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Adrian Paci - Jeu de Paume

1. Home to Go detail 2001 Courtesy kaufmann repetto Milan amp Galerie Peter Kilchmann Zurich I J ai grandi dans un pays marqu par l ordre et par un sens progressiste de l histoire La collectivit pr valait sur l individu et l organisation pr valait sur l impr vu et le d sordre La vie toute enti re tait r gie par l id ologie et les instances du pouvoir taient extr mement cruelles pour quiconque s avisait de s chapper ou m me de s carter de cette ligne D une certaine fa on on nous for ait vivre en collectivit asservie Apr s l effondrement du r gime nous avons chang d optique pour devenir une collectivit de partisans enthousiastes du changement Nous nous sommes r pandus dans les rues en criant Nous voulons que l Albanie ressemble l Europe en pensant na vement que les choses allaient changer du jour au lendemain Dans le m me temps s est d velopp un autre type de collectivit lui aussi plein d espoir la collectivit des chapp s de ceux qui voulaient passer directement en Europe sans attendre que l Albanie ressemble l Europe Tout au long de ces bouleversements la foule a pr domin sur l individu entra n e par une sorte de psychose collective o alternaient l illusion et la d sillusion L individu tait oblig de faire face un sentiment de pr carit et d chec tout en imaginant des strat gies de survie Dans la plupart des cas ces strat gies ne s i
2. aussi naturellement que la photographie dans l laboration de l histoire Le r cit repose sur une transaction avec les notions de r alit et de v rit transaction qui exige son tour l activit interpr tative du lecteur On a abord les textes sous deux angles leur fonction et leur structure La fonction correspond une intention Quelqu un crit ou parle dans l intention d informer d exprimer des go ts et des sentiments de convaincre de satisfaire un besoin d imaginaire La structure correspond une caract risation de l organisation des contenus on privil gie la narration la description l analyse et l argumentation faut comprendre que ces deux aspects peuvent se combiner on peut exprimer ses sentiments en racontant d crivant en argumentant etc Plusieurs questions restent en suspens En voici quelques unes Est ce que la description ne se limite qu au texte imaginaire de fiction Est ce que dans un roman il ne peut y avoir de passages expressifs Dans un dialogue peut on essayer de convaincre un personnage de r cit d aventures Peut on raconter une histoire dans une lettre d opinion Peut on informer dans un roman Est ce qu on m informe ou on m explique Le type narratif est une structure en cinq tapes situation initiale complication actions r solution et situation finale Les principales caract ristiques textuelles qui distinguent le type narratif sont la
3. passer d un m me cet autre Et les po tiques quels que seraient leurs champs d application sont ainsi des pratiques douard Glissant Images de l tre lieux de l imaginaire in Une nouvelle r gion du monde Paris Gallimard 2006 p 181 189 I La notion de fronti re peut tre travaill e en tant que concept g ographique voir le Dictionnaire de G ographie Paris Hatier 2008 Souligner l volution de ce concept en particulier depuis la th se de l historien francais Fernand Braudel 1902 1985 La M diterran e et le Monde M diterran en l poque de Philippe Il Paris Livre de Poche 1993 Aujourd hui les zones frontali res apparaissent comme une interface privil gi e entre des syst mes diff rents ce qui fonde l originalit et la sp cificit de ces espaces o interviennent des effets de ruptures de passages de relais La fronti re se manifeste d abord par une discontinuit de l espace perceptible travers le peuplement la localisation des activit s le comportement des individus l agencement des lieux et des milieux Parmi les effets qu elle produit sur l espace on se questionnera sur la nature des dysfonctionnements subis par les espaces frontaliers les zones frontali res pistes de travail 43 I tudier l oeuvre Spectral Aerosion 2010 2011 de Soci t R aliste coop rative parisienne de production artistique cr e en 2004 par Ferenc Gr f et Jean Baptis
4. Ils rassemblent des extraits de textes de critiques d historiens de th oriciens et d artistes contemporains qui permettent d approcher et de documenter ces questions et qui sont choisis afin que les enseignants puissent les mettre en perspective Sont ensuite rassembl es des pistes de travail autour de notions et de propositions labor es avec les professeurs relais des acad mies de Cr teil et de Paris au Jeu de Paume Les orientations bibliographiques th matiques permettent enfin de compl ter et de prolonger ces axes de recherche et de r flexion Contexte et histoires fe En 1997 Adrian Paci quitte une Albanie en proie aux incertitudes politiques amp la crise amp conomique et une anarchie totale s quelles du postcommunisme Il part pour l Italie avec sa femme et ses enfants en bas ge et depuis il vit et travaille Milan Home to Go est un hybride un homme maison fusionnant des paires conceptuelles telles que lieu et non lieu mobilit et immobilit mouvement et arr t identit solide et identit fluide sujet et objet notions essentielles pour commenter l uvre de Paci dans son ensemble et ses travaux vid o en particulier Edna Moshenson Sujets en transit in Adrian Paci Transit Paris Jeu de Paume Mus e d art contemporain de Montr al Milan Mousse Publishing 2013 p 45 I Bien souvent mes uvres r sultent d une sorte de rencontre rencontre avec une histoire rencontre a
5. bullition et une r flexion sur la condition humaine aux quatre coins du monde Mais en y regardant de plus pr s on d couvre un second niveau qui jusqu pr sent avait quelque peu chapp aux diverses analyses critiques la mienne comprise dont cette oeuvre a fait l objet Ce qui nous avait chapp c est que la vid o ne se r sume pas une seule image celle de la petite fille assise devant la cam ra Elle en comporte une autre l image cr e par les mots de l histoire que l enfant raconte l image d un monde qui se transforme lentement dans notre esprit travers l acte simple de capter le conte invent par sa fille Paci n enregistre pas seulement l histoire contemporaine de son pays il exprime en m me temps sa position envers tout l h ritage de la prise de vue Ce qui s offre nous dans cette vid o c est l image comme double subtile r flexion sur son statut et sa structure cheval entre le visible et le dicible entre ce que l on voit et ce que l on entend c est l image l int rieur de l image 36 approfondir l exposition Once upon a time there was a cow that had four daughters and the cow saw a flame like this which goes down it was a big Albanian Stories 1997 Courtesy Galerie Peter Kilchmann Zurich et kaufmann repetto Milan Les pr occupations de Paci ne se bornent pas aux formes de repr sentation qu il s agisse de la peinture de la photographie ou de la vid o des suj
6. clairage qui permettront de transformer la r alit repr sent e et de faire basculer cette sc ne du quotidien vers l trange Associer en diptyque les deux photographies I Proposer aux l ves de faire une recherche sur les diff rents rites de passage de l adolescence vers l ge adulte travers l histoire D battre avec eux des formes actuelles de ces rites I Plus g n ralement travailler autour des rites qui accompagnent un changement de lieu d tat de position sociale d ge ressources artistiques en ligne Rites de passage de Jean Pierre Mirouze CNRS Images 2004 qui tablit un parall amp le entre les rites initiatiques des populations traditionnelles et les ph nom nes actuels piercings tatouages bodyhackers http videotheque cnrs fr video php urlaction visualisati on amp method QT amp action visu amp id 1193 amp type grandPublic Quinceafieras Cruise La F te des quinze ans 2009 2010 La Premi re Boum d une adolescente aux USA 2005 et Sasha 2007 2010 de Claudine Doury http www agencevu com stories index php id 166 amp p 3 1 Rineke Dijkstra qui r alise r guli rement tous les deux ans un portrait d Almerisa jeune r fugi e de l ex Yougoslavie http www moma org explore inside_out 2010 01 14 what s in a portrait rineke dijkstra s almerisa Voir galement le catalogue d exposition Rineke Disjkra Portraits Paris Jeu de Paume Munich Sch
7. dossier enseignants fevrier mai 2013 Adrian Paci Vies en transit dossier enseignants mode d emploi Con u par le service ducatif en collaboration avec l ensemble de l quipe du Jeu de Paume ce dossier propose aux enseignants et leurs l ves des l ments d analyse et de r flexion afin de contribuer la construction de leur propre rapport aux uvres Il se compose de deux parties I d couvrir l exposition propose une premi re approche du projet et du parcours de l exposition de l artiste et des uvres ainsi que des rep res chronologiques et iconographiques I approfondir l exposition d veloppe plusieurs axes th matiques autour des statuts de l image et de l histoire des arts visuels des orientations bibliographiques et th matiques ainsi que des pistes de travail labor es avec les professeurs relais des acad mies de Cr teil et de Paris au Jeu de Paume Disponible sur demande le dossier enseignants est galement t l chargeable depuis le site Internet du Jeu de Paume contacts Pauline Boucharlat charg e des publics scolaires et des partenariats 01 47 03 04 95 paulineboucharlat jeudepaume org Marie Louise Quahioune r servation des visites et des activit s 01 47 03 12 41 serviceeducatif jeudepaume org Sabine Thiriot responsable du service ducatif sabinethiriot jeudepaume org conf renciers et formateurs Camila Farina camilafarina jeudepaume org Mathilde Kiener
8. journal Le journal est un texte r dig de facon r guli re ou intermittente pr sentant les actions les r flexions ou les sentiments de l auteur Ses entr es sont habituellement dat es Il peut tre tenu de fa on plus ou moins r guli re au long d une existence ou seulement sur une p riode particuli re maladie guerre deuil probl mes familiaux Comme pratique ordinaire il est en g n ral destin tre gard secret temporairement ou d finitivement Comme pratique litt raire il est souvent destin plus ou moins court terme une publication partielle ou totale Journal intime voir l article Wikip dia en ligne sur http fr wikipedia org wiki Journal intime Citons les journaux de Stendhal Andr Gide Julien Green Jean Paul Sartre Simone de Beauvoir Anne Franck ou encore Bertolt Brecht avec l Arbeitsjournal ou Journal de travail dans lequel il ins re des images pr lev es dans les journaux Journal filme Le journal film est une variante visuelle du journal intime est devenu un genre cin matographique part entiere s est surtout d velopp d s les ann es 1960 gr ce la maniabilit des cam ras et la d mocratisation des moyens de production et il est en plein essor depuis la fin des ann es go avec l apparition de la vid o num rique Le travail de Jonas Mekas est une r f rence pour ce genre Alors qu il est intern pendant la Secon
9. Le Rovergue Chambon 2003 I Zygmunt Bauman La Vie liquide Rodez Le Rouergue Chambon 2006 I Judith Burr Vie pr caire les pouvoirs du deuil et de la violence apr s le 11 septembre 2001 Paris Amsterdam 2005 I Timothy Cressweu On the Move Mobility in the Modern Western World Londres Routledge 2006 E Gilles Deuze F lix Guattari Mille Plateaux Capitalisme et Schizophr nie 2 Paris Les ditions de Minuit 1980 H Okwui Enwezor The Unhomely in The Unhomely Phantom Scenes in Global Society and International Biennal of Contemporary Art of Seville S ville BIACS 2006 I douard Gussant Images de l tre lieux de l imaginaire in Une nouvelle r gion du monde Esth tique Paris Gallimard 2006 Edouard Gussant l errance l exil in Po tique de la Relation Paris Gallimard 1990 I Boris Grovs Le Post scriptum communiste Paris Maren Sell 2008 I Stuart Hau Identit s et cultures Politiques des Cultural Studies Paris Amsterdam 2007 Hou Hanru Gabi Scarpi dir Wherever We Go Art Identity Cultures in Transit Milan Five Continents 2007 I Sandro MEZZADRA Capitalisme migrations et luttes sociales Paris Multitudes n 19 hiver 2004 en ligne sur http multitudes samizdat net Capitalisme migrations et luttes I Robert REICH Supercapitalisme Le Choc entre le syst me conomique mergent et la d mocratie Paris Vuibert 2008 H Edward W Sa R flexion s
10. Par son format l installation Osmosis and Excess se distingue des autres travaux d Aernout Mik sur un large et unique cran horizontal sont projet es des images film es au Mexique d abord l int rieur d une pharmacie oU s accumulent des piles de m dicaments puis une vaste d charge o s entassent des centaines de voitures abandonn es et un terrain o jouent des enfants Tijuana ville frontaliere du Mexique et des tats Unis est un lieu de collision g opolitique o s op rent changes et trafics en tout genre de biens de consommation mais aussi de populations Tout est marchandise dans cet espace de transit faconn par des abris de fortune des choppes plus ou moins l gales et des millions de v hicules oubli s Toute la pens e politique cologique et morale de notre temps s exprime dans les d tails et les d tournements du paysage m taphorique ici montr La double projection Touch Rise and Fall a pour point de d part les contr les de s curit d un a roport Les sc nes dans les magasins duty free s opposent aux sc nes de fouilles minutieuses des passagers et de leurs bagages des mains cherchent saisir des objets transportent des sacs de plastique fouillent dans les bagages main Dans une ambiance domin e par une impression g n rale de d possession de d vastation et de consommation outrance ces sc nes oscillent entre l ignorance la minutie et le contr le obsessionnel Comme dans Osmos
11. Transit Paris Jeu de Paume Mus e d art contemporain de Montr al Milan Mousse Publishing 2013 p 28 Presentation de l exposition Ne en 1969 en Albanie Adrian Paci est dipl m de l Acad mie des beaux arts de Tirana Sa formation classique de peintre et de sculpteur est marqu e par la doctrine du r alisme socialiste reprise par le r gime communiste de son pays En 1907 Paci fuit les violentes meutes en Albanie pour se r fugier avec sa famille en Italie son arriv e dans ce pays il abandonne temporairement la peinture et la sculpture pour explorer de nouveaux langages en particulier la vid o et les moyens d expression cin matographiques Si son exp rience de l exil d finit le contexte de ses premi res ceuvres Adrian Paci se d tache peu peu de son propre v cu pour largir sa r flexion l histoire collective Ses projets mettent l accent sur les cons quences des conflits et des bouleversements soci taux montrant combien l identit est faconn e par le contexte socio conomique Dans ses mises en scene l artiste explore ainsi le sentiment de la perte la revendication d identit le caract re transitoire et le d placement de l tre inh rents la condition humaine tire son inspiration d histoires issues de la vie quotidienne qu il fait glisser vers la fiction et la po sie par la mise en tension de leurs aspects dramatiques et merveilleux travers la premi re r trospect
12. de refugi s de d tenus d expuls s abandonn s leur propre sort Le titre de l oeuvre en italien voque un camp de d tention ou de transit pour migr s clandestins un lieu de r sidence transitoire ou temporaire Ce camp de transit poss de les caract ristiques d un non lieu tel que le d finit Marc Aug l image de l a roport o le film a t tourn Auge dans son c l bre ouvrage d finit le concept de non lieu comme un trait distinctif de la surmodernit Edna Moshenson Sujets en transit op cit p 52 53 fe Si un lieu peut se d finir comme identitaire relationnel et historique un espace qui ne peut se d finir ni comme identitaire ni comme relationnel ni comme historique d finira un non lieu L hypoth se ici d fendue est que la surmodernit est productrice de non lieux c est dire d espaces qui ne sont pas eux m mes des lieux anthropologiques et qui contrairement la modernit baudelairienne n int grent pas les lieux anciens ceux ci r pertori s class s et promus lieux de m moire y occupent une place circonscrite et sp cifique Un monde o l on na t en clinique et o l on meurt l h pital o se multiplient en des modalit s luxueuses ou inhumaines les points de transit et les occupations provisoires les cha nes d h tels et les squats les clubs de vacances les camps de r fugi s les bidonvilles promis la casse ou la p rennit pourrissant
13. de tirer une quelconque satisfaction des substituts fournis par l illusion et le dogme En exil on n est jamais satisfait placide en s curit L exil pour reprendre les mots de Wallace Stevens est une humeur hivernale dans laquelle le pathos de l t et de l automne ainsi que la promesse du printemps sont proches mais inaccessibles C est peut tre une mani re de dire que la vie d un exil volue selon un calendrier diff rent elle est moins saisonni re et install e qu une vie chez soi l exil c est lorsque la vie perd ses rep res L exil est nomade d centr contrapuntique et d s que l on s y habitue sa force d stabilisante surgit nouveau Edward W Said R flexion sur l exil et autres essais Arles Actes Sud 2008 p 241 257 I Et quand on examine la position absolument privil gi e de la r f rence au r fugi ou au migrant dans le d bat philosophique et politico th orique contemporain de Derrida Agamben de Hardt et Negri Balibar pour ne citer que quelques noms on ne peut s emp cher d avoir de temps autres l impression que dans la prolif ration des m taphores et des images vocatrices on finit par perdre de vue l exp rience mat rielle il faudrait dire sensible des migrant e s avec sa charge d ambivalence Pour parler comme le regrett Edward Said le risque est grand d oublier que l exil est quelque chose de fascinant penser mais de terrible vivre En
14. fois du trans parce qu il s agit de d placer de diffuser de mixer de distribuer Vladimir Bertrand Christian Ruby Du lieu la trajectoire Rebondir dans le mat rialisme Recherches en esth tique n 13 octobre 2007 contexte et histoires 25 Passages et transferts d un medium l autre Ex J aimerais montrer que ces conditions de d placement peuvent susciter des questions productives Au lieu de parler d identit isol e je pr f re penser en termes de lieux en interaction Nos relations au lieu sont multiples Il convient comme le disait douard Glissant de troquer le territoire contre l archipel car tout ce qu il y avait de continental d pais et qui pesait sur nous n est plus ad quat nos clatements nos histoires ni nos non moins somptueuses errances Penser notre relation au lieu de facon mobile permet de concevoir la pluralit m amp me du r el de nous concevoir autre autant que nous concevoir m me Ce serait l espoir de s approcher de ce que Robert Filliou appelait le principe de non comparaison se concevoir pluriel composite bricol nous venons tous de quelque part ainsi pour Stuart Hall nous parlons d endroits sp cifiques nous avons tous des positions multiples et sommes dans ce sens localis s Mais nous refusons d tre invariablement identifi s par le lieu l origine la race la couleur ou l ethnie Nous savons que l identit est toujours co
15. images par seconde qui cr ent l illusion du mouvement la pr sence simultan e de la mobilit et de l immobilit de l anim et de l inanim relie l image cin matographique au concept de mort Ce paradoxe n a jamais t aussi concret qu la fin du XX si cle lorsque les technologies modernes de la vid o et du num rique ont engendr des nouvelles mani res de regarder le cin ma Les nouvelles fonctions de visionnement permettant d arr ter l image de reculer et d avancer tout en agissant distance sur la progression du r cit ont men selon Mulvey un examen plus profond du monde int rieur du cin ma l accessibilit des films anciens a renouvel le regard qu on porte sur leur histoire Bien que dans son texte Mulvey parle surtout du cin ma de fiction et des cons quences de l acc s aux films du pass sur l tude de l histoire du cin ma ses constats peuvent aussi tre appliqu s une pratique artistique plus large Ayant int gr ces possibilit s techniques et leur perception esth tique de nombreux artistes contemporains s en sont servi pour cr er des oeuvres vid o fascinantes en utilisant le mat riau filmique et le pouvoir de manipulation des outils num riques mais en refusant le pathos du cin ma et en se dissociant volontairement de leur contexte narratif ou divertissant Pour ne citer que quelques cas embl matiques mentionnons Douglas Gordon qui dans 24 Hour Psycho 1993 ral
16. mathildekiener jeudepaume org professeurs relais C line Lourd acad mie de Paris celinelourd jeudepaume org Maxime Seguin acad mie de Cr teil maximeseguin jeudepaume org visites scolaires fevrier mai 2013 I visites conf rences pour les classes Les conf renciers du service ducatif accueillent et accompagnent les classes dans la d couverte des expositions du Jeu de Paume tout en favorisant l observation et la prise de parole des l ves Ces visites conf rences permettent aux publics scolaires de s approprier les expositions et les uvres d tre en position active devant les images tarif 80 r servation 01 47 02 12 41 serviceeducatif jeudepaume org visite pr par e pour les enseignants Le dossier est pr sent aux enseignants lors de la visite pr par e qui est propos e au d but de chaque exposition Cette s ance sp cifique de deux heures permet aux enseignants de pr parer la visite des classes et les axes de travail pour les l ves mardi 19 mars 18 h 30 s ance gratuite ouverte tous les enseignants r servation 01 47 03 04 95 I parcours crois s En associant la visite conf rence d une exposition au Jeu de Paume avec l activit d un autre lieu les parcours crois s permettent d explorer des th matiques communes diff rentes institutions culturelles Avec le Forum des images Parall lement la visite de l exposition Adrian Paci Vies en transit
17. nes d un mariage traditionnel albanais c l br au d but des ann es 1900 Si le contour flou des visages traduit la fragmentation et la dilution progressives de la m moire le dispositif pictural tend sublimer et mythifier la valeur des souvenirs paradoxe qui renvoie chez Paci l exp rience de l exil I Piktori Peintre 2002 Vid o couleur son 3 27 la fin de la dictature les villes albanaises o s entrem amp laient alors d sir de libert et anarchie virent surgir de petits kiosques semi clandestins portant l criteau Piktori peintre c t des peintures l huile et des copies d uvres d art on y ex cutait toutes sortes The Column 2013 Courtesy kaufmann repetto Milan amp Galerie Peter Kilchmann Zurich de faux documents depuis les certificats de naissance jusqu aux certificats de d c s en passant par les titres de propri t les dipl mes universitaires ou les visas pour se rendre amp l tranger Dressant le portrait de l un de ces peintres devenus faussaires pour survivre l uvre de Paci propose une m ditation sur le r le de l artiste dans la soci t la relation entre l artisanat et l activit artistique les aspects fonctionnels de l art la d finition artistique des cha nes interminables d activit s qu exerce l artiste et enfin le probl me de la d finition m me de l artiste I Turn On Allumer 2004 Photographie couleur 145 x 190 cm La photograp
18. orientations bilbliographiques Croiser des mondes Paris Jeu de Paume coll Document n 5 2005 L v nement les images comme acteurs de l histoire Paris Jeu de Paume Hazan 2007 Claude Arnaud Qui dit je en nous Paris Hachette Litt ratures 2008 B atrice Didier Le Journal intime Paris Presses universitaires de France 2000 Marie Claire Kerbrat Le on litt raire sur l criture de soi Paris Presses universitaires de France 1996 Magali Nachtergael Esth tique des mythologies individuelles Le Dispositif photographique de Nadja Sophie Calle th se soutenue en juin 2008 disponible sur http hal archives ouvertes fr tel 00640863 ressource en ligne Pour les autobiographies m moires et journaux vous pouvez galement vous reporter au dossier enseignants de l exposition Lartigue l merveill 1894 1986 pr sent e au Ch teau de Tours par le Jeu de Paume dans le cadre de sa programmation hors les murs du 24 novembre 2019 au 26 mai 2013 et notamment au chapitre R cits et conceptions deu temps et aux pistes de travail en ligne sur http www jeudepaume org index php page article amp idArt 1857 amp lieu 6 Le conte Textes et Documents pour la Classe TDC n 1045 SC R N CNDP CRDP Bibliographie sur les contes http www cndp fr crdp creteil telemaque comite contes bibli htm 42 approfondir l exposition Produire des images processus d
19. qui n est autre que l ge d or de la peinture dramatique au The Encounter 2011 Courtesy kaufmann repetto Milan amp Galerie Peter Kilchmann Zurich sens th tral du terme L art moderne a d abandonner cette the tralisation car les corps qui ex cutaient de tels gestes n amp taient pas contraints d habiter ces cit s m canis es qui elles m amp mes merg rent de la culture baroque Ces corps n taient pas attach s des machines ou remplac s par elles dans la division du travail et n en avaient pas peur De ce fait de notre point de vue ils expriment le bonheur m me lorsqu ils souffrent Le c t c r monieux l nergie et la volupt des gestes de l art baroque sont remplac s dans la modernit par des mouvements m caniques des r flexes des r actions involontaires et compulsives R duites de simples missions d nergie biom canique ou bio lectronique ces actions ne sont pas proprement parler des gestes au sens que donne ce mot l esth tique ancienne Physiquement elles ont moins d envergure que celles de l art ancien elles sont la fois plus condens es plus mis rables plus effondr es plus rigides plus violentes Cependant leur petitesse provient aussi de la capacit de plus en plus grande que nous avons d agrandir les images que nous fabriquons ou que nous montrons Je photographie tout en un gros plan perp tuel que je projette ensuite en avant avec une explosion co
20. Column c est la fabrication d une colonne occidentale classique par un groupe d ouvriers asiatiques qui font route vers l Europe Comme tu l as dit c est en un sens pour la colonne une sorte de retour chez soi Si je m arr te un instant sur cette id e de retour chez soi je peux dire que ce n est jamais une simple question de nostalgie pour la maison natale ou la famille Pour revenir la question de Marie sur la th matique de mon travail est ce que le retour chez soi ou le chez soi font partie de mes th mes Oui effectivement deux de mes oeuvres sont tr s explicitement intitul es Home to Co et Back Home Mais le chez soi comme je l ai dit ce n est pas seulement la maison le toit la famille c est aussi un tat de stabilit de lien d affection et d identification quelque chose Pour moi le retour chez soi n voque pas la question de l migration mais une question plus profonde sur la qu te d une stabilit perdue Dans un contexte de transformation et de mutation de fond nous nous devons d laborer des strat gies de survie et de continuit et l id e du retour chez soi en fait partie Mais dans un sens plus large je dirais que le chez soi c est quelque chose qui nous manque toujours l exp rience de l migration donne peut tre cette question existentielle une forme plus concr te et la figure de l migr peut tre vue comme l exemple explicite d une condition plus universelle M
