Partage d`affect. Transformations intimes de la honte et de la
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1. pousse bout ses parents et son enseignante l cole Il s est d j fait exclure alors qu il a par ailleurs de bons r sultats scolaires Mais il n ob it pas il r pond il se met toujours au centre de l attention du groupe par des actes provocateurs transgressifs Cet enfant m explique qu il veut faire des efforts pour s am liorer car il emb te ses parents Il ne se sent pas coupable des actes qu il pose mais il se sent coupable de fragiliser ses parents Il explique aussi qu il n a pas de copain l cole Il est souvent moqu humili Et il r pond de la m me mani re aux adultes et aux enfants il ne fait pas de diff rence entre les deux Je lui demande s il a des soucis chez lui et il me dit qu il a peur que ses parents divorcent Quand il fait une b tise son p re lui dit Tu nous fais nous disputer ta m re et moi et quand on se dispute on finit par divorcer Ce sera de ta faute Il est aussi inquiet parce que son p re a un bracelet lectronique C est cause d une bagarre et aussi cause de probl mes de permis de conduire me dit il Et il a peur que son p re aille en prison Concernant ses parents je dirai simplement pour ce qui nous int resse ici que la m re est effac e d prim e depuis toujours bless e chaque conflit dont l enfant est l origine ou est l objet et que le p re est lui m me un enfant autoritaire et cruel En effet lorsque j2. implique de la fa on dont il entre l int rieur de la vie des personnes de la fa on dont il utilise sa propre vie comme il dit pour comprendre celle des autres pour comprendre comment un sujet somme toute ordinaire peut arriver commettre un crime et on est tonn de voir combien ce qu il d crit peut s appliquer au lien entre un psychanalyste et son patient en tout cas dans la repr sentation du soin psychique laquelle j adh re et que je d fends et peut s appliquer toute rencontre humaine authentique La rencontre le contact sont des notions et des exp riences fondamentales du soin Il n y a pas de soin psychique sans rencontre humaine rencontre avec soi m me mais d abord rencontre avec un autre Le processus de soin consiste pour une part et pour chacun des partenaires tenter d tre en contact avec l autre d tablir une situation ou une exp rience de rencontre Le soin psychique par ailleurs concerne avant tout l exploration de cette situation de rencontre de cette situation interrelationnelle intersubjective l exploration des processus intersubjectifs On sait que l intersubjectivit est une notion centrale dans nombre de travaux sur le d veloppement psychique et sur le soin psychique Ciccone 2011 On doit une telle conception intersubjective du soin psychique du soin psychanalytique beaucoup de praticiens et de th oriciens mais en particulier un
3. La libert prise l gard du dispositif s accompagne d inqui tude voire d angoisse car je ne sais pas o je vais En conclusion je propose quelques remarques pour distinguer les niveaux de honte imbriqu s dans cette situation Le niveau le plus profond est occup par la honte d tre cons cutive une situation de non assignation de non d sir Ce n est pas seulement parce que Fr d ric interpr te son enfance de cette fa on ou parce qu il voque une mort de naissance que je formule cette hypoth se La r p tition est inaugurale d s la premi re s ance je propose Fr d ric de a s adresser ailleurs Cette premi re rencontre me laisse le souvenir de sa d tresse et de mon inqui tude devant les difficult s dont je pressens la profondeur en raison de ses probl mes 23 somatiques et de l loignement D s le d part il est mal venu la mort plane autour du berceau et je regarde ailleurs Les deux souvenirs de honte au cours de son adolescence la remarque de la fille et le rire du p re sont articul s l un l autre Dire T es moche comme un cul exprime une confusion de zones corporelles entre le haut et le bas le devant et le derri re Non seulement Fr d ric perd la face ce qui est une dimension classique de la honte mais on a le sentiment qu il n a pas construit cette face ou que cette face est fragile Cette remarque actualise un tat de conf
4. deux cas une communication une transmission s op re mais les processus sont diff rents et l ventuel soulagement qu ils g n rent ne sont pas identiques On peut partager pour se d barrasser d un prouv d un contenu mental embarrassant dont on ne veut rien savoir et on peut partager pour porter ensemble Le destin de ce qui est partag est videmment diff rent dans un cas ou dans l autre t Psychologues Psychanalystes Professeurs de Psychopathologie et Psychologie clinique CRPPC Universit Lumi re Lyon 2 Ces deux formes de partage s observent dans la vie quotidienne dans les liens ordinaires qui unissent deux ou plusieurs sujets et aussi bien s r dans la relation soignante dans le lien th rapeutique dans l intimit du lien entre un soignant un psychanalyste et son patient Et le destin de ce qui est partag d une mani re ou d une autre d pend de la fa on dont est re u ce qui cherche se partager Tout se passe diff remment si l autre est r ceptif ou pas si l autre assure ou n assure pas une position qu on peut qualifier de position parentale position qui consiste recevoir et transformer ce qui est projet expuls ou ce qui est d pos pour tre port deux Voyons une courte s quence d une clinique ordinaire Je re ois un enfant d une dizaine d ann es que ses parents am nent parce qu il pr sente un comportement opposant insolent il
5. est int gr e trait e au dedans par un sujet plus la transmission de cette culpabilit pourra produire de la honte dans la g n ration suivante Une culpabilit encrypt e maintenue secr te indicible ne permettant aucun travail de mise en sens pour le sujet comme pour ses descendants laiss s dans une position de non savoir confront s l nigmatique peut faire l objet d une transmission cryptique produisant la honte On peut bien s r penser nombre de situations dans lesquelles un anc tre s est rendu coupable d actes rest s secrets non dits laissant ainsi se d ployer chez ses enfants ou dans les g n rations futures un vague sentiment de honte honte d tre n de cette famille d tre issu de cette culture de porter ce nom etc On peut penser aux exp riences traumatiques actuelles telles par exemple la naissance d un enfant porteur de handicap et dont les effets de culpabilit non labor s chez les parents peuvent faire le lit d prouv s de honte chez l enfant porteur du handicap ou chez les enfants de la fratrie Il en est de m me dans le lien th rapeutique Moins la culpabilit est prouv e reconnue int gr e par un sujet un patient comme pour le p re dont je parlaispr c demment avec ses propos cruels racistes et plus sa transmission pourra g n rer des effets de honte Quel est l enjeu des exp riences de partage d affect L enjeu des exp riences de partage
6. g n rer des mouvements d envie chez le soignant Si ceux ci ne sont pas rep r s ses interventions ou ses interpr tations risquent alors d tre essentiellement r torsives et faire violence au patient On peut ainsi se demander si cela est une bonne chose pour la r alisation des partages d affect dans le soin d avoir des exp riences communes avec le patient Faut il avoir v cu les m mes traumatismes qu un patient pour pouvoir vraiment le comprendre Faut il avoir t confront aux m mes prouv s de honte de culpabilit pour pouvoir comprendre ses affects chez l autre et l aider les laborer Faut il pour vraiment comprendre un sujet d racin exil par exemple avoir v cu soi m me l exil Faut il pour vraiment comprendre un patient handicap avoir t soi m me frapp par le handicap ou l avoir connu dans son entourage Ou bien de telles communaut s d exp riences sont elles plut t un frein au soin psychique videmment on peut penser que tout d pend de la mani re dont est g r le contre transfert chez le soignant contre transfert dont je parlais pr c demment La gestion du contre transfert est au c ur des exp riences de partage affectif Il y a deux fa ons on le sait d envisager le contre transfert Pour certains le contre transfert repr sente un ensemble d l ments appartenant au clinicien et qui viennent parasiter le travail faire obstacle au travail clinique Il fa
