pour la V R publiqne et des r publicains ind pendants M Andr Fanton Mesdames messieurs disons le franche ment au moment o s ouvre ce d bat l opinion publique et nombre d entre nous romprennent mal les raisons profondes de l agitalion et des violences qui depuis plusieurs semaines se sont install es dans nos universit s Plusieurs d put s de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste Ah non M Andr Fanton Avant de porter un jugement avant de proposer des solutions essayons de d lerminer les causes de cette agilation et de res violences Iabituellement il suffit d interroger les manifestants eux m mes pour connaitre les raisons de leurs manifeslalions Nous avons tous les uns et les autres soit particip soit assist des manifestations de rue et toujours des mots d erdre s y fai saient entendre qui tiraduisaient les intentions de ceux qui manifestaient Cette fois ci en dehors des injures adress es aux d fenseurs de l ordre on n a entendu aucune esp ce de mal d ordre soit positif soil n gatif a r ASSEMBLEE NATIONALE SEANCE DU 8 MAI 196 1595 e e a a aaa Recherchons alors dans les documents dans les
173. tie qu instaureront les forces de gauche unies pourra op rer la r forme d ensemble n cessaire depuis le premier degr jusqu aux quipes de pointe Celle ci ne se fera pas par voie autoritaire d en haut mais en consultant coutant et associant tous les int ress s Mais sans attendre nous proposons plusieurs mesures Nous demandons l Assembl e nationale d adopter dans les heures qui viennent par unc proc dure d urgence notre propo sition d amnistie Nous demandons que le Gouvernement s engage pr senter dans les prochains jours un projet de loi portant affectation de cr dits extraordinaires la mise en route imm diate d un SEANCE DU 8 MAI J968 1613 plan d urgence pour la construction de plusieurs faeult s notam ment Villetaneuse Cr teil et Verri res dans la r gion pari sienne l ouverture de milliers de places dans des instituts universitaires de technologie adapt s au monde moderne et la cr ation du plan grand nombre possible de postes d ensei gnants Nous voterons les cr dits nteessaires Nous demandons que la question de l allocation d tudes soit inscrite l ordre d u jour de la pr sente session de l Assembl e nationale Nous proposons que soit cr e par accord entre les parties int ress es une structure permanente de dialogue avec les tudiants M Andre Fanton Un accord Juquin Cohn Bendit M Pierre Juquin Nous demandons que le Gouvernement altribue
174. tions pour que des appels soient interjet s par le parquet pour que soient prises d autres conclusions de cl mence qui seront de ce fait des conclusions de justice car elles tiendront compte de tous les l ments du probl me afin que les tudiants condamn s puissent bieut t sortir le front haut Je suis persuad que si vous teniez satisfaire cette reven dication tellement naturelle qu elle doit tre au fond de votre c ur si elle n est pas dans vos devoirs minist riels vous contri bueriez l apaisement que nous souhaitons tous Nous aurons l occasion dans d autres circonstances de parler des mesures que vous comptez prendre de faire la critique de votre politique ou plut t celle de votre Gouvernement J ai pour nia part beaucoup admir la rapidit avec laquelle vous avez pris vos fonctions et expos vos id es Je me sou viens d une s ance je crois que C lait avec des parents d l ves au cours de laquelle nous avons eu l impression de nous trouver en pr sence d un vrai ministre de l ducation natio nale m me si naus n approuvions pas toute sa politique Paur tre un vrai ministre de l ducation nationale il faut videmment souhaiter que l ordre sait r tabli M Herv Laudrin Tr s bien M Pierre Cot Mais il faut aussi souhaiter qu il se r lablisse dans l indulgence dans la compr hension En agissant ainsi monsieur le ministre je crois que vous rendre