21. Mais il a lui m me et tr s t t fait partie de ce cin ma puisqu il incarnait dans L vangile selon saint Matthieu en 1964 l un des douze ap tres du Christ Il est surtout frappant de retrouver chez le philosophe un ensemble de r flexions qui recoupent les pr occupations dramaturgiques et anthropologiques du po te cin aste c est l loge de l argot et de la puissance antique des gestes populaires notamment dans la culture napolitaine c est une r flexion r currente sur la notion de geste et sa temporalit profonde C est enfin une attention qui au fond doit peut tre moins la pens e de L vinas qu la pratique amoureuse du gros plan chez Pasolini Langages du peuples gestes visages tout cela qui par contraste dessine zones ou r seaux de survivances l m amp me o se d clarent leur extraterritorialit leur marginalisation leur r sistance leur vocation la r volte Georges Didi Huberman Survivance des lucioles Paris Les ditions de Minuit 2009 p 59 61 fe Une poque qui a perdu ses gestes en est du m me coup obs d e pour des hommes d pourvus de tout naturel chaque geste devient un destin Et plus les gestes sous l action de puissances invisibles perdaient rites et gestes 33 Inside the Circle 201 1 Courtesy kaufmann repetto Milan amp Galerie Peter Kilchmann Zurich leur d sinvolture plus la vie devenait ind chiffrable C est au cours de cette p riode que la
22. Paci et le portrait 15 bibliographie s lective 13 ressources en ligne 14 approfondir l exposition 17 Contexte et histoires 18 Interruption et discontinuit 18 Migration et capitalisme global 19 Mondialisation et production de non lieux 22 Passages et transferts d un m dium l autre 24 Postmodernisme et d cloisonnement entre les m diums 04 Images fixes et images en mouvement 27 Rites et gestes 30 Rites de passages 30 Gestes et montages de temps 33 pistes de travail 36 orientations bibliographiques th matiques 51 Cette exposition a t coproduite par le Jeu de Paume le Mus e d art contemporain de Montr al et le PAC Padiglione d Arte Contemporanea Milan En partenariat avec Courrier ANOUS PARIS international PARISAF t france en couverture culture The Encounter 2011 Courtesy kaufmann repetto Milan amp Galerie Peter Kilchmann Zurich Commissaires de l exposition Adrian Paci Toutes les photos Adrian Paci 2013 Marta Gili Jeu de Paume Paris Marie Fraser Mus e d art contemporain de Montr al Jeu de Paume Paris 2013 Centro di Permanenza temporanea 2007 Courtesy kaufmann repetto Milan amp Galerie Peter Kilchmann Zurich decouvrir l exposition L uvre d Adrian Paci vise une pratique du portrait social et politique et une approche de l humain qui jouent de leur polys mie Si elle int gre la r alit sociale la r alit quotidienne l uvre d passe le plan d
23. autour duquel s articule la relation qui les unit leur histoire Comment d crire Comment raconter Comment regarder Sous la s cheresse des statistiques officielles sous le ronronnement rassurant des anecdotes mille fois ressass es par les guides chapeaux scouts sous la mise en place officielle de ces objets quotidiens devenus objets de mus e vestiges rares choses historiques images pr cieuses sous la tranquillit factice de ces photographies fig es une fois pour toutes dans l vidence trompeuse de leur noir et blanc comment reconna tre ce lieu Restituer ce qu il fut Comment lire ces traces Comment aller au del aller derri re ne pas nous arr ter ce qui nous est donn voir ne pas voir seulement ce que l on savait d avance que l on verrait Comment saisir ce qui n est pas montr ce qui n a pas t photographi archiv restaur mis en sc ne Comment retrouver ce qui tait plat banal quotidien ce qui tait ordinaire ce qui se passait tous les jours Georges Perec D nicher l ordinaire in Ellis Island Paris P O L 1995 n p WB En philosophie en sciences en francais en histoire on pourra se demander dans quelle mesure un document photographique est acceptable ou critiquable en tant que document attestant du r el I Le texte d accompagnement le commentaire informe l image et oriente l interpr tation Proposer aux l ves un document reprenant une
24. bourgeoisie qui tait encore quelques dizaines d ann es auparavant solidement assur e de la possession de ses symboles succombe l int riorit et se livre la psychologie Dans la culture europ enne Nietzsche incarne le point o cette tension entre deux p les l un d effacement et de perte du geste l autre de transfiguration du geste en une fatalit touche son comble Car l ternel retour ne se laisse penser que comme un geste dans lequel puissance et acte naturel et mani re contingence et n cessit deviennent indiscernables en derni re analyse donc uniquement comme th tre Ainsi parlait Zarathoustra est le ballet d une humanit qui a perdu ses gestes Et lorsque l poque s en aper ut alors trop tard commen a la tentative pr cipit e de r cup rer in extremis les gestes perdus La danse d Isadora Duncan et de Diaghilev le roman proustien la grande po sie du Jugendstil de Pascoli Rilke enfin de la facon la plus exemplaire le cin ma muet tracent le cercle magique au sein duquel l humanit cherche pour la derni re fois voquer ce qui achevait de lui chapper jamais Comme l a montr Gille Deleuze le cin ma ruine la fallacieuse distinction psychologique entre l image comme r alit psychique et le mouvement comme r alit physique Les images cin matographiques ne sont ni des poses ternelles telles les formes du monde classique ni des coupes immobiles du mouv
25. cars les a roports les gares et les stations a rospatiales les grandes cha nes h teli res les parcs de loisir et les grandes surfaces de la distribution l cheveau complexe enfin des r seaux c bl s ou sans fil qui mobilisent l espace extra terrestre aux fins d une communication si trange qu elle ne met souvent en contact l individu qu avec une autre image de lui m me Marc Aug Des lieux aux non lieux in Non lieux introduction une anthropologie de la surmodernit Paris ditions du Seuil 1992 p 100 102 I La situation mise en sc ne par Paci dans Centro di Permanenza temporanea juxtapose deux modes d existence dans l espace deux dimensions temporelles On peut interpr ter cette vid o la lumi re des ouvrages de Zygmunt Bauman Le Co t humain de la mondialisation et Liquid Modernity D une part Bauman d crit le mouvement de l lite mondiale l re de la modernit liquide o la majorit s dentaire est dirig e par une lite nomade et extraterritoriale de l autre il y a ceux dont le lieu est fixe ou ceux qui ont sont contraints au nomadisme par la mondialisation Les gens qui bougent et agissent plus vite ceux qui viennent au plus pr s de l instantan it du moment sont aujourd hui ceux qui dirigent Et ce sont ceux qui ne peuvent pas bouger aussi vite et de mani re plus visible ceux qui ne peuvent changer de place leur gr qui sont dirig s La lutte
26. contemporaine pour le pouvoir se livre entre des forces munies respectivement des armes de l acc l ration et de celles de la procrastination Dans sa vid o Paci pr sente par le biais d une situation singuli re directe et concise un point de vue qui questionne cette fascination pour la mondialisation tout en utilisant des moyens d expression qui lui sont familiers ceux du cin ma c est dire une alternance de plans g n raux et de gros plans de ralentis et d acc l r s Les a roports sont le symbole m me d un monde en mouvement lls sont devenus un lieu iconique associ aux notions de modernit et de postmodernit de supermodernit et de modernit liquide Depuis quelques ann es la conceptualisation pr dominante dans les crits th oriques de plusieurs disciplines fait de l a roport un lieu de transition un non lieu un sans lieu un endroit liminal un espace entre le global et le local glocal etc Le discours g n ral qu il aborde l a roport frontalement ou suivant des clairages tangentiels parle de relations temps espace de surveillance de mobilit de mondialisation d hybridit etc Port s par une fascination pour l acc l ration de la mondialisation les a roports les salons de passagers et le trafic a rien sont devenus des th mes majeurs de l art contemporain exprimant la fois l chec des utopies modernes et l angoisse actuelle Des oeuvres photographiques comme celles de Fischli
27. critique v hicul par de nombreuses revues et dans la multiplication des v nements artistiques Naturellement on peut se demander s il s agit vraiment d une mondialisation qui int grerait des attitudes diff rentes voire divergentes ou conflictuelles vis vis de l art de ses march s et de sa fonction sociale ou seulement d une g n ralisation au niveau mondial du mod le occidental Les migrations internationales Avec la mondialisation les flux migratoires connaissent une forte acc l ration ils ont tripl en trente ans Aujourd hui plus de 210 millions de personnes soit 396 de la population mondiale r sident en dehors de leur pays de naissance Les migrations internationales refl tent la hi rarchie des zones conomiques et se complexifient elles s organisent entre diff rents territoires entre pays d velopp s entre pays en d veloppement ou entre pays d velopp s et en d veloppement et toutes les chelles Certains tats sont la fois des pays d immigration d migration et de transit comme le Maroc le Mexique ou la Turquie Les migrations sont au niveau mondial un important facteur de d veloppement Le rapport du PNUD programme des Nations Unies pour le d veloppement de 2009 montre que les transferts de fonds des migrants vers leurs pays d origine repr sentent trois fois le montant mondial des aides publiques au d veloppement Les pays de destination sont le plus souvent choisis par les migrant
28. d affluence croise une Zym excellente voiture que sa raret r serve aux services publics Avec courage et t nacit et dans des conditions tr s dures les ouvriers sovi tiques parmi lesquels nous voyons passer un Yakoute afflig de strabisme s appliquent embellir leur ville qui en a besoin Bamchade Pourvali Chris Marker Paris Cahiers du cin ma SC R N CNDP 2003 p 16 I Certaines images comme les empreintes ou les photographies peuvent tre utilis es pour leur valeur indicielle de trace effective d un v nement de signe d existence Certaines d marches artistiques privil gient la mise en sc ne et la fiction Le jeu de relation institu e entre r alit et fiction est r v lateur de certains fonctionnements de l image On peut conduire l l ve cr er une situation fictionnelle et en t moigner sur le mode du reportage comme s il s agissait d un fait r el Un v nement que vous d finirez vient de se produire dans la classe Vous disposez d un appareil photo num rique pour nous en proposer une repr sentation photographique Pour accompagner le travail des l ves on pourra leur pr senter notamment The Dreadful Details d Eric Baudelaire 2006 ou la s rie Fauna de l artiste Joan Fontcuberta 1987 Raconter des histoires formes de la narration Avec cette premi re tentative Albanian Stories je n ai pas tant cherch utiliser la vid o comme un m dium artisti
29. d embl e prendre parti mais qui veut interroger le contemporain l aune de sa philologie occulte de ses traditions cach es de ses impens s de ses survivances Or ces deux vertus sont celles l m mes que Pasolini aura mises en ceuvre dans chacun de ses textes chacune de ses images De Pasolini Giorgio Agamben les r f rences historiques et philosophiques pr sentent certes des diff rences consid rables Mais le gestus The Last Gestures 2009 Courtesy kaufmann repetto Milan amp Galerie Peter Kilchmann Zurich g n ral de leurs pens es respectives laisse deviner une ind niable parent jusque dans leurs effets de provocation et les attaques virulentes que suscitent souvent leurs prises de position Tous deux affirment qu il y a entre l archaique et le moderne un rendez vous secret Tous deux font de leur travail une opini tre mise en relation du pr sent violemment critiqu avec d autres temps ce qui est une facon de reconna tre la n cessit des montages temporels pour toute r flexion cons quente sur le contemporain Comme Pasolini Agamben est un grand profanateur de choses admises consensuellement comme sacr es Et comme le cin aste lorsqu il parlait du sacral le philosophe s attache repenser le paradigme anthropologique contenu dans la tr s longue dur e du mot sacer Agamben que je sache n a jamais consacr une tude sp cifique la po sie ou au cin ma de Pasolini
30. dans le jardin des Tuileries proximit du Jeu de Paume pr sentation de l exposition 11 reperes Mondialisation flux et mobilit La mondialisation ph nom ne ancien est l ouverture des conomies nationales un march plan taire Ce processus accompagne au AN si cle les Grandes D couvertes et les relations entre l Europe et le Nouveau Monde Il acquiert une nouvelle dimension au XIX si cle sous l impulsion de l industrialisation et de la colonisation La derni re acc l ration date des ann es 1990 avec la fin de la guerre froide le monde n est plus bipolaire et le syst me capitaliste s tend toute l conomie mondiale La mondialisation favorise l ouverture et la mise en relation des territoires l interd pendance croissante entre les hommes et les conomies via les changes de marchandises la circulation des informations les migrations des populations et le d veloppement des moyens de transport Il en r sulte une contraction de l espace temps le monde n tant plus qu un village plan taire selon l expression du sociologue am ricain Marshall Macluhan dans lequel les soci t s vivent dans un m me temps au m me rythme et donc dans un m me espace Mondialisation culturelle La mondialisation ne se limite pas aux changes conomiques et financiers Suite aux processus d industrialisation et de marchandisation elle int gre aussi des enjeux culturels religions langues identit s ethniques
31. de d sarticulation du plan des appartenances processus sur lesquels est grav le signe ind l bile de la subjectivit du travail vivant qui la configurent irr versiblement comme multitude La condition des migrants se situe pr cis ment au point de rencontre de ces processus et au fond les discussions philosophiques les plus abstraites aujourd hui au premier plan sont elles aussi domin es par l urgence de r fl chir ces processus Sandro Mezzadra Capitalisme migrations et luttes sociales Multitudes n 19 hiver 2004 en ligne sur http multitudes samizdat net Capitalisme migrations et luttes I Le point de d part th matique de Fish Story tait d examiner le monde maritime contemporain un monde qui souffre d une injuste r putation d anachronisme Comment lutter contre le fantasme courant au sein des lites selon lequel l information est la denr e essentielle et l ordinateur l unique moteur de notre progr s La mer est peut tre un espace oubli mais elle n a pas perdu sa signification et elle n est pas simplement l espace interm diaire du capitalisme Le monde maritime joue un r le essentiel en cette fin de l re moderne c est en effet le container une invention am ricaine du milieu des ann es 1950 qui rend possible le syst me global de fabrication l chelle plan taire Le navire porte conteneurs et le p trolier sont les ultimes et tristes r incarnations du Pequod En 19
32. dire le passages et transferts d un m dium l autre 25 Secondo Pasolini Decameron 2010 Collection particuliere fil qui permet de d tacher les pratiques artistiques de leur m dium et de les repenser hors de leur sp cificit C est un pouvoir de transfert C est exactement ce que produit l ordre ornemental des dispositifs visuels qui peuvent s investir sur toutes les surfaces et amp toutes les chelles Dans l exposition je n ai pas seulement cherch d sp cifier les m diums mais aussi d cloisonner les p riodes et les cultures Mais finalement est ce le film ou le tapis qui active toutes ces relations tous ces d couplages entre surface profondeur horizontale verticale volume surface etc Est ce l activateur film qui prend le tapis comme il prend ou traverse tout le reste ou bien s agit il de deux activateurs distincts qui peuvent se retrouver dans ces relations entre formes et impressions En fait il faudrait arr ter d appeler les choses par leur nom Je concois le film comme un ensemble de puissances ou de propri t s qui produisent des effets de transfert partir de ce moment on peut commencer discerner la pr sence du film dans tous les m diums et pas seulement visuels d ailleurs dans les m diums sonores et m mes langagiers ou encore dans les tapis Tapis volants Entretien avec Philippe Alain Michaud Zam n Paris n 5 t 2012 p 192 197 I Les propo
33. elles sont n ont pas de statut de propri t c est le cas d Home to Go d crite au d but du pr sent essai Comme plusieurs des ceuvres abord es jusqu ici Vajtojca s apparente un v ritable rite de passage et comporte une dimension m taphorique On peut voir dans cette ceuvre vid o une allusion la caract ristique la plus fondamentale du cin ma savoir sa capacit broviller les fronti res entre la mort et la vie Dans ce contexte on notera avec int r t que Barthes consid re la photographie comme un substitut aux rituels religieux en la d crivant comme contemporaine du recul des rites Edna Moshenson Sujets en transit in Adrian Paci Transit op cit 2013 p 48 49 I Contemporaine du recul des rites la Photographie correspondrait peut tre l intrusion dans notre soci t moderne d une Mort asymbolique hors religion hors rituel sorte de plong e brusque dans la Mort litt rale Roland Barthes La Chambre claire Note sur la photographie Paris ditions de l toile Gallimard ditions du Seuil 1980 p 144 I Comme on l a remarqu depuis longtemps les rites de passage jouent un r le consid rable dans la vie de l homme religieux Certes le rite de passage par excellence est repr sent par l imitation de pubert le passage d une classe d ge une autre de l enfance ou de l adolescence la jeunesse Mais il y a galement rite de passage la nais
34. et Weiss ou d Andreas Gursky pour ne citer que les plus connus combinent la fascination pour le chromatisme raffin et l animation des a roports synonymes de la puissance mondialis e avec une observation neutre d nu e de rh torique de leur uniformit Edna Moshenson Sujets en transit op cit p 53 54 I Si l on s avise donc de donner corps cette formule du rapport au lieu ou plut t du rapport qui configure r ciproquement les corps et les lieux on ne trouvera rien de plus int ressant d ployer que les ceuvres d art dans la mesure o0 elles jouent un r le de premi re importance dans la transformation des configurations par avance donn es Qu il s agisse des arts du langage r organisant sans cesse la langue pour qu elle chappe la r duction quotidienne aux lieux communs qu il s agisse de l espace temps des arts plastiques ou du temps spatialis de la musique contemporaine chaque pratique artistique jette ces rapports dans la tourmente de mutations constantes La chose faite d sormais est l action m me de faire Du moins est ce de nombreux gards la lecon de l art contemporain qui ne cesse de trouer les orthodoxies et les objectivations en lib rant le corps humain des normes et en nous poussant conqu rir et instaurer de nouvelles r gles collectives Sa r gle est la transformation de tous les rapports constitutifs du monde humain sans fin Transformation victoire cette
35. et de leurs programmes la forme et le contenu sp cifiques de leurs cours Ces pistes sont accompagn es de ressources en ligne directement accessibles en activant les liens de la version PDF du dossier enseignants t l chargeable sur le site Internet du Jeu de Paume Introduction rapporter raconter produire Rapporter le r el raconter des histoires et produire des images comptent parmi les dynamiques l uvre dans la d marche d Adrian Paci En amont ou en aval de la visite de l exposition Adrian Paci Vies en transit au Jeu de Paume nous vous proposons de les aborder dans diff rentes disciplines au travers des relations entre l image et le t moignage puis des formes de la narration enfin des processus de d placements et de transition Tout a commenc presque par hasard en entendant sa petite fille raconter d tranges histoires ses poup es Des histoires qui m laient r alit et personnages insolites comme dans le monde qu ils trouvaient en sortant de chez eux Ce que cette fillette raconte c est la vie quotidienne en Albanie en 1997 mais vue par les yeux d une enfant de trois ans Cogs chats et vaches se m langent aux puissances internationales et aux forces obscures migrent en Italie pleurent l Albanie connaissent la souffrance et la tristesse de l exil Si cette ceuvre est vigoureuse c est parce qu elle est la fois une r action pidermique la situation politique d un pays en
36. la lentezza dell intimit Kunst Bulletin n 6 juin p 54 55 Alexandra MATZNER Adrian Paci Motion Picture s Eikon n 7o juin p 66 67 f Stefan WAGNER Adrian Paci Die verborgene Wahrheit des Moments a Kunst Bulletin n 7 8 juillet ao t p 18 23 2009 f Adam Osroiski Adrian Paci Krytyka n 18 2008 El Frances RicHarp Adrian Paci Peter Blum Smith Stewart Artforum vol 46 n 6 f vrier p 287 F Rainer UNRUH Adrian Paci Kunstverein Hannover Kunstforum International n 191 mai juillet p 300 302 Ex Adrian Paci Per Speculum Public Art Culture Ideas num ro th matique Projects for a small world n 38 2007 ll Adrian Paci Between the Lines Gagarin vol 8 n 2 P 24 37 E Michele RogECCHI Adrian Paci Albanian Stories Flash Art Italia n 263 avril mai I Roberta SMITH Adrian Paci Peter Blum Chelsea Smith Stewart The New York Times 30 novembre H Emily Weiner Adrian Paci Centro di Permanenza temporanea Passages Time Out New York 27 novembre Eliza WiluAMms Adrian Paci Milton Keynes Gallery Art Monthly n 306 mai p 32 bibliographie s lective 13 The Encounter 2011 Courtesy kaufmann repetto Milan amp Galerie Peter Kilchmann Zurich I lt Tarzan amp Jane Frontiere Chantal Akerman e Adrian Paci Tarzan amp Jane Borders Chantal Akerman and Adrian Paci int
37. marbre pour le ch teau qu il tait en train de restaurer Quelqu un lui a dit qu il devrait s adresser en Chine parce qu ils ont du bon marbre de bons artisans une main d uvre bon march et qu ils sont rapides puisqu en fait le travail se fait sur le bateau pendant le transport du marbre J ai trouv ca extraordinaire Ca m a paru tellement bizarre la fois aberrant et fabuleux avec quelque chose de mythologique et en m amp me temps de conforme avec la logique de profit capitaliste une mise en coincidence entre le temps de la production et le temps du transport J ai commenc par v rifier que ce mode de fabrication existait r ellement Et j ai d couvert qu effectivement ils existent ces navires usines qui pendant le transport transforment des mati res premi res en biens commercialisables Mais je n ai pas r ussi savoir si ces navires usines fabriquaient aussi des sculptures en marbre Dans l intervalle l image d une sculpture en marbre qui prendrait forme en pleine mer a commenc se dessiner tr s nettement dans ma t te et j ai d cid de passer l acte Marie Fraser Marta Gili Entretien avec Adrian Paci in Adrian Paci Transit Paris Jeu de Paume Mus e d art contemporain de Montr al Milan Mousse Publishing 2013 p 33 WProlonger le questionnement sur la circulation des biens des marchandises et des services l heure de la mondialisation ainsi que ses cons quences La
38. mes politiques se font face traitent d gal gal mais leurs fonctionnements leurs modes d organisation leurs syst mes juridiques diff rent La fronti re est alors associ e un syst me de contr le puissant plus ou moins explicite systeme de d fense contr le douanier etc dont l objet premier est de prot ger mais aussi de laisser circuler en filtrant et en pr levant Certains changes sont g n r s par la pr sence de la fronti re diff rentiel mais d autres empruntent des voies illicites pour chapper au contr le c t du militaire et du douanier le contrebandier est la troisi me figure embl matique de la fronti re les deux premiers exprimant la protection et le filtrage le troisi me le passage et l entre deux Cette ambivalence entre s paration et changes est caract ristique de la fronti re Cette derni re fonctionne comme un filtre instable o alternent des phases d ouverture le contact l emporte sur la s paration et des phases de fermeture la s paration l emporte sur le contact plus ou moins grandes la porosit varie au cours du temps en fonction des relations entre syst mes en pr sence Dans les autres champs des sciences sociales et humaines la notion de fronti re est prise en compte dans un sens plus large et ne renvoie pas syst matiquement aux limites d Etats Le terme est utilis pour exprimer une s paration entre des groupes culturels fronti re linguistique religieus
39. moment personnel peut devenir une question universelle Depuis Albanian Stories jusqu ta derni re pi ce The Column il me semble que la transformation po tique demeure le fondement de ton projet m amp me si dans ce dernier cas la tension va du global au local en cr ant une sorte de parodie de retour Comme dans Albanian Stories il y a dans ce projet The Column coexistence entre le conflictuel et le fabuleux entre le r el et le fictionnel Dans les deux cas il y a une structure de r cit et la chronique de faits r els se m le la l gende et au conte Marie Fraser Marta Gili Entretien avec Adrian Paci in Adrian Paci Transit Paris Jeu de Paume Mus e d art contemporain de Montr al Milan Mousse Publishing 2013 p 32 34 Les genres narratifs ont pour but de raconter de faire le r cit de quelque chose La narration galement appel e discours narratif raconte une histoire vraie ou fictive par la voix d un narrateur Cette histoire comporte des v nements et pr sente des faits qui se d roulent dans des lieux pr cis une poque donn e La narration peut avoir plusieurs finalit s informer divertir formuler des opinions expliquer argumenter persuader Dans l chelle de la repr sentation le r cit est la forme de fiction qui s apparente le plus au r alisme et qui donc imite et informe la fois la r alit sans chercher se confondre avec elle est donc convoqu
40. mondialisation est un ph nom ne qui tend effacer les distances et les sp cificit s territoriales pour instituer une plus grande rapidit des flux marchands Aujourd hui The Column 2013 Courtesy kaufmann repetto Milan amp Galerie Peter Kilchmann Zurich 90 des marchandises produites et consomm es dans le monde sont transport es par voie maritime p troliers porte conteneurs vraquiers cargos polyvalents navires sp cialis s transport de colis lourds de voitures porte barges sans oublier des car ferries et des navires de croisi re http www vedura fr environnement transports transport maritime Les transporteurs et leurs conteneurs sont devenus une image embl matique de la mondialisation et de la soci t de consommation Sur un planisph re l chelle mondiale localiser la voie maritime suivie par le navire transportant cette colonne Indiquer les fa ades maritimes de d part et d arriv e Localiser les passages strat giques franchis par le navire On pourra utiliser des planisph res avec diff rentes projections centr e sur l Europe sur le Pacifique sur le p le Nord et diff rentes chelles Voir le site www d maps com pour r cup rer des planisph res ressources p dagogiques en ligne En quoi le conteneur est il le symbole de la mondialisation s quence propos e par Marc Assous dans le cadre du programme de g ographie de premi re bac professionnel Acteurs r