7. le retournement exhibition suppose que la honte est retourn e en son contraire La source de honte est exhib e Elle convoque le regard social et impose le partage d affect Le troisi me destin implique la projection Il sous tend la perversion narcissique d crite par Paul Claude Racamier 1992 et le harc lement moral travaill par Marie France Hirigoyen 1998 Le sujet loge sa honte au moyen de toute une s rie de strat gies chez un autre semblable maintenu dans cette position par une relation d emprise Ferrant 2001 2008 Le quatri me destin rel ve de la cr ation artistique Ferrant 2011 Proche du retournement exhibition il implique le recours un dispositif sp cifique criture peinture sculpture musique dans lequel le sujet est impliqu Dans le retournement exhibition le sujet est pr sent en tant que tel Dans le dispositif artistique cr ateur le sujet est tram dans la m diation utilis e sur le mod le de la diff rence classique entre l auteur et le narrateur Le dernier destin rel ve du travail th rapeutique Avec Albert Ciccone 2010 nous avons relev les indices contre transf rentiels qui signalent la pr sence d un affect de honte non rep r en tant que tel par le praticien Les id aux professionnels du th rapeute peuvent jouer un r le d cran qui l loignent de la compr hension de ce qui est r ellement en jeu ce moment du travail Je centrerai mon propos sur la fa on
8. n est pas tributaire de l auteur ce propos on peut s interroger sur les situations o patient et soignant patient et analyste ont effectivement un v cu commun une exp rience commune Qu est ce cela fait d entendre un patient laborer une exp rience douloureuse traumatique lorsqu on a v cu la m me ou lorsqu on est en train de vivre la m me Un divorce un deuil un probl me quelconque Et qu est ce cela fait lorsqu on s aper oit que le patient s en sort mieux que soi On n entend quasiment jamais ce type de r flexion dans les congr s dans les pr sentations de cas On l entend parfois en supervision Pourtant cela doit arriver souvent Il y a bien s r l une situation d licate limite Le soignant l analyste sera en mesure de comprendre l motion l affect de l autre mais sera aussi potentiellement d bord par la sienne propre On peut aussi penser que parfois le patient labore transforme des exp riences que l analyste lui m me n a pas pu ou n a pas encore transform pour lui m me On n a videmment jamais fini d apprendre en tant qu analyste que psychoth rapeute que soignant On apprend toujours beaucoup de ses patients On peut parfois s tonner de la mani re dont un patient se d brouille avec une histoire ou un v nement proche de ce qu on vit soi m me et on apprend en observant la mani re dont il se d brouille Mais une telle situation peut aussi
9. une publication en 2006 dans un num ro de la Revue fran aise de psychanalyse consacr lacte Je reprends certains aspects de cette clinique en les centrant sur la probl matique de la honte prom ne la campagne avec son p re et son fr re a n Il demande son p re quoi sert un taureau Le p re et le fr re clatent de rire Ils r p tent en boucle Qu il est con mais qu il est con Vingt cinq ans apr s il garde la trace cuisante de la honte ressentie L histoire de Fr d ric est travers e par une douleur qui sous tend sa r ussite professionnelle Fr d ric est un tribun un homme de culture que j apprends couter entre les mots C est le quotidien de l analyste certes mais avec Fr d ric l apparence est tellement brillante que l aveuglement n est jamais loin Je n ai pas besoin de relancer les associations Je n ai jamais la sensation d tre perdu dans son discours qui est toujours parfaitement structur mais tout semble se passer la marge au bord du dispositif et au bord des mots C est un moment d aveuglement de ma part qui va permettre la mise en uvre du partage d affects Progressivement Fr d ric invente le dispositif d bordement dont il a besoin et je l accompagne Mon exp rience du psychodrame analytique m aide probablement accepter un tel cart Fr d ric m crit Les lettres sont d abord hebdomadaires et post es Elles deviennent rapidement
10. analyste que sur qui est le patient M me s il sent que j ai raison le fait d avoir dit ce que j ai dit lui raconte quelque chose sur moi pr cise Bion 1978 p 34 qui ajoute que les mauvaises habitudes d un analyste se r percutent chaque fois sur ses patients et tr s vite Le patient ou l analysant futur analyste prend tr s vite les mauvaises habitudes de son analyste Donc m me si l on est convaincu de laisser aux patients suffisamment d espace pour raconter ce qu ils veulent ce qu ils raconteront parlera toujours de la rencontre avec celui qui coute Le probl me n est pas de discourir sur l analyste et sur l analysant mais de se r f rer quelque chose qui se trouve entre ces deux personnes disait Bion 1978 p 28 Et on peut ainsi m me penser qu une bonne interpr tation une bonne compr hension ne conna t pas son auteur car elle est co construite co pens e C est ainsi qu elle s approche de la v rit ou de la justesse Comme le pensait Bion 1970 ce qui distingue la v rit du mensonge c est que la v rit concerne un nonc dont la justesse n est pas tributaire de sa d pendance celui qui l nonce Un nonc vrai n a pas besoin de son auteur La zone de partage des affects et des motions peut ainsi tre consid r e comme le lieu d mergence des exp riences vraies et justes des exp riences dont la qualit de v rit
11. comme lont dit des t moins arabes etc etc il n y a qu en France que l on voit cela etc etc je fais court et je reste soft ici en r alit c tait beaucoup plus dense et violent Au bout d une vingtaine de minutes soumis ce r gime je suis sid r je me demande comment ce type qui est courtier en assurances peut assurer son fils le rassurer lui donner une s curit interne qui l emp che d avoir lui m me recours des actes transgressifs pour se faire entendre Je n ai qu une envie c est qu il se taise et qu il s en aille Les quelques tentatives de r ponse ou d intervention que je fais ne r pondent qu ma propre col re qu il a d clench e et pas du tout ce contre quoi sa rage le prot ge ce qui motive et g n re sa rage et sa haine Je lui dis par exemple que s il a des probl mes avec la justice depuis 10 ans et si la justice est injuste ce n est pas la faute d Hollande parce qu il vient juste d arriver j aurais mieux fait de me taire car il me raconte la suite Tous les magistrats sont gauchistes les emmerdes ne font que commencer tous les gens qui travaillent vraiment ont d j commenc quitter la France on verra bien ce que la France va devenir quand il n y aura que des fonctionnaires et des arabes etc etc Je suis moi m me en col re J prouve un sentiment de honte d avoir entendre de tels propos qu il semble vomir deva
12. d affect et d motion dans la situation th rapeutique psychanalytique est de se d barrasser d un prouv perturbant mais aussi de communiquer des affects perturbants de les faire prouver un autre et de les explorer l int rieur de cet autre l int rieur d un autre espace mental Le sujet fait vivre un autre notamment au th rapeute au soignant au psychanalyste ce qu il ne peut prouver en lui m me contenir l int rieur de lui et va observer comment l autre se d brouille va explorer chez l autre l intimit des motions qu il a d pos es en lui Le partage d affect par ailleurs fonctionne dans les deux sens pour les deux protagonistes On peut dire en effet que les subjectivit s de l analyste et du patient se p n trent mutuellement se comp n trent selon une formule d Alberto Eiguer 2008 La subjectivit de l analyste comme de tout soignant est profond ment marqu par le processus th rapeutique si celui ci fait preuve d un v ritable engagement d une v ritable implication Et s il est classique de dire que l analyse de l analyste se poursuit pendant toute cure il faut ajouter qu la fin d une cure le patient en sait autant sur le fonctionnement psychique de l analyste que l analyste en sait sur le fonctionnement psychique du patient Bion dont je parlais pr c demment disait m me qu une interpr tation apprend plus sur qui est l