175. tle situation devant ce v ritable dialogue de sourds nous regrettons profond ment tout ce qui s est pass Vous avez annonc aujourd hui une d sescalade Peut tre l universit reprendra t elie demain ses cours Vous laissez le soin MM les doyens d en d cider Permettez moi de vous dire en m associant l appel qui vous est lane que ce n est pas s abaisser que d informer les tudiants qu une tr ve peut s instaurer pour vingt quatre heures ou qua rantc huit heures En tout cas je vous supplie du haut de cette tribune de ne pas vous montrer trop rigoriste de ne pas vous en tenir je ne sais quelle orthodoxie Je sais bien qu vos c t s esl assis le ministre de l int rieur lui m me ancien ministre de l ducation nationale 1 est charg de l ordre public et il a ses responsabilit s Mais lui qui a connu ces tudiants et leurs dirigeants il doit penser que l ordre public sera respect partir du moment pr cis ment o sont pris des engagements comme ceux que nous vous demandons de prendre Je suis persuad apr s cette longue procession d hier travers Paris qui s est d roui e dans un ordre parfait jusqu au moment o bien entendu comme toujours certains trublions sont venus la g ter que les dirigeants responsables de toutes les organisa tions d tudiants U N E F F N E F ou grandes coles pourront aussi prendre des engagements et qu ils sauront les tenir Monsieur le minislre
176. ue Vous me r pondrez sans doute qu en accordant une conces sion suppl mentaire on ee que vous appelleriez ainsi vous auriez pris un autre risque Si vous comparez les deux vous constaterez que la comparaison n est pas en faveur du choix que vous auriez fait Vous avez dit Si l ordre est maintenu si l ordre est r tabli tout est possible S il ne l est pas rien n est possible Monsieur le ministre la formule ne serait elle pas plut t la suivante Si l or re est maintenu tout est possible en effet Si l ordre n tait pas maintenu ce soir tout serait encore possible mais pas dans le m me sens Ce serait alors infiniment grave et vous vous trouveriez demain dans une situation dont supposonsle Je hasard serait responsable mais vous auriez r soudre ce probl me et je ne vois pas comment vous le feriez sans rencontrer d immenses difficult s Lors de votre interview la t l vision lundi soir vous avez d clar que vous couvriez le recteur Vous avez eu raison de le faire C est le r le d un chef ee t le r le d un ministre de couvrir ses subordonn s quitte plus tard lorsque le calme est revenu voir l attitude qu il faudra prendre en raison de ce qui se sera pass De m me que votre devoir tait de couvrir votre recteur il est normal que heaucoup de professeurs aujourd hui consid rent que le leur est de d fendre leurs tudiants En cffet ils les connaissent
177. uelles peuvent tre les cons quences des manifestations Dans l imm diat elles seront peu graves si l ordre est r tabli rapidement Cela d pend de vous monsieur le ministre et aussi des tudiants _Peut lre m me auront elles t salutaires dans la mesure o elles auront t l occasion d une prise de conscience publique terme je souhaite qu elles permettent la mise en uvre plus rapide des moyens de nature rem dier leurs prepres causes par une profonde r novation de l Universit Parmi les rem des monsieur le ministre beaucoup sont impli citement contenus dans l expos que je viens de faire Mon propos est essentiellement de parler des rem des qui sont entre les mains de l administration car il appartient aux tudiants el aux universitaires de r fl ehir chacun en ce qui les concerne sur leurs propres responsabilit s Tout d abord il fant calmer les esprits rassurer la masse des ludiants irresponsables qui ont l enlrain s leur insu dans cet orage Il faut ramener l ordre sans heurts Ensuite le Gouvernement doit mettre en uvre une politique concert e et active de l emploi pour le pr sent et pour l avenir Enfin monsieur le ministre il faut adapter l ducation natio nale par de profondes r formes son r le qui est essentiele ment de former des hommes en vue d un travail car il faut bien le dire le dilettantisme n est plus aujourd hui qu un privi l ge tr
178. un d bouch suppl mentaire aux tudiants ing nieurs aux tudiants sociologues aux tudiants enseignants inquiets de leur avenir quand ils eonstatent le sous emploi qui frappe leurs ain s Dans de telles conditions le m contentement des tudiants est compr hensible il est l gitime La situation que vous avez cr e a favoris les agissements aventuristes de groupes irresponsahles dont les eonceptions n ouvrent aucune perspective aux tudiants Mais malgr cela la responsahilit du pouvoir apparait de plus en plus clairement la masse des tudiants et la popu lation C est donc au pouvoir de prendre les mesures n cessaires pour rendre une vie normale l Universit Quelles peuvent tre ces mesures indispensables Dans l imm diat nous demandons l arr t de toute r pression polici re et le retrait des forces de police hors du quartier latin Nous demandons la lib ration des emprisonn s De plus notre groupe a d pos hier une proposition de loi dont il r clame la discussion d urgence afin d accurder l amnistie tous ceux qui ont t condamn s samedi et dimanche dernier Applandissements sur les bancs du groupe communiste et de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste Nous trouvant en pleine p riode d examens nous r clamons la r ouverture imm diate des facult s leur fonctionnement normal et le d roulement dans de bonnes conditions des ASSEMBLEE NATIONALE