41. pr sence d au moins un personnage qui pose un certain nombre d actions dans le temps et dans l espace Ces actions sont en relation de cause cons quence et se situent dans un d but un milieu et une fin Raymond Blain Discours genres types de textes textes De quoi me parlez vous Qu bec francais n 98 1995 p 22 25 disponible sur http id erudit org iderudit 44277ac pistes de travail 39 I En cho aux uvres d Adrian Paci il est int ressant de distinger parmi les genres narratifs les r cits la premi re personne ainsi que les r cits par l image et les r cits imaginaires Autobiographie et m moires En litt rature parmi les r cits amp la premi re personne on peut distinguer Te autobiographie qui se d finit tymologiquement comme le fait d crire sur sa propre vie du grec auto soi bios vie et graphein graphie des m moires Des Commentaires de Jules C sar aux M moires de Saint Simon ou encore aux Contemplations de Victor Hugo le r cit des v nements et de l histoire inclut la subjectivit de l auteur Dans la pr face de son recueil de po me Les Contemplations 1856 Victor Hugo crit Quand je vous parle de moi je vous parle de vous Comment ne le sentez vous pas Ah Insens qui crois que je ne suis pas toi Journal intime ou personnel Une autre cat gorie de r cit la premi re personne appara t sous la forme du
42. qu il faut exorciser et c est comme si de toute l histoire de l art s levait un appel muet rendre l image la libert du geste Les l gendaires statues grecques qui rompent leurs entraves pour commencer se mouvoir ne veulent pas dire autre chose mais telle est aussi l intention dont la philosophie charge l id e laquelle n est pas du tout comme le voudrait une interpr tation r pandue un arch type immobile mais plut t une constellation o les ph nom nes se composent en un geste Le cin ma reconduit les images la partie du geste Traum und Nacht de Beckett en propose implicitement une belle d finition il est le r ve d un geste Introduire en ce r ve l l ment du r veil telle est la t che du cin aste Giorgio Agamben Notes sur le geste Trafic n 1 hiver 1991 p 33 34 I Mon uvre vise essentiellement la repr sentation du corps En photographie cette repr sentation se fait partir de la combinaison de gestes expressifs qui peuvent avoir une valeur embl matique l essence doit apparaitre dit Hegel et dans le corps repr sent celle ci appara t par le geste qui sait qu il n est qu apparence Geste signifie une pose ou une action qui projette sa signification en tant que signe conventionnalis Cette d finition s applique g n ralement aux gestes dramatiques pleinement r alis s caract ristiques de l art des p riodes ant rieures particuli rement le baroque
43. racontent ces documents sur vous votre personnalit vos habitudes Que racontent ils du monde qui vous entoure de l actualit de la soci t 2 B partir d un m me corpus de photographies prises par la classe ou pr lev es dans les m dias cr er une page de journal intime ou d album Les textes l gendes titres annotations et les images seront associ s sur une feuille de format A3 Une s ance de mise en commun sera l occasion de mettre en vidence la diversit des rendus et des r cits I Choisir un texte caract re autobiographique Transformer cette narration autobiographique en r cit pistolaire Choisir un point de vue ext rieur et r crire le r cit la troisi me personne du singulier f lt Recueillez la description orale du t moin d un v nement du pass guerre gr ve r sistance exil exode ou d un v nement contemporain marquant Tentez de restituer par le dessin le plus scrupuleux lieux et circonstances d un pisode pr cis planche sch mas vignettes en fonction de ses indications Int grez la dimension subjective de son t moignage Rectifiez l aide du t moin confrontez des documents visuels de l poque T moin in Jean Claude Fozza Anne Marie Garat Fran oise Parfait La Petite Fabrique de l image Paris Magnard 2003 p 272 I tudier la vid o Albanian Stories 1997 d Adrian Paci En lien avec les programmes d e
44. rituel confirme la mort celui qui n est pas enterr selon la coutume n est pas mort Ailleurs la mort de quelqu un n est reconnue valable qu apr s l accomplissement des c r monies fun raires ou lorsque l me du tr pass a t rituellement conduite sa nouvelle demeure dans l autre monde et l a t agr e par la communaut des morts Pour l homme areligieux la naissance le mariage la mort ne sont que des v nements int ressant rites et gestes 31 The Wedding 2001 Collection Jane Lombard l individu et sa famille rarement dans le cas des chefs d tat ou des politiciens des v nements ayant des r percussions politiques Dans une perspective areligieuse de l existence tous ces passages ont perdu leur caract re rituel ils ne signifient rien d autre que ce que montre l acte concret d une naissance d un d c s ou d une union sexuelle officiellement reconnue Ajoutons pourtant qu une exp rience drastiquement areligieuse de la vie totale se rencontre assez rarement l tat pur m me dans les soci t s les plus s cularis es Il est possible qu une telle exp rience compl tement areligieuse devienne plus courante dans un avenir plus ou moins lointain mais pour l instant elle est encore rare Ce que l on rencontre dans le monde profane c est une s cularisation radicale de la mort du mariage et de la naissance mais comme nous ne tarderons pas le voir il subsiste de vagues
45. sur le dos Adrian Paci fut convoqu dans un commissariat de Milan La vid o rejoue le dialogue v cu avec la police qu il tente de convaincre que le clich s inscrit dans un travail artistique symbolisant l expatriation V ritable exp rience de l absurde cette preuve est autant une bataille pour faire accepter pleinement son statut d artiste qu une prise de conscience de la fragilit de celui ci 10 d couvrir l exposition I Home to Go Un toit soi 2001 9 photographies 103 x 103 cm chaque Dans cette s rie de photographies issue d une performance l artiste apparaft en sous v tement portant sur le dos un fragment de toiture invers e dont la forme rappelle les ailes d un oiseau M taphore poignante de son exp rience personnelle de migrant Paci transporte avec lui une partie de sa maison de sa culture de sa tradition de sa famille Home to Go souligne dans le m me temps le fardeau l engagement et la responsabilit que repr sente ce statut Ces photographies poss dent galement une port e iconographique qui les inscrit dans la tradition de la peinture par la r actualisation des th mes du portement de Croix et de l ange d chu vocations all goriques de la condition humaine I The Wedding Le Mariage 2001 20 gouaches sur papier maroufl amp sur bois 22 x 28 cm chaque Sur les vingt panneaux qui composent ce polyptyque sont reproduites a tempera la mani re d une fresque les sc
46. temps qu il voque l aspect illusoire du mouvement produit par une s quence d images fixes r v l par les moyens de visionnement que permet le cin ma num rique En ralentissant le film et donc en neutralisant la narration lin aire au profit d instants ou d extraits de sc nes on offre la possibilit au spectateur de d tenir de poss der une image jusqu alors insaisissable Edna Moshenson Sujets en transit op cit p 51 I Pourquoi revenir encore une fois sur l exp rience de l arr t sur image de l arr t provoqu qui ne fait videmment que parler de tous les autres de ceux qui s arr tent vraiment de tous les instants exhib s les interruptions flagrantes sans parler des m tamorphoses de l image qui leur sont li es Pourquoi Pourquoi Robert Frank crit il qu il aimerait tant faire un film son vrai film 2 qui m lerait sa vie priv e et son travail un photo film afin tablir un dialogue entre le mouvement de la cam ra et le gel de l image fixe entre le pr sent et le pass l int rieur et l ext rieur le devant et le derri re La chose remarquable ici tient aux trois derniers entre Ils affectent le temps l me corps et la position du corps regard pour se trouver ensemble rapport s la force qui pourrait les produire ou attester au moins leur visibilit l entre temps de l image fixe et de l image mouvement 28 approfondir l exposition Ains
47. travail mais ma fa on d op rer les probl matise En tant qu artiste on ne peut pas produire de rituel on ne peut que r activer des moments ou modifier un point de vue au travers de gestes qui offrent une autre perspective sur des rites d j familiers Marie Fraser Marta Gili Entretien avec Adrian Paci in Adrian Paci Transit Paris Jeu de Paume Mus e d art contemporain de Montr al Milan Mousse Publishing 2013 P 35 Rites de passages le Qu est ce qu un rite de passage Pour tenter de r pondre ces questions difficiles il faut revenir sur le sens pr cis du rite de passage Il fut formul pour la premi re fois par le folkloriste francais Arnold Van Gennep Il s attache montrer que dans les ph nom nes sociaux quotidiens on retrouve sous des latitudes et dans des cultures diff rentes un m me sch ma formel organis en trois stades celui de la s paration celui d attente ou de marge et celui d agr gation Dans un premier temps l individu est sorti du cours normal de son existence il est ensuite isol du groupe et plong dans une esp ce de no man s land temporel o il subit ventuellement une initiation Il en sort enfin avec une identit neuve manifest e parfois par un nouveau nom un nouveau domicile de nouvelles parures et attributions etc L importance respective de ces trois stades peut varier mais deux traits caract risent l op ration D une part il s a
48. 000 Courtesy kaufmann repetto Milan amp Galerie Peter Kilchmann Zurich l amour le d sir et la passion Cette vid o traite de la nouvelle place prise par les images dans ce contexte postdictatorial En effet leur diversit et leur multiplicit envahissent le paysage m diatique r cemment ouvert et a un impact important sur le d veloppement de la soci t et les relations entre ses individus salle 4 1 Albanian Stories Contes albanais 1997 Vid o couleur son 7 08 Dans sa premi re vid o intitul e Albanian Stories Adrian Paci exil depuis peu en Italie filme sa fille de trois ans en train de raconter ses poup es sur un mode improvis une suite de contes o0 les personnages habituels de r cits populaires une vache un chat ou un coq se m lent de facon surprenante des soldats et aux forces internationales d intervention Ce r cit mi fictif mi r el devient le moyen de souligner la mani re dont la compr hension des v nements est conditionn e par les circonstances qui entourent leur r ception Au travers d un regard enfantin s expriment le caract re particulier et universel des conflits ainsi que le choc de l immigration et de l adaptation un nouveau lieu I Believe Me I Am an Artist Croyez moi je suis un artiste 2000 Vid o couleur 6 54 Soup onn de maltraitance pour avoir photographi ses filles avec la reproduction de son visa de sortie d Albanie
49. 2006 H Jacques RANGE Le Spectateur mancip Paris La Fabrique 2008 H Michael RusH l Art vid o Londres Thames amp Hudson 2007 H Terry SMTH Okwui ENwezorR Nancy CONDEE Antinomies of Art and Culture Modernity Postmodernity Contemporaneity Durham Duke University Press 2008 I lt Qu est ce que le cin ma Trafic n 50 2004 Catalogues d exposition du Jeu de Paume et dossiers enseignants en ligne ll Soci t R aliste Empire State Building Paris Amsterdam Jeu de Paume Budapest Ludwig Museum 2011 dossier enseignants en ligne sur http www jeudepaume org index php page article amp idArt 1 462 Il Aernout Mik Communitas Paris Jeu de Paume G ttingen Steidl 2011 dossier enseignants en ligne sur http www jeudepaume org index php page article amp idArt 1462 I Esther Shalev Gerz Paris Jeu de Paume Lyon Fage 2010 dossier enseignants en ligne sur www jeudepaume org index php page article1idArt 1260 J Croiser des mondes Paris Jeu de Paume coll Document n 2 2005 I Eija Liisa Ahtila Paris Jeu de Paume Hazan 2008 H Rineke Disjkra Portraits Paris Jeu de Paume Munich Schirmer Mosel 2004 orientations bibliographiques th matiques 51 Jeu de Paume expositions 26 f vrier 12 mai 2013 Laure Albin Guillot 1879 1962 l enjeu classique f Adrian Paci Vies en transit f Programmation Satellite 6 Une exposition parl e Suite pour exp
50. 47 le po te am ricain Charles Olson avait observ non sans pr science que Melville avait d j d couvert un si cle auparavant le Pacifique en tant qu usine bagne Le monde maritime m int ressait parce que c est un gigantesque univers d automation et en m me temps un monde de travail acharn de travail isol anonyme invisible de grande solitude de d placement et de s paration de la sph re domestique Pour cette raison il est important de r v ler la dimension sociale de la mer comme l a fait Melville Fish Story est galement une tude d histoire de l art qui suit toute une tradition de repr sentations de l conomie de la mer de la peinture hollandaise du XVII siecle au lien objectif mais non reconnu avec le porte conteneurs que l on peut observer dans l art minimaliste et le pop art qu il s agisse de la Brillo Box de Warhol ou des cubes s riels de Donard Judd Une diff rence capitale existe cependant la mobilit du conteneur oppos e l inertie dramatique de l objet d art Pour les transitaires qui parlent d inter modalit entendez modalit interm diaire la bo te est plus importante que le v hicule l emballage se trouve peu peu investi d une vie autonome d une sorte d animation fant me ce propos nous pouvons revisiter la parabole de Marx sur le f tichisme de la marchandise la table en bois qui se met sur la t te et commence avoir des id es bizarres J appelle l
51. 6833161 sefb amp lang fr amp personnel a Voir aussi Bouchra Khalili dans la pratique de laquelle la question du d placement physique et mental est centrale http www latriennale org fr artistes bouchra khalili expositions en cours Robert Capa Chim David Seymour et Gerda Taro La Valise mexicaine Les n gatifs retrouv s de la guerre civile espagnole Mus e d art et d histoire du Juda sme Paris 27 f vrier 30 juin 2013 lei ailleurs Friche la Belle de mai Tour Panorama Marseille 12 janvier 31 mars 2013 http www mp2013 fr ici ailleurs l occasion de cette exposition qui rassemble les uvres de trente neuf artistes du bassin m diterran en dont celles d Adrian Paci le CNDP propose de nombreuses pistes p dagogiques sur son site Internet http www cndp fr collections point de rencontre ici ailleurs exposition html I Travailler en lien avec la vid o The Column et l extrait de l entretien d Adrian Paci ci dessous qui en retrace le processus de cr ation Au d part il y a la proximit l intimit et la singularit d une rencontre avec un mat riau qui ensuite ouvre sur des dimensions qui d passent le mat riau lui m me Ma fonction d artiste est d clairer ces potentialit s sans les forcer M me The Column le nouveau projet sur lequel je travaille en ce moment vient d une histoire que m a racont e un ami restaurateur qui avait besoin de faire r aliser une sculpture en
52. 999 http www youtube com watch v 5M7PawApK4 reperes Adrian Paci et le portrait M me si je suis surtout connu comme vid aste je suis en r alit peintre Plus pr cis ment portraitiste J ai fait beaucoup de portrait entre dix et vingt deux ans et au lyc e avec mes copains nous tions souvent la recherche de mod les dessiner C tait toujours des gens de la rue des vieux qui se promenaient pour tuer le temps l atelier ils s asseyaient devant nous pendant des heures sans pose sp ciale Ils ne faisaient rien d autre que ce qu ils auraient fait s ils n avaient pas t l J ai travaill sur ces visages pendant des ann es en faisant des tudes au crayon la tempera et l huile en modelant leurs rides en d chiffrant leur regard en reproduisant leur peau en peinture Adrian Paci Conversation avec Mirjam Varadinis in Adrian Paci Electric Blue Zurich Kunsthaus Z rich 2011 p 6 f Il existe dans le rapport de Paci aux images une influence secr te je devrais dire un amour un amour dont il ne fait pas myst re celui qu il a pour l uvre du grand r alisateur italien Pier Paolo Pasolini Cette influence est tr s nette dans l usage magistral qu il fait du portrait dans son travail avec des non acteurs et dans le recours aux rencontres de hasard et aux r cits souvent improvis s pour explorer les liens invisibles entre histoires personnelles et v nements sociaux e
53. Hans Richter qui est paradoxalement constitu uniquement de lignes et de carr s les lignes balayent l cran et les carr s viennent s inscrire l avant plan ou au contraire se r tractent l arri re plan Toutes les formes qui apparaissent sur l cran sont ainsi d duites de la forme de l cran lui m me Il n y a ainsi plus de difference entre la surface o les formes apparaissent et les formes elles m mes Ce qui produit un effet de pr sentification des formes Il n y a pas de diagonale dans le film mais simplement un double syst me d crans perpendiculaires c est dire les lignes qui balaient le champ bord bord et d crans parall les c est dire les carr s qui avancent ou reculent la surface de l cran les carr s sont toujours reli s par des diagonales virtuelles Si on les trace on obtient des cubes dans l espace tous les tats interm diaires du passage d une figure l autre Le mouvement d une image une autre ou le pouvoir de la diagonale est de passer de la surface au volume ou encore de la peinture l architecture Le film est le principe de transfert d un m dium vers l autre On voit d s lors tr s bien comment partir de la structure d ductive de Rythme 21 la peinture de Van Doesburg les chaises de Gerrit Rietveld ou la maison Schr der que ce dernier a construite Utrecht s encha nent sans solution de continuit ce sont des agencements d crans Le film est si j ose
54. Jeu de Paume Lyon Fage ditions 2010 p 82 Voir aussi le dossier enseignants de l exposition Esther Shalev Gerz Ton image me regarde pr sent e au Jeu de Paume du 9 f vrier au 6 juin 2010 en ligne sur http www jeudepaume org index php page article amp idArt 1 260 H En lien avec la th matique Identit et diversit des programmes scolaires questionner la mani re de transmettre son histoire son pass sa culture Proposer aux l ves d analyser le dispositif utilis par Adrian Paci pour transmettre son histoire passer de l individuel au collectif comment et pourquoi en tant que p re artiste migrant et Albanais il donne voir les nouveaux contes que sa fille invente partir de son v cu I Chercher un souvenir heureux un v nemen personnel positif qui semble la fois essentiel unique et d terminant en tant qu influence sur votre environnement actuel et vos r actions venir Retrouver parmi les images photographiques tableaux images de film etc que vous avez vues celles qui vous ont marqu au point de changer vos r actions votre comportement I Proposer aux l ves de r aliser des photographies ou des photomontages dans lesquels ils se mettront en sc ne afin d exprimer par une all gorie une caract ristique de leur culture ou de leur condition d enfant d l ve de citoyen d tre humain pistes de travail 45 R aliser plusieurs images en jouan
55. a parole et de la peinture de la sculpture monumentale et de la projection des ombres et des lumi res l clatement de la tradition s rielle travers les m langes nouveaux entre genres ges et syst mes musicaux Le mod le t l ologique de la modernit est devenu intenable en m me temps que ses partages entre les propres des diff rents arts ou la s paration d un domaine pur de l art Le postmodernisme en un sens a t simplement le nom sous lequel certains artistes et penseurs ont pris conscience de ce qu avait t le modernisme une tentative d sesp r e pour fonder un propre de l art en l accrochant une t l ologie simple de l volution et de la rupture historiques Jacques Ranci re Le Partage du sensible Paris La Fabrique 2000 p 41 42 I Je pense que l irruption r guli re des nouvelles technologies du VHS au DV du CD au DVD de la t l au plasma a soudain fait muter le principe du m dium unique en un immense champ de bataille composite o les alliances les fusions les changements de camps et les unions sont rig s en une r gle g n rale de comportement changiste La sp cificit d un m dium de nos jours est qu il est partouzard s accouple ici et l facilement avec ses cong n res m diums pour Passages 2010 Collection particuli re Suisse donner naissance un enfant chim rique Un monstre t te et poitrail en surface sensible chimique un ventre
56. arer et d battre de la facon dont chacune d entre elles peut traiter ou rendre compte d un sujet ou d un objet donn I Choisir des caricatures de presse des gravures des peintures ou encore des photographies li es un v nement historique comme la guerre de Crim e dont t moignent de nombreuses toiles http figs jeux over blog com album 11 53379 html ainsi que la s rie de clich s de Roger Fenton Vall e de la mort Pour cette s ance vous r f rer au catalogue d exposition l v nement les images comme acteurs de l histoire Paris Jeu de Paume Hazan 2007 Autre exemple possible le corps humain avec diff rentes images dans l histoire de la repr sentation comme La Lecon d anatomie de Rembrandt une planche d anatomie de l Encyclop die de Diderot une photographie d une op ration dans le livre de science une image de mode ou de publicit retouch e ll Afin d exp rimenter les allers retours entre dessin et photographie Concevoir un cadre en carton rigide Avec ce cadre les l ves s lectionnent un l ment une partie d un objet d une surface qu ils vont reproduire sur une feuille dessin Dans un deuxi me temps les l ves tentent de retrouver le m me point de vue et le m me cadrage avec un appareil photo pour obtenir une photographie de l l ment pr c demment s lectionn Comparer les deux images Que permet le dessin Que permet la photographie Cette pist
57. arie Fraser Marta Gili Entretien avec Adrian Paci op cit p 33 34 contexte et histoires 19 l exil s il constitue trangement un sujet de r flexion fascinant est terrible vivre C est la fissure jamais creus e entre l tre humain et sa terre natale entre l individu et son vrai foyer et la tristesse qu il implique n est pas surmontable S il est vrai que la litt rature et l histoire voquent les moments h roiques romantiques et glorieux voire triomphants de la vie d un exil ces instants n illustrent que des efforts destin s r sister au chagrin crasant de l loignement Ce qui est accompli en exil est sans cesse amoindri par le sentiment d avoir perdu quelque chose laiss derri re pour toujours Notre poque qui se caract rise par une situation de conflit moderne par une tendance imp rialiste et les ambitions quasi th ologiques de dirigeants totalitaires est en effet l poque des r fugi s des d placements de population de l immigration massive Cet ethos collectif forme ce que Pierre Bourdieu sociologue francais appelle l habitus l amalgame coh rent de pratiques qui cr ent un lien entre habitude et habitat Avec le temps les nationalismes prosp res s autoproclament d tenteurs exclusifs de la v rit et rejettent le mensonge et l inf riorit sur les trangers comme dans la rh torique du capitalisme contre le communisme ou de l Europ en contre l Asi
58. atastrophe En m me temps on raconte et on accompagne Ce que nous appelons par convention la r alit m apparaft comme un vaste chantier dont nous serions les travailleurs le travail consistant pr cis ment construire et ou d truire cette r alit de mille mani res et de mille c t s C est dire que je crois que le r el n est jamais d j organis comme un film d finitivement pas Quelle serait cette r alit pr alable et pr existante que le cin aste n aurait en somme qu aller rencontrer enregistrer reproduire recopier retranscrire Rien n est crit sans criture rien n est dit sans parole nul nom n est nomm sans nomination rien n est film sans film Pourtant comme tout art qui participe de la description le cin ma s use faire croire qu il regarde le monde alors qu il est plut t un bout du monde qui nous regarde Jean Louis Comolli Voir et pouvoir L Innocence perdue cin ma t l vision fiction documentaire Paris Verdier 2004 p 133 134 166 168 Une des sp cificit s de la photographie comme de la vid o tient leur rapport au r el dans leur processus de fabrication comme dans leur pouvoir mim tique ce que revendiquent des pratiques telles que le photoreportage la photographie judiciaire la photographie m dicale le film documentaire le web documentaire dans lesquelles l image a valeur de constat La photographie et la vid o sont a
59. ati res introduire une physicalit nouvelle Bref une image qui par la d figuration ouvre sur une refiguration Ce que j ai appel la seconde face de l exp rience En forcant un peu les choses pour exprimer leur v rit la plus active on peut dire qu il n est pas de passage entre mobile et immobile touchant donc l analogie du mouvement qui ne suppose une mutation plastique de l image donc de l analogie en son sens proprement photographique Ce n est pas un hasard si le d veloppement de l arr t sur image et de toutes les formes du photographique qui envahit le cin ma au tournant des ann es 60 a coincid avec les transformations qui se sont pr cis es depuis gr ce au traitement de l image lectronique Un mot circonscrit cette mutation Vid o ouvert sur les deux versants qui le bordent la t l vision et l art vid o Un mot improbable dont on n a pas fini de comprendre quel point il engage dans une situation sans pr c dent les arts de reproduction m canique qui lui sont ant rieurs photo et cin ma en ouvrant un espace o0 la question de la reproduction se trouve d bord e par les possibilit s encore peine entrevues de l image calcul e Raymond Bellour L Entre Images photo cin ma vid o Paris ditions de la Diff rence 2002 p 12 I La traduction usuelle et contest e de la formule c l bre par laquelle Platon dans le Tim e condense l id e du temps tablit celui ci comm
60. ation de l Empire byzantin IX X si cles des Normands de Sicile Xl si cle de la dynastie d Anjou XIIIe si cle puis des Turcs ottomans fin du XIV si cle qui se poursuivra jusqu au d but du XX si cle La christianisation de l Albanie commence ou Is si cle et s op re lentement jusqu au X si cle Le schisme de 1054 entre les glises d Orient et d Occident provoque une division du territoire entre des v ch s sous ob dience romaine ou byzantine Apr s la conqu te du pays par les Ottomans l islamisation du territoire se r alise petit petit mais de mani re profonde puisqu aujourd hui 70 de la population est musulmane contre 20 d orthodoxes et 1096 de catholiques Les deux guerres balkaniques de 1912 et 1913 ach vent le d clin de l empire ottoman Les arm es grecques et serbes occupent une partie des terres albanaises Ce qui n emp che pas les Albanais de se r unir en assembl e et de proclamer la naissance de leur tat le 28 novembre 1912 date de la f te nationale albanaise la conf rence de Londres de 1913 l Albanie est amput e de la moiti de son territoire qui est annex par la Serbie la Gr ce et le Mont n gro Avant que n clate la Seconde Guerre mondiale l Albanie est d j occup e par l Italie fasciste Pendant la guerre des militants communistes organisent la r sistance sous forme de gu rilla urbaine Le pays est lib r sans intervention ext rieure en 1944 sous la conduite d Enver H