13. de l autre qu il trouve magnifique Fr d ric s efforce d tre pris en consid ration par l analyste m re tour Effel et il n est pas vu Dire que la lettre est magnifique est une b tise une na vet proche de la question sur les taureaux Fr d ric me rejette au fond du trou de la stupidit et de la honte Mais c est l que nous partageons quelque chose la stupidit et la honte nous lient Ce faux pas et la trahison que Fr d ric d nonce me font moins ressentir de la culpabilit que de la honte Janin 2007 Ciccone et Ferrant 2009 Nous venons de r p ter au sein du dispositif tout le drame de Fr d ric Il est brillant pour tre vu par son p re et sa m re mais cette brillance le fait dispara tre en tant que personne Il souffre de n tre qu un reflet complaisamment admir par ses parents Quelques jours apr s cependant il se rem more un souvenir qu il qualifie de lumineux et dont je re ois rapidement la version manuscrite Un souvenir lumineux j ai dix huit ans en slip attendant avec d autres gar ons exactement du m me ge en slip comme moi dans un petit r duit d attente derri re la porte ferm e du m decin militaire de la visite m dicale des trois jours La porte s ouvre C est mon tour Je en slip j entre dans le grand bureau clair Le m decin est assis derri re son bureau il me salue il me demande de me d shabiller Je quitte mo
14. dont les affects de honte mettent en jeu le dispositif th rapeutique et conduisent le th rapeute se d centrer lui m me sortir de ses gonds en quelque sorte Les torsions du moi cons cutives la situation honteuse v cue par le patient n cessitent en cho certaines torsions du moi chez le th rapeute Dans ce type de situation le th rapeute ne peut pas rester impavide et immobile Il s engage dans une forme de jeu de coucou Roussillon 1995 Cette mise en jeu implique un largissement du dispositif ce que j appelle un dispositif d bordement Ferrant 2006 La blessure de l infantile Mari et p re de famille Fr d ric vit une existence partag e entre ses activit s professionnelles et ses responsabilit s politiques Il a quelques exp riences homosexuelles avec des collaborateurs ou de jeunes militants exp riences dont il souligne le c t furtif Il se demande c est une question pressante au d but de nos rencontres s il est vraiment homosexuel et pervers Il est le deuxi me et dernier enfant d une famille bourgeoise Ses tudes l ont port un haut niveau de sp cialisation Parall lement son activit professionnelle il d veloppe un engagement politique en opposition avec son milieu d origine C est la raison pour laquelle il veut rencontrer un analyste distance de la ville o il habite Il raconte une enfance terne au sein d un milieu bourgeois
15. le voit l exp rience du partage d affect s inscrit videmment dans une filiation d id es et de mod les concernant le soin psychique concernant ce qui soigne dans le soin On peut dire que le travail psychanalytique avec la psychose en particulier et le travail avec les enfants voire les b b s sont l origine d une mutation concernant la th orie du soin psychique On peut en effet comme le fait Didier Houzel communication personnelle d gager trois mod les du soin psychanalytique la fois d un point de vue chronologique ou historique et d un point de vue actuel ces trois mod les pouvant op rer solidairement ou simultan ment le premier mod le est celui de la d charge Ce qui soigne c est de d charger par la parole d charger l angoisse la tension le conflit La repr sentation par l acte de parole a une valeur cathartique Ce mod le fonctionne toujours quand quelqu un a un probl me ne lui dit on pas Il faut que tu en parles tu verras a ira mieux apr s le deuxi me mod le est celui du d voilement Le psychanalyste est l expert qui va d voiler le fantasme le conflit inconscient ce qui se joue et anime le sujet son insu C est un mod le toujours actuel Nombre de cures sont men es par des psychanalystes qui traquent le fantasme inconscient pour le d voiler le troisi me mod le est celui de la contenance Ce qui soigne n est pas tant de d ch
16. m nagement Ce travail d ajustement est n cessaire au processus de rencontre puisqu il m instaure partenaire d un jeu dont nous inventons ensemble jour apr s jour la forme et les r gles D une part les lettres exercent une emprise qui enserre l analyste dans une s rie de contraintes quotidiennes D autre part elles sont des proto r ves en acte en attente d tre r v s et qui sollicitent l analyste dans sa capacit de r verie et dans sa propre cr ativit La stupidit consiste admirer l apparence sans r ver le fond Pour le dire dans les termes de Bion il m adresse des l ments b ta afin que je les transforme en l ments alpha II m crit afin que je r ve pour deux En me d signant comme son analyste Fr d ric m instaure comme r ceptacle de tout ce qui a t trait jusque l au sein de champs diff rents L homosexualit entre dans l ar ne du transfert et sa suite comme une ombre port e toute la massivit de la d tresse infantile En cho je me mets au diapason et je transforme le dispositif pour contenir et accompagner la pouss e Les conduites homosexuelles disparaissent en m me temps que les lettres affluent Tout se concentre au sein du dispositif Fr d ric conduit l analyste qui se laisse conduire jusqu ce point o la rencontre peut advenir Je ne pr tends pas que cette voie tait la seule possible mais c est elle qui se dessine ce moment
17. quotidiennes et sont directement d pos es dans ma boite Le dispositif th rapeutique s largit Il inclue l agir dans notre relation et dans cet agir des formes d expressions diff rentes les mots les couleurs puis les dessins Au fil du temps en m me temps que la correspondance gagne en intensit les agirs homosexuels disparaissent Les lettres remplacent les conduites compulsives en direction d objets peu diff renci s en leur procurant une forme une enveloppe et un destinataire l analyste Les lettres reprennent des contenus de s ances ou prolongent la s ance pr c dente La motricit est engag e chaque courrier implique une s rie d actes Fr d ric crit et passe probablement beaucoup de temps dans la confection de ces lettres De mon c t je vais les chercher dans la boite aux lettres et je les lis toutes Nos motricit s sont donc engag es en miroir et en cho l une de l autre Je cite un extrait d une de ses premi res lettres Elle se pr sente comme le r cit d un r ve m l un souvenir C est un tat des lieux interne C tait un dimanche apr s midi triste comme un dimanche apr s midi d hiver J habitais dans un petit studio sordide Je n avais pas d amis Le matin je m tais r veill vers dix heures et je suis rest encore longtemps dans la chaleur des draps du lit J tais enti rement nu et comme d habitude je me suis masturb avec application Pe