179. us total des franchises universitaires Applaudisse ments sur des bancs du groupe communiste et de la f d ration de la gauche d mocrnte ct socialiste Ces fermetures sont inlervenues quelques semaines et m me quelques jours des examens Il est vident que pour des dizaines de milliers d tudianles et d tudiants d j fortement pr occup s par leur avenir les d cisions du Gouvernement ont t un motif l gitime de colcre Au lieu de ehercher une solution au probl me le Gouver nement a assum la grave responsabilit de r primer brutale ment sauvagement m me comme l onl crit plusieurs journa listes les manifestations des tudiants Plusieurs condamnations y compris des peines de prisons fermes ont t prononc es contre les manifestants A l heure acluelle nous ignorons comment se d rouleront la fin de l apr smidi et la soir e Voil o conduit l escalade nm D eme me De den ae mm au Quartier latin escalade dont le Gouvernement purie l enti re responsabilit Applaudissements sur les bancs du groupe communiste et de la f d ration de lu gauche d mocrate et socialiste D s vendredi dernier en fin de soir e le groupe commu niste m a charg de poser cette question orale afin d aborder les probl mes au fond Car aujourd hui la crise de l Universit fran aise clate au grand jour De nombreuses manifestations des gr ves d tudiants et de professeurs ont lieu dan
180. uvais go t le calme n cessaire l tude et la recherche disparais sait On en vint au point que les professeurs devaient n gocier avec les enrag s sur l utilisation des salles et sur les programmes Exclumations sur Les banes de l union des d mo crates pour la V R publique M Jean de Lipkowski A qui la faute M Pierre Charies Krieg C est scandaleux M Andr Fanton Voil le r sultat M le ministre de l ducation nationale en attendant d avoir les consulter pourquoi pas sur les r sultats iles examens M Pierre Charles Krieg C est la cons quence de trop de faiblesse M le ministre de l ducation nationale Devant ce m lange d extravagance et d hyst rie le doyen et le corps profcssoral de Nanterre ont fait preuve d une patience d une s r nit M Pierre Charles Krieg D une faiblesse M le ministre de l ducation nationale qui paraissaient in puisables M Pierre Charles Krieg Et excessives M le ministre de l ducation nationale Mais le moment devait venir o il fallait stopper la machine folle ce qui fut fait par la d cision de suspendre les cours Cette mesure prise par le recteur sur la demande du doyen fut accueillie avec des nuances diverses de soulagement sans provoquer d opposition marqu e de la part du corps professoral et des tudiants pour lesquels elle ne constitua en aucune fa on une surprise Pourtant la fermeture de N
181. ux yeux des tutdliants et de leurs parents comiue une abominable technologie p dagogique et non comme une nouvelle d finition du r le de l Universit Quand je me penche sur le d tail des orientations que vous avez adopt es j ai tendance les consid rer comme mieux qu acceptables Mais lorsque je tente d embrasser la r forme telle qu elle se d roule sous nos veux j ai tendance n y rien comprendre Et encore si j tais le seul Mais en d fi nitive ce qui est grave c est que votre effort m apparait beau coup plus comme un ensemble de moyens techniques que comme une nouvelle philosophie de l Universit Monsieur le ministre j ai eu l occasion de d finir quelles pourraient tre mon gr les bases de l Universit dans un syst me d ducation permanente de crois qu il y a beaucoup faire pour tre certain que nous avons cr une galit de chances pour tre certain qu un syst me de s lection et d limination sans espoir nous avons substitu un syst me d orien tation et de foriuution positive Nous avons beaucoup faire pour obtenir que les professeurs changent d attitude l gard de leurs tudiants qu ils ne se consid rent pas comme des initi s qui d tiennent un savoir mais comme des ain s qui transmettent une m thode un go t une attitude Nous avons beaucoup faire pour que les tudiants aient le sentiment que l Universit les pr pare la vie active qui doit tre la leur com