61. ation des enseignants et scolaires 2012 2013 disponible l accueil du Jeu de Paume et sur www jeudepaume org programme 2013 2014 disponible partir d avril 2013 Le Jeu de Paume est subventionn par le minist re de la Culture et de la Communication Libert galit Fi R PUBLIQUE Minist re Cultur ommunication Les Amis du Jeu de Paume contribuent ses activit s Les activit s ducatives du Jeu de Paume b n ficient du soutien de NEUFLIZE VIE m c ne principal et d Olympus France Neuflize Vie OLYMPUS ABN AMRO Your Vision Our Future
62. atique Juste derri re la fronti re qui nous s pare des trangers se trouve le territoire dangereux de la non appartenance c est l qu taient bannis les peuples une poque primitive et c est l qu aujourd hui d immenses fragments d humanit errent en tant que r fugi s et d port s Les nationalismes ont trait des groupes mais l exil est de fait une solitude ressentie en dehors du groupe c est la souffrance qu on prouve ne pas tre avec les autres au sein de la communaut Mais alors comment surmonter la solitude de l exil sans tomber dans le langage de l orgueil national des sentiments collectifs des passions gr gaires langage omnipr sent et violent Qu est ce qui m rite d tre pr serv quoi peut on se raccrocher entre les extr mes de l exil d une part et des affirmations nationalistes souvent agressives d autre part Le nationalisme et l exil sont ils intrins quement li s Ne sont ils que deux variantes conflictuelles de la paranoia Ces questions ne trouveront jamais vraiment de r ponses car chacune suppose que l exil et le nationalisme peuvent tre l objet d une discussion neutre exempte de r f rence l un et l autre Or une telle discussion est impossible Parce que ces deux termes contiennent tout du plus collectif des sentiments collectifs la plus intime des motions intimes il n existe pas vraiment de langue ad quate pour en parler Mais rien dans le
63. ces acc s libre dans la limite des places disponibles autour de l exposition I les rendez vous des mardis jeunes visite de l exposition par l artiste et Marta Gili commissaire de l exposition mardi 26 f vrier 18 h les enfants d abord visite atelier D placements et transformations samedi 30 mars 11 het 15 h 30 et samedi 27 avril 2013 15 h 30 f conf rence autour de l exposition par Maurizio Lazzarato sociologue et philosophe mardi 23 avril 19 h I publication Adrian Paci Transit textes d Adam Budak Edi Muka Edna Moshenson Emanuela De Cecco ric de Chassey et entretien de l artiste avec Marta Gili et Marie Fraser bilingue francais anglais co dition Jeu de Paume Mus e d art contemporain de Montr al Mousse Publishing 160 pages 23 5 x 28 5 cm 35 f ressources en ligne Les enseignants peuvent consulter le site Internet du Jeu de Paume pour plus d informations sur les expositions mais aussi sur l ensemble de la programmation pr sente pass e ou venir Retrouvez galement dans la rubrique enseignants et scolaires ainsi que dans ressources des documents des interviews des enregistrements sonores de s ances de formation de conf rences colloques et s minaires www jeudepaume org Des entretiens film s et des articles se trouvent galement sur le magazine en ligne du Jeu de Paume http lemagazine jeudepaume org programme complet des activit s destin
64. de guerre mondiale il commence crire son journal publi plus tard sous le titre Je n avais nulle part o aller A son arriv e aux tats Unis en 1949 il commence parall lement filmer En 1976 il pr sente les premi res images de son journal film entre les ann es 1949 et 1963 dans Lost Lost Lost La p riode que je d cris travers ces six bobines de film fut une p riode de d sespoir de tentatives pour planter d sesp r ment des racines dans cette terre nouvelle pour cr er des souvenirs travers ces six douloureuses bobines j ai essay de d crire les sentiments d un exil mes sentiments pendant ces ann es l Elles portent le nom de lost Lost Lost titre que nous voulions donner mon fr re et moi un film que nous voulions faire en 1949 et qui aurait sugg r notre 40 approfondir l exposition tat d me en ces temps l Le film d crit l tat d esprit d une personne d plac e qui n a pas encore oubli son pays natal mais qui n en a pas encore gagn un nouveau La sixi me bobine est une transition elle montre comment nous commencons respirer trouver quelques moments de bonheur Une nouvelle vie commence Jonas Mekas 31 mars 1976 cit sur http www centrepompidou fr cpv ressource action param id FR R 309ef629caaa35463233192e3d89 eefc amp param idSource FR_E 309ef622caaaz546333f92e 3d89eefc M taphore La m taphore consiste transporter directeme
65. du Jeu de Paume http www jeudepaume org index php page article amp idArt 1784 ressources artistiques et photojournalistiques en ligne Go No Go d Ad van Denderen sur l immigration dans l espace Schengen http www go no go nl gonogo php So Blue So Blue Edges of the Mediterranean d Ad van Denderen regard sur les pays riverains de la M diterran e dans lequel il met en perspective l identit m diterran enne http www sobluesoblue nl advandenderen soblue release 1 1 0 MainView html Kingsley s crossing d Olivier Jobard qui suit l immigration clandestine en 2004 de Kingsley du Cameroun jusqu en France http mediastorm com publication kingsleys crossing S rie photographique Calais de Bruno Serralongue http www airdeparis com artists htm S ries photographiques Les Migrants 2009 et La Jungle 2009 2010 de Mathieu Pernot dans lesquelles il photographie respectivement les corps cach s emmitoufl s dans leurs duvets de migrants afghans Paris et les traces laiss es par des migrants clandestins dans la jungle de Calais http www mathieupernot com migrants php http www mathieupernot com jungle php Black Snow de Joan Bardeletti qui suit le quotidien de 46 approfondir l exposition migrants africains partis de Libye et arriv s Lampedusa puis transf r s par l tat Italien dans une station de ski http book picturetank com slideshow id 4082eb 04dc0857ae9a8db
66. e Il donne un compte rendu d taill des lamentations des femmes dans les rites fun bres et sur leur r le dans l identit catholique albanaise Victor Turner apr s Arnold van Gennep consid re que les rites de passage ou de transition se d composent en trois phases une phase de s paration par rapport Turn On 2004 Courtesy kaufmann repetto Milan amp Galerie Peter Kilchmann Zurich au flux des activit s quotidiennes marqu e par un comportement symbolique signifiant que l individu ou e groupe se d tache d un point fixe initial au sein de la structure sociale une phase liminaire ou de ransition vers le monde rituel d gag des notions de emps et d espace et la phase de r agr gation ou de r incorporation et de retour la vie ordinaire Dans ce contexte l apport de Turner est important car pour lui a liminalit ne se r sume pas une phase elle est un tat ce qui permet comme on le fait depuis peu d appliquer son analyse aux soci t s modernes Les entit s liminales crit Turner ne sont ni ici ni l elles sont entre les deux De sorte que la liminalit est fr quemment associ e la mort l tat d inhumation l invisibilit l obscurit c est le cas de Vajtojca mais aussi de Turn On On peut se les repr senter comme ne poss dant rien Elles peuvent n tre v tues que d une bande de tissu voire aller nues pour d montrer que les tres liminaux qu
67. e o se d veloppe un 22 approfondir l exposition r seau serr de moyens de transport qui sont aussi des espaces habit s o l habitu des grandes surfaces des distributeurs automatiques et des cartes de cr dit renoue avec les gestes du commerce la muette un monde ainsi promis l individualit solitaire au passage au provisoire et l ph m re propose l anthropologue comme aux autres un objet nouveau dont il convient de mesurer les dimensions in dites avant de se demander de quel regard il est justiciable Ajoutons qu il en est videmment du non lieu comme du lieu il n existe jamais sous une forme pure des lieux s y recomposent des relations s y reconstituent les ruses mill naires de l invention du quotidien et des arts de faire dont Michel de Certeau a propos des analyses si subtiles peuvent s y frayer un chemin et y d ployer leurs strat gies Le lieu et le non lieu sont plut t des polarit s fuyantes le premier n est jamais compl tement effac et le second ne s accomplit jamais totalement palimpsestes o0 se r inscrit sans cesse le jeu brouill amp de l identit et de la relation Les non lieux pourtant sont la mesure de l poque mesure quantifiable et que l on pourrait prendre en additionnant au prix de quelques conversions entre superficie volume et distance les voies a riennes ferroviaires autorouti res et les habitacles mobiles dits moyens de transport avions trains
68. e et renvoie un contact flou impr cis mouvant Deux d finitions de la fronti re semblent donc coexister l une a une dimension culturelle et sociale et est exprim e par l anglais frontier et l autre a une dimension plus politique frontiere d tat et est traduite par border ou boundary Ces diff rentes dimensions nous invitent largir la d finition classique de la fronti re en g ographie la fronti re est un objet g ographique s parant deux syst mes territoriaux contigus Cet objet ne se r sume pas une limite car il a des incidences sur l organisation de l espace effets fronti re et il int gre une dimension politique c est dire ce qui touche la structuration d une soci t une dimension symbolique il est reconnu par un ensemble d acteurs et sert de marqueur dans l espace et une dimension mat rielle qui est inscrite dans le paysage Il y a fronti re lorsque se confrontent des syst mes territoriaux identifi s par leur propre syst me de normes culturels juridiques etc Ceci est bien le cas des tats avec leur fonctionnement institutionnel leur maillage etc Mais cette d finition peut amp tre largie d autres syst mes territoriaux en mergence De nouvelles pistes s ouvrent alors aux chercheurs dans un contexte de crise des tats et d mergence de nouveaux pouvoirs d ordre conomique institutionnel ou social On peut d s lors sugg rer que les fronti res apparaissent sou
69. e image mobile de l ternit Sur l horizon de d finition de cette formule malgr tout si frappante et si ramass e on pourrait dire de la photographie qu elle serait l inverse comme une figure immobile du passage du temps Par exemple et ce serait le cin ma le cin ma m me c est dire la prise ent e sur un mouvement l ombre sur un mur de branchages secou s par un vent l ger soit ce que je pourrais personnellement regarder pendant des heures mais ca ne dure jamais des heures il n y a chaque fois que le miracle d une p riode de quelques minutes o entre l oscillation berc e des branches l image souple des feuilles qui vient avec elle la quantit de lumi re et la texture du mur cran une chor graphie parfaite est r gl e Soit aussi une image qui ressemble ces vues que Talbot se projetait en Italie Soit enfin il faut l imaginer le ralentissement extr me de cette image mobile qui a d j l air elle m amp me d un ralenti un ralenti maximal donc semblable celui propos par l artiste Douglas Gordon dans 24 Hour Psycho Puis enfin au bout du bout de ce ralenti extr me une sorte d extinction ou d vanouissement du temps l arr t sur image produisant l image la photo Jean Christophe Bailly L Instant et son ombre essai Paris ditions du Seuil 2008 p 55 56 o Le sens commun semble se satisfaire d attribuer l image fixe la th orie de la photographie et l image mouvan
70. e r el qu il s agit de cin matographier c est dire d crire dans son mouvement m me n est ni tout fait un donn pr alable au travail ni tout fait le produit de ce travail Entre les deux dans l intervalle il est peut tre moins la somme de nos sc narios que leur diff rence la diff rence qui court entre ce qui est avant et ce qui est apr s ce qui est donn et ce qui est produit ce qui est travaill calcul voulu et ce qui ne l est pas Ce qu on nomme r el n est ce pas une sorte de pi ge une suite de pi ges N est ce pas ce qui n est jamais l o l on croit qui se d place chappe fuit derri re c t dessous l envers au dehors du dedans Le r el comme la lettre vol e n est ce pas ce papillon qui se pose exactement l o on ne le voit pas Ce qui reste impens dans la pens e non cherch dans la recherche non d chiffr dans le signe inabouti dans l uvre r sistant dans le travail Cette tache obscure ce point aveugle ce point de fuite de toute perspective rationnelle la limite et la fronti re qui font de toute connaissance un risque absolu Si le cin ma a aujourd hui un int r t s il est encore un enjeu n est ce pas pr cis ment d aller toucher cette limite de jouer avec ce pi ge de s y faire prendre pour en faire en m me temps le r cit Au fond on raconte comment ca n en finit pas de se d rober de fuir de casser On raconte le d placement la c
71. e conteneur cercueil de la main d uvre absente car le travail qui produit les biens transport s se situe toujours ailleurs dans des lieux sans cesse diff rents et interchangeables d termin s par l incessante qu te des salaires toujours plus bas Ce travail n est plus un travail de proximit m me dans un sens m tonymique moins d effectuer mentalement un norme bond g ographique d avoir l trange et inqui tante facult de porter des baskets Nike tout en se transportant en imagination jusqu une chaine de fabrication en Indon sie Allan Sekula r alisme critique interview par Pascal Beausse Paris Art press n 240 novembre 1998 p 20 26 contexte et histoires 21 Centro di Permanenza temporanea 2007 Courtesy kaufmann repetto Milan amp Galerie Peter Kilchmann Zurich Mondialisation et production de non lieux e La vid o Centro di Permanenza temporanea 2007 se d roule sur une piste d a roport Une longue file de personnes marche vers un avion La cam ra suit leur d placement mais une fois rassembl s sur la passerelle les passagers se retrouvent au milieu de nulle part Aucun avion ne semble les attendre Clou s au sol exclus incapables de bouger immobiles ils ne peuvent rien faire d autre qu observer le mouvement et l activit des avions qui grouillent autour d eux On pense qu il s agit d un groupe de passagers en transit de travailleurs migr s
72. e d placements et transitions Fronti res et passages Les notions de d placements de transitions et de passages d un tat un autre tr s pr sentes dans le parcours comme dans les uvres d Adrian Paci peuvent tre tudi es et interrog es en regard du concept de fronti re Ce dernier renvoie des situations g opolitiques historiques ou contemporaines mais aussi des perspectives plus mentales m taphoriques po tiques ou plastiques L origine du mot fronti re vient de front un terme militaire qui d signe la zone de contact avec une arm e ennemie Cette ligne sinueuse et fluctuante volue en fonction des rapports de forces en pr sence partir du XVIIe si cle la fronti re devient progressivement une ligne born e limite entre deux tats La fronti re prend un sens plus politique lors de la construction des tats nations et s appuie alors sur le concept de fronti re naturelle la limite d un territoire est d autant plus lisible et facile contr ler qu elle repose sur un obstacle physique La fronti re devient une ligne au trac parfois artificiel sur le terrain et faisant l objet d arrangements Sa pr sence est cependant l gitim e par le concept de fronti re naturelle La fronti re politique consiste donc en une s paration entre deux territoires deux souverainet s de plein exercice qui se mat rialise par l existence d une discontinuit souvent repr sent e par une ligne Deux syst
73. e de travail a t labor e et exp riment e par Guillaume Blanchaud professeur des coles et C cile Rousset professeur d arts plastiques l cole Charles Hermite Paris XVIIIe I En arts plastiques on peut travailler sur des s quences vid o issues des reportages d actualit des journaux t l vis s et proposer aux l ves d en extraire quelques captures d cran qui seront retravaill es plastiquement afin de donner voir autrement le r el repr sent Utiliser un logiciel de retouche pour modifier le nombre de pixels de mani re ce qu ils soient apparents la densit le contraste les couleurs etc ou travailler partir d impressions noir et blanc de captures d crans avec diff rents m diums encre gouache marqueur dans le but d obtenir diff rents effets visuels silhouette bords flous contours pais aplats de valeurs ou de couleurs Proposer aux d eleves de transposer un v nement familial en v nement universel en leur demandant d apporter des s quences vid o personnelles r alis es lors d v nements familiaux ou moments cl s de leur histoire repas de f te anniversaire vacances puis d en extraire quelques captures d cran qui seront imprim es et auxquelles les l ves appliqueront des manipulations plastiques afin de brouiller le r el les images seront ensuite dispos es les unes c t des autres de mani re constituer un r cit en images fixes I
74. e la m taphore pour p n trer en profondeur dans une r flexion et m me une confrontation id ologique impliquant toujours dans un exigeant rapport d galit des fragments de vie au regard de l universalit La r flexion d Adrian Paci est marqu e par sa propre exp rience de la vie et par les v nements sociaux et politiques qui ont eu cours dans son pays natal l Albanie Par le choix de ses sujets il est amen utiliser l image comme un outil conceptuel capable d exprimer le sentiment de la perte la revendication d identit le caract re transitoire et le d placement de l tre inh rents la condition humaine Cet ceuvre revisite l histoire de l art et le cin ma par ses lisi res les plus audacieuses Toujours empreinte de cette part po tique qui la traverse elle d montre une autre facon d aborder l art filmique plus proche de l album m me si les r f rences abondent Les actions qui occupent les images permettent de composer des chroniques d instants ordinaires qui entretiennent constamment des relations avec l histoire collective et tendent par leur essence ouvrir cette part plus obscure de l tre Les images continuent d exister dans des conditions temporelles diff rentes et donnent l uvre une rare acuit comme une immersion dans une autre r alit Paulette Gagnon directrice du Mus e d art contemporain de Montr al et Marta Gili directrice du Jeu de Paume Avant propos in Adrian Paci
75. einture deviendront le fondement de sa pratique artistique et de la strat gie de survie de cet artiste immigr Le passage d un m dium un autre et la tension entre mouvement et arr t entre mobilit et immobilit sont au c ur de cette uvre mais aussi comme on le verra du travail tout entier de Paci Le passage constant du r el au m taphorique est le principe fondateur de sa d marche Edna Moshenson Sujets en transit in Adrian Paci Transit Paris Jeu de Paume Mus e d art contemporain de Montr al Milan Mousse Publishing 2013 p 45 47 24 approfondir l exposition Brothers 2011 Courtesy Galerie Peter Kilchmann Zurich Postmodernisme et d cloisonnement entre les m diums I En un premier temps le postmodernisme a mis au jour tout ce qui dans l volution r cente des arts et de leurs formes de pensabilit ruinait l difice th orique du modernisme les passages et m langes entre arts qui ruinaient l orthodoxie lessingienne de la s paration des arts la ruine du paradigme de l architecture fonctionnaliste et le retour de la ligne courbe et de l ornement la ruine du mod le pictural bidimensionnel abstrait travers les retours de la figuration et de la signification et la lente invasion de l espace d accrochage des peintures par les formes tridimensionnelles et narratives de l art pop l art des installations et aux chambres de l art vid o les combinaisons nouvelles de l
76. ement mais des coupes mobiles des images elles m mes en mouvement que Deleuze appelle des images mouvement Il faut prolonger l analyse deleuzienne et montrer qu elle concerne de facon g n rale le statut de l image dans la modernit Or cela signifie que la rigidit mythique de l image s est ici vue disloqu e et qu proprement parler ce n est pas d images qu il devrait tre question mais de gestes De fait toute image est anim e d une polarit antinomique elle est d une part r ification et annulation d un geste il s agit alors de l imago comme masque de cire mortuaire ou comme symbole dont elle conserve d autre part la dynamique intacte ainsi dans les instantan s de Muybridge ou dans n importe quelle 34 approfondir l exposition photographie sportive Le premier p le correspond au souvenir dont s empare la m moire volontaire le second l image qui jaillit comme un clair dans l piphanie de la m moire involontaire Et tandis que la premiere vit dans un isolement magique la seconde renvoie toujours au del d elle m amp me vers un tout dont elle fait partie M amp me la Joconde m amp me les M nines peuvent tre envisag es non pas comme des formes immobiles et ternelles mais comme des fragments d un geste ou comme des photogrammes d un film perdu qui seul pourrait leur restituer leur v ritable sens Car toujours en toute image est l uvre une sorte de ligatio un pouvoir paralysant
77. entaire en r p tant trois fois une m amp me s quence dont il varie uniquement le commentaire Cette s quence est consultable en ligne sur http www dailymotion com video x1 hicj_chris marker lettre de siberie shortfilmstt UPoHUo zlal Travailler partir de la retranscription des trois commentaires suivantes Par exemple lakoutsk capitale de la R publique socialiste sovi tique de Yakoutie est une ville moderne o les confortables autobus mis la disposition de la population croisent sans cesse les puissantes Zym triomphe de l automobile sovi tique Dans la joyeuse mulation du travail socialiste les heureux ouvriers sovi tiques parmi lesquels nous voyons passer un pittoresque repr sentant des contr es bor ales s appliquent faire de la Yakoutie un pays o il fait bon vivre Ou bien lakoutsk la sinistre r putation est une ville sombre o tandis que la population s entasse p niblement dans des autobus rouge sang les puissants du r gime affichent insolemment le luxe de leurs Zym d ailleurs co teuses et inconfortables Dans la posture des esclaves les malheureux ouvriers sovi tiques parmi lesquels nous voyons passer un inqui tant asiate s appliquent un travail bien symbolique le nivellement par le bas Ou simplement lakoutsk o les maisons modernes gagnent petit petit sur les vieux quartiers sombres un autobus moins bond amp que ceux de Paris aux heures
78. entit le film Psychose d Alfred Hitchcock pour l tirer au del des vingt quatre heures et qui dans Through a Looking Glass 1999 projette une scene de Taxi Driver du r alisateur Martin Scorsese sur deux crans placant le spectateur au milieu de la scene o face un miroir le personnage principal Robert De Niro brandit un pistolet en r p tant cette r plique glacante You talkin to me De la m me facon le film monumental de Jean Luc Godard Histoire s du cin ma en 1998 comporte une vision personnelle po tique fragmentaire des films favoris du cin aste une histoire du cin ma pas seulement de mani re chronologique comme il le dit mais qui incorpore les possibilit s technologiques de la vid o et la perception esth tique du m dium Adrian Paci exploite ces possibilit s de la vid o d une facon in dite comme un geste naturel et fondamental l laboration de son travail revisite les images de sa propre histoire les vid os amateur documentant son mariage en Albanie dans les ann es 1990 mais aussi l histoire du cin ma et certains films de Pier Paolo Pasolini r alis s dans les ann es 1960 dont il extrait certaines images fixes qu il utilise comme sources de plusieurs de ses peintures La possibilit de visionner des bandes et des films de rembobiner et d avancer rapidement d interrompre le d roulement de l image anim e d extraire certaines images et de les figer comme des photographi
79. entre ces deux p les que sont la trag die et le jeu I Passages 2009 Acrylique et aquarelle sur pl tre et terracotta 30 5 x 23 5 x 7 6 cm I Passages 2010 2 aquarelles sur papier 100 x 70 cm chaque La s rie de peintures Passages constitue une collection d instantan s tir s de s quences vid o ou filmiques allant du journal t l vis aux archives de rituels traditionnels albanais En isolant une sc ne d un flux Paci cherche la transf rer vers un tat de stabilit sans cependant la priver de son statut d image mouvante la maintenir dans un entre deux Le temps de l image se confondant ainsi avec celui du geste pictural celle ci acquiert une nouvelle dimension salle 5 I The Column La Colonne 2013 Vid o couleur son 25 40 Produite avec la participation du Jeu de Paume R alis e l occasion de l exposition The Column articule une r flexion autour de la notion d efficacit productive qui devient pr texte un voyage po tique entre Orient et Occident Cette vid o montre l volution d un bloc de marbre depuis son extraction d une carri re en Chine jusqu son transport maritime durant lequel des sculpteurs le transforment en colonne romaine l image de ce navire usine illustre une strat gie conomique tendue au maximum o le temps est condens au point que la livraison concorde avec l ach vement de la production Parall lement la vid o la colonne est pr sent e
80. ertains pays l art d une diaspora ou celui de l Occident Autrement dit on peut parler d un systeme d histoires interrompues qui dans les circonstances actuelles peut appara tre comme n gatif et auquel il conviendrait de mettre fin Pourtant l interruption est en r alit la seule constante que l on retrouve en divers lieux et diverses poques Ce serait une erreur de penser que la situation va se normaliser avec l effondrement des r gimes politiques et l acc l ration rapide des processus d int gration mondiale que les histoires interrompues vont dispara tre et que l art s organisera de lui m me en un syst me de continuit s Loin s en faut Apr s la chute du communisme de nouvelles interruptions sont apparues au moment m me o l on attendait une grande vague de normalisation Aujourd hui par exemple on remarque une amn sie sur le pass communiste Une amn sie non pas sur la d g n rescence du communisme mais sur l id e humaniste et progressiste qu il contenait et qui a soudain disparu de l espace public Cette interruption contemporaine a t rendue possible entre autres par l existence d une tradition d interruptions v ritablement radicales aboutissant elle aussi la cr ation de syst mes parall les Zdenka Badovinac Histoires interrompues in Les Promesses du pass une histoire discontinue de l art dans l ex Europe de l Est Paris Centre Pompidou Zurich JRP Ringier 2010 p 222