18. un autre pour qu il porte les affects du sujet pour l utiliser comme porte affect On est l dans les logiques des liens tyranniques Ciccone et al 2003 Le tyran a besoin d un esclave pour prendre en charge ses propres affects ses propres prouv s et en particulier l impuissance la culpabilit la honte L enfant qui h berge ces affects et qui ne trouve pas une position parentale pour les contenir pour l aider les laborer les transformer va son tour les projeter tenter de les retourner l envoyeur Il va pousser bout pour traiter la culpabilit et la honte v rifier si les parents vont se casser se d grader divorcer d primer Il va pousser bout aussi pour v rifier ce qu il y a au bout est ce qu au bout du compte on tient vraiment lui Est ce qu on l aime vraiment Ou bien est ce qu on va l abandonner le rejeter l exclure On peut dire aussi qu il pousse bout pour r animer le parent d prim pour r animer l amour parental Tout se passe comme si la s curit de base P assurance de base n tait pas tablie Cet enfant va par ailleurs d velopper une toute puissance car la culture familiale et l illusion familiale noncent qu on est adulte non pas quand on reconna t et respecte la r alit mais quand on est plus fort plus puissant c est le gonflement de l omnipotence infantile et adolescente qui fait qu on est adulte Il n y a
19. Journ es d Accords Avignon 24 mai 2012 Partage d affect Transformations intimes de la honte et de la culpabilit Albert Ciccone et Alain Ferrant Albert Ciccone Les affects de honte et de culpabilit font partie de la vie quotidienne Ils sont mobilis s tout au long du d veloppement psychique et ont des effets et une fonction quant la prise en compte de la r alit et quant la maturation de la personnalit Ces affects peuvent videmment avoir aussi un effet perturbateur d structurant d sorganisateur et tre l origine de souffrances crasantes L une des issues organisatrices ou potentiellement organisatrices de ces prouv s r side dans leur partage possible Je vais proposer quelques r flexions concernant ce processus de partage intime d affect et de transformation intime de l affect Alain Ferrant poursuivra ces r flexions dans le cadre plus particulier de l affect de honte Le partage d affect est un paradigme du processus de soin c est l id e que nous soutenons avec Alain Ferrant Ciccone et Ferrant 2009 Et cela vaut pour les effets de soin ordinaire de toute relation interhumaine comme pour le travail de soin psychique dans un contexte de psychoth rapie ou de psychanalyse par exemple Mais le terme partage a un double sens il peut s entendre comme l effet d une partition de l exp rience ou bien comme l effet d une communaut d exp rience Dans les
20. ainsi pas de diff rence entre les adultes et les enfants ou les adolescents pas de diff rence entre les pr rogatives adultes et les pr rogatives infantiles Autrement dit l organisation familiale externe et interne qui repose sur une telle diff renciation fait ici d faut et est remplac e par la hi rarchie qui impose un syst me de tyrannie et soumission ce n est pas partir d une position parentale protectrice mais c est avec des coups de pied au cul qu on l ve les enfants partir d une position hi rarchique o l adulte est un enfant ou un adolescent encore plus puissant encore plus fort plus omnipotent Si on peut accepter d prouver tous ces affects la rage la col re tout comme la d tresse l impuissance la honte la culpabilit si on peut accepter de les garder en soi de ne pas les retourner l envoyeur si on peut les contenir on peut avoir acc s ce en quoi ils concernent le sujet aux sources chez le sujet de ces prouv s m me s ils font cho aussi quelque chose qui appartient au th rapeute Car on ne projette jamais en lair comme le disait Freud 1922 on projette toujours dans un objet qui contient quelque chose de commun avec ce qui est projet Concernant ce p re on a pu avoir acc s petit petit une histoire douloureuse une enfance avec un p re qui le l a pas reconnu une contrainte toujours tre plus fort aller plus vite d passer t
21. ance suivante la lettre est pos e reconstitu e sur une petite table proximit de son fauteuil Sa surprise et son motion ne sont pas feintes Merci Monsieur dit il seulement Il ne touche pas la lettre et n en parle plus jusqu la fin de la s ance La s ance suivante un souvenir merge Une version crite me parvient rapidement Je suis dans une chambre au quatri me ou cinqui me tage d un h tel de Mexico C est une chambre collective Mon lit sera celui qui est le long d une fen tre ouverte sur la cour int rieure de l h tel Lumi re blafarde de l lectricit du pauvre et lueurs bruyantes de la grande ville Je pose mon sac dos droit au pied du lit Il fait moite La chambre est encombr e Je me l ve et me penche la fen tre Et je vois la ronde des rats Des rats grouillants cort ge incessant entre les poubelles de l h tel La cour d borde de rats les poubelles 19 regorgent d ordures J ai sommeil je dois dormir le voyage a t long Je porte un dernier regard sur la profondeur vivante et je vois des rats qui commencent monter sur les murs Ils montrent m thodiquement patte apr s patte ivres de verticale avec certitude Ils montent pas un ne perd patte pour tomber ind finiment Je me retourne Mon corps a besoin de dormir Je me couche et je ferme les yeux Je suis r veill par une pr sence par un regard insistant qui demande attention Un regard exige mo
22. arger par la parole ni de voir les fantasmes d voil s et rendus conscients ce qui soigne est l exp rience selon laquelle la vie motionnelle troubl e perturb e douloureuse trouve un espace dans lequel elle puisse tre re ue et contenue Ce qui dans l analyse et chez l analyste soigne le patient c est la capacit de contenir les motions les pens es que le moi trop fragile du patient trop peu assur dans son sentiment d existence ne peut contenir ne peut tol rer ne peut penser L analyste le soignant h berge et pense les exp riences et les pens es que le patient ne peut contenir et penser tout seul C est en particulier je le disais le soin aupr s de la psychose des tats limites des enfants des b b s qui a fortement impos ce mod le de la contenance L volution de ces mod les ne les rend pas exclusifs les uns des autres ceux ci bien s r coexistent s interp n trent Mais il y a en tout cas l une source une voie d mergence du mod le du partage d affect comme mod le de soin psychique 11 Cette id e est somme toute banale il ne peut en effet y avoir de soin sans partage d exp rience Tout patient utilise l espace th rapeutique le lien au soignant pour projeter partager faire transiter un aspect de son monde interne de sa r alit psychique Et on ne peut aider un patient que si l on est touch par ce qu il communique que si l on est affect par ce qui l affe
23. balustrade au dessus du vide J ai l ch la balustrade et je suis tomb de plus en plus vite heurtant violemment poutres et poutrelles Je suis tomb ind finiment D chiquet Mon corps d sint gr approche le sol Il ne reste plus que quinze m tres douze m tres dix m tres je tombe Mon apparence qui a surv cu ma mort de naissance va enfin s craser Soudain inexplicablement mon corps d sint gr ne chute plus Je suis en suspension quelques m tres du sol au bord de la chute mortelle Je dois lutter ind finiment pour ne pas tomber d finitivement Lutter ind finiment pour ne pas tomber d finitivement dit l enjeu du naufrage de l origine La dimension f tichique le haut sexe rig de la capitale laisse entrevoir le vide qui aspire Fr d ric Cette mort de naissance d ploie la trag die d une vie dans laquelle d une certaine fa on la mort a d j eu lieu Cette tour Effel dont Fr d ric chute est une repr sentation de la m re m tallique froide saisie bras le corps mais qui ne retient pas Elle est aussi une repr sentation de l analyste Fr d ric grimpe les quatre tages qui conduisent mon cabinet deux fois par semaine Cette lettre d crit l enjeu de notre travail commun il est au bord d une catastrophe psychique qui le menace Et nous allons traverser ensemble cette catastrophe La honte partag e Fr d ric publie r guli rement dans les domaine