182. vous avez depuis des mois sur votre bureau l appel qui a t lanc au mois d octobre dernier il y a par cons quent plus de sept mois par un dirceteur de cil universitaire auque je veux rendre un particulier hommage le directeur de l norme cit universitaire d Antony Sceaux Je conclurai mon propos en citant ce qu il vous crivait pour fixer vos responsabilites Par la faute donc des uns et des autres parce que au fond des choses moisit l aigre refus d un trop grand nombre d univer sitaires face au risque bien maigre d une discussion un peu vive l impression domine et rassure de part et d autre qu on ne peut plus engager de dialogue parce que l interlocuteur n en a nulle envie Crisp s vindicatifs convaineus d tre dupes et vaincus d avance insolerts sans nohlesse ou provocants sans l gance les tudiants ne doutent pas plus longlemps qu on n a jamais voulu sinc rement les prendre eux et leurs jargons en consi d ration Leur conviction s affirme plut t qu on les a pris au pi ge qu on ne les y reprendra plus D s lors la m fiance r occupe toutes les tranch es de l immobilisme ct le dialogue se r sume proclamer qu on le veut que l autre n en veut pas qu on l avait bien dit et qu on ne dira plus rien Eh bien monsieur le ministre dites nous aujourd hui que vous voulez bien parler avec les enseignants diles nous que vous voulez parler r ellement avec les tudiants
183. vr s des gestes odieux sur les gerbes de fleurs qui taient d pos es tout autour En cette journ e du 8 mai alors que le Pr sident de la R publique est all s incliner sur la tombe du soldat ineonnu pour en ranimer la flamme et saluer les d l gations d anciens combattants je tiens proclamer au nom de l Assembl e que je salue les sacrifices de ecux qui ont donn leur vie pour que la France demeure et je tiens faire savoir aux anciens combat tants que jeune parlementaire j ai t profond ment choqu par de tels gestes Applaudissements sur les bancs de l union des d mocrates pour la V R publique et du groupe des r publicains ind pendants J en viens au c ur de mon propos Le ministre de l ducation nationale a remarqu apr s certains orateurs que les troubles s taient d clench s dans les facult s de lettres en partieulicr dans les d partements de sociologie de psychologie et de philosophie et que la solution r sidait en une planifieation de l enseignement afin d o frh un d bouch et un emploi aux diff rentes cat gories d tudiants A ce propos je dois vous faire part de l inqui tude particuli re que j prouve devant l absence d enseignement court dans le cycle sup rieur en philosophie en psychologie et en sociologie Vous avez monsieur le ministre voqu la cr ation des instituts universitaires de technologie Il se trouve qu aucun institut de ce genre n a encore
184. z plus de services l Universit tout enti re qui doit faire sa mutation aux tudiants qui ont le droit de trouver en vous non pas un juge s v re mais un conseiller qui les comprend et au pays tout entier Applaudissements sur les banes des groupes communistes et de la f d ration de la ganche d mocrate et socialiste et sur plusieurs bancs du groupe Progr s et d mo cratie moderne a NATIONALE ASSEMBLEE M le pr sident La parole est M Andr Rey Applaudisse ments sur les bancs de la f d ration de la gauche d mocrate et socialiste M Andr Rey Apr s les agriculleurs les ouvriers les fonc tionnaires les tudiants se sont leur tour insurg s ce qui peut permettre d affirmer que successivement et des moments diff rents le pays lout entier s est dress contre l autorit du Gou vrenement M Andr Fanton Voil dix ans que l on nous dit cela M Andr Rey Nous ne reviendrons pas sur les violentes chauffourr es du Quartier latin le elimat d meute qui y a r gn pendant des heures les nombreux bless s Tout cela a t dit et fort bien dit par les orateurs qui m ont pr c d celte tribune Nous nous barnerons essayer de comprendre ies v nements d en rechercher les causes et de d noncer les erreurs commises Qu il nous soit permis de dire que personne n a t surpris par ces

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