81. erview Domus n 899 janvier p 126 129 2006 I Alessandra Piosetti Shore Marguerite Adrian Paci Galleria Civica di Modena Artforum vol 45 n o octobre p 276 277 2005 H Dominic EICHLER Strong Current Frieze n 94 octobre p 184 187 I Carlos JIMENEZ First Seville Comtemporary Art Biennial Art Nexus vol 55 n 3 janvier mars p 102 104 I Roberta Smit P S 1 The New York Times 11 novembre ll Amy SMITH STEWART Adrian Paci Contemporary n 74 p 82 85 H Marc SPIEGLER Adrian Paci Peter Kilchmann Artnews vol 104 n 7 t p 205 E Kia VaHLanD Ich Erzahler der neuen Zeit Art Das Kunstmagazin janvier 2004 WB Stefano CASTELLI Adrian Paci Exibart on paper novembre d cembre Il Valentina Costa Adrian Paci Arte e Critica novembre d cembre ll Marco MENEGUZZO Adrian Paci Tema Celeste novembre d cembre H Paola Nicouw Adrian Paci racconta la sua Albania La Reppublica octobre H Ivan QuAron Adrian Paci Flash Art Italia n 248 octobre novembre H Livia Savoret Adrian Paci Espoarte novembre E Hamza WALKER Adrian Paci a Artforum vol 49 n 5 p 140 Ex Adrian Paci Kult Pocket octobre I Adrian Paci a Milano Arte septembre 2003 I Barbara CasaveccHia Adrian Paci Flash Art vol 36 n 298 janvier f vrier p 116 117 14 d covvrir l exposit
82. es travers des manifestations que nous pourrions rassembler les unes c t des autres les sciences du chaos les sciences fractales de la psychanalyse les d riv es esth tiques des inextricables du monde et les sciences grandissantes de l environnement c est dire de la relation n cessaire entre les tres biologiques et les tres organiques et enfin les ph nom nes g ophysiques les explorations des champs po tiques et si elles peuvent retenir la vitesse la fulguration et aussi l paisseur et la mesure du temps les exp riences de la voix et de l oralit et si elles peuvent durer comme des critures l apprentissage des rythmes et s il y en a de fondamentaux ou d assez ph m res pour reconstituer des traces les essais tourment s de la d mocratie et si elle peut vraiment tre directe tout cela vise tablir que dans les profondeurs l tre ou la Relation consent des fronti res des passages la difficult de nos po tiques tant de savoir d abord retrouver ces passages et de savoir ensuite y parcourir La fonction de la fronti re cette entremise de la r flexion et de l op ration est de s effacer dans la g opo tique de l tant les variables de l tant sont d multipli es et se relaient l infini et de se dessiner vive dans une g opolitique de l tre l absolu de l tre est rentr dans la Relation Nous avons besoin de cette fronti re et de ses m tamorphoses pour exercer notre aisance
83. es tout cela a permis la production d innombrables peintures regroup es par s ries et remont es l int rieur de nouvelles s quences La traduction des images fixes en peinture en gris blanc et s pia a donn naissance des tableaux qui visuellement se situent entre la photographie et la peinture Edna Moshenson Sujets en transit op cit p 49 50 f lt L uvre d Adrian Paci se caract rise par sa tr s grande coh rence Les th mes nouveaux n y font que rarement leur apparition les images enti rement nouvelles y sont rares la circulation de l iconographie d un m dium l autre et d une formulation une autre semble amp tre la r gle De telle sorte que le recours un m dium sp cifique pourrait n apparaftre que comme une variation sur des l ments pr existants Il y a pourtant dans le choix effectu par l artiste de peindre des images de faire r guli rement retour la peinture un enjeu qu il ne faudrait pas n gliger La peinture y est volontairement pauvre produisant une d gradation des images plut t qu une amplification d corative ou monumentale ou bien c est d une amplification paradoxale qu il s agit qui faisant g n ralement usage de la gouache sur papier ou bien de l acrylique sur des supports de r cup ration briques roue de bois toujours en s pia ou en grisaille reprenant des images qui ont pr alablement exist comme pr l vements m caniques du r el comme photog
84. es de temps WB Tous les gestes et les op rations qui se d roulent pendant l initiation ne sont que la r p tition des mod les exemplaires c est dire des gestes et des op rations effectu s dans les temps mythiques par les fondateurs des c r monies De ce fait m amp me ils sont sacr s et leur r it ration p riodique r g n re toute la vie religieuse de la communaut La signification de certains gestes semble parfois avoir t oubli e mais l on continue de les r p ter parce qu ils ont t faits par les Etres mythiques lors de l institution de la c r monie Mircea Eliade Initiations rites et soci t s secr tes Paris Gallimard 1992 p 32 I Comme le d veloppent lumineusement certains de ses textes les plus r cents Giorgio Agamben est un philosophe non du dogme mais des paradigmes les objets les plus modestes les images les plus diverses deviennent pour lui outre les textes canoniques de la longue dur e philosophique qu il commente et discute sans rel che l occasion d une pist mologie de l exemple et d une v ritable arch ologie philosophique qui de facon encore tr s benjaminienne reprend rebrousse poil le cours de l histoire tout comme l imagination elle m amp me remonte le cours des choses en dehors des grandes t l ologies conceptuelles La mise au jour des sources appara t ici comme la condition n cessaire et l exercice patient d une pens e qui ne cherche pas
85. et une queue repr sent e par un nombre bit digital crachant des lectrons flammes analogique Les m dias s accouplent lors des phases de recueil et de reproduction de l image en perdre leur virginit cr ant une image mulet hybride de l ne et de la jument Jean Marc Chapoulie Le Medium changiste ou l image mulet in Fresh Theory I Paris L o Scheer 2005 p 274 I Dans votre exposition on trouve donc des films et des tapis mais encore des installations et des peintures la lecture de vos textes dans le catalogue on est frapp par les effets de liaison entre les arts visuels la litt rature vous passez par Dickens Poe etc ou encore la musique Morton Feldman Toute cette circulation des arts se produit partir d une question qui n est pas celle du tapis stricto sensu mais plut t celle du tapis travers par le film Est ce l agencement de propri t s dont vous parlez qui permet toutes ces combinaisons Le film est une puissance traversante une puissance de transfert l id e sous jacente de l exposition tait de dissocier le film du photographique de cesser de penser le film partir de l exp rience de la photo impression Le photographique est une application technique du film mais certainement pas sa condition de possibilit Le film est un agencement de propri t s il permet de d sp cifier les arts et de les encha ner En cela il rejoint l ornemental constitu de puissa
86. ets qu il s est choisis On l a vu l image l int rieur de l image tient un r le cl dans son fonctionnement d artiste un r le qui pr vaut sur le r cit m me de l uvre Pour autant cette d marche ne d value pas le fil rouge du contenu au contraire elle ne fait que le servir et le renforcer par l action invisible de ce tr s subtil m canisme Ce qui de mon point de vue est au cceur de la d marche artistique de Paci c est la volont d utiliser l image pour fabriquer le monde il ne se contente pas de le restituer en images de le repr senter mon sens le processus va plus loin et tend montrer comment travers les images et les mots les contes et les mythes nous engendrons la r alit Edi Muka Engendrer la r alit in Adrian Paci Transit Paris Jeu de Paume Mus e d art contemporain de Montr al Milan Mousse Publishing 2013 p 76 79 Rapporter le r el image et t moignage Albanian Stories a t ma premi re vid o et un moment d cisif dans mon travail puisque c est l que j ai cess d tre un artiste qui inventait des formes et des figures l poque je faisais une sorte de peinture abstraite pour devenir un artiste qui ouvre les yeux et devient le t moin de ce qu il a rencontr et dont il a d couvert tout le potentiel Marie Fraser Marta Gili Entretien avec Adrian Paci in Adrian Paci Transit Paris Jeu de Paume Mus e d art contemporain de Montr al M
87. exposition salle 2 I Vajtojca Pleureuse 2002 Vid o couleur son 9 10 Vajtojca s apparente un rite de passage Adrian Paci met en sc ne sa propre veill e fun bre selon la tradition albanaise Apr s avoir rev tu le costume de circonstance il s allonge sur le lit mortuaire pr par par la pleureuse professionnelle qu il a engag e pour l occasion Prenant place son chevet la femme endeuill e joint les mains pour entonner une saisissante complainte derri re le voile sombre qui lui recouvre le visage l issue du chant fun bre l artiste se rel ve r tribue et salue chaleureusement la pleureuse puis sort I Centro di Permanenza temporanea Centre de r tention provisoire 2007 Vid o couleur son 5 30 Dans cette vid o film e l a roport de San Jose en Californie un cort ge de passagers silencieux s avance vers un escalier d embarquement dont il remplit bient t les marches Tandis qu atterrissent et d collent des avions l arri re plan la cam ra scrute lentement les traits graves de ces hommes et femmes qui forment une longue file d attente La perplexit gagne le spectateur quand le cadrage s largit d voilant que la passerelle ne conduit nulle part Le titre de la vid o d signe en italien les centres emporaires o sont retenus les migrants irr guliers arrivant chaque semaine sur les c tes italiennes Linguistiquement il pr sente un paradoxe une ension entre une sit
88. faveur de l emploi d un langage m taphorique mais aussi comme un salutaire avertissement concernant ses limites on peut cependant citer un extraordinaire livre et reportage photographique des ann es soixante dix qui se proposait justement d illustrer l exp rience des travailleurs immigr s Le langage de la th orie conomique lisait on dans ce livre A Seventh Man est n cessairement abstrait Quand nous nous proposons de saisir les forces qui d terminent la vie du migrant et de les comprendre nous avons ainsi besoin d une formulation moins abstraite Nous avons besoin de m taphores et les m taphores sont The Column 2013 Courtesy kaufmann repetto Milan amp Galerie Peter Kilchmann Zurich provisoires elles ne remplacent pas la th orie Berger Mohr Trente ans plus tard pouvons nous ajouter nous avons d autant plus besoin de m taphores que nous vivons une situation celle du capitalisme global contemporain dont les migrations nous permettent justement de saisir certains traits particuli rement innovants o semblent d finitivement r volues les distinctions traditionnelles entre conomie politique et culture o il n est plus possible de parler d exploitation et de valorisation du capital sans chercher en m me temps comprendre les transformations de la citoyennet et des identit s o il n est plus possible de parler de classe ouvri re sans rendre compte en m me temps des processus
89. genre pose lumi re et ombre source de lumi re un int r t qu il manifeste aussi lorsqu il op re avec d autres m dias Edna Moshenson Sujets en transit Adrian Paci Transit op cit 2013 p 47 48 f Ici nos yeux touchent nos regards attestent une rencontre et un gros plan p n trant envahit le cadre Nous entrons dans un espace optique o le visage est un miroir qui r fl chit la fragilit et l innocence L uvre de Paci est une tude du portrait humain le visage appara t comme le paysage d une identit meurtrie expos au d placement et la d possession Dans The Last Gestures le langage silencieux d un change de regards r sonne d une douleur celle de la s paration et de l impr visible Encounter marque le moment symbolique du face face d sir Inside the Circle the tralise le regard comme dispositif de surveillance de r conciliation et de mise distance Comme le toucher le visage voque lui aussi un passage mais un processus de transmission thique autre qui a lieu dans l espace pr caire d un entre deux inconnu o il s agit de synth tiser urgence de l action questionnement de l empathie et possibilit d mancipation Adam Budak Face au toucher ou Quand nos yeux se touchent Adrian Paci Transit op cit p 93 94 f Le fragment le plus film au cin ma est le visage lieu de fixation de l affectivit et de l me face paysage que la cam ra ne finit pas de
90. git pour l individu d un complet changement d tat c est une nouvelle naissance annongant une nouvelle vie D autre part le passage s effectue sous le regard et le contr le constant de la collectivit Le rite de passage est donc la c r monie publique d une m tamorphose individuelle calqu e sur l ordre supr me des choses C est cette ritualit en rupture avec le cours de la vie quotidienne que Van Gennep tudie en d tail dans la premi re partie du Folklore francais 1943 intitul e Du berceau la tombe Ainsi apr s la naissance l int gration de l enfant et la r int gration de la m re dans la communaut sont elles suspendues une phase d attente dont le bapt amp me ou la circoncision la c r monie des relevailles marquent symboliquement le terme De la m me mani re le mariage se caract rise par des mises en sc ne en trois tapes sortie du c libat 30 approfondir l exposition Vajtojca 2002 Courtesy kaufmann repetto Milan amp Galerie Peter Kilchmann Zurich isolement ou r sistances renaissance Les rites de mort eux m mes dont on aurait pu penser qu ils n insisteraient que sur le premier moment de s paration sont fid les la tripartition C est d ailleurs ceux qui agr gent le d funt au monde des morts qui apparaissent souvent les plus labor s et symboliquement les plus puissants Cela tant les rituels d initiation repr sentent le type id al du rite de passage la m
91. hie Turn On a t r alis e parall lement la vid o du m me titre illustrant l attente puisante et infinie d une dizaine de ch meurs qui se r unissent chaque jour sur une petite place de Shkodra dans l espoir qu on leur propose du travail Dans la vid o leurs visages d filent un par un marqu s par la fatigue Puis le champ s largit et l on voit chacun des personnages mettre en marche derri re lui un groupe lectrog ne Le silence initial c de la place au bruit des machines qui finit par devenir assourdissant L un des derniers plans du film auquel correspond le moment de la photographie expos e au Jeu de Paume pr sente les hommes tenant chacun une grosse ampoule lectrique qui aliment e par le groupe lectrog ne diffuse autour d elle sa lumi re et son nergie Ic nes d une condition sociale sans issue ces hommes refusent cependant d abandonner et se raccrochent au fil t nu de l ampoule vacillante dans la perspective incertaine de jours meilleurs I Klodi 2005 Vid o couleur son 40 Ce film repose sur le r cit tour tour dramatique et absurde d un Albanais nomm Klodi Celui ci livre les details d un p riple motiv par des conditions politiques et amp conomiques qui le conduisirent de son pays natal en Italie au Mexique et aux tats Unis L histoire reconstitu e de la vie du narrateur qui n est pas sans lien avec l exp rience de l migration telle que l a v cue Paci montre la tension
92. i regard critique et d sir d uvre se reconnaissent ils dans un geste commun qui en couvrant l espace elliptique entre photo et photogramme est devenu un des gestes lectifs de la conscience de l image de son destin comme de sa survie Le magn toscope l a d sormais ouvert au tout venant de la m me fa on que la t l vision et le cin ma qui la double n ont cess et ne cessent de banaliser bien qu en les nourrissant des recherches inqui tes par lesquelles les v ritables cin astes auront cherch cerner une identit Si l arr t sur image ou de l image ce qu on peut appeler aussi prise de vue photographique sur le film pose ou pause d image exprimant la puissance de la captation par l immobile si cette exp rience est si forte c est videmment qu elle joue avec l arr t de mort son point de fuite et en un sens le seul r el nous savons tous qu un mort devient une statue de cire un fragment d immobile Sauve qui peut la vie rarement titre aura t si bien choisi Pour Godard revenant au cin ma apr s des temps d interruption et d exp rience il s agit de marquer que l arr t et la d composition du mouvement sont devenus en quelque sorte internes la vie du cin ma et donc la vie m me et qu il s agit de les sauver ensemble Cela passe aussi par l invention d une nouvelle image qui se d gage en partie mais cela suffit comme appel de sa transparence photographique pour ouvrir sur d autres m
93. ian Paci ralenti r p tition the tralisation des gestes I Proposer aux l ves de faire des recherches sur les gestes usuels qui ouvrent et concluent une rencontre dans diff rents pays ou communaut s poign es de mains accolades baisers I Travailler sur les gestes quotidiens simples se saluer manger t l phoner travailler s amuser et les repr senter photographiquement R aliser les photographies sur fond neutre afin de d contextualiser la sc ne l l ve mime le s geste s puis il accomplit le s geste s Gommer l aide d un logiciel de retouche d image les objets li s l action repr sent e Pour cette s quence vous pouvez vous appuyer sur la s rie de photographies Fictions 2006 d dovard Lev ainsi que sur des pratiques en danse contemporaine qui pr l ve dans le quotidien des gestes pour d velopper des figures chor graphiques Mathilde Monnier ou des textes des pi ces de Samuel Beckett La Derni re Bande En attendant Godof o la r p tition des gestes du quotidien puise leur signification pour devenir des motifs de la mise en sc ne ou l expression visible de caract ristiques psychologiques des personnages I Photographier une sc ne quasi rituelle faisant partie du quotidien des l ves par exemple l entr e en classe l appel la r cr ation un devoir sur table pistes de travail 47 Rechercher des moyens changement de gestes modification de l
94. ilan Mousse Publishing 2013 p 33 Est r el ce qui existe effectivement en acte par opposition au simple possible et qui existe en lui m me et non pas simplement dans la repr sentation qu un autre en a par opposition l imaginaire ou au fictif qui n existe que dans l imagination l apparence ou au ph nom ne qui sont la mani re dont une chose se manifeste au sujet qui les re oit et l illusoire qui est une apparence ne concordant pas avec la nature intrins que de ce qui se manifeste d une mani re trompeuse Le r el est l ensemble de tout ce qui est r el pris globalement La r alit est soit la qualit de ce qui est r el soit l ensemble de tout ce qui pr sente une telle qualit Mais l esth tique conna t une autre sorte de r el et c est le r el di g tique ayant pour r f rentiel l univers pos par l uvre La distinction de ce qui est r el dans ce monde et de ce qui y est irr el est le fondement de toute com die des erreurs de toute utilisation esth tique de personnages menteurs ou dupes d une illusion de toute reconnaissance d un personnage d abord cru autre qu il n tait etc Etienne Souriau Vocabulaire d esth tique Paris Presses universitaires de France 1990 p 1 209 Quels sc narios pour le r el 2 J ai bien envie de retourner votre question quel r el pour nos sc narios tant entendu que pour moi documentaire et fiction sont r versibles L
95. imard ditions du Seuil 1980 r ed 2010 I Gilles Dereuze L Image mouvement Paris Les Editions de Minuit 1983 I Gilles DeLeuze L Image temps Paris Les Editions de Minuit 1985 E Phillippe Dusois La Question vid o entre cin ma et art contemporain Crisn e Yellow Now 2011 I Victor BURGIN cycles de conf rences Le film qui vient l esprit s ance du 9 janvier 2010 l clipse du temps Paris Jeu de Paume ditions en ligne sur http www jeu depaume org pdf Burgin_EclipseduTemps pdf I Raymond BELLOUR L Entre Images photo cin ma vid o Paris Editions de la Diff rence 2000 I Raymond Beuous La Querelle des dispositifs cin amp ma installations expositions Paris ditions de la Diff rence 2012 H Vladimir Bertrand Christian Rusy Du lieu la trajectoire Rebondir dans le mat rialisme Recherches en esth tique n 13 octobre 2007 I rik Buuor dir Pointligneplan Paris Leo Sheer 2009 f Pascale CAssAGNAU Future amnesia enqu tes sur un troisi me cin ma Paris Isthme 2007 WB Jean Fran ois CHevrier Entre les beaux arts et les m dias photographie et art moderne Paris l Arachn en 2010 J Jean Fran ois CHEVRIER Jeff Wall crits et entretiens 1984 2001 Paris Ecole nationale sup rieure des beaux arts 2001 WB Jean Francois CHEVRIER Jeff Wall Paris Hazan 2006 I Jean Louis Cowoui Voir et pouvoir L innocence perdue cin ma t l vision ficti
96. ini il s agissait moins de faire des citations l histoire de la peinture que d en proposer des descriptions par de nouveaux moyens il s agit pour Adrian Paci de proposer des descriptions en peinture qui lui soient propres alors m me qu elles renvoient un fond commun auquel il s identifie comme Pasolini choisit de jouer le r le de Giotto dans le Decameron dont l artiste albanais a pr cis ment tir une suite de douze gouaches en 2006 Secondo Pasolini Decameron ric de Chassey Back Home La peinture d Adrian Paci op cit p 69 passages et transferts d un m dium l autre 27 Piktori 2002 Courtesy kaufmann repetto Milan amp Galerie Peter Kilchmann Zurich I Cette d marche laisse transpara tre une attitude ambivalente envers le m dium de la peinture Elle traduit une simultan it entre proximit et distance appartenance et non appartenance m moire et oubli nostalgie et l gie l gard de la r alit d peinte une dimension que l on retrouve dans d autres uvres Visionnement arr ts fragmentation et montage donnent une signification autre des instants extraits d une s quence anim e et expliquent la pr sence complexe de la dimension temporelle dans l uvre de Paci Lors d un entretien Adrian Paci a d clar Je vois la peinture comme une forme primitive du cin ma mais en moins cher Il situe ici les origines du cin ma dans la peinture en m me
97. ion I Francesca Basti Adrian Paci a Artforum vol 41 n 9 2003 p 177 178 2002 l Michela Arr Ero Adrian Paci GAMeC Arte e Critica avril septembre p 45 I Stefano Casciani Giovane chi Exit Nuova geografia della creativit italiana Domus novembre WB Fabio Cavauucci Adrian Paci una Mercedes in carne Arte lH Francesca Pasini Albanian stories Linus avril p 70 74 2001 I Daniele Asreotoco Adrian Paci a Collezioni edge hiver printemps F Jan Erik LUNDSTR M Interview with Adrian Paci Tema Celeste d cembre janvier 2001 2002 p 56 57 Edi Muka Aperto Albania Flash Art vol 34 n 216 janvier f vrier p 59 61 l Michele RoseccHi Il Muro di Adrian Paci Flash Art Italia f vrier mars 2000 E Suzana VARVARICA Adrian Paci a Pamorart ressources en ligne Interviews crites et film es I Evelyne Noygues Interview d Adrian PACI plasticien et vid aste originaire de Shkodra Paris juin 2010 http association albania com Interview d Adrian PACI plasticien html ll Appuntamento con l arte Adrian Paci en italien BabelTv http www youtube com watch v 37kclnXNN 1w Ex Marted Critici Museo Pecci Milan en italien http www youtube com watch v YKPhb4HSpGA CEuvres vid o de l artiste I Centro di Permanenza temporanea 2007 http www youtube com watch v aEY fpooDRc HA real game 1
98. irmer Mosel 2004 The Adventures of Guille and Belinda and the Enigmatic Meaning of their Dreams 1999 2010 d Alexandra Sanguinetti qui voque la vie et l imaginaire de deux cousines g es au d part d une dizaine d ann es Guille et Belinda dans la ferme o elles vivent en Argentine http alessandrasanguinetti com index php project the adventures of guille and belinda S rie Expectations of Adolescence 1997 2007 de Blake Fitch photographies de la demi soeur et de la cousine de l artiste une longue p riode de l enfance l ge adulte http www blakefitchphotos com Artist asp ArtistlID 37 079 amp Akey MXHKVXBQ Serie Teenage Stories 2007 de Julia Fullerton Batten qui met en scene de jeunes adolescentes dans des univers quotidiens mais disproportionnes comme inadapt s http www juliafullerton batten com S rie Shkodra 2004 2006 de Guillaume Herbaut travail r alis autour de la loi du Kanun en Albanie http www guillaume herbaut com en 27 shkodra Peinture photographie et vid o L uvre d Adrian Paci tire sa singularit de l incessante transposition des images qu il utilise ou cr e d une technique l autre peinture vid o photographie 48 approfondir l exposition aquarelle tempera mosaique Les m mes images ou sujets sont ainsi abord s de mani re diff rente sur diff rents supports f Identifier les diff rentes mani res de fabriquer des images les comp
99. is and Excess cette uvre repr sente le cycle de la consommation travers le prisme d une fronti re Mais alors que dans le film de 2005 les biens de consommation taient l ornement dominant du paysage dans Touch Rise and Fall ils se mettent avoir 44 approfondir l exposition des r percussions directes sur leurs propri taires Des extraits de ces deux vid os sont disponibles en ligne sur le site du Museum of Modern Art de New York http www moma org search multimedia query Aernout Mik Vous pouvez galement vous reporter au dossier enseignants de l exposition Aernout Mik Communitas pr sent e au Jeu de Paume du 1 mars au 8 mai 2011 en ligne sur http www jeudepaume org index php page article amp idArt 1 460 I Les notions de fronti res et de passages peuvent aussi trouver des transpositions en arts plastiques La question des bords et des limites en arts plastiques renvoie traditionnellement au cadre Le cadre de l italien quadro carr est la bordure rigide limitant une surface dans laquelle on place un tableau un objet d art un miroir un bas relief quelle que soit leur forme Ce terme d signe galement les limites d un espace l espace ainsi cern Le terme bord d signe le pourtour la partie situ e la limite au contour ou encore l extr mit d une surface ou d un objet La limite est la ligne qui s pare deux espaces ou deux surfaces C est une notion cl en a
100. it Tel Aviv The Center for Contemporary Art 2007 1 Adrian Paci Per Speculum Central Milton Keynes Milton Keynes Gallery H Still Moving Adrian Paci Bielefeld Kerber 2006 I Adrian Paci Angela Vettese Milan Edizioni Charta WB Adrian Paci Danila Cahen Utrecht BAK basis voor actuele kunst 2005 I Perspectives 147 Adrian Paci Houston Contemporary Arts Museum 2002 I Adrian Paci Bergame GAMeC Galleria d Arte Moderna e Contemporanea Milan Edizioni Charta I Su Adrian Paci l errare Angela Vettese Lucca Galleria Claudio Poleschi Articles de presse 2012 I Emmanuel Dapp Adrian Paci Art press n 388 avril p 24 E Ken JOHNSON 4 Films The New York Times 8 juin p 26 2011 E Kristenn CH appa The Workers MASS MOCA North Adams Frieze n 143 novembre d cembre ll Marcon Purpura Transmedia Memory of Albanian Migration in Italy Helidon Gjergii s Adrian Paci s and Anri Sala s Moving Image Installations California Italian Studies Journal vol 2 n 1 2010 Elizabeth BAKER Adrian Paci Kunsthaus Art in America septembre p 142 144 E Philippe Borg Adrian Paci Vertige des interstices ArtPassions juin lH Francesca Di GIORGIO Adrian Paci Gestures Espoarte juin fl Urs HuegscHER Videos und Malerei des Kunstlers Adrian Paci Attika Zurich 16 juin H Giovanni DE Lazzari Adrian Paci Britma The Last Gestures e