24. cte Le soin psychique commence est n est possible qu partir d un point de contact du point o l on est touch par l autre Et cela suppose une rencontre et une authentique implication du soignant dans le soin Les exp riences de partage supposent et reposent sur une implication de la part du soignant du th rapeute de l analyste Et je terminerai sur cette notion d implication dans le partage d affect en reprenant des propos d un ma tre et ami Dominique Thouret 2004 Se r f rant Maldiney 1973 1991 Dominique Thouret souligne la mani re dont le soin psychique repose sur et suppose l implication contrairement l explication Il diff rencie implication et explication Seule l implication permet la rencontre le partage s impliquer c est tre dans le pli dans le rythme de l autre comme le dit Dominique Thouret ex pliquer c est tre hors du pli hors du lien hors de la rencontre Seule l implication permet de comprendre et un sujet qui ne se sent pas compris d un autre ne peut pas en apprendre quelque chose On ne peut rien apprendre de quelqu un qui ne nous comprend pas m me s il sait tr s bien tout nous expliquer La position clinique et ses effets de soin supposent une implication un accordage un ajustement se mettre au plus juste et renvoyer le plus juste de l exp rience subjective affective motionnelle de l autre qui conduit un partage suffisant pas trop mais
25. e re ois le p re il m explique qu il l ve son fils coups de pied au cul que les paroles ne servent rien que dans la vie il faut tre le plus fort le premier etc Concernant ses probl mes avec la justice il va m expliquer qu il est victime d un monde totalement injuste et va d verser un discours plein de rage de haine que j aurai du mal arr ter et supporter Ce Monsieur est donc tout le temps en proc s il est victime de la nullit de la justice en France dit il il a refus de rendre son permis alors qu il n a plus de points parce qu il estime qu il a obtenu son permis avant la loi instaurant les points donc on ne doit pas lui en enlever d ailleurs si on paye 6000 euros je ne sais plus quel avocat parisien on chappe toute condamnation alors elle est o la justice tous ces juges qui veulent que la loi soit la m me pour tout le monde sont injustes c est la faute d Hollande et des communistes etc etc il a t condamn une mesure ferme parce qu il tait en sursis cause d une simple baffe dit il donn e quelqu un qui a refus que lui m me le double en voiture parce que celui ci avait un quatre quatre et lui une plus petite cylindr mais il l a quand m me doubl lui a fait une queue de poisson et a emp ch l autre de le redoubler un feu l autre lui a cass une vitre lui m me lui a donn une gifle et pas un coup de poing
26. eins depuis le d but de sa correspondance renvoie une forme de relation en double ou en cho Deux jours apr s cette s ance je re ois une lettre qui marque un tournant dans notre travail trange vous Il y a d abord le miroir de l ascenseur miroir froid Instrument de mesure possible quand je pourrai me regarder tranquillement dans la glace miroir froid de l ascenseur et que je me verrai en une image rassurante humaine Il y a donc la glace de l ascenseur et en haut derri re la porte l int rieur du cabinet de ma parole d cha n e il y a vous miroir vivant Etrange vous Je ne peux pas dire que je vous aime Je ne peux pas dire que je vous d teste ni que je vous admire Je n a pas l id e de vous insulter ni m me d tre en col re contre vous Je peux dire que je vous respecte Je peux dire qu il y a de l humain mais ce n est qu une proposition provisoire Je mesure la fragilit de ce miroir que la succession des d n gations d signe comme cible d affects vari s et potentiellement d vastateurs Ce miroir sonore et visuel est toutefois respect c est dire pris en consid ration Dans la dynamique de ce transfert en double le respect introduit la perspective d un investissement narcissique protecteur Fr d ric est trop amoureux des mots pour ignorer que respecter quelque chose implique de ne pas y porter atteinte et de ne pas l enfreindre L humain est encore u
27. ent sp cifique tre psychanalyste c est prendre le parti de la subjectivit C est affirmer que l change est aussi n cessaire l homme que l air qu il respire et qu on ne s en sort jamais tout seul L change intersubjectif est un facteur de changement travers le partage des motions et des affects communiqu s par les mots les gestes et les actes tre psychanalyste c est tre garant du cadre et de la m thode et investir la restauration ou la construction d un plaisir de fonctionnement chez le patient Rien ne serait pire qu un psychanalyste qui n prouverait rien dans la rencontre avec un autre semblable ou qui passerait son temps restaurer son narcissisme travers la souffrance d autrui Tout le monde souffre un peu de son enfance l analyste comme les autres Cette souffrance minimale lui est n cessaire dans l exercice de son quotidien L analyste partage cette souffrance avec ceux qui soignent avec ceux qui enseignent et avec ceux qui s efforcent de danser leur vie travers une quelconque activit artistique La sp cificit de l analyse cependant est de viser la transformation de cette souffrance en outil d en faire une source un moyen de connaissance et un levier de changement Le corps corps psychique qui caract rise le travail psychanalytique n est donc pas de tout repos mais il est soutenu et ordonn par la m thode Donnet 2005 Toujours d j l la m t
28. fant me du cousin mort un an avant lui Les rires jaillissent comme seule r ponse ponctu s par les Qu il est con mais qu il est con qui stigmatisent la na vet de la question En ne s attachant qu sa forme le p re et le fr re trouvent que la question est magnifique Fr d ric attend une r ponse comme une pute que personne ne d sire formule saisissante qui condense la honte d vastatrice et la sexualisation secondaire du traumatisme originel Fr d ric revient sur le regard du p re dirig vers un autre b b vers une fille Ce d tournement du regard paternel rend compte pour lui du d sir du p re le deuxi me enfant aurait d tre une fille Fr d ric fustige cet vitement paternel initial dans lequel il voit une des sources de sa mort de naissance Je n aurais pas d vivre conclut il brandissant la preuve que son p re et sa m re ne voulaient pas de lui Au fil du temps cependant cet pisode prend un relief diff rent Le regard d tourn du p re vise un ailleurs Que regardait il Je demande Fr d ric s il sait pourquoi son p re s est int ress cette fille l Sa r ponse est la fois simple et compliqu e le b b qui vient de na tre dans la m me clinique est la fille d un homme politique influent de l poque Mon p re devait penser qu il tait plus important pour sa carri re de flatter le politique que de s occuper de son fils dit i
29. hode ouvre la potentialit du processus en maintenant l exigence d une perspective m tapsychologique La carte n est cependant pas le territoire la th orie claire la pratique mais ne la dirige pas La psychanalyse n est pas la simple mise jour d un sens cach du latent par rapport au manifeste auquel cas le travail analytique ne serait jamais qu une exp rience de d codage mais un travail de cr ation deux dans lequel chacun des protagonistes est actif et cr atif C est dans cette perspective que je vais aborder la question du partage de la honte au sein du dispositif th rapeutique Avec Albert Ciccone 2009 nous avons avanc l id e que la honte pouvait suivre diff rents destins L enfouissement est le plus banal sinon le plus normal de ces destins La situation source de honte est trait e par une accumulation de repr sentations ou de comportements dont le r le est construire une sorte de sarcophage ou d enveloppe b tonn e un peu la mani re dont on a isol la centrale nucl aire de Tchernobyl apr s l explosion La honte ne rel ve pas des enjeux classiques du refoulement du fait de sa dimension fondamentalement narcissique L enfouissement de la honte peut tre plus ou moins marqu et pr caire en raison de l impact traumatique initial Vincent de Gaulejac 1996 montre que les trajets de vie peuvent tre brutalement infl chis par les effets de la honte Un deuxi me destin