101. ive de son travail en France Adrian Paci pr sente un ensemble d uvres tr s diverses vid os installations peintures photographies et sculptures r alis es depuis 1997 Illustrant les passages qu il op re entre ces diff rents m diums l exposition r v le aussi la mani re audacieuse avec laquelle il revisite l histoire de l art et du cin ma salle 1 I The Encounter La Rencontre 2011 Vid o couleur son 22 Dans The Encounter Adrian Paci situ au centre du parvis de l glise sicilienne San Bartolomeo de Scicli rencontre environ sept cents de personnes auxquelles il serre successivement la main En r pondant l invitation de l artiste les participants cr ent une sorte d acte symbolique collectif Sa r p tition d place ce geste simple et quotidien signe de reconnaissance mutuelle et de convivialit et le transforme en un rituel qui ne c l bre plus que son propre d roulement La myst rieuse procession qui se d ploie sur la place espace traditionnel de rassemblement et d change engendre la fois une union et une tension entre l espace collectif devenu sc ne de th tre et l artiste qui expose son identit face la communaut travers cette performance le corps mat rialise le seuil d un inconnu dont les fronti res disparaissent ou se m langent la poign e de main s offrant ainsi comme un partage d exp riences une ouverture vers des r alit s nouvelles 6 d couvrir l
102. l gende un article qui accompagnait une photographie sur une page de journal de livre illustr ou de chronique illustr e sur le web Faire une photocopie de la page en masquant les images et en donner un exemplaire chaque l ve Il s agit alors d inventer les images sous forme de croquis ou de photographie en fonction du texte Comparer ensuite avec la page initiale et discuter des choix op r s par les l ves Masquer les textes dans le document alliant crits et images et demander aux l ves de commenter puis l gender les images Dans le cadre de ce travail on pourra notamment pr senter aux l ves le Kriegsfibel ABC de la guerre de Bertolt Brecht publi en 1955 Ce livre entam durant l exil danois de Brecht est un album construit partir de photographies d coup es dans la presse internationale et de po mes de l auteur Brecht exp rimente ce proc d d s 1938 dans son Joumal de travail S il existe diff rentes versions selon les ditions la parution allemande la plus r cente de Kriegsfibel propose 69 planches plus des annexes le po me r dig selon la forme antique du quatrain pigramme se trouvant syst matiquement plac sous 38 approfondir l exposition l image le tout sur un fond noir Le texte n agit pas comme une l gende ou un titre mais comme une voix faisant proprement parler l image une sorte de choeur L ensemble constitue ce que Brecht appelle des photo pigra
103. le 2 I Brothers Fr res 2011 Mosaique de marbre sur panneau de r sine et bois 160 x 190 x 25 cm La mosaique de marbre Brothers reproduit l image de deux enfants qui courent au loin et revisite une technique ancienne de l histoire de la repr sentation Sans doute s agit il d une photographie ancienne ou d un photogramme issu d une vid o mais ce m dium monumentalise cette image familiale et lui pr te sa substance sa mat rialit La technique de la mosaique est analytique et exige un important travail M me le flou et les distorsions de l image d origine sont rendus avec autant de minutie que les traits du visage ou les gestes que l on devine Comme dans nombre de ses ceuvres Adrian Paci retravaille une image personnelle ou trouv e dans un autre m dium Ce processus lui permet de s approprier une repr sentation qui lui chappe Electric Blue Bleu lectrique 2010 Vid o couleur son 15 Electric Blue dont le titre est emprunt une s rie t l vis e rotique qui l poque communiste constituait l un des rares divertissements disponibles Shkodra ville natale d Adrian Paci raconte l histoire d un p re de famille albanais qui r ve de devenir cin aste Dans le contexte de l effondrement de l tat albanais dans les ann es 1990 il tente d assurer la survie conomique de sa famille tout d abord en filmant des vid os de mariages et d enterrements puis en copiant des films pornographi
104. le pouvoir annoncer plusieurs mesures la fin du parti unique la libert d expression le retour des glises la fin de l enseignement du marxisme l ninisme l autorisation pour les Albanais de sortir du pays Les ann es suivantes sont marqu es par de nombreux troubles les Albanais d sireux de quitter leur pays prennent les ambassades occidentales d assaut Tirana en 1990 un regain de tensions frontali res perturbe les relations avec la Gr ce en 1994 Mais surtout la situation conomique et sociale est dramatique Dans les ann es 1990 l inflation monte 200 l appareil de production collectif est enti rement d mantel la production industrielle chute de 50 une r forme agraire entra ne le morcellement des exploitations agricoles ne permettant plus aux petits paysans de vivre l eau courante est limit e trois heures par jour En 1997 clatent des meutes d origine conomique et financi re L ONU d ploie une force internationale 8 d couvrir l exposition reperes de 7000 hommes pour mettre fin aux violences qui ont fait 1 600 morts Les Albanais fuient en masse leur pays cette situation conomique difficile s ajoutent les effets de la guerre en ex Yougoslavie 1991 2001 D clench e par l ind pendance non accept e par Belgrade de la Croatie et de la Bosnie en 1991 la guerre touche l Albanie par le biais de l UCK l arm e de lib ration du Kosovo Cette derni re est li e l Albanie qui abrite
105. lors une trace de r alit et acqui rent une valeur documentaire Le document t moigne d une r alit ordinaire ou extraordinaire d une poque pass e d un lieu ailleurs d un r el que nous n avons pas vu ou pas pu voir et qui pourtant a exist Ainsi non seulement le document t moigne porte la connaissance mais il atteste est parfois difficile de consid rer que ces images issues d op rations d enregistrements m caniques peuvent aussi reconfigurer transformer et contribuer construire le r el En philosophie en sciences en arts plastiques en arts visuels l exposition Adrian Paci Vies en transit permet un travail d analyse et de r flexion autour de la question de la repr sentation en particulier dans les relations qu elle entretient avec la notion de r alit H Distinguer diff rents types d images et d usages courants tels que la publicit la propagande l information la fiction et rep rer leurs sp cificit s compositions l ments typographiques associ s supports et mode de pr sentation et de diffusion tailles des reproductions B partir d une s lection de journaux quotidiens extraire des images illustrant le m me v nement et envisager les questions suivantes Que nous donnent voir les images s lectionn es de l v nement Les images nous donnent elles des l ments ou des informations suppl mentaires par rapport au texte de l article Que pe
106. mes quittent leur pays dans l espoir de trouver ailleurs de meilleures conditions de vie I Travailler partir du texte suivant J tais tranquillement chez moi apr s une journ e de travail quand un ami a d barqu Il a frapp la porte et il m a dit Qu est ce que t as avec le pl tre J tais pl trier je travaillais Il m a propos de br ler Ainsi qu on nomme Tanger l acte de franchir le d troit en abandonnant son identit son pass J ai fait ma valise J ai enfil ma combinaison bleue ma tenue de travail J ai pris vingt dirhams et aucune nourriture J ai quitt la maison En taxi on est descendus au port On y est rest s jusqu au lendemain matin C tait ramadan C tait en 1097 pendant le ramadan On est sortis du port toute la matin e et on a rompu le je ne l apr s midi on n a pas eu de chance Le soir on a encore dormi au port Le lendemain matin mon ami a voulu continuer dormir J ai d chir la b che d une remorque avec un grand couteau Il y avait des cartons l int rieur je m y suis cach Peu apr s la remorque a t attach e au camion Je pensais seulement dormir l dedans je comptais sauter dans une autre remorque Je me suis endormi longtemps La remorque a t tir e elle est entr e dans le bateau Elle n a pas boug pendant plus d une heure la police est venue ils ont fouill en dessous par ci par l puis ils ont mis les cha nes Moi je me suis retour
107. mmes Ce dispositif de montage texte image se comprend dans la succession des planches comme une suite de tableaux au sens th tral reprenant le principe esth tique du th tre pique de l auteur Mais avant d en analyser les implications sur l criture de l v nement il est n cessaire de rappeler quelle a t la s lection op r e dans l iconographie de presse Michel Poivert l v nement comme exp rience in L v nement les images comme acteurs de l histoire Paris Jeu de Paume 2007 p 18 29 Autour de Kriegsfibel de Bertolt Brecht voir notamment Michel Poivert L v nement comme exp rience les images comme acteur de l histoire avec des reproductions des pages du journal en ligne sur le site ditions papiers publications http www editionspapiers org publications l evenement comme experience Georges Didi Huberman Quand les images prennent position L CEil de l histoire 1 Paris Les ditions de Minuit 2009 H Dans le film Lettre de Sib rie 1957 Chris Marker rassemble des r flexions et des impressions d un voyageur spectateur mais aussi d un auteur enregistrant des observations et des commentaires au moyen de sa cam ra comme un crivain l aurait fait par la prise de notes dans un journal labore un r cit de voyage la premi re personne pour d crire une r gion la Yakoutie Chris Marker remet en cause la suppos e objectivit du genre docum
108. n je me suis fait une place et j y suis rest La premi re journ e a pass Pendant la deuxi me j ai quitt ma place et je me suis retrouv au beau milieu du bateau Je suis rest trois jours apr s je n avais plus d eau J en ai cherch Je suis tomb sur deux autres clandestins ils m ont montr o tait le robinet J ai bu Je suis rest avec eux Nous avons vol des oranges Le lendemain matin le bateau est arriv C tait un vendredi matin Je suis retourn dans la remorque jusqu au soir J en suis sorti 21 h Je ne connaissais personne Je suis sorti la nuit J ai saut le premier grillage puis celui ci je suis pass en courant par l j ai atteint ce grillage puis je suis arriv l bas j ai saut celui l puis j ai saut encore Je suis rest immobile en me disant Qu est ce que je vais faire Je ne connais personne O aller 2 J ai commenc me dire qu il valait mieux que je rentre et que je continue faire mon m tier dans mon pays Puis j ai regrett J ai fait de l auto stop Un Noir s est arr t mon signe Je parle un peu francais je l ai appris chez moi je lui ai dit O est ce que je peux trouver des Arabes 2 Il m a indiqu un m tro Je lui ai dit Pour moi il n y a pas de m tro m a emmen F lix Piat j ai trouv des Arabes Chez une Alg rienne j ai pris une douche Le lendemain matin j ai pris le m tro pour la porte d Aix L bas on m a dit d alle
109. ne en Occident on peut affirmer que celui ci a toujours t beaucoup plus souple envers ses histoires marginales et qu il a m me r ussi les greffer assez rapidement sur sa grande histoire ce qui n a pas t le cas pour les r gimes communistes rigides o l art non officiel n a trouv sa l gitimit qu apr s l effondrement des r gimes en question Une des caract ristiques essentielles de l art dans les espaces domin s par l id ologie est son parall lisme intrins que Si l on veut aujourd hui construire dans ces espaces une histoire de l art qui ait un sens il faut donc tenir compte du fait qu il a toujours exist deux courants parall les totalement s par s un officiel et un non officiel le second tant le seul qui soit v ritablement parallele en ceci qu il ne recoupe jamais l art officiel Si l on prend le mot parall le au sens plein il faudrait en effet tablir une distinction entre histoires parall les et histoires subordonn es De ces derni res on peut dire que ce sont des lignes historiques qui forment synchroniquement les rhizomes d un syst me dans lesquels elles ne cessent d apparaftre et de dispara tre s interrompant ou se transformant mutuellement Les histoires subordonn es caract risent tous les espaces et elles pr supposent du moins pour celles qui nous int ressent ici un art subordonn celui des communaut s politiques ethniques ou religieuses dominantes et m me dans c
110. nscrivaient pas dans une nouvelle conscience collective susceptible terme d offrir une issue la crise il s agissait plut t d actions individuelles mues par l intuition et la cr ativit et li es un certain risque Je traite souvent de cette situation dans mes uvres l chec est souvent celui d un syst me de valeurs une perte de stabilit qui met l individu dans un tat de tension et de friction avec le contexte o il vit ce qui l oblige inventer des solutions pour s en sortir Ses tentatives peuvent chouer mais elles d bouchent toujours sur des facons nouvelles de comprendre la r alit et le syst me de relations qui le relie au monde qui l entoure Marie Fraser Marta Gili Entretien avec Adrian Paci op cit p 34 35 Klodi 2005 Courtesy kaufmann repetto Milan amp Galerie Peter Kilchmann Zurich Migration et capitalisme global Ex l image face l individu l individu face l image l image face l individu L univers des ceuvres d Adrian Paci fourmille de transpositions et de d calages entre image sujet et spectateur Avec lui s ouvre un nouvel espace Au coeur de son discours artistique figurent de grands th mes qui ont pour noms perte et d placement mobilit et immigration mondialisation et identit culturelle Edi Muka Engendrer la r alit in Adrian Paci Transit op cit 2013 p 76 I lt videmment ce qui m a entre autres stimul pour The
111. nseignement de francais notamment pour les classes de quatri me au coll ge et de seconde Bac Pro s interroger sur les protagonistes et h ros du conte Proposer aux l ves de travailler sur leurs propres h ros Voir le dossier H ros d Achille Zidane pr sent par la BnF en ligne sur http classes bnf fr heros et l article d Olivier Cirendini en ligne sur le site Lettres Histoire de l acad mie de lille http lettres histoire discipline ac lille fr formation Veille pedagogique qui sont les nouveaux heros files tgvmag_134 pdf I tudier la vid o Centro di Permanenza temporanea 2007 d Adrian Paci consultable en ligne sur http www youtube com watch amp v 2EY1fpooDRc Observer et identifier les personnes les actions les v nements qui s encha nent le cadre lieu poque la suite de ce travail d observation proposer aux l ves d crire un r cit qui utilise la description Elle pourra avoir un but explicatif ou m taphorique Dans un r cit dont le but est d informer le lecteur sur les personnes sur le cadre o0 se situe l action la description permet de faire comprendre les raisons d une situation Lors d un r cit fonction m taphorique la description pourra tre interpr t e comme l image d une autre r alit Travailler par groupe de deux ou trois l ves en autonomie dans une salle informatique Chaque groupe visionne une premi re fois la vid o Lors d
112. nstruite l int rieur non l ext rieur de la repr sentation et qu elle utilise l espace symbolique de l image afin d explorer de construire et en m me temps de d passer l identit Marion Hohlfeldt H t rotopie et d placements du lieu l archipel Recherches en esth tique n 13 octobre 2007 Ex Le passage la vid o marque un abandon ne serait ce que temporaire de sa formation de peintre et de sculpteur l acad mie des arts de Tirana Quitter sa ville natale c est pour lui d laisser la tradition artistique qui l a nourri s installer ailleurs le conduit adopter un langage et des modes d expression nouveaux Compte tenu des circonstances Paci n a d ailleurs eu d autre choix que de suivre la tradition familiale en se formant la peinture acad mique l interdiction de fr quenter l art moderne et le cin ma occidental durant ses tudes veille son int r t pour les nouveaux m dias son d sir de s y frotter et d explorer en priorit le potentiel de la vid o et les moyens d expression cin matographiques Par la suite les d placements concrets d un lieu un autre la pr sence physique autant qu imaginaire dans des espaces entre deux se traduiront par des transitions entre m dias et genres ces chass s crois s de la peinture la vid o puis de nouveau la peinture de la peinture la photographie de l image fixe l image anim e de la peinture au cin ma avant un retour la p
113. nt un mot de l objet qu il d signe proprement une autre objet ayant quelque ressemblance ou analogie avec le premier Elle implique une comparaison dont le signe explicite tel pareil amp comme etc est omis Exemple donn par Aristote dans Rh torique III chap IV et sans cesse repris depuis Achille tel un lion s lanca sur Hector c est une comparaison ce lion s lanca c est une m taphore tienne Souriau Vocabulaire d esth tique Paris Presses universitaires de France 1990 p 1 004 All gorie l all gorie est la repr sentation d une id e abstraite sous un aspect corporel Assez souvent c est une personnification c est dire que l apparence sensible est celle d un tre humain mais bien des all gories ne sont pas anthropomorphes l tre all gorique n est pas un simple signe voquer une id e il est l id e elle m amp me rev tue d un aspect mat riel qui la figure tienne Souriau Vocabulaire d esth tique Paris Presses universitaires de France 1990 p 83 Conte Les contes v hiculent une culture populaire venue de la tradition orale et poss dent un aspect intemporel souvent sans localisation pr cise Leurs origines rejoignent celles des mythes et des l gendes aux motifs universels C est pourquoi on les retrouve avec des variantes et des transformations dans de nombreux pays en Inde en Arabie mais aussi en Chine en Afrique Les contes p
114. ntinue de lumi re l agrandissant de nouveau au del des limites de son agrandissement photographique Les petites actions contract es les mouvements corporels involontairement expressifs qui se pr tent si bien la photographie voil ce qui reste dans notre vie d aujourd hui de l id e ancienne de geste en tant que forme corporelle picturale de la conscience historique Peut amp tre ce double grossissement de ce qui a t concu comme petit et maigre de ce qui a apparemment perdu toute signification permet il de d voiler quelque peu la mis re objective de la soci t et l action catastrophique de sa loi de la valeur Le geste g n re du vrai dans la dialectique qui le destine un autre dans les images il est destin l oeil J imagine cet il comme un organe cherchant et d sirant simultan ment conna tre le bonheur et savoir la v rit sur la soci t Jeff Wall Gestus in Ecrits et entretiens 1984 2001 Paris cole nationale sup rieure des beaux arts 2004 p 37 38 rites et gestes 35 pistes de travail Les pistes de travail suivantes se veulent des propositions ouvertes qui s articulent autour de notions de questions et de propositions li es aux images expos es Elles ont t concues avec les professeurs relais des acad mies de Cr teil et de Paris au Jeu de Paume appartient aux enseignants de s en emparer pour concevoir dans le contexte particulier de leurs classes
115. nts dispositifs visuels capables d investir toutes les surfaces et toutes les chelles La r duction des arts leur m dium n est elle pas li e la d finition de l art moderne et la d sp cification que vous proposez ne s inscril elle pas ainsi dans le courant postmoderne C est un ph nom ne relativement tardif Le formalisme greenbergien insiste sur la sp cificit des m diums alors que ce n est pas le cas au d but des ann es 1920 o les avant gardes travaillent toutes ensembles La circulation entre les disciplines est d ailleurs un sympt me de l existence d une avant garde l histoire des relations entre Van Doesburg et Mondrian est int ressante cet gard Alors que pour Van Doesburg la peinture n a de sens que si elle est int gr e un syst me des arts comprenant l architecture le design etc Mondrian l inverse insiste sur la sp cificit et l autonomie de la peinture qui doit absorber et neutraliser les param tres d espace et de temps C est ainsi que Van Doesburg et Mondrian se s parent en 1923 sur une question de diagonale Pour Mondrian la diagonale c est le mauvais objet C est ce qui d truit l autonomie du tableau partir de 1923 Van Doesburg se met quant lui multiplier les diagonales dans sa peinture afin de dynamiser les formes c est dire de les mettre en mouvement Or d o viennent les diagonales chez Van Doesburg Du film et tr s pr cis ment de Rythme 21 de
116. ompl tement absurde pour autant La photographie restitue un moment sur le plan spatial et suspend ce moment en le mettant comme hors du temps Qu il soit argentique ou num rique cependant le support mat riel de cette image spatiale est lui m me sujet l entropie et vou au bout du compte la d gradation Une photographie n arr te pas le temps elle suspend plut t un moment entre parenth ses jusqu au jour o le temps reprend ses droits C est pendant ce temps entropique de la photographie qu intervient le temps subjectif du spectateur Victor Burgin actes du cycle de conf rences Le film qui vient l esprit Paris Jeu de Paume s ance du 9 janvier 2010 e L clipse du temps en ligne sur http www jeudepaume org pdf Burgin EdipseduTemps pdf 0 passages et transferts d un m dium l autre 29 Rites et gestes I lt Disons que la fonction des rituels est de marquer le passage d un tat un autre en cr ant un moment fictionnel qui nous aide affronter la duret du r el Le rite a un aspect collectif mais il s adresse l individu Il est li la tradition mais accompagne des moments de changement profond et de renouveau Bien entendu la soci t contemporaine n a plus le m me int r t pour les rituels D ailleurs le capitalisme vise nous convaincre que le seul rituel possible de nos jours c est la consommation Je m int resse aux rituels et on le voit dans mon
117. ompr hension selon la perception de l auteur Plus les d tails de l illustration sont pr cis et plus la r ception est orient e C est en comparant des versions diff rentes et vari es que l enfant pourra se cr er son propre r seau de r f rences et ses projections personnelles partir des interpr tations sans texte Faire reconstruire le sens par l image et comparer avec le texte source Si des diff rences apparaissent retrouver dans les images quel moment appara t la divergence et pourquoi Pour Le Petit Chaperon rouge de Rascal crire l histoire partir de tous les l ments codes Inversement r fl chir un codage pour faire le r cit d un autre conte La version de Rascal se termine sur une page rouge le sang de la petite fille de la grand m re Inventer d autres pages cod es pour une autre fin Le m me type de travail peut tre mis en place partir des albums cod s de Warja Lavater Au college mettre en place des activit s d criture sur les albums sans texte Par exemple partir de l album de Rascal Le Petit Chaperon rouge travailler l interpr tation image des ciseaux lien avec la symbolique du chemin des aiguilles et des pingles Faire des recherches du point de vue de l aspect symbolique Chantal Bouguennec Autour des contes fiche p dagogique CRDP du rectorat de Cr teil en ligne sur http www cndp fr crdp creteil telemaque comite contes htm
118. on documentaire Paris Verdier 2004 H Laurent Guino Olivier Lugon dir Fixe anim I Croisements de la photographie et du cinema au XX me si cle Lausanne L Age d homme 2010 I Marion HOHIFEIDT H t rotopie et d placements du lieu l archipel Recherches en esth tique 13 octobre 2007 I Fredric Jameson Le postmodernisme ou la logique culturelle du capitalisme tardif Paris Beaux arts de Paris 2011 Jonas Mekas Je n avais nulle part o aller Paris P O L 2004 E Philippe Alain MicHAUD Scketches histoire de l art cin ma Paris ditions de l clat 2006 H William John Thomas MircHeu What Do Pictures Want The Lives and Loves of Images Chicago The University of Chicago Press 2005 I Laura Mutvev Death 24x a Second Stillness and the Moving Image Londres Reaktion Books 2006 I Dominique Paini Le Temps expos cin ma de la salle au mus e Paris Cahiers du cin ma 2002 I Pier Paolo Pasoun crits sur la peinture Paris Carr 1997 i W Pier Paolo Pasolini Lettres luth riennes Paris Editions du Seuil 2002 H Pier Paolo Pasouni La Trilogie de la vie Le D cam ron Les Contes de Canterbury Les Mille et Une Nuits Paris Carlotta diffusion 2002 W Francoise Parrait Vid o un art contemporain Paris ditions du Regard 2001 H Jacques RANGE Le Partage du sensible Paris La Fabrique 2000 H Jacques Ranci re Le Destin des images Paris La Fabrique
119. ons d un m me conte et argumenter ses choix D bat interpr tatif rechercher les livres qui suscitent le d bat interpr tatif Mina je l aime Le Petit Chaperon vert Le Petit Chaperon rouge de Sarah Moon En primaire les analyses et les comparaisons pourront tre centr es sur les personnages les objets le lieu l poque les pisodes principaux partir du coll ge les l ves pourront aborder un travail sur la structure du r cit Pour toutes les versions d un conte laborer des fiches sur les personnages caract re attitude comportement habillement les comparer les classer les retrouver dans les contes de r f rence Constituer un imagier des diff rents personnages de contes ou un imagier des objets des lieux etc partir des diff rentes variantes Utiliser cet imagier pour inventer de nouveaux contes des salades de contes Interpretations par illustration Les contes amp tant issus de la tradition orale on peut constater que partir d un m me texte ce sont les illustrations qui donnent une tonalit et une interpr tation diff rente au r cit Apr s une comparaison des versions existantes chacun aura le droit de s inventer sa propre interpr tation d un personnage ou d une situation Trier les ouvrages en deux grandes cat gories sans texte avec texte pistes de travail 41 Montrer en quoi les illustrations que l ouvrage comporte du texte ou non orientent la c
120. ont volu de la fa on lin aire que j ai dite vers des conceptions qui d finissent l objet atteindre comme se suffisant lui m me en pleine objectivit toujours situ sur cette ligne entre deux fronti res dont l une est irr m diable dans le pass l autre inatteignable dans l avenir La notion de fronti re ainsi concue est obsol te et apr s toutes ces avanc es de la pens e vient le moment o la fronti re ne peut plus tre consid r e comme tanche et o l id e grandit qu elle n a plus de raison d tre en tant que telle l tant n est pas un territoire balis de fronti res mais une structure inexplicable en r volution sur elle m me La fronti re n est plus une des donn es possibles de l tant mais dans notre monde une envol e de passages et d entre deux qui sont ais ment ou malais ment franchissables mais qui d sormais le seront de toutes les mani res Autrement dit la fronti re qui n avait pas de rapport l tre dans les conditions traditionnelles l tre est un absolu il n y a pas d tre fronti re de l tre est sortie du rang de l tant pour entrer dans l ordre de l tre parce que pr cis ment elle a cess d tre un impossible pour devenir passage et que l tre dans nos po tiques a cess d tre un absolu pour devenir une Relation y a des fronti res non pas certes de l tre mais dans l tre que nous aurons approcher L effort des pens es contemporain