30. l autre accepte ce qui est projet d pos en lui s il est disponible ou bien si l autre refuse les projections se prot ge par des man uvres d fensives par une position id ologique doctrinaire propose une fausse coute ou une pseudo coute Dans une telle conjoncture de non partage on peut dire que ce qui est tout de m me partag c est l exp rience pers cutrice ou traumatique d tre rejet incompris abandonn L autre le th rapeute agi le rejet r p te une r ponse traumatique d j v cue par le patient Le soignant h ritier des projections peut se retrouver dans une fonction de porte affect nous l avons vu Et on peut dire que cette configuration est une chance pour le patient dans la mesure o contrairement aux autres h ritiers de son entourage ordinaire le travail du soignant du psychanalyste consiste d passer la r p tition et transformer l exp rience en lui afin que le patient puisse lui m me son tour peu peu se d gager des r p titions ali nantes Si la culpabilit et la honte peuvent se transmettre dans le dispositif se transf rer en tant que telles chez le soignant on peut penser aussi que de tels affects peuvent se transformer l un l autre et on peut dire ainsi qu une culpabilit non int gr e peut produire de la honte chez l objet l autre h ritier Et il en est ainsi dans un lien filial comme dans un lien th rapeutique Moins la culpabilit
31. l avec m pris Le rapprochement avec les activit s militantes de Fr d ric s ouvre donc largement devant nous La brillance du discours cherche l attention de ce p re qui regarde toujours ailleurs J apprends aussi dans la m me s ance que le jeune fr re du p re a disparu un beau jour sans laisser de traces On ne sait pas ce qu il est devenu Fr d ric a le vague souvenir de son p re cherchant ce fr re qui laissait beaucoup de dettes dans Paris Il n en a plus jamais t question Je pense alors aux errances de Fr d ric lorsqu il multipliait les rencontres homosexuelles furtives Am nagement du dispositif et partage d affect Dans ce type de clinique il n est pas possible de s appuyer sur l attitude habituelle du psychanalyste qui laisse venir Le patient est dans l urgence d une r ponse travers le 22 regard les gestes et les mots La neutralit classique est d embl e inad quate m me si elle constitue l horizon ind passable de notre position clinique Tout travail aupr s d un patient engage l analyste mais cette conjoncture particuli re bouscule le cadre et le dispositif Ce type d engagement rel ve autant de la rigueur que de la potentielle transformabilit du cadre et d un travail d ajustement Cet ajustement ne vise pas la perfection d un miroir parfait Il contient n cessairement un cart Chaque fois que l cart est excessif Fr d ric me le fait savoir sans
32. maire qui est mise en jeu La nudit est recouverte et bord e par un investissement retenu et li Le slip est analogue l enveloppe de la lettre qu il faut d cacheter pour d couvrir l int rieur et examiner l intime D une certaine fa on Fr d ric m apprend tre sa m re comme un b b mod le sa m re Nous passons de l aveuglement la possibilit de voir sans stupidit Nous survivons la catastrophe et nous poursuivons notre travail commun Je le cherche l o il a besoin d tre trouv Nous avons jou une forme labor e de jeu de coucou Je l ai manqu il me l a fait savoir sans m nagement C est partir de ce moment qu il me demande de lire certaines lettres haute voix Mais entre temps un pisode important s intercale Il apporte une lettre et me la lit Pendant cette lecture il manifeste de plus en plus de signes d agacement C est ridicule finit il par dire en d chirant la lettre en petits morceaux Il quitte le fauteuil et jette le tout dans la corbeille Je lui dis que cette lettre est aussi importante que les autres et que j aimerais moi la conserver Il r torque que j attache beaucoup trop d importance ces folies d criture et que je me conduis comme un gentil psychanalyste qui ne veut pas faire de mal son patient et qui fait des efforts inou s pour le sauver Apr s son d part je r cup re les morceaux et les recolle la s
33. n regard Sur le rebord de la fen tre juste c t du sac un gros rat assis me regarde Me regarde ind finiment Nos regards se croisent s embrassent ind finiment Il a exactement le m me regard que moi un regard venant du c ur du n ant Croisement immobile Intimit Miroir absolu Identit Je suis vivant Miroir vivant Je suis lui Il est moi Je n ai pas peur Quelques minutes une ternit J ai connu le moment trange de la visite de mon double Voil Monsieur Ferrant fait rat dit il en souriant Il joue autour des moustaches et de la proximit de mon nom avec celui d un chanteur Ce Ferrant Ferrat d ploie une logique du double la mani re du b b qui joue avec le visage maternel et mime ses expressions tout en babillant Le champ associatif impliqu par le rat est consid rable il fouille les poubelles et les souterrains il mobilise la question de la honte et son cort ge d indignit cloacale il renvoie au b b qui vient de na tre comme au p nis R est le nom du dieu soleil des gyptiens ce que Fr d ric videmment n ignore pas Quoi qu il en soit il faut escalader ou gravir des marches mon cabinet est situ au quatri me tage c est dire s agripper s accrocher et se cramponner Le fer de mon nom renvoie la froideur m tallique de la m re tour Effel mais il contient aussi la f e la bonne f e qui se penche sur le berceau du nouvea
34. n slip que je pose sur une chaise je suis tout nu devant lui Il me regarde comme un autre Il me parle comme si je n tais ni beau ni laid mais comme si j tais Il me regarde calmement sans excitation Il me touche avec ses mains sans d sir mais avec humanit Il me touche jusque sur les parties les plus intimes de mon corps j ouvre la bouche il examine mes cuisses paisses et mon torse troit il s attarde quelques instants au trou du cul qu il ouvre et qu il claire Il t te mes testicules il me regarde et il me touche avec les yeux et les mains de la sant Il me regarde comme un autre et me regardant comme un autre il me donne un miroir pour moi m me Il me reconna t tre et humain Je ne suis ni laid ni beau je suis trangement lisse et peut tre heureux Je ne me cache pas je ne m exhibe pas Je suis visible Pendant quelques minutes en une douce existence je suis Le bureau du m decin militaire renvoie videmment au cabinet de l analyste Bien s r la sc ne peut tre entendue comme la transposition d une rencontre homosexuelle Mais fondamentalement j ai le sentiment de recevoir une feuille de route ou un mode d emploi Fr d ric m indique la fa on de m y prendre avec lui Je suis promu m decin militaire examinant chaque repli du corps sans d bordement d excitation Je regarde je touche et travers ces gestes et ces regards c est toute la sollicitude maternelle pri
35. nalytiques Paris Gallimard 1980 p 241 259 BION W R 1978 Quatre discussions avec Bion trad fr Paris Ithaque 2006 CICCONE A 1998 L observation clinique Paris Dunod CICCONE A 2011 La psychanalyse l preuve du b b Fondements de la position clinique Paris Dunod CICCONE A ef al 2003 Psychanalyse du lien tyrannique Paris Dunod 24 CICCONE A FERRANT A 2009 Honte culpabilit traumatisme Paris Dunod CICCONE A FERRANT A 2010 Indices de honte et dispositif th rapeutique Dialogue Honte et transmission 190 p 41 53 DONNET J L 2005 La situation analysante Paris PUF DUPOND MORETTI DURAND SOUFFLAND S 2012 B te noire Condamn plaider Paris Michel Lafon EIGUER A 2008 Jamais moi sans toi Paris Dunod FERRANT A 2001 Pulsion et liens d emprise Paris Dunod FERRANT A 2006 L criture pour la vie Revue fran aise de psychanalyse LXX 1 p 119 136 FERRANT A 2008 Le travail d emprise accords et d saccords Revue de psychoth rapie psychanalytique de groupe 51 p 81 92 FERRANT A 2011 La honte de Rimbaud in A Brun et B Chouvier sous la dir de Les enjeux psychopathologiques de l acte cr ateur Bruxelles De Boeck p 51 69 FREUD S 1922 Sur quelques m canismes n vrotiques dans la jalousie la parano a et l homosexualit trad fr in N vrose psychose et perver