121. opulaires francais ont t collect s et fix s l crit par des auteurs tels que Perrault XVII si amp cle puis les fr res Grimm mais avaient d j l poque subi des transformations des volutions de bouche amp oreille On peut donc dire que tous sont d j des variantes Hans Christian Andersen XIX si cle quant lui a crit cent soixante quatre contes impr gn s de romantisme et associant le merveilleux l ironie Empruntant des id es aux contes populaires qui lui fournissent un point de d part ses contes mettent en sc ne des rois des reines r els ou l gendaires des animaux des plantes des cr atures imaginaires sir nes et f es et des objets magiques ne cherche pas tre moralisateur Chantal Bouguennec Autour des contes fiche p dagogique CRDP du rectorat de Cr teil en ligne sur http www cndp fr crdp creteil telemaque comite contes htm e Constituez un fonds d archives photographiques vid ographiques graphiques etc sur votre propre personne en variant les l ments qui vous r v lent objets personnels v tements livres photos familiales de films de cin ma de vos animaux de vos chanteurs ou artistes pr f r s Pr sentez ce fonds sous la forme d un journal de bord d un journal intime Le souci de soi in Jean Claude Fozza Anne Marie Garat Francoise Parfait La Petite Fabrique de l image Paris Magnard 2003 p 274 Que
122. ort symbolique de l enfant qui marque la rupture avec le pass puis la p riode de r clusion au cours de laquelle les novices recoivent la r v lation d un savoir et enfin la renaissance sous un nouveau jour celui de l adulte mature Pierre Henri Tavoillot Inventer de nouveaux rites de passage Constructif n 20 juin 2008 en ligne sur http www constructif fr bibliotheque 2008 6 inventer de nouveaux rites de passage html item id 2858 I La r f rence au rite de passage est encore plus vidente lorsqu on regarde Vajtojca La Pleureuse 2002 une vid o qui a connu un succ s imm diat et a t expos e maintes reprises lci l artiste met en scene un v ritable rite de passage mais l envers passant de la mort la vie Adrian Paci a engag une pleureuse professionnelle albanaise rev tu le costume de circonstance et apr s avoir entendu son propre chant fun bre paie la pleureuse lui serre la main et repart pour une nouvelle vie Dans Blut amp Honig Sang amp miel l avenir est dans les Balkans de 2003 une des nombreuses expositions organis es l poque autour de l art dans les Balkans le commissaire Harald Szeemann insistait sur l importance des pratiques rituelles dans la soci t albanaise et sur ses manifestations dans l art contemporain Dans son essai du catalogue il cite abondamment le Kanun albanais un ancien code d crivant divers rituels encore partiellement en usag
123. osition s et publication s premier mouvement 23 octobre 2012 mars 2014 f Espace virtuel Erreur d impression publier l re du num rique prochaines expositions 28 mai 1 septembre 2013 Lorna Simpson Il Ahlam Shibli f Programmation Satellite 6 Suite pour exposition s et publication s troisi me mouvement informations pratiques 1 place de la Concorde 75008 Paris acc s par le jardin des Tuileries c t rue de Rivoli www jeudepaume org http lemagazine jeudepaume org 01 47 03 12 50 11h 21h 11h 19h renseignements mardi nocturne mercredi dimanche fermeture le lundi et le 1 mai expositions plein tarif 8 50 tarif r duit 5 50 acc s libre aux expositions de la programmation Satellite mardis jeunes acc s libre pour les tudiants et les moins de 26 ans le dernier mardi du mois de 17h 21 h visites comment es et ateliers acc s libre sur pr sentation du billet d entr e du jour aux expositions les rendez vous avec les conf renciers du Jeu de Paume le mercredi et le samedi 12h 30 les rendez vous en famille le samedi 15h 30 sauf dernier samedi du mois sur r servation o1 47 03 12 41 rendezvousenfamille jeudepaume org les enfants d abord visites ateliers pour les 7 11 ans le dernier samedi du mois 15h 30 sur r servation o1 47 03 04 95 lesenfantsdabord jeudepaume org les rendez vous des mardis jeunes le dernier mardi du mois 18 h f conf ren
124. ou aux couleurs des Tropiques Ce spontan isme culturel n est au contraire voqu dans les pires cas que pour s opposer d autres les nier ou les liminer et interrompre ainsi le processus infini de mise l preuve de la diff rence de l alt rit et de l ailleurs qui est constitutif de toute identit culturelle Pour reprendre les termes de notre d bat je dirais que la vie de la culture sous quelqu angle qu on l envisage est anim e par le d placement qu elle ne cesse d effectuer Ce d placement c est le double d placement de soi vers l autre et de l autre vers soi faute duquel il n y a plus ni Soi ni autre Marc Aug Culture et d placement in L Universit de tous les savoirs Qu est ce que la culture 2 Paris Odile Jacob 2001 p 73 I Nous revenons ainsi au probl me que nous avons d j touch plus haut les th mes initiatiques sont surtout vivants dans l inconscient de l homme moderne Ceci est confirm par le symbolisme initiatique de certaines cr ations artistiques po sies romans uvres plastiques films mais aussi par leur r sonance dans le public Une telle adh sion massive et spontan e prouve il nous semble que dans la profondeur de son tre l homme moderne est encore sensible des sc narios ou des messages initiatiques M amp me dans le vocabulaire qu on utilise pour interpr ter de telles ceuvres on reconna t des motifs initiatiques On dit que tel liv
125. oxha dirigeant du parti communiste qui s empare du pouvoir sans avoir le partager Durant la guerre froide l Albanie ne s est jamais comport e comme les autres pays communistes aucun ne fut aussi pauvre aussi ferm vis vis du monde ext rieur aussi stalinien Pourtant elle rompt avec Moscou en 1961 pour s allier la Chine de Mao avant de s en s parer en 1978 Les dictatures d Enver Hoxha 1945 1985 et de Ramiz Alia 1985 1990 transforment l Albanie en tat poss dant tous les attributs d une d mocratie populaire parti unique contr lant toute la vie politique nationalisations des biens de production des moyens de transport interdiction de la propri t priv e la voiture individuelle reste interdite jusqu en 1991 collectivisation forc e des campagnes planification de l conomie culte de la personnalit dogmatisme radical en mati re id ologique paranoia g n ralis e et fermeture du pays le paysage de l Albanie est couvert d environ 400000 bunkers pour prot ger la population en cas d invasion interdiction des religions embrigadement encadrement et surveillance de la population par une police politique les goulags sont interdits en 1991 l instar des d mocraties populaires d Europe centrale des contestations populaires commencent en 1989 Le pouvoir en place fait quelques concessions d tente avec la Gr ce reprise des relations diplomatiques avec l Allemagne Une r volte tudiante en 1990 pousse
126. p r e par un immat riel faisceau lumineux qui transporte d sormais des images num riquement engrang es et mont es sur un support un disque bien loign des apparences de la pellicule Parmi cette cat gorie d artistes nouveaux car il s agit bien d une pratique in dite qui s est institu e dans les mus es depuis une vingtaine d ann es certains ont emprunt au cin ma son immense r servoir de montages d images et ses figurations l gendaires Mais la porosit des fronti res entre l univers cin matographique et le monde des arts plastiques ne s illustre pas seulement ni ne s explique par la fascination du spectacle et la m lancolie envers les stars hollywoodiennes C est un v nement marquant de l histoire des arts qui intervient au moment m me o le cin ma conna t une incertitude profonde sur sa p rennit et en int gre les cons quences formelles Prolongeant les exp riences de dilatation temporelle qui ont marqu le cin ma contemporain des fins m ditatives sur le r el son inatteignabilit son opacit son ratage son nigme les cin astes qui se risquent aujourd hui s exposer n ont pas pour seule ambition de rivaliser avec les autres arts car les arts sont ferm s remarque encore Badiov Le cin ma en tant que d monstration de ces mouvements impossibles entre les arts et pourtant terrain privil gi de citations allusives des autres arts arrachent ces derniers eux m mes et ce
127. que Ne pas oublier de r gler l clairage en fonction de l ambiance souhait e Possibilit de travailler en couleurs noir et blanc s pia Cf le travail de Gleber qui fait appara tre progressivement les membres de sa famille sur photo Jacques Dilhuit conseiller p dagogique d partemental Arts visuels d Ille et Vilaine Le flip book en ligne sur http www ia35 ac rennes fr jahia webdav site ia35 groups IA35_webmestres public pedagogie arts culture ecole et cinema EetC flip pdf pistes de travail 49 orientations bibliographiques thematiques Contexte migration et mondialisation E Marc Aust Culture et d placement in L Universit de tous les savoirs Qu est ce que la culture Paris Odile Jacob 2001 ll Marc Auer Des lieux aux non lieux in Non lieux introduction une anthropologie de la surmodernit Paris ditions du Seuil 1992 ll Giorgio AGAMBEN La communaut qui vient Paris ditions du Seuil 2010 fl Yto BARRADA Ana s Masson Maxence Rifflet Fais un fils et jette le la mer Marseille Tanger Paris Sujet Objet 2004 H Homi K Bhabha Les Lieux de la culture Une th orie postcoloniale Paris Payot 2007 H Homi K BHABHA a Entretien avec Jonathan Rutherford Paris Multitudes n 26 automne 2006 en ligne sur http multitudes samizdat net Le Tiers espace Entretien avec I Zygmunt Bauman La Vie en miettes Exp rience postmoderne et moralit Rodez
128. que suppl mentaire mais bien plut t comme une mani re spontan e pour retranscrire les histoires que se racontai ma petite fille elle m me Nous avions laiss derri re nous une Albanie feu et sang livr e au chaos Et un jour je l ai entendu qui contait ses poup es des sc nettes dans lesquelles elle reprenait des bribes d explosions et de coups de feu et parlait de forces obscures et des forces internationales J ai t impressionn par sa facul malgr son tr s jeune ge jongler entre le jeu et le drame le monde du r el et celui de l imaginaire entre le conte et la chronique Ca a marqu mon premier film et finalement tous les autres par la suite y compris l ensemble de mon travail pictural Cette dimension d tre plac la crois e des chemins un peu la fronti re de deux identit s diff rentes s par es se retrouve dans toutes mes productions cin matographiques Evelyne Noygues Interview d Adrian PACI plasticien et vid aste originaire de Shkodra Paris juin 2010 Paris 24 juin 2010 en ligne sur http association albania com Interview d Adrian PACI plasticien html RON Sur cette question je me souviens que la premiere ceuvre de toi que j ai vue tait la vid o Albanian Stories o ta fille te raconte une histoire d animaux de guerre et d exil Je crois que cette rencontre tr s intime entre toi ton enfant et le spectateur illustre bien la facon dont un
129. ques Contrari de surprendre son fils en train de visionner ces derni res son insu il d cide de cesser cette activit et de r utiliser les cassettes vid o pour enregistrer des reportages t l vis s sur la guerre du Kosovo Plus tard il s aper oit que les s quences qu il croyait avoir limin es resurgissent parmi les images de guerre Depassant le simple document autour d un contexte historique cette uvre interroge les cons quences de la guerre et des bouleversements soci taux sur les hommes l envie d chapper la pauvret l chec pr sentation de l exposition 7 reperes Histoire de l Albanie L Albanie pays des aigles est un Etat de 28 48 km essentiellement montagneux 77 peupl de trois millions d habitants Si on prend en compte la diaspora albanaise pr sente dans les Balkans Kosovo Mac doine Mont n gro en Europe Italie Gr ce et en Am rique le nombre d Albanais s l ve sept millions d individus On estime que 1496 de la population a migr depuis le d but des ann es 1990 De souche indo europ enne la population albanaise comporte peu de minorit s sur son territoire minorit grecque dans le Sud du pays La pr sence d un peuplement en Albanie est attest e d s le II mill naire avant J C Les chercheurs s accordent faire remonter les origines des Albanais au peuple illyrien Durant le Moyen ge le territoire albanais passe successivement sous la domin
130. qui permet d aborder la cr ation vid o et la narration dans les images en mouvement les classes sont invit es participer l atelier du Forum des images Le cin ma entre r alit et fiction deux s ances Par le visionnage de films et d extraits ainsi que leur analyse et leur comparaison l aide d outils multim dias il s agit d observer et de commenter plusieurs approches d une situation sociale Jeu de Paume 80 r servation o1 47 03 04 95 Forum des images 8 par l ve pour les deux s ances gratuit pour les accompagnateurs forfait de 160 pour les classes de moins de vingt l ves r servation 01 44 76 63 44 I parcours th matiques Compos s d une visite conf rence dans les salles d exposition et d une s ance de projection comment e dans l espace ducatif du Jeu de Paume les parcours th matiques proposent de replacer les images pr sent es dans le contexte de l histoire des arts visuels en envisageant un axe particulier enregistrement du r el et construction plastique photographie et histoire de l art diffusions et applications de la photographie Les th matiques sont choisies et adapt es en fonction des demandes et des classes dur e 2 h tarif 120 inscription et r servation o1 47 03 04 95 d couvrir l exposition 5 Pr sentation de l exposition 6 rep res Histoire de l Albanie 8 rep res Mondialisation flux et mobilit 12 rep res Adrian
131. qui reste est justement la lisi re br ch e o aura pass l id e telle que le cin ma et lui seul en autorise la visitation Aussi faut il prendre tr s au s rieux cet exode des salles aux cimaises La conviction que le cin ma puisse tre de la pens e ou plus exactement qu un film puisse relever parfois de l vidence d avoir une id e en cinema trouve dans ce paradoxal recours des images mouvantes pour figurer une immobilit in dite une immobilit non statique une v rification renouvel e aupr s d un autre public que la cin philie th orique Dans ce m me texte d cid ment pr cieux Alain Badiou remarque toujours Or que ce soit le versant immobile de cette id e qui soit livr est proprement ce qui ici fait passage On pourrait montrer que les autres arts soit livrent l id e comme donation au comble de ces arts la peinture soit inventent un temps pur de l Id e explorent les configurations de la mouvance du pensable au comble de ces arts la musique Le cin ma par la possibilit qui lui est propre en saisie et montage d amalgamer les autres arts sans les pr senter peut et doit organiser le passage de l immobile Dominique Paini Le Temps expos Le Cin ma de la salle au mus e Paris Cahiers du cin ma 2002 p 71 78 Images fixes et images en mouvement e Laura Mulvey traite du paradoxe inh rent au m dium filmique le fait qu il se compose d une succession de 24
132. r Gambetta o j ai rencontr les autres Je suis rest quinze jours Puis je suis parti en Italie Yto Barrada Anais Masson Maxence Rifflet Entretien avec Said C La Compagnie Marseille 15 mai 2001 in Fais un fils et jette le la mer Marseille Tanger Paris Sujet Objet 2004 p 72 75 Voir aussi le petit journal de l exposition Yto Barrada pr sent e au Jeu de Paume site Sully du 31 mars au 11 juin 2006 en ligne sur http www jeudepaume org index php page article amp idArt 1 51 I Se r f rer aux uvres d Esther Shalev Gerz qui travaille la notion de portrait qu elle appr hende comme le reflet possible d une personne d un lieu ou d un v nement qui n est jamais stable ou d finitif Ce qui l int resse ce sont les gens leur parole leur silence leur v cu leur mani re de r sister et d aller au del de leurs propres limites leur facon de raconter leur histoire l intervalle entre le t moin qui raconte et le spectateur qui l coute est au centre de son travail Intervalles temporels pr sent du r cit et pr sent de l coute intervalles spatiaux du d cor de l image au dispositif visuel intervalles auditifs le silence de celui qui r pond est parfois plus saisissant que les mots autant d carts produisant des portraits complexes d individus face au groupe et l Histoire First Generation 2004 est une installation r alis e en Su de Il s agit d une uvre pe
133. raphies ou films argentiques ou vid o transforment ces images en les singularisant Le choix des emprunts Pier Paolo Pasolini nombreux partir de 2005 sugg re des pistes d interpr tation privil gi es D abord dans une installation complexe Cappella Pasolini de 2005 puis dans des ensembles de petits panneaux Adrian Paci isole en effet des images des films du r alisateur italien comme des photogrammes qu il ne choisit pas pour leur pouvoir d vocation des films la mani re d un critique de cin ma ou d une campagne de promotion mais pour leur force propre d contextualis e et recontextualis e au sein d un nouveau r f rent qui est son propre travail On sait que Pasolini pr sentait son cin ma comme tant d origine plastique le r sultat d une passion picturale pr cisant Ce que j ai dans la t te ma vision mon champ de vision ce sont les fresques de Masaccio et de Giotto Par cons quent quand mes images sont en mouvement elles sont en mouvement un peu comme si la cam ra s approchait d elles sur un tableau C est cette passion picturale se trouvant au fond back des images m caniques parce qu elle est la maison d origine home d Adrian Paci form comme peintre dans le syst me des beaux arts albanais comme elle fut celle de Pasolini form comme historien de l art l cole de Roberto Longhi qui explique le recours du premier au fonds d images du second De m me que pour Pasol
134. re ou fel film red couvre les mythes et les preuves du H ros en qu te de l Immortalit qu il touche au myst re de la r demption du Monde qu il d voile les secrets de la r g n ration par la Femme ou par l Amour etc Comme nous l avons dit l initiation est coexistante toute existence humaine authentique Pour deux raisons d une part parce que toute vie humaine authentique implique crises de profondeurs preuves angoisse perte et reconqu te du soi mort et r surrection d autre part parce que quelle que soit sa pl nitude toute existence se r v le un certain moment comme une existence rat e Il ne s agit pas d un jugement moral qu on porte sur son pass mais d un sentiment confus d avoir manqu sa vocation d avoir trahi le meilleur de soi m me Dans de tels moments de crise totale un seul espoir semble salutaire celui de pouvoir recommencer sa vie Cela veut dire en somme qu on r ve d une nouvelle existence r g n r e pl ni re et significative ne s agit pas du d sir obscur cach au fond de toute me humaine de se renouveler p riodiquement selon le mod le du renouvellement cosmique Ce qu on r ve et esp re dans ces moments de crise totale c est d obtenir un renouvellement d finitif et total une renovatio qui puisse transmuter l existence Mircea Eliade Initiations rites et soci t s secr tes Paris Gallimard 1992 p 280 282 Gestes et montag
135. rmanente con ue pour l espace public du Multicultural Centre Botkyrka J ai d cid de poser quatre questions trente cing habitants de Botkyrka issus de la premi re g n ration d immigr s de toute nationalit En venant vous installer ici Qu avez vous perdu Qu avez vous trouv Qu avez vous recu Qu avez vous donn Je les ai film s coutant leurs propres r ponses Ils sont capt s de tr s pr s de trop pr s pour que l on reconnaisse leur visage Le son n est audible qu l int rieur du Centre en revanche l image reste visible aussi bien l int rieur qu l ext rieur La bande son et les images du film ne sont pas synchronis es Les voix communiquent observations et impressions intimes J ai d cid de s parer le son de l image D un c t ce sont les paroles des participants avec leur mani re d voquer leurs exp riences personnelles de l autre ce sont des corps des apparences physiques Le spectateur percoit les unes et les autres la fois simullan ment et toujours en d calage Dans une autre version sous forme d installation murale j ai expos quarante trois photogrammes extraits de ce film et les textes transcrits de la bande son Comme deux nuages constitu s l un d images et l autre de textes qui naviguent l un vers l autre et s interp n trent en partie ces deux champs d une longueur totale de 18 m proposent au visiteur un parcours visuel fragment Esther Shalev Gerz Paris
136. rts plastiques elle concerne la forme le trac la figure l espace La notion de passage peut tre exp riment e au travers des passages de couleurs gamme de teintes qui permet de passer progressivement d une couleur l autre et de valeurs gamme de tons qui permet de passer progressivement d une valeur claire une valeur fonc e et vice versa mais aussi des passages de la figuration l abstraction et du r el l imaginaire La notion de passage peut aussi servir d finir concr tement ce qui plastiquement permet de faire le lien entre deux l ments ou deux zones un jeu de lignes des l ments graphiques d coratifs un jeu de couleurs etc Dans le champ de l architecture le terme renvoie des dispositifs de circulation En arts plastiques le passage est donc un moyen de constituer du continu entre les bords d une chose et d une autre Le traitement plastique du passage parce qu il est souvent combinatoire produit alors des zones m tiss es Migration et mondialisation En ce qui concerne ces notions vous pouvez vous reporter aux parties suivantes du pr sent dossier rep res Mondialisation flux et mobilit p 19 et Contexte et histoires p 18 Guerres et conflits violences pers cutions politiques et religieuses catastrophes naturelles conomies d faillantes in galit s sociales telles sont les causes des d placements de populations Des hommes et des fem
137. s d autres formes que la ligne comme le point un port ou un a roport la zone ou le front La repr sentation classique de la fronti re la ligne est alors boulevers e Une nouvelle piste de recherche consisterait alors proposer de nouveaux modes de repr sentation de ces fronti res aux formes in dites Bernard Reitel ma tre de conf rences en g ographie l universit de Haute Alsace Mulhouse Fronti re en ligne sur http www hypergeo eu spip php article16 La fronti re c est cela qui met en relation deux tats de l tant comme dans le r el la fronti re s pare deux tats ou deux communaut s du monde Cette notion de fronti re a insidieusement inclin les activit s intellectuelles des humanit s vers l organisation en syst me Le syst me la pens e de syst me et le syst me de pens e a deux fronti res en vue celle laquelle il s adosse et celle vers quoi il tend le syst me ne s occupe en rien des ventuelles fronti res de droite ni des fronti res de gauche autrement dit le syst me va dans un sens unique et d finit une vis e lin aire La notion de fronti re ainsi con ue est irr m diable car elle pose la fois ce qui est le m me et ce qui est l autre promis part de mani re radicale et infranchissable et sans aucun chemin de traverse ou de maraude On ne passe pas ces fronti res l en divaguant sur les c t s Dans ces conditions les pens es occidentales
138. s sur la base d une appartenance ethnique religieuse politique ou professionnelle Gr ce des diasporas anciennes juive arm nienne ou plus r centes chinoise ou indienne les communaut s forment des r seaux socio conomiques l chelle mondiale Michael Archer La mondialisation et l re bost m dium in L Art depuis 1960 Paris Thames amp Hudson 2002 p 213 sources bibliographiques ll Laurent Carrouf Didier Couet Claude Ruiz La Mondialisation Genese acteurs et enjeux Paris Br al 2009 ll Charles Albert MicHater Mondialisation la grande rupture Paris La D couverte 2007 F Olivier Dourus La Mondialisation Paris Presses de Sciences Po 2007 H Marie Fran oise Durano Atlas de la mondialisation Comprendre l espace mondial contemporain Paris Presses de Sciences Po 2010 l Gabriel WACKERMANN dir La Mondialisation Paris Ellipses 2006 12 d couvrir l exposition Electric Blue 2010 Galerie Peter Kilchmann Zurich bibliographie selective Catalogues d exposition 2013 WB Adrian Paci Transit Paris Jeu de Paume Mus e d art contemporain de Montr al Milan Mousse Publishing 2010 I Adrian Paci i mutanti Rome Drago I Adrian Paci Electric Blue Heidelberg Kehrer Verlag 2008 I Adrian Paci Hannovre Kunstverein Hannover Fribourg Modo f Adrian Paci Premio Pino Pascali 2007 Angela Vettese Polignano a Mare Museo Pino Pascali H Adrian Paci Subjects in Trans
139. s vastes ambitions publiques du nationalisme n est aussi absolu que la souffrance de l exil Parce que l exil la diff rence du nationalisme est une situation fondamentalement discontinue Les exil s sont arrach s leurs racines leur terre leur histoire l exil sait que dans un monde s culier et contingent toute demeure est provisoire Les fronti res et les 20 approfondir l exposition barri res qui nous enferment dans un lieu s r un territoire familier peuvent aussi devenir les limites d une prison et sont souvent d fendues au del de la raison ou de la n cessit Les exil s franchissent les fronti res brisent les barri res de la pens e et de l exp rience L exil est fond sur l existence du pays natal sur l amour et l attachement pour ce pays ce qui est vrai pour chaque exil ce n est pas le pays natal et l amour du pays natal qui sont perdus c est que la perte est inh rente leur existence m me Il s agit de consid rer ce que l on vit comme si c tait le point de disparaftre Qu est ce qui fait que c est ancr dans la r alit Qu aurions nous envie de sauver de ces exp riences quoi serions nous pr amp ts renoncer Seule une personne qui a atteint l ind pendance et le d tachement une personne qui appr cie la douceur de son pays mais qui ne peut du fait des circonstances la retrouver peut r pondre ces questions Il serait impossible une telle personne
140. sance au mariage et la mort et on pourrait dire que dans chacun de ces cas il s agit toujours d une initiation car partout intervient un changement radical de r gime ontologique et de statut social Lorsqu il vient de na tre l enfant ne dispose que d une existence physique il n est pas encore reconnu par la famille ni recu par la communaut Ce sont les rites observ s imm diatement apr s l accouchement qui conf rent au nouveau n le statut de vivant proprement dit c est seulement gr ce ces rites qu il est int gr dans a communaut des vivants Le mariage est galement l occasion d un passage d un groupe socio religieux un autre Le jeune mari quitte e groupe des c libataires pour participer dor navant celui des chefs de famille Tout mariage implique une ension et un danger d clenche une crise c est pourquoi il s effectue par un rite de passage Les Grecs appelaient e mariage t los cons cration et le rituel nuptial ressemblait celui des myst res En ce qui concerne la mort les rites sont d autant plus complexes qu il s agit non seulement d un ph nom ne naturel la vie ou l me quittant le corps mais d un changement de r gime la fois ontologique et social le tr pass doit affronter certaines preuves qui int ressent sa propre destin e d outre tombe mais il doit aussi tre reconnu par la communaut des morts et accept parmi eux Pour certains peuples seul l ensevelissement