36. ne proposition provisoire une possibilit mais Fr d ric se saisit de cette possibilit et va infl chir sa correspondance Il ach te des crayons de couleurs et commence illustrer ses lettres Les premi res sont tr s infantiles des traits color s verticaux ou horizontaux barrent les feuilles Plus tard des traits color s entourent le texte la mani re dont le cadre contient le tableau Puis des formes arrondies apparaissent auxquelles succ dent des compositions plus complexes Nous nous loignons de la tour Effel de sa froideur m tallique de la p nible escalade de ses marches et la chute la fois originelle et terminale actualisant la d ception primaire Les rats cessent de grouiller et de grimper le long du mur L humain est propos potentiellement trouv cr L ascenseur repr sente un holding certes encore m canique qui autorise une premi re forme de passivit se laisser porter En haut il y a un miroir vivant C est partir de ce processus que la question de la honte va tre d condens e 21 quoi sert un taureau La question revient lancinante comme un horizon impossible Les rires du p re et du fr re sont toujours actuels Fr d ric les entend encore tant la blessure est insensible au temps La question ne vise pas seulement la place du p re et la dynamique du couple elle engage une interrogation sur l origine des enfants et leur disparition redoublant le
37. nt moi J essaie de me ressaisir de me dire que je dois faire le psychanalyste que je ne dois pas r pondre seulement mes propres affects que je dois essayer de voir si je peux prendre contact avec autre chose des sentiments de d tresse d impuissance contre lesquels lutte sans doute cet homme qui joue tre p re mais qui n est qu un adolescent enrag Je dois essayer de voir si je peux le rencontrer ailleurs dans des zones plus sensibles Je lui dis alors que j entends qu il souffre et je lui demande s il s est d j fait aider devant toutes ses difficult s qu il me d crit Pourquoi faire Pour qu un psychologue me dise que je dois accepter cette justice Vous allez pouvoir changer les lois Alors quoi vous servez rien ete etc Alors que je retiens difficilement une col re qui bouillonne en moi qui me renvoie l impuissance qui est la mienne ce moment l je vois perler des larmes au bord de ses yeux Voil arriv e la d tresse infantile contre laquelle prot gent la haine la rage C est cette d tresse avec les sentiments d impuissance de culpabilit de honte qui est coup e partag e projet e en l autre L autre qui devient un porte affect pourrait on dire C est l un des traitements des affects comme la honte la culpabilit qui consiste pour le sujet ainsi que nous l avons plusieurs fois illustr avec Alain Ferrant trouver un autre lire
38. out le monde pour ne pas qu on l oublie pour qu il se sente important pour qu il se sente exister Cette s quence que je viens d voquer rapidement concerne un travail de consultation une s ance psychoth rapique psychanalytique Les transactions affectives ont lieu dans le lien th rapeutique Le soignant le psychanalyste est pris en d faut lui m me se sent plein de haine de culpabilit de honte d impuissance Mais une telle s quence aurait pu tout aussi bien concerner un change banal de la vie quotidienne La diff rence avec une s quence quotidienne ordinaire c est que dans la vie quotidienne on ne passe pas son temps s interroger sur ce que l autre nous fait prouver sur ce qu on appelle le contre transfert dans un travail th rapeutique on doit le faire Une relation th rapeutique psychanalytique est une vraie relation une vraie rencontre avec de vrais prouv s avec un vrai change un vrai partage sinon elle n a aucun effet d aide mais qui n a pas lieu dans la vraie vie qui est factice c est une vraie relation dans un cadre factice C est tout le paradoxe de la relation de soin Mais le partage d affect qualifie toute relation humaine bas e sur une authentique rencontre Par exemple si on lit le livre tout r cent du c l bre avocat ric Dupond Moretti intitul B te noire Condamn plaider 2012 on est tonn de ce qu il d crit de la mani re dont il s
39. psychanalyste particuli rement cr atif et original il s agit de Bion ainsi qu ses successeurs et d autres encore Bion a t un personnage central quant l volution des mod les du soin psychique Son mod le des processus de naissance et de d veloppement de la pens e 1962ab chez le b b l enfant comme chez tout sujet tout patient est un mod le profond ment intersubjectif un mod le du partage d exp riences motionnelles et affectives Examinez la c sure disait Bion non pas l analyste et l analysant l inconscient et le conscient la sant mentale et la folie mais la c sure le lien la synapse 1975 p 258 L attention est toujours port e ce point de contact de rencontre et l analyse concerne la rencontre elle m me Il n y a pas de s miologie et de psychanalyse du patient il y a une s miologie et une psychanalyse de la rencontre comme le dit aussi Salomon Resnik 1999 l ve de Bion un de ses livres s intitule d ailleurs S miologie de la rencontre Resnik et al 1982 Le soin suppose donc un partage d affect La honte comme la culpabilit se traite d abord en se partageant Et le partage s impose toujours On ne peut pas ne pas partager ou ne pas tenter de partager De la m me mani re qu on ne peut pas ne pas transmettre qu on ne peut pas ne pas transf rer le partage d affect s impose L exp rience de partage est diff rente si
40. s politique et scientifique Il dit qu il ne sait rien de moi que je suis le monsieur de Lyon mais la qualit de ses textes m alerte Fr d ric sait certainement que j ai crit et publi Il vient me chercher sur un terrain commun de l criture en exer ant une forme de s duction C est pr cis ment en ce point qu il va me faire partager sa honte partir d un moment d aveuglement de ma part 17 Lors d une s ance il me demande si j ai re u sa derni re lettre Je r ponds trop vite et na vement que je lai trouv e magnifique Le courrier qu il m adresse la suite de cette remarque est cinglant Comment n avez vous pas compris que la forme tait trop belle belle comme une pure belle comme l abstrait Ma pens e m entra ne toujours vers une pure de l essentiel qui me bascule loin de l humain Comment n avez vous pas compris que l apparence seule tait magnifique car votre magnifique vous fit miroir stupidement bloui par l original et vous avez refl t votre patient cet blouissement comme un mur infranchissable portant la marque douloureuse de sa propre impuissance intime C est comme si vous m aviez trahi Il me semble que vous auriez d me comprenant au c ur de ma faiblesse avoir plus d gards pour moi Je suis un analyste stupide et sans gards Je suis simultan ment le double de Fr d ric qui mesure sa b tise face l uvre crite
41. sion Paris PUF 1988 p 271 281 GAULEJAC de V 1996 Les sources de la honte Paris Descl e de Brouwer HERMANN I 1943 L instinct filial ad fr Paris Deno l 1972 HIRIGOYEN M F 1998 Le harc lement moral la violence perverse au quotidien Paris La D couverte amp Syros MALDINEY H 1973 Regard parole espace Lausanne L ge d homme MALDINEY H 1991 Penser l homme et la folie Grenoble ditions J r me Millon RACAMIER P C 1992 Le g nie des origines Paris Payot RESNIK S 1999 Le temps des glaciations Voyage dans le monde de la folie Toulouse r s RESNIK S et al 1982 Semiologia dell incontro Rome Il pensiero scientifico ROUSSILLON R 1995 Logiques et arch ologiques du cadre psychanalytique Paris PUF THOURET D 2004 La parentalit l preuve du d veloppement de l enfant Toulouse Er s WINNICOTT D W 1971 Jeu et r alit trad fr Paris Gallimard 1975
42. suffisant de l exp rience subjective pour produire une compr hension pas une explication mais une compr hension Alain Ferrant va poursuivre ces r flexions et envisager plus pr cis ment la question de la honte dans ces contextes et processus de partage Alain FERRANT Le travail psychanalytique implique une transformation profonde un largissement des capacit s contenantes et transformatrices du moi et une plus grande perm abilit aux l ments pulsionnels issus du a Il implique chez le praticien autre chose qu une posture en comme si ou faux self Tout travail psychanalytique tout travail psychoth rapeutique affectent le moi du praticien non seulement dans le sens d un enrichissement de l exp rience mais parce que ce praticien prend toujours un risque qu il en ait ou non conscience Toute rencontre avec un patient fait courir le risque d un fourvoiement d une relation d emprise ou d un apr s coup traumatique cons cutif la r activation de certains aspects de l histoire infantile du th rapeute La rencontre avec un analyste est toujours une rencontre singuli re entre deux sujets qui construisent pas pas un monde la fois virtuel et concret imaginaire et r el d une redoutable efficacit Le terme redoutable n est pas un simple artifice stylistique Il souligne qu il n y a pas d efficacit th rapeutique sans risque et que l analyse implique un engagem
43. tr s conventionnel Il pense qu il n a jamais t aim Convaincu de n avoir pas t d sir il se dit le fruit du viol de sa m re par son p re Un an avant sa naissance la s ur de la m re a perdu un enfant La mort r dait dit il autour de mon berceau Il est tout autant convaincu d avoir t l objet d une tentative d avortement de la part de sa m re Il appelle ce contexte Ma mort de naissance Le jour de sa naissance son p re dit il s int resse davantage la fille d un homme politique qui vient de na tre dans la m me clinique Il d crit une m re relativement froide et un p re absent Autour de l ge de six ans on d tecte les premiers sympt mes d une malformation cardiaque Il s est toujours trouv disgracieux trop gros et les fesses trop rebondies Il garde en m moire le cuisant souvenir des moqueries des enfants l cole Il pr sente une l g re d formation de la m choire pour laquelle il a subi quelques interventions chirurgicales Un premier souvenir traumatique marqu par la honte remonte l ge de 13 ou 14 ans Une fille qu il aime bien au coll ge le regarde et lui dit T es moche comme un cul Toute la classe se moque de lui L adolescence est essentiellement consacr e aux tudes Vers l ge de dix huit ans lors de vacances la campagne se produit un deuxi me v nement source de honte Il se 2 Cette situation a fait l objet d
44. u n Derri re le chanteur et la voix il y a l atteinte somatique de la m choire Le talent oratoire de Fr d ric soigne et ravive en m me temps la blessure de la bouche du b b Je pourrais entendre cette confrontation comme un r ve Je m abstiens cependant de tout commentaire dans la mesure o Fr d ric a besoin de conf rer un poids de r alit son r cit Je ne le re ois pas non plus comme un d lire malgr l invraisemblance de la sc ne Nous sommes lui et moi au c ur d un espace interm diaire qu il faut respecter sans l interroger Winnicott 1971 Fr d ric me demande de le regarder tel qu il est dans sa nudit psychique Ferrant 2003 au fond de son trou rats Il me demande alors de lire le r cit de la rencontre avec le rat voix haute J acc de sa demande sans la moindre r ticence tant cela me parait naturel et vident Ce n est qu apr s la s ance que j interroge mon acte Plus pr cis ment je ne sais pas exactement qui a agi quoi Ai je t un simple instrument dans un mouvement d emprise ou suis je devenu le 20 temps de cette lecture la voix de Fr d ric La diff rence entre lui et moi pour un instant est suspendue La dur e de cette lecture concr tise la relation en double et efface les cat gories diff renciatrices de nos identit s En lisant son texte je joue comme en psychodrame le sc nario annonc La lecture des lettres laquelle je m astr
45. usion d j pr sent Fr d ric n a sans doute pas t suffisamment refl t et humanis et lui dire T es moche comme un cul ne fait que r v ler et d voiler un tat de confusion interne La question sur le taureau d clenche les rires entrecoup s de Qu il est con et redouble la confusion de zones Le con d signe vulgairement le sexe f minin C est donc la fois la castration et l impuissance qui sont attribu es Fr d ric Plus profond ment il est la fois con et moche comme un cul c est dire sans forme sans devant ni derri re Cette disqualification le transforme en abjection Il est d cramponn Hermann 1943 de son statut d humain Nous d fendons l id e avec Albert Ciccone que le th rapeute ne peut pas rencontrer v ritablement le sujet souffrant sans traverser lui m me d une fa on att nu e une m me zone de souffrance Nous allons demander au nouveau Pr sident de la R publique de promulguer un d cret qui classe l exercice de la psychanalyse parmi les m tiers risque BIBLIOGRAPHIE G N RALE BION W R 1962a Une th orie de l activit de pens e trad fr in R flexion faite Paris PUF 1983 p 125 135 BION W R 1962b Aux sources de l exp rience trad fr Paris PUF 1979 BION W R 1970 L attention et l interpr tation trad fr Paris Payot 1974 BION W R 1975 C sure trad fr in Entretiens psycha
46. ut tre pensais je au David de Michel Ange All es et venues avec dans la t te le miroir des gar ons La d ception est arriv e ou plut t l jaculation Je me suis essuy lev je me suis habill j ai mang et je suis sorti 16 Dehors j ai march longuement en direction du haut sexe rig de la capitale Au d tour d une rue un carrefour j apercevais le bout du sexe en rection et retrouvais alors ma direction Je marchais sans penser rien morne et appliqu Vers le milieu de l apr s midi je suis arriv au bas de la tour Effel Je me suis assis sur un banc en attente J attendais comme une pute que personne ne d sire Je me suis relev avec une d termination calme et invisible et je me suis rapproch de la premi re marche d escalier Je me suis mis alors monter syst matiquement consciencieusement marche apr s marche tous les escaliers jusqu en haut de la tour Effel D marche prouvante chemin difficile Je montais les marches r guli rement au rythme de mon effort Premier tage je me suis arr t quelques minutes et ainsi chaque tage Heureusement la tour rig e de la capitale ne d bandait pas mais il fallait toujours monter toujours monter bras le corps avec cette rection d plac e Je suis enfin arriv en haut alors que le jour commen ait tomber Vertige du sommet de l rection Vertige qui pr c de le rejet l jaculation J ai enjamb la
47. ut donc analyser le contre transfert pour le ma triser le contr ler l emp cher de perturber la relation th rapeutique Pour d autres le contre transfert est un instrument un outil d analyse Il renseigne sur les l ments subjectifs de la situation observ e et il faut donc l analyser pour s approcher de la subjectivit du ou des sujets observ s La bonne fa on d envisager le contre transfert se situe me semble t il entre ces deux positions Ciccone 1998 2011 Cette id e d un n cessaire partage d affect et ces r flexions sur la n cessaire prise en compte par le soignant de ses prouv s contre transf rentiels me conduisent dire aussi quelques mots de ce qu on nomme la neutralit bienveillante qui caract rise la position clinique et qu on entend souvent critiqu e par ceux l associent une coute froide Dans l expression neutralit bienveillante c est le terme bienveillante qui est important Il ne s agit bien s r nullement d tre froid La froideur n est pas bienveillante Il ne s agit pas d tre neutre au sens de indiff rent et impartial La neutralit concerne simplement la n cessit de neutraliser les l ments contre transf rentiels qui font obstacle la rencontre Mais la pr sence et la position d coute se doivent d tre actives et bienveillantes Le mod le du soin psychique que nous d fendons qui fait une part essentielle on
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