141. scruter pour en d coder les signes Jamais un visage ne s est ainsi pench sur le mien dit le cin aste Jean Epstein Le visage sa valeur motive et son nigme sont un territoire dont la toponymie s invente de film en film et constitue un lieu de fixation fantasmatique Comme l crit le philosophe Gilles Deleuze Il n y a pas de gros plan de visage le visage est en lui m me gros plan le gros plan est par lui m me visage et tous les deux sont l affect l image affection Le visage devient une configuration cosmique dans laquelle s inscrit l histoire humaine sur le mode de l imaginaire Nous ne sommes pas loin de la pens e archaique pour laquelle nature et homme ne font qu un synth se commune de nombreux mythes Jean Claude Fozza Anne Marie Garat Francoise Parfait La Petite Fabrique de l image Paris Magnard 2003 p 162 163 rep res 15 The Column 2013 Courtesy kaufmann repetto Milan amp Galerie Peter Kilchmann Zurich approfondir l exposition Mouvements et d placements passages et transitions traversent et caract risent les ceuvres d Adrian Paci dans les sujets histoires et contextes repr sent s voqu s et questionn s d une part dans les pratiques mati res langages et supports des images choisis par l artiste d autre part Ce dossier envisage ici trois axes th matiques Contexte et histoires Passages et transferts d un m dium l autre et Rites et gestes
142. seaux flux de la mondialisation http lettres histoire geo ac amiens fr spip php article284 Le conteneur un objet essentiel de la mondialisation publi par M Augris dans le cadre du programme d histoire geographie de terminale L et ES http histoire geo remiremont blogspot fr 2009 09 le conteneur un objet essentiel de la html Le conteneur objet d art s quence propos e par Fran ois Bernard dans le cadre du programme d histoire des arts de troisi me http fr slideshare net XXXXB le conteneur objet dart Rites et gestes Nous revenons ainsi au probl me que nous avons d j touch plus haut les th mes initiatiques sont surtout vivants dans l inconscient de l homme moderne Ceci est confirm par le symbolisme initiatique de certaines cr ations artistiques po sies romans uvres plastiques films mais aussi par leur r sonance dans le public Une telle adh sion massive et spontan e prouve il nous semble que dans la profondeur de son tre l homme moderne est encore sensible des sc narios ou des messages initiatiques Mircea Eliade Initiations rites et soci t s secr tes Paris Gallimard 1992 p 282 I Rep rer dans les vid os d Adrian Paci The Last Gestures The Encounter et Vajtojca le caract re rituel des gestes rituel de l adieu sa famille de la mari e rituel de la poign e de main rituel du deuil Relever les moyens mis en ceuvre par Adr
143. ses camps d entra nement En 1999 l arm e serbe lance une offensive au Kosovo et contre des communaut s albanaises ce qui provoque un afflux de r fugi s vers l Albanie les h ritages de cette histoire r cente sont l origine de la situation conomique et sociale de l Albanie Malgr une croissance continue dans les ann es 2000 un tiers de la population vit sous le seuil de pauvret et 12 avec moins d un dollar par jour Le taux de mortalit infantile est l un des plus lev s d Europe Ce contexte fait de l Albanie le pays le plus d sert d Europe On compte un million de ressortissants l tranger Ces migrants sont surtout des jeunes l ge moyen en Albanie est de 25 ans et 40 de la population a moins de 25 ans qui raversent clandestinement l Adriatique sur des navires de fortune en direction de l Italie environ 400 ooo Albanais y r sident Certains se dirigent vers la Gr ce o les Albanais constituent aujourd hui la communaut trang re a plus importante environ 700 ooo personnes Durant les ann es 2000 le profil des migrants changent de plus en plus de familles s installent l tranger Ces migrations sont avant tout conomiques l importante diff rence des salaires entre l Albanie et ses voisins proches force le d part Elles jouent galement un r le financier dans essor du pays en 2000 les transferts de fonds repr sentent 500 millions de dollars plus que l aide publique au d veloppement destina
144. sitions relevant de l installation combinant la projection d images anim es la sc nographie d un espace et un geste volum trique qui loge harmonieusement ou affronte l architecture mus ale ont t nombreuses ces vingt derni res ann es On ne peut renvoyer indistinctement un courant ou une mode l ensemble des artistes qui se sont illustr s dans une discipline qu on ne parvient pas d finir exactement ni pr cis ment d limiter S agit il d un nouveau mat riau d expression L image mouvante a t elle le m me statut que les variations color es ou la mall abilit d une mati re L image mouvante est elle un mat riau nouveau qui sp cifierait une discipline ou une criture in dite apr s que le cin ma en ait exp riment toutes les puissances narratives Que font principalement ces artistes dont la technique vid o est ce qui les f d re en apparence Ils projettent d sormais dans la majeure 26 approfondir l exposition partie des cas mais pas exclusivement puisque des moniteurs cathodiques se conjuguent fr quemment avec la projection Le mat riau de ces installations vid o est il de l image N est ce pas plut t du temps qui est offert au regard du spectateur visiteur venant confirmer le ph nom ne cin matographique selon Jean Louis Schefer du temps donn comme une perception Autrement dit l exp rience d une certaine dur e que des images mat rialisent Mat rialisation paradoxale o
145. souvenirs et nostalgies des comportements religieux abolis Ce qui nous int resse c est que d s les stades archaiques de culture l initiation joue un r le capital dans la formation religieuse de l homme et surtout qu elle consiste essentiellement dans une mutation du r gime ontologique du n ophyte Ce fait nous semble tr s important pour la compr hension de l homme religieux il nous montre que l homme des soci t s primitives ne se consid re pas achev tel qu il se trouve donn au niveau naturel de l existence pour devenir homme proprement dit il doit mourir cette vie premi re naturelle et rena tre une vie sup rieure qui est la fois religieuse et culturelle En d autres termes le primitif place son id al d humanit sur un plan surhumain son sens on ne devient homme complet qu apr s avoir d pass et en quelque sorte aboli l humanit naturelle car l initiation se r duit en somme une exp rience paradoxale surnaturelle de mort et de r surrection ou de seconde naissance les rites initiatiques comportant les preuves la mort et la r surrection symboliques ont t fond s par les dieux les H ros civilisateurs ou les Anc tres mythiques ces rites ont donc une origine surhumaine et en les accomplissant le n ophyte imite un comportement surhumain divin 32 approfondir l exposition Ce point est retenir car il montre encore une fois que l homme religieux se
146. sp ces Leur relation se d veloppe dans un jeu de r le chor graphi o la meneuse la femme trouve finalement sa d finition salle 3 ll Secondo Pasolini Decameron D apres Pasolini Le D cam ron 2006 12 gouaches sur papier marovfl sur toile 38 x 7o cm chaque I Secondo Pasolini Il Fiore delle Mille e una Notte D apres Pasolini Les Mille et Une Nuits 2008 12 gouaches sur papier marovfl sur toile 38 5 x 70 cm chaque I Secondo Pasolini I Racconti di Canterbury D apr s Pasolini Les Contes de Canterbury 2008 12 d trempes sur papier marovfl sur toile 38 x 7o cm chaque partir de 2006 Adrian Paci revisite l histoire du cin ma travers la peinture mode d expression qui repr sente la fois l origine et le fondement de sa pratique Ces trois s ries constitu es partir de plans extraits de la Trilogie de la vie de Pier Paolo Pasolini t moignent d une fascination pour le travail de ce cin aste int r t qui participe d une recherche d images la fois simples et expressives En isolant ces vues l artiste op re un d montage pictural qui met en vidence leur enracinement dans l histoire de l art et leurs nombreuses r f rences la peinture de la Renaissance italienne mais galement l quilibre entre le temps et l image le mouvement et la dur e l ic ne et le r alisme lequel est perceptible tant chez le cin aste que dans son propre travail salle 1 salle 3 sal
147. t discontinuit e Quand on parle aujourd hui de l histoire officielle de l Occident on sait qu il y a toujours eu en parall le d autres histoires qui ont t marginalis es et parfois effac es ou oubli es On sait aussi que m me en Occident les histoires subordonn es se multiplient et que de plus en plus rares sont les personnes qui peuvent s identifier un r cit collectif unifi r cit li en fait une communaut imaginaire Dans une p riode de compression du temps et de l espace fait remarquer Homi Bhabha la notion d hybridit remplace le sentiment d identit nationale et personnelle Pour lui la figure arch typale d aujourd hui est le migrant qui vit dans plusieurs espaces culturels Or malgr son caract re assez insaisissable l identit 18 approfondir l exposition pluriculturelle du migrant participe d une cat gorie universellement reconnaissable Le sens de l expression identit collective est fondamentalement li un contexte social et politique donn Il en va de m me du concept d histoires parall les employ diff remment selon les contextes et qui pr sente des variations substantielles en fonction de l histoire officielle en marge de laquelle se situent ces histoires secondaires On observe d ailleurs d normes diff rences entre les syst mes dominants eux m mes et entre ces syst mes dominants et les syst mes subordonn s Pour ce qui est du mod le artistique qui domi
148. t politiques Edi Muka Engendrer la r alit Adrian Paci Transit Paris Jeu de Paume Mus e d art contemporain de Montr al Milan Mousse Publishing 2013 p 92 a Parmi les vid os les plus remarqu es de la Biennale de Venise en 2005 Turn On pr sent e dans l une des salles d exposition de la Biennale exer a alors sur les visiteurs une fascination qu elle n a de cesse d ailleurs d exercer puisque elle y est rest e expos e depuis lors On y d couvre un un et en gros plan des visages rudes s v res rid s tann s ceux d un groupe d hommes silencieux qui bien que leurs yeux soient braqu s sur l objectif fixent leurs mondes int rieurs Pour ce projet Paci a engag des sans emploi qui passent leur temps sur les gradins en b ton nu du stade de Shkodra dans l attente d une embauche la journ e sc ne courante dans cette ville frapp e par le ch mage La cam ra nous montre ensuite que chacun d eux tient une ampoule lectrique la hauteur du visage et qu un groupe lectrog ne est plac leurs pieds Le silence est rompu lorsque l un apr s l autre ils mettent en marche les g n rateurs le grondement des machines s amplifie et les ampoules qu ils tiennent la main s allument une par une en clairant les visages des hommes cette sc ne courte et po tique illustre l attrait particulier de Paci pour le portrait son go t pour le visage pour le gros plan et surtout pour les ingr dients fondamentaux du
149. t sur la the tralisation des corps l une exprimant un fardeau un poids une autre exprimant un engagement une autre une libert une l g ret Voir le travail photographique de Gilbert Garcin qui traite avec humour de l absurdit de la condition humaine http www gilbert garcin com ou la s rie Recompositions 2009 2010 de Denis Darzacq en ligne sur http www denis darzacq com recompositions vignettes htm ressources p dagogiques en ligne Site Internet de la Cit nationale de l histoire de l immigration notamment son espace ducation et recherche ressources p dagogiques en ligne avec des bibliographies et activit s p dagogiques http www histoire immigration fr a Des hommes dans la mondialisation les migrants programme de g ographie en classe de premiere bac professionnel http ens prof ac dijon fr Pedadispl Ih histoire geo spip php articles21 La mondialisation les flux migratoires en vid o vid os r alis es par Fr d ric Lernoud pour l mission Le Dessous des Cartes d Arte http lewebpedagogique com grunen la mondialisation les flux migratoires en video Documents et outils pour l enseignement interdisciplinaire du concept de fronti re http tice lille iufm fr frontieres Photo 2012 travail photographique r alis par la classe de quatrieme de Yann Renoult et Pierre Daider college Jean Moulin d Aubervilliers pr sent sur le site
150. te la th orie du cin ma Mais faire quivaloir le mouvement au cin ma et la stase la photographie revient confondre la repr sentation avec son support mat riel Un film peut tr s bien repr senter un objet immobile alors m me que la pellicule de son c t se d roule au rythme de vingt quatre images par seconde en d pit de sa propre immobilit une photographie peut parfaitement repr senter un objet mouvant Dans un texte de 1971 le photographe et cin aste Hollis Frampton envisageait un film infini qui consisterait en un spectre allant de la stase d une image r sultant d une succession d images absolument identiques au chaos d une image produite par une succession d images compl tement diff rentes Bien qu une pose photographique puisse tre r alis e en un clin d il l exp rience consistant regarder l image qui en r sulte appartient au registre subjectif de la dur e plut t qu l abstraction m canique de l instant auquel l image a t fix e sur la pellicule Un film poss de la fois une dur e di g tique et une dur e propre laquelle correspond en g n ral au temps qu il faut pour le regarder une photographie poss de pour seule dur e le temps n cessaire sa contemplation Nous trouvons normal qu on nous signale la dur e d un film ou d une vid o en g n ral par contre nous ne demandons pas Combien de temps dure telle photo mais la question n est pas c
151. te Naudy laquelle le Jeu de Paume a consacr l exposition Soci t Realiste Empire State Building du 1 mars au 8 mai 2011 voir le dossier enseignants de l exposition en ligne sur http www jeudepaume org index php page article amp idArt 1 460 Soci t R aliste explore les r cits de l histoire l conomie l architecture Ils r alisent des cartographies typographies photographies en menant une r flexion autour des politiques de la repr sentation Avec l oeuvre sculpturale Spectral Aerosion Soci t R aliste interroge la relation entre la repr sentation g ographique des espaces et leur r alit politique Confront e une plaque de bois o sont superpos es l ensemble des fronti res ayant exist en Europe depuis l an z ro jusqu l an 2000 le spectateur d couvre un territoire nouveau tiss en r seaux et qui tel un palimpseste cumule l histoire politique de la r gion Spectral Aerosion fait ainsi appara tre par la mise en exergue de fronti res mouvantes les dynamiques g opolitiques de l Europe Les silhouettes des territoires signes des nations en apparence fixes sont ici rendues relatives et temporelles et nous revoient aux luttes de pouvoir dont elles ont fait l objet I Certaines installations vid o de l artiste Aernout Mik notamment Osmosis and Excess 2005 et Touch Rise and Fall 2008 mettent en sc ne zones fronti res passages des biens de consommation et mouvements des corps
152. tion de l Albanie 357 millions de dollars en 2009 L avenir de l Albanie passera sans doute par sa coop ration avec l Union europ enne En 2006 elle est devenue membre associ de l UE apr s la signature d un Accord de stabilisation et d association ASA Au cours des derni res ann es des progr s ont t r alis s dans les diff rents domaines de la gouvernance r forme des institutions d mocratiques renforcement des droits civiques de l conomie incitation pour attirer les investissements directs trangers mesures pour diminuer le ch mage En mars 2009 le Premier ministre Sali Berisha annonce son intention de d poser la candidature de l Albanie l UE En avril 2009 l ASA entre en vigueur et la R publique d Albanie devient officiellement membre de l OTAN Elle d pose sa candidature officielle l Union le 28 avril 2009 aupr s de la pr sidence tch que sources bibliographiques l Amael CATTARUZZA Pierre S ntis Atlas g opolitique des Balkans Paris Autrement 2012 l Georges CASTELLAN Histoire de l Albanie et des Albanais Crozon Armeline 2000 ll Sonia Come lvaylo Ditchev Albanie utopie huis clos dans les Balkans Paris Autrement 1996 I Nathalie Craver Aux origines du nationalisme albanais La Naissance d une nation majoritairement musulmane en Europe Paris Karthala 2006 rep res 9 Yes l Il explain it in a minute l am an artist and these stamps Believe me Am an Artist 2
153. traditions locales mus es et patrimoine secteurs audiovisuels Gr ce aux potentialit s de la r volution num rique les populations ont de plus en plus acc s l information Les cons quences sont doubles et contradictoires mergence d une culture mondialis e et affirmation des cultures r gionales afin de r sister la premi re certains craignant une uniformisation culturelle au d triment de la diversit y a dix ans le mot biennale tait associ seulement quelques villes Venise qui f ta son centenaire en 1997 S o Paulo depuis 1951 Sydney et dans un autre genre New York et l exposition nationale du Whitney Museum of American Art Mais si tout la fin du XX si cle l amateur d art voyageur se d placait entre ces lieux r put s de longue date il devait aussi se rendre Johannesburg Kwangju Istanbul Delhi Melbourne La Havane et Berlin ainsi qu d autres manifestations plus ou moins nouvelles Documenta Carnegie International Manifesta etc Cette prolif ration des expositions montre que la prise en compte de la multiplicit des points de vue et des contextes culturels mais aussi la richesse que repr sente la diversit des formes et des mati res s inscrit en r alit dans une perspective plus large de la mondialisation de l art Ce phenomene d expansion s observe tr s clairement dans la production des artistes mais aussi dans le r seau des galeries et des ventes aux ench res dans le discours
154. tudier la vid o Centro di Permanenza temporanea 2007 d Adrian Paci consultable en ligne sur http www youtube com watch amp v 2EY1fpooDRc Cette activit peut tre initi e devant l installation au Jeu de Paume et poursuivie en classe Rep rer les diff rents mouvements pr sents dans la vid o et d velopper un vocabulaire propre aux images en mouvement Distinguer les mouvements dus une prise de vue mobile travelling cam ra portee et ceux g n r s par les d placements physiques des sujets film s Dans un deuxi me temps analyser les diff rents points de vue et cadrages plan large plan am ricain gros plan ainsi que leur encha nement via le montage Enfin reconstituer la vid o en r alisant un story board ce qui permettra d tudier comment se structure le r cit par des images film es gr ce aux choix de prises de vue puis dans leur assemblage par le montage I R aliser avec les l ves un folioscope dit aussi flip book autour du th me apparition disparition R aliser la photo de la classe par ajout successif d un l ve par feuille feuille La photo de classe se construit progressivement Le travail de prise de vue se fait en une fois en effet un enfant photographi se doit de rester immobile pendant qu un autre enfant se fait photographier c t Et ainsi de suite N cessit de faire une r p tition Les prises de vue se feront sur un pied photographi
155. uation temporaire et un statut permanent Tension que Paci entretient dans ce ilm o les protagonistes demeurent enferm s entre le transitoire et le d finitif dans un tat qui voque les bouleversements que vivent les migrants du monde entier I The Last Gestures Les Derniers Gestes 2009 Installation vid o r troprojection sur 4 crans couleur dimensions variables Installation vid o sur quatre crans The Last Gestures compose un sc nario fragment autour des pr paratifs d un mariage Adrian Paci retient les changes silencieux et ritualis s entre la future mari e et sa famille qui r sonnent de la douleur de leur s paration prochaine La prise de conscience par les personnages du regard port sur eux en fait les acteurs volontaires d un drame codifi par une s rie d attitudes dans lesquelles affectation rime avec solennit Amplifiant la valeur symbolique des gestes et expressions le ralentissement des sc nes conf re la vid o une qualit picturale salle 4 salle 5 entr e plan de l exposition I Inside the Circle l int rieur du cercle 2011 Vid o couleur son 6 33 Cette uvre explore la dynamique complexe qui s instaure entre l tre humain et l animal travers l interaction entre une dresseuse et un cheval Dans leur nudit et leurs gestes qui se m lent en un code expressif unique ils semblent renouer un lien primitif et ignorer la distinction entre leurs e
156. un second visionnage demandez aux l ves d extraire quelques images qui leur semblent significatives en r alisant des captures d cran Confronter les choix des l ves et s lectionner quelques images qui seront donn es tous les groupes partir de ces photogrammes construire une narration qui integre des temporalites et des points de vue differents Un groupe d l ves peut r aliser une narration en adoptant le point de vue de l un des personnages Le narrateur joue un r le dans les v nements qu il raconte et la narration est alors conduite la premi re personne Un autre groupe peut r aliser une narration avec un point de vue ext rieur Le narrateur est alors ext rieur aux v nements et la narration se fait la troisi me personne e Cette fiche a pour objectif de fournir quelques pistes partir des interpr tations illustr es de certains contes et leurs r critures ou utilisations vari es dans la litt rature de jeunesse Les pistes propos es permettront de montrer aux l ves qu une adaptation ou une transposition n est pas n cessairement r ductrice mais au contraire participe souvent d un choix cr ateur Lecture ou coute des textes source C est parce que les enfants connaissent le conte de r f rence qu ils peuvent comprendre et appr cier les interpr tations les r critures ou les allusions D bat argumentatif exposer ses pr f rences au niveau des diff rentes versi
157. ur l exil et autres essais Paris Actes Sud 2008 F Allan Sekula Titanic s wake Paris Le Point du Jour 2003 WB Allan Sekuta Fish Story Dusseld rf Richter Verlag 2000 I Anthony Murs The Architectural Uncanny Essays in the Modern Unhomely Cambridge MIT Press 1992 I Yo Barrada Riffs Ostfildern Ruiz Hatje Cantz 201 1 I Les Promesses du pass une histoire discontinue de l art dans l ex Europe de l Est Paris Centre Pompidou Zurich JRP Ringier 2010 Rites et gestes l Giorgio AGAMBEN Notes sur le geste Trafic n 1 hiver 1991 50 approfondir l exposition I Pierre BOURDEU Le Sens pratique Paris Les ditions de Minuit 1989 ll Georges Dipi HUBERMAN Survivance des lucioles Paris Les ditions de Minuit 2009 l Mircea Euape Le Sacr et le Profane Paris Gallimard 1997 ll Mircea Euape Le Mythe de l ternel retour Paris Gallimard 1989 I Mircea ELADE Initiation rites soci t s secr tes Paris Gallimard 1992 F Victor TurNER The Ritual Process Structure and Anti Structure New York Aldine 1995 I Blut amp Honig Zukunft ist am Balkan Vienne Essl Museum Kunst der Gegenwart 2003 Passages entre les m diums images fixes et images en mouvement I Jean Christophe Baly L Instant et son ombre essai Paris ditions du Seuil 2008 I Roland Barthes La Chambre claire Note sur la photographie Note sur la photographie Paris ditions de l toile Gall
158. ut on dire de la diversit ou de la similitude de ces images Leur diversit nous permet elle d avoir diff rents points de vue sur les faits Quel est le r le des l gendes qui accompagnent les images La consigne peut tre aussi donn e sous la forme d un tableau compl ter pr sent en en trois colonnes l article m informe sur l image m informe sur l image ne m informe pas sur I La preuve par l image Rechercher des exemples d utilisation de la photographie du XIX si cle dans un but d identification et de r pression lors de conflits comme la Commune ou de d nonciation d injustice sociale voir les oeuvres de photographes am ricains comme Lewis Hine exposant l exploitation des enfants par le travail Jacob Riis affichant la mis re des quartiers de Manhattan ou Thomas Annan d origine cossaise montrant l insalubrit des logements des quartiers pauvres de Glasgow pistes de travail 37 On pourra mettre en regard des clich s de migrants d Ellis Island de Jacob Riis ou Lewis Hine avec le texte suivant de Georges Perec Ce n est jamais je crois par hasard que l on va aujourd hui visiter Ellis Island Ceux qui y sont pass s n ont gu re eu envie d y revenir Leurs enfants ou leurs petits enfants y retournent pour eux viennent y chercher une trace ce qui fut pour les uns un lieu d preuves et d incertitudes est devenu pour les autres un lieu de leur m moire un des lieux
159. vec une image une exp rience que l on vit et sur laquelle on s interroge Mes actes sont moins le fruit d un savoir que d un questionnement Par cons quent le contexte dans lequel je vis et les exp riences que je traverse ont de l importance puisque c est de l que je tire la mati re de mon travail videmment le contexte de mon travail est marqu par un pisode de bouleversement majeur l effondrement du r gime sous lequel j avais v cu pendant vingt deux ans et quelques ann es plus tard la d cision de partir pour l Italie avec ma famille Le changement a t consid rable et l poque la transformation a t la fois historique politique et culturelle Et bien entendu elle m a affect sur un plan personnel Le but de mon travail ce n est pas de d crire cette transformation mais de l analyser dans ses multiples facettes Mon ambition tant de cr er un lien entre avant et apr s entre ici et l bas mon travail se situe souvent dans un entre deux dans un moment de transition un seuil Mais bien souvent cette d marche revient montrer et mettre en lumi re une faille ou une rupture J essaie de d cortiquer ces moments de tension les d calages que j observe dans des domaines qui me sont tr s proches mais qui m int ressent pour leur port e plus large plus universelle Marie Fraser Marta Gili Entretien avec Adrian Paci in Adrian Paci Transit op cit 2013 p 32 Interruption e
160. veut autre qu il ne se trouve amp tre au niveau naturel et s efforce de se faire selon l image id ale qui lui a t r v l e par les mythes L homme primitif s efforce d atteindre un id al religieux d humanit et dans cet effort se trouvent d j les germes de toutes les thiques labor es ult rieurement dans les soci t s volu es videmment dans les soci t s areligieuses contemporaines l initiation n existe plus en tant qu acte religieux Mais nous le verrons plus tard les patterns de l initiation survivent encore bien que fortement d sacralis s dans le monde moderne Mircea Eliade Le Sacr et le Profane Paris Gallimard 1997 p 157 159 f lt Il n y a pas au sens strict de culture individuelle toute culture est une culture d emprunt il faut l acqu rir Elle est le r sultat d une sorte de n gociation La culture par d finition implique le rapport autrui le rapport l histoire l entourage la soci t et au monde On peut dire de la culture ce que l on peut dire de toute identit individuelle ou collective elle se construit l preuve des autres Pas de culture sans emprunt l litisme individuel devient donc contradictoire s il est pouss l extr me Mais il n y a pas de culture nature non plus pas de culture par simple impr gnation pas de culture empreinte pas de culture qui doive tout aux cieux d le de France ou de la Loire la lumi re m diterran enne

Adrian Paci - Jeu de Paume

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